le xviie siècle: naissance de la pédagogie scolaire et...

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Le XVIIe siècle:

Naissance de la pédagogie scolaire et de l’instruction du peuple

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Plan du cours1) Le contexte général2) Quelques facteurs ayant influencé l'apparition de la

pédagogie et leurs conséquencesA)Réforme protestanteB)La Contre-Réforme catholiqueC)Nouveau sentiment de l'enfanceD)Problème urbain.

3) La pédagogie, un nouveau savoir méthodique sur l'enseignement

4) Conclusion: XVIIe siècle, un nouvel ordre scolaire

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Partie 1

Le contexte général

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Le mouvement de modernisation amorcé à la Renaissance s’amplifie

Essor important des sciences naturelles.

Nouvelles philosophies.

Urbanisation.

Renforcement des États-nations.

Capitalisme et bourgeoisie.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

La nouvelle science : le monde

est organisé comme une

horloge.Le mécanisme

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Galilée (1564-1642).

La physique

nouvelle allie

rigueur

mathématique et

expérimentation

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

René Descartes

(1596-1650).

La vérité est liée à

l’activité du sujet

pensant, de

l’homme.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Blaise Pascal (1623-1662)

La 1re machine à

calculer : la

Pascaline

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Isaac Newton (1642-1727)« Je ne sais pas ce que je

peux paraître aux yeux du

monde, mais, moi, je me vois

comme un enfant jouant sur

le rivage, m'amusant à

découvrir parfois un caillou

plus doux, un coquillage

plus beau, pendant que le

grand Océan de la Vérité

s'étend, inconnu, devant

moi.»

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Société, sciences, techniques et mouvement des idées au XVIIe siècle

Francis Bacon (1561-1626) : le nouvel Organon où ilredéfinit le rôle du savant - utilisation de laboratoires,échange d’idées, expérimentation.

Harvey (1578-1657) décrit la circulation du sang.

Marie de Gournay défend dans le Grief des damesl’égalité entre hommes et femmes. Elle apparaît commel’une des premières théoriciennes féministes.

Descartes (1596-1650). Discours de la méthode.

Pascal (1623-1662) Les pensées.

Torricelli (1608-1647) invente le baromètre (1644) pourmesurer la pression atmosphérique.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Société, sciences, techniques et mouvement des idées au XVIIe siècle

Newton (1642-1727) formule la loi de l’attraction universelle(1686). Calcule la vitesse du son et formule une théorie del’optique.

Leibniz (1646-1716) découvre, en même temps que Newton,le calcul infinitésimal (de l’infiniment petit)

Spinoza (1632-1677). Son Éthique est publiée peu après samort. Il y affirme que la morale doit être fondée sur laconnaissance rationnelle et sur la liberté considérée commeaffranchissement de toute influence extérieure.

Locke (1632-1704) critique le cartésianisme et lui opposel’empirisme. Dans son Traité du gouvernement civil, ilcritique la monarchie absolue et développe le libéralismepolitique: ouvrage fondamental qui influencera toute laphilosophie du Siècle des Lumières (XVIIIe).

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Société, sciences, techniques et mouvement des idées au XVIIe siècle

Ouverture de nombreux instituts et académies scientifiques qui se situent en dehors des universités encore dominées par les théologiens :

L’Académie royale des sciences à Paris en 1666.

Royal Society à Londres en 1660.

Académie de l’expérimentation fondée par des élèves de Galilée en Italie vers 1660. Ses objectifs: éviter la spéculation, construire des instruments et normes de mesure, l’expérimentation.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Société, sciences, techniques et mouvement des idées au XVIIe siècle

Les états européens s’engagent dans l’administration des techniques et des sciences.

Ils structurent et normalisent l’organisation des métiers techniques.

Font appel à des ingénieurs pour l’organisation de la société, de la marine, de défense, etc.

Se nourrissent de nombreux mémoires scientifiques produits par les académies.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Le triomphe du livre et de l’alphabétisation

La connaissance de la lecture et de l’écriture devient des conditions de fonctionnement dans la société aux 16e et 17e siècles.

