analyse d’une séance de lecture analytique

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Analyse d’une séance de lecture analytique Molière, Le Médecin volant : Acte I, scène 4. SGANARELLE.- Ne vous imaginez pas que je sois un médecin ordinaire, un médecin du commun. Tous les autres médecins ne sont, à mon égard, que des avortons de médecine. J’ai des talents particuliers, j’ai des secrets. Salamalec, salamalec. "Rodrigue, as-tu du cœur ?" Signor, si ; segnor, non. Per omnia sæcula sæculorum. Mais encore voyons un peu. SABINE.- Hé ! ce n’est pas lui qui est malade, c’est sa fille. SGANARELLE.- Il n’importe : le sang du père et de la fille ne sont qu’une même chose ; et par l’altération de celui du père, je puis connaître la maladie de la fille. Monsieur Gorgibus, y aurait-il moyen de voir de l’urine de l’égrotante ? GORGIBUS.- Oui-da ; Sabine, vite allez quérir de l’urine de ma fille. Monsieur le médecin, j’ai grand’peur qu’elle ne meure. SGANARELLE.- Ah ! qu’elle s’en garde bien ! Il ne faut pas qu’elle s’amuse à se laisser mourir sans l’ordonnance du médecin. Voilà de l’urine qui marque grande chaleur, grande inflammation dans les intestins : elle n’est pas tant mauvaise pourtant. GORGIBUS.- Hé quoi ? Monsieur, vous l’avalez ? SGANARELLE.- Ne vous étonnez pas de cela ; les médecins, d’ordinaire, se contentent de la regarder ; mais moi, qui suis un médecin hors du commun, je l’avale, parce qu’avec le goût je discerne bien mieux la cause et les suites de la maladie. Mais, à vous dire la vérité, il y en avait trop peu pour asseoir un bon jugement : qu’on la fasse encore pisser. Description de la séquence La lecture analytique s’inscrit dans une séquence dédiée à la pièce Le Médecin Volant de Molière, au sein du thème « Résister au plus fort : ruses, mensonges et masques » en classe de sixième. La séquence s’articule sur quatre objectifs clairement identifiés et auto-évalués régulièrement au sein de la séquence (« formative assessment », The Art and Science of Teaching, R. Marzano) : - Je comprends le déroulement du Médecin volant - Je comprends les caractéristiques du théâtre, de la comédie et de la comédie de Molière en particulier. - Je suis capable de mettre en scène un extrait de la pièce - Je suis capable d’écrire quelques répliques et didascalies à la manière de Molière Elle fait aussi place à un objectif personnel auto-défini en rapport avec l’objet de la séquence et validé par la professeure. Objectifs de la séance La séance présentée fait suite à l’analyse initiale de la pièce (Molière et la comédie, scène d’exposition). Le début de la pièce, ainsi que la scène qui fait l’objet de l’étude, a été lu en autonomie. La séance vise à travailler deux objectifs en particulier : - Je comprends le déroulement du Médecin volant 9

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Analyse d’une séance de lecture analytique

Molière, Le Médecin volant : Acte I, scène 4.

SGANARELLE.- Ne vous imaginez pas que je sois un médecin ordinaire, un médecin du commun. Tous les autres médecins ne sont, à mon égard, que des avortons de médecine. J’ai des talents particuliers, j’ai des secrets. Salamalec, salamalec. "Rodrigue, as-tu du cœur ?" Signor, si ; segnor, non. Per omnia sæcula sæculorum. Mais encore voyons un peu.

SABINE.- Hé ! ce n’est pas lui qui est malade, c’est sa fille.

SGANARELLE.- Il n’importe : le sang du père et de la fille ne sont qu’une même chose ; et par l’altération de celui du père, je puis connaître la maladie de la fille. Monsieur Gorgibus, y aurait-il moyen de voir de l’urine de l’égrotante ?

GORGIBUS.- Oui-da ; Sabine, vite allez quérir de l’urine de ma fille. Monsieur le médecin, j’ai grand’peur qu’elle ne meure.

SGANARELLE.- Ah ! qu’elle s’en garde bien ! Il ne faut pas qu’elle s’amuse à se laisser mourir sans l’ordonnance du médecin. Voilà de l’urine qui marque grande chaleur, grande inflammation dans les intestins : elle n’est pas tant mauvaise pourtant.

GORGIBUS.- Hé quoi ? Monsieur, vous l’avalez ?

SGANARELLE.- Ne vous étonnez pas de cela ; les médecins, d’ordinaire, se contentent de la regarder ; mais moi, qui suis un médecin hors du commun, je l’avale, parce qu’avec le goût je discerne bien mieux la cause et les suites de la maladie. Mais, à vous dire la vérité, il y en avait trop peu pour asseoir un bon jugement : qu’on la fasse encore pisser.

