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School of Public Policy and Governance Université de Toronto Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers 18 et 19 novembre 2008

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School of Public Policy and Governance Université de Toronto

Ateliers du RCCMTC

R é s u m é d e s a t e l i e r s

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Table des matières

Introduction

Formule des ateliers

Formule et objectifs des séances

Aperçu des séances d’exposés théoriquesThème de l’atelier : Éducation et formation

Thème de l’atelier : Évolution de la population et sécurité du revenu

Thème de l’atelier : Immigration

Thème de l’atelier : L’évolution des tendances du marché du travail et l’assurance-emploi

Compte rendu des forums décideurs/universitairesThème de l’atelier : Éducation et formation

Thème de l’atelier : Évolution de la population et sécurité du revenu

Thème de l’atelier : Immigration

Thème de l’atelier : L’évolution des tendances du marché du travail et l’assurance-emploi

Conclusion

Annexe A : Résumés des exposés théoriquesThème de l’atelier : Éducation et formation

Thème de l’atelier : Évolution de la population et sécurité du revenu

Thème de l’atelier : Immigration

Thème de l’atelier : L’évolution des tendances du marché du travail et l’assurance-emploi

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5Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers

IntroductionLes 18 et 19 novembre 2008, RHDCC et le Réseau canadien de chercheurs dans le domaine du marché du travail et des compétences (RCCMTC) ont tenu leur deuxième série annuelle d’ateliers de recherche stratégique. L’événement avait lieu à la School of Public Policy and Governance de l’Université de Toronto. Le présent document résume les faits saillants des discussions sur la recherche stratégique tenues dans le cadre de ces ateliers.

Au cours des quatre ateliers tenus pendant cet événement, les discussions, nombreuses et variées, se sont articulées autour d’un thème général : l’éventail des effets de divers changements démographiques sur le marché du travail canadien, surtout dans le contexte du ralentissement économique mondial, ainsi qu’autour des sous-thèmes suivants :

les � effets du revenu (suppléments du revenu comme le programme Action Emploi et le Projet d’autosuffisance, RPC et revenu des personnes âgées, revenu des hommes et des femmes, revenu familial, etc.);

les � effets de l’éducation (titres de compétences étrangers, capacités cognitives, niveau d’études postsecondaires, durée des études secondaires, formation en cours d’emploi, etc.);

les � effets de l’âge (développement de l’enfant, retraite, vieillissement de la population, etc., souvent abordés de concert avec l’ethnicité et le revenu);

les � effets de l’ethnicité (langue, race, pays d’origine et statut d’immigrant, préjugés des employeurs, etc.).

Diverses discussions portant sur les difficultés auxquelles se heurte la recherche stratégique ou l’évaluation des politiques ont fait ressortir la nature transversale de ces enjeux. Entre autres difficultés, on a mentionné le manque de connaissances, les obstacles au transfert de connaissances et le manque de données nécessaires ou encore de la possibilité de rapprocher des bases de données précieuses.

Les participants se sont montrés très favorables à l’accroissement du nombre de partenariats entre les décideurs et les universitaires et à la tenue de discussions plus inclusives auxquelles participeraient les provinces. À cet égard, les discussions qui ont suivi les exposés théoriques ont permis aux participants,

issus des milieux universitaire et politique, d’apporter aux chercheurs des perspectives et de précieuses suggestions afin de les aider à améliorer et à orienter leur recherche pour respecter de rigoureuses normes théoriques et pour mieux répondre aux questions posées par les décideurs. Les forums, qui réunissaient les déci-deurs et les chercheurs universitaires, ont favorisé un dialogue fructueux entre les deux groupes. Toutes les séances ont permis d’établir de bons rapports, d’ouvrir de nouveaux horizons et d’élargir la réflexion au sujet des enjeux et des façons possibles de les aborder, tant sur le plan de la recherche que sur celui des politiques.

Formule des ateliersAu cours des deux journées, les quatre thèmes suivants ont été abordés en atelier :

éducation et formation; �

évolution de la population et sécurité du revenu; �

immigration; �

assurance-emploi et sécurité du revenu : �rentabiliser le travail 1.

Chacun des quatre thèmes des ateliers comportait deux séances publiques consécutives : une séance d’exposés théoriques et un forum décideurs/universitaires. Des ateliers différents avaient lieu en même temps, ce qui permettait aux participants qui s’intéressaient à un thème particulier d’assister aux deux séances portant sur ce thème.

Outre ces deux types de séance, une troisième série de discussions informelles entre d’éminents universitaires invités et Frank Fedyk, sous-ministre adjoint délégué, Politique stratégique et recherche, a traité des thèmes suivants :

l’aide à la petite enfance; �

les approches expérimentales de l’élaboration �des politiques;

le vieillissement, la productivité et le système �de revenu de retraite (SRR);

les tendances du marché du travail �et l’assurance-emploi (AE).

Paul Thompson, sous-ministre adjoint délégué, Compétences et emploi, a également participé aux dis cussions informelles sur le vieillissement, sur la produc tivité et le SRR, ainsi que sur le soutien

1 (Le titre de la séance d’exposés théoriques est différent de celui du forum décideurs/universitaires correspondant et de la discussion informelle avec les SMA. Le titre de ces deux séances était : « L’évolution des tendances du marché du travail » et « L’assurance-emploi ». L’emploi de titres différents reflète le thème très spécifique de ces deux séances, par opposition au thème général des séances de discussion.)

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du revenu et l’AE. Comme il s’agissait de séances privées, le présent document ne fait pas état de ces discussions.

Formule et objectifs des séancesSéances d’exposés théoriques

Comme il ne s’agissait pas d’une conférence en tant que telle, la plupart des exposés présentés étaient des travaux en cours, à deux exceptions près : l’exposé final présenté par Joerg Dietz et Victoria Esses et celui de Harry Krashinsky, déjà présenté et plus achevé. L’un des principaux objectifs des séances d’exposés consistait à offrir une tribune qui permettrait aux chercheurs de présenter leurs travaux et de recevoir une rétroaction critique, ce qui éclairerait la poursuite de ces projets et orienterait la révision des articles. Quatorze exposés théoriques ont été présentés lors de sept séances de deux exposés chacune. Chaque séance durait une heure et demie. Trois des quatre ateliers comprenaient au total quatre exposés; le quatrième en comprenait deux. Une fois présentés les deux exposés de chaque séance, deux participants – un universitaire et un expert du gouvernement du Canada – ont fait des commentaires concernant les questions théoriques et méthodologiques, ainsi que des préoccupations d’ordre stratégique. Le reste de chaque séance était ouvert à la discussion publique. Des étudiants au niveau du doctorat ont béné-volement pris des notes au cours de chaque séance.

Forums décideurs/universitaires

Les forums décideurs/universitaires se voulaient des discussions en petit groupe entre des universitaires et des décideurs qui s’intéressaient aux sujets des ateliers en particulier. Les participants aux forums comprenaient les auteurs des exposés qui souhaitaient apporter un supplément d’information. Les autres participants étaient invités à assister aux forums qui cadraient le mieux avec leur travail et leurs intérêts.

Pour chacun des quatre thèmes étaient fournis des documents d’information comportant une section préliminaire sur l’état des connaissances, suivie d’une présentation de trois grands sujets de discussion :

les points essentiels, les nouvelles données �et leurs incidences stratégiques;

les lacunes de la recherche; �

les prochaines difficultés à surmonter. �

Ces documents devaient servir et ont servi uniquement de lignes directrices. L’objectif premier des séances était de permettre aux experts participants d’aborder

ce qu’ils considéraient comme les enjeux les plus importants sur chaque thème. Chaque forum décideurs/universitaires était présidé par un expert du gouvernement du Canada. Un autre expert du gouver-nement du Canada jouait le rôle de rapporteur lors de chaque séance; il a pris des notes et présenté un compte rendu lors de la séance plénière de clôture. Chaque séance, d’une durée d’une heure et demie, a attiré une vingtaine de personnes.

Objectifs

Les séances d’exposés théoriques et les forums décideurs/universitaires étaient les éléments complé-mentaires de chaque thème d’atelier. Les objectifs respectifs de ces deux types de séance sont énoncés dans le tableau ci-dessous.

Objectifs

Séances d’exposés théoriques

Présenter les nouveaux travaux des chercheurs �dans le domaine de l’économie du marché du travail.

Offrir aux chercheurs, aux décideurs, aux �universitaires et à d’autres parties intéressées l’occasion d’obtenir une rétroaction et une synthèse des idées en ce qui concerne la recherche en cours et en vue d’une meilleure orientation future de la recherche.

Cerner les lacunes de la recherche, les thèmes �transversaux et les possibilités d’améliorer les politiques dans les travaux de recherche présentés.

Établir des liens de collaboration entre �les chercheurs universitaires et les décideurs.

Forums décideurs/universitaires

Offrir l’occasion d’une discussion fructueuse �au sujet de la pertinence stratégique des travaux de recherche présentés au cours des exposés.

Souligner la nécessité de poursuivre la recherche �stratégique.

Renforcer (au moyen de discussions informelles �et en petits groupes entre des personnes bien informées s’intéressant au domaine) la collabora-tion entre les chercheurs et les décideurs dont les travaux portent sur des enjeux semblables.

Cerner les principales lacunes de la connaissance �et leur pertinence quant aux politiques et aux programmes.

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7Aperçu des séances d’exposés théoriques

La présente section donne un aperçu des exposés présentés dans le cadre des quatre ateliers. Bien que la discussion ouverte qui a suivi les exposés théoriques ait été brève en raison de l’horaire chargé, la présente section résume également les sujets de discussion très pointus abordés à la suite de chaque exposé.

Comme il s’agit de travaux en cours, les textes des exposés ne sont pas encore publiés. Les lecteurs qui désirent en savoir plus sur certains exposés sont invités à communiquer directement avec le ou les auteurs. Des résumés des exposés figurent à l’annexe A.

Thème de l’atelier Éducation et formation

Exposés présentés

1 Craig Riddell (Université de la Colombie-Britannique) Comprendre les effets synergiques du rendement de l’éducation

Dans cet exposé, Craig Riddell a examiné les « effets synergiques » du rendement de l’éducation. On entend par effets synergiques l’amélioration des gains liée à l’obtention d’un diplôme ou d’un grade, le nombre d’années d’études étant maintenu constant. Les estimations des effets synergiques au Canada sont généralement positives; de façon générale, on peut les interpréter comme la valeur de l’achèvement d’un programme, soit la différence dans les gains des travailleurs selon qu’ils obtiennent ou non un grade. Par contre, on connaît mal les mécanismes qui donnent lieu à des effets synergiques. L’objectif de cet exposé consiste à établir s’il existe un lien entre les capacités cognitives et les effets synergiques. Pour répondre à cette question, M. Riddell utilise les données de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA). Ces données concernent le nombre d’années d’études, le diplôme le plus élevé obtenu et plusieurs mesures directes des capacités cognitives telles que la littératie et la numératie. M. Riddell constate que les capacités cognitives augmentent avec le nombre d’années d’études et qu’on observe des effets synergiques dans la production des compétences. Pour le même nombre d’années d’études, les diplômés possèdent des compétences plus élevées que les décrocheurs. Dans son exposé, M. Riddell estime également

l’ampleur des effets synergiques sur les gains. Il constate qu’il existe des effets synergiques importants, comme en font état d’autres ouvrages publiés, mais que lorsqu’on neutralise les capacités cognitives, le rendement diminue d’environ 20 %. Dans l’ensemble, M. Riddell constate que l’ampleur des estimations antérieures des effets synergiques reflète en partie le fait que, pour le même nombre d’années d’études, les diplômés possèdent des compétences plus élevées que les décrocheurs, mais que les effets des titres de compétences semblent rester même lorsqu’on neutralise les compétences supérieures des diplômés.

L’exposé de Craig Riddell cerne une importante lacune de la recherche qui pourrait avoir des incidences stratégiques importantes car, une fois comblée, elle permettrait aux décideurs de mieux comprendre la pleine valeur de l’obtention d’un grade ou d’un diplôme pour les travailleurs. Les participants ont suggéré à M. Riddell de vérifier la robustesse de ses résultats en adoptant une forme fonctionnelle plus souple du rendement des années d’études pour tenir compte des personnes qui se situent à l’extrémité de la répartition des niveaux de scolarité. Autre sujet de préoccupation : la mesure de la capacité innée d’une personne, établie d’après les réponses aux questions portant sur la scolarité passée, risque d’être influencée par la rationalisation a posteriori. Les participants ont également suggéré de faire preuve de prudence lorsqu’on interprète ces réponses comme des indicateurs de la capacité d’une personne.

2 Harry Krashinsky (Université de Toronto) Quelle serait l’incidence d’une année d’études secondaires additionnelle sur le rendement scolaire à l’université? Constatations fondées sur la cohorte double

À partir d’un changement de mesure unique adopté en Ontario, Harry Krashinsky s’est demandé quelle serait l’incidence d’une année d’études secondaires additionnelle sur le rendement scolaire à l’université. En 1999, le gouvernement de l’Ontario a éliminé la cinquième année d’études secondaires. Ce changement de politique a créé une « double cohorte » de diplômés du secondaire dont le nombre d’années d’études terminées différait, ce qui permettrait de cerner l’effet d’une année d’études additionnelle sur le rendement à l’université. Cet exposé repose sur les données

Aperçu des séances d’exposés théoriques

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d’une enquête menée auprès des étudiants du cours d’introduction à la gestion de l’Université de Toronto et sur plusieurs techniques économétriques servant à neutraliser les facteurs confusionnels. M. Krashinsky constate que les étudiants ayant obtenu un diplôme d’études secondaires avec une année d’études en moins ont un rendement nettement inférieur pendant la première année d’université et qu’ils risquent davantage d’échouer. Cette stratégie de recherche soulève une préoccupation importante : les effets de l’année d’études additionnelle s’ajoutent-ils aux effets de l’âge? Autrement dit, les étudiants un peu plus âgés ont-ils un meilleur rendement que leurs jeunes homologues? Pour y remédier, M. Krashinsky effectue plusieurs contrôles de spécifications qui limitent l’analyse aux diplômés du secondaire un peu plus âgés ayant fait quatre années d’études et à leurs jeunes homologues qui en ont fait cinq et constate qu’une telle neutralisation des différences d’âge a peu d’effet sur ses principaux résultats. Dans l’ensemble, selon les notes moyennes obtenues, le rendement des diplômés ayant fait quatre années d’études est de cinq à dix points de pourcentage inférieur à celui des étudiants de premier cycle qui comptent une année d’études secondaires de plus.

