l’informel vis-a-vis du marchÉ
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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
Département ECONOMIE
MAITRISE Option : « ADMINISTRATION »
Mémoire pour l’obtention du Diplôme de Maîtrise
ès-Sciences Economiques
L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ
DE L’EMPLOI A MADAGASCAR
Impétrant : Monsieur ANDRIAMBOLOLONTSOA Rajaobelina
Masoandrohenintsoa
Encadré par : Monsieur FANJAVA Refeno,
Chef de Département
Date de soutenance : 28 Mai 2014
ANNEE UNIVERSITAIRE : 2012/1013
L’INFORMEL VIS-A-VIS DU MARCHÉ
DE L’EMPLOI A MADAGASCAR
I
REMERCIEMENTS
Au début de cette lettre, il m’est agréable d’exprimer et d’adresser mes remerciements
les plus dévoués à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ma
mémoire ainsi qu’à la réussite de cette année universitaire.
Je tiens tout d’abord à remercier Dieu Le tout puissant de m’avoir donné la force et la
patience pour accomplir ce travail.
Je tiens à remercier sincèrement Monsieur FANJAVA Refeno, qui, en tant
qu’encadreur de mémoire, s’est toujours montré à l’écoute et très disponible tout au long de la
réalisation de ce mémoire, pour l’aide et le temps qu’il m’a consacrés sans lesquels ce
mémoire n’aurait jamais vu le jour.
Ma reconnaissance s’adresse également :
Au Secrétaire Général du Ministère des postes, des télécommunications et des
nouvelles technologies : Monsieur RAJOBSON Johary ; ainsi qu’au Chef de service de la
formation et de la gestion des carrières au sein de ce même Ministère : Madame
RAZAFINDRATSIMA Ranoromalala
Aux personnels de bureau de la porte 119 de l’INSTAT.
J’exprime ma gratitude à tous les consultants rencontrés lors des recherches effectuées
et qui ont accepté de répondre à mes questions avec gentillesse.
Enfin, J’adresse mes reconnaissances à tout le personnel de la faculté DEGS et du
département économie sans exception, sans lesquels mes études auront été vaines.
II
AVANT-PROPOS
A la fin de chaque année universitaire, chaque étudiant postulant au diplôme de
Maitrise en sciences économiques doit choisir impérativement un thème de mémoire à
soutenir avant de pouvoir obtenir ce précieux diplôme. Ce choix a été influencé par la grande
question que se sont posés les observateurs internationaux : « comment Madagascar arrive-t-il
à tenir malgré la suspension des aides internationales alors que celle-ci a entrainé des très
mauvaises répercussions sur l’économie ? »
Vu la situation critique que traverse notre pays, notamment sur la persistance de la
crise, ce travail tente d’apporter une approche sur les différentes voies que peuvent prendre les
agents économiques dans une circonstance de dérèglement manifeste de l’économie.
Ce mémoire présente une analyse économique des relations entre le secteur informel et
le marché de l’emploi à Madagascar. Mais afin de mieux comprendre les réalités du pays,
quelques descentes sur terrain furent nécessaires pour bien examiner les faits. Certaines ont pu
être effectuées inopinément mais d’autres descentes ont nécessité une audience particulière.
Cependant, les réponses obtenues ne sont qu’un bref aperçu des réalités.
III
SOMMAIRE
Introduction
Première partie : Aperçu global du secteur informel et du marché de l’emploi
Chapitre I : Approche su secteur informel
A. Les concepts de l’informalité
B. Les facteurs prolifiques à l’accroissement du secteur informel
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
A. Les approches selon les courants de pensée
B. Les politiques de l’emploi
Deuxième partie : Les réalités de Madagascar
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
A. Les impacts globaux
B. Les impacts sur le marché de l’emploi
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
A. Le secteur informel, une alternative aux défaillances du système économique
B. Les rôles de l’Etat
Chapitre V : Recommandations et perspectives
A. Instaurer un cadre propice à la formalisation du secteur informel
B. Amélioration du quotidien de la population
Conclusion
IV
GLOSSAIRE
Assujettie : Une personne est dite assujettie quand elle est soumise habituellement aux
différentes contraintes supportées par la nature de son assujettissement.
Chômage : D’une manière plus globale, le chômage peut être défini comme le fait
d’être en situation d’inactivité bien que le sujet en question soit apte à exercer une activité
donnée. Selon les théories, il peut être volontaire ou involontaire.
Crise : La crise est une situation de trouble ou de dérèglement des mécanismes de
fonctionnement, mais également un affaiblissement des performances vitales. Elle peut être
généralisée ou partielle.
Etat : C’est une organisation politique, juridique et sociale. Dotée d’une personnalité
morale et délimitée par une frontière bien définie, l’Etat exprime son pouvoir par voie
d’autorité.
Formalisation : Elle consiste à rendre formel une pratique ou une entité donnée, c’est-
à-dire de se conformer aux normes et règlementations en vigueur.
Imposition : L’imposition désigne le fait d’être frappé par les divers impôts, taxes et
autres charges sociales relatives à l’exercice d’une activité ou à l’occupation d’un statut.
Marché de l’emploi : Aussi appelé « marché du travail », c’est le marché théorique où
se rencontre l’offre d’emploi et la demande d’emploi. D’ailleurs, ces deux facteurs influent
énormément sur son fonctionnement.
Pauvreté : Elle désigne une situation de manque de ressource suffisante pour
s’épanouir librement et décemment. Les critères pour qualifier de pauvre sont nombreux mais
ils portent sur les conditions de vie en général.
Secteur informel : regroupe les activités productrices de biens et de services qui
s’effectuent en marge de la législation et échappent aux contrôles étatiques.
Sous-emploi : le sous-emploi se caractérise par la situation vulnérable, en matière
d’emploi, causée par l’insuffisance des heures de travail ou de la productivité.
V
LISTE DES ABREVIATIONS
AGOA : African Growth and Opportunity Act
BAD : Banque Africaine pour le Développement
BIT : Bureau International du Travail
CEFOR : Crédit-Epargne et Formation
CNaPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
DGI : Direction Générale des impôts
DIAL : unité de recherche IRD : Développement, Institutions et Analyses de Long terme
EDBM : Economic Development Board of Madagascar
ENEMPSI : Enquête Nationale sur l’Emploi et le Secteur Informel
EPM : Enquête Permanente auprès des Ménages
FMI : Fonds Monétaire International
IDH : Indicateur de Développement Humain
IFC : International Finance Corporation
INSTAT : Institut National de la Statistique
IRD : Institut de Recherche pour le Développement
JIRAMA : Jiro sy Rano Malagasy
MFB : Ministère des Finances et du Budget
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques
OIT : Organisation Internationale du Travail
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement*
VI
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations-Unies
ORSTOM : avant 1984, Office de Recherche Scientifique et Technique Outre-mer. A partir
de 1984, Institut français de recherche scientifique et technique pour le développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNE : Politique Nationale de l’Emploi
PNPS : Politique Nationale de la Protection Sociale
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PSDR : Projet de Soutien au Développement Rural
RCS : Registre du Commerce et des Sociétés
RNDH : Rapport National sur le Développement Humain
SIM : Syndicat des Industries de Madagascar
SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de la Croissance
SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UPI : Unité de Production Individuelle
1
INTRODUCTION
Les potentiels d’un pays s’apprécient par le biais de différents critères et facteurs
comme ses richesses minières, sa position géographique mais surtout par sa situation politico-
économique. Ces différents critères contribuent à l’atteinte des objectifs macroéconomiques.
Mais Madagascar est un pays considéré comme instable politiquement et économiquement.
Cette instabilité se traduit par des crises à répétition qui plonge le pays vers des
dysfonctionnements au niveau économique. Les crises politiques ont eu des effets néfastes
majeurs sur les relations avec les extérieurs. Les sanctions prises par la communauté
internationale ont conduit à une baisse de la production du pays et à celle des revenus de la
population mais surtout à des problèmes graves sur le marché de l’emploi. Ces différents
facteurs, entre autres, se sont combinés et ont favorisé la prolifération des activités
informelles.
Aucun pays dans le monde n’échappe à l’existence du secteur informel ainsi qu’aux
problèmes liés au marché du travail. En fait ce sont des problèmes courants qui ne se
dissocient guère des réalités économiques. Ils peuvent se présenter sous plusieurs aspects mais
des ressemblances existent. C’est pourquoi il est important d’avoir des connaissances sur les
faits observés dans les autres contrées. Autant dire que Madagascar est lui aussi soumis aux
mêmes difficultés auxquelles les nations d’aujourd’hui doivent surmonter.
Vu le chômage accru frappant les secteurs les plus importants en terme de création
d’emploi ainsi que la nécessité pour la population malgache d’assurer sa consommation
autonome, force est de constater que pour survivre, il faut à tout prix trouver des sources de
revenus à titre principal ou supplémentaire. Par conséquent, entrer dans l’informel s’avère
alors, pour certaines personnes, être une nécessité de survie surtout pour les plus démunis. La
faculté des agents économiques à s’adapter aux réalités du pays constitue une énigme pour
certains observateurs. C’est justement cet exploit à toute épreuve qui prouve que la grande île
a beaucoup de potentiels exploitables.
Il est alors intéressant de savoir dans quelle mesure le secteur informel contribue-t-il à
combler les lacunes du marché de l’emploi à Madagascar. Doit-on le formaliser pour assurer
un meilleur avenir ?
2
L’étude de ce contexte nécessite non seulement une approche théorique, mais
également des études empiriques matérialisées par des descentes sur terrain. A partir de là, les
hypothèses pourront être vérifiées ou contestées.
Afin de mieux comprendre ce phénomène, on doit d’abord avoir un aperçu global sur
le secteur informel et le marché du travail (I) pour ensuite pouvoir les confronter avec les
réalités de Madagascar (II).
3
PREMIERE PARTIE : APERҪU GLOBAL DU SECTEUR
INFORMEL ET DU MARCHÉ DE L’EMPLOI
Les problèmes liés au marché du travail et au secteur informel sont des phénomènes
habituels de la société. Ils influent énormément sur le fonctionnement de l’économie. De ce
fait, il est important de déceler toutes leurs facettes. Ayant une corrélation directe avec la
pauvreté, ces deux phénomènes méritent des attentions particulières tant sur le plan
économique que social. Par ailleurs, le cinquième rapport national sur le développement
humain (RNDH de 2010) à Madagascar introduit les problèmes de l’emploi en général ainsi
que le secteur informel dans le concept de développement humain.
Mis à part cela, le secteur informel rend difficile et incertain toutes sortes d’évaluation
de performance utilisant les indicateurs macroéconomiques habituels comme le PIB par tête
par exemple.
Certains auteurs économistes se sont penchés sur l’étude de ces circonstances et ils
ont ainsi sorti des théories pour pouvoir s’exprimer davantage sur ces phénomènes. Certains
de ces ouvrages sont devenus des références mondiales.
A l’image de John Maynard Keynes avec son ouvrage : « Théorie générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » publié en 1936 qui a connu un énorme succès, en
partie dû à la répercussion catastrophique de la crise de 1929 dans le monde. Ou encore le
livre de Bruno Lautier intitulé : « L’économie informelle dans le tiers monde » sortie en 1994
et réédité en 2004.
Ces ouvrages permettent d’avoir une grille d’analyse sur les situations que l’on veut
observer. En effet, les théories et les concepts élaborés par ces auteurs aident à mieux
interpréter et ainsi à mieux comprendre les fonctionnements de l’économie en général.
Cependant, le débat animant le secteur informel est largement plus récent par rapport à celui
du marché de l’emploi. De ce fait, les rapports relatifs aux relations de dépendance ou
d’indépendance entre les deux (2) sujets restent encore dans le stade primitif. « On pense
souvent à tort que les deux secteurs sont indépendants l’un de l’autre …»1. Or, le marché de
1 http://www.memoireonline.com/02/10/3187/m_Le-secteur-informel-comme-strategie-de-survie-des-
congolais1.html
4
l’emploi et le secteur informel sont étroitement liés dans la mesure où l’équilibre du premier
peut être influencé par le second. Cette interdépendance peut aller dans le même sens ou bien
s’opposer complètement. Effectivement, le secteur informel peut soulager les distorsions du
marché de l’emploi mais dans des cas particulier, il peut se présenter comme étant une source
de perturbation à l’équilibre du marché du travail.
L’étude de cette première partie nous amène exposer les théories dominantes, mais
également à maîtriser les grilles d’analyses existantes. Deux chapitres y seront traités :
Le premier chapitre : Approches du secteur informel
Le second s’intitule : Cadres théoriques du marché de l’emploi
Chapitre I : Approches du secteur informel
5
CHAPITRE I : APPROCHES DU SECTEUR INFORMEL
Le terme « Secteur Informel » tire son origine de la Conférence internationale2 du
travail tenue en 1969. Cette conférence lançait le programme mondial de l'emploi. La
première mission organisée en Afrique concerne le Kenya. Lors de cette mission, il s’est
révélé que dans les pays en développement, le principal problème n'est pas celui du chômage,
mais celui de l'existence d’une catégorie de personnes qui travaillent et qui peuvent même
travailler très dur, mais dont l'emploi n'est pas productif, dans les sens où celui-ci ne leur
permet pas de gagner un revenu atteignant un minimum décent.
L’économie informelle est une expression perverse de la rationalité. De ce fait, elle
relève encore du domaine de la science. Etant donné que c’est la nuance entre les moyens
engagés pour arriver aux fins qui différencie le sens informel du sens formel. Cependant,
l’informel n’obéît pas aux mêmes lois économiques que le secteur formel. En effet, les
avantages de l’un ne sont pas forcément favorables à l’autre, dans certains cas, ils sont même
opposés. Si l’on considère le fait que le secteur informel est plus compétitif parce qu’il
supporte moins de charge (sans impôt à payer…), force est de constater que celui-ci, ne peut
en aucun cas bénéficier d’aucune protection vis-à-vis de la législation et du gouvernement.
« Dans la littérature, un débat est ouvert sur le rôle de l’informel dans le processus
d’intégration : Pour certains, l’informalité est un ferment du marché régional ; comme tel, elle
constitue un facteur de développement qui doit être encouragé et inséré dans les stratégies de
développement des pays, notamment de réduction de la pauvreté. D’autres y voient plutôt un
phénomène en marge de la législation de l’Etat dont la soustraction à la régulation de celui-ci
en fait un élément de déstructuration des Etats-nations. »3
Présent dans tous les secteurs d’activités et pratiqués par toutes les catégories sociales,
le secteur informel attire des discussions, des études ainsi que les attentions particulières des
différents observateurs (Organismes internationaux et Auteurs…). Du fait de cette popularité,
l’étude du secteur informel a donc toute son importance tant sur le plan économique que
social. Beaucoup se sont alors intéressés sur le sujet et ont tenté de classer ou de définir ce
secteur selon des normes et des principes d’observation.
2 Réalisée à Genève, c’était la 53
ème session de cette conférence.
3 http://www.google.mg/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCkQFjAA&url
=http%3A%2F%2Fwww.afdb.org%2Fuploads%2Ftx_llafdbpapers%2Farticl_informailte_integration_regionale.
docx&ei=tJHPUrjcB6Gy0AXF14GgAw&usg=AFQjCNFE4mv2pm6V7eXFUBUC25zQmdLjvg
Chapitre I : Approches du secteur informel
6
Généralement, l’économie informelle dans les pays pauvres est une économie de
survie contenant des réseaux sociaux, familiaux avec une faible dimension de l’activité.
« Dans les pays développés, on cantonne l’économie informelle à des activités
économiques et commerciales qui ne seraient effectuées que par des personnes, donc en
dehors du champ des organisations. Si on leur concède une dimension, c’est au nom d’un
usage extensif de la notion de réseau social et à la lumière de l’illégalité plus ou moins
tolérée. Dans plusieurs pays dits émergents, cette économie est ignorée malgré son
importance majeure… Dans les pays en développement, l’importance de l’économie
informelle se situe entre 50 et 75% de la production non agricole et même parfois plus, ce qui
conduirait à affirmer que c’est l’économie formelle, … Dans les pays développés, elle « pèse
» entre 15 et 20% de l’activité économique. »4
En d’autres termes, malgré les similitudes concernant les activités dans le secteur
informel, il y a des classifications sur la nature ou le degré d’informalité des pratiques
informelles. Effectivement, toutes les activités informelles ne sont pas identiques aux yeux de
la loi. Certaines sont juste informelles à cause du non-paiement des diverses charges
étatiques, (c’est-à-dire non-conformes aux procédures générales pour exercer une activité
donnée), tandis que d’autres sont totalement illégales et ne pourront en aucun cas être
régularisées parce que c’est la nature même de l’activité qui est interdite par la loi (exemple le
travail des enfants).
