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Le Soir d’Algérie Culture Lundi 25 août 2008 - PAGE 10 [email protected] ARRÊT FIXE À ALGER Coup d’État en éclats ! U ne perspective sous les toits. Le Théâtre natio- nal d’Algérie a pris, hier soir, les allures d’un block- haus pour résistants de la liberté d’expression et de jus- tice sociale. 19h : l’histoire est en marche. Le décor est planté. Orientale, l’atmosphè- re est tamisée, la pièce truffée d’envolées lyriques. Sur le sol, des tapis sont entassés. Pas de place à la fantaisie. Ici, c’est l’histoire d’un peuple qui se joue. Des témoins : le public encercle la scène. Pas de podium ni de niveau, tout le monde est logé à la même enseigne. Au centre : un homme. Dans la pénombre d’une lumière qui se fait de plus en plus rare, il est prison- nier de ses geôliers. Abd El- Kader (Haider Benhassine) rêve simplement de croiser la ligne d’un horizon neuf. Un horizon où l’espoir d’une vie meilleure se profile. Perché sur des tabourets empilés, il déclamera avec ardeur, l’amère réalité d’un quotidien. De la routine de ses personnages aux pay- sages désuets. Dans l’absur- de, l’homme se rebelle. Il dénonce sans cesse les inégalités et les exactions commises par l’Etat. Les murs ont des oreilles ! Lorsque Messaoud (Mourad Oudjit), le gardien de la prison arrive. C’est un dialogue dis- loqué à coup de sirènes et de claquements métalliques qui s’engage. La rumeur est rap- portée par le musicien (Mohamed Zami). Il pointe du doigt le sommet de l’invisible, de l’indicible. Abdelkader per- siste. Condamne. Messaoud, lui, réfute. Les deux hommes vont s’acharner, longtemps, cha- cun de son côté à défendre des valeurs et des convictions acquises sur les bancs de la société. C’était les années 1980 ou 1990, en 2008 ou encore en 1962 à l’indépen- dance de l’Algérie. Qui sait quand tout a commencé ? Cet instant précis, où la défer- lante de l’obscurantisme s’est abattue sur la nation. Victimes, ils le sont tous les deux. Un jour, Abdelkader est libéré. Ultime condition pour recouvrer la liberté-prison : porter un costume taillé sur mesure ! Belle métaphore. Un coup d’Etat ! Touchant, bou- leversant, le prisonnier est dépité. Que fera-t-il dehors ? Au moins dans sa cellule, les murs l’écoutaient. Dehors, où irait-il ? Dans quel coin de la société retrouvera-t-il un meilleur public que son geô- lier ? Un abribus ! Le bout du monde, personne ne s’y arrê- te sauf pour mourir. Une ren- contre. Une fois de plus, Messaoud se retrouve dans le même trou. Il est en retrai- te. Sa chemise est en lam- beaux. Autour de son cou : la médaille du mérite. Un sym- bole alors ce n’est pas grave si c’est en plastique. En par- fait commis de l’Etat, il signe encore son engagement pour tous ceux qui l’ont nourri à la misère. Les deux hommes s’affaleront sur les ruines d’une société dont la façade a été ravalée au même rythme que la salive de tous ceux qui continuent à être persécutés. Carte blanche pour cette nouvelle expérience théâtra- le. L’association du Théâtre national d’Alger au travail d’Ivan Romeuf et la compa- gnie l’Egrégore, a porté ses fruits. Les comédiens ont excellé. Arrêt fixe à découvrir impérativement ! Samira Hadj-Amar Villa Angellevey - Tipasa L'Union nationale des arts culturels organise une exposition sous le thème «Rencontre d'été à Tipasa et Cherchell». L'exposition regroupera les peintres de la génération d'après- Indépendance (première génération). Rencontre avec les artistes peintres - Dimanche 31 août autour du thème «La sculpture algérienne». OREF Ibn-Zeydoun Dans le cadre de ses activi- tés culturelles, la direction de l’animation de l’Office Riadh El-Feth a programmé le film Indiana Jones durant le mois d’août 2008. Filmothèque Mohamed-Zinet Le Goethe Institut Algérie organise chaque jeudi du mois d’août des projections de films allemands pour les enfants âgés de plus de 10 ans. Les films de fiction et documentaires sont sous- titrés en français. Jeudi 28 août - 13h : - Super ! Adrian fait de la danse, documentaire. 