art immédiat le poignard subtil

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Me contacter Photo À propos (A propos = projet du blog + adresse pour contact) . "A contrecoeur, Will se tourna vers le couteau et le prit. Il s'agissait d'un poignard d'aspect banal, avec une lame à double tranchant (…) « Ce côté- ci, déclara Giacomo Paradi, en frôlant la lame avec le manche d'une cuillère, peut couper n'importe quel matériau existant. » (...) « L'autre côté de la lame, reprit le vieil homme, possède des pouvoirs plus subtils. Grâce à lui, tu peux même découper une ouverture dans ce monde. » (...) « Tu cherches une lundi, 18 novembre 2013 Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23 novembre au Musée de la Création Franche C'est dans six jours. Une journée entièrement consacrée à la recherche autour des fanzines (petite presse en auto-édition) spécialisés dans l'art brut. L'initiative en revient à Déborah Couette du CrAB (Collectif de Recherche autour de l'Art Brut) et au Musée de la Création Franche à Bègles où se tiendra la journée d'études. Plusieurs intervenants, dont mézigue, sont attendus là-bas. Voici du reste le programme et les intentions des concepteurs de cette journée:

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Sur le blog Le poignard subtil, les pages concernant le tag art immédiat.

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  • 1. Me contacter lundi, 18 novembre 2013 Photo Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23 novembre au Muse de la Cration Franche C'est dans six jours. Une journe entirement consacre la recherche autour des fanzines (petite presse en auto-dition) spcialiss dans l'art brut. L'initiative en revient Dborah Couette du CrAB (Collectif de Recherche autour de l'Art Brut) et au Muse de la Cration Franche Bgles o se tiendra la journe d'tudes. Plusieurs intervenants, dont mzigue, sont attendus l-bas. Voici du reste le programme et les intentions des concepteurs de cette journe: propos (A propos = projet du blog + adresse pour contact) . "A contrecoeur, Will se tourna vers le couteau et le prit. Il s'agissait d'un poignard d'aspect banal, avec une lame double tranchant () Ce ctci, dclara Giacomo Paradi, en frlant la lame avec le manche d'une cuillre, peut couper n'importe quel matriau existant. (...) L'autre ct de la lame, reprit le vieil homme, possde des pouvoirs plus subtils. Grce lui, tu peux mme dcouper une ouverture dans ce monde. (...) Tu cherches une
  • 2. ouverture, si minuscule que tu ne peux pas la voir l'oeil nu, mais la pointe du couteau saura la trouver, si tu l'accompagnes avec ton esprit. Sonde le vide, ttonne dans l'air, jusqu' ce que tu sentes cette infime dchirure dans le monde... " "A la Croise des Mondes, La Tour des Anges" (tome II), Philip Pullman, 1997 Notes rcentes Une trange roche sculpte en fort de... Apparition de FatimaAzzahra Khoubba Fanzines... d'art brut? Rendez-vous samedi 23... Andr Stas bouffe du cur Encore un jeu, pour porter chance cette fois A Carquefou, Ruzena et Jean Branciard... Monsieur X quelque part la fin des terres Salon d'art alternatif, Htel le A Une lecture de textes bruts Bordeaux Martine Doytier, d'un tableau revenant et de... Des fanzines et des revues autour de l'art brut, il y en a eu, il y en a encore. Mais entirement consacrs l'art brut au sens strict du mot, part les premires plaquettes dites par la Galerie Ren Drouin en 194748, les publications en jargon de Dubuffet, puis les fascicules dits depuis le dbut des annes 1960 sous Rechercher Ok Novembre 2013 D L M M J V S
  • 3. l'gide de la Compagnie et de la Collection d'Art Brut, on ne peut pas dire qu'il y en ait eu vritablement. Toutes celles qui parurent, jusqu' aujourd'hui, du Bulletin des Amis d'Ozenda, en passant par la Chambre Rouge, l'Art immdiat, Les Friches de l'Art, Gazogne, jusqu' Zon'art et Cration Franche, toutes ne parlrent pas exclusivement d'art brut, mais aussi et surtout des alentours aussi bien, des formes d'art apparentes (art nafs, habitants-paysagistes, graffiti, art modeste, inclassables etc.) en se rfrant galement des artistes singuliers rangs ailleurs dans la Neuve Invention ( Lausanne) ou dans la cration franche ( Bgles). Comme si le concept d'art brut leur paraissait trop restrictif, trop ghettosant... 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Archives 2013-11 2013-10 2013-09 2013-08 2013-07 2013-06 2013-05 2013-04 2013-03 2013-02 Toutes les archives Tags populaires Bruno Montpied Art singulier aptonymes Bulletin de l'Association Les Amis de Franois Ozenda Environnements spontans art brut Art populaire insolite Noms prdestinants Art Immdiat loge des jardins anarchiques Art naf abb Four HabitantsPaysagistes Posie naturelle Emmanuel Boussuge Cration Franche
  • 4. Commentaires rcents Le sciapode sur Une trange roche sculpte en fort de... Le sciapode sur Une trange roche sculpte en fort de... Le sciapode sur Une trange roche sculpte en fort de... Flicie Corvisart sur Une trange roche sculpte en fort de... L'aigre de mots sur Une trange roche sculpte en fort de... La Chambre Rouge fut mon premier fanzine un peu srieux, qui s'intressait la fois au surralisme dans ses aspects les plus vivants, aux fous lttraiires, aux divertissements littraires, la sculpture populaire, l'art rustique moderne (Gaston Mouly et ses "dessins" ci-dessus voqus sur la couverture du n4/5 de 1985, bien avant que Grard Sendrey ne rencontre, sur mon instigation, le mme Mouly et ne s'attribue par la suite la responsabilit d'avoir pouss Mouly vers le dessin...) Le n2 et le n1 de L'Art Immdiat, ma deuxime revue, de 94 et 95, cette fois plux axe sur les arts populaires spontans Siger du Haryag sur Une trange roche sculpte en fort de... Dan sur Une trange roche sculpte en fort de... Isabelle Molitor sur Une trange roche sculpte en fort de... max sur Y, le pays du choix impossible Rgis Gayraud sur Une trange roche sculpte en fort de... Bruno Montpied, oeuvres (photoblog) Cration Franche Veuillez cliquer ici pour une petite visite sur ce photoblog cr le 11 juillet 2013. Catgories Archives du peuple singulier Art Brut
  • 5. Art collectif Art contemporain Art de l'enfance Art des crotes, art des dpts-ventes Art forain Art immdiat Art inclassable Art involontaire Art moderne mconnu Art naf Gazogne, le numro plus rcent, n35 De plus, les publications de la Collection de l'Art Brut, si elles sont bien de l'auto-dition du fait de la Collection elle-mme (dans la majeure partie des fascicules, car les derniers en effet sont dits conjointement avec In Folio ditions), ne sont pas proprement parler analogues aux "fanzines", ditions qui se caractrisent gnralement par une certaine pauvret de moyens, tant le fait de chercheurs et de passionns le plus souvent dsargents, indpendants des cercles professionnels du journalisme et de l'dition. Il tait cependant tentant d'aller porter un peu l'clairage de ce ct, pour voir pourquoi il fut important pour quelques passionns en France dont le signataire de ces lignes, et animateur de ce blog, fait partie de faire de l'information sur les phnomnes non seulement de l'art brut mais aussi de l'art naf, de l'art populaire rural, de l'art forain, de l'art populaire contemporain aussi appel art modeste, d'un certain surralisme spontan, de la littrature ouvrire, des fous littraires, des environnements spontans, des cultures urbaines, de l'art de la rue, des graffiti, etc. Il est tentant d'essayer de comprendre aussi pourquoi il n'a pas t possible en France, et ce jusqu' prsent, de monter une grande publication priodique qui se consacrerait l'tude et l'information sur tous ces aspects de la crativit autodidacte spontane, publication qui aurait Art populaire contemporain Art populaire insolite Art populaire religieux Art singulier Botes aux lettres insolites Cinma et arts (notamment populaires) Confrontations Correspondance Curiosits et divertissements langagiers Danse macabre, art funraire DICTIONNAIRE DE CITATIONS DU POIGNARD SUBTIL Enseignes fautives mais suggestives Environnements spontans Fantastique social Fous littraires ou crits bruts Galeries ou muses bien inspirs Graffiti Guide du sciapode
  • 6. fait appel toutes sortes de plumes. Ne seront pas non plus voques, trs probablement, et ce sera dommage, toutes les publications encore moins spcialises sur les arts populaires, pas ncessairement des fanzines aux pauvres atours, mais qui ont cependant rgulirement publi des informations sur tel ou tel sujet qui appartenait au corpus, comme les revues Plein Chant, SURR, Jardins, voire les magazines L'il, Artension, L'Oeuf Sauvage (par exemple). Des fanzines d'aujourd'hui comme Recoins et Venus d'Ailleurs (trs soigneusement dit ce dernier), sans se braquer sur l'art populaire ou brut, savent de temps autre accueillir des articles sur le sujet. Il faudrait donc ouvrir plus largement le compas et s'interroger sur l'ensemble des articles ou tudes publis ici et l sur le thme des arts d'autodidactes inventifs. Hommages Images caches, images dlirantes? Inscriptions mmorables ou drlatiques Jeux L'oeil du Sciapode Le conte en rapport avec d'autres expressions Lexique et dfinitions des arts populaires Littrature Littrature jeunesse Marine populaire et singulire Musiques d'outre-normes Napolon et l'art populaire Noms prdestinants Papillons de l'immdiat Paris populaire ou insolite Photographie Pomes choisis du sciapode Posie naturelle ou de hasard Questionnements Annonce de la publication de la revue Recoins n5 (avec plusieurs articles concernant les arts populaires et les environnements spontans), parution 2013 Sciapodes Sur la Toile Surralisme Sans compter que d'ici trs peu de temps, il faudra aussi que nos amis universitaires et archivistes se penchent avec suffisamment de documentation numrise sur les blogs qui ont pris le relais avec vigueur des publications sur papier (comme l'auteur de ce blog qui put grce ce mdium donner toute l'ampleur qu'il souhaitait la masse d'informations dont il disposait, une fois passe l'poque "hroque" des premiers fanzines des Vhicules cratifs Textes en vert: Textes ds des collaborateurs extrieurs Principes Nous acceptons le droit
