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Université des Sciences et Technologies de Lille Centre de Nouméa Unité de Recherche 128 Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du Master Professionnel : Gestion de la Biodiversité et des Ecosystèmes Continentaux et Côtiers Présenté par : Jérémy BAILLEUL Encadrement : IRD / UR 128, Marc LEOPOLD, Jocelyne FERRARIS Responsable : USTL, Sami SOUISSI Apport des systèmes d’information géographique pour une gestion spatialisée des écosystèmes coralliens Cas de la pêcherie au crabe de palétuvier dans la zone de Voh (Nouvelle-Calédonie)

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Université des Sciences et Technologies de Lille Centre de Nouméa Unité de Recherche 128

Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du Master Professionnel :

Gestion de la Biodiversité et des Ecosystèmes Continentaux et Côtiers

Présenté par : Jérémy BAILLEUL Encadrement : IRD / UR 128, Marc LEOPOLD, Jocelyne FERRARIS Responsable : USTL, Sami SOUISSI

Apport des systèmes d’information géographique pour une gestion spatialisée des écosystèmes coralliens

Cas de la pêcherie au crabe de palétuvier dans la zone de Voh

(Nouvelle-Calédonie)

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Remerciements Je tiens à remercier en premier lieu Mr Fabrice COLIN, Directeur du centre IRD de Nouméa, pour m’avoir accueilli au sein de son établissement pendant les quatre premiers mois passés en Nouvelle-Calédonie. Mes remerciements viennent ensuite à Mme Jocelyne FERRARIS, Directrice de l’Unité de Recherche CoRéUs, pour m’avoir proposé ce sujet et accepté au sein de son équipe. Je la remercie également pour sa spontanéité, son esprit critique et les conseils apportés pendant la rédaction de ce rapport. Je remercie, tout particulièrement, Mr Marc LEOPOLD, Ingénieur de Recherche au sein de l’UR CoRéUs, qui m’a suivit pendant toute la durée du stage. Mes derniers mois passés en métropole n’ont pas facilité les communications mais il a su se rendre disponible à toute heure. Je lui exprime également toute ma gratitude pour les conseils, l’accompagnement pendant les deux mois passés en tribus et les nombreuses relectures auxquelles il a participé. Je remercie également les partenaires qui ont contribués à l’élaboration de ce travail et qui sont intervenus dans l’acquisition des données cartographiques. Je remercie sincèrement :

- La Direction des Infrastructures de la Topographie et des Transports Terrestres (DITTT), et plus particulièrement la personne de Mr Pascal ROTA, pour les informations mises à disposition, son temps accordé et ses conseils pratiques.

- Le Service Topographique et Domanial de la Province Nord, en les

personnes de Mme Sylvie CHAILLEUX, Mr Gilles REMOND et Mr Julien LOPEZ. Je les remercie pour les informations obtenues et les applications SIG qui m’ont été gracieusement proposées.

- L’Agence de Développement Rural et d’Aménagement Foncier (ADRAF) et

la Direction des Technologies et des Sciences de l’Information (DTSI), pour l’obtention de données précieuses dans la poursuite de ce travail. J’aimerais également remercier Mr Nathaniel CORNUET, du Service des Pêches de la Province nord, pour les informations apportées et son sens du service. Merci pour son soutien apporté lors des mois d’enquêtes. Je tiens aussi à remercier Mlle Delphine ROCKLIN, étudiante à l’Agrocampus de Rennes, avec qui j’ai partagé deux mois de terrain inoubliables, à 18000 km de chez moi. Merci pour sa spontanéité, son état d’esprit et son goût pour l’aventure ! Enfin, je remercie toutes les personnes qui ont contribué, de près comme de loin, à la réalisation de ce travail et qui m’ont fait partager une expérience inoubliable.

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Sommaire

Index des figures, tableaux et équations 4

1 Introduction 5

2 Contexte institutionnel 7 2.1 L’Institut de recherche pour le développement 7 2.2 Intégration de l’étude aux programmes de recherche 8 2.3 Déroulement du stage 9

3 Matériels et Méthodes 10 3.1 Zone d’étude 10 3.1.1 Généralités sur la Nouvelle-Calédonie 10 3.1.2 La zone de Voh 12

3.2 Méthodes d’échantillonnage 14 3.2.1 Détermination de la population et de l’échantillon des ménages 14

3.2.2 La proximité de la côte et l’accessibilité à la ressource 14 3.2.3 La durée de l’étude 14 3.2.4 Echantillonnage statistique 15 3.2.5 Le questionnaire d’enquête 15

3.3 Données cartographiques 15 3.3.1 Acquisition des données 16 3.3.2 Mise en forme et visualisation des données 17

4 Résultats 18 4.1 Résultats des enquêtes 18 4.1.1 L’utilisation du questionnaire 18 4.1.2 Fréquence d’échantillonnage 18 4.1.3 La population échantillonnée 18 4.1.4 La pratique de la pêche et la notion d’espace 19 4.1.5 Relations extérieures à la tribu 23

4.2 Résultats de l’analyse cartographique 25 4.2.1 Intégration des zones de pêche 26 4.2.2 Caractérisation des modifications de la mangrove 27 4.2.3 Identification des types de végétation 29

4.3 Les produits cartographiques 30 4.3.1 Carte des zones de pêche 30 4.3.2 Carte de représentation de la production 31 4.3.3 Carte de représentation d’un indice de production surfacique 33

5 Discussion 35 5.1 Aspects méthodologiques 35 5.2 Enjeux pour la gestion de la ressource dans le contexte minier 38

5.2.1 La dynamique sédimentaire 38 5.2.2 Les enjeux sociaux 39

6 Perspectives 40

7 Conclusion 41 Bibliographie 42 Annexes 44

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Index des figures

Figure 1. Localisation de la Nouvelle-Calédonie 10 Figure 2. Aires coutumières de la Nouvelle-Calédonie 13 Figure 3. Zone d’étude (Province nord – Nouvelle-Calédonie) 13 Figure 4 : Fréquences des enquêtes réalisées dans les tribus et villages pendant la période des mois de mai et juin 2006 18 Figure 5 : Orthophotographie 1/10 000 détaillée. Parcelles de mangrove située dans la baie de Vavuto (Commune de Voh) 21 Figure 6 : Fréquences totales en % des réponses exprimées à la question sur la possibilité de pratiquer la pêche sur tout le littoral proche de la tribu. 24 Figure 7 : Fréquences totales en % des réponses concernant la présence d’autres tribu sur les zones de pêches exploitées 24 Figure 8 : Fréquences totales en % des réponses à la question sur les demandes de pêche entre tribus. 25 Figure 9 : Fréquences totales en % des réponses à la question sur la tendance des pêcheurs à accepter l’accès d’autres personnes à « leurs » zones de pêche. 25 Figure 10 : Représentation de la variation de la surface de mangrove observée par analyse des couches numérisées sur les fonds cartographiques de 1976 et 2002. 27 Figure 11 : Carte de représentation des zones de pêche détaillées par ménage 30 Figure 12 : Carte de représentation de la production en crabe de palétuvier détaillée par zone de pêche 31 Figure 13 : Carte de représentation de la production estimée sur la zone de Voh 33 Figure 14 : Différence de symbolique et décalages observés sur le fond cartographique de 1976 36

Index des tableaux

Tableau 1 : Répartition de la population dans la commune de Voh - Chiffre INSEE-ISEE 2004 12 Tableau 2. Institutions territoriales intervenant dans l'acquisition de données cartographiques 16 Tableau 3 : Proportions de ménages enquêtés par tribu et village. 19 Tableau 4 : Effectifs et fréquences (%) de citations des milieux exploités lors de la pêche au crabe de palétuvier. 20 Tableau 5 : Effectifs et fréquences des citations sur la différenciation des zones de pêche. 22 Tableau 6 (a et b) : Fréquences des citations (en %) concernant le changement de zone de pêche (a) pendant l’année et (b) pendant la semaine. 23 Tableau 7 (a et b) : Paramètres de l’espace exploité par l’activité de pêche au crabe de palétuvier : (a) Surfaces calculées pour chaque tribu ou village, et (b) Données surfaciques complémentaires pour la commune de Voh. 26 Tableau 8 (a et b) : Valeurs (en %) (a) de cinq types de végétation obtenus grâce à la mosaïque d’occupation totale des sols de la Grande Terre et (b) des surfaces de pêche de tous les ménages enquêtés par tribu. 29

Index des équations

Équation 1 : Calcul de l’Indice de production surfacique (kg/ha) 33

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1 Introduction

Les récifs coralliens, situés en région intertropicale, sont présents dans plus d’une centaine de pays. Leur complexité et leur biodiversité en font les structures les plus riches et remarquables à ce jour (Brickland, 1997; Veech, 2003; Briggs, 2005). Ils possèdent un rôle écologique important du point de vue fonctionnel. Ils agissent aussi pour la protection des milieux côtiers en créant une barrière physique. Porteurs de l’économie pour certains pays en développement (Jennings et al, 2001), ils ont un intérêt certain pour les domaines de la pêche (Robert et Polunin, 1996) et du tourisme. Cependant, les atteintes à ces systèmes sont nombreuses et s’établissent à différents niveaux. Des constats récents traduisent le caractère inquiétant de la survie des systèmes récifaux à l’échelle mondiale. Selon Gabriel et al. (2005), 24% des récifs coralliens seraient en danger et 20% auraient déjà disparu. Les causes de ce phénomène reposent sur des événements extérieurs, caractérisés par les changements globaux et l’impact anthropique (Brown, 1997). Ce dernier est la résultante de l’accroissement des populations en domaine côtier et s’explique en partie par une intensification des pressions de pêche en milieu insulaire.

Actuellement, plus de trois milliards d’habitant sont répartis sur les zones littorales, une situation encore exacerbée dans les milieux insulaires. Les mangroves, structures typiques des embouchures estuariennes et des deltas des zones tropicales et sub-tropicales, sont des lieux récréatifs et de pêche pour une population nombreuse dans le Pacifique (Thollot et Wantiez, 1994; Iltis, 1998). Elles représentent moins de 20 000 km² à l’échelle mondiale.

En Nouvelle-Calédonie, les mangroves, qui occupent 1,2 % de sa superficie totale,

sont situées principalement sur la côte ouest et nord. Le crabe de palétuvier Scylla serrata (Forskall, 1975), inféodé aux mangroves et vasières peu profondes (Delathière, 1990 ; Le Vay, 2001), est l’une des principales espèces exploitées de la zone. Ce crabe est présent de manière générale dans toute la région Indo-Pacifique. En Nouvelle-Calédonie, il est apprécié pour sa chair, et sa filière alimente plusieurs marchés locaux et celui de Nouméa, en Province sud. La production par le secteur professionnel a été évaluée à une quarantaine de tonnes en 1999 en Province nord (DDE-E, 2000), pour un total de près de 60 tonnes commercialisées en 2004 (Marty, 2005). Sa pêche est réalisée en majeure partie par les tribus mélanésiennes situées en bord de mer et à proximité des mangroves (Delathière, 1990).

La Nouvelle-Calédonie est par ailleurs le deuxième pays producteur de nickel, dont

elle possède près d’un quart des ressources mondiales. Les implications socioéconomiques et environnementales soulevées par les projets miniers sont nombreuses et complexes. La commune de Voh, en Province nord, pourrait accueillir dans le courant de la décennie une usine de traitement du nickel. Le projet prévoit d’exploiter le massif du Koniambo, qui s’étend sur les commune de Voh, Koné et Pouembout.

L’accroissement attendu de la population dans la zone d’impact du projet minier aura

certainement des répercussions sociales et environnementales. En effet, les interactions entre patrimoine naturel et usages dans le lagon dépendent autant de facteurs naturels que de paramètres économiques, sociaux ou culturels. En Mélanésie, le domaine foncier est en effet à la base de l’organisation sociale. Marqué par l’époque coloniale, les conflits qu’il génère sont nombreux et caractéristiques des milieux (Teilières H. et Preston M., 1995). Le domaine côtier, défini ici comme l’interface entre terre et mer, est caractérisé par un ensemble de territoires pour lesquels les règles et les droits diffèrent du cadre juridique commun (Orfila G., 1996; Orfila G., 2000). L’étendue de ces derniers, très méconnue, est notamment reliée à la natures des activités de pêche qui y sont pratiquées (Féral F., 2004).

Dans ce contexte, il conviendrait donc d’identifier les différents usages qui

s’interposent dans ce système dans le but de comprendre son fonctionnement et d’anticiper les changements potentiels. Un objectif de gestion des pêcheries pourrait être de définir les principes et les connexions qui s’opèrent entre les usagers du milieu et les ressources

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halieutiques. L’approche méthodologique de notre étude est ainsi basée sur une connaissance de la spatialisation des usages, en étudiant plus particulièrement la pêche au crabe de palétuvier dans la commune de Voh. Divers travaux, tenant compte du système social mélanésien, sont actuellement menés sur le secteur halieutique en prévision d’impacts engendrés par l’installation du complexe minier.

En parallèle d’une étude halieutique et écologique, le but de ce travail est d’améliorer

la perception et les connaissances sur la pêcherie en intégrant les descripteurs à l’espace d’utilisation à partir d’enquêtes de terrain (délimitation des zones de pêche, milieux exploités, etc.). Un soutien à l’analyse des données a été apporté par la mise en place d’un Système d’Information Géographique (SIG). Les demandes actuelles de gestion favorisent l’utilisation de ce type d’outils qui offre de nombreuses possibilités dans les domaines d’acquisition, d’analyse et de restitution des informations. Les caractéristiques du milieu exploité sont ainsi décrites par l’intermédiaire d’applications propres au SIG, et croisées avec des données quantitatives sur l’activité de pêche. L’application a également permis la réalisation de produits cartographiques restituant une vision synthétique des résultats.

