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LeMonde Job: WDE4497--0001-0 WAS MDE4497-1 Op.: XX Rev.: 25-10-97 T.: 16:16 S.: 111,06-Cmp.:27,07, Base : LMQPAG 26Fap:99 N o :0016 Lcp:196 CMYK MARDI 28 OCTOBRE 1997 0 23 ECONOMIE 1 ENJEUX ET STRATÉGIES CONJONCTURE Aux Etats-Unis comme en Allemagne, la lutte contre l’inflation semble prématurée page IV ENJEUX L’euro, une chance pour la France, une chance pour l’Europe page V ENQUÊTE La partition de Chypre est-elle soluble dans l’Europe ? page VI ANNONCES IMMOBILIÈRES pages VII et VIII Un patronat en quête de sens D O S S I E R H Il n’y a pas que le CNPF qui soit en crise. Ailleurs en Europe, les organisations patronales doivent redéfinir leur rôle dans un environnement économique profondément modifié b Entretien avec Danielle Kaisergruber (Bernard Brunhes Consultants) p. II b Le CBI britannique peu soucieux de partenariat p. III b L’exception française p. III b Questions-réponses p. III R évélée par la démission de Jean Gandois, au lendemain de la confé- rence nationale sur l’emploi du 10 octobre, la crise du CNPF n’a vraiment surpris que les béotiens. En revanche, l’éclat du geste et sa soudaineté au- ront pris tout le monde de vitesse, y compris ceux qui, au sein du patro- nat, souhaitaient secrètement une telle issue. En claquant la porte et, surtout, en proclamant qu’il n’avait pas le profil requis de « tueur », le président sortant n’a fait que dra- matiser une situation déjà passa- blement tendue à l’intérieur. D’au- tant qu’il est le premier, depuis la naissance du CNPF en 1946, à pré- cipiter ainsi son départ. Mais il y a la forme et le fond, qui ferait presque passer l’affaire des 35 heures pour un prétexte. Car, comme souvent en pareil cas, une crise peut en cacher d’autres, à la manière des poupées russes. Der- rière le motif avancé pour la démis- sion, en effet, on peut voir de mul- tiples raisons, tout aussi justifiées et sûrement plus profondes. Le ré- sultat d’épuisantes escarmouches entre factions opposées qui ont parfois tourné à la fronde, au pre- mier rang. Le désespoir de réussir enfin à moderniser un CNPF en- goncé par ses pesanteurs, ensuite. L’étalage de désaccords sur les fonctions futures de l’organisation patronale, enfin. Avec, en toile de fond et pour couronner le tout, deux paramètres essentiels : la crise de la représentativité qui affecte autant le CNPF que les syndicats, sinon plus, et, d’autre part, l’impé- rieuse nécessité de prendre en compte les conditions créées par une économie mondialisée. Une exigence qui ne s’impose d’ailleurs pas qu’au seul patronat français et qui produit une onde de choc équi- valente dans nombre de pays in- dustrialisés, à commencer par l’Al- lemagne, confrontée à la même problématique. Elu en 1994, Jean Gandois a très peu profité d’un état de grâce. Grand patron à la fibre sociale, an- cien PDG du groupe Pechiney et ci- devant PDG du sidérurgiste belge Cockerill-Sambre – une excep- tion –, ses méthodes ont d’abord troublé l’establishement. On le dé- couvrait autoritaire et peu rompu aux arcanes d’un appareil où il faut ménager les barons puis composer avec les fédérations dont les plus puissantes détiennent le vrai pou- voir. Faut-il rappeler, à ce sujet, que les adhésions directes au CNPF ne sont pas autorisées pour les entre- prises ? A l’origine, le nouveau président était venu avec un projet. Très atta- ché à la notion d’entreprise ci- toyenne, il voulait réconcilier la performance économique et le so- cial avec l’intention de construire les fondations d’une politique contractuelle rénovée. Ce n’est pas un hasard si la poursuite de cet ob- jectif a coïncidé avec un renverse- ment d’alliance, la CFDT supplan- tant Force ouvrière dans le rôle d’interlocuteur-pivot. Ses amis, dont Francis Mer, PDG d’Usinor- Sacilor, qu’il appellera ensuite à ses côtés, ne faisaient pas mystère de leurs intentions. Il s’agissait de la tentative de la dernière chance pour réformer le CNPF de l’inté- rieur, avant que d’en faire son deuil. Il est peu de dire que, à l’image de tout corps social, le CNPF résis- ta à la cure. Progressivement, d’ac- crochages feutrés en batailles à peine publiques, Jean Gandois se retrouva entravé dans ses mouve- ments. Alain Lebaube Lire suite page II INTERNATIONAL UNIVERSITY OF AMERICA Membre et/ou accréditée de ACBSP – ECBE – WAUC a Programme intensif de 12 mois. a Pour diplômés de l’enseignement supérieur, avec expérience professionnelle ou stages validés. Master of Business Administration in International Management IUA, School of Management 148, rue de Grenelle 75007 Paris Tél. : 01-45-51-09-09 – Fax : 01-45-51-09-08 International School of Management USA E-Mail : [email protected] FLORIDE - MASSACHUSETTS - NEW YORK ieMBA International Executive Master of Business Administration a Compatible avec vos activités professionnelles a 520 heures de formation intensive : b 10 séminaires mensuels à PARIS b Juillet et août aux USA MBA H CHRONIQUE p a r S o p h i e Gherardi Tours de verre et bols de riz L oin, très loin des rizières où triment des dizaines de millions de paysans, toujours menacés par la malnutrition, les golden boys d’Asie du Sud-Est passent les plus mauvais moments de leur vie. Dans les tours flam- bant neuves, devant les ordinateurs dernier cri, l’oreille rivée au portable, ils voient avec angoisse chuter les indices boursiers, les prix immobiliers, les taux de change. Depuis dix ans, ils n’avaient connu que la hausse, avec un petit coup de grain fin 1994, au moment de l’af- faire mexicaine. Et voilà que tout ce qui montait baisse ! Leurs collègues améri- cains plus expérimentés devraient leur dire de ne pas trop s’affoler. Tout ce qui baisse remontera. Lors du krach de Wall Street d’octobre 1987, dont on fête ces jours-ci les dix ans, de robustes fortunes ont été constituées par ceux qui avaient racheté les ac- tions au plus bas. Car, dans un marché, s’il y a un prix, c’est qu’il y a un acheteur. Depuis que la spécula- tion existe – et ce n’est pas d’hier, comme le ra- conte drôlement John Kenneth Galbraith dans sa Brève Histoire de l’euphorie financière (Seuil, 1992) les fortunes faites trop vite s’effondrent de même. La question importante est de savoir qui va vrai- ment souffrir de la crise asiatique. Pour l’instant, les milliards envolés n’ont pas enlevé un grain de riz du bol des pauvres. Quant à l’impact de la baisse des cours de Bourse sur l’épargne des parti- culiers, il est probablement très limité. Même dans un pays aussi développé que le Japon, les titres boursiers ne représentent que 10 % de l’épargne des ménages, et c’est sans doute infiniment plus qu’en Malaisie ou en Thaïlande, et a fortiori qu’aux Philippines. Taïwan, la seule Bourse de la région qui soit vraiment un marché de particuliers, n’a pas beaucoup bougé. Les effets de richesse, c’est-à- dire les répercussions psychologiques d’une baisse des encaisses, ne frapperont directement qu’un pe- tit nombre de personnes. Ce qui ne permet pas d’inférer que la crise sera sans grandes consé- quences. Plusieurs scénarios sont possibles – et rien ne prouve qu’ils ne vont pas se réaliser manifester dif- féremment selon les pays. Le plus sombre est celui d’une grave récession, induite par l’affaiblissement des banques, le freinage de la construction et la perte de confiance généralisée. Il a plus de chances de se réaliser en Thaïlande, où 45 % de la capitali- sation boursière étaient concentrés sur les banques et l’immobilier, qu’en Malaisie, où ce taux n’atteint que 23 %. Mais il y a un autre scénario, plus rose, qui verrait l’économie réelle rebondir, après l’écla- tement de la bulle spéculative. C’est déjà arrivé, il n’y a pas si longtemps, aux Etats-Unis et en Eu- rope : dans la foulée du krach de 1987, la croissance était repartie de plus belle. Ce qui a pris fin en Asie orientale, c’est une période d’argent facile et de surfinancement. L’abondance des capitaux ne signifie pas toujours leur bonne répartition : tandis que les tours grimpent jusqu’au ciel, les investissements d’infras- tructure, les dépenses d’éducation et la re- cherche sont à la traîne. Le très fort taux d’épargne qui caractérise ces écono- mies ne va pas disparaître du jour au lendemain : on peut espérer que cet argent sera dorénavant utilisé plus vertueuse- ment, dans des investisse- ments qui préparent l’avenir. En outre, la suréva- luation des monnaies – tirées vers le haut par le dollar, auquel elles se rattachent – a été corrigée (sauf pour Hongkong, mais peut-être est-ce le pays qui peut le plus facilement « tenir » avec une mon- naie forte). Dès lors, la Thaïlande, la Malaisie, l’In- donésie, les Philippines, vont pouvoir regagner de la compétitivité à l’exportation, et réduire leur pro- pension à importer. Cela fera tourner les usines et remplira les bols de riz. Les pays riches souffriront-ils ? La question semble un peu indécente, mais tentons d’y ré- pondre. Le Japon, qui destine 83 % de ses exporta- tions à l’Asie, a le plus de raisons d’être préoccupé. Mais il y a belle lurette que son économie ne dé- pend plus seulement de l’extérieur. Pour les autres zones développées, Etats-Unis et Europe, l’impact sur les exportations est beaucoup plus limité. Déjà, des calculs alarmistes circulent : les Etats-Unis per- draient telle fraction de pourcentage de PIB à cause de la crise asiatique, ce qui se répercuterait sur l’Europe... A vrai dire, c’est à l’envers qu’il faut prendre le problème : ces pays occidentaux représentent une part prépondérante de l’économie mondiale ; ce sont eux, par leur croissance, leurs achats, leurs ca- pitaux plus sagement orientés, qui ont les moyens de tirer de l’ornière les pays d’Asie. Pas l’inverse. En pourcentage Source : FMI CORÉE SINGAPOUR TAÏWAN MALAISIE THAÏLANDE INDONÉSIE CHINE 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Part des exportations dans le PIB

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Page 1: ANNONCES Aux Etats-Unis La partition ECONOMIE · 2018. 2. 22. · LeMonde Job: WDE4497--0002-0 WAS MDE4497-2 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 07:24 S.: 111,06-Cmp.:27,07, Base : LMQPAG

LeMonde Job: WDE4497--0001-0 WAS MDE4497-1 Op.: XX Rev.: 25-10-97 T.: 16:16 S.: 111,06-Cmp.:27,07, Base : LMQPAG 26Fap:99 No:0016 Lcp: 196 CMYK

MARDI 28 OCTOBRE 1997

0 23ECONOMIE

1

ENJEUX ET STRATÉGIES

CONJONCTUREAux Etats-Uniscomme en Allemagne,la lutte contrel’inflationsemble prématuréepage IV

ENJEUXL’euro, une chancepour la France,une chancepour l’Europepage V

ENQUÊTELa partitionde Chypreest-elle solubledans l’Europe ?page VI

ANNONCES

IMMOBILIÈRESpages VII et VIII

Un patronaten quêtede sens

D O S S I E R

H Il n’y a pas que leCNPF qui soit en crise.Ailleurs en Europe,les organisationspatronales doiventredéfinir leur rôledans unenvironnementéconomiqueprofondémentmodifié

b Entretien avec Danielle Kaisergruber(Bernard Brunhes Consultants) p. II

b Le CBI britannique peu soucieux de partenariat p. IIIb L’exception française p. IIIb Questions-réponses p. III

Révélée par la démissionde Jean Gandois, aulendemain de la confé-rence nationale surl’emploi du 10 octobre,la crise du CNPF n’avraiment surpris que lesbéotiens. En revanche,

l’éclat du geste et sa soudaineté au-ront pris tout le monde de vitesse, ycompris ceux qui, au sein du patro-nat, souhaitaient secrètement unetelle issue. En claquant la porte et,surtout, en proclamant qu’il n’avaitpas le profil requis de « tueur », leprésident sortant n’a fait que dra-matiser une situation déjà passa-blement tendue à l’intérieur. D’au-tant qu’il est le premier, depuis lanaissance du CNPF en 1946, à pré-cipiter ainsi son départ.

Mais il y a la forme et le fond, quiferait presque passer l’affaire des35 heures pour un prétexte. Car,comme souvent en pareil cas, unecrise peut en cacher d’autres, à lamanière des poupées russes. Der-rière le motif avancé pour la démis-sion, en effet, on peut voir de mul-tiples raisons, tout aussi justifiéeset sûrement plus profondes. Le ré-sultat d’épuisantes escarmouchesentre factions opposées qui ontparfois tourné à la fronde, au pre-mier rang. Le désespoir de réussirenfin à moderniser un CNPF en-goncé par ses pesanteurs, ensuite.L’étalage de désaccords sur lesfonctions futures de l’organisationpatronale, enfin. Avec, en toile defond et pour couronner le tout,deux paramètres essentiels : la crisede la représentativité qui affecteautant le CNPF que les syndicats,sinon plus, et, d’autre part, l’impé-rieuse nécessité de prendre en

compte les conditions créées parune économie mondialisée. Uneexigence qui ne s’impose d’ailleurspas qu’au seul patronat français etqui produit une onde de choc équi-valente dans nombre de pays in-dustrialisés, à commencer par l’Al-lemagne, confrontée à la mêmeproblématique.

Elu en 1994, Jean Gandois a trèspeu profité d’un état de grâce.Grand patron à la fibre sociale, an-cien PDG du groupe Pechiney et ci-devant PDG du sidérurgiste belgeCockerill-Sambre – une excep-tion –, ses méthodes ont d’abord

troublé l’establishement. On le dé-couvrait autoritaire et peu rompuaux arcanes d’un appareil où il fautménager les barons puis composeravec les fédérations dont les pluspuissantes détiennent le vrai pou-voir. Faut-il rappeler, à ce sujet, queles adhésions directes au CNPF nesont pas autorisées pour les entre-prises ?

A l’origine, le nouveau présidentétait venu avec un projet. Très atta-ché à la notion d’entreprise ci-toyenne, il voulait réconcilier laperformance économique et le so-cial avec l’intention de construireles fondations d’une politiquecontractuelle rénovée. Ce n’est pasun hasard si la poursuite de cet ob-jectif a coïncidé avec un renverse-ment d’alliance, la CFDT supplan-tant Force ouvrière dans le rôled’interlocuteur-pivot. Ses amis,dont Francis Mer, PDG d’Usinor-Sacilor, qu’il appellera ensuite à sescôtés, ne faisaient pas mystère deleurs intentions. Il s’agissait de latentative de la dernière chancepour réformer le CNPF de l’inté-rieur, avant que d’en faire sondeuil.

