analyse de la pauvrete infantile en tunisie€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de...

64
ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE Une approche de privations multiples Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

Upload: others

Post on 22-Aug-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETEINFANTILE EN TUNISIE

Une approche de privations multiples

Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

Page 2: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

AbdelRahmen El Lahga, Université de Tunis

Ines Bouassida,Université de Tunis

Page 3: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 3

AVANT-PROPOSN-MODA

En ratifiant la Convention relative aux Droits de l’Enfant en 1992, le Gouvernement tunisien s’est engagé à promouvoir et à protéger leurs droits. La Tunisie a fait des réalisations substantielles touchant à la situation de l’enfance et des progrès ont été enregistrés au niveau de plusieurs indicateurs relatifs aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) tels que celui de la réduction de l’extrême pauvreté, de la réalisation de l’éducation primaire universelle et de l’égalité des sexes. Ce succès est attribuable en grande partie aux réformes engagées par le pays dans les différents domaines économiques et sociaux.

Les résultats de différentes analyses montrent que le bien-être des enfants demeure une préoccupation majeure de l’Etat tunisien. Toutefois et malgré ces succès, de nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux de revenus et de richesse ainsi que par rapport à l’accès et à la qualité des services.

Les enfants et les jeunes de moins de 18 ans représentent un tiers de la population totale tunisienne et nombreux sont ceux qui vivent dans un état de pauvreté et des conditions difficiles qui les privent de jouir d’un ou de plusieurs de leurs droits.

Dans chaque région, les disparités inter-régionales des niveaux de privation des enfants sont remarquablement prononcées, en particulier dans les délégations relevant des gouvernorats de Kairouan, Kasserine et Siliana.

Sur les disparités de richesse, il semble qu’il y ait une corrélation entre la pauvreté de revenu chez les enfants et les aspects tels que la taille des ménages, le sexe et le niveau d’instruction du chef de ménage, la localisation géographique (urbain/rural) et le lieu de résidence.

Bien que la privation subie par les enfants dans les zones rurales soit plus sévère que celle de ceux qui vivent dans les zones urbaines, il y a une croissance importante de la pauvreté en milieu urbain.

L’analyse N-MODA, présentée dans cet ouvrage, a pu mettre en relief ces corrélations. Elle a permis en effet de déterminer des profils de pauvreté sur la base d’indicateurs de privation multiple. N-MODA est une analyse adaptée au contexte tunisien, qui suit une méthodologie développée par l’équipe de l’UNICEF basée à l’Innocenti Research Centre (IRC) de Florence.

Pour avancer sur une compréhension de la nature multidimensionnelle de la pauvreté des enfants en Tunisie, cette étude a été menée sous la direction du Ministère du Développement et de la Coopération Internationale (MDCI) avec l’appui technique et financier de l’UNICEF. Le processus de sa réalisation a impliqué plusieurs séries de consultations et de discussions avec des chercheurs et d’autres intervenants avant d’atteindre son achèvement.

L’analyse a permis de faire un état des lieux nécessaire à l’observation et à une meilleure compréhension des caractéristiques de la pauvreté infantile en Tunisie et la façon dont cette dernière influe sur le bien-être des enfants.

Page 4: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE4

*MICS4 : Multiple Indicators Cluster Survey, UNICEF - INS, Tunisie 2012

L’analyse, qui se base sur les données de l’enquête MICS4 de 2012*, est organisée en trois parties : i) l’analyse de la situation économique et sociale actuelle en Tunisie et les stratégies nationales mises en œuvre par le gouvernement; ii) la description du niveau de pauvreté des enfants et iii) les vulnérabilités et les privations auxquelles ils doivent faire face.Les objectifs de cette étude sont les suivants :• mettre en lumière les réalités économiques et sociales des enfants ;• identifier les contraintes et les privations auxquelles les enfants font face;• mesurer les disparités en mettant en exergue les manques existants dans le domaine de l’accès et du traitement des données statistiques;• travailler de manière concertée et coordonnée sur les politiques et stratégies à mettre en œuvre en faveur des droits et de la survie des enfants.Nous sommes convaincus que les données et aperçus présentés dans cet ouvrage contribueront à mieux appréhender la nature des inégalités qui entravent le progrès de la Tunisie sur les OMD, notamment sur la question complexe de la pauvreté des enfants et de la privation.Nous espérons également que les résultats de cette étude contribueront à dégager des orientations politiques, stratégiques et programmatiques qui visent l’équité et spécifiquement la réduction de la pauvreté de l’enfant en insistant sur son caractère multidimensionnel.

Page 5: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 5

TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos 3

Liste des figures 6

Liste des tableaux 7

Introduction 9

I - CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA TUNISIE 11

1. Enfance en Tunisie et contexte démographique 13

2. Croissance économique, disparités régionales et inégalités 14

3. Le marché du travail : persistance du chômage et emplois précaires 15

4. La pauvreté et la distribution des revenus 17

II – METHODOLOGIE MODA (Analyse du chevauchement des privations multiples) 21

1. Définition et mesure de la pauvreté des enfants 23

2. Analyse simple des privations : Analyse par indicateur et par dimension 28

3. Analyse du chevauchement des privations multiples 28

III – RESULTATS 31

1. Analyse des privations 33

2. Analyse du chevauchement des privations multiples 42

3. Profil des enfants avec privations multiples 43

4. Analyse de décomposition de la privation 47

5. La pauvreté à l’échelle nationale 49

6. Analyse multivariée de la probabilité d’être affecté par une privation 50

IV – CONCLUSION 55

Références bibliographiques 57

Annexes 58

Page 6: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE6

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Projection démographique de la population

Figure 2 : Tendance du taux de croissance du PIB par tête : 1990-2010

Figure 3 : Evolution du taux de chômage

Figure 4 : Prévalence de la pauvreté et de l’extrême pauvreté

Figure 5 : Inégalités et polarisation: 2000-20104

Figure 6: Parts des dépenses sociales dans le Budget de l’Etat

Figure 7 : Principaux droits de l’enfance

Figure 8 : Etapes MODA

Figure 9 : Approche cycle de vie

Figure 10 : Diagramme de chevauchement des privations

Figure 11 : Analyse élémentaire par indicateur et par dimension : 0-23 mois

Figure 12 : Privation par niveau de richesse du ménage et milieu de résidence

Figure 13 : Fréquence et concentration de la privation

Figure 14 : Analyse élémentaire par indicateur et par dimension : 24-59 mois

Figure 15 : Taux de privation selon le milieu de résidence et la richesse du ménage

Figure 16 : Fréquence et concentration des privations

Figure 17 : Taux de privation par indicateur et par dimension

Figure 18 : Privation par milieu et richesse du ménage 5-14 ans

Figure 19 : Fréquence et concentration de privations 5-14 ans

Figure 20 : Privation par indicateur et par dimension 15-17 ans

Figure 21 : Fréquence et concentration des privations

Figure 22 : Taux de privation par milieu et richesse du ménage 15-17 ans

Figure 23 : Chevauchement des privations multiples

Figure 24 : Taux de pauvreté selon les seuils et les caractéristiques de l’enfant

Figure 25 : Intensité de la pauvreté parmi ceux qui souffrent d’au moins une privation et âgés de 0-59 mois

Figure 26 : Intensité de la pauvreté parmi ceux qui souffrent d’au moins une privation et âgés de 5-17 ans

Figure 27 : Pauvreté ajustée par région : 0-4 ans

Figure 28 : Pauvreté ajustée par région : 5-17 ans

Figure 29 : Décomposition de la pauvreté ajustée par milieu

Figure 30 : Décomposition de la pauvreté ajusteée par région

Figure 31 : Décomposition de la sévérité de la pauvreté par dimension

Figure 32 : Taux d’intensité et de sévérité de la pauvreté à l’échelle nationale

Page 7: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 7

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Evolution de la structure démographique de la population

Tableau 2 : Evolution des indicateurs macro-économiques

Tableau 3 : Evolution du taux de chômage par tranche d’âge

Tableau 4 : Répartition des travailleurs selon le niveau d’éducation et le type de contrat

Tableau 5 : Seuil de pauvreté par personne et par an

Tableau 6 : Répartititon de la pauvreté selon les milieux: 2000-2010

Tableau 7 : Incidence de la pauvreté par région

Tableau 8 : Incidence de la pauvreté sur la population infantile

Tableau 9 : Dimensions, indicateurs et seuils de privation

Tableau 10 : Incidence de privation selon l’éducation de la mère

Tableau 11 : Distribution de la privation par région

Tableau 12 : Taux de privation selon le niveau d’instruction de la mère

Tableau 13 : Distribution des privations par région

Tableau 14 : Taux de privation selon le niveau d’instruction de la mère

Tableau 15 : Distribution de la privation par région

Tableau 16 : Privation selon le niveau d’instruction de la mère

Tableau 17 : Distribution de la privation par région

Tableau 18 : Taille relative de la population infantile 0-17 ans par rgion

Tableau 19 : Estimations du modèle Probit

Page 8: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux
Page 9: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 9

INTRODUCTION

La Tunisie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Poursuivre les mêmes politiques économiques et sociales, exposerait la Tunisie à une instabilité sociale récurrente aggravée par une croissance, en amont inégalement répartie entre les régions et puis anémiée, à faible contenu en emplois qualifiés. D’où la nécessité de se départir progressivement de cette vision en enclenchant une nouvelle dynamique économique qui puisse à terme déboucher sur un schéma de développement inclusif et durable. Les slogans « Emploi, Liberté, et Dignité », scandés lors des premiers soulèvements qui ont pris naissance dans les gouvernorats déshérités du Centre-Ouest, reflètent le désarroi de pans entiers de la jeunesse tunisienne, marginalisés et écartés de la sphère économique, à la recherche d’opportunités de travail susceptibles de leur assurer des conditions de vie décente. A ce titre, le nouveau modèle de développement tant attendu devrait s’articuler sur la génération d’une croissance inclusive à fort contenu technologique et pourvoyeuse d’emplois qualifiés. Cette nouvelle vision reposerait sur de nouveaux mécanismes de distribution qui devraient imprimer un nouvel élan au développement des régions de l’intérieur et parvenir à réduire, voire éliminer les disparités régionales.Au cours de la période transitoire et en vue de parvenir à l’éclosion d’une vision structurante et vertueuse, la Tunisie est appelée à initier un certain nombre de réformes économiques et sociales afin de placer le pays sur un nouveau palier de développement. Elle doit jeter de nouvelles bases institutionnelles et organisationnelles pour les nouvelles politiques de redistribution afin qu’elles soient à même de mieux combattre la pauvreté, de réduire les inégalités, sous leurs différentes formes, et de garantir, par-dessus tout, les droits fondamentaux de sa population. La nouvelle Constitution(1), récemment adoptée par l’Assemblé Nationale Constituante (ANC), offre un cadre idoine garantissant les principaux droits et libertés individuels, et suggère une décentralisation accrue du système administratif, afin de stimuler la démocratie locale et aider les régions à mieux répondre aux aspirations des populations locales. Toutefois, il importe de souligner que la réussite ainsi que la pérennité de toute nouvelle vision de développement en Tunisie dépendront en partie de la capacité du pays à garantir les conditions propices au développement des enfants. En effet, les conditions économiques et sociales dans lesquelles grandit l’enfant déterminent largement ses capacités d’accumuler le capital humain et de développer ses aptitudes cognitives, et notamment de briser le cercle vicieux de la transmission intergénérationnelle de la pauvreté. Les privations, même passagères, vécues au cours de l’enfance, affectent négativement le développement physique et psychologique de l’enfant, menacent sa survie et influent sur ses opportunités sociales et professionnelles et sur son niveau de bien-être à l’âge adulte. Ainsi, investir dans l’enfant et lutter contre toutes (1) Voir l’annexe pour les principaux articles relatifs au développement social et régional et au pouvoir local, adoptés dans la nouvelle Constitution.

Page 10: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE10

les formes de privation infantile, c’est investir dans l’avenir et lutter contre la pauvreté chronique transmissible de génération en génération. Par ailleurs, l’article 47 de la nouvelle Constitution stipule que : « Les droits à la dignité, à la santé, aux soins, à l’éducation et à l’enseignement sont garantis à l’enfant vis-à-vis de ses parents et de l’Etat. L’Etat doit garantir toute forme de protection à tous les enfants, sans discrimination et en fonction de leur intérêt supérieur ». Cependant, il convient de noter la quasi absence de la dimension « enfant » et de souligner la place qu’elle devrait occuper dans les politiques futures, dans les cercles de débats et les discussions publiques courantes. D’où l’importance de sensibiliser davantage les décideurs publics à intégrer explicitement la dimension « enfant » dans les nouvelles politiques de développement afin de leur garantir les meilleures conditions de vie. Cet engagement assurerait leur développement à long terme et améliorerait sensiblement leurs capacités à saisir les opportunités qui leur seront présentées.Initier une telle démarche nécessiterait d’établir un diagnostic objectif des conditions actuelles des enfants en Tunisie et d’évaluer dans quelle mesure ils jouissent de leurs droits fondamentaux. En se basant principalement sur la dernière enquête MICS4(1), ce rapport vise à dresser le profil de la privation infantile sous ses dimensions monétaires et non-monétaires, et à étudier les disparités entre les différents groupes socio-économiques. L’objectif principal est de mettre l’enfant au cœur de l’analyse afin de mieux identifier, cibler et privilégier les groupes les plus démunis. Connaître l’étendue de la privation infantile, ses caractéristiques et ses déterminants est en effet indispensable pour la conception et la mise en œuvre des politiques adéquates et efficaces de lutte contre la pauvreté chronique.L’approche MODA(2) adoptée dans ce rapport permet de tenir compte du caractère multidimensionnel de la privation infantile. Elle sert également de cadre idoine pour l’évaluation de la privation sous l’angle de l’investissement en capital humain. Cette approche permettra aussi d’analyser les besoins et les droits spécifiques des enfants tout au long des différentes périodes de leur vie infantile. Par ailleurs, en retenant l’enfant comme unité d’analyse, l’approche MODA permet un meilleur ciblage des politiques économiques et sociales visant à éradiquer la pauvreté infantile, à améliorer et à privilégier les domaines prioritaires d’intervention qui touchent directement les droits des enfants.Ce rapport s’organise autour de trois parties. La première est consacrée à la présentation du contexte socio-économique de la Tunisie, et met en évidence les principaux défis auxquels fait face l’économie tunisienne. L’approche méthodologique retenue pour l’analyse des dimensions de privations retenues sera exposée dans la deuxième partie du rapport. La troisième partie livrera à l’évidence les analyses des privations et des chevauchements étayées par les résultats obtenus. Nous conclurons le rapport avec les principaux messages qui émergent de notre analyse et avec les recommandations de politiques futures destinées aux enfants.

(1) Enquête Nationale Par Grappes à Indicateurs Multiples

(2) Multiple Overlapping Deprivation Analysis

Page 11: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 11

I- CONTEXTESOCIO-ECONOMIQUE DE LA TUNISIE

Page 12: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux
Page 13: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 13

I- CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUEDE LA TUNISIE

1- Enfance en Tunisie et contexte démographique

La structure démographique de la population tunisienne, estimée à 10,8 millions en 2013, a connu d’importants changements au cours des dernières décennies. Le taux d’accroissement naturel s’est considérablement ralenti en passant de 2% en 1990 à près de 1.18% en 2013, grâce notamment à la poursuite de la politique de planning familial qui a induit le recul de l’indice synthétique de fécondité (ISF), de 3.38 en 1990 à 2.15 en 2013. Ces changements s’expliquent aussi par le recul de l’âge au mariage et une participation relativement accrue de la femme au marché du travail, qui a atteint 25.6%. Le développement du système de santé et l’amélioration des prestations sanitaires ont par ailleurs fortement contribué à l’amélioration de l’état de santé de la population en réduisant la prévalence des maladies et la malnutrition. L’espérance de vie à la naissance s’est significativement

allongée pour atteindre 75 ans en 2013.Le tableau 1 présente l’évolution de la structure démographique de la population entre 1966 et 2011. La part des jeunes de moins de 20 ans est passée de 51.1% en 1984 à près de 32.1% en 2011, alors que la part des personnes âgées a presque doublé en passant de 6.7% à 10.1% au cours de la même période. La population infantile est composée dans sa majorité d’enfants en âge de scolarisation, entre 5 et 14 ans. Plus des 2/3 de la population tunisienne vivent dans les zones urbaines : à lui seul, le littoral regroupe plus de 70% de cette population contre près de 30% résidant dans l’Ouest du pays. La distribution régionale de la population infantile est relativement similaire entre les différentes régions économiques du pays, à l’exception de la région du Centre-Ouest où la part de la population âgée de moins de 20 ans atteint 37%, comparée à une moyenne nationale de 33%.

Tableau 1 : Evolution de la structure démographique de la population

Age (ans) 1966 1975 1984 1994 2004 2009 2011

0 – 4 18.6 16.0 14.6 11.0 8.1 8.1 8.2

5 – 14 27.9 27.8 25.1 23.8 18.6 15.6 15.3

15-19 8.4 11.3 11.4 10.7 10.7 9.4 8.6

20-24 6.5 8.7 9.7 9.3 10.1 10.1 9.7

25-29 6.5 5.7 7.7 8.5 8.7 9.5 9.5

30-34 6.4 4.7 5.9 7.5 7.4 8.1 8.4

35-39 5.8 5.3 4.3 6.4 7.2 6.9 7.1

40-59 14.6 14.8 14.7 14.6 19.6 22.3 23.0

60 et plus 5.5 5.8 6.7 8.3 9.3 9.9 10.1

Total 100 100 100 100 100 100 100Source : INS, Recensements (plusieurs années) et enquête population emploi 2009

Page 14: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE14

La part de la population en âge de travailler n’a cessé d’augmenter durant ces trois dernières décennies. Elle représente 77 % de la population en 2013, dont 50.8 % sont des femmes. Les projections démographiques, établies en 2013 par l’INS, montrent que les pressions démographiques exercées sur le marché du travail persisteront au moins jusqu’à 2029. Par ailleurs, la part de la population infantile âgée de moins de 15 ans baissera pour atteindre, en 2029, un taux de 20.9% (voir Figure 1).

