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Les catégorisations de la jeunesse en Europe au regard de l’action publique Patricia Loncle Virginie Muniglia École des hautes études en santé publique, Centre de recherches sur l’action publique en Europe. École des hautes études en santé publique, Centre de recherches sur l’action publique en Europe. Mots-clés : Comparaisons européennes – Politiques de la jeunesse – Insertion sociale. En s’appuyant sur les matériaux recueillis dans le cadre de plusieurs recherches européennes, cet article vise à mettre en évidence les différentes formes de catégorisation de la jeunesse et de défi- nition des problèmes de la jeunesse opérées par l’action publique en Europe en les confrontant aux changements qui ont touché les passages à l’âge adulte ces dernières décennies et aux enjeux d’inté- gration sociale et politique afférents. Le mouve- ment d’interpénétration entre théories sociologiques et catégorisations publiques, perceptibles dans la rhétorique des acteurs publics, se traduit cepen- dant difficilement dans les institutions. L’analyse des processus de catégorisation publique de la jeunesse montre les décalages entre les changements qui touchent les transitions vers l’âge adulte et la vision politique de la jeunesse. L’article décrit également les différentes formes d’action publique mises en œuvre en direction de la jeunesse en exposant comment celles-ci incitent ou non les jeunes à être acteurs de leurs parcours, en fonction des pays considérés mais aussi en fonction des secteurs, et en négligent en fait, bien souvent, l’articulation entre insertion sociale et citoyenneté juvénile. S i on examine la question politique que consti- tuent les jeunes aujourd’hui en Europe, trois enjeux d’intégration apparaissent aujourd’hui très importants. En premier lieu, le vieillissement de la population européenne apparaît absolument central et conduit à des bouleversements dans les relations intergénérationnelles. Il contribue à faire de la place de la jeunesse une problématique essentielle sur l’agenda des institutions européennes. Ensuite, la croissance des incertitudes (Beck, 1986) et les difficultés d’intégration sociale des jeunes du point de vue de l’accès au marché du travail, et par conséquent du point de vue de l’ouverture des droits sociaux et à la protection sociale, consti- tuent des problèmes majeurs pour les nouvelles générations. Ces problèmes ont des effets sur le niveau de vie des jeunes, sur les risques de précari- sation qu’ils encourent mais ils soulèvent également des interrogations sur la possibilité pour une partie des nouvelles générations à accéder à l’ensemble des attributs de la citoyenneté sociale (Chauvel, 2002 ; Walther et Pohl, 2005 ; ONPES, 2006 ; Castel, 2003 ; Jones, 2006). Enfin, la montée de l’indivi- dualisation (Giddens, 1994) et la faible partici- pation politique des jeunes (Muxel, 2001, 2002 et 2010 ; Spannring et al., 2008) sont des phéno- mènes problématiques tant ils induisent une insuf- fisante capacité à peser sur les décisions politiques et donc à bénéficier d’une citoyenneté politique réelle (Forbrig, 2005 ; Costa-Lascoux, 2008). Tous les jeunes ne subissent pas les difficultés socia- les de la même manière selon leur pays, leur terri- toire d’origine, leur sexe, leur appartenance sociale et ethnique. Les pays européens sont aujourd’hui marqués par de profondes disparités lorsque l’on analyse la situation des jeunes : le vieillissement de la population, la définition de la jeunesse, les taux de chômage, les politiques de jeunesse, les héri- tages historiques, les traditions professionnelles, etc., comportent des éléments contrastés. Certes, les mouvements d’européanisation des politiques de jeunesse apparaissent différenciés selon les pays considérés (Radaelli, 2001 et 2004 ; Guillen et Palier, 2004).Ces enjeux sont particulièrement décisifs pour l’avenir des sociétés européennes. En effet, ces questions d’intégration posent à la fois des défis en ce qui concerne le maintien des sys- tèmes de protection sociale mais également en ce qui concerne la légitimité des systèmes de démo- cratie représentative. Face à ces défis, les façons dont sont catégorisés les jeunes du point de vue de l’action publique (Walther, 2006 a ; Frétigné, 2007) et les manières dont sont définis les pro- blèmes publics (Cobb et Elder, 1972 ; Padioleau, 1982 ; Sheppard, 2004) qui les affectent apparaissent essen- tielles. En effet, de ces processus découlera la plus ou moins grande envergure des réponses publiques et l’aptitude de ces dernières à influer de manière significative sur les enjeux d’intégration sociale et politique. Dans le présent article, c’est précisément à cette question que l’on s’intéresse : la construction des catégories jeunesse et la définition des problèmes Politiques sociales et familiales n° 102 - décembre 2010 9 Dispositifs publics et construction de la jeunesse en Europe

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  • Les catgorisations de la jeunesse enEurope au regard de laction publique

    Patricia Loncle

    Virginie Muniglia

    cole des hautes tudes en sant publique,Centre de recherches sur laction publique en Europe.cole des hautes tudes en sant publique,Centre de recherches sur laction publique en Europe.

    Mots-cls : Comparaisons europennes Politiques de lajeunesse Insertion sociale.

    En sappuyant sur les matriaux recueillis dans lecadre de plusieurs recherches europennes, cetarticle vise mettre en vidence les diffrentesformes de catgorisation de la jeunesse et de dfi-nition des problmes de la jeunesse opres parlaction publique en Europe en les confrontant auxchangements qui ont touch les passages lgeadulte ces dernires dcennies et aux enjeux dint-gration sociale et politique affrents. Le mouve-ment dinterpntration entre thories sociologiqueset catgorisations publiques, perceptibles dans larhtorique des acteurs publics, se traduit cepen-dant difficilement dans les institutions. Lanalyse desprocessus de catgorisation publique de la jeunessemontre les dcalages entre les changements quitouchent les transitions vers lge adulte et la visionpolitique de la jeunesse. Larticle dcrit galementles diffrentes formes daction publique mises enuvre en direction de la jeunesse en exposantcomment celles-ci incitent ou non les jeunes treacteurs de leurs parcours, en fonction des paysconsidrs mais aussi en fonction des secteurs, eten ngligent en fait, bien souvent, larticulationentre insertion sociale et citoyennet juvnile.