Description de la séquenceLa lecture analytique s’inscrit dans une séquence dédiée à la pièce Le Médecin Volant de Molière, au

sein du thème « Résister au plus fort : ruses, mensonges et masques » en classe de sixième. La séquence s’articule sur quatre objectifs clairement identifiés et auto-évalués régulièrement au sein

de la séquence (« formative assessment », The Art and Science of Teaching, R. Marzano) : - Je comprends le déroulement du Médecin volant- Je comprends les caractéristiques du théâtre, de la comédie et de la comédie de Molière en particulier.- Je suis capable de mettre en scène un extrait de la pièce- Je suis capable d’écrire quelques répliques et didascalies à la manière de MolièreElle fait aussi place à un objectif personnel auto-défini en rapport avec l’objet de la séquence et validé par la professeure.

Objectifs de la séanceLa séance présentée fait suite à l’analyse initiale de la pièce (Molière et la comédie, scène

d’exposition). Le début de la pièce, ainsi que la scène qui fait l’objet de l’étude, a été lu en autonomie. La séance vise à travailler deux objectifs en particulier :

- Je comprends le déroulement du Médecin volant

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- Je suis capable de mettre en scène un extrait de la pièce.

Déroulement

Dans un premier temps, je demande aux élèves d’évaluer leur progression en lecture autonome. Ils devaient lire les six premières scènes : les élèves qui sont allés au delà lèvent la main, et notent, à la date du jour, le chiffre « 4 » (cf. Annexe) à la date du jour dans leur graphique pour l’objectif « je comprends le déroulement du Médecin volant ». Ceux qui ont lu les scènes demandées, 3, ceux qui ont lu quatre scènes, 2, ceux qui ont à peine commencé, 1, ceux qui n’ont rien lu, 0 . 1

Je demande à une élève de résumer les premières scènes, et je passe régulièrement le relais. Certains veulent ajouter des éléments, jusqu’à ce que le contexte de l’extrait soit bien défini.

Nous lisons ensuite ensemble l’extrait, en répartissant les rôles. Je demande qu’on porte bien l’attention sur le ton. Après la lecture, je recueille les premières impressions des élèves, puis je leur montre une mise en scène de l’extrait, en leur demandant de porter leur attention sur le jeu des comédiens.

Les élèves découvrent l’aspect comique et même dégoutant de la scène, mais surtout le côté très décalé de Sganarelle déguisé en médecin : on voit bien au jeu de l’acteur (qui veut saigner le père au couteau, puis qui goûte l’urine) qu’il « joue » le médecin.

Une fois les enjeux de la pièce établis, je choisis de mettre l’accent sur la mise en scène. Nous regardons de nouveau la mise en scène, avec pour consigne de décrire très précisément le jeu, les objets

utilisés, le ton, les expressions (éléments qui ressortent du débat avec la classe et qui sont notés au tableau). Les élèves ont ensuite dix minutes pour écrire toutes les indications de mise en scène correspondant à l’extrait observé pour les trois premières répliques. Je repasse ces répliques au bout de cinq minutes pour rafraichir la mémoire des élèves.

À l’issue de ces dix minutes, je sélectionne quelques traces et les met en scène devant la classe :

l’objectif est de montrer le jeu du comédien selon les instructions données. Je choisis différents niveaux de réussite : des indications trop vagues, d’autres très précises. Les élèves constatent l’écart avec ce qu’ils imaginaient (notamment l’importance de placer les indications à l’endroit précis de la réplique, par exemple pour la salutation arabe qui doit être prononcée différemment au milieu de la réplique de Sganarelle). Nous concluons alors sur l’importance de la précision des indications ainsi que sur leur exhaustivité, souvent

oubliée par les élèves.Enfin, les exemples présentés à la classe permettent de jauger le niveau atteint par chacun, auto-

évalué de 4 à 1 pour l’objectif « Je suis capable de mettre en scène un extrait de la pièce » (tous les élèves ont produit quelque chose ; 1 correspond au travail des élèves qui n’avaient pas compris la consigne, on dédramatise ce niveau en mettant l’accent sur la progressivité).