Source : INS, Projections démographiques

La Tunisie devrait faire face, au cours des prochaines décennies, aux défis récurrents du vieillissement de la population qui aura des répercussions sur le plan socio-économique. Le vieillissement démographique a un impact direct sur le budget, les programmes et les finances publiques, qu’il s’agisse de l’augmentation des dépenses de retraites, des services médicaux ou sociaux. En outre, la persistance des pressions démographiques placerait le défi de créer davantage de nouvelles opportunités d’emplois au premier plan de l’agenda économique du pays. La population en âge de travailler continuera d’augmenter pour passer de 7.16 millions de personnes en 2013 à plus de 8 millions de personnes à l’horizon 2024. Selon la dernière enquête sur le budget, la consommation et le niveau de vie des ménages de 2010, la taille moyenne du ménage tunisien s’élève à 4,33 personnes. Le nombre moyen des enfants de moins de 16 ans et celui des jeunes âgés entre 16 et 24 ans s’élèvent respectivement à 1,1 et 0,9.

2- Croissance économique, disparités régionales et inégalités

Quelques années après l’adoption du Programme d’ajustement structurel, la Tunisie est parvenue à réaliser et maintenir une croissance économique soutenue avoisinant les 5% par an, la plaçant ainsi parmi les meilleures performances de la région MENA. L’adoption d’une gestion macro-économique prudente, notamment au cours de la période 1990-2000, adossée à des transferts sociaux qui avoisinaient 18% du PIB, ont largement contribué à l’amélioration du bien-être de la population permettant à la Tunisie d’accéder au groupe des pays à revenu intermédiaire tranche supérieure (PRITS), avec un PIB par tête atteignant 4235 $ en 2012. La récente crise économique et financière mondiale de 2008, la récession qui frappe l’Europe et les évènements de janvier 2011 ont ralenti l’élan de croissance de l’économie tunisienne qui peine à retrouver le taux de croissance de plus de 6% enregistré en 2007 (voir Figure 2).Toutefois, il est important de noter que, comme le montre la Figure 2, en dépit des bonnes performances comparées à celles des pays MENA, la tendance du taux de croissance était nettement au-dessous de celle des PRITS et de la région Europe Asie Centrale (EAC), en particulier au cours de la période 2000-2010. Malgré les efforts apparents de réformes et de libéralisation des activités, l’économie tunisienne demeure sous le contrôle de l’État, fermée à la concurrence nationale et internationale comme en témoignent les multiples barrières légales à l’entrée.

PRITS: Pays à revenu intermédiaire, tranche superieure

Source : Calcul des auteurs sur la base des WDI

Figure 1 :Projection démographique de la population

20

2014 2019 2024 2029 2034 20390-4 ans

40

60

80

100

15-59 ans5-14 ans

60 ans et plus

Figure 2 :Tendance du taux de croissance du PIB par tête :

1990-2010

-41990 1995 2000 2005 2010

Europe-Asie centrale

-2

0

2

4

6

TunisieMENAPRITS.

Page 15: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 15

L’omniprésence de l’Etat et la réglementation excessive de l’activité économique ont créé un climat prospère pour le développement du népotisme, la corruption et les situations de rentes pour les familles proches du régime (Banque Mondiale 2009). Ces conditions expliquent, en grande partie, l’incapacité de l’économie tunisienne à se hisser à un palier supérieur de croissance capable de transformer la structure productive de l’économie, de créer suffisamment d’emplois et de répondre aux aspirations d’une population jeune, de plus en plus instruite, et à la recherche de bons emplois.

Ces politiques économiques ont accentué le dualisme de l’économie tunisienne, en favorisant un secteur offshore basé sur des activités à faible valeur ajoutée, employant une main d’œuvre peu qualifiée et faiblement rémunérée. Par ailleurs, la faible intégration de ce secteur dans le tissu économique local (quasi absence de transactions offshore-inshore) n’a pas contribué à dynamiser le secteur privé national, à développer des compétences et à générer des emplois. Sur un autre plan, les deux dernières décennies ont été marquées par le développement d’un secteur offshore tout au long du littoral

du pays, relativement mieux nanti en infrastructure publique et proche des ports. Cette politique, accompagnée par une politique inéquitable des investissements publics, a maintenu les disparités régionales entre le littoral et les régions intérieures du pays.

En dépit de toutes ces faiblesses du modèle de développement, il faut noter que la Tunisie a su maintenir, jusqu’en janvier 2011, ses équilibres macroéconomiques en maîtrisant l’inflation au-dessous de 4%, le déficit commercial à des niveaux raisonnables tout en adoptant une stratégie d’endettement soutenable.

Toutefois, la période de transition que vit le pays depuis la révolution de Janvier 2011 a négativement impacté les indicateurs macroéconomiques (voir Tableau 2). La persistance de la crise en Europe (principal partenaire commercial de la Tunisie), la période de transition que connaît le voisin libyen, ainsi que l’allongement de la période initiale de la transition politique jettent des incertitudes sur les possibilités de relance de l’économie tunisienne dans un avenir proche.

Tableau 2 : Evolution des indicateurs macro-économiques

2000 2005 2009 2010 2011 20122013 2014

Projection Projection

Taux de croissance PIB (%) 4.3 4 3.1 3 -2.0 3.6 2.6 2.8

PIB par tête US$ 2245 3219 4169 4661.5 4676.9 4436 4768 5193Taux de croissance PIB/tête 3.1 3 2 1.9 -2.9

Inflation (%) 3.7 3.7 3.1 4.8 3.8 5.6 6 5.6Déficit budgétaire (% PIB) -3.8 -0.9 -2.8 -1.0 -3.3 -5.2 -6.3 -5.7

Réserves en devises : mois importations 2.7 4.3 6.3 4.7 3.3 3.9 3.5 4.0

Dette publique (% PIB) 52.7 55.4 42.8 40.4 44.4 44.3 45.7 49.1

Source : WDI et données INS

3- Le marché du travail : persistance du chômage et emplois précaires

L’un des problèmes structurels de l’économie tunisienne est sans doute le

dysfonctionnement du marché du travail. Le taux de participation au marché du travail demeure significativement faible (47% de la population en âge de travailler en 2011) par rapport à ceux enregistrés en Amérique

Page 16: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE16

Latine (69%) et en Asie centrale (62%). Une part importante des ressources humaines reste inexploitée dans la création de la richesse. La faible participation au marché du travail est plus accentuée chez les femmes (25%) que chez les hommes (70%). Des différences significatives marquent également les jeunes (15-29 ans), dont la participation n’a pas dépassé les 34% en 2011. En dépit de la croissance réalisée au cours des deux dernières décennies, le pays a connu une persistance du taux de chômage à des niveaux très élevés, dépassant souvent les 14% (voir Figure 3). En fait, l’économie

tunisienne était, d’une part, incapable de créer suffisamment d’emplois permettant la réduction du stock de chômeurs. D’autre part, la création d’emplois demeure concentrée dans des emplois précaires, à faible qualification et concentrée sur le littoral du pays. En effet, le chômage frappe essentiellement la population jeune et instruite, qui éprouve par ailleurs beaucoup de difficultés à accéder au marché. Le Tableau 3 montre que le taux de chômage des catégories jeunes est significativement supérieur à la moyenne nationale et aux groupes d’âge élevé.

Plusieurs études récentes (voir par exemple El Lahga et al., 2012) ont également révélé d’importantes disparités entre hommes et femmes et selon les niveaux d’instruction. Les femmes et les diplômés de l’enseignement supérieur sont plus touchés par le chômage comparativement aux autres groupes.

Une autre caractéristique importante du marché du travail tunisien est la précarité des emplois. Le Tableau 4 montre qu’en 2011 plus de 55% des travailleurs se trouvaient dans une situation précaire avec des emplois informels ou des contrats à durée déterminée.

Tableau 3 : Evolution du taux de chômage par tranche d’âge

Groupes d’âges (ans) 2005 2007 2009 2010

15 – 19 27.7 29.3 33.6 28.7

20 – 24 28.4 27.3 29.9 29.7

25 – 29 21.6 21.8 25.7 24.2

30 – 34 11.6 11.6 11.4 12.9

35 – 39 6.3 5.8 5.6 6.1

40 – 44 4.8 3.9 4.3 3.8

45 – 49 3.8 3.0 3.9 3.2

50 – 59 3.2 2.5 3.2 2.8

60 ans et + 1.2 2.4 1.2 3.0

Source : Calculs des auteurs sur la base ENPE

Tableau 4 : Répartition des travailleurs selon le niveau d’instruction et le type de contrat

Education CDD CDI Informel Total

Aucun niveau 0.60 2.63 6.20 9.43

Primaire 3.76 11.57 19.19 34.52

Secondaire 5.20 17.47 16.02 38.69

Supérieur 1.99 12.20 3.17 17.36

Total 11.55 43.87 44.58 100

Source : ENPE (2011)

Page 17: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 17

Les taux excessifs et les longues périodes de chômage, ainsi que la précarité de l’emploi, en particulier parmi les jeunes des régions intérieures, ont des conséquences négatives sur la confiance vis-à-vis des institutions, la délinquance, les salaires, l’âge au mariage, etc...

Cela risque de se traduire par d’importants coûts sociaux auxquels le pays devrait faire face et qui pourraient accentuer l’instabilité politique. Source : INS, Rapports ENPE

4- La pauvreté et la distribution des revenus

La Tunisie a réussi, au cours de la décennie 2000-2010, à réduire significativement le taux de pauvreté à l’échelle du pays. En se basant sur les nouvelles estimations du seuil de pauvreté fournies par l’INS en 2012 (voir

Tableau 5), on remarque que l’incidence de pauvreté est passée de 32.4% en 2000 à 15.5 % en 2010, soit 1.6 million de Tunisiens, dont 500 mille vivent en-dessous du seuil de pauvreté extrême. (cf. Figure 4).

Tableau 5 :Seuil de pauvreté par personne et par an

2000 2005 2010

Grandes villes 902 1038 1277

Villes moyennes 818 941 1158

Zones rurales 581 669 820

Source : INS et al. (2012)

Figure 3 :Evolution du taux de chômage

01999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

5

10

15

20

Les résultats du Tableau 6 révèlent, par ailleurs, de fortes disparités urbaines-rurales. Plus de 22% de la population rurale souffre de pauvreté contre seulement 9% dans les

grandes villes. La baisse de la pauvreté a été beaucoup plus importante dans le milieu urbain (près de -58%) contre seulement -44% dans le milieu rural.

Tableau 6 : Répartititon de la pauvreté selon les milieux, 2000-2010

Pauvreté Pauvreté extrême

2000 2005 2010 2000 2005 2010

Grandes villes 21,5 15,4 9,0 4,3 2,2 1,3

Villes moyennes 32,5 22,1 14,0 10,5 6,5 2,9

Zones rurales 40,4 31,5 22,6 19,1 13,4 9,2

National 32,4 23,3 15,5 12,0 7,6 4,6Source : INS et al. (2012)

32,4

12

23,3

7,6

15,5

Pauvreté

Pauvreté extrême

4,6

Figure 4 :Prévalence de la pauvreté et de l'extrême pauvreté

02000 2005 2010

5

10

15

20

25

30

35

Concernant la distribution régionale de la pauvreté, les résultats du Tableau 7 montrent que les régions du Centre-Ouest et du Nord-Ouest du pays semblent les plus affectées relativement aux autres régions,

avec respectivement des taux de 32.3% et 25.7%. Il en est de même pour la pauvreté extrême, dont les taux sont respectivement de 14.3 % et de 8.8 % dans ces mêmes régions.

Page 18: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE18

Tableau 7 : Incidence de la pauvreté par région

Pauvreté Pauvreté extrême

2000 2005 2010 2000 2005 2010

Grand-Tunis 21,00 14,60 9,10 4,30 2,30 1,10

Nord-Est 32,10 21,60 10,30 10,50 5,40 1,80

Nord-Ouest 35,30 26,90 25,70 12,10 8,90 8,80

Centre-Est 21,40 12,60 8,00 6,40 2,60 1,60

Centre-Ouest 49,30 46,50 32,30 25,50 23,20 14,30

Sud-Est 44,30 29,00 17,90 17,50 9,60 4,90

Sud-Ouest 47,30 32,20 21,50 21,70 12,10 6,40

Source : INS et al. (2012)

Le niveau et le rythme de la réduction de la pauvreté ont été plus rapides dans le littoral du pays. Le taux de pauvreté extrême est passé de 4.3% en 2000 à 1.1% en 2010 pour le Nord-Est, de 6.4% à 1.6% pour le Centre-Est, de 17.5% à 4.9% pour le Sud-Est et de 21.7% à 6.4% pour le Sud-Ouest.

Source : INS et al. (2012)

S’agissant des inégalités, les écarts de revenus demeurent relativement élevés, même s’ils ont significativement diminué entre 2000 et 2010. En effet, les nouvelles estimations de l’indice de Gini fournies par l’INS montrent qu’il est passé de 37.5 % en 2000 à 37.7 % en 2005 pour atteindre 35.8 % en 2010 (voir Figure 5). Cette diminution est due principalement à la réduction des inégalités intra-régionales enregistrées dans les régions du Nord-Est, du Centre-Ouest et du Sud-Ouest. Par

ailleurs, les inégalités entre les régions ont enregistré une hausse passant de 16.4 % en 2000 à 18.2% en 2010, aggravant ainsi les disparités régionales qui ne peuvent qu’alimenter la polarisation et menacer la cohésion sociale. Comme nous l’avons mentionné plus haut, les évènements politiques survenus au début de 2011 ont révélé de graves dysfonctionnements reflétés par les fortes disparités régionales et la concentration de la pauvreté dans certaines zones et auprès des populations vulnérables. En se focalisant uniquement sur la population infantile, les données de l’enquête de consommation auprès des ménages de 2010 révèlent que près de 25% des enfants de moins de 18 ans vivent dans des ménages pauvres, selon le seuil estimé par l’INS. Ce taux de pauvreté, largement supérieur à la moyenne nationale estimée à 15.5% (voir Figure 4), s’explique essentiellement par le fait que les enfants pauvres vivent souvent dans des familles nombreuses. Par ailleurs, les mêmes disparités régionales et entre les milieux, révélées par l’analyse de la pauvreté à l’échelle nationale, sont reproduites parmi la population des enfants. Le Tableau 8 montre que plus d’un enfant sur 3 vivant dans le milieu rural est pauvre contre seulement 18% en milieu urbain. Près de la moitié des enfants de la région Centre-Ouest souffrent de la pauvreté contre 12% dans le Centre-Est.

Inégalités inter-régionalesPolarisation

InégalitésInégalités intra-régionales

Figure 5 :Inégalités et Polarisation, 2000-2010

02000 2005 2010

10

20

30

40

50

60

70

Page 19: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 19

Tableau 8 : Incidence de pauvreté -population infantile-Population infantile Incidence de pauvreté Population infantile Incidence de pauvreté

AGE

Age 0 - 5 ans 24,5 Age 12 - 17 ans 22,7Age 6 - 11 ans 27,5

REGIONS

Grand-Tunis 13,7 Centre-Ouest 47,7Nord-Est 16,3 Sud-Est 27,8Nord-Ouest 36,9 Sud-Ouest 34,2Centre-Est 12,2

MILIEU

Rural 34,9 Urbain 18SEXE

Garçons 24,8 Filles 24,7NATIONAL

Population infantile 24,8

Calcul des auteurs sur la base de l’EBCM (2010)

La Tunisie a réussi jusqu’à 2010 à maîtriser son endettement à des niveaux acceptables, avoisinant 40% du PIB en 2010, tout en assurant l’évolution de sa dette. Toutefois, les difficultés économiques que connaît le pays durant cette période de transition ont fortement contribué à l’augmentation du ratio de la dette pour atteindre 50% du PIB à l’horizon de 2014, un niveau largement au-dessus de la moyenne observée dans la région MENA et estimée à 45% en 2014.

Par ailleurs, le déficit budgétaire s’est creusé au cours des trois dernières années en passant de 1.1% en 2010 à près de 7.4% du PIB en 2013. Cette tendance s’explique essentiellement par le ralentissement de la croissance économique et l’augmentation des dépenses publiques destinées au financement de la facture de subventions des produits de base, qui n’a cessé d’augmenter ces trois dernières années, et par les revendications sociales qui ont éclaté juste après la Révolution.La Tunisie continue ainsi à consacrer en moyenne près de 66% du budget (soit 20% du PIB en 2010) aux dépenses à caractère social. La Figure 6 présente la structure de ces dépenses pour l’année 2010. Les parts les plus importantes sont consacrées aux pensions de retraite et à l’éducation avec près de 20% pour chaque poste de dépense, suivies par les subventions de l’énergie et des produits alimentaires de base avec

près de 12.9% du budget. Les dépenses de santé et les politiques actives de l’emploi ont accaparé respectivement 8.3% et 3.9% des dépenses publiques. Les différents programmes d’aide sociale (essentiellement le Programme Nationale d’Aide aux Familles Nécessiteuses : PNAFN) ont mobilisé plus de 1,3% du budget.

Source: Ministère de développement et de la coopération internationale

Bien que les dépenses sociales en Tunisie demeurent au-dessous de la moyenne observée dans les pays de l’OCDE (estimée à 28% du PIB), les contraintes budgétaires et les difficultés actuelles que connaît l’économie remettent en question la soutenabilité de ces différentes dépenses et appellent à une nouvelle vision pour une meilleure allocation et à l’amélioration de leurs impacts distributifs corollaire d’une performance accrue et d’une équité meilleure.

