bakchich n° 27

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N° 27 | DU SAMEDI 5 AU VENDREDI 11 JUIN 2010 | INFORMATIONS, ENQUêTES ET MAUVAIS ESPRIT Israël coule son image | P. 2 bakchich BEL : 2€ - CH : 2,90FS Et sur Internet france inter Philippe Val bouscule la grille de la station | P. 3 cac 40 Les femmes « de » ornent les CA | P. 10 musées de paris On y entre comme dans un moulin | P. 12 exclusif Entretien avec François Mitterrand | P. 15 le Pen balancé Par son ex bakchich a retrouvé la bio qui tue P. 5 à 7 L 13723 - 27 - F: 1,50 Les banques ne financent plus la vie, mais la survie des plus pauvres. En imposant des taux supérieurs à 20%, les prêteurs se régalent et le surendettement explose. Crédits COnsO, guErrE d’usurE | P. 9

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Bakchich N° 27

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Page 1: Bakchich N° 27

N° 27 | du samedI 5 au vendredI 11 juIn 2010 | InformatIons, enquêtes et mauvaIs esprIt

Israël coule son image | P. 2

bakchich

Bel : 2€ - CH : 2,90fs

Et sur Internet

france inter

Philippe Val bouscule la grille de la station | P. 3

cac 40

Les femmes « de » ornent les CA | P. 10musées de paris

On y entre comme dans un moulin | P. 12

exclusif

Entretien avec François Mitterrand | P. 15

le Penbalancé Par son exbakchich a retrouvé la bio qui tue P. 5 à 7

L 137

23 - 2

7 - F:

1,50

Les banques ne financent plus la vie, mais la survie des plus pauvres. En imposant des taux supérieurs à 20%, les prêteurs se régalent et le surendettement explose.

Crédits COnsO, guErrE d’usurE | P. 9

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Le grand-reporter de la semaineRien n’est si beau qu’un couple uni, en harmonie, et qui sait gérer de façon rationnelle, fût-ce par gros temps diplomatique, le partage des tâches quotidiennes. Ainsi, lundi 31 mai au matin, quelques heures après l’assaut meurtrier de l’armée israélienne contre la flottille humanitaire à destina-tion de Gaza, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, se décla-rait, à Paris, « profondément choqué ».Mais exactement au même moment, son épouse, Christine Ockrent, direc-trice générale de l’Audiovisuel extérieur de la France, se trouvait en Israël, à Tel-Aviv, où elle participait à « trois  jours de débats et de confrontations d’idées  entre  personnalités  influentes  françaises  et  israéliennes,  organisés par  les  services  culturels  de  l’ambassade  de France  en  Israël », selon le site de cette dernière.Thème – de circonstance – de ce huppé forum auquel participaient notamment, comme le Canard enchaîné l’a écrit, le philosophe Bernard-Henri Lévy, l’es-sayiste Pascal Bruckner, le journaliste et directeur de Libération Laurent Joffrin, ou encore Anne Hidalgo, adjointe au maire de Paris : « Les formes contempo-raines de la démocratie ».Sujet de l’intervention de Christine Ockrent, lundi matin à 10 h 35 : « Censure ou autocen-sure : la presse est-elle limitée dans nos démocraties ? Influence-t-elle les preneurs de décision ? »On ne sait ce que fut la teneur de ce sym-posium : les médias français ont du moins su rester admirablement discrets ✹

Il n’y a pas qu’à Roland Garros qu’en juin claquent les rackets. Ouvrez les Pages jaunes à « restaurants », et montez au filet Rossini, service com-pris. En juin dernier, une idée forte de Sarko arrivait sur orbite, et la TVA de la restauration classique allait s’aligner sur celle de la rapide. On aurait mieux fait d’aligner le kebab sur la sole Dugléré, on aurait récupéré 3 milliards d’euros, tandis que là, on en a perdu 3. Bingo ! Il faut en tirer des conséquences. D’abord,

en comparant sans le comparer Sarko à Madoff, la Rose pourpre du care n’était pas totalement à côté de la plaque : bousiller trois patates pour gagner 10 cents sur le caoua (rabais), la repeinture des chiottes (investissement) et la régu-larisation d’Abdel qui faisait la plonge au black depuis 1975 (embauche), ça pue l’escroquerie. D’autre part, si Mit-terrand avait eu l’idée de baisser la TVA sur le gratin dauphinois en même temps qu’il fixait la retraite à 60 ans, ce n’est pas 3 milliards d’euros qu’on aurait cramés, mais 114, à peu près le bond de la dette depuis que Nini-pot-de-fer est aux manettes. Tout bénéf, donc.Mais Tonton ne disposait pas, pour exécuter ce hold-up, d’un ministre aussi lumineux dans le noir que le jovial Novelli, dit « l’enfant de chœur

de Richelieu » (c’est son fief en Indre-et-Loire, et n’est pas cardinal qui veut). Cet Einstein de la relativité fiscale nous explique qu’on a gagné, dans l’opéra-tion, tous les emplois qu’on n’y a pas perdus, et prouve la baisse du radis-beurre par la non-augmentation du bœuf mode ou la stabilité de l’omelette aux truffes. Qui donc, selon Audiard, ose n’importe quoi ?Bon, maintenant, il n’y a plus qu’à virer un fonctionnaire sur deux pendant dix ans pour compenser la bourde. Fas-toche, ils sont syndiqués à gauche, ces blaireaux, on sait combien ils gagnent au centime près, et ils ont tous des diplômes. Les restaurateurs, non. La cuisine fiscale, ça ne s’improvise pas, il y a des pianos pour ça… ✹� JACQuES GAILLARD

LE TROPHéE

Mot à Mot

Apéro

Le 20 janvier dernier, dans un hôtel de Dubaï, Mahmoud al-Mabhouh, un responsable palestinien, est assassiné par le Mossad. L’enquête révèle que les agents israéliens ont agi avec de faux passeports de pays occidentaux, dont

quatre français. Trois mois plus tard, Israël est admis au sein de l’Organisation pour la coopération et le développement économi-ques (OCDE). En décembre 2008, les portes de l’Europe s’ouvrent encore plus grand pour Israël qui, à Bruxelles, jouit maintenant d’un statut privilégié. Quelques jours plus tard, l’armée de Tel-Aviv bombarde Gaza d’un « plomb durci » qui provoque la mort de 1 600 personnes, dont un tiers de femmes et d’enfants. Depuis 1948, l’ONU a pris 35 résolutions condamnant les actions guer-rières d’Israël. Le tout accompagné d’injonctions. Pas une seule n’a été observée.

impunitéCes chiffres valent mieux qu’un discours indigné. Jamais, depuis sa création, Israël n’a respecté la convention de Genève ou les rè-gles qui régissent, via l’ONU, l’art de vivre ensemble. Il serait bon, pour ne pas perdre le reste de leur crédit, que les Nations unies votent une dérogation totale du droit en faveur du pays de Benya-min Nétanyahou. L’histoire deviendrait moins hypocrite, moins tricotée dans le mensonge.Pourquoi faire semblant de découvrir aujourd’hui que, depuis qua-rante ans, la Méditerranée est la cour privée d’Israël ? Pendant toutes ces années, dans l’indifférence, les soldats de l’État hébreu ont arraisonné qui ils voulaient. Le sort réservé à la flottille de la paix était prévu, seulement la routine a plus mal tourné qu’à l’ha-bitude. Aujourd’hui, parmi les ennemis désignés d’Israël : les ONG, les pacifistes et les pro-palestiniens, ceux, donc, qui naviguaient vers Gaza pour en percer l’insoutenable blocus, sont élevés à un niveau de haine qui les place une marche en dessous de l’Iran, du Hamas ou du Hezbollah. Critiquer la politique d’Israël, c’est se faire le complice de ses ennemis. Au mieux être antisémite, au pire terroriste.

impOssible paixDe cette flottille les Israéliens savaient tout. À terre, en Turquie et à Chypre, ils avaient obtenu les listes des passagers. Ils savaient que des militants de l’IHH, une ONG « islamiste » fondée par les Turcs d’Allemagne, étaient à bord du Navi Marmara (lire ci-contre « Bru-guière voit le mal partout »). Mais les Israéliens savaient aussi que l’armée turque, qui les en a tenu informés, avait filtré l’embarque-ment du bateau afin qu’aucune arme n’y soit emportée. Hormis 18 manches d’outils, les clés des mécaniciens, les lames des cuisiniers et une fronde. Un arsenal qui méritait bien la mort.Reste la brouille entre Israël et la Turquie. Bafoué par l’Europe, le pays d’Atatürk se tourne vers son ancien empire, partagé à l’Est avec la Syrie et l’Iran. Dans cette nouvelle alliance, la vieille com-plicité entre l’État juif et la Turquie n’a plus sa place. Ankara regarde le soleil se lever plutôt que se coucher, en attendant une paix dont Israël et l’Amérique (jusqu’à Obama ?) ne veulent pas ✹ JACQuES-MARIE BOuRGET

tant qu'israeL agira a sa guise L ’ONG turque IHH (Fondation

pour les droits de l’homme et l’assistance humaine), la princi-pale organisatrice du convoi inter-national d’aide pro-palestinienne pour Gaza, n’est pas inconnue des services de renseignements fran-çais. Elle fait même l’objet d’un rapport confidentiel qu’une étude très sérieuse réalisée par un ins-titut de recherche danois en 2006 reprend largement.

al-qaidaAinsi, selon l’ancien magistrat antiterroriste Jean-Louis Bru-guière, l’un des auteurs de ce rapport, cet IHH a organisé, au milieu des années 90 « le recru-tement de soldats pour préparer la guerre sainte » et envoyé ces hommes « dans des zones en guerre dans les pays musulmans pour leur permettre d’acquérir l’expé-rience du combat ». L’IHH serait également « coupable » d’avoir transféré des fonds et fourni des « réserves d’armes et d’explosifs » aux combattants musulmans dans ces pays. « Des écoutes télé-phoniques de l’IHH réalisées en 1996 » permettraient même d’établir les contacts de l’ONG avec « une résidence d’Al-Qaida à Milan et des terroristes algériens opérationnels en Europe »…

hamasQuelques jours avant le départ de la flottille, le 23 mai, le président d’IHH, Bülent Yildirim, prononce un discours tout en nuances, dans lequel il compare le sionisme au nazisme, devant un parterre de responsables du gouvernement turc, du Hamas et des Frères musulmans.Le cheikh Raed Salah, citoyen israélien et chef du Mouvement islamique pour la zone nord d’Is-raël, une organisation tolérée, est présent et salue la position et le courage du Premier ministre turc. Il prendra d’ailleurs part à la bataille sur le Mavi Marmara et y sera blessé ✹

MARTIN GALE ET RENAuD CHENu

BRuGuIèRE VOIT LE MAL PARTOuT

FLOTTILLE

2 BAKCHICH HEBDO N°27 | Du SAMEDI 5 Au VENDREDI 11 JuIN 2010

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états-unis Après l’explosion d’une plateforme pétrolière BP au large de la Louisiane, Barack Obama est accusé d’immobilisme. La présidence américaine va-t-elle chavirer ?

B arack Obama déteste être questionné par les journalistes, et il évite au maximum de

leur en donner l’occasion. Mais la semaine dernière, il a été contraint de donner sa première conférence de presse depuis dix mois en raison du tollé suscité par l’immobilisme de son gou-vernement face à la marée noire dévastatrice qui est en train d’em-poisonner le golfe du Mexique et les États côtiers.Les protestations contre l’inaction d’Obama, cinq semaines encore après l’explosion de la plateforme pétrolière, ont même jailli dans sa propre famille politique. La séna-trice démocrate de Louisiane, Mary Landrieu, a déclaré que « le Président n’a pas été aussi visible qu’il aurait dû l’être » dans cette crise et qu’il va « payer un prix politique ».L’ex-directeur de campagne de Bill Clinton, le très médiatique James Carville, originaire de Louisiane, a explosé dans un talk-show en direct de La Nouvelle-Orléans, jugeant Obama coupable d’« imbé-cillité politique ». Il s’est adressé à lui : « Mec, tu dois venir et prendre les choses en main, nommer quel-qu’un qui en a la charge et faire bouger les choses ! Nous sommes en train de mourir, ici ! » Le membre démocrate du Congrès, Charlie Melancon, un cajun qui représente une cir-conscription menacée par les nappes de pétrole, s’est effondré en larmes en lisant une plainte sur l’inaction gouvernementale. Les vidéos des lamentos de Car-ville et Melancon sont passées en boucle à la télévision pendant plusieurs jours.

Mais la conférence de presse d’Obama en réponse à ces criti-ques a été qualifiée de… quasi-désastre par tous les commenta-teurs ! Il s’est livré à un discours trop technique, truffé de langue de bois et de références à des lois et des règles obscures. Au lieu d’exprimer l’indignation de l’électorat qui enrage contre le géant pétrolier BP, proprio de la plateforme qui a explosé, Obama

a encore une fois incarné le professeur de droit qu’il était avant d’entrer en politique. Son gouverne-

ment continue de laisser à BP l’entière responsabilité de la ges-tion du désastre écologique le plus important dans l’histoire du pays, fuite qui a déjà déversé 110 mil-lions de litres de pétrole dans la mer, soit six à dix fois plus que lors du naufrage de l’Exxon Valdez au large de l’Alaska, en 1989. Il est vrai que la presse a révélé que la

négligence criminelle de BP, qui a provoqué le désastre, ne fait plus de doutes. Le refus d’Obama de prendre le contrôle de la situation est d’autant plus politiquement suicidaire, qu’il se situe dans un contexte de fureur populaire et populiste à cause de la crise et des plans de sauvetage qui n’ont bénéficié qu’à Wall Street.Les tentatives de BP de colmater la fuite ont toutes échoué. Pis, une autre, importante, a été trouvée, alors que nous entrons dans la saison des ouragans, qui vont pousser le pétrole vers les côtes de Floride, un État essentiel à la victoire d’Obama en 2008. Et qui le restera en 2012.Dans une chronique pour le New York  Times titrée « Le Katrina d’Obama ? Peut-être pire », le pro-gressiste Frank Rich a écrit que ce désastre « risque non seulement de détruire l’écologie d’une région, mais  aussi  de  faire  chavirer  la présidence d’Obama ». Il a bien raison ✹ doug ireland

J eudi 15 juin, jour de guillotine des bien nés. Soit la date limite pour payer l’impôt sur la fortune (ISF). Pour éviter le billot fiscal, une solution :

faire un don à une fondation et être déduit à hauteur de 75 % sur son ISF, avec un plafond de 50 000 euros. Cette gâterie, on la doit au député UMP Jean-Michel Fourgous et à son amendement au « paquet » fiscal.

alléluia ! Cette manœuvre a été appuyée par un think tank ultralibéral, l’Ifrap. « Mesure  pour  laquelle  nous avons fait œuvre de pédagogie et de persuasion depuis 2003 auprès de nos élus », assume le club de gens de bonne compagnie sur son site Internet. Une aubaine

puisque, depuis novembre, l’Ifrap est reconnue « fon-dation d’utilité publique » par décret ministériel. Ce qui lui permet de toucher enfin les précieuses dona-tions. Et d’envoyer aux députés cette recommanda-tion, le 25 mai : « Plus que deux semaines pour sou-tenir la fondation avec votre ISF ! » Alléluia !« Obtenir un chèque des politiques, c’est pas facile », nuance Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’Ifrap. Mais virer un de ses collaborateurs, Nicolas Lecaussin, pour sarkozysme tiède, ne pose aucun souci. Son crime ? Un livre sur le Président, l’Abso-lutisme efficace, qui n’a pas plu au patron, Bernard Zimmern. Mieux vaut envoyer du pognon ✹� louis cabanes

donnez, l’état vous le rendragrandes fortunes

obama éclaboussé par la marée noire

taser 1, police 0les compagnies de sécurisation centra-lisées sous l’égide de la préfecture de police de Paris ne sont pas bien formées aux opérations coup-de-poing dans les banlieues chaudes. récemment, des flics de ces brigades rentraient au com-missariat d’aulnay-sous-bois, après une petite tournée musclée à tremblay-en-france. on boit un pastis, puis deux, et soudain un coup de taser est tiré par deux flics qui blessent une jeune lieu-tenant de police. résultat : la malheu-reuse sera exfiltrée vers une brigade pour mineurs et les deux policiers soulo-graphes écoperont d’un simple blâme. Pas rassurant pour les jeunes recrues.

doux, si doux CaC 40les six présidents d’honneur du cac 40 les mieux rémunérés ont encaissé l’an passé « 1,5 million d’euros chacun en moyenne » a calculé la Lettre de l’Expan-sion  (31 mai). Jean-françois dehecq, l’ancien homme fort de sanofi-aventis, a empoché 2,275 millions d’euros. son homologue de l’oréal, lindsay owen-Jones a touché 1,98 million, un tout petit peu mieux que thierry desmarest (total) 1,97 million et Michel Pebereau (bnP Paribas) 1,2 million. Jean-louis beffa (saint-gobain) fait presque figure de smicard avec ses 962 024 euros.