Donc, pour mieux cerner les caractéristiques du secteur informel, il faut d’abord
comprendre sa définition avant d’exposer les causes de son existence. D’où les deux grands
points suivants :
Les concepts de l’informalité
Les facteurs prolifiques à l’accroissement du secteur informel
A. Les concepts de l’informalité
« Depuis son introduction au début des années 1970, le concept d’informalité a donné
naissance à d’intenses débats. Les opinions divergent non seulement sur les causes et la nature
du secteur informel, mais aussi sur ses liens avec le secteur formel. Jusqu’au milieu des
années 1990, ces opinions divergentes pouvaient facilement être classées en trois grandes
4 Source : Yvon PESQUEUX, CNAM, France : in www.transformare.adm.branaisYvon-Pesqueux-
Economieinformelle-19-mars.pdf
Chapitre I : Approches du secteur informel
7
écoles de pensée : l’école dualiste, l’école structuraliste et l’école légaliste (Chen5, 2005 ;
Cimoli6 et al., 2005). L’approche dualiste… est basée sur un modèle de marché du travail
dual, où le secteur informel est considéré comme une composante résiduelle de ce marché
n’entretenant pas de lien avec l’économie formelle ; c’est une économie de subsistance qui
n’existe que parce que l’économie formelle est incapable d’offrir des emplois en nombre
suffisant. Par contraste, l’école structuraliste… considère le secteur informel comme étant
formé de petites entreprises et de travailleurs non immatriculés, soumis à des grandes
entreprises capitalistes. Les premiers fournissent de la main-d’œuvre bon marché et des
entrées aux dernières, améliorant ainsi leur compétitivité. Selon l’école structuraliste, il est
improbable que la croissance élimine les relations informelles de production, car celles-ci sont
intrinsèquement associées au développement capitaliste. Ainsi, les entreprises modernes
réagissent à la mondialisation en mettant en place des systèmes de production plus flexibles et
en sous-traitant, ce qui leur permet de réduire leurs coûts. Ces réseaux de production mondiale
engendrent une demande de flexibilité que l’économie informelle est la seule à pouvoir
fournir, selon cette école. Enfin, l’école légaliste ou orthodoxe, prônée par Hernando de Soto
dans les années 1980 et 1990, considère le secteur informel comme étant fait de micro-
entrepreneurs qui préfèrent fonctionner de manière informelle afin d’éviter les coûts associés
à l’immatriculation (De Soto, 1989). Tant que les coûts d’immatriculation et d’autres
procédures officielles seront supérieurs aux avantages à se trouver dans le secteur formel, les
micro-entrepreneurs continueront à choisir l’informalité. Ils constituent ainsi un vaste
réservoir d’augmentations futures de la croissance et des niveaux de vie, si des réformes des
règlementations et des réductions des impôts pouvaient être introduites. Cette école souligne
la nature potentiellement volontaire de l’informalité lorsque les travailleurs et entreprises
décident de quitter l’économie formelle suite à une analyse coûts-bénéfices. »7
Malgré quelques divergences de point de vue, ces trois approches semblent reconnaitre
la coexistence entre le secteur formel et le secteur informel.
Juridiquement parlant, toute entreprise qui n’est pas inscrite dans le Registre du
commerce ou auprès d’une autre autorité compétente, ou dont le fonctionnement n’a pas été
5 Amin Chen, Vol. 13, No.1, 2005 : « Urbanization : The Chinese Way »
6 Mario Cimoli, 2005, « An enclave-led model of growth : the structural problem of informality persistence in
Latin America » 33 pages. 7 Source :
http://www.google.mg/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCkQFjAA&url=http
%3A%2F%2Fwww.afdb.org%2Fuploads%2Ftx_llafdbpapers%2Farticl_informailte_integration_regionale.docx
&ei=tJHPUrjcB6Gy0AXF14GgAw&usg=AFQjCNFE4mv2pm6V7eXFUBUC25zQmdLjvg
Chapitre I : Approches du secteur informel
8
agréé par l’Etat est une entreprise informelle. Toutefois, l’informalité peut être partielle (par
exemple : activité avec une autorisation municipale mais non enregistrée au registre du
commerce) ou bien totale (l’entité est inconnue des organismes publiques).
Les avis sur la classification d’une activité en tant qu’informelle sont nombreux, mais
les approches de quelques institutions et auteurs célèbres semblent être plus intéressants à
étudier. Certains de ces critères sont même devenus de célèbres références pour classifier la
nature d’une activité donnée.
1. D’après les Auteurs
Bruno Lautier a distingué deux époques concernant le rôle de l’informalité dans les
pays en voie de développement. Avant 1985, l’informel était le lieu de stratégies de survie,
mais après 1986, celui-ci devient de plus en plus avantageuse ou même une solution aux
problèmes sociaux.
Selon cet auteur, il n’est pas juste de considérer l’informel comme « un secteur ». A ce
propos, il a dégagé deux (2) explications. D’une part, l’informel est très hétérogène
(commerce de rue, emploi non déclaré dans les entreprises, gardiens de voiture, activités
illégales…). D’autre part, si l’on définit l’informalité comme étant le non-respect des règles
étatiques, cela sous-entendrait qu’elle est donc sûrement partout présente, à un degré
quelconque, y compris dans les plus grandes firmes et au cœur même de l’État.
L’économie informelle est alors régie par un ensemble de mécanismes économiques et
de logiques sociales. Elle entretient beaucoup de liaison avec l’économie formelle. Les
relations entre ces deux économies sont si étroites qu’on devrait parler de complémentarité et
non de substitution. Un travailleur peut également exercer à la fois dans les deux économies.
Néanmoins, l’économie informelle ne pourrait remplacer ni l’Etat dans la fourniture
des biens et services collectifs, ni les grandes firmes industrielles en matière de création
d’emploi stable. D’ailleurs, Bruno Lautier affirme même que l'économie informelle maintient
ceux qui en dépendent aux marges de la citoyenneté et qu'elle réduit le contrôle de l'Etat sur
les sociétés au profit de puissances encore plus douteuses.
Nettement critiqué par Bruno Lautier, Hans Singer (une grande figure parmi les
économistes de l’ONU) compare une unité informelle à une girafe qui selon ses dires est
difficile à décrire mais immédiatement reconnaissable dès qu’on la voit. De plus, cette
Chapitre I : Approches du secteur informel
9
pratique s’exerce souvent dans des conditions dégradées, par conséquent, les activités
s’exerçant habituellement dans des cadres décents (comme les professions libérales…) y sont
écartées d’office. Enfin, les entreprises du secteur informel restent de taille réduite pour
demeurer imperceptibles et insignifiantes aux regards des autorités et ainsi éviter le paiement
des charges étatiques qui font gonfler les dépenses.
Pour Hernando De Soto8, l’informalité d’une entité se reconnaît par son caractère
illégal dans la mesure où les activités du secteur informel ne se conforment pas aux
réglementations étatiques dans le but de fuir les inconvénients du système d’imposition et des
autres lois. Cependant, les activités informelles fournissent du dynamisme et de la force à
l’économie. En effet, le secteur informel est une forme d’activité favorable à l’émergence de
la concurrence malgré une réglementation étatique étouffante et une structure quelquefois
défaillante du marché. Justement, ce secteur a pris naissance à cause du fait qu’il faut à tout
prix éviter cette réglementation gouvernementale pesante.
Ainsi, la fonction prise par l’économie informelle varie donc à la fois entre :
une valve de sécurité face à une économie et un régime incapable de remédier le
problème du chômage massif ;
une alternative pour fuir les réglementations excessives et paralysantes qui sont
nocives à l’esprit d’entreprise ;
une autre forme fondamentale du capitalisme qui assurera non seulement son devenir
mais également témoignera ses succès antérieurs.
2. Selon les Organismes Internationaux
Pour le BIT, d’une façon générale, le secteur informel peut être décrit comme un
ensemble d’unités produisant des biens ou des services en vue principalement de créer des
emplois et des revenus pour les personnes qui les exercent. Ces unités, sont très mal
organisées, opèrent à petite échelle et des méthodes spécifiques, avec peu ou pas de division
du travail et utilisant un capital minime comme facteurs de production.
8 Dans son œuvre intitulé : « L’autre sentier, la révolution informelle dans le Tiers-Monde » 244 pages (traduit
de l’espagnol par Martine Couderc)
Chapitre I : Approches du secteur informel
10
Les relations d’emploi, bien qu’elles ne soient pas courantes, sont surtout basées sur
l’emploi occasionnel, les liens familiaux ou les relations personnelles et sociales plutôt que
sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme. Les unités de
production du secteur informel sont fréquemment des entreprises individuelles et de petites
tailles. Les avoirs immobilisés ou autres actifs utilisés n’appartiennent pas aux unités de
production en tant que telles, mais à leurs propriétaires. Par conséquent, ces unités ne peuvent
réaliser d’opérations ou conclure de contrats formels avec d’autres unités, ni souscrire des
engagements.
Les propriétaires doivent se procurer les ressources nécessaires à leurs propres risques
et périls. Ils sont personnellement responsables de toutes les dettes et de tous les engagements
contractés à des fins d’exploitation. Les dépenses engagées dans la production sont souvent
similaires à celles du ménage. De même, les biens d’équipement, comme les bâtiments et les
véhicules, peuvent être habituellement utilisés pour l’entreprise et pour les besoins familiaux.
Les activités exercées par les unités de production du secteur informel ne sont pas
nécessairement réalisées avec l’intention délibérée de se soustraire au paiement des
différentes charges étatiques ou d’enfreindre les législations existantes ou autres dispositions
administratives. Par ailleurs, le concept des activités du secteur informel ne devrait pas être
confondu avec celui des activités de l’économie dissimulée ou souterraine.
Le concept d’économie informelle englobe les travailleurs pauvres, exerçant un travail
pénible, mais dont les activités économiques ne sont ni reconnues, ni enregistrées, ni
protégées, ni réglementées par les pouvoirs publics. Ainsi, sept (7) critères ont été retenus
pour caractériser le travail dans le secteur informel :
la facilité d'accès aux activités ;
l'utilisation des ressources locales ;
la propriété familiale des entreprises ;
l'échelle restreinte des opérations ;
l'utilisation des techniques simples et le nombre réduit de travailleurs ;
des qualifications qui s'acquièrent en dehors du système scolaire officiel ;
des marchés non régularisés et ouverts à la concurrence.
Comme il ne faut ni beaucoup de moyens ni d’autres procédures particulières pour
exercer dans ce secteur, les gens ont une libre entrée et sortie. Donc, ces personnes font
Chapitre I : Approches du secteur informel
11
recours aux instruments quotidiens déjà en leur possession. C’est la raison pour laquelle ces
activités sont de tailles réduites puisque leurs entreprises se confondent avec leur mode de vie
domestique. Par conséquent, ces pratiques décalent du système habituel en termes de
fonctionnement et également sur le plan règlementaire. Par ailleurs, les personnes assujetties à
l’informalité sont généralement des gens vulnérables, c’est-à-dire facilement écartés par la
société à cause de leurs faiblesses (professionnelles, sociales...). Ainsi, le secteur informel
s’est fondé un cycle de production qui lui est propre.
Le secteur informel emploi près de 30 à 95% de la main-d’œuvre disponible selon les
pays : 74% en Madagascar en 2005, 37% au Lesotho en 2008, 60% au Liberia en 2010, 91%
au Cameroun en 2010, 82% au Mali en 2004, 33% en Afrique du sud en 2010, 68% en
Ouganda en 2010, 69% en Zambie en 2008, 54% au Zimbabwe en 2004, 90% au Gabon en
2005, 93% au Tchad en 2005, 87% en RCA en 2005 et 46% au Congo en 2005 (BIT9, 2011).
Ces chiffres indiquent globalement que le secteur informel a quelque rapport avec la pauvreté.
Quels sont alors les autres éléments qui pourraient influencer cette pratique ?
B. Les facteurs prolifiques à l’accroissement du secteur informel
Il est évident que le secteur informel prolifère beaucoup plus dans un contexte de
lacune ou faiblesse au niveau de l’autorité concernée notamment en termes de contrôle et de
moyen. Certes, ceci ne signifie guère que lorsque les contrôles sont fréquents et que les
moyens mis en œuvre sont importants il n’y a pas d’activité informelle, mais néanmoins, les
actions prises par les autorités dissuadent ces pratiques. Par ailleurs, il y a des contextes
externes qui sont favorables au secteur informel mais restent difficilement contrôlables par le
pouvoir public comme les crises internationales.
L’existence d’un secteur informel dans les pays pauvres est un phénomène massif et en
grande partie urbain. Pourtant, l’observation de ce phénomène conduit à considérer les aspects
économiques, sociaux, politiques, ou même culturels de la société concernée. Par conséquent,
l’étude de cette prolifération mérite une attention particulière dans la mesure où celle-ci peut
engendrer des modifications significatives sur l’environnement macroéconomique et
microéconomique dans une région donnée. A cet effet, il convient de remarquer que parmi ces
9Source :
http://www.google.mg/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCkQFjAA&url=http
%3A%2F%2Fwww.afdb.org%2Fuploads%2Ftx_llafdbpapers%2Farticl_informailte_integration_regionale.docx
&ei=tJHPUrjcB6Gy0AXF14GgAw&usg=AFQjCNFE4mv2pm6V7eXFUBUC25zQmdLjvg
Chapitre I : Approches du secteur informel
12
différents facteurs favorables au secteur informel, il y en a ceux qui y participent de manière
directe et ceux qui n’y contribuent que de façon indirecte.
Effectivement, comme l’informalité est un phénomène de société qui reflète l’état de lieu
dans lequel elle évolue, le secteur informel est alors influencé en permanence par tous les
contextes environnants.
Par ailleurs, l’inefficacité des institutions publiques en matière de règlementation, la
lourdeur des procédures administratives ou encore une défiance généralisée des populations à
l’égard des Etats sont autant de facteurs qui peuvent encourager le développement de
l’informalité. Cependant, les personnes assujetties à l’informalité ont eux aussi leur part de
responsabilité.
Bien qu’il y ait un nombre incalculable de facteurs, le chômage et le sous-emploi
méritent d’être étudiés en premier lieu parce que ce sont généralement les deux grands
problèmes majeurs rencontrés au niveau du marché du travail.
1. Le chômage et le sous-emploi
Tout d’abord, il est important de bien cerner ce qu’on entend par chômage et sous-
emploi. Selon l’INSTAT10
toute personne dépourvu d’emploi, à la recherche d’un emploi et
disponible à travailler est un chômeur. Par contre, toute personne ayant exercée un emploi au
moins une heure au cours des sept derniers jours, à la recherche d’un autre emploi et
disponible à l’exercer est assujetti au sous-emploi. A cet effet, on distingue deux catégories :
Le sous-emploi lié à la durée du travail concerne le travail effectif moins de 35heures
par semaine contre son gré ;
La situation d’emploi inadéquat désigne un travail à productivité réduite.
Les problèmes du marché de l’emploi sont évidemment liés à l'état général de l'économie
et du marché du travail, mais il est aussi le résultat des incohérences entre les compétences
des personnes en quêtes de travail et les exigences des employeurs. Le cumul de ces facteurs
sur le long-terme peut déboucher à un chômage, ou dans la meilleure des situations, à un
travail peu qualifié et précaire.
En effet, en règle générale, un ménage tire la quasi-totalité de ses revenus par le biais de
l’exercice d’un emploi. Ce dernier dépend exclusivement de la performance
macroéconomique du pays ou de la région en question puisque toute production a besoin de
10
Avec une collaboration de DIAL’IRD. Ces critères sont inspirés de ceux de l’OIT.
Chapitre I : Approches du secteur informel
13
débouché. Or, chaque contraction de l’activité économique se traduit par la diminution des
débouchés. C’est pourquoi les tensions sur le marché du travail s’amplifient et conduisent les
plus vulnérables vers le chômage ou le sous-emploi.
Cependant, dans le souci d’assurer sa consommation autonome, un individu ne peut se
permettre de rester au chômage (d’autant plus que dans les pays pauvres, il n’y a pas
d’allocation chômage) et parfois même ce dernier est obligé de trouver d’autres sources de
revenus pour combler les manquements causés par le sous-emploi.
« La durée en moyenne du chômage à Madagascar en 2012 est de 12,2 mois, soit
environ un an. Mais pourtant, 33,8% des chômeurs sont au chômage depuis plus d’un an. Ce
phénomène touche un peu plus les primo-demandeurs (42,1% pour les hommes contre 38,9%
pour les femmes) que les anciens occupés. Cette situation traduit la difficulté pour les jeunes
de s’insérer sur le marché du travail. C’est ainsi que le secteur informel est devenu le refuge
de la plupart des actifs occupés qui se débrouillent au quotidien. »11
. Ceci montre que dans la
plupart des cas, l’exercice d’activité dans l’informel est plus une nécessité qu’un choix car
étant en chômage beaucoup trop longtemps, ces gens ont beaucoup de mal à se faire
réembaucher. Malheureusement pour ces gens, le peu de soutien que leur offre le
gouvernement ne suffit pas à remédier à leurs problèmes. C’est pourquoi, ils cherchent des
solutions par leurs propres moyens. Par conséquent, ils sont pris dans un cercle vicieux où la
seule issue possible qui leur semble évidente est l’auto-emploi (généralement informel).
11
Enquête intitulée « Le Marché du travail à Madagascar en 2012 : dominé par le sous-emploi et le secteur
informel » réalisée avec les données de l’ENEMPSI et en collaboration avec le PNUD page 3
Chapitre I : Approches du secteur informel
14
Le tableau suivant (tableau n°1) donne un aperçu sur les caractéristiques des chômeurs
et la durée du chômage
Source : INSTAT/DSM-PNUD-BIT, ENEMPSI2012, nos propres calculs.
On peut clairement voir que les jeunes sont plus touchés par rapport aux personnes
ayant déjà occupé un emploi. De plus les femmes sont plus affectées. De ce fait elles sont plus
nombreuses à exercer dans le secteur informel. En effet, selon l’INSTAT, 94.5% de ces
dernières sont dans l’informel contre 91.7% pour les hommes (dont 21,3% des femmes contre
14,5% chez les hommes se trouvent dans le secteur informel hors agricultures).
2. Les autres facteurs
Les migrations sont plus fréquentes chez les personnes qui n’ont pas de situation
stable, c'est-à-dire dans le cas où il n’y a ni engagement pris vis-à-vis d’une entité (Etat ou
autres organismes) ni une garantie fiable de la bonne continuité de l’activité exercée par ces
gens. De ce fait, les plus vulnérables ont recours à cette pratique dans l’espoir de trouver
mieux. « … , il est à relever que la migration a toujours fait partie du mode de vie des
populations africaines du fait qu’elle constitue une stratégie d’adaptation au chômage et de
recherche perpétuelle d’amélioration des conditions de vie des populations. »12
. Plus connu
sous l’appellation d’exode rural, l’arrivée dans les villes d’une masse de travailleurs non
qualifiés qui ne peuvent intégrer l’économie dite formelle constitue un tremplin pour les
activités informelles. Au fur et à mesure que les campagnards viennent alourdir la population
12
Source :
http://www.google.mg/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCkQFjAA&url=http
%3A%2F%2Fwww.afdb.org%2Fuploads%2Ftx_llafdbpapers%2Farticl_informailte_integration_regionale.docx
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Sexes Répartition
(en %)
Age moyen
(en années)
Années
d’études (en
années)
Durée
moyenne du
chômage
(en mois)
Chômeurs
de longue
durée (en
%)
Primo-
demandeur
Hommes 25,8 21,7 7,7 14,9 42,1
Femmes 36,1 23,4 6,9 13,5 38,9
Ancien
occupé
Hommes 15,6 31,1 8,4 8,6 24,9
Femmes 22,4 29,7 7 9,2 22,2
Total 100 25,6 7,4 12,2 33,8
Chapitre I : Approches du secteur informel
15
des villes urbaines alors que les infrastructures et la croissance n’arrivent pas à suivre cette
tendance, le déséquilibre s’intensifie et crée des tensions au niveau de la société.