    Si on examine la question politique que consti-tuent les jeunes aujourdhui en Europe, troisenjeux dintgration apparaissent aujourdhui trsimportants. En premier lieu, le vieillissement de lapopulation europenne apparat absolument centralet conduit des bouleversements dans les relationsintergnrationnelles. Il contribue faire de laplace de la jeunesse une problmatique essentiellesur lagenda des institutions europennes. Ensuite,la croissance des incertitudes (Beck, 1986) et lesdifficults dintgration sociale des jeunes du pointde vue de laccs au march du travail, et parconsquent du point de vue de louverture desdroits sociaux et la protection sociale, consti-tuent des problmes majeurs pour les nouvellesgnrations. Ces problmes ont des effets sur leniveau de vie des jeunes, sur les risques de prcari-sation quils encourent mais ils soulvent galementdes interrogations sur la possibilit pour une partiedes nouvelles gnrations accder lensemble

    des attributs de la citoyennet sociale (Chauvel,2002 ; Walther et Pohl, 2005 ; ONPES, 2006 ; Castel,2003 ; Jones, 2006). Enfin, la monte de lindivi-dualisation (Giddens, 1994) et la faible partici-pation politique des jeunes (Muxel, 2001, 2002 et2010 ; Spannring et al., 2008) sont des phno-mnes problmatiques tant ils induisent une insuf-fisante capacit peser sur les dcisions politiqueset donc bnficier dune citoyennet politiquerelle (Forbrig, 2005 ; Costa-Lascoux, 2008).

    Tous les jeunes ne subissent pas les difficults socia-les de la mme manire selon leur pays, leur terri-toire dorigine, leur sexe, leur appartenance socialeet ethnique. Les pays europens sont aujourdhuimarqus par de profondes disparits lorsque lonanalyse la situation des jeunes : le vieillissement dela population, la dfinition de la jeunesse, les tauxde chmage, les politiques de jeunesse, les hri-tages historiques, les traditions professionnelles,etc., comportent des lments contrasts. Certes,les mouvements deuropanisation des politiquesde jeunesse apparaissent diffrencis selon lespays considrs (Radaelli, 2001 et 2004 ; Guillenet Palier, 2004).Ces enjeux sont particulirementdcisifs pour lavenir des socits europennes. Eneffet, ces questions dintgration posent la foisdes dfis en ce qui concerne le maintien des sys-tmes de protection sociale mais galement en cequi concerne la lgitimit des systmes de dmo-cratie reprsentative. Face ces dfis, les faonsdont sont catgoriss les jeunes du point de vuede laction publique (Walther, 2006 a ; Frtign,2007) et les manires dont sont dfinis les pro-blmes publics (Cobb et Elder, 1972 ; Padioleau, 1982 ;Sheppard, 2004) qui les affectent apparaissent essen-tielles. En effet, de ces processus dcoulera la plusou moins grande envergure des rponses publiqueset laptitude de ces dernires influer de maniresignificative sur les enjeux dintgration sociale etpolitique.

    Dans le prsent article, cest prcisment cettequestion que lon sintresse : la construction descatgories jeunesse et la dfinition des problmes

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  • publics de jeunesse permettent-elles de soutenirdes processus de dcision et de mise en uvre quicorrespondent lampleur des enjeux dintgrationsociale et politique ? Les matriaux sur lesquelsrepose lanalyse proviennent de deux rechercheseuropennes (encadr). La littrature europennedans le domaine de la sociologie de la jeunesse etde la construction publique de cette population estgalement tudie, en particulier les travaux dugroupe EGRIS (European Group for IntegratedSocial Research) (1) et ceux de la sociologue GillJones. Pour y rpondre, on procde en trois temps :tout dabord, lvolution rcente de la jeunesseet des transitions vers lge adulte en Europe estretrace avec lobjectif de mettre en vidence lesdcalages qui peuvent exister entre ces changementset la vision politique de la jeunesse. Dans cetteperspective, on sintresse ensuite aux processusde catgorisation publique de la jeunesse (enpointant la fois les diffrences et les similitudesexistantes travers lEurope) en se concentrant toutparticulirement sur les valeurs vhicules. Cesecond temps permet de pointer les difficults pourdgager une construction commune et positive dela jeunesse dans les processus de catgorisation.Dans un troisime temps, la rflexion est axe surles formulations de problmes publics et sur lesdiffrentes formes daction publique mises enuvre en direction de la jeunesse en montrantcomment celles-ci sont plus ou moins mme derendre les jeunes, acteurs de leurs parcours, enfonction des pays considrs mais aussi en fonctiondes secteurs de laction publique.

    volution de la jeunesse et des transitionsvers lge adulte en Europe

    Quels sont les constats oprs par les analysessociologiques concernant les volutions de lajeunesse en Europe et dans quelle mesure celles-cisont-elles susceptibles dalimenter la formulationdes politiques publiques ? Si on ne sait pas prcis-ment mesurer limpact des thories sociologiquessur la formulation des politiques, on peut soulignerun lien assez troit entre lvolution des notions etla formulation des mises lagenda politique desdiffrents niveaux de dcision. Ainsi, la lecture desprogrammes dintervention ou de recherche desinstances europennes ou des instances nationalesou rgionales concernant la jeunesse montre lexis-tence dun mouvement dinterpntration entrethories sociologiques et catgorisations publiques. cet gard, le livre blanc de la Commissioneuropenne, le livre vert de Martin Hirsch ou encore

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    (1) Le groupe EGRIS existe depuis une quinzaine dannes. Il runit aujourdhui des chercheurs dune vingtaine de payseuropens, intresss tout particulirement par la question de la jeunesse. Lintrt de ce groupe tient essentiellement dans sastabilit : il permet de cumuler des rsultats des programmes de recherche pluriannuels et, par consquent, de dvelopper uneconnaissance comparative de plus en plus fine des questions de jeunesse en Europe.

