arts premiers d’afrique noiregénie protecteur et garant de prospérité villageoise ou domestique...

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Centre Hospitalier Universitaire de Liège Domaine Universitaire du Sart Tilman B 35 - 4000 Liège Arts premiers d’Afrique noire EXPOSITION Visages d’Afrique Arts premiers d’Afrique noire EXPOSITION Visages d’Afrique catalogue 5 > 29 mai 2009 du mardi au samedi 13h > 19h (entrée libre)

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Page 1: Arts premiers d’Afrique noireGénie protecteur et garant de prospérité villageoise ou domestique (To Legba), habi-tuellement en argile ou terre crue, ithyphallique grâce à l’ajout

Centre Hospitalier Universitaire de Liège

Domaine Universitaire du Sart Tilman B 35 - 4000 Liège

Arts premiers d’Afrique noire

E X P O S I T I O N

Visages d’Afrique

Arts premiers d’Afrique noire

E X P O S I T I O N

Visages d’Afriquecata

logue

5 > 29 mai 2009du mardi au samedi 13h > 19h (entrée libre)

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P R É F A C E

Cartographie page 2

Afrique Occidentale Atlantique page 4

Afrique Occidentale Intérieure page 8

Nigeria et Cameroun page 11

Gabon et Congo page 17

Afrique Orientale page 29

Afrique (objets d’origine inconnue) page 30

S O M M A I R E

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Le Pr. Michel HERMANS nous fait le plaisir et l’honneur d’exposer en nos murs une

sélection de pièces exemplaires de la collection ethnographique qu’il a rassemblée au

fil des ans.

Né au Congo belge, où son père travaillait dans l’Administration Territoriale, il a eu l’oppor-

tunité de faire par la suite des voyages fréquents en Afrique sub-saharienne à titre privé,

caritatif ou professionnel. C’est par le biais notamment de participation à des projets éco-

environnementaux de sauvegarde des forêts tropicales qu’il a directement rencontré des

populations locales au mode de vie ancré dans la tradition et a pu ainsi dans un second

temps approcher leur culture matérielle, dont celle des arts plastiques.

La collection a ainsi débuté par une accumulation non planifiée et progressive d’objets

figuratifs des Arts premiers d’Afrique noire, initialement collectés comme témoignages de

populations locales, de souvenirs de voyage glanés sur les marchés artisanaux locaux et

s’est ensuite développée par échanges, dons et contre-dons et par la fréquentation assidue

de brocantes et marchés divers en Belgique.

La collection s’est développée autour de la représentativité de la culture matérielle figura-

tive d’un grand nombre d’ethnies, au gré des trouvailles du collectionneur. Ce rassemble-

ment d’objets figuratifs permet ainsi d’illustrer de manière détaillée les principales régions

d’origine des arts plastiques d’Afrique.

Au cours de son séjour à l’Université d’Oxford pour y préparer sa thèse de médecine, il a

fréquenté avec assiduité le musée Pitt Rivers et ses réserves qui abritent la vaste collec-

tion ethnographique de l’Université. Ce musée était proche de Green College dont il était

Visiting Fellow. Ce collège comptait par ailleurs de nombreux étudiants et doctorants en

Anthropologie et Sciences Sociales, ce qui lui fut très utile pour approfondir ce domaine.

Le Pr. Michel HERMANS est actuellement Chef de clinique au sein du Service d’Endocri-

nologie et Nutrition des Cliniques universitaires Saint-Luc, situées sur le campus bruxel-

lois de l’Université catholique de Louvain. C’est son amitié avec le Pr. A. BECKERS, Chef

du Service d’Endocrinologie au CHU de Liège, qui nous permet aujourd’hui d’accueillir

ces chefs-d’œuvre anonymes des Arts premiers d’Afrique.

Pr. Albert Beckers Chef du Service d’Endocrinologie au CHU de Liège et Commissaire de l’exposition

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C A R T O G R A P H I E

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Afrique Occidentale Intérieure 14 à 22

Afrique Occidentale Atlantique1 à 13

Nigeria et Cameroun 23 à 45

Gabon et Congo 46 à 89

Afrique Orientale 90 et 91

Afrique (objets d’origine inconnue) 92 à 96

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Cette statue masculine soutenant son menton avec ses mains est appelée D’mba, du même nom qu’une mascarade féminine. Ces statues, des deux sexes, personnalisent l’idéal d’insertion et d’achèvement social de la femme dans la communauté Baga. Elles étaient conservées dans un sanctuaire séparé dans les villages, accessible aux initiés aînés de la confrérie Simo. La tête de cette statue rappelle celles représentées sur les grands masques d’épaule Nimba. La culture traditionnelle Baga côtière a succombé à la conversion massive voire au jihad islamiste des années 1954-57, période au terme de laquelle les objets et pratiques animistes ont été systématiquement éliminés.

Les lourds masques d’initiation masculine Bidjogo, destinés à être portés par la classe d’âge des Cabaro, non-initiés considérés comme des hommes non encore adultes, représentent fréquemment des bovidés (bœuf sauvage, métaphore de l’individu non encore socialisé, ou domestiqué). Ils sont souvent munis de vraies cornes provenant de ces derniers, symboles de richesse dans l’archipel des Bissagos.

Les sculptures ethniques Bassa sont peu fréquentes par rapport aux masques. Le vi-sage blanchi de ce buste rappelle certaines caractéristiques des masques faciaux de l’ethnie ou de leurs voisins Dan, en particulier la coiffure en tresses parallèles et les deux plans obliques de la face.