Mediapartgateedwy Plenel, grand patron de Media-part, a la moustache qui frise. des malotrus ont eu l’outrecuidance de pénétrer dans le système de paiement du site d’informations rendant celui-ci inopérant pendant plusieurs jours. après la plainte déposée par Plenel le 8 janvier dernier, les poulets ont vite identifié les fauteurs de troubles. il s’agissait des anciens employeurs de l’un des salariés de Mediapart. Pour une fois, edwy Plenel ne pourra pas accuser nicolas sarkozy !

Mougeotte le subversifsurprise. dans la délégation de jour-nalistes, essentiellement du Figaro, qui doit s’envoler prochainement pour l’exposition universelle de shangaï, un homme n’a pas encore reçu son visa. le patron, Étienne Mougeotte ! sans doute les autorités de Pékin le trouvent-elles trop indépendant… les services chinois sont bien mal renseignés.

Perdriel titille son « Monde »claude Perdriel, le proprio du Nouvel Obs, n’a posé qu’une condition à son offre de reprise du Monde : que les hauts salaires baissent. en premier lieu celui d’Éric fottorino, le boss du quotidien, qui culmine à 400 000 euros annuels et qui ne compte pas quitter ces cimes. Quitte à quitter le poste ?

des talibans humanitairesle comité international de la croix-rouge (cicr) à genève a reconnu qu’il donnait tous les trois mois des cours de formation à la chirurgie de guerre à soixante-dix combattants apparte-nant à l’opposition armée au régime de Kaboul. en clair, la croix-rouge aide les talibans. non sans l’aimable autori-sation des américains et de leurs alliés, qui cherchent toujours à faire émerger des talibans « modérés ». avec le succès que l’on sait.et sinon, les cours de premiers soins s’adressent-ils de préférence aux « gen-tils » ou aux « méchants » talibans ?

Copé chez son « ami » BertrandHervé savelli, conseiller municipal gaul-liste de saint-Quentin, a pris contact avec Jean-françois copé afin d’implanter son club génération france dans l’aisne. Élu sur la même liste de droite que Xavier bertrand, mais très hostile à celui-ci, Hervé savelli a démissionné de l’uMP le jour même où le rondouillet Xavier en devenait le secrétaire général. un autre ennemi local pour bertrand, après Jérôme lavrilleux, conseiller général du canton de saint-Quentin-nord, et direc-teur de cabinet de Jean-françois copé à l’assemblée nationale.non, l’uMP ne rejoue pas les querelles de clocher�✹

Jeux de chamboule-tout à France Interl’heure est aux prises de décisions chez Philippe Val, directeur de france inter, et son ami Jean-luc Hees, big boss de radio france. ces messieurs s’inquiètent pour leurs ouailles. Qui sera reconduit à la rentrée sur inter ? telle est la ques-tion qui agite la maison ronde avec une impression dominante : la désinvolture avec laquelle le couple de patrons écarte ou nomme de nouvelles têtes. brigitte benkemoun, démissionnaire du poste d’adjointe à la direction de la rédaction de france inter, en sait quelque chose. elle a appris son remplacement à ce poste par les bruits de couloirs.Par ailleurs, certains s’agacent que Jean-luc Hees aille débaucher des profession-nels de la télévision qui ne connaissent rien à la radio. ainsi, charlotte lipinska, actuelle présentatrice sur france 4, et Joy sorman, chroniqueuse littéraire sur Pa-ris Première, rejoindront la station cet été. enfin, le nom de guillaume durand, grand ami de Hees, circule pour l’animation d’une émission culturelle, au grand dé-sespoir d’une grande partie de la rédaction. reste à trouver un successeur à nicolas demorand, qui a annoncé qu’il arrêtait la matinale. dans cette ambiance de réorganisation, les syndi-cats de radio france réfléchissent à une journée de grève, qui pourrait avoir lieu le 11 juin, jour d’ouver-ture de la coupe du monde, ou le 18 juin, jour de commémoration de l’appel de du général de gaulle. Voire les deux, si la direction ne fait pas preuve de bonne volonté. ambiance… ✹� siMon Piel

cHef scooP

le président américain refuse de prendre en main la situation. suicidaire.

du saMedi 5 au Vendredi 11 Juin 2010 | baKcHicH Hebdo n°27 3

Apéro

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Partenaires particuliersL’info. « Canal Cannes, instantanés spontanés », Paris-Match, 27 mai.Le décryptage. Le news-magazine de Lagardère revient sur l’initiative de l’équipe du Grand Journal, qui, à l’oc-casion du festival de Cannes, a publié sur son blog des clichés pris sur le vif de l’émission. « Résultat (avec l’aide des appareils Fujifilm) : une galerie d’images à la qualité artistique parfois discutable, mais d’une… coolitude rafraîchissante. » Fujifilm est, en fait, comme omet de le dire Match, un partenaire historique de Canal+. Notamment sur un festival de courts-métrages.Si Paris-Match se met à faire de la pub pour des partenaires d’autres médias…

Jacques Attali a ditL’info. Attali : « C’est un plan catas-trophe qu’il nous faut », 20minutes.fr, 25 mai.Le décryptage. Le grand visionnaire Jacques Attali sort un livre catastrophe sur la crise. Et le martèle. Au Nouvel Observateur (20 mai) : « Il faut un plan anti-catastrophe. » À l’Express (19 mai) : « Il faut un plan catastrophe. » Sur son blog sur Slate.fr : « Ce ne sont pas des plans de rigueur dont les pays de l’Union ont besoin aujourd’hui, mais de plans de catastrophe. » Et, donc, à 20minutes.fr : « C’est un plan catastrophe qu’il nous faut. »Au Matin (29 mai), il affirmait : « Je suis comme celui qui voit un piano tomber du ciel et qui dit “poussez-vous” pour qu’il ne vous écrase pas », tandis qu’il assurait au Point (27 mai) : « Je me contente de dire : il y a un piano qui va vous tomber sur la tête. Je préviens sim-plement pour que l’on ait le temps de s’écarter. » Attali jusqu’à l’hallali.

Écoutes que coûteL’info. « Comment la police a pisté Dati », l’Express, 2 juin.Le décryptage. L’hebdomadaire explique, au sujet de la fameuse affaire de la rumeur, que la Direction centrale du renseignement intérieur a récupéré « les facturations détaillées du portable » de Rachida. Attention, précise l’encadré joint à l’article : la police a enquêté, pas écouté. Pourtant, dévoile l’Express : « À l’Élysée, on est désormais convaincu des persiflages de l’ancienne ministre : elle aurait au moins évoqué une ancienne aventure supposée du Président. » Pour des factures téléphoniques, elles sont plutôt… parlantes.

L’être et le NahonL’info. « Vingt ans de succès pour Envoyé spécial », le Journal du dimanche, 30 mai.Le décryptage. L’hebdo de Lagardère revient sur les deux décennies qui ont marqué l’émission phare du service public. Paul Nahon, directeur des maga-zines d’information du groupe et créateur d’Envoyé spécial assure qu’aujourd’hui, « avec la démultiplication des sources d’information, le public est devenu plus exigeant ». Pas au point d’obliger Paul Nahon à renoncer à ses vacances payées par le gouvernement marocain.

Inter-mittents des ondesL’info. « Nicolas Demorand quitte la mati-nale de France Inter dans un contexte d’inquiétude », le Monde, 2 juin.Le décryptage. Le quotidien du soir revient sur les tensions à France Inter. « On m’a proposé de changer de poste, décrit Brigitte Benkemoun, récemment débarquée de son poste de numéro deux. Or j’ai des projets personnels qui m’intéressent plus. » Philippe Val lui avait en fait proposé de s’occuper du site Internet de la station. Un peu rude quand on était jusque-là directrice adjointe de la rédaction. Avant d’arriver à ce poste, Benkemoun avait demandé conseil à Jean-Luc Hees, pas encore président de Radio France. Celui-ci lui avait alors répondu : « Fonce ! » Dans le mur ? ✹

Qui s’est exclamé « Kurwaaaa… » (« Putaaaain », en polonais)

à un tournant de sa vie ?

A. Roman Polanski, lorsque la Suisse l’a assigné à résidence à la demande d’un juge américain.

B. Le pilote de l’avion qui s’est écrasé, le 10 avril, avec le président polonais Kaczynski à son bord.

C. Jean-Paul II, quand il a su que Dieu n’existait pas.

Réponse : B. Le pilote du Tupolev 154, selon la transcription en polonais de la boîte noire,

publiée mardi 1er

juin en Pologne.

RéFoRmE DE L’éDUCATIoN

bruIts de couLoIr Au sommet de NIce

V ue imprenable sur une mer azur, architecture qui mâtine un rien de rusti-

cité à un relent colonial et, sur-tout, un nom qui plaît. Durant le 25e sommet Afrique-France des 31 mai et 1er juin à Nice, poten-tats, dictateurs et émirs pétro-liers d’Afrique se sont pressés au Palais de la Méditerranée.L’hôtel rêvé pour écouter les ragots de ces éminences ; loin, très loin du cordon de sécurité érigé autour des pourparlers officiels. De mémoire de Niçois, pourtant soumis à rude épreuve après les mandats de Médecin, Peyrat et désormais Estrosi, rarement la promenade des Anglais fut tant fliquée. Et les journalistes si sur-veillés.

Mais une fois ôtée l’accréditation, rien de plus simple que d’accéder aux étages du Palais. Pour goûter, avec un simple café à 3 euros, aux ébats des sommités.Un peu contrariés que le « dîner des amis » ait été annulé par l’hôte Sarkozy – les dirigeants du pré carré africain s’étaient réunis auparavant lors d’un dîner offi-cieux, en marge du sommet –, les chefs d’État se sont laissés aller. Très demandé pendant vingt-qua-tre heures, le président gabonais Ali Bongo, fils de feu le doyen Omar, laisse son fils barboter dans l’eau de la piscine. Une table plus

loin, le chef de la sécurité du pré-sident sénégalais, Wade, prend son petit déjeuner.Entre ses rendez-vous avec des dirigeants de HEC pour établir une filiale de la grande école de commerce à Dakar et la planifica-tion d’un entretien avec Brice Hor-tefeux, Karim Wade, fils du prési-

dent sénégalais, croise Fabien Singaye. L’ex-diplomate rwan-dais, proche de la famille de feu le Président

Habyarimana, le salue bien bas. Une évocation de leurs aventures communes à la City londonienne, et Singaye s’échappe.La patronne d’Areva, Anne Lau-vergeon, vient de débarquer. Après s’être coltiné la junte militaire nigérienne, histoire de sécuriser les accords d’exploita-tion de mines d’uranium passés avec leurs prédécesseurs, Atomic Anne doit rencontrer le président centrafricain Bozizé. Une facture de plusieurs milliards de CFA à renégocier. Singaye joue les mes-sieurs bons office, tout conseiller de Bozizé qu’il est. L’incongruité est levée. Lors des sommets, il vaut mieux fréquenter les allées des hôtels. Bon à savoir ✹ xAVIER moNNIER

Les vraies discussions entre chefs d’État ont lieu loin des salles officielles.

L’anony-massonDepuis sa proposition de loi sur la suppression de l’ano-nymat des bloggeurs, le sénateur de la moselle, Jean-Louis masson, subit les foudres du Web.Non seulement les blogs le mitraillent de toute part mais le Nouvel Obs en profite aussi pour ressortir deux vieilles affaires pas piquées des hannetons. Ainsi, en 1983, le chantre de l’identité dévoilée se serait envoyé à lui-même des tracts diffamatoires et anonymes, faisant porter le chapeau à son adversaire politique Jean-marie Rausch. Plus tard, en 1997, il aurait financé la campagne d’un faux candidat dans le but de nuire à un opposant. Des rumeurs ?

bourdin fait du boudinJean-Jacques Bourdin n’aime pas les invités qui le sno-bent. Sur son blog RmC, il a ainsi lâché quelques claques à l’encontre du porte-parole de l’UmP, Frédéric Lefebvre : « On en est à 34 invitations lancées à Frédéric Lefebvre, qui n’a même pas le courage – c’est d’une médiocrité ! – de répondre, s’emporte-t-il. C’est le triple zéro (…) et la honte de la politique ! » Et de conclure : « Je serais Xavier Bertrand, je m’en séparerais immédiatement ! »Le message est passé.

Poutine patineÀ l’occasion d’un dîner où des organisateurs d’un concert de charité rencontraient Vladimir Poutine, l’artiste russe Yuri Shevchuk a mis les pieds dans le plat. Entre le fro-mage et le dessert, il a interpellé le Premier ministre medvedev, qui en a perdu l’appétit. « J’ai reçu un coup de téléphone d’un de vos assistants. Hier, (…) il m’a demandé de ne vous poser aucune question sensible », commence-t-il. La suite est une discussion animée qui aborde la corruption, la police et la liberté d’expression et qui a été diffusée à la télévision d’état et sur le site du gouver-nement (http://minu.me/2hbx), en russe et en anglais, s’il vous plaît ! Vladimir Poutine s’adoucirait-il ? ✹

BAB’ EL WEB

AFRIqUE-FRANCE

4 BAKCHICH HEBDo N°27 | DU SAmEDI 5 AU VENDREDI 11 JUIN 2010

Apéro

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politique Avec le retrait annoncé de Jean-Marie Le Pen à la tête du Front national, les cartes se redistribuent au sein du parti xénophobe. Malgré la résistance de Bruno Gollnisch, Marine est toute désignée. Pour elle, la difficulté sera de s’émanciper de son père sans renier son héritage.