    Prsentation des programmes de rechercheYoyo et Up2Youth

    La recherche Yoyo Youth policy and Participation.Potentials of Participation and Informal Learningin Young Peoples transitions to the LabourMarket a t conduite entre 2001 et 2004 et larecherche Up2Youth Youth as actor of socialchange , conduite entre 2005 et 2008. Ces deuxrecherches taient places sous la responsabilitdAndreas Walther de lUniversit de Tbingen etrelevaient de programmes-cadres de recherche dela Commission europenne. Patricia Loncle taitmembre du comit scientifique de la rechercheYoyo et, avec Virginie Muniglia, responsable dugroupe departicipation des jeunes au sein de larecherche Up2Youth.Le programme Yoyo traitait des carrires juvniles,envisages sous langle de la motivation, dans ledomaine des transitions vers lemploi ainsi que dela capacit des approches participatives amliorerles processus de motivation et lengagement actifdes jeunes dans leur parcours. Des entretiens bio-graphiques ont t mens auprs des jeunes,entretiens dans lesquels on les amenait retracerleurs expriences de transition, notamment dansleurs rapports aux institutions. Vingt-huit tudesde cas ont t ralises. Elles concernaient desprojets dont lobjectif tait de soutenir les transi-tions juvniles dans une perspective participative.Ces tudes de cas consistaient en une analyse dedocuments, des entretiens auprs dexperts et unedeuxime vague dentretiens auprs des jeunesconcernant leur exprience dans le cadre desprojets tudis. Au total, trois cent soixante-cinqjeunes ont t interviews, 70 % dentre eux lontt deux reprises, et cent quarante experts ontt rencontrs dans neuf pays (Danemark,Allemagne, Irlande, Italie, Pays-Bas, Portugal,Roumanie, Espagne, Irlande du Nord).Le programme Up2Youth sintressait aux change-ments qui affectent les pratiques juvniles et lesformes daction publique, ainsi que leur signi-fication dans trois domaines : la parentalit, lin-sertion sur le march du travail et la partici-pation. La lecture de ces changements se situaitau niveau de linteraction entre les volutionssociales, dune part, et les logiques juvniles,dautre part. Concernant le volet participation,lenqute sest appuye sur lexploitation desdonnes existantes, sur des changes entre desintervenants de terrain, des dcideurs politiqueset des chercheurs ainsi que sur une srie dtudesde cas menes dans cinq pays europens (Autriche,France, Irlande, Italie, Slovaquie).

  • les documents produits par les conseils rgionauxet gnraux sont tout fait illustratifs de cettetendance. Des notions telles que l allongementde la jeunesse , les incertitudes des parcours ,la rflexivit ou bien encore ladulescence sont aujourdhui couramment prsentes dans lestextes de cadrage des institutions.

    Certaines thories sociologiques rcentes en matirede jeunesse tendent mobiliser des notions quipermettent de rendre compte des capacits desjeunes tre des acteurs de leur propre existence(la notion d agency en est une). La question desjeunes comme acteurs de leur trajectoire tait aucentre du rapport final de la recherche Up2Youth(Walther, 2009). Lun des objectifs de notre rechercheconsistait ainsi saisir la manire dont les jeunespouvaient tre considrs, non pas seulementcomme victimes des difficults dintgration socialeet politique, mais galement comme individussusceptibles de ragir, de sadapter, voire de contre-carrer les phnomnes structurels auxquels ilsdoivent faire face. De nombreux dbats divisentles tenants de ce courant danalyse, notammentsur le point de savoir si lagency, entendue au sensde logique , repose toujours ou seulementpartiellement sur lintentionnalit des individus.Cependant, en raison de la dstandardisation destrajectoires, les besoins et les efforts des individus,pas seulement pour faire face, mais aussi pourngocier la construction de leur vie de tellemanire quelle ait du sens, deviennent la foisplus visibles et plus ncessaires. Nanmoins, leslogiques des acteurs apparaissent tout de mmerestreintes : du fait de leurs ressources, descontraintes sociales ou encore de la concurrenceavec les autres catgories dge ou au sein mmedes jeunes (la classe sociale, lducation, le sexe,lethnicit, le territoire dappartenance interfrentsur leur capacit de choix).

    Ainsi, selon G. Jones (2009), les vingt derniresannes sont marques par lmergence de nouvellesnotions qui rendent compte de linfluence dechangements globaux parmi lesquels les plus signi-ficatifs sont le dclin de la pertinence de lanalyseen termes de classes sociales, la consommation demasse, la globalisation, la fin des oppositions ido-logiques classiques au bnfice des fondamenta-lismes religieux, la substitution de la peur de laguerre nuclaire par la peur des suicides terroristes.La sociologue montre que lanalyse de la jeunessetend une prise en compte de plus en plus syst-matique des individus en matire de trajectoires,au dtriment dapproches pluralistes, par gnrationsou par sous-groupes de jeunes. Ceci est renforcpar les analyses selon lesquelles les jeunes ne sontni des enfants ni des adultes et sont dfinis, parconsquent, comme des individus non finis ,inscrits dans un modle du dficit.

    Une autre dimension reprend les termes de la socialisation des jeunes : en raison de lallon-gement de la jeunesse, les jeunes sont soumis une priode de socialisation plus longue au sein deleur famille. Or, les familles se rvlent trs diff-rencies dans leur capacit faire profiter leursenfants de la transmission de valeurs ou de capitalsocial. De plus, les fonctionnements familiaux sontprofondment contrasts, allant de modles paren-taux autoritaires, bass sur lingalit de pouvoir, des modles plus ouverts et dmocratiques. Laquestion de linfluence des groupes de pairs commealternative aux formes de contre-cultures ou desous-cultures traditionnelles est galement pose.Si ces modalits dexpression existent toujours,elles apparaissent aujourdhui moins collectives,moins susceptibles de participer la constructiondes identits et plus soumises linfluence dautresphnomnes comme lidologie de la consom-mation. La construction identitaire des individussemble relever avant tout dune rflexivit construitede manire progressive.