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Afrique Occidentale Atlantique

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Masque d’initiation en bois et en métal, de type mâle (Landa), faisant partie d’une paire avec pendant femelle (Nyangbai), de taille plus réduite. Le front bombé ou en surplomb est typique de la sculpture sur bois des Toma, ethnie forestière qui appartient également à l’aire géographique d’extension de la confrérie initiatique Poro.

La grande statuaire Toma est exceptionnelle. La tête à visage aplati avec front en sur-plomb se retrouve classiquement dans les masques et la petite statuaire des Toma. La fonction et la symbolique de cette impressionnante effigie chargée de patine croûteuse sacrificielle restent énigmatiques, d’autant plus que la documentation ethnographique concernant ces ethnies forestières est limitée.

Contrairement aux masques-cloche Sowei plus connus de la société initiatique fémi-nine Sande de l’ethnie Mende à l’est de la Sierra-Leone, ces masques (Gbetu) des Gola, peuple adjacent de l’Ouest du Liberia comportent au sommet de la cloche en bois une tête au bout d’un cylindre cervical annelé. Ces masques, beaucoup moins communs, étaient destinés à être portés par des hommes dans différents contextes, dont certains liés à la société initiatique masculine du Poro.

Masque composé de trois bustes féminins accolés à l’iconologie évocatrice des masques Sowei, utilisés dans les mascarades de la société initiatique féminine Sande des Mende.

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Génie protecteur et garant de prospérité villageoise ou domestique (To Legba), habi-tuellement en argile ou terre crue, ithyphallique grâce à l’ajout d’un phallus de bois (manquant sur cette effigie fragmentaire). Ces représentations non transportables sont abritées dans un petit sanctuaire servant également de lieu d’offrandes. Ces effigies sont encore fréquentes à l’entrée des villages ou des enceintes de concessions privées dans le Togo et le Bénin méridionaux.

La représentation sculptée de jumeaux, dans le cadre du culte individuel et collectif honorant à la fois la fertilité et les défunts, est répandue au sein de nombreuses eth-nies méridionales du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigeria. En cas de décès en bas âge d’un ou de deux jumeaux, ces petites sculptures sont commandées pour servir ensuite de substitut et de réceptacle séculaire aux esprits défunts, au statut particulier, puisque trop jeunes pour rejoindre les ancêtres du groupe communautaire. Le style de ce couple est apparenté aux statues produites par l’ethnie Konkombe (Kpamkpam).

Statue en bois (Bocio) à l’ombilic proéminent, lourdement surchargée de diverses pièces accumulées. Ces effigies du culte Vodun sont destinées à protéger les adeptes de différents maléfices et de forces surnaturelles.

Paire de bâtons ou de sceptres anthropomorphes de style Dan ou Gere, à usage non déterminé.

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Masque facial polychrome Tee Gla à cornes et aux paupières globuleuses, soit de type griot soit de type guerrier, dont une des fonctions serait de participer au contrôle et au maintien de l’ordre social.

Tête anthropomorphe destinée à la protection domestique, à l’oracle et à la magie. Appelée Gle, elle est composée de terre crue prélevée d’une termitière, mêlée avec du sang et amalgamée à d’autres substances magiques. Ces représentations séjournaient dans un sanctuaire villageois miniature. Lors des séances oraculaires, la figurine était placée sur la tête ou le ventre des adeptes jusqu’à induction de transe. La fabrication de ces figures et le culte magico-religieux du même nom, considérés comme sources de trouble social, furent bannis par les autorités coloniales françaises.

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Figure masculine barbue, à l’allure à la fois monumentale, grave et hiératique, dont le visage est traité de manière relativement naturaliste.

Siège de prêtre (Hogon), comportant deux plateaux circulaires aux bords sculptés, reliés par un pilier central autour duquel sont représentés trois couples d’ancêtres primor-diaux (Nommo) des Dogon.

Masque aux caractéristiques humaines et animales, de la société initiatique du N’tomo (ou N’domo) concernant la classe d’âge des enfants incirconcis de 6 à 13 ans, première des six classes initiatiques Bambara. Le nombre de cornes identifie le sexe du masque et le degré de connaissance qu’il représente (trois ou six: masculin; quatre ou huit: féminin). La discrétion sculpturale de la bouche fait référence à un des enseignements de cette société, prônant les vertus du silence et de la parole contrôlée. Les représenta-tions publiques du N’tomo ont lieu en saison sèche, lors du battage de la récolte de mil. Le N’tomo précède l’initiation du Korè, dont le but est de construire ensuite l’identité masculine des initiés.

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Cimier de danse de la confrérie initiatique agricole masculine de la cinquième classe d’âge ou Dyo appelée Chi Wara (ou Tyi Wara) comportant une calotte en vannerie surmontée d’un oryctérope, insectivore endémique africain fouisseur (associé au la-bourage et aux racines), qui sert de caryatide à un pangolin et à une antilope-cheval (Hippotragus equinus), génie des cultivateurs (associée au soleil nourricier et dont les cornes érigées symbolisent la croissance végétale).

Masque cérémoniel allongé anthropo-zoomorphe. Ces masques sont fréquemment re-couverts de lamelles de métal (cuivre ou fer blanc) et sont réminiscents des masques du grade sociétal N’tomo des Bambara.

Cette tête-piquet (Yuo) représente une figure d’autel ou d’offrande (Bateba) destinée à honorer un génie particulier (Thil) dont l’implication dans une problématique indivi-duelle spécifique a été préalablement identifiée par l’intermédiaire d’un devin.

