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    MINISTERE DE L' ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

    ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

    UNIVERSITE MENTOURI DE CONSTANTINEFACULTE DES SCIENCES DE LA TERRE DE LA GEOGRAPHIE

    ET DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

    DEPARTEMENT ARCHITECTURE ET URBANISME

    PRI-URBANISATION, MTROPOLISATION

    ET

    MONDIALISATION DES VILLES

    L'EXEMPLE DE CONSTANTINE

    Thse de Doctorat d'tatOption Urbanisme

    Prsente par

    Yasmina ARAMA

    Sous la Direction de:

    CTE Marc, Professeur mriteUniversit Aix Marseille 1- France

    Devant le Jury :

    Prsident : SARI Djillali, Professeur mrite UniversIt d'AlgerExaminateurs : BOUKERZAZA Hosni, Professeur Universit de Constantine

    BENDJABALLAH Souad, Professeur Universit de ConstantineMESSACI Nadia, Maitre Confrences Universit de Constantine

    Dcembre 2007

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    IntroductionLacclration rcente de lurbanisation et les tendances actuelles la mtropolisation donnentl'impression d'une gnralisation des systmes urbains la fois tals dans l'espace, complexes etdifficiles grer.Les pays dvelopps, comme ceux qui le sont moins, connaissent aujourd'hui des taux levsde croissance1 dmographique urbaine durablement suprieurs 6% (tats-Unis, pays

    d'Amrique latine et d'Asie, pays d'Afrique). L'clatement urbain est devenu un phnomnemondial, de mme que la tendance la pri-urbanisation. "On compte aujourd'hui plus de 2,5milliards de citadins et 21 villes de 10 millions d'habitants"2. Pourtant les dynamiques urbaines etles processus l'origine de ces dernires diffrent d'un pays l'autre. L'organisation interne desvilles ou la politique urbaine font parfois toute la diffrence.Selon les prvisions de l'Organisation des Nations Unies (ONU) pour 20153, les agglomrations deplus de huit millions d'habitants seront au nombre de trente trois dont vingt sept dans les pays endveloppement et particulirement en Asie. Au cours des trente prochaines annes, 2 milliards depersonnes s'ajouteront aux populations urbaines 4 soit plus de 60% de la population mondiale quivivront en ville.

    En Afrique o la croissance dmographique depuis une cinquantaine d'annes volue rapidement,le poids du continent dans la population mondiale est pass de 7,5 % prs de 10 % en 25 ans.L'Afrique subsaharienne compte 590 millions d'habitants (PNUD, 1997) et le Nord5 prs de 80millions aujourd'hui. C'est en Afrique qu'actuellement se rencontre la croissance urbaine estime laplus rapide " environ 4% l'an pour la priode 2000 2020".Les Nations Unies valuent la population des pays de lUnion du Maghreb Arabe (UMA) autourde 150 millions dhabitants lhorizon 20506. Pour les trois pays que sont la Tunisie, le Maroc etl'Algrie, le rythme de l'urbanisation s'est acclr sous l'impulsion de la croissancedmographique et du dveloppement conomique. Ce mouvement vigoureux de la croissance

    urbaine squilibre finalement par la cration de villes, petites et moyennes, dans les rgions ducentre et du sud; entranant toutefois "une complexit grandissante des formes urbanistiques"7dansles diffrents pays.En Algrie, de 1954 1966, les taux de croissance 8 ont atteint 41% pour l'Oranie, 85% pour leConstantinois et 106% pour l'Algrois. La brutalit de la croissance urbaine a t sans communemesure avec le reste. L'exode rural a t massif et le croit naturel accompagn d'un bondconomique. La population urbaine, en l'espace de 30 ans a presque doubl, passant 16 966 937habitants en 1998 soit 58,3% de la population totale, et le rseau des villes 579 agglomrations.

    1 COUR, Jean-Marie. "Les enjeux de l'urbanisation dans les pays en voie de peuplement. lments de rflexionextraits de l'tude des perspectives long terme en Afrique de l'ouest". OCDE-Club du Sahel, Paris Septembre 1995.[Enligne].http://www.urbanisme.equipement.gouv.fr/cdu/datas/doc/ouvr15/peuple.hrm (page consulte le09/01/2004).2PAULET, Jean-Pierre."Gographie urbaine". Armand colin. Collection U, Paris 2000 [Enligne].http://www.armand-colin. com/cgi-bin/coll-pl?co=COL012 (page consulte le 20/10/2003 ).3GODINOT, Xavier . "Le Dossier: Espace rural : des distances combler". Mouvement international ATD QuartMonde. Institut de Recherche et de Formation aux relations humaines [Enligne].http://www.atd-quartmonde.org/irfrh/RevueQM/R177.html (page consulte le 20/03/2004).4 ROGERS, Richard. "Des villes pour une petite plante". Le Moniteur, Paris 2000, p.115 SEMOUD, Bouziane. "Afrique- Structure et milieu- Afrique du nord" dans Encyclopeadia Universalis sur CD-ROM,Paris : Encyclopeadia Universalis. 1999.6 MEDDEB, Radhi." Les accords de coopration Europe-Maghreb: vision maghrbine dun bilan". Le foruminternational de ralits. "Les relations Europe-Maghreb : bilan et perspectives". Tunis 19, 20 avril 2000. PDF7 TROIN, Jean-Franois. "Vers un Maghreb des villes en l'an 2000" in tudes"Urbanisation au Maghreb" N706.Publications de l'ERA, Tours 1982L, p.88 BENATIA, Farouk. "Alger: agrgat ou cit". SNED. Alger 1980, p.92

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    Constantine, mtropole au sein d'une wilaya9 fortement urbanise et dont elle reprsente en 2002plus de la moiti (57,6%) de la population urbaine (808.748 habitants), ne cesse de se dvelopperet ce malgr une assiette (urbaine) porte saturation. Pour ses reports de croissance, un triangledurbanisation et des centres supportont t crs. Ils connaissent leur tour un dveloppementurbain spectaculaire avec la cration de grandes zones dhabitations urbaines nouvelles (ZHUN) etlotissements privs, et des taux d'accroissement moyen annuel forts10 (5,36% El Khroub, 5,31%

    Ain Smara, 3,93% Hamma Bouziane et 6,54% Didouche Mourad).

    Ce mouvement "extraordinaire" de l'urbanisation s'inscrit, par ailleurs, dans un contexteconomique domin par le March et la globalisation des changes. Les socits profondmentpaysannes s'urbanisent. Les villes se multiplient, leur croissance galement. La mobilit despopulations est de plus en plus grande vers les grandes villes qui, leur tour, concentrentfonctions, valeurs et normes pour un systme urbain productif, plus innovateur et attractif. Lacomptition s'instaure entre villes. L'ampleur du processus et son accessibilit vers des niveauxtoujours suprieurs de la hirarchie et de l'chelle urbaine, imposent finalement un rythme decroissance aux villes et une nouvelle logique de dveloppement.

    Si les villes ne cessent de crotre et de prendre de l'espace, leur gestion cependant pose problme.Cela ne va pas se faire sans perturber le fonctionnement et la manire dont sont grs les systmesurbains dans les dispositions qui taient les leurs jusqu' ce que la mondialisation du March enchange les modalits. L'approche globale doit en effet remplacer l'administration et la gestionverticale(s) des villes, que les systmes de pouvoir en cause soit dcentraliss ou centraliss.Dans une socit qui s'industrialise, et au vu de l'volution de l'entreprise11, les changementsdans la gestion, sous l'impulsion des transformations imposes par la mondialisation, rsultentet/ou entranent de nouveaux modes dchange et de reprsentation; les diffrents modes tant eninteraction permanente.Dans les pays dvelopps o l'on cherche galement, depuis une vingtaine d'annes, freiner la

    dispersion urbaine et donner une image valorisante aux villes (rnovation urbaine par larequalification de quartiers et lembellissement de centre), la question de la reprsentation pourune gestion mtropolitaine est aujourd'hui cruciale. Elle rvlerait une absence d'institutionspolitiques et "un dficit dmocratique"12 au niveau des mtropoles dans l'application des principesd'une gouvernance locale.

    La mtropolisation, processus de diffusion spatiale du fait urbain, de concentration de populationet de fonctions stratgiques dans les grandes villes, est un fait de la mondialisation.L'extension des agglomrations et l'urbanisation dans le pri-urbain et vers des espaces toujoursnouveaux, entranent la constitution d'aires mtropolitaines, de vritables rgions urbaines de plus

    en plus fonctionnalises, qui, aujourd'hui, font l'objet de plusieurs dfinitions (statistiques engnral).Dans les pays occidentaux, lurbanification des campagnes a entran d'autres rapports l'espacerural avec ce que, aujourd'hui, lon dsigne par les vocables de "mtapoles", campagne etagriculture urbaine(s), "urbanit rurale" etc.

    9 Wilaya: collectivit territoriale dont l'excutif est nomm par le gouvernement et dirig par le Wali.10 Wilaya de Constantine. Direction de la Planification et de l'Amnagement du territoire (DTAP). " Constantine par

    les chiffres". Anne 2002.11ARAMA, Yasmina.. Gouvernance et territorialit(s) ou thique et entreprise . Colloque international sur Gouvernance et dveloppement des PME-PMI3 CREAD -Alger 23-24-25 200312 BASSAND, Michel. "Mtropoles et mtropolisation" in "Les enjeux de la sociologie urbaine", PPUR, Lausanne,2000 [Enligne].https://ppur.epfl.ch/ (page consulte le 19/07/2002 ).

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    C'est le rgne de l'urbain (F. Choay, 1994) et d'un urbain en mouvement 13 pour lequel desconditions s'avrent ncessaires afin de maintenir cette mise en changement ou en mobilit(population) qui fait la mtamorphose des villes ou leur mtropolisation.

    Dans les pays en dveloppement, sans que les politiques urbaines et l'organisation sociale etspatiale ne soient suffisamment "rationalises", les villes sont nouveau sollicites pour

    dvelopper d'autres capacits, celles entre autres, de se "dterritorialiser" et d'oprer en rseaux(ouverture l'intercommunalit, action internationale et coopration dcentralise etc.).Elles deviennent les lieux de contradictions et de grands dfis face des oprations urbaines quirelvent parfois du paradoxe ( la fois du plan stratgique et du projet urbain, de la gestion urbaineclassique et de la gouvernance mtropolitaine etc.), ou des villes mouvementes14 limagedAlger.Cependant, l'approche du phnomne de mtropolisation dpend du niveau d'chelle considr.Dans le cas d'une mtropole rgionale telle que Constantine, le processus d'agglomration et deconcentration est certes approchant, mais loin de celui des niveaux "suprieurs" d'organisation dessystmes urbains qui caractrisent la fois hirarchie urbaine et mtropolisation. En effet, cette

    chelle mtropolitaine, l'aire de polarisation se limite la rgion (c'est dire au local), ce qui nepermet pas dans l'immdiat ce type de mtropole d'avoir une quelconque matrise des (nouvelles)logiques de globalisation.Dans tous les cas de figure, il serait difficile, de faire dsormais abstraction du contexte de lamondialisation qui dfinit les critres ncessaires et/ou obligatoires l'volution des villes.