Il est peu de dire que, à l’imagede tout corps social, le CNPF résis-ta à la cure. Progressivement, d’ac-crochages feutrés en batailles àpeine publiques, Jean Gandois seretrouva entravé dans ses mouve-ments.

Alain LebaubeLire suite page II

INTERNATIONAL UNIVERSITY OF AMERICA

Membre et/ou accréditée deACBSP – ECBE – WAUC

a Programme intensif de 12 mois.

a Pour diplômés de l’enseignement supérieur, avec

expérience professionnelle ou stages validés.

Master of Business Administrationin International Management

IUA, School of Management148, rue de Grenelle 75007 ParisTél. : 01-45-51-09-09 – Fax : 01-45-51-09-08

International School of Management USAE-Mail : [email protected]

FLORIDE - MASSACHUSETTS - NEW YORK

ieMBA International Executive Master of Business Administration

a Compatible avec vos activités professionnellesa 520 heures de formation intensive :

b 10 séminaires mensuels à PARIS

b Juillet et août aux USA

MBA

HCHRONIQUE

p a r S o p h i e G h e r a r d i

Tours de verre et bols de rizL oin, très loin des rizières où triment des

dizaines de millions de paysans, toujoursmenacés par la malnutrition, les goldenboys d’Asie du Sud-Est passent les plus

mauvais moments de leur vie. Dans les tours flam-bant neuves, devant les ordinateurs dernier cri,l’oreille rivée au portable, ils voient avec angoissechuter les indices boursiers, les prix immobiliers,les taux de change. Depuis dix ans, ils n’avaientconnu que la hausse, avecun petit coup de grain fin1994, au moment de l’af-faire mexicaine. Et voilàque tout ce qui montaitbaisse !

Leurs collègues améri-cains plus expérimentésdevraient leur dire de nepas trop s’affoler. Tout cequi baisse remontera. Lorsdu krach de Wall Streetd’octobre 1987, dont onfête ces jours-ci les dix ans,de robustes fortunes ontété constituées par ceuxqui avaient racheté les ac-tions au plus bas. Car, dansun marché, s’il y a un prix,c’est qu’il y a un acheteur.

Depuis que la spécula-tion existe – et ce n’est pas d’hier, comme le ra-conte drôlement John Kenneth Galbraith dans saBrève Histoire de l’euphorie financière (Seuil, 1992) –les fortunes faites trop vite s’effondrent de même.La question importante est de savoir qui va vrai-ment souffrir de la crise asiatique. Pour l’instant,les milliards envolés n’ont pas enlevé un grain deriz du bol des pauvres. Quant à l’impact de labaisse des cours de Bourse sur l’épargne des parti-culiers, il est probablement très limité. Même dansun pays aussi développé que le Japon, les titresboursiers ne représentent que 10 % de l’épargnedes ménages, et c’est sans doute infiniment plusqu’en Malaisie ou en Thaïlande, et a fortiori qu’auxPhilippines. Taïwan, la seule Bourse de la régionqui soit vraiment un marché de particuliers, n’a pasbeaucoup bougé. Les effets de richesse, c’est-à-dire les répercussions psychologiques d’une baissedes encaisses, ne frapperont directement qu’un pe-tit nombre de personnes. Ce qui ne permet pasd’inférer que la crise sera sans grandes consé-quences.

Plusieurs scénarios sont possibles – et rien neprouve qu’ils ne vont pas se réaliser manifester dif-féremment selon les pays. Le plus sombre est celuid’une grave récession, induite par l’affaiblissementdes banques, le freinage de la construction et laperte de confiance généralisée. Il a plus de chances

de se réaliser en Thaïlande, où 45 % de la capitali-sation boursière étaient concentrés sur les banqueset l’immobilier, qu’en Malaisie, où ce taux n’atteintque 23 %. Mais il y a un autre scénario, plus rose,qui verrait l’économie réelle rebondir, après l’écla-tement de la bulle spéculative. C’est déjà arrivé, iln’y a pas si longtemps, aux Etats-Unis et en Eu-rope : dans la foulée du krach de 1987, la croissanceétait repartie de plus belle.

Ce qui a pris fin en Asieorientale, c’est unepériode d’argent facile etde surfinancement.L’abondance des capitauxne signifie pas toujoursleur bonne répartition :tandis que les toursgrimpent jusqu’au ciel, lesinvestissements d’infras-tructure, les dépensesd’éducation et la re-cherche sont à la traîne. Letrès fort taux d’épargnequi caractérise ces écono-mies ne va pas disparaîtredu jour au lendemain : onpeut espérer que cetargent sera dorénavantutil isé plus vertueuse-ment, dans des investisse-

ments qui préparent l’avenir. En outre, la suréva-luation des monnaies – tirées vers le haut par ledollar, auquel elles se rattachent – a été corrigée(sauf pour Hongkong, mais peut-être est-ce le paysqui peut le plus facilement « tenir » avec une mon-naie forte). Dès lors, la Thaïlande, la Malaisie, l’In-donésie, les Philippines, vont pouvoir regagner dela compétitivité à l’exportation, et réduire leur pro-pension à importer. Cela fera tourner les usines etremplira les bols de riz.

Les pays riches souffriront-ils ? La questionsemble un peu indécente, mais tentons d’y ré-pondre. Le Japon, qui destine 83 % de ses exporta-tions à l’Asie, a le plus de raisons d’être préoccupé.Mais il y a belle lurette que son économie ne dé-pend plus seulement de l’extérieur. Pour les autreszones développées, Etats-Unis et Europe, l’impactsur les exportations est beaucoup plus limité. Déjà,des calculs alarmistes circulent : les Etats-Unis per-draient telle fraction de pourcentage de PIB àcause de la crise asiatique, ce qui se répercuteraitsur l’Europe...

A vrai dire, c’est à l’envers qu’il faut prendre leproblème : ces pays occidentaux représentent unepart prépondérante de l’économie mondiale ; cesont eux, par leur croissance, leurs achats, leurs ca-pitaux plus sagement orientés, qui ont les moyensde tirer de l’ornière les pays d’Asie. Pas l’inverse.

En pourcentage

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INDONÉSIE

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10

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Part des exportations dans le PIB

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II / LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 D O S S I E R

Un patronat,en quêtede sens

Suite de la page ISoutenu au début par l’UIMM

(Union des industries métallur-giques et minières), la plus fortedes fédérations, il dut subir sondurcissement, alimenté de plu-sieurs divergences de vues. Le di-vorce fut consommé quand, parun amendement, l’UIMM put re-venir sur l’application de la loiquinquennale, telle qu’elle avaitété acceptée par le CNPF, à pro-pos de la collecte des fonds deformation. Mais c’est d’abordavec l’aile libérale que le présidentdu CNPF s’affrontera le plussouvent et, bien que porte-paroleofficiel, qu’il perdra ses marges demanœuvre. Notamment sous lescoups de butoir répétés de DenisKessler, le bouillant président dela commission économique deve-nu depuis le numéro deux du pre-mier assureur mondial, AXA-UAP.

Que, dans ces conditions, l’an-cien patron de Pechiney, âgé desoixante-sept ans, ait saisi l’occa-sion de rompre s’explique aisé-ment. Exaspéré sans doute parplus de deux années de guérilla,affaibli, il abordait fatalement ledossier des 35 heures en positiondélicate. Quoi qu’il fasse, ses op-posants lui auraient de toute ma-nière reproché son manque depugnacité et il a dû savourer savengeance en bousculant le calen-drier. Non seulement il désigneson successeur comme un dur qui

devra mener la guerre pour la-quelle, homme de dialogue, il n’apas de goût, mais il ouvre unecrise aggravée par des difficultésstatutaires. Deux mois s’écoule-ront avant que le comité exécutifpuisse élire un nouveau président,le 16 décembre. Il faudra mêmeaccepter, pour ce faire, une en-torse au règlement, les candida-tures devant être en théorie dépo-sées avant... le 16 octobre. Aupassage, énorme paquebot vé-tuste sans capitaine, il est para-doxal de constater que l’organisa-tion patronale manque à ce pointde réactivité à un moment aussidécisif que la bataille des35 heures.

COMPÉTITION ACHARNÉEEvidemment, les conséquences

dépassent l’aspect anecdotique.Déjà, et pour s’en réjouir, des diri-geants patronaux estiment que leprojet de réforme du CNPF nesurvivra pas au départ de son ins-pirateur. Or celui-ci prévoyait,entre autres bouleversements,que les entreprises pourraientadhérer directement sans passerpar les fédérations. Ce qui per-mettait de renforcer le pouvoircentral et laissait espérer que l’or-ganisation patronale serait àl’avenir moins influencée par sesbastions industriels, un rééquili-brage pouvant s’opérer en faveurdes activités de services ou lesnouvelles technologies, tradition-nellement sous-représentées. Augrand jour, également, vont appa-raître les lignes de clivage qui par-courent le monde des entreprises.Entre ceux qui veulent privilégierle statut de partenaire social du

CNPF, même revu et corrigé, etceux qui veulent implicitements’en débarrasser pour lui préférerune organisation patronale recen-trée sur la tentation du lob-byisme, la compétition risqued’être acharnée.

A supposer que l’on puisseconclure, toutefois. On ne revientpas facilement sur ses engage-ments sociaux quand 35 000 man-dataires patronaux – des no-tables – siègent dans une pléiaded’organismes paritaires. Lesquelspèsent lourd, puisque les milliardsde francs ainsi gérés, directementou indirectement, dépassent envolume le budget de l’Etat. De-puis quelques jours, de façon toutà fait significative, les ténors dupatronat ont d’ailleurs mis unesourdine à leurs déclarations va-t-en-guerre sur ce point, quand ilsmenaçaient en représailles de seretirer. A entendre Arnaud Leen-hardt, président de l’UIMM, etjusqu’à Denis Kessler, il ne seraitmême plus question de porter un« tueur » à la tête du CNPF, maisde choisir un personnage plus rai-sonnable, soucieux de l’équilibre.Ici ou là, on parle de président detransition ou de compromis pourcalmer le jeu.

C’est que, au-delà des35 heures, mais aussi pour deséléments que met en évidence cedossier, la crise survient dans uncontexte de mutation qui sème letrouble et le doute dans les rangspatronaux. Car, là, réside l’essen-tiel. A savoir, comment une orga-nisation qui prend ses sourcesdans le catholicisme du patronatsocial, influencé par Marc San-gnier et le Sillon, voulu pour ces

raisons incontestable au lende-main de la seconde guerre mon-diale et qui a accompagné lacroissance de l’ère industrielle,peut-elle survivre ou s’adapteraux conditions d’aujourd’hui ?Comment, de surcroît, peut-ellepasser d’un modèle de régulationsociale, appuyé sur des négocia-tions interprofessionnelles ou debranches, à un système quiconduit mécaniquement à la dé-centralisation de la négociationou à la recherche d’accords auplus près du terrain ? Non seule-ment elle est en déclin, de moinsen moins représentative, frappéed’obsolescence par les évolutionsen cours, mais elle est menacéedans sa fonction de chef d’or-chestre qui régenterait les rela-tions sociales.

BRÈCHES OUVERTESEn dépit des oukazes prononcés

sous le coup de la colère après le10 octobre, le front du refuscommence à montrer ses brècheset il se confirme ainsi qu’une par-tie est en train de se jouer quiporte atteinte à la raison d’être duCNPF. L’AFB (Association fran-çaise de banque) vient d’annoncersa volonté d’ouvrir des dis-cussions et espère pouvoir réviserla convention collective de 1947.La Capeb (Confédération artisa-nale des professionnels et des en-treprises du bâtiment) a fait sa-voir qu’elle était intéressée. Au vudes aides promises, il y a fort à pa-rier que nombre d’entreprises ac-ceptent de s’engager dans les35 heures, pour peu qu’ellestrouvent des compromis locaux.Par anticipation, la Générale des

eaux, premier employeur privé, asigné une série d’accords de ré-duction du temps de travail qui luipermettent de se placer sur laligne de départ.

EXEMPLE ANGLO-SAXONMais ce mouvement, de délite-

ment patronal ou de recomposi-tion n’est pas particulier à laFrance. Il s’observe aussi dansd’autres pays et se justifie par lesmêmes causes, soulignées par Da-nielle Kaisergruber dans un livrepublié pour le compte de BernardBrunhes Consultants sur les pra-tiques sociales nouvelles en Eu-rope (Négocier la flexibilité, Leséditions d’Organisation, février1997). Partout, en effet, la mon-dialisation de l’économie im-plique des modes d’organisationsouples, suppose des négociationsdécentralisées et conduit à re-chercher des aménagementsadaptés, voire différenciés. Lesconventions collectives globali-santes et uniformes deviennentun frein et, pour reprendre uneexpression fameuse, le modèleanglo-saxon façonne de nouvellesrègles de fonctionnement, au dé-triment du modèle rhénan ou so-cial-démocrate, plus industriel etcentralisateur.

Pour cette raison, le patronatbritannique (CBI) s’est réorientédepuis l’abandon de la politiquecontractuelle au cours des an-nées 80, sous Margaret Thatcher.N’ayant plus de rôle d’impulsionsociale, il fonctionne comme unlobby et produit des analyses quil’ont conduit, par exemple, àprendre position en faveur del’euro mais aussi de Tony Blair.

Confronté aux mêmescontraintes, le patronat allemandconnaît une situation de grippageinquiétant, les politiques tarifairesintangibles et les ingrédients duvieux pacte de paix sociale, négo-ciés avec les syndicats, étant dé-sormais en contradiction avec lecours des choses. De grandsgroupes essaient par la négocia-tion directe, outre-Rhin, de s’ex-traire de ce qu’ils considèrentcomme des carcans. Un courantgrossissant d’entreprises ne s’affi-lie plus au BDI ou le quitte.

MODÈLE SUÉDOISIl n’y a guère que la Suède, à

l’initiative de son patronat, pouravoir réussi la décentralisation dela négociation et avoir introduitde la flexibilité sans pour autantmettre à mal le consensus socialde référence. Ce qui tendrait àprouver que des solutionsexistent qui ne conduisent pasinéluctablement à la crise du pa-tronat, comme en France au-jourd’hui.