Bien que l’immigration des étrangers ne concerne pas la totalité des pays touchés par
ce fléau, il occupe quand même une place non négligeable en termes de secteur informel. En
effet, arrivés à destination, ces personnes là n’ont encore aucun emploi stable, elles sont alors
obligées de se rabattre vers les activités informelles.
Dans les pays pauvres, les immigrants sont communément considérés comme étant
riches, pourtant, lorsqu’ils recrutent des nationaux pour faire des commissions illégales
(comme le trafic de devise ou de ressources naturelles…) ces étrangers accentuent encore plus
l’insertion des personnes vulnérables dans le secteur informel.
L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat sont également source de pratique
informelle. Lorsque les ménages constatent une diminution de leur revenu en termes de
pouvoir d’achat, et que celle-ci soit trop importante pour être ignorée, ils vont se trouver
d’autres sources de revenus supplémentaires. Pourtant ces gens ont déjà des occupations à
titre principales, alors ils vont se tourner vers des activités faciles d’accès. « Un pourcentage
croissant de la force de travail urbaine dégage des revenus de l’exercice d’activités dans les
secteurs tant informel que moderne. Et, parmi ceux qui sont uniquement liés à l’exercice
d’activités informelles. Un pourcentage significatif, pouvant aller dans certains cas jusqu’à
50 pour cent, est engagé dans plus d’une activité. »13
Concernant les charges liées à l’exercice d’une activité ou d’un emploi, notamment les
divers impôts et taxes, leurs augmentations peuvent influer sur la tentation des contribuables à
vouloir échapper à l’administration fiscale. A ce sujet, Luc Weber a dit que : « Les
contribuables peuvent essayer d’éviter l’impôt en recourant à l’évasion fiscale, voire à la
fraude. »14
. D’ailleurs, certains pays émergents15
ont saisi les enjeux considérables que
peuvent apporter l’adoption d’un taux d’imposition ou d’une taxe très basse voire inexistante
en matière d’investissement. Certes, les recettes de l’Etat vont chuter mais celles-ci seront par
contre compensées par d’autres gains comme les ristournes des grandes exploitations. Ainsi,
cette pratique permet de réduire au maximum les activités informelles et les évasions des
13
Bertrand Gaufryau dans : « L'économie informelle en Afrique francophone: structure, dynamiques et
politiques » page 85. 14
Weber dans « L'État, acteur économique: analyse économique du rôle de l'État » page 160. 15
Comme Dubaï,
Chapitre I : Approches du secteur informel
16
capitaux puisque les charges envers l’administration étatique sont légères, par conséquent, les
agents économiques n’ont aucune raison de fuir leur devoir vis-à-vis des institutions.
La rigidité de la législation du travail dans le secteur formel constitue également une
puissante incitation à « l’informalisation » de l’économie dans la mesure où la lourdeur des
formalités administratives et les obligations des employeurs peuvent les amener à ne pas
régulariser complètement la situation judiciaire de leurs travailleurs.
La discrimination à l’embauche est aussi un autre phénomène qui prend de plus en
plus d’ampleur sur le marché du travail. Cette discrimination est beaucoup plus fréquente
dans le secteur privé que dans le secteur public. Bien qu’interdit par la loi, elle se présente
sous plusieurs formes :
discrimination liée aux genres : homme ou femme ;
selon l’âge : les victimes sont souvent les jeunes et les personnes âgées ;
ségrégation raciale ou religieuse ;
discrimination des handicapés ;
discrimination relative au lieu d’habitation (elle touche les habitants des quartiers
défavorisés et les zones dites ‘sensibles’).
Ce phénomène est très nocif car les personnes écartées sont obligées de se trouver des
emplois par eux-mêmes. Pourtant, elles sont victimes de cette discrimination parce qu’elles
sont considérées comme étant faibles ou des fardeaux. Leur meilleure issue est donc le secteur
informel qui est, rappelons le, facile d’accès.
Enfin, le travail des enfants reste un phénomène très répandu dans les pays pauvres,
or, ces pratiques ne pourront jamais être acceptées dans le secteur formel. En d’autres termes,
les mineurs qui travaillent pour ajouter les revenus de leurs familles s’engouffrent
systématiquement dans l’informalité. Pourtant, les familles les plus défavorisées atténuent
leur misère en envoyant leurs enfants vers des emplois informels souvent peu rémunérés.
Les activités issues du secteur informel sont avant tout des emplois pour les personnes
qui les pratiquent. D’ailleurs, secteur régulier et informel sont étroitement liés. Il est alors
nécessaire d’avoir un aperçu des cadres théoriques du marché de l’emploi.
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
17
CHAPITRE II : CADRES THÉORIQUES DU MARCHÉ DE L’EMPLOI
Le marché de l’emploi est l’un des critères déterminants de la performance
économique d’un pays. En effet, il donne un aperçu sur le niveau de développement industriel
ainsi qu’à la nature des secteurs d’activités. Par ailleurs, l’environnement relatif à l’emploi
donne également un aperçu sur les aspects sociaux ou parfois même sur les aspects politiques
dans lesquels évolue le pays en question.
Le marché de l’emploi est le marché où se rencontrent les offres (par les agents qui
cherchent du travail) et les demandes d’emploi (par les agents qui ont du travail). Par cette
définition, on peut déduire qu’il faut au moins deux agents pour qu’on puisse parler de
marché de l’emploi. En d’autres termes, ce dernier est régi, à la fois, selon le comportement
des travailleurs et des employeurs. Cependant, le fonctionnement du marché du travail est
évidemment sous l’influence de la réussite économique puisque ce marché est la principale
liaison entre les producteurs et les travailleurs.
D’une manière générale, le prix du travail (le salaire) est obtenu par la rencontre de
l’offre et de la demande de travail. Par conséquent, il dépend de la quantité de ces deux
facteurs. Quand l’offre est supérieure à la demande, le salaire va diminuer et inversement.
Discuter des cadres conceptuels du marché de l’emploi nous amène à deux approches
contradictoires dans la mesure où l’une est purement libérale et l’autre plus favorable à
l’interventionnisme. « Le modèle de l’offre et de la demande s’applique non seulement à la
taille de la main-d’œuvre mais aussi aux caractéristiques des travailleurs, telles que niveau
scolaire et niveau de compétence. Si une compétence donnée est rare (offre faible) mais très
recherchée par les employeurs (forte demande), un travailleur qui la possède aura tout loisir
de négocier son salaire. Si une compétence donnée est disponible en trop grande quantité
(offre forte) et peu demandée par les employeurs, un travailleur qui la possède aura alors
moins de marge pour négocier et sera peut-être même exposé au chômage. »16
Pour mieux comprendre le fonctionnement global du marché de l’emploi, il convient
de s’exprimer sur deux sujets essentiels, à savoir :
Les approches selon les courants de pensée et ;
16
Dans : « Un guide pratique pour les organisations d’employeurs : Relever les défis de l’emploi des jeunes »
page 21. Du Bureau des activités pour les employeurs et Programme des activités pour les employeurs, Centre
international de formation de l’OIT, Turin Edition 2012
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
18
Les politiques de l’emploi
A. Les approches selon les courants de pensée
Le marché de l’emploi a toujours attiré des grands débats tant pour les gouvernants
que pour les auteurs économistes. Ces débats ont donné naissance à l’apparition de différents
courants de pensée dans la mesure où aucun ne s’est avéré irréfutable. Effectivement, ce sont
les différentes contestations concernant certains points sur les hypothèses et explications
émises qui ont engendré la multitude de ces courants de pensée.
Ces courants de pensée économique qui ont dominé le monde sont nombreux
notamment le mercantilisme ; la physiocratie ; le classicisme ; le marginalisme ; le
keynésianisme et le néo keynésianisme. Les débats tournent essentiellement sur certains
points, à savoir :
Le marché est-il autorégulateur ou non ?
Les agents économiques sont-ils rationnels ? et à quel degré ?
Y-a-t-il un lien entre la microéconomie et la macroéconomie ?
La tendance de l’économie à être en équilibre ou en déséquilibre ?
La nécessité ou non de l’intervention de l’Etat dans l’économie ?
La possibilité ou non du chômage et du sous-emploi ? sont-ils volontaires ou
involontaires ?
Avoir un aperçu sur ces doctrines est d’autant plus indispensable dans la mesure où les
recommandations préconisées par ces courants de pensée ont été appliquées par de nombreux
dirigeants. C’est ainsi qu’au fil du temps ces théories ont acquis leur notoriété. Chacun de ces
courants ayant eu leur heure de gloire selon les époques et les circonstances. Effectivement, le
monde a été chamboulé par des perturbations majeures (comme les deux guerres mondiales
etc.) et des crises internationales sévères (crises de surproduction de 1929, chocs pétroliers,
crises financières…). L’ampleur de ces problèmes a suscité l’engouement de l’émission de
nombreuses hypothèses.
Toutefois, la controverse opposant les Libéraux et les Keynésiens semble être plus
intéressant pour comprendre et mieux cerner le fonctionnement du marché du travail. Ces
deux (2) grands courants de pensée admettent que l’offre est généralement une fonction
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
19
croissante du prix et que la demande en est habituellement une fonction décroissante. Ce
mécanisme est mieux connu sous l’appellation de «loi de l’offre et de la demande ».
1. Pour les Libéraux
Pour les Néoclassiques, si le marché du travail fonctionne librement (sans intervention
de l’Etat), il permet alors d’obtenir l’équilibre entre l’offre provenant des travailleurs et la
demande provenant des employeurs. En d’autres termes, la flexibilité des salaires réels doit
assurer l'équilibre de plein emploi sur le marché du travail parce que si les salaires réels
peuvent baisser en cas d’excès d’offre de travail de la part des travailleurs, les employeurs
augmenteront leur demande, ce qui va entrainer la diminution des offres et ainsi faire
disparaître le chômage. Donc, d’une part, plus les salaires sont élevés, plus les gens vont avoir
envie de travailler et d’autre part, plus les salaires sont élevés, moins les entreprises vont
vouloir embaucher.
Le graphique (graphique n°1) ci-après illustre ce raisonnement Néoclassique
Source : http://des-economistes-et-des-hommes.over-blog.com/article-la-theorie-
neoclassique-du-marche-du-travail-1--43693379.html
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
20
Par contre, en période de chômage, les demandes d’emploi sont supérieures aux offres
d’emploi ce qui fera baisser les salaires. Une baisse des salaires signifie plus de profits pour
les entrepreneurs qui vont embaucher davantage. Le chômage involontaire sera résorbé et le
retour à l’équilibre sur le marché du travail sera ainsi réalisé. Une baisse des salaires va donc
réduire le chômage.
Les libéraux sont donc favorables à la suppression du SMIC (Salaire Minimum
Interprofessionnel de la Croissance), car celui-ci serait un "destructeur d’emplois" dans la
mesure où ils prônent l’ajustement automatique entre l’offre et la demande de travail par les
prix.
Cette libéralisation que préconise les néoclassiques tend à appliquer au maximum
possible la loi de la concurrence pure et parfaite qui évolue dans un cadre d’économie pure
(c’est-à-dire une économie de marché parfaite). Ainsi, ils considèrent que le chômage
volontaire existe (mais n’est que transitoire) et assure le bon fonctionnement du marché du
travail puisque son issue est le meilleur emploi. Par ailleurs, il est à faire remarquer que les
néoclassiques désignent le travail comme une marchandise bien qu’il ne fasse pas partie des
marchandises produites. Ainsi, le coût du travail17
est considéré comme le déterminant
principal du volume de l’emploi et du chômage.
Pour eux, la confrontation de l’offre et de la demande de main d’œuvre obtenue par
l’agrégation des comportements individuels converge vers un point d’équilibre où le niveau
de l’emploi et le salaire réel sont déterminés simultanément.
2. Pour les Keynésiens
Les partisans de Keynes sont partis d’une doctrine qui stipule que le marché de
l’emploi n’est pas autorégulateur, d’où la nécessité de l’intervention de l’Etat. Ils ont
préconisé que lorsque l’économie nationale est dans une situation de sous-emploi, l’Etat doit
intervenir en augmentant les dépenses publiques afin d’accroître la demande effective (c’est-
à-dire la demande anticipée par les entreprises) qui va entraîner un accroissement de revenu
national et de l’emploi.
17
Ceci comprend le salaire net versé au salarié (avec primes,…), les cotisations sociales versées aux organismes
de protection sociale et les coûts d’embauche et de licenciement…
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
21
Selon les keynésiens, la flexibilité des salaires ne suffit pas à assurer l'équilibre de
plein emploi sur le marché du travail parce que ce n'est pas ce dernier qui fixe le niveau de
l'emploi ni celui des salaires réels. Pour ce faire ils ont avancé les deux (2) explications
suivantes :
Les travailleurs cherchent à éviter la baisse des salaires nominaux en formant des
groupements collectifs et syndicaux ;
Les salaires réels sont conditionnés par le rythme de l'inflation qui est déterminé par
les prix fixés par les entrepreneurs puisque le marché est en situation de concurrence
imparfaite.
Ils estiment en effet qu’une baisse des salaires des travailleurs ne signifie pas plus de
profit pour les entrepreneurs mais une baisse de la demande future. Les entrepreneurs étant
pessimistes, ils prévoient une baisse des ventes, donc ils vont diminuer les embauches. Une
baisse des salaires ne fera alors qu’aggraver le chômage.
Etant donné que pour les keynésiens les individus raisonnent en termes de salaire
nominal et non réel comme le pense les néoclassiques, ils peuvent être victimes de l’illusion
monétaire. Cette illusion monétaire, qui n’est perçue par les travailleurs qu’à postériori,
engendre alors beaucoup de complication comme des déséquilibres au niveau du marché de
l’emploi. Ainsi, le chômage qui résulte de la différence entre le niveau de l’emploi et l’effectif
de la population active peut donc être involontaire dans la mesure où sans l’intervention de
l’Etat, le volume de la production ne peut correspondre automatiquement à celui qui assure le
plein emploi. D’où la possibilité d’un ‘équilibre de sous-emploi’.
Ce mode de raisonnement basé sur la demande effective (demande future attendue par
les entrepreneurs) est le fondement de la théorie keynésienne. C’est pourquoi l’Etat doit
garantir un niveau de SMIC donné (et en même temps faire bénéficier une protection aux
agents économiques dans le but de réduire les inégalités) afin d’assurer un niveau minimum
de consommation et donc un minimum de débouchés pour les entreprises.
Par ailleurs, Keynes certifie qu’il n’y a pas forcément un ajustement automatique ni
entre la production et le revenu, ni entre le revenu et la demande parce qu’une part du revenu
peut être affectée à la thésaurisation. Trois (3) motifs peuvent pousser les agents économiques
à cette ‘préférence pour la liquidité’ :
Motif de transaction : pour faire face aux besoins usuels de monnaie ;
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
22
Motif de précaution : pour se préparer aux éventuels imprévus ;
Motif de spéculation : dans le but de pouvoir saisir immédiatement les éventuelles
opportunités d’affaires.
C’est de cette manière qu’une quantité non négligeable de liquidité sort du circuit
économique et que l’équilibre automatique du marché n’est pas toujours évident.
B. Les politiques de l’emploi
La définition la plus couramment utilisée pour définir les politiques de l’emploi est
celle proposée par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement
Economiques) depuis 1985 dans ses « Perspectives de l’emploi »18
. Cette définition repose sur
deux grands principes :
D’abord, les politiques de l’emploi ne regroupent que les politiques visant à soutenir les
groupes en difficultés sur le marché du travail. Ainsi, les mesures générales qui cherchent à
améliorer l’emploi de façon globale sont exclus de ces politiques dites ‘ciblées’. Ces
politiques tendent à opérer selon les spécificités de l’agent en question. En d’autres termes, les
politiques de l’emploi agissent seulement du côté des travailleurs mais n’incluent pas les
programmes d’ordre structurel qui nécessitent des actions plus macroéconomiques propres à
l’Etat comme la croissance ou le taux d’intérêt.
Ensuite, l'OCDE a classifié ces politiques de l’emploi en neuf (9) catégories et suivant deux
(2) tranches bien distinctes.
Les mesures actives regroupent celles dont l'ambition est d'augmenter l'emploi des
bénéficiaires et leur niveau de formation ou encore d'améliorer le fonctionnement du marché
du travail (catégories 1 à 7).
1. Service public de l'emploi ;
2. Formation professionnelle ;
3. Rotation d'emploi et partage du travail ;
4. Incitations à l'emploi ;
5. Emploi protégé et réhabilitation ;
6. Création directe d'emplois ;
18
In http://www.melchior.fr/Les-Politiques-de-l-emploi.9529.0.html
Publication annuelle relatant les situations et les perspectives du marché du travail des pays membres
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
23
7. Aides à la création d'entreprises ;
Les mesures passives destinées à maintenir le revenu des chômeurs ou de certaines
catégories de personnes inactives (catégories 8 à 9)
8. Maintien et soutien du revenu en cas d'absence d'emploi ;
9. Préretraites
Ces mesures visent à donner à tous les mêmes opportunités d’emploi, d’où ces programmes
qui sont plus orientés en faveur des personnes vulnérables. En effet, comme les principaux
problèmes rencontrés au niveau du marché de l’emploi (mis à part le chômage) sont les
emplois précaires ou peu rémunérés, les politiques de l’emploi doivent alors prioriser
l’amélioration du niveau de vie des travailleurs.
Chaque pays a ses propres procédés en matière de politique de l’emploi puisque cette
dernière doit s’adapter avec les particularités et les complexités de la société. Cependant, des
points communs existent, à savoir :
En règle générale, elle est particulièrement orientée vers les jeunes et les
personnes en difficultés à trouver du travail ;
Elle nécessite des collaborations interministérielles ;
Cette politique s’attaque non seulement au chômage mais aussi au sous-
emploi.