    Le rle des villes change et la structuration de l'espace, du local au global, change galement. Lesquestions de centralit urbaine, priphrie et plus grande chelle de noyaux centraux, croissanceet dveloppement durable restent ainsi poses.Les villes, indpendamment de la taille ou des fonctions, deviennent mme les noyaux de

    structuration de lespace. Elles dfinissent un ordre urbain face auquel celui de l'agraire, suite deprofondes mutations (rformes et rvolutions), est aujourd'hui tenu plus de gestion cologiquede l'espace.De part et d'autre de lespace, les dfis ne sont pas les mmes mais orients vers une finalit dedveloppement durable. Le renouvellement urbain et la rvolution doublement verte, ambitionnant" d'allier l'intensification des rendements et la protection de l'environnement"15, ncessairementdoivent se rejoindre pour la reconstruction d'un vaste paysage qui intgre l'amnagement et lagestion des villes: le patrimoine culturel et biologique.

    A diffrentes chelles, la problmatique de l'urbanisation croise celles poses par la perte des terres

    et la dgradation de l'environnement, ainsi que les questions lies la dsertification et la scuritalimentaire. Le dveloppement des villes, s'il est d'envergure mondial, n'en demeure pas moinsinsparable de la rduction des espaces agricoles et du niveau de dveloppement conomique etsocial dans les pays. Sur une surface de terres cultives dans le monde (1500 millions d'hectares),ingalement rpartie de surcrot, 12 16 millions d'hectares de terres arables sont perdus chaqueanne par suite de l'urbanisation et des infrastructures de transport (7 8 millions d'hectares paran)16.

    13BASSAND, Michel. "L'urbain en mouvement". Confrence IREC Ecole polytechnique de Lausanne, pp.113[Enligne].http://perso.wanadoo.fr/ville-en-mouvement/interventions/michel_bassand.pdf (page consulte le 05/01/

    2004).14 DRISS, Nassima. "La ville mouvemente. Espace public, centralit, mmoire urbaine Alger". LHarmattan, 2001.15CHARVET, Jean-Paul . "Nourrir six milliards d'hommes". Confrence, Le Havre, 6 mars 2002[Enligne].http://www. ac-rouen.fr/hist-geo/doc/cfr/6mm/6mm.htm (page consulte le 26/01/2004).16 idem.

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    La dgradation des terres (plus de 2 milliards dhectares) menace les moyens dexistence de plusdun milliard de personnes17. Or si la population mondiale crot de faon continue, commel'indiquent les prvisions jusqu'en 2050, comment augmenter la production agricole sans pousserun peu plus l'artificialisation du milieu rural et mettre en pril les ressources naturelles et fonciresvoire ainsi lenvironnement tout entier?Les terres gagnes, le sont souvent par le dfrichement de la fort tropicale ou de la savane (cas de

    l'Afrique Noire et de l'Amazonie), et sans mme parfois attnuer la prcarit des populationsautochtones, l'environnement dans le mme temps est expos aux actions dvastatrices de l'homme(dboisement, surpturage, pollution industrielle, urbanisation sauvage.), l'rosion et unestrilisation parfois irrversible des sols.En Algrie, o les terres agricoles ne sont pas plus qu'ailleurs protges de l'urbanisation, desspculations foncires, de la pollution et de lrosion (avec 40.000 hectares touchs chaqueanne)18, la lutte contre la dsertification est dsormais au centre de stratgies nationales (aunombre de sept) dont le but (global) serait daccrotre la scurit alimentaire dune faonrationnelle du point de vue de lenvironnement (Dveloppement Agricole et Durable) 19.

    La problmatique du pri-urbainA l'issue de ces rflexions qui mettent en exergue l'imbrication de phnomnes de croissance(population, ville, conomie), d'espace et d'chelle en correspondance, notre tude qui cherche cerner le phnomne de pri-urbanisation et les difficults de gestion qui en dcoulent pour uneville comme Constantine, partirait de changements qui sobservent sur la priphrie dunemtropole rgionale.L'espace circum-urbain est aujourd'hui rvlateur de l'organisation ou de la dsorganisationspatiale des villes tout comme de leurs dernires transformations ou celles venir (devenir-ville).Lieu "des configurations indites et parfois quivoques"20 ou des implantations inadquates voire

    illicites (habitat dans la priphrie constantinoise ), le pri-urbain est la partie inacheve,incontrle de la ville, la partie o, par ailleurs, se joue le futur des villes travers leschangements qui s'oprent dans l'architecture et la construction, les formes urbaines, les modes devie, et le pri-urbain agricole.

    La problmatique du pri-urbain volue en permanence. Quand l'espace en priphrie s'urbanise, ilintgre le systme urbain. Mais quand il s'attribue certaines des fonctionnalits de la campagne, ilcontraint cette dernire sa transformation (parfois radicale) sans pour autant s'approprier lesqualits du rural. Par ailleurs, du fait de la croissance incontrle des villes, lespace en priphrieprsente de plus en plus les caractres ambivalents typiques des espaces ou lieux intermdiaires.Et, c'est cette intermdiation du pri-urbain qu'il faudrait pouvoir saisir travers lvolution dessystmes urbains et les nouveaux cadres thoriques.

    17 Nations Unies- Conseil conomique et Social. "Agriculture, utilisation des terres et dsertification. Rapportdu Secrtaire gnral". Commission du dveloppement durable constitue en comit prparatoire du Sommet mondialpour le dveloppement durable-Session dorganisation, 30 avril-2 mai2001[Enligne].http://www.agora21.org/johannesburg/ cp 13.html (page consulte le 25/06/2004).18 "Journe mondiale de lutte contre la dsertification". Prsidence de la rpublique. Message, Alger, Mercredi 16 juin2004 [Enligne].http://www.el-mouradia.dz/francais/discours/2004/06/D160604.htm (page consulte le 7/08/ 2004).19 "Rapport national sur la mise en oeuvre de la convention des Nations Unies sur la lutte contre la dsertification".Ministre de lAgriculture- Direction gnrale des Forets- Organe National de Coordination sur la lutte contre la

    dsertification, Avril 2002 [Enligne].http://www.unccd.int/cop/reports/africa/national/2002/algeria-fre.pdf (pageconsulte le 25/06/ 2004).20 NICOLIN, Pierluigi. "Fin de la priphrie? Haussmann dans la priphrie".Thme europen 4: "Construire la villesur la ville. Transformations de sites urbains contemporains".Points de vue [Enligne].http://www.archi.fr/EUROPAN/e4/tex/ ptdv_nic.htm (page consulte le 21/01/2004).

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    Les concepts paradigmatiques (dveloppement durable, conomie du savoir, patrimoinecologique, grand paysage etc.), ainsi que les notions en partage (paysage, pri-urbain,coalescence, cogestion, coresponsabilit .) dterminent le rle d'interface et de mdiation dechacun deux, rle ncessaire pour relier aujourd'hui les espaces (rural/urbain), les fonctions(production/ consommation), les systme de gestion (conventionnel/globalis), le dveloppementconomique et durable etc.

    Le paysage et la reconnaissance de ses rapports lamnagement de lespace conduisent lanalyse de la reprsentation dun fonctionnement densemble partir dune organisationcologique globale. Le paysage s'apprhende ainsi l'chelle intercommunale.Selon le Centre national franais dtude et de recherche du paysage (CNERP), le paysage"nest ni un lment fixe (car il volue dans le temps et dans lespace, sous le regard delhomme) ni un lment uni (car il est compos dlments de natures diverses, vivants, inertes,sociaux, culturels, etc.). Il implique aussi un ensemble ou une globalit qui est la fois plus quela simple somme des lments qui le composent, sans tre une figure gomtrique ou un objetpouvant tre expliqu par une opration mathmatique sophistique"21.

    L'organisation spatiale, dans les pays occidentaux, est depuis les annes cinquante bouleversenon seulement par les relations conflictuelles entre ville et campagne mais galement parl'mergence des espaces pri-urbains qui s'imposent spatialement et fonctionnellement.

    La formation de couronnes pri-urbaines, interfaces entre ville et campagne, comme le suggreJean Le Coz, conduit en fait " dpasser les approches dichotomiques et prendre en comptelensemble du systme urbain/priurbain/rural comme rvlateur des transformations delappareil productif et des rapports sociaux et lexpression de nouvelles formes de division socialede lespace"22.

    Dans le cas de grandes mtropoles telles que Montral, une organisation en auroles ou couronnesautour du noyau central prvalait sans que cela constituait des ensembles homognes. Maisaujourd'hui, il est plutt question d'amnager une mtropole verte ou "mtropole nature", pointessentiel, en dehors du zonage agricole, d'une politique municipale montralaise sur les espacesnaturels en milieu urbain et pri-urbain23

    En Algrie, le terroir fertile autour des villes va disparatre au profit d'une urbanisation qui, enmoins de vingt ans, sera incontrlable; en sont tmoins la disparition des "assiettes" et parfoisl'arrire pays (hinterland) de grandes villes telles Alger (Mitidja et Sahel), Oran(Es Snia etprolifration dagglomrations secondaires), Constantine (jardins d'El Hamma et valle du Bou

    Merzoug) et, de manire gnrale, l'miettement de campagnes environnantes.L'explosion dmographique et l'exode rural vers les grands centres, la demande en habitatconsquente ainsi que les retards accumuls dans la ralisation du logement vont encourager lelotissement spontan des proprits foncires et la "construction illicite".

    21 Ministre de lquipement, des Transports et du Logement.. " Paysage et amnagement urbain". Note de synthseralise par l'Atelier Pierre Girardin et l'Association Amnagement et Nature pour le Centre de Documentation del'Urbanisme [Enligne]. http://www.urbanisme.quipement.gouv.fr/cdu /accueil /elabproj/ (page consulte le 01/01/2004).22 LE COZ, Jean. " Espaces mditerranens et dynamiques agraires: tat territorial et communauts rurales".CIHEAM-IAMM, 1990. Options Mditerranennes : Srie B. N 2 Espaces mditerranens et dynamiques agraires,

    393 p. [Enligne].http://ressources.ciheam.org/om/pdf/b02/CI900731.pdf (page consulte le 17/06/2004).23Conseil Rgional de l'Environnement de Montral. "Recommandations pour la future politique sur les espaces vertsde la ville de Montral". Table de concertation du Cre-Montral sur les espaces verts et bleus montralais, dcembre2002 [Enligne].http://www.cremtl.qc.ca/fichiers-cre/memoires/Documentespacesverts.pdf (page consulte le28/06/2004).

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    Le rythme de la croissance urbaine sera impressionnant de 1980 1992 (4,4 annuellement 24) pourse rduire finalement un taux moyen ( 3,57- RGPH 1998).La planification et les instruments urbains a priori nont pas russi "baliser" lespace des villesmalgr la dfinition de"ceintures urbaines" contenant les dveloppements de mtropoles pour lesannes venir soit vingt ans. On estime, aujourd'hui, qu' avec les diffrents P.D.A.U., uneprvision de consommation supplmentaire en foncier pour chaque agglomration est

    ncessaire25 (par exemple 3000 ha pour Alger).Enfin, la politique agricole est reste en de de ce quelle devrait tre: marginalise et protgeantpeu efficacement les terres arables au vu dune urbanisation qui "ronge continuellement" lefoncier agricole et, d'une certaine manire, en contrle les potentialits.Aujourd'hui, devant l'urbanisation priphrique galopante, le "dficit juridique" 26 des villes n'estplus dmontrer face l'absence d'un droit urbain et d'une lgislation forte pour la protection dupaysage et de l'environnement.

