Anne Brouillard, La terre tourne, Éditions du Sorbier, 1997

SOMMAIRE ET EXTRAITS

Démarche

I. Le temps représenté

1.0 Allégorie du temps

• Atelier 1 À travers les siècles

• Atelier 2 Les dieux du temps

• Atelier 3 Les trois âges de la vie

1.1 Signes et symboles

• Analyse d'œuvre

• Atelier 4 C'est mon temps

• Atelier 5 ���� Le temps d’une mélodie

• Atelier 6 Points-virgules

1.2 Le temps de la narration

• Atelier 7 À suivre

• Atelier 8 Mon image raconte

• Atelier 9 La lettre d'un autre temps

1.3 Le temps de la mémoire

• Atelier 10 Je ne me souviens plus très bien

• Atelier 11 Ça se bouscule !

• Atelier 12 Mémoire d'un lieu

Regard sur l’œuvre d'Alain Bresson

II. Le temps vécu

���� 2.0 Le temps d'exécution

• Atelier 13 ���� J'ai tout mon temps Je n'ai pas le temps

• Atelier 14 De plus en plus

• Atelier 15 Chaque minute compte

• Atelier 16 Temps de pose

2.1 Le temps d'exposition

• Atelier 17 Changement de décor

• Atelier 18 La Grande Lessive

2.2 L'action du temps

• Atelier 19 Demain je serai encore différent

• Atelier 20 Faire du vieux avec du neuf

• Atelier 21 Des trésors éphémères

���� Regard sur l’œuvre de Delphine Ziegler

III. Le temps mesuré

3.0 Repères temporels et cycliques

• Atelier 22 Jours de fête

• Atelier 23 ���� Les cycles du temps

• Atelier 24 Mon calendrier

3.1 Objets de mesure

• Atelier 25 Drôle de temps

• Atelier 26 Le soleil touche la fenêtre

• Atelier 27 Cadrans solaires

3.2 Échelles de temps

• Atelier 28 Terrain de fouilles

• Atelier 29 Venus du fond des temps

Regard sur l'œuvre de Julien Berthier

Bibliographie

Arts visuels & Temps CRDP de Franche-Comté 2010 ISBN : 978–2-84093-202-4

Code : 250B0233

ATELIER 5 : LE TEMPS D’UNE MÉLODIE

Cet atelier, qui met en relation le temps de la musique et celui duregard, propose aux élèves de traduire avec des formes et des couleursla durée, le rythme et pourquoi pas la tonalité d'une phrase musicale.On commence par distribuer à chacun d’entre eux des papiersdécoupés de formes et de couleurs très diverses. À l'écoute de chacunedes notes d'une phrase musicale très simple jouée à la flûte, l'élèvechoisit de faire correspondre un petit papier qu'il met en réserve(pointu-acide pour les aigus, lourd-sombre pour les graves, etc.). Aprèsplusieurs auditions, l'élève propose sa traduction visuelle sur unelongue bande de papier. Il dispose les formes colorées en jouant sur lesintervalles, les répétitions et les alternances. Le résultat peut-êtresoumis à un autre élève pour « décryptage sonore » (voix, instrumentou percussion). Cette approche expérimentale permet une auto-évaluation immédiate du pouvoir suggestif des formes, des rythmeset des couleurs.

15ARTS VISUELS & TEMPS

Man Ray, Objet indestructible,1923, photographie.

Temps forts – temps faiblesTemps vivants – temps morts« Les coureurs et les désœuvrés s’en-tendent pour qualifier de tempsmort les temps d’arrêt, les momentsd’attente, les heures creuses où rienne semble se passer [...]. Le tempsvivant, ce serait le temps occupé, quicourt, qui sert : le temps vitesse, letemps qui accélère, le temps quigrise [...]. S’ils se trompaient tousdeux ? Si le temps vivant était cetemps au ralenti, qui s’arrête presquequand on prend le temps de vivre,un adagio baroque, doux et lent,comme un vent de soir d’été ? Letemps qui meurt, ce serait alors letemps comprimé, à bout de souffle,[...] l’allegro appassionato [...] qui setermine sans avertissement par unequinte de notes piquées déboulantdans le vide… »Dominique Collin, « Temps mort, tempsvivant », L'Agora, vol 8, no 2, avril-mai2001.