C’est un passage de témoin médiatique, juste avant l’intro-nisation politique. Entre octobre 2009 e t mars 2010 ,

Marine Le Pen est intervenue deux fois plus que Jean-Marie, son père, dans les radios et télés. Soixante-deux apparitions contre trente et une. Cinq fois plus que son rival du Front national, Bruno Gollnish. Un avantage certain pour gagner le flambeau du parti lors du congrès de Tours, en janvier prochain. Aujourd’hui, un sondage Ifop crédite Marine de 13 % des voix à la présidentielle de 2012. Et l’Élysée de redouter un scénario 2002 à l’envers : Martine Aubry contre Marine Le Pen au second tour. Exit Sarko. À condition que Marine sache se démarquer de l’image d’ex-trémiste de son père, tout en conservant son plein soutien à l’intérieur du parti. Le manus-crit de Pierrette Le Pen, l’ex-épouse du chef, dont nous donnons de larges extraits en pages 6 et 7, rappelle l’univers macho, violent et affairiste où a grandi l’étoile montante du FN. Saura-t-elle tuer le père ? Pas sûr !Marine Le Pen tombe dans la marmite frontiste en pleine crise d’ado, à 18 ans, en prenant sa carte. Puis goûte aux joies d’une première candidature à 24 ans, lors des législatives de 1993, sur une terre sans immigrés ni gau-chistes, le XVIe arrondissement de Paris. Papa veille déjà sur elle et continuera de le faire. En 2003, il l’impose vice-présidente du parti. Cette année-là pourtant, les cadres du FN ne l’élisent qu’à la trente-quatrième place du comité central.Avec son escapade dans le grand Nord, à Hénin-Beaumont en 2007, elle réalise ce que son père s’était toujours refusé de faire : se bâtir un fief électoral, exporter l’éti-quette Le Pen. La cible : un ancien bassin minier miné par le chô-mage (20 %) et dirigé par un PS décrépit, enlisé dans des affaires de corruption et de clientélisme. Mieux, là-bas, la droite est inexis-tante. Alors elle prend la parole en conseil municipal, interpelle les élus, tracte sur les marchés. Ça paie : de 18 à 45 % de voix à chaque

élection (municipales 2008, euro-péennes 2009 et régionales 2010). Des succès que Marine se garde bien de partager avec son père à qui elle n’a jamais dit « bienvenue chez les Ch’tis ».Avec elle, quelques soldats mon-tent au front. Un militant local, Steeve Briois, ratisse le terrain depuis les années 90. Un homme de com, mécano du parti, Bruno Bilde, gère l’agenda et les cam-pagnes médiatiques de Marine depuis 2004. « Le plus étonnant, c’est que le noyau dur qui l’entoure sont tous des anciens du MNR de Bruno Mégret », assure une fine lame frontiste. Et d’ajouter : « Ils font  de  l’entrisme  au  FN  pour gagner des galons. » Grâce à ces « félons », comme on les surnomme en interne, inutile pour Marine de crécher sur place ; une boîte postale lui suffit. Pour

dormir, rien ne vaut le confort d u d o m a i n e familial de Mon-tretout à Saint-Cloud (92). Le reste du

temps, entre deux rendez-vous avec des hommes d’affaires des pays du Golfe où elle est éton-namment bien reçue, Marine Le Pen fait sniffer de la com au FN. Un think tank pointe le bout de son nez, Idées-Nation, qui veut obtenir le statut de fondation. Autant dire que les têtes d’œuf

de la Fondation Jean Jaurès, à gauche, et de la Fondation pour l’innovation politique, à droite, se concertent actuellement pour empêcher ce projet d’aboutir.Marine peut en tout cas compter sur quelques blogs de réflexion, comme Avenir Marine, ou encore Ripostes laïques, animé par un ancien de la Ligue communiste révolutionnaire, Pierre Cassen. Et le journal web Nations presse. Une rhétorique populiste anti-riches se substitue aux discours ringards sur l’immigration. Encore que sa marge de manœuvre idéologique soit étroite. En interne, sus aux anciens qui s’es-claffent encore aux saillies extré-mistes de Le Pen et soutiennent son rival, Bruno Gollnish ! Cinq secrétaires départementaux acquis à la cause de ce dernier ont été évincés. Pas anodin quand on sait que vingt de ces signatures sont nécessaires pour briguer la présidence. « C’est Marine  et ses amis qui contrôlent les adhésions et organisent le filtrage des votes, qui s’effectuent par correspondance », explique un expert du FN. Gollnisch aura eu droit, d’ici là, à un lot de consolation. Il parle le japonais ? Eh bien, en juillet, Jean-Marie Le Pen l’accompa-gnera au Japon pour une grande réunion des extrêmes droites mondiales. Pratique pour se faire hara-kiri ✹� louis�cabanes

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Filouteries

Le FN dans son petit pull Marine

Bakchich a rencontré Jean-Yves Camus, chercheur à l’institut de relationsinternationales et stratégiques (iris), spécialiste de l’extrême droite française.

Bakchich Hebdo : Le FN ne peut-il rimer qu’avec Le Pen ?Jean-Yves Camus : Non, pas nécessairement. C’est une erreur de penser que Marine Le Pen ne deviendra présidente du parti qu’en raison de son nom. Elle a un avantage incontestable avec le coeffi-cient de popularité de son père, qui incarne la continuité du FN chez les militants. Mais elle ne sera pas une femme politique libre tant que son père sera vivant. N’oublions pas que Bruno Gollnish a des soutiens puissants en interne et que ce sont les militants qui votent pour leur candidat et pas les médias.

B. H. : Marine le Pen : une idéologue, une pragmatique ou un produit médiatique ?J.-Y. C. : Idéologiquement, elle est sur la même ligne que le parti sur l’immigration, la souveraineté et la préférence nationale. Mais elle n’est pas antisémite et ne traîne pas les anciennes casseroles de son père car elle est d’une autre génération. Elle présente les idées de sa famille politique autrement. Ce qui fait d’elle une bonne oratrice, effi-cace dans les débats. Et elle possède ce que n’a jamais eu son père : un enracinement local à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais.

B. H. : Le Front version Marine, fin de la diabolisation ?J.-Y. C. : Oui, au vu des résultats du FN aux dernières élections régio-nales. Marine Le Pen est à la recherche d’une alternative au sarko-zysme à droite. Elle est persuadée que le demi-échec du chef de l’État depuis 2007 vient du décalage entre le discours et les actes. Mais il y a une incompatibilité consubstantielle avec la droite classique. Là où l’UMP prône un discours sécuritaire, le FN souhaite le rétablissement de la peine de mort ; là ou le parti majoritaire veut un contrôle aux frontières, l’autre demande le renvoi des étrangers ; là ou la droite est attachée à l’Union européenne, l’extrême droite veut la sortie de l’Eu-rope et le retour au franc !

B. H. : Peut-on l’imaginer au second tour de la présidentielle ?J.-Y. C. : Ne tirons pas de plans sur la comète. Sa principale force, c’est d’être comme les finalistes à la présidentielle de 2007 : elle a moins de 55 ans. Le problème avec un candidat frontiste, c’est qu’il est incapable de rassembler. La logique politique fait que Marine Le Pen ne peut pas passer de 15 à 50 %. Avec un bon rassemblement à gauche et à droite, on ne devrait pas revivre le scénario du 21 avril 2002. Mais en réalité, sa véritable échéance n’est pas la présidentielle mais le congrès sui-vant. C’est là qu’on lui demandera des comptes et qu’elle sera jugée en interne à partir de son score de 2012 ✹ recueilli�par�l.�c.

« marine ne sera libre qu’à la mort de son père »

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L’ex-femme de Jean-Marie Le Pen, Pierrette, eut son heure de gloire en posant nue et en femme de ménage dans Playboy, en juin 1987. Une façon, certes originale, de protester contre la façon dont Jean-Marie la traitait à l’époque, alors qu’ils se séparaient.

Jusqu’à faire établir, par huissier, un constat d’adultère !« Nous savons désormais, écrivait feu Roger Peyrefitte, académicien et ami du couple Le Pen, sur quel monument de formes appétis-santes s’est élevée une idéologie qui fascine 

des millions de français. Brusquement, elle se fait chair. Le Menhir est 

métamorphosé. » opportunisteDans la foulée, Pierrette écrivait un manuscrit de 259 pages racontant, par le menu, sa vie avec Jean-Marie Le Pen. Hélas, ce document passionnant ne devait jamais être publié. On peut

imaginer que le leader du Front national a su user de quelques arguments sonnants et trébuchants pour empêcher une telle publication.Bakchich a retrouvé ce document dont nous publions des extraits, sans l’autorisation de Pier-rette Le Pen. Après vingt-cinq ans de vie partagée, l’ex-épouse y décrit un homme misogyne, violent, affairiste et totalement opportuniste.Cette vieille histoire du couple Le Pen reste d’ac-tualité. En effet, leur fille, Marine, joue la populiste fréquentable et paraît réussir, pour l’instant, un sans-faute (lire page 5). Jamais pourtant, la fille à papa ne s’est démarquée publiquement du bilan de Jean-Marie Le Pen, son mentor.La publication du témoignage de l’ex-épouse par-ticipe, pour nous, à Bakchich, d’un devoir de vigi-lance face à une extrême droite plus menaçante que jamais ✹

nicolas beau

6 bakchich hebdo n°27 | du samedi 5 au vendredi 11 juin 2010

exclusif Bakchich s’est procuré le manuscrit, jamais publié, écrit en 1988 par Pierrette Le Pen, l’ex-femme de Jean-Marie Le Pen. Après vingt-cinq ans de vie commune, Pierrette dresse le portrait intime du leader du Front national, entre violences, mensonges, misogynie et magouilles financières…

Le Livre de pierrette

un compagnon misogyne(…) J’ai enfin compris que j’ai été

flouée. Il va de soi que cela ne s’est pas passé du jour au lendemain, mais lente-ment, insidieusement. Je m’étais fixé un

but, et je m’y tenais. J’étais toujours là au moment où il le fallait. Je souhai-tais avant tout préserver une image du couple que nous devions donner aux autres.Puis est arrivé un moment où je n’ai

plus eu envie de donner cette image.J’ai attendu. Je subissais la domina-tion de Jean-Marie sans broncher. J’ai pris sur moi, car jamais je ne me serais permis de le quitter au creux

de la vague. (…)Sa misogynie est si évidente que per-sonne ne veut la voir. Observez-le : il voue un culte à sainte Jeanne d’Arc et à sainte Marie. Elles seules trouvent

grâce à ses yeux. Pour une bonne raison : elles sont vierges et condamnées à le rester. Il ne risque donc rien à les fréquenter…(…) Je n’ai certes pas été élevée dans un cocon, mais rien ne me prédisposait à affronter ce genre de personnage. (…) Lui me disait : « Sois là ». Il trouvait tout à fait normal que je vienne habiter dans son petit deux-pièces pas chauffé.Député, il avait des trous dans ses chaus-sures, dans ses chaussettes. Un costume bien croisé, bien triste, un peu luisant, pour faire vieux. D’habiter cette cage mitée, c’est la plus grande preuve que j’aie pu lui donner de ma bonne volonté. Il y avait un lit bancal pour une personne.Quand on ne dormait pas dans les bras l’un de l’autre (…) l’un des deux se retrouvait fatalement sur la descente de lit. Devinez qui ! (…) ✹

la violence au quotidien(…) À dire vrai, notre mode d’exis-

tence était plutôt fantaisiste. Jean-Marie a longtemps gardé ses manies

de célibataire. Il rentrait à l’heure qui lui plaisait. Je regardais passer

l’heure, je disais à Nana [membre de la famille qui vivait au domicile des Le Pen

et qui sera la marraine de Marine, ndlr]: «Bon, eh bien ce soir, je crois qu’il ne viendra pas…»Ses absences glissaient sur moi comme l’eau sur les plumes d’un canard. Je savais qu’il avait beaucoup d’amis, que sa vie nocturne était très intense. Il était toujours armé. Avec son ami Pierre Durand, il fré-quentait assidûment les boîtes de Montparnasse.

Puis ce furent celles de Pigalle. Jean-Marie ne supportait pas la boisson (sur-

tout la bière). Quiconque cherchait la bagarre, la trouvait bien sûr. Tombait sur lui ce qu’il appelait : « le voile rouge breton », autre-ment dit « la fureur aveugle ». Le nombre

d’échauffourées qu’il provoqua, c’est inima-ginable. Je n’évoque pas ici celles dont j’ai eu

l’écho, mais celles que j’ai vécues, de visu. La pre-

mière eut lieu chez « Adrien », à Montparnasse. Une altercation avec un ancien parachutiste. À 4 heures du matin, après avoir bu ils se cherchent des poux dans la tête. Ils recommencent, cela dure, cela s’en-venime. Soudain, Jean-Marie sort son revolver, en menace le para, qui se retourne, et lance : « T’es pas chiche ». Jean-Marie tire. Par bonheur, le revolver s’enraye. Il était chargé. Joyeux, non ?Quand il était en fureur, il tapait toujours avec la tête. Je l’ai vu un jour, fou de rage, pour ne pas démolir un homme, se taper la tête contre un pilier de bar. C’était très étonnant. Une autre fois, ce fut plus grave. Ils rentrèrent tous les deux, Pierre Durand et lui, vers 4 heures du matin, et Jean-Marie me dit : «Lève-toi, il faut qu’on fiche le camp, j’ai tué un mec.» Sans broncher, comme d’habitude, je m’habille, je remplis un sac et nous allons nous réfugier chez une amie. De là nous téléphonons. Coup de fil sur coup de fil. Enfin, nous commençons à respirer. L’homme n’était pas mort, il était « seulement » dans le coma. Il y resta quatre jours, perdit un œil, réclama plusieurs millions de dommages et intérêts ✹

retrouvez samedi et dimanche sur www.bakchich.info un reportage au domicile de Pierrette et jean-marie.

www.bakchich.info

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du samedi 5 au vendredi 11 juin 2010 | Bakchich heBdo n°27 7

le mauvais oeil de jean-marie« Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois… » Voilà une citation [de Jean-Marie Le Pen] qui tombe à point… J’ajouterai : « et même les rois des menteurs » car Jean-Marie une fois de plus a maquillé la vérité : son œil borgne, ce n’est pas celui de la fameuse bagarre. C’est l’autre, un œil malade…Je m’explique. La fameuse bagarre, lorsqu’il a défendu son ami Ahmed Djebbour [député de l’Algérie française de 1958 à 1962, ndlr] est authentique. Jean-Marie y a même fait preuve d’une grande vaillance. Voici comment les événe-ments se sont déroulés. Projeté au sol par ses adversaires, Jean-Marie Le Pen (…) reçut de nombreux coups de pieds à la tête. Le bout d’un soulier pointu percuta son œil droit. L’œil gicla hors de l’orbite. Aidé par ses amis, Jean-Marie se releva. Avec un étonnant sang-froid il prit sa pochette dans sa main droite, y maintint l’œil qui pendait retenu par les seuls ligaments.

Le petit groupe se précipita vers une pharmacie voisine. Le pharmacien désinfecta méticuleusement l’œil et le globe oculaire, puis avec habileté le repoussa dans l’orbite où il reprit immédiatement sa place. Non moins immédiatement malgré les objurgations de ses fidèles Jean-Marie repartit, déchaîné, tenir sa place au meeting d’Ahmed Djebbour.Bel exemple de contradictions flagrantes ! Capable d’une action courageuse Jean-Marie est tout aussi capable de l’exploiter, sans vergogne, en mystifiant la galerie, à seule fin de se donner le beau rôle, alors qu’il l’avait déjà conquis de haute lutte.L’œil désorbité dans la bagarre est son œil droit. Celui avec lequel il voit actuellement.L’œil atteint d’une cataracte traumatique est l’œil gauche, qu’il recouvrit à toutes fins utiles d’un bandeau noir. Aujourd’hui, il porte une prothèse admirable, plus sim-plement un œil de verre ✹

la part cachee de l’heritage lambertIl serait inconcevable d’écrire sur Jean-Marie Le Pen sans évoquer l’affaire Lambert. (…)Je l’affirme, et l’affirmerai jusqu’à la fin de mes jours, Jean-Marie n’a strictement rien fait pour hériter des Lambert, mère et fils. J’ajouterais qu’il s’est montré envers eux d’une telle désinvolture qu’à l’heure ultime l’héritage aurait très bien pu passer entre d’autres mains… (…)Il faut être un rude casse-cou pour narguer le fisc comme le fait Jean-Marie, reprochant à l’administration de l’avoir dépouillé à outrance sur ce fameux héritage Lambert en France, alors que l’essentiel de cet héritage se trouve en Suisse.Il y est pour la bonne raison que les Lambert, eux aussi souhaitaient échapper au fisc (ils ne sont pas les seuls) et éviter ainsi, par le jeu des « Fondations », d’être assujetti à l’impôt.Jean-Marie en bénéficiera totalement, ou presque. Il y

avait certes les Philippe Lambert, mais un arrangement fut conclu, très heureux pour les deux parties…Habile comme toujours, Jean-Marie fit tant et si bien qu’il ne laissa apparaître, aux yeux des jaloux et du fisc crédule, que la partie immergée de l’iceberg Lambert.Quand nous fûmes « envoyés en possession » à Saint-Cloud, nous devions découvrir des documents laissant apparaître qu’un trésor gisait en Suisse.Encore fallait-il le récupérer.Depuis une vingtaine d’années, Jean-Marie usait et abu-sait des services gracieux d’un brillant avocat, Maître André Guibert, qui réussit l’étonnante performance de gagner trente-trois procès dans l’année contre Philippe Lambert, qui se jugeait injustement dépouillé par le tes-tament.Maître Guibert l’accompagna, nanti du testament l’insti-tuant légataire universel, pour faire valoir ses droits chez

MM. Broccard, père et fils, gestionnaires d’une fiduciaire, Grand-Palace à Fribourg, lesquels leur révélèrent l’exis-tence de la « Fondation Saint-Julien ». Le principe des « fondations » est qu’il libère les héritiers de tous droits successoraux.Pour ce faire, il est nécessaire d’avoir recours à un notaire.Jean-Marie choisit le plus averti, le plus célèbre de Genève : Maître Zyclounov, qui le remit entre les mains de Pierre Jac-coud (…), homme affable et sympathique. De surcroît fort efficace, il sut régler toutes les péripéties sans encombre et à notre avantage. Le capital de la « Fondation Saint-Julien » était composé de titres et de valeurs, d’actions, qui furent vendues dans d’excellentes conditions par des spécialistes au niveau de quatre milliards de centimes (1977) [environ 20 millions d’euros, ndlr], et le dépôt fut effectué à l’Union des Banques Suisses (…) ✹

m. eric, le parrain de marine(…) Éric* fit très bien les choses. Le baptême eut lieu en grande pompe à l’église de la Madeleine. Pour ceux qui ne croient pas « aux signes », je ferai remarquer qu’il s’en présenta un, de taille ; l’aumônier Pohpot qui offi-ciait, et déposa l’eau sur le front et le sel sur la langue de Marine. Pohpot était une célébrité. Connu de tous les hommes du « Milieu » es-qualité d’aumônier de la prison de Fresnes. (…)Le baptême eut lieu le 25 avril 1969. (…) Au retour [d’une croisière en bateau, Éric et sa compagne], furent arrêtés par la police. Dans un premier temps, Jean-Marie me dit : « C’était fatal ! Il gagne trop d’argent. Le fisc lui cherche des misères… » Quelques jours plus tard des

journaux me tombèrent entre les mains. Je lus : « Éric Bottey exerce un phénoménal proxénétisme hôtelier (…) »Jean-Marie refusa évidemment de m’expliquer et s’en tira par une dérobade : « Laisse donc ! En attendant, j’interdis que Marine regarde la télé jusqu’à nouvel ordre ! »Marine était en effet très attachée à Éric Bottey. Avec elle, il débordait de gentillesse : un vrai parrain (…) ✹

* Henri Botey, dit Monsieur Éric, fut l’un des empereurs des nuits de Pigalle dans les années 60 et 70. Proxénète, il sera condamné à plusieurs reprises et, par trois fois, pris pour cible par des hommes armés. Jean-Marie Le Pen et lui se lient d’amitié, au point que le fondateur du FN en fera le parrain de Marine.