1. Généralités de la politique de l’emploi
Les politiques de l’emploi comprennent l’ensemble des interventions publiques sur le
marché du travail qui visent à en corriger les déséquilibres et les effets néfastes qui peuvent en
résulter. Les politiques de l’emploi englobent des mesures très variées qui agissent
directement ou indirectement sur l’environnement du marché de l’emploi. Ce sont
généralement :
Des règlementations sur le marché du travail (élaboration du code travail,
fixation du salaire minimum…) ;
Des mesures ciblées pour les chômeurs (aide à la recherche d’emploi, l’octroi
de diverses formations, indemnités de chômage…) ;
Incitations à l’activité (pas d’impôt sur les revenus, primes pour l’emploi…)
Les mesures prises peuvent être soit de manière ‘générales’ ou ‘ciblées’ soit de nature
‘active’ ou ‘passive’.
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
24
Les mesures générales agissent sur l’ensemble des salariés sans tenir compte de leurs
spécificités individuelles, tandis que les mesures ciblées visent des catégories particulières
comme les jeunes ou les handicapés par exemple.
Ainsi, les mesures générales cherchent à promouvoir les créations d’emplois en ajustant tous
les déséquilibres de manière objective pour qu’il n’y ait aucune exclusion sur les
bénéficiaires. Par contre, les mesures ciblées cherchent à réduire les inégalités présentes sur le
marché du travail en soutenant les travailleurs les plus vulnérables. Donc, les mesures ciblées
ont des vocations plus orientées vers la recherche d’équité par le biais de l’emploi.
Les mesures actives quant à elles ont des objectifs directement orientés vers la cause
du problème comme remettre les chômeurs en emploi ou augmenter le niveau d’emploi,
(créations d’emploi par des investissements publics, subvention à l’embauche, agences
d’assistance à l’emploi…), alors que les mesures passives penchent plutôt vers l’atténuation
des problèmes engendrés par le chômage.
A partir de ces concepts on peut constater l’étendu des opérations pouvant être
entreprises dans le cadre d’une politique de l’emploi.
En effet, la politique de l’emploi cherche, entre autres, l’équité sociale à travers
l’instauration d’un emploi décent. Cette politique est d’autant plus utile parce qu’au fil des
années, il a été clairement démontré que les progrès économiques ne conduisent pas
forcément à la résolution des problèmes au niveau du marché de l’emploi et des revenus y
afférents.
2. La Politique National de l’Emploi (PNE) à Madagascar
A l’instar des autres pays en développement, Madagascar a lui aussi adopté des mesures
pour faire face aux problèmes liés à la pauvreté. Par ailleurs, un programme n’est efficace que
lorsqu’il prend en compte tous les domaines pouvant influencer la résolution des obstacles.
La PNE est le fruit d’un long processus de travail. Dans ce cadre, l’affranchissement
de la pauvreté par le travail et l’emploi comme condition du développement économique
forme une stratégie de base en matière de promotion de l’emploi. A cet effet, le
Gouvernement, par l’intermédiaire du Ministère de la fonction publique, du travail et des lois
sociales focalise sa mission sur la promotion d’un environnement favorable à la création
d’emploi et à l’amélioration de la qualité de vie, dans le cadre d’un marché de travail.
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
25
Cette mission se traduit par la définition des quatre objectifs19
principaux suivants :
Mettre en place une Politique Nationale de l’Emploi (PNE) pour mieux aider au bon
fonctionnement du marché de travail et une Politique Nationale de la Protection
Sociale (PNPS) garantissant les droits fondamentaux des partenaires sociaux ;
Renforcer le partenariat entre l’Etat, les travailleurs et les investisseurs pour le
développement rapide, humain et durable ;
Assurer que les règles du marché de travail favorisent la compétitivité et l’emploi tout
en protégeant les droits fondamentaux des travailleurs ;
Encourager l’engagement et la participation du patronat dans la réalisation des projets
sociaux.
Cette politique prend en compte plusieurs éléments comme : la libéralisation
économique ; la croissance et emploi ; la dynamique démographique ; la pauvreté et l’emploi ;
l’état du marché de travail ; les groupes sociaux sensibles et le monde du travail ; les
dispositifs existants en matière d’information et d’observation sur l’emploi. Vu la multitude
de ces domaines d’intervention, force est de constater que la politique nationale de l’emploi à
Madagascar est ambitieuse. Pourtant, la mise en pratique de ces programmes ne peut se faire
sans une hiérarchisation des actions à entreprendre.
Dans le souci de résoudre les anomalies de l’environnement socioéconomique
malgache, les programmes de la PNE ont été sectionnés selon des critères spécifiques afin de
mieux les cerner.
Ainsi, il y a les objectifs prioritaires et les axes d’orientation stratégiques.
Les objectifs prioritaires, comme son nom l’indique, cherchent à corriger les
problèmes les plus graves et ceux qui peuvent être corrigés dans une courte période. Ils
agissent directement sur l’environnement global du marché de l’emploi (favoriser la création
d’emploi et les formations professionnelles, soutenir les entreprises et les groupes sociaux
vulnérables…).
Cependant, ces mesures n’ont que des effets temporaires de soulagement. D’où
l’existence des trois (3) axes d’orientations stratégiques qui visent une meilleure perspective
d’avenir pour le marché de l’emploi malgache. C’est pourquoi ces mesures agissent sur le
domaine de l’innovation technologique, mais également sur l’environnement législatif et
19
in PNE(2006) page5 1.1.2 Lignes générales de la politique gouvernementale
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
26
institutionnel. A cet effet, il a été reconnu que l’éducation et la formation professionnelle
jouent un rôle considérable dans l’atteinte d’un meilleur emploi et d’un meilleur revenu à
travers l’augmentation de la productivité. Par ailleurs, dans le souci de suivre les évolutions
engendrées par la mondialisation, l’intégration des nouvelles technologies dans les
programmes nationaux fût adoptée progressivement.
La Politique Nationale de Soutien à l’Emploi (PNSE)
Etant donné que la PNE comporte tout type d’opération influant sur l’environnement
global de l’emploi à Madagascar, ce programme vient la renforcer en appuyant
l’investigation, la valorisation, la participation et la responsabilisation des acteurs concernés.
C’est pour ainsi dire que la PNSE est beaucoup plus accentuée vers les travailleurs et les
employeurs.
Ayant bénéficié d’un budget à part, la PNSE vise à combler les lacunes non résolues
par la PNE. Comme cette dernière s’est adressée à tout le monde sans exception, elle a
quelque peu préservé les écarts entre les plus défavorisés et les privilégiés. Ainsi, la PNSE
vise à défendre l’équité sociale en assurant l’accroissement des opportunités d’emploi pour les
pauvres. L’objectif fondamental c’est de leur fournir un emploi décent procurant des revenus
stables et durables. Par conséquent, les programmes (régionaux, communaux...) adoptés ne
sont pas nécessairement les mêmes mais peuvent varier en fonction des ressources locales
mais également selon les circonstances spécifiques des bénéficiaires.
Si telle en est la politique nationale de l’emploi appliquée à Madagascar, a-t-elle été
efficace pour faire face aux différents problèmes présents au niveau de l’économie en
général ?
On ne peut répondre à cette question sans connaître les réalités de la grande île.
27
DEUXIÈME PARTIE : LES RÉALITÉS DE MADAGASCAR
Bien qu’en règle générale Madagascar suit les modèles politico-économiques
occidentaux, les faits observés dans la grande île présentent des nuances spécifiques
remarquables qui méritent d’être évoquées. Néanmoins, ces phénomènes trouvent une
explication plus ou moins rationnelle en termes de cause et d’effet. Puisqu’à Madagascar la
crise s’amplifie dès qu’il y a des perturbations20
économiques à l’échelle mondiale, et que
cette crise se traduit par des pertes d’emplois massives, les victimes consolident alors leurs
intérêts pour le secteur informel.
Etant un pays pauvre, Madagascar a une très forte proportion d’activité informelle et
un taux de chômage et de sous-emploi élevé. C’est d’ailleurs ces derniers qui ont favorisé la
prolifération du secteur informel. Mais si l’on veut remonter à la source, ce sont les crises à
répétition qui sont les principales causes du problème.
Pour s’en apercevoir, il suffit de sillonner les rues où il a une foule de petits vendeurs
et vendeuses qui envahissent les trottoirs, voire la chaussée. Cette situation ne se limite pas à
Antananarivo mais dans toute l’île. Cependant, ce n’est là qu’une des nombreuses facettes de
l’informel. En réalité, le fait de vendre sans être inscrit au registre du commerce est illégal,
bien que toléré dans de nombreux cas (surtout dans les campagnes).
« Le poids des jeunes actifs est assez important dans le secteur informel, avec 27% des
actifs de moins de 25 ans et un niveau d’étude moyen de 6,4 ans ; ce qui explique l’état
alarmant de la situation des jeunes dans la dynamique de la population face à l’emploi.
Annuellement, environ 60 000 jeunes avec un niveau de qualification très bas arrivent sur le
marché de l’emploi. »21
. Donc, selon les circonstances, le fait d’avoir une forte proportion de
population jeune peut être à la fois un avantage et une faiblesse.
Classé parmi les pays à risques en matière d’investissement, Madagascar a beaucoup
de mal à séduire de nouveaux investisseurs. Entre autres, les instabilités, le manque
d’infrastructure, le prix élevé de l’énergie et de la communication constituent autant de
facteurs de blocage pour le développement.
20
Comme les augmentations des prix du pétrole… 21
In Page 8 de la Politique Nationale de l’Emploi
28
En effet, la plupart des grandes infrastructures d’aujourd’hui provient de l’héritage
colonial et elles manquent cruellement d’entretien ou même de remplacement. Cette mise à
jour est primordiale pour se conformer aux exigences de la mondialisation.
Par ailleurs force est de constater que les grandes firmes consomment beaucoup
d’énergie notamment de l’électricité. Pourtant, à Madagascar, non seulement la puissance de
l’électricité n’arrive pas à suivre les demandes mais son prix est également cher. En effet, le
Syndicat des Industries de Madagascar (SIM22
) affirme que le prix de l’électricité occupe une
part très importante de 40% dans leur coût d’exploitation. Ainsi, la grande île a une mauvaise
réputation en termes de condition d’attractivité des investissements. Cependant, des solutions
(voir page 55) peuvent apportées pour corriger ces lacunes.
Tous ces facteurs se combinent et provoquent des ralentissements économiques. Ce
bref survol n’est pourtant que la partie visible de l’iceberg puisque l’aventure de la grande île
est aussi conditionnée par les troubles économico-politiques et ses conséquences. C’est
pourquoi, cette seconde partie sera composée de deux (2) chapitres qui sont :
Les impacts des crises à Madagascar ;
Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache.
22
Source : http://www.afriquinfos.com/articles/2012/2/10/afrique-australe-196484.asp
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
29
CHAPITRE III : LES IMPACTS DES CRISES A MADAGASCAR
Il est évident que toute crise, de quelque nature qu’elle soit, est nuisible au bon
développement de l’économie. Or, mis à part les crises internationales qui se répercutent au
pays, Madagascar est fréquemment frappé par des crises politico-économiques. Par
conséquent, l’économie malgache peine à se remettre des nombreuses récessions engendrées
par ces troubles. La grande île est alors plongée dans un cercle vicieux puisque dès qu’il y a
trouble, les relations avec les extérieurs se compliquent. Comme Madagascar reste largement
dépendant des extérieurs, que ce soit vis-à-vis des pays occidentaux ou des organismes
internationaux, toutes décisions prises par ces derniers se répercutent directement sur l’île.
La fréquence et la lenteur de la sortie de crises ont altéré la réputation de Madagascar.
C’est pourquoi le pays n’arrive plus à séduire les touristes, les investisseurs et les bailleurs de
fonds. De ce fait, les investissements directs étrangers reçus par l’économie malgache ont reçu
un recul puisque la crise a détérioré le pouvoir d’attraction des capitaux étrangers. Par
conséquent, les entrées des monnaies étrangères ont chuté et la grande île manque cruellement
d’investissement en matière de grandes infrastructures. Autant dire que les manques à gagner
sont phénoménales : rien que dans la croissance du PIB, il y a huit (8) milliards de dollars
américain de perdu.
Par ailleurs, quand la crise internationale frappe les pays développés, leur première
réaction est de limiter les demandes des produits importés. Cela pénalise directement la
production de notre pays puisque certains secteurs (notamment le textile, les cultures
d’exportation…) sont destinés à l’exportation. La production doit alors se comprimer et
également les emplois qui vont avec. Comme l’exportation diminue, la balance des paiements
devient de plus en plus déficitaire et la monnaie nationale se déprécie. De ce fait, la
dépréciation de l’Ariary entraine directement l’inflation. Dès lors, les entités vulnérables
(comme les PME…) subissent des perturbations importantes qui les conduisent vers la
contraction de leurs activités et parfois même vers leur fermeture.
Quels que soient la nature et les causes de ces crises, leurs conséquences atteignent
plusieurs domaines et se répercutent comme une trainée de poudre. Dans ces conditions, on va
voir :
en premier lieu, les impacts globaux ;
et en second lieu, les impacts sur le marché de l’emploi.
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
30
A. Les impacts globaux
D’une manière globale, les crises successives qui ont frappé Madagascar sont à
l’origine de nombreuses détériorations du système politique, social mais surtout économique
dans la grande île. Ces crises ont gâché la continuité de nombreux programmes
gouvernementaux, par conséquent, certaines actions entreprises n’ont abouti à aucun succès à
cause de leurs interruptions.
Dans ces conditions, force est de constater que Madagascar ne sera pas en mesure
d’atteindre la plupart des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) d’ici 2015,
alors qu’en 2007 certains ont encore été jugés potentiellement réalisables (comme la mortalité
infantile, la réduction de l’extrême pauvreté…). C’est pourquoi le classement de Madagascar
a pris un coup dans l’aile dans de nombreux domaines. D’après un rapport intitulé « Doing
business 2013 », publié par la Banque mondiale et l’ « International Finance Corporation »
(IFC) :
Dans la facilité de faire des affaires, Madagascar se trouve au 142e rang parmi les 185
pays analysés, perdant quatre places par rapport à l’année précédente ;
Dans le domaine d’obtention de prêt, aucun changement n’a été vu (toujours classé
180ème
)
Dans le domaine du raccordement à l’électricité, la grande île est passée de 181ème à
la 183ème place.
Dans le domaine de paiement des impôts, le pays est passé de la 67ème place à la
68ème place.
En matière d’octroi des permis de construire, de la 143ème place à la 148ème place.
Dans le domaine de la protection des investisseurs, du 66ème au 70ème rang mondial.
Concernant le commerce transfrontalier, Madagascar est passé de la 111ème place à la
112ème place.
Ces changements sont assez alarmants dans la mesure où ils sont survenus dans un
laps de temps très court (1 an). C’est ainsi que Madagascar est devenu, en 2013, le sixième
pays le plus pauvre du monde.
Ces conséquences sus citées donnent les pertes au niveau national. Cependant, les
vraies victimes de ces crises est le peuple malgache. D’où le la nécessité de développer les
deux (2) grands points suivants :
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
31
Les conséquences socioéconomiques ;
Augmentation de la pauvreté
1. Les conséquences socioéconomiques
Suite à la crise politique dont Madagascar a été victime, les organismes internationaux
ont gelé leurs aides et leurs financements (notamment les Aides Publiques au
Développement). Cela a eu des répercutions néfastes sur la finance publique ainsi que sur les
programmes d’investissement public. « …l’Union Européenne a supprimé toute aide au
développement qui passe entre les mains des dirigeants malgaches : un manque à gagner de
600 millions de dollars pour la grande île de l’océan indien. Cette manne venue de l’étranger
est habituellement utilisée pour l’éducation, la santé et l’amélioration des infrastructures. Mais
lorsque le flot de dollars se tarit, les conditions se dégradent. Le taux de fréquentation dans
l’enseignement primaire a chuté de 83% en 2005 à 73% en 2010. Les routes se détériorent, les
opportunités de travail se tarissent… »23
. Or, mis à part cette diminution des financements
extérieurs, l’Etat malgache connaît aussi une mauvaise performance sur les activités
économiques dans le territoire. Ces deux diminutions ont eu pour conséquences directes le
manque de devises étrangères qui à son tour engendrera la dépréciation de la monnaie
nationale.
A partir de ce stade, les fléaux économiques s’enchainent comme une trainée de
poudre. En effet, comme Madagascar importe beaucoup plus qu’il n’exporte et que certains de
ces produits24
sont fondamentaux pour le bon fonctionnement de la vie quotidienne, leur
importation devient alors de plus en plus coûteuse et favorise l’inflation. C’est pourquoi, le
pouvoir d’achat des ménages subit une baisse conséquente tandis que la part de la
consommation dans les revenus augmente.
Le tableau (tableau n°2) ci après montre les conséquences de la crise sur l’évolution de
la consommation à Madagascar.
23
Source : http://www.jean-loncle-photo.com/2013/04/06/madagascar-les-sanctions-economiques-atteignent-
elles-leur-cible/ 24
Notamment le pétrole, les produits de première nécessité…
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
32
Répartition de la Consommation
(En pourcentage du PIB) 2008 2009 2010 2011 2012
Consommation totale :
Publique :
Privée :
82,9
10,1
72,8
91,9
9,7
82,2
94,6
9,3
85,3
84,1
9,9
74,2
85,4
9,6
75,8
Source : MFB/SG/DGB/DPCB
On voit clairement que la crise (à partir de 2009) a fait augmenter la part de la
consommation dans le PIB. Or on sait que la consommation est néfaste pour l’épargne et
l’investissement. Cette augmentation a deux (2) explications possibles.
D’une part, la crise a entrainé un ralentissement accru de l’économie en général. A son
tour, les débouchés et les productions se sont comprimés. Pourtant, il existe certaines
dépenses liées à la consommation (consommation d’énergie et les autres consommations
incompressibles) qui ne peuvent faire l’objet d’une réduction malgré cette décroissance
d’activité. Il est alors évident que la proportion de la consommation augmente dans le PIB.
D’autre part, comme l’investissement n’est plus avantageux, les revenus et autres
recettes sont de plus en plus affectés pour la consommation.