Mais encore faudrait-il que lesdirigeants patronaux français nesoient pas frappés de myopie. Ilne semble pourtant pas qu’ilsaient remarqué que, pour allervers les 35 heures, Louis Viannet,secrétaire général de la CGT, ac-cepte enfin la négociation par en-treprise qu’il rejetait jusqu’àprésent. Une vraie révolution quiintervient dans un syndicat ou-vrier, après celle de la CFDT, etqui comblera peut-être Jean Gan-dois, président du CNPF par intérim.

A. Le.

Danielle Kaisergruber, directeur des études chez Bernard Brunhes Consultants

« Ailleurs en Europe, le patronat veut décentraliser les négociations » « Alors que le patronat fran-

çais traverse une crise, son ho-mologue allemand est aussil’objet de contestations. Com-ment expliquer ces tensions ?

– Le système de régulation so-ciale en Allemagne est depuislongtemps très structuré avec desnégociations au niveau desbranches professionnelles et desLänder. Cette organisation conve-nait très bien en période de crois-sance. Mais ce modèle fondé sur lapaix sociale est remis en cause enraison des mutations économiquesmondiales et de l’arrivée des nou-veaux Länder. Les entreprises alle-mandes, comme partout en Eu-rope, sont soumises à uneconcurrence internationale plusforte. L’Allemagne a toujourscherché à se distinguer par desproduits de qualité nécessitantune main-d’œuvre hautementqualifiée. Cela ne suffit plus. Dé-sormais, il faut allier qualité, rapi-dité et prix compétitifs. Les inéga-lités sont plus fortes entre lesentreprises d’un même secteur etcertains patrons n’acceptent plusqu’on décide pour eux au niveaud’une branche professionnelle.

» Ensuite, la nature de ce qui està négocier a changé. Il s’agit au-tant de salaires, de grilles de classi-fication que de compromis subtilsoù l’on échange flexibilité internecontre garantie de l’emploi, voireembauches et réduction du tempsde travail. Ces compromis n’ontplus de sens au niveau d’unebranche, ils ne peuvent se fairequ’au plus près du terrain.

– Déjà des entreprises alle-mandes négocient leur propreaccord sans passer par labranche professionnelle. Cetteremise en cause du systèmepourrait-elle avoir des réper-cussions sur le pacte de paixsociale ?

– Des sociétés comme Mercedesou le groupe chimique Hoechstont négocié leur propre compro-mis social prévoyant un paiementmoins important des heures sup-plémentaires et la banalisation dutravail le samedi contre des garan-ties d’emploi. Dans le cas de Mer-cedes, l’accord a été signé par lesyndicat IG Metall et le Betriebsrat– conseil d’entreprise composé desreprésentants élus des salariés ;pareil chez Hoechst. De leur côté,des petites entreprises qui neveulent pas appliquer les clausesdes conventions collectives qui lesconcernent n’hésitent pas à quitterles organisations patronales ouévitent d’y adhérer comme c’est lecas dans les nouveaux Länder.

» Il est vrai que le climat socialest plus tendu aujourd’hui. Desrestructurations accompagnéesd’un plan social qui étaient classi-quement négociées longtemps àl’avance et se passaient bien sus-citent aujourd’hui des remous. Je

vois deux raisons à la remise encause de pacte de paix sociale.Premièrement, le système deproduction est en train de chan-ger. Il se caractérisait par la fa-brication dans le pays et l’expor-tation. Si une entreprise veutvendre des postes de télévisionen Chine, elle les fabrique là-basavec un transfert de technologie.C’est un changement très impor-tant pour l’Allemagne dans sonidentité de grande nation indus-trielle. Deuxièmement, l’évolu-tion de la gestion sociale vers unmodèle plus anglo-saxon, fondésur l’individualisation et nonplus sur le collectif. Il y a unefragilisation incontestable dumodèle allemand et les organisa-tions professionnelles doiventredéfinir leur rôle.

– En Suède, les organisationspatronales accompagnent lechangement. A quoi doit-oncette attitude ?

– Une des caractéristiques dela Suède, plus généralement despays nordiques, c’est que chacun– salarié, cadre, patron – doitêtre membre d’une organisationqui défend ses intérêts de mêmeque chaque citoyen appartient àune ou plusieurs associations lo-cales. C’est tellement vrai quel’on paie, en même temps queses cotisations aux syndicats,son assurance-chômage. Il a fal-lu attendre 1982 pour que le gou-vernement crée une caisse de co-tisation chômage indépendante.

» Néanmoins on observe quel ’égal i tar isme est battu enbrèche par la montée d’une ges-tion plus individualiste. Seule-ment, à la différence de l’Alle-magne, cette évolution desmodes de gestion s’est passéesans crise puisque c’est la confé-dération patronale qui l’a amor-cée. Auparavant, en Suède, la ré-gulation sociale était elle aussitrès centralisée, les négociationsétaient conduites par la confédé-rat ion patronale SAF et lesgrandes confédérations syndi-cales, LO représentant les « colsbleus » et TCO les « colsblancs ». C’est la SAF qui, dansles années 80, s’est battue pourobtenir une négociation décen-tralisée au niveau des branchespuis des entreprises.

– Quel est désormais le rôlede la confédération patronalesuédoise ?

– Elle a rédéfini son proprerôle. La SAF contribue désor-mais au débat d’idées et abordeavec le gouvernement lesgrandes questions que sont lerôle de l’Etat-providence ou en-core le système des retraites. De-puis une bonne dizaine d’an-nées, la SAF n’a plus aucun rôlede négociations interprofession-nel les , comme d’ai l leurs enGrande-Bretagne. Mais, à la dif-

férence de ce pays, les syndicatssont puissants au sein des entre-prises. Actuellement se déve-loppent, en Suède, des négocia-tions sur le temps de travail. Unaccord tout à fait original vientd’être signé chez ABB sur l’orga-nisation du travail et les modesde rémunération qui, pour lapremière fois, concerne à la foisles cols blancs et les cols bleus.Ce texte commun aux deux syn-dicats reflète de nouveauxmodes de gestion des person-nels. Ces négociations très dé-centralisées peuvent conduire àdes accords différents au seind’un même groupe comme ce futle cas avec Electrolux. Ainsi en

Suède, chaque établissement dugroupe spécialiste dans l’électro-ménager a-t- i l négocié sonpropre accord.

– Le patronat français peut-ils’inspirer du modèle suédois ?

– Une chose m’étonne en cequi concerne la France. Dans lesautres pays européens, le patro-nat se bat pour obtenir la décen-tralisation de la négociationmême si cela l’oblige à redéfinirson propre rôle car les entre-prises gagnent à cette dérégula-tion collective. Elles gagnent enflexibilité ce qui paraît logique.En France, le gouvernement so-cialiste offre sur un plateau lapossibilité de négocier des amé-

nagements et la réduction dutemps de travail au niveau del’entreprise au cas par cas – etnon pas de la branche – et le pa-tronat n’en veut pas. Je necomprends pas que le CNPF nesoit pas suffisamment pragma-tique pour se dire: profitons del’aubaine !

– Quelle serait l’architectured’une négociation décentrali-sée ?

– La clé, c’est d’essayer detrouver une articulation cohé-rente des niveaux de négocia-tion. On peut imaginer que lesconfédérations nationalesdonnent, comme en Suède, l’im-pulsion interprofessionnelle sur

de grandes quest ions quitouchent aux systèmes de régu-lation sociaux, comme l’assu-rance-chômage; au niveau de labranche seraient traitées lesquestions de classification et deformation; enfin, dans l’entre-prise, on négocierait l’organisa-tion du travail, ou encore de lapolycompétence. Mais il fautveiller à ce que les conditions detravail dans des entreprises dif-férentes d’une même branche nesoient pas trop disparates, ce quiconstituerait un obstacle à lamobilité. »

Propos recueillis parMartine Laronche

626

626

395

163

341

199

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396

15

81

Un maillage entrepreneurial serré en Europe du Sud

Source : Eurostat 1996

GRANDE-BRETAGNE

SUÈDE

FINLANDE

PORTUGAL

AUTRICHE

PAYS-BAS

LUXEMBOURG

ITALIE

IRLANDE

FRANCE

ESPAGNE

GRÈCE

ALLEMAGNE

DANEMARK

BELGIQUE

DENSITÉ D'ENTREPRISES POUR 1 000 HABITANTS

NOMBRE D'ENTREPRISES PAR PAYS EN MILLIERS

MOINS DE 30

DE 30 À 49

PLUS DE 50

2 166

1 038

1 956

2 549

2 420

3 243

Cet index est extrait d'une série d'autres indicateurs relatifs à la façon dont est gérée l'entreprise (productivité, coûts sociaux, efficacité du management...). Le World Competitiveness Yearbook 1997 recense 244 indicateurs regroupés sous 8 chapitres différents (dont un sur le mode de gestion de l'entreprise. L'échelle est établie de 1 (relations sociales tendues) à 10 (relations faciles).

Source : Annuaire 1997 de la compétitivité mondiale

Niveau des relations sociales salariés-patronat

NORVÈGE

PORTUGAL

ITALIE

DANEMARK

FINLANDE

SUÈDE

IRLANDE

ROY. UNI

ALLEMAGNE

AUTRICHE

LUXEMBOURG

GRÈCE

BELGIQUE

ESPAGNE

FRANCE

DU PLUS FACILE AU PLUS FRAGILE

8,22

8,10

7,92

7,29

7,26

7,20

7,00

6,84

6,65

5,90

5,79

5,76

5,02

4,90

4,57

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LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 / IIID O S S I E R

HPATRONS

Questions-réponses1 Comment

est représentéle patronat français ?

Les entrepreneurs français sontreprésentés par trois instances.Aucune d’entre elles ne reçoitd’adhésion directe d’entreprises,mais toutes fédèrent des regrou-pements professionnels.

b L’Union professionnelle arti-sanale (UPA) regroupe les confé-dérations du bâtiment (Capeb),de l’alimentation de détail(CGAD) et des services (Cnams)qui défendent les entreprises demoins de dix salariés, soit 830 000entreprises environ. Elle assure lareprésentation des artisans au-près du gouvernement ainsi quela défense de leurs intérêts dansles négociations sociales. Son pré-sident est Daniel Giron, un char-cutier normand.

b La Confédération généraledes petites et moyennes entre-prises (Cgpme) rassemble 400 fé-dérations regroupant plus de3 500 structures professionnellesde PME. Son président est LucienRebuffel, propriétaire de deux su-pérettes parisiennes.

b Le Conseil national du patro-nat français (CNPF) est une asso-ciation loi de 1901 créée le 12 juin1946 et composée de 27 fédéra-tions professionnelles (métallur-gie, textile, services, banque, etc.)regroupant plus de 700 syndicatsprimaires et de 170 unions patro-nales territoriales (sur une baselocale, départementale ou régio-nale). On estime qu’un million etdemi d’entreprises cotisent auxfédérations et aux unions. LeCNPF dispose d’un budget annuelde 120 millions de francs et em-ploie 230 personnes.

La première fonction du CNPFest d’ordre social. Dans le cadrede la politique contractuelle qui aprévalu depuis sa fondation, il acompétence pour négocier etconclure avec les syndicats de sa-lariés des accords nationaux. LeCNPF délègue 35 000 manda-taires patronaux dans les orga-nismes paritaires et notamment4 500 dans les caisses de Sécuritésociale, 4 300 dans la gestion del’assurance-chômage et 3 400dans les organismes de retraitescomplémentaires. Le CNPF as-sure aussi une fonction écono-mique. S’appuyant sur les travauxde l’institut Rexecode, ses repré-sentants s’efforcent de faire valoirles analyses patronales auprès dugouvernement et notamment au-près du ministère de l’économieet des finances, afin que le budgetde l’Etat, la fiscalité et les règlesdu jeu économiques ou juridiquesfavorisent la vie des entreprises.

Les positions du CNPF sontpréparées par ses deux principalescommissions, la commission so-ciale et la commission écono-mique. Depuis 1986, l’organisa-tion patronale s’est dotée d’unestructure, CNPF international,pour faciliter le travail des entre-prises sur la scène mondiale.Celle-ci accueille tous les diri-geants étrangers de passage à Pa-ris et envoie chaque année unetrentaine de missions de chefsd’entreprise dans d’autres pays.

Le président du CNPF est élutous les cinq ans par l’assembléegénérale du CNPF. Jean Gandois,qui a décidé de démissionneravant terme, a succédé en 1994 àFrançois Perigot. Il est assisté d’unconseil exécutif, véritable gouver-nement du CNPF, composé de36 membres (dont le président)désignés par l’assemblée géné-rale. Celle-ci réunit une fois par anses 565 membres pour approuverles grands axes de la politique del’organisation. Chaque mois, uneassemblée permanente réduite de225 membres fait le point.

2 Commentest représentéle patronat européen ?

b Allemagne. Le monde patro-nal allemand a institutionnalisé laséparation entre les domaineséconomiques et sociaux.

Le BDI (Bundesverband derdeutschen Industrie ou Associa-tion de l’industrie allemande) re-groupe 35 fédérations indus-trielles comptant 100 000entreprises de toute taille. Aucuneadhésion directe n’est autorisée. Ildispose d’un budget de 150 mil-lions de francs et de 170 perma-nents pour élaborer la doctrinepatronale, pour défendre les inté-rêts des entreprises face au gou-

vernement et à l’administration etpour épauler le développementinternational des entreprises alle-mandes.

Son président, Hans-Olaf Hen-kel, est élu pour deux ans.

Le BDA (Bundesvereinigungder deutschen Arbeitgeberver-bande ou Union fédérale des as-sociations d’employeurs alle-mands) est, lui aussi, une uniond’unions (63 fédérationsmembres et plus de 1 000 associa-tions d’employeurs) dans tous lessecteurs d’activité et ne comportepas d’adhérents individuels. Il estle porte-parole social des em-ployeurs allemands. Il ne négociepas directement avec les syndi-cats, mais définit la doctrine so-ciale du patronat et en informeses adhérents.

Le BDA est présidé par DieterHundt, élu par l’assemblée géné-rale, qui est assisté par un conseilexécutif et un présidium. Sonbudget annuel s’élève à 80 mil-lions de francs et son personnelpermanent à 160 permanents.

b Grande-Bretagne. La CBI(Confederation of British Indus-try) fédère des associations pro-fessionnnelles représentant250 000 entreprises, mais présentel’originalité d’accepter 2 500adhérents directs. Elle disposed’un budget annuel de 110 mil-lions de francs et emploie 285 col-laborateurs.

Après l’abandon de la politiquecontractuelle dans les années 80,la CBI s’est consacrée à l’analyseet à des prises de position sur lesproblèmes de la vie économique.C’est ainsi qu’elle s’est prononcéesans ambages en faveur de la par-ticipation du Royaume-Uni à l’eu-ro. Ses interventions sociales sontquasiment inexistantes.