”defenseur" de l’immigre(…) Je suis très frappée par le manque d’aboutissement dans la carrière de Jean-Marie Le Pen. Il fait son Droit, mais ne va pas jusqu’au bout. Il fait Saint-Maxent [école de formation des sous-officiers de l’armée de terre, ndlr], mais quitte l’armée avec le grade de lieutenant. Il est le plus jeune député « poujadiste » dont il est le leader parlementaire, mais « exit » le parti poujadiste [mouve-ment populiste créé par Pierre Poujade, ndlr]… Il se lance dans les affaires mais elles se révèlent désastreuses. Il faudra l’héritage Lambert pour qu’il fasse surface socia-lement. On pourrait croire qu’il a des idées fixes, que son discours est constant, mais pas du tout. Il retourne faci-lement son burnous. À titre d’exemple, voici l’allocution qu’il prononce [le mardi 28 janvier] 1958 à la Chambre des députés, étonnant morceau d’anthologie qui mettra du baume au cœur de plus d’un Maghrébin.

Le Pen : « (…) Je prétends qu’il y a dans la masse musul-mane une profonde aspiration à faire partie d’une entité nationale et à participer en tant que citoyens égaux à une nation. Cette nation je l’affirme, peut être la France. La solution adoptée alors aurait le double mérite de satis-faire les aspirations nationales des musulmans et de concorder avec l’intérêt de la France. (…)Je conclus. Encore une fois, tout est une question d’op-tique. Offrons aux musulmans d’Algérie – comme ces mots me gênent, car ils ne font que cacher, bien mal, la réalité ! – l’entrée et l’intégration dans une France dynamique, dans une France conquérante. Au lieu de leur dire, comme nous le faisons maintenant : “Vous nous coûtez très cher ; vous êtes un fardeau », disons-leur : « Nous avons besoin de vous. Vous êtes la jeunesse de la nation” » (…) ✹

enterre par le pen

a en juin 1987, Pierrette Le Pen pose nue pour le magazine Playboy, au moment où son couple se déchire.

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Bayrou s’y voit déjàFrançois Bayrou a donné clairement, depuis quelques jours, des signes d’apai-sement à la majorité UMP-Nouveau centre. Au point que certains se deman-dent si le leader centriste n’est pas en train de se rêver en candidat qui, avec 10 à 15 % des voix au premier tour de la présidentielle, permettrait la réélection de Nicolas Sarkozy en 2012, pour s’ins-taller ensuite… à Matignon.

Le PS dit « non » au congrèsEn octobre 2011 devraient avoir lieu les primaires socialistes, et la désignation d’un candidat à la présidentielle. Seul hic, la date du congrès pour désigner un nouveau premier secrétaire n’est pas encore définie. « Normal,  puis-qu’il n’y en aura pas », assure-t-on en interne. But de la manœuvre : que Mar-tine Aubry soit la candidate du PS en 2012 tout en gardant la tête du parti. Et éviter le psychodrame d’un congrès de Reims bis, en 2008, qui avait vu les socialistes s’entre-déchirer. « On ne va pas offrir une nouvelle opportunité à Sarkozy de faire de nos guéguerres un argument électoral », émet une huile socialiste. Les votes truqués, ça ne fait pas gagner ?

Martinon, le retourExilé à Los Angeles depuis avril 2008, l’ancien porte-parole de l’Élysée, David Martinon, a très envie de revenir en France. La preuve : ces derniers jours, via Facebook, il a rejoint le groupe « les cercles populaires » qui travaillent pour l’UMP sur le projet 2012. Et le groupe « jeunes actifs du XVIe » (on ne rit pas, merci), également affilié à l’UMP.

L’UMP de Paris contre Lagarde

Bakchich avait raconté (n° 12) que Chris-tine Lagarde ne mettait jamais les pieds aux réunions du conseil du XIIe arron-dissement, dont elle est pourtant l’élue. C’est toujours le cas et ça dérange ses colistiers UMP qui ont choisi de ne pas siéger à la dernière réunion du conseil du XIIe. Alexis Corbière (Front de gauche), s’en est inquiété auprès des absents. L’un d’entre eux lui aurait répondu que c’était pour faire pression sur la ministre de l’Économie et sur le député euro-péen Jean-Marie Cavada ; en gros, leur demander de siéger ou de se démettre. L’enjeu est symbolique et financier. Christine Lagarde et Jean-Marie Cavada touchent chacun 4 800 euros brut par mois au titre de conseiller de Paris, alors que les conseillers d’arrondissement siè-gent bénévolement ✹

confidences

Capitale, Jérusalem. Mais capi-tale de quoi ? Des destructions, des murs et des lamentations ? Des conflits sans fin ? Fillon l’a répété, Israël a Jérusalem comme capitale et Lellouche en a resservi une louche par-dessus. Mais sans internationalisation de la ville, nulle paix ni trêve possible. Autant aller à la pêche…

Et empêcher l’armée d’y aller. Partis avec leurs vilaines cannes dans les eaux internationales, les soldats israéliens n’ont pas participé à l’extinction du thon. Mais ont pas mal souillé eaux et côtes de Mare Nostrum avec leur opération contre la flottille huma-nitaire à destination de Gaza. Quand la Méditerranée prend des airs de mer rouge, le cataclysme n’est plus très loin.

Après la guerre des Six jours, voici la guerre des six minutes. Un peu à l’instar de Chirac dézin-guant l’aviation ivoirienne de Laurent Gbagbo en 2004, le gou-vernement de Tel-Aviv en est quitte pour une semi-victoire militaire, et une défaite mondiale des images.

Pour la première fois depuis longtemps, Israël est en train de perdre la bataille de la com-munication. Et arrive presque à fédérer l’arc perso-arabo-turco-musulman contre elle. Gaffe à

ne pas réveiller un empire et à amplifier encore le conflit. Le pire est sur nous !

Bibi a sans doute un souci de bibine. Ou trop, ou pas assez. Et vice-versa. Seul un mauvais sevré ou un alcoolique chronique peut penser comme Nétanyahou. Et ne pas se préoccuper un instant du retentissement de sa boucherie en mer. Encore un pavé dans l’amer du conflit

Pendant ce temps, Orsay reste à quai. L’Orient semble vraiment trop compliqué pour Kouchner, qui n’a jamais paru plus étranger aux affaires.

De Nice et son sommet Afrique-France, Nanard a joué les major-domes de Sarko. Sans arriver à trouver une ligne commune avec Joyandet, commis au petit déjeuner diplomatique, ou avec André Parent, à la tête d’une fan-tomatique cellule Afrique.

Les relations avec le continent noir doivent changer, a clamé Sarko. Autant commencer par le commencement et zapper les Bal-kany, Bourgi, et leur poulain Dov Zérah, nouveau boss de l’Agence française de développement. L’Afrique mérite mieux que des intermédiaires miteux, tout juste bons à sourire aux simagrées de vieux dictateurs fatigués ✹

Jean-François Probst, ex-conseiller de Jacques Chirac, de Charles Pasqua ou de Jean Tiberi, commente l’actualité.

gUy DrUt DanS SeS BotteSL’ex-ministre des sports de chirac, après un léger passage à vide, fait son retour en intégrant l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel). À ce poste, il devra oubier ses anciennes manies.

O n le sait, Guy Drut ne recule jamais devant la haie. Surtout quand il s’agit,

pour ce chiraquien pur sucre, de redonner un petit coup de fouet à sa carrière en perte de vitesse. C’est ainsi que, le 15 mai, il a été nommé par Bernard Accoyer, pré-sident de l’Assemblée, au collège des sept membres qui chapeautent l’Arjel. Une promotion pour celui qui fut légèrement condamné puis lourdement amnistié par son ami Chirac, en 2006, dans l’affaire des marchés publics d’Ile-de-France. Un vieux souvenir qui en rappelle d’autres.

biznessAlors qu’il était maire de Cou-lommiers (Seine-et-Marne), Drut portait une attention particulière à ce qu’il était convenu d’appeler les « indulgences » (l’annulation des contraventions des automo-bilistes). Fort de sa souveraineté au pays du fromage, il s’était même fendu, le 18 novembre 2005, d’un courrier au commandant

de police de la ville demandant à celui-ci que « toutes les demandes d’indulgence émanant de la Mairie transitent par le cabinet du maire » (lire ci-dessous). Il s’agissait, évidemment, d’un « souci de simplification » et non pas, comme le soulignent les mauvaises langues, d’une quel-conque réminiscence de privi-lèges dépassés. Trois ans plus tôt, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, indiquait, dans une note, qu’en matière de sanctions relatives à la sécurité routière « nul ne bénéficie de tolérance particulière du fait de sa notoriété ou de ses fréquentations ». Un message qui ne sera pas arrivé jusqu’à Coulommiers. Revenu aux affaires, l’ancien ministre des Sports de Juppé sera chargé d’étudier les demandes d’agréments envoyées à l’Arjel par les candidats à la licence. Entouré de Jean-François Vilotte, ex-dir’ cab’ de Jean-François Lamour et ex-président de la Fédération française de tennis, Drut sera indépendant ou ne sera pas. Exit donc toute forme d’indulgence. Bis repetita non placent, ce qui est répété deux fois ne séduit pas, serait-on tenté de lui souffler ✹� SIMoN PIEL

INDULgENCES

L’HUMEUR DE PRoBST

UN PAVÉ DANS L’AMER DU CoNFLIT

Neuilly, c’est fini. Enfin, presque. Jean Sarkozy y est toujours conseiller général. Mais pour la suite, il ira voir ailleurs. Plus question de défier le maire de la ville, Jean-Christophe Fromantin, qui s’est bien implanté. « Junior » va devoir trouver un autre terrain, dans les Hauts-de-Seine évidemment, tout en essayant de piquer à Patrick Devedjian la présidence du conseil général, peut-être dès 2011.Il avait d’abord pensé à Issy-les-Moulineaux, dont le maire sortant, André Santini, coincé par son âge (bientôt 70 ans) et les affaires judiciaires en cours, aurait pu laisser la place. Mais « Dédé » s’accroche. Jean Sarkozy a donc regardé vers Asnières, dont la mairie a basculé, en 2007, de l’UMP vers une coalition PS-Modem qui bat de l’aile. Problème : l’ancien maire et député UMP de la circonscription, Manuel Aeschlimann, a très envie de pousser en avant son épouse, Marie-Dominique, déjà élue au conseil régional en mars. Dernière hypothèse : Levallois, chez les Balkany. Coaché par le couple infernal, adoubé par Patrick, chouchouté par Isabelle, conseillère générale comme lui, Jean recevrait ainsi sur un plateau une circonscription en or pour devenir député en 2012. S’il est réélu à l’Élysée, Nicolas Sarkozy fera-t-il de Patrick un ministre, en guise de merci ? ✹ AMÉDÉE SoNPIPET

prince jeAn se cherche un trône

a en 2005, guy Drut, alors maire de Coulommiers, demandait à la police de lui adresser les demandes de grâce concernant les infractions routières.

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Filouteries

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Bazar

abus Vous n’avez pas d’argent pour vous acheter une télé grande comme le mur ? Vous en avez encore moins pour finir le mois dignement ? Rassurez-vous ! Les crédits à la consommation, dont le célèbre crédit revolving, sont là pour vous… vider les poches !

Que ferait la France sans ses pauvres ? De l’aveu même de Christine Lagarde, en ces temps diffi-ciles, « la consom-

mation  a  été  très  clairement soutenue par le crédit à la consom-mation ». Hourra ! les sans-le-sou participent à la maigre croissance française. En effet, le crédit à la consommation, notamment le crédit revolving ou crédit renou-velable, sert de moins en moins à acheter une machine à laver ou un écran plat qu’à boucler les fins de mois difficiles.Mais à quel prix ? Selon la somme empruntée, les taux d’usure varient de 19,45 à 21,63 %. Et, depuis 2004, le taux d’usure, taux d’intérêt maximum légal f i x é c h a q u e trimestre par la Banque de France, n’a cessé d’augmenter. À tel point qu’il faut vraiment être fauché pour succomber aux slo-gans des organismes de crédit et à leur « réserve d’argent gratuite ».Une tentation à laquelle on regrette bien vite d’avoir suc-combé. Au remboursement de la première mensualité, le cau-chemar commence : c’est le début du crédit sans fin. Ainsi, lorsqu’un quidam réussit à rembourser laborieusement 1 200 euros sur les 3 000 qu’il a empruntés, il s’aper-çoit en réalité que seuls 600 euros ont été affectés au rembourse-ment du capital : le reste est parti en fumée au profit des intérêts. En prime, son créancier lui rappelle chaque mois qu’il peut bénéficier d’une rallonge de 600 euros, utili-sable immédiatement.Et malheur à celui qui honore ses mensualités sans incident ! Le bon client est relancé régulièrement pour augmenter sa réserve d’ar-gent : « Vous  avez  5 000 euros  de crédit, passez à 6 000 euros. » Dur de résister à l’offre lorsqu’on n’a plus que 100 euros en poche… Une spirale infernale dans laquelle de nombreuses familles se sont noyées.Si le nombre de surendettés ne cesse de croître depuis quinze ans, il s’est envolé avec la crise. En 2009, plus de 210 000 personnes ont fait appel à la commission de surendettement ; un vrai pro-

blème de société. Mais au nom de la sainte croissance, il est urgent de ne rien faire, comme en atteste le peu d’empressement à faire voter la loi censée moraliser ces pratiques (lire ci-dessous)… L’argument de la croissance est spécieux, car c’est un raisonne-ment de très court terme. Neuf millions de Français utilisent les crédits à la consommation, qu’ils soient revolving ou amor-tissables – à des taux d’intérêts moindres, entre 7 et 16 %. S’il peut y avoir effectivement un effet d’aubaine à l’ouverture du crédit, il ne reste rapidement plus beau-coup d’euros à dépenser au client plumé par les intérêts. Pour sou-tenir la croissance, il eût été plus

judicieux de baisser le taux d’usure, comme l’ont demandé à cor et à cri les députés de l’opposition. La