2. Augmentation de la pauvreté
Un individu subsiste dans la pauvreté lorsqu’il ne dispose pas des ressources
(financières, matérielles, …) suffisantes pour mener sa vie de façon digne selon les normes
internationales établies. Cette pauvreté se présente sous plusieurs dimensions et peut être
interprétée de plusieurs façons. Ainsi, il y deux (2) approches pour définir le taux de
pauvreté :
Selon l’approche absolue, le seuil est fixé en fonction d'un panier de biens alimentaires
(2400 calories par jour pour la pauvreté et 1800 pour l'extrême pauvreté) et non
alimentaires (qui comprennent l'habillement, le transport, l'hygiène, l'eau et l'énergie)
nécessaires à la survie quotidienne.
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
33
Selon l’approche relative, le seuil est fixé par rapport à l’attribution des revenus fixant
les niveaux de vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu
médian (le revenu séparant la population en deux : la moitié avec un revenu plus
élevé, et l’autre moitié avec un revenu inférieur).
L’augmentation de la pauvreté durant la crise n’est pas vraiment une surprise quoique
celle-ci ait atteint un niveau critique. Les causes en sont nombreuses mais la plus marquante
est sans doute la suspension de certaines aides destinées à lutter contre la pauvreté.
Malgré le fait que la pauvreté était déjà à un niveau élevé avant la crise, les
estimations indiquent que, de 2008 à 2013, la proportion de la population vivant sous le seuil
de pauvreté a augmenté de plus de 10 points de pourcentage, dont le plus grand impact fût
observé entre 2011 et 2013, causé par la persistance de la crise. Avec un taux de pauvreté de
plus de 92% au seuil de 2 dollars PPP (en termes de parité du pouvoir d’achat) par jour,
Madagascar est désormais un des pays les plus pauvres du monde.
Le taux de pauvreté évalué à 76,5 % en moyenne nationale en 2010, s’est aggravé en
atteignant 80% en 2012. Cette pauvreté a progressé plus rapidement dans les zones rurales et
notamment celles habituellement frappées par les cyclones, contribuant ainsi à un
accroissement de la fragilité du pays et de la vulnérabilité de la population, c’est pourquoi
certaines personnes ont été tenté par l’exode rural dans l’espoir de trouver mieux.
Cette pauvreté est en grande partie due à la dégradation de l’environnement de
l’emploi à Madagascar puisque le travail décent (c’est-à-dire dans des bonnes conditions de
travail, avec un revenu correct…) est la principale source d’un développement équitable et
durable.
L’échec sur l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement prévus pour
2015 fût une grande désillusion dans la lutte contre la pauvreté à Madagascar. L’indicateur
qui illustre le mieux la situation en matière de pauvreté reste « l’indicateur du développement
humain » donné par le PNUD. Si l’on se réfère à la définition de la ‘pauvreté humaine’
donnée par cette institution qui stipule que c’est l’« absence des capacités humaines de base :
analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, maladie pouvant
être évitée »25
, on peut nettement apercevoir que la population malgache est majoritairement
touchée par cette pauvreté humaine. Effectivement, l’IDH de Madagascar a reculé en termes
25
Dans son rapport intitulé : « Vaincre la pauvreté humaine » p19.
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
34
de valeur (et par conséquent en termes de classement) parce qu’en 2005 il a été de 0,533
(classifiant ainsi la grande île en tant que pays au ‘développement humain moyen’) soit à la
143ème
place, mais en 2013, ce chiffre est redescendu à 0,483 soit 151ème
pays sur les 187
étudiés.
B. Les impacts sur le marché de l’emploi
Une des conséquences de la sanction internationale fût la fermeture de la quasi totalité
des entreprises textiles de la capitale. En effet, la suspension de l’AGOA a conduit à une
diminution brutale des débouchés de ces zones franches. Rien qu’à Antananarivo cinquante
mille (50 000) emplois ont été perdus et la majorité des victimes sont des femmes. En l’espace
de trois ans à partir de la crise de 2009, trois cent trente six mille (336 000) travailleurs
malgaches ont perdu leur emploi.
Ces pertes d’emploi ont eu des répercutions graves sur la concurrence en matière de
recherche de travail. Les plus faibles, comme les jeunes et les peu qualifiés ont été les
premières victimes de la tension croissante qui s’est exercée sur le marché du travail. En effet,
le nombre de personne en quête d’emploi ont été largement alourdi par rapport aux offres
d’emploi. Par conséquent, les patrons peuvent imposer les salaires et les conditions de travail
qui leur donne beaucoup d’avantage tandis que les travailleurs sont en forte concurrences pour
se faire embaucher. Cette asymétrie de possibilité entre les patrons et les travailleurs a
entrainé des complications et des tensions accrues sur le marché de l’emploi. Ainsi, ce dernier
a largement reculé en matière de concurrence et de performance. L’écart des pouvoirs des
acteurs du marché du travail malgache (notamment les travailleurs et les employeurs) est
devenu trop important. De ce fait, les pouvoirs d’influence sur marché penchent de plus en
plus en faveur des employeurs et au détriment des salariés. L’autorégulation de ce marché par
lui-même est donc peu probable, d’où la nécessité de l’intervention de l’Etat malgache pour
solutionner ce déséquilibre.
1. Augmentation du chômage et du sous-emploi
Comme beaucoup de sociétés ont été victimes de chômage technique et de
compression de leur débouché, les licenciements ainsi que les réductions des activités sont
devenu obligatoires pour certaines entreprises. Ce phénomène a pris une ampleur considérable
surtout pour les entreprises franches mais aussi celles dont les débouchés sont étroitement
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
35
liées aux différents accords de coopération bilatérale ou internationale comme l’AGOA
(African Grouth and Opportunity Act).
Ce tableau (tableau n°3) illustre la proportion de chômage dans les vingt deux (22)
régions de Madagascar.
Taux de chômage, selon le genre et selon la région
Région Masculin Féminin Ensemble
Analamanga 3,4 7,4 5,4
Vakinankaratra 1,6 1,5 1,6
Itasy 4,0 3,3 3,7
Bongolava 0,6 2,9 1,7
Mahatsiatra Ambony 5,7 3,3 4,5
Amoron'i Mania 0,5 1,8 1,2
Vatovavy Fitovinany 1,7 1,7 1,7
Ihorombe 2,4 16,4 8,6
Atsimo Atsinanana 0,5 0,7 0,6
Atsinanana 6,1 9,5 7,8
Analanjirofo 0,9 4,8 2,9
Alaotra Mangoro 2,0 4,3 3,0
Boeni 2,9 3,3 3,1
Sofia 5,6 6,0 5,8
Betsiboka 3,8 4,5 4,2
Melaky 1,4 2,9 2,2
Atsimo Andrefana 2,7 7,0 4,8
Androy 2,9 4,0 3,4
Anosy 1,8 5,4 3,6
Menabe 1,5 3,2 2,3
Diana 4,8 9,9 7,4
SAVA 3,5 5,9 4,7
Ensemble 2,9 4,8 3,8
Source : INSTAT/DSM/EPM 2010, mis à jour le 18 Janvier 2012.
Cette statistique montre globalement que les femmes sont les plus touchées par le
chômage. Ceci est en partie dû au fait qu’un grand nombre de ces femmes sont celles qui ont
été obligées de quitter l’école très jeune (en tout cas plus jeune que les hommes).
Ce chômage touche toutes les couches sociales de la population, aussi bien les
personnes sans instruction que les personnes diplômées. La cause en est que lorsqu’une
entreprise met les clefs à la porte, tous les salariés sont au chômage et les sociétés sous-
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
36
traitants subissent eux aussi les conséquences de cette fermeture. D’ailleurs, la contraction
globale des activités du pays a encore alourdi le sous-emploi déjà nombreux dans différents
secteurs d’activité. Cependant, le secteur public n’est pas vraiment concerné par ce problème
de sous-emploi parce que tous les employés des établissements publics travaillent trente cinq
(35) heures par semaine.
2. Impacts sur les facteurs déterminants de l’investissement
Qui dit investissement dit création d’emploi, donc, pour attirer de nouveaux
investisseurs, il faut qu’il y ait un cadre favorable. On se demande alors quels sont les facteurs
qui nuisent à l’investissement et ceux qui y sont favorables ?
Pour Keynes, l’investissement ne dépend pas directement des revenus des ménages qui
est une variable exogène, mais il est déterminé par la comparaison entre :
L’efficacité marginale du capital, c’est-à-dire le taux de rentabilité, qui mesure le
profit attendu que rapporte un investissement et ;
Le taux d’intérêt réel à long terme, c’est-à-dire le prix de la monnaie prêtée à long
terme et sans inflation.
L'entrepreneur ne va investir que si le taux de rentabilité est supérieur au taux d'intérêt
réel. Dans le cas contraire, il préférera placer ses capitaux. « La règle fondamentale est qu’un
investissement ne vaut pas la peine d’être entrepris que si le taux de rendement interne (ou
l’efficacité marginale du capital) est supérieur au taux d’intérêt du marché. Le volume
d’investissement a donc tendance à augmenter si le taux d’intérêt baisse et inversement. »26
Justement, le problème vient de là parce qu’en période de crise, toute l’économie est
au ralenti (baisse du pouvoir d’achat, compression de la demande…). Les investisseurs étant
rationnels, ils anticipent cette baisse de la demande en ralentissant leur taux d’activité.
De plus, l’insécurité croissante et les instabilités qui s’en suivent dissuadent encore
plus les entrepreneurs à étendre leurs activités. Pourtant, la sécurisation des capitaux investis
constitue un élément clé pour attirer les investisseurs étrangers. D’ailleurs, la dégradation des
infrastructures de base (les routes, l’énergie...) est un handicap majeur pour les grands
investissements.
26
Dans « L’Etat, acteur économique : analyse économique du rôle de l’Etat » de Luc Weber, Dominique
Zupponi page 214
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
37
Comme le secteur informel prolifère beaucoup plus que le formel et que les banques
ne leur accordent pas de prêts, un nouveau phénomène commence à faire son apparition dans
le pays. Il s’agit des institutions financières informelles qui proposent de prêter de l’argent
avec des conditions beaucoup plus attractives que les institutions traditionnelles tant sur les
conditions d’octroi que sur leur rapidité. Leurs annonces trouvent place dans les quotidiens et
autres éditoriaux destinés à cet effet. Elles apparaissent beaucoup plus adaptées aux besoins
des micros et petites entreprises et spécialement celles qui sont informelles.
Bien que la prolifération du secteur informel a été majoritairement causée par les
dégâts générés par ces crises, ce secteur présente beaucoup de potentiels exploitable pour
contribuer au développement de l’économie nationale. Le chapitre suivant sera alors consacré
aux enjeux du secteur informel sur l’économie malgache.
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
38
CHAPITRE IV : LES ENJEUX DU SECTEUR INFORMEL SUR
L’ÉCONOMIE MALGACHE
L’informel occupe une très grande place dans l’économie malgache. En 2012, le
pourcentage du secteur informel dans le PIB non marchand a atteint 36% et la valeur ajoutée
créée par celui-ci a atteint quatre mille huit cent quarante (4 840) milliards d’Ariary qui
représente 24% du PIB total officiel. Par conséquent, l’Etat malagasy supporte un manque à
gagner de neuf cent soixante-huit (968) milliards27
d’Ariary rien que pour le titre de la TVA.
Ceci signifie qu’il y a vraiment un enjeu considérable en matière de production et de recette
au niveau national puisque l’Etat tire la quasi-totalité de ses recettes par l’encaissement des
différents impôts et taxes. Or, ces derniers ne sont prélevés que si les entités concernées sont
inscrites dans les registres de l’Etat.
Comme près de neuf unités sur dix qui exercent dans l’informel sont totalement
inconnues des services publiques, il reste beaucoup à faire sur la régularisation de ces
pratiques. Selon l’INSTAT, les activités du secteur informel ont affiché une hausse de 80%
par rapport à l'année 2005. L’informel a comme principal débouché le marché intérieur,
notamment la consommation finale des ménages.
Dans une économie, le commerce constitue une courroie essentielle dans le système
productif. Cette branche d'activité figure parmi les plus dynamiques et dégage une forte
proportion de valeur ajoutée. Pourtant, le secteur informel à Madagascar concerne en grande
partie le domaine commercial.
Voici un graphique illustrant la « Forte prédilection des activités commerciales en
milieu urbain » en (%). (Graphique n°2) :
27
Ce chiffre représente les 20% du montant de la Taxe sur les Valeurs Ajoutées créées par le secteur informel
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
39
Source : INSTAT/DSM-PNUD-BIT, ENEMPSI2012, nos propres calculs.
Etant donné l’importance du secteur informel, le Fond Monétaire International (FMI)
et la Banque Mondiale ont pris des résolutions pour l’encourager et la considérer comme
stratégies de développement en Afrique. Cette dernière considère l’économie informelle
comme étant un amortisseur de crise.
L’atout principal du secteur informel demeure en sa flexibilité, c’est-à-dire sa capacité
à s’adapter rapidement aux besoins du marché et aux changements de la demande. La création
d’emploi est parfaitement souple et n’est contrainte par aucune barrière réglementaire.
Le secteur informel a donc joué un rôle primordial dans la survie des malgaches face
aux circonstances, parfois catastrophiques, auxquelles la nation toute entière a dû traverser
pour ne pas se faire anéantir.
Ainsi, ce second chapitre explicitera les différents problèmes pouvant être atténués par
le secteur informel et les fonctions étatiques susceptibles de résoudre durablement et
efficacement ces problèmes, d’où les deux (2) sections suivantes :
Le secteur informel, une alternative aux défaillances du système économique ;
Les rôles de l’Etat.
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
40
A. Le secteur informel, une alternative aux défaillances du système
économique
Tout d’abord, ce n’est pas un hasard si le secteur informel a pris une proportion
considérable dans l’économie malgache. Effectivement, les évènements qui se sont déroulés à
Madagascar ont été lourds de conséquences sur le plan socioéconomique. Autant dire que le
système économique tout entier fût bouleversé. Pourtant, la population se doit de surmonter
ces problèmes. Par conséquent, certaines personnes se sont réfugiées dans les activités
informelles afin de survivre. « Il a également pour fonction de satisfaire les besoins essentiels
de la population disposants de revenus modestes et ayant un faible pouvoir d’achat…. Le
secteur formel, compte tenu de la dégradation de la structure des revenus et la vulnérabilité
accentuée des ménages urbains, ne répond qu’à une partie de la demande. C’est dans ce
contexte qu’intervient le secteur informel. Ainsi, les biens et services du secteur informel
dépendent essentiellement d’une demande locale provenant des classes moyennes et
populaires à faible pouvoir d’achat, salariés ou non. »28
En effet, à mesure que l’économie
se perturbe, l’informel semble jouer le rôle de soupape de sécurité des économies normalisées
et être un gage de flexibilité des sociétés, où les performances toujours plus élevées qu'on
espère atteindre ne sont obtenues que par le biais d’une adaptation permanente. Cette
adaptation est largement plus rapide que celle observée traditionnellement dans le milieu
formel.
Par ailleurs, le système économique malgache est très vulnérable à cause de sa
dépendance vis-à-vis de l’extérieur. C’est pourquoi, dès qu’il y a des problèmes sur les
relations avec les extérieurs, le secteur informel s’adapte rapidement aux différentes
circonstances présentes. Entre autres, le secteur informel joue un rôle important devant le
problème de la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Etant donné les difficultés engendrées
par cette diminution des moyens budgétaires des foyers malgaches, le prix abordable des
produits issus du secteur informel sont très utiles pour satisfaire les besoins des familles
modestes. Effectivement, la rude concurrence qui s’exerce sur les activités informelles, ainsi
que la légèreté des charges par rapport aux entreprises formelles, font en sorte que les prix
affichés soient plus accessibles. Par conséquent, le secteur informel joue un rôle primordial
dans la satisfaction des besoins de consommation des ménages. Ainsi, il y non seulement une
complémentarité entre ces deux parties mais également des avantages réciproques
28
B Gaufryau et al. dans : « L'économie informelle en Afrique francophone: structure, dynamiques et
politiques » page 90.
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
41
considérables auxquels ils ne peuvent s’en passer puisque la quasi-totalité des débouchés du
secteur informel se trouve dans le marché interne.
Actuellement, la mondialisation impose parfois des changements assez radicaux qui ne
sont pourtant pas faciles à intégrer. En admettant que ces transformations (notamment les
nouvelles technologies) apportent une meilleure efficience et contribue à l’amélioration du
bien-être en général, la population pauvre n’arrive pas toujours à suivre convenablement ce
rythme. C’est là que l’informel entre en jeu parce qu’il arrive à proposer des prix nettement
inférieurs à celui du secteur formel.
1. L’informel en tant que solution de secours face aux lacunes du
marché du travail
Le secteur informel a toujours été un refuge pour des individus non préparés à exercer
certaines catégories de métiers. Il suffit juste d’avoir une petite formation ou même se
contenter des compétences acquises « sur le tas ». Pourtant, au fur et à mesure que le sous-
emploi et le chômage gagne du terrain, l’informel est devenu un passage quasi-obligé
d’insertion sociale et professionnelle pour un bon nombre de population active, même celles
normalement préparées à occuper une situation professionnelle au sein de l’économie
formelle.
Dans un contexte où l’offre d’emploi se situe largement insuffisante par rapport à la
demande, mieux vaut créer sa propre activité plutôt que d’attendre une opportunité demeurant
aléatoire. Effectivement, l’informel devient le secteur d’accueil des personnes rejetées plus ou
moins temporairement par le système économique bien que ces dernières aient une capacité
pour dynamiser le domaine d’activité dans lequel elles se trouvent. De plus, les personnes29
effectuant ces activités informelles affirment que, selon les circonstances actuelles, pour
trouver du travail il faut : soit avoir des contacts à l’intérieur de l’établissement en question ;
soit donner des pots de vin aux responsables du recrutement. D’ailleurs, ils considèrent que
les ‘patrons’ abusent de leur pouvoir et qu’il faut se plier en quatre pour garder son emploi
puisque les droits des employés ne sont plus respectés.
Si le secteur informel prolifère énormément à Madagascar, c’est aussi grâce au faible
niveau de qualification d’un grand nombre de personne qui cherche de l’emploi. En effet, soit
le sujet en question a quitté le banc de l’école très tôt. En 2012 : l’analphabétisme touche
29
Une enquête menée personnellement auprès de quelques vendeurs à la sauvette sillonnant les rues de la capital.