    Dans la ceinture urbaine de Constantine, la proprit foncire des citadins, "dernier rempart" l'empitement de l'agriculture par l'urbanisation, se "disloque" mettant en jeu la longue

    prennisation de patrimoines familiaux aux abords de la ville. Les terres traditionnellementappropries par les rsidents de la ville constituent la majeure partie de l'espace agricole danslequel la ville puise aujourd'hui pour crotre. De fait elle n'aurait t (jusque l) qu' une rservefoncire pour une croissance urbaine non contrle et, par consquent, dans un procs continuelsol/terrain.

    Si, au dpart, l'extension de la ville de Constantine est volontaire et planifie (exurbanisation,implantation de ZHUN, lotissements privs.), elle va cependant se poursuivre sansprogrammation, de faon spontane et cela, ds les annes 80' avec la libralisation politique etconomique. Aux limites de la ville, la priphrie est en perptuel changement.

    Certaines extensions, l'image de quartiers ou cits dans la priphrie sud de Constantine, tels"Sissaoui", sont une illustration loquente de la perte d'un foncier agricole au profit d'uneurbanisation anarchique et sans normes. Discontinuit, fragmentation et mme dgradationqualifient parfois les tissus urbains en priphrie, et particulirement au sud de Constantine.

    Lanalyse de la priphrie de la mtropole est alors oriente vers les questions de "lhabitatillicite", ainsi dsign par les pouvoirs publics, et vers une gestion des espaces mise en difficultpar la crise urbaine. La pri-urbanisation qui se gnralise en tant que forme urbaine de l'espacepri-urbain reste cependant diversifie selon le processus de mtropolisation et les pays enquestion.

    Si, dans l'Algrie post- indpendante le pourtour des villes algriennes s'urbanise par les citsHLM et l'habitat prcaire, aujourd'hui ce sont davantage les cits et les constructions individuelles"illicites" qui se dveloppent sans que les pouvoirs publics russissent y mettre fin.

    Ailleurs, dans les pays dvelopps o l'urbanisation en priphrie est parfois illicite (en Italie, parexemple), la recherche d'une restructuration des tissus clats et la requalification d'espaces

    24MUTIN, Georges. "Agrgation de Gographie 1996-997 -Chapitre 4: La dynamique dmographique"[Enligne].http:// www.iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Cours/AgregGeo/agreg-geo96.html (page consulte le

    23/07/2001).25BEREZOWSKA-AZZAG, Ewa."Alger et l'urbanisme durable-un long chemin parcourir-" in "Alger lumires surla ville". Colloque international EPAU, Alger du 4 au 6 Mai 2002, pp. 474-489.26 BENAKEZOUH, Chabane. "La ville d'Alger et le droit" in "Alger lumires sur la ville".EPAU. Colloqueinternational, Alger du 4 au 6 Mai 2002, pp.455-466.

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    marginaliss par l'quipement en permanence, ont fini par caractriser la priphrie, vcue parfoisen tant que telle et dans une autonomie de vie (sans rfrence au centre).

    La pri-urbanisation, processus d'urbanisation en apparence simple, dissimulerait ventuellementd'autres aspects de la priphrie; ensembles de phnomnes dont nous avons le privilge del'observation du fait d'une mondialisation qui reconfigure en permanence les espaces et les

    territoires, et que nous ne pourrions apprhender en totalit dans cette tude.

    La question principale qui guide notre recherche est de savoir quels sont les lments qui entrentdans la comprhension du phnomne de mtropolisation et les difficults de le matriser dans lecas particulier de Constantine.

    L' hypothse premire est que la proprit foncire dans le primtre urbain joue dans le sens de satransformation en espace d'urbanisation et contribue sans cesse l' talement de la mtropolergionale. Car, rien ne semble freiner l'urbanisation entre Constantine et son premier satellite ElKhroub, pas mme l'obstacle physique- naturel; comme cela s'est produit dans d'autres directions

    (au Nord et Sud Ouest) de la ville.Cependant, la transformation de la proprit foncire autour de la ville ne peut constituer une causepremire aux extensions urbaines incontrles. Elle serait davantage le produit voire le rsultatd'une politique de l'amnagement du territoire qui continue ignorer les problmatiques gnrespar la question foncire et la scularisation des terres ainsi que les ncessits actuelles de protgerl'espace agricole et l'environnement.La deuxime hypothse est que le phnomne de mtropolisation cacherait et/ou rvlerait unprocessus qui n'est pas sous "contrle", non matris, ainsi que les difficults (ou absence) degestion urbaine que l'habitat illicite en priphrie rvle dans ses aspects les plus apparents.Nous sommes face une ralit urbaine particulire car plus les villes algriennes se dveloppent

    plus leur gestion est dfaillante. Elles sont par consquent davantage soumises aux processus demondialisation.

    Notre objectif de recherche est de "produire" une connaissance sur la priphrie d'unemtropole rgionale et de revisiter les concepts, en gnral, utiliss pour apprhender lephnomne de mtropolisation ainsi que ceux construits dans une logique de globalisation.

    La dmarche analytique permet d'aborder des thmatiques dont l'chelle de perception est globaled'o les concepts de patrimoine culturel biologique, systmes urbains, armature urbaine etcentralit mondiale(s); de mme que des phnomnes de temporalit plus courte (ville en

    mouvement, mobilit, mtropolisation, mtropolit, gouvernance mtropolitaine etc.).La mondialisation, par un processus de drgulation/rgulation, reconfigure lconomique etle social, linstitutionnel ainsi que les territoires, en codifiant lensemble par des lois et desnormes. Mais cette normalisation progresse avec la dfinition de nouvelles mthodes dapproche etla construction d'un discours commun. Mais, dans la mesure o le langage, partir de conceptsexistants, opre finalement un glissement sur la signification des vocables, il devient, de ce fait,ncessaire de clarifier en permanence la conceptualisation en cours ou celle en devenir.

    Il s'agit, par ailleurs, de prendre en compte cette notion d'"apprentissage", processus permanent decration/destruction pour la production de reprsentations et connaissances nouvelles, qui

    participent aujourd'hui d'une conomie nouvelle, celle du savoir.Nous partons de l'ide d 'une recherche ( partir) de la priphrie en embotant " contrario"lesespaces traditionnels (espaces gigognes) sans perdre de vue le processus de mtropolisation qui,

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    cependant, structure le territoire dans une relation de centre priphrie pour l'amplifier l'chelleglobale et l'intgrer juste titre au rseau urbain (mondial).Si, dans les priphries des villes, certains phnomnes sont continuels et identifiables (habitatinformel, mobilit, fragmentation spatiale et sociale, modes de vie.), la connaissance que nousen avons reste disparate et ne peut faire l'objet actuellement d'une thorie ou d'unephnomnologie de la priphrie.

    Notre dmarche, par consquent, s'articule entre constructions thoriques et interprtations durel. Elle s'attache par ailleurs "la complexit" des phnomnes du fait de systmes urbainsrenouvels et en mouvement, et du fait mme de l'imprdictibilit du contexte mondial. Cest toutl'intrt d'une recherche qui est l'interface de systmes prsents et venir pour mieux saisirles ruptures et les multiples configurations et reconfigurations (entre territoires, institutions,chelles) induites par le phnomne de la mondialisation.Enfin cette approche "en charnire" permet d'aborder la problmatique de la mtropolisation etcelle plus conventionnelle de la pri-urbanisation, qui, ensemble, rsument les dynamiquesurbaines face au processus de mondialisation des villes. Elle prsente cependant les risques dune

    dmarche non linaire qui cherche apprhender simultanment les aspects et les articulationspossibles de phnomnes appartenant des logiques de comprhension diffrentes.En ralit, comme le souligne Jean-Louis Le Moigne, " la pense complexe nous invite reconsidrer cet idal structurant de nos socits"27 et envisager la complexit comme unerecherche en mouvement28.

    Nous tenterons, sans prtendre puiser le sujet, de cerner ce qui nous parat tre l'un des aspects lesplus pertinents des villes d'aujourd'hui: l'urbanisation de la priphrie. Phnomne complexe dontla mesure, sans tre totale du fait mme de sa complexit et des niveaux d'chelle retenus (l'tudede mtropole rgionale), permet toutefois d'apprhender les prolongements possibles; sachant

    que par ailleurs l'anticipation serait difficile dans des situations en changement permanentcomme celles des systmes urbains actuels. Des choix ont donc t ncessaires et certains thmes,largement abords ailleurs dans les tudes urbaines, n'ont t parfois que simplement voqus ouanalyss travers des aspects prcis.

    Notre approche mthodologique, dans un premier temps, fait le point sur les questions relatives la pri-urbanisation et la mtropolisation afin de nuancer les aspects d'une ralit gnralise: lamondialisation.Dans un deuxime temps, la validation des thses de travail orientent vers les investigations

    ncessaires auprs de diffrents services de la ville de Constantine (Maison de l'Agriculture,Direction de lUrbanisme et de la Construction, les collectivits locales).Les enqutes auprs de la Direction de l'Agriculture ont permis d'valuer une premire fois lepatrimoine foncier de Constantine et les pertes de terres occasionnes par l'urbanisation (enqutedu 19/05/99). Le service du contentieux, cr pour rgler les litiges, participe de la dfinition d'unnouveau systme de contrle des terres. Il est aujourd'hui mme d'informer sur les terres perduespour l'agriculture et celles rcupres et rendues leurs propritaires respectifs.

    27LE MOIGNE, Jean-Louis. " Anthropolitique et gouvernance des systmes complexes territoriaux . Rencontreorganise dans le cadre du LEREPS-CIRESS Universit de Toulouse 1, par lAtelier-Forum MCX-APC 33. Toulouse,

    le 21 mai 2003, Htel de Rgion [Enligne].www.tourisme.gouv.fr/DOCUMENT/docinfo/docinfosdu09042003.htm(page consulte le 24/03/2004 ).28 LE MOIGNE, Jean-Louis. ""La rflexion pistmologique que requiert, en tout tat de cause, lactivit derecherche. Et Ltude des systmes complexes, nouveaux dfis de la science ". Extraits du schma stratgique du CNRS2002. [Enligne].http://www.mcxapc .org/docs/ateliers/lemoign4.pdf (page consulte le 10/09/2003 ).

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    La Chambre d'Agriculture de la Wilaya de Constantine29, travers un fichier informatis, constitueune banque de donnes sur les exploitations ("Fiche d'identification de l'exploitation agricole" et"Fiche signaltique de lexploitation") et sur les exploitants ("Fiche signaltique d'exploitant") [cf.Annexes I]. Les listes nominatives d'exploitants, propritaires, non propritaires et copropritaires,par commune, ne sont cependant pas exhaustives.A travers l'Algrie, la mise en place d'un rseau de chambres dagriculture rgionales autonomes et

    d'une Assemble permanente des chambres dagriculture ne joue pas en faveur d'un recensement etd'un archivage srieux des informations d'autant que ces chambres (dagriculture) sont dsormaislinterface dcentralise entre les agriculteurs et leurs partenaires des secteurs public et priv etqu'elles jouent en faveur d'un dveloppement de relations entre les diffrents acteurs.Les dmarches auprs de la Direction de l'urbanisme et de la Construction (DUC) nous ont montrle fait que cette dernire est devenue incontournable (autorit et exprience) en matire deplanification et d'urbanisme. L'APC de Constantine, quant elle, travaillant davantage sur lesprojets urbains "se spcifie" en quelque sorte dans la gestion de la ville.