Une souris verte, qui courait dans l'herbe, je l'attrape par la queue, je la montre à ces messieurs...

Mélodie graphique, 6e, collège Les Sorentines, Châtillon-le-Duc.

Voir Arts visuels & musique, Philippe Morin,Olivier Branchereau, Nadège et Marc Bour-get, CRDP de Poitou-Charentes, à paraîtreen janvier 2011.

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Étienne-Jules Marey, Course : repères géométriques et schémas, photographie de pré-cinéma.

« Combien de temps le peintre a-t-il mis pour faire ce tableau ? » Commentle visiteur du Louvre, fasciné par le gigantisme des peintures d'histoire ou éblouipar la vérité d'un tissu, d'une fourrure ou par l'éclat d'une carnation n'enviendrait-il pas à se poser cette question ? Incapable de déceler les mécanismesd'élaboration du tableau, il devient pour lui une énigme de perfection.

Il faut attendre l'accélération des découvertes techniques et scientifiquesdu XIXe siècle, dont les artistes s'emparent, pour voir apparaître dans leursœuvres de nouveauxcritères de vérité. En possession d'outils modernes (appareilphoto dès 1832, tubes de peinture en 1850), les artistes sortent de l'atelier etvont peindre « sur le motif » les variations du ciel (Eugène Boudin) ou celles de lalumière du jour (Claude Monet) quand d’autres s’inspirent des instantanésphotographiques pour révéler la justesse d’une forme en mouvement.

Accepter l'esquisse rapide au même titre que l'œuvre aboutie, c'est entrerdans l'expression d'une émotion immédiate où la vitesse d'exécution et le non-finitoont valeur de message. Guidé par les indices inscrits dans la matière, il estdès lors possible au regardeur de déceler le temps de l'œuvre à travers la tracedu geste (Auguste Rodin, Paul Jackson Pollock, Pierre Soulages) ou de découvrirles étapes successives de sa fabrication (pliages de Simon Hantaï ou tressagesde François Rouan).

Instant recomposé, 3e, collège Victor Hugo, Besançon.

Étienne-Jules Marey, Demenyportant le costume noir à lignes etpoints blancs, 1883, photographiede pré-cinéma.

2 0Le tempsd'exécution

ARTS VISUELS & TEMPS

Jackson Pollock en action, photode Hans Namuth, Paris, Muséenational d'Art moderne - CentreGeorges Pompidou.

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ATELIER 13 : J’AI TOUT MON TEMPS

Cet atelier est destiné à des élèves de 4e et de 3e.L'objectif est de les aider à déterminer le temps qui leur est nécessairepour réaliser un projet plastique. Une première séance est consacrée àfaire l'inventaire des différents statuts d'une œuvre et à en évaluer letemps d'exécution. Esquisse rapide, croquis d'observation, schéma, étudepréparatoire, maquette, œuvre aboutie… sont à découvrir au CDI, dans labibliothèque de la municipalité, aux musées.Dans une deuxième séance, l'élève doit gérer un temps suffisammentlong (2 heures minimum) pour apporter une réponse personnelle à unthème commun (le portrait par exemple). C’est ainsi que dans un mêmeespace-temps, certains choisissent de réaliser une série de petits croquisayant des points de vue différents, d'autres un grand dessin au fusain oula transformation d'une photo d'identité par le truchement d'un logicielde traitement d'image.

Portrait peint en 30 minutes,4e, collège Pierre-HyacintheCazeaux, Morez.

ATELIER 13 SUITE : JE N'AI PAS LE TEMPS

Cet atelier est destiné aux élèves de cycles 1, 2, 3 et de collège.L'imposition d'un temps d'exécution a pour but de susciter unquestionnement chez les jeunes élèves comme chez les plus grands : sij’ai deux minutes, dix minutes ou une heure pour dessiner par exempleun bonhomme ou la guitare posée au centre de la classe, par quoi vais-jecommencer ? Qu'est-ce qui est indispensable ? Ai-je le temps d'ajouter lacouleur, les ombres ? Pour aider les élèves à résoudre ces petits défis – enfonction des compétences déjà acquises –, il est nécessaire de leurproposer un choix de supports, de formats, d'outils et de médiums.