  • 7. annes 80 et 90). de rponse chez tous Pour suivre cette journe, il semble prudent de rserver auprs du Muse de la Cration Franche. redire aux notes les 00:27 Publi dans Archives du peuple singulier, Art Brut, Art forain, Art immdiat, Art inclassable, Art naf, Art populaire contemporain, Art populaire insolite, Art singulier, Environnements spontans, Fous littraires ou crits bruts, Graffiti, Surralisme | Lien ceux qui trouveraient mettant en cause dans la limite des dimensions du texte les concernant. Nous donnerons l'origine permanent | Commentaires (12) | Envoyer cette note | Tags : fanzines, art brut, art singulier, de nos images dans la surralisme spontan, la chambre rouge, l'art immdiat, collection de l'art brut, cration mesure du possible. Si franche, crab, dborah couette, zon'art, ozenda, recoins, gazogne | certains ayant droits se Imprimer trouvaient en dsaccord, il samedi, 02 novembre 2013 Monsieur X quelque part la fin des terres A Benot et Darnish qui m'accompagnrent joyeusement en ce bout des terres suffit de nous le signaler et les images seront retires. En sens inverse, si certaines des images dont nous possdons les droits ou certains de nos textes taient repris sur Ce crateur, se dfinissant volontiers comme asocial , et non pas anarchiste , ne veut pas quon le nomme ni quon le situe sur la carte, mme si certains, ayant voulu parler de lui, nont pas respect cette demande (et que donc son nom trane ici et l). d'autres sites ou blogs, nous demandons simplement tre cits. Il va de soi qu'en cas de reproduction de nos crits, nous demandons ce que ces derniers ne soient pas tronqus de faon inconsidre, voire pire, ne soient pas remonts dans un autre ordre. En cas de reproduction de nos textes ou images sur papier, prire de demander notre autorisation au pralable. De doux liens ABCD: Art Brut Connaissance et Diffusion Monsieur X., ce qui dpasse de la haie ct route... ph. Bruno Montpied, 2013 Ancien marin ayant passablement bourlingu sur Anonymous works (blog amricain, curiosits et art populaire... Arcane 17, blog sur le surralisme de Fabrice
  • 8. les mers (il habite quelques encablures de falaises surplombant vertigineusement locan), ayant galement tt des Beaux-Arts, et parcouru la France dans sa jeunesse pour parfaire son ducation dartisan tel un compagnon, possdant quelques connaissances en architecture et dans la construction des voiliers, monsieur X a cr depuis trente-cinq ans autour de sa petite maison traditionnelle bretonne un ensemble harmonieux et mystrieux de sculptures aux formes recherches et oniriques, tenant tantt de l'os, tantt de l'pine ou bien encore de l'algue. Pascaud Archi libre Art et marges muse, Bruxelles Art populaire et objets de curiosit, le site de l'experte Martine... Art-singulier.fr (de tout sans trier) Association des amis de l'oeuvre de l'abb Four (Jolle Jouneau) Association Hors-Champ, les documentaires autour des arts singuliers Atelier Mas-les Gents, "art diffrenci" Atlas obscura, blogcompilation des merveilles et curiosits... Belvert BibliOdyssey, une odysse dans l'iconographie des bibliothques... Blog sur l'art singulier et Jerzy Ruszczynski par Frdric Lux Original belvdre comme gluant, adhrant la maison d'habitation, et faisant une transition de l'architecture traditionnelle bretonne l'inventivit offerte dans le jardin dont il garde un passage, ph. BM, 2013 Bohdan Litnianski, un site sur un environnement populaire en pril CAPUT, la collection de l'art populaire et de l'underground tacite Cococephalophily, la noix de coco sculpte Collection de l'art Brut Lausanne Costruttori di babele, le site en italien de Gabriele Mina El Hombre Jazmin (L'homme-jasmin), blog
  • 9. espagnol sur l'art brut et... Envers, Chemins divers de la posie et de l'imaginaire - La revue... Fatrazie, Oulipo, Pataphysique et APTONYMES (les noms prdestinants) Gabriel Albert,blog de Bernard Maingot (actualits de... Gabriel Albert: l'Inventaire du patrimoine de PoitouCharentes Monsieur X., vue de la maison en arrire-plan, flanque d'un belvdre en angle, d'un monument avec une femme nue tendue de tout son long sur une arche, ph. BM, 2013 "Onirique" nest pas une pithte trop cule en ce qui le concerne, puisquil se revendique dun certain surralisme, mme si comme il le confie, aprs tre all rencontrer certains surralistes historiques Paris dans les annes 50-60, il trouva ce milieu passablement embourgeois . Il parat avoir assist, quelque peu intimid semble-t-il, la crmonie, organise par Jean Benot entre autres et immortalise par les photographies de Gilles Ehrmann, visant excuter le testament du Marquis de Sade. Sy sentit-il dplac ? Il ne le prcise pas. Cependant, il se sent proche de ce mouvement. Ses peintures, louchant du ct dun certain fantastique aux codes surralistes peut-tre un peu trop voyants, en attestent, de mme que, peut-tre aussi, des crits quil voqua mots couverts durant notre bref entretien (on trouve de temps autre sur les sculptures diverses inscriptions manifestant son got pour la posie ; voir cidessous la lgende "Parfaite en beaut hautaine"). Gabrielle Decarpigny, dessinatrice inspire, le site Groupe de Paris du Mouvement Surraliste, revue SURR... Herv Perdriolle et l'art contemporain indien Hors-Champ, l'association, rencontres autour du cinma et des arts... Jean Branciard, et son site Vhicules rouills Jean-Michel Chesn, le blog L'IIREFL, le blog La cellule d'coute, curiosits musicales d'Eube Recoins... La Collection De Stadshof, art naf et outsider La Main de Singe, littrature, curiosits... La Passerelle, sur les oeuvres produites dans leur atelier Cherbourg La vie palpitante
  • 10. d'Antoine P. Le Bathyscaphe (A.Peuchmaurd et autres) Le Blog de Thierry Bucquoy, avec une belle envole anti-Banne Le blog et les albums de Coco Fronsac, artiste modificatrice Le Blog-Notes de Laurent Lolmde Le copain de Doisneau Ph. BM, 2013 Mais ce sont surtout ses sculptures, arachnennes, effiloches, tonnantes dans leur apparent dsquilibre, comme influences par un nouvel Art Nouveau nosant pas dire son nom, qui retiennent lattention par leur vidente originalit. Les bras de ses statues seffilent et se transforment en racines comme bouturs directement dans la terre. Un avorton grimpe sur une sphre claire la nuit comme un trange quinquet, enseigne de pote de la fin du monde. Un trange petit belvdre juch sur une tourelle langle de sa maison comme perptuellement sur le point de vaciller donne au site un caractre de dcor de rve improbable au milieu de la lande. Une arche supportant une immense femme renverse porte en son extrmit des soufflets qui peuvent jouer des notes de musique si on tire correctement leurs ficelles (voir ci-contre avec Darnish chef d'orchestre), composant une sorte de nouvel orgue dun autre Capitaine Nemo rfugi dans les terres, survivant, toujours rsolument lcart dune socit quil vomit avec ses valeurs indexes sur le profit, la vanit et la gloire. Le FIDAN, un fonds de documentation italien sur l'art naf... Le site web de Philip Pullman (en anglais of course) Le tampographe Sardon Les beaux dimanches, vagabonder en compagnie de Laurent Jacquy Les idioties d'Anne Marbrun Les inspirs du bord des routes L'Alamblog, le blog d'Eric Dussert Matres de l'art populaire (au Qubec) Marc Grodwohl Modillons indcents, le site de Jol Jalladeau sur l'art roman Monch, photographe de la posie naturelle retouche Muse Rural des arts populaires de Laduz Collection Humbert News of the Wens, un blog de graphiste Nouvelles-Hybrides, une
  • 11. Le style Art Nouveau de ses uvres en plein vent faisant penser au dcor du Nautilus dont des fragments se seraient perdus dans la lande. revue suivre Osservatorio Outsider Art, site en italien, et revue en ligne Outsider environments Europe, site sur les sites d'autodidactes en... Paisibles chasseurs de portails-papillon Paris secret et insolite, le blog de Rodolphe Trouilleux Playboy Communiste, le blog consacr au Griffonneur de Rouen Serge Paillard, l'art de voir dans les pommes de terre La "sainte" vue par monsieur X., accueillant le mort, ph. BM, 2013 Certes, monsieur X par le style cultiv de ses sculptures tranche avec les environnements populaires que je prfre usuellement. Cest sans compter avec la navet de certains de ses personnages, et laspect dbrid profondment original de lensemble, le got trs fort de l'analogie applique la conception de ses sculptures, la grande posie de l'ensemble. Autodidacte surralisant, cet ancien marin breton, rfractaire lordre tabli, est la croise des crateurs purement nafs ou bruts et des crateurs de dcors excentriques primitivistes (comme celui de Robert Tatin par exemple dans la Mayenne, dont on pourrait facilement rapprocher sociologiquement monsieur X). Site de l'Association l'Aracine The Robber Bridegroom, blog du SLAG (surr londoniens) Tour de table, l'animationlecture Paris Venus d'ailleurs Albums photos A l'cart, des Singuliers, une exposition virtuelle Photographies ready-made trouves par Jean-Pierre Willems
  • 12. Marcello Cammi Bordighera (Italie) Croix de chemin Newsletter email M'inscrire Monogramme de Monsieur X. sur le mur de sa maison, ph. BM, 2013 _____ Envoyer A noter que monsieur X, durant notre entretien avec lui, tint se distinguer nettement de l'art brut auquel il ne pense pas devoir tre rattach. Merci Benot Jan, Alain Nempont et enfin Thrse Barbier qui tous successivement, diffrentes poques, m'ont envoy des photos pour me signaler ce site qui se veut pourtant discret... 12:05 Publi dans Art immdiat, Art naf, Art singulier, Environnements spontans, Surralisme | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note | Tags : finistre, art nouveau, capitaine nemo, nautilus, autodidacte surraliste, posie, bretagne insolite, benot jan, darnish | Se dsinscrire Imprimer dimanche, 27 octobre 2013 Salon d'art alternatif, Htel le A Enigmatique appellation, isn't it? Ce serait pourtant l'exacte traduction d'"Outsider Art Fair", ce salon organis par Andrew Edlin, par ailleurs directeur de la galerie du mme nom New York, galerie qui se consacre diverses dcouvertes classables ou non dans l'art brut.
