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Attraction des IDE et développement de l’industrie manufacturière dans les pays de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UEMOA): Cas d’étude de la Côte d’Ivoire Étudiant : Alexis ABODOHOUI Université Laval, 2325, Rue de l’Université, Pavillon Lemieux Ap.6594 Québec (Québec) G1V 0B1 581-990-8282 / 418-656-7777 Poste 18808 Superviseur: Dr. Zhan Su La question d’industrialisation manufacturière en Afrique est vieille plus d’un demi-siècle et a fait couler beaucoup d’encres. Plusieurs institutions internationales, structures étatiques et même des chercheurs ont abordé le sujet sans pour autant trouver des solutions pérennes. L’hégémonie de l’industrie manufacturière africaine est restée vaine même si ces divers organes ont pu faire comprendre que la croissance économique africaine est sujette au développement de l’industrie. Les différentes approches ou modèles (industrialisation par substitution d’industrialisation, programme d’ajustement structurel, document stratégique de réduction de la pauvreté) proposées autrefois chancèlent et ne tiennent pas compte des réalités inhérentes à chaque pays ou prosaïquement à chaque région africaine. Ces problèmes ne sont pas aussi seulement techniques (acquisition de machines) mais relèvent également des volets institutionnels et socio-politiques. Cette recherche nous permet d’explorer une compilation de connaissances à travers les rapports de synthèse, les articles publiés dans les revues scientifiques très reconnus, des entrevues et des études de cas sur certaines régions de l’Afrique. Il ne s’agit plus non plus dattirer les investissements mais il faut forcément prioriser les secteurs appropriés et de mettre en œuvre une stratégie dapprentissage national. Mot clés : Attraction des IDE, industrie manufacturière, UEMOA, Côte d’Ivoire

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Attraction des IDE et développement de l’industrie manufacturière

dans les pays de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UEMOA): Cas

d’étude de la Côte d’Ivoire

Étudiant : Alexis ABODOHOUI

Université Laval, 2325, Rue de l’Université, Pavillon Lemieux Ap.6594

Québec (Québec) G1V 0B1

581-990-8282 / 418-656-7777 Poste 18808

Superviseur: Dr. Zhan Su

La question d’industrialisation manufacturière en Afrique est vieille plus d’un demi-siècle et a fait

couler beaucoup d’encres. Plusieurs institutions internationales, structures étatiques et même des

chercheurs ont abordé le sujet sans pour autant trouver des solutions pérennes. L’hégémonie de

l’industrie manufacturière africaine est restée vaine même si ces divers organes ont pu faire

comprendre que la croissance économique africaine est sujette au développement de l’industrie. Les

différentes approches ou modèles (industrialisation par substitution d’industrialisation, programme

d’ajustement structurel, document stratégique de réduction de la pauvreté) proposées autrefois

chancèlent et ne tiennent pas compte des réalités inhérentes à chaque pays ou prosaïquement à

chaque région africaine. Ces problèmes ne sont pas aussi seulement techniques (acquisition de

machines) mais relèvent également des volets institutionnels et socio-politiques. Cette recherche

nous permet d’explorer une compilation de connaissances à travers les rapports de synthèse, les

articles publiés dans les revues scientifiques très reconnus, des entrevues et des études de cas sur

certaines régions de l’Afrique. Il ne s’agit plus non plus d’attirer les investissements mais il faut

forcément prioriser les secteurs appropriés et de mettre en œuvre une stratégie d’apprentissage

national.

Mot clés : Attraction des IDE, industrie manufacturière, UEMOA, Côte d’Ivoire

1

Table des matières

Liste des graphiques .......................................................................................................................................... 2

Liste des tableaux ............................................................................................................................................... 2

Sigles et abréviations ......................................................................................................................................... 3

I. Introduction ............................................................................................................................................ 4

II. Problématique de recherche ................................................................................................................... 5

Objectifs ......................................................................................................................................................... 6

III. Cadre Conceptuel ................................................................................................................................... 7

IV. Méthodologique ................................................................................................................................... 11

Collecte et analyse de données..................................................................................................................... 12

Qualités de la recherche et considérations éthiques ..................................................................................... 15

V. Analyse des résultats ............................................................................................................................ 17

Les déterminants des IDE et impacts sur l’industrie manufacturière........................................................... 17

Les obstacles au développement de l’industrie manufacturière ivoirienne .................................................. 19

VI. Discussion et conclusion ...................................................................................................................... 22

VII. Références .......................................................................................................................................... 24

Annexes ........................................................................................................................................................... 28

2

Liste des graphiques 1

Figure 1Performance de l’industrie manufacturière selon une approche configurationnelle ............ 11

Liste des tableaux

Tableau 1 Adéquation entre les questions de recherche (QR), les thèmes, les questions dans le guide

dans le d’entrevue (QGE) et les résultats attendus ............................................................................ 14

1 Tous les autres figures et tableaux se trouvent dans les annexes

3

Sigles et abréviations

APD : Aide Publique au Développement

BCEAO : Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest

BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement

RCI : République de la Côte d’Ivoire

CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

IED : Investissement Direct Étranger

IM : Industrie Manufacturière

INSEE : Institut National de la Statistique et des Études Économiques

NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique

OCDE : Organisation de Développement et de Coopération Économiques

ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel

PAM : Pays moins Avancés

PED : Pays en Développement

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

UEMOA: Union Monétaire Ouest Africaine

UNCTAD: United Nations Confrence on Trade and Development

USA: United States of America

VAM : Valeur Ajoutée Manufacturière

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1. Introduction

Plus d’un demi-siècle après la vague des indépendances africaines, force est de constater que la

majorité des pays africains sont classés parmi les Pays les Moins Avancés (PMA) avec un faible

niveau de développement socio-économique (PNUD, 2012). La structure économique de ces pays

et surtout ceux des pays de la zone franc de l’Afrique est caractérisée par une économie agraire, un

État très faible et une structure sociale inégalitaire et déséquilibrée. C’est ainsi qu’au lendemain de

leurs accessions à l’indépendance, tous les pays se sont engagés dans un processus de

développement économique par la mise en œuvre des politiques budgétaires (industrialisation par

substitution d’industrialisation, programme d’ajustement structurel…) d’inspiration keynésiennes.

Ces différentes politiques visent à créer des infrastructures et des industries capables de produire

pour la satisfaction de la demande locale. Malheureusement, l’ensemble de ces politiques ont

entraîné la paupérisation des populations.

Face aux nombreuses crises socio-économiques, les états de l’UEMOA vont recourir à plusieurs

sources de financements dont l’IDE et l’Aide Publique au Développement (APD). Il faut noter que

dans les années 60, les investissements étrangers étaient considérés comme l’objet de méfiance et

de suspicions aussi bien dans les pays industrialisés que ceux en développement (Christian Deblock,

2011). Les investissements des multinationales dans n’importe quel secteur économique d’un pays

étranger étaient appréciés comme un facteur de domination et un affaiblissement de la souveraineté

des États. Cependant, de nos jours, cette conception négative vis-à-vis des IDE a radicalement

changé pour ne laisser place qu’à ses mérites.

Dans les années 2000, une nouvelle voie de développement harmonieux et équilibré du continent

s’est dessinée à travers le NEPAD (2012). Il s’agit d’un cadre stratégique dont l’un des objectifs est

l’attraction des IDE pour pallier à la faiblesse de l‘industrie manufacturière. De plus, plusieurs

études (Gault and Zhang, 2010 ; Shen, de Janvry et Sadoulet, 2010 ; Dunn and Shen, 2007 ; Lall,

2005; Dunning, 1998) tendent à montrer que le secteur manufacturier, est la branche d’activité

industrielle qui offre les plus grandes opportunités en termes de croissance durable, d’emplois et de

réduction de la pauvreté en Afrique. Cependant, la Côte d’Ivoire fait exception à ces prescriptions

économiques malgré ses multiples capacités d’attraction des IDE.

La présente étude est structurée en cinq parties. La première partie est consacrée à la problématique

et les questions de recherche. La deuxième et la troisième partie s’accordent respectivement au

5

cadre conceptuel et à la méthodologie. La quatrième partie présente les résultats issus de notre

analyse. La discussion et la conclusion feront l’objet de notre dernière partie.