Enfin, une réflexion sur les méthodologies employées et les enjeux relatifs à la

problématique sont évoqués. Cette étude s’insère dans le cadre d’une gestion des ressources côtières par la prise

en compte des usages locaux. Elle a été effectuée dans le cadre des programmes CRISP (Coral Reef Initiative for the South Pacific) et PNEC (Programme National sur l’Environnement Côtier).

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2 Le contexte institutionnel

2.1 L’Institut de recherche pour le développement

L’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) a été créé en 1944. Anciennement appelé ORSTOM (Organisme de Recherche Scientifique des Territoires d’Outre-Mer), il devient un Etablissement Public français à caractère Scientifique et Technologique, placé sous la double tutelle des ministères chargés de la Recherche et de la Coopération en 1983.

D’un budget total en 195,2 M€ en 2005, sa mission est de conduire des programmes scientifiques centrés sur les relations entre l’homme et l’environnement dans les pays du sud, dans l’objectif de contribuer à leur développement. Il remplit les missions fondamentales de recherche, soutien et formation, information scientifique, et valorisation.

Les travaux de recherche sont coordonnés par trois départements scientifiques :

• Milieux et Environnement (DME) : Les recherches visent à comprendre certains phénomènes comme la variabilité climatique, l'interaction entre océan et atmosphère…

• Ressources Vivantes (DRV) : Les travaux portent sur les ressources et écosystèmes des milieux naturels terrestres et des milieux aquatiques, continentaux et marins, dans une optique de développement et de gestion durables.

• Société et Santé (DSS) : Les études menées couvrent deux domaines, les sciences sociales et la santé ainsi que leur interface dans un large spectre de disciplines. Elles concernent les grandes endémies (dengue, paludisme, sida…), le développement urbain, la pauvreté et ses déterminants et plus récemment les questions relatives aux interactions société/risques environnementaux telles que la migration ou les conflits.

Les recherches entreprises s’organisent autour de six grandes thématiques, comme

les aléas environnementaux et la sécurité des populations du sud, ou encore les ressources et usages des eaux continentales et côtières du sud.

Concernant l’expertise et la valorisation, l’IRD s’appuie sur des instruments comme les dépôts de brevets, la mise en place de contrats de valorisation et de consultance, l’aide à la création d’entreprise. Des expertises collégiales permettent aux décideurs de disposer d'une analyse scientifique de l'état des connaissances sur une question constituant un enjeu pour le développement.

En terme de soutien et d’information, l’IRD souhaite accompagner ses partenaires dans leur développement et favoriser leur autonomie, dans l’objectif de participer au renforcement des capacités de recherches du sud.

Il se doit également d’assurer l’accès à une information scientifique de qualité à ses chercheurs, d’accroître sa visibilité et sa lisibilité sur la scène nationale et internationale, et de favoriser le débat sur la science et la société. Pour ce faire, plusieurs supports sont disponibles : le journal Sciences au sud, un fond documentaire qui répertorie les publications dont 65% sont accessibles sur le Web, et finalement l’organisation de débats et expositions qui contribuent à sensibiliser la société aux sciences.

L’IRD dispose de 35 centres et représentations dans le monde dont 5 en France métropolitaine, 5 dans les DOM-TOM, et 25 représentations dans des pays étrangers.

L'ensemble des activités de recherche de l'IRD est réalisé en partenariat. Cette priorité se traduit notamment par la mise en place de projets mixtes, associant des équipes de chercheurs de l'IRD, des équipes locales, mais aussi d'autres institutions de recherche, des établissements universitaires et d'enseignement supérieur…

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Les chiffres clés : • 2172 agents dont 789 chercheurs, 799 ingénieurs et techniciens et 584 personnels locaux et non

titularisés • 938 agents hors métropole • 83 unités de recherche et de service dont 26 unités mixtes avec d'autres organismes de recherche

français ou des universités • 234 bourses attribuées à des étudiants et équipes du Sud dont 147 bourses de thèse, • 53 bourses d'échanges scientifiques et 34 bourses de formation continue

Le centre IRD de Nouvelle-Calédonie est la première structure implantée dans le Pacifique. Créé à Nouméa le 2 août 1946 sous l’appellation IFO (Institut Français d’Océanie), il prend le nom d’ORSTOM en 1964 et ce jusque 1998. Implanté sur 2500 m² de laboratoire et 1300 m² de bureaux et ateliers, le centre rassemble de nombreuses disciplines scientifiques. Son évolution est marquée par la mise en place de 13 Unité de Recherche (UR) et 5 Unités de Service (US) rattachées aux différents départements (DRV, DME, DSS) à partir de 2001. Disposant d’un budget de 12,6 millions d’Euros, il accueille actuellement 199 personnes, dont 48 chercheurs IRD et accueils, 134 ingénieurs, techniciens et administratifs, et 17 personnels navigants. Certaines unités ont pour finalité d'accroître les connaissances scientifiques de la zone intertropicale, tandis que les autres ont pour mission de valoriser les résultats de la recherche en répondant aux demandes d'expertise des partenaires locaux. Les recherches sont menées en partenariat avec des institutions locales (Université de la Nouvelle-Calédonie, Institut Agronomique néo-Calédonien, Ifremer, Institut Pasteur, CNRS, etc.) ou régionales (Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS), University for the South Pacific (USP),…). Enfin, le centre assure également un rôle de formation : des étudiants sont intégrés dans les équipes scientifiques dans le cadre de la formation continue et de la formation à la recherche. Il s'agit de stagiaires, d'allocataires de recherche, de thésards ou de post-doctorants.

L’UR 128 CoRéUs (Biocomplexité des écosystèmes coralliens dans le Pacifique sud)

est rattachée au DRV. Elle étudie l'écologie des communautés de poissons et d'invertébrés des écosystèmes coralliens soumis à l'exploitation par la pêche dans le Pacifique insulaire. Un des objectifs est de proposer des méthodes standardisées d'évaluation des ressources et de définir des indicateurs écosystémiques pour l'aide à la gestion des pêcheries récifo-lagonaires. Le chantier de l'UR concerne le Pacifique sud avec pour sites principaux la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis & Futuna, Fidji et le Royaume de Tonga.

2.2 Intégration de l’étude aux programmes de recherche

Le stage effectué au sein de l’UR 128 du centre IRD de Nouméa s’inscrit dans le programme CRISP (Coral Reef Initiative for South Pacific) qui, porté par la France depuis 2005, vise à promouvoir une protection et une gestion durable des récifs coralliens. La finalité du programme est de développer une vision pour l’avenir des milieux coralliens et des populations qui en dépendent, de mettre en place des stratégies visant à protéger la biodiversité, et de développer les services économiques et environnementaux liés à ces systèmes, tant au niveau local que global. L’initiative est conçue comme un « vecteur d’intégration régionale entre Etats développés et pays en voie de développement du Pacifique ». Disposant d’un budget de 8,7 millions d’Euros au 1er Janvier 2005, il est défini sur une période trois ans (2005-2008). Pour mener à terme ses actions, l’Initiative dispose de quatre maîtres d’ouvrages (CI (Conservation International), CNRS (Centre National de Recherche Scientifique), IRD et UNF (United Nations Foundation)), encadrant 17 opérateurs répartis dans 15 pays ou territoires du Pacifique sud. Elle est encadrée par l’AFD (Agence Française de Développement) et comporte trois composantes majeures. La composante 2A, dans laquelle s’insère ce travail, s’intéresse à la connaissance, au suivi, à la restauration et à la valorisation économique des systèmes coralliens.

Le travail s’intègre également au PNEC (Programme National sur l’Environnement

Côtier) et plus particulièrement sur son chantier sur la Nouvelle-Calédonie. Le PNEC est un programme original par le caractère pluri-organismes de sa direction et de son financement (IFREMER, CNRS, IRD, CNES, BRGM, CEMAGREF, secteur privé), et par la diversité des

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disciplines impliquées. Il offre une large reconnaissance aux actions soutenues qui ont pour vocation de s’inscrire dans un cadre international, et notamment européen. Il développe enfin des recherches fondamentales sur les zones côtières de France métropolitaine et outremer. Une première phase, initiée en 1999, avait pour but le regroupement trans-institutionnel des communautés disciplinaires intervenant sur la zone côtière et le développement d’une large approche de ce milieu d’intérêt social majeur. Depuis 2004, une seconde phase cible des objectifs sur les modes de fonctionnement des systèmes côtiers sous les influences océaniques, telluriques, climatiques et anthropiques, et leurs conséquences pour la société. L’accent est ainsi mis à la fois sur l’aspect fonctionnel des systèmes naturels des plateaux continentaux comme du littoral et sur ses implications sociales et économiques.

Le programme s’articule en quatre thèmes qui se décomposent en plusieurs opérations. Dans le thème D du projet 2004-2007 de la Nouvelle-Calédonie, le PNEC souligne l’importance de l’acquisition de connaissances sur les usages, les risques et le patrimoine lagonaire. Deux axes sont principalement suivis afin de répondre à cette problématique générale.

Le premier consiste à définir et comprendre les phénomènes induisant la vulnérabilité de l’espace face aux usagers et aux variations induites par les changements démographiques en relation avec le développement économique du pays. L’exploitation minière en Province nord et les différents forçages du domaine littoral en terme de flux de population et d’impacts physiques et biologiques sur le milieu, sont ciblés.

La seconde opération vise à définir et identifier les jeux d’acteurs et les enjeux territoriaux, patrimoniaux et identitaires exprimés par un besoin de conservation de la biodiversité dans le lagon. Un enrichissement de la base de données sur un plan des usages est entrepris dans l’optique de générer une meilleure compréhension du couple société/nature et de mieux connaître les réponses aux mesures de régulations liées aux divers usages (pêche, tourisme,...).

L’Unité de Recherche CoReUs de l’IRD participe à ces deux programmes. Elle est à

la fois co-responsable du thème D du chantier PNEC sur la Nouvelle-Calédonie avec la structure Argocampus de Rennes et de la composante 2A du projet CRISP avec l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) et l’USP.

2.3 Déroulement du stage

Ce travail sur la spatialisation de la pêcherie au crabe de palétuvier dans la zone de Voh à travers un SIG s’inscrit dans une problématique plus large de gestion intégrée, dans la mesure où des changements importants du système socio-écologique sont attendus dans la zone. L’acquisition de données de terrain semble indispensable pour les gestionnaires, et l’élaboration d’une base de connaissances est impérative pour espérer une approche à caractère pluridisciplinaire. L’étude proposée permet donc de disposer des éléments essentiels et complémentaires à la caractérisation de la pêche au crabe de palétuvier et notamment sa répartition sur le littoral. Le travail a consisté à : � Mettre en place, en collaboration avec un étudiant de l’Agrocampus de Rennes, une étude

de terrain basée sur des enquêtes individuelles auprès des ménages de pêcheurs. Cette étude a été réalisée grâce à la création d’un questionnaire suivant les critères recherchés pour l’étude sur le crabe de palétuvier. L’étude a duré deux mois.

� Acquérir des données sur la répartition spatiale de la pêcherie du crabe de palétuvier. Ce travail a pu être réalisé pendant les enquêtes grâce à la fabrication de deux maquettes photographiques issues de photographies aériennes de la zone.

� Renseigner une base de données géographiques avec les données sur les zones de pêche obtenues pendant les enquêtes et les renseignements complémentaires.

� Rechercher auprès des institutions territoriales des éléments complémentaires à intégrer à la base de données SIG. Etablir des conventions avec ces organismes pour l’utilisation des sources conformément aux règles de propriété intellectuelle.

� Analyser les données recueillies lors des enquêtes. � Créer des supports cartographiques portant sur la problématique de l’étude et en lien avec

la seconde étude réalisée en parallèle. � Restituer les conclusions du travail aux populations locales.

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3 Matériels et Méthodes

3.1 Zone d’étude

3.1.1 Généralités sur la Nouvelle-Calédonie

Située dans l'océan Pacifique, la Nouvelle-Calédonie fait partie de la Mélanésie qui avec la Polynésie et la Micronésie forme le continent océanien. La Nouvelle-Calédonie est le quatrième archipel du Pacifique sud par sa superficie (18 600 km²). Elle est composée d’îles de surface variable : la Grande Terre, l’Ile des Pins, les Béleps, les Iles Loyauté (Figure 1) et enfin les autres îles ou archipels inhabités (Hunter et Matthew , Walpole et les Chesterfield). Sa population est d'environ 260 000 habitants. Nouméa, la capitale, compte à elle seule 110 000 habitants (INSEE-ISEE, 2004).

La Nouvelle-Calédonie est depuis 2003 une Collectivité d'Outre-Mer (C.O.M.) à statut particulier1 divisée administrativement en trois provinces : sud, nord, et Iles Loyauté. Les Provinces disposent d'une compétence dans les domaines de l’aménagement du territoire et du développement économique notamment.

Figure 1. Localisation de la Nouvelle-Calédonie

La Province nord

Des trois Provinces calédoniennes, la Province nord est la plus étendue avec 9 560

km², soit 52 % de la superficie totale du territoire. Lors du recensement de 1996, elle comptait 41 413 habitants sur les 196 836 du territoire (soit 21 %). La population avoisine aujourd'hui les 45 000 habitants. Elle est, comme celles des deux autres Provinces, pluriethnique mais à forte dominante kanak (+ 75 %). La population d'origine européenne représente environ 15 % et celle des autres ethnies (Tahitiens, Wallisiens et Futuniens, Indonésiens, Ni-vanuatu), 10 %.