  • 13. On sait qu'aux USA, le terme d'art brut est difficilement traduisible, et pas seulement le terme, mais la notion elle-mme. On lui prfre "outsider art" qui sert regrouper dans un vaste pot-pourri l'art des pionniers (limners nafs amricains des XVIIIe et XIXe sicles), art populaire, art des environnements, et art d'individus autodidactes marginaux (pensionnaires d'asiles, mdiumniques, et une sacre tripote de zinzins mysticovisionnaires, qui paraissent florissants aux States). Derrire cette tiquette, mls sans aucun distingo aux crateurs autodidactes non artistes professionnels, se cachent cependant aussi toutes sortes d'artistes en voie de professionnalisation, visionnaires tranges, marginaux l'intrieur de l'art contemporain, que l'on aurait pu aussi bien voir revendiqus par le surralisme en un autre temps. Les Amricains ont donc dcid de venir Paris pour quatre jours (a se termine ce dimanche) rassembler dans un petit htel quatre toiles de six tages, rue d'Artois, deux pas des Champs-Elyses et de la FIAC, 24 galeries plus ou moins spcialises dans les divers champs de ce qu'ils appellent l'art outsider, galeries venues d'Amrique ou d'Europe. Le prix d'entre est du mme genre qu' la FIAC, 15, pour venir voir si l'on
  • 14. peut dpenser plus dans les galeries prsentes (!), et encore plus cher pour avoir le droit de venir au vernissage (re-!). Tout a n'tant pas, comme s'en convaincront les lecteurs du Poignard Subtil, very, very democratic. Il fallait certes rembourser les frais de location de l'htel 4 toiles. Mais qui obligeait ces messieurs investir un htel si chic (autour de 500 la nuit d'htel)? Hormis la ncessit leurs yeux d'offrir l'art des misreux, des alins et des souffrants de l'me aux privilgis et aux favoriss de la vie ( la recherche d'un peu de ralit et de bonne conscience probablement?), frquentant les Champs et accessoirement croisant du ct de la FIAC proche? Mais oublions ces propos un peu amers, et reconnaissons aussi, comme Philippe Dagen dans une chronique qu'il a donne au Monde ces jours-ci, que l'on pouvait vite oublier ce paradoxe lamentable au fur et mesure que l'on dcouvrait, grce nos coupe-files (Dagen oublie de le dire), d'tage en tage, des crateurs passionnants prsents de faon succincte mais fort soigneusement. L'ide d'un htel, dans l'absolu, du reste, tait amusante et droutante. Chaque galerie possdait une chambre, le lit n'en avait pas t dmnag, les uvres se distribuaient tout autour, la situation, lorsque la charmante htesse qui s'y trouvait vous ouvrait la porte -comme me le fit remarquer RR que j'avais invit me suivre dans cette trange foire- pouvant relever d'une certaine confusion des sentiments. On entrait aprs tout dans des chambres dcores d'art brut, invites par une charmante jeune fille, le lit trnant comme une invite au centre de la pice, certains pouvaient hsiter entre elle et lui (l'art brut)...
  • 15. Janet Sobel en action, 1948, Raw Vision n44, ph. Ben Schnall Janet Sobel, galerie Gary Snyder, New-York Vingt-quatre heures se sont coules depuis que j'ai fait une visite ce salon. Qu'en surnage-t-il? Pas les gribouillages de Dan Miller en tout cas, contrairement M.Dagen, que je trouve toujours bien trop proches duvres de la modernit plastique pour tre honntes (faon de parler...). Non, c'est avant tout la dcouverte
  • 16. de Janet Sobel dont je n'avais jamais vu de peintures et qui a fait l'objet d'un article apparemment fourni dans un vieux numro (le n44) de Raw Vision vers 2003. Si j'ai bien compris, je ne suis pas fortiche en anglais, cette dame, Juive d'origine ukrainienne et migre aux USA, disparue en 1968, fut la fois perue comme appartenant l'expressionnisme abstrait, ayant influenc peut-tre Pollock, et redcouverte comme une "outsider" plusieurs annes plus tard (une situation qu'elle partage avec quelques autres grands arolithes inclassables, tel Jan Krisek par exemple). Ses uvres sont tout fait remarquables. J'en montre ci-dessus et ci-dessous quelques exemples que je dois l'obligeance de la galerie Gary Snyder qui la reprsentait dans ce salon. Janet Sobel, sans titre, technique mixte sur papier
  • 17. Janet Sobel, galerie Gary Snyder Par contre, j'ai t fortement du par les photos d'Eugen Von Bruenchenhein (par ailleurs aussi exposes actuellement la galerie Christian Berst Paris, galerie reprsente l'Outsider Art Fair), que finalement je trouve assez banales, n'ayant pas d'intrt, ni d'un point de vue rotique, ni d'un point de vue photographique. Ses meubles en os assembls sont pour le coup bien plus intrigants. Mais il n'y en avait pas l'Htel le A. La galerie d'Herv Perdriolle montrait pour sa part de l'art populaire indien contemporain, notamment toute une srie de petits papiers dessins genre "patua", fonction magique, destins par des peintres anonymes ambulants permettre aux dfunts de se librer des dmons qui auraient voulu traner leurs mes en enfer (je rcite, approximativement sans doute, la leon que me fit la charmante htesse de la galerie). Les patua sont aussi des rouleaux narrant des histoires terrifiantes appuyant
  • 18. visuellement les rcits de conteurs-peintres ambulants (voir ci-contre ce rouleau extrait du site web de la galerie). La galerie d'Herv Perdriolle donne l-dessus ses claircissements. Dessin de Radmila Peyovic, extrait du catalogue de l'exposition "Ai Marginali dello Sguardo" de 2007 en Italie Philippe Eternod et David Mermod formaient un couple de galeristes extrmement passionns un autre tage, gambadant mentalement d'un crateur l'autre d'une manire tourbillonnante qui donnait l'impression d'une valse aux murs tapisss de dessins d'Alose, de Gaston Teuscher, de Jules Fleuri, de Raphal Lonn, d'Abrignani, de Radmila Peyovic, etc. Au milieu de cette valse, apparut brusquement le visage du crateur ACM qui me serra la pogne dans un flash ultra fugitif qui me donna le regret de ne pas en savoir plus. Ces initiales
  • 19. mystrieuses avaient tout coup un visage. Un dessin de Susan King, extrait d'un catalogue chez Marquand Books Seattle
  • 20. Richard Kurtz, extrait du site web du crateur D'autres rvlations me furent prodigues, l'exboxeur Richard Kurtz au dernier tage chez Laura Steward, les cahiers de croquis tonnants de la Nozlandaise Susan Te Kahurangi King qui mtamorphose constamment un petit personnage publicitaire de la marque de soda Fanta, le vagabond David Burton (18831945) qui dessinait sur les trottoirs (il fit l'objet d'un sujet dans les archives d'actualits de la firme Path, un beau motif de qute pour l'ami Pierre-Jean Wurtz, a, n'est-il pas?), reprsent par la galerie anglaise de Rob Tufnell, le naf grec Giorgos Rigas, reprsent par la galerie C.Grimaldis de Baltimore, et cet tonnant crateur brut, Davide Raggio (voir ci-dessous l'uvre sans titre de 59 x 47 cm de 1998), travaillant avec trois fois rien, des matriaux fragiles porte de main, friables, aux limites de l'vanescence et de l'inconsistance, crateur qui s'est fait connatre par ses figurations faites de peaux de carton dcolles et droules de manire produire des
  • 21. marques par le sceau de la prcarit mais enfin fort varies ce qui est rare chez nos grands obsessionnels. Enfin, chez Cavin Morris, galerie newyorkaise, on pouvait admirer du coin de lil sur le mur et tals sur la courtepointe quelques magnifiques dessins de Solange Knopf, uvres que j'aime dcidment beaucoup. silhouettes plus claires par contraste avec la teinte kraft plus sombre des cartons. Sur le salon, on en trouvait la fois chez Rizomi, la galerie turinoise, et la Galerie lausannoise du March chez Eternod et Mermod. Ce crateur a ceci de remarquable qu'il a pratiqu en dpit de sa situation d'enferm (en asile) diverses techniques d'expression toujours
  • 22. Solange Knopf, Botanica, 2013
  • 23. Solange Knopf, Spirit Codex, 180x100 cm, 2013 15:23 Publi dans Art Brut, Art immdiat, Art naf, Art singulier, Confrontations, Galeries ou muses bien inspirs, Photographie | Lien permanent | Commentaires (5) | Envoyer cette note | Tags : outsider art fair, htel le a, andrew edlin, janet sobel, davide raggio, art brut, outsiders, art singulier, herv perdriolle, patua, art populaire indien, collection eternodmermod, radmila peyovic, susan king, richard kurtz, david burton, galerie rizomi, solange knopf, galerie cavin morris | Imprimer dimanche, 20 octobre 2013 Martine Doytier, d'un tableau revenant et de quelques autres images... Un correspondant a eu l'heureuse et aimable initiative de me faire parvenir la reproduction d'un tableau de Martine Doytier (ne Clichy en 1949 - disparue Nice en 1984), artiste la fois nave, visionnaire et aussi
  • 24. crpusculaire, dcde bien trop tt, dont luvre excite hautement ma curiosit. Martine Doytier, coll. prive ; il semble que ce soit une scne de pique-nique, sujet que Martine Doytier a par ailleurs trait au moins une autre fois, voir ci-dessous la carte postale dite par l'ancien Muse d'Art Naf de Flayosc ; le tableau ci-dessus montre des personnages qui je ne sais pourquoi me rappellent des scnes de la vie quotidienne dans les Balkans... ; le paysage fascinant qui entoure les convives est trait de faon totalement onirique
  • 25. Martine Doytier, un pique-nique de nonnes... J'ai dj mis en ligne un autre tableau remarquable de cette cratrice lorsque j'ai chroniqu l'exposition monte autour du Facteur Cheval au Muse de la Poste Paris (en 2007). Je le replace ici, histoire de constituer un petit socle qui ne demanderait qu' tre agrandi, avec d'autres reproductions. Il semble qu'il n'y ait qu' Nice et dans sa rgion qu'on puisse en apprendre davantage sur cette artiste, curieusement rattache l'Ecole de Nice (Ben et autres) en dpit de son style trs diffrent des productions de cette Ecole. Le galeriste, photographe et collectionneur niois Jean Ferrero notamment parat conserver plusieurs uvres de notre hrone.