    Ainsi, les trajectoires des jeunes vers lge adulte seprsentent avant tout comme tendues, peu linaireset empreintes de complexit et de rversibilit. Lanotion de trajectoires yoyo mane galementdu groupe EGRIS. Avec cette notion, il sagit nonseulement daller plus loin que dans lanalyse entermes dallongement de la jeunesse et de d-connexion des seuils mais aussi de prendre encompte les difficults auxquelles se trouventconfronts les jeunes dans un contexte de dstan-dardisation des transitions. Pour comprendre lestransitions auxquelles les jeunes doivent faire facedans leur passage lge adulte, des lmentsdoivent dsormais tre pris en compte, tels que : la multiplicit et la diversit des transitions (delducation au travail, de la culture jeunes laconstruction dun mode de vie individuel, de ladpendance lgard de la famille lautonomie,mais aussi en termes de couple et de sexualit, decitoyennet et de responsabilit lgale) ; la rversibilit des transitions (par choix ou dufait de subir le chmage ou une sparation) ; le dveloppement de concepts propres aux jeunes,qui diffrent de ceux des institutions ou bien quipeuvent tre contradictoires les uns par rapportaux autres, les jeunes critiquant de plus en plussouvent la normativit et la rigidit des normesinstitutionnelles ; les changements dans le statut traditionnel deladulte qui ne correspond plus une partie de lagnration concerne

    En outre, dun point de vue gnral, les jeunes sontcantonns dans des institutions et des dispositifsspcifiques, dont le fonctionnement est bti sur descritres dge et, tant considrs comme dpen-dants de leur famille, ils sont soumis une sorte de

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  • suspicion gnralise : Lattention est passe depaniques morales locales propos de phnomnesou de groupes spcifiques une panique gnra-lise propos des jeunes en gnral. La question"jeunes" prend la tournure dune inquitude socialegnralise. Pourquoi ? Une rponse pourrait tredans la manire dont les jeunes sont envisagscomme un baromtre social, comme des indicateursde ltat de la socit laquelle ils appartiennent,plus que comme ltat de la jeunesse elle-mme.Cette distinction est importante si lon essaie decomprendre pourquoi les adultes sont tellementsuspicieux lgard des jeunes. Cest parce que lesjeunes incarnent non seulement un futur collectifmais galement pour chaque individu adulte uneprojection de sa propre peur et de son incapacit envisager un futur incertain. Le fait de transformerles jeunes en boucs missaires peut donc tre envi-sag comme un moyen de regagner le contrle surson propre futur (Jones, 2009:182).

    Pour aller plus loin dans cette analyse du poids dela structure ou bien des questions contextuelles,des outils ont t labors pour comprendre lestypes de trajectoires que les jeunes connaissentaujourdhui, en particulier dans leurs parcours verslemploi. Les notions sont diverses, on peut citerles rgimes de transition (voir infra), les niches, lesroutes et les pathways (Evans et Furlong, 2000), lanotion d insertion sociale et professionnelle (Dubar, 2001 ; Nicole-Drancourt et Roulleau-Berger,2002). La non-linarit des parcours, leur rversi-bilit est certes problmatique pour les jeunes quidoivent faire face et dvelopper des stratgies, desprojets, pour donner du sens ces trajectoiressyncopes, mais elle est rendue dautant plus probl-matique que les institutions, du niveau local auniveau europen, continuent de fonctionner partirdu principe de la linarit et de contraindre lesjeunes des engagements, des contrats, des projetspeu compatibles avec ces nouvelles trajectoires.

    Ainsi, la relative inefficacit des actions publiquesmenes en direction des jeunes, notamment lesplus en difficult, renforce encore limage ngativede la jeunesse. Ces phnomnes sont qualifis de misleading trajectories (Walther et Stauber, 2002)parce quils laissent entendre aux jeunes quenparticipant ils vont amliorer leurs chances detrouver un travail dcent, de btir une vie correcte.Or, non seulement ils diminuent leurs chancesde sen sortir mais ils accroissent leurs risquesdexclusion sociale. Au lieu de construire unetrajectoire cohrente, les jeunes se trouvent enfer-ms dans des aspirations, des demandes et descontraintes contradictoires. Contraints, pour sensortir, de recourir aux ressources sociales disponibles en termes dducation, de formation, de conseil,dallocations ils deviennent de plus en plusdpendants des gardes barrires , c'est--dire

    des professionnels des institutions qui composentles systmes de transition et qui ont la responsa-bilit dorienter les jeunes vers les programmes etles dispositifs adquats. Il semble, par consquent,que lvolution des catgorisations publiques enmatire de jeunesse semble peu mme de prendreen considration lvolution des parcours juvniles,dsormais non linaires, rversibles et caractrisspar le risque, alimentant une vision ngative etdficitaire de cette population. Lanalyse prsentva porter sur la manire dont ce mouvement seconcrtise dans la dfinition des problmes publicsde la jeunesse.

    Les processus de catgorisation publiquede la jeunesse : une grande diversitdes situations

    Avant dentrer dans une tude plus dtaille,sagissant des processus de catgorisation publique,il faut insister sur deux dimensions. Il ny a pas dedfinition commune de cette population du pointde vue de laction publique, chaque niveau dedcision, chaque pays et mme chaque territoireinfranational dtenant sa propre logique (et parfoisplusieurs logiques concomitantes). Cependant, unetendance est largement souligne par les obser-vateurs : la jeunesse fait de plus en plus souventlobjet de catgorisations ngatives ou par dfaut .Deux lments essentiels semblent permettre derflchir aux processus de catgorisation desjeunes en Europe : dune part, les dfinitions de lajeunesse apportes par les acteurs publics ;dautre part, les consquences de ces dfinitionssur les possibilits daccs aux droits, notammentsociaux.

    LLeess rrggiimmeess ddttaatt--pprroovviiddeennccee eett lleess mmuullttiipplleessddffiinniittiioonnss ddee llaa jjeeuunneessssee eenn EEuurrooppee

    Les diffrents travaux mens sur les politiques dejeunesse en Europe ont conduit rflchir lamultiplicit des dfinitions de la jeunesse en Europedu point de vue de la catgorie daction publique.Les programmes de recherche successifs du groupeEGRIS ont permis dtablir un lien entre les typesde rgimes dtat-providence et les contours de lajeunesse comme catgorie daction publique. ce titre, la dfinition de la population jeunes apparat trs lie aux fondements des rgimesdtat-providence et lorganisation originelle dessystmes de protection sociale. De ce point devue, il est intressant dobserver lhtrognitdes situations des pays dEurope de lEst nouvelle-ment entrs dans lUnion europenne qui vontpencher plutt vers tel ou tel rgime (Guillen etPalier, 2004) et adopter des postures elles-mmescontrastes dans leur catgorisation de la jeunesse(Forbrig, 2005).