La Province nord observe un développement important de son économie. Un processus de rééquilibrage des trois entités territoriales conduit à la modernisation des nombreuses infrastructures économiques. De nouveaux marchés se développent et appuient l’économie existante, tournée essentiellement sur le secteur primaire (mine, pêche, élevage). Le secteur de la pêche, très diversifié, peut être détaillé en plusieurs domaines avec, d'une part, une pêche traditionnelle à caractère artisanal, et d'autre part, une pêche semi industrielle moderne vouée à l'exportation de thons frais ou congelés.

1 L'outre-mer français a été réorganisé par la révision constitutionnelle du 28 mars 2003 et la loi de programme pour

l'outre-mer du 21 juillet 2003. Ancien Territoire d’Outre-Mer, la Nouvelle-Calédonie dispose d'institutions spécifiques. Elle n'entre pas dans la nouvelle catégorie des collectivités d'outre-mer établies par la réforme constitutionnelle de mars 2003. Cependant, un statut provisoire a été défini en 1999 en attendant qu'elle se détermine entre l'indépendance et un gouvernement autonome (à partir de 2014).

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D’autres filières se dégagent encore, comme la pêche des bêches de mer (holothuries), la pêche du troca (mollusque gastéropode), les pêches profondes et enfin, la pêche du crabe de palétuvier.

La production de crabe de palétuvier par la filière commerciale néo-calédonienne a été estimée à 96 t en 2004 (Marty et Kronen, 2005) ; elle serait assurée à 66% en Province nord. Hormis la présence d’un marché parallèle et des exportations sur Tahiti (de l’ordre de 5 t/an), les ventes transitent essentiellement par les colporteurs qui s’approvisionnent sur les pêcheries de Voh et d’Arama. Le système coutumier :

Le système social mélanésien s’organise aujourd’hui en communautés regroupant des clans au sein des tribus, de création coloniale. L’identité coutumière reste, généralement, établie à l’échelle clanique.

Les clans sont constitués de familles et des relations très complexes existent entre ces groupes, désignées sous le terme de « coutume ». La seule représentation extérieure des tribus est « la chefferie », formées de groupes claniques différents des propriétaires terriens qui sont considérés comme les gestionnaires de l’espace (Horowitz, 2003). Les chefs des tribus sont bien souvent des étrangers que les propriétaires terriens ont accueillis. Les liens de chaque personne avec la terre résultent d’une combinaison de droits hérités et de droits cédés. La relation sociale est ici première. C’est elle qui détermine pour les personnes qui s’y trouvent impliquées, la limite de l’autorité qui est la leur, sur la terre comme sur les êtres (Hommes, animaux, plantes, esprits) qui la peuplent (Teilières et Preston, 1995). Les conflits fonciers sont souvent à la base des revendications de terres claniques, qui représentent une véritable difficulté dans le processus de rétrocession foncière actuel.

A l'organisation administrative provinciale et communale se superpose ainsi une structuration administrative dite « coutumière ». Les tribus sont, en effet, regroupées au sein de districts coutumiers faisant eux-mêmes partie d’une autre échelle territoriale appelée « aire coutumière ». Les aires coutumières sont au nombre de quatre en Province nord (Figure 2). Chaque échelle coutumière est représentée par un conseil : le Conseil des Anciens (ou des Clans) à l’échelle de la tribu, le conseil de District et le Conseil de l’Aire. Le Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie comprend deux représentants de chaque aire coutumière.

Figure 2. Aires coutumières de la Nouvelle-Calédonie

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3.1.2 La zone de Voh

Voh est une commune de 2240 habitants (INSEE-ISEE, 2004) composée de huit tribus et de deux villages : Voh et Témala, qui est souvent confondu avec la tribu du même nom. Le nombre de ménage en 2004 était estimé à 582.

La commune ne dépend que d’un seul District coutumier. Elle a la particularité d’être le lieu d’une diversité dialectique importante (Langages : Némi, Haéké, Havéké, Boato, Pwaamei, Hmwaveke, Pwâpwâ).

La répartition de la population est décrite dans le Tableau 1.

Tableau 1 : Répartition de la population dans la co mmune de Voh (Chiffres INSEE-ISEE 2004)

LOCALITE Population Ménages

Oundjo 363 72

Gatope 158 38

Témala lieudit 231 69

Boyen 163 40

Wahat 27 9

Ouengo 36 10

Témala tribu 183 40

Ouélisse 183 40

Tiéta 279 63

Voh village 565 188

TOTAL 2004 2240 582

3.1.2.a La mangrove et la pêche

La superficie de la mangrove à l’échelle de la commune de Voh est estimée à 20,5 km² (Figure 3). La composition spécifique de cette formation typique des littoraux abrités des zones tropicales et sub-tropicales est supposée identique à celle trouvée en général sur tout le territoire. On y trouve plus précisément 20 espèces réparties en 10 familles. Les espèces principales étant le Rhysophora sp., un palétuvier de front de mer, et Avicennia marina, un palétuvier gris situé plus en amont (Falconbridge et S.M.S.P, 2001).

La mangrove de la zone d’étude présente une variété de systèmes et d’éléments environnementaux à caractères côtiers, comme les baies abritées, les estuaires, les fronts de mer, les creeks, etc., ce qui lui confère une importance dans ses interactions avec les autres milieux (marin et terrestre) et aussi dans son fonctionnement hydro-sédimentaire.

Plus généralement, ces milieux montrent une productivité biologique élevée et une grande abondance des espèces de poissons (Thollot, 1992b). La mangrove procure ainsi aux populations un lieu de pêche artisanal et récréatif. La pêche au filet maillant y est assez répandue, ciblant notamment les mulets (Mugilidés). La production halieutique est cependant difficile à évaluer de par son caractère diffus. Des invertébrés sont également exploités : la grisette (Gafrarium tumidum), les huîtres de palétuvier (Crassostrea glomerata), et surtout le crabe de palétuvier (Scylla serrata), qui fait l’objet d’une pêche commerciale plus développée. En 1999, une centaine de pêcheurs au crabe de palétuvier étaient estimés sur la commune (Quidet, 2000).

13

Figure 3. Zone d’étude (Province nord – Nouvelle-Calédonie)

3.1.2.b Le développement d’un complexe minier

Sur le plan industriel, la Province nord dispose de gisements miniers de classe internationale. Depuis août 1998, la Société Minière du Sud Pacifique (S.M.S.P) et la société canadienne Falconbridge sont partenaires dans une étude qui devrait déboucher sur la construction d'une usine de production de nickel, sur le massif du Koniambo (communes de Voh et Koné). Le site industriel regrouperait une usine pyrométalurgique de fusion de nickel d'une capacité annuelle de 60 000 tonnes, une centrale thermique, un port, un barrage de retenue d'eau douce, un convoyeur et diverses structures annexes. Selon les estimations, l'usine du nord permettrait la création de 850 emplois directs pour 2 000 emplois induits.

L’implication de la commune dans le projet de l’usine du nord est majeure. C’est sur son territoire que seront implantées les infrastructures minières et que de nombreux aménagements seront réalisés pour accompagner ce grand projet de développement. Selon les estimations hautes, le passage d’une population de 9500 habitants actuels à plus de 20000 habitants est en effet envisagé sur les communes de Voh, Koné et Pouembout à l’horizon 2015.

La commune de Voh serait directement impactée par l’installation d’un complexe minier sur le site de Vavuto. Elle fait partie, tout comme son littoral et le lagon limitrophe, de la zone d’étude de la société minière (Annexe 3), en terme d’impacts environnementaux, économiques et humain attendus.

14

3.2 Méthodes d’échantillonnage

3.2.1 Détermination de la population cible et de l’échantillon de ménages

Les méthodologies employées généralement dans les domaines de la biologie consistent le plus souvent à effectuer un échantillonnage dans un milieu ou sur une population donnée afin de déterminer une (des) caractéristique(s) propre(s) des éléments étudiés. Cette étude s’inscrit dans ce cadre mais intègre une approche d’ordre sociologique. Les données recueillies, par l’intermédiaire de questionnaires d’enquêtes, reposent sur les connaissances des personnes, leurs perceptions et leur volonté à participer à l’étude. La méthode employée pour la caractérisation des zones de pêche est, de plus, participative puisqu’elle nécessite un accompagnement dans le recueil des données auprès des pêcheurs locaux.

Nous avons choisi de mener notre étude au sein des tribus mélanésiennes présentes sur le territoire communal de Voh, assistés d’un questionnaire regroupant les informations indispensables à la réalisation de notre travail.

Six tribus, sur les huit que compte la commune de Voh, ont été retenues pour l’étude. Ce choix tient compte des deux principaux critères suivants.

3.2.2 La proximité de la côte et l’accessibilité à la ressource

L’éloignement à la mer est un facteur déterminant pour les tribus mélanésiennes dans

le choix de leurs pratiques quotidiennes. Les tribus, considérées comme des tribus de « bord de mer » observent une position privilégiée pour l’exploitation des ressources marines, au regard des tribus « de montagne » qui possèdent d’autres activités liées, cette fois, à l’agriculture. C’est cette répartition des activités qui faisait autrefois se rassembler les peuples dans des lieux d’échanges, afin de troquer les produits récoltés ou pêchés. A l’heure actuelle, ces pratiques sont devenues presque obsolètes à Voh. La création de filières en relation avec les besoins nouveaux, auxquels doivent faire face les populations, a conduit certaines tribus à diversifier leurs techniques et leurs approvisionnements (agriculture, chasse et pêche).

Tenant compte de cette distance à la côte, nous avons exclu les tribus de Ouengo et Wahat qui sont fortement tournées vers l’intérieur (plus de 15 km de la mer). Des réunions préalables, organisées dans chaque tribu, ont permis :

- de valider nos interrogations sur les deux tribus « de montagne » (Ouengo et Wahat), - de définir la stratégie d’échantillonnage à adopter, en évaluant notamment le nombre approximatif de pêcheurs de crabe de palétuvier au sein des tribus choisies.

Seules les tribus de Oundjo, Gatope, Témala, Ouélisse, Tiéta et Boyen ont donc été

retenue pour réaliser l’étude. S’y ajoutent également les deux villages de la commune.

3.2.3 La durée de l’étude Le temps et les aspects économiques impartis pour l’évaluation de la population de

pêcheurs ont également été pris en compte et représentent une réelle contrainte. La période de réalisation des enquêtes a été définie en connaissance d’études déjà

réalisées en Nouvelle-Calédonie sur d’autre problématiques halieutiques (Léopold M. et al., 2004). Deux mois ont été impartis afin d’échantillonner la zone d’étude. Cette durée tient compte :

- de la difficulté à rencontrer les pêcheurs, puisque la pêche du crabe de palétuvier est principalement rythmée par la vente aux colporteurs, les horaires de marées, les conditions climatiques (étude réalisée en début hivers austral) et le temps consacré aux autres activités comme l’agriculture. - du temps nécessaire à la réalisation de chaque enquête, évalué à deux heures.

15

- des sorties sur le terrain afin de confronter les zones de pêche indiquées par les pêcheurs avec la réalité observée sur le terrain et d’affiner la toponymie des mangroves pour la réalisation des cartes.

Les contraintes d’hébergement et de transport s’associent à ces dernières. Une étude

en halieutique et écologie a été menée en parallèle et a permis d’optimiser l‘effort d’échantillonnage. Le nombre d’enquêtes à réaliser est de l’ordre d’une par demi-journée, soit la possibilité de rencontrer, en 42 jours ouvrables, 84 foyers.

3.2.4 L’échantillonnage statistique Tenant compte du nombre de pêcheurs limité tel qu’évalué lors de nos réunions

préalables en tribus, un échantillonnage exhaustif a été envisagé. La population de pêcheurs de crabe de palétuvier des 6 tribus appartenant à la commune de Voh a été recensée. La connaissance de cette population est déterminée par les interviews des pêcheurs eux-mêmes. Une liste de noms est alors dressée et affinée pendant la progression des enquêtes. Les enquêtes sont menées au sein de chaque ménage de pêcheurs de crabe. Plusieurs pêcheurs peuvent faire partie d’un seul ménage. Un « ménage » économique s’entend comme le groupe d’individus vivant sous un même toit et prenant généralement leurs repas ensemble (INSEE-ITSEE, 1997).

Le travail auprès de la société tribale a requis de tenir compte des pratiques coutumières, d’une part par respect pour l’organisation mélanésienne, et d’autre part, afin d’informer les habitants et d’assurer une transparence dans nos actions. Nous avons effectué, par l’intermédiaire des réunions d’informations organisées dans chaque tribu, un « geste coutumier », destiné à obtenir l’autorisation formelle d’être reçus et d’enquêter sur chaque territoire tribal.

3.2.5 Le questionnaire d’enquête

Pour le bon suivi de l’enquête et faciliter le recueil des informations, un questionnaire a été défini, traduisant les objectifs fixés et déterminant la nature des informations à collecter (Annexe 1).

La méthode employée pour cette enquête consiste en un dialogue semi-ouvert avec les personnes rencontrées, mais toujours recentré sur les questions essentielles. La nature des réponses est étroitement liée aux principaux types de questions posées. Des questions de type « ouvert » et « fermé » sont utilisées. Seules les questions concernant les habitats prospectés et la localisation des zones de pêche seront largement détaillées lors des entretiens.