  • 26. Martine Doytier, Hommage au Facteur Cheval, 1977, huile, 146x97 cm, coll. Jean Ferrero, Nice Voici une notice biographique sur Martine Doytier qu'on trouve sur internet en se connectant au site du Dictionnaire Delarge des arts plastiques et contemporains: "DOYTIER, Martine: ne en 1947 Clichy, Hauts-de-Seine, France ; 1969, s'installe dans le Var comme cramiste ; 1971, commence peindre aprs avoir visit l'exposition du peintre naf Ozenda ; 1973, vit Carros, o le peintre populaire yougoslave Paleicewik lui enseine des techniques ; 1974-1984, peint un ou deux tableaux par an ; 1984, meurt le 16 fvrier. Techniques : Peintre - Sculptrice. Prsentation : En 1974, elle cesse d'tre peintre naf et elle opte pour une peinture trs construite dont les accumulations la Dado mnent au fantastique. Dans des amas de constructions, de rochers ou d'objets se dtachent des personnages aux yeux carquills sous des paupires en visire. Elle est aussi l'auteur d'une sculpture anime,
  • 27. un automate, Le Briseur de montres (1975-1977). Expositions : 1971, Art'O, Flayosc ; 1977, Biennale de Menton. Rtrospective : 1994, Muse d'Art moderne et d'art contemporain, Nice". Ajoutons cette prcision quant cette "rtrospective", organise pour commmorer les dix ans de la disparition de l'artiste, et ne paraissant pas avoir donn lieu la publication d'un catalogue, elle se droula du 19 janvier au 6 mars. Martine Doytier, tableau reproduit trs faible rsolution sur le site de "l'Espace Dbattre" de Ben Vautier ; on dirait une scne fantastique un peu utopique o des militants de la cause des arbres s'ingnieraient mtamorphoser des arbres morts en arbres refleurissant pour les replanter l'arrire-plan du paysage... Trs beau tableau apparemment en tout cas. _____ . J'ai signal dans mon compte-rendu de l'expo autour du Facteur Cheval que le cartel appos ct du tableau de Doytier d'hommage au Facteur signalait que "le peintre naf" qui avait stimul notre artiste de Nice tait le Polonais Ociepka. La notice du catalogue de l'expo reprenait par ailleurs la mention que c'tait Ozenda le peintre naf en question. Ociepka, peintre visionnaire class dans l'art naf, tait plus plausible comme influence qu'Ozenda, plus htroclite dans son expression et plus "singulier" que "naf". Cela dit, est-il possible qu'une expo Ociepka ait pu avoir lieu Nice au dbut des annes 70? Il serait videmment plus raliste de penser que cela ait t Ozenda, le peintre stimulateur, puisqu'il fut souvent expos dans cette rgion ces poques, notamment la galerie d'Alphonse Chave Vence (ce pourrait mme tre l, en y rflchissant, que Martine Doytier aurait pu voir des crations d'Ozenda. Personne n'est venu apporter d'claircissement sur la question depuis que j'ai fait cette
  • 28. remarque, personne ne s'intresse-t-il donc cette artiste? 16:29 Publi dans Art immdiat, Art naf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (6) | Envoyer cette note | Tags : martine doytier, cole de nice, ben, jean ferrero, art naf visionnaire, art immdiat, facteur cheval, muse d'art naf de flayosc, ozenda, ociepka | Imprimer dimanche, 13 octobre 2013 Tromperie sur la marchandise (l'Htel de Ville de Paris et ses impostures) "Absolument excentrique", "Art brut", nous matraquent les affiches de la nouvelle exposition de l'Htel de Ville de Paris en ce moment rue de Rivoli. Photo Bruno Montpied, 2013 Ah bon? Eh bien, cela fait mon avis, runis sur une seule affiche, deux mensonges avec un parfum d'imposture qui ne sont pas srs de rendre service ceux qu'on expose et veut dfendre, savoir toutes sortes de personnes, plus de 160 "artistes", nous assure-t-on, "en situation de handicap mental et/ou psychique issues de de vingt-cinq ateliers de cration mdico-sociaux et associatifs parisiens".
  • 29. Cette exposition, dont on a par ailleurs soign la scnographie, prsente des travaux d'ateliers collectifs o rgne en fait assez peu d'excentricit. A se promener dans l'expo, on se dit que l'on y rencontre plutt un bon chantillon de rfrences l'art plastique moderne ou contemporain, de l'expressionnisme Kokoschka dulcor la peinture proche du graffiti la Basquiat, du lettrisme l'art enfantin (l'art des handicaps mentaux s'en rapprochant souvent), etc., le tout ne prsentant aucune originalit vritable ( part une ou deux exceptions notables, voir dernier paragraphe de cette note). L'art brut, revendiqu en titre, voire l'art naf, on sent bien que l'on (les animateurs des ateliers?) cherche parfois en rapprocher les crations de ces ateliers. En effet, certaines manires, certaines caractristiques de composition que l'on rencontre souvent dans les uvres des collections d'art brut, comme le morcellement des formes colores cernes en noir par exemple, se retrouvent ici et l, comme remployes incidemment et malignement, ce qui en fait des marqueurs de style et des tics par voie de consquence, alors que chez les bruts, il n'y avait pas de volont d'employer sciemment ces tours de main. Catalogue d'art moderne recrach? Expo "Absolument excentrique", 2013 Le public tait nombreux lorsque je visitai cet espace (un samedi). L'htel de ville est situ en plein centre de Paris, et les mots magiques, si la mode depuis quelque temps, de "l'Art Brut", qui tranent partout, attiraient bien
  • 30. videmment le passant pas au courant. Mais les connaisseurs, et je suis sr qu'il y en a de plus en plus depuis que d'autres expositions dans des lieux trs en vue (comme le "Museum of Everything" rcemment StGermain-des-Prs, les expos de la Halle Saint-Pierre, la Maison Rouge, boulevard de la Bastille, le LaM Villeneuve-d'Ascq, etc.), ne peuvent que constater aprs un rapide examen des uvres prsentes l'intrieur qu'on les a tromps sur la marchandise. Il n'y a pas d'art brut rue de Rivoli... Les organisateurs (un "Collectif Evnementiel Art et Handicap") se sont pars de plumes qui ne leur appartiennent pas. On a simplement affaire une prsentation des travaux d'ateliers pour handicaps divers comme il y en a dj eu de nombreuses par le pass, sans qu'il y et besoin alors de se livrer ce tour de passe-passe. Ce genre d'usurpation de terme en dit long sur l'importance en ralit accorde par les organisateurs ce qu'est vraiment l'art brut. Comme s'ils se moquaient en fait de savoir ce que c'est ou non. Leur seul but tant de harponner le chaland tout prix avec un titre accrocheur. On se dit qu'il doit y avoir une entreprise de communication spcialise dans le marketing derrire eux. Mais pas trs finaude et plutt mauvaise communicante...
  • 31. Ensemble de pices en terre maille de Philippe Lefresne l'exposition "Absolument excentrique", 2013 Cela fait quelque temps dj que la Mairie de Paris pousse les associations et les centres d'aide par le travail spcialiss dans les handicaps exposer ici et l. Ce qui parat inquitant, c'est son aveuglement concernant les lieux parisiens qui s'occupent depuis bien longtemps, sans l'avoir attendue, et parfois mme gns par elle -ce qui est un comble!- de faire connatre l'art brut et ses formes apparentes, comme la Halle Saint-Pierre dont la mairie rduit sans cesse les subventions et augmente le loyer... Sans doute faut-il deviner derrire une telle attitude ce ct dogmatique des dirigeants parisiens cherchant imposer des choix sociaux guinds et artificiels qui ne tiennent aucun compte des choix des individus, des paroles venues d'en bas... Trop anarchiques pour eux, sans doute.
  • 32. Bouteille de Contrex aux ornements phalliques, selon Philippe Lefresne, expose la Galerie Beckel-Odille-Bocos en 2012 et pas "Absolument excentrique", ph. BM Ceci dit, pour ne pas finir sur une note trop ngative aujourd'hui, on po-si-ti-ve, n'est-ce pas?, il est remarquer qu'une fois de plus, comme dans l'exposition "Exil" du Couvent des Cordeliers, se trouvent mlangs ces crateurs handicaps venus de tous horizons (leurs ateliers ne sont pas spcifis au cours de l'expo) certains crateurs dj reprs en provenance de l'ESAT de Mnilmontant dont j'ai dj eu l'occasion de dire tout le bien que j'en pense (et qui, comme dans le cas de l'exemple ci-aprs pourrait peut-tre tre cette fois vraiment rang dans une catgorie part de l'art brut). Comme l'excellent Philippe Lefresne (voir les deux illustrations ci-dessus), crateur d'un style personnel et l'imaginaire dbrid, bosseur invtr (un camarade m'a racont que rcemment il serait all se plaindre dans un commissariat qu'il voulait continuer travailler le dimanche dans l'atelier o il est salari comme tous les
  • 33. autres artisans handicaps - signaler que tous touchent un salaire identique quelque soient les prix atteints par les uvres des uns et des autres), mtamorphoseur d'images mdiatiques qu'il passe sa rjouissante moulinette. Ou Fathi Oulad Ben Abid et ses sculptures en raku que l'on avait remarques au Carr de Baudouin, pour les 40 ans de l'ESAT, et dans la galerie BeckelOdille-Bocos prs de la Bastille. Mais ils sont durs reprer. Mieux vaut encore aller les rencontrer l o ils produisent dans les ateliers (peinture et poterie) de la rue des Panoyaux dans le XXe ardt. 15:52 Publi dans Art contemporain, Art immdiat, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (15) | Envoyer cette note | Tags : absolument excentrique, htel de ville de paris, art des handicaps mentaux, philippe lefresne, fathi oulad ben abid, esat de mnilmontant | Imprimer samedi, 12 octobre 2013 Le visage d'Ali, le crateur oubli d'Essaouira
  • 34. Ali, photo (dtail) Patricia Allio, 2001, extrait du catalogue de l'exposition Dol-deBretagne, "L'art brut l'ABRI" Donc nous voyons ci-dessus quoi ressemblait le Ali que le texte de Darnish, et le commentaire de Marianne Boussuge-Brault, rcemment mis en ligne sur ce blog (voir ci-dessous), voquaient. Cette photo fut publie par Patricia Allio dans le catalogue de l'exposition "L'art brut l'ABRI" qu'elle avait monte au Cathdraloscope de Dol-de-Bretagne (taient exposs: des sculptures de Jean Grard, de Pierre Jan et de Ren Raoult, des peintures d'Ali, d'Asman Sad et d'un autre peintre inconnu d'Essaouira, des photos d'Olivier Thibaut, des cartes postales de l'Abb Four (venues de ma collection), des peintures de Bruno Montpied, de Patricia Allio, des assemblages d'os sculpts de Gaston Floquet, des sculptures de Dominique Ronsin, et des "mcaniques apprivoises" de Dino Pozzo). Ces deux peintures d'Ali (photo Bruno Montpied) taient accroches dans l'expo de Dolde-Bretagne en 2001 de mme que la jarre peinte ci-dessous dont on voit les deux personnages peints au pourtour (elle corrobore l'indication de Marianne Boussuge-Brault qu'Ali affectionnait de peindre sur des supports varis, notamment en trois dimensions)
  • 35. Pour faire bonne mesure, je remets ici, annobli en texte de note, le tmoignage de Marianne BoussugeBrault propos de cette "Maison des Artistes" qui est Essaouira dcore avec des peintures d'Ali. Dommage que l'hte dont elle parle ait t si rtif que cela ce qu'elle puisse prendre des photos. "A Essaouira au mois de septembre, nous avons log dans une maison d'hte nomme la maison des artistes. S'y trouve expose l'uvre gniale d'Ali (brves biographiques glanes auprs de notre hte qui lui voue un culte: plus ou moins SDF durant toute sa vie (aujourd'hui termine), ancien soldat de la guerre d'Algrie dont il a gard un profond traumatisme, a vcu la maison des artistes pendant un moment: le propritaire lui a laiss "carte blanche" dans la maison en change d'un toit, manger et de leur amiti). Ali peint sur tout et utilise tous les supports: fentre, tables, chaises, toile etc. Des uvres varies, parfois brutales rappelant les horreurs de la guerre, parfois trs colores et souvent oniriques. L'ne est une figure qui revient
  • 36. dans la plupart de ses toiles. Nous n'avons pas pris de photographies, notre hte tant rtif cette ide mais je pense qu'il suffit de frapper la porte ...et de dcouvrir Ali." (Marianne Boussuge-Brault) La salle de l'exposition "L'art brut l'ABRI" o se trouvaient les uvres de quelques crateurs d'Essaouira, dont Ali, dcouverts par Patricia Allio (l'ABRI tait le nom de la paradoxalement phmre! association qu'elle avait fonde avec Frdric Nef dans le but de protger des crations d'art brut... ; autour taient disposes des pices sculptes de Jean Grard, des photos, au fond, d'Olivier Thibaut..., ph. BM, 2001 10:13 Publi dans Archives du peuple singulier, Art Brut, Art immdiat, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note | Tags : ali, essaouira, l'art brut l'abri, patricia allio, art brut marocain, olivier thibaut, jean grard, bruno montpied, pierre jan, art brut en bretagne, darnish | Imprimer lundi, 07 octobre 2013 L'autre Biennale Lyon, hors-les-normes parat-il C'tait le dernier jour hier, choisi en mon honneur puisque c'tait la Saint-Bruno. Non, je plaisante. Pas sur le fait que c'tait le dernier jour cependant (enfin pas pour toutes les expos qui se sont affilies ce programme... Vous n'avez pas tout compris? Pas grave).