Figure magique nommée Kafigueledyioo (Kafigeledjo), représentant le génie redoutable du même nom, utilisée notamment dans des rituels de divination ou d’envoûtement, sous la forme d’un personnage cagoulé à bras articulés, recouvert de toile et de patine sacrificielle. Les bras mobiles étaient pointés en direction des personnes à envoûter ou qui faisaient l’objet de représailles.

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Le masque-cloche amovible à double tête animale (aux éléments chimériques em-pruntés à plusieurs espèces d’animaux) de cette statuette masquée s’apparente aux masques qui évoluent en marge des rituels de la confrérie initiatique de contrôle so-cial et spirituel Poro. A noter l’absence de cupule porte-charme qui distinguerait ces masques de ceux de la société Korobla qui n’appartient pas au Poro.

Figurine liée aux pratiques rituelles de la confrérie initiatique du Poro, avec masque-cloche zoomorphe chimérique amovible et bras mobiles, et munie d’un carquois.

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Masque polychrome Eleti de la confrérie Egungun, représentant un homme barbu et scarifié muni d’oreilles surdimensionnées de lièvre, entre lesquelles se tient un qua-drupède carnivore, et d’un tambour polytonal d’aisselle (Gangan) à tension variable (en forme de sablier). Le style de la pièce suggère celui d’un sculpteur yoruba célèbre nommé Adugbologe, actif à Abeokuta (Nigeria).

La représentation sculptée de jumeaux est répandue au sein de nombreuses ethnies méridionales du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigeria. Le culte des jumeaux, et de leur divinité Ibeji, est particulièrement marqué chez les Yoruba, population qui présente des taux record de gémellité. En cas de décès d’un ou de deux jumeaux, ces petites sculptures sont commandées pour servir ensuite de substitut et de réceptacle séculaire aux esprits défunts. Certaines de ces statuettes sont parfois portées constamment dans les replis du pagne. Importantes pour le travail du deuil, elles font l’objet par la suite de soins attentionnés de la part de la mère du ou des défunt(s), d’où l’usure et la patine caractéristiques de certaines représentations, et continuent de participer à certains événements marquants de la vie familiale. Le style des statuettes, notamment la coiffure et les scarifications, permettent souvent d’identifier les ateliers régionaux de sculpture.

Sculpture féminine Afo, aux nombreuses scarifications faciales et corporelles linéaires, apparentées à celles des masques royaux des Igala voisins, et parée de bijoux. Plus connus sont les groupes sculptés représentant une mère assise portant son enfant.

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Masque-cloche avec scarifications faciales typiques des Tiv en "moustaches de chat". Les scarifications faciales et corporelles chez les Tiv permettaient non seulement une identification immédiate et aisée de l’appartenance ethnique, mais marquaient égale-ment les différentes classes d’âge à partir de la puberté. Le contexte d’utilisation de ces masques reste à ce jour peu ou pas documenté.

Figure (Eshe) hiératique et monumentale d’ancêtre ou d’esprit forestier ou aquatique, en bois tendre blanchi au kaolin, destinée à un sanctuaire, éventuellement portée en procession ou au combat. Le personnage est coiffé d’un chapeau de style européen et porte un flacon ou une gourde remplie de substance magique apotropaïque, un lourd collier d’épaules ainsi que des épais bracelets et chevillières d’ivoire.

Masque Urhobo, ethnie du Nord-Ouest du delta du fleuve Niger, représentant un visage aux scarifications linéaires verticales typiques de la production de cette population. L’utilisation de ce type de masque était liée aux rituels honorant les esprits des eaux et de la terre.

Masque-heaume polychrome nommé Ogbodo Enyi représentant un esprit-éléphant. Tandis que l’avant du masque représente une interprétation assez libre d’une tête d’éléphant sculptée de manière cubiste, l’arrière montre une figuration de tête humaine (Ntekpe) scarifiée travaillée de manière beaucoup plus réaliste, représentant peut-être un enfant de l’esprit ou un portrait de notable. Ces masques portés par quatre classes d’âge masculines dansent durant la saison sèche. La présence d’une représentation humaine à la partie arrière est considérée par certains auteurs comme identifiant ce masque à une classe d’âge plus avancée.

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Les marionnettes Ibibio et Ogoni du Nigeria étaient les plus célèbres d’Afrique noire. Leur origine mythologique serait le pays des morts ou des femmes-magiciennes. Lorsqu’elles montaient sur scène, le contact avec un coq noir activait leurs mouvements et paroles. Comme dans beaucoup de théâtres de marionnettes, le répertoire comportait une forte composante de satyre et de critique sociale, exprimées par le montreur qui déguisait sa voix à l’aide d’un mirliton en roseau, plus fa-cilement tolérées dans ce contexte à l’apparence inoffensive du théâtre populaire. Cette marion-nette, nue et à la carnation claire, assise sur un siège, et munie d’une mâchoire inférieure mobile et d’un couvre-chef anciennement orné de plumes, présente une tête coupée dans une main et un couteau dans l’autre. Elles étaient mises en scène sur un castelet monté lors des représentations théâtrales nocturnes précédées d’un sacrifice animal (anciennement humain) organisées par la confrérie de spectacle de marionnettes des hommes adultes appelée Aminikpo.