Le questionnaire est accompagné de deux maquettes photographiques au 1/25000ème représentant la zone d’étude sur fond noir et blanc (Annexe 5). Ce support plastifié est utilisé pour délimiter les zones de pêche de chaque pêcheur. Après chaque enquête, les informations sont intégrées aux bases de données géographiques, puis effacées sur les maquettes cartographiques en prévision des autres entretiens.

3.3 Données cartographiques

Le recueil des données numériques référencées dans l’espace impose d’observer une rigueur dans le choix et l’élaboration d’une base de données (BD) cohérente et facilement utilisable. L’importance de l’échelle est également primordiale.

Dans le contexte calédonien, cette notion est essentielle, puisque un changement de référentiel géographique a été imposé récemment. Un passage du SCG (Système de Coordonnées Géographiques) IGN72 Projection UTM 58s en RGNC Projection Lambert NC a été appliqué à toute production de données nouvelles de la part des institutions territoriales. Ce changement nécessite d’être vigilant sur le système de projection des données cartographiques sources.

16

3.3.1 Acquisition des données

3.3.1.a Données recueillies

En Nouvelle-Calédonie, de nombreux services sont susceptibles de fournir des

données liées à la topographie. Nous avons, pour cette étude, sollicité certains d’entre eux (Tableau 2). Tableau 2. Institutions territoriales sollicitées p our des données cartographiques

Direction des Infrastructures de la Topographie et des Transports Terrestres D.I.T.T.T [email protected]

Service Topographique et Domanial de la Province Nord

Direction des Technologies et Science de l’Information D.T.S.I [email protected]

Agence de Développement Rural et d’Aménagement Foncier A.D.R.A.F [email protected]

L’utilisation des données est soumise à la réglementation liée à la propriété

intellectuelle, c’est pourquoi des conventions ont été constituées entre ces différents services et le centre IRD de Nouméa.

Plusieurs types de données sont proposés. On peut distinguer deux principales catégories :

- les données Rasters : ce sont des données matricielles (format raster) : il s’agit

d’une image, d’un plan ou d’une photographie numérisés et affichés dans le SIG (Système d’Information Géographique) en tant qu'image.

- les données Vecteurs : ce sont des données vectorielles (format vecteur) : les objets sont représentés par des points, des lignes, des polygones ou des polygones à trous.

3.3.1.b Données produites

Les données produites tiennent compte de la création des couches et d’éléments

sémiologiques indispensables pour la représentation des cartes et les futurs calculs des surfaces de mangroves :

� Couche « mangrove » : Certaines données cartographiques sont disponibles sur la zone Voh-Koné-

Pouembout (VKP), et plus particulièrement sur la commune de Voh. Des orthophotos en couleurs et géoréférencées (images raster rectifiées et référencées dans l’espace), datant de 2002, sont utilisées afin de définir le fond de carte. Comme la couverture de la zone d’étude n’était pas disponible dans son entier, ce support a été complété par des relevés topographiques numérisés datant de 1976, sur la partie nord de notre zone d’étude.

La numérisation de la couche « mangrove » est ensuite réalisée par le procédé requis par le logiciel, qui consiste en une délimitation point par point des limites de surface de la mangrove. Les repères utilisés pour la délimitation sont : la légende pour les données de 1976 et l’appréciation des photos pour les données de 2002. L’échelle utilisée pour le travail est portée à 1 :1000ème. Celle-ci est relativement variable puisque, même si la définition des rasters (issue de la restitution de 2002) est de très bonne qualité (1 pixel = 1 mètre), la visualisation ne permet pas toujours de bien apprécier les types de végétation ou de sol.

Enfin, une analyse de l’évolution de la mangrove depuis 1976 a été effectuée. La couche d’information sera générée grâce au fond cartographique de 1976 et étendue à une surface commune aux deux fonds cartographiques datés.

17

� Couche des zones de pêche au crabe de palétuvier : Les zones de pêche de chaque pêcheur sont numérisées. Chaque « ménage de pêcheur » dispose d’un fichier de forme classé dans la BD. Ces zones de pêche représentent un ou plusieurs polygones et sont de tailles variables. Chaque polygone est dessiné en fonction des indications apportées par les pêcheurs enquêtés, et tient compte de certaines limites naturelles et de nature anthropique comme les creeks, les rivières, les routes et les pistes.

� Eléments toponymiques :

Au cours des enquêtes, des questions concernant les noms locaux des lieux que peuvent porter certaines zones de mangrove sont posées. La finalité dans l’acquisition de ces éléments consiste en la production d’une BD toponymique. Celle-ci détaille la langue des termes employés et leur signification (parfois, seules les traductions partielles des noms sont enregistrées).

Les noms de lieux sont représentés par des points, des lignes ou des polygones en fonction de leur précision, et sont identifiés dans l’espace d’étude grâce aux fonds cartographiques à disposition. Ces localités sont, bien souvent, difficilement délimitables dans la réalité terrain, ce qui incite à raisonner majoritairement en terme de Point.

3.3.2 Mise en forme et visualisation des données

Nous avons entrepris d’utiliser le logiciel cartographique de la gamme ESRI (ArcGIS™ (version 8.3)) pour la visualisation des données, leur traitement et la confection des cartes.

� Le module ArcCatalog™ est utilisé pour la gestion de la base de

donnée. � ArcToolbox™ est utilisé pour les différentes applications liées aux

conversions de fichiers. � Le module ArcMap™est destiné à mettre en forme les différentes

couches. � De plus, deux applications liées à ArcMap™ ont été obtenues auprès

des services topographiques du territoire : - « GeoTransformNC » pour permettre la conversion des fichiers de

forme (Fichiers Shape) dans le SCG RGNC Lambert NC (obtenue auprès de la D.T.S.I.)

- « SIGNOR_CallageRasterSurDWG » pour le calage des Rasters sur les fichiers de géoréférencement (DWG) produit par le logiciel AutoCAD (obtenu auprès de la Province nord)

Enfin, le logiciel MapInfo Professional 8.5 a été requis pour la création de grille lors des applications sur la mangrove et la représentation des productions en crabe de palétuvier.

18

4 Résultats

4.1 Résultats des enquêtes

Les enquêtes réalisées sont effectuées par ménage de pêcheurs. Les tribus et villages préalablement définis dans le protocole ont été échantillonnés.

4.1.1 L’utilisation du questionnaire

Le questionnaire d’enquête a permis de recueillir des informations concernant à la fois les zones exploitées, les relations entre les tribus et les zones qu’elles utilisent, ainsi que des informations complémentaires concernant la description de l’espace.

Une seule personne a administré ce questionnaire, ce qui a permis d’éviter la variabilité inter-enquêteur mais conserve le biais de l’enquêteur lui-même. L’interprétation des dialogues et l’évaluation des limites des zones de pêche ne seront donc influencés que par cette source potentielle de variabilité. Sur le plan méthodologique, certaines questions se sont montrées plus compréhensibles que d’autre. D’autres ont été moins pertinentes, notamment en ce qui concerne la présence de réserves de pêche coutumières (i.e réservées à des cérémonies occasionnelles).

4.1.2 Fréquence d’échantillonnage Les enquêtes ont été réalisées au cours des mois de mai et juin. La fréquence de ces

enquêtes est représentée dans la Figure 4.

0

1

2

3

4

5

6

3-m

ai

10-m

ai

17-m

ai

24-m

ai

31-m

ai

7-jui

n

14-ju

in

21-ju

in

28-ju

in

Dates

Nom

bre

d'en

quêt

es

Figure 4 : Fréquences des enquêtes réalisées dans les tribus et villages

pendant la période des mois de mai et juin 2006 Un maximum de 5 entretiens par jour a été observé, pour une moyenne de deux

entretiens par jour. Cette moyenne a été conforme aux prévisions.

4.1.3 La population échantillonnée La décision d’effectuer un échantillonnage exhaustif de la population de pêcheurs de

crabe de palétuvier était motivée par les chiffres des ménages obtenus auprès de l’ISEE (Institut de la Statistique et des Etudes Economiques) de Nouvelle-Calédonie et les réunions effectuées au préalable dans chaque tribu. La progression des enquêtes s’est réalisée par l’intermédiaire des indications apportées par les pêcheurs. Un total de 67 enquêtes a été réalisé pour cette étude (102 pêcheurs répartis en 67 ménages). Les taux d’enquête sont représentés dans le Tableau 3.

19

Tableau 3 : Proportions de ménages enquêtés par tri bus et villages.

Nombre de ménages dans les localités

Nombre de ménages pratiquant la pêche

Ménages pratiquant la

pêche (%)

Nombre de ménages enquêtés

Ménages enquêtés (%)

Oundjo 77 26 34 23 30

Gatope 43 9 21 8 19

Témala 33 11 33 10 30

Ouélisse 41 6 15 4 10

Tiéta 70 3 4 3 4

Boyen 43 10 23 10 23

Voh village 198 102 52 6 3

Témala lieu-dit 74 5 7 4 5

La donnée nous permet de différencier deux types d’informations. La première est le nombre de ménages enquêtés pendant la période. Ce paramètre est plus élevé pour les tribus que pour les villages prospectés.

La seconde notion correspond à la proportion de ménages participant à la pêche au

crabe de palétuvier, indiquant une dominance du village de Voh et des tribus de Oundjo et Témala, suivies par Boyen. Les 102 ménages de pêcheurs comptabilisés pour le village de Voh tiennent compte des enquêtes réalisées et d’un échantillonnage aléatoire réalisé pendant l’étude halieutique complémentaire à celle-ci. On constate de faibles valeurs de ménages enquêtés pour la tribu de Tiéta (4%) et les deux villages.

4.1.4 Pratique de la pêche et notions d’espace

4.1.4.a Les données sur le milieu L’acquisition des données par les enquêtes réalisées auprès des populations de

pêcheurs de la zone de Voh a permis de mettre en évidence des caractéristiques essentielles pour le suivi et la compréhension de la pêcherie. Deux informations concernant les milieux exploités ont été obtenues. Il est cependant nécessaire de détailler les éléments décrits afin de mieux les interpréter.

La définition des différents milieux exploités pour la pratique de la pêche au crabe a été orientée par la littérature sur le sujet. Ainsi, cinq types de milieux ont été définis et intégrés au questionnaire. Cette typologie est représentée en Figure 5. Seul le platier récifal n’est pas représenté puisqu’il est supposé correspondre à une zone d’anciens récifs recouverts de sédiments et n’est pas présent sur la photographie détaillée. Il est essentiellement représenté au nord de la zone d’étude au lieu dit « Plateau des massacres », et à proximité des mangroves de Pinjen.

� Topologie des milieux : Les marais : zones très dégagées recouvertes uniquement lors des marées d’équinoxe. La végétation est pauvre et composées exclusivement de plantes halophytes et xérophytes de type salicornes (Salicornia australis). Egalement appelées « marais à salicornes ». L’intérieur de la mangrove : cette zone est caractérisée par la présence de grands palétuviers de type Rhizophora sp. et Bruguiera sp. qui se répartissent de manière plus clairsemée en amont. Le bord de mangrove : composé de Rhizophora muconata sur une largeur de 10 mètres environ et très dense, ce peuplement mono-spécifique se limite le plus souvent aux berges de chenaux, ce qui leur permet de remonter très en amont dans la zone estuarienne.

20

Les plateaux : situés en aval de la bordure de palétuvier, ils correspondent à l’estran. La nature de ce substrat est de type sédimentaire et varie ponctuellement (sable, vase…). Les platiers : localisés dans certaines zones, ces substrats sont durs (roches calcaires). Ils sont souvent recouverts de sédiments terrigènes et de végétaux de type herbiers. On les retrouve en continuité des plateaux.

L’exploitation des milieux varie en fonction des individus et peut se différencier en fonction des populations enquêtées (Tableau 4).

On constate d’une manière générale que la pratique de la pêche se fait essentiellement en bordure de mangrove (32% des citations), suivie par l’intérieur des mangroves (28%). L’ensemble des villages et tribus rencontrés pour l’étude utilise ces deux milieux, ainsi que les marais qui représentent 18% des citations globales. Le milieu de type platier n’est que très rarement cité (4%) et la pêche sur les plateaux et les marais observent une importance égale. La tribu de Tiéta ne pratique pas de pêche sur les plateaux et seules les tribus de Boyen et Gatope exploitent le milieu « platier », avec une forte dominance pour Boyen.

Tableau 4 : Effectifs et fréquences (%) de citation s des milieux exploités lors de la pêche au crabe de palétuvier.

Tribu et village Marais Intérieur de mangrove Bord de mangrove Plateau Platier

Boyen 1 7 10 7 8

% 3 21 30 21 24

Gatope 6 5 6 2 1

% 30 25 30 10 5

Ouélisse 2 3 3 1

% 22 33 33 11

Oundjo 17 22 23 13

% 23 29 31 17

Témala 4 10 10 6

% 13 33 33 20

Tiéta 3 3 3

% 33 33 33

Témala (lieu dit) 1 2 4 3

% 10 20 40 30

Voh 3 5 6 5

% 16 26 31 26

Total 37 57 65 37 9

% 18 28 32 18 4

21

Figure 5 : Orthophotographie 1/10 000 détaillée. Parcelles de mangrove située dans la baie

de Vavuto (Commune de Voh)

Marais

La mangrove

Intérieur de mangrove

Bordure de mangrove

Plateau

Ortho photographie 1/10 000 ; résolution 1 mètre

La baie

Les terres

La baie

22

La seconde information est couplée à la précédente et a eu pour intérêt de confirmer les informations détaillées auparavant (Tableau 5). Pour cela deux réponses ont été utilisées. Elles différencient les zones de pêche en fonction de leur accessibilité et de leur nature.