  • 37. Je n'ai pas eu la possibilit de la visiter de fond en comble cette biennale, prvue pour se tenir en parallle et peuttre (srement) en opposition la Biennale d'art contemporain qui a lieu aussi Lyon au mme moment, et qui parat vhiculer beaucoup d'importance nulle. Si bien qu'il ne dut pas tre difficile pour les organisateurs de l'Hors-les-Normes, la "VeBHN", comme ils disent, de faire mieux. Prvue pour s'exposer en 27 lieux (tout de mme), cette Biennale qui fte ses dix ans donc a russi cette anne monter quelques intressantes exhibitions qui ncessitent que je m'en fasse l'cho (l'expo de la galerie Dettinger sur quatre crateurs marocains dcouverts Tanger que j'ai chronique il y a quelques jours se tient paralllement cette BHN, sans faire partie pour autant de son programme). J'ai relev notamment dans ce programmedpliant, par exemple, au 5 rue Bonald dans le 7e ardt, la galerie Korova Art Cubby Hall qui montrait des Jaber (voir ci-contre ; en allant dans l'arrire boutique de ce petit local au nom grandiloquent on pouvait aussi dcouvrir des affiches peintes du Ghana, et des Tokoudagba (une mami wata, ai-je rv? Je suis pass en effet trs vite, comme au pas de charge en compagnie d'amis presss)).
  • 38. Juste ct, dans une boutique de tatoueur, intitule -manie de l'invasion de notre pays par les mots anglo-saxons- "In my brain" (18 rue Bonald), se tenait une autre exposition o une artiste rpondant au doux nom d'"Aup'titbazar", en ralit de son autre nom Alice Calm, montrait des sous-verres remplis de cheveux dessinant de folles arabesques, parfois empeses d'on ne savait trop quelle poisse blanche... Alice Calm, sous-verre o dansent des cheveux (pas eu le temps de demander si l'uvre avait un titre, une date...), galerie "In my brain", Lyon 7e ardt, photo Bruno Montpied Je n'ai pas vu la "slection BHN" o exposait entre autres l'ami Jean Branciard l'Universit Lyon 2 Campus du Rhne (quai Claude Bernard Lyon 7e), mais je fais confiance Branciard pour avoir amen de ses esquifs et
  • 39. autres assemblages brinqueballants toujours aussi captivants. Pas vu non plus au Muse des Moulages, cours Gambetta dans le 3e ardt, l'expo "Trouble pictural" consacre aux protgs franais et belges de la Pommeraie (Maurice Brunswick, Michel Dave, Paul Duhem, Alexis Lippstreu, Jacques Trovic, Jean-Michel Wuilbeaux, entre autres), mais je fais confiance l aussi cet atelier le plus connu d'Europe pour ses crateurs inventifs malgr leurs diffrents handicaps. Parmi les autres lieux, devaient certainement tre intressants "le singulier boudoir" install la mairie de Lyon 3e ardt avec des uvres de Marilena Pelosi, Evelyne Postic, Jol Lorand, Jo Guichou, Paul Amar, etc. qui avaient t prtes par l'association Bab'Art venue du Gard, ainsi qu' la MAPRA, dans le 1er ardt, l'expo "American folk art" monte par la revue Gazogne et Jean-Michel Chesn qui ont tir un numro spcial ce sujet (le n35 de la revue), les uvres prsentes paraissant avoir t prtes par Chesn. Par contre, j'ai perdu beaucoup de temps dnicher une autre petite exposition perdue dans le hall de l'Ecole Normale Suprieure situe au mtro Debourg (dans le 7e ardt encore). Alain Dettinger m'en avait dit le plus grand bien, cause de la prsence parmi les trois exposants d'un certain Christopher Simmons, crateur qu'il avait cotoy en Australie dans les annes 80, et qui dessinait de faon primesautire sur des serviettes en papier l'exclusion de tout autre support. Cette ENS laissait voir plusieurs de ses dessins effectivement attachants et remarquables, dessins qui avaient t prts par Alain Dettinger. Je me suis laiss dire que ce Simmons a peut-tre des dessins conservs Lausanne, est-ce vrai ? (A vrifier). La qute fut longue, mais la dcouverte payante. A signaler que cette expo-l, intitule "Encrs dans l'invisible", se termine le 19
  • 40. octobre. Enfin, saluons le fait que toutes les expos de cette Biennale taient, et sont, libres d'accs. En ces temps o certains muses et autres Outsider Art Fair font payer leurs entres des prix astronomiques anti dmocratiques (rvlateurs du public auquel on destine dsormais l'art brut par une odieuse captation d'hritage), c'est marquer d'une pierre blanche... Christopher Simmons, autoportrait la coupe en brosse, env. 18x18 cm, 1980, coll. Galerie Alain Dettinger 10:17 Publi dans Art Brut, Art immdiat, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note | Tags : 5e bhn, korova art cubby hall, tatoueurs, gazogne 35, jean-michel chesn, art brut amricain, christopher simmons, alice calm, jaber, la pommeraie, jean branciard, galerie alain dettinger, bab'art | dimanche, 06 octobre 2013 Yves-Jules Fleuri refait l'histoire de l'art Imprimer
  • 41. Il faut tout de mme que je dise o et pourquoi j'ai choisi cette peinture du Caravage modifie par YvesJules Fleuri de l'Atelier Campagn'Art que j'ai propose en nigme voici quelques jours. En commenant par la restituer telle qu'elle est mise en ligne sur le site de la Galerie du March Lausanne (je l'avais en effet un peu maquille dans ma premire note de faon ne pas laisser traner trop d'indices, j'espre que le directeur de la galerie, Jean-David Mermod ne m'en tiendra pas rigueur...).
  • 42. Le Caravage, Judith dcapitant Holopherne et sa version Fleuri au-dessus. C'est en effet dans cette galerie que, suite une demande de son directeur, Fleuri prsente actuellement une srie de peintures toutes dmarques de chefsd'uvres de l'histoire de l'art. "Latelier dans lequel il travaille possde des photographies de tableaux de peintres clbres quil copie depuis quelques temps avec son style inimitable. Fort de cette information je lui fis parvenir, fin 2011, un choix dune centaine de reproductions de tableaux clbres du XIVme au XXme sicle. Il en a choisi trente cinq pour en raliser une interprtation" (Jean-David Mermod).
  • 43. Anonyme (Ecole de Fontainebleau, vers 1594), Gabrielle d'Estres et sa soeur ; audessus le mme, recuisin par Yves-Jules Plusieurs matres sont ainsi passs la moulinette, un peu, doit-on dire, la faon dont un autre crateur handicap, Alexis Lippstreu, travaillant dans le foyer de la Pommeraie, toujours en Belgique, modifie, depuis plus longtemps que Fleuri je pense, tel ou tel chef d'uvre de Gauguin ou Girodet.
  • 44. Un tableau "mtaphysique" revu par Yves-Jules... Yves-Jules Fleuri, "Mon muse moi", Galerie du March, 1, escaliers du March, Lausanne, du 3 octobre au 9 novembre. 00:19 Publi dans Art Brut, Art immdiat, Confrontations | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note | Tags : yves-jules fleuri, galerie du march, jean-david mermod, art des handicaps mentaux, campagn'art, la pommeraie, alexis lippstreu, le caravage, cole de fontainebleau, chirico, modifications dans l'art | Imprimer samedi, 05 octobre 2013 Sur Ali Maimoun Je suis rest un peu circonspect je dois dire, dans le rcit du citoyen Darnish et c'est le seul bmol que j'ai y apporter, tant cette relation, comme dit l'Aigre, m'a paru moi aussi excellente, et salutaire quant aux crateurs oublis d'Essaouira dont j'attendais des nouvelles depuis des annes je suis rest circonspect devant les peintures-dcoupures d'Ali Maimoun que l'on voit autour de lui sur la photo de Samantha Richard. Son art a bien chang, et pas forcment en mieux, selon mon got bien sr, depuis la peinture qui fut expose au Muse de la Cration Franche en 1997 et que je mets en ligne ici pour permettre mes lecteurs de juger sur pices.
  • 45. Ali Maimoun, vers 1997, collection permanente du Muse de la Cration Franche, ph. Bruno Montpied Et pour donner un autre exemple de ce que peint Maimoun aujourd'hui, voici une autre photo de Samantha Richard faite Essaouira cet t. Le tableau me parat nettement plus "dcoratif", qu'en pensez-vous?