20% 20%

12,9%

8,3%

3,9%1,3%

Figure 6 :Parts des dépenses sociales dans le budget de l’E tat

0Education Pensions

retraiteSubventions Santé Politiques

marchétravail

Aide sociale

5

10

15

20

Page 20: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux
Page 21: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 21

II- METHODOLOGIE MODA :ANALYSE DU CHEVAUCHEMENT DES PRIVATIONS MULTIPLES

Page 22: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux
Page 23: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 23

II- METHODOLOGIE MODA :ANALYSE DU CHEVAUCHEMENT DES PRIVATIONS

MULTIPLES

1- Définition et mesure de la pauvreté des enfants

Dans son rapport sur la Situation des enfants dans le monde (2005), l’UNICEF définit les enfants qui vivent dans la pauvreté comme: «ceux qui sont privés de ressources dont ils ont besoin sur le plan matériel, spirituel et affectif pour survivre, se développer et s’épanouir, ce qui les empêche de jouir de leurs droits, de donner la pleine mesure de leurs capacités ou de participer à la vie de la société en tant que membres à part entière et à chances égales»1. Il ressort de cette définition que la pauvreté infantile ne se limite pas uniquement à la dimension monétaire, présentée plus haut dans ce rapport, mais tient compte également de divers aspects du bien-être de l’enfant à savoir l’aspect physique, psychologique, cognitif, social et économique. Dans une perspective de droits de l’enfant, la pauvreté correspond ainsi à une situation dans laquelle l’enfant ne jouit pas d’un accès permanent à un ensemble de droits fondamentaux définis ou fixés par la société.

Ainsi, pour les enfants, la pauvreté est appréhendée comme une situation de manque ou de privation en matière d’éducation, de santé, de protection sociale, de conditions de logement et de toute forme de privation pouvant nuire à leur épanouissement et à leur développement physique, mental, psychologique et spirituel.

La Figure 7 illustre les droits fondamentaux de l’enfant qui doit être adéquatement nourri, grandir et se développer en bonne santé et en sécurité, bénéficier d’un logement, de l’eau potable, de l’électricité, recevoir une éducation et participer à part entière à la vie communautaire.

Afin d’évaluer l’ampleur de la pauvreté infantile et d’étudier l’équité chez les enfants en Tunisie, nous adoptons l’approche «MODA : Multiple Overlapping Deprivation Analysis - Analyse du chevauchement des privations multiples» proposée par Neubourg et al (2012). Il s’agit d’un nouvel outil qui permet d’identifier, de localiser et de dresser un profil détaillé des enfants les plus affectés par les différentes formes de privations.

Source: Elaboration des auteurs sur la base des discussions du comité de pilotage national du présent rapport

Cette méthode, qui s’inspire de l’approche basée sur les droits fondamentaux de l’enfant, définit la pauvreté comme une privation du bien-être ou de l’accès à divers biens et services essentiels à la survie et au développement des enfants. La pauvreté est ainsi évaluée en fonction de certains besoins ou plutôt des droits dont tous les enfants doivent bénéficier sans discrimination. Ces besoins seront ensuite traduits en indicateurs

Figure 7 :Principaux droits de l’enfance

Pauvretéinfantile

=Violation des

droits del’enfant

Droit à la

nourriture

Droit à desinstallationssanitaires

Droit àdes services

de soinsmédicaux

Droità la

protection

Droità l’eaupotable

Droità

l’information

Droit à unlogement

convenable

Droità

l’éducation

1- La Situation des enfants dans le monde 2005 : l’enfance en péril. New York, UNICEF.

Page 24: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE24

et agrégés en indices reflétant l’incidence, l’intensité et la sévérité de la privation multidimensionnelle subie par les enfants.La mise en œuvre de l’approche MODA, qui retient l’enfant comme l’unité primaire d’analyse, se base sur un processus

standard illustré dans la Figure 8. Ce processus permet de développer une vision globale des différentes formes de privations qui pourraient affecter le bien-être de l’enfant au cours des différentes périodes de sa vie infantile.

Figure 8 :ETAPES MODA

Source : Elaboration des auteurs, selon De Neubourg et al. (2012)

Choisir le/les champs de la pauvreté

Définir le/les champs de la pauvreté

Choisir les données, groupes d’âge, dimensions indicateurs et les seuils

Analyse simple des privationsEstimer le taux de privation pour chaque indicateur

Analyse simple des privationsEstimer le taux de pauvreté

Identifier les enfantsmultidimensionnellement

pauvres

Analyse duchevauchement

par groupe d’âge

Nombre deprivations pourchaque enfant

Estimer le taux depauvreté multidimen-sionnellement ajusté

Décompositiondu taux depauvreté

Estimer l’intensitéde pauvreté

Estimer le tauxde privation pourchaque enfant

Analyse du chevauchement des privations multiples

Il est important de noter qu’il n’existe pas de consensus quant à la détermination des besoins minima pour jouir d’une vie décente ni quant à la manière dont les indicateurs sont retenus, mesurés et agrégés. Le choix des dimensions de privations et des indicateurs primaires dépend des objectifs de l’étude et de l’analyse. En se référant aux

spécificités nationales, aux conditions de vie en Tunisie, et aux normes et référentiels internationaux des droits des enfants, le comité interministériel qui pilote cette étude a retenu dix dimensions pour l’analyse des privations : la nutrition, la santé, l’éducation, l’accès à l’eau, le logement, les conditions sanitaires, le développement de l’enfant,

Page 25: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 25

Le Tableau 9 présente les différents indicateurs retenus pour les différents groupes d’âges ainsi que les seuils appliqués pour la construction des indicateurs primaires de privation. Certains indicateurs primaires

sont collectés à l’échelle du ménage et sont ramenés au niveau individuel. Les autres indicateurs sont collectés auprès de chaque enfant éligible.

l’accès à l’information, la violence et le travail des enfants. Par ailleurs, quatre groupes d’âges ont été sélectionnés afin de tenir compte des hétérogénéités des besoins des

enfants pendant les 17 premières années de leur vie (approche cycle de vie). La Figure 9 présente la répartition des dimensions selon les groupes d’âges.

0-23MOIS

Figure 9 :Approche cycle de vie

Protection

ConditionsSanitaires

Nutrition Santé

Logement Eau

Déve-loppement

Violence

Santé

ConditionsSanitaires

Nutrition

Logement

Eau

24-59MOIS

15-17ANS

Education

ConditionsSanitaires

Violence Information

Logement Eau

Education

Violence

Information

ConditionsSanitaires

Travail

Logement

Eau

5-14ANS

Source : Elaboration des auteurs

Page 26: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE26

Tableau 9 : Dimensions, indicateurs et seuils de privation

Dimensions Indicateurs Privations

INDICATEURS MESURÉS À L’ÉCHELLE DU MÉNAGE

Eau

Utilisation d’une source améliorée d’eau potable

Source d’eau non améliorée : puits non protégé, source non protégée, camion-citerne, charrette avec petite citerne/tonneau, eau de surface (rivière, fleuve, barrage).

Distance pour chercher l’eau Temps nécessaire pour chercher l’eau supérieur à 30 mn.

Conditions Sanitaires

Lavage des mains des mains et disponibilité du savon

Il n’existe pas un lieu spécifique pour se laver les mains dans lequel il y a de l’eau et du savon

Utilisation de toilettes améliorées

Toilettes non améliorées : latrines à fosses sans dalle/trou ouvert ; seaux ; latrines suspendues ; pas de toilettes ou brousse ou champ.

Logement

Promiscuité : nombre de pièces utilisées pour dormir Plus de 3 personnes par chambre à coucher

Le toit et le solMatériaux du toit naturels : chaume/feuille de palmier. et/ouMatériaux du sol naturels : terre/sable

Information Sources d’information Le ménage dispose d’au moins l’une des sources d’information suivantes : radio, télévision, ordinateur.

ViolenceViolence physique sévère comme moyen pour la discipline de l’enfant

L’enfant âgé entre 2-17 ans est privé s’il vit dans un ménage où les moyens utilisés pour apprendre aux enfants à bien se comporter sont les suivants : frapper sur les fesses ou sur une autre partie du corps avec quelque chose comme une ceinture, une brosse à cheveux, un bâton ; frapper ou gifler sur le visage, la tête ou les oreilles ; battre, c’est-à-dire le/la frapper encore et encore aussi fort que possible.

INDICATEURS, ENFANTS AGES ENTRE 0-23 MOIS

Santé

Vaccinations

Enfants âgés entre 0-11 mois n’ont pas reçu de vaccin BCG contre la polio à la naissance

Enfants âgés entre 12-23 mois n’ont pas reçu DTC 1-3, polio1-3, HepB1-3, rougeole, vaccination contre fièvre jaune

Soins prénatals Nombre de consultations prénatales inférieur à 4

Accouchement dans un centre de santé ou assistance lors de l’accouchement

Accouchement hors d’un centre de santé.

Assistance non qualifiée lors de l’accouchement. Accoucheurs non-qualifiés : accoucheuse traditionnelle ; parent ou ami.

Nutrition

Poids pour la taille (P/T) – malnutrition aiguë1

Si le P/T est < -2 écart type σ du poids médian

Obésité comme indicateur de malnutrition

Obésité (surcharge pondérale) >2 écart type σ du poids médian

Poids à la naissance Poids à la naissance moins de 2,5 Kg

Protection Garde inadéquate : Protection

Laisser l’enfant seul ou à la garde d’un enfant, de moins de 10 ans, pendant plus d’une heure.

1- Pour les indicateurs de croissance, nous avons retenu uniquement l’indicateur relatif à la malnutrition aiguë qui reflète mieux le statut nutritionnel de l’enfant.

Page 27: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 27

Dimensions Indicateurs Privations

INDICATEURS ENFANTS AGES ENTRE 24-59 MOIS

Santé Poids pour la taille (P/T) – malnutrition aiguë Si le P/T est < -2 écart type σ du poids médian

Nutrition

Obésité comme indicateur de malnutrition

Obésité (surcharge pondérale) >2 écart type σ du poids médian

Interaction adultes-enfants Aucun livre ou jeu/objet ludique pour l’enfant et/ou

Dévelop-pement de l’enfant

Aucune activité de promotion d’apprentissage et de préparation scolaire avec les adultes (lire, faire du calcul, jouer avec l’enfant ; aller à la maternelle)

INDICATEURS ENFANTS AGES ENTRE 5-14 ANS

Education Scolarisation

Enfant privé de l’éducation si : à 5 ans : ne va pas dans un établissement préscolaire ;à 6-14 ans : ne va pas à l’école.

Réussite scolaire Enfant privé s’il n’a pas terminé les 6 classes de niveau primaire

Travail des enfants Travail des enfants

Enfants âgés entre 5-11 ans 1h ou plus par semaine de travail économique (enfant ayant fait un travail pour quelqu’un qui n’est pas un membre du ménage; ayant fait un travail dans les terres familiales ou dans une affaire familiale, ou ayant vendu des marchandises dans la rue) ; 28h ou plus par semaine de travail domestique (l’enfant est allé chercher de l’eau ou du bois pour le ménage ; a aidé à faire des travaux ménagers tels que faire des courses, nettoyer, laver des vêtements, cuisiner ou s’occuper d’enfants, de personnes âgées ou malades) Enfants âgés entre 12-14 ans14h ou plus de travail économique par semaine28h ou plus de travail domestique par semaine

INDICATEURS ENFANTS AGES ENTRE 15- 17 ANS

EducationScolarisation

Enfant privé de l’éducation si l’enfant : à 15 ans ne va pas à l’école ;à 16-17 ans ne fréquente pas l’école secondaire/lycée.

Réussite scolaire Enfant privé s’il n’a pas terminé les 6 classes de niveau primaire

Le Tableau 9 montre que certaines dimensions comme la nutrition ou la santé sont constituées de plusieurs indicateurs primaires, afin d’avoir une image assez complète de l’état de privation de la dimension considérée. Ainsi, un enfant est considéré comme privé de la dimension j si l’un des indicateurs appartenant à cette dernière n’atteint pas le seuil recommandé.Le recours à cette méthode d’agrégation permet d’éviter la double pondération de chaque privation surtout lorsqu’il s’agit des

différents indicateurs qui expliquent l’état de privation d’une dimension donnée. Toutefois, cette méthode d’agrégation est insensible à la gravité de la privation, étant donné que le statut de privation ne dépend pas du nombre de privations subies. Il faut également noter que cette méthode d’analyse accorde le même poids aux différents indicateurs primaires de privations. Les dimensions retenues ont toutes la même importance dans le bien-être puisqu’elles traduisent des droits fondamentaux des enfants.

Page 28: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE28

2- Analyse simple des privations : Analyse par indicateur et par dimension

2.1- Estimation du taux de privation par indicateur

Un enfant est considéré comme privé selon un indicateur donné si la valeur de ce dernier est inférieure au seuil z indiqué dans le Tableau 9. Si l’enfant est privé, le statut de l’enfant pour cet indicateur prendra la valeur 1, sinon il prendra la valeur 0. Le taux de privation pour chaque indicateur représente alors la part des enfants privés de cet indicateur.Ce taux peut être exprimé comme suit :

avec

et Di,j= 1 si <zi (privé) et = 0 si ≥ zi (non privé)

où :

hi,rLe taux de pauvreté des enfants privés de l’indicateur i, dans la population de référence r

qirLe nombre d’enfants de la population de référence r privés de l’indicateur i

nrLe nombre total des enfants de la population de référence r

Di,jLe statut de l’enfant j vis-à-vis de l’indicateur i

xijLa valeur de l’indicateur i de l’enfant j

ziLe seuil de privation de l’indicateur i

2.2- Estimation du taux de privation par dimensionLe taux de privation par dimension et par groupe d’âge représente la proportion des enfants privés de la dimension d dans chaque groupe. Dans ce cas, l’état de privation est déterminé par la valeur de dimension. Ce taux est calculé comme suit :

avec

et

hd,a Le taux de pauvreté des enfants privés de la dimension d, dans le groupe d’âge a

qd Le nombre d’enfant privés de la dimension d dans le groupe d’âge a

na Le nombre total des enfants du groupe a

Dd,j Le statut de l’enfant vis-à-vis de la dimension d

Notons que dans cette étape, seuls les enfants disposant d’informations complètes pour les indicateurs et les dimensions seront retenus dans l’échantillon.

2.3- Profil des enfants privés

L’ampleur de privation par indicateur et par dimension pourrait être analysée en fonction des caractéristiques des enfants. Dresser le profil des enfants privés permet en effet d’identifier les enfants les plus défavorisés, de définir leurs caractéristiques et d’étudier les disparités entre les différents groupes socio-économiques. Dans cette étude, plusieurs variables ont été retenues notamment le milieu de résidence, les régions, le sexe du chef de ménage, l’indice de richesse du ménage dans lequel vit l’enfant.

3- Analyse du chevauchement des privations multiples

3.1- Nombre de privations et analyse de chevauchement par groupe

L’intensité de la privation peut être mesurée par le nombre moyen de privations dont souffre chaque enfant. Ce nombre ne peut être utilisé pour la comparaison entre les différents groupes d’âges. En effet, le nombre et la nature des privations sont spécifiques à chaque groupe d’âge, et ils ne sont pas directement comparables entre les différents groupes qui ont des besoins spécifiques. Ainsi, l’intensité de la privation devrait être estimée pour chaque groupe d’âge séparément. Le nombre total des privations relatif à chaque groupe d’âge sera utilisé par la suite pour l’identification des enfants multi-dimensionnellement pauvres.

Page 29: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 29

Le nombre total des privations pour chaque enfant est exprimé comme suit :

Avec si l’enfant est privé de la dimension d ; s’il n’est pas privé de la dimension d. L’analyse du chevauchement des privations nous permet de mieux évaluer l’étendue et la nature des privations simultanées qui touchent l’enfant. Elle fournit par conséquent une information précieuse sur la distribution jointe des privations et aide à mieux cibler les interventions publiques auprès des enfants privés de leurs droits fondamentaux. Le chevauchement des privations peut être étudié en combinant au maximum trois dimensions dans un diagramme de Venn (voir Figure 10) qui offre une illustration visuelle de l’ampleur de la privation simultanée qui touche l’enfant. Généralement, la priorité devrait être accordée au groupe d’enfants souffrant de la multiplicité des privations, et qui peuvent être les plus vulnérables en termes de dimensions analysées.

3.2- Identification des enfants multi-dimensionnellement privés

- Le taux de privation multidimensionnelle (H)

Le taux de privation multidimensionnelle mesure la proportion des enfants privés selon le seuil de privation retenu K. Un enfant est considéré comme pauvre si le nombre de privations qui touchent l’enfant est supérieur ou égal au seuil de privation K.Le taux de privation multidimensionnelle H représente ainsi la proportion des enfants qui sont multi-dimensionnellement pauvres ou privés, soit :

avec

et Dk,j = 1 si cj ≥k et Dk,j= 0 si cj<k

HaTaux de pauvreté des enfants appartenant au groupe d’âge a selon le seuil K

Qk,aNombre d’enfants privés de K dimensions appartenant au groupe d’âge a

NaNombre total d’enfants du groupe a

Dk,jNombre de privations pour l’enfant j selon le seuil K

cjNiveau de privation : le nombre des privations

K Seuil de privation

- L’intensité moyenne des privations (A)

La moyenne de la fraction d’intensité de privations chez les enfants pauvres est définie par le rapport entre la somme des privations chez les enfants identifiés comme pauvres et la somme de toutes les privations qui peuvent affecter le groupe d’enfants considéré.L’intensité moyenne des privations A est exprimée comme suit :

avec

et

Qk,aNombre d’enfants appartenant au groupe a qui souffrent d’au moins K privations

daNombre des dimensions retenues pour le groupe d’âge a

cjNiveau de privation : le nombre des privations

A titre d’exemple, pour le premier groupe d’âge, soit les enfants âgés entre 0 et 2 ans, nous avons identifié 6 dimensions. Si l’intensité de la privation multidimensionnelle A est égale à 50%, alors nous pouvons

Figure 10 :Diagramme de chevauchement des privations

Privés de ladimension 1uniquement

Privés de ladimension 2uniquement

Privés de ladimension 3uniquement

Privés de ladimension 1 et 3

Privés de ladimension 1 et 2

Privés de ladimension 1,2 et 3

Privés de ladimension 1 et 2

Page 30: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE30

conclure qu’en moyenne le nombre de privations qui touche les enfants de ce groupe d’âge est égal à 3.