    C'est la question du foncier qui rassemble les institutions reprsentatives des pouvoirs public et

    para-public de la ville de Constantine. Elle est litigieuse en permanence entre les troisprotagonistes.Car, combien de terres seront encore perdues pour l'agriculture? Ou dans quelle mesure la DUCpourrait-elle rcuprer 1701,5 ha pour combler le dficit au niveau du secteur urbaniser?Quant l'APC, comment va-t-elle sassurer une rserve (foncire) pour la ville sachant le peud'autorit quelle a sur la question et que les transactions (foncires), loin de se normaliser, sont deplus en plus occultes?

    Nos diffrentes recherches, dans le cadre de mmoires (DEA et Magistre), et les observationsplus rcentes30 du phnomne de pri-urbanisation nous orientent davantage vers le Sud de

    Constantine o se concentrent les constructions (habitat et quipements) et se forme uneconurbation reliant la mtropole constantinoise son premier satellite (El Khroub).Les diffrentes rflexions sur la ville31 (image et perception), lespace informel32 ainsi que laconnaissance des projets de l'tat pour une "mtropole d'excellence", avec ou sans partenariat,nous ont dj familiarise avec certains aspects de notre sujet. Quant l'tude sur la cooprationdcentralise entre la ville de Grenoble et celle de Constantine (Enqute auprs des services del'A.P.C de Constantine, novembre 2003), elle nous donne une premire mesure des difficults de lagestion urbaine et galement des changements de prrogatives pour des collectivits locales tenuesdsormais d'appliquer les principes de "la bonne gouvernance".

    Des problmes mthodologiquesEn dehors de donnes statistiques parfois peu fiables du fait qu'elles changent avec lessources, c'est la collecte elle-mme d'informations qui pose problme. Des recoupements entresources diffrentes ont t de ce fait ncessaires.

    29 La Chambre d'Agriculture de la Wilaya de Constantine, cre par dcret excutif n91-118 du 27Avril 1991, est uneorganisation professionnelle avec le statut d'tablissement Public caractre Industriel et Commercial (E.P.I.C). LesChambres d'Agriculture, sont interpelles pour la constitution du Fichier national des exploitations agricoles.30ARAMA, Yasmina. "Priphrie, habitat illicite et terres prives agricoles- Lexemple de Sissaoui au sud de

    Constantine", Octobre 1999- Article pour lUniversit de Caen (France).31 ARAMA, Yasmina."Image, perceptions, et politique de la ville " in "LArchitecture et la ville algrienne face auxdfis du XXI Sicle". Actes du 2 Sminaire international en Architecture, Biskra.20 et 21Nov 1999, pp. 107- 117.32 ARAMA, Yasmina. "Centralit, marginalit ou linformel dans lespace urbain ". Colloque sur les espacesmarginaux. Facult des Lettres et Sciences Humaines- Universit de Sfax pour le SUD, 6-7 et 8 mars 2002.

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    Au niveau de l'agriculture, par exemple, les informations du Recensement Gnral de l'Agriculture(RGA 2001)33 sont confrontes celles dclares par les agriculteurs dans une dmarcheindividuelle (fiche signaltique de lexploitant et de lexploitation). Celles-ci, souvent incompltes,peuvent galement tre rptitives au niveau de la superficie, et parfois non confirmes du fait delabsence de documents tels un acte de proprit ou de "freda"34 qui authentifient les informationsdonnes.

    Si les fiches signaltiques informent de faon gnrale sur lidentification et les caractristiques delexploitant et de lexploitation, la "fiche didentification de lexploitation agricole", doublevolet, est un questionnaire dtaill (nature juridique, production agricole , plan delexploitation.) mais souvent rempli de faon incomplte, inexploitable de cette manire ouinaccessible au public ds lors que le fichier (au complet) attend dtre informatis par le serviceconcern.

    Le choix de la Wilaya de Constantine comme aire d'tude est guid par le fait que les donnesstatistiques gnrales (superficie, population, habitat etc.) ainsi que celles du RGA (2001) sont

    disponibles cette chelle. Par ailleurs, l'aire mtropolitaine, en se superposant la circonscriptionadministrative, recouvre l'ensemble de la wilaya soit le dveloppement de douze communes dontles agglomrations chef-lieu (A.C.L.), elles seules, abritent 85% des habitants de la wilaya.Le phnomne urbain dborde largement hors de Constantine, et la wilaya de Constantine, avec untaux d'urbanisation de 94% et une population totale estime 860.370 habitants35 (soit une densitde 374 hab./km2), est considre majorit urbaine.Lanalyse de l'urbain nous informe bien plus sur la commune que sur la ville. La notion de ville,occulte depuis quelques annes et assimile parfois commune (ou groupement de communes),comme dans le cas de Constantine, disparat en quelque sorte derrire une entit territoriale plusgnrale.

    Enfin, si notre objectif est de saisir les changements au niveau de la priphrie de Constantine, lawilaya semble toute dsigne pour analyser la fois l'espace rural et l'espace urbain et recenserainsi les phnomnes lis au foncier rural comme ceux qui dfinissent l'talement de la ville.

    Une double distanciation semble ncessaire, la fois au niveau spatial afin de mieux saisir lesprocessus d'agglomration/dispersion voire mme de concentration/dploiement de l'espace urbain,et, au niveau des temporalits, afin de comprendre l'volution du systme urbain et samtamorphose.

    Nous avons enfin choisi de traiter le sujet en deux grandes parties.Dans la premire partie, intitule "Pri-urbanisation et processus de croissance des villes", noustenterons de saisir ce qui participe du phnomne de pri-urbanisation et de la croissance desvilles, en nous orientant le plus possible vers les questions qui intressent particulirement notreaire d'tude. Il s'agit par ailleurs de saisir l'urbain en mouvement ou les mcanismes l'origine dela mtropolisation; do le rapport ville/campagne qui demande tre clarifi ainsi que les notionsde ruralit et durbanit, insuffisantes aujourdhui pour caractriser lespace et ses nouvellesconfigurations dans un processus de mondialisation.

    33 Dcret excutif n 01-114 du 9 mai 2001 portant recensement gnral de lagriculture.34 "acte du cadi tablissant l 'arbre gnalogique et les droits revenant chaque partie dans une succession" . J.PCharnay. "La vie musulmane en Algrie daprs la jurisprudence de la premire moiti du XXe sicle". PressesUniversitaires de France, Paris 1965, p.380.35 Wilaya de Constantine. Direction de la Planification et de l'Amnagement du territoire (DTAP). " Constantine parles chiffres-Anne 2002".

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    Lintitul "De la proprit foncire rurale la proprit urbaine" met en vidence l'avance dupri-urbain sur un patrimoine foncier en perte rgulire de terres agricoles au profit de laconstruction et des projets urbains. Le droit de proprit est confront au droit de lurbanisme demme qu un droit dexploiter dsormais sans limites du fait de la comptitivit conomique.Cette articulation du rural lurbain a priori ne semble trouver de solution cohrente (et de par lemonde) que dans la construction du paysage et le renouvellement urbain. Car si dun cot la

    proprit foncire perd de son pouvoir au profit de la proprit urbaine et de lexploitation, delautre lurbanisation sans fin et les procds de production agricole pousss lextrme de leurrationalisation finissent par dgrader lenvironnement.Et puis, comment faire dans les pays o les moyens sont limits face la ncessit de protgerlenvironnement ?

    En Algrie, les questions relatives au foncier sont apprhends globalement dans un processus derevitalisation du monde rural qui prend forme avec la stratgie dun dveloppement rural durable(SDRD, mars 2004) afin de protger le patrimoine vert et agricole et pousser, sil le faut, vers unerevitalisation de lurbain.

    Dans une deuxime grande partie, intitule "mtropolisation et systmes dorganisation delurbain", le processus de mtropolisation rvle les enjeux conomiques et sociaux de lamondialisation des villes. La reconfiguration des espaces urbains pour des villes mondiales et ladfinition de nouvelles centralits sont lorigine de nouveaux systmes urbains aux normesmondiales.Le dveloppement urbain devient insparable de la matrise du processus de mtropolisation et deltalement urbain. Et si, face la crise urbaine, certains pays cherchent contrler ledveloppement des villes en amnageant noyaux anciens et priphries (par la reconversion defriches, lquipement et les services de proximit ), dans d'autres, la croissance des villes est

    l'origine de territoires fragments, espaces informes et habitat illicite.Aujourd'hui, le renouvellement urbain simpose comme une dmarche pour une plus grandecohrence dans lorganisation et la gestion des villes dautant que les politiques globales imposesaux villes sont pour quelque chose dans la d-solidarisation entre trs grandes villes et villes d'unemme armature urbaine, ainsi que dans le dysfonctionnement interne des villes.Y a-t-il, ce propos, intrt ce que les villes deviennent mondiales ?

    Avec le retrait de l'Etat et un service public en diminution, le dveloppement urbain pose enpermanence la question du financement du social par l'conomique. La gestion des villes etl'amlioration du cadre de vie urbain sont ainsi au prix de ngociations (et de concessions) entre

    diffrents secteurs ou partenaires pour des interventions communes ou des projets urbains. Laconcertation et la participation l'exercice du pouvoir font partie de nouveaux dispositifs depolitique urbaine et de gouvernance locale dans les pays dvelopps.

    Allons-nous vers une forme ngocie des villes et une contractualisation totale de leur politique?

    Dans les pays moins dvelopps, on tente d'articuler un systme conventionnel dorganisation, degestion et de reprsentation des villes aux exigences de la mondialisation, sans toutefois parvenir en matriser les effets ngatifs (croissance urbaine anarchique, talement urbain, poches depauvret, dsordre spatial etc.).

    La politique de l'amnagement du territoire, travers le plan stratgique, continue effectivement dominer toute approche ou action susceptible d'amorcer les nouveaux procds de dveloppementet de modernisation des villes.