2003. 15’ - Super ! Vanessa ose le grand saut, documentaire. 2004. 15’ - Jouons, documentaire. 2003. 3X 13’ Hommage à Youssef Chahine Projection en plein air jus- qu’au 27 août à partir de 21h à l’esplanade de Riadh El-Feth (Oref). Ce soir Silence… on tourne Demain Alexandrie… New York Mercredi 27 août Le Destin Esplanade Ce soir 19h Table ronde «De la littérature universelle à la littérature de jeunesse» avec M me Ferchouli (univer- sitaire), Hamid Skif (journa- liste écrivain), Max Rippon (auteur guadeloupéen), Malika Greffou (universitai- re). Modérateur : Djohar Amhis (universitaire). Demain 19h Table ronde «Littérature et société pro- blématique de la lecture et du lecteur» avec Mohamed Bouhamidi, Omar Chaâlal, Habib Saih, Salim Ahmed Ali (université Benghazi, Libya), Mohamed El Hassen Ouald Mohamed (Mauritanie), Tzakatchi (uni- versité Tokyo, Japon), Mohamed Bouraou (univer- sitaire). Modérateur : Omar Lardjane. Cinéma Maison de la culture de Béjaïa Ce soir- 21h Dans le cadre du program- me «Ciné lundi soir», l'as- sociation Project'heurts organise la projection du film Million Dollar Baby de Clint Eastwood. La direction générale de l’Office Riad El Feth peut se féliciter, aujour- d’hui, d’avoir mis en place un cordon sécuri- taire spécial. En effet, à la demande express des agents de sécurité, il est impossible de fer- mer les yeux sur les abus en tous genres. Et pour cause, on revien- dra tout particulière- ment sur le langage brut et le comportement indélicat de certains d’entre eux qui, au lieu de sévir contre les agis- sements des petits voyous qui encerclent l’esplanade, vont en chasse contre les jour- nalistes. Des pseudo-Zorro en bottines de caoutchouc qui hurlent au lieu de parler. Ces barracudas qui rabrouent et bousculent au lieu de respecter le citoyen puis la personne en mission. Ces brutes qui font la loi à coups de gadgets sonores et qui ignorent religieusement toute forme de pro- fessionnalisme. A toutes ces personnes qui usent et abu- sent de la fonction de gardien, et qui s’affolent dès qu’une voiture banalisée pointe le bout du nez, il suffit de tourner la tête pour voir des jeunes filles et des femmes se faire agres- ser en silence. Et si par malheur une personne demande à voir le directeur, elle est rapidement rappelée à l’ordre par des commentaires abrupts. On rappellera que ces vigiles de la précarité sont le premier vis-à-vis des organisateurs du Premier festival international de la littérature jeunesse. Qu’ils sont ce mur d’agressivité à franchir pour accomplir son tra- vail correctement. Comme on rappellera ce contrat moral qui fait que la promotion de la culture demeure gratuite dans les colonnes de la presse. Alors un minimum de respect pour autrui n’est pas un luxe mais un acte de civisme ! S. H. A. Benmalek exlcut l’idendité d’une écriture maghrébine d’ex- pression française L e débat sur la littérature magh- rébine dite d'expression fran- çaise occupe toujours les débats des universitaires. Certains d'entre eux ainsi que certains écrivains, issus du Maghreb et qui ont choisi d'écrire en français, récusent cette appellation qu'ils jugent réductrice, sus- pecte, comme l'est aussi cette notion de littérature francophone. La table ronde, qui a été organisée hier soir, à l'occasion du Premier festival culturel international de la littérature et du livre de la jeunesse, a tenté d'apporter des éléments de réponse à une question, sujet à «polémique» dans le