BNP Paribas et le Crédit agricole, principaux acteurs du marché à travers leurs filiales Cofinoga, Cofidis, Cetelem ou Finaref, ont bataillé ferme pour ne perdre aucune de leurs prérogatives, d’autant que le taux d’usure est aussi utilisé pour calculer les agios sur les découverts ban-caires.Comme le rappelle Jean-Pierre Brard, député PC de Seine-Saint-Denis et membre de la commis-sion des finances, « tout  ce  qui aurait  pu  gêner  les  organismes prêteurs  et  protéger  le  consom-mateur a été refusé par le gouver-nement ». Et ce alors même que, depuis la crise de 2008, le loyer de l’argent a baissé et que les ban-ques se financent à des taux extrê-mement faibles, entre 1,5 et 2 %. Une baisse jamais répercutée aux emprunteurs. Se payent-ils pour prendre des risques ? Difficile à argumenter puisque ces crédits à la consommation présentent très peu de défauts de paiement (moins de 2 %).D’autant plus que, pour Cofidis et consorts, toutes les méthodes sont bonnes pour recouvrer leurs créances. Ainsi, cette jeune femme qui, incapable de payer les mensualités de son crédit, devait 1 200 euros depuis deux ans à Cofinoga. Son dossier était traité par un huissier, elle recevait des courriers de rappel menaçants

mais, sans revenus et sans biens, elle était insolvable. Puis vient le jour où elle bénéficie d’une ren-trée d’argent et dépose 3 000 euros à sa banque. Moins de vingt-qua-tre heures plus tard, Cofinoga blo-quait son compte pour récupérer sa créance. « J’ai été surprise de cette concordance des temps. J’ai dit à l’huissier que je soupçonnais l’organisme de crédit d’avoir mis une alerte informatique sur mon compte. Il a juré ses grands dieux que c’était impossible et que Cofi-noga avait seulement eu beaucoup 

de chance. Il était tellement mal à l’aise qu’il m’a accordé une remise sur ses frais ! » Si cette pratique est parfaitement illicite, elle est éga-lement invérifiable par la victime. Mais puisqu’on vous dit que les prêteurs ont de la chance…Pour que ce marché de 140 mil-liards d’euros d’encours continue à fructifier, les organismes de crédit inondent de publicité boîtes aux lettres, boîtes e-mail et pratiquent le démarchage à domi-cile. En un clic sur le Net, il est possible de faire une simulation

de crédit et d’avoir une réponse en vingt-quatre heures. Évidem-ment, aucun organisme ne pro-pose une simulation des intérêts que le client aura à payer. Une trop mauvaise publicité ? ✹ leslie varenne

L a loi votée en avril dernier à l’Assemblée natio-nale attend toujours l’aval du Sénat. Toujours pas inscrite à l’ordre du jour, elle passera, peut-

être, lors de la session extraordinaire, cet été. De toute façon, malgré les déclarations de bonnes inten-tions de Christine Lagarde, cette réforme n’apporte que quelques modifications cosmétiques.À part la suppression du must du must qu’est le crédit que les commerçants refilent aux clients sans que ceux-ci s’en aperçoivent, la loi reste pour l’es-sentiel bien timide. Aujourd’hui, lorsqu’un chaland accepte une carte de fidélité dans un grand magasin pour obtenir une remise ou payer en plusieurs men-sualités sans frais, le voilà, à l’insu de son plein gré, détenteur d’une réserve d’argent de 3 000 euros à dépenser dans toutes les boutiques du groupe. Bien entendu, ce crédit-là n’est pas sans frais…

pub agressiveAutres petits changements : le délai de rétraction passe de sept à quatorze jours. L’emprunteur aura donc plus de temps pour lire les minuscules carac-

tères des clauses de son contrat. La publicité devra également être moins agressive et mentionner qu’un « crédit engage et doit être remboursé », sans toutefois obliger les organismes prêteurs à écrire en toutes lettres qu’un crédit revolving tue !

beurrer les tartinesSur le fond, le gouvernement a rejeté tous les amen-dements, y compris ceux venant de sa majorité, du jamais-vu dans la vie du Parlement ! Les députés UMP se sont vu refuser d’interdire le démarchage à domicile et n’ont pas obtenu gain de cause sur l’obligation de la double signature pour un couple marié ou pacsé – afin que l’un des conjoints ne soit pas endetté à son insu. Cerise sur le découvert, les juges des tribunaux d’instance n’auront plus le droit de siéger dans les commissions de surendettement ; les banquiers, eux, y gardent leurs fauteuils.Après s’être battu en vain pour obtenir des modifi-cations favorables aux consommateurs, Jean-Pierre Brard, député PC, conclut, amer : « Le gouvernement a beurré les tartines des banques » ✹ l. v.

une loi insipide aux oubliettes du sénat

210 000 Français ont fait appel à la commission de surendettement en 2009.

Prêts conso, la mort à crédit

“j’ai vu des gens à découvert à qui l’on proposait des produits d’épargne”: http://minu.me/2h7t

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Bazar

coNseils d’admiNistratioN

C ’est l’accessoire tendance du moment. Le produit chic qu’on s’arrache dans

les conseils d’administration hyper-masculins des grandes entreprises sommées d’évoluer par une future loi : la femme.Alors que la loi Copé-Zimmer-mann, votée à l’Assemblée en janvier, impose aux 650 entre-prises cotées de compter 40 % de femmes dans leur conseil d’administration d’ici six ans et 20 % d’ici trois ans, une certaine fébrilité s’est emparée des administrateurs. Les cabinets de chasseurs de têtes sont sur les dents pour dégoter de quoi se conformer à cette nouvelle règle. Compétente, ouverte à l’in-ternational, expérimentée, tel est

– officiellement – le portrait-robot de l’administratrice idéale. Sauf qu’à regarder de plus près les récentes nominations il semble que de vieux réflexes aient pré-valu.Sans doute paniquées à l’idée de s’ouvrir à ce continent mysté-

rieux qu’est la femme, les entre-prises ont appa-remment choisi de répondre aux très archaïques « lois de la circu-

lation des femmes entre les clans » décrites par feu Claude Lévi-Strauss.Ainsi a-t-on vu ces dernières semaines arriver Bernadette Chirac au CA de LVMH, Florence Woerth, épouse du ministre, à celui d’Hermès, Brigitte Lon-guet, femme du sénateur, au CA

de Canal +… Des femmes à coup sûr très compétentes, mais que le patronyme a aussi un peu aidé.« Cette circulation analysée dans les structures élémentaires de  la parenté renforce les liens entre les clans », affirme l’anthropologue Sophie Accolas. Femmes de, filles de… La présence de la gent fémi-nine prend tout son sens dès lors qu’elle permet un renvoi d’ascen-seur entre mâles dominants.Si les femmes de politiques figu-rent en bonne place, les femmes de confrères du CAC 40 sont éga-lement prisées. Après la femme de Daniel Bouton, l’ex-PDG de la Société générale, casée au CA de Pernod Ricard, Amélie, la femme de Frédéric Oudéa, le nouveau patron, vient d’être nommée au CA du groupe Lagardère.Les « sœurs de », ça marche aussi. Victoire de Margerie, sœur du patron de Total et administra-trice des Ciments français, en sait quelque chose, qui déclarait récemment aux Échos  avoir dû décliner des propositions trop ouvertement liées au poste de son frangin.Pour les moins imaginatifs, on nomme sa femme ou sa fille. ça fait tellement plaisir. Nicole Das-sault est ainsi venue en renfort de son avionneur de mari en mars alors que Delphine Arnault figure au CA présidé par papa. Touchant ✹� �lucie delaporte

cherchez la fille ou la femme « de »

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Game ovaire, les féministes ont la gueule de bois:http://minu.me/1ih1

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Bernadette chirac à lVmh, florence Woerth à hermès, la liste est longue…

Btp

C haussée d’Antin (IXe arrondissement de Paris) gît un gros chantier presque abandonné. Depuis le 12 octobre 2009, les 62 ouvriers en

« situation irrégulière » d’Adec, une société du BTP travaillant pour Eiffage (huitième groupe européen de construction), ont cessé de bosser. Ils occupent les lieux, dans l’espoir d’obtenir un certificat de leur employeur afin d’être régularisés.

éternels intérimairesIl faut dire que Jérôme Lon-gelin, le patron, n’en fait qu’à sa tête. Le bonhomme est visiblement plus préoccupé par la reprise de son entreprise, en « procédure de sauvegarde » depuis le 21 octobre 2009, que par la vie de ses employés. Pour lui, si sa boîte est en crise, c’est bien la faute aux méchants sans-papiers : l’Adec peinerait à trouver des chantiers à cause de leur grève. Longelin ne dit sans doute pas tout sur les difficultés de son entreprise ; en témoigne sa

présence au tribunal de commerce neuf jours seu-lement après le début des grèves des ouvriers. Trop rapide pour être vrai.L’Adec est de ces entreprises qui nient connaître l’existence de sans-papiers sur leurs chantiers. Longtemps, Jérôme Longelin s’est ainsi défendu : « Les  ouvriers  se  sont  présentés  sous  l’identité  de leur frère ou de leur cousin, je ne pouvais pas savoir qu’ils n’avaient pas de papiers. » Pourtant, sa femme, Céline Longelin, ancienne salariée de l’Adec, a fondé

(en 2002) Activ Intérim, qui est justement l’agence qui a recruté les intérimaires sans papiers pour

l’Adec. Des ouvriers qui, bien que travaillant pendant

des années pour la même entreprise, restent éter-nellement intérimaires.Coutumier du fait, le

couple Longelin avait été condamné, en janvier 2008

par la cour d’appel de Paris, à 30 000 euros d’amende, pour « délit de marchandage ». De

l’humour noir, sans doute ✹� aNaëlle verzaux

les sans-papiers Broient du noir

P ersonnellement, je me demande comment il faut considérer la

proposition des dirigeants du psG d’« inviter » les femmes au parc des princes. la manœuvre est clairement annoncée : il s’agit de paci-fier les tribunes. et la gratuité pour les femmes en est une composante. Être invitée, c’est toujours agréable. on se sent désirée. Être l’objet d’une stratégie, c’est déjà moins flat-teur. moi, je me sens carrément racolée, comme attendue le vendredi soir à l’en-trée des boîtes de nuit, pour qu’il y ait de la meuf.car à quoi servira la femme au stade ? à venir par grappes de copines pour s’ex-tasier sur les mollets de makelele ? à faire du stade la dernière place to be, et de la supportrice la it-girl du moment ? à cautionner la bonne conduite des supporteurs qui, juré, craché, se tien-dront à carreau désormais ? Bref, nous

prend-on pour des bouche-hooligans, des empêcheuses de tabasser en rond ? des boucliers humains, en somme !si, en théorie, l’idée d’avoir plus de femmes dans les stades est séduisante,

faut-il encore ne pas se tromper de méthode. il ne suffit pas toujours de vou-

loir pour pouvoir. la femme-écran, la femme cache-misère ne marche pas à tous les coups, et, surtout, ne résiste pas aux coups. tant que les instances du football n’affronteront pas leur univers machiste et violent de face, les femmes ne sont pas près d’envahir les gradins.et si, au lieu de miser sur les femmes dans les tribunes pour absorber la vio-lence et la débilité de leurs supporteurs, les dirigeants du psG misaient sur les femmes sur la pelouse ? la section fémi-nine du club est actuellement en tête de la première division. une réelle chance d’ouverture vers un autre public ✹

meufs au stade…daNs la paNade

Racolage

Angelina chronique les grandes et les petites histoires du quotidien entre militance, humour et informations sérieuses.

les petites faBles d’aNGeliNa

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Bazar

échos des cabas

Le « fait main » selon LVMHDeux pubs de Louis Vuitton viennent d’être interdites au Royaume-Uni. Elles utilisaient la mention « fait main » pour des sacs et des portefeuilles en cuir quand ils sont fabriqués avec des machines à coudre.

Vive le volcan311 amendes ont été infligées aux compagnies aériennes en 2009 par l’Autorité de contrôle des nuisances sonores. Pour un montant dérisoire de 2,9 millions d’euros… Les décollages de nuit non programmés peuvent continuer.

Livret A : inflation de promessesLa rémunération du livret A – 1,25 % de janvier à août 2009 – reste inférieure à l’inflation (1,5 %), malgré les promesses de Bercy. Mais il reste encore des plumes aux 40 millions de pigeons épargnants…

Allô maman boboLes sites de vente en ligne ne sont pas les seuls à mettre en place des numéros surtaxés. Le médiateur de la République vient de dénoncer ceux des chambres d’hôpital, dont les plateformes sont souvent gérées par des pres-tataires privés… CQFD ✹

écologie Pour produire toujours plus d’or noir, Total exploite les sables bitumineux du Canada. Un procédé coûteux et ô combien néfaste pour l’environnement. Ce qui n’empêche pas le groupe de se dire soucieux du climat…

Les sables émouvants de ToTal

Q ui, en cinq lettres, se fait fort de « préserver la qualité de l’air » et de « se mobiliser contre le chan-gement  climatique » ?

Attention, il y a un piège… Total.Le géant de la pétrochimie n’hé-site pas à se vautrer dans une communication verdoyante du type « avant d’engager tout projet, le  groupe  en  examine  l’impact environnemental ». Une maxime visiblement oubliée par la filiale canadienne de Total, qui va investir dans les dix prochaines années entre 11 et 14,5 milliards d’euros dans l’un des procédés les plus polluants de la planète : l’ex-ploitation des sables bitumineux de l’Alberta.

De cette province de l’Ouest canadien riche de 170 milliards de barils (deuxième réserve mondiale après l’Arabie saou-dite), Total espère tirer 10 % de sa production de brut à l’horizon 2020-2030. Une industrie que Greenpeace qua-lifie de « crime cli-matique », tandis qu’Al Gore y voit un « danger pour la survie de l’espèce humaine ». Et pour cause.Pour extraire ce bitume, un pétrole dégradé et quasi solide pris dans du sable, la méthode la plus simple est la mine à ciel ouvert. On rase la forêt boréale et

on creuse jusqu’aux sables. Puis on mélange deux tonnes de ces sables à cinq barils d’eau chauffée avec un demi-baril de gaz pour obtenir… un baril de pétrole.

L’eau résiduelle, c h a r g é e e n métaux lourds, arsenic et autres joyeusetés, est stockée dans des bassins de

décantation devenus des lacs cou-vrant 130 kilomètres carrés. Onze millions de litres de cette soupe toxique fuient chaque jour dans le sol et les rivières. Les indus-triels, censés s’autocontrôler, sous-estiment de quatre à cinq fois l’importance de cette pollu-

tion. À 200 kilomètres en aval, la communauté amérindienne de Fort Chipewyan s’alarme d’un taux de cancers de 30 % supérieur à la moyenne provinciale. On leur amène le plus grand projet éner-gétique mondial, et ils dénoncent un « lent  génocide  industriel ». Ingrats !En décembre dernier, des cher-cheurs ont révélé que les rejets atmosphériques des usines trans-formant le bitume en pétrole brut causent l’équivalent d’une marée noire chaque année. « Les sables bitumineux posent d’importants problèmes  environnementaux », reconnaît le PDG de Total, Chris-tophe de Margerie, qui promet de « les exploiter plus proprement ». Comme pour le projet Joslyn, tou-jours dans la province de l’Alberta, en optant pour une technique consistant à injecter de la vapeur d’eau sous terre pour fluidifier le bitume. Sauf qu’en mai 2006, en forçant sur la pression, la vapeur causait à la surface une « explo-sion catastrophique » et un cratère de 125 mètres sur 75, selon le rap-port d’enquête officiel.Malgré le coût élevé de leur extraction, Total n’entend pas se passer des sables bitumineux. « Il n’y aura pas assez d’énergie pour tout le monde », menace Margerie. Il oublie de dire que, avec une fis-calité sur mesure et un laxisme environnemental décomplexé, les conservateurs au pouvoir en Alberta ont offert aux compagnies pétrolières un grand bac à sable dans lequel jouer impunément ✹ samuel thomas

J e ne supporte plus ces perpétuelles lamentations sur l’état des océans.

en seulement cinquante ans de pêche industrielle, aussi grassement subven-tionnée que l’agriculture intensive, d’immenses écosystèmes, stables depuis des centaines de milliers d’an-nées, ont été bouleversés.Qui veut lire les études de daniel Pauly, ransom myers ou Boris Worm, parues dans Nature ou Science, le peut. il n’y a aucun mystère : les océans se vident et les chaînes alimentaires se rompent. et les « pleureuses », dont nombre d’écologistes de salon, de gémir sur ce grand malheur. sans proposer aucune action véritable.

tel n’est pas le cas de l’association sea shepherd – « berger des mers » –, créée par un ancien de Greenpeace, Paul Watson. Watson est un pirate des mers qui poursuit des bateaux jusqu’au bout de la terre, sur-tout ceux qui s’en prennent aux baleines.le 6 janvier, dans l’antarctique, le bateau baleinier japonais shonan maru 2 éperonne le trimaran d’un activiste de sea shepherd, le néo-Zélandais Peter Bethune. le 12 février, Bethune balance sur le pont du balei-nier une bombinette de beurre rance, de l’acide butyrique qui installe une odeur pestilentielle. un marin japo-

nais déposera plainte pour coups et blessures après avoir été atteint au visage par le beurre. trois jours plus tard, Bethune monte à bord et découpe au couteau un filet de pro-tection. sa manière à lui de protester contre le naufrage de son trimaran.tout cela est bien rigolo, mais la suite l’est moins, car Bethune est en taule au japon et son procès en cours. il risque quinze ans de prison pour « violation de propriété privée », « destruction de bien d’autrui » et « port d’arme prohibée », ce qu’il revendique. mais aussi pour « coups et blessures », ce qu’il conteste.réclamé par la justice nipponne,

le vieux Paul Watson pré-sente Bethune comme « le seul vrai samouraï résidant 

actuellement au Japon ». je crois bien qu’il a raison. Peut-être y en a-t-il deux ou trois autres, mais on ne les voit guère. voilà ce qui manque le plus à ce monde : des combattants. Pas des guerriers sanguinaires mais des êtres simples et courageux. acceptant de prendre des risques. Prêts à en payer le prix. vive Peter Bethune ! ✹

le dernier des samouraïs

écolo façon nicolino

Auteur, entre autres, d’un ouvrage sur les pesticides, Fabrice Nicolino tient un blog sans concession sur l’environnement, Planète sans visa.