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    SOMMAIRE

    INTRODUCTION.1

    PARTIE I:

    Pri-urbanisation et processus de croissance des villesDe la proprit foncire rurale la proprit urbaine ....17

    Chapitre I

    Ruralit et urbanit:

    de la dispersion la concentration..19

    I. 1 Ruralit/urbanit, un couple rcurrent...20I. 2 Nouvelle ruralit : serait-ce la fin du rural agricole?22

    I. 3 Urbanit, quelle dfinition pour la ville?........24I. 3. 1 Urbanit ou citadinit des limites oprationnelles..24I. 3. 2 Ville et diversit de l'urbain....26

    I. 4 Espace rural / espace urbain ou l'approche globalisante........27I. 4.1 L'intgration de l'espace rural ou le "rural post industriel".....27I.4. 2 L'intgration de l'espace urbain ou la configuration d'un nouvel urbain.....29

    Conclusion: rural et urbain, vers un compromis: la construction du paysage.....30

    Chapitre IIDu patrimoine rural au patrimoine urbain:vers la valorisation de patrimoine culturel et biologique..31

    II.1 Paysage et importance de la patrimonialit.......31II.1. 1 Paysage et nouvelle territorialit....31II.1. 2 Paysage et patrimonialit.. .....32

    II. 2 Patrimoine culturel industriel et nouvelle industrie.....35II. 2. 1 Industrie et connaissance..35II. 2. 2 Mise en vidence de la valeur de "patrimoine culturel industriel".......39

    II. 3 Vers le patrimoine culturel et biologique .....40II. 3. 1 Le patrimoine de l'agraire.....40II. 3. 2 Le patrimoine cologique......40

    II. 4 Patrimoine foncier rural et patrimoine urbain en Algrie :une politique globale de valorisation des patrimoines....41

    II. 4. 1 Le patrimoine foncier rural:entre restructurations foncires et modernisation agricole...42

    II. 4. 1. 1 La particularit du patrimoine foncier agricole.42II. 4. 1. 1. 1 La variabilit des phnomnes go-climatiques.......42II. 4. 1. I. 2 La fragilit de lespace vital..44

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    II. 4. 1. 2 Restructurations foncires et modernisation agricole......47II. 4. 1. 2. 1 La faible autonomie du patrimoine foncier......47II. 4. 1. 2. 2 Les limites de la vulgarisation agricole........49II. 4. 1. 2. 3 Le maintien dun monopole sur lagroalimentaire...51II. 4. 1. 3 Une revitalisation , celle du monde rural.....53II. 4. 1. 3. 1 La ncessit de valoriser les zones rurales.......53

    II. 4. 1. 3. 2 La stratgie du dveloppement rural durable (SDRD)..55II. 4. 1. 3. 3 Des plans, des projets de proximit et des capitaux......56II. 4. 2 Le patrimoine urbain :

    des villes entre restructuration et rhabilitation.. ....58II. 4. 2. 1 La problmatique des espaces urbains......58II. 4. 2. 1. 1 Labsence de politique permanente

    de protection et de sauvegarde des espaces urbains..58II. 4. 2. 1. 2 Enjeux urbains et enjeux touristiques.......59II. 4. 2. 2 La ncessaire rhabilitation des villes algriennes......60II. 4. 2. 2. 1 Le dficit juridique des villes et ses effets ..... ....60

    II. 4. 2. 2. 2 Rhabilitation et restructuration du cadre bti... .61II. 4. 2. 2. 3 Rhabilitation et "embellissement du patrimoine immobilier"....61

    II. 5 Le patrimoine foncier Constantinois:entre urbanisation et sauvegarde du patrimoine agricole...62

    II. 5. 1 Un patrimoine agricole protger......63II. 5. 1. 1 La ncessit de prserver de riches terroirs agricoles......64II. 5. 1. 2 La ncessit de crer des sites d'urbanisation...65II. 5. 2 Un patrimoine urbain rhabiliter... ....67II. 5. 2. 1 L'importance du patrimoine immobilier stabiliser....67

    II. 5. 2. 2 La double obligation : rhabiliter et rnover la mdina.......69II. 5. 2. 3 La porte aujourd'hui d'une rnovation cologique.72

    Conclusion: une reconfiguration des territoires entre rhabilitation et rentabilisation. ..72

    Chapitre IIIProprit foncire et pri-urbanisation:

    de nouveaux rapports l'espace....73

    III. 1 Les modifications de la proprit foncire....74III. 1. 1 La proprit: une notion renouvele....75III. 1. 2 La proprit foncire: des droits qui se restreignent... .....76III. 1. 3 La proprit foncire: un rapport l'espace qui change..76

    III. 2 La proprit foncire ou l'approche patrimoniale....78III. 2. 1 Le patrimoine productif...78III. 2. 2 La question du pri-urbain agricole: conflits et protection....79III. 2. 3 Le pri-urbain agricole: approche et gestion multiple(s) de l'espace.......81III. 2. 4 La proprit foncire des citadins: quelle volution?..82

    III. 3 Urbanisation et priphrie: vers une nouvelle forme urbaine......84III. 3. 1 Les problmes du foncier relatifs la priphrie.....84III. 3. 2 La dsorganisation spatiale: le marginal et l'informe........85

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    III. 3. 3 L'agriculture en milieu urbain et sa signification....87

    III. 4 La proprit foncire des rsidents constantinois:entre possessions rurales et oprations urbaines.....88

    III. 4. 1 La perte des terres agricoles au profit de l'urbanisation:un phnomne gnralis....89

    III. 4. 2 Le melk familial: domination etprennisation d'une structure traditionnelle.....91

    III. 4. 3 L'amorce d'une nouvelle dynamique culturale....94III. 4. 4 Le pouvoir de grer sautonomise lentement de celui de possder.....97

    Conclusion: de l'entreprise ou du patrimoine:des formes d'appropriation dterminantes pour le pri-urbain agricole.. .98

    PARTIE II:Mtropolisation et systmes dorganisation de lurbainDe la mtropole son renouvellement...100

    Chapitre IMtropolisation et urbanisation....101

    I. 1 L'talement urbain: le paradoxe de la diversit et de la similitude. .102I. 2 Schmas d'urbanisation et processus nouveau de fabrication des villes..104

    I. 3 L'urbanisation en Algrie:redploiement de l'armature urbaine et rquilibrage territorial .105

    I. 3. 1 Urbanisation et administration territoriale....106I. 3.1. 1 L'entit territoriale de base, la rgion et non la ville.106I. 3.1. 2 Armature urbaine et territorialit administrative...107I. 3. 2 Une armature sans grande cohrence...110I. 3.2. 1 Urbanisation et population: l'quilibre apparent....111I. 3.2. 2 Urbanisation et chelle urbaine: volutions et ruptures....112I. 3.2. 3 Armature urbaine: des modles de croissance diversifis.115

    I. 3. 3 Urbanisation et nouvelles stratgies de matrise du systme urbain118I. 3.3. 1 Rgions programme et mise en rseau des villes: des stratgies contradictoires..119I. 3.3.1. 1 Projet rgional et nouvelle trame territoriale..120I. 3.3.1. 2 Rseaux d'infrastructure et technopole en projet: lamorce dun rseau urbain.122I. 3.3. 2 Schmas d'organisation territoriale et dveloppement durable..125

    I. 4 Etalement urbain et reports de croissance: l'exemple de Constantine..127I. 4. 1 Le Groupement de Constantine : effet de resserrement ou de dploiement?..127I. 4.1. 1 Amnagement du territoire de wilaya et re-centrage de la commune de Constantine.128I. 4.1. 2 L'volution de Constantine

    entre primtre urbain institutionnel et primtre d'agglomration.132I. 4.1.2. 1 Aire mtropolitaine:ou les dynamiques de population et d'urbanisation..132

    I. 4.1.2.1. 1 La croissance de la couronne urbaine..132

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    I. 4.1.2.1. 2 La reprise de la croissance par la couronne rurale.. .137I. 4.1.2.1. 3 Une mobilit de population captive de l'urbanisation..139I. 4.1.2. 2 Aire urbaine ou la problmatique du primtre de rfrence144I. 4.1.2.2. 1 L'talement diffus ou l'effet conurbation.145I. 4.1.2.2. 2 L'talement diffus

    ou l'inadaptation des instruments d'urbanisme149

    I. 4. 2 Densification des lieux centraux et nouvelles priphries.....155I. 4.2. 1 Surdensification du centre-ville et multifonctionnalit .....156I. 4.2.1. 1 Le centre-ville, espace d'intgration ou d'encastrement?...157I. 4.2.1. 2 Le commerce informel dans le centre-ville,

    un processus d'intgration/dsintgration..160I. 4.2. 2 Priphrie ou la double informalit de l'habitat et du commerce ..163I. 4.2.2. 1 Priphrie et processus d'illicitation de l'habitat.163I. 4.2.2. 2 Priphrie et amorce d'un rayonnement du commerce informel:

    le cas de Sissaoui.166I. 4. 3 Schma de cohrence urbaine

    et renouvellement des outils d'intervention urbaine .170I. 4. 3. 1 Cohrence urbaine

    ou le principe d'quilibre et d'quit territoriale...170I. 4. 3. 2 Cohrence urbaine

    ou la dtermination du primtre pertinent...171I. 4. 3. 3 Cohrence urbaine

    ou stratgie globale damnagement et logique de projet ...173

    Conclusion: urbanisation et urbanisme, vers une autonomie et un nouveau statut des villes174

    Chapitre IIMtropolisation et dveloppement urbain..175

    II. 1 Mtropoles mondiales et enjeux conomiques....176II. 1. 1 La mise aux normes mondiales..176II. 1. 2 Reconfiguration de territoires et nouvelles centralits...178II. 1. 3 Mondialisation ou globalisation des villes ?............181

    II. 2 Le renouvellement urbain ou la ngociation du social..182II. 2.1 Les enjeux de la revitalisation conomique et sociale183II. 2.1. 1 La cohsion sociale ou le pourquoi d'un projet thique...184II. 2.1. 2 L'articulation du social l'conomique: un dfi permanent.185II. 2.2 Les nouveaux cadres institutionnels...186II. 2.2. 1 Etat bienveillant

    et reconfiguration de la base institutionnelle: le service public...187II. 2.2. 2 Gouvernance urbaine

    ou la difficult de la cohrence institutionnelle...188II. 2. 3 Vers une culture de la ngociation..190II. 2.3. 1 La mdiation ou la dcision collective.....190

    II. 2.3. 2 Le facteur conomique de la cohsion sociale: le projet urbain...192

    Conclusion: mtropolisation, renouvellement urbain et rayonnement des villes.193

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    Chapitre IIIMtropolisation et sous-dveloppement urbain....194

    III.1 Dveloppement urbain: des dimensions institutionnelle et conomiquepeu adaptes au contexte de la mondialisation..195

    III.1.1 Mtropoles et Etats imparfaitsou l'absence d'une autonomie de rgulation195III.1.2 Mtropoles et absence de pouvoir local

    ou la gouvernance thorique....198

    III.2 Dveloppement urbain et processus de priphrisation......201III.2.1 Mtropoles et IDE : des territoires peu attractifs.202III.2.2 Mtropoles et partenariat :

    des actions palliatives au renouvellement urbain206III.2.3 Mtropoles et recherche constante de la viabilit:

    un scnario de l'impossible..211

    III.3 Mtropoles algriennes et dynamiques territorialesdes organisations productives diverses...213

    III.3.1 Processus d'agglomrationet tissu conomique local htrogne..214

    III.3.2 Processus de dispersionet rorganisation fonctionnelle de l'espace urbain..218

    III.3.3 Dynamique identitaire et dynamique conomiqueou la performance d'entreprises agroalimentaires locales...219

    Conclusion: dveloppement urbain ou sous-dveloppement urbain,y a-t-il un intrt ce que les villes deviennent mondiales ?..222

    CONCLUSION GNRALE.224

    GLOSSAIRE...227

    BIBLIOGRAPHIE233

    LISTE DES ABRVIATIONS..259

    LISTE DES CARTES....261

    LISTE DES TABLEAUX.262

    ANNEXES..263

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    PARTIE I----------------

    Pri-urbanisation et processus de croissance des villes

    De la proprit foncire rurale la proprit urbaine

    Les villes, de manire gnrale, sont perues comme des lieux de russite conomique etsociale. Leur croissance est continuelle et l'origine de processus d'urbanisation qui, quels qu'en

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    soient la production et les modles construits, est aujourd'hui la manifestation concrte dudveloppement et de l'intgration l'conomie- monde.Le peuplement des villes rsulte du croit dmographique, de l'exode rural ou de la mobilit despopulations rurales et urbaines. L'effet de croissance, du fait de la diminution de la populationactive agricole qui se dplace vers la ville la recherche d'emploi ou du fait de l'cart importantentre le niveau de vie la campagne et celui de la ville, est li au dveloppement conomique des

    secteurs secondaire (nouvel lan des entreprises et dveloppement local) et tertiaire (multiplesservices aux consommateurs et aux entreprises).Les villes deviennent ainsi des lieux centraux pour des dynamiques rgionale et globale et

    participent l'mergence de nouveaux ples conomiques sous l'impulsion des nouvellestechnologies. Elles font appel, par ailleurs, l'entreprise et aux firmes afin d'assurer leurdveloppement et le plus souvent s'identifient elles (performance et concurrence l'chellemondiale), sachant que les unes comme les autres cherchent intgrer l'environnement dansleurs objectifs de croissance.Le mouvement d'agglomration de population, d'habitat et de fonctions se renforce aujourd'hui dela concentration territoriale, des effets de proximit spatiale et d'encastrement de relations

    l'intrieur de rseaux. La complexification de ces effets d'agglomration oblige en fait revoirle mode de gestion et pose le problme de gouvernement des villes.