Adair Turner, son président, estassisté d’un conseil de400 membres qui se réunit chaquemois. Des comités préparent lesrecommandations politiques quisont étudiées par un comité desprésidents des plus grandes entre-prises avant d’être adoptées parun conseil central.

b Italie. La Confindustria ita-lienne a cessé d’être une courroiede transmission du gouverne-ment et elle agit de plus en plusdans l’intérêt de ses membres quisont 320 organisations profes-sionnelles représentant 107 000entreprises. Elle s’est recentréesur des fonctions d’analyse et delobbying, tout en fixant le cadrede négociations de ses fédérationsavec les syndicats de salariés. Ellecommunique, elle aussi, intensé-ment et possède le premier quoti-dien économique de la Péninsule,Il Sole 24 ore. Son budget annuels’élève à 170 millions de francs etses permanents sont au nombrede 300.

Son président, Giorgio Fossa,anime un comité de présidence etun conseil de direction. La struc-ture comporte encore un comitéexécutif de 157 membres et uneassemblée générale de 1 650 délé-gués.

3 Comment évoluentles structures patronaleseuropéennes ?

b Des forces centrifugess’exercent parmi les PME, quis’estiment mal défendues par desstructures qu’elles disent domi-nées par la grande industrie. C’estle cas en France, en Allemagnecomme au Royaume-Uni. En re-vanche, la Confindustria est re-connue comme représentativedes entreprises de moins de100 salariés (95 % des adhérentsde ses membres).

b Des tendances au regroupe-ment s’exercent aussi. Ainsi, leBDI, le BDA et le DIHT (Congrèsdes chambres de commerce etd’industrie) ont prévu de démé-nager ensemble de Cologne àBerlin et de se regrouper dans lemême immeuble. La Confindus-tria et les chambres de commerceet d’industrie se sont associéespour créer Mondimpresa, desti-née à appuyer le développementdes entreprises italiennes àl’étranger.

b Les missions des organisa-tions patronales évoluent avecl’affaiblissement de l’Etat-provi-dence. Elles se désengagent deleurs fonctions sociales et ren-forcent leurs capacités d’analyseet d’influence ainsi que les ser-vices qu’elles proposent aux en-treprises.

Le CBI britannique, peu soucieux de partenariatHPatronat etpoliticiensdemeurentimperméablesau modèlesocial européen.Le CBI est surtoutun groupe de pressionet un porte-parole

LONDRESde notre correspondant

I l suffit d’aborder la questiondes 35 heures pour qu’appa-raissent les divergences entreles politiques économiques et

sociales britannique et française. Etd’écouter Adair Turner, le directeurde la Confédération des industriesbritanniques (CBI, le CNPF d’outre-Manche), pour que cette différencesoit formulée clairement, sans ap-pel. Ce directeur de McKinsey arri-vé à la tête du CBI à quarante ansest fondamentalement opposé à laréduction autoritaire du temps detravail. Mais surtout la culture denégociation tripartite gouverne-ment-patronat-syndicats, si bienancrée sur le continent, lui paraîttotalement étrangère à la traditionbritannique.

« Les négociations collectives n’ontjamais vraiment marché ici, dit-il.Les relations de travail ne sont pasrégies par la loi et la culture des af-faires n’a jamais accepté que le CBInégocie au nom de ses membres. Lesaccords conclus dans les années 70n’ont jamais tenu et l’approcheconsensuelle ne marche pas ici.Après l’arrivée de Margaret That-cher, nous avons cessé de faire sem-blant et le marché du travail a étédécentralisé. » Très différent duCNPF, le CBI est surtout un groupede pression pour le business, unporte-parole . « Ce qui s’est passérécemment en France avec M. Gan-dois “négociant” serait impossiblechez nous. Nous avons de très bonnesrelations avec les TUC (syndicats)mais nous ne négocions pas en-semble et nous ne sommes pas for-mellement des partenaires sociaux. »D’ailleurs, le gouvernement travail-liste de Tony Blair, convaincu desbienfaits de la flexibilité, ne veutpas recréer les structures tripartitesd’antan.

Le CBI lui en sait gré et M. Turnera assisté au récent congrès du La-bour à Brighton. « Nous avons éta-bli depuis deux ou trois ans de trèsbonnes relations avec le New Labour.Au moment des élections, nous étionspersuadés que, dans un grandnombre de domaines, il y aurait plusde continuité que de changement.

Mais nous avions quelques inquié-tudes, en particulier sur le marché dutravail : qu’allait-il se passer pour lesalaire minimum, la reconnaissancedes sections syndicales d’entrepriseou la Charte sociale ? » La tâche deM. Turner et d’une organisation quireprésente 250 000 entreprises desplus grosses aux PME et fait travail-ler 10 millions de personnes est depromouvoir ses idées et d’œuvrerdans ce sens. Les responsables duCBI discutent avec le gouverne-ment, négocient pied à pied car,comme le disent les Britanniques,« le diable se dissimule dans les dé-tails ».

EUROPÉEN CONVAINCUSupprimé par les conservateurs,

le rétablissement du SMIC est unedes rares promesses sociales de To-ny Blair. « Nous n’en voulions pas dutout avant les élections. Maintenant,nous ne nous battons plus contre leprincipe mais pour qu’il soit mainte-nu à un niveau assez bas et qu’il y aitdes exceptions pour les jeunes demoins de dix-neuf ans et les travail-leurs en formation. Nous ne voulonspas qu’un niveau trop élevé crée denouveaux chômeurs, comme c’est lecas en France. »

Parler Charte sociale revient àparler d’Europe, un sujet chausse-trape en Grande-Bretagne. Et si leCBI est européen convaincu, il alongtemps partagé les objections

des eurosceptiques face à l’inter-vention de Bruxelles dans les rela-tions sociales. Depuis, M. Blair a ra-tifié la Charte, mais Adair Turner« ne pense pas que l’Europe doivejouer un rôle majeur dans la législa-tion du marché du travail car celarisque d’accroître le chômage. Lesproblèmes sont différents de pays àpays, les réformes doivent être effec-tuées au niveau national et le rôle del’UE doit être très limité ». Sur ceplan, « gouvernement et CBI sont surla même longueur d’onde ».

Par contre, les récents cafouil-lages au sein de l’équipe Blair surl’accession du Royaume-Uni à l’eu-ro ont inquiété un patronat qui apris acte du caractère inévitable del’Union économique et monétaire.Dans un monde idéal, expliqueM. Turner, sans doute faudrait-il at-tendre encore un peu, s’assurer queles critères de Maastricht sont stric-tement respectés, « mais le monden’est pas idéal, nous comprenonsqu’il existe un processus politique. Ilfaut donc que le gouvernementprenne sa décision et nous espéronsqu’elle sera positive ». Le CBI a doncécrit à M. Blair et à son chancelierde l’Echiquier, Gordon Brown, pourleur rappeler sa position, que ré-sume ainsi M. Turner : « Il y a desarguments convaincants pour direque nous ne pouvons pas entrer dansl’UEM le 1er janvier 1999, car notrecycle économique est différent de ce-lui du continent : si celui-ci sort de ladépression, nous sommes depuis cinqans sur le chemin de la croissance.Mais nous rappelons au gouverne-ment qu’il ne peut pas exclure la pos-sibilité d’une adhésion à l’euro en2001 ou 2002. »

Ce « oui si, et quand les condi-tions seront favorables » du CBIs’accompagne toujours d’un bémolsocial. Patronat et politiciens bri-tanniques demeurent imper-méables au modèle social euro-péen. Interrogé par exemple sur les35 heures, M. Turner se dit « aba-sourdi par un projet fondé sur desnotions économiques absurdes et surcette dangereuse illusion selon la-quelle il existerait un réservoir d’em-plois limité et qu’il faudrait le ration-ner en réduisant l’horaire

hebdomadaire de travail. Or l’his-toire économique a prouvé l’extraor-dinaire capacité de l’économie demarché de créer de nouvelles activi-tés. De plus, croire que l’on peut ré-duire le temps de travail sans baissede salaire est une grave erreur philo-sophique ».

Il ne faudrait toutefois pas voirseulement dans le CBI le chantre dulibéralisme à tout crin, même si cer-tains de ses membres, influencéspar le thatchérisme ou l’exempleaméricain, en sont partisans.M. Turner est plus mesuré. Abor-dant la question de la flexibilité, ilconsidère que la politique socialede l’UE doit respecter les traditionset les structures de ses membres etne pas essayer d’imposer un mo-dèle unique, « que ce soit le modèleeuropéen en Grande-Bretagne ou lemodèle britannique sur le continent,ça ne peut pas marcher. Mais nousne sommes pas non plus obligés d’ac-cepter le modèle social de laisser-faire intégral de la droite améri-caine.

» Nous ne disons pas aux Françaisou aux Allemands qu’ils doiventabandonner leur système de protec-tion sociale. S’ils sont prêts à payerplus d’impôts pour financer leur sys-tème social, c’est viable dans cer-taines limites. Mais si cela aboutit àrenchérir le coût du travail par l’aug-mentation des charges sociales, onencouragera la substitution du capi-tal au travail et on aboutira à une si-tuation à la française, avec une trèsforte productivité et une hausse duchômage. Mieux vaut donc un SMICbas qui ne soit pas réducteur d’em-plois. Si on veut un modèle social eu-ropéen, cela ne peut se faire qu’à tra-vers un filet de protection sociale etnon par le biais de la réglementationdu marché du travail. » Le modèlebritannique fournit la preuve que lechômage peut baisser. Mais est-onprêt, sur le continent, à en payer leprix social ? Aux yeux des patronsd’outre-Manche opposés à touteréglementation sociale et à l’inter-vention de l’Etat, la situation fran-çaise paraît souvent difficile à dé-chiffrer...

Patrice de Beer

L’exceptionfrançaiseL ’Europe et la mondialisa-

tion de l’économie ont-elles modifié en profon-deur l’organisation du

pouvoir au sein des grandes entre-prises ? Et le mode de recrutementdes dirigeants de ces groupes en a-t-il été modifié ? Cette double ques-tion posée par Michel Bauer et Bé-nédicte Bertin-Mourot, sociologuesau CNRS et auteurs d’une étude in-titulée « Administrateurs et diri-geants du CAC 40 », a suscité des ré-ponses contrastées. Dans le premiercas, la gestion du pouvoir a ététransformée en profondeur par lesdernières évolutions économiques.« L’ouverture des frontières et laconstruction de l’Europe d’une part,les alternances politiques et la réorga-nisation des marchés financiers et lespolitiques de nationalisation puis deprivatisation ont redéfini nombre deparamètres du mode de gouverne-ment de ces très grandes entreprises. »

Quant à savoir si ces évolutionsont affecté la logique sociale de re-crutement des élites, force est deconclure par la négative. Aucontraire, le mode de recrutementdu PDG français se caractérise parune profonde stabilité : les grandscorps de l’Etat et les héritiers pro-priétaires se partagent le gâteau dupouvoir économique au détrimentdes cadres issus du rang ou desfonctionnaires non sortis dans labotte des grandes écoles. Etant don-né qu’il n’y a pas de différence entreles numéros un des grands groupescotés au CAC 40 et les administra-teurs de ces mêmes sociétés, MichelBauer et Bénédicte Bertin-Mouroten concluent que des « logiques so-ciales d’autocontrôle » se sont misesen place. « Quand une population decontrôleurs ressemble considérable-ment à la population qu’elle est char-gée de contrôler et quand ces deuxpopulations ont développé de multi-ples relations d’affinité (...), les condi-tions sont favorables pour que l’activi-té de contrôle ait tendance à resterformelle et que des relations de solida-rité se tissent entre ces deux popula-tions. »

Y. M.

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IV / LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 C O N J O N C T U R E

Aux Etats-Unis comme en Allemagne,la lutte contre l’inflation semble prématurée

H TauxLes décisionsde la Fedet de la Bubasignifient-ellesla fin de la phasede baisses ?

L a Fed a parlé, la Buba aagi... et en quelques jours,le climat financier s’esttrouvé profondément

modifié des deux côtés de l’Atlan-tique. L’intervention du présidentde la Réserve fédérale américaine,Alan Greenspan, au début du mois,devant la Chambre des représen-tants, a surpris. Quelques semainesplus tôt seulement, le président dela Réserve fédérale avait donnél’impression d’être séduit par lesthèses des tenants du « new age ».Ces derniers croient au débutd’une ère nouvelle où les progrèsde l’informatique, la dérégulationet la concurrence internationaleélèvent considérablement le tauxde croissance qu’une économiepeut atteindre sans inflation. Danssa dernière déposition sur les pers-pectives de l’économie américaine,M. Greenspan a pris l’exact contre-pied de cette vision et développéune analyse fondée sur une arith-métique désespérément « rétro ».Avec une population active enhausse de 1 % l’an et des gains an-nuels de productivité à peine supé-rieurs, l’économie américaine nepeut durablement croître à beau-coup plus de 2 %, a-t-il expliqué ensubstance.

Le rythme de croissance actuel-lement observé aux Etats-Unis

– supérieur à 3,5 % – est purementet simplement « insoutenable ».Un ralentissement marqué de lademande est donc indispensable, sil’on ne veut pas voir demain l’infla-tion s’accélérer. Bien sûr, l’évolu-tion des salaires n’a donné jusqu’iciaucun signe inquiétant et l’indicedes prix à la consommation conti-nue de croître à un rythme extrê-mement modéré. Mais ce constatne semble pas donner d’étatsd’âme à M. Greenspan. « La ques-tion n’est pas de savoir si les salairesvont monter, mais seulement quandils vont monter », a-t-il souligné.D’autant que l’évolution jusqu’àprésent favorable des prix luisemble due, pour une bonne part,à des facteurs transitoires, au pre-mier rang desquels figure la hausse

du dollar... Outre-Atlantique,l’heure de la « frappe préventive »semble donc bien avoir à nouveausonné !

La hausse de taux décidée par laBundesbank, deux jours seulementaprès la déclaration du présidentde la Fed, a conduit à se demanders’il n’en va pas désormais de mêmede ce côté-ci de l’Océan. En faisantpasser de 3 % à 3,3 % le taux de sesprises en pension, la banque cen-trale allemande n’a bien sûr pasmodifié significativement le coûtdu crédit outre-Rhin. Mais, venantaprès de longs mois de stabilité, cemouvement ne pouvait que provo-

quer un certain émoi. D’autant queplusieurs banques centrales euro-péennes – dont la nôtre – ont aus-sitôt suivi leur consœur allemande.Ne faut-il pas voir dès lors dans cemouvement concerté le début d’uncycle de hausses qui mènerait enquelques mois les taux des écono-mies du noyau dur vers un niveauproche de la moyenne des tauxcourts en vigueur actuellementdans les pays qui demain vont en-trer dans la monnaie unique ? Avecdes taux espagnols à 5 % et destaux italiens proches encore des7 %, cette perspective impliqueraità l’évidence un substantiel durcis-

sement des politiques françaises etallemandes.