La société européenne connaît alors une accélération du mouvement qui la fait passer d’une culture principalement orale à une culture où domine la pratique de l’écrit et de la lecture mentale visuelle. La commercialisation du livre imprimé en est le signe et l’instrument.

Essor de la bourgeoisie et nécessité de former les nouvelles élites non aristocratiques et non ecclésiastiques

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Partie 2 - quelques facteurs

ayant influencé l'apparition de

la pédagogie et leurs

conséquences

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Réforme et contre-réforme : quelques grands pédagogues

protestants et catholiques

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Le Protestantisme favorise l’instruction, la lecture, l’autonomie de la conscience

moderne.

La Bible, un point c'est tout :

« Être protestant, c'est se

maintenir dans une écoute

obstinée de la Parole de Dieu

à travers une lecture

intelligente de l’Écriture. »

Claudette Marquet, Le

protestantisme, Éditions

Milan, Les Essentiels, 1998.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Les écoles protestantesLuther met l’accent sur la nécessité d’éduquer le peuple et a demandé la création d’écoles élémentaires pour tous les enfants :

[…] Le droit pour chaque chrétien d’interpréter les Saintes Écritures ne peut aller sans l’obligation de l’enseignement pour tous. Il faut que chacun soit capable de lire les textes et de pénétrer la doctrine prise directement à sa source

Le protestantisme a donc été un mouvement déterminant dans la création des écoles et la scolarisation des masses. Dès qu’ils commencent à bâtir leurs églises, les protestants construisent des écoles de leur confession.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

COMENIUS 1592-1671

Il prône l'éducation de toutes

les couches de la population

sans distinction de condition ou

de sexe, s'engage pour la

réconciliation des Églises et

pour la coordination politique

sous la direction d'institutions

internationales. Son idée d'une

communauté des nations fait de

lui le précurseur même de

l'Union européenne.

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Rachitius 1571-1635

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Quelques idées de Rachitius Faites tout avec ordre et suivant la nature: Il y

dans la nature un certain ordre suivant lequel

l’enfant saisit les choses, et dont il faut tenir

compte dans l’enseignement.

Ne faites qu’une chose à la fois : On ne passe à

une nouvelle étude qu’après avoir achevé la

précédente. Il ne faut pas disperser l’esprit de

l’enfant sur top de sujets.

Faites répéter souvent la même chose : Revenir

surtout aux principes; s’occuper d’une question

jusqu’à ce que les élèves en aient pleine

intelligence. Mais il faut varier les procédés de la

répétition afin de maintenir l’intérêt.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Idées de Rachitius Uniformité en toutes choses : La méthode

d’enseignement doit être uniforme. Les livres

seront conçus d’après un même plan. Dans

l’enseignement, s’attacher aux principes généraux,

aller du connu à l’inconnu, lier aux notions

nouvelles les notions déjà acquises : c’est ainsi que

la langue maternelle servira de base à l’étude des

autres langues.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

La contre-réforme catholique

Pour lutter contre les protestants, l’Église développe l’instructionprimaire.

Dans ces Petites Écoles, l’Église choisit des maîtres et maîtresses laïqueset les charge de dispenser des rudiments d’alphabétisation à desenfants d’artisans ou de paysans qui viennent en classe quand on leuren laisse le temps.

À Paris, on recense près de 400 maîtres et maîtresses, payés par lesparents en fonction des matières enseignées. Pour atteindre les pluspauvres, les congrégations charitables, les frères des écoles chrétiennesou les filles de la Charité, ouvrent même des écoles gratuites.

En 1690, 29% des hommes et 14% des femmes savent écrire leur nom.Un siècle plus tard, ils seront respectivement 48 et 27%. L’effortéducatif de la fin du XVIIe siècle a porté ses fruits…

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

De la Salle (1651-

1719)

L’ignorance est la source

de tous les maux; il faut la

combattre énergiquement :

l’enfant du peuple qui n’a

pas reçu d’instruction est

exposé à une multitude de

dangers.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Ignace de Loyola

1491-1556

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Collège jésuite

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Les Jésuites

L’enseignement des Jésuites a littéralement dominé en Europe à partir de la seconde moitié du 16e siècle jusqu’à la fin du 17e siècle

Il s’est très rapidement imposé dès sa création avec l’ouverture du premier collège à Messine en 1548.