    La pri-urbanisation traduit l'volution de l'urbanisation d'aujourd'hui. Le phnomne estgnralis et cependant trs diversifi et difficile cerner dans ses modalits.De l'urbanisation la mtropolisation, les villes ne cessent de crotre et leur population de sedplacer. Les reprsentations de la centralit et du modes de vie urbain changent ds lorsquapparat lide de ville mobile ou ville au choix1.La gestion des villes, de plus en plus, chappe aux pouvoirs locaux. La planification urbaine,dans les pays dvelopps, devient plus "affaire" de professionnels et associe aux stratgies de

    dveloppement, plans et projets urbains. La concentration rime davantage avec incohrence dufait d'une recherche de la performance qui active les projets des villes.Cependant, et malgr l'tendue du processus de mtropolisation, la gestion et la planificationurbaine (s), particularises par les systmes d'organisation spatiale qui ont prcd, voluent enfonction des caractres et qualits propres chaque ville et de la capacit de cette dernire seconformer aux nouveaux principes de "gouvernabilit" et de l'amnagement urbain.La recherche de stratgies pour des dveloppements cohrents, si elle perdure aujourd'hui,ne peut cependant expliquer les difficults des priphries et l'chec de politiques spatiales que cesdernires soient volontaristes ou pas.

    Dans le contexte algrien, l'urbanisation met en vidence l'absence de contrle de croissance desvilles et bien auparavant du capital foncier. L'avance urbaine sur les terres agricoles, si elle adsorganis les campagnes, a galement entran des "effets retour" (externalits ngatives) etune crise qui se gnralise aujourd'hui l'espace urbain et rural. Les diffrentes rformes etrestructurations agricoles n'ont pas russi organiser le monde rural. Cette absence de contrle sersume a priori un laisser-faire qui a encourag des pratiques illgales ou illicites del'urbanisation, et des amnagements qui, finalement, ont t aux villes leur "qualit de ville".L'ensemble des concessions foncires faites l'exurbanisation puis l'urbanisation a entransuccessivement des mutations irrversibles pour le monde rural dont les valeurs sontaujourd'hui en question face la mondialisation conomique et la libralisation des changes.

    L'volution socio-conomique engage actuellement le monde dans un processus de profondschangements des structures, lesquels orientent vers la dfinition d'une socit post-industrielle,

    1 DEVISME, Laurent. "Actualit de la pense d'Henri Lefebvre propos de l'urbain. La question de centralit "[Enligne].http://www.univ-tours.fr/msv/Oeuvre1T.html (page consulte le 10/12/2001).

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    que l'on dit "de services" ou "informationnelle". Ainsi s'ouvre un monde de la modernit "dontles arrangements territoriaux sont insparables de la post-urbanisation"2.

    De l'urbain ou du rural, rien ne semble chapper aux reconfigurations (dterritorialisation/reterritorialisation) orchestres par la globalisation. Ainsi la modification de la proprit foncireet la perte de valeur de sol et de structure agraire au profit de terrains btir et de nouvelles formes

    urbaines confirment l'avance inluctable des villes et le dveloppement du patrimoine urbain audpens du patrimoine foncier.Au vu d'une spculation foncire permanente, on se demande si les politiques urbaines sont enmesure d'accompagner les changements et d'avoir par consquent la matrise des sols.Dsormais, avec le processus de mtropolisation, une nouvelle territorialit symbolise l'talementurbain et l'ensemble fonctionnel jusqu' intgrer l'espace rural devenu plus une "rserve foncirepour des stratgies de localisation dhabitat ou de nouvelles activits et infrastructures".Les valeurs et la perception que l'on a du rural oprent un changement entranant le recul de celui-ci et c'est de ce recul que semble dsormais se "nourrir" l'urbain bien plus que de l'avance de cedernier. Le dbat ainsi s'ouvre sur l'avenir du monde rural et le futur des villes; sachant que dans

    bon nombre de pays dvelopps s'amorce une nouvelle ruralit et la ractivation du rural traversles questions environnementales et patrimoniales3.Dans les pays non dvelopps, le rapport ville/campagne coexiste avec le besoin de modernisationdes structures de production des biens et services sans que l'on puisse se prononcer de faonradicale sur le stade d'urbanisation (de l'urbain ou post-urbain). Il reste que le fait de dfinir le ruralou l'urbain reviendrait dfinir galement la socit et le niveau de dveloppement de cettedernire.

    CHAPITRE I

    Ruralit et urbanit: de la dispersion la concentration

    De prime abord ce qui diffrencie le rural de l'urbain c'est l'organisation de leur espace respectif.La rpartition et la distribution particulires de la population, de l'habitat et des fonctions au seinde grandes tendues agraires, sont explicites de la dispersion dans l'espace rural et de laconcentration qui s'amorce aux approches des villes.L'miettement et le mitage des campagnes entretiennent l'ide de dispersion tout en rappelantl'empitement constant de celles-ci. L'effet de dispersion, dans le sens de la dislocation despatrimoines fonciers, continue s'imposer au travers de la progression de l'urbanisation. Et malgr

    le rtrcissement progressif de l'espace rural, la dispersion se perptue sous diffrentes formes sanstre dsormais propre au monde rural.

    La mtropolisation ajoute aux modalits de localisation et de concentration des populations etfonctions et paralllement suggre la dispersion par l'talement urbain.Le rseau est la fois l'expression de phnomnes institutionnels et organisationnels, de leurconcentration mais galement de leur dispersion dans une globalit (cas des entreprises dispersessur le territoire national ou dlocalises, d'une agriculture gre par les institutions du centre ou dela rgion conomique mondiale). Il impose une nouvelle hirarchie la fois de l'espace et desdynamiques qui s'y exercent et participe la fin de la dissociation espace rural/espace urbain.

    2FERRIER, Jean-Paul. "Pour une lecture post-urbaine de la Mditerrane du XXIe sicle" in Mditerrane, Paris :CNED-SEDES, 2001, pp. 197 229.3 DURBIANO, Claudine."L'espace rural existe-t-il encore?" [Enligne].http://pedagogie.ac-aix-marseille.fr/histgeo/annuaire/parten/Cafe_aix/c0905_01.htm (page consulte le 20/03/2004).

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    Aujourd'hui, les modifications du mode de vie urbain (dans les pays dvelopps) s'harmonisentdavantage avec l'ide de ville en mouvement, en fait avec une reprsentation de l'urbain quiprivilgie le dplacement lenracinement, la mobilit constante la sdentarisation, et encourage,aussi contradictoire que cela puisse paratre, la proximit (le voisinage), c'est dire ce quoi ontabouti pour plus de performance des systmes organisationnels et de production trs rationaliss et

    l'approche conomique des villes.

    I. 1 Ruralit/urbanit, un couple rcurrentLes catgories socio-spatiales "rural" et "urbain" renvoient des critres dmographique etconomique (population, densits, mobilits, habitat et. emplois,) et parfois sans rfrence l'agricole pour le monde rural. Elles renvoient galement des dimensions morphologique,historique et institutionnelle diffrentes.Le rural n'a de signification que par rapport l'urbain. C'est la qualit de ce qui n'est pas urbain. Ilse dfinit par un paysage, un habitat non agglomr et une typologie de la construction, reflet par

    ses composantes (style, matriaux..), du milieu ambiant . Il y a de plus en plus de villes et decouronnes urbaines. Le reste est l'espace dominance rurale.Ce sont, par ailleurs, les degrs et formes de relation avec la ville qui dterminent plus la ruralitainsi que les territoires. Entre le pri-urbain, espace pntr par le dynamisme urbain, et l'arrirepays il y a une zone intermdiaire, toujours dfinir, ainsi que des espaces qui tombent de plus enplus sous le coup de l'informalit ou de la marginalit.Ce sont galement la reprsentation et les mythes sociaux, la fois de la campagne et de la villequi dcident du rapport rural/urbain ou de la nature de leur conflit. Et leur persistance est l'origine de la dure du couple ruralit/urbanit qui, chaque moment du changement, serenouvelle.

    Si, comme l'affirme Marcel Roncayolo, " La ville reste le lieu des saccades mais aussi de ladure"4, la campagne est le lieu du changement (moins rythm et certes plus lent) et galementcelui de la dure.

    Les caractres discriminants ville/campagne s'adaptent moins dans les pays occidentaux qui trstt se sont prononcs pour la fin d'un dualisme5 et le changements de mentalits et comportementspour l'urbain. Ils continuent cependant oprer dans les pays non dvelopps bien que, dans lesdeux cas de pays, rien du rural ou de l'urbain ne soit clairement dlimit.Entre les deux mondes, c'est plus une question de temporalit. Le couple antithtique rural/urbainfonctionne de la mme manire, cependant de faon dcale (plus tardive) pour les pays non

    dvelopps. Il en fut ainsi auparavant pour les questions suscites aux tats-Unis dans les annes1920 et qui refluent, trente ans plus tard, en Europe, au moment o lurbanisation gnralise tend lemporter.En Europe, l'ide d'un rural agricole est encore dominante et se perd partir des annes 60' avecl'urbanisation des campagnes qui modifie l'espace rural par de nouvelles fonctions la fois deproduction et de consommation (rsidentielles, touristiques). Celles-ci, dsormais, participent de ladiversit et de la caractrisation de celui-ci par une pluriactivit. Une nouvelle vitalitdmographique des campagnes avec l'avance urbaine et le phnomne de rurbanisation met fin un rural traditionnel o prdomine l'immobilisme des paysages agraires.

    4 RONCAYOLO, Marcel. "Lectures de villes- Formes et temps".Collection Eupalinos. ditions Parenthses, Marseille2002, p.35 .5BERGER, A. ROUVIER-CHARRIER, J [cits par BERNARD Jean]. " Villes et campagnes". Masson. CollectionGographie, Paris 1988, p.8

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    A partir des annes 50', dans les pays non dvelopps, les rformes agraires vont branler le monderural tous les niveaux d'organisation et en dmanteler les structures6.Cependant, si le rythme de dveloppement est trs rapide pour l'urbain il le sera beaucoup moinspour le rural qui, aujourd'hui, subit une double domination la fois l'chelle rgionale sousinfluence de mtropoles nationales et plus large chelle du fait d'un systme international quiimpose dsormais ses rgles conomiques et d'change.