monde de la création littéraire. L'universitaire maro- cain Abderrahmane Tenkoul estime que la littérature maghrébine d'expression fran- çaise n'est pas ce qu'elle était à ces débuts, au milieu du siècle dernier. «Cette littérature qu'on a classée dans le registre de l'écriture du témoignage, qu'on a voulu confiner dans le domaine de l'ethnologie, a réussi à sortir de l'emprise de l'ancrage identitaire et de la langue française, grâce à de nombreux jeunes écrivains. Aujourd'hui, cette littérature justifie son existence par l'innovation, le changement qui lui a permis d'évoluer. Elle ne recherche plus sa légitimité mais beaucoup plus son identité», estime ce doyen de la faculté des lettres de l'uni- versité de Fès. C'est en transgressant tous les codes qui étaient à son origine que la littérature maghrébine a pu dépas- ser son référent identitaire qui est «l'enra- cinement dans le terroir, dans la tradition de la société maghrébine», a expliqué Abderrahmane Tenkoul. La recherche d'une certaine médiation, en recourant à l'emploi des formes sémiotiques par cer- tains écrivains, à l'exemple de l'auteur marocain Abderrahmane Khatibi, a joué un rôle important dans la légitimation de cette littérature maghrébine d'expression française, jugée comme une menace pour la littérature locale, produite en langue arabe et en tamazight. L'écrivain et universitaire italien Umberto Eco, était de ceux qui ont exhorté les écrivains à «sortir de la clôture du texte». Certains auteurs maghrébins de la période post-coloniale auront saisi ce message et ont réussi à intégrer des formes textuelles qui font évoluer cette lit- térature vers l'universel, ajoute Tenkoul. L'intervenant a souligné le rôle du «métis- sage linguistique et cette volonté de pous- ser les limites de langue française à un point où elle se voit étrangère à elle- même. L'effort consenti par les auteurs maghrébins, cette littérature a pu montrer que l'on peut témoigner, exprimer une réalité sociale, mais en travaillant sur du concret.» Autrement dit, la littérature maghrébine a pu évoluer vers de nou- velles formes d'écriture, tout en épuisant son contenu du terroir, résume Abderrahmane Tenkoul. Pour l'écrivain algérien Anouar Benmalek, le problème de l'identité ne se pose pas, dit-il. «Je n'ai pas de problème d'identité. J'essaye seu- lement d'être écrivain. Je ne lis pas un écrivain parce qu'il est de nationalité algé- rienne, marocaine, brésilienne ou autre. Je lis un auteur parce que son histoire m'attire», justifie-t-il sa position par rap- port à cette idée qu'il y a des écrivains français et des écrivains non français mais qui utilisent la langue française dans la création littéraire. «L’histoire a fait du français la langue que je manie le mieux. Et si j'épuise le contenu de la plupart de mes romans de l'Algérie, ce n'est pas du tout par obligation patriotique. L'Algérie c'est seulement le pays que je connais le mieux», ajoute-t-il précisant qu'il écrit sur des problèmes que l'histoire lui a donnés. «La littérature c'est cette volonté d'exprimer l'imaginaire d'une société. Je refuse donc cette volonté à me mettre dans une espèce de parc zoolo- gique qui vise à réduire la littérature maghrébine ou tout autre littérature pro- duite en français à une sous-littérature», conclut-il. D’autres intervenants, des uni- versitaires et des auteurs qui avaient assisté à cette rencontre sur «L’approche de la littérature maghrébine d’expression française» ont estimé que le problème est mal posé. Certains sont allés jusqu’à conclure qu’il s’agit d’un faux problème et que cette question est dépassée. Lyès Menacer Photo : DR FESTIVAL INTERNATIONAL CULTUREL DE LA LITTÉRATURE ET DU LIVRE JEUNESSE Ph. S. H. Vigiles en chasse ! Actucult Actucult