2. Problématique de recherche

La RCI est un pays francophone de l’Afrique de l’Ouest. Plusieurs recherches effectuées par les

institutions sous régionales soutiennent que la RCI constitue un important poids économique dans

la zone franc en Afrique. Selon une estimation de la Banque Mondiale (voir annexe 3) la RCI est le

premier pays de l’UEMOA qui a reçu plus d’investissements jusqu’en 2006. La Banque Mondiale

évalue son stock d’investissement à 3 milliards de dollars USA (Banque Mondiale, 2013). En effet,

depuis son indépendance, par rapport aux autres pays francophones de l’Afrique de l’Ouest, la RCI

a connu de « miracle économique» caractérisé et soutenu par une agriculture extensive, une

croissance démographique et un aménagement du territoire par le développement des

infrastructures (OCDE, 1999).

La RCI est devenue un pays à revenu intermédiaire et bénéficie à ce titre de multiples

investissements direct étranger jusqu’en 2005 où le Niger, un autre pays de la zone franc la dépasse

en matière d’attraction et de mobilisation des IDE. Cette situation peut s’expliquer par

l’environnement peu favorable, couplé aux effets de la crise post-électorale survenue en CI et aux

résultats peu satisfaisants de la compagne agricole 2011/2012 qui a induit une baisse sensible de la

croissance économique au niveau de l’UEMOA (BCEAO, 2012). Il faut aussi noter, que la

découverte et l’exploitation des ressources minière du Niger par des sociétés étrangères sont aussi à

la base de cette situation. Néanmoins, la CI reste le second pays qui attire plus d’investissement

dans la zone franc.

Cependant, la Côte d’Ivoire n’a pas pu mettre en œuvre une vaste politique d’industrialisation

pendant plusieurs années. Il existe très peu d’études qui visent à déterminer les facteurs qui

bloquent l’industrialisation de la Côte d’Ivoire malgré ses prouesses de plusieurs décennies par

rapport aux politiques d’attraction des IDE.

Pour mieux appréhender notre problématique, nous nous sommes posé plusieurs questions qui nous

ont permis d’évaluer la nature des relations qui existent entre l’attractivité des IDE et le

développement de l’industrie manufacturière ivoirienne. Les questions qui se posent sont entre

autres :

1. Comment identifier les facteurs qui déterminent l’attractivité des IDE en RCI ?

6

2. Existe-t-il un rapport entre le développement de l’industrie manufacturière et la capacité

d’attraction des IDE ? Autrement dit, comment l’IDE contribue-t-elle au développement de

l’industrie manufacturière en RCI ?

3. Quels sont les implications de cette recherche et les recommandations pour une adéquate

politique de l’industrialisation manufacturière ?

Telles sont alors les préoccupations majeures auxquelles nous essayerons d’apporter quelques

réponses dans le cadre de notre étude.

3. Objectifs de recherche

Cette recherche a pour objectif général d’identifier les obstacles qui expliquent le retard de la RCI

dans le développement de l’industrie manufacturière malgré sa capacité spectaculaire d’attraction

des ressources IDE. Ceci nous permettra de présenter l’état des connaissances par rapport aux

politiques d’attraction des IDE dans les pays en développement et de formuler des

recommandations visant à une meilleure optimisation des profits issus des IDE. Une telle étude

nous semble nécessaire et pertinent en ce sens qu’elle améliorera non seulement, les recherches sur

la croissance économique des pays de l’UEMOA mais aussi dans le cas d’espèce entre les IDE et le

développement industriel dans un cadre méthodologique bien défini.

Cette recherche a été élaborée à partir de plusieurs sources d’informations agrégées pour l’évolution

des IDE dans la zone franc de l’Afrique de l’Ouest et plus spécifiquement sur la CI. A cet effet, elle

peut être exploitée par les décideurs politiques ou de développement à savoir les organismes, les

institutions sous régionales ou internationales, les chercheurs, les auteurs, les consultants et les

étudiants épris par la nature des relations entre l’IED et l’industrie manufacturière.

Pour atteindre ces objectifs nobles, nous nous sommes fixés un certain nombre d’objectifs

spécifiques. De façon détaillée, cette étude vise à :

- Analyser l’influence de l’IDE sur le développement de l’industrie manufacturière en CI ;

- Identifier les facteurs qui favorisent l’attraction des IDE en CI ;

- Définir les actions à mener pour mieux orienter les IDE dans le secteur susceptible de

favoriser le développement des pays de l’UEMOA ; et de

- Revisiter les facteurs qui favorisent l’attraction des IDE dans les pays en développement tels

que la CI et les pays de l’Afrique de l’Ouest en général.

7

4. Cadre Conceptuel

L’importance des IDE par rapport au développement de l’industrie et à la croissance économique a

fait l’objet de plusieurs recherches et continue d’occuper une place prépondérante dans les sciences

de gestion et surtout celle internationale. Au niveau de notre cadre conceptuel, nous allons dans un

premier temps définir quelques concepts clés qui doivent apporter plus de clarté et de précision à

notre recherche. Ensuite, nous présenterons quelques travaux liés à l’attraction des IDE tout en

faisant références à quelques recherches empiriques récentes effectuées par rapport à la RCI. Dans

une dernière partie, nous allons adopter un cadre théorique qui émerge de tout ce qui précède.

L’industrie manufacturière comprend toutes les activités de transformations physique ou chimique

en nouveaux produits de matières, de substances ou de composants essentiellement issus de

l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche ou des activités extractives (OCDE, 2008). Elle

concerne également la réparation et installation d’équipements industriels ainsi que des opérations

en sous-traitance pour un tiers donneur d’ordre (INSEE, 2006). Ainsi définie, l’activité

manufacturière est celle dont la location présente le plus grand degré de liberté géographique même

si parfois elle est tributaire des activités agricoles qui supposent des contraintes de climats, du relief

et des sols. Dans l’économie moderne, elle source d’innovation et participe au développement

économique par la création de multiples opportunités d’emplois et intègre le concept la production

durable en ce qui concerne les normes environnementales. Des études empiriques prouvent que le

continent africain est très en retard dans le domaine de production manufacturière. En effet, sa

valeur ajoutée manufacturière (VAM) et des exportations manufacturières mondiales sont

respectivement 1,1 pour cent et 1,3 pour cent pour l’année 2008 (ONUDI, 2012).

Quant à l’IDE, il est un « investissement réalisé pour acquérir un intérêt durable dans une

entreprise opérant à l’extérieur de l’économie de l’investisseur. De plus, dans les cas d’IDE, le but

de l’investisseur est d’obtenir un rôle significatif dans la gestion de l’entreprise » (CNUCED, 2012).

Selon donc CNUCED, il y a investissement direct étranger lorsqu’un investisseur basé dans un pays

(le pays d’origine) acquiert un actif dans un autre pays (pays d’accueil) avec l’intention de le gérer.

Sous cette définition, on peut distinguer trois types d’IDE : la participation au capital (fusions,

acquisitions) et créations de nouvelles installations (dites Greenfield), réinvestissements des

bénéfices et autres de capitaux (emprunts et prêts à court ou long terme réalisé entre la société mère

et sa filiale).

8

Pendant ces dernières années la réalisation par l’Afrique d’une croissance de 5,5% (Africa Progress

Panel, 2011) a été possible grâce à la capacité et aux diverses stratégies d’attraction des IDE. Par le

passé, l’État détient une place importante dans le choix de l’emplacement et dans la politique

d’attraction des investissements. De nos jours, ce choix est déterminé par un critérium et ce, par les

entreprises multinationales. Vers la fin des années 90, Dunning (1998) a mis au point son modèle

éclectique (OLI – Ownership, Location and Internalization - Spécificité, localisation et

internalisation -) à partir duquel, il soutient que le choix d’un emplacement est spécifiquement lié

aux avantages inhérents à ce site tout en tenant compte des objectifs poursuivis par la firme. Selon

cet auteur, l’élément le plus déterminant à l’installation sur un marché étranger d’une entreprise

multinationale est la rentabilité qu’elle peut dégager et la part de marché qu’elle peut gagner. En

effet, le choix de l’emplacement impose à l’entreprise une étude préalable portant sur les coûts de

communication, les coûts de transport, les coûts liés aux personnels et les obstacles dus à la langue

et à la communication. Pour Porter (1998), l’attractivité d’un emplacement pour une entreprise

internationale repose avant tout sur ses capacités à augmenter l’avantage compétitif de l’entreprise.