    Malgr l'adhsion des pays des Programmes d'Ajustement Structurel, les systmes de propritfoncire connaissent des mutations au ralenti. Pour les pays du Maghreb, il s'agit dans l'ensemblede "systmes pluralistes complexes"7 qui ont entrav la modernisation de la proprit et del'exploitation. Le march foncier est loin d'tre totalement libre, ce qui ne peut empcher, faute derestructuration, la concentration agraire ou le morcellement de la proprit, et la dispersionparcellaire; l'exception tant faite pour la Tunisie qui entre pleinement dans le droit positifmoderne8 et dont la proprit foncire volue diffremment depuis 1996 (rvision du code desdroits rels de 1965).

    En Algrie, la libralisation des terres ds les annes 80' et la mise en place d'un nouveau droit

    foncier n'ont pas rorganis l'espace rural. Comme le fera remarquer Jean Le Coz, "la mutations'en tint au stade d'une semi-rupture"9 (la proprit individuelle restant occulte) et une "mise enplace chaotique" de structures agricoles. Le phnomne de dispersion des campagnes et deconcentration dans les villes s'accentue aujourd'hui du fait de la crise politique l'origine d'uneinscurisation des campagnes et d'un exode rural ininterrompu. Le taux de ruralit, a quelque peurgress ces dernires annes. De lordre de 39% en 2001, il sera, selon les prvisions officielles,de 37 % en 2010.

    Dans des pays o le droit musulman s'exerce ct du droit positif, n'y aurait-il pas une tendance perptuer "un contexte hostile la ruralit"10 o la campagne, longtemps perue comme un

    "espace de prlvement" sera certes un espace de production (agricole) mais travers le prisme dela rationalit "conomique et non socio-politique ou culturelle"11?

    Le drame de l'agriculture dans les pays sous-dvelopps, selon Mhammed Boukhobza, "cestqu'elle a toujours fait l'objet de manipulations par ceux qui la connaissent le moins des finssouvent trangres l'intrt particulier et collectif des paysans et du monde rural en gnral"12.Quant la classe paysanne qui continue, en tant que socit agraire, tre ignore dans lesprrogatives de modernisation des systmes fonciers et urbains (comme cela arrive aujourdhui

    6MAROUF, Nadir."La relation ville campagne dans la thorie et la pratique-Contribution une sociologie rurale despays domins". Office des Publications Universitaires(OPU), Alger 1979.7 BOUDERBALA, Ngib. "Les systmes d e proprit foncire au Maghreb. Le cas du Maroc". CIHEAM-Cahiers Options Mditerranennes, vol. 36, pp. 47 66[Enligne].http://ressources.ciheam.org/om/pdf/c36/CI020475.pdf (page consulte le 05/01/2003).8ABDELKAFI, Jellal. "Urbanisation, planification spatiale et politiques urbaines au Maghreb contemporain", 31Mars 2001, p. 44. in " L'urbanisation et la gestion des villes dans les pays mditerranens- tude sub-rgionale :Tunisie, Algrie, Maroc". Document prpar pour la Runion mditerranenne sur Gestion des villes etdveloppement durable Barcelone, 3-5 septembre 2001. Plan Bleu pour la Mditerrane-Centres d'activitsrgionales. [Enligne].http:// www.planbleu.org/pdf/villes_tun-dza-mar.pdf (page consulte le 12/10/2003)9 LE COZ, Jean. "L'Algrie dcennie 1980: les tapes de la dsocialisation"in Espace Rural, fvrier 1991 n 24, p.54.10 BOUDERBALA, Ngib. Opus cite.11 BOURENANE, N. "Les causes structurelles de la crise de l'agriculture algrienne" in "Les politiques agrairesen Algrie Vers l'autonomie ou la dpendance?". Ouvrage collectif C.R.E.A (Centre de Recherche en conomieApplique) 1982.12 BOUKHOBZA, M'hammed. "Monde rural: contraintes et mutations". Office des Publications Universitaires(OPU),Alger 1992, p.84.

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    dans les pays avancs), elle est encore dfinie ngativement " aussi bien par ceux qui ont le savoirque par ceux qui ont le pouvoir, sur le mode explicite comme sur le mode latent"13.

    Il apparat clairement aujourd'hui que le monde rural sert davantage "ponger" les problmesdmographiques ainsi que ceux poss par l'urbanisation ou la recherche durbanit; la ruralitrestant pose du fait qu'elle est seule soulever les questions relatives l'mancipation du monde

    rural. Le maintien de la population et la persistance de l'activit rurale (en particulier l'agriculture)sont la base de toute prservation de l'espace rural. D'autres orientations seraient possibles par lefait d'une valorisation de la nature et de celle du patrimoine culturel des socits rurales.

    I. 2 Nouvelle ruralit : serait-ce la fin du rural agricole?L'urbanit semble dominer mais le monde rural a beaucoup de ressources et sa "dconnexion" durural agricole dans les pays dvelopps a ractiv en fait la ruralit travers les questionsenvironnementales et patrimoniales. Pour certains auteurs tels Bernard Kayser, il est plus questionde "renaissance rurale" et de "ruralit choisie"14. Pour d'autres, la campagne est dfinitivement

    morte15 sous l'effet de l'urbanisation et de la mtropololisation.Ds lors que l'espace rural est moins structur par lagriculture, les fonctions de production cdentle pas celles de la consommation. Partout ailleurs, les modes de vie semblent uniformiss et lamobilit gnralise. Les agriculteurs se dplacent et ont des pratiques de plus en plus identiques celles des urbains. Le repeuplement de zones rurales dans un pays comme la France confirmeaujourd'hui le changement profond du monde rural qui s'orienterait vers une plus grande dilutionde ses valeurs ou vers la naissance de nouvelles identits (rurales), ce qui reste dmontrer.Aujourd'hui, dans les pays occidentaux, il est plus question d'exode urbain (que d'exode rural)sous l'effet de la crise de la ville et de la mobilit rurale.Face l'volution du phnomne, l'Union Europenne, depuis plus dune dizaine dannes, a lanc

    des programmes structurels dans les zones rurales et dont les diffrentes valuations ne donnentjusque l que des informations partielles, plus quantitatives que qualitatives.Le monde rural est en pleine contradiction. Il est en pleine volution galement. L'agriculture sesoumet aux impratifs du March ( bass sur la performance et la concurrence) et se plie parconsquent aux critres de productivit (ceux de l'entreprise et de groupes socio-professionnels) enintgrant cependant la protection de l'environnement ( l'image de l'entreprise qui devient la cl dudveloppement local).

    La socit rurale et la socit urbaine sont-elles pour autant dissocies de leur espace?La mobilit des populations changent les donnes de l'espace et des territoires qui se recomposent

    en permanence. Faudrait-il en fin de compte, pour plus de rationalit, amnager l'espace rural avecles urbains ou la ville avec les ruraux?Certaines agglomrations rurales voluent vers le changement de leur composante sociale ( lesagriculteurs minoritaires) et conomique (l'agriculteur est chef d'entreprise), ce qui les rendautrement plus dynamiques. Elles deviennent en fin de compte des agglomrations urbaines (B.Kayser, 1999) et posent les questions relatives au seuil dmographique, l'emploi, et larecherche de nouveaux indicateurs de la ruralit.

    13 COLONNA, Fanny."Savants paysans- lments d'histoire sociale sur l'Algrie rurale". Office des PublicationsUniversitaires (OPU), Alger 1987, p.21.14KAYSER, B[souvent cit et dont les ouvrages sont significatifs d'une nouvelle ruralit]."La renaissance rurale".

    Colin 1990, "Naissance de nouvelles campagnes". ditions de l'Aube1993, "Pour une ruralit choisie". ditions del'Aube 1994.15 LEVY.J "Oser le dsert". Revue Sciences sociales. N hors srie fvrier, mars1994. Cit par DURBIANO,Claudine [Enligne].http://pedagogie.ac-aix-marseille.fr/histgeo/annuaire/parten/Cafe_aix/c0905_01.htm (pageconsulte le 20/ 03/ 2004).

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    Le rapport urbain/rural est-il encore pertinent pour saisir les changements qui s'oprent tous lesniveaux social, spatial et politique(de la gestion)?

    La ruralit, composante de l'espace rural dans sa totalit, est des degrs divers, selon les pays, etcela mme quand le phnomne de mutations des campagnes et d'actifs ruraux (des secteurssecondaires et tertiaires), devenus plus nombreux, se gnralise dans le monde.

    Dans les pays du tiers monde, l'espace de production traditionnel bas sur l'agriculture, l'levage etl'artisanat est prpondrant. Il continue certes devoir rpondre aux besoins internes de lapopulation du fait de la dpendance alimentaire, et paralllement se soumet aux exigences d'unmarch mondial (ou du moins tente de le faire).Les socits paysannes, continuent, au del des contingences naturelles, utiliser de faon la plusrationnelle possible leur territoire. Ce dernier, plus pens comme ressource, peut tre l'origine denouveaux systmes productifs locaux. C'est le cas des communauts villageoises kabyles 16 dans lavalle de la Soummam qui , aux effets de la mondialisation, rpondent au mieux par de nouvellesdynamiques territoriales jetant ainsi les bases pour une rgionalisation conomique.

    Dans les diffrents pays du Maghreb, la modernisation du secteur agricole trs apparente estcependant insuffisante au regard du dveloppement attendu du monde rural.

    En Algrie, la rforme agraire de 1971, inscrite dans la stratgie d'industrialisation du pays, visaitl'intgration de la campagne la nation et sa lgitimation politique17 (car premier lieu de larsistance au systme colonial). Elle scellait ainsi "la nouvelle alliance villes-campagnes"18 avecgalisation des chances au progrs (et confort) d'o la ncessit d'urbaniser et d'quiper lescampagnes l'image des villes (lectrification, construction de villages agricoles, prts pourhabitat rural, cole, centre de sant, dsenclavement de zones de montagne). Une nouvelle forme

    de ruralit apparaissait tourne vers l'mancipation du monde rural et prenant en compte laglobalit de la vie rurale19.Les annes 80 seront cependant marques par la dsocialisation. Les terres prives sont rendues leurs propritaires d'avant la rforme agraire de 1971, et le droit d'exploitation est accord (1987)aux ouvriers agricoles des anciens domaines (DAS). C'est rgulirement l'tat qui organise lescampagnes et dfinit les structures agraires et les paysages; paysans et propritaires fonciers restantmaintenus hors de tout processus de transformation du milieu rural.

    Comment alors ne pas faire le lien avec ces dcennies de dprise rurale et le peu d'engouement autravail de la terre, sachant que l'agriculture, aux premires annes de l'indpendance, "occupait

    plus de la moiti (55%) de la population active20

    ?

    A qui reviendrait dsormais le "faonnement" des campagnes algriennes?