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Page 1: ARRÊT FIXEÀ ALGER Actucult Coup d’État en éclats · Kader (Haider Benhassine) rêve simplement de croiser la ligne d’un horizon neuf. Un horizon où l’espoir d’une vie

Le Soird’Algérie Culture Lundi 25 août 2008 - PAGE 10

[email protected]

ARRÊT FIXE À ALGER

Coup d’État en éclats !Une perspective sous les

toits. Le Théâtre natio-nal d’Algérie a pris, hier

soir, les allures d’un block-haus pour résistants de laliberté d’expression et de jus-tice sociale. 19h : l’histoireest en marche. Le décor estplanté. Orientale, l’atmosphè-re est tamisée, la pièce trufféed’envolées lyriques. Sur lesol, des tapis sont entassés.Pas de place à la fantaisie.Ici, c’est l’histoire d’un peuplequi se joue. Des témoins : lepublic encercle la scène. Pasde podium ni de niveau, toutle monde est logé à la mêmeenseigne. Au centre : unhomme. Dans la pénombred’une lumière qui se fait deplus en plus rare, il est prison-nier de ses geôliers. Abd El-Kader (Haider Benhassine)rêve simplement de croiser laligne d’un horizon neuf.

Un horizon où l’espoird’une vie meilleure se profile.Perché sur des tabouretsempilés, il déclamera avecardeur, l’amère réalité d’unquotidien. De la routine deses personnages aux pay-sages désuets. Dans l’absur-de, l’homme se rebelle. Ildénonce sans cesse lesinégalités et les exactionscommises par l’Etat. Lesmurs ont des oreilles !Lorsque Messaoud (MouradOudjit), le gardien de la prisonarrive. C’est un dialogue dis-loqué à coup de sirènes et declaquements métalliques quis’engage. La rumeur est rap-portée par le musicien

(Mohamed Zami). Il pointe dudoigt le sommet de l’invisible,de l’indicible. Abdelkader per-siste. Condamne. Messaoud,lui, réfute.

Les deux hommes vonts’acharner, longtemps, cha-cun de son côté à défendredes valeurs et des convictionsacquises sur les bancs de lasociété. C’était les années1980 ou 1990, en 2008 ouencore en 1962 à l’indépen-dance de l’Algérie. Qui saitquand tout a commencé ?Cet instant précis, où la défer-lante de l’obscurantisme s’estabattue sur la nation.Victimes, ils le sont tous lesdeux. Un jour, Abdelkader estlibéré. Ultime condition pour

recouvrer la liberté-prison :porter un costume taillé surmesure ! Belle métaphore. Uncoup d’Etat ! Touchant, bou-leversant, le prisonnier estdépité. Que fera-t-il dehors ?Au moins dans sa cellule, lesmurs l’écoutaient. Dehors, oùirait-il ? Dans quel coin de lasociété retrouvera-t-il unmeilleur public que son geô-lier ? Un abribus ! Le bout dumonde, personne ne s’y arrê-te sauf pour mourir. Une ren-contre. Une fois de plus,Messaoud se retrouve dansle même trou. Il est en retrai-te.

Sa chemise est en lam-beaux. Autour de son cou : lamédaille du mérite. Un sym-

bole alors ce n’est pas gravesi c’est en plastique. En par-fait commis de l’Etat, il signeencore son engagement pourtous ceux qui l’ont nourri à lamisère. Les deux hommess’affaleront sur les ruinesd’une société dont la façade aété ravalée au même rythmeque la salive de tous ceux quicontinuent à être persécutés.

Carte blanche pour cettenouvelle expérience théâtra-le. L’association du Théâtrenational d’Alger au travaild’Ivan Romeuf et la compa-gnie l’Egrégore, a porté sesfruits. Les comédiens ontexcellé. Arrêt fixe à découvririmpérativement !

Samira Hadj-Amar

Villa Angellevey -TipasaL'Union nationale des artsculturels organise uneexposition sous le thème«Rencontre d'été à Tipasaet Cherchell». L'expositionregroupera les peintres dela génération d'après-Indépendance (premièregénération).Rencontre avec lesartistes peintres - Dimanche 31 août autourdu thème «La sculpturealgérienne».