Les participants ont trouvé la méthode de recherche de Harry Krashinsky très solide. Toutefois, ils ont laissé entendre que la crédibilité de l’exposé reposait sur la capacité de M. Krashinsky de convaincre ses lecteurs que ses ajustements de l’âge éliminaient effectivement le facteur confusionnel. Autres sujets de préoccupation à l’égard de cet exposé : utilise-t-on les méthodes appropriées pour tenir compte de la petite taille des échantillons dans le calcul des erreurs-types, et les notes des diplômés ayant fait quatre années et cinq années d’études secondaires sont-elles comparables si les enseignants ont rajusté leurs normes? Les participants avaient aussi des réserves quant au changement apporté au programme d’études secondaires de l’Ontario pour permettre aux élèves d’effectuer cinq années d’études en quatre ans et se demandaient si ce changement avait une incidence sur la méthode de recherche employée. M. Krashinsky a répondu que les programmes d’études des premières années étaient restés inchangés, mais qu’on avait comprimé ceux de la 12 e et de la 13 e années pour les fusionner. Ce n’était donc pas tant le programme d’études que le choix ou la diversité des cours qui avait été modifié pour permettre la réduction de la durée des études secondaires.

3 Christopher Ferrall et Natalia Michagina (Université Queen’s) Rester ou émigrer au Canada? Le lieu du premier emploi des titulaires d’un doctorat formés aux États‑Unis, de 1957 à 2005

Dans leur exposé, Christopher Ferrall et Natalia Michagina ont examiné la mobilité internationale des titulaires d’un doctorat obtenu aux États-Unis. Les données étaient tirées de l’Enquête auprès des titulaires d’un doctorat, recensement mené auprès des titulaires d’un doctorat depuis 1957. L’échantillon est composé de plus de 43 000 personnes diplômées de plus de 400 universités américaines. La recherche de M. Ferrall et de Mme Michagina repose sur un modèle PROBIT simple qui compare la situation d’emploi au Canada par rapport aux États-Unis. Ces résultats révèlent une certaine mobilité internationale et une forte probabilité que des Américains trouvent un emploi au Canada et que des Canadiens trouvent un emploi aux États-Unis. Sur le plan démographique, les résultats révèlent que les diplômés âgés, les femmes et les diplômés mariés sont proportionnellement plus nombreux à rester dans le même pays. Dans certains cas, la conjoncture économique a aussi une incidence sur le pays d’emploi. Lorsque le taux de chômage est élevé aux États-Unis, les Canadiens trouvent un emploi au Canada. Enfin, les diplômés des pays francophones sont proportionnellement plus nombreux à travailler au Canada.

Les États-Unis sont l’un des plus grands producteurs de titulaires de doctorat qui figurent parmi les meilleurs au monde. La recherche de M. Ferrall et de Mme Michagina porte sur un domaine de recherche très particulier en vue d’expliquer non seulement le niveau de mobilité internationale des titulaires de doctorat américains, mais aussi les facteurs démographiques et sociaux qui incitent certains diplômés à émigrer, mais pas d’autres. L’une des principales questions posées à la suite de cet exposé était la suivante : existe-t-il un avantage important si le pays d’origine est doté d’une grande branche d’activité « productrice de doctorats », ce qui permettrait de créer des économies d’échelle dans la formation des titulaires d’un doctorat? Les participants ont abordé en détail les facteurs confusionnels qui risquaient d’influencer les résultats, notamment la possibilité d’un biais lié aux aptitudes, puisque la plupart des meilleurs candidats étudient effectivement dans des écoles américaines, et l’écart entre les taux d’imposition marginaux des deux pays.

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9Aperçu des séances d’exposés théoriques

4 Miana Plesca (Université de Guelph), Vincenzo Caponi (Université Ryerson) et Cevat Burc Kayahan (Université Acadia) La formation en fonction du cycle économique

L’exposé de Miana Plesca, Vincenzo Caponi et Cevat Burc Kayahan tente de cerner l’effet de causalité des fluctuations du cycle économique sur les décisions des entreprises en matière de formation. Selon Plesca et ses collaborateurs, il existe au moins deux théories aux conclusions opposées quant à l’orientation de cet effet. D’une part, en période de récession, le coût de renonciation de la formation est faible, ce qui incite les entreprises à offrir davantage de formation. D’autre part, en période d’expansion, il est plus facile de financer l’adoption de nouvelles technologies qui nécessitent une formation, ce qui est contraire à l’hypothèse qui précède. Les auteurs fondent leurs prévisions sur une recherche théorique multi-sectorielle et un modèle d’appariement. D’après les données de Statistique Canada sur la production agrégée et des données appariées de l’EMTE sur les employeurs et les employés, les auteurs établissent un cadre empirique afin de vérifier simultanément les deux hypothèses. L’idée sous-jacente est la suivante : les fluctuations agrégées saisissent l’effet des coûts d’option globaux de la formation, alors que les fluctuations sectorielles, par rapport à celles de l’ensemble de l’économie, déterminent dans quel secteur les entreprises sont le plus portées à offrir de la formation selon la deuxième hypothèse. Les estimations fondées sur un modèle de régression logit à effets fixes comportant diverses caractéristiques des entreprises, ainsi que des variables liées aux cycles économiques agrégés et sectoriels, soutiennent les hypothèses théoriques. Les entreprises offrent davantage de formation en période de récession, lorsque les coûts d’option sont faibles, alors qu’en fonction du cycle économique, les secteurs qui sont relativement moins prospères offrent moins de formation.

Les travaux de recherche sur la relation entre les cycles économiques et les décisions en matière de formation, dont celui de Plesca et ses collaborateurs, laissent entrevoir de fortes incidences stratégiques dans un contexte où les décideurs tentent de discerner l’effet qu’aura le ralentissement économique mondial actuel sur le marché du travail. Au cours de la discussion, on a soulevé la question de la pertinence d’une recherche dynamique et d’un modèle d’appariement pour la recherche. Les participants ont suggéré aux auteurs d’explorer l’importance de la formation dans

la formation du capital humain et les incidences connexes qui pourraient se dégager avec plus d’exactitude du modèle théorique et empirique.

Thème de l’atelier Évolution de la population et sécurité du revenu

Exposés présentés

1 Nabil Annabi, Maxime Fougère, Simon Harvey (RHDCC) Les effets intertemporels et intersectoriels du vieillissement de la population

Nabil Annabi, Maxime Fougère et Simon Harvey examinent l’incidence du vieillissement de la population canadienne et de la baisse du taux de croissance démographique sur le marché du travail canadien. Ensemble, ces deux facteurs ont accru le ratio de dépendance des personnes âgées au Canada au XXI e siècle. Le vieillissement de la population est lié au ralentissement de la croissance de la main-d’œuvre, d’où une hausse des taux de salaire et une baisse des taux de location. À son tour, la variation du revenu des ménages influence la demande et l’épargne globales. De plus, le vieillissement de la population favoriserait la demande de biens liés aux services. Par conséquent, les branches d’activité à forte intensité de capital sont appelées à bénéficier de ces effets combinés. Les auteurs de l’exposé ont simulé les effets du vieillissement de la population sur les résultats intersectoriels et sur la situation sur le marché du travail au moyen d’un modèle à générations imbriquées (MGI) du cycle économique multisectoriel. Ils ont adapté ce modèle à une courbe de croissance équilibrée en tenant compte du taux de chômage ainsi que des écarts entre les ménages et dans l’âge effectif de la retraite. Par une série de spécifications des produits et du marché du travail, ils ont prévu les effets macroéconomiques et microéconomiques de 2006 à 2050. Ils ont constaté que le vieillissement de la population réduisait l’offre effective de main-d’œuvre ainsi que l’épargne et l’investissement. Le taux de chômage et le taux de croissance du PIB par habitant devraient donc décroître à long terme. Comme les salaires réels augmenteront dans tous les groupes professionnels, les coûts de production sont appelés à grimper davantage dans les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre. La production prendrait

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alors plus d’expansion dans les secteurs dont la main-d’œuvre compte pour une part moins grande de la valeur ajoutée.

La recherche d’Annabi et ses collaborateurs laisse entrevoir de vastes incidences stratégiques eu égard à l’effet éventuel du vieillissement de la population et du ralentissement de la croissance de la main-d’œuvre (déjà observé et appelé à se poursuivre au Canada) sur l’économie. Les participants ont apprécié la recherche d’Annabi et ses collaborateurs pour sa complexité et pour la justesse de la méthode de recherche. S’ils ont trouvé l’étude très robuste, leur seule réserve concernait la fiabilité des prévisions, la période de simulation étant de plus de quarante ans.

2 Tammy Schirle (Université Wilfrid Laurier) Les variations du revenu familial et l’inégalité du revenu chez les personnes âgées

Dans son exposé, Tammy Schirle décompose la répartition du revenu chez les couples âgés pour déterminer dans quelle mesure les variations de l’activité des femmes et de leur accès à la retraite ont contribué à une mutation importante de la répartition du revenu chez les personnes âgées au Canada au cours de la dernière décennie. À partir des données de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR) de 1996 et 2005 et d’un échantillon de couples mariés dont le membre le plus âgé avait entre 65 et 79 ans, Mme Schirle a décomposé la variation de la distribution des revenus. Au cours de l’exposé, elle a mentionné qu’elle avait examiné comment les variations de facteurs tels que les sources de revenu (emploi, pensions d’un régime public ou privé), le niveau de scolarité et l’expérience de travail des hommes et des femmes âgés avaient influé sur la variation de la distribution. Selon ses principales conclusions, l’accroissement de l’accès des femmes aux régimes de retraite privés, ainsi que la hausse de l’emploi et du niveau de scolarité chez les personnes âgées des deux sexes, ont accru l’inégalité du revenu chez ces personnes. Par ailleurs, l’accroissement de l’expérience de travail des femmes et de leur accès au revenu de retraite universel a réduit l’inégalité du revenu grâce à la hausse du revenu à l’extrémité inférieure de la distribution. Selon Mme Schirle, ces résultats justifieraient les objectifs stratégiques de favoriser l’accès des femmes aux régimes de retraite d’employeur ainsi que d’améliorer leur participation

à la vie active pour leur permettre d’accroître leur expérience de travail et leur revenu de pension du RPC ou du RRQ.

Au cours de la dernière décennie, la hausse des revenus des personnes âgées a été assortie d’un accroissement global de l’inégalité parce que la hausse de revenu était plus importante pour la moitié supérieure de la distribution. Mme Schirle a mentionné que son étude était motivée par la préoccupation que soulevaient la répartition du revenu et les programmes de sécurité du revenu (notamment les régimes de retraite) dans le cas des personnes âgées du Canada. Les participants ont trouvé l’étude de Mme Schirle très intéressante et, en vue d’approfondir la recherche et l’analyse, ont suggéré de prévoir l’évolution de la distribution au moyen d’une simulation, d’analyser l’inégalité au sein même des ménages âgés et d’utiliser des ensembles de données différents pour analyser la question à l’étude. Sur le plan des incidences stratégiques, les participants ont suggéré d’envisager la possibilité d’accroître la protection en matière de pensions en milieu de travail.

Mme Schirle a pris bonne note de l’intérêt des participants pour l’évolution de la distribution des revenus et pour l’examen de l’inégalité au sein même des ménages. Quant à la possibilité d’accroître la protection offerte dans le cadre des régimes de pension d’employeur, elle a souligné que les programmes de congé de maternité et de congé parental favoriseraient la participation des femmes à la vie active et réduiraient au minimum les interruptions de travail de longue durée, d’où une hausse du revenu de retraite. En réponse à la suggestion d’utiliser d’autres ensembles de données pour cette analyse, elle a précisé qu’elle avait dû composer avec les contraintes imposées par les variables devant être utilisées.

3 Mark Stabile (Université de Toronto) et Kevin Milligan (Université de la Colombie-Britannique) Le revenu familial a‑t‑il une incidence sur le bien‑être des enfants?

Dans leur exposé, Mark Stabile et Kevin Milligan cherchent à déterminer si le revenu familial influence le bien-être des enfants aux chapitres de la santé, du développement et des résultats scolaires. À cette fin, ils examinent l’incidence des prestations pour enfants (la Prestation fiscale canadienne pour enfants et la Prestation nationale pour enfants) sur le bien-être des

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11Aperçu des séances d’exposés théoriques

enfants. D’après l’analyse de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ 1994 – 1995 et 2004 – 2005) et une simulation des prestations en fonction du temps, de la province et de la taille de la famille à l’aide des données de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR 1996 – 2004), les prestations pour enfants auraient une incidence positive sur certains aspects du bien-être des enfants, dont les notes obtenues à certains tests (surtout chez les garçons), la réduction de l’agressivité, de la dépression chez la mère et de la faim. Cette constatation corrobore l’hypothèse de Brooks-Gunn et ses collaborateurs concernant les « processus familiaux », selon laquelle les rôles familiaux ont un effet médiateur sur le rapport entre le revenu et la situation des enfants.