Baleine

L’exploitation des sables bitumineux équivaut une marée noire chaque année.

un maire bien mal béziersÀ Béziers, ville du vin, de la feria et de l’ovalie, on ne plaisante pas avec le respect de la femme. certes, la cité regorgeait de bordels au temps révolu de l’âge d’or viticole : il fallait bien délasser le vigneron. mais du passé, faisons table rase.sans faucille et armé d’un marteau-piqueur, monsieur le maire s’est attaqué, en décembre, à deux innocents phallus superbement érigés à l’entrée de la ville, deux vestiges d’une maison de tolérance, dont les édiles ne toléraient plus « l’image déplorable » et « le côté dégradant pour la femme ». des célèbres verges biterroises, style art nouveau, qui triquaient avenue rhin-et-danube depuis plus d’un siècle, il ne reste rien.Grâce à ce viril membre de l’umP, nos yeux se dessillent : le sexe masculin en

érection, auquel nous avions cru, en nos moments d’égare-ment, trouver des aspects plaisants, aurait un côté dégradant pour la femme. le maire ne précise pas

lequel. après trois millions d’années de propa-gande machiste fondée sur le culte de son organe érectile, l’homme moderne déclare sa bandaison

rabaissante.À Béziers, le mâle est prié d’honorer la femme en

mettant son pénis en berne. ne lui reste plus qu’à pénétrer dans la mêlée et envoyer le ballon entre les poteaux. heureusement, un groupe de résis-tants à la tartufferie municipale s’active pour que le couple de glorieux braquemarts soit à nouveau édifié, ne serait-ce que dans un musée où il témoignerait d’une part de l’histoire de la ville. leur nom : les cénobites tranquilles ✹ juliette keatinG

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Quand le passeport biométrique se met le doigt dans l’œil :http://minu.me/2hbw

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étraNger

la france brade ses visas

A lire les Diplomates, derrière la façade des ambassades de Franck Renaud (éd. Nou-

veau monde), le Quai d’Orsay est un ministère dépenaillé, sur les ruines duquel prospèrent de juteux commerces. Quitte à bazarder l’une des missions régaliennes de l’État français : l’attribution de visas aux étran-gers. « L’État réduit les personnels des consulats qui ne disposent plus des moyens h u m a i n s e t matériels pour traiter toutes les demandes de visas, donc l’État externalise et confie à des sociétés privées la col-lecte de demandes de visa… »Une démonstration déroulée par l’auteur, longtemps corres-pondant au Vietnam. L’externa-lisation – « terme politiquement correct pour une privatisation en bonne et due forme », pointe le gratte-papier – est ardemment défendue par Bernard Kouchner. Répondant à une question d’un député sur cet étrange procédé, le ministre aura ce bon mot : « Je ne demande pas aux gens qui viennent en France s’ils prennent un avion privé ou passent par une compagnie nationale. » Les affaires n’ont jamais semblé si étrangères à Nanard…Censée accélérer et faciliter l’ob-tention de visas, l’externalisation a fort bien rempli ses missions, en levant le pied sur la sécurité et la confidentialité des données. Champion français de ce domaine réservé, TLScontact bosse dans des pays aussi sensibles que la Thaïlande, l’Algérie, l’Égypte, le

Liban ou la Chine, sous l’enseigne Visasfrance. Soit 317 000 visas qui transitent chaque année entre les mains des partenaires privés et locaux de TLS.En Chine, le partenaire se nomme International intellec-tech corporation. « Une entre-prise d’État gérée au plus haut niveau de l’État central. » De là à soupçonner une collecte de don-

nées commer-ciales et indus-trielles par les États étrangers, il n’y a qu’un petit pas. Que le Quai d’Orsay

ne veut pas danser.Interrogé sur une éventuelle « veille commerciale » (doux mot pour espionnage indus-triel) par un membre de l’As-semblée des Français de l’étranger en décembre 2009, Kouchner botte en touche dans une réponse de deux pages, arguant que la sécurité dans ces entreprises est similaire à celle des consulats… Inquiétant, si l’on en croit la CFDT, qui a jeté un œil sur un rapport daté du premier semestre 2009 pointant de nom-breux soucis de confidentialité sur les attributions « privatisées » de visas.Bonne nouvelle : l’ambassade de France en Iran est sur le point d’adopter le procédé… ✹ x. m.

P our gentiment vider l’esprit des foules accablées (et leur soutirer

leurs derniers deniers), la recette inu-sable semble toussoter. du pain et des jeux ? depuis l’empire romain et son cirque, l’idée semblait pourtant fonc-tionner. un peu de sang, beaucoup de sueurs et quelques larmes pour oublier ses pleurs. Le cirque proposé par les marchés financiers, les gouvernements mon-dialisés ou sarko ier semblent avoir un peu effrité la maxime. Le pain vient à manquer, les mi-trons à se saigner et les jeux perdent de leurs saveurs. trop répétés, trop rapprochés. coupe du monde de football, jeux olympiques d’été, d’hi-ver, tour de France… trop cadencée, la litanie des grands événements mondialisés en vient à lasser même le gentil peuple français. La coupe du monde en afrique du sud ? Peu ou pas

d’entrain. Le titre de champion de Fran-ce ? seule marseille et les fans de son om se sont enivrés. jusqu’à plus soif. Pour au moins dix-sept années. roland garros et ses épiques luttes à coups de grandes raquettes ? idem. Les Français trop tôt battus sur la terre ocre, le roi Federer détrôné, le fantasme d’un nou-vel et homérique combat contre son ri-val Nadal envolé dans le brumeux ciel parisien… À quoi bon ? triste début d’été, que l’annonce de

l’organisation de l’euro 2016 en France n’aura pas réussi à ensoleiller. tout fiérot, le

trio Yade-sarkozy-Bachelot a pourtant tout fait pour parader. Quitte à pro-grammer la sortie de crise pile pour 2016. en vain. À croire que les peuples ne sont plus aussi faciles à mystifier. heureusement, pour abrutir les mas-ses sevrées de football, demeurent la drogue et l’apéro géant ✹

La mauvaise Foi de moNNier

Les jeux du cirQue N’amuseNt PLus

Apéro

(m)usées

la sécurité pas à l’œuvreCinq chefs-d’œuvre du musée d’Art moderne de la Ville de Paris ont été dérobés, le 20 mai, pour un préjudice évalué à 500 millions d’euros. Un coup de maître ? Oui, mais bien aidé.

Ç a ressemble au casse du siècle. Lors du cambrio-lage des cinq tableaux, dans la nuit du 19 au

20 mai, le dispositif anti-intru-sion était partiellement en panne au musée national d’Art moderne de la Ville de Paris. On sait aussi que l’entreprise de maintenance attendait la pièce nécessaire à la réparation depuis presque deux mois. Ce qu’on sait moins, c’est que l’alarme était inaudible, couverte par le bruit de la souf-flerie. Ajoutez à cela une image brouillée sur la caméra vétuste et on comprend mieux comment la vigilance des trois agents de surveillance (pour 4 500 mètres carrés !) a été « déjouée », selon le mot de l’adjoint à la Culture, Christophe Girard.

mOUlinsCes défaillances ne sont pas pro-pres au musée d’Art moderne. La mairie a beau soutenir que, à la suite d’un audit alarmant de 2007, tous les travaux nécessaires ont été réalisés, de nombreuses voix s’élèvent pour clamer le contraire. Il y a quelques mois, une note interne de la direction des affaires culturelles de la Ville, que Bak-chich s’est procurée, pointait déjà la non-conformité des caméras de surveillance des quatorze musées parisiens. « Les musées sont mal entretenus depuis quinze ans, reconnaît Jack Paillet, syn-dicaliste à la CFTC. Mais l’équipe

actuelle n’a pas engagé les travaux nécessaires, de même qu’elle refuse d’embaucher du personnel sous prétexte qu’il n’y a pas d’argent. Mais cela n’a pas empêché les élus parisiens d’augmenter leurs indem-nités. » Ni d’investir massivement dans d’autres « projets culturels » plus vendeurs électoralement (le 104, les Nuits blanches…). Qui plus est, dans les musées pari-siens, le personnel est peu consi-déré. Notamment les « agents de surveillance » censés veiller sur les œuvres. Le poste d’occupant de chaise est surtout l’occasion pour la Ville de reclasser son per-sonnel handicapé venu d’autres services. Ou de recaser ses fonc-tionnaires dépressifs. Sans être généralisé, l’alcoolisme n’est pas non plus rare, admettent plu-sieurs sources. Pis, les agents sont parachutés sans la moindre formation, pas même à la sécu-rité incendie. Et les veilleurs de nuit ne sont pas armés. En raison du sous-effectif, il leur arrive, au mépris du règlement, de faire les rondes seuls. À chacun ses nuits blanches ✹� eve eLeiNeN

brUits de lA Ville

les vip boudent roland GarrosLa crise bat froid la terre ! Cette année, à « Roland », sur les 300 boîtes qui, d’ordinaire, régalent 4 500 personnes par jour en classe VIP (repas trois étoiles, champagne et matchs offerts), seules 150 ont craché au bassinet. Conséquence aussi grise que le ciel parisien, les loges de la porte d’Auteuil ont donc résonné vide, et près de la moitié du chiffre d’affaires habituel VIP s’est envolé. Si même les « vieilles pies » n’ont plus de moyens…

francelet cornaque ZahiaEx-collaborateur du Point, mis en examen pour « corruption » en 2007, Marc Francelet tourne toujours… autour de Zahia D., l’escort-girl préférée des footeux français. À l’actif de Marco les bons tuyaux, les tractations pour la couverture de Paris-Match du 28 avril, « Zahia la scandaleuse », négociée autour de 200 000 euros, s’étrangle-t-on au journal. Seule inconnue, la com touchée par Francelet sur une opération qui a été rééditée avec Voici. Avec Zahia, Francelet traverse une bonne passe.

villeneuve King of the bongoAnnoncée depuis mars (dans Jeune Afrique), l’arrivée de Charles Villeneuve à la tête de la chaîne panafricaine 3A Telesud se précise. Dans ses valises, l’ancienne animatrice de Télébouygues, Carole Rousseau. Un suspense insoutenable agite les mauvais esprits : les téléspectateurs auront-ils le droit de savoir l’étendue du patrimoine de la proprio de la chaîne, une certaine Pascaline Bongo, fille de son dictateur de père, feu Omar ?

alex Guérini touché, pas couléToujours pas mis en examen mais franchement visé par l’enquête marseillaise sur les marchés des ordures, Alexandre Guérini garde la forme. Le frère du président du conseil général s’entraîne pour le défi Monte-Cristo, qui se tiendra à la fin juin à Marseille. Une épreuve de natation en pleine mer qui retrace l’évasion supposée d’Edmond Dantès, le héros de Dumas, qui s’échappa à la nage du château d’If pour rejoindre la côte. De là à dire qu’Alex prépare sa fuite… ✹

La privatisation n’est plus un vilain défaut dans les allées du Quai d’orsay. ou sous les lambris des ambassades. au-delà des visas, elle touche désormais à la sacro-sainte fête nationale du 14-juillet. un tournant pris dès 2008, quand une circulaire du ministère, dont Bakchich avait fait état, enjoignait ambassa-deurs et consuls généraux à n’inviter que « les personnalités représentatives » lors des agapes annuelles. Les cris d’orfraie des élus de l’assemblée des Français de l’étranger n’y changeront rien. il faut donc réduire les frais et le nombre d’invités. Pour que les soirées de l’ambassadeur restent un succès, « le ministère demande à ses chefs de poste de faire davantage appel (…) aux financements innovants pour le 14-Juillet. (…) Il s’agit ni plus ni moins d’un appel aux entreprises pour financer la réception. (…) En 2008 au Vietnam, on a vu la fête citoyenne se tenir grâce au soutien de Total, Alstom, Axa, Orange. (…) Les esprits chagrins auront aussi relevé la pré-sence parmi les sponsors de Coca Cola », raconte Franck renaud. Qu’importent les bulles tant qu’on manque d’ivresse... ✹ x. m.

la Quai d’Orsay privatise aussi le 14-Juillet

l’externalisation des visas menace la confidentialité des informations.

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En consultant les mains courantes des commissariats, je n’ai trouvé aucune trace rapportant u n e a g r e s s i o n

contre Régis Debray. Pourtant, à l’écouter, après la sortie de sa lettre à un ami israélien, il crai-gnait les coups de trique de la Ligue de défense juive, ceux du Bétar et même une fatwa lancée par un rabbin énervé de Méa Shéarim, un quartier de Jéru-salem. Aux dernières nouvelles, Debray continue de dîner chez les Badinter, de muets supporteurs du régime de Nétanyahou, où le caviar est payé par les bonus de Publicis. Trust de pub d’Élisabeth qui, cher Régis, ne crache pas sur les appels d’offres même quand ils sont lancés par vos ennemis du Pentagone. Résumons : Régis est en bonne santé.

candideEn février 2002, Debray a publié un bouquin inspiré d’une visite en Orient, un Candide en Terre Sainte. Bible et Évangiles dans ses poches revolver, Debray mar-chait sur la trace de Moïse et Jésus, ce qui nécessite de bons Pataugas. Sortant parfois des traces divines, il cessait de lever les yeux au ciel pour observer la vie en auteur d’hommes. Voir que les soldates israéliennes ont de « belles fesses », alors que, dans les cambuses des policiers arabes, « ça sent la pisse ». Relever ce genre de détails prouve que passer par Normale sup n’est pas perdre son temps.Depuis deux ans, du plomb durci ayant coulé sous les ponts de Gaza,

Debray s’intéresse à ceux qui, en Palestine, vivent là où ça pue, du mauvais côté du fusil. Tant mieux que, si tard, notre néo-saint Paul trouve son chemin de Ramallah. Même Finkielkraut et BHL vien-nent de signer la pétition de JCall, qui réclame l’arrêt de la coloni-sation en Palestine. C’est dire que l’on peut écrire que Lieber-mann, le ministre des Affaires étrangères israélien (reçu cette semaine à Paris), est un voyou fas-ciste, sans risquer le couperet de la bonne pensée. Dans l’horreur accumulée là-bas, le bouquin de mon ami Régis arrive si tard qu’il est reçu comme un accessoire de mode, un médium faisant circuler du consensus. Chirac, l’autre ami de Régis, dirait de son bouquin qu’il fait « pschitt ».Pour commencer, erreur du facteur ? Il adresse sa lettre à la mauvaise personne, Élie Bar-

navi. Avec nos aimés confrères de Marianne, Debray est le seul à croire que Barnavi est un homme de gauche et de paix. En Israël, des profs ont fait une pétition afin de demander au gouverne-ment de cesser de confier à cet ancien ambassadeur trop réac la rédaction des manuels scolaires. On lui pardonne : pour avoir servi Mitterrand, Régis a pour habi-tude de confondre sa droite et sa gauche. Comme sur les chaus-sures d’enfants, il faudrait lui tracer des signes sur le dessus de ses Pataugas, un « D » coté accélé-rateur, un « G » côté frein.

aveugleSur le contenu de cet ouvrage, qu’il faut lire même avec rage, on note que Debray a un modèle, Théodore Herzl, un théoricien du sionisme. Une simple lecture des textes de ce Théodore aurait

Israël, Régis debray embraye liTTÉRaTuRe Dans une lettre adressée à Élie Barnavi, ancien ambassadeur israélien en France, Régis Debray fait part de ses positions sur les Palestiniens, l’antisémitisme en France et les impasses de la politique israélienne après Gaza. Un livre consensuel qui fait « pschitt ».