Masque d’allure naturaliste à patine croûteuse, aux lèvres bien dessinées et muni d’une mâchoire inférieure mobile. La bouche de certains de ces masques laisse entrevoir des dents en forme de barreaux. Ces masques articulés font écho aux marionnettes à mâ-choire mobile de ces mêmes ethnies.

Masque-cloche monumental à coiffe tripartite en crêtes, blanchi au kaolin, avec di-verses scarifications. La bouche entrouverte laisse voir des dents disposées en éven-tail. Il pourrait incarner soit la reine des femmes (Eze mwanyi), soit l’enfant de beauté (Nwamma, Nwanyi ogada), personnifications apparaissant au cours de la mascarade Okpegerede du Nord-Ouest de la région Ibo.

Cette figure blanchie au kaolin est une représentation idéale féminine destinée à l’ex-position publique, à titre emblématique et de prestige. Nommées Ugonachomma, elles sont sculptées avec un grand souci du détail, notamment au niveau des scarifications. Les canons esthétiques Ibo se retrouvent ici, notamment dans l’élongation du cou, la coiffure complexe, les anneaux de cheville et les objets de prestige tenus en main, tel le miroir rectangulaire de cette statue.

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Masque blanchi au kaolin, de facture très soignée, à la coiffure complexe avec scarifi-cations apparentes, attribuable en première hypothèse à une population Ibo.

Cet impressionnant masque conique (Ekpe-Ojukwu) est originaire de la partie septen-trionale de la région Centre-Nord de l’aire culturelle Ibo. Il avait notamment pour rôle de servir de licteur chargé du contrôle de la foule (au besoin par le fouet…) lors de la sortie en mascarade du masque géant à étages Ekwe, un des plus grands masques d’Afrique noire, qui se produit durant la saison sèche ou lors de funérailles de notables. Les stries parallèles font écho aux stries retrouvées sur les masques des ethnies Igala.

Les Ikenga sont des objets rituels, servant d’autel personnel, associés au culte mas-culin de la main droite, symbole de l’esprit d’entreprise. Comme métaphore de la force masculine et de la capacité individuelle à acquérir de la richesse et à s’élever dans l’échelle sociale, ces objets de culte personnels comportent habituellement une paire de cornes de bélier et un corps (figuratif ou non) portant différents attributs. Dans le cas de cet ikenga cubiste fortement géométrique, on notera la présence d’une pipe en bouche. Ces autels sont normalement détruits au décès de leur propriétaire.

Poupée de forme phallique des Ibo, du style Centre-Nord. A noter les nombreuses scari-fications faciales et corporelles, ainsi que les visages abstraits construits à partir des coques et chignons de la coiffure complexe.

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Sommet de coiffure (Aturu’) en bois avec membres pliés articulés et recouvert de peau de mammifère, surmontant originellement une coiffe en vannerie, utilisé par la société initiatique Nchibé, aux fonctions multiples (militaire, régulation sociale, judiciaire, etc). Dans la région de la Cross River, il existe une tradition unique de coiffes de danse sur-montées à l’origine de crânes humains surmodelés (défunt ou tête-trophée) recouverts de peau d’antilope naine, qui s’est étendue par la suite à des têtes sculptées en bois (ou des personnages comme dans ce haut de coiffe), recouvertes de peau d’antilope et de cheveux humains, à l’effet souvent terrifiant en dépit (ou à cause) du style relativement naturaliste de ces créations uniques d’Afrique.

Marionnette / marotte féminine en bois peint, habillée avec des lambeaux de tissus et une toile synthétique récupérée à partir d’un parapluie. Le style de la coiffure évoque celle des femmes Anang de la région de Calabar au Nigeria.

Ces trois masques zoomorphes polychromes Mumuye figurent, de manière progressi-vement accentuée, un bovidé (buffle) aux orbites circulaires et à crête. Des masques-heaumes sont utilisés au cours de réjouissances liées ou non au calendrier agricole, et au cours des stades supérieurs de l’initiation des hommes au sein de l’association Vabong des Maîtres du Feu, rattachée à la saison sèche. Il existe également chez les Mumuye, une association Vadosong des Maîtres de la Pluie, rattachée aux rituels de la saison humide.

Ces trois masques zoomorphes polychromes Mumuye figurent, de manière progressi-vement accentuée, un bovidé (buffle) aux orbites circulaires et à crête. Des masques-heaumes sont utilisés au cours de réjouissances liées ou non au calendrier agricole, et au cours des stades supérieurs de l’initiation des hommes au sein de l’association Vabong des Maîtres du Feu, rattachée à la saison sèche. Il existe également chez les Mumuye, une association Vadosong des Maîtres de la Pluie, rattachée aux rituels de la saison humide.

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Ces trois masques zoomorphes polychromes Mumuye figurent, de manière progressi-vement accentuée, un bovidé (buffle) aux orbites circulaires et à crête. Des masques-heaumes sont utilisés au cours de réjouissances liées ou non au calendrier agricole, et au cours des stades supérieurs de l’initiation des hommes au sein de l’association Vabong des Maîtres du Feu, rattachée à la saison sèche. Il existe également chez les Mumuye, une association Vadosong des Maîtres de la Pluie, rattachée aux rituels de la saison humide.

Masque-casque Kom porté par des membres princiers de l’entourage royal ou par des dignitaires de la cour comportant un visage en bois à patine brillante finement ouvragé, coiffé d’un bonnet de parade composé de deux gerbes de petits cylindres verticaux.

Statue massive et fortement anguleuse, féminine ou androgyne, aux yeux protubérants en surplomb. Le style évoque à la fois la production des Mambila, des Mfunte ou encore des Kaka-Yamba.