Les participants ont tenu à en savoir plus sur la recherche de MM. Stabile et Milligan et ses incidences. Ils ont demandé de quelle façon ils avaient fait plusieurs observations de certains enfants (p. ex. les frères et sœurs vivant dans le même ménage) et quel pourcentage de l’échantillon ne recevait aucune prestation. Au cours de la période de discussion, ils ont aussi demandé s’il y avait la moindre possibilité d’endogénéité et à quel genre de mesures pouvaient donner lieu les résultats de la recherche.

Les participants ont suggéré, entre autres, d’utiliser les scores du fonctionnement familial calculés lors de travaux de recherche antérieurs; de garder à l’esprit que sur le plan physique, les résultats sont grandement liés à l’accès à long terme aux ressources (p. ex. la taille et le poids), alors que sur le plan émotif, ils peuvent être immédiatement influencés; de tenir compte, dans l’analyse, de la non-linéarité des niveaux de prestations; de tenir compte du fait que les effets minimes sur des résultats distincts peuvent se traduire par des effets importants s’ils interagissent entre eux. Les participants ont aussi demandé aux auteurs de l’exposé s’ils croyaient qu’il existe un niveau optimal de prestations pour enfants et un seuil de rendement décroissant pour ces prestations.

4 Michael Baker et Marie Drolet L’écart salarial entre les hommes et les femmes au Canada : une nouvelle perspective

À partir de données sur les salaires plutôt que des données sur les gains utilisées par le passé, Michael Baker et Marie Drolet établissent une nouvelle série chronologique sur le taux de salaire des femmes et

des hommes au Canada. L’un des principaux points soulignés est l’avantage d’examiner le salaire horaire plutôt que les gains annuels. Les salaires correspondent plus étroitement au prix de la main-d’œuvre, qui est au cœur de la plupart des théories concernant la discrimination sur le marché du travail et les politiques publiques correspondantes. Les estimations fondées sur les gains combinent les écarts entre les sexes sur le plan des salaires et sur celui des décisions concernant le nombre d’heures de travail. Les résultats présentés révèlent des écarts importants entre les séries fondées sur les salaires et sur les gains. Au premier chef, la série fondée sur les salaires fait ressortir que les femmes ont continué de réaliser des progrès au cours des quinze dernières années. Le ratio fondé sur les salaires se situe à 0,85 en 2006, contre 0,72 pour le ratio fondé sur les gains. Les auteurs présentent également l’évolution de la dynamique de l’écart salarial en regroupant l’échantillon selon l’âge, l’état matrimonial, le niveau de scolarité, l’ancienneté dans l’emploi et la branche d’activité. Ils constatent que l’accroissement de la main-d’œuvre féminine dans le secteur de la santé semble jouer un rôle dominant pour la plupart des années étudiées. Dans cette branche d’activité, la proportion des femmes dépasse de beaucoup celle des hommes et l’écart salarial entre les sexes est faible par rapport à d’autres branches d’activité.

La recherche de M. Baker et Mme Drolet représente une nouvelle façon d’étudier l’écart salarial entre les hommes et les femmes, et les auteurs ont formulé des observations importantes dans le cadre de leur étude. Au cours de la période de discussion, les participants ont suggéré certaines améliorations. Selon eux, l’exposé ne précisait pas la méthode de calcul du salaire horaire des personnes qui ne sont pas rémunérées à l’heure et ne tenait pas compte des personnes qui pouvaient occuper plus d’un emploi au cours d’une année donnée. Les participants trouvaient aussi que le calcul de la moyenne des salaires tirés de tous les emplois n’était pas nécessairement la meilleure façon de déterminer le salaire d’une personne. Ils ont suggéré aux chercheurs d’examiner également une série de données sur les gains annuels et de faire une distinction entre l’évolution des salaires horaires selon que les sujets sont des hommes ou des femmes, ce qui permettrait de déterminer si le rétrécissement de l’écart salarial est surtout attribuable au « rattrapage » des salaires des femmes ou au « recul » de ceux des hommes.

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers12

Comme les données utilisées par les auteurs couvrent une longue période, les participants ont mentionné qu’il serait intéressant d’aborder les effets des mesures salariales sur la dynamique de l’écart salarial entre les sexes. Ils ont aussi mentionné que l’analyse par cohortes de l’écart salarial pouvait constituer une autre avenue intéressante pour la recherche future. Ils étaient curieux de savoir pourquoi le nombre d’heures de travail des femmes était toujours inférieur à celui des hommes au cours de la période étudiée et ils ont suggéré aux chercheurs de tenter de déterminer si ce phénomène était attribuable à certains aspects des politiques publiques qui influencent les choix des ménages. Enfin, les participants ont exprimé leur intérêt pour les effets liés au secteur de la santé, mentionnés dans l’exposé. Le secteur de la santé étant appelé à connaître une croissance au cours des prochaines années, il serait intéressant de voir si les gains augmenteront aussi dans ce secteur et quelles seront, à l’avenir, les répercussions sur la dynamique de l’écart salarial.

Thème de l’atelier Immigration

Exposés présentés

1 Monica Boyd (Université de Toronto) Les langues de travail : l’incidence des enclaves linguistiques sur l’intégration économique des immigrants

La recherche de Monica Boyd vise à montrer l’incidence des enclaves linguistiques sur l’intégration économique des immigrants au Canada. « Enclave linguistique » s’entend d’un lieu de travail où l’on parle une ou plusieurs langues autres que l’anglais et le français. La recherche de Mme Boyd reposait sur une analyse des immigrants de 25 à 64 ans d’après les données du Recensement de 2001. Mme Boyd a constaté que, toutes proportions gardées, les personnes qui parlent une langue autre que l’anglais ou le français au travail sont plus nombreuses à travailler dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration (dans le cas des femmes) ainsi que des services publics et de la construction (dans le cas des hommes), et moins nombreuses à travailler dans les domaines des services sociaux et gouvernementaux. La période de l’immigration et la maîtrise de la langue s’avèrent étroitement liées au fait de travailler dans des enclaves linguistiques (les nouveaux immigrants et ceux qui ne parlent pas l’une des langues officielles

sont proportionnellement plus nombreux à travailler où l’on parle une langue autre que l’anglais ou le français). En neutralisant l’effet d’autres variables qui ont une incidence sur les salaires, Mme Boyd a constaté que les immigrants travaillant dans un milieu où l’on ne parle ni français ni anglais avaient les gains les plus faibles de tous.

Les participants ont loué l’aspect novateur de la recherche de Mme Boyd sur les enclaves linguistiques, qui ont fait l’objet de très peu d’études par comparaison avec les nombreux travaux publiés sur les enclaves ethniques. On a étudié les enclaves ethniques sous l’angle du capital social (les enclaves constituant des contraintes liées à la religion et à la race), mais on peut analyser les enclaves linguistiques sous l’angle du capital humain (l’appartenance à une enclave étant assimilée à une décision personnelle, découlant d’un choix). Les participants ont suggéré à Mme Boyd de limiter l’échantillon aux immigrants arrivés au pays à la fin de l’adolescence ou à l’âge adulte, car leur vécu serait différent de celui d’immigrants arrivés à d’autres étapes de leur vie, et aussi de faire une distinction entre les résidents permanents et les travailleurs étrangers temporaires. Ils ont également suggéré de mener deux analyses distinctes : l’une portant uniquement sur les travailleurs à temps plein à l’année, l’autre portant à la fois sur les travailleurs à temps plein à l’année et sur les travailleurs à temps partiel, pour voir si l’on observe des résultats différents. Les participants ont suggéré à Mme Boyd d’envisager d’autres facteurs de contrôle, comme la branche d’activité, le pays d’origine, la catégorie de résident temporaire, le nombre d’heures travaillées et le nombre de semaines travaillées. Selon eux, il serait intéressant de comparer, eu égard aux résultats, l’incidence des facteurs de contrainte dans le cas des enclaves ethniques à celle des facteurs de choix dans le cas des enclaves linguistiques. Enfin, ils ont suggéré à Mme Boyd de répéter l’analyse à partir des données de l’Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC), qui produit des renseignements plus détaillés sur la langue parlée au travail, comme la langue parlée avec les collègues de travail, les clients et les employeurs.

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13Aperçu des séances d’exposés théoriques

2 Michael Baker (Université de Toronto), Dwayne Benjamin (Université de Toronto), Elliot Fan (Australian National University) Les politiques publiques et le bien‑être économique des immigrants âgés

L’exposé de Michael Baker, Dwayne Benjamin et Elliot Fan porte sur deux types de politique pouvant avoir une incidence sur les immigrants âgés : d’une part, les règles de sélection défavorisant les candidats âgés à l’immigration; d’autre part, diverses sources de soutien social destinées aux personnes âgées, dont la Sécurité de la vieillesse (SV), le Supplément de revenu garanti (SRG) et d’autres formes d’aide sociale offertes à l’échelle provinciale. L’étude aborde deux grandes questions empiriques. Premièrement, comment se débrouillent les immigrants âgés au Canada? Leur situation économique se dégrade-t-elle avec le temps? Deuxièmement, dans quelle mesure les immigrants âgés ont-ils recours à diverses sources de soutien du revenu? Les données étudiées sont celles de l’Enquête sur les finances des consommateurs (EFC) et de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR). Les résultats présentés sont axés sur la population des hommes de 65 ans et plus. Les auteurs regroupent les immigrants échantillonnés selon le nombre d’années depuis leur arrivée au pays et comparent les composantes de leur revenu. À tous les égards, il s’avère que les nouveaux immigrants âgés, arrivés au pays voilà moins de 10 ans, ont un niveau de revenu nettement inférieur à celui des immigrants arrivés il y a plus de 20 ans. Sur le plan familial, les familles sont plus nombreuses et le taux de pauvreté est nettement plus élevé dans le premier groupe que dans le second. Les niveaux de revenu des immigrants âgés arrivés au pays voilà plus de 20 ans sont presque égaux à ceux des personnes nées au Canada. Ces résultats sont stables dans le temps et sont robustes si l’on tient compte d’autres caractéristiques sociales et familiales (dans un cadre de régression).

Les participants ont loué l’exposé de Baker et ses collaborateurs pour son apport important à la recherche sur les politiques d’immigration. Les chercheurs et les décideurs ont manifesté à ce jour un vif intérêt pour le nombre de nouveaux immigrants âgés et leur parrainage. Au cours de la discussion, les participants ont laissé entendre que les données du recensement seraient peut-être supérieures aux deux ensembles de données utilisés dans cet exposé pour répondre aux questions abordées et que l’échantillon

pouvait faire intervenir des problèmes de sélection puisque les personnes arrivées depuis un plus grand nombre d’années sont celles qui parviennent à survivre aux chocs économiques négatifs. Les participants ont aussi mentionné qu’il importait d’envisager la structure familiale sous l’angle de la composition démographique et non comme un simple dénombrement. Les participants ont ajouté que l’exposé portait uniquement sur les données associées aux hommes et qu’il serait important et intéressant d’étendre la recherche aux femmes.

Certains participants ont mentionné que l’exposé de Baker et ses collaborateurs ne tenait pas compte de la catégorie d’immigration (catégorie familiale ou catégorie économique), qui a une profonde incidence sur les comportements économiques. En 2003, par exemple, les immigrants de la catégorie économique comptaient pour une proportion non négligeable (environ 30 %) du nombre total d’immigrants de 60 ans et plus. L’importance de ne pas confondre le nombre d’années depuis l’arrivée au pays avec l’âge au moment de l’arrivée a également été soulignée.

3 Natalya Dygalo Évaluer la source du faible rendement de l’expérience et des titres de compétences étrangers des immigrants du Canada

L’exposé de Natalya Dygalo a pour objet de comparer la productivité des travailleurs canadiens à celle des travailleurs nés à l’étranger. De nombreuses études ont fait ressortir le fait qu’un grand nombre d’immigrants du Canada occupent un emploi qui ne correspond pas à la scolarité ni à l’expérience qu’ils ont acquises à l’étranger. Les études existantes attribuent ce phénomène à la faible reconnaissance des titres de compétences étrangers des immigrants. Les économistes ont publié bon nombre d’études sur les écarts salariaux entre les travailleurs nés à l’étranger et leurs homologues nés dans le pays, mais on ne dispose pas encore de données semblables sur la productivité. Dans son exposé, Mme Dygalo laisse entendre que la sous-évaluation pourrait refléter la juste évaluation, faite sur le marché du travail, de la productivité relative des travailleurs selon qu’ils possèdent des titres de compétences canadiens ou étrangers. Dans sa recherche, Mme Dygalo entend comparer la productivité des travailleurs canadiens à celle de leurs homologues nés à l’étranger au moyen des fichiers de données appariées sur les employeurs et les employés canadiens produits par l’Enquête sur

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers14

le milieu de travail et les employés (EMTE) de 1999 à 2005 ainsi que de certains renseignements tirés de la base de données CANSIM II. Elle utilise une régression de la différence première pour éviter, dans l’estimation des coefficients, les biais que pourraient entraîner la sélection positive des immigrants dans le cadre de l’enquête et le fait que certaines entreprises exigent des compétences propres au pays. En se fondant sur les données disponibles, elle entend mesurer la productivité relative des travailleurs selon qu’ils sont nés au pays ou à l’étranger et selon qu’ils possèdent des titres de compétences canadiens ou étrangers.

Les participants ont apprécié le fait que la recherche de Mme Dygalo tirait un parti maximal de la méthodologie et des données, mais ont exprimé certaines réserves : entre autres, si l’on utilise des variables liées à la scolarité et à la profession, il est peu probable que les parts des travailleurs selon la scolarité soient identiques pour toutes les professions selon le sexe et l’âge et que la productivité relative des travailleurs selon le niveau de scolarité soit la même pour les professions peu spécialisées et pour les professions très spécialisées. En vue d’estimer correctement les coefficients de l’équation de régression finale, les participants ont suggéré à Mme Dygalo d’obtenir des renseignements sur la production à valeur ajoutée dans les données de l’Enquête annuelle sur les manufactures et de calculer une approximation du capital social. Ils ont également signalé à Mme Dygalo qu’à l’échelle des établissements, la part des travailleurs des divers groupes était faible à cause de la petite taille des échantillons.