On peut observer, en regroupant les effectifs de citations des milieux « marais »/« plateau »/« platier» et « intérieur mangrove »/« bord mangrove » du Tableau 4, et en les comparant aux résultats du Tableau 5, que les observations sont globalement concordantes. D’après les valeurs obtenues, la majeure partie de la population de pêcheurs enquêtés indique faire la pêche sous les palétuviers.

Tableau 5 : Effectifs et fréquences des citations observées sur la différenciation des zones de pêche.

4.1.4.b Les données concernant la pratique de pêche Les résultats obtenus sur les pratiques de pêche sont classés en deux échelles de

temps. Ces données sont relatives à l’effort de pêche employé dans la capture des crabes de palétuvier. Deux questions ont été nécessaires pour identifier ces habitudes et les réponses proposées sont de type simple (Tableau 6 a et b). Le premier élément concerne le changement de zone de pêche pendant l’année, ce qui fait référence à une variation de la pratique de la pêche en fonction des saisons ou de périodes bien différenciées. Au regard de l’ensemble, les personnes enquêtées ne changent pas de zone de pêche pendant l’année (85 % des citations). Seule la tribu de Boyen indique le contraire.

A l’inverse, un changement est observé à l’échelle de la semaine, avec 70 % de citations favorables2. Les tribus de Boyen et de Ouélisse montrent une répartition différente dans le sondage, puisqu’elles affirment pêcher invariablement sur les mêmes zones pendant la semaine. Il en est de même pour le village de Voh.

2 Trois citations n’ont pas été prisent en compte (1 pour Tiéta et 2 pour Témala village), puisque la question n’était pas adaptée à la fréquence de pêche des personnes (1 seul jour de pêche par semaine).

Tribu et village Sous les palétuviers En zones déga gées

Boyen 10 10

% 50 50

Gatope 5 6

% 45 54

Ouélisse 4

% 100

Oundjo 22 19

% 53 46

Témala 10 5

% 66 33

Tiéta 3 3

% 50 50

Témala (lieudit) 3 2

% 60 40

Voh 5 5

% 50 50

Total 62 50

% 55 45

23

Tableau 6 a et b : Fréquences des citations (en %) concernant le changement de zone de pêche (a) pendant l’année et (b) pendant la semaine.

(a)

Tribu et village Changement de zone de pêche pendant l'année

Pas de changement de zone au cours de l'année

Boyen 60 40

Gatope 100

Ouélisse 100

Oundjo 4 95

Témala 10 90

Tiéta 100

Témala (lieudit) 25 75

Voh 16 83

Total 15 85

(b)

Tribu et village Changement de zone de pêche pendant la semaine

Pas de changement de zone pendant la semaine

Boyen 40 60

Gatope 100

Ouélisse 25 75

Oundjo 78 21

Témala 100

Tiéta 100

Témala (lieudit) 100

Voh 50 50

Total 70 23

La variation dans les activités de pêche peut être liée aux différentes pratiques et

techniques utilisées. Pour cette raison, nous avons identifié la pression de pêche en fonction des méthodes utilisées. L’usage des nasses joue en particulier un rôle important.

De manière générale, les enquêtes ont révélé que 23 pêcheurs utilisent la nasse (34 % des pêcheurs). Seuls quelques pêcheurs de la tribu de Témala (4 pêcheurs) et des villages de Voh (1 pécheur) et Témala (1 pêcheur) expliquent disposer leurs nasses toujours aux mêmes endroits.

4.1.5 Relations extérieures à la tribu Quatre questions concernent l’accessibilité des tribus et villages à la ressource et les

relations qui sont établies pour l’exploitation de la pêcherie. Parmi elles, une question concerne la possibilité d’utiliser toutes les zones de pêche

de la commune (Figure 6). 59 % des personnes pensent qu’il n’est pas possible de pêcher n’importe où, contre 35 % qui affirment le contraire. En observant plus précisément les réponses obtenues auprès des tribus (Annexe 2), on remarque que Oundjo est la tribu qui possède le plus de réponses positives (43%).

24

Oui35%

Ne savent pas6%

Non59%

Figure 6 : Fréquences totales en % des réponses à la question sur la possibilité de pratiquer la pêche sur tout le littoral proche de la tribu.

Une seconde question permet de déterminer si plusieurs tribus et villages exploitent les mêmes zones de pêche. La Figure 7 indique que 69 % des personnes interrogées ont constaté la présence de pêcheurs provenant d’autres tribus sur ce qui est vécu comme « leur(s) » zone(s) de pêche. 56 % des pêcheurs de crabes à Oundjo et 50 % à Boyen partagent cet avis (Annexe 2).

Pas d'autre tribu

présente 31%

Présence d'autres tribus 69%

Figure 7 : Fréquences totales en % des réponses concernant la présence d’autres tribus sur les zones de pêches exploitées

La troisième question posée est liée aux demandes que peuvent formuler certaines tribus à venir pêcher dans les zones de pêche des autres tribus (Figure 8). Les informations intègrent les données recueillies auprès des villages de Voh et Témala qui ont tout deux répondu négativement à la question.

88 % des pêcheurs ont répondu qu’il n’y avait pas de demandes. La tribu de Oundjo compte 22 % de pêcheurs indiquant avoir des demandes émanant des autres tribus, ainsi que les tribus de Boyen et Gatope à hauteur de 10 et 14 % respectivement (Annexe 2).

25

Pas de demande88%

Présence de demandes

12%

Figure 8 : Fréquences totales en % des réponses à la question sur les

demandes de pêche entre tribus.

Enfin, la dernière question concerne les échanges et la répartition de l’accès à la ressource entre les populations. Plus particulièrement, elle souligne la volonté des pêcheurs à accepter ou autoriser la présence d’autres pêcheurs appartenant aux tribus ou villages voisins. Les réponses sont représentées dans la Figure 9. Elles sont distribuées de manière similaire puisque 40 % des personnes interrogées affirment accepter l’accès des lieux de pêche à des personnes extérieures à la tribu contre 45 % qui préfèreraient exploiter seuls « leur(s) » zone(s) de pêche. Les pêcheurs du village de Voh et de la tribu de Témala indiquent vouloir partager « leur » zone de pêche. A l’opposé, les tribus de Boyen, Oundjo et Tiéta expriment une idée contraire. A la tribu de Gatope, les avis sont plus partagés (Annexe 2).

Acceptent40%

Ne savent pas15%

N'acceptent pas45%

Figure 9 : Fréquences totales en % des réponses à la question

sur la tendance des pêcheurs à accepter l’accès d’autres personnes à « leurs » zones de pêche.

Remarque : Aucune réserve coutumière n’a pu être mise en évidence par les enquêtes. Les pêcheurs ont répondu à 98 % dans ce sens. Une seule personne appartenant à la tribu de Tiéta a indiqué l’existence d’une réserve, mais sans pouvoir l’identifier physiquement.

4.2 Résultats de l’analyse cartographique

Les localisations des lieux de pêche de chaque pêcheur interrogé sont intégrées dans la base de données cartographiques. Chaque « parcelle » de pêche est numérisée et attribuée à un pêcheur. Les différences entre les pratiques de pêche à pied et de pêche à la nasse sont identifiées et des éléments complémentaires sont ajoutés à la base de données en indiquant l’auteur des informations. La création d’une base de données concernant la toponymie de la zone d’étude a pu également être réalisée. Celle-ci identifie chacun des noms de lieux donnés par son auteur et le dialecte de référence.

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4.2.1 Intégration des zones de pêche Les données représentées sont issues des traitements réalisés avec le logiciel

ArcMap de la plateforme ArcGIS 8.3. Elles sont réunies dans le Tableau 7 (a et b). Les mesures relatives aux mangroves de la commune de Voh ont été définies en prolongeant les limites communales en direction du lagon. Ainsi, la zone étudiée présente une surface de 20 km² de mangrove sur la commune de Voh et 37 km² à l’extérieur, principalement sur la commune de Koné. L’étendue des mangroves non exploitées est de 0,8 km², ce qui ne représente que 4 % de la surface totale.

L’étendue des secteurs de pêche, qui atteint 121 km², peut être divisée en deux ensembles : la mangrove et les autres surfaces exploitées. En effet, plus de la moitié des zones de pêche sont situées sur d’autres milieux que les mangroves (64 km²). Au niveau local, la tribu de Oundjo exploite la plus grande superficie de mangroves (33 % de la surface totale exploitée).

Enfin, on remarque que la tribu de Boyen couvre la plus grande superficie de pêche et que les milieux autres que la mangrove sont les plus exploités, en particulier le Plateau des massacres (Annexe 4).

Tableau 7 (a et b) : Paramètres de l’espace exploit é par l’activité de pêche au crabe de palétuvier : (a) Surfaces calculées pour chaque tri bu ou village, et (b) les données surfaciques complémentaires pour la commune de Voh. (a)

Tribu et village Etendue de la zone de pêche (en km²)

Surface de mangrove exploitée (en km²)

Mangrove exploitée / superficie totale exploitée (en %)

Autres surfaces exploitées (en km²)

Boyen 42,9 5,6 9,7 37,3

Gatope 17,9 9,0 15,6 8,8

Ouélisse 7,9 6,2 10,8 1,7

Oundjo 29,3 19,1 33,1 10,1

Témala 9,4 7,7 13,3 1,7

Tiéta 1,7 1,5 2,6 0,3

Témala (lieudit) 2,8 2,7 4,7 0,1

Voh village 9,8 5,8 10,1 3,9

Total 121,8 57,7 100 64

(b)

Surface de mangroves sur Voh (en km²) 20,5

Surface de mangroves exploitées sur Voh (en km²) 19 ,7

Surface de mangrove non exploitée sur Voh (en km²) 0,8

Surface de mangrove exploitée hors commune de Voh ( en km²) 37,2

Les différentes zones de pêches observées sont pour la plus part exclusives aux pêcheurs mélanésiens qui les exploitent. Cette exclusivité est régie à l’échelle de groupes des structures tribales. Les données recueillies sur les ménages permettent, en partie, de différencier certains groupes, qui présentent cependant une complexité dans le système social local.

Certaines zones sont toutefois accessibles aux pêcheurs des villages de Voh et Témala. La zone de Vavuto est exploitée, apparemment sans difficulté, en commun par les pêcheurs de Voh et des tribus.

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4.2.2 Caractérisation des modifications de la mangrove

Le travail réalisé en terme de support d’analyse a demandé certaines exigences, notamment pour les informations sur la mangrove. Deux éléments relatifs à ces formations végétales ont été produits : une couche « Mangrove » réalisée grâce au fond cartographique de 2002 et une autre, « Mangrove 1976 », produite grâce au support de 1976. Deux méthodes sont ensuite utilisables pour effectuer la comparaison :

� Un raisonnement à partir du calcul des surfaces : la comparaison des superficies peut se faire par zone ou intégralement.

� Un raisonnement par comparaison des couches : cette application est spécifique des logiciels de cartographie. Elle permet à la fois de délimiter les zones de retrait et les zones d’avancée de la limite des mangroves en superposant les couches une à une.

Le choix s’est porté sur la seconde option qui caractérise de manière détaillée l’évolution observée et identifie ces variations en tout point de l’espace étudié. Disposant ainsi de deux données cartographiques distantes dans le temps sur une petite étendue commune, les surfaces de mangrove ont été analysées de manière semi-automatique par le support d’analyse cartographique (ArcMap™) de la plateforme de travail ArcGIS™. Le logiciel MapInfo Professional™ 8.5 a également été utilisé afin de créer une grille applicable à la zone d’étude, et comportant les cellule de 100 m de côté. Cette grille est superposée aux deux couches d’information afin de découper chaque élément de la mangrove en mailles. Cette méthode permet de résonner à une échelle réduite, et non à l’échelle des polygones qui compose les deux fichiers de forme.

Une valeur par défaut ayant été affectée aux différents éléments qui composent le fichier de forme, les données sont ensuite travaillées grâce à un assistant de géotraitement de la plateforme ESRI qui compile les informations des couches. Une matrice de données est alors générée, comprenant des polygones appartenant à la couche mangrove de1976, d’autre à celle de 2002, et une nouvelle entité correspondant à la surface commune au deux couches.

Les données sont analysées par l’intermédiaire d’un test non-paramétrique puisque qu’un test de normalité de Shapiro-Wilk W conduit au rejet de l’hypothèse nulle sur la normalité des distributions. Le test de Kolmogorov-Smirnov a été utilisé afin de tester les différences sur l’ensemble des carrés statistiques de la grille. 600 carrés statistiques pour les deux années ont été analysés. Le test ne montre pas de différences significatives entre les deux distributions. Il est donc possible de considérer que les surfaces sont globalement comparables.

En utilisant la représentation cartographique, les résultats permettent la mise en forme d’une carte qui discrimine trois éléments : les surfaces qui sont communes aux deux couches temporelles comparées et deux types de surface correspondant à un décalage, positif ou négatif, entre les deux données temporelles (Figure 10).

Les surfaces correspondant aux décalages entre les données des deux années sont

classées en deux groupes : les pertes et les gains. Les éléments non retrouvés dans la couche de 2002, mais qui étaient présents en 1976, sont signalés dans les pertes (en rouge sur la carte). Dans une même mesure, les éléments absents en 1976 et trouvés dans la couche de 2002 sont signalés en tant que gain (représentation en bleu). La majeure partie de l’information représentée concerne les zones inchangées qui mesurent à elle seules 4,2 km², soit plus de 99,9 % de la surface totale dans cette étude. La variation totale est estimée à 1438 m² (soit 0,034 %). En décomposant cet élément, les gains sont de 0,01 % et les pertes sont estimées à 0,02 %.