Ce masque de lignage (style Babanki) de confrérie masculine représente de manière semi-réaliste un éléphant.

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Ce type de masque allongé enduit de kaolin était utilisé dans différents contextes de régulation de la vie villageoise (judiciaire, répression de la sorcellerie), notamment lors de rituels de la société secrète Ngil (ou Ngii), institution présente autrefois dans les ethnies Fang du nord du Gabon, bannie ultérieurement par les autorités coloniales.

Masque à quatre faces Ngongtang (litt. visage de la jeune fille blanche) représentant vraisemblablement un esprit féminin du monde de l’au-delà.

Masque blanc d’allure grotesque avec le nez proéminent et les arcades sourcilières en visière avec un trait noir sous le nez qui évoque une moustache. Ce masque peu fréquent, appelé Bikeghe ou Bikereu (ou Ekekek dans la région de Lambarene) repré-senterait soit une combinaison d’attributs anthropo- et zoomorphiques, soit encore un Européen. Il pourrait représenter un avatar des masques Ngil ayant perdu ultérieure-ment son caractère répressif.

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Harpe anthropomorphe utilisée dans le rituel du Bwiti, culte syncrétique en liaison avec les an-cêtres délaissés après l’évangélisation de l’époque coloniale. Les harpes Ngombe sont utilisées au cours de l’initiation au Bwiti, qui comporte notamment la consommation rituelle d’ibogaïne, substance hallucinogène extraite de l’Iboga. Le visage surplombant la harpe, de facture réaliste, fait écho à un visage hautement abstrait, dont les yeux et la bouche, décentrée, correspondent aux trois orifices ou ouïes de la table d’harmonie. Le visage cubiste est lui-même délimité par la membrane peinte de la caisse de résonance de la harpe, tendue sur le tronc du personnage sculpté. Ces harpes gabonaises munies de huit cordes (quatre mâles et quatre femelles), à accord hexatonique de deux triades superposées, sont toujours jouées par des hommes. Elles se distinguent des harpes pentatoniques communément rencontrées en Afrique sub-saharienne.

Petit "masque blanc de l’Ogoue" (Okuyi ou Mukuyi). Ces masques représentent un vi-sage généralement féminin, délicatement idéalisé, avec face blanchie au kaolin, coiffe en coques, scarifications losangées typiques, bouche et paupières closes, le tout em-preint d’une sérénité inexpressive. Des versions plus grandes de ces masques repré-sentant des esprits ancestraux sont portées par des danseurs masculins équipés de hautes échasses au cours de mascarades de réjouissance comportant des mouvements de danse acrobatiques, à l’opposé direct de la sérénité du masque.

Masque d’ethnie non déterminée, à l’évidence apparenté aux masques blancs des Fang.

Soufflet de forge, objet à double fonction symbolique masculine-féminine, dont les tuyères sont prolongées d’une tête féminine dans le style des masques blancs Eshira-Punu-Lumbo du Gabon méridional et du Congo-Brazzaville.

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Esprit des morts et gardien (Ngulu) d’un panier-reliquaire en vannerie ou en écorce destiné à abriter des reliques, notamment des morceaux de calottes crâniennes, d’an-cêtres villageois fondateurs. Ces paniers munis de leur gardien étaient rangés sur des étagères de sanctuaires dédiés. La sculpture est constituée d’une âme aplatie en bois recouverte de plaques de métal repoussé fixées par des clous métalliques. L’image bi-dimensionnelle représente le visage et le buste du fétiche responsable de la protection rapprochée du contenu du panier, ce dernier évoquant le reste du corps. La sculpture, considérée par certains comme représentant un ancêtre fondateur clanique, est de style Kota classique (Obamba et Mindumu) du Sud-Est du Gabon.

Personnage-reliquaire masculin représentant un ancêtre, avec cavité dorsale creusée (fermée par une porte sécurisée par des fibres végétales ou de la résine), destinée à servir de réceptacle aux ossements-reliques d’ancêtres vénérés du clan. Le style Ambete caractéristique est géométrique, angulaire, avec des contrastes de couleurs marqués (blanc, noir, ocre) et un front en surplomb d’yeux en amandes et d’une petite bouche avec dents apparentes. Ces reliquaires partagent certaines caractéristiques stylistiques avec les productions des Fang et des Mahongwe.

Masque avec attributs animaliers (cornes circulaires) utilisé lors des rituels du Beete. Ces masques dont l’usage était de lutter contre la sorcellerie représentent un esprit protecteur de forêt (Eluk) ou un "enfant de Beete" et n’étaient pas destinés à être por-tés. Les masques Kwele ont souvent un visage concave blanchi au kaolin en forme de coeur délimité par les arcades sourcilières. La couleur blanche dans ce cas ne serait pas associée au deuil, mais bien à la lutte de la lumière contre la sorcellerie et les envoûtements.

Ce masque anthropo-zoomorphe bichrome, au visage et aux bords blanchis au kaolin, présente une face caractéristique du style Kwele en forme de coeur formé par les ar-cades sourcilières.

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Les sculpteurs Kwele ont une maîtrise assumée des contrastes chromiques, la péri-phérie noircie au feu accentuant le contraste lumineux de la partie centrale du visage blanchie au kaolin, concave, en cœur et à la bouche minuscule. Un bord blanc entourant la partie extérieure de ce masque aux deux appendices triangulaires rééquilibre et li-mite la composition formelle de ce chef-d’oeuvre d’harmonie esthétique. La symbolique et l’usage de ces masques blancs anthropo-zoomorphes ont été diversement interpré-tés. Celui-ci pourrait représenter une hirondelle.