Un tel pessimisme est-il demise ? On peut en douter. Car lahausse de la Buba n’est pas liéed’abord à l’approche de la mon-naie unique. Certes, la conjonctureallemande est loin aujourd’huid’exploser. Mais les réponses auxenquêtes de l’institut de conjonc-ture munichois Ifo montrent unenette reprise de l’activité : initiéepar les exportations, elle s’étendmaintenant à l’investissement desentreprises et devrait l’an prochaingagner enfin la consommation desménages. Dans ces conditions, laBundesbank a voulu signifier clai-rement que la phase de baisse destaux, engagée il y a maintenantcinq ans, est terminée. Elle a ainsiponctué par une décision specta-culaire des déclarations estivalesqui sans cela auraient pu ne passerque pour des gesticulations. Enmême temps, elle a affirmé sa vigi-lance renouvelée à l’égard de toutemenace inflationniste au momentoù les négociations salariales vonts’ouvrir en Allemagne. Dans la me-sure toutefois où les hausses de sa-laires négociées ne seront pas ex-cessives – actuellement les coûtssalariaux unitaires allemandscontinuent de baisser, – on n’a pasde raison d’attendre de fortes

hausses de taux à l’horizon desprochains mois.

Reste toutefois le problème de laconvergence des taux courts euro-péens. Les taux allemands nerisquent-ils pas de monter simple-ment parce que, désormais, la poli-tique monétaire de tous les paysqui vont entrer dans l’euro doitconverger vers un niveau unique ?Or, pour un pays à taux élevécomme l’Italie, la convergence surdes niveaux de taux bas – disonsun peu moins de 4 % – au milieu del’an prochain, impliquerait uneforte stimulation monétaire. Cettestimulation ne ferait toutefois quecompenser à peine le supplémentde restriction budgétaire que l’Ita-lie va devoir mettre en œuvre pourmaintenir son déficit public sousles 3 % en 1998 ! Pour d’autres pays– l’Espagne, le Portugal, ... – dontl’activité demanderait à être quel-que peu freinée, une réévaluationdu change avant l’entrée dans l’eu-ro ne peut être exclue. Penser dèslors que le niveau des taux d’inté-rêt européens devra, l’an prochain,être beaucoup plus élevé que celuiqui prévaut actuellement dans lespays du noyau dur est peut-êtreprématuré.

Anton Brenderéconomiste, CPR

Le sous-continent indien échappe pour l’instantà la crise monétaire

HAsie du SudComment les retardsdes réformeséconomiquespeuvent profiterà l’Indeet moins au Pakistan

R elativement épargnépar la tourmente mo-nétaire qui a touché sesvoisins d’Asie du Sud-

Est, le sous-continent indien se-rait-il plus solide financièrementque les « tigres » aux perfor-mances économiques tant van-tées ? Peut-on envisager qu’il tireparti de leurs déboires ?

Plusieurs éléments permettentd’expliquer que la crise monétairen’ait pas ébranlé l’Asie du Sud. Lefaible degré d’ouverture des pays(exportations plus importations/PIB) a joué le rôle d’un premierrempart à l’égard d’une diffusionde la crise. Ces taux n’atteignentque 27 % en Inde et 32 % au Pakis-tan contre 76 % en Thaïlande,45 % en Indonésie, 175 % en Ma-laisie et 37 % en Chine. Les fac-teurs extérieurs ont donc moinsde prise sur les économies d’Asiedu Sud que sur celles, très extra-verties, de l’Asean.

VERTUS DU PROTECTIONNISMELe protectionnisme des marchés

financiers a constitué le deuxièmerempart. Que ce soit vis-à-vis desinvestissements de portefeuille oudes marchés monétaires, tant lePakistan que l’Inde sont restrictifsà l’égard des opérateurs étrangers,et des spéculateurs en général. Laprivatisation de l’énorme parcd’entités publiques n’est guèreavancée et l’Inde plafonne les pos-sibilités d’endettement en devisesdes entreprises privées à 8,5 mil-liards de roupies (230 millions dedollars). Conséquence directe dece protectionnisme ambiant, en1995 les investissements de porte-feuille ont été de 0,4 milliard dedollars au Pakistan et 1,3 milliarden Inde. La même année ils attei-

gnaient 4,3 milliards en Indonésie,4,08 en Thaïlande, 2,3 en Malaisie,sans compter les flux passant parla place offshore de Labuan.Néanmoins, l’Inde a un peu ou-vert ses marchés financiers. Début1997, les investisseurs institution-nels étrangers ont été autorisés àacheter de la dette indienne mais,s’ils en ont acquis plus de 2 mil-liards de dollars, cela reste minimerapporté à une dette extérieureestimée à 105,2 milliards fin août.

On constate cependant un ac-croissement sensible des flux d’in-vestissements directs (IDE), peuvolatils, en Inde. Les investisse-ments approuvés ont atteint7,45 milliards de dollars de janvierà mai 1997, contre 10,34 sur l’en-semble de l’année 1996. Les inves-tissements réalisés devraient êtrede l’ordre de 4 milliards en 1997.Une évolution favorable saluéepar l’agence de notation Duff andPhelps, qui a accordé la cotationBBB – (investment grade) aux obli-gations d’Etat indiennes émises endevises.

Les déficits extérieurs relative-ment supportables – plus pourl’Inde que pour le Pakistan – ex-pliquent que ces pays soient au-

jourd’hui en marge des turbu-lences monétaires. En 1996-1997,les déficits commerciaux respec-tifs de l’Inde et du Pakistan s’éta-blissaient à 12,4 milliards de dol-lars et 3,37 milliards, soit 3,5 % et5,3 % du PIB contre plus de 8 %pour la Thaïlande (en 1994 leMexique accusait aussi des déficitsextérieurs supérieurs à 8 % duPIB). Quant au déficit des comptescourants, il est encore plus faiblepour l’Inde (moins de 1 %) mais at-teint 7,1 % pour le Pakistan.

Pour autant, l’Asie du Sud n’estpas à l’abri d’une crise monétaire.

AVENIR INSTABLECertes, les banques sont moins

plombées qu’en Asie du Sud-Estpar des créances douteuses, maisl’économie y est aussi plus fragile.Plusieurs éléments résonnentcomme autant de signes annon-ciateurs d’un avenir instable : ladégradation continue descomptes extérieurs, le niveau éle-vé des déficits publics, l’ancragede facto des monnaies au dollaraméricain, la fragilité des gouver-nements en place, enfin, l’insuffi-sance des infrastructures et l’ab-sence de moyens financiersadéquats pour faire face au finan-cement des projets.

L’endettement extérieur du Pa-kistan reste très contraignant. En1997-1998, le service de la dettepublique, intérieure et extérieure,absorbera plus de 40 % des dé-penses du budget ! Un niveau ja-mais atteint, qui intervient à unepériode de sévère ralentissementde l’économie. Le PIB n’a crû quede 3,1 % en 1996-1997 alors que lacroissance démographique est de3 %. Le déficit budgétaire a dépas-sé 6,2 % et la dette extérieure

avoisine 39 milliards, soit près de58 % du PIB. Quant à l’inflation, à11,6 %, elle demeure très élevée.Indéniablement, l’aide du FMI,près de 1,5 milliard attendu surdix-huit mois, est devenue vitale.Pour l’année budgétaire 1997-1998, le gouvernement anticipeune croissance de 6 %, un déficitbudgétaire de 5 %, une inflation à9 % et un déficit commercial ra-mené à 2,4 milliards de dollars.Des prévisions pour le moins opti-mistes. Car, en regard de celles-ci,on trouve un niveau de réservesen devises très faible – 1,5 milliardde dollars soit moins de deux moisd’importations – et un service dela dette extérieure qui va crois-sant. La structure de l’endette-ment est aussi source d’inquié-tude puisque la part de la dette àcourt terme au sein des engage-ments nouveaux est passée de33,7 % en 1993 à 46,6 % en 1997.Enfin, le service de la dette multi-latérale, qui par définition ne peutêtre rééchelonné, ne cesse decroître.

SUBVENTIONS COÛTEUSESL’Inde est mieux lotie, possé-

dant un matelas de réserves en de-vises confortable : près de 27 mil-liards de dollars fin août 1997 soitneuf mois d’importations (trèsloin cependant des 120 milliardsdétenus par la Chine). Un des han-dicaps de ce géant réside dans ladifficulté de maîtriser les déficitspublics. De l’avis du gouverne-ment les subventions non justi-fiées, « économiquement ou socia-lement », se montent à 11 % duPIB. Un niveau à rapprocher dudéficit public global, qui a atteint9,5 % en 1996-1997.

Pour redresser les finances de

l’Etat, le gouvernement a décidéen septembre d’augmenter les ta-rifs des hydrocarbures afin de ré-duire les subventions qui coûtent5 milliards de dollars. En outre, unplan en deux volets a été adopté :une hausse des recettes, quicomprend un accroissement de3 % des droits de douanes, undoublement de la taxe d’aéroportet un élargissement des privatisa-tions ; côté dépenses, l’Etat pré-voit une baisse de 5 %. En consé-quence la croissance économiqueserait plutôt de 5,5 %, selon leCMIE, un institut de rechercheprivé, que de 6,5 % comme le pré-voit le gouvernement.

DÉVALUATION DE LA ROUPIE ?Ce ralentissement anticipé de la

croissance est corroboré par lesrésultats du commerce extérieur.En 1996-1997, les exportationsn’ont crû que de 4 % en dollarscontre 21 % l’année précédente.Plusieurs observateurs estiment

dès lors qu’une dévaluation de laroupie destinée à redynamiser lesexportations, surtout dans uncontexte de forte dévaluation denombreuses monnaies d’Asie duSud-Est, est inévitable. Selon levice-gouverneur de la banquecentrale, Y. V. Reddy, le taux dechange effectif réel de la roupieindienne s’était apprécié de 14 %au cours des huit premiers moisde 1997 par rapport aux princi-pales devises mondiales. À partirdu 22 août, le mouvement s’est in-versé et la roupie a subi une éro-sion. Mais celle-ci s’est interrom-pue à la mi-septembre,contrairement au scénario thaï-landais. D’une certaine façon, lesretards dans l’application des ré-formes économiques en Inde onten l’occurrence été salutaires pourNew Delhi. On ne peut en dire au-tant du Pakistan.

Etienne Picherconsultant

LES INDICATEURS DE L’ÉCONOMIE INTERNATIONALE (données nationales, OCDE, cvs) Etats-Unis Japon Allemagne France Italie Royaume-Uni Canada

Production industrielle (en %) septembre août août août août août juinDernier mois connu + 0,6 – 3 – 2,9 0 – 1,5 – 0,1 + 0,3Sur 12 mois + 5,8 + 3,4 + 5,2 + 4,6 + 2,2 + 1,9 + 5,8

Taux de chômage (en %) septembre août août août juillet septembre septembreDernier mois connu + 4,9 + 3,4 + 11,6 + 12,5 + 11,7 + 5,2 + 9Un an avant + 5,2 + 3,3 + 10,4 + 12,4 + 11,7 + 7,4 + 10

Indice des prix (en %) septembre août septembre septembre septembre septembre septembreDernier mois connu + 0,2 + 0,1 – 0,3 + 0,2 + 0,2 + 0,5 – 0,1Sur 12 mois + 2,2 + 2,1 + 1,9 + 1,3 + 1,4 + 2,7 + 1,6

Solde commercial (en milliards) août septembre juillet juillet juillet juillet aoûtDernier mois connu(monnaies nationales) – 16,1 + 749,5 + 11 + 22,4 + 5 506,8 – 0,5 + 2,2Cumul sur 12 mois(monnaies nationales) – 179 + 8 757,6 + 114,8 + 145,3 + 60 768 – 10 + 29,3Cumul sur 12 mois (en dollars) – 179 + 74,4 + 70,4 + 26,1 + 38 – 16,2 + 21,5

Croissance du PIB (en %) 97.T2 97.T2 97.T2 97.T2 97.T2 97.T2 97.T2Dernier trimestre connu(rythme annuel) + 3,3 – 11,2 + 4,1 + 4 + 6,7 + 4,1 + 4,9Sur 12 mois + 3,4 – 0,3 + 2 + 2,3 + 1,9 + 3,6 + 3,7

Solde des paiements courants (en % du PIB)1997 (estimations OCDE) – 2,3 + 1,9 + 0,1 + 1,7 + 4,3 + 0,2 – 0,2

Déficit public (en % du PIB)1998 (prévisions OCDE) – 1,2 – 2,3 – 2,7 – 3 – 3,8 – 1,8 + 0,51997 (estimations OCDE) – 1,1 – 3,1 – 3,2 – 3,2 – 3,2 – 2,8 – 0,2

Dette publique en % du PIB 63,8 90,8 61,8 57,8 123,3 54,1 97,21997 (estimations OCDE)

LA CONCENTRATION DE LA GRANDE DISTRIBUTION SE POURSUIT EN EUROPE

Les grands distributeurs européens visent tou-jours plus d’économies d’échelle en matière de puis-sance d’achat, de logistique et de communicationd’enseigne. Sachant que les stratégies d’internatio-nalisation ne peuvent être construites que sur desbases nationales fortes. Le processus de concentra-tion est déjà bien engagé en Europe du Nord, à l’ex-ception de l’Allemagne où l’organisation fédérale apermis le maintien de distributeurs régionaux.

Mais la restructuration actuelle devrait y porter le

degré de concentration au niveau de celui duRoyaume-Uni et de la France. En revanche, dans lespays du Sud, la distribution est faiblement concen-trée, en raison de réglementations très protectricesdu commerce traditionnel.

Néanmoins, les distributeurs étrangers pourraientprogressivement fédérer ce secteur, comme en té-moignent les accords récents (Auchan - La Rinas-cente, Promodès - Pao de Açucar, Ahold - Capra-bo...)