4 Joerg Dietz (Université de Western Ontario), Victoria Esses (Université de Western Ontario), Chetan Joshi (Université de Western Ontario), Caroline Bennett-AbuAyyash (Université de Western Ontario) Évaluation des titres de compétences des immigrants : incidence de la reconnaissance professionnelle, de la race de l’immigrant et des préjugés de l’évaluateur

Joerg Dietz, Victora Esses, Chetan Joshi et Caroline Bennett-AbuAyyash évaluent dans quelle mesure la discrimination ethnique subtile explique le faible rendement de la scolarité chez les immigrants par rapport aux Canadiens nés ici. Ils se concentrent sur le rôle que pourrait jouer la reconnaissance des titres de compétences étrangers des demandeurs d’emploi

pour réduire ces sources de discrimination sur le marché du travail canadien. Les résultats empiriques sont tirés d’une expérience en laboratoire menée à l’Université de Western Ontario. Chacun des 405 participants devait évaluer et classer trois demandeurs d’emploi en fonction d’un questionnaire comportant une liste des caractéristiques des demandeurs telles que l’ethnicité, la reconnaissance des titres de compétences et la race. Parmi les trois demandeurs, deux possédaient les mêmes caractéristiques, alors que le troisième « candidat expérimental » était différent à l’égard d’au moins un de ces aspects. En outre, la méthode expérimentale neutralise l’effet d’un certain nombre d’autres caractéristiques individuelles des demandeurs ainsi que des participants. L’étude révèle que la discrimination ethnique subtile existe, mais que la reconnaissance professionnelle offre la possibilité de la surmonter. Plus précisément, abstraction faite de toutes les autres caractéristiques individuelles, les immigrants sont évalués moins favorablement que les demandeurs canadiens. La reconnaissance professionnelle réduit cet écart, mais ne peut le combler complètement. L’étude révèle également qu’il n’y a pas d’écart entre les demandeurs noirs et blancs nés au Canada, alors qu’il en va autrement dans le cas des non-Canadiens.

L’étude de Dietz et ses collaborateurs a cerné une importante lacune de la recherche dans un secteur de la recherche qui a souvent produit des résultats opposés à leurs constatations. En effet, la discrimination ethnique subtile, à peine mentionnée dans les études antérieures, pourrait constituer un obstacle de taille pour les immigrants sur le marché du travail; il importe donc d’en tenir compte. Au cours de la discussion, il a été mentionné que cette étude avait des incidences stratégiques directes; par exemple, il est essentiel de former les évaluateurs des candidats éventuels et il importe d’établir un système plus efficace de reconnaissance des titres de compétences étrangers, qui reconnaît mieux la sanction internationale des études. Certains participants ont toutefois signalé que la validité externe de l’étude pouvait poser problème puisque les participants à l’étude provenaient d’une université dont le corps étudiant est multi-ethnique. M. Dietz et Mme Esses ont répondu qu’en fait, l’existence de données sur la discrimination ethnique subtile au sein d’un corps étudiant multi-ethnique donnait à penser que la discrimination ethnique subtile pouvait être plus prononcée dans l’ensemble

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15Aperçu des séances d’exposés théoriques

de la population, car les corps étudiants multi-ethniques ont habituellement l’esprit plus libéral que l’ensemble de la population.

Thème de l’atelier L’évolution des tendances du marché du travail et l’assurance-emploi 2

Exposés présentés

1 Craig Riddell (Université de la Colombie-Britannique) et Chris Riddell (Université Queen’s) Les incitatifs financiers temporaires ont‑ils une incidence durable sur le comportement au travail?

Après bien d’autres études, l’exposé de Chris Riddell et Craig Riddell a pour objet de réévaluer le Projet d’autosuffisance (PAS), qui consistait à verser aux personnes admissibles des suppléments temporaires de revenu dans le cadre d’une expérience randomisée menée pour évaluer l’incidence de ces suppléments sur la situation sur le marché du travail. Une constatation importante se dégage de cette recherche : malgré l’effet initial considérable de ce généreux supplément de revenu, il n’y avait pratiquement pas d’effet à long terme après la suppression du supplément. Dans cet exposé, les auteurs soutiennent qu’il est nécessaire de réévaluer ce projet puisque le gouvernement de la Colombie-Britannique a apporté des modifications importantes au programme provincial d’aide au revenu pendant la période d’essai du PAS. Ces modifications ont encouragé de nombreux bénéficiaires de cette aide à y renoncer pour entrer dans la population active. Compte tenu de la réponse initiale au PAS et du moment choisi par le gouvernement pour modifier la mesure, les modifications ont probablement eu une incidence différentielle sur le groupe étudié et le groupe témoin, de sorte qu’elles pourraient brosser un tableau plus pessimiste que si les modifications n’avaient pas eu lieu. Pour explorer cette possibilité, MM. Riddell et Riddell exploitent les données sur la durée de vie du PAS, au lieu du délai d’admissibilité au PAS généralement étudié. En comparant les cohortes de 1994 et de 1995,

ils montrent que n’eut été les modifications apportées à la loi, le PAS aurait eu un effet à plus long terme que celui révélé par les études antérieures.

Les participants ont trouvé que la recherche de MM. Riddell et Riddell constituait une bonne étude de l’exactitude des évaluations antérieures du PAS. Au cours de la discussion, ils ont suggéré d’améliorer la méthodologie en utilisant d’autres variables nominales de l’année et de la province afin de mieux tenir compte des modifications apportées au programme, le PAS ayant été mis en œuvre dans plus d’une province. On a également laissé entendre que l’effet que MM. Riddell et Riddell assimilent à un « biais lié au groupe témoin » était peut-être plutôt un « effet de traitement variable dans le temps » et qu’il y aurait lieu de préciser ce qu’on entend par « effet de traitement » dans ce cas. Un participant a mentionné que le PAS offrait notamment l’avantage d’avoir été mis en œuvre dans différents endroits, ce qui permet d’étudier les effets propres à un endroit donné, comme dans cet exposé.

2 Guy Lacroix (Université Laval) Rentabiliser le travail

Guy Lacroix étudie l’incidence d’un vaste programme québécois de subventions salariales appelé « Action Emploi » sur le cycle de sortie et de rentrée d’un groupe de personnes admissibles et particulièrement défavorisées. Directement inspiré du PAS, le programme Action Emploi (AE) offrait, pour une période maximale de trois ans, des suppléments de revenu aux bénéficiaires de l’aide sociale qui devenaient admissibles en occupant un emploi à temps plein. D’une plus grande portée que le PAS, le programme AE offrait des prestations à tous (et pas seulement aux chefs de famille monoparentale). En 2001, le gouvernement du Québec a mis le programme à l’essai pour un an; en mars 2008, sur la foi de données empiriques limitées, il a annoncé qu’il serait adopté de façon permanente. M. Lacroix tente de simuler les effets à long terme de ce programme à l’aide de données non expérimentales sur les bénéficiaires du programme AE et un groupe témoin établi d’après les données sur les personnes qui auraient été admissibles à cette aide. En neutralisant l’effet de l’hétérogénéité, de la participation endogène

2 (Il est à noter que pour le thème de cet atelier, le titre de la séance consacrée aux exposés des universitaires est différent du titre du forum décideurs/universitaires correspondant. Le recours à différents titres témoigne de l’orientation très ciblée de ces deux documents, par opposition à un champ plus large des séances de discussion.)

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers16

au programme et des complications découlant d’un délai de carence, M. Lacroix constate que les subventions salariales réduisaient la période durant laquelle une personne était tributaire de l’aide sociale.

Selon les participants, M. Lacroix aurait avantage à approfondir dans son exposé les liens entre les programmes PAS et AE pour qu’on puisse mieux rapprocher ses constatations des nombreux travaux publiés sur le PAS. Au cours de la discussion, il a été mentionné que l’exposé n’établissait pas clairement la différence entre les participants et les personnes admissibles et qu’il ne précisait pas la qualité de la publicité entourant le programme AE ni comment on avait communiqué avec les participants, étant donné que le taux de participation semble très faible.

Au cours de la discussion, on a demandé à M. Lacroix si les bénéficiaires du programme AE en étaient tellement dépendants parce qu’ils avaient d’autres contraintes non observables qui les empêchaient de travailler. M. Lacroix a répondu que son échantillon ne comprenait pas de personnes ayant une incapacité physique, mais a convenu qu’il était étrange d’y trouver certaines personnes très scolarisées ayant une situation précaire sur le marché du travail. Compte tenu du fait que M. Lacroix utilise des données non expérimentales, il a été demandé si quelqu’un avait déjà mené une étude comme celle de LaLonde en combinant les données du PAS et d’autres données non expérimentales, car une telle étude pourrait permettre à M. Lacroix de surmonter les problèmes d’échantillonnage.

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17Compte rendu des forums décideurs/universitaires

La présente section a pour objet d’exposer les principaux points qui ont été abordés lors de chacun des quatre forums décideurs/universitaires. Bien que de courts documents de référence contenaient une liste d’éventuels sujets de discussion pour chacune des séances, celles-ci visaient avant tout à faciliter les échanges sur les enjeux que les experts jugeaient les plus importants. Un exposé savant et approfondi sur ces enjeux multiples et complexes dépasse le cadre du présent document. Les points saillants présentés ici offrent plutôt un aperçu des enjeux de la recherche stratégique jugés les plus dignes d’être abordés par les universitaires et les experts en politiques dans ces domaines.

Thème de l’atelier Éducation et formation

En plus des grands sujets de discussion suggérés pour tous les forums décideurs/universitaires, le document de référence de la séance Éducation et formation posait la question spécifique suivante : « Dans quelle mesure l’apprentissage des adultes est-il efficient? ». Si bon nombre d’échanges ont porté sur divers aspects de l’enseignement postsecondaire (EPS), les discussions ont aussi porté sur le rendement économique de l’apprentissage, plus particulièrement les écarts de rendement économique pour divers types d’EPS. L’apprentissage des adultes a été ciblé comme un domaine important de recherche et de discussion pour l’avenir, de préférence dans un forum distinct de celui consacré à l’enseignement postsecondaire, étant donné qu’il est question de populations distinctes dont les besoins sont différents.

Voici les points saillants des échanges qui ont eu lieu durant la séance.

1 Analyse comparative : le Canada surpasse‑t‑il réellement les autres pays en matière d’accession à l’enseignement postsecondaire?

Entre 1980 et 1990, le Canada a affiché de piètres résultats pour ce qui est des tests fondés sur les programmes d’études. En revanche, il a fait bonne figure dans le cadre du Programme international pour

le suivi des acquis des élèves (PISA). L’inclusion de l’éducation à domicile dans le PISA pourrait expliquer cette différence. Certains ont affirmé que le Canada risquait de devenir complaisant sous l’effet de mesures lui attribuant un bon rendement.

Le Canada ressort des comparaisons qui se font entre pays de l’OCDE en matière d’accession à l’EPS, en ce sens qu’il dépasse la moyenne. Chez nous, l’EPS inclut à la fois l’enseignement collégial et l’enseignement universitaire, alors que dans d’autres pays, une partie de l’enseignement collégial est exclue. Donc, un certain nombre de questions se posent : Les chiffres sont-ils gonflés du fait des instruments de mesure choisis? Le Canada se démarque-t-il réellement sur la scène internationale pour ce qui est de l’accession à l’EPS? D’autres points ont été soulignés, notamment :

Le PISA est un meilleur indicateur que le relevé �de notes pour ce qui est des études universitaires.

Il y a des écarts importants entre les provinces �en ce qui a trait aux notes et à l’EPS.

Pourquoi l’éducation collégiale est-elle si importante �dans certaines provinces, alors que dans d’autres, les universités font mieux?

Il est nécessaire d’adopter une référence ultime �de qualité en matière d’éducation et de formation.

2 Enseignement postsecondaire (EPS)Rendement de l’apprentissagea)

Des échanges ont eu lieu sur le choix à faire entre poursuivre ses études au collège ou à l’université. Il a été souligné que cette décision découle d’une autosélection. Toutefois, le rendement économique de l’apprentissage aux niveaux personnel et social est supérieur chez les personnes qui vont à l’université que chez les personnes qui ne font pas d’études universitaires (effet d’entraînement). Il y a aussi une grande hétérogénéité. Certaines personnes ne voient pas le rendement que pourraient leur rapporter leurs études, car il dépend du niveau de scolarité et du champ d’études. Voici d’autres points à considérer :

L’EPS non universitaire et l’EPS universitaire �ne créent pas le même capital humain (général contre spécialisé).

Compte rendu des forums décideurs/universitaires

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers18

Le succès des collèges communautaires repose �sur leur plus grande accessibilité géographique. Dans certains cas, les universités sont jugées trop éloignées du foyer. Les collèges permettent le relèvement du niveau de scolarité des jeunes à faible revenu et de ceux dont le statut socioéconomique est de faible à moyen.

Le coût de l’EPS non universitaire est très bas. �

Dans l’ensemble, la qualité des études est importante.

Du point de vue des politiques et des programmes, l’accent devrait être mis sur les personnes qui sont en marge, et non dans la moyenne.

Information et sensibilisation au sujet b) du marché du travail : Les étudiants font‑ils des choix éclairés au sujet de l’EPS et du type d’EPS (collège, école de métiers ou université)? Y a‑t‑il des obstacles en matière d’information?

Des échanges ont eu lieu sur la façon dont les étudiants orientent leur carrière, particulièrement sur l’information dont ils disposent pour bien décider de leur avenir. Il a été soutenu que les personnes n’utilisent pas l’information parce qu’elles ignorent ce qu’elles ont besoin de savoir. Les étudiants ne connaissent pas les débouchés qui s’offrent dans les différents secteurs d’activité. Si le problème réside dans le manque d’information, il serait alors relativement peu coûteux de le régler.