3.3- Le taux ajusté de privation multidimensionnelle ( M0 )

Le taux ajusté de privation multidimensionnelle MO

1 peut être également exprimé comme le produit du taux d’incidence de la pauvreté multidimensionnelle (H) et de l’intensité moyenne des privations (A).

Ce taux est utilisé pour saisir non seulement la proportion des enfants privés (H), mais également l’intensité moyenne de leur privation (A). Ce taux ajusté pourrait refléter la sévérité de la pauvreté.

3.4- Décomposition du taux ajusté de privation multidimensionnelle ( M0 )

- Décomposition de ( M0 ) par groupes

Le taux ajusté de privation multidimensionnelle satisfait le critère de monotonicité dimensionnelle discuté par Alkire et Foster (2007). Il peut être décomposé selon les sous-groupes de la population. Il est possible de calculer l’intensité moyenne et le taux ajusté de pauvreté pour chaque groupe en utilisant les formules suivantes :

- Décomposition de ( M0 ) par dimensions

Le taux ajusté de privation multidimensionnelle peut être également décomposé par la dimension. Cette décomposition permettra de déterminer la contribution de chaque dimension à la privation totale dans un pays, dans une région spécifique, ou dans un groupe de la population. En divisant une population de taille n en deux groupes de tailles respectives et, on peut écrire :

La contribution de la dimension d à la pauvreté multidimensionnelle peut être exprimée de la façon suivante :

Les analyses du rapport sont basées sur un échantillon de 9171 ménages interviewés dans le cadre de l’Enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS4), réalisée en 2011-2012 par l’Institut National de la Statistique avec l’appui de l’UNICEF, l’UNFPA et le Bureau de la Coopération Suisse en Tunisie. L’enquête couvre plusieurs aspects sur les conditions de vie des ménages, l’état de santé des enfants et des femmes âgées entre 15 et 49 ans. L’échantillon final comprend 10818 enfants âgés entre 0 et 17 ans, dont 2899 âgés de moins de 5 ans. Afin de mieux analyser la situation de l’enfance dans les zones défavorisées, l’échantillon a été stratifié selon six grandes régions économiques (Grand-Tunis, Nord-Est, Nord-Ouest, Centre-Est, Sud-Est, Sud-Ouest) et trois gouvernorats les plus pauvres du pays formant la région du Centre-Ouest (Gouvernorats de Kairouan, Sidi Bouzid et Kasserine).

De plus amples détails sur la méthodologie de l’échantillonnage sont fournis dans le rapport MICS 4 (voir UNICEF ; 2013). Par ailleurs, nous notons que l’ensemble des Tableaux et Figures présentés dans le reste du document sont produits par les auteurs sur la base des données après épuration et élimination des valeurs manquantes.

1- Ceci est similaire au Taux Ajusté de Pauvreté Multidimensionnelle d’Alkire et Foster, connu sous le nom d’Indice de Pauvreté Multidimensionnelle (MPI). Pour plus de détails voir Alkire et Foster (2007).

Page 31: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 31

III- RESULTATS

Page 32: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux
Page 33: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 33

III- RESULTATS

Afin de simplifier la lecture des résultats, nous présenterons, dans un premier temps, une analyse exhaustive de la privation infantile par indicateur et par dimension pour chacun des groupes d’âges retenus. Dans un second temps, nous procéderons à une analyse de la privation multidimensionnelle et de la décomposition selon les caractéristiques de l’enfant pour l’ensemble des groupes d’âges. Les tendances générales ainsi que les recommandations relatives aux politiques seront présentées dans la conclusion de ce rapport.

1- Analyse des privations1.1- La privation parmi les enfants âgés de 0 à 23 moisLes résultats par indicateur primaire de bien-être révèlent d’importants taux de privations, en particulier en termes de soins prénatals où près d’un enfant sur 4 n’a pas bénéficié d’un suivi médical approprié avant la naissance. Les résultats montrent également des taux relativement élevés d’enfants souffrant de problèmes d’obésité (18.7%), du non-respect du calendrier vaccinal (13.9%) et

d’une garde inadéquate (10.3%), souvent à l’origine des accidents domestiques (voir Figure 11 : panel gauche). L’agrégation de ces privations élémentaires par dimension montre que ce groupe d’âge est affecté essentiellement en termes de santé (33.5%) et de statut nutritionnel (27.5%). L’ampleur relativement élevée de la privation de santé s’explique par le manque d’accès aux services médicaux et aussi par la négligence des familles quant à l’importance du suivi médical prénatal et au non-respect du calendrier vaccinal. L’incidence élevée des problèmes nutritionnels est due à la malnutrition observée essentiellement chez les familles démunies et principalement le problème de l’obésité qui touche toutes les catégories de la population aisées et moins aisées, instruites et moins instruites. Les mauvaises conditions sanitaires et de logement touchent également une part significative de la population avec respectivement 10.1 et 12.2%. Ces privations affectent directement le bien-être des enfants et pourraient même accentuer leurs problèmes nutritionnels et de santé.

Taux de privation par indicateur - Enfants: 0-23 mois

Figure 11:Analyse élémentaire par indicateur et par dimension : 0-23 mois

0 5 10 15 20 25

Poids à la naissanceMalnutrition aigue

Obésité

Privation en %

VaccinationSoins prénatals

Assistance naissanceSource eau améliorée

Distance eauToilettes améliorées

Disp savonPromiscuité

Toit et solProtection

7.04.2

18.713.9

24.31.3

4.04.14.0

8.512.1

0.310.3

Taux de privation par dimension - Enfants: 0-23 mois

0 10

27.5

33.5

5.4

10.1

12.2

10.3

20 30 40

Nutrition

Santé

Eau

Sanitaire

Logement

Protection

Page 34: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE34

La mère joue un rôle central dans la protection de l’enfant et l’amélioration de son bien-être. Une femme instruite serait probablement plus consciente de l’importance des différentes dimensions du bien-être de son enfant et pourrait mieux le protéger des privations. L’examen des résultats du Tableau 10 montre qu’à l’exception du statut nutritionnel, l’ampleur de la privation diminue significativement avec le niveau d’instruction de la mère. La privation de santé et de protection passe respectivement de 48.7 et 21.1 pour les enfants dont la mère est sans instruction à 23.7 et 5.5 pour ceux dont la mère à un niveau universitaire. La privation d’eau, de conditions sanitaires et de logement est quasi inexistante parmi ce dernier groupe. En fait, le niveau de privation d’une source améliorée d’eau

et d’un logement décent s’explique plutôt par le milieu de résidence et le niveau de richesse du ménage. Les ménages pauvres résidant dans un milieu rural sont généralement composés de parents ayant un niveau d’instruction assez faible. Le niveau de privation observé en eau et en logement reflète davantage une corrélation entre le niveau de richesse, le milieu de résidence et le niveau d’instruction des parents. Ces résultats pourraient être également interprétés comme une forme d’inégalité d’opportunités à laquelle font face les enfants. L’absence d’une différence significative entre le statut nutritionnel des enfants selon le niveau d’instruction s’explique par l’ampleur de la malnutrition aiguë et l’obésité qui touchent toutes les catégories.

Tableau 10 : Incidence de privation selon l’éducation de la mère

Enfants 0-24 mois

Profil Nutrition Santé Eau Sanitaire Logement Protection

Mère sans instruction 32,5 48,7 19,1 38,4 34,9 21,1

Mère niveau primaire 24 37 8,3 14,8 18,9 13

Mère niveau secondaire 27,4 33,7 2,2 4,6 7,3 8,5

Mère niveau universitaire 30,3 23,7 0,6 0,9 1,8 5,5

La Figure 12 montre l’ampleur de la privation en fonction du niveau de richesse du ménage et le milieu de résidence(1). Une relation claire entre le niveau de richesse et la privation infantile est clairement établie. Par ailleurs, les disparités urbaines/rurales sont évidentes et montrent que les enfants du milieu urbain sont relativement mieux nantis que ceux du milieu rural. Les résultats du Tableau 11 présentent par ailleurs de fortes disparités régionales : Il n’est pas surprenant que les régions de l’Ouest enregistrent les taux de privation les plus élevés comparativement aux zones côtières. Les enfants de la région du Centre-

(1) L’enquête MICS ne contient pas d’information sur le revenu des ménages. Pour étudier la corrélation entre le niveau de privation de l’enfant et la richesse du ménage, nous construisons un indice composite basé sur des indicateurs simples de conditions de vie (tels que les caractéristiques de logement et la possession des biens durables), et qui sont fortement corrélés avec le revenu. Afin de tenir compte des disparités urbaines/rurales, l’indice de richesse a été calculé séparément pour chaque milieu. Ensuite les ménages ont été classés selon leurs scores prédits de richesse. Plus de détails techniques sur la construction des indices de richesse sont fournis dans Sahn et Stifel (2000).

Ouest (en particulier de Sidi Bouzid) sont les plus affectés en termes de santé (53.3%) et de protection (16.8%).

Figure 12:Privation par niveau de richesse du ménage

et milieu de résidence

60% les + riches: rural60% les + riches: urbain

40% les + pauvres: rural40% les + pauvres: urbain

10

18

27

38

45

Développement SantéNutrition

EauLogement Sanitaire

Page 35: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 35

Les mauvaises conditions sanitaires et de logement touchent essentiellement les enfants de la région de Kairouan avec un taux de privation de 41.3% et 31.1%

respectivement. Notons finalement que les problèmes nutritionnels touchent toutes les régions dans les mêmes proportions.

Tableau 11 : Distribution de la privation par région

Enfants 0-23 mois

Région Nutrition Santé Eau Sanitaire Logement Protection

Grand-Tunis 27,9 26,7 0 0,9 7,4 8,1

Nord-Est 33 39 6,5 8,5 9,7 9,9

Nord-Ouest 35,7 42,6 23,6 8,9 12,4 8,5

Centre-Est 28,4 27,7 0,6 10,4 10,5 11,4

Kasserine 25,6 40,9 22,5 21,8 21,4 6,9

Kairouan 22,1 28,6 6,3 41,3 31,1 14,1

Sidi Bouzid 20,7 53,3 20,2 34 25,1 16,8

Sud-Est 17,2 35,9 0 6,3 12,6 10

Sud-Ouest 28,4 36,9 2,9 7 11,4 16,8

Le panel gauche de la Figure 13 donne les résultats de la fréquence de privation. A l’échelle nationale, 40% des enfants de 0-23 mois jouissent de tous leurs droits et ne souffrent d’aucune privation. Alors que 36% sont affectés par une quelconque forme de privation, 17% souffrent de 2 privations et près de 4% souffrent de 3 privations simultanément. Moins de 3% de la population de ce groupe souffre d’au moins 4 privations. Toutefois, la même

Figure révèle de fortes disparités urbaines-rurales, selon le niveau d’instruction de la mère et le niveau de richesse. Le panel droit de la Figure 13 montre une forte concentration de privations parmi ceux qui souffrent de problèmes d’accès à l’eau et/ou de mauvaises conditions de logement. En d’autres termes, ceux qui vivent dans de mauvaises conditions de logement et n’ont pas d’accès à l’eau souffrent généralement d’autres formes de privations.

Distribution en % du nombre de privationsselon les caractéristiques de l’enfant: 0-23 mois

0 20

25 36 24 8

48 36 13 2

26 35 25 8

48 37 12 2

23 31 30 8

827 41 17

47 37 13 3

50 35 13 1

40 36 17 4

40 60 80 100

Rural

Urbain

Educ mère: primaire ou moins

Educ. mère secondaire ou +

40% + pauvres: rural

60% + riches: rural

40% + pauvres: urbain

60% + riches urbain

National

3 privations2 privations

aucune privation1 privation

% pauvres uniquement selon la dimension spécifiée

% pauvres souffrant d’une privation supplémentaire

% pauvres souffrant d’une privation supplémentaire

% pauvres souffrant d’une privation supplémentaire

0 20

19 30 20 31

21 41 19 19

24 34 21 22

29 38 18 15

46 38 10 7

49 34 9 8

40 60 80 100

Eau

Logement

Sanitaire

Protection

Nutrition

Santé

Concentration de privation par dimensionparmi les enfants pauvres: 0-23 mois

Distribution relative des pauvres

Figure 13:Fréquence et concentration des privations : 0-23 mois

Page 36: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE36

1.2- La privation parmi les enfants âgés de 24 à 59 mois

Chez les enfants de 24-59 mois, la violence constitue un véritable problème, avec plus d’un enfant sur 3 subissant une forme de violence. Le panel gauche de la Figure 14 montre également que la promiscuité, l’obésité, et dans une moindre mesure l’absence de livres dans la maison et l’interaction avec les adultes frappent une proportion relativement élevée d’enfants comparativement à la proportion

d’enfants souffrant du manque d’accès à l’eau et de conditions sanitaires qui se situe à des niveaux semblables à ceux du premier groupe d’âge. Toutefois, l’agrégation des privations par dimension montre qu’outre le problème de violence, une large proportion d’enfants vit dans de mauvaises conditions sanitaires et de logement, et souffre d’un mauvais statut nutritionnel, avec des taux de privation respectifs de 10.8, 16.9% et 13.3%.

La Figure 15 révèle une hiérarchie claire entre les milieux urbain et rural et le niveau de richesse du ménage en termes d’incidence de privation. Les enfants vivant en milieu rural, et en particulier dans un ménage pauvre (selon l’indice composite de la richesse) sont relativement plus affectés que ceux vivant en milieu urbain et dans des familles mieux nanties. Le Tableau 12 confirme les remarques précédentes à propos de l’impact positif du niveau d’instruction de la mère dans la protection de l’enfant. A l’exception de la dimension santé, le taux de privation décroît de manière significative avec l’éducation de la mère. La faible corrélation du niveau d’instruction et du taux de privation de santé et de nutrition pourrait s’expliquer par l’indisponibilité des services publics de santé dans plusieurs régions de l’Ouest du pays en particulier. Par ailleurs, les ménages subissent des coûts non monétaires (temps de déplacement, attente ...) de nature à les décourager.

Taux de privation par indicateur Enfants: 24-59 mois

0

1.811.5

8.44.84.64.4

8.716.8

0.49.7

33.4

2010 30 40

Malnutrition aigueObésité

VaccinationEau amélioréeDistance Eau

Toilettes amélioréesDisp savonPromiscuité

Toit et solInteraction adultes

Violance

Privation en %

Figure 14:Analyse élémentaire par indicateur et par dimension : 24-59 mois

Taux de privation par dimensionEnfants: 24-59 mois

Privation en %

0 10 20 30 40

Nutrition

Santé

Eau

Sanitaire

Logement

Developpement

Violance

13.3

8.4

6.7

10.8

16.9

9.7

33.4

Figure 15:Taux de privation selon le milieu de résidence

et la richesse du ménage

Violance SantéNutrition

Sanitaire EauLogementDéveloppement

60% les + riches rural

60% les + riches urbain

40% les + pauvres rural

40% les + pauvres urbain

9

17

25

31

42

Page 37: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 37

de bien veiller à la santé de leurs enfants. Cette faible corrélation pourrait aussi s’expliquer par le manque de sensibilisation

des mères quant à l’importance des problèmes d’obésité et du respect du calendrier vaccinal.

Tableau 12 : Taux de privation selon le niveau d’instruction de la mère

Enfants : 24-59 mois

Profil Nutrition Santé Eau Sanitaire Logement Développement Violence

Mère sans instruction 14,0 8,6 22,9 37,7 42,4 29,6 38,6

Mère niveau primaire 15,3 8,4 7,4 11,7 23,4 12,0 36,8

Mère niveau secondaire 11,5 6,9 2,8 4,3 7,4 4,4 34,2

Mère niveau universitaire 12,7 11,4 0,6 1,7 4,1 1,3 19,3

Le Tableau 13 confirme les inégalités régionales en termes de privation, discutées plus haut pour le premier groupe. Les enfants âgés entre 24 et 59 mois qui vivent dans les régions de l’Ouest sont plus affectés que ceux qui vivent dans les autres régions du pays. Les enfants de la région de Sidi Bouzid sont les plus touchés en termes d’indicateurs de développement de l’enfant, de santé et

surtout de violence avec un taux de privation de 50.5%. Le taux de privation ne dépasse pas 23.3% dans la région du Nord-Est.La privation en eau est quasi inexistante dans le district de Tunis et au Sud-Est, alors que plus de 20% des enfants vivant dans les régions du Nord-Ouest, Kasserine et Sidi Bouzid souffrent de problèmes d’accès à l’eau.

Tableau 13 : Distribution des privations par région

Enfants 24-59 mois

Région Nutrition Santé Eau Sanitaire Logement Développement Violence

Grand-Tunis 14 7,3 0,3 0,8 12 3,9 29,6

Nord-Est 13,2 7,7 8 7,7 14,3 9,2 23,3

Nord-Ouest 12,3 9,2 23,3 11,6 17,9 13 34,5

Centre-Est 7,7 11,6 2,1 9,3 10,8 9,1 32,2

Kasserine 22 5,3 23,4 29,1 33,5 16,2 42,6

Kairouan 6,7 4,6 7,8 41,5 42,9 17,2 44,2

Sidi-Bouzid 12,6 19,3 20,5 40,9 32,5 38,2 50,5

Sud-Est 19,4 5,3 0 9 15,8 8,9 37,8

Sud-Ouest 23,8 6,1 3,2 4,9 23 3 48

Le panel gauche de la Figure 16 montre qu’à l’échelle nationale, 40% des enfants âgés entre 24-59 mois ne sont affectés par aucune privation, contre 35% qui vivent au moins avec une privation, 15% avec 2 privations et 7% avec 3 privations. La même Figure révèle les fortes disparités urbaines-rurales,

ainsi que l’impact positif de l’éducation de la mère et de la richesse du ménage sur le taux de privation. Le panel droit de la Figure 16 montre la forte concentration de la privation parmi les enfants qui souffrent de mauvaises conditions sanitaires et d’un manque d’accès à l’eau.