Source : Datastream

L'écart des taux courtsen pourcentage

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997

2

4

6

8

10

12

14

16

18

ALLEMAGNE

ITALIE

Source : AFAS, sept. 1997

Un endettement inquiétant du Pakistan

en millions de dollarsen milliards de dollars

19951990

19911992

19931994

19951996

19971998

19992000

20011996

1997

SOLDE COMMERCIAL INDIEN SERVICE DE LA DETTE EXTÉRIEURE PAKISTANAISE

-6

-5

-4

-3

-2

-1

0

-1,46

-5,75

1 92

61

961

2 34

02

853

2 94

4 3 61

2 4 33

04

498

4 77

35

076

5 43

75

548

Source : Estimations Natexis

Par

t d

e m

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en

tag

e

Population en millions d'habitants0 20 40 60 80 100

20

40

60

80

100

Poids des cinq premiers distributeurs par pays

PAYS-BASPAYS-BAS

BELGIQUEBELGIQUE

ESPAGNEESPAGNE

ROYAUME-UNIROYAUME-UNI ALLEMAGNEALLEMAGNE

FRANCEFRANCE

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LeMonde Job: WDE4497--0005-0 WAS MDE4497-5 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 07:24 S.: 111,06-Cmp.:27,07, Base : LMQPAG 26Fap:99 No:0020 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 / VE N J E U X

HLIVRES

Les grandes affaires p a r J e a n - G u s t a v e P a d i o l e a u

BIG BUSINESS,the European Experience in the Twentieth Centuryde Youssef CassisOxford University Press, 1997, 278 p.

Y oussef Cassis, professeur à London School of Economicset à l’université de Grenoble, codirecteur de la FinancialHistory Review, ouvre un champ d’enquête historique, lemonde du Big Business européen. Cette promotion s’im-

pose malgré l’abondance des études d’histoire économique sur leshommes d’affaires et les entreprises ou les nombreux tableaux desmœurs patronaux.

En bon entrepreneur, M. Cassis saisit au vol les insuffisances et lesmanques des historiens de la vie des affaires. Les études s’inté-ressent en premier à l’industrie, elles n’embrassent guère le longterme. Les vraies enquêtes comparatives sont rares. Les sujets sontprudents et circonscrits, comme celui de la carrière des dirigeants.

En contrepoint, Youssef Cassis isole un phénomène global : lemonde des « grandes affaires », construit à partir d’indicateurs detailles et d’activités. Grâce à ce découpage astucieux, l’examen del’industrie est mené de concert avec celui de la banque et des ser-vices (presse, distribution, etc.). De plus, le Big Business évolue de-puis son essor au tournant du siècle, et ses particularités fluctuentselon les pays. Pour répondre à ces nouvelles questions, YoussefCassis observe, de 1900 à 1980, les transformations de 250 firmes etles biographies de 1 000 hommes d’affaires allemands, britanniqueset français.

Ces constats ne lui suffisent pas. Non sans risque, l’auteur exploreles performances du Big Business européen au regard d’indicateursde bénéfices, de rentabilité, de croissance et de survie. En outre, ils’intéresse à des sujets populaires : la richesse, l’ascension socialedu Big Business, son influence politique.

Cette enquête ambitieuse et très factuelle est néanmoins pleinede vie. Youssef Cassis embarque le lecteur dans un jeu de pistescientifique. Ce jeune professeur collectionne les idées reçues, leshypothèses voire les affirmations d’économistes-historiens paten-tés, et particulièrement nord-américains, afin de les soumettre àl’épreuve des faits.

Le lecteur n’est pas déçu. A lire M. Cassis, des manuels scolairesou universitaires nécessitent une bonne dose de révisions. Des pu-blicistes doivent en finir avec l’usage de stéréotypes comme celui dela supériorité du Big Business germanique sur le milieu des affairesbritannique.

Ce dernier a été accusé de beaucoup de maux dont celui du déclindu Royaume-Uni. Selon l’auteur, le Big Business anglais est plutôtexemplaire. Pendant une bonne soixantaine d’années, les grandesaffaires britanniques devancent les concurrents allemands ou fran-çais. Le Big Business du Royaume-Uni sait se diversifier, survivre, etpar-dessus tout, y compris dans les années récentes, il se distinguepar une rentabilité supérieure. Des faillites spectaculaires, commela disparition de l’industrie automobile anglaise, ont masqué lesperformances d’ensemble.

À la suite d’historiens critiques, le professeur de la London Schoolof Economics confirme que le grand capitalisme français naît dansl’entre-deux-guerres et non pas au cours des années 60 selon la vul-gate répandue par des universitaires américains et français. Demême, ces derniers versent dans l’erreur quand ils attribuent le re-tard économique français du XXe siècle au capitalisme familial.

Le modèle allemand est, selon l’auteur, surestimé. Les scores dequelques grands groupes visibles dans l’industrie lourde etchimique masquent les performances globales. Au cours de lapériode considérée, le soutien effectif des banques françaises oubritanniques aux entreprises est proche de celui des institutionsgermaniques.

Plus généralement, cet ouvrage invite à la modestie. M. Cassiscorrige la suffisance idéologique de l’Américain Alfred D. Chandler,auteur de La Main visible des managers (Economica, 1988) et dont lesthèses ont été reçues en France avec empressement. Nombre delieux communs portés sur les capitalismes européens apparaissentdélicats sinon impossibles à vérifier avec rigueur. Ainsi, l’entrée deshommes d’affaires dans la High Society britannique ne semble pasentraîner le déclin de la dynamique entrepreneuriale du Big Busi-ness. Les liens entre les cursus scolaires ou universitaires et les per-formances des firmes sont pour le moins ténus. En revanche, depuisquelques décennies, les spécificités nationales du Big Business s’atté-nuent et une convergence européenne des attitudes et des pra-tiques s’installe.

L’auteur laisse en suspens une question essentielle mais péril-leuse. Les performances du Big Business ne coïncident pas néces-sairement avec la prospérité des nations. L’exemple britanniquecontemporain, cher à l’auteur, en témoigne.

L’euro, une chance pour la France,une chance pour l’Europe L ’avènement prochain de la monnaie eu-

ropéenne nous concerne tous : Françaiset citoyens de l’Union européenne. Etpourtant qu’en savons-nous exacte-

ment ? L’Europe, trop souvent présentéecomme une abstraction et comme une sourcede contraintes, va enfin se concrétiser dansnotre vie de tous les jours d’ici moins de cinqcents jours.

En effet, dès le 4 janvier 1999, les épargnantsse familiariseront avec la monnaie unique : lesobligations, la cotation des actions, la valorisa-tion des sicav et des fonds communs de place-ment, notamment, seront exprimés en euros.Les prix commenceront à être libellés en euros.Les consommateurs, avant même l’introductiondes pièces et des billets (janvier 2002), pourrontrégler leurs achats dans la nouvelle monnaiesous forme de chèques et de paiements parcarte. Les entreprises, en particulier, celles quiont une activité internationale, pourront bas-culer tout ou partie de leurs activités (factura-tion, trésorerie, règlements...) en euros.

L’Union européenne, les Etats membres et denombreuses entreprises ont d’ores et déjà enga-gé les préparatifs pour l’introduction de l’euro.Celle-ci ne constitue pas une fin en soi. Elle ci-mentera le rapprochement des citoyens euro-péens, auxquels elle offrira davantage de bien-être, de cohésion et de capacités d’action.

Sommes-nous pleinement conscients de laportée de cet événement ? Mesurons-nous lesenjeux et les opportunités engendrés par la réa-lisation de l’Union économique et monétaire ?Savons-nous que l’euro apportera :

1. Le complément logique du marché unique.L’Europe a assez souffert des fluctuations dechange depuis vingt-cinq ans pour ne pas cher-cher à fixer irrévocablement les taux de conver-sion des monnaies de ses Etats membres. Nepas le faire, c’est nous condamner à encourir lerisque de crises spéculatives, et à en payer indé-finiment le prix, notamment sous la forme detaux d’intérêt plus élevés.

2. Une référence commune des prix dans lespays appartenant à la zone euro, ce qui déve-loppera la concurrence et stimulera leséchanges. Elle assurera ainsi des prix attractifset effectivement comparables pour les consom-mateurs, dont les choix seront facilités par uneoffre de services d’une qualité croissante.

3. Une gestion saine des finances publiques.Celle-ci est de toute façon indispensable. Maiscoordonnée à l’échelle européenne, elle favori-sera la croissance au sein d’un grand marché

homogène, facilitera la modération des impôtset des taux d’intérêt bas. Elle bénéficiera aux in-vestisseurs, aux consommateurs et aux entre-prises qui pourront ainsi développer la re-cherche, l’activité et l’emploi.

4. L’élargissement des possibilités de finance-ment des entreprises et de placement de notreépargne dans un marché financier européen detaille mondiale.

5. Une source de simplification et d’économiedans les transactions au sein de l’Union (dispa-rition du risque de change, paiements trans-frontaliers moins coûteux...).

6. Une monnaie reconnue qui concurrencerale dollar et le yen. L’euro donnera à l’Europe,première puissance commerciale mondiale,l’expression de sa véritable dimension écono-mique. La Banque centrale européenne assure-ra la stabilité du pouvoir d’achat tant dansnotre vie quotidienne que dans nos déplace-ments à l’étranger. L’euro sera ainsi le symboleconcret de l’identité européenne et assurera àl’Union européenne une position centrale dansle concert international.

7. Dans une Europe unifiée par l’économie etla monnaie, les citoyens et les entreprises, dis-posant désormais d’une totale liberté de mou-vement, pourront tisser des liens approfondis.Des solidarités nouvelles pourront alors naîtredans les domaines sociaux, culturels et poli-tiques. Ainsi se forgera une Europe plus harmo-nieuse et plus démocratique.

Tous ces attraits de l’euro sont encore tropmal connus des populations européennes. Orl’adoption réussie de la nouvelle monnaie exigela confiance de tous, ce qui nécessite l’émer-gence d’un enthousiasme fort, expression d’uneadhésion partagée. Il n’est que temps de susci-ter cette prise de conscience et cette appropria-tion de l’euro à tous les niveaux. La publicationrapide d’un schéma de passage à l’euro pourl’ensemble de la société française constitue, àcet égard, une urgence.

Depuis des siècles, l’Europe a recherché, pardes voies souvent éphémères ou condamnables,une unité durable. Elle n’y est jamais totale-ment parvenue, car les valeurs d’égalité, de li-berté et de fraternité n’ont jamais réussi à s’har-moniser durablement dans un cadre pacifiqueet démocratique.

Aujourd’hui, le traité de l’Union européenne,ratifié par le peuple français en 1992, offre dé-sormais une base solide pour tous les Etatsmembres. A travers l’Union économique et mo-nétaire, c’est la société européenne de demain

que nous bâtissons ensemble pour nous-mêmeset pour nos enfants. Une société fondée sur desvaleurs humanistes et une culture à laquelle ontcontribué tous les peuples de l’Union euro-péenne. Ne laissons pas passer cette chance !

Des voix s’élèvent encore de temps à autrespour inciter au doute et au rejet. Serons-nousprêts à temps ? Une telle union sera-t-elle du-rable ? L’euro n’est-il pas un facteur de chô-mage ? Tous ces efforts ont-ils un sens ?

Ces interrogations sont surtout la manifesta-tion d’un manque de confiance en nous-mêmeset en notre capacité à faire face aux défis dumonde d’aujourd’hui. L’Europe ne retrouvera lavoie de la prospérité et du plein emploi que parla mobilisation des énergies et le respectcommun de règles de bon sens (saine gestionéconomique, maîtrise des budgets...). Les ef-forts consentis hier et aujourd’hui en ce sens fe-ront demain la force de l’Union européenne etassureront durablement notre prospérité ainsique notre rayonnement dans un monde de plusen plus interdépendant.

Au sein de l’Union, les pouvoirs publics fran-çais et allemands notamment déploient une dé-termination continue pour respecter leséchéances de l’Union économique et moné-taire.

Il est grand temps que les acteurs écono-miques et sociaux intensifient leurs travauxd’adaptation pour bénéficier des avantages decette mutation sans précédent. C’est au prixd’un tel engagement que les citoyens, informésde ces enjeux et de ces attraits, participerontalors positivement à l’émergence de la monnaieeuropéenne. L’euro touchera à bien des aspectsde la vie sociale, par exemple le fonctionnementdes entreprises, des associations, des adminis-trations et le quotidien du particulier. Ses bien-faits seront d’autant plus effectifs que les pré-parations techniques auront été engagées etachevées le plus tôt possible. C’est en levant auplus vite les contraintes du basculement quebanques et entreprises pourront saisir les op-portunités de croissance nouvelle ainsi offertes.Il s’agit d’une course contre la montre dont tousles acteurs doivent être pleinement conscients.C’est une chance mais aussi un devoir que de sepréparer au plus vite.

L’euro sera l’un des piliers d’une cohésionnouvelle. C’est un acte de confiance dans l’ave-nir, un facteur d’espérance et d’optimisme, quipermettra à l’Europe de mieux affirmer sa desti-née et d’entrer de plain-pied dans un XXIe sièclefondé sur la paix et la liberté.

PARUTIONSb RÉINVENTER LA CROISSANCE. Les chemins de l’emploi enEurope, de Michel GaspardLa croissance et l’emploi doivent revenir au premier rang des finalitéséconomiques et européennes non seulement dans les discours, maisaussi dans les actes. A un mois du sommet européen sur l’emploi quidoit se tenir en novembre à Luxembourg, le message de Michel Gas-pard, cautionné par l’économiste « volontariste » Jean-Paul Fitoussi,qui préface son ouvrage, mérite d’être entendu. Réfutant la fatalité dela croissance molle, l’auteur, ingénieur et économiste auprès de laCommission européenne de Bruxelles, milite en faveur d’un dévelop-pement accru des activités de services et évoque un certain nombre depropositions parmi lesquelles un allègement des charges sur les bassalaires et la fiscalisation d’une part croissante des cotisations so-ciales. Il propose aussi un rôle accru pour le conseil Ecofin, qui re-groupe les ministres de l’économie et des finances de l’Union, un or-gane qui pourrait se transformer en réelle instance de coordinationdes politiques économiques des Quinze. Pour peu que le pouvoir poli-tique lui en donne le mandat et les moyens techniques. (Syros, 1997,280 p., 135 F.)