    La mise en uvre, partir de 2000, d'un Programme National de Dveloppement Agricole(PNDA) va placer le monde rural dans un processus de dveloppement sur le long terme, qui

    16 MESSACI-BELHOCINE, Nadia. "tude de la collectivit traditionnelle des Ath Waghlis". Thse de Doctorat d'taten Urbanisme, septembre 2003. Dpartement dArchitecture et dUrbanisme. Universit Mentouri de Constantine.17 LECAS, Jean. " Ville et systme politique : l'image de la ville dans le discours officiel algrien " in travaux dusminaire international de Hammamet, 22-30 Juin 1976, Ed. CERES Productions, Tunis, pp. 290-317.18 BESSAOUD, Omar. "Lagriculture algrienne : Des rvolutions agraires aux rformes librales (1963-2002)".Institut agronomique mditerranen (IAM), pp.73-99 [Enligne].http://ressources.iamm.fr/publi/bessaoud.pdf (pageconsulte le 04/01/2003).19 COTE, Marc."L'Algrie ou l'espace retourn ". Flammarion 1988, p.292.20 COTE, Marc op.cit.

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    demande un haut niveau de gestion et d'encadrement technique (voire des professionnels del'agriculture) ainsi que d'importants investissements (prs de 40 milliards de DA en 2001). C'est lafin certes d'une politique volontariste et c'est galement le passage, sans consensus, unepolitique de l'ajustement structurel qui va marginaliser (encore une fois) une majorit d'exploitantset de producteurs agricoles.

    Cela signifie t-il pour autant nouvelle ruralit et fin de l'espace rural traditionnel, comme cela sepasse dans le monde occidental?

    I. 3 Urbanit, quelle dfinition pour la ville?Si l'urbanit est la composante de l'espace urbain, est-elle suffisamment oprante pour dfinir laville? Y aurait-il en effet une signification spatiale de l'urbanit?A priori l'urbanit ne peut, elle seule, cerner un tant soit peu des systmes urbains trs tendus, enmouvement et qui chappent de surcrot des rgles de "conduite urbaine". Pour beaucoupd'urbanistes, il convient de "retrouver" avant tout ce qui fait l'essence des villes.

    Les territoires urbaniss sont de plus en plus tendus et la ville fait l'objet d'une reconnaissance enpermanence. Il s'agit de rechercher des limites, de baliser par des codes de comportement et decirculation des systmes urbains en croissance. Quand l'ensemble des territoires (urbaniss) "servlent sans urbanit", comment raliser ce passage de l'urbain l'urbanit, passage sans lequel ildevient difficile d'voquer les villes ou de parler en terme de "ville".

    I. 3. 1 Urbanit ou citadinit, des limites oprationnellesLe terme d'urbanit, selon Nicolas Soulier, " dsigne communment cette qualit d'un espacehabit et partag qui permette d'tre dans des relations de voisinage, de ctoiement, et de

    rencontres courtoises et civiles les uns avec les autres"21

    .

    L'urbanit est considre comme essence des relations de la ville voire un style de vie, unemanire d'tre sociable entre citadins (Wirth L., Gans H.). Elle serait mme " une forme de la joiede vivre"22 ou un rythme de vie, celui d'antan et auquel il serait bon de revenir en restituant laville les modes de dplacement de proximit (promenade, marche pied et vlo), par exemple.A vrai dire, face aux dsordres urbains, ce qui compte c'est la qualit urbaine qui redonnerait aupaysage urbain sa place dans la structure (urbaine) et revaloriserait de mme l'espace public et lesformes d'occupation et d'usage de l'espace urbain. La recherche de la cohrence urbaine devientainsi primordiale dans l'amnagement et la gestion des villes, d'o parfois la ncessit d'un retour

    l'urbanisme de proximit, comme solution immdiate.L'urbanit pourrait galement signifier " accumulation d'lments quantitatifs grossissant la tailled'une ville" ou contribuant "lever la diversit et la qualit des interactions socio-spatiales"23;mais n'est-ce pas l valoriser les critres de la mtropolisation?Il arrive que l'urbanit, en tant que manire d'tre dans la ville et de pratiquer la ville, rvleune image de ville (pinal) ou qute de cit idale ("Utopia") difficiles construire au vu d'uneconception de l'espace urbain idalis, sans conflits. La ralit urbaine est beaucoup pluscomplexe.

    21 HUET, Michel. Le Droit de lUrbain. De lurbanisme lurbanit. dition Economica, Paris 1998, p.211.22 SCHOONBRODT, Ren ."Essai sur la destruction des villes et des campagnes". Architecture & Recherche/ PierreMardaga, diteur 1987, p. 187.23 WACHTER, Serge[dirig par]."Des villes architectes Retrouver les voies de l'urbanit".Editions de l'Aube 1997,p.7.

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    parler de ville. La ville " disparat et apparat[ainsi] le rgne de l'urbain qui est plus difficile saisir"30.Les diffrentes approches de l'espace urbain n'en donne chaque fois que des descriptionspartielles. De l'tude historique-morphologique en passant par celles des fonctions et ressources, lephnomne n'est jamais saisi dans sa totalit mais dans sa diversit.La ville, systme complexe et dont les proprits sont irrductibles celles de ses composants,

    rpondrait davantage au besoin de recherche de la cohrence dans l'urbain. Dans le mme temps, laville est une forme dans laquelle sont dposs les "ingrdients" (fonctions, capitaux, services,gestion) ncessaires une structure dynamique (changes, interactions entre les lments del'ensemble), et qui demeure une faon d'organiser les connaissances mais galement d'enfermer laville dans un modle voire de simplifier et de schmatiser une ralit qui se complexifie de jour enjour.L'tude de la ville travers l'exercice des fonctions est assez courante et oriente parfois larecherche vers la mise en vidence de problmes de densification/ ddensification du tissuurbain, de centralit urbaine et fait galement ressortir les spcificits de la ville travers lesfonctions qui apparaissent dominantes.

    La ville, en tant qu'agent conomique, devient "centre de dcisions et source d'externalits"31.Elle est l'expression de ressources, d'un terroir, d'une rgion (en tant que reprsentation du local)et, paralllement, elle se gre "comme une firme d'avant-garde"32 pour la valeur internationale.Mais la ville ne se rduit pas des objets urbains ou une combinaison de fonctions. Ce qui luiservait de descripteur semble aujourd'hui inoprant; raison de plus pour saisir la ville dans satotalit, " une communaut essentiellement politique dans son principe" (Marcel Roncayolo), et sesterritoires pour Guy Burgel " des productions la fois ncessaires et contingentes d'unecivilisation conomique, technique, culturelle et politique"33.

    Avec les qualits qui la caractrisent dsormais, la ville possde cette capacit de "faonner" les

    territoires et d'tre l'origine de rseaux de plus en plus complexes. Elle est ainsi au centre d'unprocessus de structuration/dstructuration et restructuration spatiales, qui a fini par dtruire lerapport villecampagne et les territoires traditionnels correspondants. Une autre consquence decette dterritorialisation est le fait que la ville, dans sa croissance, contribue un "genre urbaindiffus", une dissolution de l'urbain et mme parfois une ngation de la ville (non-ville).Paralllement ce chambardement de lurbain, se font dsormais pressants " la transitionurbaine"34 et le"retour la ville" par la reconqute de lurbain et de l'urbanit.Le besoin de reconsidration et de rinsertion de l'urbain se fait galement sentir travers larecherche de nouvelles centralits pour une intgration plus forte spatialement et harmonieusesocialement. L'intgration urbaine, en fin de compte, souligne davantage une fragilit des villes

    par leur dveloppement. Quant la gnralisation du phnomne urbain, elle semble n'avoir

    30 LUSSAULT, Michel."Les villes europennes". Colloque"Les villes dans le monde".Compte rendu de confrence,Blois le 3 Mai 2000 [Enligne].http://www.ac-orleans-tours.fr/hist-geo/conferences/blois-mai00/lussault.htm (pageconsulte le 20/03/2004).31 CABANNE, Claude. Sous la direction de"Lexique de gographie humaine et conomique". Dalloz, Paris 1984,p.148.32 WACKERMANN, Gabriel."Amnagement de lespace gographique"dans Encyclopeadia Universalis sur CD-ROM, Paris : Encyclopeadia Universalis. 1999.33 Cf. tude sur "L'intercommunalit entre optimum territorial et pouvoir local- Lecture de la littrature rcente-

    1.Analyse bibliographique nationale"[Enligne].http://www.urbanisme.equipement.gouv.fr/cdu/accueil/bibliographies/ lecture8.htm#n1(page consulte le20/06/ 2003).34 LACOUR, Claude."La mtropolisation pour lire la transition urbaine ?". Journes Jacques Cartier, dcembre 2003.[Enligne].http://villes-en-transition.entpe.fr/pdfpapiers/lacour.pdf (page consulte le 03/02/2004).

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    d'autre signification qu'une approche globale et conceptuelle de la notion de ville et, parvoie de consquence, l'intgration de cette dernire l'conomie mondiale.

    I. 4 Espace rural / espace urbain ou l'approche globalisante

    La politique globale du rural / urbain lgitime d'une certaine manire le processusd'intgration/ dsintgration du monde rural mais galement celui des villes. L'intgration l'conomie mondiale consisterait faire adhrer les espaces des objectifs de "rentabilisation del'espace en tant que produit social"35 et valoriser leurs aspects patrimoine ou paysage. Quantaux agriculteurs, leurs reprsentations et pratiques de l'espace rural s'imprgnent, de plus en plus,de valeurs de la socit globale.

    I. 4. 1 L'intgration de l'espace rural ou le rural "post industriel"Ce sont les nombreuses difficults que le monde rural va devoir affronter car d'une partson intgration signifie absorption de l'agriculture dans un premier temps, et urbanisation de

    l'espace rural pour les besoins de citadins (rsidence et loisirs) dans un deuxime temps.La tendance est plus la disparition d'une ruralit caractrisant la dispersion conomiqueet dmographique et son remplacement par un "rural post-industriel" (Marcel Jollivet), concentrsur plusieurs activits (habitat, loisirs) et plusieurs fonctions (patrimoine culturel, paysage etespace- nature, tourisme). L'volution des campagnes est assujettie aux objectifs de la socitglobale et, dans l'immdiat et du fait d'une proximit, aux dsirs de la socit des villes.Mme pour les villes dveloppes qui ont prserv des relations de complmentarits et desolidarits avec l'espace rural, cas de la ville de Lyon, tudie par R.Sceau36, il arrive que " lescampagnes rurbanises, profondment modifies dans leurs structures professionnelles,contrastent de plus en plus avec des campagnes o ne subsistent que des structures paysannes

    vieillies". L'intgration aurait, par ailleurs, procd d'une appropriation foncire avecinvestissement foncier citadin et d'une prolifration de petits et trs petits bien-fonds.

    Si, auparavant, l'industrialisation des campagnes a dvelopp une pluriactivit, prsent c'estl'extension continue de la ville qui menace les exploitations agricoles (la surface par exemple)du verger lyonnais a diminu de 42% au cours des 25 dernires annes. L'intgration horizontale(ou territoriale) n'est pas la seule intgration que connat l'agriculture dans les pays occidentaux.L'intgration verticale, avec agriculture industrielle, sous contrat et de multiples partenariatsentre entreprises, est l'origine d'une gestion unifie (J. Lecoz, 1972) et d'une organisationternaire (division de la fonction agricole: travail, gestion e