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  • Andreas Walther propose aujourdhui le schmadanalyse suivant (construit partir de rsultatscumuls des recherches du groupe EGRIS) quildsigne comme des rgimes de transition de lajeunesse : Appliquer une typologie des rgimesdtat-providence la comparaison des contextesdes transitions des jeunes vers lge adulte requiertune perspective tendue. Alors que lon considrerabien sr le systme de scurit sociale commemode de compensation du chmage, il faudragalement prendre en considration les structuresdducation et de formation notamment du pointde vue des lments de stratification et de standar-disation ainsi que leur relation avec les structuresdu march du travail (2006 b:124). Le tableau 1synthtise ce schma danalyse.

    Lexistence de ces rgimes de transition influencelargement les politiques publiques mises en uvreen direction de la jeunesse dans les espacesnationaux. Des contrastes assez importants peuventainsi tre mis en vidence (Walther, 2006 b:125-129).Dans les pays de rgime universel comme leDanemark ou la Sude, les lments suivantscomposent le systme de prise en charge : unsystme scolaire large et ouvert qui permet unaccs luniversit pour 80 % des lves tout entant suffisamment flexible pour garantir laconstruction de trajectoires individuelles nonnormalises ; un systme de protection sociale quistend aux jeunes de manire non diffrencie etqui implique, par exemple, un droit lassistancesociale pour les jeunes gs de 18 ans, quels quesoient les revenus de leur famille ; une allo-cation sils entrent en formation ou poursuivent

    leurs tudes ; une large institutionnalisation duconseil toutes les tapes de lducation, de la for-mation et des transitions vers lemploi ; un marchde lemploi o la part du public est trs importanteet offre des voies daccs assez ouvertes. Les poli-tiques publiques ainsi dveloppes non seulementenvisagent la jeunesse comme une ressource, maissoutiennent aussi les jeunes dans le fait d trejeunes : elles permettent des secondes chances,le dsavantage est peru comme le fait de nepas tre encore prt entrer dans lge adulte et,de ce fait, les solutions proposes sont des optionsinstitutionnellement reconnues et non des voiesde garage .

    Dans les pays de rgime libral (Grande-Bretagneet Irlande), on peut distinguer un certain nombre detraits marquants : au cours des dernires dcennies,de plus en plus de jeunes sont rests dans le systmescolaire ou, tout le moins, en formation aprs16 ans, ge de fin de la scolarit obligatoire. Lesstructures scolaires et de formation proposesaprs 16 ans sont conues pour rpondre auxbesoins dindividus envisags comme des entre-preneurs de leur propre force de travail. En raisonde cet allongement massif de la scolarit entre16 ans et 18 ans, laccs aux droits sociaux a trecul 18 ans. Cependant, les allocations sontpeu leves, durent peu de temps et sont large-ment dpendantes de la recherche active dunemploi par les jeunes. Le march du travail est trsflexible et les qualifications globalement peuleves. Ceci a pour consquence une certainefluidit et des accs assez aiss. La vision est biencelle de la jeunesse comme une phase de transition

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    Rgime Pays cole Formation ScuritsocialeRgime

    demploi

    Emploides

    femmes

    Conceptde jeunesse

    Conceptde

    chmage

    Conceptdu

    dsavantage

    Cible despolitiques

    de transition

    Universel Danemark,Sude

    Nonslective

    Standardsflexibles

    tat Ouvert,faiblesrisques

    lev Dveloppementpersonnel,Citoyennet

    Pas prvu Mixte(individuelet structurel)

    ducation,activation

    Centr surlemploi

    Allemagne,France,Pays-Bas

    Slective Standardise tat-famille

    Ferm,risques la marge

    Moyen Adaptationaux positionssociales

    Dsavantage(modle dudficit)

    Individuel Apprentissage

    Libral Grande-Bretagne,Irlande

    Nonslective

    Standardspeu levset flexibles

    tat-famille

    Ouvert,hautsrisques

    lev Indpendanceconomiqueprcoce

    Culture de ladpendance

    Individuel Employabilit

    Sous-protecteur

    Italie,Espagne,Portugal

    Nonslective

    Standards etcouverturepeu levs

    Famille Ferm,risqueslevs,travailau noir

    Bas Pas de statutdistinct

    Marchdu travailsegmentManquede formation

    Structurel Certainsstatuts : travail,ducation,formation

    Tableau 1

    Rgimes de transition de la jeunesse en Europe par rapport aux politiques publiques mises en uvre

    Source : Walther A., 2006 b, Regimes of Youth Transition. Choice, Flexibility and Security in Young Peoples Experiences across DifferentEuropeans Contexts, YYoouunngg, vol. 14, n 2:126.

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    qui doit rapidement dboucher vers lindpen-dance conomique et ne doit pas conduire lesindividus saccommoder du chmage et de ladpendance lgard du systme social. Les dispo-sitifs de suivi individualis des jeunes mettent donclargement laccent sur la responsabilit individuelle,le workfare (2) et les sanctions financires, en casde refus de suivre les prconisations. Dans les paysde rgime centr sur lemploi (Allemagne, Franceet Pays-Bas), les systmes scolaires sont plus slectifs,de manire ventiler les jeunes de faon hirar-chise par rapport laccs au march de lemploi.En Allemagne, par exemple, un tiers des jeunesquittant le systme scolaire nont que le certificatscolaire obligatoire et un seul autre tiers entre luniversit. Lapprentissage joue un rle central etest relativement standardis. Les marchs du travailsont diviss entre un secteur public qui reste centralet trs protecteur et des segments priphriques largement prcaires. Ceci a des consquencesimportantes sur le systme de protection sociale quiest lui-mme divis entre les rgimes de scuritsociale, particulirement couvrants, et tout ce quirelve de lassistance sociale. Les jeunes, dans cescontextes, ne bnficient pas directement de lascurit sociale mais se voient offrir des compen-sations plus ou moins protectrices. Quand ils sonten situation de chmage, ils sont perus commentant pas prts sinsrer dans le systme socialdominant. Le rgime sous-protecteur inclut lespays du sud de lEurope comme lItalie, le Portugalet lEspagne. Dans ces pays, lcole est conue demanire large et ouverte. Cependant, jusqurcemment, le pourcentage dlves quittant lesystme de manire prcoce restait lev, lappren-tissage est peu dvelopp, sans lien rel avec lesentreprises et les transitions vers lge adulte sontmarques par des phases dattente plus longues quedans les autres rgimes. Les jeunes ne peuvent pasbnficier des droits sociaux et sont les principauxdtenteurs des formes prcaires de travail. Lasegmentation du march du travail et le manque deformation contribuent un taux particulirementlev de chmage des jeunes, touchant tout parti-culirement les jeunes femmes. Ces derniresdoivent, en outre, faire face la quasi-absence destructures daccueil pour les jeunes enfants, ce quipse durablement sur la construction de leur trajec-toire individuelle. Ainsi, les politiques de jeunessesont marques par un dcalage important entre desrformes la philosophie assez gnreuse et lasubsistance de dficits structurels qui empchentleur vraie implantation.