Dans la même année, Mucchielli (1998) définit quelques principes permettant aux pays de

promouvoir l’investissement. Ces principes sont : l’amélioration de l’image du pays hôte, la

production directe des entrées et des implantations d’investisseurs étrangers et la fourniture d’un

certain nombre de services d’accueil aux potentiels investisseurs. Les auteurs Wilkinson et

Brouthers (2000) ont aussi précisé qu’une politique gouvernementale a des impacts positifs sur

l’attraction des IDE même si cet effet serait marginal. Toujours dans la quête d’une précision,

Dunning (2009) revient pour spécifier que les déterminants de l’investissement d’une entreprise

dans un pays étranger varient selon le type d’activité de celle-ci. Il peut s’agir de l’exploitation des

ressources naturelles ou de la recherche d’une main d’œuvre particulière pour l’ouverture d’un

centre de recherche de R&D. Vue la complexité du sujet et pour mieux assainir l’environnement

des affaires dans les pays en développement, les organisations internationales telles que le

CNUCED sont intervenues pour instituer les accords visant à mieux sécuriser les investissements

(UNCTAD 2007; Thomas 2011). Ces accords peuvent se présenter sous la forme multilatérale,

bilatérale ou sous la forme de traités. Par exemple le modèle ALÉNA entre le Canada et les États-

Unis constituent une véritable illustration. De la même manière, il existe plusieurs accords de ce

type entre la Chine et les pays africains. Les caractéristiques de l’environnement local d’accueil de

l’IED a également fait d’étude récemment par les chercheurs Monaghan (2012) et Sinanagić et al.,

(2012). Le premier, soutient que l’importance du réseau d’organisations (les agences de

9

développement locales ou régionales, les fournisseurs de services privés, les entités spécifiques à un

secteur ou une industrie, la présence d’autres multinationales, etc.) locales est importante pour la

détermination du choix de l’emplacement. Pour le second, l’attraction des IDE passe préalablement

par l’amélioration de l’image du pays d’accueil, l’existence d’un climat d’affaires favorable,

l’amélioration des infrastructures, la lutte contre la corruption, la stabilité politique (Yao

Amewokunu et Zhan Su, 2009) le financement d’entreprise et la création d’emplois qualifiés

De tout ce qui précède, il ressort que l’attraction des IDE est soumise à certains nombres de

déterminants et contribue ipso facto à la croissance socio-économique et technologique de la CI.

L’IDE favorise le transfert de connaissances entre les nations industrialisées et celles émergentes ou

en développement. Que le transfert soit internalisé (entre une société mère et une filiale étrangère

appartenant et contrôlée par elle); soit externalisé (entre une entreprise multinationale et une entité

qu’elle ne contrôle pas); le rôle des IDE dans le transfert des IDE demeure indéniable (Monaghan

2012). L’IDE favorise la diffusion des innovations technologiques et industrielles en ce sens qu’il

aide à disposer de biens de haute technicité pour la production. Il favorise aussi une communication

interculturelle entre les entreprises et surtout entre les pays (Musolesi 2006). Pour l’OCDE (2002),

les pays qui disposent de ressources naturelles, peuvent facilement attirer les IDE au profit du

développement de leur industrie manufacturière qui a besoin d’un niveau adéquat de capital humain.

Les IDE favorisent également le commerce extérieur ou régional d’un pays. Qu’il soit horizontal

(duplication de la firme dans un autre pays pour éviter des obstacles tarifaires) ou vertical

(fragmentation des diverses étapes de conception, de production et de commercialisation entre

divers pays dans le but de produire des biens intermédiaires), l’IDE favorise les activités des firmes

internationales et le commerce international (Raphaël Chiappini, 2012).

La RCI a fait objet de plusieurs recherches empiriques par rapport à l’IDE. Nous pouvons citer

entre autres les travaux de Koukpo (2005) qui à partir des données de l’UEMOA a constaté que le

capital humain et l’ouverture économique sont très déterminants pour la croissance ivoirienne

depuis les indépendances jusqu’en 2003. Pour Tidiane Kinda (2005), les déterminants principaux

pour la région de l’UEMOA par rapport à l’attraction des IDE sont les infrastructures, l’ouverture et

l’instabilité politique. Enfin, Dembele (2008) à travers son étude a analysé l’impact des IDE sur la

croissance économique de la RCI et a déterminé les mesures politiques pour tirer les meilleurs

profits des investissements.

Il existe plusieurs approches qui nous permettent d’aborder la complexité des phénomènes relatifs

aux sciences de gestion et surtout avec la multiplication des efforts de recherche théoriques qui

10

justifient une gamme d’approche ou modèles explicatifs. Ainsi, à travers la littérature, nous avions

pu comprendre que l’IDE peut exercer des effets directs et indirects sur la croissance économique

des pays. Par exemple, l’approche de dépendance (Raùl Prebish, 1950) soutient que les IDE

apportent plus d’effets négatifs que positifs et ne fait que renforcer le sous-développement. L’école

de la modernisation (Saskia Wilhelms, 1998) considèrent l’IDE comme favorable pour la

croissance économique à condition que l’Etat règlemente l’investissement. L’approche des

ressources et des compétences (Brulhart, 2010 ; Porter, 1991 ; Wernerfelt B., 1984) fonde

l’attraction des IDE des pays sur l’existence de certain nombres d’infrastructures et de compétences

nationales. En ce qui concerne l’écologie des populations (Hannan et Freeman, 1977),

l’interconnexion entre l’environnement (ressources naturelles, humaines et infrastructures), le

système (institutions politiques, économiques et sociales) et la politique (les actions entreprises par

les gouvernements) permettent de comprendre le fonctionnement des IDE et leurs impacts sur le

développement industriel.

Dès lors que l’analyse de l’IDE recouvre un caractère multipolaire et complexe, dans le cadre de

notre recherche, nous avons conçu un modèle intégrateur et dynamique qui tient compte de toutes

les dimensions constitutives des politiques d’attraction des IDE et leurs impacts sur le

développement de l’Industrie manufacturière. Pour ce faire, nous allons recourir aux travaux de

Miller (1996) et Mintzberg (1982) sur l’approche des configurations. Les configurations

s’entendent comme des constellations d’éléments organisationnels soudés ensemble par un thème

unificateur… La première constellation rassemble la mission, les moyens et les marchés (Miller,

1999 cité par Mintzberg, 2009). Pour les auteurs (Crutzen et al., 2008 ; Song et al., 2008),

l’approche des configurations tient compte des paramètres tels des compétences clés, les facteurs

microéconomiques (ressources, gestion), macroéconomiques et de la perception des opportunités et

possibilités qu’offre l’environnement. Dans cette perspective, la performance de l’industrie

manufacturière (figure 1) ivoirienne ou celle des pays de l’Afrique de l’Ouest est soumise aux

caractéristiques relatives à : l’environnement socio-culturel (Esc), les ressources et les compétences

(Rc), et les institutions du pays d’accueil (I). Le déséquilibre entre les caractéristiques provoque des

performances partielles (PP) ou des contreperformances (Cpt) totales. La conjonction de l’ensemble

de ces archétypes nous permet d’avoir le modèle suivant :

11

Figure 1 Performance de l’industrie manufacturière selon une approche des configurations

5. Méthodologique

Notre recherche à travers multiples interrogations a pour objectif de découvrir et de comprendre les

handicaps au développement de l’IM en RCI malgré sa meilleure capacité d’attraction d’IDE dans

la région francophone de l’Afrique de l’Ouest. Elle est donc fondée sur une analyse empirique,

exploratoire et interprétative (Giodano, 2003) des processus d’attraction des IDE et leurs impacts

sur la croissance de l’IM. Dans ce projet de connaissance, nous utilisons une méthodologie

qualitative basée sur une étude de cas, une des stratégies privilégiées en science de gestion

(Gomabult, 2005). Ce choix d’approche est pertinent en ce sens qu’il permet d’acquérir une

« perception solidement fondée de la réalité d’un milieu particulier de la réalité (Miles et Huberman,

2003 : 307). Notre cas remplit également les conditions de rareté et d’accessibilité décrites par Yin

(2003). La Côte d’Ivoire, pays membre l’UEMOA, de la CEDEAO, de la BCEAO, de la BOAD, de

l’UA et de plusieurs autres institutions internationales ; est un des rares pays qui a pu attirer assez

d’IDE très tôt dès son indépendance dans les années 1960. Actuellement, depuis 2002, ce pays est

déchiré par les crises post-électorales qui ont suscité une guerre civile qui a couté la vie à des

milliers de personnes. Elle continue dès lors de décrire une nouvelle page de son histoire par de

nombreux défis au niveau de la communauté internationale. Néanmoins, il faut mentionner que ce

pays, dispose d’une base de traitement de l’Information et de statistique avancée par rapport aux

autres pays africains (Dembele, 2007). Ainsi, cette étude portant sur les pays de l’UEMOA avec

12

l’étude d’un cas précis, constituent une porte d’emblée pour investiguer l’ensemble des autres pays

membres de l’UEMOA.