Masque de facture naturaliste, enduit de kaolin, avec yeux en verrerie et dents ap-parentes. De tels masques étaient l’apanage des devins Nganga Diphomba au cours des pratiques divinatoires (entre autres anti-sorcellerie). La couleur blanche du visage pourrait également symboliser l’esprit d’un défunt.

Masque blanc anthropo-zoomorphe de style apparenté aux masques Kwele, d’ethnie et d’usage indéterminés.

Statue décorative de tombe, commémoration de défunt illustre ou d’un membre de son entourage, destinée à être placée de manière visible dans une chapelle funéraire. Ces statues réalisées par des artisans professionnels, dans des essences de bois tendre, résistent mal au climat tropical humide et aux xylophages.

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Les masques Boa sont typiquement bichromes et quelques exemplaires seulement sont connus. Ce masque, attribué par E. von Sydow à un groupe ethnique Boa du Nord à la production artistique encore moins documentée. Un exemplaire similaire est conservé au Musée Royal de l’Afrique Centrale. L’usage des masques Boa, mal connu, a été attribué par certains à des sociétés initiatiques de guerriers.

Figure en bois Ngia utilisée dans le culte du Mani-Yanda, un véhicule de dissémination des connaissances magiques dans la région des fleuves Oubangui et Uele, vaste région où les loges initiatiques Mani étaient autrefois très répandues. Des figures similaires sont également façonnées en argile.

La fonction des masques bichromes Jonga est incertaine. Ils pourraient avoir servi lors de rituels divinatoires, de guérison ou d’initiation. La partition verticale chromique de la face, les scarifications et visage aux arcades sourcilières en cœur évoquent les ca-ractéristiques des têtes de statues-bustes de justice Inungu.

Masque géométrique polychrome aux yeux et à la bouche rectangulaires. Ces masques Komo auraient été utilisés par la société de féticheurs Nkunda au cours de pratiques di-vinatoires et représenteraient l’esprit de la divinité. Certains masques Komo évoluaient parfois en couple mâle-femelle (Nsembu).

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Masque polychrome d’un groupe ethnique non identifié de la forêt équatoriale du bassin du fleuve Ituri, au Nord-Est de la République Démocratique du Congo.

Masque polychrome d’un groupe ethnique non identifié de la forêt équatoriale du bassin du fleuve Ituri, au Nord-Est de la République Démocratique du Congo.

Masque polychrome d’un groupe ethnique non identifié de la forêt équatoriale du bassin du fleuve Ituri, au Nord-Est de la République Démocratique du Congo.

Figure judiciaire de la société secrète pédagogique, juridique, politique, économique et rituelle du Lilwa, représentant une personne défunte exécutée (Ofika). Le corps suspen-du, parfois sur une civière, montre une éversion post-mortem des membres. L’exécution d’une peine de mort par pendaison était infligée par la confrérie lors de transgressions sociales sévères de la part d’un(e) intié(e). Ces représentations étaient l’apanage des initiés de haut rang, et étaient exhibées à titre pédagogique lors de l’initiation, essen-tiellement masculine, des membres du Lilwa et lors d’exécutions publiques ou dans des contextes exceptionnels de disruption sociale ou économique de la vie communautaire.

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Statuette-emblème de la société initiatique masculine et féminine du Bwami. Les sta-tues en bois ou en ivoire font fréquemment référence à des proverbes ou aphorismes en relation avec l’acquisition d’une perfection morale par les initié(e)s. Ce type de statue représente vraisemblablement un initié très âgé et vénérable (Kukulukamwenne Kuma-sengo) du grade suprême de la confrérie du Bwami (Lutumbo Lwa Kindi) en position de danse à assise large.

Masque-mère (Idimu ou Muminia) en bois, propriété collective de la société du Bwami, qui était exposé entouré de masques individuels (Lukungu) en ivoire ou en bois. Ces masques pouvaient être portés devant ou sur le côté du visage ou étaient exposés sur des claies temporaires (pala).

Masquette individuelle en os de grand mammifère, de type Lukungu Lwa Tata, munie d’une poignée dorsale et de cauris représentant les yeux en amande et la bouche. Ces insignes appartiennent au grade suprême (Lutumbo Lwa Kindi) de la confrérie initia-tique du Bwami.

Sculpture à fonction et symbolique non déterminée représentant une femme age-nouillée. Le style et les scarifications sont typiques de la tradition artistique Luba, qui privilégie systématiquement la représentation féminine.

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Les masques Tabwa en bois sont rares et peu documentés. Les masques-cloches an-thropomorphes (Musangwe) avec scarifications linéaires typiques de la statuaire Tabwa étaient utilisés par les sociétés d’initiés Mbudye ou Butwa, éventuellement accompa-gnés d’un comparse zoomorphe représentant un bovidé.

Grand fétiche communautaire anthropomorphe (Nkisi), porteur de nombreux attributs (métal, parties d’animaux, etc.) et réceptacle de substances magiques (Bishimba), destiné à accroître la puissance protectrice de l’objet. Le costume, les colliers et la ceinture de reptile font référence à un rang élevé dans la hiérarchie sociale.