Transfert du collège à l’universitéc)

L’intégration d’équivalences entre collèges communautaires et universités varie d’une province à l’autre. Par exemple, la Colombie-Britannique a un système de transfert d’équivalences bien intégré, alors qu’en Ontario, la reconnaissance des crédits du collège à l’université pose problème. Les coûts et avantages des deux approches doivent être évalués. Une question qu’il faut se poser est celle de savoir s’il y a un problème d’affectation des ressources à l’intérieur d’une même province. Des provinces autres que l’Ontario n’ont pas de système de transfert. Il semble y avoir peu de mouvement entre universités et collèges. Parmi les autres questions qui sont ressorties des échanges, mentionnons les suivantes :

Quels sont les rendements de l’enseignement �collégial et de l’enseignement universitaire? Comment varient-ils selon le champ d’études?

La structure des mesures incitatives axées sur �les études supérieures favorise-t-elle la satisfaction de la demande?

3 Apprentissage des adultesDisposons-nous d’un système d’apprentissage capable de répondre aux besoins des adultes qui doivent augmenter ou réorienter leur capital humain?

Les échanges axés sur l’apprentissage des adultes ont soulevé bien d’autres questions, en particulier celles-ci :

Comment les adultes apprennent-ils? Quelles �devraient être les caractéristiques des programmes de formation destinés aux adultes et aux travailleurs âgés?

Comment les immigrants, les Autochtones �et les décrocheurs apprennent-ils?

Y a-t-il des mesures incitatives adéquates et de �bons mécanismes de soutien qui favorisent le retour des adultes à un apprentissage structuré? Comment devrait-on développer les mécanismes de soutien? Quelle forme de soutien au revenu devrait être prévue pour les apprenants de la deuxième ou de la troisième chance?

Que s’offre-t-il à quelqu’un qui réalise, à l’âge �de 29 ans, qu’il a fait le mauvais choix de carrière?

Qu’est-ce qui fait un bon programme �de réapprentissage?

Quel environnement d’apprentissage est-il requis? �

4 Littératie et numératieLes compétences en littératie sont des compétences de base nécessaires. Ceux qui les maîtrisent peuvent ensuite apprendre par eux-mêmes. Malheureusement, il y a des Canadiens dont le niveau de littératie est faible. Par exemple, on peut se demander pourquoi les compétences en littératie des Canadiens ne se sont pas améliorées entre 1994 et 2003. D’autres questions portent sur les sommes investies dans les programmes de littératie destinés aux adultes. Les provinces prennent des mesures pour s’attaquer au problème.

Quels efforts déploie-t-on pour améliorer �les compétences en littératie?

Combien de temps et d’argent faut-il consacrer pour �améliorer les compétences en littératie des adultes, par exemple pour passer du niveau 1 au niveau 2?

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19Compte rendu des forums décideurs/universitaires

5 Lacunes au chapitre des connaissances et de la recherche

Les données ne révèlent pas le dernier diplôme �obtenu.

Y a-t-il une raison de subventionner des études �plus avancées?

Il serait intéressant de lier les données sur �la mobilité sociale et une meilleure performance.

Quels sont les coûts et avantages des systèmes �de transfert?

Trop ou trop peu? Quel est le degré de réceptivité �des établissements?

Quels sont les instruments de mesure de la qualité �et de l’obligation de rendre compte? (Les universités les détestent.)

Les données du PISA et de l’Enquête auprès �des jeunes en transition sont complexes et difficiles à utiliser. Cependant, elles sont très riches. Des équipes de recherche et des réseaux devraient être mis en place pour que l’on commence à travailler sur les données.

Que savons-nous des étudiants qui sont passés �du collège à l’université?

Les résultats obtenus au PISA sont-ils fiables? �Une lutte politique est-elle en train de se jouer?

Thème de l’atelier Évolution de la population et sécurité du revenu

Très variés, les échanges ont porté sur de nombreux sujets, dont le système de revenu de retraite, l’inégalité des revenus tirés des programmes sociaux, l’évolution de la structure familiale et des comportements familiaux, la pauvreté chez les enfants, ainsi que l’efficacité de la formation, de la littératie et du développement des jeunes enfants.

1 Sécurité du revenuLa discussion s’est ouverte sur une question : étant donné l’incertitude économique actuelle, est-ce que les pressions exercées sur le système du revenu de retraite seront principalement cycliques ou structurelles de nature, ou se situeront-elles quelque part entre les deux? Il a été indiqué que l’effet sur l’emploi pourrait être cyclique ou davantage structurel, de sorte que les personnes pourraient devoir travailler plus longtemps pour compenser la perte de leur richesse. Une question importante se pose : dans quelle mesure la situation actuelle est-elle différente de celle qui avait cours en 1992?

Comment le gouvernement devrait‑il réagir?a)

D’abord, il a été soutenu que le rôle du gouvernement devrait être de se demander comment réagiront les acteurs rationnels. Dans un deuxième temps, il faudrait supprimer les obstacles qui empêchent les protagonistes du secteur privé d’adopter un comportement rationnel. Par la suite, les gouvernements pourraient envisager d’autres mesures à titre d’effort « résiduel ».

D’autres questions ont émané des échanges

Comment pouvons-nous améliorer �la structure des mesures incitatives et favoriser ainsi les études supérieures? Le relèvement des normes n’est pas la solution, et l’affectation de ressources en fonction des coûts a des conséquences.

Pourquoi les places sont-elles limitées? �

Combien de Canadiens pensent que notre �système d’éducation a des lacunes?

Combien de Canadiens pensent-ils que leurs �compétences en littératie sont inférieures à celles dont ils auraient besoin, et dans quelle mesure sont-ils disposés à prendre des mesures en conséquence?

Quelles sont les attentes des parents �à l’égard de l’université?

Avons-nous un système efficace �pour changer le capital humain (changer les carrières)?

Est-ce qu’il nous manque un système �de la « troisième chance » (immigrants, système d’apprentissage pour les adultes)?

Certains titres de compétences sont-ils �monnayables?

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers20

2 ÉpargneREER : épargne ou assurance?a)

Il y a eu beaucoup d’échanges sur le « troisième palier » du système de retraite. Quelqu’un a fait valoir que le REER est un véhicule d’épargne, pas un programme d’assurance. L’accent qui est mis sur le REER au détriment des régimes à prestations déterminées est révélateur d’un « éloignement » par rapport à l’assurance sociale. Certains ont soutenu que le gouvernement a un rôle à jouer dans l’assurance de l’épargne individuelle, notamment pour celles des personnes âgées. D’autres ont avancé qu’une telle assurance contribuerait à éliminer le stress lié à l’épargne.

Délestage du fardeau sur les jeunes travailleursb)

Certains ont fait valoir que, dans le contexte démographique des années 1960, les charges sociales étaient adéquates. Cependant, ce n’est plus le cas, car ce sont maintenant les jeunes travailleurs qui payent les charges sociales qui visent à soutenir le revenu de retraite.

Devrait‑on rendre l’épargne obligatoire?c)

Le sujet a été abordé sous l’angle de la nécessité de fournir à la population des options attrayantes. Les personnes veulent pouvoir choisir, mais les avenues possibles doivent être attrayantes. On s’est également demandé si le taux d’épargne était trop bas et, plus généralement, s’il fallait rendre l’épargne obligatoire.

3 Inégalité des revenusL’inégalité croissante des revenus a retenu beaucoup d’attention. Cependant, les participants ne savaient trop de quelle manière les politiques gouvernementales permettraient de s’attaquer à cette question.

Inégalité des revenus et vulnérabilité a) économique

Les principaux facteurs suivants de l’inégalité des revenus ont été mentionnés :

Homogamie. Plus précisément, le mariage est �devenu une institution plus sélective au sens où les personnes très instruites se marient entre elles.

Évolution de la structure familiale. Mentionnons �par exemple la hausse du pourcentage de personnes seules. L’une des conséquences de cette réalité est que les personnes seules n’ont pas de conjoint pouvant leur servir de « police d’assurance ». On

observe aussi une augmentation des parents seuls. Les participants se sont demandé s’il n’y avait pas lieu d’instituer une assurance-divorce.

Élargissement du fossé dans la répartition �des revenus. Plus précisément, on constate une stagnation des revenus dans le bas de l’échelle et une croissance phénoménale dans le haut de l’échelle.

Les conséquences de l’inégalité des revenus chez �les personnes âgées constituent un autre aspect important à considérer.

Persistance de la pauvreté chez les enfantsb)

Depuis 1989, le pourcentage de familles à faible revenu avec enfants est demeuré sensiblement le même. Une explication possible de la pauvreté persistante des familles tient à la faible participation aux programmes visant à soutenir leur autosuffisance. Les participants ont mis l’accent sur l’importance de la question du revenu familial dans l’examen de la pauvreté chez les enfants.

Le Canada affiche une performance peu reluisante au chapitre des jeunes gens et des enfants. Il a été plus efficace pour diminuer le taux de personnes à faible revenu au sein de sa population vieillissante.

4 ÉducationLittératie et numératiea)

Il s’agit là de compétences de base nécessaires à la formation.

Éducation et formationb)

Les échanges ont porté sur l’efficacité des programmes de formation qui visent à contrer la pauvreté. D’après des observations faites aux États-Unis, la formation donnait des résultats légèrement positifs dans certains groupes défavorisés, sauf certaines exceptions (comme les parents à faible revenu). Cependant, la formation ne s’est pas révélée efficiente. En revanche, les investissements dans l’éducation des groupes défavorisés ont donné lieu à des résultats plutôt solides. Sur cette base, il appert qu’on devrait mettre l’accent sur l’éducation dans les groupes défavorisés. Deux autres aspects s’ajoutent à cela :

Participation � . En général, les programmes de formation gouvernementaux ne fonctionnent pas très bien. Cependant, ils sont utiles à certains groupes. Ils doivent être mieux ciblés et tenir davantage compte des aspects culturels.

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21Compte rendu des forums décideurs/universitaires

La formation augmente légèrement le revenu. Quels �sont les programmes qui fonctionnent le mieux?

Développer une culture de l’investissement c) dans son avenir

Poursuivre des études postsecondaires est un « état d’esprit ». En consacrant des ressources aux jeunes adolescents, on pourrait favoriser chez eux une culture d’intérêt pour l’avenir et d’investissement dans les capacités. Les mesures destinées à ces adolescents devraient être adéquates sur le plan culturel. La culture de l’éducation doit être prise en compte. Les jeunes gens ont besoin de stimulants; ils doivent trouver séduisante l’idée de poursuivre leurs études. Les mesures incitatives doivent également tenir compte des différences liées au sexe.

Rendement de l’apprentissaged)

Il importe de centrer nos efforts sur la jeunesse. Les sommes investies dans le développement des jeunes enfants sont celles qui procurent les meilleurs rendements. Selon les participants, le gouvernement devrait investir suivant deux objectifs en particulier :

rendre le travail payant par la voie d’un supplément �au revenu pour ceux qui peuvent travailler;

favoriser le développement des jeunes enfants �pour les empêcher de sombrer dans la pauvreté.

Est‑ce que Heckman a raison?e)

Si l’on se reporte aux opinions de Heckman concernant l’efficacité des programmes d’études destinés aux jeunes enfants, plusieurs ont rejeté l’idée voulant que tout soit décidé dès l’étape de la maternelle. Les participants ont cité l’exemple de cas où la formation peut être efficace, en particulier lorsqu’elle repose sur des échelles d’emplois comme dans l’hypothèse de Las Vegas (associée à l’industrie du tourisme d’accueil à Las Vegas). Cette hypothèse fait valoir que la formation professionnelle peut être efficace si elle est organisée par l’entreprise et à condition qu’une échelle d’emplois bien définie soit proposée.

5 Population active vieillissanteIl est nécessaire de déterminer, en suivant a) les étapes suivantes, quelles mesures prendront les intervenants du secteur privé à l’égard de la retraite :

1 � re étape : Étudier comment les employeurs et les travailleurs réagissent au vieillissement de la population active ou au fait de « sortir »

de la retraite, et mener des recherches sur les stratégies gouvernementales liées à ces questions.

2 � e étape : Repérer les obstacles qui empêchent les retraités de retourner au travail.

Les personnes qui prennent leur retraite n’ont pas du tout les mêmes caractéristiques aujourd’hui que dans le passé. Elles sont aujourd’hui plus instruites, plus actives, en meilleure santé, vivent plus longtemps et habitent souvent seules.

D’autres questions ont émané des échanges

Dans quelle mesure le vieillissement �de la population active a-t-il, à court terme, une incidence sur l’assurance-invalidité?

Quels sont les indicateurs du choc? –

Devrions-nous suivre de près le déplacement �des revenus?

Devrions-nous songer à un modèle de �marché de la retraite pour les travailleurs autonomes?

Comment pourrait fonctionner un régime �de retraite complémentaire non classique?

Comment peut-on arriver à comprendre �le bien-être des familles pauvres?

Quels sont les effets, sur les enfants, du �stress financier vécu par les parents seuls?

Comment l’équilibre travail-vie personnelle �évoluera-t-il à l’heure où de plus en plus de femmes vont à l’université?

Les gens font moins d’enfants qu’ils le �voudraient. Que pouvons-nous faire à cet égard? Dans quelle mesure les politiques pourraient-elles renverser la tendance?

Quels sont les stigmates et les obstacles �qui empêchent les personnes à faible revenu de participer aux programmes et services? Quel est le rôle de la littératie? Comment les programmes sont-ils perçus?

Quelles leçons pouvons-nous tirer �de l’évolution des tendances et des leviers au Québec en ce qui a trait à l’enseignement postsecondaire et à la présence des femmes sur le marché du travail? Quelles leçons pouvons-nous tirer des pays scandinaves?