Un peu de culture

du samedi 5 au vendredi 11 juin 2010 | Bakchich heBdo n°27 13

cromwell, very well

A vec des « si », on peut mettre vierzon en bouteille et, avec

du style, les débuts de l’amérique dans un tableau. L’œuvre est celle d’un funambule qui tient son art en équilibre à l’aide de son seul pinceau, sur le fil des mots. cet artiste, c’est cromwell, un type passé des paras aux sépias, du fusil au fusain. il vient de sortir l’adap-tation dessinée d’un classique de la littérature américaine, le Dernier des Mohicans, de james cooper, aux éditions soleil productions.on pourrait dire que cet album est à la mystique de la Bd ce que 2001, l’odyssée de l’espace est à celle du cinéma. de la volupté et de la mort. de l’organe et de l’es-prit. cromwell s’est créé à partir du roman d’aventure son propre musée en peinture. chaque page est un tableau en miniature de sa fresque dessinée. on suit la guerre entre Français et anglais qui se battent pour l’ap-propriation des terres indiennes en 1757. Le fil conducteur est le destin d’un officier de la couronne chargé de conduire deux sœurs à leur père grâce à l’aide d’un chasseur mohican.sans utiliser la toile, cromwell s’est servi d’un papier épais comme du papyrus pour donner du grain au dessin, de la sueur aux couleurs mates et sombres. on baigne au milieu d’âmes moites où il pleut sans discontinuer sur les chairs. seul parapluie, vos yeux de lecteur pour apprécier la beauté d’un univers artistique. Ça vous changera de la crème solaire de la télé et des plages de radio bleu. et peut-être d’éviter l’insolation de la connerie ✹ L. c.

Le Dernier des Mohicans, par cromwell,éd. Soleil productions, 100 pages, 17,95 euros.

Bédé

pu ouvrir les yeux de Régis, lui indiquer que ce pionnier n’était qu’un colonisateur.Et ce n’est pas sur le terrain, en rampant entre les check-points des territoires occupés, que Debray prend des risques. Mais en restant chez lui à l’ombre de

l’Odéon. Là, carrément coura-geux, il pose la question : « Si les synagogues déploient le drapeau [israélien] et battent tambour, comment veux-tu que le Maghrébin de Barbès prenne au sérieux les appels à ne pas confondre les juifs de France et l’État d’Israël ? » Dans ce chapitre, Régis retombe dans ses vieilles pompes de révolution-naire, cogne sur ces politiciens laïcs qui se rendent au dîner du Conseil représentatif des insti-tutions juives de France comme Clovis à Reims, pour y recevoir le chrême. Étonnant.Quant à l’indéfectible ami Bar-navi, le récipient d’air, il profite de sa réponse à Debray pour dif-famer le philosophe Edgar Morin. Un ami juif de Régis, ancien résistant, qui se retrouve habillé de l’infamant oripeau « d’an-tisémite ». Ce qui nous prouve qu’Élie, lui, est comme Julio, il n’a pas changé ✹ jacques-marie Bourget

À un ami israélien, par Régis debray,éd. Flammarion, 156 pages, 12 euros.

R imbaud, l’infatigable poète aux « semelles de vent » continue de

laisser son empreinte dans le monde entier, sans prendre une ride, ce qui n’est pas rien pour quelqu’un mort il y a cent dix-neuf ans… Rimbaudmania, l’éternité d’une icône n’est pas une énième biographie du poète. Ce livre de Claude Jean-colas, commissaire de l’expo-sition du même titre (jusqu’au 1er août à la Galerie des biblio-

thèques, à Paris), rassemble tout ce qui a été fait à propos et sur Arthur Rimbaud : documents, peintures, affiches de spectacles, de danse ou de théâtre, photos, romans, cinéma… Bref, toutes les œuvres artistiques ou médiatiques touchant à la vie de ce héros fulgurant qui ne cesse d’inspirer notre culture contemporaine, laquelle, justement, continue « de le penser ».

Edgar Morin le souligne dans la préface : « Rimbaud, c’est un cosmos de toutes les émotions humaines. » Alors, un jour ou l’autre, tout le monde s’est un peu cru Rimbaud lui-même. Picasso, Cocteau, Fernand Léger, Hugo Pratt et son très inspiré Corto Maltese, The Clash avec la chanson Ghetto Defendant en 1982… La liste est longue, de la BD à l’art du pochoir, des Ciba-chrome d’Ernest Pignon-Ernest à Patti Smith…Que dire de ce livre si ce n’est qu’il est indispensable et à la hauteur de cet artiste irremplaçable. Car Rimbaud, qui disait qu’il fallait être « absolument moderne », restera notamment parce que la célèbre photo d’Étienne Carjat nous en dit long sur le regard du poète : la simplicité du sentiment, la simplicité d’une tristesse indicible. « Elle est retrouvée. Quoi ? – L’Éternité. C’est la mer allée avec le soleil. » Et concer-nant Rimbaud, l’éternité est là, dans ce regard… ✹ renaud santa maria

Rimbaudmania, l’éternité d’une icône, catalogue, par claude Jeancolas, Paris bibliothèques-Textuel, 320 pages, 39 euros.

arthur rimbaud, forcément moderneexpo

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C elui qui part vers la tombe sans être passé à la télé a loupé sa vie.

Sauf s’il existe une vie éternelle, avec Pascal Sevran. Jean-Paul II ayant fait ce voyage sans envoyer de carte pos-tale, j’ai des doutes. Pour Bakchich, c’est important d’apparaître très jeune à la télévision. Mes camarades m’in-sultent, m’accusent de sabo-tage économique et idéolo-gique, puisque notre journal est aussi un outil de propagande mas-sive : « Comment veux-tu que notre hebdo passe à la télé ? Dans ta Zap-pette, tu passes ton temps à insulter le PAF ! » C’est faux puisque je n’ai pas dit un mot d’Évelyne Dhéliat, du Jour du Seigneur, ni de Carole Gaessler, qui confond les coupes « sombres » avec « claires » comme ses beaux yeux.

C’est sans doute parce que mon panel d’émissions est trop étroit, que je n’ai pas les yeux assez ouverts sur les mer-veilles du monde du plat.Que Cauet ou Arlette Chabot invitent Bakchich et la Zappette va changer de ton. Cauet ? Sans aller bien loin, j’écris : « Voilà un garçon formidable 

puisque Omar Harfouch, un ami de Robert Ménard, l’an-cien patron de Reporters sans 

frontières, lui fait un procès. » Arlette ? « Comment critiquer une femme qui, naguère, s’est fait traîner dans la boue par  Sarkozy ? » J’aime Arlette. Vous avez compris la mécanique du fluide, il y a suffisamment de méchants qui tapent sur les gens de télé pour que cette cruauté nous donne une raison de les aimer. Bardot lutte bien pour la

survie des pythons et des crocodiles !Pour l’instant, je fais encore un blo-cage sur Jean-Pierre Pernaut et Marie Drucker. Mais je travaille pour accéder à leur subtil. Je sens même que Combien ça coûte ? et l’histoire racontée à Max Gallo commencent à m’émouvoir. Élise Lucet est très bien. En idiot, j’ai écrit qu’elle filait des coups d’épaule dans les mots. C’est faux, le temps des man-ches courtes venu, je n’ai vu aucune trace de bleus sur la blonde. Frédéric Taddeï voit parfois, par mes aigreurs, sa réputation alésée, mais c’est parce que de lui comme de Schumacher, ou de Xavier Bertrand, j’attends plus. On ne va pas engueuler un type qui invite Chomsky à la télé !Ruquier est énervant parce que c’est un type intelligent et cultivé qui passe son temps à faire le con, un rôle qu’il joue trop mal. Vous me direz qu’entouré de Zemmour et Naulleau c’est facile de passer pour un type normal.Pour les gens de télé en manque de compliments, sur le site Bakchich.info, il y a tous les outils qui vous permettent de me faire passer un message : je loue tout le monde. Sauf Dieu ✹

ciné Quatre bébés, aux quatre coins du monde, de leur naissance à leurs premiers pas. Ou l’éveil selon Alain Chabat, producteur de ce documentaire rafraîchissant.

S i Alain Chabat n’est pas le plus grand metteur en scène de l’univers, c’est assurément un

petit malin dont le cerveau en ébullition déborde d’idées aussi drôles qu’excitantes. L’esprit d’un labrador qui intègre le corps d’un homme (Didier), c’était lui, Jamel en Numérobis (Astérix et Obélix : mission Cléopâtre), c’était encore lui. Il y a douze ans, sur les conseils de Claude Berri, Chabat monte sa boîte de production, Chez Wam, pour financer les films qu’il a envie de voir. Depuis, il a produit une poignée de trucs en couleurs avec des images qui bou-gent, notamment RRRrrrr !!! ou la Personne aux deux personnes. Aujourd’hui, Chabat revient avec Bébés, un documentaire tendre et hilarant. « Il y avait longtemps que j’avais envie de voir sur grand écran des enfants nés et élevés dans des endroits et des cultures différents, réunis dans une forme de documentaire animalier sans commentaire. » L’idée originale ? D’une simplicité biblique. Suivre quatre bébés aux quatre coins du monde, de leur naissance à leurs premiers pas. Voici donc Ponijao, Bayar-jargal, Mari et Hattie qui vivent en Namibie, en Mongolie, au Japon et aux États-Unis. Der-

rière la caméra, le documenta-riste Thomas Balmès capte les sourires, les émerveillements, les bastons des premiers mois de la vie.Bon, vous me direz, ça ressemble sensiblement à un film amateur

sur YouTube (bébé qui se marre sur sa chaise, bébé qui tombe du lit…), mais Bébés est un vrai film de

cinéma avec des partis pris de mise en scène, dont le refus total de la voix off. Encore plus fort, le film abandonne les sous-titres : c’est coton avec les Japonais ou

les mamans africaines ! Comme le bébé, le spectateur se retrouve immergé dans un monde qu’il ne connaît pas, qu’il ne comprend pas. Un univers archaïque ou ultramoderne dont il va décou-vrir peu à peu les us et coutumes. En fait, Balmès filme l’éveil au monde et c’est très beau. Comme les stupéfiantes images HD ou la musique de Bruno Coulais, sans oublier le tube de Sufjan Stevens lors du générique de fin. Quel homme de goût, ce Chabat ! ✹ MARC GODIN

Bébés, de Thomas Balmès,avec Ponijao, Bayarjargal, Mari et Hattie.

En salles le 16 juin.

Un peu de culture

14 BAkChICh hEBDO N°27 | Du SAMEDI 5 Au VENDREDI 11 JuIN 2010

LA ZAPPETTE DE BOuRGET

MESSAGE à CARACTèRE INFORMATIF

Rows & stitchesKaraocake

Bricoler de la musique dans sa chambre sur un vieux 4 pistes k7, ça existe encore ? Oui, à en croire karaocake. Même que c’est rudement joli… Derrière ce projet se cache Camille, une Française ultra-sensible qui marie l’électro la plus vintage à la pop la plus sixties. Pour le meilleur… Son album Rows & Stitches suit les sillons de Broadcast (la voix sucre d’orge, les mélodies pommes d’amour) et de Phil Spector (les petits murs soniques de guitares stellaires, d’orgues de batteries rétro) avec une fraîcheur déroutante. Coup de foudre.

Bang goes the Knighthoodthe divine comedy

En 1996, The Divine Comedy composait Casanova : un chef-d’œuvre pop dont la mégalomanie orchestrale n’avait d’égale que le timbre grandiloquent de son leader Neil hannon. Quatorze ans plus tard, ces Nord-Irlandais se sont enfin délestés de leur complexe d’infériorité. Les arrangements de Bang Goes the Knighthood restent luxuriants, mais n’ont jamais semblé si légers. Et le chant s’avère étonnamment humble. Comme pour mieux bercer l’écrin de ses perles fragiles…

donsodonso

Quand un prodige des machines s’acoquine avec le gratin de la musique traditionnelle malienne, ça donne Donso. à l’origine de cet épatant crossover électropop-afro ? Le producteur français krazy Baldhead, flanqué du vocaliste Gedeon Papa Diarra, du guitariste Guimba kayouté, du claviériste Cheikh Tidiane Seck et du dieu de la kora Ballake Sissoko. Entrelacs de chœurs maliens, guitares chamaniques et bidouilles synthétiques, Donso catapulte Bamako sur le devant de la scène digitale.

sex dReams and denim JeansUffie

Depuis qu’elle a posé son flow sur l’album de Justice, uffie est devenue the hit-girl de la french touch 2.0. Cette native de Miami a fait appel au Who’s Who de l’électro hip-hop pour produire son disque : Mirwais, Feadz, Mr Oizo et SebastiAn du label parisien Ed Banger. Si la hype attendait Sex Dreams… comme le messie, le reste du monde fera la moue. Bling-bling à souhait, ce disque futile sonne creux. Trop de buzz tue le buzz…

miss météoRes Liveolivia Ruiz

Les gens adorent sa petite voix (populo), ses historiettes (pseudo) surréalistes et ses yeux de chat (qui minaude). Pour toutes ces raisons et quitte à se mettre la France à dos, Olivia Ruiz nous hérisse le poil. Et voilà qu’après deux victoires de la musique, elle livre déjà Miss Météores Live. Ce concert truculent égrène ses tubes dans une irritante ambiance cabaret-balloche. D’Elle panique à J’traîne des pieds ou l’indécrottable Femme chocolat, rien à faire… C’est décidément épidermique ✹� ÉLÉONORE COLIN

Musique

Directeur de la publication : Xavier Monnier • Directeur de la rédaction : Nicolas Beau • conseiller éditorial : Jacques-Marie Bourget • Rédacteurs en chef : Pierre-Georges Grunenwald (édition), Cyril Da (Web) • chro-niqueurs : Alceste, Daniel Carton, Jacques Gaillard, Marc Godin, Doug Ireland, Éric Lau-rent, Patrice Lestrohan, Fabrice Nicolino, Jean-François Probst, Alain Riou • Maquet-te : Émilie Parrod, Victor Buchotte, Marjorie Guigue • Secrétaires de rédaction : Élodie Bui, Tatiana Weimer • Rédaction : Monsieur B, Sacha Bignon, Émile Borne, Louis Caba-nes, Renaud Chenu, Éric de Saint-Léger, Lucie Delaporte, Anthony Lesme, Laurent Maca-bies, François Nénin, Simon Piel, Bertrand Rothé, Grégory Salomonovitch, Anaëlle Ve-rzaux • Dessinateurs : Avoine, Bar, Baroug, Bauer, Essi, Giemsi, Goubelle, Ray Clid, khalid, klub, Lacan, Large, Ludo, Magnat, Mor, Mor-vandiau, Nardo, Noël, Oliv’, Pakman, PieR Gajewski, Revenu, Roy, Soulcié, Thiriet •Groupe Bakchich, SAS au capital de 56 980 euros • Siège social : 121 rue de Charonne 75011 Paris • Téléphone : 01.40.09.13.25

CPPAP : 1114 C 90017 • ISSN : 2104-7979 • Dépôt légal : à parution • Impression : Print France OffsetDirection des ventes : Thierry Maniguet/[email protected]/01.70.39.71.05Publicité : [email protected]

Tous les textes et dessins sont © Bakchich et/ou leurs auteurs respectifs.

la BakcHicH TEaM

Aigreurs

en salleswhen yoU’Re stRangede tom dicillo

Cinéaste sympathique de ça tourne à Manhattan, Tom DiCillo réalise un doc sur les Doors, constitué intégralement d’images d’archives, stupéfiantes et pour la plupart inédites. un sublime contrepoint au nanar boursouflé d’Oliver Stone, The Doors, tourné en 1991. Avec la voix off de Johnny Depp, DiCillo montre un Jim Morrison tour à tour poète, rebelle, bouffon, génie et junkie. Trop de succès, de filles, de dope, le roi lézard finira raide mort au fond d’une baignoire à Paris, à l’âge de 27 ans. Pour son premier doc, DiCillo a tout bon. à travers la destinée de quatre mômes des années 60, il fait revivre une page de l’histoire américaine, avec en toile de fond la guerre du Vietnam, la lutte pour les droits civiques et l’émergence du mouvement hippie. hautement recommandé.

sUmmeR waRsde mamoru hosoda

Il n’y a pas que Miyazaki dans la vie ! Signé Mamoru hosoda (la Traversée du temps), Summer Wars raconte l’histoire d’une famille qui tente de combattre un virus ayant pris le contrôle d’Oz, plateforme communautaire d’Internet. Très inspiré, hosoda mixe science-fiction et réflexion, virtuel et réel, baston et émotion. une très bonne surprise.

the cRaziesde Breck eisner

à l’origine, un film d’épouvante assez médiocre de George A. Romero (la Nuit des fous vivants, 1973), une histoire de virus qui transforme les habitants d’une petite bourgade en fous furieux. OS du gore, le réalisateur de ce remake fait couler l’hémoglobine pour masquer le vide du scénario et tente de respecter le minimum syndical de l’horreur pop-corn ✹ M. G.