    partir de ces constats, on peut souligner lesdifficults penser une catgorisation publique

    transversale de la jeunesse en Europe. En fonctiondes situations nationales, des situations socio-conomiques, des types de trajectoires vers lgeadulte, les lments du processus de catgori-sation tendent varier. De ces constats dcoulentnotamment des interrogations sur laccs aux droitsdes jeunes, et notamment aux droits sociaux.

    CCoommmmeenntt ppeennsseerr cceess ddffiinniittiioonnss dduu ppooiinnttddee vvuuee ddee llaaccccss llaa cciittooyyeennnneett ssoocciiaalleeeett ppoolliittiiqquuee ddeess jjeeuunneess ??

    Sur ces questions, les travaux de G. Jones apparaissentfondamentaux. La sociologue propose dtudier lesdimensions suivantes pour bien comprendre ladiversit des traitements proposs : lge et la dpen-dance (ou partir de quels seuils dge les jeunespeuvent-ils bnficier de manire autonome despolitiques sociales) ; les transitions vers lemploides jeunes ; les systmes dtat-providence ; lesaides de ltat en direction des jeunes (les revenusminimums, les allocations chmage, lassistancesociale, les allocations logement, les politiques delenfance, les allocations postformation, la citoyen-net sociale) ; les allocations et les politiquesfamiliales. Bien entendu, la jeunesse ne fait pasexception du point de vue des contrastes dans letraitement par les pouvoirs publics (Paugam, 1999 ;Saraceno, 2002), mais ces contrastes ont plusieursconsquences sur les questions analyses ici qui,induisent des diffrences trs marques dans lesrelations intergnrationnelles : alors que certainspays, comme la Sude, adoptent un traitementinstitutionnel plutt galitaire de la population jeunes , dautres, comme la France ou plus encorelItalie, optent pour une familialisation de la priseen charge et renforcent les ingalits sociales entreles individus (Van de Velde, 2008) ; elles ont uneinfluence considrable sur la manire de considrerles difficults daccs des jeunes lge adulte(Mc Neish and Loncle, 2003 ; Commissariat gnraldu Plan, 2001) ; elles conduisent des perceptionscontrastes du politique et des dcideurs chez lesjeunes : alors que les dcideurs des pays scandinavesbnficient dune trs bonne opinion chez lesjeunes de leurs pays, les jeunes britanniques et lesjeunes Franais se dfient trs largement de leurclasse politique (Galland, 2008 ; Loncle, 2008).

    Pour analyser les consquences des diffrences decatgorisations des jeunes en Europe, G. Jonespropose de soulever les questions suivantes : Est-ceque les jeunes de moins de 18 ans ont des droitsindividuels ou bien ces droits sont-ils attribus leurfamille ? Est-ce que les versements des allocationssont structurs par lge et, si oui, est-ce cohrent ?

    (2) Le workfare est un systme daides publiques ; lobjectif est de rduire le recours aux prestations sociales avec uneobligation, pour le bnficiaire de laide, de travailler ou de s'inscrire dans un programme de dveloppement del' employabilit .

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    Quelles sont les dispositions prises pour les jeunesdont les familles ne veulent pas ou ne peuvent pasles aider ? Quand lge adulte survient-il du pointde vue de la citoyennet sociale ? (Jones, 2006:50).On pourrait ajouter cette liste un lment quutilisedailleurs G. Jones en dautres occasions : lesjeunes sont-ils autoriss recevoir des allocations,des prestations sociales sans avoir pralablementexerc un emploi ? Ces questions apparaissentcapitales car elles permettent de comprendre dansquelle mesure les jeunes accdent pleinement ounon la citoyennet sociale et sont considrscomme autonomes ds lors quils franchissent lamajorit civile. Elles ont une rsonance particulireen France avec les dbats autour du revenu mini-mum dinsertion (RMI) puis du revenu de solidaritactive (RSA) jeunes puisque les jeunes Franais sils nont pas demploi salari sont singulire-ment carts du systme de protection sociale etdpendent de limportance de la familialisation dela prise en charge (Van de Velde, 2008).

    G. Jones, plus rcemment, tend son raisonnementpour mettre en vidence limpact des politiquespubliques sur la marge de manuvre des jeunesdans la construction de leur trajectoire : Lestransitions apparaissent plus fluides, simplementparce quelles sont plus complexes et moinslinaires, mais elles sont en fait de plus en pluscontraintes par des sries complexes de dispositifsinstitutionnels. La question est de savoir si les jeunesont aujourdhui le pouvoir de btir leur transitionvers lge adulte comme des projets biographiquespersonnels ou sils sont seulement capables dagir(ou de rsister) dans le cadre des paramtres desbiographies institutionnelles standardises ou des"sentiers" culturels qui ont t formaliss leurintention. Les politiques sociales, ducatives, lescadres institutionnels dterminent quand ilspeuvent devenir conomiquement indpendantspar lemploi, quand ils peuvent recevoir la pro-tection sociale et silsen ont besoin (). Lesstructures des politiquessociales voluent sanstenir compte des convic-tions et modes de vie desjeunes (). La flexibilitrequise pour ngocier lesincertitudes des transi-tions entre en contradic-tion avec la rigidit desstructures politiques elles-mmes. Quand les jeunes"chouent" atteindreles objectifs des voies quileur ont t traces, onpeut considrer que noussommes face aux rsultatsdes checs institutionnels,

    face aux rsultats de politiques qui ont chou prendre en considration dautres normes culturellesque les leurs et qui, pourtant, permettent decomprendre les choix et les actions des jeunes etde leurs parents (2009:175-176). Aprs avoirexamin les difficiles catgorisations publiqueslies la multiplicit des rgimes de transition et la diversit des systmes de droits sociaux, on peutsinterroger sur linfluence de cette pluralit sur lesdfinitions des politiques publiques de jeunesse.