La presqu’île de Vavuto est fortement évoquée par un gain en superficie de mangrove, alors que celle située la plus proche du village de Voh montre une diminution marquée et semble être la plus importante modification.

Figure 10 (page 30) : Représentation de la variation de la surface de mangrove observée par analyse

des couches numérisées sur les fonds cartographiques de 1976 et 2002.

28

29

4.2.3 Identification des types de végétation

Les éléments cartographiques obtenus auprès des institutions territoriales ont permis d’estimer les milieux utilisés par les pêcheurs. L’obtention de la mosaïque de vecteurs d’occupation des sols de la Nouvelle-Calédonie (Annexe 6) élaborée par la DTSI permet de caractériser les types de végétation présents sur le territoire. La classification établie pour la réalisation de cette fut basée sur l’indice NDVI (Normalized Difference Vegetation Index). Il représente des combinaisons arithmétiques des canaux qui caractérisent l’importance de la couverture végétale. Les classes ont ensuite été traitées et lissées afin d’obtenir une couche vectorisée. Douze classes sont identifiables et détaillent l’occupation du sol. Cependant, cinq d’entre elles suffiront dans cette application : l’eau, les sols nus, les sols nus de mangroves, les mangroves clairsemées et les mangroves denses.

L’information vectorisée est couplée aux données surfaciques correspondant aux zones de pêche, obtenues pour chaque ménage lors des enquêtes. Elle est ensuite regroupée à l’échelle de la tribu grâce à l’application « assistant de géotraitement » du logiciel d’analyse. Les valeurs des milieux sont exprimés dans le

Tableau 8 (a et b) en pourcentage de la couverture totale.

Tableau 8 (a et b) : Valeurs (en %) (a) de cinq typ es de végétations obtenus grâce à la mosaïque d’occupation totale des sols de la Grande Terre et (b) des surfaces de pêches de tous les ménages enquêtés par tribu. (a)

Milieu Boyen Gatope Ouélisse Oundjo Témala Tiéta Témala village Voh village Total

Eau 78 35 7 22 3 0,2 1 7 40

Sols nus 11 27 39 27 34 33 30 33 23

Sols nus de mangroves

5 16 22 23 23 29 26 27 16

Mangroves clairsemées

4 13 19 21 23 29 26 25 14

Mangroves denses

1 6 8 4 11 8 13 7 5

(b)

Surface totale (km²) 119,2

Surface des milieux sélectionnés (en km²) 115,9

Surface des autres milieux (en km²) 3,1

Les éléments obtenus indiquent une valeur forte pour le type ‘Eau’ qui représente 40 %

de la couverture totale définie à partir des zones de pêches. Viennent ensuite le type ‘Sols nus’ qui caractérise 23 % de la surface, et les mangroves denses qui sont les moins représentée avec seulement 5 % de couverture. Ces résultats sont en partie contradictoires avec les données des enquêtes, faisant état d’une fréquentation importantes des zones sous couvert de palétuviers.

D’un point de vue détaillé (Tableau 8a), on constate que les tribus de Boyen et de Gatope exploitent en majeure partie les zones d’eau (correspondant notamment aux plateaux et platiers), alors que les trois autres tribu et les villages de Voh et Témala exploitent davantage le type ‘Sols nus’.

De manière générale, les surfaces des classes sélectionnées représentent 116 km² environ sur les 119 km² comptabilisé en totalité, soit 3,1 km² de surfaces autres que les 5 types de végétation sélectionnées (Tableau 8b).

30

4.3 Les produits cartographiques

4.3.1 Carte des zones de pêche Une carte peut être mise en forme à partir des données d’enquête de chaque ménage et

tient compte d’éléments importants sur la connaissance des variables de chaque pêcheur et pour le suivi de l’activité de pêche au crabe de palétuvier (Figure 11).

Les attributs des variables du questionnaire sont rapportés sous forme d’un tableau de synthèse sur chaque carte. Les éléments décrits sont en partie issus des résultats de l’enquête complémentaire sur la quantification de la production en crabe de palétuvier. Les caractères sémiologiques appropriés ont été utilisés et sont rapportés en légende, ainsi qu’un zoom à une échelle différente pour une meilleure localisation de la zone. Les différentes cartes sources produites serviront, de manière générale, à l’élaboration d’une carte de synthèse des lieux de pêche par tribu.

Figure 11 : Carte de représentation des zones de pêche détaillées par ménage

Zoom sur les zones de pêche

Nom de la tribu Localisation générale

Légende

Tableau récapitulatif des informations sur la pêcherie du crabe et la superficie de pêche

Identification du ménage par la personne enquêtée

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4.3.2 Carte de représentation de la production

La création d’une carte de représentation de l’activité (Figure 12) a pour but de différentier les tribus et les villages par leur production. Il faut noter que les productions utilisées pour la réalisation de la carte proviennent des ménages enquêtés au sein des tribus ciblées, ainsi que des villages de Voh et Témala. Les deux villages n’ont été que partiellement enquêtés et ajoutés. Pour le village de Voh, un échantillonnage aléatoire de 30 ménages, réalisé dans l’étude complémentaire, a permis de calculer la production pour l’ensemble du village.

Les valeurs de production sont sommées et intégrées à la représentation sous forme de classes définie par la méthode des seuils naturels.

Les éléments complémentaires de représentation, comme le rappel de localisation du lieu d’étude et certains éléments topographiques, sont ajoutés de manière à ne pas surcharger l’information. Un soin particulier est apporté dans la symbolique utilisée pour différencier les zones de pêche tribales.

Les productions par zone de pêche : La production en crabe de palétuvier pour

l’ensemble des tribus étudiées de la commune de Voh est comprise entre 1,7 et 36 tonnes/an (Rocklin, 2006). Les plus importantes productions sont réalisées sur la tribu de Oundjo et par le village de Voh (> à 30 tonnes/an), dont la surface de pêche est inférieure. La plus faible valeur est située sur Tiéta. La représentation de la production, centrée sur les zones de pêche par tribu, indique une concentration de la production dans les zones situées autour de la baie de Chasseloup et de l’anse de Vavuto. Complément d’information :

Les zones de pêche (Annexe 4) : Les zones de pêche, établies auparavant par ménage, sont regroupées par tribu. On constate que les zones de pêche s’étendent sur tout le littoral de la commune de Voh et au-delà, dans les communes de Koné et Kaala-Gomen. Seules les mangroves adjacentes à la rivière Koné ne sont pas exploitées pour la majeure partie. On note de très grandes zones de recouvrement entre les tribus et les villages. La plus importante, située dans les mangroves des embouchures de la rivière Témala, comprend les zones de pêches de trois tribus et des deux villages (Témala, Ouélisse, Gatope, Voh et lieudit Témala). Une zone située au nord est exploitée par les tribus de Boyen et Témala. Enfin, une autre zone, située plus au sud (Anse de Vavuto), indique un recouvrement entre les lieux de pêche de Oundjo, Tiéta, Gatope et le village de Voh. Une zone de pêche plus importante est constatée pour la tribu de Oundjo (29 km²), et à l’inverse une zone plus réduite pour la tribu de Tiéta (moins de 2 km²).

Figure 12 (Page 34) : Carte de représentation de la production en crabe de palétuvier détaillée par zone de pêche

32

33

4.3.3 Carte de représentation de l’indice de production La réalisation d’une carte indiquant la répartition de la production estimée en fonction de

la surface exploitée par les pêcheurs, a nécessité l’obtention de données multiples. Les valeurs de production estimées dans l’étude complémentaire (Rocklin, 2006) ont été

calculées en fonction des différentes méthodes utilisées (nasse et pêche à pied), de la fréquence de pêche, et de la saison de pêche. Des valeurs sont ainsi détaillées pour 10 mois et 12 mois de pratique de pêche car une incertitude existe sur cette période, en raison du respect plus ou moins efficient de la fermeture saisonnière de la pêche (décembre-janvier). Ces valeurs correspondent aux « productions minimales estimées » et « maximales estimées » des pêcheurs. La véritable valeur étant vraisemblablement comprise entre ces deux bornes, la moyenne est calculée afin de simplifier la représentation sur la carte.

Les surfaces utilisées par les pêcheurs sont calculées grâce au logiciel ArcGIS™ et par l’extension Spatial Analyst du module ArcMap™. Le calcul des surfaces demande un passage de la donnée vectorielle en donnée raster (où grille = pixellisation de l’information). Cette manipulation est effectuée grâce à l’application d’une conversion d’entité. Lors de cette application, un changement de taille de pixel est effectué pour harmoniser l’ensemble des données. Cette valeur tient compte d’une question posée lors des enquêtes sur la pêche à la nasse. Elle concerne la distance à laquelle les nasses sont en général installées par rapport au bord de la mangrove. La valeur moyenne de ces réponses est de 1,85 mètres ± 0,53 mètres. Une valeur simplifiée de 2 m est donc utilisée pour caractériser cette distance. La valeur est ensuite doublée, afin de couvrir l’état du pixel dans son ensemble. Chaque pixel possède alors une valeur de 4 mètres de côté, soit une surface de 16 m².

Les surfaces sont ensuite calculées par dénombrement des pixels présents sur l’ensemble des zones de pêche d’un ménage et renseignés dans une matrice.

La mise en commun des données de surface et de production permet de définir un indice de production surfacique établi sur une estimation de la production et des surfaces exploitées.

Indice de Productionurfaces

roductionpˆ

ˆ=

Équation 1 : Calcul de l’Indice de production surfacique (kg/ha)

Les zones de pêches retenues pour cette carte sont celle des six tribus de Voh et des deux villages (Témala et Voh). Les zones de pêches recueillies auprès de ces deux villages ne sont pas exhaustives, il sera important de le prendre en compte lors de l’interprétation.

Chaque ménage disposant d’un indice de production et de zones de pêche qui lui sont

propres est uni à une grille créée grâce au logiciel MapInfo Professional 8.5 et son application GRIDMAKR. Cette grille est réalisée en créant des carrés de 500 m de côté et couvre toute la zone d’étude. Une matrice comprenant 4713 carrés est alors créée. Le choix de la taille des carrés est défini en fonction des possibilités de création et de traitements informatiques mis à disposition. L’utilisation de cette grille permet d’associer les différentes valeurs d’indice dans chaque carré. Une moyenne est ensuite réalisée dans chaque carré statistique, donnant un indice moyenné. Cet indice est enfin représenté et différencié par des classes. Les classes sont définies par la méthode des « seuils naturels » (Jenks), qui correspond à une méthode de classification basée sur un critère unique (méthode de discrétisation), puisque la distribution considérée est discontinue.

L’indice de production possède des valeurs comprises entre 0,08 kg/ha et 213 kg/ha. Quatre zones principales se démarquent de la représentation. Elles se situent au sud de la tribu de Oundjo, dans la Baie de Vavuto, dans les mangroves qui bordent l’embouchure de la rivière Témala et l’extrémité de la presqu’île de Gatope. En dehors de ces grandes zones, les valeurs de l’indice dépassent rarement la valeur de 24 kg/ha. Les valeurs les plus fortes sont rencontrées dans les mangroves de la Baie de Vavuto.

Figure 13 (page 36) : Carte de représentation de la production estimée sur la zone de Voh

34

35

5 Discussion

Le travail réalisé, dans le cadre de la problématique d’étude de la pêcherie du crabe de palétuvier en Province nord et de sa répartition spatiale sur la zone de Voh, a été mené conjointement à la prise en compte des aspects halieutiques et écologiques du domaine de recherche. Cette étude, qui est tournée vers une approche sociologique de la pêche, a nécessité le recueil d’information spatialisées et une gestion des données par la l’intermédiaire d’un Système d’Information Géographique. D’une manière générale, l’étude a permis de dégager plusieurs points de discussion sur la méthodologie employée, ainsi que sur les aspects propres à la pêche au crabe de palétuvier. Enfin, elle représente de manière holistique les échanges et les relations sociales qui s’imposent chez les populations locales, importantes à prendre en compte pour mieux appréhender les futures perturbations dans la zone d’impact du complexe minier.

5.1 Aspects méthodologiques

La stratégie d’échantillonnage entreprise dans cette étude s’est montrée concluante sur plusieurs choix effectués en début d’étude. Les fréquences d’enquête réalisées pendant les deux mois de terrain ont été suffisantes pour échantillonner la population recherchée. L’étude a permis de rencontrer la quasi-totalité des pêcheurs de crabes, puisque seuls six questionnaires n’ont pas été renseignés par refus des individus à nous rencontrer. Ce constat souligne l’un des principaux biais constatés dans ce type d’étude : la source d’information. Celle-ci est basée sur la volonté des personnes à participer aux études. Cependant, ce constat reflète aussi l’importance du savoir-faire de l’enquêteur qui doit nécessairement connaître le contexte social.