  • 46. Ali Maimoun, 2013, photo Samantha Richard 14:52 Publi dans Art Brut, Art immdiat, Art naf, Art singulier, Confrontations | Lien permanent | Commentaires (8) | Envoyer cette note | Tags : ali maimoun, muse de la cration franche, samantha richard, darnish, essaouira, art singulier du maroc, art marocain contemporain | Imprimer jeudi, 03 octobre 2013 Essaouira, les "malfaisants" rsistent encore! Un rcit de Darnish et Samantha Richard Rencontre avec des artistes Souiris (juillet 2013) Une curie de canassons analphabtes crivait dans une sorte de manifeste le 22 Fvrier 1999 Houssein Miloudi, le peintre tabli dEssaouira, propos des artistes autodidactes runis ds la fin des annes 80 autour de la figure de Frderic Damgaard et de sa galerie. Lhistoire les a broys , ces malfaisants nont laiss
  • 47. aucune trace acquiesait Abdelwahab Meddeb, ces derniers propos ayant t tenus dans lmission Culture dIslam consacre Houssein Miloudi sur lantenne de France Culture cette anne. Quen est-il vraiment ? Avec Samantha, nous nous sommes rendus Essaouira cet t, en plein ramadan. Aprs un voyage en bus depuis Marrakech, nous voici arrivs dans cette cit au bord de locan o la temprature, bien plus frache quau nord nous a tout de suite permis de prendre un salutaire bol dair. En rejoignant notre premier point de chute, nous sommes passs devant latelier Damgaard o sur les murs extrieurs taient prsentes des uvres de Mustapha Asmah (voir ci-contre photo de Samantha Richard). Ces visages aux grands yeux, aperus furtivement, nos sacs pesant sur lpaule, paraissaient nous saluer, le pied peine pos dans la ville Bon prsage. Ce nest que le lendemain que, reposs, nous sommes revenus sur nos pas et avons pu admirer les uvres exposes dans latelier Damgaard (atelier dencadrement et annexe de la galerie) et la galerie situe une cinquantaine de mtres. Dans ces lieux, de nombreuses uvres se ctoient, ne laissant que peu despace vide sur les murs. Ainsi Maimoun voisine avec El Hadar, Sanana, Tazarine, Ouarzaz, Babahoum, Asmah et dautres encore. Laccrochage est un peu confus mais les uvres simposent notre regard, on dcouvre
  • 48. Azedine Sanana, Galerie Damgaard, ph. Samantha Richard, 2013 Le type qui tient la galerie nous explique que Frdric Damgaard sest retir de laffaire et que la galerie, mme si elle porte toujours le mme nom, appartient dsormais un couple de nationalit belge. Ce couple nous a-t-on dit par ailleurs la achete comme on achte une paire de chaussures. Entendons par l quil na ni lenvie ni lnergie de faire connaitre ces artistes et que du coup la galerie vivote, quelques touristes sy aventurent, pas grand monde. Nous avons essay dentrer en contact avec les artistes par le biais du type qui tient la galerie mais ces essais se sont avrs infructueux. En arpentant la ville nous avons bien trouv quelques espaces dexpositions tenus par les artistes eux-mmes mais les uvres proposes nous semblaient un plagiat, une sorte de copie de ce qui se trouvait chez Damgaard. Pas de quoi fouetter un chat. Cest donc lme en peine que les jours passant, nous nous faisions lide de retourner en France, nayant pas rencontr un seul de ces crateurs extraordinaires. La providence a voulu que les choses se droulent autrement. En effet, depuis le balcon de notre second point de chute, lhtel Beaurivage (htel au charme surann), nous avions remarqu louverture dun "complexe commercial", en fait un local o se trouvaient des vendeurs dhuile dargan et autres produits locaux. Cest en jetant un rapide coup dil lintrieur que nous avons aperu, au fond du local, une peinture majestueuse qui, malgr la distance, tait manifestement de la main dAli Maimoun. En effet un petit espace bien discret, derrire des tapis, tait ddi la peinture et pas nimporte quelle peinture puisquau mur il y avait Ali Maimoun pre et fils, Mustapha Asmah et Abid El Gaouzy, lui-mme prsent sur les lieux.
  • 49. Atelier de Mustapha Asmah, ph. SR, 2013 On peut dire quavec Abid El Gaouzy le contact est tout de suite pass malgr la barrire de la langue. Il nous a expliqu laventure Damgaard et le besoin pour les artistes de se prendre dornavant en mains. Pour ce faire, il a cr une association, Jamaia Alouan Naouras Fitria , que lon peut difficilement traduire (cela donnerait peu prs lAssociation des Couleurs des Mouettes Naves ). Pourtant ni les mouettes ni les couleurs ne sont naves, cela aurait plutt voir avec les djections de ces volatiles omniprsents Essaouira et leur facult de vous repeindre un vtement en volant au-dessus de vos ttes Abid El Gaouzy est le prsident et le moteur de lassociation. Autour dun caf la terrasse du Caf de France, rythm par la rude fume des cigarettes Marquise, nous avons discut peinture, matriel utilis, prcarit des artistes et acharnement peindre encore et toujours. Le lendemain, un rendez-vous fut fix 11h du matin pour visiter quelques ateliers dans un quartier priphrique. Cest donc 11h que nous avons retrouv Abid El Gaouzy pour prendre un taxi et nous rendre au Quartier Industriel . On y retrouva Abdulah El Moumni le secrtaire de lassociation qui parle trs bien franais et qui se proposait de faire linterprte. Il est le seul membre non artiste de lassociation. Ce quartier au nom si peu potique est en fait un ensemble de masures faites de bric et de broc o des biffins talent leurs pauvres marchandises qui vont de la chaussure unique la bouteille de soda vide en passant par la chaise 3 pieds Le bois, principal matriau de construction de ce quartier, est devenu gris sous lassaut des embruns et du vent charg de sable de cette rgion. Impressionns, nous pntrmes dans ce bidonville totalement anarchique pour arriver devant latelier de Mustapha Asmah. Il tait l avec sa Femme Najia, sachant que nous venions.
  • 50. Devant latelier une pancarte indiquait sa prsence. Quiconque connaissant ce lieu peut lui rendre visite, le dimanche plutt, pour y acqurir une peinture. Et quelle peinture! Mustapha Asmah peint beaucoup et son atelier est rempli duvres qui font de cet endroit un quasi environnement . Il y a des toiles, des peintures sur bois, des assemblages, des sculptures en pierre rcupres sur la plage et tailles avec des outils de sa confection, des instruments de musique cordes entirement raliss par ses soins et agrments de ses petits personnages aux grands yeux expressifs. Nous nen croyions pas nos mirettes. A un moment nous devinons un ne reprsent sur une peinture et Mustapha Asmah, en mimant des zigzags avec sa main nous dit : lne, le plus grand ingnieur des autoroutes . Nous comprenons que selon lui, il suffirait pour dcider du trac dune route de suivre le chemin que prend lne Nous tions trs loin de lcurie de canassons analphabtes voqu plus haut par ce peintre officiel Atelier d'Abdelaziz Baki, ph. SR, 2013 Puis Abid El Gaouzy nous a amen voir Abdelaziz Baki, un autre membre de lassociation, le plus g dentre eux. Ici aussi un criteau signale quil sagit dun atelier dartiste. A lentre une fuse-vlo denfant bricole et peinte voque une pice de mange sans mange, moins que le mange soit partout en fin de compte.
  • 51. Abdelaziz Baki, ph. SR, 2013 Abdelaziz Baki, ancien lectricien, nous montre sa peinture aux couleurs vives mi-chemin entre abstraction et figuration. Il peint aussi des bois flotts assembls quil transforme en cratures imaginaires, souvent des dinosaures. Il les appelle ses totems. Comme Mustapha Asmah, une grande srnit manait dAbdelaziz Baki. Une fois de plus, nous ne pouvions en croire nos yeux. Abdelghani Ben Ali, ph.SR, 2013 Puis quelques mtres de l, nous allons voir Abdelghani Ben Ali. Moins serein que ses confrres, plus tourment par une vie difficile o dcs traumatisants ont ctoy de graves difficults financires
  • 52. (ancien pcheur, son bateau a fait naufrage), Abdelghani Ben Ali sexprime par une peinture fort diffrente des autres. Chez lui la nudit sexpose, des nes copulent, les couleurs sont moins vives, tandis quune grande force se dgage de ses crations, une force inoue mme. De petits formats trs sombres nous plongent dans quelque chose que nous navons plus lhabitude de voir en France. Il y a quelque chose de Goya, je trouve, chez Abdelghani Ben Ali qui nous dit peindre seulement quand linspiration lui vient. Si je veux dire quelque chose, je le dis dans mon tableau , nous confie-t-il avec une certaine gravit. Abdelghani Ben Ali dans son atelier ct de certaines de ses oeuvres, et insre dans la note une autre de ses peintures, ph. SR, 2013 ; je (l'animateur du blog) me demande si ce Ben Ali ne serait pas par hasard le mme peintre dont Patricia Allio dans son exposition 'L'art brut l'ABRI" Dol-de-Bretagne en 2001 montra au moins deux oeuvres (voir tout de suite ci-dessous)?