Bébés capte les sourires, les émerveillements… Et c’est très beau.

BéBés quand Chabat gazouille

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L e nombre et la fureur des évé-nements qui se sont abattus ces

derniers mois sur le monde nous ont empêché de saluer à sa juste valeur un exploit journalistique sans précédent. Il s’agit de l’interview post mortem de Claude François qu’ont réalisée, en février dernier, nos confrères de France dimanche, grâce au fluide exceptionnel d’un médium dûment patenté.Avec moins de moyens, car nous préfé-rons, à Bakchich, la liberté à la richesse, nous avons pu, nous-mêmes, entrer en contact avec le président François Mitterrand, lequel séjourne dans l’au-delà depuis près de quinze ans. Nous avons pour ce faire uti-lisé les services d’un sphinx grec dont les tarifs ont fortement baissé depuis la tourmente financière qui s’est abattue sur son pays.Un peu vexé, dans un premier temps, de ne pas interviewer le roi de Thèbes (les sphinx font presque tous un com-plexe d’Œdipe), l’Oracle s’est rasséréné en constatant qu’en dépit d’une longue inactivité ses pouvoirs demeuraient effi-caces et ne s’étaient point rouillés. La conversation fut brève mais cordiale. L’ex-Président, là où il est, se tient très

au courant de l’actualité, et se montra charmé, sinon charmant, lorsque nous l’interrogeâmes sur les récents propos de Nicolas Sarkozy le concernant, qui vient de déclarer que, « si Mitterrand s’était abstenu de baisser l’âge de la retraite à 60 ans, on aurait beaucoup moins de problèmes aujourd’hui ». « J’avais pris à l’époque cette décision pour emmerder Giscard et Ceyrac [numéro un du CNPF, le Medef de l’époque, ndlr] » nous a

déclaré, heureux, l’ancien premier magistrat de France. « Mais dans mes rêves les

plus fous, je ne pouvais pas espérer alors emmerder aussi le petit Sarkozy, qui n’était [déjà] qu’un freluquet en ce temps-là. » Ce contact établi avec le Guide, il importait de savoir si, pour 2012, sa préférence allait plutôt à Mar-tine Aubry ou à Dominique Strauss-Kahn. Mais comme notre intermédiaire venait de lui poser la question, le nuage islandais, qui roulait dans le ciel avec insistance, se déchaîna soudain sur la communication ; et ne demeura audible, au milieu du tonnerre, que cette interrogation quelque peu sphyn-gique : « Tonton ? demande l’Oracle. Tonton ? Pourquoi tu tousses ? » ✹

Le bILLeT D’ALAIN rIOU

TONTON NOUS PArLe DePUIS L’AU-DeLà

Journaliste au Nouvel Obs et invité du Masque et la plume, Alain Riou fait aussi du cinéma. Son cinéma.

Sphinx

S oyez rassurés, préparez vos éponges, vos Spontex qui ne seront plus Mao : le Flamand

Jan Fabre, célèbre metteur en scène, sculpteur, chorégraphe… est de retour à Avignon. Il promet de pisser sur scène, et même plus si besoins. En 2009, l’ineffable Jan Fabre a exposé ses merdes (des vraies) au Louvre, la femme de ménage d’un musée allemand s’est fait virer pour avoir mis à la benne un sac-poubelle, ignorant que celui-ci était une précieuse œuvre d’art. Oublions qu’une réplique de Menguele expose des cadavres plastifiés, dans l’ébahis-sement général.

mauvais goûtPourtant, des signes heureux apparaissent. Annonçant qu’on va bientôt pouvoir dire que les expositions de M. Fabre sont de la merde, sans risquer le retrait de carte de presse ou celui du laissez-passer du bon goût. Jean Clair, par exemple, pape de la muséologie et de l’histoire de l’art, en a ras-le-bol de se pros-terner devant des tas d’étrons. Ouf ! il le dit enfin. On va pou-voir faire comme lui, tirer la chasse. Dans un entretien avec le Monde, Clair avoue : « Je crois qu’il n’existe plus rien d’impor-tant dans l’art contemporain. » Il a pris son temps, le maître. Merci mon vieux, on va pouvoir aussi ricaner dans certaines galeries sans passer pour une andouille fasciste. Clair précise que « tout ce qui était théorie, école, travail d’ate-lier, communauté de créateurs travaillant et s’appuyant sur

un corpus de connaissances et le faisant évoluer a disparu ». Ben voilà. L’art s’arrête à Malevitch et Duchamp et à ceux qui s’en inspirent.

marre des homards Dans le Monde diplomatique, c’est l’honorable Dany-Robert Dufour, philosophe et spécialiste de l’art qui, lui aussi, crie halte au feu : assez de homards ou de chiens gonflables. Ceux qui font

la fortune de Pinault et, comme toujours avec lui, le désespoir des gens ordinaires. Des prolos ne sachant pas rire à la comédie de la subversion, comme le disait Philippe Muray. Même le réalisateur Jean-Luc Godard a avoué à Télérama : « L’art contemporain est foutu. » Parlant du foutage de gueule de messieurs Fabre ou Koons, c’est plutôt ce que j’appelle une bonne nouvelle ✹ j.-M. b.

Le pipoLe de la semaine

l’art moderne n’amuse plus la galerieOISeUx

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laurence parisot, cosette toujours !Laurence Parisot vient d’être réélue présidente du Medef. à l’unanimité. Une gloriole

passée tellement inaperçue que la pauvre Laurence pourrait se faire crocodile. à l’instar des larmes qu’elle versa sur les plateaux de télévision, jouant celle qui ignorait l’existence des caisses noires de la branche métallurgie du Medef. Parisotte (dixit Denis Kessler, passé de Mao au patronat) aime à cultiver sa légende de Cosette. Une gageure, avec un salaire de 22 000 euros par mois, versé par l’institut de sondages Ifop, dont elle détient 75 %. Mais « Pimprenelle » la joue modeste. Pour servir le propos, le Monde (30 mai 2010) décrit une femme pas frimeuse pour deux sous : « À son mince poi-gnet, une montre Chaumet, massive et sportive, cerclée de diamants, seul

signe de luxe. On lui connaît toujours le même sac Vuitton. (...) Sa maison à Saint-Barth, à côté de celle de Johnny ? “Une cabane”, assure-t-elle. »

Si ses origines ne tranchent pas vraiment avec celles de ses pairs – son papa fit fortune dans les meubles –, elle tente, sur certains points, de se distinguer. en

cultivant son côté femme de province, un peu féministe, ferme face aux mauvais fonctionnaires. et puis, c’est une femme généreuse. « En 2008, [le Medef] a dû régler une note d’honoraires annuelle de 300 000 euros à son coach personnel,

Rosine Lapresle-Tavera, graphologue reconvertie dans le conseil haut de gamme », apprend-on dans le livre l’Histoire secrète du patronat (éd. La Découverte). Modeste jusqu’au bout des ongles, Laurence Parisot avait confié, en 2008, à renaud Donnedieu de Vabres, l’ancien ministre de la Culture, son désir de politique et de… présidence de la république. Humilité, quand tu nous tiens ✹ A. V.

DU SAMeDI 5 AU VeNDreDI 11 jUIN 2010 | bAKCHICH HebDO N°27 15

Un peu de culture

Page 16: Bakchich N° 27

Omar el-béchirau Nil du rasoirbandit Mis au ban des nations, l’autocratique président soudanais n’est évidemment pas un tendre. Ça en arrange tout de même quelques-uns...

O fficiellement, c’est le plus vilain garçon de la planète : le président soudanais Omar Hassan el-Béchir, 66 piges, en fonc-tion depuis 1989, est le seul chef d’État

en exercice à faire l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité (commis au Darfour). Pour ce motif, Sarko, moins regardant avec les humanistes chinois, ne l’a pas plus invité que son collègue Mugabe (Zimbabwe) au sommet Afrique-France du début de la semaine. Alors même que ce banni-modèle vient de rendre à la France trois humanitaires mystérieu-sement enlevés !

infréquentableSûr, le bilan de ces vingt et une années d’omarcratie n’est pas solaire. Riche en pétrole, surtout animiste, un peu chré-tien, plus noir qu’arabe, le sud du pays doit se prononcer en janvier sur son indépen-dance. Mais cette innova-tion, contestée d’ailleurs par le parti présidentiel, survient après deux décennies de guerre qui ont fait dans les deux millions de morts. Dans l’ouest du pays, légèrement apaisé, le conflit du Darfour sinistré (300 000 tués, 2,7 millions de personnes déplacées) ne relève pas, lui non plus, de l’histoire ancienne. Magnanime, après une réélection enta-chée de fraudes, el-Béchir a promis de mener « un dialogue objectif  pour apaiser l’atmosphère ». Une quasi-nécessité. Pourvu de deux épouses, mais pas d’un seul enfant, notre homme n’est pas, ces temps-ci, de ceux qu’on cherche à fréquenter : ils n’ont été

que six chefs d’État, dont les voisins tchadien et djiboutien, à faire le pèlerinage de Khartoum pour saluer sa nouvelle investiture, le 27 mai. En sens inverse, saisi de légalisme, leur collègue sud-africain Jacob Zuma a fait savoir qu’Omar courait le risque

d’une arrestation si, d’aven-ture, il se pointait à la Coupe du monde de foot.

provocateurDes menaces à nuancer. D’abord, le musulman el-Béchir, naguère intégriste, qui a rétabli la charia dans le nord du pays, conserve quel-ques amis régionaux, dont des émirats, qui plaident qu’au rayon « criminels de guerre » les Occidentaux se sont peut-être trouvé une proie un peu facile. Pas mal vu à Moscou, Omar entretient aussi les meilleurs liens avec la Chine, qui achète 65 % de la produc-tion pétrolière soudanaise. Et, selon diverses ONG, une part non négligeable de son équipe-ment militaire. Mieux, ou pis

encore, au lendemain de sa réélection, notre Timo-nier du Nil a reçu « les félicitations » d’Obama. Une affaire de stabilité régionale plus que de pétrole : l’allié égyptien (le général el-Béchir a fait là-bas ses premières armes) s’alarme des convulsions africaines que pourrait provoquer l’indépendance abrupte d’un Sud fragile.Après tant de dévastations, de pillages, de viols, le provocateur Omar s’offre toujours quelques pas de danse avant de haranguer ses troupes. Tant qu’il peut mener le bal… ✹� patrice lestrohan

Une vraie Boutin-trainci-devant haut-commissaire aux soli-darités actives, désormais président de l’agence du service civique, Martin hirsch égratigne quelques anciens collègues dans l’ouvrage qu’il publie ces jours-ci, Secrets de fabrication, christine lagarde et surtout christine Boutin, ex-logement. « Elle m’a traité de “peau de hareng”, explique hirsch à Paris-Match (27 mai). Pour les vœux, elle m’avait envoyé un message hallu-cinant : “comme j’essaie d’être une bonne chrétienne, je suis contrainte de te souhaiter une bonne année.” »Via son pieux serviteur sarko, le bon Dieu l’a punie…

Esprit de l’ascenseurJusqu’à présent, on croyait savoir que l’expression « ascenseur social » dési-gnait la possibilité, pour des jeunes gens doués, issus de milieux défavo-risés, d’accéder à une certaine promo-tion sans rencontrer trop d’obstacles financiers, sociaux, culturels… telle n’est pas, semble-t-il, la conception qu’en a le ministre de l’intérieur, Brice hortefeux (le Monde du 30-31 mai) : « L’ascenseur social, ce n’est pas un bouton sur lequel on appuie en atten-dant l’arrivée. C’est un rude escalier que l’on gravit marche après marche. »ça promet ! si Brice vous propose de prendre l’ascenseur dans une tour de 30 étages, refusez, vous allez vous payer tout l’escalier !

Secrétaire d’états d’âmeUn pilier de « l’ouverture à gauche » « a le blues ». Éjecté naguère de la coo-pération, aujourd’hui secrétaire d’État à la Justice sans affectation précise, privé de sa chère mairie de Mulhouse, l’ancien socialiste Jean-Marie Bockel veut aujourd’hui « se redéployer » (Paris-Match du 27 mai). par la grâce de son squelettique parti, la Gauche moderne ? « Je suis l’aile gauche de la majorité. Nicolas Sarkozy ne pourra s’en passer en 2012. » c’est bien pourquoi il vient de suggérer à tapie de retourner chez… les radicaux de gauche.

Rachida rapportueuseeuro-évanescente, la députée rachida Dati ? Moins qu’on le dit, assure l’Ex-press (27 mai), qui précise que, de toute façon, la maire du Viie arrondissement parisien « riposte [à ces accusations] en présentant [à qui veut, à stras-bourg], le bilan de ses interventions et déplacements. Un document rédigé par sa collaboratrice, dans lequel elle note au passage que trois de ses collègues de la majorité comptent zéro intervention en séance plénière. Ambiance. »aussi « délatoire » que délétère…

Albert ne s’en foot pasl’euro de football 2016 sera donc organisé en France. secrétaire d’État à la Jeunesse et aux sports depuis onze mois, rama Yade y a, bien sûr, beaucoup contribué. Du moins, elle le pense et a détaillé pour le Journal du dimanche (29 mai) quelques trucs qui l’y ont aidée : « [avec nos par-tenaires européens] j’ai beaucoup parlé anglais, même un peu [sic] en allemand. Pour montrer que, culturel-lement, les Français savent se tourner vers les autres. Un conseil du prince Albert [de Monaco]. »exact : les étrangers ne détestent pas qu’on s’adresse à eux dans leur langue. il fallait bien la géniale assis-tance du souverain monégasque pour le découvrir…

L’Oubangui charrieau palmarès des pays africains bien « mal partis », la république centra-fricaine, qui n’abrite plus « qu’une poi-gnée de coopérants et de militaires » français, maintient son rang. À l’oc-casion du sommet franco-africain de nice, le Figaro (29-30 mai) en a fourni quelques exemples : « jacqueries » en province, eau courante rare, électricité sporadique, quarante mois d’impayés pour les fonctionnaires, et, beaucoup plus sérieux : « 176 enfants sur 1 000 meurent avant l’âge de cinq ans ; en vingt ans, l’espérance de vie s’est effon-drée – elle n’est plus que de 39 ans. » Du coup, le reporter du quotidien assure qu’il a rencontré là-bas diffé-rents particuliers nostalgiques de l’ère Bokassa. Vive l’empereur !

Vacance pour la « Maison »encore un grand projet du président qui peine à décoller. où caser son musée, pardon sa « Maison de l’his-toire de France » ? (l’Express du 27 mai) « Mais c’est tout Paris qui est une Maison de l’histoire de France ! » s’était exclamé alain Decaux à l’annonce de cette étonnante idée. Fontainebleau récusé (trop loin), il est question du site des archives nationales dans le Marais – transférées dans le 93 –, de Vincennes, de l’île seguin et de l’hôtel de la Marine, place de la concorde. « Décision avant l’été. »il sera bien temps alors de savoir très exactement ce qu’on veut mettre à l’intérieur.

Ou y a du « zen »c’est un ministre (anonyme) qui l’as-sure au Point (27 mai) : en faisant entrer François Baroin au gouverne-ment, et plus précisément au Budget, sarkozy « s’est payé le plaisir de faire un sale coup à [son ami] Copé ». Une façon de lui lancer dans les pattes un rival pour 2017. Jean-François copé, précise l’hebdo, demeure très « zen » : « D’abord, il pense avoir une bonne lon-gueur d’avance. Et ensuite il est prag-matique : “Je suis pour que ce soit le meilleur qui soit en piste. on verra à ce moment-là.” » en effet. Même si on a un peu de mal à imaginer que copé se prenne un jour pour « le pire » ✹�p. l.

DoMenech Y croit

16 Bakchich heBDo n°27 | DU saMeDi 5 aU VenDreDi 11 JUin 2010

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