6. Collecte et analyse de données

Notre dispositif méthodologique a débuté d’abord à travers une observation directe et régulière lors

de notre entretien. En effet, l’observation est un matériau heuristique qui nous a permis de faire une

immersion dans la vie de notre participant. Elle recouvre une variété d’activités qui va de l’examen

du cadre d’étude, de l’apprentissage de gens et des routines liés à l’échantillonnage et le temps dont

dispose le chercheur pour enregistrer les actions et interactions (Marshall et al. 2011 : 139). Au

cours de nos entretiens dans le cadre de cette recherche, nous avions pu observer les comportements

de notre informateur et surtout leurs attitudes dans leurs réponses argumentées. Il est aussi question

d’examiner si la formulation de nos questions est bien comprise par nos participants. Nous avions

également fait également attention aux évolutions des interactions. Ceci nous a donné l’occasion

d’apprécier les moments où nos participants se sentent à l’aise dans l’évolution de l’ambiance créé

par la discussion, et de voir s’ils correspondent aux personnes indiquées pour répondre aux

questions relatives à notre thème.

Ensuite, nous jugeons important de préciser que nous avions choisis comme l’entretien mode de

recueils de données. L’entretien joue un rôle prépondérant dans la collecte des données en

recherche qualitative car combiné à l’observation, le chercheur appréhende les significations et les

activités quotidiennes des personnes (Marshall et al. 2011 :145). Il constitue un site de construction

de savoir (Kavale, 1996 cité par Marshall et al. 2011 : 144). Ceci nous amène à penser à comment

faire pour utiliser toutes les ressources dont nous disposons pour extirper autant de connaissances

du participant. Ces connaissances identifiées constituent le socle et le « noyau » qui sert de base à la

construction de notre nouvelle connaissance (Marshall et al. 2011 : 144) sur l’industrie

manufacturière en RCI. Patton (2002 cité par Marshall et al. 2011 : 144) identifie trois (3) types

d’entrevues : l’entrevue informelle (qui se fait sur-le-champ et spontanée), l’entrevue guidée et

structurée et celui standardisée. Dans le cadre de notre recherche, nous allons adopter celle guidée

et structurée car elle est plus utilisée et permet aux chercheurs d’explorer un certain nombre de

thèmes et aide le participant à donner ses points de vue tout en respectant la structure de ses

réponses (Marshall et al. 2011 : 144-145).

Dans notre recherche, au total trente-huit personnes ont été interrogées entre le 21 Mars et 31 mai

2013. Il s’agit de consultants internationaux en investissement étranger et en coopération, de

13

directeurs d’entreprises et de doctorant en économie, statistique et gestion. Ces choix ont été faits

en tenant compte des expertises dans leurs domaines diversifiés en matière des IDE et de leurs

nombreuses contributions au renforcement des coopérations économiques entre les pays. En outre,

il s’agit des africains (Afrique de l’Ouest) passionnés des problématiques ayant trait au

développement du continent africain pour avoir effectué plusieurs études et consultations dans les

pays africains et même en CI. Nous avions pris contact avec eux par le truchement de leurs adresses

électroniques à partir de site internet. Ce qui nous a permis d’obtenir de rendez-vous dans la salle

de réunion de leurs bureaux ou par le Skype pour certains directeurs travaillant en Afrique de

l’Ouest (Bénin, Côte d’Ivoire et Togo). Au cours de nos entrevues, nous les avions encouragé à

nous « peindre » le tableau panoramique de la réalité industrielle africaine et surtout ceux des pays

de l’UEMOA, les obstacles qui empêchent ces pays d’attirer l’investissement étranger, les

contraintes de la mise en place d’une industrie manufacturière sous régionale (le cas de la CI a été

abordé avec plus de minutie) et les caractéristiques majeures d’attraction des investissements ont

été finalement abordé avec quelques recommandations. Nos entretiens se sont déroulés dans les

meilleures conditions. Les participants, au terme de nos entrevues, ont précisé les connaissances

jugées importantes à nos yeux tout en donnant certaines sources pertinentes à notre recherche. Il a

duré 58 minutes pour la plupart suivant le guide d’entretien (voir annexe 1) préétabli et adapté à

notre situation. Les entretiens ont été retranscrits constituant au final un matériau empirique de 668

pages saisies (dactylographiées) avant de procéder au codage des données.

Le codage reprend les thèmes abordés dans le guide et nous a permis de comprendre les schèmes

qui sous-tendent l’attraction des IDE en Afrique et leurs impacts sur l’industrie manufacturière. Les

différentes catégories définies a priori (avant notre entretien) sont rendues riches à travers la lecture

de notre verbatim. Ce qui nous a favorisé à concevoir une grille d’analyse stable composée d’autres

catégories plus fines voire raffinées. La profondeur de nos discussions et nos engagements

respectifs par rapport à notre sujet de recherche (Marshall et al. 2011 : 145) ont été très

déterminants et bénéfiques.

Enfin, une dernière partie de notre méthodologie est consacrée à l’analyse documentaire. L’analyse

documentaire est capitale en ce sens qu’elle permet de juger la qualité d’une recherche en spécifiant

nos questions de recherche. Elle nous offre la possibilité d’utiliser des paradigmes et des concepts

communément admis dans le champ de notre recherche. Ceci nous permet d’identifier les mots-clés,

de situer notre problématique et identifier d’autres recherches pouvant servir de triangulation des

données et l’intégration des points de vue (Gephart, 1993, 1997 cité par Dariau et al. 2007 : 17).

14

Dans le cadre de notre recherche, nous avions identifié et examiné une centaine d’articles. L’outil

électronique nous a permis d’utiliser les bases de données multidisciplinaires et spécialisées telles

que ProQuest ABI/Inform global, EBSCO Information services, Web of Science (ISI) et Google

scholar. Ces documents sont constitués d’articles académiques (rédigés des années 1990 et 2013),

de rapports annuels élaborés par la Conférences des Nations Unies pour le Développement du

Commerce, Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel, Union Africaine,

Nouveau Partenariat de Développement de l’Afrique et d’autres de la République de la CI. Nous

avons eu accès à des bandes vidéo réalisées sur l’Industrialisation africaine (Congo). Nous pouvons

citer entre autres, les notes d’entrevues, les documents internes aux entreprises, les magazines, les

transcriptions et autres documents du terrain tel que le journal de bord. En effet, la rédaction d’un

« research diary » permet de prendre des notes analytiques, descriptives et méthodologiques. Cette

rédaction augmente la réflexion du chercheur et nous a permis de revisiter les liens entre la

méthodologie et l’épistémologie. Nous avions, in fine constituer une grille MS Excel d’analyse de

données avec des informations telles que le titre, l’auteur, année de publication, la nature de la

recherche, les thèmes développés, la langue et nos commentaires appropriés. Le tableau 1 présente

convenablement les liens entre nos différents thèmes, nos différentes questions ainsi que les

réponses escomptées lors de notre entrevue.

Pour éviter des erreurs et donner plus de fiabilité à notre recherche, ce travail est doublé d’une

analyse de contenu qui requiert une analyse des documents (Depelteau, 2007 : 303). Cette dernière

analyse nous a permis d’extraire certaines idées maîtresses tout en attribuant un code à chacune

d’elles.

Tableau 1 Adéquation entre les questions de recherche (QR), les thèmes, les questions dans le

guide dans le d’entrevue (QGE) et les résultats attendus2

QR

Thèmes Nº

QGE

Résultats attendus

1, 2

Déterminants d’attraction

des IDE et

développement de

l’industrie manufacturière

4, 5,

7

Compréhension du participant des relations ou

impacts entre l’IDE et le développement de

l’industrie manufacturière

Explication du participant des politiques

d’attraction des IDE (les rôles du gouvernement par

exemple)

2 A défaut d’une matrice de classement des matériaux recueillis qui va rendre notre cadre conceptuel redondant, nous

avons proposé ce tableau (1) qui donne une vue panoramique sur le classement de notre observation au cours de l’entrevue.

15

1

Atouts pour un

développement industriel

en Afrique (CI)

2, 6,

7, 8

Explications des ressources et opportunités des

ressources intrinsèques dont disposent les pays

africains qui peuvent favoriser l’attraction et le

développement de l’industrie manufacturière (les

infrastructures d’accueil ou les ressources naturelles

disponibles par exemple)

Obstacles et

développement de

l’industrie manufacturière

2, 3

Perception du participant des différents goulots

d’étranglement liés au développement de l’Industrie

manufacturière en Afrique

3

Recommandations

générales et spécificité du

contexte ivoirien

8, 9

Formulation par le participant de certaines

recommandations ou pistes de solutions par rapport

à la stratégie d’attraction des IDE et le

développement de l’industrie manufacturière en

Afrique de l’Ouest (UEMOA) et plus

spécifiquement la CI.