Pour le cours suivant, les élèves doivent choisir quelques répliques à n’importe quel endroit de la pièce et reproduire ce travail, cette fois en suivant leur imagination et non une mise en scène observée. Les résultats seront compilés dans un document partagé Framapad qui servira à la mise en scène intégrale de la pièce. Ils doivent aussi poursuivre leur lecture de la pièce (trois scènes supplémentaires). Ces deux travaux feront l’objet d’une nouvelle évaluation réflexive des deux objectifs au début de la séance suivante : cela

Au bout de quelques séances, les élèves comprennent ce fonctionnement et sont motivés à lire plus, et 1

même à dépasser les attentes, grâce à la valorisation de la lecture sur leur graphique.�10

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laisse la possibilité aux élèves qui n’avaient pas compris la consigne de réussir l’exercice et de montrer sur leur graphique une réelle progression pour l’objectif donné.

Capture d’écran FramapadEn couleur, les ajouts des élèves (chaque couleur correspond à un élève différent)

Analyse réflexive de la séanceL’extrait choisi visait à mettre en évidence la ruse qui est au coeur de la pièce : le déguisement de

Sganarelle, un valet, en médecin, pour permettre à Lucile de simuler la maladie afin de repousser un mariage forcé.Je voulais que les élèves identifient le caractère ridicule de ce masque. Nous avions travaillé sur les

registres de langue utilisés par Molière dans la séance précédente, pour écrire quelques répliques à sa manière, or, ici, c’est Sganarelle qui « écrit » des répliques de médecin, avec peu de finesse. Les élèves ont très vite identifié cela, en mettant en avant l’usage grossier de citations étrangères mal appropriées (grâce aux

notes de bas de page de leur édition) ainsi que le vocabulaire voulu soutenu (« discerner », « altération », « ordonnance ») trahi par les fautes du valet (« pisser », accentuation de l’exagération du caractère hors du commun de ce médecin). Ces fautes sont aussi relayées par les actions du prétendu médecin : la mise en scène observée montre qu’il sort un couteau, qu’il s’attaque d’abord au père alors que c’est la fille qui est malade, et qu’il boit l’urine de la jeune femme.

Les élèves ont donc bien cerné le comique de caractère, de geste et de parole de la scène de la ruse, qui berne pourtant Gorgibus, rendu par cela encore plus ridicule. J’ai aussi mis l’accent sur le procédé courant chez Molière de ridiculisation des médecins et de leurs pratiques, tout en nuançant le parti-pris du dramaturge : goûter l’urine est en effet une pratique efficace pour diagnostiquer un diabète, même si nous avons aujourd’hui des techniques plus agréables.

Le travail sur la mise en scène me semble avoir très bien fonctionné, puisque chacun a dû se réapproprier une mise en scène donnée, et que le travail d’écriture a mis en évidence la complexité de la mise

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en scène. Cela permettait de comprendre que le texte de théâtre ne se suffit pas au moment de la mise en scène, et je crois que ce travail a réellement incarné cela, notamment avec la mise en scène selon les indications données par chacun. Cette partie, improvisée en lisant les travaux des élèves, a permis de mettre

l’accent sur l’importance de l’exigence et de l’exhaustivité des indications de mise en scène. Elle permettait de tester leurs travaux sur une comédienne cobaye que j’étais, afin de les affiner.

Surtout, ce travail a été un excellent lanceur pour la mise en scène qui a suivi : les élèves ont bien compris en quoi consistait la mise en scène, et comment ils allaient devoir travailler pour écrire, de manière collaborative (ce qui préfigure le travail d’écriture collective qui conclura l’année), les indications de mise en

scène pour l’ensemble de la pièce.

L’identification d’objectifs explicites me semble avoir permis d’entraîner les élèves et d’augmenter leur motivation à réussir le travail donné. Je pense que le travail sur la mise en scène a dynamisé la lecture analytique, et qu’il a vraiment permis aux élèves de s’approprier la mise en scène.

Cette séance a été une réussite dans la classe de sixième, notamment en terme d’enrôlement des élèves, puisque cette classe a tendance à se dissiper très vite. Mais la mise en activité réussie des élèves en elle même ne justifiait pas le choix de cette séance : c’est bien parce que j’ai vu qu’elle avait réellement débloqué la compréhension de ce qu’était la mise en scène théâtrale et le comique de Molière dans ce qu’il

garde de la Commedia Dell’Arte que j’ai choisi de décrire cette activité.

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Annexe

Date

- Je comprends le déroulement du Médecin volant

- Je comprends les caractéristiques du théâtre, de la comédie et de la comédie de Molière en particulier.