Le travail réalisé auprès des populations mélanésiennes de la commune de Voh a nécessité la mise en place de supports méthodologiques spécifiques et adaptés au contexte social en place. Les photographies utilisées et le questionnaire d’enquête ont demandé une certaine logique et rigueur dans leur élaboration. Outre leur réalisation, la pertinence de l’emploi de ces supports peut être critiquée afin d’anticiper ces pratiques pour les études à venir. L’utilisation des plans photographiques pour le repérage des zones de pêche a été bien perçue par la population étudiée. Ils se sont révélés indispensables et souvent mieux appréciés qu’une carte topographique classique. Les personnes ont semblé bien se repérer sur le support malgré la qualité noir et blanc de l’image et l’échelle parfois un peu trop faible. Des annexes cartographiques ont quelquefois été nécessaires pour préciser les délimitations. Cependant, il est difficile de fragmenter davantage ce support pour une échelle plus élevée sans induire une diminution de l’appréciation de l’espace général par les personnes enquêtées. Les photographies pourront enfin être très prochainement améliorées avec l’utilisation des nouvelles orthophotographies en couleurs de la zone, plus réalistes, et mises à disposition par les services provinciaux. Enfin, les documents plastifiés ont appuyé notre démarche de confidentialité de l’information, comme souhaité. L’information individuelle n’a donc pas été divulguée en dehors des ménages.

Le questionnaire d’enquête, quant à lui, est un outil indispensable pour rassembler les informations. Bien qu’un test spécifique sur sa pertinence et sa compréhension n’ait pas été réalisé au préalable, les informations recueillies lors des premiers entretiens ont conduit à revoir le détail de certaines questions, les rendant plus réalistes. Quelques précisions supplémentaires pourraient néanmoins être apportées. Les questions concernant la définition des zones de pêche au crabe de palétuvier pourraient être améliorées en précisant les différentes techniques utilisées. Cette donnée serait pertinente et véhiculerait une information complémentaire dans l’étude de la pêcherie. La spatialisation de cette donnée aurait pour conséquence une meilleure caractérisation des usages au regard des milieux, et elle apporterait un élément supplémentaire aux gestionnaires des pêches en terme d’analyse des pressions de pêche. Elle reste cependant complexe à interpréter par les pêcheurs, qui uniformisent le plus souvent leur système de pêche. Cette spécificité ne pourrait a priori concerner que la pêche au crabe, puisque les pêcheurs ont généralement une bonne connaissance des lieux et de l’utilisation spécifique des engins de pêche.

36

Les données spatialisées disponibles actuellement sur la zone d’étude ont contraint à l’utilisation de deux supports d’échelles temporelles différentes. Les informations fournies par les institutions (DITTT et Province nord) ont permis d’établir la couverture de l’ensemble de la zone, et ont servi de support à l’élaboration des couches de mangroves. Cependant, une interrogation demeure sur la pertinence des données recueillies, notamment pour la partie nord de la zone d’étude numérisée sur les fonds cartographiques de 1976. L’application effectuée dans la Baie de Vavuto, sur la variation du cordon de mangrove, tend à confirmer une très faible variation de cette dernière (régression et accrétion), de l’ordre de 0,1 ha. Au regard de ces proportions, il serait possible de généraliser la modification de la mangrove à l’ensemble de la zone d’étude et de considérer une très faible variation dans la délimitation des lieux de pêche pour les différentes applications proposées. Néanmoins, le caractère ponctuel des événements changeant la géomorphologie côtière en milieu insulaire, induite par les perturbations climatiques et les variations hydrologiques (Mimura, 1999), ne permet pas de se baser sur cette simple étude et demande plus de précision. Le traitement d’imageries satellites à forte résolution ou de photographies aériennes rectifiées, couplé à un traitement géomatique, semble approprié pour l’étude précise de l’érosion côtière. Cependant, dans le contexte de l’étude, le travail sur des couches d’informations plus récentes s’avèrerait probablement suffisant pour optimiser la détermination des liens entre zones de pêche et productions estimées.

La numérisation des couches de mangroves peut, elle aussi, être une source de biais dans le travail, en fonction des échelles utilisées et des interprétations sur les structures topologiques (Figure 14). Des données sur la zone d’étude seront prochainement disponibles auprès des institutions et pourront servir à affiner l’ensemble des applications employées dans ce travail, sous-entendant toujours un risque dans l’interprétation de la couverture des sols par les bureaux de restitution en charge de la saisie topographique ; ce qui amène à soulever les problèmes d’échelles rencontrés sur ce type de problématique. Les données utilisées dans l’étude dépendent de fonds cartographiques établis pour la partie sud de la zone d’étude sur une échelle au 1/10000ème et une résolution de l’ordre du mètre. Les informations sont donc très précises pour les utilisations recherchées ici, mais pourraient également être augmentées jusqu’à une valeur de 0,5 mètres.

Figure 14 : Différence de symbolique et décalages

observés sur le fond cartographique de 1976

Le calcul des surfaces de pêche est également une étape de notre travail qui reste discutable. Les limites proposées sont interprétées à partir des déclarations des pêcheurs qui délimitent les zones de manière souvent floue. La notion de limite vague peut être due à une imprécision, à l’ignorance de localisation de la frontière, ou à une variation temporelle ou thématique (Hazarika et al, 2001). Les pêcheurs savent se repérer dans l’espace concret, mais notent certaines difficultés à se projeter dans l’espace en définissant des limites. L’utilisation des cartes ou photographies tend à diminuer ce phénomène gênant pour les analyses, mais ne les écarte pas. On observe également une certaine variabilité dans le tracé en restitution numérique, liée à la retranscription de l’information. Des méthodes existent pour limiter ces phénomènes. Elles consistent à marquer l’espace par des points GPS (Global Positioning System). Des relevés de ce type ont été réalisés dans quatre parties de la zone d’étude qui ont permis de constater le peu d’erreurs dans les localisations.

L’utilisation de cette méthode à grande échelle engendrerait des coûts de réalisation plus importants sur une surface d’étude telle que celle présentée, et serait difficilement

Limite entre deux dalles

Symboles de la mangrove

Pas de symboles

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applicable : les pêcheurs exploitent des régions différentes dans le temps, et sont parfois réticents à être accompagnés pendant leurs jours de pêche.

En parallèle des différentes méthodologies employées pour renseigner la composante

spatiale de cette étude, le travail réalisé a conduit à décrire les paramètres essentiels dans la compréhension du domaine d’étude. La production, considérée comme l’un des principaux descripteurs de l’état d’une pêcherie, a pu être détaillée grâce aux données de l’étude complémentaire. La mise en forme des informations a conduit à différencier les zones d’activités de pêche par niveau de production. Celles-ci caractérisent également la pression de pêche sur le milieu. Trois zones se démarquent : la Baie de Vavuto, l’embouchure de la rivière Témala et les mangroves situées au sud de la tribu de Oundjo. Ces sites peuvent être considérés comme des milieux névralgiques de l’activité de pêche au crabe de palétuvier, de par un recouvrement de leurs zones par plusieurs tribus de pêcheurs et par des indices de productions élevés. Cependant, ces deux paramètres ne suffisent pas pour caractériser le système d’exploitation. Les données sur le milieux ont été ajoutées afin d’identifier plus précisément les domaines d’exploitation. Cette initiative a conduit à la détermination de préférences pour certains milieux. Les zones de mangroves denses sont moins employées en comparaison des milieux « eau » et « sols nus » ; ces derniers se regroupant pour former le milieux nommé « plateau ». Bien que la description de l’occupation du sol en Nouvelle-Calédonie ait été employée pour cette application, elle ne reste pas moins critiquable. Les échelles d’utilisation pour ce travail ne sont pas suffisamment fines (acquisition 1/50000ème et résolution 20 mètres), ce qui rend l’interprétation parfois délicate et imprécise. Les résultats sont donc à considérer avec précaution. L’élaboration d’un nouveau produit est envisagée. Les images de dernière génération SPOT 5 (résolution 2,5 à 5 mètres) seront utilisées par la DTSI (Leve et Afro, 2002), afin de garantir une meilleur précision des contours de classe. Enfin, d’autres capteurs récents tels que IKONOS et QUICKBIRD, aux résolutions respectives de 1 et 0,6 m, pourraient être employés dans le cas d’études plus ponctuelles.

La réalisation des cartes vient compléter la liste des recommandations précédentes. En

effet, dans le calcul de la production en crabe sur la zone de Voh, le rapprochement des données surfaciques et de production a permis de calculer un indice à la base de l’élaboration d’une carte. Ce couplage entre les deux techniques souligne l’importance de l’analyse spatiale et l’utilité du recours au Système d’Information Géographique. L’outil a constitué un élément essentiel dans cette étude, puisqu’il a contribué à la mise en valeur des informations et à leur interprétation, notamment pour les calculs de surfaces et l’identification des zones de pêche. Il a facilité l’utilisation des données émanant de disciplines différentes (cartographie, biologie, économie), et enfin a permis la restitution de l’information sous forme de cartes. La restitution s’est d’ailleurs révélée important lors des enquêtes, puisqu’une majorité de personnes a formulé un besoin sur le retour des informations. Des réunions ont donc été organisées courant septembre 2006, pour la restitution des informations émanant des études de ce début d’année. Cette demande traduit également une volonté de participation de la part des populations locales au développement des recherches dans la zone.

Enfin, concernant la mise en forme, les cartes imposent la formulation d’hypothèses et

s’articulent suivant des attributs précis définis par l’opérateur : d’où l’intérêt de connaître la chaîne de réalisation de la carte (données utilisées, traitements et visualisation) (Bord, 1995).

Le traitement réalisé sur la carte de l’indice de production peut être cependant amélioré en affinant la représentation du gradient, par la diminution des surfaces statistiques (diminution de la taille des mailles utilisées) ou l’utilisation des méthodes de krigeage (information par points couplé à une méthode de lissage). Cette remarque fait intervenir une autre notion qui se doit d’être posée lors de l’étape conceptuelle :

Dans quel but la carte est-elle produite ? Qui l’utilisera et quelles en seront les applications ?

Les finalités ne seront pas les mêmes dans ces différents cas et demandent pour chacun une chaîne de réalisation adaptée (utilisation de la symbolique adéquate, précision de l’information, échelle de représentation,…).

38

5.2 Enjeux pour la gestion de la ressource dans le contexte minier

L’implantation d’une usine est un enjeu à part entière, puisqu’elle nécessite de nombreuses études relatives à sa faisabilité, aux impacts d’ordre économique, social et environnemental. Ce dernier point est difficile à appréhender, et nécessite la prise en compte de l’ensemble du système, ou socio-système, afin de définir au mieux les enjeux encourus (Berkes, 2004).

Sur la commune de Voh, l’installation du complexe de traitement de minerai promet de nombreux changements sur les secteurs cités auparavant. Au niveau environnemental, plusieurs perturbations peuvent être définies et transposées au domaine de cette étude. Celles-ci peuvent être la résultante d’effets directs et indirects en relation avec l’exploitation. Mais d’autres perturbations pourront être observées quant à la localisation de l’usine et son rayonnement dans le contexte socioéconomique actuel.

La conciliation des activités de pêche et le développement de cette nouvelle structure en domaine littoral, incitent à s’interroger sur les effets de tels enjeux.

5.2.1 La dynamique sédimentaire

Le complexe minier tel qu’il est défini aujourd’hui aura pour objectif de transformer le nickel extrait du massif en ferronickel. L’apport de matières en suspension par les rivières, suite à l’érosion sur les sites d’extraction et les pistes d’accès, aurait pour conséquence l’augmentation de la turbidité des eaux littorales : ce phénomène a, par ailleurs, déjà été observé aux abords des communes de Ouaco en Province nord, et Canala et Goro en Province sud.

L’acheminement des matériaux s’effectuera depuis le site d’extraction sur le massif vers l’usine de fusion, puis vers les navires. L’ensemble de cette chaîne de traitement aura entre autre conséquence la production de poussières diverses. Ces particules, par différents moyens de transport, se retrouveront dans les eaux et se concentreront dans les différentes échappatoires du milieu. Les cours d’eau, les embouchures et les baies devront supporter ce nouvel apport, qui pourrait atteindre les eaux profondes du lagon.

Le milieu risque donc d’être perturbé par cette nouvelle dynamique sédimentaire, de manière plus moins marquée, et supportera alors des impacts de types directs et indirects. Plusieurs effets sont possibles, bien qu’hypothétiques à ce jour, sur le fonctionnement de la pêche au crabe de palétuvier et les milieux de manière générale.

La présence de sédiments en quantités importantes dans la colonne d’eau peut avoir plusieurs effets écologiques. Le premier est la modification des mangroves par accumulation des sédiments (Thollot, 1992a; Thollot et Wantiez, 1994 ; Victor et al., 2006). Ce phénomène aurait un effet cumulé sur l’accrétion ou l’érosion du cordon littoral, mais également des impacts potentiels sur les organismes : régression de la mangrove par asphyxie des systèmes racinaires, évolution du couvert végétal (modification spécifiques) à long terme, modification des espèces associées à l’environnement des palétuviers… La mangrove compte en effet de nombreuses espèces inféodées à son habitat. Les invertébrés, qui caractérisent le mieux ce système particulier, y disposent de ressources suffisantes en matières organiques. De manière générale, les crabes opportunistes, qui comptent parmi eux le crabe de palétuvier, observent un régime alimentaire composé de mollusques bivalves, gastéropodes, de crustacés et de poissons (Delathiere, 1990). L’augmentation de la sédimentation aurait pour effet de modifier la structure de ces peuplements, en fonction des traits de vie des différents organismes participant aux chaînes alimentaires. Dans ce contexte, on peut s’interroger sur le devenir des populations de crabe de palétuvier (La résilience de ses proies sera-t-elle suffisante ? Devront-elles évoluer ? etc.).