Notre cadre conceptuel a également joué un rôle prépondérant dans cette partie subtile et

intellectuelle de notre travail. Pour rendre notre analyse plus fidèle à la narration et à la réalité de

notre observation, nous nous sommes servis du logiciel QDA Miner (voir annexe 5). Même si le

monde des logiciels évolue à une vitesse foudroyante et vertigineuse, QDA Miner selon Jean-Marie

Milon et al., (2007 : 164) se caractérise par la simplicité de ses fonctions.

7. Qualités de la recherche et considérations éthiques

Le chercheur dans sa recherche est à la quête permanente de la validité de ses résultats. En effet,

cette validité vise la généralisation de la recherche par le respect de certains critères de qualité et de

considérations d’ordre éthique. Ainsi, la validité de la connaissance produite par le chercheur se

mesure par sa capacité à exprimer en terme clairs les vérités sur lesquels il fonde explicitement ses

raisonnements et argumentations. La scientificité de notre recherche réside dans sa capacité à

« engager la conviction de la communauté des scientifiques en dépit du caractère local et contextuel

de l’étude » (Mukamurera et al. 2006 : 111). De plus, les travaux de Lincoln et Guba (1985) ; Miles

et Huberman (1994) ont permis de déterminer les critères visant à valoriser les résultats de notre

recherche. Ces critères sont au nombre de quatre : la crédibilité, la confirmabilité, la transférabilité

16

et la fiabilité. Ces critères de scientificités de notre recherche sont abordés ici en termes d’outils

garantissant la généralisation de nos résultats et nous permet de construire des connaissances

valides mais dépendantes du contexte.

La crédibilité repose sur l’exactitude des conclusions avancées par notre participant et qui « collent

» à la réalité (Fortin et al., 2006 : 244). A travers notre recherche, nous avions fait preuve de rigueur

méthodologique par rapport à nos comptes rendus, les buts et objectifs sont nos véritables sources

de crédibilité. Nous avions aussi respecté la transparence par rapport aux différentes justifications

relatives à notre démarche. Nous avions également fait recours à la triangulation qui constitue un

moyen additif d’accroître la crédibilité d’une recherche. Elle permet d’employer plusieurs méthodes

d’observation (Denzin, 1978 : 28). Notre recherche est le produit de deux sources de données

(entretien et divers documents) répond à cette perception méthodologique. L’analyse des données,

des va-et-vient entre les nombreux « patterns », « thèmes » et « gestalts » (Miles et Huberman,

2003 : 438), la profondeur de nos analyses confirment l’assertion de Patton : « being able to report

that you engaged in a systematic search for alternative themes, divergent, patterns and rival

explanations enhances credibility » (2002 : 553).

En ce qui concerne la confirmabilité, nous avions usé de notre neutralité afin de rendre compte le

plus fidèlement possible des témoignages des participants. Elle nous a permis d’éviter des biais

(Miles et Huberman, 2003 : 502). Plusieurs extraits de témoignages des participants sont cités dans

la recherche afin de permettre aux lecteurs et chercheurs d’opérer des interprétations respectives par

rapport à ce que nous proposons. Nos données brutes (le verbatim) sont gardées et peuvent aussi

être consultées en tout temps au besoin.

Le troisième critère est celui de la transférabilité. Elle permet la transposition des résultats à

d’autres contextes que celui de l’étude autrement dit, il s’agit de l’élargissement de portée au-delà

des particularismes de l’échantillon (Miles et Huberman 2003 : 505). Mukamurera et al., (2006 :

130) identifient trois conditions liés à la transférabilité des résultats. Il s’agit de : la pertinence

théorique de l’échantillon, la saturation des données et l’atteinte d’un niveau d’abstraction. Dans

notre recherche, nous avions expressément définit notre échantillon pour favoriser son applicabilité

au plan théorique. Nous avions également dans le respect de notre posture thématique cherché de

manière incrémentale à atteindre un niveau de conceptualisation parfaite.

Quant à la fiabilité, elle vise la cohérence et la stabilité du processus de recherche (Miles et

Huberman, 2003 : 503). Nous avions décrit de manière plus ou moins exhaustive les détails qui

17

fondent l’ossature et l’élaboration de cette recherche. Ces détails permettront la « réplicabilité » de

notre recherche par un autre chercheur dans le respect des situations identiques et similaires.

Il faut néanmoins noter que cette recherche n’est pas absolument objective et par ricochet, elle n’est

pas exempte de tout biais et de toute subjectivité. Notre seul participant (entretien individuel) ayant

à cœur le développement de l'Afrique est sujet de ses passions et de ses émotions de même que

nous.

Tout au long de cette recherche, nous avions fait preuve du respect de certains principes d’éthiques

régissant les recherches en sciences sociales. Nous avions élaboré un formulaire de consentement

éclairé. Nous avions également obtenu un rendez-vous délibéré de nos participants. Nous n’avions

pas fait usage de force physique ou financière (absence de coercition et de manipulation) pour

obtenir leurs adhésions. Chacun de nous a fait preuve d’un respect mutuel. Cette étude révèle d’une

importance et d’une noblesse capitale en ce sens qu’elle participe au développement de l’Afrique.

Elle peut avoir des impacts positifs sur la croissance économique de l’Afrique. Nous avions

également respecté la vie privée, la confidentialité et l’anonymat (Sieber 1992 cité par Miles et

Huberman, 2003 : 528) des participants. Les résultats issus de cette recherche ne seront ni détournés

ni utilisés à des fins personnelles (preuve d’impartialité).

8. Analyse des résultats

La présente partie expose les résultats issus de l’analyse thématique de l’entretien que nous avons

mené. L’analyse a été effectuée en fonction de nos questions de recherche. Aussi, la présentation de

nos résultats respecte, à quelques exceptions près, l’ordre dans lequel les questions ont été posées

au participant. Nous avons structuré les résultats autour des deux axes suivants : déterminants des

IDE et industrie manufacturière de la Côte d’Ivoire et les obstacles au développement de l’industrie

manufacturière ivoirienne. Pour chaque axe, nous allons fournir une analyse détaillée, basée sur

l’interprétation que nous avions justifiée dans notre devis méthodologique. Nous illustrons cette

analyse par les verbatim représentatifs de nos propos et aussi par la mise à disposition du lecteur de

nombreuses annexes approfondissant nos explications.

8.1 Les déterminants des IDE et impacts sur l’industrie manufacturière

Notre cadre conceptuel a permis de développer les facteurs importants qui expliquent les

fondements et les critères d’attraction des IDE. La présente étude permet plus précisément

18

d’affirmer que ces critères sont les vecteurs qui déterminent l’investissement. La RCI, d’abord dès

son accession à l’indépendance s’est dotée de plusieurs plans quinquennaux à caractère prospectifs

et opérationnels. Ces plans visent à définir un ensemble cohérent et réaliste d’objectifs qui ont

favorisé le décollage économique du pays. La littérature a prouvé que l’entrée des investissements

étrangers sur un marché est soutenue par les conditions institutionnelles et les caractéristiques des

infrastructures du pays d’accueil.

La Côte d’Ivoire, dans l’objectif de créer un climat incitatif aux investissements a adopté un

nouveau code d’investissement dans les années 90 pour remplacer celui ancien. Celui-ci est régi par

la Loi 95-620 du 03 Août 1995. L’objectif fondamental de ce code est d’accroître la compétitivité

de l’économie ivoirienne. Ce nouveau code est ouvert à tout investisseur, constitué sous forme de

société ou d’entreprise individuelle, de nationalité ivoirienne ou étrangère, résident ou non résident

d’être éligible aux différents régimes mis en place lorsqu’il remplit les conditions. C’est aussi un

code largement vulgarisé et dont l’accès a été largement facilité. Ce climat d’affaires déjà favorable

est renforcé par des infrastructures dont disposé ce pays de l’UEMOA. Un de nos participants, pour

souligner la singularité de ce pays affirmait :

L’ancien (Félix Houphouët Boigny) Président avait mis en place une bonne stratégie de

gestion. Il était quelqu’un qui était très ambitieux pour son pays. (…) On peut discuter de

ses stratégies géopolitiques, de ses politiques etc. Mais on ne peut pas douter de ses

ambitions pour son pays ; parfois même des ambitions démesurées mais, il voulait faire de

la Côte d’Ivoire devient un pays émergeant…

La Côte d’Ivoire a donc bénéficié d’une part considérable des flux d’IDE de la région sur la base

son infrastructure et par ses diverses coopérations multilatérales, bilatérales ou par des accords et

traités d’investissements (Banque Mondiale, 2012 ; Manguy, 2009 ; Mishra et al., 2001). Ces

accords de coopération facilitent le transfert de technologie entre un pays avancé et un pays en

retard en comblant le « gap technologique » entre les deux pays (Findlay, 1978).