- Je suis capable de mettre en scène un extrait de la pièce

- Je suis capable d’écrire quelques répliques et didascalies à la manière de Molière

Table de notation

4 Connaissances ou compétences qui vont au delà de ce qui a été enseigné en cours

3 Pas d’erreur ou d’omission majeure sur les éléments et les compétences explicitement enseignés

2 Pas d'erreur ou d'omission sur les éléments et les compétences simples, mais des erreurs ou des omissions importantes sur les éléments plus complexes

1 Avec de l’aide, compréhension partielle des éléments les plus simples

0 Même avec de l’aide, aucune compréhension ou compétence n’est mise en oeuvre.

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0

1

2

3

4

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Analyse d’une évaluation de fin de séquence

Rédaction d’une nouvelle réaliste en quatrième

L’objectif de la séquence sur les nouvelles réalistes de Maupassant («  La Parure  » en oeuvre intégrale et le recueil Aux Champs en lecture suivie) était l’écriture d’une nouvelle réaliste, à chute, au XXIème siècle.

Une séance fut consacrée aux outils de la nouvelle réaliste : les élèves devaient retrouver la structure

du schéma narratif, les temps du récit au passé et leurs valeurs, les adverbes, les compléments circonstanciels, etc. Après cela, ils durent réfléchir à leur histoire en se concentrant, dans un premier temps, sur le schéma narratif : il fallait établir les éléments importants de la trame narrative, choisir un contexte réaliste présenté avec justesse, penser à une chute.

Je leur laissai alors une semaine pour y réfléchir chez eux, et pour commencer la rédaction de leur

nouvelle. Puis, en classe, nous prîmes une heure de travail collectif : les élèves écrivaient et pouvaient m’appeler pour demander mon avis ou mon aide. Ce fut l’occasion de réorienter bon nombre d’élèves perdus ou qui partaient dans une direction trop éloignée des consignes (souvent, les élèves oubliaient une consigne : le réalisme, les temps du passé, la chute…).

À cette occasion, je traçais au tableau la figure schématisée ci-dessous :

Les élèves avaient le droit de se lever et d’écrire au tableau ce qui posait problème. J’allais ensuite les voir, à condition qu’ils soient bien en train de travailler calmement. J’effaçai toutes les questions imprécises pour

forcer chacun et chacune à identifier ses difficultés précisément. Au bout d’une dizaine de minutes, voyant que le système fonctionnait bien, j’autorisai les élèves à répondre aux questions de leurs camarades à condition qu’ils n’arrêtent pas eux-mêmes de travailler. Ainsi, rapidement, ils écrivirent au tableau des réponses du type : «   le passé simple de «  grimper  » s’écrit «  elle grimpa  »  » ou, en chuchotant, ils conseillaient à leur camarade de «   regarder dans le dictionnaire  » ou  de «   reprendre la séance 4 pour

retrouver le schéma narratif ». Cette heure de travail avait deux objectifs essentiels à mes yeux : d’abord, d’éviter les inégalités

certaines entre les élèves qui reçoivent de l’aide extra-scolaire et les autres ; ensuite, d’initier un climat d’entraide dans la classe (c’était en octobre).

Prénom Question / j’ai besoin d’aide pour…

Cameron Emma Chingiz

Enzo

je ne comprends pas ce qu’est le schéma narratif pouvez-vous me relire s’il vous plait ? je ne sais pas écrire ratraper

je ne sais pas quoi faire : sois plus précis je ne sais pas comment trouver une

chute et je ne comprends pas ce que c’est.

séance 4

rattraper

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Page 7: Analyse d’une séance de lecture analytique

Je ramassai ensuite les brouillons des élèves qui le souhaitaient, en insistant sur le fait que cette étape, facultative, permettait de retravailler son texte avant l’évaluation finale. Beaucoup rendirent en effet leur travail, heureux de pouvoir améliorer leur nouvelle avant qu’elle ne soit notée.

Après cette étape, nous prîmes le temps de re-formaliser la grille d’évaluation de la nouvelle, reproduite ici :

Enfin, nous décidâmes d’un délai (une semaine plus tard) afin que les élèves aient le temps de retravailler une dernière fois leur texte. Je leur montrai des brouillons d’auteurs et d’autrices et les incitai à reprendre leur travail selon les indications de ma première correction.

Les élèves durent remplir eux-mêmes leur grille d’évaluation, souvent avec beaucoup de justesse, avant de rendre leur nouvelle.

Exemple de travail du brouillon avec ajouts

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Grille d’évaluation Au crayon, l’évaluation de l’élève, en orange, la mienne

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Suivent quelques extraits de copies. Dans l’ensemble, le suivi des travaux a été très fertile : les élèves ont rendu un travail bien meilleur que ce qu’ils avaient produit dans un premier temps. Surtout, les brouillons montrent qu’ils ont beaucoup retravaillé leur texte, qu’il a été relu et corrigé parfois même par des

personnes extérieures (stylo rouge).