Il s’inscrit dans le prolongement de la Contre-réforme

Synthèse entre l’humanisme et le christianisme

Un rigoureux système de discipline

Un régime pédagogique fondé sur l’émulation

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Les années d’étude ou la progression des matières

Éléments latins (1ère année)

Syntaxe et méthode (2e année)

Versification (3e année)

Belles-lettres (4e année)

Rhétorique (5e année)

Logique (6e année)

Cosmologie et philosophie naturelle (7e année)

Éthique, métaphysique et psychologie (8e année)

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Les activités pédagogiques ou le déroulement de la journée

La prélection : la lecture préalable, par le maître,d’un texte commenté

Le maître interprète de manière à ce que l’élèvepuisse assimiler le texte et amorcer sa proprecompréhension

La répétition : les élèves répètent à haute voix cequ’ils ont entendu et compris

La concertation ou dispute : la disputatio existaitdéjà dans les classes de scolastique au Moyen Age

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Les activités pédagogiques ou le déroulement de la journée (suite)

Il s’agit d’un débat entre élèves qui constitue unmoyen d’assimilation et de vérification del’enseignement. Chaque élève peut vérifier lesconnaissances d’un autre

De nombreux exercices écrits susceptibles d’êtrecomplétés à la maison; ce sont les premiers devoirs.

Le lendemain en entrant, le maître procède à larécitation des leçons portant sur ce qui aura été vu laveille en classe.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Le système de disciplineLa discipline et l’encadrement étaient de tous les instants

L’élève des Jésuites n’était jamais seul

« Pour le former (l’élève), il faut le soumettre à une action qui ne connaisse ni éclipses ni défaillances : car l’esprit du mal veille toujours. C’est pourquoi l’élève des Jésuites n’était jamais seul. (…)

Le milieu moral qui entourait l’enfant le suivait partout où il allait; partout il entendait exprimer autour de lui, et avec la même autorité, les mêmes ides et les mêmes sentiments. Jamais il ne pouvait les perdre de vue. Il n’en connaissait pas d’autres.

Et, outre que cette action ne cessait jamais de se faire sentir, elle était d’autant plus pénétrante qu’elle savait mieux s’adapter à la diversité des natures individuelles, qu’elle connaissait mieux les ouvertures par où elle pouvait se glisser et s’insinuer dans les cœurs. » (Durkheim, 297)

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Émulation, concurrence et hiérarchie d’honneurs

Il s’agit d’un système où les élèves sont continuellement encompétition les uns avec les autres.

L’état de concurrence perpétuelle dans lequel vivaient lesélèves les incitait à tendre tous les ressorts de leurintelligence et de leur volonté, et leur en faisait même unenécessité. En même temps, l’attentive surveillance àlaquelle ils étaient soumis rendait moins faciles lesdéfaillances possibles. Ils se sentaient guidés, soutenus,encouragés. Tout donc les induisait à l’effort.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Les professeurs jésuites

L’Ordre des Jésuites établit un ensemble de règles donnant aux maîtres un cadre précis et souple.

Les enseignants sont soutenus tandis qu’ils se forment tout en enseignant et peuvent transmettre leur expérience à leurs successeurs.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Les enfants et les

villes©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Un nouveau sentiment de l’enfance

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

L’enfance au XVIIe siècle selon Philippe Ariès

Avant le XVIIe siècle, l'enfant n'est qu'un adulte endevenir et la forte mortalité empêche une attentionmaternelle et paternelle trop importante.Le sentiment de l'enfance ne se confond pas avecl'affection des enfants : il correspond à uneconscience de la particularité enfantine, cetteparticularité qui distingue essentiellement l'enfant del'adulte même jeune.Cette conscience n'existait pas. Dès que l'enfant avaitfranchi cette période de forte mortalité où sa survieétait improbable, il se confondait avec les adultes.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

L’enfance au XVIIe siècle selon Philippe Ariès

À partir du XVIIe siècle, la mortalité et lafécondité baissent, la nucléarisation de lafamille autour d’un enfant au potentielde vie réel s’est renforcée.