Elle a su adopter une politique d’ouverture aux capitaux étrangers. Cette ouverture lui permet

d’accueillir sur son territoire l’immigration de cadres, de travailleurs qualifiés et surtout

d’entrepreneurs originaires de divers pays plus spécialement ceux d’Europe et de Liban (Tapino,

1990). Avec cette diversité de main d’œuvre, la technologie et la productivité des entreprises

domestiques s’améliorent lorsque les entreprises étrangères entrent dans l’économie. Elles

apportent des technologies nouvelles et procurent de l’assistance technique. L’IDE par le transfert

de connaissances améliore le capital humain. Les travailleurs et les cadres locaux obtiennent un

19

niveau supérieur de qualification en travaillant dans les entreprises étrangères. Au niveau de

l’industrie manufacturière, l’IDE contribue à l’amélioration du savoir-faire en introduisant les

nouvelles technologies et permet de former les travailleurs plus compétitifs. Il favorise également

un certain nombre de techniques de gestion et de contrôle de qualité.

Il est donc indéniable que la libéralisation économique, la stabilité politique (1960-2002), la

désétatisation, l’ouverture commerciale, le développement de l’agriculture (café et cacao), les

ressources minières et la capacité démographique énorme du pays constituent autant de paramètres

qui ont permis à ce pays de bénéficier d’un important capital étranger pendant de longues années.

Toutefois, malgré l’importance des flux de capitaux étrangers, nous avions constaté que son

incidence sur le transfert de technologie, les systèmes d’apprentissage domestiques et les systèmes

d’innovation n’ont favorisé la CI pour faire de lui un pays émergent avant la crise politique.

8.2 Les obstacles au développement de l’industrie manufacturière ivoirienne

L’analyse de nos entretiens a permis d’identifier plusieurs handicaps qui agissent négativement sur

une politique industrielle dans le domaine manufacturier. Il faut premièrement noter que les pays de

l’Afrique se singularisent par leur diversité et disparité sur plusieurs plans. Il existe plusieurs

déséquilibres socio-économiques au niveau des pays de l’UEMOA. Même si, la mondialisation a

unit les frontières et fait du globe un village planétaire, il subsiste en Afrique au sein de tous les

pays des pratiques culturelles spécifiques. Ces disparités ne favorisent pas une certaine

homogénéisation au niveau des actes économiques susceptibles de favoriser le secteur

manufacturier. Cette disparité est rendu cruciale par l’inexistence d’infrastructures. A cet effet,

notre chercheur-participant interpelle :

Qu’est-ce qui cause ? Quel est le premier facteur ? Mais, il en demeure pas moins que,

quand il n y a pas d’infrastructures, évidemment, on ne peut pas penser industries. Quand je

parle d’infrastructures, je parle d’infrastructures des transports, les routes, les chemins.

Les chemins ferroviaires, vous savez ce que c’est que, ce que sont que les routes en

Afrique…

Deuxièmement, pendant la période de « miracle économique » ivoirienne, plusieurs pays de la sous

régions étaient dans une instabilité politique. Ceci n’a pas permis une certaine commercialisation de

ces produits dans la sous-région. Les guerres civiles et insurrections dans les pays comme le

Burkina Faso, le Mali, le Libéria, la Sierra Leone, le Togo… sont autant de phénomènes sociaux

qui ont eu des répercussions économiques sur les pays stables parmi lesquels la Côte d’Ivoire.

20

Le troisième handicap est lié à la mauvaise gestion des ressources humaines. Même si la Côte

d’Ivoire dispose de plusieurs centres de formation supérieure, il n’en demeure moins pas que les

employés des secteurs manufacturiers sont constitués du personnel sous-qualifié et travaillent dans

des conditions précaires. Plusieurs études ont également prouvé que le système éducatif après les

indépendances encourage la bureaucratie. Ce système était prioritairement mis en place par le

colonisateur pour favoriser l’exploitation et le drainage des matières premières locales vers les

métropoles. Ainsi, les postes de conception et de directions des entreprises revenaient aux

ressortissants de la puissance coloniale ou d’autres nationalités étrangères (Dembele, 2008).

Le quatrième handicape a trait au choix de la coopération. Il est évident que les traités

d’investissements favorisent l’essor économique. Cependant, il faut savoir opérer des choix de

coopération stratégique qui sauvegarde la souveraineté économique du pays. L’afflux des

investissements dans les PED (la Côte d’Ivoire) contribue à expliquer le déficit structurel de la

balance des biens et de services et accentue la dépendance des pays vis-à-vis de l’extérieur. Le

point d’un participant à cet égard est inéluctablement illustratif :

D’abord je parle de la chine. La coopération sino-africaine, c’est une coopération qui

fonctionne un peu comme un couteau à double tranchant. Ça dépend de là ou on se place

(…) Cela dit, la chine ne fait pas autre chose que ce que faisaient justement ces pays

colonisateurs. L’Afrique bien sûr, la Chine n’a pas la politique de France mais je pense que

le résultat est toujours le même. C’est à dire à savoir voilà un pays qui vient en Afrique

exploiter les ressources africaines, tirer parti de ses ressources africaines, sans rien donner

en échange, je veux dire que la coopération de la chine pour ne serait bénéfique pour

l’Afrique que dans la mesure où ce soit une coopération vraiment fondée sur le l’échange,

sur une dynamique d’échanges, une dynamique de mutualisation. Ce qui n’est pas du tout le

cas aujourd’hui.

Le cinquième désavantage se caractérise par le manque d’infrastructure énergétique. L’un des défis

les plus urgents des pays africains dans leur ensemble est la fiabilité de l’approvisionnement

énergétique. La Côte d’Ivoire selon les statistiques (Africa Infrastucture Country Diagnostic) a joué

un rôle pionnier dans la sous-région dans les échanges d’électricité. Elle a profité de l’avantage que

lui donne sa situation centrale, son réseau de transport électrique et sa réputation d’exportateur

d’énergie. Il faut quand même préciser que le secteur de l’énergie était géré par les services privés,

ce qui engendrait un coût pour les entreprises domestiques.

21

Le sixième point soulève les problématiques à l’adaptation de l’industrie manufacturière aux

besoins réels de l’économie. Il ne fait aucun doute que dès l’accession aux indépendances plusieurs

industries produisaient non pas pour satisfaire à la population locale mais des produits destinés aux

étrangers. Les produits agricoles ou ceux issus de la pêche ne sont valorisés. Une politique

d’industrialisation qui s’accompagnerait avec les besoins génériques des populations aura un effet

positif sur la croissance économique. La RCI, malgré ces nombreux centres de formation a accordé

moins d’attention à l’adaptabilité des besoins aux exigences industrielle du pays.

Le dernier handicap est fondamental en ce sens qu’il est la conséquence de tout ce qui précède. Il

s’agit du mimétisme industriel. Il est caractérisé par une industrialisation sans but fondamental,

sans vison et sans aboutissement. L’industrialisation ne doit pas être considérée comme une

panacée aux problèmes de développement mais doit être inscrit dans le programme de

développement économique du pays. Par rapport à ce mimétisme, un participant s’indigne :

On peut vous montrer dans chaque pays des industries, des usines, qui ont été créées de

toutes pièces qui ont fonctionnes peut être pendant peut- être une, deux ou trois années et

qui ont cessé de fonctionner ; alors même qu’on y a investies des millions et des millions de

dollars. Donc, il faut voir dans quelles conditions ces usines-là ont été créées pour répondre

à quels besoins. Et, en fonction de quel potentiel ? Certainement ces usines qui ont été

créées par mimétisme, par imposition de ce qu’ on peut appeler l’aide liée, c’est à dire les

pays qui finançaient avaient en même temps aussi des choses à vendre aux pays qui étaient

des bénéficiaires de sortes que ces industries qui ont été implantées, ne répondaient pas aux

besoins des pays africains et ne répondaient pas non plus à un marché réel qui existe, a un

potentiel réel qui existe…

La stratégie de développement du secteur manufacturier doit être accompagnée de réglementation

de secteur industriel. Ce qui manque à la majorité des pays africains dont la CI. Il ne s’agit pas

seulement d’attirer les IDE mais il faut savoir se positionner par rapport au marché surtout que nous

sommes à une phase de mondialisation économique. Ce positionnement industriel permettra aux

états de la sous-région ouest-africaine de concentrer leurs efforts sur les la capacité technologique

domestique, telle que les entreprises multinationales étrangères ne puissent pas avoir la mainmise

sur le marché et, par conséquent, en exclure les entreprises locales.