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
42
27,9% des ruraux contre 11% pour les citadins. De plus, la majorité des malgaches ne maîtrise
pas la langue française et l’outil informatique puisque seuls 16,2% des urbains de 10 ans et
plus parlent couramment le français (contre 3,5% en milieu rural) et 31,9% ont une
connaissance moyenne (contre 16,9% en milieu rural). Pourtant, ce sont des compétences
essentielles exigées par les professions.
Selon une enquête menée par l’INSTAT30
, au dernier trimestre 2012, le nombre
d’unité de production individuelle (UPI) hors agriculture, élevage, chasse et pêche à
Madagascar est estimé à deux millions deux cent quatre vingt deux mille cinq cents (2
282 500) unités, employant trois million trois cent douze mille (3 312 000) personnes dans les
branches marchandes hors agriculture, élevage, chasse et pêche. La quasi-totalité, soit 99,9%
d’entre elles sont classées comme unités de production informelles c’est-à-dire soit ne
possédant pas de numéro statistique soit ne tenant pas de comptabilité écrite ayant une valeur
administrative. Mais la proportion varie d’un secteur à un autre puisqu’en moyenne plus de
la moitié des ménages tire l’ensemble ou une partie de leurs revenus d’une unité de
production informelle. Les UPI se concentrent dans les secteurs de circulation, notamment
commerciaux (34% des UPI) et les activités de transformation manufacturière (35%).
Actuellement, la privatisation, le désengagement de l’Etat des entreprises publiques et
parapubliques sont unanimement reconnus comme étant une source de perte d’emploi massive
mais aussi d’appauvrissement de la majorité des travailleurs. Ces pertes d’emplois tendent à
devenir un risque social grave pouvant mettre en cause la poursuite dans des conditions
favorables de la libéralisation économique.
Entre autres, le sous-emploi est aussi un facteur qui contribue à la prolifération du
secteur informel. En effet, lorsqu’une personne est sous-employée, elle a tendance à se lancer
dans une double activité qui, dans la plupart des cas, est une activité informelle.
2. L’informel en tant que solution au chômage de première insertion
Il s'agit essentiellement d'un chômage qui affecte surtout les jeunes qui recherchent
pour la première fois un travail mais qui sont vite confrontés aux difficultés du marché de
l’emploi. Comme bon nombre de jeunes ont abandonné trop tôt leurs études et sont entrés
30
Enquête intitulée : « Le Secteur Informel à Madagascar en 2012 : Poids économique et social important,
secteur en déconnexion avec le système formel »
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
43
précocement dans la vie active, ils rencontrent des barrières majeures sur leur insertion dans
le monde du travail.
Selon la Banque Africaine de développement (BAD), les jeunes représentent 60% des
chômeurs en Afrique et de ces quarante millions (40 000 000) de jeunes, vingt deux millions
(22 000 000) ont renoncé à trouver un emploi dont beaucoup de femmes. C’est pourquoi, ils
sont obligés de se rabattre dans les activités faciles d’accès notamment le secteur informel.
Bien qu’en période de crise la concurrence sur le secteur informel atteint un niveau culminant,
cette alternative constitue la principale issue pour les jeunes à la recherche de leur premier
gagne-pain.
Cependant, l’exercice d’activité dans le secteur informel contribue à une formation du
capital humain dans la mesure où « L’apprentissage artisanal constitue un important moyen
de formation et d’emploi pour les jeunes ainsi qu’une source de main d’œuvre peu qualifiée
pour les patrons dans les divers secteurs de l’économie. L’apprentissage en atelier, à titre de
moyen de formation, a une portée sociale, économique et politique considérable dans les
sociétés africaines. Ce système vient en effet au secours de structures institutionnelles de
formation chancelantes, mal adaptées à l’environnement économique et culturel et dans
l’incapacité de promouvoir les effectifs qu’elles reçoivent. Astreints à entrer en
apprentissage, les laissés-pour-compte du système scolaire y trouvent, par des voies diverses,
une structure d’accueille qui les introduit dans le monde du travail et les initie à la maîtrise
d’une profession au sens très large du terme. En effet, ce système de formation imbriqué dans
la production, grâce à la faiblesse de son coût, permet à un grand nombre de défavorisés
d’entrer dans le monde du travail, d’acquérir des capacités techniques mais aussi sociales et
organisationnelles et d’y nouer des contacts utiles avec les professionnels, les fournisseurs et
les clients. Parmi les mérites attribués à l’apprentissage, on retiendra l’aspect polyvalent
(bien qu’à un niveau très limité) des qualifications qu’il transmet, son orientation
essentiellement pratique et sa projection immédiate sur l’auto-emploi, une certaine pédagogie
implicite favorisant le développement des capacités d’improvisation de l’individu et, ce qui
n’est pas à négliger, son faible coût. L’apprentissage a le mérite de transférer lentement le
savoir-faire, quelquefois jusqu’à la maîtrise du métier. Les qualifications en présence sont
diversifiées. Elles correspondent à des combinaisons d’expériences acquises en milieu
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
44
extrascolaire et en milieu dit formel. Le système d’apprentissage permet une bonne
adéquation de la formation à l’emploi. »31
Effectivement, l’absence d’attestation liée à cette insertion dans le monde
professionnel à travers le secteur informel ne pose pas, fréquemment, de problème pour les
entreprises qui recrutent dans la mesure où le ‘contrat à l’essai’ permet d’évaluer les
compétences du jeune travailleur en question. D’ailleurs, même les stages ne sont pas
certainement un moyen de se faire recruter.
B. Les rôles de l’Etat
C’est à travers l’Etat qu’on peut apprécier la liberté, la souveraineté et la puissance
d’une nation. Il a un rôle fondamental dans la gouvernance à la fois en tant que régulateur et
animateur de l’environnement économique, social et politique. Ayant la force légitime, l’Etat
peut l’utiliser pour mettre en œuvre ses programmes. Toutefois, à Madagascar, il n’existe pas
de distinction claire entre l’Etat et ses représentants. Ceci engendre des problèmes sociaux
graves notamment la corruption et l’abus de pouvoir.
L’Etat doit alors agir pour clarifier les responsabilités et l’étendue de pouvoir relatif à
une fonction déterminée puisque la réussite de ses programmes dépend de la compétence de
ses représentants. Effectivement, nombreux sont les activités informelles exercées au vu et au
su de tous. Pourtant, aucune amélioration n’a été apportée sur ce secteur. La raison de ce
blocage réside sur ces deux (2) problèmes sociaux sus cités que sont la corruption et l’abus de
pouvoir.
Cette corruption cause des troubles majeures sur le fonctionnement de l’économie en
général. Elle casse toutes les formalités relatives à l’établissement d’une opération. Cette
corruption est souvent la conséquence d’un abus de pouvoir.
Donc, l’Etat devrait trouver des solutions concrètes de lutte efficace contre la
corruption pour qu’il puisse atteindre ses objectifs. Entre autres, le coût économique de la
corruption est colossal.
Un autre obstacle pour le bon fonctionnement de l’Etat réside également dans le non-
respect de l’indépendance de l’administration publique par les politiciens. En effet,
31
B Gaufryau et al. dans : « L'économie informelle en Afrique francophone: structure, dynamiques et
politiques » page 94.
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
45
normalement, « le politique définit ce qui doit être fait (le quoi) et l’administratif détermine
comment cela doit être réalisé (le comment). Dans, cette perspective, le parlement, comme
représentant du peuple, approuve le budget et définit les orientations et les objectifs.
L’exécutif définit les objectifs stratégiques ainsi que les buts opérationnels, et alloue le
budget. »32
Pourtant, à Madagascar, les postes de hauts fonctionnaires de l’Etat (comme le
gouverneur de la banque centrale, les directeurs généraux des ministères…) sont
généralement occupés par les partisans du pouvoir. Par conséquent, il n’y a ni continuité des
actions et programmes entreprises, ni autonomie des fonctionnaires dans l’accomplissement
de leur fonction.
Enfin, le gouvernement se doit de conduire le pays vers un développement durable, et
équitable. Pour ce faire, il faut instaurer les cadres propices à l’essor des activités
micro/macroéconomiques et privées/publiques.
1. Les rôles sur la règlementation et le soutien du secteur informel
L’Etat joue un rôle considérable sur l’existence ou la prolifération du secteur informel.
Affecté directement ou indirectement, le pouvoir public ne peut ignorer les causes et les
conséquences de l’informel. Ce dernier agit sur l’économie, sur la société, et même sur la
politique. Donc, l’Etat a vivement intérêt à règlementer ou au moins à avoir un contrôle sur
les activités informelles afin de réduire le manque à gagner sur ces pratiques. Comment alors
formaliser le secteur informel ?
Cette question revêt toute son importance vu la situation préoccupante que traverse le
pays actuellement. Cependant, cette formalisation ne pourra aboutir que lorsque les deux
parties concernées (d’un côté l’Etat et les établissements formels, et de l’autre côté les
informels) trouveront des compromis qui leur soient favorables.
D’une part, il existe un obstacle structurel à la transition du secteur informel vers le
formel : c’est l’incapacité des unités de production informelles à accumuler du capital. Ce qui
caractérise l’économie de subsistance, c’est l’absence de visibilité de la demande en raison de
l’incertitude dans laquelle vivent les individus quant à leurs situations futures. Etant donné
que leurs recettes sont très irrégulières, le meilleur moyen d’éviter la faillite est alors de
minimiser les charges. C’est ce qui explique par exemple le recours à une main-d’œuvre
familiale irrégulièrement rémunérée. Ce problème lié à la difficulté d’accumuler un capital
32
Dans « La pensée comptable : ÉTAT, NÉOLIBÉRALISME, NOUVELLE GESTION PUBLIQUE » Page 84
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
46
empêche toute possibilité d’améliorer leur statut professionnel. D’ailleurs, ils ne peuvent
établir de relation juridique stable qui est pourtant une condition indispensable dans la vie des
affaires.
D’autre part, l’informel représente d’importantes pertes de recettes fiscales, et donc de
capacités de financement des investissements publics. Pourtant, l’Etat est très dépendant vis-
à-vis de la fiscalité et celle-ci sera alors supportée intégralement par le secteur formel. Cette
pression fiscale influe directement sur la rentabilité des entreprises formelles et à la longue
elle va peser comme étant une « désincitation » pour l’investissement et favoriser l’évasion
des capitaux. Par ailleurs, l’informel exerce une concurrence déloyale en profitant des faibles
coûts puisqu’ils échappent aux charges fiscales et sociales, les entreprises formelles
deviennent moins attractives, notamment pour les investisseurs, ce qui a pour effet de freiner
l’investissement au sein du secteur régulier.
Force est de constater que les deux parties peuvent améliorer leur situation à condition
de trouver des accords convenables.
Si l’Etat instaure un cadre de protection et d’appui au secteur informel, et que ce
dernier contribue aux paiements des charges fiscales en régularisant leur situation, non
seulement l’Etat pourra accroître ses recettes mais les assujettis à l’informel seront devenus
formels et auront de meilleur perspective d’avenir. En effet, selon une enquête33
menée par
l’INSTAT, près de 41% des unités de production sont prêtes à enregistrer leur établissement
auprès de l'administration concernée, 61% sont prêtes à payer l’impôt et plus de 27% des
unités de production individuelle sont favorables au principe du « guichet unique » pour
simplifier les démarches d'enregistrement. Ceci montre la volonté des assujettis à l’informel à
se régulariser à condition quand même que l’Etat accomplisse ses responsabilités.
Le tableau (tableau n°4) qui suit contient des recommandations intéressantes pour
soutenir le secteur informel.
33
Enquête intitulée « Secteur informel à Madagascar en 2012 : Poids économique et sociale important, secteur
en déconnexion avec le système formel » avec la collaboration du PNUD et de l’OIT.
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
47
Approche participative et intégrée d’appui à l’économie informelle.
Nature du
problème Objectif Moyen d’appui Instrument de promotion
Financier
Accroître la capacité
d’investissement et la
garantie des petits
producteurs
Système d’épargne
volontaire et de crédit aux
investissements productifs
Mutuelle d’épargne/ de
crédit.
Caisse populaire.
Banques artisanales.
Technico-productif
Améliorer la capacité
productive et la
productivité des unités
économiques de
production.
Perfectionnement des
compétences techniques,
R&D de nouveaux
produits et techniques.
Ateliers ou base d’appui
proposant des services à la
production.
Formation.
Commercial
Meilleure insertion des
unités économiques dans
les marchés de bien et de
débouchés commerciaux.
Diversification de l’offre,
amélioration de la qualité,
recherche et élargissement
des nouveaux marchés.
Systèmes associatifs
d’approvisionnement et de
commercialisation.
Ouverture de service.
D’organisation
Accroître la capacité
collective de négociation
des petits producteurs avec
le système institutionnel en
place.
Animation, programmation
et évaluation en vue de
l’organisation et l’action
collective.
Groupements solidaires.
Associations par métier.
Fédérations
socioprofessionnelles.
Source : Maldonado, C. « Rompre l’isolement : une expérience d’appui aux petits
producteurs urbains du Bénin », dans Revue internationale du Travail (Genève, BIT, 1993),
vol 132, n°2, p 282.
2. Rôles sur l’instauration d’un meilleur cadre pour l’emploi
En premier lieu, le gouvernement doit collecter les attentes des gens vis-à-vis de l’Etat
en matière d’environnement favorable au marché de l’emploi. Ensuite, il faut établir une
meilleure protection sociale dans le cadre d’un emploi exercé légalement afin d’inciter le
secteur informel à se régulariser et résorber le chômage par des stratégies de création
d’emploi en engageant les moyens nécessaires. A partir de là, les actions doivent porter sur
ces avantages réciproques que chaque entité peut obtenir.
Les entreprises constituent une des principales sources d'emploi et de revenus pour la
population, notamment pour la population urbaine qui ne cesse d’augmenter. On ne peut donc
s’en passer si l’on veut agir sur le marché du travail. Mais les problèmes se présentent lorsque
le décalage entre les attentes des entreprises et celles des personnes en quête d’emploi
deviennent trop important. C’est là que l’Etat doit entrer en jeu. Effectivement, la création
d’entreprise et les autres activités créatrices d’emploi dépendent de l’environnement
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
48
macroéconomique. Ainsi, en améliorant ce dernier (taux d’imposition, sécurisation des
investissements, formation professionnelle adaptée…), le gouvernement allège le chômage et
le sous-emploi qui frappe le marché du travail dans le pays.
Si Madagascar n’arrive pas à attirer des investisseurs de bon calibre34
, c’est surtout à
cause des risques potentiels de trouble politico-économique. Par conséquent, ceux qui tentent
le risque les font avec beaucoup de méfiance notamment sur la nature des investissements.
Ainsi, ceux qui séduisent le plus les investisseurs étrangers sont les domaines faciles d’accès
et nécessitant peu de dépense matérielle comme : le textile ; le téléopérateur ; la sous-
traitance ; le commerce ; etc.
Le problème engendré par ce phénomène est que la rémunération octroyée par ces
activités est généralement médiocre. Par conséquent, elle ne permet pas aux travailleurs
d’améliorer leur condition de vie. Ainsi, nombreux sont les victimes des emplois qui ne
permettent autres choses que la survie.
Ces activités sont pourtant peu bénéfiques pour les employés puisque la plupart
d’entre eux payent au SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti). Les postes
gratifiant sont alors en sous effectifs par rapport aux diplômés de la grande île. D’où le
chômage et le sous-emploi qui atteignent toutes les couches sociales (même les diplômés).
Cela favorise les tensions sur le marché du travail dans la mesure où tout le monde doit se
rabattre sur la moindre occasion de se faire embaucher même si cette dernière n’est guère
enthousiasmante.
Concernant le secteur public, le problème fondamental réside sur le manque de moyen,
d’outil et également de personnel. Effectivement, une enquête35
menée auprès du ministère
des postes, des télécommunications et des nouvelles technologies a révélé que les effectifs des
employés diminuent de plus en plus parce que les départs à la retraite et les décès survenus au
cours de ces cinq (5) dernières années ne sont guère remplacés jusqu’à présent. Pourtant, il y a
en moyenne dix huit (18) départs à la retraite par an sans compter les décès. Alors les tâches
occupées par ces personnes sont juste cumulées par les autres membres. « On essaie de
s’adapter avec ce qu’on a »36
. Or, la plupart des personnels commencent à vieillir, donc leurs
performances (physiques, intellectuelles…) s’affaiblissent. Ceci explique alors, selon leur
dire, la lenteur des services fournis par ces établissements.
34
On entend par là les investisseurs des grandes firmes internationales comme les constructeurs automobiles, les
géants électroniques qui fournissent des emplois de qualité et bien rémunérés. 35
Enquête menée personnellement auprès de l’Etablissement du ministère en question sise à Antaninarenina 36
Phrase dite par le Secrétaire Général de ce ministère
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
49
L’ironie de l’histoire est que nombreux établissements publics manquent cruellement de
personnel et en même temps il y a un nombre toujours croissant de personnes au chômage qui
ne trouvent pas de travail. Les responsables de ce ministère espèrent vraiment que le futur
gouvernement ordonnerait de nouveaux recrutements et améliorerait les outils mis à
disposition pour leurs établissements.
Chapitre V : Recommandations et perspectives
50
CHAPITRE V : RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
La situation actuelle de Madagascar n’est pas une fatalité insurmontable dans la
mesure où des rénovations peuvent être entamées pour remédier aux complications
engendrées par les dérèglements de l’environnement socioéconomique du pays.
La tâche s’annonce longue et difficile mais des problèmes comparables ont déjà été
corrigés à travers le monde. Certes il faut se doter des outils et moyens nécessaires pour y
arriver mais ils ne sont pas forcément inaccessibles.
Les cabinets concernés par la lutte contre le secteur informel sont nombreux mais la
Direction Générale des Impôts (DGI) et le ministère du commerce et de l’industrie semblent
être les deux principaux intéressés par la formalisation de ces pratiques parce que l’informel
échappe à la quasi-totalité des différents impôts et taxes. Effectivement, la première phase de
normalisation consiste à être inscrite au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). A
partir de là, on doit impérativement s’acquitter des différentes charges fiscales auprès des
établissements fiscaux compétents.