OREFIbn-ZeydounDans le cadre de ses activi-tés culturelles, la directionde l’animation de l’OfficeRiadh El-Feth a programméle film Indiana Jones durantle mois d’août 2008.

FilmothèqueMohamed-ZinetLe Goethe Institut Algérieorganise chaque jeudi dumois d’août des projectionsde films allemands pour lesenfants âgés de plus de 10ans. Les films de fiction etdocumentaires sont sous-titrés en français. Jeudi 28 août - 13h :- Super ! Adrian fait de ladanse,documentaire. 2003. 15’- Super ! Vanessa ose legrand saut,documentaire. 2004. 15’- Jouons, documentaire.2003. 3X 13’

Hommage à Youssef ChahineProjection en plein air jus-qu’au 27 août à partir de

21h à l’esplanade de RiadhEl-Feth (Oref).

Ce soirSilence… on tourne

DemainAlexandrie… New York

Mercredi 27 aoûtLe Destin

Esplanade Ce soir 19hTable ronde«De la littérature universelleà la littérature de jeunesse»avec Mme Ferchouli (univer-sitaire), Hamid Skif (journa-liste écrivain), Max Rippon(auteur guadeloupéen),Malika Greffou (universitai-re). Modérateur : DjoharAmhis (universitaire).

Demain 19hTable ronde«Littérature et société pro-blématique de la lecture etdu lecteur» avec MohamedBouhamidi, Omar Chaâlal,Habib Saih, Salim AhmedAli (université Benghazi,Libya), Mohamed ElHassen Ouald Mohamed(Mauritanie), Tzakatchi (uni-versité Tokyo, Japon),Mohamed Bouraou (univer-sitaire). Modérateur : OmarLardjane.

CinémaMaison de la culturede Béjaïa

Ce soir- 21hDans le cadre du program-me «Ciné lundi soir», l'as-sociation Project'heurtsorganise la projection dufilm Million Dollar Baby deClint Eastwood.

La direction générale del’Office Riad El Fethpeut se féliciter, aujour-d’hui, d’avoir mis enplace un cordon sécuri-taire spécial. En effet,à la demande expressdes agents de sécurité,il est impossible de fer-mer les yeux sur lesabus en tous genres. Etpour cause, on revien-dra tout particulière-ment sur le langagebrut et le comportementindélicat de certainsd’entre eux qui, au lieude sévir contre les agis-sements des petitsvoyous qui encerclentl’esplanade, vont enchasse contre les jour-nalistes. Des pseudo-Zorro en bottines de caoutchouc quihurlent au lieu de parler. Ces barracudas qui rabrouent etbousculent au lieu de respecter le citoyen puis la personneen mission. Ces brutes qui font la loi à coups de gadgetssonores et qui ignorent religieusement toute forme de pro-fessionnalisme. A toutes ces personnes qui usent et abu-sent de la fonction de gardien, et qui s’affolent dès qu’unevoiture banalisée pointe le bout du nez, il suffit de tourner latête pour voir des jeunes filles et des femmes se faire agres-ser en silence. Et si par malheur une personne demande àvoir le directeur, elle est rapidement rappelée à l’ordre pardes commentaires abrupts. On rappellera que ces vigiles dela précarité sont le premier vis-à-vis des organisateurs duPremier festival international de la littérature jeunesse. Qu’ilssont ce mur d’agressivité à franchir pour accomplir son tra-vail correctement. Comme on rappellera ce contrat moralqui fait que la promotion de la culture demeure gratuite dansles colonnes de la presse. Alors un minimum de respectpour autrui n’est pas un luxe mais un acte de civisme !

S. H. A.

Benmalek exlcut l’idendité d’une écriture maghrébine d’ex-pression française

L e débat sur la littérature magh-rébine dite d'expression fran-çaise occupe toujours lesdébats des universitaires.

Certains d'entre eux ainsi que certainsécrivains, issus du Maghreb et qui ontchoisi d'écrire en français, récusent cetteappellation qu'ils jugent réductrice, sus-pecte, comme l'est aussi cette notion delittérature francophone.