    Quelles politiques pour quels publics ?

    Depuis une quinzaine dannes, en Europe, lespolitiques sur la jeunesse comme ressource ,entendue comme une jeunesse qui prend un rleactif dans la rsolution de ses propres problmes(Vulbeau, 2001), sont largement venus concurrencerceux sur la jeunesse comme problme (IARD,2001). Cependant, au-del de la rhtorique, laralit des politiques mises en place dans les dif-frents secteurs relatifs linsertion des jeunes ducation et formation, emploi, protection sociale,domaine socioculturel, notamment semble pluscomplexe. Le programme de recherche europen Youth Policy and Participation Yoyo a ainsimontr que chaque secteur daction publiqueconcern interprtait diffremment les objectifs etles priorits dintgration des jeunes (Walther et al.,2006). Lensemble des politiques visant lint-gration de cette population peut ainsi tre classsur un continuum allant du soft au hard (tableau 2). Les politiques hard sont relatives des secteurs cls de lorganisation sociale ; ellessont le plus souvent administres au niveau national,elles bnficient dun faible degr de souplessemais sont dotes de ressources financires consid-rables. Les politiques soft concernent, quant elles, des domaines daction publique considrscomme moins essentiels et leur financement est

    Tableau 2

    Politiques soft et hard pour les jeunes

    Source : Walther A., 2006 a, Regulating youth transitions: Trends, dilemmas and variations acrossdifferent regimes in Europe, in PPaarrttiicciippaattiioonn iinn ttrraannssiittiioonn,, mmoottiivvaattiioonn ooff yyoouunngg aadduullttss iinn EEuurrooppee ffoorr lleeaarrnniinnggaanndd wwoorrkkiinngg [sous la dir. de Walther A., Bois-Reymond (du) M., Biggart A.], Frankfurt, Peter Lang:44.

    SSoofftt HHaarrdd

    LogiquesBesoins individuels Fonctions socialesDimensions subjectives Dimensions systmiquesNiveau local Niveau national

    SecteursPolitique dejeunesse

    Politique dducation,de formation et deprotection sociale

    Politiques dactivationdu march du travail

    Objectifs

    Accomplissementpersonnelducation politiqueSocialisation civiqueDveloppementcommunautaire

    Constitution dun capitalhumainducation civiquePrvention/compensationdes problmes sociaux

    Entre sur le marchdu travailEmployabilit

  • souvent limit. Elles sont largement dfinies auniveau local, de faon relativement souple, et visentavant tout les besoins et les intrts des citoyens.Lespace laiss la participation est ici bien plusimportant que pour ce qui est des politiques hard .

    Le programme Yoyo montre que la jeunesse nestrellement prise en compte comme une ressourcepour la socit ressource dont il faut favoriserla participation la vie sociale et laccs lacitoyennet que dans le secteur des politiques soft , les politiques de jeunesse proprementparler. En effet, dans la plupart des rgimes de tran-sition (Walther, 2006 b), les domaines politiquesplus hard , tels que lducation et la formation,la protection sociale ou le march du travail,ngligent largement les subjectivits juvniles, leursaspirations, leur dveloppement personnel. Les politi-ques hard sinscrivent, en fait, plutt dans unelogique de mfiance lgard de cette population,logique qui conduit restreindre les possibilitsde choix offertes. Cest notamment le cas pour lespays appartenant au rgime de transition libral(reprsents par le Royaume-Uni et lIrlande dansce programme de recherche) qui encouragent lint-gration prcoce sur le march du travail et lind-pendance conomique des jeunes. En effet, bienque la priorit donne la responsabilit indivi-duelle se reflte dans un systme ducatif souple,les politiques de protection sociale et dintgrationsur le march du travail reposent, en revanche, sur unefigure assez ngative de la jeunesse. Les politiques deworkfare exercent ainsi une pression importantesur les jeunes afin de sassurer quils ne soient pasencourags rester inactifs et dpendants de laidesociale.

    Les rgimes continentaux corporatistes (Allemagne,Pays-Bas, France) oprent quant eux une dis-tinction tranche entre les politiques hard et lespolitiques soft . En effet, le domaine socioculturelest assez fortement dvelopp et valorise limagede la jeunesse travers un encouragement audveloppement personnel et linitiative indivi-duelle et collective. Cependant, dans les secteurscls de lintgration que sont lducation, la for-mation et linsertion professionnelle, les jeunes nesont considrs comme acteurs de leur parcours etvaloriss dans leur choix que sils ont atteint unhaut niveau de qualification scolaire. Les transitionssont structures par un systme scolaire slectifet standardis qui vise lattribution de positionshirarchises. De ce fait, les jeunes qui suivent destrajectoires classiques sont relativement protgstandis que les autres font face des risques importants.

    Les tats sous-protecteurs du sud de lEurope(Italie, Portugal, Espagne) souffrent, quant eux,dun dficit structurel la fois dans les domaines hard et soft des politiques touchant les jeunes.

    Les trajectoires juvniles ne se heurtent pas unmodle dintgration dominant encadr par lactionpublique mais plutt une forme de vide social.Lallongement des priodes dattente entre formationet emploi, les forts taux de chmage et la prcaritcroissante ainsi quune absence de droit au regardde la protection sociale sont compenss par unedpendance plus longue lgard de la famille.