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers22

De plus, le travail à temps partiel a changé, et l’emploi est différent. Un plus grand nombre de femmes entrent sur le marché du travail lorsque leurs enfants sont jeunes. Les questions de santé sont un autre aspect à prendre en considération.

Thème de l’atelier Immigration

Les échanges ont porté sur l’apprentissage et la formation linguistique. L’aptitude des personnes à communiquer et à se comprendre les unes les autres prend de plus en plus d’importance. La question qui a dominé les échanges était la suivante : de quel type de formation avons-nous besoin et devrait-elle être ciblée ou subventionnée?

1 L’immigration dans le contexte social canadien

Niveau optimal d’immigrationa)

Il a été mentionné que la réponse concernant le niveau optimal d’immigration dépendait des objectifs de l’immigration. En particulier, l’objectif consiste-t-il à s’attaquer aux changements démographiques comme le vieillissement de la population? Ou bien s’agit-il de résoudre des problèmes liés aux compétences ou au marché du travail, de répondre aux besoins des familles, de répondre à des besoins humanitaires, ou encore de développer le pays? Il faut tenir compte de la façon dont l’immigration est perçue par les autres ministères. Il faut également déterminer les effets de déplacement.

Opinion publique et immigrationb)

Les niveaux d’immigration sont devenus un enjeu politique. Le Canada est une exception au chapitre de son soutien public à l’immigration : plus le sens de l’identité nationale est vigoureux plus le soutien à l’immigration est élevé. Cela confirme que le Canada est un pays de peuplement. Une question importante se pose : le soutien à l’immigration évoluera-t-il dans le contexte d’une récession? Comment réagira Citoyenneté et Immigration Canada (CIC)? Des participants ont fait valoir que la réaction de CIC dépendrait de l’objectif de l’immigration (développement du pays ou pénurie de compétences).

Immigration et capital humainc)

L’une des questions qui revenaient souvent était la suivante : pourquoi les Canadiens d’origine hésitent-ils

tant à investir dans le capital humain importé, alors qu’ils investissent massivement dans l’avenir de leurs enfants (nés au Canada)? Plus précisément, pourquoi y a-t-il tant de disparités entre les deux types de capital humain? Autre question qui a été soulevée : les immigrants arrivent-ils au pays avec un bagage de compétences particulier? Il existe une nouvelle classe d’immigrants, plus instruits et mieux informés que dans le passé.

Évolution des modèles d’immigrationd)

Bien que l’immigration demeure un phénomène en grande partie urbain, les immigrants se sont davantage établis dans l’Ouest canadien plutôt qu’à Toronto au cours des dernières années. Les habitudes d’établissement des immigrants créent des enclaves qui empêchent les nouveaux arrivants de mettre en pratique leur connaissance des langues officielles. Dans ce contexte, le défi consiste à trouver des moyens d’attirer les nouveaux immigrants hors de ces enclaves.

Intégratione)

L’évolution de l’économie dépasse le cadre d’un simple éloignement par rapport à l’économie industrielle. Dans le passé, les immigrants étaient très présents dans le secteur manufacturier, hautement syndicalisé. Les syndicats ont bien servi les immigrants. Cependant, ce mécanisme de protection n’existe plus. Aussi, quels sont les outils appropriés pour évaluer la formation vers l’intégration? Comment fait-on pour évaluer les progrès d’un individu? Il faut avoir divers outils à sa disposition pour évaluer des personnes dont les niveaux de scolarité sont différents. Pourquoi les programmes de subventions salariales n’ont-ils pas changé les comportements de recrutement à l’égard des immigrants?

2 Évaluation des titres de compétences des immigrants

Les questions principales dans ce domaine ont porté sur le lien entre les biais de reconnaissance professionnelle, de race et d’évaluation. Comment la discrimination se manifeste-t-elle (directement ou indirectement)? Il a été soutenu que la reconnaissance des titres de compétences influence la façon dont les biais se manifestent. Les titres de compétences reconnus contribuent à combler le fossé et à neutraliser les biais ethniques.

Il a été soutenu que les employeurs ont des lacunes en ce qui concerne la reconnaissance des titres de compétences étrangers. D’autre part, les nouveaux

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23Compte rendu des forums décideurs/universitaires

immigrants attendent trop avant de se rendre au bureau d’accréditation. En moyenne, la période d’attente est de 36 mois. De plus, le rendement d’une expérience de travail non occidentale est faible. Les immigrants issus des pays de langue anglaise obtiennent plus de succès.

D’autres questions ont porté sur l’importance du décalage entre les besoins des employeurs et les qualifications des travailleurs immigrants, ainsi que sur les raisons qui incitaient les employeurs à mettre à pied les employés au bout d’une très courte période. Les participants ont évoqué le problème de l’employeur qui hésite à investir, puis qui perd ses employés ayant acquis des compétences, et se sont demandé comment renverser cette tendance.

3 Problèmes liés à la langueApprentissage de la languea)

Le déplacement de l’économie vers le secteur des services, au détriment du secteur manufacturier, a pour conséquence que les compétences linguistiques sont de plus en plus importantes. Les programmes qui ciblent les immigrants se destinant à des secteurs particuliers sont nécessaires (soutien linguistique, formation spécialisée et création d’un bassin de main-d’œuvre spécialisée).

Les compétences linguistiques sont également d’importants indicateurs d’intégration réussie sur le marché du travail. Cependant, les connaissances sont lacunaires en ce qui concerne la langue de travail.

La littératie des immigrants dans les langues officielles est en décalage par rapport à leur niveau élevé de compétences. Au bout de dix ans, certains immigrants se comportent toujours comme de nouveaux arrivants. La langue doit aussi correspondre à la culture. Il faut abattre les barrières culturelles.

Employés et employeurs doivent comprendre que la formation linguistique est une entreprise de longue haleine. La formation linguistique est une pierre d’assise sur laquelle il faut bâtir. Il faut bien déterminer le type de formation linguistique qui serait nécessaire.

Les participants au forum ont également préconisé la professionnalisation de l’apprentissage des adultes.

Évaluation des compétences linguistiquesb)

En matière d’évaluation des compétences linguistiques, l’obligation de rendre compte fait défaut. Il est

nécessaire d’examiner le fonctionnement et l’efficacité de l’évaluation des compétences linguistiques. La formation linguistique est laissée au hasard. Les cours de langue ne sont pas uniformes, ils sont souvent mal conçus, et les universités n’y participent pas. À l’heure actuelle, la formation linguistique relève des provinces. Le rôle du gouvernement fédéral reste à déterminer.

Il y a en outre un manque de maîtrise de la langue. Une adaptation culturelle est nécessaire. Deux types de cours de langue pourraient être envisagés : dans l’un, les Canadiens apprendraient à distinguer différents accents à l’échelle internationale et dans l’autre, les immigrants se familiariseraient avec les accents des Canadiens. L’idée selon laquelle il existe un seul « accent canadien » est inexacte. La maîtrise de la langue doit également être adaptée aux différents secteurs.

Subventionner la formation linguistiquec)

Les employeurs ont besoin de subventions à la formation pour soutenir les efforts qu’ils déploient dans ce domaine (subventions liées à la demande).

Les sommes investies dans la formation linguistique ont plus d’une raison d’être. Les attentes sont nombreuses en matière de formation linguistique. Il existe aussi une antipathie historique envers les programmes d’établissement des immigrants. Il s’agit là d’un enjeu politique délicat, où les revers ont été nombreux. Une difficulté majeure consiste à exiger des frais de formation linguistique de manière à éviter les abus.

4 Lacunes au chapitre des connaissances et de la recherche

En ce qui concerne les connaissances et la recherche, les lacunes suivantes ont émergé des échanges entre les participants au forum :

Il n’y a pas de données sur le stock de capital �national.

Quels sont les points de référence en matière �linguistique?

Aux États-Unis, l’accent est interprété comme �un signal ethnique et a le même effet que des titres de compétences étrangers. Il peut s’agir d’un motif de discrimination. Il faudrait se pencher sur les interventions réalisables.

Dans le domaine de l’évaluation des politiques, �la valeur ajoutée de la formation linguistique est inconnue.

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers24

Il y a un manque de connaissances sur les objectifs �de l’immigration.

Inférences épisodiques. Il faut investir pour organiser �des données qui seront utiles aux universitaires (recherche sociale, expérimentation). Il importe de mettre les universitaires dans le coup dès le début.

Le système de points ne convient pas pour répondre �à la demande sur le marché du travail. Comment pourrait-on réformer le système de points pour mieux tenir compte de la demande?

Les variables similaires doivent être comparées �entre elles. (Autrement dit, il faut comparer l’immigrant d’un pays donné qui détient des titres de compétences à un autre immigrant du même pays qui n’a pas de titres de compétences. Il ne s’agit pas ici de comparer les immigrants aux Canadiens d’origine.)

Thème de l’atelier Les nouvelles tendances du marché du travail et l’assurance-emploi 3

Au lieu d’être centrés sur la transformation de l’économie et de la société, les échanges ont porté sur l’évolution du marché du travail depuis la dernière réforme de l’assurance-emploi, en 1996. En général, des changements ont été observés aussi bien au niveau de la demande qu’au niveau de l’offre. Le déclin du secteur manufacturier, l’évolution des structures familiales et la diversité régionale figuraient parmi les changements les plus marquants qui ont été mentionnés.

Une bonne partie des discussions a porté sur le rôle des trois piliers de la sécurité du revenu, soit les régimes de retraite des employeurs du secteur privé, les régimes de retraite publics/RPC et l’épargne individuelle. Les participants ont indiqué qu’il fallait adopter des mesures d’intervention directe sur le marché du travail et éviter celles qui incitent les travailleurs (surtout ceux qui sont âgés) à quitter hâtivement le marché du travail. La question des mesures de suppléments de revenu n’a pas été approfondie.

1 Assurance‑emploi (AE)Qu’est‑ce que l’AE?a)

Les participants se sont demandé si l’AE constituait un programme d’assurance ou un programme de soutien au revenu, et comment ce concept était compris par RHDCC. D’autres questions portaient sur la façon dont les deux concepts cohabitent et sur les changements qui sont intervenus au cours des 15 dernières années.

L’AE est considérée comme un outil de transition vers un nouvel emploi, plutôt que comme une solution permanente. À partir de là, des questions ont été soulevées sur le lien à établir entre le versement régulier de prestations et le perfectionnement des compétences. Des échanges ont porté sur la nécessité d’une politique active qui cible les personnes, comme des mesures incitatives financières favorisant leur retour au travail. Les participants ont également fait valoir que les suppléments de revenu fonctionnent.

3 (Il est à noter que pour le thème de cet atelier, le titre de la séance consacrée aux exposés des universitaires est différent du titre du forum décideurs/universitaires correspondant. Le recours à différents titres témoigne de l’orientation très ciblée de ces deux documents, par opposition à un champ plus large des séances de discussion.)

D’autres questions ont émané des échanges

Quel est notre objectif en matière �d’immigration?

De combien d’immigrants avons-nous �besoin?

Comment les autres ministères �perçoivent-ils l’immigration?

Quels sont les effets de déplacement? �

Programme linguistique ou démarche �intégrée?

Avons-nous perdu l’idée des échelons de �carrière? Devons-nous changer d’employeur pour progresser?

Le système de points échoue-t-il? �

Qu’entendons-nous par faible rendement �de l’apprentissage?

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25Compte rendu des forums décideurs/universitaires

Étendue et caractère adéquat de l’AEb)

À la lumière de la structure évolutive de l’emploi, l’étendue doit être repensée. Elle est illustrée par le ratio prestataires-chômeurs (P-C) et ses fluctuations. Un autre aspect de l’étendue, le taux de remplacement, a également été abordé.

Le rôle actuel de l’AE est lié à la sécurité du revenu. Par conséquent, comment peut-on évaluer si l’AE atteint son objectif? D’autres questions et sujets importants ont été abordés, notamment :

Quelles sont les principales raisons pour lesquelles �certaines personnes n’ont pas droit aux prestations? Comment ces raisons sont-elles classées? Quelles sont les répercussions de la non-admissibilité?

Quelle est l’incidence financière du fait de bénéficier �de l’AE?

Ratio P-C et ratio P-C par habitant �

Importance d’examiner le cas des travailleurs �atypiques, des travailleurs à temps partiel (le ratio P-C est très faible)

Sortir des sentiers battusc)

Comme il y aura pénurie de main-d’œuvre dans les régions, il faut aborder les enjeux suivants :

Il doit y avoir un processus d’harmonisation. Est-ce �le rôle de l’AE de s’engager dans cette voie?

Comment le gouvernement peut-il apporter son �soutien au déménagement ou éponger une partie des coûts correspondants?

Rendre le travail payantd)

Quels seraient de bons incitatifs financiers au travail?

Mobilité et déplacemente)

Le rôle de la mobilité des travailleurs et de leur déplacement à long terme est un sujet d’étude qui a été soulevé. Un deuxième sujet concerne les effets de l’AE sur les emplois ultérieurs et les effets du chômage sur la mobilité.

2 Renouvellement du plan de recherche concernant l’AE

Il y a eu beaucoup d’intérêt et d’échanges, aussi bien de la part des universitaires que de celle des représentants de RHDCC, sur la nécessité de renouveler le plan de recherche concernant l’AE. Les participants ont reconnu que l’élaboration de la politique

gouvernementale en matière d’assurance-emploi exigerait la formation d’une table ronde distincte pour assurer un suivi.

Le rôle des projets pilotes en matière d’AEa)

Les participants ont abordé la question du rôle que jouent les projets pilotes en matière d’AE — par exemple, travailler tout en recevant des prestations, 14 meilleures semaines, semaines additionnelles de prestations, etc. — lancés dans le cadre de la stratégie de recherche de RHDCC. Bien que les projets pilotes aient un rôle défini à jouer et constituent une avenue possible lorsque la recherche fondée sur un modèle est insuffisante, certains sont préoccupés par le fait que ces projets puissent être menés simultanément au sein d’une même région de l’AE. Il est difficile d’évaluer adéquatement l’efficience d’un programme pilote donné lorsque plusieurs programmes sont menés de front.