À propos de la DGI, le problème d’effectif mérite une attention particulière car mis à
part les tâches effectuées au sein de leurs locaux, les descentes sur terrain constituent
également le moyen le plus efficace en termes de sensibilisation et de contrôle. Pourtant, les
statistiques montrent que leurs nombres ont supporté une diminution au fil du temps. Le
tableau (tableau n°5) suivant illustre cette tendance.
Evolution des effectifs des employés de la DGI
Années Effectifs
1980 1765
1990 1756
1995 1552
2000 1238
2005 1256
2008 1267
Source : www.impot.mg/
Si l’on augmente donc le nombre des agents de terrain et que ces derniers collaborent
étroitement avec les agents municipaux, les campagnes de sensibilisation seront sans doute
Chapitre V : Recommandations et perspectives
51
plus fructueuses parce que le rayon d’action serait plus vaste sur le plan géographique mais
également sur le plan sectoriel. Effectivement, comme les effectifs des fonctionnaires sont
faibles, ils sont obligés de focaliser leurs interventions vers les faits les plus flagrants. Or les
personnes interpellées prônent toujours des traitements équitables sur les contrôles ou les
sanctions. Alors, tant que certains se font saisir alors que les autres non, ils recommenceront
jusqu’à ce que la totalité de ceux qui sont dans la même situation qu’eux soient eux aussi
interpellés.
Cependant, si l’on veut normaliser les activités informelles, il faut agir sur les deux
côtés du problème, d’où les deux grands points suivants :
Instaurer un cadre propice à la formalisation du secteur informel
Amélioration des conditions de vie des personnes vulnérables
A. Instaurer un cadre propice à la formalisation du secteur informel
Un des problèmes fondamentaux du secteur informel est l’anarchie dans laquelle il
évolue. Cette anarchie se présente sous différentes formes comme le non respect des
règlementations élémentaires et les seuils de sécurité...
La mise en place de ce milieu favorable à la formalisation du secteur informel doit se
faire progressivement et selon le degré d’importance relative des obstacles à surmonter.
Engageant plusieurs ministères, cette démarche sollicite l’adoption de plusieurs programmes
qui peuvent s’étaler sur un long horizon temporel.
Pour ce faire, l’Etat dispose des outils et des moyens nécessaires pour mettre en œuvre ce
programme. Etant donné que certains fonctionnaires ou techniciens des établissements publics
(comme ceux de l’INSTAT, les agents de terrain de l’impôt...) mènent seulement des enquêtes
de vérification ou de collecte d’information sur le terrain, alors ces missions n’aboutissent
qu’à de simple rapport et constatation ou, au mieux, à des sanctions sans suivies. Pourtant, ces
missions seront sans doute plus efficaces si elles sont accompagnées par des programmes de
sensibilisation en vue de formaliser les activités informelles.
A propos des budgets devant être engagés pour l’aboutissement des programmes de ce
genre, si le gouvernement attribue une part des dépenses d’investissements à la formalisation
du secteur informel, les moyens financiers seraient plus conséquents. D’ailleurs, la
reconnaissance du fait que les dépenses sur la formalisation des pratiques informelles font
Chapitre V : Recommandations et perspectives
52
parties des dépenses d’investissement constitue une bonne stratégie de développement dans la
mesure où le succès de ce programme se soldera par l’augmentation des recettes de l’Etat.
1. Accentuer les regroupements par secteur d’activité
Dans le souci de faciliter davantage les contrôles du secteur informel, l’Etat a
vivement intérêt à regrouper ces activités suivant les critères les mieux adaptés. En effet, au
fur et à mesure que les activités sont rassemblées selon leur nature (commerces, services,
artisanats...) ou leur grandeur (unipersonnelles ou employant plusieurs personnes), la suivie de
ces pratiques sera plus aisée. De quel regroupement s’agit ?
Le regroupement peut prendre plusieurs formes :
regroupement physique : regrouper les activités de même nature dans une zone
géographique bien définie ;
ou bien immatériel : par l’intermédiaire des organisations et collectivités.
Ce regroupement a déjà fait ses preuves dans certaines régions de Madagascar,
notamment dans les provinces. C’est le cas des conducteurs de « pousse-pousse37
».
Comme ce moyen de locomotion a gagné du terrain, les responsables municipaux ont
créé un statut légal pour ces engins et même pour leurs conducteurs. A Toamasina par
exemple, les pousse-pousse payent une vignette38
annuelle de mille (1000) Ariary tandis qu’à
Antsirabe39
, les conducteurs de pousse-pousse ont reçu une formation concernant le code de la
route et jouissent des avantages relatifs à cette profession et les machines sont soumis à la
nécessité d’homologation avant d’exercer le métier.
Un autre regroupement qui a été couronné de succès est celui réalisé par le PSDR40
(Projet de Soutien au Développement Rural). Ayant créé huit mille (8 000) associations
paysannes, ce programme a fait un million cent quatre mille six cent quatre vingt (1 104 680)
bénéficiaires à travers la grande île. En effet, ce projet comprenait : des formations pour une
meilleure conservation des récoltes ; des techniques d’accroissement de la productivité ; des
méthodes de transformation des récoltes en produits finis ; des formations en broderie,
vannerie et tissage. C’est pour ainsi dire que l’union fait la force et elle permet la transmission
37
Ici, cette dénomination englobe les « cyclo-pousse ». Voir annexe pour plus de précision. 38
Source : http://www.lexpressmada.com/index.php?p=display&id=5031 39
Connaissance personnelle 40
Mis en œuvre depuis 2001 et achevé en 2012 : http://www.lagazette-
dgi.com/index.php?option=com_content&view=article&id=27771:developpement-rural-les-beneficiaires-du-
psdr-sont-legion&catid=45:newsflash&Itemid=58
Chapitre V : Recommandations et perspectives
53
des expériences et des savoir-faire. Malheureusement, ce programme touchait à son terme en
2012 et n’a pas encore été remplacé ou renouvelé jusqu’à présent.
2. Faciliter les procédures administratives
Il s’agit ici de réadapter certaines parties des réglementations en vigueur aux
spécificités du secteur informel. A ce sujet, il est évident que les démarches administratives
pour formaliser les établissements informels sont incompréhensibles pour les concernés
puisque bon nombre d’entre eux ont peu de qualification académique.
Etant donné que les personnes assujetties à l’informalité ont généralement peu de
parcours conventionnel et n’ont pas de connaissance du monde des affaires légales, la création
de bureau de soutien et de suivi des dossiers devrait être priorisée par l’Etat. Ainsi, la peur de
ne savoir quoi faire ne sera plus un obstacle pour ces gens.
Récemment, la direction générale des impôts a lancé une campagne de sensibilisation
via la télévision afin d’inciter les gens à régulariser facilement leur situation en accentuant
une nouvelle possibilité qui est de pouvoir s’inscrire en ligne. La question qui se pose est
que : Les non-initiés à l’informatique seront-ils en mesure de le faire ?
Une des grandes lacunes du système d’imposition concerne les tarifs forfaitaires41
d’impôts synthétiques pour certaines activités. Plus connu sous le nom de « patente », ce
montant est un vrai obstacle pour la formalisation du secteur informel puisqu’il n’est pas du
tout à la portée des petites exploitations informelles. Pour créer légalement sa société, mis à
part les longues procédures et la multitude des dossiers à fournir, il faut au moins débourser la
somme de trois cent quatre vingt sept mille cinq cent (387 50042
) Ariary. En effet, la plupart
des activités informelles sont de petites tailles. Autrement dit, beaucoup d’entre elles n’ont
même pas un chiffre d’affaire atteignant ce montant. Par conséquent, il est impossible pour
eux d’envisager cette démarche de normalisation. Il faut donc impérativement revoir ce tarif
à la baisse pour qu’il puisse être accessible pour tous.
Concernant les commerçants ambulants et les petits commerces de fortune, mis à part
les problèmes susmentionnés qui les concernent également, le problème de domiciliation de
leurs activités constitue une fatalité insurmontable dans la mesure où celle-ci est sine qua non
41
C’est-à-dire les impôts minimum à payer pour exercer une activité donnée (commerce, transport...). 42
Tarif basé sur le montant affiché par la plate-forme « edbm » pour créer une société :
http://www.edbm.gov.mg/fr/Guichet-Unique/Creation-de-societe
Chapitre V : Recommandations et perspectives
54
pour s’inscrire dans le registre du commerce et des sociétés. Justement, la domiciliation de
l’activité commerciale fait partie des facteurs de blocage pour la formalisation des vendeurs
ambulants puisque ces gens n’ont pas la possibilité de se procurer ces documents puisqu’ils ne
sont pas installés dans des locaux adéquates. Leur domiciliation devrait donc être acceptée
comme étant celle de leur activité.
B. Amélioration du quotidien de la population
A Madagascar comme dans la plupart des pays pauvres, les activités informelles
s’exercent souvent dans des conditions très déplorables tant sur le plan matériel que moral.
Étant donné que les personnes assujetties à l’informel ont généralement peu de moyen pour
améliorer les cadres de leur activité, l’Etat a le devoir de remédier à ce problème. En effet,
certaines pratiques s’exercent dans des conditions tellement catastrophiques (insalubrités,
insécurités...) que la priorité des autorités n’est plus de formaliser les activités mais de lutter
contre ces fléaux majeurs. Effectivement, il y a des cas où le secteur informel se mêle à des
obstacles majeurs sur le milieu dans lequel il évolue.
Cette situation fût observée lors de l’explosion de l’exploitation de saphir à Didy
Ambatondrazaka en 2012. L’engouement pour ce site fût tellement important que les autorités
ont été dépassées par les évènements. Dès lors, l’anarchie a pris le dessus et les problèmes se
sont multipliés. En effet, en quelques semaines, plus de quarante mille (40 000) personnes se
sont précipitées vers cette région pourtant peu peuplée à l’époque. En conséquence,
l’exploitation illicite a engendré d’autres catastrophes encore plus prioritaires pour les
autorités, à savoir : l’insécurité ; les maladies épidémiques ; la prostitution ; la dégradation de
l’environnement etc.
L’accès au financement joue alors un rôle primordial dans l’amélioration des cadres où
évoluent ces pratiques dans la mesure où l’Etat n’arrive pas à assurer toutes les infrastructures
nécessaires au bon fonctionnement de ces activités. Ainsi, ces gens pourront améliorer leur
situation par leurs propres initiatives.
A cet effet, force est de constater que le manque de moyen, notamment financier, constitue le
principal facteur de blocage pour le bon développement des activités informelles. Comme les
assujettis à l’informalité ne peuvent accéder à l’octroi de crédit par le biais des agences de
prêt conventionnelles, ces gens sont obligés de se contenter avec le peu de moyen qu’ils ont
en leur possession.
Chapitre V : Recommandations et perspectives
55
L’enjeu réside donc sur la manière dont on devrait procéder afin de pouvoir octroyer
convenablement des crédits à ceux qui en ont besoin.
Mis à part le fait que non seulement les établissements de crédit traditionnels
n’accordent pas de prêt pour des sujets ne se conformant pas aux règlements fondamentaux
(personnes non salariées ; entités informelles etc.), ces banques se plaignent également du
manque d’authenticité sur les informations fournies (comme le certificat de résidence etc.) par
les demandeurs de prêt. De leur côté, bon nombre de personnes trouvent que ces
établissements demandent trop de dossier. Ce sont des facteurs de blocage qui influent
énormément sur le devenir de ces entités.
Effectivement, à Madagascar le niveau de développement est encore faible, et par
conséquent, beaucoup d’activités s’exercent dans des conditions rustiques qui ne se
conforment guère aux exigences de la mondialisation actuelle. Le dilemme se situe là
puisqu’il y a une incompatibilité entre les exigences règlementaires et les réalités du pays. Si
l’Etat fonde une commission spéciale chargée de vérifier et de faciliter les procédures
d’obtention des dossiers, les financements octroyés seront plus sûrs pour les banques et plus
aisés pour les bénéficiaires.
1. Consolider les plateformes déjà présentes
Malgré les nombreuses faiblesses au niveau de l’environnement macroéconomique de
Madagascar, il y a tout de même des infrastructures déjà présentes qui ne nécessitent que des
renforcements pour qu’ils puissent contribuer à l’amélioration des investissements locaux.
Effectivement, le problème d’énergie reste un problème auquel une entreprise doit faire face
parce que la lourdeur des charges liées à l’exploitation est très néfaste au bon fonctionnement
des entreprises. Ainsi, il faut remédier aux complications engendrées par le manque de
compétitivité de la JIRAMA.
Les plaintes sont nombreuses mais les plus importantes concernent en général : les
délestages répétitifs ; les instabilités des tensions électriques ; le prix élevé ; la faible étendue
des zones de couverture etc.
Toutefois, la grande île regorge beaucoup de potentiels énergétiques encore peu exploités
jusqu’à présent. Selon le SIM43
(Syndicat des Industries de Madagascar), le pays pourrait
produire jusqu’à sept mille huit cent (7800) mégawatts en termes de potentiel hydroélectrique,
soit 65 fois plus que la production actuelle. De plus, promouvoir les énergies renouvelables
43
Source : http://www.afriquinfos.com/articles/2012/2/10/afrique-australe-196484.asp
Chapitre V : Recommandations et perspectives
56
(éoliennes et solaires) est une chose très avantageuse vu que Madagascar profite d’un grand
ensoleillement mais également des vents permanents dans les régions côtières. Ainsi, la
multiplication de la production énergétique fera en sorte que le prix de cette énergie vitale
sera plus compétitif et les attentes des industriels en matière de dépenses énergétiques seront
satisfaites.
En effet, sur les cent quatorze (114) centres44
de production électrique de la JIRAMA, seul
quatorze (14) d’entre eux sont des centrales hydroélectriques mais les autres sont des centrales
thermiques alimentées par des groupes diesel. Pourtant, douze (12) de ces centrales
thermiques produisent 68% de l’énergie électrique de la grande île. Par ailleurs, les centrales
thermiques sont peu productives et leurs entretiens sont très coûteux. En conséquence, le prix
affiché reste très cher et fragilise davantage les industries malgaches. La stratégie consiste
donc à privilégier les centrales hydroélectriques parce qu’elles sont beaucoup plus
compétitives. De plus, le pays possède des grands fleuves exploitables pour la réalisation de
ce projet.
Comme le problème de l’énergie reste un grand facteur de blocage pour l’économie
malgache, un programme à part entière devrait donc être affecté à ce sujet. Si l’Etat tient
encore à monopoliser ce secteur, la création d’un Ministère chargé uniquement du
fonctionnement de la JIRAMA serait un grand pas vers la résolution du problème. Etant
donné que cette société d’Etat demeure sous le contrôle du Ministère de l’énergie et des
mines, toutes les ressources (matérielles ; humaines ; financières...) de ce ministère sont
encore divisées entre les différentes branches qu’il contient. De ce fait, le domaine de
l’énergie électrique s’est toujours retrouvé mis de côté par son ministère lui-même.
Avec un ministère qui lui est propre, la JIRAMA aura alors une autonomie qui sera
favorable à son bon développement puisque non seulement elle possède un budget à part
entière, mais aussi que ses recettes pourront être exclusivement affectées à son amélioration.
Concernant les marchés, certains commerçants45
réglementaires déjà installés dans les
marchés publics se plaignent du fait que leurs établissements sont peu fréquentés. Deux (2)
causes apparentes ont été évoquées :
La première est que les infrastructures des marchés publics sont très endommagées
(notamment les toilettes et les systèmes d’évacuation des eaux usées) et à cela
s’ajoutent les insalubrités engendrées par cette manque d’entretien ;
44
Source : http://www.solarmad-nrj.com/jiramavssolaire.html 45
Enquête personnelle
Chapitre V : Recommandations et perspectives
57
Deuxièmement, le secteur informel est partout présent à côté même des vendeurs
légalement enregistrés et prennent une part importante de leur clientèle.
Ce problème d’infrastructure est lié au fait que l’emplacement de la plupart des grands
marchés actuels se trouve à l’endroit même où il y avait jadis les anciens marchés. Pourtant à
l’époque, ces endroits n’accueillaient pas autant de monde qu’aujourd’hui. Mais ces marchés
ont déjà pris racine là où ils sont actuellement, l’enjeu pour les autorités est donc d’améliorer
les marchés communaux tout en protégeant les intérêts communs.
Pour les autres activités nécessitant des savoir-faire particuliers, les nombres des
organismes d’assistance aux plus défavorisés doivent être multipliés car ils sont beaucoup
plus efficaces en termes d’insertion socio-économique des personnes démunies.
Effectivement, en prenant le cas de CEFOR (Crédit-Epargne et Formation) par
exemple, on constate que malgré leur budget modéré, cette organisation arrive à récolter des
résultats encourageants. Avec des programmes simples mais efficients (Soutenir la création
et le développement d'activité génératrices de revenus afin d'augmenter le revenu des familles
et d'améliorer leurs conditions de vie ; Former les jeunes adultes à des compétences
techniques spécifiques et à un comportement adapté au monde de l'entreprise pour permettre
l’accès ou le maintien à un emploi salarié), cette ONG a réussi à former neuf cent quatre vingt
(980) stagiaires avec cinq filières différentes en 2012. Cela montre à quel point la proximité
des institutions influe énormément sur l’atteinte des objectifs. La meilleure stratégie est donc
de favoriser la multiplication du nombre de ces établissements plutôt que de les faire croître.
2. Soutenir les droits fondamentaux
Tant que le secteur informel échappe aux contrôles de l’Etat, les personnes qui y sont
assujetties ne pourront réellement exiger leur droit. Pourtant, l’Etat est le principal garant du
respect des droits de ses citoyens. Il est alors primordial d’éradiquer les pires formes de non-
respect des droits de l’homme. Ainsi, en 2000, Madagascar a ratifié la Convention n° 138 de
l'OIT sur l’âge minimum d’admission à l’emploi, fixé à 15 ans, et en 2001, le pays a ratifié la
Convention n° 182 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants. Leurs applications
reposent sur l’efficience des autorités.