La table ronde, qui a été organiséehier soir, à l'occasion du Premier festivalculturel international de la littérature et dulivre de la jeunesse, a tenté d'apporterdes éléments de réponse à une question,sujet à «polémique» dans le monde de lacréation littéraire. L'universitaire maro-cain Abderrahmane Tenkoul estime que lalittérature maghrébine d'expression fran-çaise n'est pas ce qu'elle était à cesdébuts, au milieu du siècle dernier. «Cettelittérature qu'on a classée dans le registrede l'écriture du témoignage, qu'on a vouluconfiner dans le domaine de l'ethnologie,a réussi à sortir de l'emprise de l'ancrageidentitaire et de la langue française, grâceà de nombreux jeunes écrivains.Aujourd'hui, cette littérature justifie sonexistence par l'innovation, le changementqui lui a permis d'évoluer.

Elle ne recherche plus sa légitimitémais beaucoup plus son identité», estimece doyen de la faculté des lettres de l'uni-versité de Fès. C'est en transgressanttous les codes qui étaient à son origineque la littérature maghrébine a pu dépas-ser son référent identitaire qui est «l'enra-cinement dans le terroir, dans la traditionde la société maghrébine», a expliquéAbderrahmane Tenkoul. La recherched'une certaine médiation, en recourant àl'emploi des formes sémiotiques par cer-

tains écrivains, à l'exemple de l'auteurmarocain Abderrahmane Khatibi, a jouéun rôle important dans la légitimation decette littérature maghrébine d'expressionfrançaise, jugée comme une menacepour la littérature locale, produite enlangue arabe et en tamazight. L'écrivainet universitaire italien Umberto Eco, étaitde ceux qui ont exhorté les écrivains à«sortir de la clôture du texte».

Certains auteurs maghrébins de lapériode post-coloniale auront saisi cemessage et ont réussi à intégrer desformes textuelles qui font évoluer cette lit-térature vers l'universel, ajoute Tenkoul.L'intervenant a souligné le rôle du «métis-sage linguistique et cette volonté de pous-ser les limites de langue française à unpoint où elle se voit étrangère à elle-même. L'effort consenti par les auteursmaghrébins, cette littérature a pu montrer

que l'on peut témoigner, exprimer uneréalité sociale, mais en travaillant sur duconcret.» Autrement dit, la littératuremaghrébine a pu évoluer vers de nou-velles formes d'écriture, tout en épuisantson contenu du terroir, résumeAbderrahmane Tenkoul. Pour l'écrivainalgérien Anouar Benmalek, le problèmede l'identité ne se pose pas, dit-il. «Je n'aipas de problème d'identité. J'essaye seu-lement d'être écrivain. Je ne lis pas unécrivain parce qu'il est de nationalité algé-rienne, marocaine, brésilienne ou autre.Je lis un auteur parce que son histoirem'attire», justifie-t-il sa position par rap-port à cette idée qu'il y a des écrivainsfrançais et des écrivains non françaismais qui utilisent la langue française dansla création littéraire. «L’histoire a fait dufrançais la langue que je manie le mieux.Et si j'épuise le contenu de la plupart demes romans de l'Algérie, ce n'est pas dutout par obligation patriotique.

L'Algérie c'est seulement le pays queje connais le mieux», ajoute-t-il précisantqu'il écrit sur des problèmes que l'histoirelui a donnés. «La littérature c'est cettevolonté d'exprimer l'imaginaire d'unesociété. Je refuse donc cette volonté à memettre dans une espèce de parc zoolo-gique qui vise à réduire la littératuremaghrébine ou tout autre littérature pro-duite en français à une sous-littérature»,conclut-il. D’autres intervenants, des uni-versitaires et des auteurs qui avaientassisté à cette rencontre sur «L’approchede la littérature maghrébine d’expressionfrançaise» ont estimé que le problème estmal posé. Certains sont allés jusqu’àconclure qu’il s’agit d’un faux problème etque cette question est dépassée.

Lyès Menacer

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Ph. S. H.

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