Michel Albert, membre du Conseil de politique monétaire ; Edmond Alphandéry, président d’EDF ; Jacques Attali, conseiller d’Etat ; Ro-bert Baconnier, président du directoire du Bureau Francis Lefebvre ; René Barberye, président du directoire du Centre national desCaisses d’épargne et de prévoyance ; Claude Bébéar, président d’AXA-UAP ; Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain ; ChristianBlanc, ancien président d’Air France, Christian de Boissieu, universitaire, économiste ; Jean Boissonnat, journaliste ; Philippe Bour-guignon, président du Club Méditerranée ; Monique Bourven, président-directeur général State Street Banque SA ; Hervé Carré, direc-teur des affaires monétaires à la Commission européenne ; Jérôme Clément, président de la Cinquième ; Bertrand Collomb, président deLafarge ; Paul Coulbois, professeur émérite des universités ; Lucien Douroux, directeur général de la Caisse nationale du Crédit agricole ;Jean-René Fourtou, président de Rhône-Poulenc ; Jean-Marie Gorse, président national du Centre des jeunes dirigeants (CJD) ; GilbertHyvernat, directeur général de la Croix-Rouge française ; Jean Kahn, président de la Commission consultative européenne « racisme-xénophobie » ; Philippe Lagayette, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations ; Pascal Lamy, directeur général du Créditlyonnais ; Jacques de Larosière, président de la BERD ; Daniel Lebègue, vice-président de la BNP ; Robert Léon, gérant de Qualis SCA ;Edmond Malinvaud, professeur honoraire au Collège de France ; Gérard Mestrallet, président du directoire de Suez-Lyonnaise des eaux ;Jean Miot, président de l’AFP ; Thierry de Montbrial, membre de l’Institut ; Etienne Pflimlin, président du Crédit mutuel ; Jean-FrançoisPons, directeur général adjoint à la Commission européenne ; René Ricol, président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables(Csoec) ; Jacques Rigaud, président de RTL ; Gérard Trémège, président de l’Assemblée des chambres de commerce et d’industrie.

La cohérence du programme Jospinp a r E m m a n u e l B o r g u e s

J usqu’à l’arrivée de la présentemajorité, la politique écono-mique s’est consacrée à ren-forcer l’offre, suivant en celaune pensée dominante qui

considère que la macroéconomien’est qu’un sous-produit d’unebonne microéconomie. Après troismois de pouvoir, la présentation duprojet de budget et la conférencesur l’emploi permettent désormaisde cerner la cohérence de la poli-tique économique du gouverne-ment Jospin, qui redonne une hautepriorité à la macroéconomie.

Face à un chômage qui continueà se développer, de nombreusesanalyses mettent en évidence uneinsuffisance de la demande globale.Comment sortir de ce piège ?M. Jospin tente de concilier deuxpriorités.

La première est de suivre les cri-tères de Maastricht et de réduire lesdéficits publics, bien que celaoriente la politique économiquedans un sens plus déflationniste en-core. Cette décision doit permettrede clarifier l’avenir de la construc-tion européenne et de stabiliser lesanticipations des chefs d’entreprise.Mais le gouvernement contreba-lance cette option en réduisant l’ex-cès d’épargne privée selon les troismodalités suivantes : la recherched’un accroissement de la part dessalaires dans le PIB ; des transfertspublics des ménages épargnantsvers les ménages consommateurs ;des transferts publics fondés surune hausse de l’imposition des en-treprises ou une réduction des sub-ventions qui leur sont versées, auprofit de dépenses permettant des

créations d’emplois. S’il espèrecombler le déficit de demande etainsi remettre l’économie sur unsentier de croissance auto-entrete-nue, le gouvernement sait qu’il fautfaire plus pour réduire le chômage.Il associe aux trois modalités unepréoccupation supplémentaire,celle d’« enrichir la croissance enemplois ». Reprenons-les.

1. L’accroissement de la partdes salaires dans le PIB.

Ne pouvant influer sur les salairesdu secteur privé, le gouvernement adonc cherché à modifier le partagesalaires/profits grâce à une réduc-tion du temps de travail de 4 heuresou 10 % en un peu plus de deux ans.Si la croissance tendancielle de laproductivité du travail est de 2 %par an, et si l’on tient compte dufait que la réduction du temps detravail est en elle-même un accélé-rateur de productivité, on peut enjanvier 2000 évaluer à environ 4 %l’excès de la réduction du temps detravail sur cette croissance de pro-ductivité. Ce sont ces seuls 4 % quiexerceront une pression sur la de-mande de travail des entreprises etpar conséquent sur les embauches :ils correspondent à ce que l’on peutappeler la « réduction du temps detravail efficace » du point de vue del’emploi. Selon les rapports deforces entre les employeurs et lessalariés, cette part « efficace » de4 % sera plus ou moins compenséepar une hausse des salaires. Si, pourfixer les idées, la compensation sa-lariale était de 50 %, les salariés neperdraient que 2 % de pouvoird’achat pour une réduction dutemps de travail de 10 %. Le dépla-

cement des profits vers les salaires,qui permet de réduire l’excèsd’épargne, serait alors de 100 mil-liards de francs environ.

Avec la réduction du temps detravail, le gouvernement espèrecumuler trois avantages : des créa-tions d’emplois privés (principale-ment liées à la réduction du tempsde travail « efficace »), un déplace-ment du partage salaires/profits (de100 milliards de francs) et, à courtterme et si la mesure ne s’étend pasau secteur public, un coût budgé-taire faible ou nul.

2. Les transferts publics entreles ménages.

La baisse des cotisations socialesdes salariés, compensée par unehausse de la CSG, accroît de 1,1 %,soit environ 50 milliards de francs,les revenus des premiers et parconséquent elle diminue du mêmemontant les revenus du capital.L’incidence sur la consommationdes ménages est toutefois plusfaible, dans la mesure où une partiedes salariés sont également desépargnants.

3. Les transferts publics des en-treprises aux ménages.

Les entreprises doivent verserl’an prochain 25 milliards de francsd’impôts nouveaux. Il est égale-ment prévu d’effectuer ultérieure-ment un toilettage des subventionsà l’emploi et de supprimer cellesdont l’expérience met en évidenceune charge prohibitive pour les fi-nances publiques. En contrepartie,le gouvernement envisage de finan-cer au cours des cinq prochainesannées la création progressive de350 000 emplois sur fonds publics.

Ici également, des fonds sont reti-rés à des entreprises qui ne les in-vestissent guère et sont transférés àdes ménages qui les consomment.De plus, même si les entreprisestouchées par ces mesures investis-saient autant que les ménagesconsomment, le contenu en em-plois de ces transferts serait positif.En effet, le coût ex post en financespubliques de la création nette d’unemploi par la relance budgétairetraditionnelle ou par une baisse descharges sur les entreprises (si celle-ci comporte des effets d’aubaine etde substitution) est très élevé, beau-coup plus élevé que celui d’unemploi créé sur fonds publics. Cecoût est supérieur à 200 000 francsannuels pour les deux premièresmodalités, il est environ de50 000 francs pour la troisième (ilest budgété à 92 000 francs, qui netiennent pas compte des effets mul-tiplicateurs du salaire dépensé et duretour qu’ont ces dépenses sur lesrecettes de l’Etat et de la Sécuritésociale). De nouveau, à PIB donné,le contenu en emplois est plus éle-vé. En termes d’emplois, le gain estpar conséquent double et provientà la fois de la réduction de l’épargneet de ce contenu.

La résorption de l’épargne excé-dentaire ainsi que l’enrichissementen emplois du PIB, en réduisantl’un et l’autre le chômage, compo-sante essentielle de la perte deconfiance des agents économiques,devrait accroître la probabilitéd’une croissance auto-entretenue.

Emmanuel Borgues estéconomiste.

Page 6: ANNONCES Aux Etats-Unis La partition ECONOMIE · 2018. 2. 22. · LeMonde Job: WDE4497--0002-0 WAS MDE4497-2 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 07:24 S.: 111,06-Cmp.:27,07, Base : LMQPAG

LeMonde Job: WDE4497--0006-0 WAS MDE4497-6 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 07:25 S.: 111,06-Cmp.:27,07, Base : LMQPAG 26Fap:99 No:0021 Lcp: 196 CMYK

VI / LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 E N Q U Ê T E

Les soucis de transparenced’une place offshore très prisée L ’argent sale ? Il ne passera

pas par moi. » Les auto-rités de la République deChypre pourraient re-

prendre ce slogan à leur comptetant elles ont souci de leur bonneréputation financière. Laquelle lescontraint à combattre des rumeurspersistantes mais aussi quelquesréalités préoccupantes. Les ru-meurs sont fondées sur différentsrapports internationaux et articlesde presse qui font figurer Chypreparmi les points chauds du busi-ness international du blanchiment.Sur une liste d’une vingtaine depays dressée par le départementd’Etat américain, l’île est en bonnecompagnie : l’Allemagne, l’Italie,la Grande-Bretagne et les Etats-Unis y côtoient les îles Caïmans,Aruba et les Antilles néerlandaises.

MAFIA RUSSE ET AUTRESParmi les réalités préoccupantes,

il y a d’abord l’énorme masse decapitaux issus du gangstérisme(trafic de drogue, prostitution...) etqu’une étude du FMI estime à500 milliards de dollars par an, soit2 % de la richesse mondiale. Cetargent sale utilise tous les canauxet toutes les brèches disponiblesdans le monde pour effacer sa pro-venance frauduleuse. Le dévelop-pement rapide de Chypre commecentre d’activités offshore a repré-senté pour les financiers véreuxune opportunité supplémentaire.La présence d’un grand nombred’investisseurs russes – facilementassimilés à la mafia – pose en soiun problème de crédibilité aux au-torités chypriotes.

Pour lutter contre la rumeur dublanchiment, et autant que pos-sible contre sa matérialisation,Chypre joue l’ouverture, commu-nique, informe. Le journaliste quipose des questions sur les possibi-lités de recyclage d’argent sale sevoit remettre un dossier complet.Chypre a signé, en décembre 1988,la convention de Vienne de l’ONUcontre le trafic de stupéfiants, etintégré, en 1992, dans sa législa-tion les dispositions sur le recy-clage d’argent de la drogue. Enavril 1996, une nouvelle loi étend

la criminalisation à l’argent issu detoutes les activités illicites, prévoitla confiscation des biens liés à cestrafics, met sur pied une unité spé-ciale de lutte contre le blanchi-ment composée de représentantsde la police, de la justice et desdouanes, à laquelle toute opéra-tion financière douteuse doit êtresignalée, et renforce toutes lesprocédures systématiques decontrôle.

George Georgiou, haut fonc-tionnaire de la banque centrale deChypre, développe, dans un an-glais châtié, tout un argumentairepour convaincre les plus scep-tiques. Premier argument : les pe-tits pays ne sont pas l’idéal pourrecycler de grosses sommes. « Sivous êtes un mafieux russe, il est plusfacile d’acheter une somptueuse de-meure à Miami Beach ou desœuvres d’art à Londres pour desmillions de dollars. » Deuxième ar-gument : Chypre n’est pas, oun’est plus, une place de tout repospour les « blanchisseurs ». « Nousposons trop de questions, affirmeM. Georgiou. Il est tout simplementimpossible d’arriver à Chypre avec500 000 dollars dans une valise etde se présenter dans une banquepour faire un dépôt. Quand il s’agitde constituer une société, nous vou-lons connaître le nom des bénéfi-ciaires réels, avec des référencesbancaires sérieuses. Un Russe quiproduit des références bancaires desBermudes, on lui dira non. Demême, nous n’accorderons pasd’autorisation à un jeune homme dedix-neuf ans qui prétend se faire en-registrer comme directeur générald’une société offshore ».

HISTOIRES DE RÉPUTATIONDe tels cas ne sont, paraît-il, pas

si rares, même si M. Georgiou necite pas de chiffres sur l’origine na-tionale des compagnies offshoreopérant à Chypre. Il juge« complètement absurdes » cer-taines estimations qui font état de4 000 sociétés russes s’installantchaque année (Chypre compte entout 30 000 sociétés offshore) et deflux financiers de 20 milliards dedollars transitant par l’île : « Cette

somme représenterait quatre foisnotre PIB ! Un pareil flux se remar-querait dans nos statistiques moné-taires, or il n’en est rien. »

Michael Kammas, secrétaire del’Association des banquescommerciales de Chypre, confirmeque le problème de l’argent salen’est pas traité à la légère. Mais iltient à établir une nette distinctionentre les sociétés qui s’installentpour bénéficier des avantages fis-caux qu’offre le pays – à la faveurdes nombreux traités de non-double imposition qu’il a signés –et les sociétés-écrans de tout poilque la banque centrale cherche àdépister.

Cet économiste formé auxEtats-Unis a participé à plusieursforums internationaux sur le mo-ney laundering et affirme que lesemployés de banque chypriotessavent détecter les opérationslouches : dépôts répétés en li-quide, transferts de très grossessommes pour un temps très court,etc. « Nous ne plaisantons pas avecça. C’est trop dangereux pour uneaussi petite économie de se laisserenvahir par des capitaux douteux.Ils sont par définition volatils et, s’ilsse retirent brusquement, c’est labanqueroute ».

En faisant tout pour découragerles indésirables, Chypre espère at-tirer les « bons » investisseurs.Que des firmes honorablementconnues comme Coca-Cola,S.C. Johnson, Bull, la BNP ou laHongkong and Shanghai Bankaient ouvert des filiales offshoreest considéré comme un excellentsigne.

Mais alors, dira-t-on, commentse fait-il que la réputation deChypre reste entachée ? Pour lesChypriotes grecs, pas de doute :c’est la faute de « ceux du Nord ».La pseudo-république turque de lazone occupée recyclerait allègre-ment l’argent de la drogue pro-duite en Turquie. Comme per-sonne ne reconnaît cet Etat, il estde fait à l’abri des contrôles et desindiscrétions de la communautéinternationale. CQFD.

S. Gh.

Le problème de Chypreest-il soluble dans l’Europe ?

H 1998 seraune annéeimportante : électionprésidentielle,livraison de missilesrusses et débutdes négociationspour l’entréedans l’UE

NICOSIEde notre envoyée spéciale

C hypre, île embaumée dela Méditerranée orien-tale, produit en quantitédes agrumes, des

pommes de terre, des raisins... etdes diplomates. L’art de la parole,si naturel aux Grecs, fait ici figurede ressource stratégique. Car cetout petit pays a un très gros pro-blème, et sa capacité à l’expliquerau reste du monde revêt pour luiune importance vitale. A Nicosie,ville moderne et opulente, les inter-locuteurs ne manquent pas – fonc-tionnaires ou journalistes, simplescommerçants ou ministres, ban-quiers ou hommes d’affaires – pourexposer de la façon la plus convain-cante, et dans toutes les langues,les données d’une situation poli-tique inextricable qui dure depuisbientôt un quart de siècle. Avec, cestemps-ci, une électrisante nou-veauté : la perspective d’une adhé-sion prochaine à l’Union euro-péenne.