Méthodes expérimentalesb)

Dans ce contexte, il a été proposé que le plan de recherche fasse appel à des méthodes expérimentales. L’intérêt éventuel que pourraient présenter d’autres projets sociaux pilotes a également fait l’objet de discussions sans qu’en soit tirée de conclusion nette. S’engager dans cette voie entraîne plus de coûts, mais génère plus d’information. La nécessité de mesures élargies en matière de sécurité du revenu a également été soulevée.

Stimulation des programmes de recherche c) universitaires

Les universitaires ont été clairs sur le rôle que doit jouer le gouvernement dans l’impulsion à donner à leurs programmes de recherche. Le ministère ne doit pas sous-estimer sa capacité d’influencer ce sur quoi les universitaires travailleront. L’accent devrait être mis davantage sur la formation d’équipes de recherche dans des domaines d’intérêt plutôt que sur des projets ponctuels. La possibilité de faire participer les universitaires au processus de rédaction des demandes de propositions a été soulevée afin de s’assurer que les questions soient posées comme il convient. Il s’agit là d’un moyen de veiller à ce que les besoins en matière de politiques soient remplis et bien compris, et qu’ils reflètent le point de vue des universitaires sur la nature de ces besoins.

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers26

3 Lacunes au chapitre des connaissances et de la recherche

Certaines lacunes ont été relevées au chapitre de la recherche et des connaissances. Les participants ont notamment soulevé les questions suivantes :

De quelles données a-t-on besoin? �

Des questions ont été soulevées quant à la �pertinence des données existantes. Il a été signalé que certaines bases de données tirées des dossiers administratifs présentent beaucoup d’intérêt, mais sont peu utilisées (peut-être parce qu’elles sont associées à des courbes d’apprentissage prononcées). Ces bases de données sont créées par Statistique Canada; leur construction et leur utilisation sont conformes aux normes de Statistique Canada. Les universitaires doivent se pencher sur les tendances et analyser les chiffres.

La répartition aléatoire est possible. À l’heure �actuelle, l’évaluation se fait à l’échelle provinciale dans un cadre de travail limité. Il doit y avoir un groupe témoin pour qu’on puisse recueillir les bonnes données.

D’autres questions ont émané des échanges

Comment la sécurité du revenu est-elle �structurée?

De quel genre de formation en cours �d’emploi a-t-on besoin?

Quelles sont les conditions/particularités �d’une bonne formation en cours d’emploi? Quel rôle de soutien jouent les employeurs? De quel genre de soutien s’agit-il? Quelle est l’incidence de ce soutien sur les emplo-yeurs eux-mêmes ou sur les employés?

Les compétences et la formation sont-elles �cloisonnées? Dans quelle mesure la forma-tion des travailleurs et la formation des chômeurs sont-elles traitées différemment? Les résultats sont-ils les mêmes ou sont-ils différents?

Le rôle de l’AE dans l’assurance sociale. �Qu’est-ce qu’un prestataire devrait recevoir? Devrait-il y avoir une forme d’assurance-salaire?

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27Conclusion

Même si l’atelier s’inscrivait dans le cadre de la deuxième série annuelle d’ateliers de recherche stratégique animés par le RCCMTC, l’ajout des forums décideurs/universitaires a été bien accueilli. Si certains participants ont exprimé une préférence pour des forums décideurs/universitaires mieux définis et mieux ciblés, les séances ont atteint l’objectif de RHDCC qui consiste à faciliter les liens entre décideurs et chercheurs, et à permettre des échanges sur un ensemble de sujets importants. Les participants ont également pu se pencher sur les nuances particulières qu’ils jugeaient pertinentes.

En réfléchissant aux moyens de progresser de façon plus générale, les universitaires ont clairement établi que le gouvernement a un rôle à jouer dans la conduite des programmes de recherche. Le ministère ne devrait pas sous-estimer sa capacité d’influencer ce sur quoi les universitaires travailleront. L’accent devrait être mis davantage sur la formation d’équipes de recherche dans des domaines d’intérêt plutôt que sur des projets ponctuels. La participation des universitaires dès le début du processus de recherche, c’est-à-dire

au moment où le ministère en est à rédiger les demandes de propositions, a été recommandée, ce qui permettrait de s’assurer que les questions soient posées comme il convient. Il s’agirait là d’un moyen de veiller à ce que les besoins en matière de politiques soient remplis et bien compris, et qu’ils reflètent le point de vue des universitaires sur la nature de ces besoins.

Enfin, la conjoncture économique actuelle a une incidence de taille sur les programmes de recherche à court et à moyen terme. Ainsi, la collaboration des intervenants est encore plus importante si l’on veut s’attaquer de front aux problèmes socioéconomiques du Canada.

Conclusion

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers28

Thème de l’atelier Éducation et formation

Comprendre les effets synergiques du rendement de l’éducation : le rôle des capacités cognitives Par W. Craig Riddell, Université de la Colombie‑Britannique

Cet exposé aborde le rôle joué par les capacités cognitives – à savoir la littératie, la numératie et les compétences en résolution de problèmes – comme déterminants de l’ampleur des effets synergiques du rendement de l’éducation. On entend par effets synergiques l’amélioration des gains liée à l’obtention d’un diplôme ou d’un grade, le nombre d’années d’études étant maintenu constant. On peut donc interpréter ces effets comme la valeur de l’achèvement d’un programme, soit la différence entre les gains des travailleurs ayant un diplôme ou un grade et ceux des décrocheurs comptant le même nombre d’années d’études. Bien que la présence et l’ampleur approximative des effets synergiques sur le marché du travail canadien soient désormais bien établies, on connaît mal les mécanismes qui donnent lieu à des effets synergiques. L’objectif principal de l’exposé consiste à déterminer dans quelle mesure les effets synergiques traduisent les capacités cognitives qui échappent généralement aux chercheurs, mais qui sont relevées par l’employé ou l’employeur. L’étude fait appel aux données de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA), une source de données inépuisable qui fournit non seulement des estimations des années d’études achevées et des niveaux de scolarité, mais aussi des estimations directes des capacités cognitives (compréhension de textes suivis, compréhension de textes schématiques, numératie et résolution de problèmes).

Quelle serait l’incidence d’une année d’études secondaires additionnelle sur le rendement scolaire à l’université? Constatations à la lumière d’un changement de mesure unique Par Harry Krashinsky, Université de Toronto

À partir d’un changement de mesure unique adopté dans la province la plus peuplée du Canada (l’Ontario), l’auteur présente les résultats directs de l’effet qu’a eu, sur les résultats des étudiants à l’université,

la réduction de la durée des études secondaires. En 1999, le gouvernement de l’Ontario a éliminé la cinquième année d’études secondaires et mis sur pied un nouveau programme de quatre ans. Ce changement a créé deux cohortes d’élèves qui ont obtenu leur diplôme d’études secondaires la même année et qui se sont inscrits à l’université avec pour bagage un nombre différent d’années d’études secondaires; aussi a-t-il été possible de cerner l’incidence d’une année additionnelle d’études secondaires sur le rendement scolaire à l’université. L’auteur applique plusieurs approches économétriques différentes à des données d’enquête originales et montre que les étudiants ayant fait une année d’études secondaires de moins ont un rendement nettement inférieur à celui de leurs homologues dans toutes les matières, même lorsqu’on tient compte de la différence d’âge entre les cohortes. Dans l’ensemble, pour chaque cours et selon les notes moyennes obtenues, le rendement des diplômés ayant fait quatre années d’études est de cinq à dix points de pourcentage – soit entre une demi-note et une note alpha – inférieur à celui des étudiants de premier cycle qui comptent une année d’études secondaires de plus.

Rester ou émigrer au Canada? Le lieu du premier emploi des titulaires d’un doctorat formés aux États‑Unis, de 1957 – 2005 Par Christopher Ferrall, Université Queen’s Natalia Mishagina, Université Queen’s

À la lumière d’une enquête réalisée auprès des nouveaux titulaires d’un doctorat aux États-Unis, nous étudions les déterminants du lieu de leur premier emploi. Nous examinons comment les antécédents des diplômés et les facteurs chronologiques touchant la mobilité internationale influencent le choix de s’établir au Canada ou aux États-Unis. Nous nous penchons aussi sur le choix des diplômés européens de rester en Amérique du Nord ou de rentrer en Europe. Nous constatons que, dans bien des cas, des facteurs macroéconomiques ont l’incidence prévue sur les choix, une fois neutralisée la tendance à rester sur place, laquelle dépend des variables des antécédents de la manière prévue.

Annexe A Résumés des exposés théoriques

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29Annexe A Résumés des exposés théoriques

La formation réalisée par les entreprises et les fluctuations sectorielles Par Vincenzo Caponi, Université Ryerson Cevat Burc Kayahan, Université Acadia Miana Plesca, Université de Guelph

Dans cet exposé, nous exploitons l’hétérogénéité sectorielle considérable des déterminants et du rendement de la formation réalisée par les entreprises, dans le but de comprendre comment la décision en matière de formation dépend du cycle économique. À partir des données de l’EMTE et de statistiques agrégées tirées de séries chronologiques, nous constatons que les entreprises forment davantage au moment d’une récession, lorsque le coût de renonciation de la formation est faible. Par ailleurs, nous concluons que les chocs idiosyncratiques auxquels se heurte un secteur comptent eux aussi, mais en sens inverse : sous réserve du cycle économique, un secteur qui va relativement bien donne plus de formation. Nous proposons d’élargir un modèle d’équilibre dynamique, caractérisé par une recherche orientée et des agents hétérogènes, en l’appliquant à plusieurs secteurs. Le modèle montre les voies par lesquelles se prennent les décisions en matière de formation, ainsi que l’incidence de la formation sur les secteurs et sur l’ensemble de l’économie en ce qui concerne les salaires et la productivité.

Thème de l’atelier Évolution de la population et sécurité du revenu

Les effets intertemporels et intersectoriels du vieillissement de la population : une évaluation d’un modèle d’équilibre général pour le Canada Par Nabil Annabi, Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) Maxime Fougère, Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) Simon Harvey, Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC)

L’objectif du présent exposé consiste à étudier les répercussions des changements démographiques futurs sur les divers secteurs et sur l’ensemble du marché du travail selon divers scénarios de productivité, en faisant appel à un modèle dynamique d’équilibre général à générations imbriquées. Le modèle est calé suivant une courbe de croissance équilibrée, compte

tenu des progrès technologiques qui augmentent la main-d’œuvre (neutralité au sens de Harrod). Le modèle prend également en compte l’hétérogénéité au niveau du ménage en recourant à 25 profils de gains associés à des professions données. Outre l’influence du ralentissement de l’expansion de la main-d’œuvre, le modèle saisit le déplacement de la composition sectorielle de la demande finale. Celle-ci s’explique par les préférences de consommation différentes des personnes âgées. Les résultats de la simulation donnent à penser que la croissance du PIB réel par habitant risque de baisser d’environ 1 % entre 2006 et 2050. Par ailleurs, la production de services comptera pour une plus grande part du PIB total, même si l’analyse fait ressortir des variations plus modestes de la quote-part de la production, par rapport aux dans les différents secteurs et les différentes professions variera en conséquence.

Les variations du revenu familial et l’inégalité du revenu chez les personnes âgées Par Tammy Schirle, Département d’économie, Université Wilfrid‑Laurier

La distribution des revenus des personnes âgées a beaucoup changé au Canada durant la dernière décennie, reflet de l’augmentation globale du revenu et de l’accroissement de l’inégalité des revenus. Dans la présente étude, nous décomposons la distribution des revenus des couples âgés pour déterminer dans quelle mesure l’évolution de la situation des femmes eu égard à l’activité et à la retraite a contribué à cette mutation de la distribution des revenus. Nous utilisons les données de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu de 1996 et 2005, ainsi que les méthodes de décomposition proposées par Firpo, Fortin et Lemieux (2007). Les résultats donnent à penser que l’accès des femmes au revenu de pension et la hausse de l’emploi chez les personnes âgées des deux sexes ont contribué sensiblement à l’augmentation de l’inégalité des revenus. Le niveau de scolarité des hommes et des femmes a également fait bondir le revenu dans la partie supérieure de la distribution, alors que l’accroissement de l’activité des femmes sur le marché du travail et de l’accès des femmes au revenu de retraite universel a fait grimper les revenus à l’extrémité inférieure de la distribution.

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers30

Le revenu familial a‑t‑il une incidence sur le bien‑être des enfants? Résultats de l’élargissement des prestations canadiennes pour enfants Par Kevin Milligan, Département d’économie, Université de la Colombie‑Britannique Mark Stabile, School of Public Policy and Governance, et Rotman School of Management, Université de Toronto

De nombreux ouvrages ont traité de l’incidence du revenu familial sur la santé et le développement des enfants. Un accroissement du revenu peut entre autres se traduire par une amélioration de la capacité de la famille à dépenser pour se nourrir, se loger, se vêtir et acheter des livres, entre autres dépenses contribuant au développement de l’enfant. En outre, de nombreux universitaires se sont penchés sur le lien existant entre le revenu et le bien-être psychologique de la famille. En réduisant le stress et les conflits, un revenu accru contribue à créer un environnement favorable au bon développement de l’enfant. Ici, nous nous penchons sur ces questions en prenant appui sur les changements observés dans les prestations pour enfants au Canada. Fait important, l’approche adoptée permet d’établir des inférences causales plus solides par rapport aux résultats des études antérieures, qui étaient surtout axées sur les liens de corrélation. Nous établissons d’abord que notre évaluation simulée des prestations pour enfants est prédictive des prestations déclarées. À partir des écarts observés entre les prestations pour enfants selon la province, la période et le type de famille, nous analysons les résultats suivants : résultats de tests, santé mentale, santé physique et mesures de la privation. D’après les conclusions, les programmes canadiens de prestations pour enfants auraient une incidence positive appréciable sur plusieurs mesures de la santé mentale et du bien-être de l’enfant et de sa mère, de même que sur un certain nombre de mesures de la santé physique de l’enfant. Nos résultats fournissent également un appui à l’hypothèse selon laquelle les transferts de revenu ont une incidence sur les mesures de bien-être émotionnel de la famille. Par contre, nous constatons une incidence directe moindre des prestations pour enfants sur les résultats des tests.