Un déplacement des milieux favorables aux populations de crabes entraînerait une variation de la productivité des zones de pêche actuelles. L’action de pêche elle-même, qui dépend parfois de la visibilité dans l’eau (pêche aux crabes « baladeurs » par exemple), pourrait en être affectée. Les méthodes de captures dans les milieux les plus exploités (plateaux et bordures de mangroves), et qui nécessitent un contact visuel avec les proies, seraient probablement moins employées au profit de techniques moins sélectives et impliquant des investissements supplémentaires, comme les nasses.

39

Le second paramètre de modification, lié à l’apport de sédiments, est l’accumulation dans l’eau et le substrat de métaux lourds, ayant pour conséquence des effets écotoxicologiques sur les mangroves (Harbison, 1986; Marchand et al., 2006) et les consommateurs.

5.2.2 Les enjeux sociaux Une seconde partie soulève les enjeux du projet dans le système social actuel.

L’accroissement de la population attendu d’ici 2015 est défini sur une base de 10 000 habitants, répartis sur trois commune : Voh, Koné et Pouembout (Falconbridge et S.M.S.P, 2001). Cette augmentation aura pour corollaire une diversification des activités et l’élaboration d’une économie nouvelle dans le secteur.

Dans le domaine des pêches, une augmentation significative aurait pour conséquence l’intensification des marchés actuels en lien avec les différentes filières observées sur la zone. On peut donc penser que la pêcherie du crabe de palétuvier ne sera pas épargnée par ces changements. La demande en produits de la mer pourrait être comblée par une augmentation de l’offre, qui se traduirait par une hausse de la pression de pêche : augmentation du nombre de pêcheurs et/ou intensification des techniques employées.

Par ailleurs, de profonds changements écologiques dans la zone auraient immanquablement des conséquences sur l’activité de pêche en elle-même et sa gestion. Ce type de bouleversements inciterait certains pêcheurs à exploiter des zones moins impactées, mais probablement déjà exploitées (sur la commune de Voh, seulement 4 % de la mangrove n’est pas exploitée), déplaçant ainsi la pression de pêche sur les autres milieux. Les pêcheurs auraient alors deux possibilités :

o opérer ces déplacements, potentiellement jusqu’en dehors de la

commune : ce qui semble délicat compte tenu des enjeux territoriaux sur le littoral, dans le contexte social actuel.

o se tourner vers l’exploitation d’une autre ressource : ce qui semble difficile

pour une majeure partie des pêcheurs enquêtés, pour qui le crabe de palétuvier représente la seule ressource commerciale.

Pour les populations locales, cette évolution des pratiques aurait pour conséquence de

favoriser la modification des usages sociaux et les activités qui s’instaurent au travers des échanges commerciaux. Or, les territoires (et leurs ressources en crabes notamment), répartis sur l’intégralité de la zone, représentent un capital naturel, sans présumer d’autres dimensions d’ordre socioculturel. La prise de conscience de ces enjeux par une partie de la population mélanésienne de Voh a par exemple incité la création en 2006 d’une association spécifique, revendiquée par ses fondateurs comme la structure interlocutrice pour toute opération portant sur la pêche (Herrenschmidt et Léopold, 2006). L’association, du nom de « Fédération coutumière Djelawe » (‘bord de l’eau’ en langue Haveke), est constituée par huit clans dits « de bord de mer » répartis dans plusieurs tribus (Oundjo, Gatope, Tiéta, Témala, et Boyen).

Notons enfin que les tribus de Voh ne sont pas les seules à accéder à la ressource. Les

villages de Témala et de Voh sont concernés, ainsi que l’ensembles des usagers du lagon. Les conséquences de projets de cette envergure ont donc une tout autre échelle. D’une manière générale, ce sont peut-être les processus de gestion participative des ressources locales qui demandent à être ciblés.

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6 Perspectives

L’utilisation de supports cartographiques disponibles sur la zone a permis la mise en place de méthodologies adaptées à la problématique. Il serait cependant utile de se tourner vers l’utilisation des nouvelles données disponibles, afin d’affiner les résultats et de limiter les biais de précision relevés dans les procédés utilisés.

Les informations collectées lors de ce travail pourront par ailleurs être intégrées à un

SIG opérationnel pour des applications pluridisciplinaires, recouvrant des données sur l’environnement, les ressources vivantes, ainsi que les données géographiques et images disponibles sur le lagon. Un outil de ce type, renforcé par le partage en réseau de la base de données, est déjà mis en œuvre pour certaines activités, notamment en milieu terrestre (géologie, réseau hydrographique, etc.).

Enfin, dans un contexte plus large de gestion de la zone côtière, ce travail pourrait être élargi sur des contextes similaires. L’accent serait porté sur la structuration des conflits d’usages par la proposition de zonages de l’espace, intégrant milieux et cultures, et mettant par exemple en jeu les zones de pêche et les principes de régulations des accès à la ressource comme la délimitation d’aires marines protégées.

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7 Conclusion

La réalisation de ce travail, basée sur le recueil d’informations spatialisées de la pêche du crabe de palétuvier, avait pour objectif de mettre en évidence, par l’utilisation d’un Système d’Information Géographique, les caractéristiques descriptives de la pêcherie dans la zone de Voh en Province nord. Dans cette optique, une enquête spécifique à ce domaine d’étude a été menée conjointement à un second travail centré sur les aspects halieutiques et écologiques.

Six tribus mélanésiennes et deux villages de la commune ont été démarchés. L’enquête,

basée sur un échantillonnage quasi-exhaustif des ménages de pêcheurs de crabes de palétuvier, a permis de décrire leurs zones d’exploitation et d’intégrer ces informations dans une base de données géographiques. En complément, l’acquisition de données issues de diverses institutions territoriales, a rendu possible l’élaboration de cartes par couplage avec les données collectées. Des cartes de représentation d’un indice de production du milieu, de la production détaillée sur la zone et des zones de pêche individuelles ont été éditées et préfigurent l’élaboration d’un document de travail destiné aux scientifiques et gestionnaires.

L’utilisation de la plateforme de travail d’ESRI (ArcGIS™) a rendu possible plusieurs

applications d’identifications des milieux et la caractérisation des mangroves associées. En particulier, la baie de Vavuto, située au centre de la zone d’étude et à proximité des futures installations d’un projet de complexe minier, jouerait un rôle important dans la pêcherie du crabe de palétuvier

Enfin, ce travail, destiné à une amélioration des connaissances sur les usages des

milieux lagonaires, a soulevé les nombreux enjeux qui émanent de l’ouverture à l’industrialisation côtière, et plus généralement sur le développement attendu dans le contexte social étudié. La gestion de la zone côtière semble imposer une prise en compte de l’organisation locale en mutation dans ce nouveau climat socioéconomique. Cependant, ces enjeux sont encore difficiles à définir et demandent de nouvelles investigations, dans l’objectif de mettre en place des plans de gestion adaptés à la situation.

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Annexes Annexe 1 : Questionnaire de spatialisation de la pêcherie du crabe de palétuvier – Commune de

Voh Annexe 2 : Tableaux complémentaires aux résultats p 25 à 27 Annexe 3 : Carte de la zone d’impact du projet Koniambo Annexe 4 : Carte de représentation des zones de pêche par tribu Annexe 5 : Exemple des supports photographiques utilisés lors des enquêtes Annexe 6 : Mosaïque de vecteurs d’occupation des sols de la Nouvelle-Calédonie

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Questionnaire Spatialisation de la pêcherie du Crabe de Palétuvier - Commune de Voh

Observateur : Nom /Prénom de la personne enquêtée : Date : Nº

1. Nom de la Tribu : ............................................... 2. Où pêchez-vous ? 3. Pouvez vous délimiter votre zone de pêche (+ Tec hniques de pêche) ? 4. Pouvez-vous pêcher partout ?

Oui / Non 5. Pourquoi ? ......................................................................................................................................................................... 6. 6. Y’a-t-il des réserves coutumières dans la mangro ve (+ localisation) ? .................................................................... 7. 8. Pour quelles occasions les réserves coutumières sont-elles utilisées ?

% Cérémonies coutumières % Kermesses ou fêtes sportives % Fêtes religieuses % Autres Fêtes

8. Y’a-t-il des noms pour certaines zones de la man grove ? Quels sont-ils ? ..............................................................

............................................................................................................................................................................................ 9. En quelle langue sont-elles décrites ? ...........................................................................................................................

10. 11. Quelle est leur signification ? ......................................................................................................................................... 12. 13. Y a-t-il des zones « tabou » dans la mangrove ? Quelles en sont les règles ? ........................................................

14. Comment est la marée au moment de la pêche ? Haute/ Basse / Marée montante / marée descendante 13. Dans quels milieux pêchez-vous les crabes ?

% En bordure de mangrove % Dans la rivière % Marais % A l’intérieur de la mangrove % Sur les plateaux % Platiers

14. Vous pêchez les crabes : % En dessous des palétuviers % Dans les zones dégagées

15. Quelle technique utilisez-vous dans ces zones ? Pêche à pied / Nasse / A la ligne / Autre : 16. 16. A quelle profondeur installez-vous les nasses e t à quelle distance des palétuviers ? ......................................... 17. 18. Sont-elles toujours installées à la même place ?

Oui / Non 18. Changez-vous de zone de pêche en fonction des p ériodes de l’année ?

Oui / Non 19. Changez-vous de zone de pêche pendant la semain e de pêche ?

Oui / Non 20. Pourquoi ? ......................................................................................................................................................................... 21. Où pêche-t-on le plus de petits crabes (<14 cm) ? ....................................................................................................... 22. A l’inverse, où pêche-t-on les gros crabes ? ................................................................................................................. 23. Est-ce que des tribus viennent pêcher sur vos z ones de pêches ?

Oui / Non 24. Est-ce que ces tribus vous demandent parfois un droit de pêcher ?

Oui / Non 25. Est-ce que vous acceptez toujours, ou accepteri ez, que les gens d’autres tribus viennent pêcher su r vos

zones de pêche ? Oui / Non

26. Pourquoi ? :

Annexe 1.

46

Annexe 2. Tableaux complémentaires aux résultats p. 25 à 27

Tableau 1. Effectifs de ménages et pourcentage de réponses concernant les possibilités de pêcher dans l’ensemble de la zone.

LOCALITE Oui Non Ne savent pas total

Boyen 2 7 1 10

% 20 70 10

Gatope 2 5 7

% 29 71

Ouélisse 4 4

% 100

Oundjo 10 13 23

% 43 56

Témala 3 4 3 10

% 30 40 30

Tiéta 1 2 3

% 33 67

Témala village 2 2 4

% 50 50

Voh village 3 3 6

% 50 50

Total 23 40 4 67

% 34 60 6 100

Tableau 2. Effectifs de ménages concernant la présence d’autres tribus sur les zones de pêche.

LOCALITE OUI NON

Boyen 5 5

Gatope 7

Ouélisse 4

Oundjo 10 13

Témala 10

Tiéta 3

Témala village 1 3

Voh village 6

Total 46 21

Tableau 3. Effectifs de ménages concernant l’existence de demandes de pêche de la part de personnes d’autres tribus.

LOCALITE OUI NON

Boyen 1 9

Gatope 1 6

Ouélisse 4

Oundjo 5 18

Témala 10

Tiéta 1 2

Témala village 4

Voh village 6

Total 8 59

Tableau 4. Effectifs de ménages acceptant (ou non) que des personnes d’autres tribus pêchent dans « leurs » zones de pêche.

LOCALITE OUI NON Ne sait pas

Boyen 2 8

Gatope 3 3 1

Ouélisse 2 2

Oundjo 7 11 5

Témala 7 3

Tiéta 1 2

Témala village 2 2

Voh village 5 1

Total 27 30 10

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Annexe 3. Carte de la Zone d’impact du projet Koniambo Falconbridge and S.M.S.P 2001

48

Annexe 4.

49

Annexe 5. Exemple des supports photographiques utilisés pour les enquêtes

(Taille réelle : format A0)

50

Annexe 6.

RESUME Dans les milieux insulaires du Pacifique, la gestion des ressources côtières est

devenue un enjeu de développement et de conservation. Lieu de concentration des intérêts, les zones littorales et les récifs coralliens doivent faire face aux nombreux forçages physiques et anthropiques. La commune de Voh en Nouvelle-Calédonie est le lieu d’activités de pêche récréative, vivrière et commerciale pour les populations côtières, mais aussi le site retenu pour un projet industriel d’envergure. Le crabe de palétuvier, inféodé aux mangroves, constitue une des principales ressources halieutiques de la zone. La présente étude consiste à cartographier la pêcherie du crabe de palétuvier de la zone de Voh dans une perspective de gestion spatialisée, grâce à l’utilisation d’un Système d’Information Géographique. L’étude consiste, dans un premier temps, à recueillir les informations nécessaires sur la pêche du crabe par des enquêtes auprès des pêcheurs. Des cartes représentatives de l’activité sont réalisées dans le but d’accompagner la communication des informations et la gestion de la ressource. Elles montrent notamment que la pression de pêche s’exerce de manière hétérogène dans la zone étudiée, et permettent d’aborder la question des territoires de pêche.

SUMMARY In the insular environment of the Pacific, the coastal fisheries management has raised

develoment and conservation issues. The coastal zone and coral reefs have to face many physical and anthropic impacts. The village of Voh in New-Caledonia is the place of fishing activities and of a minig project. The mud crab constitutes one the main food resource of the zone. This study consisted in spatially describing the mud crab fishery through Geographical Information System analysis. The study consists initially in collecting information with fishermen surveys. They led to a better knowledge of fishing practices. Representative maps of the activity are realized for information purposes and planning management of the fishery. For example, they showed that fishing pressure is heterogeneously distributed and questioned the demarcation of fishing territories.