Les enfants, moins nombreux, deviennentplus précieux et commencent à formerdes personnages familiaux importants : ilssont désormais distincts des adultes

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Problème urbain

Les villes et les villages grossissent.

L’urbanisation se développe.

Les parents et la famille moderne naissent peu à peu.

Que faire des enfants, surtout des milieux pauvres? Ils courent les rues, ne sont pas surveillés, guidés, encadrés…

Ouvrir une école, c’est fermer une prison (Charles Démia).

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

L’Âge Classiqueet la mise à l’ordre de la société ou le Grand enfermement : Michel Foucault (1926-1984)

METTRE LA POPULACE À L’ORDRE : L’ENCADRER ET LA SURVEILLER

Les prisons

Les hôpitaux

Les hospices

Les crèches

Les bureaucraties

Les écoles

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Les prisons

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Les hôpitaux

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Les hôpitaux

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Les hospices : infirmes, vieux, malades, pauvres, mendiants, enfants abandonnés,

prostitués, etc.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

Prisons, écoles, hôpitaux, hospices : une

même structure carcérale

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

La structure cellulaire du travail scolaire

Direction de l’école

Classe Classe Classe Classe Classe

Classe Classe Classe Classe Classe

Classe Classe Classe Classe Classe

Classe Classe Classe Classe Classe

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

La structure cellulaire du travail scolaire

L’enseignant

Élève Élève Élève Élève Élève

Élève Élève Élève Élève Élève

Élève Élève Élève Élève Élève

Élève Élève Élève Élève Élève

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Partie 3 - Le XVIIe siècle,

un nouvel ordre scolaire: la

création de la pédagogie

scolaire traditionnelle

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

La pédagogie comme ordre

La nature, ennemie du désordre, s'efforce de

tout ordonner pour que tout soit normalement

enseigné et appris d'une manière rapide et

précise. Ratichius.

Faites tout avec ordre et suivant la nature : Il y

a dans la nature un certain ordre suivant lequel

l’enfant saisit les choses, et dont il faut tenir

compte dans l’enseignement.

Pour De Batencour, tout ce qui est de Dieu est

selon l'ordre.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

1) Contrôle du groupe: méthode simultanée

et non individuelleL'enseignement simultané suppose plusieurs choses qui pouvaient

difficilement apparaître avant. Voir l'ensemble du groupe d'un seul

regard permet de mieux

Il implique que les enfants de même force soient regroupés. Cela

est possible depuis que l'on se soucie de l'enfance et des enfants

pauvres: d'où des masses d'enfants à éduquer.

De plus, pour que l'enseignement simultané se consolide, il fallait

que les enfants aient le même livre, cela n'a pu être rendu possible

que depuis l'invention de l'imprimerie.

Des livres pour les élèves et pas seulement un exemplaire pour le

maître. Cela modifiera donc la façon d'enseigner.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

2) Contrôle du temps

À l'école le maître doit contrôler le temps. L'emploi du temps est

soigneusement calculé de sorte que, de l'arrivée des élèves à leur

sortie, il n'y a aucun temps mort dans la journée, chaque activité

terminée enchaînant rapidement sur une autre.

L'oisiveté étant perçue comme source de désordre, il convenait

d'éliminer tout vide et d'occuper les enfants à tout moment (Chartier et

al., p. 114). L'oisiveté est la mère de tous les vices.

Chaque activité a un temps fixe et bien déterminé pour éviter

l’empiétement de l'une sur l'autre ou l'omission d'aspects importants

ou encore éviter l'accidentel.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

3) Contrôle de l’espace

Le maître doit aussi contrôler l'espace. Là également les directives

abondent. L'école doit être un lieu fermé au monde extérieur pour éviter

les distractions (enfermement).