Masque masculin Kifwebe expressionniste, aux paupières globuleuses, avec stries al-ternées blanches, rouges et noires, crête sagittale frontale et bouche prognathe. Ces masques ont pour origine un culte cosmique et de l’esprit des défunts. Ils se produisent tant au cours de réjouissances populaires que dans le cadre restreint des hommes initiés de la société de contrôle et de contre-pouvoir social Bwadi Bwa Kifwebe.

Masque polychrome dont certaines caractéristiques le rapprochent d’un type ancien-nement (et erronément) attribué à un petit groupe ethnique, les Tetela. Sur la base de la révision de L. de Heusch, de tels masques sont plutôt considérés comme de facture Songye atypique.

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Un des trois masques royaux, le masque Mboom représenterait le démiurge des esprits et des pygmées aborigènes (Twa) du mythe de création des Kuba et peuples apparentés. Les deux autres masques-démiurges royaux sont représentés par Mwash Ambooy (le monarque Woot) et Gady a’Mwaash (soeur et épouse de Woot).

Les Kuba regroupent une vingtaine d’ethnies entourant le groupe central primordial Bushoong. A côté des célèbres statues royales Ndop, il existe des statues féminines en pied, soigneusement sculptées présentant les scarifications traditionnelles, à la peau rougie à l’aide de la poudre tukula, et portant un costume typique en raffia. Ces statues pourraient avoir été utilisées dans l’entourage de la cour royale au cours des rites com-plexes de succession dynastique.

Ce masque présente certaines caractéristiques stylistiques des masques faciaux Pende, notamment au niveau des arcades sourcilières, du nez et de la bouche.

Seules les herminettes et les haches cheffales font l’objet de représentations anthropo-morphes chez les Pende. Cette herminette cérémonielle d’apparat, insigne de comman-dement, était portée sur l’épaule, grâce à la lame démesurée. L’audacieuse composition stylistique de cet objet de prestige est singulière, avec un bras unique replié. La lame non ouvragée (contrairement aux haches des Songye et des Luba) sortant de la bouche fait référence à la capacité destructrice de la parole, volontairement lorsqu’elle est blessante et offensante, ou involontairement lorsqu’elle est indiscrète ou son contenu mal contrôlé. Le visage serein évoque celui des masques de divertissement Pende, avec les sourcils fusionnés caractéristiques et des scarifications jugales.

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Les Kwese sont une petite ethnie voisine des Pende. Leurs masques reprennent sou-vent un motif central du visage en cœur blanchi au kaolin, délimité par les arcades sourcilières.

Statuette représentant un danseur masqué Salampasu, avec la tête de masque en bois Mulandwa caractéristique (front bombé, yeux en fente enfoncés, bouche en quadrila-tère, chevelure en boules de vannerie). Ces masques apparaissent lors des rituels de la classe des guerriers lors de manifestations des confréries initiatiques (notamment circoncision) et de contrôle social de cette ethnie du sud Kasaï.

Statue représentant un danseur masculin Kwese avec masque-cloche à collerette de fibres, costume bichrome en fibres et en peau de mammifère dissimulant les mains et les pieds. Le visage polychrome délimité en forme de coeur par les arcades sourcilières est typique de la stylistique des masques en cloche ou faciaux des Kwese.

Les masques Mbagani sont numériquement rares et présentent des affinités avec les masques des peuples voisins, notamment Lulua, Lwalwa, Ding, Chokwe et Kete. Ils sont typiquement triangulaires et fortement angulés, avec de larges orbites. Celui-ci présente une incrustation de cuivre typique de l’ethnie Ding proche. Certains de ces masques intervenaient au cours des rituels d’initiation masculine (Mukanda).

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Tambour à fente bitonal de divination (Mukoku Ngoombu), servant à la fois d’instru-ment de devin (la tête en surplomb mêlerait des traits humains et de gallinacé), de siège (en position horizontale), d’oracle et de récipient destiné à la préparation de re-mèdes. Les yeux fermés et les oreilles tendues symbolisent le regard intérieur et l’acuité sensorielle du devin. A l’origine, cet idiophone était muni d’un bâton de percussion attaché à une corde, à symbolique phallique lorsque inséré en position oblique dans la fente du cylindre. La cavité de l’instrument est recouverte de traces de kaolin. Ces idiophones sont utilisés dans des cultes de guérison et de possession.

Figure rituelle de style Yaka ou Zombo de fonction inconnue. Ce type de statue est sty-listiquement apparenté aux statues protectrices Nkisi, qui accumulent le long du corps différents ingrédients magiques et petits objets symboliques (cadenas, coquillages, graines, perles, monnaies, etc.).

Grand masque-cloche Matemu utilisé dans divers rites d’initiation, dont ceux de cir-concision. La facture et le style de ce masque le rapprochent de ceux des masques-cloches Suku, ces derniers arborant fréquemment une sculpture acromiale humaine ou animale.

Masque de réjouissance Mwana Pwo, représentant à la fois la femme idéale, l’ancêtre féminin et également la jeune fille séduisante. Ce masque porté par un homme évolue en dualité avec un masque représentant un vieillard et appelé Tshikongo. Parmi les tatouages coutumiers, le motif cruciforme central au niveau du front (cingelyengelye) est quasi-systématiquement présent sur ce type de masques en bois et évoque les croix d’influence portugaise. La bouche entrouverte laisse entrevoir les petites dents triangulaires.