Page 38: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE38

1.3- La privation parmi les enfants âgés entre 5 et 14 ans

Concernant le troisième groupe d’enfants âgés de 5 à 14 ans, les résultats de la Figure 17 montrent que, hormis la forte prévalence de la violence discutée dans le paragraphe précédent, la promiscuité, les conditions sanitaires ainsi que la réussite scolaire constituent les problèmes les plus apparents avec des taux de privation respectifs de

19.4%, 10.5% (disponibilité du savon et lavage des mains des mains) et 9.9%. Les résultats démontrent la faible prévalence du travail des enfants (1.8%). Toutefois, ce taux se traduit par près de 30.000 enfants qui souffrent de cette forme de privation sévère. Ces enfants ont souvent abandonné l’école et vivent généralement dans des familles pauvres.

Distribution en % du nombre de privationsselon les caractéristiques de l’enfant: 24-59 mois

0 20

24 30 25 14

50 38 10 3

29 33 20 12

51 36 11 2

21 27 24 18

27 34 26 9

45 39 12 4

54 36 82

40 35 15 7

40 60 80 100

3 privations2 prinations

aucune privation1 privation

Rural

Urbain

Educ mère: primaire ou moins

Educ. mère: secondaire ou +

40% + pauvres: rural

60% + riches: rural

40% + pauvres: urbain

60% + riches: urbain

National

0 20

16 29 35 20

18 29 29 24

18 30 32 20

28 32 27 13

45 32 14 8

38 35 19 9

52 30 12 5

40 60 80 100

Sanitaire

Eau

Développement

Logement

Santé

Nutrution

Violence

% pauvres uniquement selon la dimension spécifiée% pauvres souffrant d’une privation supplémentaire% pauvres souffrant de 2 privations supplémentaires% pauvres souffrant de 3 - 6 privation supplémentaires

concentration de privation par dimensionparmi les enfants pauvres: 24-59 mois

Distribution relative des pauvres

Figure 16:Fréquence et concentration des privations : 24-59 mois

0 0 10

5.9

1.5

7.5

12.5

19.9

31.5

1.8

20 3010

3.4

9.9

1.5

4.8

5.5

5.3

10.5

19.4

1.0

31.5

1.8

20 30

Scolarisation Education

Information

Eau

Sanitaire

Logement

Violance

Travail

Réussite scolaire

Accès information

Source eau améliorée

Distance Eau

Toilette améliorée

Disp. savon

Promiscuité

Toit et Sol

Violance

Travail

Taux de privation par indicateurEnfants: 5-14 ans

Privation en % Privation en %

Taux de privation par indicateurEnfants: 5-14 ans

Figure 17:Taux de privation par indicateur et par dimension

Page 39: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 39

Les résultats présentés dans le Tableau 14 et la Figure 18 confirment l’analyse précédente sur les disparités urbaines/rurales et démontrent l’importance de l’éducation de la mère. Le taux de travail des enfants est nettement plus faible pour un enfant dont la mère est universitaire comparativement à ses pairs dont la mère est sans instruction. La prévalence de la violence chute rapidement de 40.5 % pour les mères sans instruction à 29.1% pour celles qui ont le niveau secondaire, puis à 16.2 pour celles du niveau universitaire. La privation de l’éducation adéquate est nulle chez la dernière catégorie. Toutefois, il est important de noter que le niveau d’instruction de la mère n’offre qu’une explication partielle de la privation des enfants. Les conditions économiques du ménage (fortement corrélées avec le niveau d’instruction des parents) joueraient vraisemblablement un rôle important dans la détermination du statut de privation de l’enfant.

Tableau 14 : Taux de privation selon l’education de la mère

Enfants : 5-14 ansProfil Education Information Eau Sanitaire Logement Violence TravailMère sans instruction 11,1 4,3 21,2 33,4 40,5 40,5 2,5Mère niveau primaire 5,5 1,2 5,1 9,7 22,0 35,2 2,0Mère niveau secondaire 1,2 0,0 1,8 3,2 8,2 29,1 1,5Mère niveau universitaire 0,0 0,0 2,4 0,5 2,5 16,2 0,7

Les résultats du Tableau 15 confirment nos propos précédents sur les disparités régionales. La privation de l’éducation adéquate affecte également une part significative des enfants qui vivent à Kasserine ou à Kairouan avec respectivement 11.5%

et 10.6%. Par ailleurs, les enfants âgés de 5 à 14 ans vivant dans les régions du Sud-Est et de Kasserine sont les plus touchés par la privation relative au travail, en comparaison de ceux qui vivent dans les autres régions.

Tableau 15 : Distribution de la privation par région

Enfants 5-14 ansRégion Education Information Eau Sanitaire Logement Violence TravailGrand-Tunis 3,1 0,4 0,2 0,3 12,5 26,3 0,5Nord-Est 4,1 0,9 5,6 6,5 15,4 22,8 1,1Nord-Ouest 5,9 4 24,4 19,9 23,9 37,3 1Centre-Est 5,7 1,1 3,2 11,1 14,8 28,6 2,3Kasserine 11,5 1,2 29,1 31,2 40 42,8 4,4Kairouan 10,6 4,4 9,1 39,7 44,3 37,7 0,6Sidi-Bouzid 8,7 4 22,8 46,6 31,5 42,6 0,8Sud-Est 8,4 0,7 0,3 8,8 19,3 32,7 4,8Sud-Ouest 5,4 0,5 2,8 5,7 24,4 48 2,8

Travail InformationEducation

Sanitaire EauLogementViolance44

35

2617

9

60% les + riches rural

60% les + riches urbain

40% les + pauvres rural

40% les + pauvres urbain

Figure 18:Taux de privation selon le milieu de residence et la

richesse du menage

Profil de la privation par dimensionEnfants: 5-14 ans

Page 40: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE40

Les résultats de la Figure 19 montrent que près de la moitié (49%) des enfants de ce groupe d’âge ne souffrent d’aucune privation, ce taux atteint 69% pour les enfants vivant dans des ménages relativement aisés du milieu urbain. Dans le milieu rural, près de 73% des enfants souffrent d’au moins une forme de privation, contre 38% pour le milieu

urbain. La concentration de la privation est observée essentiellement chez les enfants qui n’accèdent pas à l’information et qui ne bénéficient pas d’un accès adéquat à l’eau. En d’autres termes, ceux qui n’accèdent pas aux sources d’information et/ou à une source améliorée d’eau sont relativement plus touchés par d’autres formes de privations.

0 0 20 40 60 80 10020 40 60 80 100

2 privations3 prinations

aucune privation1 privation

Rural

Urbain

Educ mère: primaire ou moins

Educ mère: secondaire ou +

40% + pauvres: rural

60% + riches: rural

40% + pauvres: urbain

60% + riches: urbain

National

27 31 25 12

62 32 6 1

37 34 19 7

67 28 4 1

20 26 29 16

32 35 22 9

51 36 12 1

69 28 30

49 31 13 5

Distribution en % du nombre de privationsselon les caractéristiques de l’enfant: 5-14 ans

concentration de privation par dimensionparmi les enfants pauvres: 5-14 ans

Figure 19:Fréquence et concentration de privations 5-14 ans

Information

Eau

Sanitaire

Travail

Education

Logement

Violance

7 27 20 47

16 29 33 21

18 41 27 14

26 47 21 5

28 35 24 13

36 39 8

10

18

60 25 4

% pauvres uniquement selon la dimension spécifiée% pauvres souffrant d’une privation supplémentaire

% pauvres souffrant de 2 privations supplémentaires% pauvres souffrant de 3 - 5 privations supplémentaires

1.4- La privation parmi les enfants âgés entre 15 et 17 ans

L’étude de privation de ce quatrième groupe d’enfants âgés de 15-17 ans est presque similaire à celle du groupe précédent. L’analyse couvre les mêmes dimensions, à l’exception de la dimension travail des enfants qui ne concerne pas cette catégorie d’âge

d’après les conventions internationales. Les résultats pour ce groupe, présentés dans les Figures 20-22 et le Tableau 16, sont très proches de ceux du groupe précédent. Toutefois, il est important de noter la forte prévalence de l’abandon scolaire, due vraisemblablement à leur âge avancé comparativement au groupe précédent.

0 0 10

16.3

1.6

7.6

13.6

18.4

27.5

20 301021.5

5.3

4.4

5.74.9

11.417.7

1.3

27.51.6

20 30Scolarisation

Réussite scolaire

Source eau améliorée

Distance EauToilette améliorée

Disp. savonPromiscuitéToit et Sol

ViolanceAccès information

Taux de privation par indicateurEnfants: 15-17 ans

Taux de privation par dimensionEnfants: 15-17 ans

Figure 20:Privation par indicateur et par dimension 15-17 ans

Privation en %Privation en %

Education

Information

Eau

Sanitaire

Logement

Violance

Page 41: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 41

Tableau 16 : Privation selon le niveau d’instruction de la mère

Enfants 15-17 ans

Profil Education Information Eau Sanitaire Logement Violence

Mère sans instruction 25,6 3,8 17,1 28,1 35,7 33,5

Mère niveau primaire 12,3 0,4 4,2 8,2 15,3 27,8

Mère niveau secondaire 5,0 0,0 1,9 1,6 5,8 24,6

Mère niveau universitaire 8,2 0,0 4,0 0,0 0,7 9,0

Les résultats du Tableau 16 confirment les conclusions tirées précédemment quant à la distribution régionale des privations.

0 0 20 40 60 80 10020 40 60 80 100

2 privations3 prinations

aucune privation1 privation

Rural

Urbain

Educ mère: primaire ou moins

Educ mère: secondaire ou +

40% + pauvres: rural

60% + riches: rural

40% + pauvres: urbain

60% + riches: urbain

National

Information

Eau

Sanitaire

Logement

Education

Violance

6 19 25 50

21 29 28 22

24 37 25 15

35 36 18 11

42 27 20 11

52 29 9 10

31 31

25 61

21 11

68

46 30 15 6

75 22 30

25 28 24 13

35 33 19 10

57 31 102

74 22 40

54 1227 5

Distribution en % du nombre de privationsselon les caractéristiques de l’enfant: 15-17 ans

Concentration de privation par dimensionparmi les enfants pauvres: 5-14 ans

Figure 21:Fréquence et concentration des privations

% pauvres uniquement selon la dimension spécifiée% pauvres souffrant d’une privation supplémentaire

% pauvres souffrant de 2 privations supplémentaires% pauvres souffrant de 3 - 5 privations supplémentaires

Logement

Violance InformationEducation

Sanitaire Eau

Figure 22:Taux de privation par milieu et richesse du menage (15-17 ans)

Profil de la privation par dimension - Enfants: 15-17 ans

60% les + riches rural

60% les + riches urbain

40% les + pauvres rural

40% les + pauvres urbain

Page 42: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE42

Tableau 17 : Distribution de la privation par région

Enfants 15-17 ans

Régions Education Information Eau Sanitaires Logement Violence

Grand-Tunis 11,2 0 0 1 10,5 28,4

Nord-Est 13,9 2,6 2 4,1 13,1 19,7

Nord-Ouest 18,5 4 26,7 22,1 20,9 32,9

Centre-Est 13,9 0,6 3,4 12,8 13,9 20

Kasserine 36 1,1 27,5 32,6 33,7 38,5

Kairouan 29 3,4 12 39,9 35,4 30,7

Sidi-Bouzid 26,3 4,1 25,3 47,8 23,5 37,1

Sud-Est 13,3 1,9 0,7 10,4 22,5 26,6

Sud-Ouest 11,3 0,8 3,4 7,4 26,7 37,4

2- Analyse du chevauchement des privations multiples

L’analyse du chevauchement des privations est une étape importante de l’analyse MODA. Elle permet de mettre en évidence la nature des privations multiples dont souffre l’enfant et, par conséquent, elle aide dans la conception des politiques intégrées de réduction de la pauvreté sous ses différentes dimensions. La Figure 23 illustre, pour chacun des groupes d’âges, un exemple de chevauchement de privations. L’annexe 1 contient une présentation des différentes combinaisons possibles de chevauchement de privations. Tout d’abord, il faut noter le faible taux de privation de trois dimensions simultanément. Près de 1% des enfants âgés de 0-23 mois souffrent d’une privation en termes de nutrition, santé et conditions

sanitaires. La triple privation en termes de développement de l’enfant, logement, et violence ne touche que 1,6% du second groupe 24-59 mois. Il faut noter également que le taux de triple privation pour les groupes d’enfants les plus âgés (5-14 ans et 15-17 ans) demeure faible (moins de 1%). Toutefois, une proportion significative d’enfants est affectée par une double privation. En effet, 7.8% des enfants de 0-23 mois sont privés de santé et de nutrition, alors que 5.3% des enfants âgés de 24 à 59 mois et 7.7% des enfants de 5 à 14 ans sont respectivement privés en termes de violence et logement. Pour le groupe de 15-17 ans, il est à noter que près de 4.4% sont privés d’éducation et de logement. Ces données illustrent l’importance de la prise en compte de la simultanéité des problèmes dans toute politique de lutte contre la pauvreté infantile.

Page 43: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 43

3- Profil des enfants avec privations multiples

3.1- Taux de pauvretéLe calcul du taux de pauvreté renvoie inéluctablement à la définition d’un seuil de pauvreté (en termes de nombre de privation k). Les taux varient considérablement selon le seuil choisi par l’analyste ou le décideur. Si nous retenons un seuil k =1, c’est-à-dire un enfant est considéré comme pauvre s’il souffre au moins d’une privation de l’un de ses droits fondamentaux, alors nous pourrons avancer qu’à l’échelle nationale 60% des enfants de moins de 5 ans sont pauvres (voir les panels A et B de la Figure 24). Ce taux de pauvreté se réduit respectivement à 50% et 46% pour les groupes d’âges 5-14 ans et 15-17 ans. Pour un seuil k =2 (deux privations ou plus), le taux de pauvreté est de l’ordre de 25% pour les groupes d’âges 0-23 mois et 24-59 mois, et il est estimé à près de 20% pour les enfants de plus de 5 ans. Ces taux sont comparables aux estimations de la pauvreté monétaire mentionnées plus haut. Pour un seuil de pauvreté fixé à 3 privations, le taux de pauvreté varie de 7 à 10% selon les groupes d’âges, et il ne dépasse pas 3% pour un seuil k =4.Toutefois, nous notons que quel que soit le seuil retenu, les résultats de la Figure 24 montrent l’existence d’une claire hiérarchie

entre les milieux urbain et rural, le niveau de richesse des ménages et le niveau d’instruction de la mère. Réduire l’écart entre ces différents facteurs qui sont hors du contrôle de l’enfant et parfois de ses parents, constituerait l’une des priorités des politiques futures destinées aux enfants. Il est important de noter que les analyses n’ont pas révélé des différences significatives selon d’autres caractéristiques de l’enfant (sexe du chef du ménage, enfants orphelinsetc…).

Comme mentionné plus haut, les disparités observées entres les différents milieux et caractéristiques de l’enfant peuvent être considérées comme des inégalités d’opportunités. En effet, l’enfant se retrouve plus exposé au risque de privation s’il est né dans un ménage pauvre, particulièrement dans un milieu rural ou avec une mère peu instruite.

Ces formes d’inégalités d’opportunités affectent vraisemblablement le bien-être des enfants à long terme, en réduisant considérablement leurs capacités à accumuler un capital humain adéquat. Par ailleurs, les inégalités d’opportunités alimentent le sentiment de frustration auprès des enfants et de leurs parents, réduisent leur confiance envers les institutions et nuisent à la cohésion sociale.

NB : Les chiffres mentionnés dans cette la figure 23 représentent les taux en % de l’incidence de privation de la dimension spécifiée.

Figure 23:Chevauchement des privations multiples

15.2

1.10.6

0.2

23.2

7.512.3 11.5

4.40.4

13.5

0.11.1

0.2 2.41

6.6

6.823

Nutrtion

Sanitaire

Violence Logement

Santé Logement

Développement

Violence

Travail Logement Education Information

A: Groupe 0 - 23 mois

10.5

1.2 0.41.6

6.6

3.7 27.7

B: Groupe 24 - 59 mois

C: Groupe 5 - 14 ans D: Groupe 15 - 17 ans

Page 44: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE44

3-6 privations4-6 prinations

1-6 privations2-6 privations

0 20

7746

167

5316

41

7332

156

5015

10

7439

146

5215

31

6024

73

40 60 80

40% + pauvres: rural

40% + pauvres: urbain

60% + riches: rural

60% + riches: urbain

Mère: primaire ou -

Mère: secondaire ou+

National

Privation en %

Privation en %

0 20

7952

2810

5516

50

7340

134

4610

2

7138

185

4912

20

6025

103

40 60 80

40% + pauvres: rural

40% + pauvres: urbain

60% + riches: rural

60% + riches: urbain

Mère: primaire ou -

Mère: secondaire ou+

National

A B

Figure 24: Taux de pauvrete selon les seuils et les caractéristiques de l'enfant

C D

0 20

8054

269

4913

10

6832

112

31300

6329

103

335

10

5120

72

40 60 80

40% + pauvres: rural

40% + pauvres: urbain

60% + riches: rural

60% + riches: urbain

Mère: primaire ou -

Mère: secondaire ou+

National

0 20

7547

2310

4312

20

6532

144

264

00

5424

93

2541

046

197

2

40 60 80

40% + pauvres: rural

40% + pauvres: urbain

60% + riches: rural

60% + riches: urbain

Mére: primaire ou -

Mére: secondaire ou+

National

3.2- Intensité de la pauvreté

Afin de compléter l’image de l’ampleur de la privation parmi les enfants, les Figures 25-26 retracent l’intensité de la privation parmi les enfants qui souffrent d’au moins une privation. Les résultats sont présentés par région, afin de mettre en évidence les disparités géographiques. Il est à rappeler

à cet égard que l’intensité moyenne de la privation est définie par le ratio entre la somme de toutes les privations éprouvées par les enfants de l’échantillon et la somme de toutes les privations possibles des enfants. Selon le panel gauche de la Figure 25, l’intensité moyenne de privation enregistrée dans la région du Grand-Tunis est de l’ordre de 22.4% parmi le groupe 0-23 mois.