L'espace de la classe est soigneusement quadrillé selon toute une série

de critères. On assigne des places précises, les premières aux élèves

les plus avancés, à ceux qui étudient le latin; ensuite, à ceux qui

apprennent à écrire; finalement, à ceux qui lisent sans écrire. À cela

s'ajoutent des subdivisions, des places assignées selon les capacités,

selon la richesse, ou encore des places particulières s'ils sont

nouveaux. Finalement, les élèves punis mériteront le banc d'infamie.

De plus, des précisions sont également apportées sur le ratio idéal

espace/nombre d'écoliers, sur les images à afficher, sur la dimension

des bancs, etc (Chartier et al., p. 119).

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

4) Contrôle de l’enfant

Le maître doit contrôler l'enfant : son corps, sa posture,

ses déplacements, sa conduite.

Le XVIIe siècle a institué un véritable code des postures.

Telle posture pendant les leçons, telle autre pendant les

prières, une troisième pour les exercices d'écriture, une

autre pour la lecture : le doigt près du mot) etc.

Une mauvaise posture est un signe de relâchement:

l'extérieur est un signe de l'intérieur.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

5) Contrôle des déplacementsLes déplacements des élèves à l'extérieur de l'école s'exécutent dans

le plus grand soin, en rang, où chaque élève a une place assignée

selon des critères précis (selon la grandeur, par exemple).

Le retour à la maison se fait sous la responsabilité de "dizainiers",

officiers de la classe, qui s'occupent de la conduite dans les rues; les

enfants marchent en rangs.

À l'intérieur de la classe, les mouvements se font aussi avec discrétion

et en silence. Elles se déroulent de façon enchaînée selon les ordres

et signes du maître.

Toilette. Chaque élève prend une petite baguette à sa sortie et la remet

en place à son retour. (Demiard)

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

6) La conduite sous surveillance constante

On établit un véritable système de surveillance où l'élève n'est jamais

seul et où il est toujours à la vue du maître.

D'abord, surveillance par le maître. De Batencour parle de prévoir dans

l'architecture scolaire une petite fenêtre (jalousie) d'où il serait

possible de l'extérieur de la classe de surveiller les élèves sans être

vu. Aussi une chaire surélevée pour voir tous les enfants: Tribune.

Dieu surveille. Le jeu des images saintes. Le Jugement dernier et

l'enfer. Surveillance permanente symbolique. (De Batencour).

La confession où on reçoit les aveux, les secrets. On surveille l'âme,

l'intimité. (Jésuites). On voit même à l'intérieur.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

7) Peines et récompenses sont structuréesLes peines et les manques au code de la classe seront punis. Si le

maître punit, il le fera sans colère ni passion, avec distance, avec une

gravité de père dit B de La Salle. La correction corporelle n'est

maintenant que la dernière mesure d'une longue série graduée de

peines.

Par contre, les bonnes performances des élèves seront soulignées par

toute une série de récompenses soigneusement réparties plutôt que

par des caresses. Images. Médailles.

Donc au XVIIe caresses et châtiments corporels sont remplacés par

des gratifications et des sanctions.

L'émulation : Très développée avec les Jésuites. (Les combats) Jeu de

place à obtenir.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

8) Contrôle des savoirs

Le maître doit contrôler les savoirs à enseigner et la

subdivision des apprentissages: du simple au

complexe : il y a une échelle des savoirs.

Contrôle des savoirs par examens et devoirs

(Jésuites). Les devoirs écrits étaient inconnus au

temps de la scolastique.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

9) Contrôle du maître

Formation du maître : avec J. B. La Salle le maître devient

un métier spécialisé et la communauté des écoles

chrétiennes: communauté vouée à l'enseignement.

Instauration d'un ordre dans les classes. On enseigne de la

même manière d'une classe à l'autre. Code de

l'enseignement Jésuite.

Enseigner est une vocation : insistance sur la vertu du

maître. Insistance sur la distance nécessaire, contrôle des

passions. Le maître un modèle, un exemple, plutôt qu'un

ami.

©Maurice TARDIF en collaboration avec Alain BIHAN

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