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89 Masque de réjouissance Mwana Pwo, représentant à la fois la femme idéale, l’ancêtre féminin et également la jeune fille séduisante. Ce masque porté par un homme évolue en dualité avec un masque représentant un vieillard et appelé Tshikongo. Parmi les tatouages coutumiers, le motif cruciforme central au niveau du front (cingelyengelye) est quasi-systématiquement présent sur ce type de masques en bois et évoque les croix d’influence portugaise. La bouche entrouverte laisse entrevoir les petites dents triangulaires.

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Cette sculpture originaire d’un groupe ethnique Tanzanien non identifié représente un personnage longiligne de sexe indéterminé, la bouche largement ouverte, entouré de bandes de tissus enserrant les bras et le visage, le tout couvert d’une couche de patine. La fonction et la symbolique de cette saisissante création plastique d’Afrique de l’Est ne sont pas connues.

Masque facial de style naturaliste présentant une série de scarifications et/ou ta-touages linéaires complexes, deux traits typiques de la tradition sculptée des Makonde de Tanzanie du Sud et du Nord-Mozambique. Ces masques faciaux sont beaucoup moins fréquents que les masques-cloches foncés hyperréalistes typiques de la pro-duction Makonde.

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Afrique Orientale

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96Le groupe ethnique qui a produit ce masque-cloche impressionnant n’est pas formelle-ment établi. Certaines caractéristiques évoquent les productions de la région du Kwan-go-Kwilu en RDC, d’autres celles des peuples du Sud-Nigeria.

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Masquette polychrome à visage en forme de cœur. Certaines éléments stylistiques ren-voient à la fois à certaines productions du Nigeria, du Gabon, voire aux Lega.

Masquette polychrome à visage en forme de cœur. Certaines éléments stylistiques ren-voient à la fois à certaines productions du Nigeria, du Gabon, voire aux Lega.

Couple de figures, masculine et féminine, assises sur un bloc de bois. La tête et les quatre membres sont fixés sur une âme de bois soigneusement recouverte de tissu, avec des fibres tressées cousues. Ces figures énigmatiques, de facture très élaborée et complexe, partagent des éléments stylistiques avec de nombreuses productions d’Afrique de l’Ouest, du Gabon et d’Afrique centrale, compliquant ainsi l’identification précise du foyer artistique qui les a produites.

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Afrique (objets d’origine inconnue)

95 Couple de figures, masculine et féminine, assises sur un bloc de bois. La tête et les quatre membres sont fixés sur une âme de bois soigneusement recouverte de tissu, avec des fibres tressées cousues. Ces figures énigmatiques, de facture très élaborée et complexe, partagent des éléments stylistiques avec de nombreuses productions d’Afrique de l’Ouest, du Gabon et d’Afrique centrale, compliquant ainsi l’identification précise du foyer artistique qui les a produites.?

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Editeur responsable Pol Louis, Administrateur délégué du cHU (04 366 70 00) Av. de l’Hôpital 13 bât. B35 – 4000 Liège

Directeurs de la rédaction Pr. Michel Hermans, Pr. Albert Beckers

Coordination céline Faidherbe, service communication

Rédaction Pr. Michel Hermans

Réalisation rosaria crapanzano

Conception graphique PYM

Photos Pr. Michel Hermans

Remerciements Nous remercions le le Pr. Arthur Bodson et Mesdames Fabienne Bonnet et Martine Rixhon pour leurs relectures attentives.

Arts premiers d’Afrique noire

E X P O S I T I O N

Visages d’Afrique

Au cours des dernières décennies, le grand public a pu se familiariser avec certains

aspects de la sculpture africaine traditionnelle au travers d’expositions, de documentaires

ou de voyages. L’expression de cet engouement récent a été illustrée par l’ouverture d’une

section dédiée exclusivement aux arts premiers dans l’enceinte du Musée du Louvre puis

par l’inauguration du Musée du Quai Branly.

Jusqu’à présent, l’appréciation et l’étude de ces arts premiers étaient confinées aux

"spécialistes" non-africains (conservateurs de musée, ethnologues, collectionneurs, ...).

Leur étude est désormais partie intégrante de l’histoire de l’art et au-delà, une certaine

forme de vulgarisation médiatique est devenue nécessaire. Parallèlement, le rôle de l’ar-

tiste individuel et de son style ont été laborieusement admis puis étudiés dans certaines

populations. Il n’en demeure pas moins que pour le grand public, l’approche même som-

maire, de ces formes artistiques gagne à être couplée à une compréhension pédagogique

de leur but et usage fonctionnels ou rituels et de leur symbolique.

La grande majorité des oeuvres regroupées sous le vocable "Arts premiers" a été conçue

dans un double but, fonctionnel et esthétique. Ces œuvres appartiennent donc pleinement

au complexe de la culture matérielle des sociétés traditionnelles qui les ont créées sous la

forme de masques, de statues et d’objets de la vie quotidienne.

L’intégration de la dimension esthétique à la compréhension des rites et coutumes est

d’autant plus importante que ces objets sont souvent les témoins uniques d’un monde en

disparition ou du moins en grande mutation, de par le fait de la globalisation culturelle et

matérielle. L’étude des quelques objets exemplaires de cette exposition devrait permettre

de faire partager ou de découvrir les significations sous-jacentes de ces formes esthétiques

encore mal connues du grand public et d’illustrer les grandes tendances stylistiques ré-

gionales de l’Afrique sub-saharienne (Côte/Intérieur de l’Afrique de l’Ouest, Nigeria/Came-

roun, Gabon/Congo, Afrique de l’Est).

Pr. Michel HerMAns Commissaire de l’exposition

P O S T F A C E