Page 45: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 45

En d’autres termes, nous pouvons dire que sachant que le nombre maximum de privations qui peut affecter l’enfant est égal à 6, alors en moyenne un enfant du Grand-Tunis est affecté par 1,344 privation, ou encore parmi 1000 bébés (0-23 mois) du Grand-Tunis, on enregistre 1344 privations de toute nature. Le reste des chiffres des Figures 26-27 s’interprètent de la même façon sachant que, pour le second et le troisième groupes (24-59 mois, 5-14 ans), le nombre maximum de privations par enfant est égal à 7.La suite de la section mettra l’accent sur les disparités régionales, plutôt que sur le niveau d’intensité de la privation observée. Il n’est pas surprenant d’observer que l’intensité de la pauvreté est beaucoup plus élevée dans les régions Ouest du pays, relativement au littoral, et ce pour tous les groupes d’âges (voir l’analyse de la pauvreté monétaire, plus haut). En particulier, les trois gouvernorats du Centre-Ouest affichent une intensité de pauvreté variant de 1,5 à 2 fois celle

observée dans le Grand-Tunis. Dans la région de Sidi-Bouzid, 1000 enfants âgés de 5-14 ans souffrent en moyenne de 2135 privations contre 1127 privations pour leurs pairs dans la région du Grand - Tunis. La hiérarchie entre ces régions, en termes de pauvreté monétaire, chômage, accès aux services publics, investissements publics et privés, performances scolaires, est fidèlement reproduite ici par les cartes d’intensité de la pauvreté. Le constat établi est clair pour ces zones déshéritées, dont la situation de leurs enfants reflète bien le désarroi de leurs habitants. Il faudrait noter que la situation relativement meilleure des enfants du Sud-Ouest, comparativement au reste des régions Ouest du pays, s’explique par des raisons historiques. Ces régions, connues par l’exploitation des mines de phosphates et l’activité agricole dans les oasis du Sud, sont généralement mieux nanties en termes de services publics offerts aux habitants.

Figure 25:Intensité de la pauvreté parmi ceux qui souffrent d’au moins une privation et âgés de 0-59 mois

Enfants: 0-23 mois

Grand Tunis 18,5Nord-Est 22,6

Enfants: 24-59 mois

NordOuest

Kairouan 29,3

Centre Est20,4

Kasserine 30,1

Sidi Bouzid 37,5

Sud-Ouest21,9

Sud-Est21,7

Grand Tunis 22,4Nord-Est 31

NordOuest

31 Kairouan 31,9

Centre Est23,1

Kasserine 29,6

Sidi Bouzid 35,4

Sud-Ouest25,8

Sud-Est23,1

Page 46: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE46

3.3- Taux de Pauvreté ajustée Un autre indicateur important pour appréhender la pauvreté infantile est celui de la pauvreté ajustée, défini plus haut par l’indicateur M0. Rappelons que le taux de pauvreté H ne reflète que l’incidence de la pauvreté, alors que l’intensité de la pauvreté A ne reflète que le nombre moyen de privations. Deux régions dont les taux de pauvreté sont comparables peuvent souffrir d’intensités

différentes en termes de privation. Ainsi, le produit de ces deux indicateurs M0 =H×A pourrait refléter la sévérité de la privation dont souffrent les enfants. Cet indice pourrait aider les décideurs à mieux fixer les priorités en termes d’interventions publiques dans les régions ou auprès des groupes les plus vulnérables. Les Figures 27 et 28 présentent les taux de pauvreté ajustée par région, et ce pour les différents groupes d’âges.

Figure 26:Intensité de la pauvreté parmi ceux qui souffrent d’au moins une privation et âgés de 5-17 ans

Enfants: 5-14 ans

Grand Tunis 20,7Nord-Est 22,5

Enfants: 15-17 ans

NordOuest31,3 Kairouan 31,9

Centre-Est25

Kasserine 35,4

Sidi Bouzid 35,4

Sud-Ouest23,6

Sud-Est23,8

Grand Tunis 16,1Nord-Est 19,2

NordOuest

27 Kairouan 27,2

Centre-Est20,4

Kasserine 26,7

Sidi Bouzid 30,5

Sud-Ouest20

Sud-Est20,2

Figure 27:Pauvreté ajustée par région : 0-4 ans

Enfants: 0-23 mois

Grand-Tunis 0,09

0,24

Nord-Est Centre Est 0,12

Enfants: 24-59 mois

NordOuest0,17 Kasserine

Kairouan

Sidi Bouzid 0,30

Sud-Ouest0,15

Sud-Est0,14

Grand Tunis 0,11Nord-Est 0,17

NordOuest0,21 Kairouan 0,24

Centre Est0,14

Kasserine 0,23

Sidi Bouzid 0,28

Sud-Ouest0,17

Sud-Est0,13

Page 47: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 47

Le diagnostic est quasiment similaire à celui établi précédemment pour l’intensité de la pauvreté. Toutefois, il faut signaler que les disparités régionales sont beaucoup plus prononcées en termes de sévérité de la pauvreté comparativement à l’incidence

et l’intensité de pauvreté. La sévérité de la pauvreté peut même quadrupler d’une région à une autre (voir par exemple le cas du gouvernorat de Kasserine pour les enfants âgés de 5-17 ans).

4- Analyse de décomposition de la privation

La Figure 29 présente la contribution relative du milieu de résidence à la sévérité de la pauvreté, en fonction des différents seuils de privation. Le constat est évident, et il révèle que le milieu rural, qui ne regroupe que le 1/3 de la population, contribue fortement

à la pauvreté avec des taux variant de 52 à 99%, selon les groupes ou les seuils de privation. Ainsi, pour les enfants qui souffrent de plus de 3 privations, le milieu rural contribue souvent à plus de 80% à la pauvreté, et la quasi-totalité des enfants qui souffrent de 4 privations ou plus résident dans le milieu rural.

Figure 28:Pauvreté ajustée par région : 5-17 ans

Enfants: 5-14 ans

Grand Tunis 0,07Nord-Est 0,08

Enfants: 15-17 ans

NordOuest0,19 Kairouan 0,23

Kasserine 0,26

Sidi Bouzid 0,25

Sud-Ouest0,12

Sud-Est0,11

Grand Tunis 0,06Nord-Est 0,08

NordOuest0,16 Kairouan 0,21

Centre Est0,09

Kasserine 0,23

Sidi Bouzid 0,22

Sud-Ouest0,13

Sud-Est0,10

Centre-Est0,10

0 20 40 60 80 100

UrbainRural

UrbainRural

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

52

63

79

88

48

37

21

12

Contribution en % des milieux à MOEnfants Pauvres: 0-23 Mois

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

57

71

81

95

43

29

19

5

Contribution en % des milieux à MOEnfants Pauvres: 24-59 Mois

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

63

80

94

99

37

20

6

1

Contribution en% des milieux à MOEnfants pauvres: 5-14 ans

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

67

80

94

98

33

20

6

2

Contribution en % des milieux à MOEnfants pauvres: 15-17 ans

Figure 29:Décomposition de la pauvreté ajustée par milieu

Figure 29 (suite):Décomposition de la pauvreté ajustée par milieu

Page 48: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE48

La contribution relative de chaque zone géographique à la sévérité de la pauvreté est présentée dans la Figure 30. Les résultats montrent la forte contribution des zones Ouest, en particulier la région du Centre-Ouest, à la pauvreté observée, et ce malgré leurs faibles tailles relatives par rapport à la population totale (voir Tableau

18 pour la taille relative de la population de chaque région). Ces résultats confirment le diagnostic établi plus haut qui montre la forte prévalence de la pauvreté infantile, particulièrement dans ces zones. Les régions du Grand-Tunis et du Centre-Est contribuent beaucoup moins à la pauvreté, comparativement à leurs tailles relatives.

0 20 40 60 80 100

UrbainRural

UrbainRural

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

52

63

79

88

48

37

21

12

Contribution en % des milieux à MOEnfants Pauvres: 0-23 Mois

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

57

71

81

95

43

29

19

5

Contribution en % des milieux à MOEnfants Pauvres: 24-59 Mois

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

63

80

94

99

37

20

6

1

Contribution en% des milieux à MOEnfants pauvres: 5-14 ans

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

67

80

94

98

33

20

6

2

Contribution en % des milieux à MOEnfants pauvres: 15-17 ans

Figure 29:Décomposition de la pauvreté ajustée par milieu

Figure 29 (suite):Décomposition de la pauvreté ajustée par milieu

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

Contribution en % des milieux à MOEnfants pauvres: 0-23 Mois

Contribution en % des milieux à MOEnfants pauvres: 24-59 Mois

Figure 30:Décomposition de la pauvreté ajustée par région

19 16 9 7 18 1012 55

17 12 11 8 17 15 8 57

10 7 17 10 20 16 12 4 5

8 12 11 20 19 20 24

Centre Est Kasserine Sidi BouzidGrand Tunis Nord Est Sud-EstKairouan Nord-Ouest Sud-Ouest

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

19 15 8 10 14 1013 46

15 10 11 13 14 15 1049

14 6 12 16 11 17 14 6 3

4 25 7 28 26 128

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

Contribution en % des milieux à MOEnfants pauvres: 5-14 ans

Contribution en % des milieux à MOEnfants pauvres: 15-17 ans

19 12 9 12 10 916 68

17 4 11 16 7 20 8 511

8 13 6 27 15 42

2 24 2 37 20 1112

0 20 40 60 80 100

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

17 1110 13 8 1017 67

15 7 12 17 6 20 8 59

13 14 23 4 24 12 6 3

10 15 26 27 15 213

23

3

Page 49: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 49

Tableau 18 : Taille relative de la poulation infantile 0-17 ans par region

Régions Taille relativeGrand-Tunis 23,0Nord-Est 16,4Nord-Ouest 9,8Centre-est 22,0Kasserine 5,2Kairouan 5,3Sidi Bouzid 3,0Sud-Est 11,1Sud-Ouest 4,4

NB : les distributions par groupe d’âges sont très similaires.

La Figure 31 présente la contribution relative de chaque dimension à la pauvreté ajustée M0. Pour le groupe d’âge 0-23 mois, la santé et le statut nutritionnel contribuent à

près de 60% à la sévérité observée de la pauvreté. Pour les autres groupes d’âges, la violence et les conditions de logement constituent les principaux contributeurs.

5- La pauvreté à l’échelle nationaleEn guise de résumé de la prévalence de la pauvreté infantile en Tunisie, la Figure 32 retrace les différentes mesures de la pauvreté agrégée au niveau national pour tous les groupes d’âges. Pour un seuil de pauvreté k=1 privation, l’incidence de pauvreté atteint 52.4 %, alors que l’intensité de la pauvreté

est de l’ordre de 0,23 (soit une moyenne de 1,4 privation par enfant). La pauvreté ajustée (sévérité) avoisine 0,124 à l’échelle nationale. Pour un seuil moins exigeant de 2 privations, ces différents taux se réduisent respectivement à 20.7%, 0,371 (soit 223 privations pour 100 enfants) et 0,077 au niveau national.

0

20

40

60

80

6

11

11

13

25

35

100

0

20

40

60

80

100

0

20

40

60

80

100

EauSanitaireProtection

LogementNutrition

Santé

7

9

10

11

17

12

34

EauSanté

Dév.Sanitaire

NutritionLogementViolance

226

10

16

25

40

InformationTravail

Education

SanitaireLogementViolance

2

10

18

23

25

InformationEau

SanitaireEau

EducationViolance

Logement

Contribution en % des milieux à MO - enfants pauvres privés de1- 6 dimensions

Figure 31:Décomposition de la séverité de la pauvreté par dimension

Pauvres: 0 - 23 Mois Pauvres: 24-59 Mois Pauvres: 5+14 ans Pauvres: 15-17 ans

22

Page 50: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE50

Même si les résultats ne sont pas directement comparables à ceux des autres pays (étant donné les différences méthodologiques et les divers seuils de privation retenus pour chaque indicateur), la prévalence de la pauvreté infantile en Tunisie est probablement beaucoup moins importante que celles enregistrées dans plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne (voir les résultats publiés sur le site de l’IRC(1)). Toutefois, les analyses révèlent de fortes disparités à l’intérieur même du pays qui nécessitent une attention particulière de la part des décideurs.

6- Analyse multivariée de la probabilité d’être affecté par une privationLes analyses précédentes ont permis d’identifier les enfants pauvres, leurs caractéristiques et les facteurs susceptibles d’expliquer leur état de privation. Plusieurs différences ont été observées selon les groupes d’âges et les caractéristiques de l’enfant (différence régionale, milieu, richesse du ménage, etc…). En revanche, en analysant ces facteurs un à un, il est difficile de se prononcer quant à l’effet de ces derniers et leur contribution à l’état de privation. Il est donc nécessaire d’adopter une approche économétrique visant à tenir compte de tous ces facteurs explicatifs simultanément pour étudier les déterminants de la privation multidimensionnelle.A cet effet, nous estimons un modèle économétrique, en l’occurrence le modèle Probit, qui consiste à expliquer la probabilité d’être affecté par une forme de privation en fonction d’un ensemble de caractéristiques exogènes (voir Encadré 1 pour une présentation du modèle).La variable expliquée du modèle est une variable binaire qui représente l’état de privation de l’enfant : elle vaut 1 si le nombre de privations de l’enfant est au moins égal à 1 et elle vaut 0 si l’enfant n’est affecté par aucune forme de privation. Les variables explicatives de l’état de privation de l’enfant (privé ou non-privé) sont les caractéristiques du ménage : la taille, le sexe du chef du ménage, le nombre d’enfants par rapport à la taille médiane du ménage tunisien, l’âge de la mère, son niveau d’éducation et l’indice de richesse du ménage. Les caractéristiques individuelles de l’enfant retenues pour l’analyse sont: l’âge et le sexe de l’enfant, le groupe d’âge, le milieu et la région de résidence.Ainsi, le modèle Probit cherche à modéliser la probabilité qu’un enfant, compte tenu de ses propres caractéristiques et des caractéristiques du ménage auquel il appartient, soit affecté par une privation. Il permet d’examiner les principales corrélations entre les caractéristiques de l’enfant et la probabilité d’être affecté par une privation quelconque parmi celles retenues dans notre analyse.

(1) www.devinfolive.info/ccmoda/index.php/pages/cross_country_comparison

0 10

52.4

20.7

7.2

2.1

0.4

20 30 40 50

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

Au moins 5 privations

Privation en %

0 10

23.7

37.1

50.4

62.9

76.0

20 30 40 50

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

Au moins 5 privations

Privation en %

Taux de pauvreté: national - Enfants: 0-17 ans

0 10

0.124

0.077

0.036

0.014

0.003

20 30 40 50

Au moins 1 privation

Au moins 2 privations

Au moins 3 privations

Au moins 4 privations

Au moins 5 privations

Privation en %

Pauvreté ajustée: national - Enfants: 0-17 ans

Intensité de la pauvreté: national - Enfants: 0-17 ans

Figure 32:Taux intensité et séverité à l’échelle nationale

Page 51: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 51

Le Tableau 19 rapporte l’effet estimé de chaque caractéristique sur la probabilité d’être en situation de privation. Les résultats de l’estimation montrent que la plupart des facteurs retenus, à l’exception de la variable sexe du chef de ménage, sont statistiquement significatifs. En d’autres termes, hormis le sexe du chef du ménage, l’ensemble des facteurs examinés sont statistiquement corrélés avec le statut de privation. Ces variables constituent alors des facteurs qui influencent l’état de privation des enfants. Au regard de ces estimations, le fait de résider dans un milieu urbain réduit la probabilité d’être affecté par une privation de près de 23.8%. Les enfants qui résident dans le Centre-Ouest et le Sud-Ouest ont une probabilité de privation supérieure à celle des enfants du Grand-Tunis. Les résultats montrent qu’il n’y a pas une différence significative entre le Grand-Tunis, le Centre et le Sud-Est en termes de probabilité de privation. Par ailleurs, il est important de noter que la probabilité de privation des enfants du Nord-Est est en moyenne inférieure de 5.6% par rapport à celle observée dans le Grand-Tunis. L’incidence de privation est clairement plus élevée dans les familles nombreuses. Cette probabilité augmente de 5% lorsque la taille du ménage augmente d’une personne.

Le niveau d’éducation de la mère est

fortement corrélé avec la probabilité d’être affecté par une privation. En effet, un meilleur niveau d’instruction de la mère (niveau secondaire ou plus) affecte positivement le niveau de bien-être des enfants et diminue de plus de 10 % la probabilité d’être privé. Quant à l’indice de richesse, hormis l’absence de différences significatives entre le premier et le second quintile du niveau de richesse des ménages, les enfants vivant dans des ménages relativement aisés sont significativement plus protégés des différentes formes de privations que les enfants vivant dans des ménages pauvres.

Au niveau des caractéristiques propres à l’enfant, les résultats montrent que les bébés âgés entre 0 et 23 mois sont significativement plus exposés au risque de privation que les autres groupes d’âges. Bien entendu, cette différence devrait être interprétée avec précaution étant donné les différentes dimensions retenues pour chaque groupe d’âge. Pour le sexe de l’enfant, le coefficient relatif à la fille est négatif, ce qui signifie que les garçons sont plus vulnérables et plus exposés au risque de privation comparativement aux filles.

