oc « nous autres » lautre observé, lautre comme représentation au travers de lhistoire antique

Post on 04-Apr-2015

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OC « Nous Autres »

L’Autre observé, l’Autre comme représentation au travers de

l’Histoire antique

L’Autre observé

• Première étape du regard sur l’altérité

• Dissection en fonction du miroir identitaire

• Tout est affaire de traduction

Exemples tiré d’Hérodote, « l’ ethnologue »

• « Hérodote est le médiateur entre un ailleurs et le monde grec. Il lui faut traduire, transcrire ce qu’il voit, ce qu’il entend de telle sorte que cet ailleurs étranger devienne intelligible pour le lecteur grec. » Hartog

Mécanique de la traduction

• Comparaison - A est comme B

• Analogie - A est à B comme C est à D

Le regard en miroir inversé

• « Que fait concrètement Hérodote? Il fait d’abord référence au monde grec, prenant tel ou tel rite funéraire en précisant que chez les non-Grecs, c’est la même chose à cela près que c’est l’inverse ou presque » Hartog

• On va donc du connu à l’inconnu, même si cette manœuvre va distordre la réalité observée du monde inconnu pour la ramener vers quelque chose de compréhensible pour le public grec.

Les coutumes, mœurs, comme véhicule privilégié de

l’observation de l’altérité• « En effet, que l’on propose à tous les hommes de

choisir, entre les coutumes qui existent, celles qui sont les plus belles et chacun désignera celles de son pays - tant chacun juge ses propres coutumes supérieures à toutes les autres - Tous les hommes sont convaincus de l’excellence de leurs coutumes. » Hérodote, III. 38

• Ce seront donc les habitudes grecques qui lui serviront de grille de lecture du monde.

Quelques exemples• La plus honteuse des lois de Babylone est celle qui oblige toutes les

femmes du pays à se rendre une fois dans leur vie au temple d’Aphrodite pour s’y livrer à un inconnu. Beaucoup d’entre elles, fières de leur richesse, refusent de se mêler aux autres femmes et se font conduire au temple dans des voitures couvertes où elles demeurent, avec de nombreux serviteurs autour d’elles. Mais en général cela se passe ainsi : les femmes sont assises dans l’enceinte sacrée d’Aphrodite, la tête ceinte d’une corde, toujours nombreuses car si les unes se retirent, il en vient d’autres. Des allées tracées en tous sens par des cordes tendues permettent aux visiteurs de circuler au milieu d’elles et de faire leur choix. La femme qui s’est assise en ce lieu ne peut retourner chez elle avant qu’un des passants n’ait jeté quelque argent sur ses genoux, pour avoir commerce avec elle en dehors du temple. (…) Qu’elle que soit la somme offerte, la femme ne refuse jamais : elle n’en a pas le droit et cet argent est sacré. Elle suit le premier qui lui jette de l’argent et ne peut repousser personne. (…) Hérodote, I. 199

Hérodote, I. 118-9

• « A ces mots Harpage se prosterna devant le roi et s’en retourna chez lui, fort soulagé de voir l’heureux résultat de sa faute, et d’être invité à dîner au palais pour fêter cette faveur de la fortune. Il avait un fils unique d’environ treize ans ; de retour chez lui, il se hâta de l’envoyer au palais avec ordre d’aller trouver le roi et de lui obéir en tout ; et lui-même, tout joyeux, va raconter l’aventure à sa femme. Quand Astyage eut l’enfant près de lui, il le fit égorger et couper en morceaux, puis il fit rôtir ou bouillir les chairs pour en confectionner des plats appétissants qu’on tint prêts à être servis. A l’heure du dîner, les hôtes étaient tous là, Harpage parmi eux ; on plaça devant tous, ainsi que devant le roi, des tables chargées de viande mouton, mais l’on servit à Harpage le corps entier de son fil, sauf la tête, les mains et les pieds, mis à part dans une corbeille d’oser sous un voile. Lorsque Harpage sembla rassasié, Astyage lui demanda s’il avait apprécié le repas ; Harpage affirmat qu’il en était enchanté ; alors les serviteurs chargés de ce soin mirent devant lui la tête de son enfant, toujours dissimulé sous un voile et, debout à ses côtés, l’invitèrent à soulever le voile et à se servir à son gré. Harpage obéit, soulève l’étoffe, et voit les restes de son fils. Cependant il ne manifesta rien et sut se maîtriser. Astyage lui demanda s’il reconnaissait la bête dont il avait mangé la chair. Il répondit qu’il la reconnaissait et que le roi ne pouvait rien faire qui ne lui plût. Après cette réponse et prit ce qui restait des chairs et revint chez lui. »

L’observation de l’altérité pour un grec comme Hérodote?

• L’avantage avec Hérodote, c’est que l’altérité y est soigneusement observée, décortiquée de cette première couche stéréotypée et altérante.

• Le problème découle du fait que Hérodote est plutôt une exception pour l’Histoire antique. C’est plutôt la généralisation-caricature qui apparaît dans les sources.

Comment observe-t-on les Barbares dans les autres

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Bilan, comment les civilisations se comportent-elles en face de

l’altérité?• L’Egypte regarde l’altérité sans finesse, produit des archétypes figés,

sans nuance ni profondeur. L’Autre est un archétype et il est dangereux.

• La Perse, « liste » l’étrangeté et cette dernière montre déjà plus de subtilités dans le « classement » des étrangers. L’Autre fait partie du monde perse comme une réalité du monde.

• La Grèce, notamment grâce à Hérodote, observe et décrit beaucoup plus précisément l’altérité, même si la finalité reste la généralisation pour les Barbares. L’Autre peut intégrer le monde comme les Grecs, malgré toutes ses singularités.

• Rome décrira avec un soucis minutieux et constant la différence, pour mieux la comprendre, opérant ainsi un réel travail de classification « ethnologique ».

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