22

9. Discussion et conclusion

Par cette étude, les bénéfices et les retombées positives des IDE ne sont pas remises en cause.

Prioritairement, nous avons comme objectif d’identifier les freins au développement du secteur

manufacturier malgré une énorme capacité d’attraction des IDE. Le cas de la Côte d’Ivoire est un

exemple très illustratif. L’historique de l’industrie manufacturière de la Côte d’Ivoire et de

plusieurs autres pays de l’UEMOA a été bien court. Dans les années 80, ce secteur contribuait pour

17% au produit national brut (PNB). Ce pourcentage plaçait la RCI au rang des pays industriels de

l’Afrique sub-saharienne (Lesueur, 1995 : 2). Les résultats de cette recherche permettent de montrer

que l’attraction majoritaire des investissements étrangers ne suffit pas à lui seul d’insuffler un

dynamise au niveau de l’industrie manufacturière. Le gouvernement doit jouer un rôle central et

fondamental hormis ses fonctions régaliennes telles décrites dans la littérature. Il doit veiller à la

protection des industries domestiques et assurer un transfert réel de connaissances et de

technologies entre les multinationales et les filiales installées sur son territoire à l’instar des pays de

l’Asie du Sud-Est (Chine). Car le transfert est perçu comme un processus qui favorise l’émergence

des apprentissages. Il est donc du devoir des états de mettre en œuvre des stratégies dans la

dynamique d’acquisition de compétences et de technologies. Car le secteur de production de biens

manufacturés exige un apport important de qualification professionnelle.

Beaucoup sont également les pays de l’UEMOA qui cherchent à renforcer leur compétitivité

industrielle afin de participer aux marchés mondiaux. Cette présence ne serait que possible que

lorsqu’ils font la promotion de l’entrepreneuriat, soutiennent les entreprises nationales par l’accès

aux crédits de financement avec un taux d’intérêt moins élevé et surtout par le développement de

l’agriculture. Le secteur manufacturier couplé avec l’agriculture comprend de nombreuses activités

à forte intensité de main d’œuvre utilisant des technologies matures et faciles d’obtenir.

En Afrique, par rapport à nos données statistiques de la Banque Mondiale, les flux d’IDE ont

tendance à se concentrer dans un petit nombre de pays. L’investissement étranger peut être attiré

par les pays ayant un marché intérieur étendu. La plupart des pays de l’UEMOA sont unis par des

accords de coopération économiques permettant à divers pays de tisser de produire des biens pour

une population de plus de 90 millions habitants. Pour favoriser cette stratégie, il est opportun voir

majeur que les entreprises se constituent en réseaux œuvrant comme des grappes. En effet, les

grappes industrielles regroupent des entreprises de tailles diverses, unies par une communauté

d’intérêt, des complémentarités ou des indépendances et développant volontairement des relations

23

de coopérations dans un ou plusieurs domaines. Pour Porter (1990: 131) la grappe industrielle (voir

annexe 6) s’entend comme: « a consequence of system of determinant is that a nation’s competitive

industries are not spread evenly through the economy but are connected in what I term cluster

consisting of industries related by various kinds ». Ainsi, les grappes industrielles favorisent

l’émergence et la croissance d’une région ou d’un pays sur le plan international. Dans un dynamise

de coopération régionales sécurisée par de multiples accords, la grappe industrielle constitue

également une des approches pour accélérer l’industrialisation de l’Afrique. Ce modèle de diamant

de Porter tiennent compte des conditions de facteurs telles que la main d’œuvre et des

infrastructures, les conditions de la demande sur le marché local, des industries en relations avec

même les universités et tout ceci mise en mouvement par une structure et stratégies compétitives

des entreprises soutenues par le gouvernement. Un participant s’interroge sur de l’avenir de

l’Afrique et déclare :

Il n’y a pas de raison pour que l’Afrique ne décolle pas disposant de toutes ses ressources

là. Alors qu’est-ce que l’avenir nous réserve évidemment ? L’avenir nous réservera ce que

les dirigeants d’aujourd’hui, les sociétés civiles d’aujourd’hui sont entrain de concocter

comme avenir.

Dans un monde changeant et versatile, une industrialisation manufacturière réussie nécessite des

institutions fortes mise en place par les gouvernements des pays, d’une technologie basée sur

l’innovation, de constitutions de réseaux, de stratégies d’alliances et de coopérations et d’une

utilisation adéquates des ressources qui sont aussi de plus en plus rares et limitées. Le modèle des

configurations de Miller est riche et vraiment explicatif de la situation de la RCI.

Notre première contribution est de montrer qu’il ne suffit pas d’attirer les investissements mais il

demeure important de mettre en œuvre des stratégies performantes pour la compétitivité de ces

industries. Les différents critères d’attraction des investissements sont louables. Cependant, à quoi

serviront ces investissements s’ils manquent de stratégies nationales ? Notre seconde contribution

est théorique. En effet, pour une performance au niveau du secteur de l’industrie manufacturière, les

stratégies doivent s’inspirer d’une vision synchronique permettant à combiner plusieurs paramètres

ou « archétypes » tels que l’aspect l’environnement socio-culturel, les compétences et les

institutions. Cette approche nous a donné la capacité de réduire le spectre de notre analyse en

dégageant des typologies et nous permet de définir l’état d’un élément même si nous n’avons pas

une idée de ce que pourrait être les autres (Miller et al., 1983). La troisième contribution n’est que

la conséquence de la performance industrielle. Une fois réussie, ces entreprises doivent s’intégrer

24

dans des réseaux sous régionaux à travers les politiques d’intégration. Ce réseau va leur permettre

de se développer au-delà des frontières territoriales et de conquérir des compétences et des savoir-

faire dont l’entreprise ne disposait pas ainsi que l’élargissement de son marché.

Ces trois contributions mettent en évidence le devenir de la performance industrielle dans les pays

de l’UEMOA et interrogent les dirigeants à réfléchir sur la mise en œuvre d’une vision

synchronique et intégrative. Néanmoins, il faut noter que cette recherche ne serait à lui épuiser la

complexité des freins ou des obstacles liés au développement de l’industrie manufacturière dans les

pays de l’UEMOA. Pour de futures recherches concernant les pays de l’UEMOA, il serait toutefois

intéressant d’apprécier d’abord la dynamique des exportations du secteur manufacturier afin de

comprendre les spécificités sectorielle nationales et régionales. Ensuite, l’impact de la

mondialisation sur la division mondiale du travail dans le domaine manufacturier peut être

interprété de même que le niveau des qualifications subséquentes. L’étude de la littérature révèle

également une pénurie d’études à caractère prospectif sur les phénomènes de délocalisation, de la

sous-traitance et de cluster industriel. Ces différentes thématiques constituent les bases théoriques

qui doivent nourrir le développement des entreprises industrielles en Afrique, continent du prochain

millénaire.

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théorie pour de nouvelles formes de multinationalisation », Revue d’économie industrielle,

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21. Mukamurera, Joséphine, France Lacourse et Yves Couturier. (2006). Des avancées en

analyse qualitative : pour une transparence et une systématisation des pratiques. Recherches

qualitatives 26, no 1 : 110-138.

22. OCDE (2008). Définition de référence de l'OCDE des investissements directs

internationaux (2008). Quatrième édition: Quatrième édition.

23. Patton, Michael Quinn. (2002). Qualitative Research and Evaluation Methods. 3e éd.

Thousand Oaks : Sage Publications.

24. Porter M.E. (1991). “Towards a dynamic theory of strategy”, Strategic Management Journal,

vol. 12, 1991, p. 95-117.

25. Raphaël Chiappini (2012). Un réexamen de la relation entre commerce et Investissement

Direct à l’étranger (IDE) à partir d’un modèle en panel dynamique : Le cas de l’Allemagne,

l’Espagne, la France et l’Italie. Laboratoire d’Analyse et de Recherche en Economie et

Finance Internationales (LAREFI), Université Bordeaux IV-Montesquieu.

26. Soulé Bastien. (2007) .Observation participante ou participation observante? Usages et

justifications de la notion de participation observante en sciences sociales. Recherches

Qualitatives – Vol. 27(1), 2007, pp. 127-140.