Tableau 19 : Estimations du modèle PROBIT

Variables Effets marginaux Variables Effets

marginaux

Urbain -0.238*** Age de l’enfant -0.008***

Nord Est -0.056*** Sexe de l’enfant : Fille -0.035***

Nord-Ouest 0.061*** Chef de ménage Femme 0.031

Centre Est 0.001 Nb d’enfant > au nombre médian 0.040***

Kasserine 0.182*** Taille du ménage 0.049***

Kairouan 0.145*** Niveau Secondaire ou plus -0.105***

Sidi Bouzid 0.126*** Age de la mère -0.006***

Sud Est 0.001 Second quintile 0.007

Sud-Ouest 0.119*** Troisième quintile -0.068***

Age 24-59 mois -0.086*** Quatrième quintile -0.120***

Age 5-14 ans -0.130*** Cinquième quintile : 20% les plus riches -0.206***

Age 15-17 ans -0.128*** # Observations 9,615

Page 52: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux
Page 53: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 53

IV- CONCLUSION

Page 54: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux
Page 55: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 55

IV- CONCLUSION

La Tunisie a ratifié la Convention relative aux Droits de l’Enfant en 1991 et s’est engagée à garantir les droits fondamentaux à la vie, à la protection contre les formes de violence, et à assurer un environnement propice au développement des enfants. Ce rapport offre une analyse de l’ampleur de la privation des droits fondamentaux des enfants âgés de 0 à 17 ans et dresse un état des lieux sur les performances réalisées jusqu’à nos jours en termes de développement des conditions de vie des enfants. L’appréhension des différentes formes de privations s’est basée sur un ensemble d’indicateurs primaires de bien-être, choisis par un comité interministériel à partir des données de l’enquête MICS4 et agrégés selon les dimensions du bien-être. L’analyse des privations individuelles de l’enfant est basée sur l’approche MODA, qui suggère que les besoins sont multidimensionnels et évoluent selon les âges. L’analyse MODA renseigne sur l’état de privation des enfants et complète l’image donnèe par d’autres approches, dont notamment l’approche monétaire.L’analyse unidimensionnelle révèle que l’ampleur de la privation est relativement élevée. Elle touche en moyenne plus de la moitié de la population infantile. Pour les enfants en bas âge, le statut nutritionnel et l’état de santé constituent les deux problèmes majeurs. Pour les autres groupes d’âges, la violence, les conditions de logement et la privation d’une éducation adéquate figurent en tête de la liste des privations les plus importantes. Indépendamment de la nature des privations, les résultats auxquels on a abouti révèlent l’existence de fortes disparités urbaines/rurales. Le bien-être des enfants est négativement lié à la résidence en milieu rural, et ce pour l’ensemble des groupes d’âges et pour toutes les dimensions

retenues. Parallèlement au dualisme urbain/rural, les régions les moins nanties de l’Ouest du pays en particulier les gouvernorats du Centre -Ouest affichent des taux de privation élevés, notamment en termes de conditions de logement, santé et nutrition. Ces écarts reflètent un accès inéquitable aux services publics et aux infrastructures de base bien souvent observé dans ces régions. Nos analyses révèlent également que le niveau de privation varie considérablement avec le niveau de richesse du ménage et le niveau d’éducation de la mère. Les écarts observés peuvent être interprétés comme des formes d’inégalités des chances, dans la mesure où la jouissance des droits fondamentaux ne devrait pas être liée au niveau de la richesse ou aux caractéristiques des parents. Comparativement au niveau de privation unidimensionnelle, le pourcentage des enfants qui souffrent d’une multiplicité de privations est relativement faible. Généralement, moins de 2% des enfants, pour les différents groupes d’âges, souffrent de plus de deux privations simultanément. Cependant, l’analyse de chevauchement révèle qu’une proportion relativement importante de la population infantile souffre simultanément d’une double privation, particulièrement en termes de nutrition-santé et violence-logement.Les conclusions relatives à l’incidence de privation sont également retrouvées lors de l’analyse de l’intensité et de la sévérité de la privation des enfants. On note, en particulier, la forte contribution du milieu rural, ainsi que des gouvernorats du Centre-Ouest à la privation globale ressentie par les enfants. En termes de politiques, une intervention auprès des enfants vivant dans ces milieux et régions s’avère nécessaire, afin de réduire non seulement le nombre d’enfants pauvres, mais aussi la fréquence des privations.

Page 56: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE56

L’analyse de la contribution relative de chaque dimension à la sévérité de la pauvreté démontre, d’une part que la santé et la nutrition pour les enfants en bas âge, la violence et le logement pour les enfants plus âgés constituent la plus forte contribution relative à la privation. Ces dimensions de privation devraient représenter les champs prioritaires de l’intervention publique en faveur des enfants. Des mesures plus spécifiques pourraient être déterminées à la lumière de l’analyse de privation par indicateur primaire de bien-être. Concernant le ciblage des enfants les plus touchés par la privation, l’analyse économétrique suggère que l’intervention devrait cibler les jeunes mères, particulièrement celles à faible niveau d’instruction, ainsi que les enfants vivant dans des familles nombreuses. Les analyses présentées dans ce rapport offrent plusieurs éclairages sur les orientations futures des politiques en faveur des enfants, afin de leur garantir un environnement propice de développement et d’accumulation du capital humain. Les résultats établis constituent les bases des politiques futures visant la protection de l’enfance. Ils fournissent également des arguments forts en faveur d’un rééquilibrage des allocations budgétaires en direction de certaines régions déshéritées, et de la conception de plans d’actions régionaux et sectoriels en vue de réduire non seulement le nombre d’enfants pauvres, mais aussi l’intensité des privations. L’ampleur de la privation révélée par cette analyse souligne aussi l’importance d’intégrer la dimension « enfant » dans la stratégie globale de développement national, ce qui permet in fine d’enclencher un processus vertueux de croissance inclusive auto-entretenue.En outre, il serait primordial d’assurer le suivi et l’évolution des différents indicateurs de privation développés dans cette analyse afin d’évaluer les progrès à accomplir au cours des prochaines années.

Des recommandations pour des mesures urgentes en faveur des enfants privés

• Organiser des campagnes nationales de sensibilisation contre la violence envers les enfants ;

• Renforcer la législation qui protège l’enfant contre la violence et qui garantit son droit à la scolarisation jusqu’à l’âge de 16 ans ;

• Mettre en place de nouveaux mécanismes de suivi de l’abandon scolaire et instaurer les incitations nécessaires garantissant une éducation adéquate aux enfants ;

• Sensibiliser les femmes, particulièrement celles ayant un faible niveau d’instruction, à mieux veiller au statut nutritionnel de l’enfant ;

• Lancer une campagne de vaccination dans les milieux ruraux et les zones éloignées afin d’assurer le respect du calendrier vaccinal pour tous les enfants ;

• Renforcer l’offre des services publics de santé, particulièrement dans les zones rurales et le Centre-Ouest du pays. A court terme, il faudrait encourager les campagnes ponctuelles et les caravanes de santé qui offrent les services de base pour la vaccination et les consultations prénatales ;

• Conditionner les aides directes en faveur des familles pauvres afin de garantir le respect des droits fondamentaux de l’enfant (respect du calendrier vaccinal, scolarisation,etc...) ;

• Combattre l’analphabétisme féminin qui contribue significativement aux différentes formes de privation subies par les enfants ;

• Rééquilibrer l’allocation des investissements publics en faveur des zones rurales et du Centre-Ouest du pays.

Page 57: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 57

• Alkire, S., Foster, J. (2007). Counting and Multidimensional Poverty Measurements, OPHI Working Paper No. 7, University of Oxford.

• Alkire, S., Roche, J.M. (2011). Beyond Headcount: Measures that reflect the Breadth and Components of Child Poverty, OPHI Working Paper No. 45, University of Oxford.

• Alkire, S., Santos, M.E. (2010). Acute Multidimensional Poverty: A New Index for Developing Countries, OPHI Working Paper No. 38, University of Oxford.

• De Neubourg, C., J. Chai, M. de Milliano, I. Plavgo, Z. Wei (2012). Step-by-Step Guidelines to the Multiple Overlapping Deprivation Analysis (MODA), Working Paper 2012-10, UNICEF Office of Research, Florence.

• El Lahga, A., M. A. Marouani, R. Mouelhi (2012). Employment, Living Standards and Productivity in Tunisia, Background paper for the World Development Report 2013, The World Bank

• Gordon D., Nandy S., Pantazis C., Pemberton S., Townsend P. (2003). Child Poverty in the Developing World, The Policy Press, Bristol UK.

• Institut National de la Statistique INS, Banque Mondiale, Banque Africaine de développement (2012) Profil de la pauvreté en Tunisie. Rapport Final

• Ministère du Développement et de la Coopération Internationale MDCI (2014) Rapport national de suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

• Ravallion, M. (2011). On Multidimensional Indices of Poverty, Journal of Economic Inequality, No. 9.

• Roche, J. M. (2013). Monitoring Progress in Child Poverty Reduction: Methodological Insights and Illustration to the Case Study of Bangladesh, OPHI Working Paper N. 57, University of Oxford.

• Roelen, K., Gassman, F. (2008). Measuring Child Poverty and Well-Being: A literature

review, Working paper MGSoG/2008/WP001, Maastricht Graduate School of Governance.

• Sahn, David E. & Stifel, David C. (2000). Poverty Comparisons over Time and Across Countries in Africa. World Development vol. 28(12).

• Santos-Pais, M. (1999). A Human Rights Conceptual Framework for UNICEF, Innocenti Essay No.9, International Child Development Centre, Florence.

• UN (1995). The Copenhagen Declaration and Programme of Action: World Summit for Social Development 6-12 March 1995, New York: United Nations Department of Publications.

• UN CRC (1989). Convention on the Rights of the Child, the General Assembly resolution 44/25.

• UN MDG (2003). Indicators for Monitoring the Millennium Development Goals: Definitions, Rationale, Concepts, and Sources, United Nations Publication: New York.

• UN-HABITAT (2007). Slums: Overcrowding or “The Hidden Homeless”, State of the World’s Cities 2006/7.

• UNICEF (2013) Résultats de l’enquête par grappes à indicateurs multiples. Bureau de Tunis

• UNICEF (2007). Global Study on Child Poverty and Disparity 2007-2008: Guide, New York, Global Policy

• UNICEF (2005) La situation des enfants dans le monde : l’enfance en péril, UNICEF, New York.

• UNICEF (2000) Poverty Reduction begins with Children, UNICEF, New York.

• Section, Division of Policy and Planning, UNICEF.

• WHO & UNICEF (2006). Core questions on drinking-water and sanitation for household surveys, WHO/UNICEF Joint Monitoring Programme for Water Supply and Sanitation. Geneva: WHO.

Références bibliographiques

Page 58: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE58

Tabl

eau

220

: Ana

lyse

du

chev

auch

emen

t des

priv

atio

ns, E

nfan

ts âg

és e

ntre

0-2

3 m

ois

Prof

ilN

uStE

aN

uStS

aN

uStLo

NuS

tDe

NuE

aSa

NuE

aLo

NuE

aDe

NuS

aLo

NuS

aDe

NuL

oDe

StEa

SaSt

EaLo

StEa

DeSt

SaLo

StSa

DeSt

LoDe

EaSa

LoEa

SaDe

EaLo

DeSa

LoDe

Rura

l1,

7%2,

3%1,

6%2,

4%1,

6%1,

0%0,

3%2,

3%1,

1%1,

4%3,

5%3,

5%1,

5%5,

6%2,

4%3,

2%3,

5%1,

2%1,

3%2,

1%

Urb

ain

0,3%

0,2%

0,8%

0,7%

0,2%

0,0%

0,0%

0,1%

0,2%

0,5%

0,2%

0,0%

0,0%

0,1%

0,3%

0,7%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

Nom

bre

d’en

fant

s in

férie

ur o

u ég

al à

la

méd

iane

0,

6%0,

4%0,

3%0,

5%0,

3%0,

1%0,

0%0,

6%0,

2%0,

1%0,

8%0,

6%0,

0%0,

9%0,

2%0,

1%0,

7%0,

0%0,

0%0,

1%

Nom

bre

d’en

fant

s su

périe

ur à

la

méd

iane

1,

3%1,

9%2,

5%2,

9%1,

4%0,

7%0,

3%1,

4%1,

0%2,

2%2,

4%2,

4%1,

5%4,

1%2,

5%4,

3%2,

2%1,

2%1,

3%2,

1%

Niv.

Édu

catio

n de

la

mèr

e ; A

ucun

ou

niv.

Prim

aire

1,5%

1,7%

2,3%

2,1%

1,4%

0,8%

0,2%

1,9%

0,6%

2,0%

3,0%

2,9%

1,3%

4,9%

1,6%

3,4%

2,8%

1,1%

1,1%

1,7%

Niv.

Édu

catio

n de

la m

ère

; niv.

Se

cond

aire

ou

univ

ersit

aire

0,4%

0,5%

0,3%

0,9%

0,3%

0,1%

0,1%

0,2%

0,5%

0,1%

0,3%

0,2%

0,1%

0,2%

0,7%

0,4%

0,2%

0,0%

0,1%

0,2%

40%

les

plus

pa

uvre

s en

mili

eu

rura

l1,

6%2,

4%1,

2%2,

5%2,

4%1,

8%0,

5%2,

2%1,

5%1,

1%3,

7%4,

0%2,

0%5,

2%2,

8%2,

6%4,

2%1,

9%1,

8%1,

8%

60%

les

plus

rich

es

en m

ilieu

rura

l1,

9%2,

3%2,

1%2,

4%0,

8%0,

2%0,

2%2,

2%0,

7%1,

7%3,

2%2,

9%1,

0%5,

9%2,

0%3,

7%2,

8%0,

5%0,

8%2,

5%

40%

les

plus

pa

uvre

s en

mili

eu

urba

in0,

4%0,

4%1,

0%1,

1%0,

4%0,

0%0,

0%0,

2%0,

3%0,

7%0,

4%0,

0%0,

0%0,

0%0,

1%1,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%

60%

les

plus

rich

es

en m

ilieu

urb

ain

0,3%

0,0%

0,6%

0,4%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,4%

0,0%

0,0%

0,0%

0,1%

0,4%

0,4%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

Cro

issan

ce

norm

ale

0,7%

0,8%

1,2%

1,6%

0,5%

0,2%

0,0%

0,8%

0,5%

0,9%

1,1%

1,2%

0,4%

1,9%

1,0%

1,8%

1,1%

0,4%

0,3%

0,8%

Reta

rd d

e cr

oiss

ance

3,1%

3,5%

2,1%

0,6%

3,7%

1,7%

0,9%

2,6%

1,4%

1,3%

4,2%

2,7%

2,2%

4,3%

1,0%

1,5%

2,8%

1,4%

1,8%

0,7%

Niv

eau

Nat

iona

l0,

8%1,

0%1,

1%1,

3%0,

7%0,

3%0,

1%0,

9%0,

5%0,

8%1,

4%1,

2%0,

5%2,

0%1,

0%1,

6%1,

3%0,

4%0,

5%0,

8%

Lége

nde:

De

: Dév

elop

pem

ent,

St: S

anté

, Lo:

Log

emen

t, Sa

: San

itaire

, Nu:

Nut

ritio

n, E

a: E

au

ANNEXES

Page 59: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 59

Tabl

eau

221:

Ana

lyse

du

chev

auch

emen

t des

priv

atio

ns, e

nfan

ts âg

és e

ntre

24-

59 m

ois

Prof

ilN

uStE

aN

uStS

aN

uStLo

NuS

tDe

NuS

tVi

NuE

aSa

NuE

aLo

NuE

aDe

NuE

aVi

NuS

aLo

NuS

aDe

NuS

aVi

NuL

oDe

NuL

oVi

NuD

eVi

StEa

SaSt

EaLo

Rura

l0,

4%0,

6%0,

6%0,

1%0,

6%0,

9%1,

4%0,

9%0,

9%1,

9%1,

4%1,

4%1,

5%2,

1%0,

6%0,

9%0,

5%U

rbai

n0,

0%0,

0%0,

0%0,

1%0,

6%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

2%0,

2%0,

0%0,

2%1,

2%0,

1%0,

0%0,

0%N

ombr

e d’

enfa

nts

infé

rieur

ou

égal

à la

méd

iane

0,

1%0,

1%0,

0%0,

0%0,

7%0,

1%0,

2%0,

0%0,

1%0,

3%0,

2%0,

1%0,

2%0,

5%0,

0%0,

2%0,

0%N

ombr

e d’

enfa

nts

supé

rieur

à la

méd

iane

0,

2%0,

3%0,

5%0,

2%0,

5%0,

6%0,

9%0,

7%0,

5%1,

4%1,

1%1,

1%1,

2%2,

7%0,

6%0,

5%0,

4%N

iv. É

duca

tion

de la

mèr

e ; A

ucun

ou

niv.

Pr

imai

re0,

3%0,

4%0,

4%0,

1%0,

9%0,

7%1,

0%0,

7%0,

5%1,

6%1,

3%1,

1%1,

4%2,

9%0,

6%0,

7%0,

4%

Niv.

Édu

catio

n de

la m

ère

; niv.

Sec

onda

ire o

u un

iver

sitai

re0,

0%0,

0%0,

0%0,

1%0,

4%0,

0%0,

0%0,

0%0,

2%0,

1%0,

0%0,

0%0,

0%0,

2%0,

0%0,

0%0,

0%

40%

les

plus

pau

vres

en

mili

eu ru

ral

0,5%

1,3%

1,1%

0,2%

1,3%

1,4%

2,3%

1,9%

1,3%

2,7%

2,8%

1,8%

2,8%

2,6%

1,3%

1,4%

1,0%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

rura

l0,

3%0,

0%0,

1%0,

0%0,

1%0,

4%0,

7%0,

0%0,

5%1,

2%0,

1%1,

0%0,

4%1,

6%0,

0%0,

5%0,

2%40

% le

s pl

us p

auvr

es e

n m

ilieu

urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,2%

0,6%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,4%

0,4%

0,0%

0,4%

1,4%

0,1%

0,0%

0,0%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,6%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,1%

0,0%

1,0%

0,2%

0,0%

0,0%

Cro

issan

ce n

orm

ale

0,1%

0,2%

0,2%

0,0%

0,7%

0,1%

0,2%

0,0%

0,1%

0,6%

0,4%

0,4%

0,3%

1,4%

0,2%

0,3%

0,2%

Reta

rd d

e cr

oiss

ance

0,6%

0,8%

0,6%

0,6%

1,1%

2,8%

4,2%

4,4%

3,5%

4,0%

3,8%

2,6%

5,3%

4,5%

1,8%

0,9%

0,7%

Niv

eau

Nat

iona

l0,

2%0,

2%0,

2%0,

1%0,

6%0,

3%0,

5%0,

3%0,

3%0,

8%0,

6%0,

5%0,

7%1,

5%0,

3%0,

3%0,

2%Av

ec D

e: D

ével

oppe

men

t, St

: San

té, H

o: L

ogem

ent,

Sa: S

anita

ire, N

u: N

utrit

ion,

Ea:

Eau

, Vi :

Viol

ence

Prof

ilSt

EaD

eSt

EaVi

StSa

LoSt

SaD

eSt

SaVi

StLo

De

StLo

ViSt

DeV

iEa

SaLo

EaSa

De

EaSa

ViEa

LoD

eEa

LoVi

EaD

eVi

SaLo

De

SaLo

ViSa

DeV

iLo

DeV

iRu

ral

0,5%

0,5%

1,6%

1,2%

1,3%

0,9%

1,2%

0,9%

3,5%

3,9%

3,4%

2,6%

2,8%

2,4%

6,1%

4,8%

3,3%

3,4%

Urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,2%

0,1%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,2%

0,1%

0,1%

0,5%

Nom

bre

d’en

fant

s in

férie

ur o

u ég

al à

la m

édia

ne

0,0%

0,1%

0,0%

0,2%

0,1%

0,0%

0,0%

0,0%

0,5%

1,2%

0,7%

0,3%

0,1%

0,6%

0,9%

0,2%

0,6%

0,3%

Nom

bre

d’en

fant

s su

périe

ur à

la m

édia

ne

0,4%

0,3%

1,3%

0,8%

0,9%

0,7%

1,3%

0,7%

2,2%

1,7%

1,8%

1,7%

2,1%

1,3%

4,0%

3,6%

2,0%

3,1%

Niv.