« Le » problème se résume ainsi :toute la partie nord de Chypre(38 % du territoire) est occupée de-puis le 14 août 1974 par l’arméeturque. Les habitants grecs, environ200 000 personnes, en ont été chas-sés par la terreur et n’ont jamais purécupérer leurs maisons ni leursbiens. Que s’était-il passé avant ?Une décolonisation empoisonnée adressé l’une contre l’autre deuxcommunautés vivant ensemble de-puis des siècles, les Chypriotesgrecs et les Chypriotes turcs (18 %de la population), jusqu’à aboutirdans cette ancienne possession bri-tannique à un « nettoyage eth-nique » avant la lettre. Que s’est-ilpassé après ? Rien qui rapprochevraiment d’une solution. Le leaderchypriote turc, Rauf Denktash, aproclamé, en novembre 1983, l’in-dépendance de la Républiqueturque du nord de Chypre (TRNC),reconnue seulement par Ankara.Les Nations unies ont consacréprès d’une vingtaine de résolutionsà Chypre, pomme de discorde dan-gereuse entre la Grèce et la Tur-quie. Des négociations ont eu lieu àplusieurs reprises entre Chypriotesgrecs et turcs, sans succès. Sur leterrain, les intimidations militairessont monnaie courante, il y a régu-lièrement des morts le long de la« ligne verte » sous protection des« casques bleus ». Au nord, la Tur-quie maintient en permanenceentre 30 000 et 40 000 hommes etinstalle des familles venues ducontinent dont le nombre rattrapepeu à peu celui des Chypriotesturcs, dont beaucoup ont émigrépour échapper au marasme écono-mique et à l’isolement.

UN ENRICHISSEMENT SENSIBLEA dire le vrai, rien de tout cela ne

saute aux yeux. A moins de tombersur un poste de l’ONU au détourd’une rue de la vieille ville de Nico-sie – la dernière capitale diviséed’Europe – « le » problème resteétonnamment discret. Les 650 000Chypriotes de la partie grecque,obligés pour beaucoup à repartirde zéro, ont modernisé leur pays etleurs modes de vie, où il ne resteplus trace de langueur orientale. Ilstravaillent, étudient, investissent,construisent et consomment d’ar-rache-pied. Un peu à la façon desAllemands de l’Ouest dans l’après-guerre, ils ont surmonté la catas-trophe humaine et économiqueavec opiniâtreté. Sans rien oublierdu passé : les municipalités de lazone occupée survivent en exil,élues par les réfugiés. Les « biensturcs » sont gérés en quelque sortepour compte d’autrui en attendantle retour de leurs propriétaires.

L’enrichissement est sensible.Avec 6 600 dollars de PIB par têteen 1997 contre 4 400 en 1990,Chypre se rapproche rapidementde la Grèce et dépasse déjà les paysd’Europe centrale candidatscomme elle à l’Union européenne.Ces cinq dernières années, la crois-sance moyenne de l’économie a étéde 4 %. Cependant l’année 1997 de-vrait marquer un fléchissement au-tour de 2 %. Ce ralentissement tientpour une part à une sécheresse ex-ceptionnelle, qui a fait chuter de17 % la production agricole, qui re-présente 5,5 % du PIB. Elle reflèteaussi un certain tassement du tou-risme, après les événements tra-giques de l’été 1996 (deux Chy-priotes grecs tués par les Turcs surla ligne de démarcation). Avec deuxmillions de touristes par an ( envi-ron 20 % de l’activité de l’île), lesautorités ont toutefois conscience

que le plafond en ce domaine n’estpas loin d’être atteint.

C’est donc dans le développe-ment des autres services queChypre cherche son salut, non sanssuccès. Elle est devenue en quel-ques années une place offshore flo-rissante. Qu’est-ce que l’offshore ?Simplement le fait d’accueillir dessociétés détenues par des action-naires étrangers et qui opèrent ex-clusivement à l’étranger. Banques,assurances, transports, servicesmaritimes ont ouvert ce type de so-ciétés pour bénéficier d’une taxa-tion limitée à 4,5 %. On estime lenombre des entreprises offshore àquelque 30 000 fin 1997. Parmi elles,

un peu plus de 5 % disposent de vé-ritables sièges sociaux et emploientsur place environ 7 000 personnes.Mais qu’elles soient actives ou« dormantes », les sociétés doiventprésenter chaque année à laBanque centrale de Chypre descomptes audités selon les normesinternationales.

Sa vocation de paradis fiscal estvenue à Chypre un peu par hasard.Après l’invasion de 1974, elle avaitcherché à attirer des investisseursinternationaux avec un impôt zéro.Dès l’année suivante, la guerre duLiban devait lui en apporter à pro-fusion (et lui permettre de lever unpetit impôt). Fuyant les combats,de nombreux Libanais émigrèrent àChypre ou y placèrent leur argent,participant à l’essor des activités fi-nancières et de l’immobilier. Suivitle développement d’une flotte denavires, d’abord sous pavillon decomplaisance, basée ou gérée de-puis Chypre (malgré le boycottagepratiqué plus ou moins ouverte-ment par la Turquie voisine). Lesservices autres que le tourisme ontfini par représenter 55 % du PIB,bénéficiant de la bonne organisa-tion du pays et de l’usage généra-lisé de l’anglais. Les Chypriotes affi-chent fièrement l’un des plus fortstaux de diplômés d’université aumonde...

L’année 1998 promet d’être hale-

tante. Elle sera marquée par l’élec-tion présidentielle, par la livraisondes missiles sol-air S-300 comman-dés par Chypre à la Russie (provo-quant la fureur d’Ankara et l’em-barras des Occidentaux) et par unévénement diplomatique : le débutdes négociations d’adhésion avecl’Union européenne, en mars ouavril. Le problème enfin débloqué ?Tout le monde l’espère. « La solu-tion, on la connaît : c’est une fédéra-tion bi-zonale et bi-communautaire,dit tout de go le ministre des af-faires étrangères, M. Ioannis Cas-soulidès. Mais, jusqu’à présent, laTurquie, qui détient seule la clé duproblème chypriote, avait intérêt austatu quo. En ouvrant les négocia-tions d’adhésion, l’UE nous offrepour la première fois un élémentnouveau qui offre des avantages àtout le monde. » En cessant de fairedu règlement du problème unpréalable à l’adhésion, l’Europemet Ankara devant un choix clair :soit Chypre entre, divisée, dansl’Europe, et un deuxième Etat grecsiègera à Bruxelles, fermant pourtoujours les portes de l’Union à laTurquie ; soit Chypre entre réconci-liée, et une communauté turque or-ganisée, au sein d’un pouvoir fédé-ral, pourra plaider de l’intérieur lesvues de la Turquie.

Dans un cas comme dans l’autre,les Chypriotes grecs auront rejointl’Europe. Leur petite économie es-suyera les conséquences de cechoix, ils le savent. L’industrie a en-trepris de se moderniser avec uneaide conséquente de l’Etat ; les ser-vices espèrent pouvoir maintenirau sein de l’UE leurs conditionspréférentielles (comme au Luxem-bourg ou en Irlande). Non sansfanfaronnade, les Chypriotes as-surent que leur niveau de vie pour-rait bien les amener, vers 2001 ou2002, à rejoindre l’Europe en tantque contributeur net. Tout en luiouvrant une porte vers ce Proche-Orient si compliqué...

Sophie Gherardi

HHISTOIRE ÉCONOMIQUE

Pompes à vapeuret service public

p a r B e r n a r d K a p p

P aris souffre, tout au long du XVIIIe siècle, d’une pénuried’eau chronique car les ressources sont incroyablement limi-tées. Le réseau des fontaines publiques, où enfants, ména-gères et domestiques viennent quotidiennement faire de

longues queues pour s’approvisionner gratuitement en eau de source,ne fournissent guère que 2 000 mètres cubes par jour. Soit une rationmoyenne de quatre à cinq litres par habitant ! Quant aux indispen-sables compléments, ils sont fournis par les puits privés, pour la plu-part insalubres, et par les porteurs d’eau qui commercialisent parseaux de 15 litres un liquide trouble et malodorant directement puisédans la Seine...

Que faire pour améliorer cette situation dramatique ? Ingénieurs,entrepreneurs et simples amateurs ne cessent de faire des proposi-tions tout au long du siècle des Lumières. Sans provoquer la moindredécision des autorités municipales, paralysées par les problèmes fi-nanciers et par les luttes d’influence. Mais ce foisonnement de projetsa le grand mérite de provoquer un des tout premiers débats de fondsur l’articulation entre les choix technologiques et leurs conséquencesen matières économique et sociale.

L a plupart des propositions découlent d’une conception« moderne» : il faut utiliser des machines pour tirer parti duformidable gisement d’eau que constitue la Seine. On avaitinstallé au XVIIe siècle deux petites pompes actionnées par le

courant, l’une sous le Pont-Neuf (pour alimenter les Tuileries), l’autresous le pont Notre-Dame. On reprend donc l’idée mais en envisa-geant des engins beaucoup plus puissants, actionnés par des pales ou– mieux – par des « machines à feu ». La technologie de la vapeur– qui se développe rapidement en Angleterre avec l’invention de lamachine atmosphérique de Newcomen, vers 1710 – permet, en effet,de construire de puissantes pompes, qui font leurs preuves dans lesmines de charbon. C’est ainsi que le chevalier d’Auxiron, un ancienofficier d’artillerie reconverti dans la mécanique, propose, en 1765,d’utiliser quatre pompes à vapeur pour élever 2 400 pouces d’eau parjour (soit 51 000 mètres cubes) à une hauteur de 27 mètres, afin deremplir des réservoirs au sommet des collines et d’irriguer les diffé-rents quartiers par un réseau de canalisations. Mais la solution dupompage ne fait pas l’unanimité. Le savant Antoine Deparcieux, quel’Académie des sciences a chargé, en 1760, d’étudier le problème, sug-gère plutôt de recourir à l’antique technique de l’aqueduc. Il proposede détourner ainsi vers Paris les eaux de l’Yvette, une petite rivière quiprend sa source entre Versailles et Rambouillet et qui se jette dansl’Orge, près de Juvisy. Bien qu’il tourne le dos au progrès technique– ce qui ne peut qu’irriter Diderot et ses amis encyclopédistes –, ceprojet de conception traditionnelle séduit immédiatement une partiede l’opinion, dans la mesure où il doit permettre de fournir une eaubeaucoup plus propre que celle de la Seine.

F aut-il céder à la fascination des belles machines ou bien se ré-signer à construire une plate copie des bons vieux aqueducsromains ? Le débat qui prend place entre 1760 et 1775, et danslequel interviennent les meilleurs esprits de l’époque, fait as-

sez vite émerger les véritables enjeux de l’alternative. Car les deuxtypes d’installation sont liés à des logiques économiques très diffé-rentes. L’aqueduc suppose des investissements de départ très impor-tants. Mais il va pouvoir remplir son office « pendant quinze à vingtsiècles », sans nécessiter de frais de fonctionnement. Il apparaît doncévident à ses avocats que la Ville ou l’Etat doivent prendre saconstruction en charge afin de ravitailler l’ensemble de la populationà un très faible coût unitaire. Une logique que l’on qualifierait au-jourd’hui de « service public ».

Les machines sont certes moins coûteuses à construire. Mais ellesont une durée de vie beaucoup moins importante et elles induisentdes coûts de fonctionnement bien plus considérables. Il faut prévoirune main-d’œuvre importante pour les surveiller et les entretenir.Dans le cas des pompes à vapeur, il faut en outre acheter le charbonqu’elles engloutissent quotidiennement dans leurs chaudières. Et lanécessité de financer chaque année ces lourdes dépenses par des re-cettes régulières milite en faveur d’une exploitation de type commer-cial. A condition, bien sûr, qu’il existe une demande solvable. Or onpeut supposer qu’une large couche de Parisiens aisés sont prêts àpayer le privilège d’avoir de l’eau en abondance. La machine à vapeur,aux yeux de ses partisans les plus actifs, doit donc permettre à des in-vestisseurs privés d’exploiter un nouveau marché...

C omme le débat s’éternise, le Conseil d’Etat du roi demandeà un expert, Perronnet, de faire le point afin de prendre unedécision. Le rapport, qui est rendu en novembre 1775 aprèscinq années de consultations et de réflexions, conclut net-

tement qu’il faut préférer l’aqueduc aux pompes. Le problème, c’estque ni la ville de Paris ni la Couronne ne sont en état d’investir 20 mil-lions de livres dans le chantier. Résultat : la ville donne, dès avril 1776,son avis favorable à un nouveau projet de pompage, celui des frèresPérier, qui est soutenu par le puissant duc d’Orléans et qui présentel’avantage de ne demander aucune aide financière aux caisses pu-bliques. C’est ainsi, par un curieux retournement de circonstances,que naît la Compagnie des eaux. Grâce à Beaumarchais – qui fait par-tie du premier tour de table et qui rédige le prospectus de souscrip-tion –, elle n’a aucune difficulté à rassembler les capitaux nécessairesau lancement des travaux. La première station de pompage, qui estachevée dès l’été 1781, est implantée sans la moindre considérationsanitaire en aval de la ville, à Chaillot, à un endroit où l’eau est ter-riblement polluée. Mais peu importe, ironise Beaumarchais, les Pari-siens ont l’habitude de boire le soir ce qu’ils ont vidé le matin à la ri-vière... Deux puissantes machines à vapeur conçues par Watt (quatrefois plus efficaces que les vieux modèles de Newcomen) déversent13 000 mètres cubes par jour dans quatre vastes réservoirs construitsau sommet de la colline. Lesquels alimentent de gros tuyaux de fontedirigés vers les gisements de clientèle aisée du faubourg Saint-Hono-ré, de la chaussée d’Antin et du faubourg Montmartre. Une secondestation étant mise en chantier, en 1786, au Gros-Caillou, pour desser-vir les beaux quartiers de la rive gauche.

Le système de distribution à domicile est séduisant : un fontainierdoit passer tous les deux jours pour actionner un robinet et remplirles réservoirs des maisons clientes, à raison d’un muid par jour (268litres). Mais les bourgeois renaclent à payer les 50 livres d’abonne-ment annuel qu’on leur demande en échange. Si bien qu’au bout desept ans, les frères Périer n’ont que 900 abonnements en portefeuilleau lieu des 60 000 escomptés. L’aventure s’achève piteusement en1788 avec la dissolution de la Compagnie des eaux et la reprise de sesactifs par la Ville.

Quant aux deux énormes machines à vapeur de Chaillot, ces glo-rieux symboles de l’entreprise privée, elles vont encore fonctionnerpendant plus de soixante-dix ans. Mais dans le cadre du service pu-blic...

������Chypre

IR

"RÉPUBLIQUE TURQUE DE CHYPRE DU NORD"

(reconnue seulement par la Turquie)

RÉPUBLIQUE DE CHYPRE (population

grecque)Paphos

Limassol

Larnaca

Morfou

Kyrénia

FamagousteNICOSIE

25 km

CHYPRE

LIGNE DE DÉMARCATION

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VIII / LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997