    Seul le rgime de transition universel (Danemark)semble encourager la participation juvnile enten-due comme le fait de rendre les jeunes acteurs deleurs parcours dans des domaines centraux telsque les politiques ducatives ou linsertion profes-sionnelle. Lide est en effet de donner la personneles moyens et la souplesse suffisants pour luipermettre de faire des choix. Les parcours sontsoutenus par laccs des revenus sociaux ; lespolitiques sadressant aux jeunes visent lpanouis-sement et le dveloppement personnel.

    Dune manire gnrale, on peut donc dire que,dans la plupart des pays europens, limage de lajeunesse comme ressource est faiblement investiepar les politiques qui concernent lducation, laformation, la protection sociale et laccs au marchdu travail. Or, ces politiques hard apparaissentjustement comme des secteurs cls de linsertionsociale. Ces politiques offrent, en effet, les ressourcespermettant de soutenir les transitions vers lgeadulte et elles restent centrales dans la distributiondes positions sociales. loppos, les secteurs soft de laction publique valorisent fortementlaccs aux droits civiques et politiques mais sansgarantir laccs aux droits sociaux. Quel poidspeut-on alors accorder la rhtorique de jeunessecomme ressource si celle-ci sapplique des poli-tiques publiques qui restent en marge des parcoursdinsertion et demeurent relativement inefficacesen matire de lutte contre les ingalits socio-conomiques et de capital social ? Quelle est lavaleur de lencouragement la participation juv-nile si celle-ci nest pas associe un dveloppe-ment de la citoyennet sociale ? La limitation duneconception positive de la jeunesse au seul domainedes politiques socioculturelles est dailleurs dautantplus rductrice que ces dernires ne touchent pasnon plus lensemble des jeunes et quelles sont biensouvent investies par les publics qui sont dj lesplus proches des institutions. Il sagit notammentdune limite bien connue des expriences de parti-cipation : si elles sont promues travers lEuropecomme un lment de renforcement de la citoyen-net, voire dans une certaine mesure de lintgra-tion sociale des jeunes, elles sont encore largementdestines des jeunes organiss et dj aguerris la chose publique. Comme le soulignent A. Waltheret al. : Les jeunes dits "dsavantags" sont parti-culirement sous-reprsents dans les programmesde participation. () Les jeunes peuvent ne pas

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  • participer du fait dun manque dintrt pour uncontenu quils ne peroivent pas comme appropriou significatif. Ils peuvent ne pas avoir les qualitsou les capacits pour exprimer leurs intrts etsimpliquer. Ils peuvent penser que leur engagementne fait aucune diffrence, et ils peuvent avoir lesentiment de manquer de pouvoir pour influencerles processus et les institutions qui ont une influencesur leur vie. Il peut aussi y avoir un manque doppor-tunit et despace pour linitiative individuelle dufait dune surinstitutionnalisation de la vie socialeet de lespace public (Walther et al., 2006:37).Ainsi, malgr linfluence significative des incitationsrcurrentes des institutions europennes donneraux jeunes une place dacteur (Loncle et Muniglia,2009), la rhtorique de la jeunesse commeressource apparat encore bien timore enEurope, la fois en raison des secteurs auxquelselle sapplique, mais aussi des publics quelle toucheeffectivement.

    Conclusion

    Lvolution des transitions vers lge adulte, caract-rise par lincertitude et le risque, nincite pas dvelopper une image positive des jeunes danslaction publique. En effet, bien que les catgori-sations publiques de la jeunesse soient fortementdiffrencies en fonction des rgimes de transition,les tats europens ont largement dlaiss laquestion de laccs la citoyennet sociale pourcette population en se concentrant sur les questionsde citoyennet politique. Ainsi, en sintressantaux politiques effectivement mises en uvre endirection des jeunes, on observe une rupture impor-tante entre, dune part, les objectifs, ports par lespolitiques socioculturelles, de promotion dune jeu-nesse actrice de la socit et, dautre part, unemfiance spcifique lgard de cette populationqui justifie notamment la limitation de laccs auxdroits sociaux. On stonne ainsi que, malgr lesenjeux forts dintgration sociale et politique de lajeunesse, largement souligns par les discours poli-tiques des instances europennes, les objectifs et les

    priorits des politiques mises en uvre en directiondes jeunes demeurent ce point ambigus, ngli-geant le fait que linsertion sociale et la citoyennetjuvnile supposent la fois une politique sociale deredistribution des ressources et des opportunits etune politique citoyenne de promotion de la partici-pation. ce titre, il est important de noter que ladstandardisation des transitions vers lge adultepose un dfi laction publique : celui de promouvoirdes politiques intgres pour soutenir ces transitions(Walther et Stauber, 2002) en coordonnant les do-maines daction publique qui apparaissent perti-nents dans une perspective biographique et enrendant ainsi permables les frontires entre la pro-tection sociale, lducation, la formation, le marchde lemploi, le domaine socioculturel, la sant ouencore le logement.

    En outre, linquitude croissante des autoritspubliques concernant les pratiques de non-recours,notamment parmi les jeunes, peut tre mise en lienavec lespace plus ou moins grand laiss par lespolitiques publiques lexpression des subjectivitset la valorisation des choix dans la constructiondes parcours individuels. En effet, le dsengage-ment des jeunes les plus en difficult vis--vis despolitiques ducatives ou de formation, des politi-ques dinsertion sociale ou professionnelle nestvisiblement pas tranger aux faibles opportunits etaux choix limits qui leur sont offerts (Walther etal., 2006). Ainsi, si les politiques sociales et du-catives peuvent offrir un soutien lallongement destransitions vers lge adulte et permettre le maintiendes aspirations individuelles, la simple existencedaides ou de dispositifs dinsertion et de formationne suffit pas garantir un espace pour lexpressiondes subjectivits. Les critres daccs ces diffrentesmesures peuvent notamment induire des processusde slectivit et de normalisation, et renforcer ainsides formes de rsignation ou de stigmatisation pourles jeunes les plus en difficult. Paradoxalement,alors quelle laisse les jeunes face la prcarit etau vide statutaire, labsence de soutien public peuttre porteuse despace pour lexpression des subjec-tivits (Walther, 2006 b ; Loncle et Muniglia, 2009),du moins pour ceux qui peuvent faire face cetteprcarit.

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