Édu

catio

n de

la m

ère

; Auc

un o

u ni

v.

Prim

aire

0,4%

0,4%

1,2%

0,9%

1,0%

0,7%

1,2%

0,7%

2,6%

2,6%

2,2%

1,9%

2,1%

1,8%

4,5%

3,7%

2,6%

3,2%

Niv.

Édu

catio

n de

la m

ère

; niv.

Sec

onda

ire o

u un

iver

sitai

re0,

0%0,

0%0,

1%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

3%0,

1%0,

0%0,

0%0,

0%0,

2%0,

1%0,

0%0,

1%

40%

les

plus

pau

vres

en

mili

eu ru

ral

0,7%

0,7%

1,7%

1,4%

1,8%

0,9%

1,5%

0,6%

5,8%

7,2%

3,6%

4,7%

3,7%

3,3%

9,9%

6,1%

4,3%

4,1%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

rura

l0,

3%0,

4%1,

5%1,

0%0,

8%0,

7%0,

9%0,

9%1,

4%1,

1%3,

1%0,

6%2,

0%1,

7%2,

1%3,

2%2,

0%2,

5%40

% le

s pl

us p

auvr

es e

n m

ilieu

urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,1%

0,5%

0,1%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,4%

0,2%

0,1%

1,1%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,1%

0,1%

Cro

issan

ce n

orm

ale

0,2%

0,2%

0,6%

0,4%

0,5%

0,3%

0,7%

0,4%

1,2%

1,2%

1,1%

0,6%

0,9%

0,8%

2,4%

1,7%

1,3%

1,7%

Reta

rd d

e cr

oiss

ance

0,6%

0,7%

1,6%

1,6%

0,9%

1,5%

0,7%

0,7%

4,3%

4,7%

3,3%

5,6%

3,3%

2,8%

5,7%

5,4%

2,9%

3,0%

Niv

eau

Nat

iona

l0,

2%0,

2%0,

6%0,

5%0,

5%0,

3%0,

6%0,

3%1,

3%1,

4%1,

2%0,

9%1,

0%0,

9%2,

3%1,

8%1,

2%1,

6%

Page 60: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE60

Tabl

eau

222:

Ana

lyse

du

chev

auch

emen

t des

priv

atio

ns, e

nfan

ts âg

és e

ntre

5-1

4 an

sPr

ofil

EdIn

EaEd

InSa

EdIn

LoEd

InVi

EdIn

TrEd

EaSa

EdEa

LoEd

EaVi

EdEa

TrEd

SaLo

EdSa

ViEd

SaTr

EdLo

ViEd

LoTr

EdVi

TrIn

EaSa

InEa

LoIn

EaVi

Rura

l0,

2%0,

2%0,

2%0,

1%0,

0%1,

0%1,

2%0,

7%0,

1%2,

0%1,

1%0,

4%1,

2%0,

2%0,

2%1,

6%1,

2%0,

7%

Urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,3%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

Nom

bre

d’en

fant

s in

férie

ur o

u ég

al à

la

méd

iane

0,

0%0,

0%0,

0%0,

1%0,

0%0,

2%0,

2%0,

1%0,

0%0,

2%0,

2%0,

2%0,

2%0,

1%0,

0%0,

3%0,

2%0,

1%

Nom

bre

d’en

fant

s su

périe

ur à

la m

édia

ne

0,1%

0,1%

0,1%

0,0%

0,0%

0,5%

0,6%

0,4%

0,1%

1,1%

0,5%

0,1%

1,0%

0,1%

0,1%

0,8%

0,6%

0,3%

Niv.

Édu

catio

n de

la m

ère

; Auc

un o

u ni

v.

Prim

aire

0,1%

0,1%

0,1%

0,0%

0,0%

0,6%

0,5%

0,3%

0,1%

1,1%

0,6%

0,1%

0,9%

0,1%

0,1%

1,0%

0,7%

0,4%

Niv.

Édu

catio

n de

la m

ère

; niv.

Sec

onda

ire o

u un

iver

sitai

re0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%

40%

les

plus

pau

vres

en

mili

eu ru

ral

0,4%

0,5%

0,5%

0,0%

0,0%

1,6%

1,8%

1,0%

0,0%

3,3%

1,6%

0,3%

1,8%

0,2%

0,2%

3,7%

2,8%

1,5%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

rura

l0,

0%0,

0%0,

1%0,

2%0,

0%0,

6%0,

7%0,

6%0,

2%1,

1%0,

6%0,

5%0,

8%0,

1%0,

1%0,

1%0,

0%0,

1%

40%

les

plus

pau

vres

en

mili

eu u

rbai

n0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

8%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,1%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

Niv

eau

Nat

iona

l0,

1%0,

1%0,

1%0,

0%0,

0%0,

4%0,

4%0,

3%0,

1%0,

7%0,

4%0,

1%0,

7%0,

1%0,

1%0,

6%0,

4%0,

3%

Lége

nde:

Lo:

oge

men

t, Sa

: San

itaire

, Ea:

Eau

, Ed:

Edu

catio

n, In

: Inf

orm

atio

n, V

i: Vi

olen

ce, T

r: Tr

avai

l

Prof

ilIn

EaTr

InSa

LoIn

SaVi

InSa

TrIn

LoVi

InLo

TrIn

ViTr

EaSa Lo

EaSa

ViEa

SaTr

EaLo

ViEa

LoTr

EaVi

TrSa

LoVi

SaLo

TrSa

ViTr

LoVi

Tr

Rura

l0,

0%1,

5%0,

9%0,

0%0,

7%0,

0%0,

0%5,

7%5,

2%0,

3%3,

9%0,

3%0,

2%5,

4%0,

4%0,

1%0,

3%

Urb

ain

0,0%

0,1%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,1%

0,0%

0,0%

0,1%

Nom

bre

d’en

fant

s in

férie

ur o

u ég

al à

la m

édia

ne

0,0%

0,3%

0,2%

0,0%

0,2%

0,0%

0,0%

1,0%

1,0%

0,0%

0,3%

0,0%

0,0%

0,7%

0,0%

0,0%

0,1%

Nom

bre

d’en

fant

s su

périe

ur à

la m

édia

ne

0,0%

0,8%

0,4%

0,0%

0,3%

0,0%

0,0%

2,8%

2,5%

0,1%

2,2%

0,2%

0,1%

3,0%

0,2%

0,1%

0,2%

Niv.

Édu

catio

n de

la m

ère

; Auc

un o

u ni

v. P

rimai

re0,

0%0,

9%0,

5%0,

0%0,

4%0,

0%0,

0%3,

4%3,

0%0,

2%2,

3%0,

2%0,

1%3,

4%0,

2%0,

1%0,

2%N

iv É

duca

tion

de la

mèr

e ; n

iv. S

econ

daire

ou

univ

ersit

aire

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,2%

0,2%

0,0%

0,1%

0,0%

0,0%

0,3%

0,0%

0,0%

0,0%

40%

les

plus

pau

vres

en

mili

eu ru

ral

0,0%

3,5%

1,9%

0,0%

1,5%

0,0%

0,0%

10,4

%7,

9%0,

2%6,

1%0,

3%0,

0%8,

1%0,

3%0,

1%0,

2%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

rura

l0,

0%0,

0%0,

1%0,

0%0,

1%0,

0%0,

0%2,

3%3,

2%0,

3%2,

3%0,

3%0,

3%3,

2%0,

5%0,

1%0,

4%

40%

les

plus

pau

vres

en

mili

eu u

rbai

n0,

0%0,

2%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

2%0,

0%0,

0%0,

2%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,1%

0,0%

0,0%

0,0%

Niv

eau

Nat

iona

l0,

0%0,

6%0,

3%0,

0%0,

3%0,

0%0,

0%2,

1%1,

9%0,

1%1,

4%0,

1%0,

1%2,

1%0,

1%0,

0%0,

2%

Lége

nde:

Lo

Loge

men

t, Sa

: San

itaire

, Ea:

Eau

, Ed:

Edu

catio

n, In

: Inf

orm

atio

n, V

i: Vi

olen

ce, T

r: Tr

avai

l

Page 61: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 61

Tabl

eau

223:

Ana

lyse

du

chev

auch

emen

t des

priv

atio

ns, e

nfan

ts âg

és e

ntre

15-

17 a

ns

Prof

ilEd

InEa

EdIn

SaEd

InLo

EdIn

ViEd

EaSa

EdEa

LoEd

EaVi

EdSa

LoEd

SaVi

EdLo

ViIn

EaSa

InEa

LoIn

EaVi

InSa

LoIn

SaVi

InLo

ViEa

SaLo

EaSa

ViEa

LoVi

SaLo

Vi

Rura

l0,

6%0,

9%1,

1%0,

9%4,

5%3,

1%2,

2%5,

9%2,

8%3,

2%1,

1%1,

0%0,

4%1,

3%0,

6%0,

6%4,

4%2,

8%2,

3%3,

4%

Urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,4%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,3%

Nom

bre

d’en

fant

s in

férie

ur o

u ég

al

à la

méd

iane

0,

1%0,

1%0,

2%0,

2%1,

0%0,

6%0,

0%1,

2%0,

2%0,

4%0,

1%0,

2%0,

0%0,

2%0,

1%0,

3%0,

6%0,

1%0,

0%0,

1%

Nom

bre

d’en

fant

s su

périe

ur à

la

méd

iane

0,

5%0,

7%0,

7%0,

5%2,

6%1,

9%2,

0%3,

8%2,

4%3,

0%0,

8%0,

7%0,

3%1,

0%0,

4%0,

1%3,

2%2,

3%2,

1%3,

4%

Niv.

Édu

catio

n de

la m

ère

; Auc

un

ou n

iv. P

rimai

re0,

4%0,

4%0,

4%0,

4%2,

1%1,

2%1,

2%3,

0%1,

8%1,

8%0,

6%0,

5%0,

2%0,

7%0,

4%0,

2%2,

4%1,

8%1,

3%2,

4%

Niv.

Édu

catio

n de

la m

ère

; niv.

Se

cond

aire

ou

univ

ersit

aire

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,2%

0,4%

0,0%

0,3%

0,1%

0,1%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,3%

0,0%

0,0%

0,1%

40%

les

plus

pau

vres

en

mili

eu ru

ral

1,4%

2,2%

2,4%

2,1%

4,6%

4,6%

2,0%

7,9%

3,4%

3,9%

2,3%

2,5%

0,6%

3,3%

1,0%

1,5%

7,7%

3,4%

3,2%

5,1%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

rura

l0,

1%0,

0%0,

3%0,

0%4,

4%2,

1%2,

4%4,

6%2,

4%2,

8%0,

2%0,

0%0,

2%0,

0%0,

2%0,

0%2,

1%2,

3%1,

6%2,

2%

40%

les

plus

pau

vres

en

mili

eu

urba

in0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%0,

0%1,

0%0,

1%0,

1%0,

0%0,

1%0,

0%0,

0%0,

1%0,

0%0,

1%0,

5%

60%

les

plus

rich

es e

n m

ilieu

urb

ain

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,1%

0,1%

0,1%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,2%

Niv

eau

Nat

iona

l0,

2%0,

3%0,

4%0,

3%1,

7%1,

2%0,

8%2,

2%1,

1%1,

5%0,

4%0,

4%0,

1%0,

5%0,

2%0,

2%1,

7%1,

0%0,

9%1,

4%

Lége

nde:

Lo:

Log

emen

t, Sa

: San

itaire

, Ea:

Eau

, Ed

: Edu

catio

n, In

: Inf

orm

atio

n, V

i: Vi

olen

ce

Page 62: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE62

LE MODELEECONOMETRIQUE

Page 63: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

Une approche de privations multiples 63

PRINCIPAUX ARTICLES DE LA CONSTITUTION TUNISIENNE RELATIFSAU DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET RÉGIONAL

Article8La jeunesse est une force agissante au service de la construction de la Nation. L’Etat veille à fournir les conditions permettant aux jeunes de développer leurs capacités, d’épanouir leur énergie, d’assumer leurs responsabilités et d’élargir leur participation au développement social, économique, culturel et politique.

Article 12L’Etat œuvre à la réalisation de la justice sociale, du développement durable, de l’équilibre entre les régions, en se référant aux indicateurs de développement et en s’appuyant sur le principe de discrimination positive. Il œuvre également à l’exploitation rationnelle des richesses nationales.

Article 14L’Etat s’engage à renforcer la décentralisation et à l’appliquer sur l’ensemble du territoire national, dans le respect de l’unité de l’Etat.

Article38La santé est un droit pour chaque être humain.

L’État assure à tout citoyen la prévention et les soins de santé et fournit les moyens nécessaires pour garantir la sécurité et la qualité des services de santé.

L’État garantit la gratuité des soins pour les personnes sans soutien et à faible revenu. Il garantit le droit à une couverture sociale comme prévu par la loi.

Article 39 : L’enseignement est obligatoire, jusqu’à l’âge de seize ans.

L’État garantit le droit à un enseignement public et gratuit dans tous ses cycles et veille à fournir les moyens nécessaires pour réaliser la qualité de l’éducation, de l’enseignement et de la formation. Egalement, l’Etat veille à la consolidation de l’identité arabo-musulmane et l’appartenance nationale auprès des jeunes générations, au renforcement de la langue arabe, sa promotion et la généralisation de son utilisation et à l’ouverture sur les langues étrangères, les civilisations humaines et la diffusion de la culture des droits de l’Homme.

Article 46L’Etat s’engage à protéger les droits acquis de la femme et œuvre à les renforcer et à les développer.

L’Etat garantit l’égalité des chances entre la femme et l’homme quant à l’accès à toutes les responsabilités et dans tous les domaines.

L’Etat œuvre à réaliser la parité entre la femme et l’homme dans les assemblées élues.

L’Etat prend les mesures nécessaires en vue d’éliminer la violence contre la femme.

Article 47Les droits à la dignité, à la santé, aux soins, à l’éducation et à l’enseignement sont garantis à l’enfant vis-à-vis de ses parents et de l’État.

L’État doit garantir toute forme de protection à tous les enfants sans discrimination et en fonction de leur intérêt supérieur.

Page 64: ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE€¦ · nombreux défis subsistent tant en termes de disparités entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en termes de niveaux

ANALYSE DE LA PAUVRETE INFANTILE EN TUNISIE64

CHAPITRE VII - LE POUVOIR LOCAL

Article 131Le pouvoir local est fondé sur la décentralisation.

La décentralisation est concrétisée par des collectivités locales comprenant des municipalités, des régions et des districts qui couvrent l’ensemble du territoire de la République conformément à un découpage déterminé par la loi.

D’autres catégories spécifiques de collectivités locales peuvent être créées par la loi.

Article 133Les collectivités locales sont dirigées par des Conseils élus.

Les Conseils municipaux et régionaux sont élus au suffrage universel, libre, direct, secret, intègre et transparent.

Les conseils de district sont élus par les membres des Conseils municipaux et régionaux.

La loi électorale garantit la représentativité des jeunes au sein des Conseils des collectivités locales.

Article 134Les collectivités locales ont des compétences propres, des compétences qu’elles exercent conjointement avec l’autorité centrale et des compétences qui leur sont transférées par elle.

Les compétences conjointes et les compétences transférées sont réparties conformément au principe de subsidiarité.

Les collectivités locales exercent le pouvoir réglementaire dans leurs domaines de compétences ; leurs actes à caractère règlementaire sont publiés dans un journal officiel des collectivités locales.

Article 135Les collectivités locales disposent de ressources propres et de ressources qui leur sont transférées par l’autorité centrale, ces ressources étant adaptées aux prérogatives qui leur sont attribuées par la loi.

Toute création ou transfert de compétences de l’autorité centrale aux collectivités locales doit s’accompagner d’un transfert de ressources correspondant.

Le régime financier des collectivités locales est fixé par la loi.

Une part des revenus provenant de l’exploitation des ressources naturelles peut être consacrée à la promotion du développement régional sur l’ensemble du territoire national.

Article 139Les collectivités locales adoptent les mécanismes de la démocratie participative et les principes de la gouvernance ouverte afin de garantir la plus large participation des citoyens et de la société civile à la préparation de projets de développement et d’aménagement du territoire et le suivi de leur exécution, conformément à la loi.

Article 140Les collectivités locales peuvent coopérer et créer des partenariats entre elles, en vue de réaliser des programmes ou accomplir des actions d’intérêt commun.

Les collectivités locales peuvent aussi établir des relations extérieures de partenariat et de coopération décentralisée.

La loi définit les règles de coopération et de partenariat.