  • 53. "Ali", deux peintures, provenant d'Essaouira, exposes par Patricia Allio Dol-de-Bretagne en 2001, le mme Ali que rencontrrent Samantha et Darnish Essaouira cet t? Photo Bruno Montpied, 2001 Enfin nous terminmes notre visite par latelier de Mustapha El Hadar, seul ne pas faire partie de lassociation. Franc-tireur envers et contre tout, il continue cependant de travailler avec la galerie Damgaard. Il est surtout connu pour ses dessins lencre de Chine ou au smah (sorte dencre base de crottes de chvre) sur des peaux maroufles sur bois. Il rehausse ensuite parcimonieusement ses dessins de gouache aux couleurs vives. Dans ses grands formats fourmille un bestiaire hallucin, fascinant. Dans son atelier, une grande uvre interrompue faute dencre trne au milieu dexpriences en tout genre. Ici un assemblage dobjets en plastique, ailleurs un collage en trois dimensions. Ce sont des exprimentations ralises quand une peinture est en train de scher car Mustapha El Hadar, perptuellement excit, ne veut pas perdre de temps. Il a aussi fait des installations de land art brut base de morceaux de carrelage disposs sur la plage du quartier industriel sur lesquels il pose des objets mis au rebut comme un vieux tlviseur, une chaise, etc
  • 54. Mustapha El Hadar, ph. SR, 2013 Nous quittmes cet endroit bouleverss par ce que nous y avions vu, par les rencontres faites. Tout cela nous ramenait notre situation en France, notre ide de ce quest lart, ide bien souvent mise mal par ce que nous voyons en gnral, par cette mainmise dun art contemporain si loign de la vie, combien mme il prtend la signifier, la reprsenter, la sublimer, y dnoncer ses travers. Le soir nous retrouvmes Abid El Gaouzy qui surveillait larrive dventuels clients dans le fameux complexe commercial en sirotant son caf la terrasse du Caf de France. Lair tait frais et le caf moins cher depuis que nous y allions avec Abid. A ce moment il nous annona quAli Maimoun, au courant de notre prsence, allait venir notre rencontre. Nous ne nous tions pourtant prsents ni comme des acheteurs, ni comme des galeristes, seulement comme deux artistes franais dsireux de rencontrer des artistes dEssaouira pour quand mme, peut-tre, et excusez du peu, rdiger une note sur le Poignard Subtil et ainsi rtablir un pont entre eux et nous, rompre leur isolement. Ali Maimoun, monsieur Maimoun comme le dit non sans humour Abid El Gaouzy, arriva donc, venu depuis sa campagne dans les terres sur la route de Marrakech ou il possde une maison et un atelier. Portant une djellaba, un chapeau viss sur la tte et un paquet de Marlboro la main, Ali Maimoun a lallure dun bluesman. Il nous voqua lui aussi la priode bnie de Frdric Damgaard. Un grand monsieur, Frderic nous confia-il. Frdric Damgaard rmunrait gnreusement les artistes, ce qui nest plus le cas avec ses successeurs qui ont petit petit rduit les billets jusqu ce que quelquun comme Ali Maimoun ne sy retrouve plus vu le temps quil lui faut pour faire une
  • 55. peinture (parfois deux mois). Quand je dis une peinture, cest faon de parler, car cest autant un volume, un bas-relief quune peinture. Dans un premier temps il dcoupe dans du bois des entrelacs de formes abstraites, puis il colle ce dcoupage sur une planche. Ensuite il passe un enduit de son invention base de colle et de sciure de bois. Ce nest qu la fin quil y dpose ses couleurs si particulires, si harmonieuses. En y regardant de plus prs on y voit de petits yeux par ci par l qui nous rappelle que ces formes abstraites au premier coup dil, reprsentent en fait des corps, des cratures enchevtres les unes dans les autres comme autant de diables dansants. Depuis quelque temps il initie son fils qui, aprs avoir en quelque sorte imit son pre, semble prendre dornavant son propre envol. Ali Maimoun au milieu de ses oeuvres, ph. SR, 2013 Nous nous sommes pris en photo bras dessus bras dessous avec Ali Maimoun avant de nous quitter chaleureusement.
  • 56. Abid El Gaouzy talant une de ses dernires oeuvres, ph SR, 2013 Le lendemain, Abid El Gaouzy nous convia, pour un repas dadieu, dans un appartement quon lui prte. Il nous avait prpar un excellent tagine de poisson. Aprs le repas nous nous rendmes dans son atelier, un garage prt lui aussi. Dans ce petit lieu quelques uvres en cours nous ont interpells. Abid El Gaouzy cherche encore son style ou plutt il ne se contente pas dun style, mme si le mot naf nest pas exagr pour dfinir lensemble de ses pratiques. Nous retournmes ensuite une dernire fois la terrasse du caf o mme en ce mois de juillet, un pull en laine ntait pas de trop. Mustapha Asmah nous y rejoignit et cest avec beaucoup dmotion que nous les quittmes sur cette terrasse anime en ce soir de ramadan. Ce texte, cette tribune permettront, je lespre, de contredire lodieuse affirmation meddebienne que lhistoire les [aurait] broys . Darnish et Samantha Richard Ps : Bien que ne layant pas rencontr je voudrais aussi parler dun autre artiste qui habite non loin dAli Maimoun, portant le doux nom de Babahoum. Babahoum, trs g, est sans doute celui qui peut davantage tre qualifi de naf. Sa peinture, souvent constitue de motifs rpts (dromadaires, nes, personnages, cigognes entre autres) ne souffre daucune ambition dillusion perspectiviste. Les motifs rpts rythment de manire trs douce ses formats tous quasiment identiques, tracs sur des cartons de rcupration. Il utilise le Bic pour cerner les contours de ses aquarelles aux teintes souvent sableuses. Une grande
  • 57. harmonie nat de son uvre, et surtout une vie intense. Daprs ce que lon a pu apprendre du personnage, il semble que Babahoum ait frquent les hippies dans les annes 70 et que sous limpulsion de ces derniers, il se soit mis peindre sur les murs des cafs de son village. Puis il sest occup dun pressoir olive activ par la force dun dromadaire ce qui peut-tre lui a permis de transcrire dans sa peinture cette subtile impression de lenteur, de temps qui dfile tranquillement. Babahoum, ph SR, 2013
  • 58. Autre uvre de Babahoum, ph SR, 2013 03:59 Publi dans Art Brut, Art immdiat, Art naf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (10) | Envoyer cette note | Tags : art brut, babahoum, jamaia alouan naouras fitria, abid el gaouzy, azedinne sanana, abdelaziz baki, crateurs autodidactes d'essaouira, essaouira, ali maimoun, mustapha asmah, darnish, abdelwahab meddeb, hossein miloudi, abdelghani ben ali, mustapha el hadar | Imprimer mercredi, 02 octobre 2013 Modification mystre, un jeu Ce peintre belge dont j'ai dj parl ici s'amuse depuis quelque temps peindre des tableaux d'aprs les grands matres de l'art (c'est la mode en Belgique). Faisons un petit jeu (non ouvert ceux qui l'exposent ou qui le connaissent bien, essayons de rester honntes...). Un DVD des films de Del Curto et Genoux sur Henriette Zphyr et Yvonne Robert gagner celle ou celui qui
  • 59. reconnatra le grand matre de la peinture qui a t rinterprt dans le tableau ci-dessous... C'est d'aprs qui, hein? C'est le DVD gagner... 23:41 Publi dans Art Brut, Art immdiat, Art populaire contemporain, Art singulier, Confrontations | Lien permanent | Commentaires (9) | Envoyer cette note | Tags : modifications d'oeuvres d'art, arrt singulier, art immdiat, jeux de devinette, mario del curto, bastien genoux | Imprimer vendredi, 27 septembre 2013 Le retour de l'art brut marocain
  • 60. Il y a quelques annes, certains s'en souviendront, la mode fut un moment la dcouverte des artistes dits nafs d'Essaouira, l'ancienne Mogador au Maroc o fut tourn l'Othello d'Orson Welles et o rsidrent une poque beaucoup d'artistes et d'crivains occidentaux (dans les annes 70, la ville vit passer Jimmy Hendrix, Cat Stevens et le Living Theater, entre autres). Les autodidactes singuliers paraissaient littralement y pulluler, certains d'entre eux firent connatre leur nom au del des frontires du pays, comme Ali Maimoun, Mohamed Tabal, Abdallah Elattrach, Rachid Amarhouch ou Mostapha Assadeddine. Une grande exposition tourna en France en 1999, Strasbourg, Barbizon, Bourges, La Rochelle, Lyon (galerie des Terreaux), Pzenas, SaintEtienne et Paris (dans un espace Paul Ricard qui d'aprs moi maintenant n'existe plus, rue Royale prs de la Concorde, au-dessus du caf chez Maxim's). Elle prsentait Boujema Lakhdar (1941-1989), ancien conservateur du muse des Arts Populaires d'Essaouira et en mme temps peintre, comme le pionnier et le doyen des peintres de la ville. Sa peinture tait naturellement inspire des arts et traditions populaires de cette rgion, il s'intressait la magie, aux chants traditionnels, la sculpture, l'artisanat et l'histoire de la ville. Certaines de ses uvres figurrent dans la fameuse exposition Les Magiciens de la Terre qui se tint en 1989 au Centre Beaubourg et la Grande Halle de la Villette, expo o il fut le seul reprsentant du Maghreb. Il semble qu'il ait t un des grands initiateurs de la peinture autodidacte populaire moderne dans cette ville d'Essaouira, vritable ppinire de peintres singuliers, ressemblant un peu Hati et ses nombreux artistes autodidactes. Ces crateurs se firent connatre l'tranger grce l'activit dynamique de la galerie Frdric Damgaard qui les exposa ds le dbut des annes 90. Hlas aujourd'hui, cette galerie semble avoir cess sa mdiation et son entreprise de communication nergique en leur faveur (son propritaire n'tant apparemment plus en tat de la continuer). On n'entend du coup plus parler des "Nafs"
  • 61. d'Essaouira, qui sont en ralit plus proches de l'art brut. Pourtant rcemment, Darnish, de passage au Maroc, a retrouv certains d'entre eux. Ali Maimoun est toujours actif, et avec d'autres, a fond une "Association des Couleurs des Mouettes Naves d'Essaouira" dont le nom plaide assez peu pour leur travail il est vrai (il parat que le terme marche mieux en arabe) mais qui leur permet de retrouver un peu plus de visibilit, en dpit des lamentables critiques venues de certains intellectuels arabes arcbouts sur leurs privilges litistes comme ce peintre acadmique d'Essaouira nomm Houssein Miloudi qui, selon Darnish, les traita en 1999 dans un de ses textes de "canassons analphabtes", ce que confirma Abdelwahab Meddeb (comme c'est soulign par Darnish dans un rcit que je publierai bientt) en dclarant dans une mission la gloire de ce Miloudi diffuse il y a peu sur France Culture: "ces malfaisants nont laiss aucune trace"... Ahmed Fellah, uvre reproduite sur le carton d'invitation de la Galerie Dettinger-Mayer En attendant que Darnish veuille bien nous faire un reportage sur son voyage, nous pourrons ronger notre frein de faon fconde en allant voir ce que nous ont
  • 62. dnichs deux chercheurs de talent de premire, le galeriste Alain Dettinger et sa collaboratrice FatimaAzzahra Khoubba, qui ont ramen de Tanger quatre crateurs nouveaux, tout aussi autodidactes que ceux d'Essaouira, Ahmed Fellah, Zohra Sadi, Mohamed Larbi Amarnis et Abdelaziz Hakmoun, vivant dans la mdina. Ils vont tre exposs dans la Galerie Dettinger-Mayer (4, place Gailleton, dans le 2e ardt de Lyon, tl: 04 72 41 07 80) du samedi 28 septembre au samedi 19 octobre. Zohra Sadi, titre non identifi (il semble qu'il s'agisse d'une scne de rue dans la vieille ville de Tanger, avec des collines montagneuses en arrire-plan, un liser de ciel longeant le bord suprieur du tableau ; les deux ttes gauche correspondraient aux visages d'enfants curieux de la scne se passant dans la ruelle), ph. Bruno Montpied, expo chez Dettinger 2013 Je n'ai pas pu voir l'ensemble de l'expo en avantpremire, mais j'ai tout de mme entraperu quelques beaux morceaux prometteurs que je vous livre en guise d'avant-got. Les deux plus tonnants dans cette bande des quatre, mon humble avis, c'est surtout Zohra Sadi (qui parat signer quelquefois Sada) qu'une rumeur prsente comme une nouvelle Chabia, et Abdelaziz Hakmoun.