27. Tidiane KINDA (2009). Les déterminants des flux de capitaux privés dans l’UEMOA: Une

approche empirique sur données de panel. Centre d’Etudes et de Recherches sur le

Développement International (CERDI-CNRS), Université d’Auvergne, Clermont-Ferrand,

France.

28. Wernerfelt B. (1984). “A resource-based view of the firm”, Strategic Management

Journal, vol. 5, 1984, p. 171-180.

29. Wilhelms, Saskia K.S. Institutional FDI Fitness: Determinants of Foreign Direct Investment

to Emerging Economies. PhD Thesis. Medford, MA: Fletcher School of Law and

Diplomacy, February 1998.

30. Yao Amewokunu et Zhan Su. (2009). « Repenser l’évaluation du risque-pays dans le

contexte de la mondialisation », Management international, vol. 13, n° 2, 2009, p. 35-52.

27

Sites des institutions spécialisées

United Nations Organisations (Divers rapports et statistiques provenant de l’OCDE,

UNIDO, BANQUE Mondiale, UNCTAD) http://www.un.org/en/ consulté du 02 février au

20 avril 2013

Union Économique et Monétaire Ouest Africaine : (Divers rapport de la BCEAO, BOAD,

NEPAD et Africa Progress Panel) http://www.uemoa.int/Pages/Home.aspx consulté du 02

février au 20 avril 2013

28

Annexes

29

Annexe 1

Guide d’entrevue

1. Pouvez-vous me parler un peu de vous ? Votre parcours professionnel ? Votre milieu de

travail ?

2. Quelles sont vos premières sensations ou sentiments quand on vous parle de

l’industrialisation manufacturière de l’Afrique ? De l’Afrique de l’Ouest et surtout de la

Côte d’Ivoire ? Autrement dit, quelles sont vos premières idées ?

3. Selon vous, quels sont les obstacles majeurs qui freinent ce type d’industrialisation dans les

pays de l’Afrique ?

4. Les statistiques récentes des Nations Unies témoignent de la performance économique des

pays Africains. Cette croissance économique n’a été possible que grâce à la capacité de

mobilisation des investissements par les pays africains. Pensez-vous qu’une forte attraction

des IDE (Investissement Direct Étranger) peut favoriser le développement de l’industrie

manufacturière dans les pays africains ? L’IDE est-il toujours profitable pour les pays

africains ?

5. Quelles sont selon vous, les critères qui peuvent augmenter la capacité d’attraction

d’investissement de l’investissement étranger ?

6. Pouvez-vous me dire quels sont les atouts dont dispose les pays africains (par exemple la

Côte d’Ivoire) pour une hégémonie au niveau de l’industrie manufacturière?

7. Plusieurs pays, de nos jours développent des stratégies clés d’investissement par la

coopération. Pensez-vous que les accords de coopération peuvent-ils participer au

renforcement des capacités industrielles des pays Africains ou de la Côte d’Ivoire ? Faut-il

des coopérations intra régionales ou avec les pays du Sud, émergent ou du Nord ?

8. J’espère que vous connaissez bien la Côte d’Ivoire. Singulièrement, quelles impressions

aviez-vous de la Côte d’Ivoire par rapport à l’Industrialisation manufacturière ? Après ces

indépendances jusqu’à la crise post-électorale?

9. Pour terminer, quelles sont vos recommandations pour une industrialisation performante

africaine ? Existe-t-il des pistes de solutions ?

30

Annexe 2

Formulaire de Consentement

Madame / Monsieur

Je suis étudiant à l’Université Laval. Mon nom est Alexis Abodohoui. Je puis être contacté à

[email protected]

Je fais mes études en Gestion Internationales et je m’intéresse spécialement aux thématiques

relatives à l’Industrialisation de l’Afrique. Je travaille actuellement sur l’Attraction des IED et le

Développement de l’Industrie Manufacturière en Afrique de l’Ouest : Cas d’Etude de la Côte

d’Ivoire. C’est dans ce cadre que je vous invite à participer à ma recherche en répondant à mon

questionnaire. Vous pouvez m’arrêter pour avoir plus d’éclaircissements lorsqu’une question vous

semble confuse.

Votre participation consiste à répondre à une dizaine de question pendant une durée maximale

d’environ soixante minutes. Par votre participation, nous croyons pouvoir apprendre davantage sur

les sur les différentes stratégies pour une industrialisation africaine. Pendant le déroulement de

l’entrevue, vous pouvez mettre fin à votre participation en tout temps sans aucun préjudice. Vous

pouvez aussi ne pas répondre à certaines questions qui vous semblent très personnelles. Je veillerai

à ce que votre participation reste confidentielle. Vos réponses resteront anonymes de même que

votre identité. Les résultats ou autres données peuvent être publiés à des fins scientifiques.

Cette étude sera partagée par mon Comité de Thèse et d’autres membres de l’Université Laval. Les

résultats issus de mes travaux seront présentés à des conférences, publiés et logés dans la

bibliothèque de ladite université.

Sincèrement, je vous remercie de votre précieux temps que vous accordiez à cette étude qui

m’aidera à mieux identifier les obstacles d’une industrialisation manufacturière africaine.

Votre signature ci-dessus signifie votre acception à participer à cette recherche. Vous recevez une

copie du formulaire signé et daté que vous allez conserver pour des références ultérieures.

Je vous remercie

__________________________ __________ ________ ________________________

Participant (ou son représentant) Date Heure Nom et Prénom (s)

31

__________________________ __________ ________ ________________________

L’enquêteur Date Heure Nom et Prénom (s)

Pouvons-nous conserver et utiliser cette participation pour d’autres recherches ?

Oui

Non

32

Annexe 3

Evolution des IDE dans l’UEMOA (1996 – 2011)

Country

Name

Country

Code

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Bénin BEN 35517375.

98

27015294.

53

37952254.

68

39264307.

43

59736541.

13

43858541.

8

13508119.

58

44731565.

66

63844349.

5

-8785364.6

95

-12352499.

8

139006086.8

48016408.

32

-18732013.

56

53454932.

99

118465835.6

Burkina

Faso

BFA 16225134.

49

9765809.0

46

4407138.2

08

7925950.8

3

23219874.

87

9164593.5

86

16063399.

56

30831022.

58

3829373.7

85

52109308.

16

83774772.

55

21683121.

76

33056780.

41

56426881.

77

34619011.

18

7417360.0

13

Côte d'Ivoir

e

CIV 269180619.3

415303614.5

380014112.4

323675947.6

234701641.1

272680081.7

212629136.7

165347467.5

282979933.1

348920761.5

350652855.7

443215533.1

46648959

7

39603077

4

35811890

9

344165504.6

Guinée-

Bissau

GNB 1030000

11479108.

88

4407138.2

08

730876.61

34

702270.86

31

395613.59

63

3561035.8

79

4005503.6

87

1726341.5

19

8692468.0

9

17887123.

56

18768252.

52

6627881.1

23

-1346926.0

17

1469884.4

65

19366091.

22

Mali MLI 44793062.

54

62986001.

56

8868521.5

06

2178011.8

41

82439544.

84

121731667.8

243804700.2

132260768.2

101002336.4

17487691

2

16959586.

42

-50072320.

6

100318161.6

102764525.3

26928364.

17

177804715.8

Niger NER 9873865.7

1

18171246.

43

-1023812.5

276108.88

37

8437078.8

97

22895113.

75

2404631.8

02

14912242.

46

26326708.

16

49733809.

25

40274236.

62

98942805.

39

281935056.4

63127838

7

940316227.1

10136352

27

Sénégal

SEN 8722468.5

8

176017459.3

70619331.

61

153246927.1

62937490.

49

31942387.

44

78052970.

94

52494809.

92

77028525.

68

167871749.6

289579009.5

350986144.1

453898201.2

330149356.4

274894642.9

286098171.9

Togo TGO 17308098.

79

20999902.

65

30161787.

4

42554875.

65

41921340.

74

63584654.

22

53363887.

38

33733636.

29

59358133.

05

95965416.

47

91315553.

92

62324369.

4

50687212.

17

46118873.

9

124942198.6

53771621.

6 Source : Banque Mondiale, 2012 http://www.worldbank.org/en/country/cotedivoire/research/all?qterm=&teratopic_exact=International+Economics+and+Trade

33

Annexe 4

Evolution des IDE dans l’UEMOA

Annexe 5 (Verbatim)

-2E+08

0

200000000

400000000

600000000

800000000

1E+09

1.2E+09

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

BEN

BFA

CIV

GNB

MLI

NER

SEN

TGO

34

Annexe 6

Grappes Industrielles selon Porter 1990 :72