L’écart salarial entre les hommes et les femmes au Canada : une nouvelle perspective Par Michael Baker, Université de Toronto Marie Drolet, Statistique Canada

À partir de données sur les salaires plutôt que des données sur les gains utilisées par le passé, nous établissons une nouvelle série chronologique sur le taux de salaire des femmes et des hommes au Canada. Les salaires correspondent plus étroitement au prix de la main-d’œuvre, qui est au cœur de la plupart des théories concernant la discrimination sur le marché du travail et les politiques publiques correspondantes. Les estimations fondées sur les gains combinent les écarts entre les sexes sur le plan des salaires et sur celui des décisions concernant le nombre d’heures de travail. Nos résultats révèlent des écarts importants entre les séries fondées sur les salaires et sur les gains. Au premier chef, la série fondée sur les salaires fait ressortir que les femmes ont continué de réaliser des progrès au cours des quinze dernières années. Le ratio fondé sur les salaires se situe à 0,85 en 2006, contre 0,72 pour le ratio fondé sur les gains. Nous constatons également qu’à mesure que les écarts entre les sexes sur le plan des salaires se sont creusés, l’écart qui subsiste se trouve de plus en plus inexpliqué, au sens où on ne peut l’attribuer aux écarts entre les sexes relevant de caractéristiques prises en compte par le marché du travail.

Thème de l’atelier Immigration

Les langues de travail : l’incidence des enclaves linguistiques sur l’intégration économique des immigrants Par Monica Boyd, Université de Toronto

Cet exposé vise à montrer l’incidence des enclaves linguistiques sur l’intégration économique des immigrants au Canada. On entend par « enclave linguistique » un lieu de travail où l’on parle une ou plusieurs langues autres que l’anglais et le français. Nous produisons une classification des principaux types d’enclaves linguistiques en cinq catégories, fondée sur les réponses à deux questions du Recensement de la population du Canada de 2001 portant sur la langue utilisée le plus souvent au travail et la ou les langues utilisées régulièrement au travail. Notre analyse proposée du Recensement de la population du Canada de 2001 déposée dans les Centres de données de recherche,

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31Annexe A Résumés des exposés théoriques

répond aux quatre grandes questions suivantes : 1) Quelles sont les caractéristiques de diverses enclaves linguistiques liées au marché du travail? 2) Quels facteurs influencent la probabilité d’emploi dans les enclaves linguistiques? 3) Quelle incidence le fait de travailler dans une enclave linguistique a-t-il sur les gains (et le gradient du rendement des études et de l’expérience varie-t-il selon le type d’enclaves linguistiques)? 4) L’association bien connue entre la maîtrise de la langue du pays hôte et les gains est-elle due à une variable non mesurée jusqu’ici, par exemple le fait de travailler dans une enclave linguistique?

L’analyse présentée dans cet exposé aborde les deuxième et troisième questions, en mettant l’accent sur la population immigrante qui habite les grandes villes du Canada et dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais. À la lumière de recherches provisoires, les caractéristiques personnelles comme le niveau d’instruction, le fait d’être un immigrant récent et le sexe influencent l’emploi des immigrants dans les enclaves linguistiques. Comme on pouvait s’y attendre, les niveaux prévus de maîtrise de l’anglais ou du français sont en étroite corrélation avec les caractéristiques linguistiques du lieu de travail. De plus, des facteurs contextuels tels que le lieu de résidence et la taille relative du groupe de langue maternelle dans un lieu donné exercent une influence sur la propension à travailler dans différents types d’enclaves linguistiques. L’analyse provisoire confirme aussi que l’emploi dans une enclave linguistique détermine les gains hebdomadaires : lorsqu’on neutralise d’autres variables ayant une incidence sur les salaires, les immigrants employés dans un milieu de travail où l’on ne parle ni français ni anglais ont les gains les plus faibles de tous.

Les politiques publiques et le bien‑être économique des immigrants âgés Par Michael Baker, professeur et titulaire de la chaire RBC de la politique publique et économique, Département d’économie, Université de Toronto Dwayne Benjamin, professeur, Département d’économie, Rimini Centre for Economic Analysis, Université de Toronto Elliott Fan, Research School of Social Sciences, Australian National University

Dans le présent exposé, nous analysons les résultats économiques des immigrants âgés au Canada. Nous nous concentrons sur la mesure dans laquelle les immigrants âgés ont un faible revenu (ou sont « pauvres »)

et font donc appel au système canadien de transfert de revenus. L’étude est divise en trois parties. Premièrement, à partir d’une combinaison de données administratives et de données d’enquête, nous décrivons l’immigration au Canada depuis 1980 en fonction de l’âge, ainsi que l’évolution des mesures ciblant les immigrants âgés (soit la sélection au moment de l’immigration et l’admissibilité aux programmes de sécurité sociale fondés sur l’âge). Deuxièmement, à la lumière des résultats de l’EFC et de l’EDTR pour la période allant de 1986 à 2005, nous précisons l’évolution du niveau de vie des immigrants âgés du Canada, en insistant sur la fréquence du faible revenu dans ce groupe. Troisièmement, nous estimons dans quelle mesure les immigrants âgés dépendent de divers programmes de transfert de revenus, surtout la SV, le SRG et l’aide sociale. Tout au long de notre étude, nous analysons aussi les dimensions familiales des résultats obtenus par les immigrants âgés : nous distinguons les sources de revenu individuelles et familiales, tout en établissant les écarts entre les modes de vie (structure familiale) des immigrants âgés et les effets de ces écarts sur les mesures du bien-être.

Évaluer la source du faible rendement de l’expérience et des titres de compétences étrangers des immigrants du Canada Par Natalya Dygalo, Université de la Saskatchewan

Cet exposé cherche à contribuer à l’analyse des causes de la sous-évaluation apparente des titres de compétences étrangers sur le marché du travail canadien. À l’heure actuelle, on croit généralement que le problème est lié à la reconnaissance de ces titres de compétences. L’honorable Diane Finley, ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, l’a résumé ainsi : « Trop de nouveaux arrivants n’arrivent pas à décrocher un emploi dans leur domaine de formation. Il s’agit d’un terrible gaspillage, pour eux et pour le pays. » (L’honorable Diane Finley, ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, communiqué du 24 mai 2007). Une interprétation différente, qu’on entend tout aussi souvent, veut que les écarts témoignent de l’évaluation juste, faite sur le marché du travail, de la productivité relative des travailleurs selon qu’ils possèdent des titres de compétences canadiens ou étrangers. Les travaux de recherche existants dressent un bilan complet des salaires des travailleurs étrangers et de ceux nés au Canada, mais ils ne portent pas encore sur la productivité. Le présent projet constitue un premier pas en avant

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Ateliers du RCCMTC Résumé des ateliers32

en vue de combler cette lacune et fournira les premières données sur la productivité relative des travailleurs selon qu’ils ont acquis leur expérience et leurs titres de compétences au Canada ou à l’étranger; il compare aussi l’écart sur le plan de la productivité à celui sur le plan des salaires. La méthode proposée est utilisée fréquemment par les économistes pour mesurer les écarts de productivité entre groupes de travailleurs; nous l’utiliserons pour estimer les fonctions de production, les proportions de travailleurs ayant différents titres de compétences servant de variables explicatives à droite. La principale source de données est l’Enquête sur le milieu de travail et les employés (EMTE) de 1999 à 2005. L’exposé à l’atelier du RCCMTC de novembre 2008 portera sur les aspects suivants de ce projet de recherche : i) l’enjeu principal et son importance dans la documentation spécialisée; ii) la méthode proposée pour mesurer la productivité des travailleurs selon qu’ils ont acquis leur expérience et fait leurs études au Canada ou à l’étranger, et le modèle statistique; iii) les méthodes proposées pour venir à bout de certaines contraintes que pose l’ensemble de données de l’EMTE.

Évaluation des titres de compétences des immigrants : incidence de la reconnaissance professionnelle, de la race de l’immigrant et des préjugés de l’évaluateur Par Joerg Dietz, Université de Western Ontario Victoria Esses, Université de Western Ontario Chetan Joshi, Université de Western Ontario Caroline Bennett‑AbuAyyash, Université de Western Ontario

Notre recherche a pour but de comprendre les décisions en matière de dotation touchant les demandeurs d’emploi immigrants et qualifiés. Nous mettons l’accent sur les personnes qui décident, en fin de compte, si un immigrant est embauché, promu ou mis à pied. L’étude en cours évalue l’influence qu’exercent la reconnaissance des titres de compétences étrangers du demandeur d’emploi, sa race et les préjugés des décideurs. Nos analyses laissent entrevoir deux tendances. Du côté négatif, les immigrants noirs dont les titres n’étaient pas reconnus ont reçu les évaluations les plus négatives, soit plus négatives que celles des immigrants blancs ayant les mêmes compétences mais dont les titres de compétences n’étaient pas reconnus et que les Canadiens noirs ayant les mêmes compétences. Du côté positif, lorsque les titres de compétences des immigrants avaient été reconnus

comme équivalents aux titres canadiens, les demandeurs d’emploi immigrants ont reçu une évaluation aussi favorable que les demandeurs canadiens.

Thème de l’atelier L’assurance-emploi et la sécurité du revenu – Rentabiliser le travail

Les incitatifs financiers temporaires ont‑ils une incidence durable sur le comportement au travail? Réévaluation des résultats du Projet d’autosuffisance Par Chris Riddell, Université Queen’s W. Craig Riddell, Université de la Colombie‑Britannique

On reproche souvent aux programmes d’aide sociale de ne pas encourager les bénéficiaires à chercher un emploi. Conformément à bon nombre de programmes d’aide au revenu, les personnes qui entrent sur le marché du travail doivent renoncer à leurs prestations à hauteur de la rémunération de leur travail, ce qui correspond à un taux d’imposition de 100 % de cette dernière. Plusieurs réformes ont été proposées pour régler ce problème. Un exemple intéressant : un supplément de revenu temporaire pour les bénéficiaires de l’aide sociale qui entrent sur le marché du travail. En encourageant les bénéficiaires à travailler, on eur donne l’occasion d’acquérir de l’expérience et d’accroître leurs compétences, d’où une augmentation de leurs gains. Par conséquent, un incitatif financier temporaire peut avoir une incidence durable sur le versement de l’aide au revenu et la participation à la population active.

Le Projet d’autosuffisance (PAS), réalisé en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick pendant les années 1990, était un projet pilote d’affectations aléatoires conçu pour tester rigoureusement les suppléments de revenu temporaires. Un de ses principaux objectifs était de déterminer si un incitatif financier temporaire pouvait avoir une incidence durable sur le versement de l’aide sociale et l’activité professionnelle. À première vue, les conclusions du PAS ne confirment pas cette opinion. Bien qu’un écart considérable ait été observé entre le groupe étudié et le groupe témoin pour ce qui concerne l’aide reçue et l’emploi pendant la plus grande partie de la période expérimentale, l’offre d’un supplément de revenu semble n’avoir eu aucun effet durable sur les taux d’emploi et d’aide au revenu. Ce projet réévalue les conclusions

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expérimentales du PAS. Nous maintenons qu’une telle réévaluation s’impose du fait que l’expérience a été entachée de biais vraisemblablement importants, attribuables aux modifications substantielles apportées par le gouvernement de la Colombie-Britannique à son programme d’aide au revenu au milieu des années 1990. Ces modifications ont fortement encouragé les bénéficiaires « employables » de l’aide sociale à renoncer à l’aide au revenu afin de se joindre à la population active. Étant donné que ces changements sont survenus à mi-chemin de la réalisation du projet pilote, ils ont eu un effet différentiel sur le groupe étudié et le groupe témoin. Par conséquent, les estimations expérimentales du PAS risquent d’être indûment pessimistes quant aux conséquences à long terme des incitatifs financiers temporaires.

Rentabiliser le travail Par Guy Lacroix, Université Laval

Dans son budget de 2001 – 2002, le gouvernement du Québec a annoncé une vaste initiative stratégique de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Dans le cadre de cette initiative, le programme Action Emploi (AE) visait à rentabiliser le travail pour les bénéficiaires à long terme de l’aide sociale. L’AE s’inspirait directement du PAS. Comme celui-ci, l’AE proposait une généreuse subvention salariale aux bénéficiaires qui renonçaient à l’aide sociale dans les douze mois pour occuper un emploi à temps plein. Comme dans le cadre du PAS, les bénéficiaires avaient droit à des prestations pendant trois ans. Contrairement au PAS, l’AE visait non seulement les chefs de famille monoparentale, mais la totalité des bénéficiaires.

En 2001, le gouvernement a mis le programme AE en œuvre, sur une base expérimentale, pour une période d’un an. Sur la foi de données empiriques limitées, il a annoncé, dans son budget de mars 2008, que le programme serait adopté de façon permanente dès mai 2008.

Les caractéristiques originales de l’AE (accès universel, ampleur du programme, incitatifs financiers généreux, etc.) nous donnent une occasion unique de préciser l’incidence d’un programme semblable au PAS sur la réaction de groupes hétérogènes de bénéficiaires à long terme de l’aide sociale dans un contexte « réel ». Le présent exposé a justement pour objet d’évaluer l’incidence d’un important programme de subvention salariale dans le contexte canadien sur le cycle de sortie et de rentrée de l’aide sociale d’un groupe de personnes particulièrement défavorisées.