Les ONG, quant à eux, sont d’une manière générale plus proche des gens. De ce fait,
ils ont une meilleure connaissance des réalités du pays et contribuent énormément à la
protection des nécessiteux. Comme la lutte contre la pauvreté est primordiale pour notre pays,
Chapitre V : Recommandations et perspectives
58
les ONG occupent donc une position stratégique dans la mise en œuvre des programmes
visant à réduire cette pauvreté mais surtout en matière de protection des droits fondamentaux.
Alors, il revient au gouvernement de faciliter le plus possible les démarches administratives
de ces organismes. Bien que ces établissements bénéficient déjà d’un assouplissement de
traitement administratif, ceux qui ont des projets indispensables à l’amélioration des
conditions de vie des plus nécessiteux méritent d’obtenir des priorités en matière de procédure
administrative lors des dédouanements etc.
Les raquettes et la corruption sont des phénomènes courants sur le secteur informel à
Madagascar. C’est un facteur de blocage qui maintient ces pratiques dans leur état informel.
En effet, les fonctionnaires qui font des raquettes ou de la corruption ne font que détériorer la
situation des activités informelles. Afin d’éviter ces fléaux, l’Etat devrait octroyer des primes
aux agents de terrain pour chaque interpellation faite. Par ailleurs, si ces derniers contribuent à
la normalisation des pratiques informelles, il y aurait plus d’effet.
La corruption est encore un phénomène très courant dans la grande île. Comme elle
intervient généralement durant le laps de temps qui sépare la sensibilisation et le contrôle
alors que les agents qui effectuent ces tâches ne le font pas ensemble, les auteurs réels de la
corruption sont alors difficilement reconnaissables. En effet, la séparation des tâches et des
obligations des différents agents étatiques est parfois floue dans la mesure où ces agents
exercent quelquefois des missions dont ils ne sont pas les vrais mandataires. Ainsi, surtout
dans les endroits isolés ou discrets, certains employés de l’Etat (notamment avec les forces de
l’ordre) organisent des décentes illégales pour simplement intimider les assujetties à
l’informalité dans le but de leur soutirer de l’argent. Ces gens ne connaissent pas quels sont
les types d’agent qui ont le droit de les contrôler. La sensibilisation doit aussi se porter sur ce
point pour éradiquer les raquettes.
L’enjeu est donc de faire respecter les droits des sujets informels mais également de faire
en sorte que les agents étatiques honorent leurs obligations. En imposant des obligations de
rendement strictes (avec des primes) à ces fonctionnaires, ils seront sans doute plus difficiles à
corrompre puisqu’ils doivent avant tout remplir leurs quotas. Ce mode opératoire consiste à
institutionnaliser les quotas des fonctionnaires selon des normes préétablies pour faire en sorte
que ces derniers soient dans l’obligation de remplir correctement leur mission sans qu’ils
puissent avoir beaucoup de marge en matière de corruption.
La LOI N° 2003-011 portant Statut Général des Fonctionnaires renferme toutes les
dispositions globales relatives à l’environnement professionnel d’un fonctionnaire. Bien
Chapitre V : Recommandations et perspectives
59
qu’elle contienne quatre vingt (80) articles répartis dans onze (11) titres, le mot
« corruption » n’y est même pas prononcé. Pourtant, cette loi renferme les obligations que
les fonctionnaires doivent respecter dans le cadre de l’exercice de leur fonction. C’est pour
ainsi dire que même les lois en vigueur à Madagascar ne sont pas toujours explicites en
matière de lutte contre la corruption.
L’interdiction impérative de pratiquer la corruption devrait alors être inscrite
ouvertement dans cette loi puisque les établissements publics sont très touchés par ce fléau.
Un des problèmes majeurs auxquels beaucoup de Malgaches sont confrontés est celui
du problème lié à l’absence de protection sociale. Pourtant, la déclaration universelle des
droits de l’homme, dans son article 22, stipule que « Toute personne, en tant que membre de
la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits
économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa
personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de
l'organisation et des ressources de chaque pays. »46
. Malgré cela, en 2013, il n’y a que 12% de
la population qui bénéficie de la protection sociale de la CNaPS. En effet, à Madagascar, seuls
les travailleurs salariés formels jouissent du régime de protection sociale et le recours aux
syndicats n’est pas suffisamment habituel pour la plupart des travailleurs. De plus, parmi les
cent dix (110) Contrôleurs et Inspecteurs de travail47
que compte la grande île, la moitié réside
dans la capitale et seuls le quart est disponible à effectuer des descentes sur terrain car les
autres sont déjà engagés dans les ministères.
Pourtant, le fait de permettre la cotisation sociale aux personnes assujetties à
l’informalité est une marche progressive à leur formalisation. Par ailleurs, l’octroi des
protections sociales constitue une condition attrayante de régularisation pour ces gens.
46
Source : https://www.un.org/fr/documents/udhr/#a22 47
Source : http://www.revue-projet.com/articles/2009-2-conditions-du-travail-a-madagascar/
60
CONCLUSION
Bref, malgré les nombreux problèmes, Madagascar a beaucoup de potentiels qui
permettent à sa population d’y faire face. Pourtant, les crises nombreuses et fréquentes ont
engendré de nombreuses difficultés et ont posé des obstacles majeurs au développement. Par
ailleurs, beaucoup de programmes gouvernementaux ont été interrompus et la plupart des
objectifs du millénaire pour le développement prévus pour 2015 ne seront pas atteints. Mais la
faculté d’adaptation et de débrouillardise des malgaches fût remarquable.
Les sanctions internationales ont fortement affaibli la grande île notamment dans le
domaine social et économique puisque celles-ci ont aggravé non seulement la pauvreté mais
ont également entrainé des distorsions graves sur le marché de l’emploi. En effet, la
suspension des coopérations commerciales internationales comme l’AGOA a engendré une
perte massive d’emploi et par conséquent l’augmentation du chômage et du sous-emploi.
Cependant, le secteur informel a joué un rôle de soupape de sécurité à l’économie en
général. Il a permis aux personnes vulnérables écartées du marché du travail de trouver à la
fois un emploi et une autre source de revenu. De plus, ce secteur a assuré le maintien du
niveau de consommation des ménages à un degré supportable. La prolifération du secteur
informel a tout de même permis d’éviter des troubles sociaux majeurs malgré l’augmentation
de la pauvreté, et la dégradation de la vie socioéconomique.
Vu sous ces angles, le secteur informel semble être, pour la population malgache, plus
une opportunité qu’un problème. Néanmoins, force est de constater que ce secteur demeure
fragile et son futur est aléatoire. C’est pourquoi, il est important de normaliser ces pratiques
en vu d’une meilleure perspective d’avenir. Effectivement, tant que les parties concernées
n’arrivent pas à trouver une entente, elles seront toutes perdantes puisque la formalisation du
secteur informel permet de garantir un bon développement pour l’Etat mais également une
prospérité pour le devenir de ces pratiques.
Ayant tous les potentiels nécessaires pour remédier à ces problèmes, le gouvernement
devrait privilégier les programmes adaptés aux réalités du pays surtout ceux qui ont déjà fait
leurs preuves.
VII
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrages
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Monde », Edition La Découverte, 1994, Paris, 244 pages
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2009, 128 pages
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Labour Organization, 2001, BIT Genève, 502 pages
HUFTY Marc, Collectif, LA PENSEE COMPTABLE. « Etat, néolibéralisme, nouvelle
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LAUTIER Bruno, « L’économie informelle dans le tiers monde » ,2è éd., Edition La
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MUHEME Gaspard B., « Comprendre l'économie informelle: sociologie, économie et
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225 pages
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Rapports et Publications
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sous-emploi et le secteur informel », 4 pages
INSTAT, OIT, PNUD, « Le secteur informel à Madagascar en 2012 : Poids
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pages
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VIII
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Articles et Revues
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132, n°2, p 282.
Centre international de formation de l’OIT, « Un guide pratique pour les organisations
d’employeurs. Relever les défis de l’emploi des jeunes », 2012, Turin, pp.31, 134
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Webographie
www.cnam.fr
www.edbm.gov.mg/fr
www.google.mg
www.impot.mg
www.jean-loncle-photo.com
www.lagazette.dgi.com
www.lexpressmada.com
www.melchior.fr
www.memoireonline.com
www.un.org/fr
IX
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ....................................................................................................... I
AVANT-PROPOS ......................................................................................................... II
SOMMAIRE ................................................................................................................. III
GLOSSAIRE ................................................................................................................ IV
LISTE DES ABREVIATIONS ..................................................................................... V
INTRODUCTION .......................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : APERҪU GLOBAL DU SECTEUR INFORMEL ET DU
MARCHÉ DE L’EMPLOI ........................................................................................................ 3
CHAPITRE I : APPROCHES DU SECTEUR INFORMEL ..................................... 5
A. Les concepts de l’informalité ........................................................................... 6
1. D’après les Auteurs ........................................................................................ 8
2. Selon les Organismes Internationaux ............................................................. 9
B. Les facteurs prolifiques à l’accroissement du secteur informel ....................... 11
1. Le chômage et le sous-emploi ...................................................................... 12
2. Les autres facteurs ........................................................................................ 14
CHAPITRE II : CADRES THÉORIQUES DU MARCHÉ DE L’EMPLOI ........... 17
A. Les approches selon les courants de pensée .................................................... 18
1. Pour les Libéraux .......................................................................................... 19
2. Pour les Keynésiens ...................................................................................... 20
B. Les politiques de l’emploi ................................................................................ 22
1. Généralités de la politique de l’emploi ......................................................... 23
2. La Politique National de l’Emploi (PNE) à Madagascar ............................. 24
DEUXIÈME PARTIE : LES RÉALITÉS DE MADAGASCAR ................................ 27
CHAPITRE III : LES IMPACTS DES CRISES A MADAGASCAR ..................... 29
A. Les impacts globaux ........................................................................................ 30
1. Les conséquences socioéconomiques ........................................................... 31
X
2. Augmentation de la pauvreté ........................................................................ 32
B. Les impacts sur le marché de l’emploi ............................................................ 34
1. Augmentation du chômage et du sous-emploi ............................................. 34
2. Impacts sur les facteurs déterminants de l’investissement ........................... 36
CHAPITRE IV : LES ENJEUX DU SECTEUR INFORMEL SUR L’ÉCONOMIE
MALGACHE ....................................................................................................................... 38
A. Le secteur informel, une alternative aux défaillances du système économique
.......................................................................................................................................... 40
1. L’informel en tant que solution de secours face aux lacunes du marché du
travail ............................................................................................................................ 41
2. L’informel en tant que solution au chômage de première insertion ............. 42
B. Les rôles de l’Etat ............................................................................................ 44
1. Les rôles sur la règlementation et le soutien du secteur informel ................ 45
2. Rôles sur l’instauration d’un meilleur cadre pour l’emploi .......................... 47
CHAPITRE V : RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES ........................... 50
A. Instaurer un cadre propice à la formalisation du secteur informel .................. 51
1. Accentuer les regroupements par secteur d’activité ..................................... 52
2. Faciliter les procédures administratives ....................................................... 53
B. Amélioration du quotidien de la population .................................................... 54
1. Consolider les plateformes déjà présentes .................................................... 55
2. Soutenir les droits fondamentaux ................................................................. 57
CONCLUSION ............................................................................................................ 60
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................... VII
TABLE DES MATIERES ............................................................................................ IX
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES ............................................................ XI
ANNEXES .................................................................................................................. XII
XI
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Caractéristiques des chômeurs et durée du chômage.......................................14
Tableau n°2 : Répartition de la consommation.......................................................................32
Tableau n°3 : Taux de chômage selon le genre et selon la région..........................................35
Tableau n°4 : Approche participative et intégrée d’appui à l’économie informelle...............47
Tableau n°5 : Evolution des effectifs des employés de la DGI.............................................50
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique n°1 : Raisonnement Néoclassique sur le mode de fonctionnement du marché du
travail........................................................................................................................................19
Graphique n°2 : Les activités commerciales en milieu urbain à Madagascar........................39
XII
ANNEXES
Annexes I : Documents nécessaires pour la création d’entreprise à Madagascar
Pièce Nombre
Statuts de société, paraphé par page (voir statuts types ci-après) 8
Carte d'identité du ou des gérants ou (copie passeport avec visa transformable si
étranger) 3
Certificat de résidence du ou des gérants (obtenu auprès du Fokontany de son/leurs
domicile(s)) 2
Jouissance de local : Contrat de bail ou Lettre d'occupation gratuite visée par le
Fokontany ou Contrat de domiciliation 4
Pièces justificatives : Copie du titre de propriété ou Certificat de situation juridique
moins de 3 mois ou acte de vente définitif enregistré pour le Contrat de bail et lettre
de mise à disposition gratuite, extrait du registre de commerce moins de 3 mois et
contrat de bail du domiciliataire pour le contrat de domiciliation
2
Enveloppe(s) timbrée(s) à 300 Ar adressée à la Société 1
Enveloppes timbrées à 300 Ar si Gérant né en province 2
XIII
Annexes II : Natures et Statuts des sociétés
Typologie Nombre d'associés Capital en MGA
SARL 2 minimums 2.000.000
SA 1 ou 2 10.000.000
SARL Unipersonnelle 1 1.000.000
SA Unipersonnelle 1 2.000.000
XIV
Annexes III : Différence entre « Cyclopousse » et « Pousse-pousse »
Les cyclopousses
Les Poussepousses
XV
Annexes IV : Les obligations fiscales des sociétés
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
Déclaration trimestrielle :
1er trimestre : 1er au 20 avril
2eme trimestre : 1er au 20 juillet
3 eme trimestre : 1er au 20 octobre
4 eme trimestre : 1er au 20 janvier
Si la société a exercé (CA > 0) : faire le dépôt du bordereau de versement de la TVA.
Si la société n'a pas encore exercée ou si le chiffre d'affaires est néant (CA < 0) : dépôt de
bordereau de situation sinon ; pénalité de 40 000 Ar
IRSA : Impôt sur les Revenus Salariaux et Assimilés
Si la société n'a pas de salarié, alors elle doit faire une déclaration sur l'honneur qu'elle
n'a pas de salarié
Si la société a des salariés : versement mensuel de l'IRSA du 1er au 15 de chaque mois
qui suit le paiement des salaires
IRCM : Impôts sur les Revenus des Capitaux Mobiliers
Déclaration néant ou paiement de l'impôt:
1er semestre du 1er au 20 avril
2eme semestre du 1er au 20 octobre
IBS : Impôts sur les Bénéfices de Sociétés
Clôture au 31/12/N : du 1er janvier au 30 avril de l'année N+1 avec dépôt états
financiers
Clôture au 30/06/N : du 1er juillet au 30 octobre de l'année N avec dépôt états
financiers
Autre clôture : dans les deux mois de la clôture d'exercice, IBS dû + 50%
Taxe Professionnelle
Dépôt de déclaration de patente au centre fiscal compétent du 1er au 15 octobre de
chaque année
paiement de la taxe professionnelle après la sortie du rôle de patente
établissement de la carte professionnelle auprès du centre fiscal compétent
Name : ANDRIAMBOLOLONTSOA
First name : Rajaobelina Masoandrohenintsoa
Title : “Informal towards the labor market in Madagascar”
Pages number : 60
Analytical Summary
Increasing poverty and frequent political and economical troubles have greatly altered
the socio-economic situation in Madagascar. However, the resoucefulness’s faculty of
Malagasy people allowed them to resist somehow the various problems caused by this
situation.
The job market was the most affected area. Indeed, the Big Island has undergone
major recession that has encorked a massive loss of jobs. Thus, the informal sector has
proliferated to mitigate or address the failures of economic system in general.
The potentials of informal therefore deserve special attention as it has proved to be an
alternative relief for many victims of these crisis. However, as the informal sector escapes the
control of the State, it remains fragile. Hence the importance of formalizing these informal
activities for better future prospects. To do this, we must first state that engages all necessary
human and financial resources to achieve it. Thereafter, before starting the various
regularization programs, structural and legislative reforms are needed in the fight against
corruption, but also for facilitating administrative procedures. Grouping by sector, access to
finance and support of human rights, then, are the first actions of this progress.
Keywords : Subjugated ; unemployement ; crises ; State ; formalization ; taxation ; young
people ; labor market ; poverty ; informal sector ; underemployement.
Assisted by : Sir FANJAVA Refeno
Contact : +261 33 02 811 63 or henintsoa.rajaobelina@gmail.com
Nom : ANDRIAMBOLOLONTSOA
Prénom : Rajaobelina Masoandrohenintsoa
Titre : « L’informel vis-à-vis du marché de l’emploi à Madagascar »
Nombre de pages : 60
Nombre de tableau : 05
Nombre de graphique : 02
Résumé analytique
L’augmentation de la pauvreté et les troubles politico-économiques fréquents ont
énormément altéré la situation socioéconomique de Madagascar. Pourtant, la faculté de
débrouillardise des malgaches leur a permis de résister tant bien que mal aux différents
problèmes engendrés par cette situation.
Le marché de l’emploi fût le domaine le plus touché. Effectivement, la grande île a
subi de grande récession qui s’est débouchée sur une perte d’emploi massive. C’est ainsi que
le secteur informel a proliféré pour atténuer, voire combler, les défaillances du système
économique en général.
Les potentiels de l’informel méritent donc une attention particulière dans la mesure où
il s’est révélé être une alternative de secours pour bon nombre de personnes victimes de ces
crises. Cependant, tant que le secteur informel échappe aux contrôles de l’Etat, il demeure
fragile. D’où l’importance de la formalisation de ces activités informelles pour une meilleure
perspective d’avenir. Pour ce faire, il faut d’abord que l’Etat engage tous les moyens humains
et financiers nécessaires à cette réalisation. Par la suite, avant d’entamer les divers
programmes de régularisation, des réformes structurelles et législatives s’imposent en matière
du lutte contre la corruption, mais également concernant la facilitation des procédures
administratives. Le regroupement par secteur d’activité, l’accès au financement et le soutien
des droits fondamentaux sont alors les prémices de ce progrès.
Mots clés : Assujetties ; chômage ; crises ; Etat ; formalisation ; imposition ; jeunes ; marché
de l’emploi ; pauvreté ; secteur informel ; sous-emploi.
Encadré par : Monsieur FANJAVA Refeno
Adresse de l’auteur : IV W 54 AD Anosizato Est-II
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