  • 63. Zohra Sadi, uvre (sur papier?), ph.BM, expo chez Dettinger 2013 Abdelaziz Hakmoun, pas de titre identifi, pas de date non plus, ph. BM, expo chez Dettinger 2013 Etonnantes et fortes images, ne trouvez-vous pas? Zohra Sadi a une faon toute particulire et trs libre, en vritable affranchie de la reprsentation picturale et graphique, de restituer ses observations, sans souci de la ressemblance autre que propre son ressenti, sa vision des choses. Ce visage est coulant? Ses pieds ressemblent des pattes de chameau? Peu importe si cela marche dans la composition, si cela tient et doit tre conserv par le peintre. Ce n'est pas une traduction immdiate de la vision, c'est plutt un jeu avec les couleurs et les formes qui prenant prtexte d'une restitution de paysage extrieur s'affranchit des rgles de ressemblance et se dploie dans un accord troit avec le
  • 64. ressenti immdiat de la cratrice, analogue avec sa faon de vivre le monde au jour le jour. C'est cela que j'entrevois quand je parle d'art de l'immdiat, M. Gayraud. Abdelaziz Hakmoun, sans titre identifi, ph.BM, expo chez Dettinger 2013 Abdelaziz Hakmoun est plus sombre, comme plus tourment, aimant plonger ses faces de carme (ou de ramadan en l'occurrence) dans un maelstrm de cercles
  • 65. embrums ou bouillasseux. Mohamed Larbi Amarnis, une pierre, ph BM, expo chez Dettinger 2013 Mohamed Larbi Amarnis procde autrement encore, en grand obsd des formes naturelles des pierres qui le sollicitent fortement. Comme le Franais Serge Paillard qui fait de la divination d'aprs pommes de terre, Amarnis est visionnaire dans le minral. Il peint une pierre en tentant d'en rvler le mystre. La roche apparat inexorablement, peinte sur verre, tel un bloc quelque peu abstrait, comme un arolithe tomb du ciel. Les pierres magiques "lui chuchotent des histoires. La forme de ses pierres le guide dans l'interprtation de rves prmonitoires. Il voit dans ces formes des messages qu'il dessine avec des plumes de pigeon, en gris mtallis sur des fonds noirs. Plus loin des fleurs fragiles se dressent dans des vases aux formes
  • 66. asymtriques et des chandeliers sans bougies clairent un pigeon..." (Fatima-Azzahra Khoubba). 01:15 Publi dans Art Brut, Art immdiat, Art naf, Art populaire contemporain, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Envoyer cette note | Tags : nafs d'essaouira, ali maimoune, abdelwahhab meddeb, art brut marocain, galerie dettinger-mayer, fatima-azzahra khoubba, alain dettinger, abdelaziz hakmoun, darnish, frdric damgaard, art immdiat, art singulier, serge paillard | Imprimer mardi, 17 septembre 2013 De la lenteur avant toute chose L'association ABCD invite l'association Portraits pour une exposition o seront confrontes des uvres d'art contemporain et des crations faisant partie des collections d'art brut d'ABCD. Il y a pas moins de cinq commissaires d'exposition pour cette association Portraits, tandis que Barbara Saforova reste bravement seule commissaire pour ABCD. "De la lenteur avant toute chose", titre et thme de l'expo qui commence Montreuil-sous-Bois dans les locaux de la galerie ABCD le 29 septembre et se terminera le 16 novembre, invite rflchir si la lenteur des processus cratifs (terme
  • 67. qu'affectionne et creuse une des commissaires de l'expo, doctorante Paris I et conservatrice au muse Picasso, Emilie Bouvard) ne pourrait tre interprte comme un comportement subversif dans un monde domin par une consommation effrne et tourdissante des images: "La vitesse est rvolutionnaire. Mais la vitesse peut devenir celle, mcanique et alinante, de la machine, celle de la ville Babylone, industrieuse, faisant et dfaisant les modes un rythme rapide, effrn et superficiel. Dans un monde o lartiste se voit imposer une productivit toujours plus soutenue, serait-il possible de penser, comme le sociologue Hartmut Rosa dans Acclration : Une critique sociale du temps (2010), que la modernit, force dacclrer, pourrait bien faire du surplace ? Il convient ici de sintresser des processus cratifs qui, dans leur lenteur, impliquent une dure subversive par rapport aux injonctions contemporaines de consommation de lart et des images, sans toutefois sinscrire dans un anti-modernisme moralisateur" (extrait du dossier de presse de l'exposition). Intressante question qui parat faire cho des proccupations plus anciennes d'un Paul Virilio, si je peux me permettre de citer ici un philosophe que je n'ai jamais lu mais seulement trs effleur, qui plus est en diagonale, aux talages des librairies... La lenteur du processus cratif, le temps pris confectionner minutieusement divers travaux sans se proccuper des contingences extrieures, n'est-ce pas la mme chose qui est pointe ici en creux que l'inactualit radicale d'une certaine cration, le temps vcu en dcalage absolu vis-vis du temps du travail, de la consommation, de l'obissance aux clichs et aux modes? Un loge de la dsobissance et du grand cart vis--vis de la socit du spectacle?
  • 68. Les commissaires de l'expo en question croient voir un loge de la lenteur chez des artistes et crateurs qui travaillent avec minutie sans compter leur temps, mais apparemment assez htroclites si j'en juge par rapport aux quelques images semes dans le dossier de presse. On y retrouve la dessinatrice Sophie Gaucher dont j'avais propos la sagacit de mes lecteurs les dessins en leur demandant si cela pouvait tre de l'art brut. Il parat que c'est ma note qui aurait donn l'ide Emilie Bouvard et ses amies de la confronter des uvres dites d'art brut, c'est dcidment trop d'honneur. Mais je rappellerai ici que mes lecteurs dans leurs commentaires l'identifirent sans hsiter comme une dessinatrice contemporaine... Voici la liste des exposants: ACM, Arnaud Aim, Anas Albar, Clment Bagot, Koumei Bekki, Jrmie Bennequin, Arnaud Bergeret, Galle Chotard, Mamadou Ciss, Florian Cochet, Samuel Coisne, Isabelle Ferreira, Sophie Gaucher, Hodinos, Rieko Koga, Kunizo Matsumoto, Dan Miller, Mari Minato, Edmund Monsiel, Hlne Moreau, Benot Pype, Daniel Rodriguez Caballero, Chiyuki Sakagami, Ikuyo Sakamoto, Judith Scott, Claire Tabouret, Jeanne Tripier, Najah Zarbout. Je n'en connais pas beaucoup ldedans, si ce n'est les crateurs d'art brut bien connus, ACM et ses maquettes de ruines ronges faites en agrgat de composants lectroniques, Emile Josome Hodinos (qui personnellement me barbe avec ses litanies d'inscriptions et de mdailles), Dan Miller (un as
  • 69. du gribouillage, une sorte de Cy Twombly spontan et plus brouillon), Judith Scott (qui avec ses cocons de fils, c'est sr, tait compltement barre loin de nos proccupations de grands alins de la survie), Edmund Monsiel (prolifration vaporeuse de visages) ou Jeanne Tripier (et ses broderies de bndictine). Les autres noms ne me disent rien. Tout juste puis-je dire, regarder les images du dossier de presse que je serais curieux de voir les uvres de Benot Pype, avec ses fonds de poche dont il fait des petites sculptures ce qui me rappelle une dmarche plutt dalinienne (de sa grande poque surraliste, pas celle d'Avida Dollars). Ah si, Mamadou Ciss, je vois ce que c'est, on en a dj vu la Fondation Cartier, des villes ultra dcoratives vues de haut comme des circuits imprims filtrs par des lunettes psychdliques, j'avais assez peu apprci, je trouvais que cela dmarquait en moins bien les maquettes de villes futuristes du congolais Bodys Isek Kingelez prcdemment exposes dans la mme Fondation Cartier... 00:13 Publi dans Art Brut, Art contemporain, Art immdiat, Art singulier, Confrontations, Galeries ou muses bien inspirs | Lien permanent | Commentaires (5) | Envoyer cette note | Tags : abcd art brut, association portraits, milie bouvard, art brut, dessin contemporain, sophie gaucher, acm, edmund monsiel, de la lenteur avant toute chose, benot pype,
  • 70. sculptures de fonds de poche, mamadou ciss, fondation cartier | Imprimer jeudi, 12 septembre 2013 Dirk Geffers au Madmuse de Lige Et a y est, c'est reparti pour une nouvelle brasse d'expositions de "rentre". Tout le monde a fourbi ses armes, on sort les trouvailles et c'est un festival de dcouvertes sans doute, des petits nouveaux et des grands anciens, tandis qu' ct de cela se prparent les expositions qui aident le march de l'art se fournir en viande frache (il y aura bientt l'Outsider art fair dcentralis Paris l'Htel le A prs des ChampsElyses, quartier modeste comme on sait, et paralllement l'expo des 25 ans de Gros Vison, pardon Raw Vision, la Halle Saint-Pierre). Le Poignard Subtil, fidle ses tropismes, cherche plutt du ct de ce que l'on ne voit pas forcment tout de suite, ce qui est la vraie faon d'avoir "une longueur d'avance". Et donc, je ne sais si l'on parlera beaucoup ici des Anglo-saxons qui viennent sur notre vieux continent faire augmenter la cote des marchandises esthtiques brutes d'Outre-Manche (mme si les Amricains ont le chic pour tre ractifs avec une remarquable efficacit, le march a toujours une longueur de retard). Je prfre de loin mettre le projecteur sur des crations discrtes, qui ont de fortes chances de passer inaperues, parce qu'elles n'ont pas forcment les media de leur ct (ces derniers prfrant toujours s'adresser au plus spectaculaire, au sens debordien du terme, au plus couru, au plus ressass, au plus visible, sans jamais prendre le temps de rechercher la valeur intrinsque). Par exemple, dans cette note, je pointerai Dirk Geffers, crateur de l'atelier Geyso20 Braunschweig (c'est entre Hanovre et Berlin au nord de l'Allemagne), qui me parat produire de magnifiques uvres o l'crit se mle harmonieusement et