Comme dans toute activitéd'expression et de création, iln'existe pas de « modèle »attendu. Ce postulat permetde découvrir et de respecter lerythme de travail de chaqueenfant, de faire évoluer sonniveau d'exigence, son sens del'observation et la stratégie desa propre pratique.

ARTS VISUELS & TEMPS

Mon bonhomme en 3 minutes eten 15 minutes, cycle 1, écolematernelle de La Combe-de-Lancey.

Du croquis de 3 minutes au portrait abouti, 4e,collège Pierre-Hyacinthe Cazeaux, Morez.

Eau qui tombe du ciel,étapes de travail, 2008-2009.

44 ARTS VISUELS & TEMPS

Delphine Ziegleregard sur l’œuvre deR

De cette eau qui tombe du ciel

Des récupérateurs d'eau, accumulés en nombreexagéré et disposés sur la terrasse du jardin à proximitéde l'atelier de Delphine Ziegler, offrent au regard dessurfaces réfléchissantes qui se transforment au gré deshumeurs du temps. Tout à la fois chantier insolite,laboratoire expérimental, scientifique et absurde, cetteinstallation évolutive force notre perception à sortir deses repères rationnels.

L'appropriation et la transposition photogra-phique et filmique (vidéo) de l'artiste nous invitent àtraverser ces multiples miroirs circulaires pour entrerdans une autre dimension. Nous découvrons ainsi le jeudes éléments tels que le froid, le vent, la pluie et le soleildont la manifestation parfois excessive et incontrôlablenous renvoie à la réalité du cycle des saisons et desdérèglements climatiques.

Cette rencontre entre le geste pragmatique derécupération des eaux de pluie et l'attention poussée àl'extrême que Delphine Ziegler lui porte ici nousentraîne à la fois dans une prise de conscienceécologique et dans un processus créatif dont on neconnaît pas l'aboutissement.

Eau qui tombe du ciel, cycles des saisons, 2008-2009.

ATELIER 23 : LES CYCLES DU TEMPS

Destiné à tous les niveaux, cet atelier consiste à représenter lesphénomènes cycliques que les élèves vivent ou connaissent. Le groupecommence par explorer les différentes échelles de l'espace-tempsdepuis le cosmos jusqu'aux rituels quotidiens. Une liste commune decycles naturels ou liés aux traditions est inscrite au tableau : saisons,nuit/jour, lune/soleil, marées, éveil/sommeil, repas, vacances/fêtes… Individuellement ou par petits groupes, les élèves choisissent un cycleet en proposent une visualisation symbolique très simple. Suivant leniveau choisi, deux entrées sont possibles :• pour les cycles 2 et 3 : un pochoir réalisé d'après le dessin des élèvespermet à ceux-ci de créer un rythme répétitif et de l'inscrire dans unformat évoquant le retour perpétuel ou l'idée d'infini (roue, anneau,spirale…) ; • pour le cycle 3 et le collège, le symbole peut être remplacé parl'image narrative. Ils s'inspirent alors des codes de la bande dessinée.Comme pour la proposition précédente, l'organisation dans la pageest déterminante pour la compréhension du cycle.

Le cycle des apprentissages fonda-mentaux propose, pour la découvertedu monde, le repérage dans letemps :« Les élèves apprennent à repérerl’alternance jour-nuit, les semaines,les mois, les saisons. Ils utilisentdes outils de repérage et de mesuredu temps : le calendrier, l’horloge. »B.O. Hors série n°3 du 19 juin 2008, Horaireset programmes d’enseignement de l’école pri-maire, p. 18.

Couleurs de saisons, travail de stage IUFM, Vesoul.

Ça s'en va et ça revient,4e, collège Pierre-Joseph Proudhon,

Besançon.

Au fil du temps.

49ARTS VISUELS & TEMPS

Je me lève, je me couche, je me lève, je me couche…, cycle 2.