Copie re-travaillée (le stylo rouge n’est pas de

moi)

La grille d’évaluation a très explicitement mis en avant les obstacles restants : pour certains, il s’agissait de la conjugaison (texte toujours au présent malgré les remarques, ou alternativement au présent et au passé ; erreurs dans les valeurs des temps ou dans leur morphologie), pour d’autres, la cohérence du texte et son réalisme faisaient encore défaut.

Je pris soin, en corrigeant, d’alterner entre deux couleurs de stylo, afin de mettre en avant ce qui avait été réussi par l’élève (en vert), distinctement des éléments à corriger (en orange). Au moment du rendu, je leur laissai encore une vingtaine de minutes pour corriger les erreurs (souvent d’orthographe et de conjugaison), pour compléter certains éléments narratifs (précision manquante, manque de cohérence, anachronismes ou éléments improbables), et pour remplir leur fiche d’autocorrection de langue.

Enfin, ils durent m’envoyer une version numérique de leur texte, cette fois lissé de toutes ces traces, pour former un livre numérique à l’échelle de la classe, à l’image du recueil que nous étudiions alors.

Exemple de commentaire global d’une

copie

Le point fort de cette évaluation fut, selon moi, le travail de relecture, de correction et de réécriture mené par les élèves : les objectifs n’ont cessé d’être rappelés à l’esprit, les rédactions rendues sont le résultat d’un véritable travail appliqué aux quatre objectifs identifiés, et non un écrit expédié et sanctionné comme tel.

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Page 9: Analyse d’une séance de lecture analytique

Copie finale commentée et corrigée par l’élève

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Initiatives menées en classe de quatrième

Face à une classe très démotivée et assez dissipée dès le début de l’année, j’ai choisi de mettre en place plusieurs projets pour mobiliser les élèves.

Le premier s’intitulait « Révolutionnons le collège ! » (au sein de la séquence libre du programme). Nous avons identifié les facteurs de démotivation et de mal-être dans leur scolarité, puis chaque élève, en groupe, selon les intérêts de chacun et de chacune, a effectué de nombreuses recherches et des rapports soignés pour faire un bilan et proposer des solutions.

La classe a ensuite présenté ses recherches lors d’une conférence organisée à l’École Normale Supérieure de Paris en partenariat avec le Pôle pour l’Égalité Scolaire et Universitaire (PESU). Cette conférence extrêmement valorisante a été une véritable réussite pour les élèves, qui se sont tous dépassés face aux enjeux d’une telle mise en valeur. Sur le plan de l’expression orale comme sur celui de l’argumentation, les résultats ont largement dépassé mes attentes.

Intervention d’Emma et de Joanna sur l’impact du redoublement sur la confiance et la réussite des élèves

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Trois élèves présentent une intervention très aboutie et fondée sur les matières à option selon les pays

Les élèves répondent aux questions des spectateurs après la conférence

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Page 12: Analyse d’une séance de lecture analytique

Visite de la bibliothèque historique de Lettres de l’ENS

Bilan de la conférence avec les mots des élèvesvia PollEv.com

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Le second projet mené avec cette classe consistait à créer un journal éphémère pendant la semaine de la presse. Grâce à un sondage Google, après présentation des différents métiers du journalisme, nous avons réparti le travail au sein de la classe. Puis, chaque jour de la semaine donnée, la classe se transformait en

salle de rédaction. Chaque élève avait son rôle, savait avec qui il ou elle devait collaborer. Une fiche d’autoévaluation, co-construite, était remplie par chacun à la fin de la séance, afin de

m’assurer que cette semaine ne serait pas l’occasion d’une baisse du travail. Et, en effet, les élèves ont énormément travaillé, même chez eux le soir, afin d’alimenter le blog.

Nous avons utilisé un Padlet pour coordonner le travail de chacun (notamment la correction par

l’équipe de correction, mais pas seulement).

Adresse internet du blog : journalephemereducollegebrassens.wordpress.com

Deux captures d’écran de l’interface de travail Padlet

Page d’accueil du blog

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Fiche d’auto-évaluation remplie chaque jour pendant la semaine de la Presse

Ces deux initiatives ont réellement permis de motiver les élèves et de les aider à se surpasser. Surtout, elles ont été bénéfiques à tous : les élèves les moins bons ont beaucoup plus progressé par ces projets, et les meilleurs ont tout de même pu travailler sans s’ennuyer.

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Annexes

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NB : pour l’accord de « bienvenues », voir l’article sur le blog à propos de l’accord de proximité et le jeu d’application créé pour l’illustrer.

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