les nouveaux jardins xxème siècle xix ème siècle xviii éme

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Les jardins médiévaux Les jardins médiévaux, réminiscence du jardin d’Eden, sont par définition enclos. Disposés en platebandes ou en carrés réguliers, les végétaux, fleurs, arbres fruitiers, légumes, plantes aromatiques et médicinales se côtoient sans aucune hiérarchie. XVI ème siècle Les Jardins de la Renaissance Avec les nouvelles conceptions architecturales des châteaux de la Renaissance(Chenonceau, Fontainebleau et Courances), le jardin devient un lieu dévolu au plaisir de la promenade et des agréments du corps. XVII ème siècle Le jardin « à la française » Châteaux, palais et leurs jardins s’ouvrent désormais sur le grand paysage assurant la liaison de la ville avec la campagne environnante. Le jardin dit « à la française » est régulier, quadrillé, symétrique, avec des lignes de perspectives clairement dessinées. (Création du palais du Luxembourg en 1612 et travaux d’extension du Palais du Louvre-1665-1679-). Le jardin des Tuileries, dont la structure est redessinée par André Le Nôtre à partir de 1664, est ouvert au public. De larges avenues, plantées de plusieurs rangées d’arbres sont créées et dédiées à la promenade (Cours la Reine et mail de l’Arsenal). XVIII éme siècle Le « jardin pittoresque » Sous l’influence de l’Angleterre, l’art du jardin se réfère à la Nature. On assiste au triomphe du pittoresque, notion esthétique qui revendique une inspiration tirée de la peinture du paysage (Nicolas Poussin, Claude Gellée dit le Lorrain, Salvatore Rosa). L’espace est entièrement dévolu à des fabriques (petits bâtiments inspirés par l’Histoire ou par l’exotisme tels que des temples, ruines antiques ou tombeaux….) qui mènent le promeneur à travers un paysage varié et changeant (« Folie de Chartres », jardin anglo-chinois créé par Carmontel, et Jardin de Bagatelle). Certains jardins appartenant à la Couronne sont désormais ouverts à la promenade (Jardin du Roi, et jardin du Palais Royal). XIX ème siècle Consulat et Empire En 1811 une avenue plantée de quatre rangées d’arbres voit le jour pour relier le Luxembourg à l’Observatoire En 1860, avec l’annexion des communes périphériques jusqu’à l’enceinte de Thiers, douze petits cimetières appartenant aux villages limitrophes sont inclus dans Paris intra-muros, tandis que des cimetières « hors les murs » sont aménagés à proximité des nouvelles portes de Paris. Ce doublement de l’espace parisien à l’intérieur de l’enceinte est une étape cruciale dans l’histoire des jardins parisiens. XXème siècle En 1907, une exposition coloniale est l’occasion de transformer le « Jardin d’Essai Colonial » en Jardin d’Agronomie Tropicale dans le bois de Vincennes, à l’est de Paris. Aux limites de la capitale, remparts et fossés, délaissés par l‘armée, qui s’interroge sur l’utilisation des anciennes fortifications, accueille les promeneurs du dimanche. Les projets d’aménagement d’une ceinture verte sur les 1 100 hectares autrefois occupés par l’enceinte de Thiers se succèdent durant tout le XX ème siècle. Deux priorités s’affrontent désormais : logements et espaces verts. 1918 - 1920 : la naissance de « l’urbanisme vert» En 1920, la décision de créer une ceinture verte sur les anciennes fortifications, influencée par le mouvement des « green belts » en Angleterre et en Allemagne est prise. De parc en stade, de square en cimetière, elle accueille tout autour de la Ville un large boulevard planté qui marque la frontière avec les communes voisines. A cette occasion, la Cité universitaire est implantée dans le sud. 1920 - 1945 : « le jardin moderne » Le rôle du jardin change, sa fonction sociale s’affirme. Influencé par les peintres cubistes et les architectes modernistes, l’art du jardin renoue avec la géométrie et introduit des matériaux nouveaux : béton, verre, brique. La municipalité continue et complète le réseau de jardins et de voies plantées recommandé Jean-Claude Nicolas Forestier dès 1908 (avenue René Coty, square Saint Lambert, square des Gobelins aujourd’hui square Le Gall ou square de Choisy) dans les quartiers industrieux. Des nouveaux jardins apparaissent à l’occasion des expositions universelles (Jardin du Trocadéro -1937- ou parc Kellermann livré en partie en 1939 et achevé en 1950). 1945 - 1970 : rupture urbaine En 1953, la loi Lafay permet la construction de bâtiments le long du boulevard périphérique sur des parcelles jusqu’alors inconstructibles, mettant fin au rêve de la ceinture verte de Paris. Influencée par les nouveaux principes de l’urbanisme moderne (projet de Le Corbusier pour Paris en 1925, Charte d’Athènes 1933), la nouvelle trame verte court entre les barres, les tours et les aires de parkings au gré des projets d’urbanisme (secteur Italie, Belleville, rue de Flandre ou rue de Tanger …). 1970 - 2008 : « le jardin contemporain » A partir de 1977, après une période de construction massive, la priorité est donnée à la création de jardins et de grands parcs sur des emprises industrielles abandonnées. Le parc de la Villette au tout début des années 80 est l’archétype du parc conceptuel et formel. Le parc Citroën (1992) renoue avec les fondements du jardin classique et tente de restituer la liberté de la Nature. Le parc de Bercy (1995) est l’exemple du parc contextuel, respectueux de la ville, et de son histoire. Les nouveaux jardins à la recherche de nouveaux espaces Dans les années 90, faute d’espaces disponibles, des jardins sur dalle sont imaginés sur des parkings, des viaducs, des gares (Jardin Atlantique en 1994, Promenade Plantée en 2000). Aujourd’hui, pour l’aménagement de nouveaux jardins, la municipalité a négocié des terrains avec les grands propriétaires fonciers (SNCF, hôpitaux, armée….). vers le « jardin écologique » Dans les années 1990, l’idée d’une gestion plus douce, plus respectueuse des équilibres naturels, adaptée à chaque espace, fait son apparition avec la « gestion différenciée » (jardin naturel dans le 20 ème arr., jardin sauvage dans le 18 ème arr. et dans certaines zones des deux bois). La conception et les modes de gestion de ces nouveaux jardins intègrent désormais la prise en compte de l’environnement. Avec les jardins d’Eole (2007), le parc Clichy- Batignolles (2007) ou le projet des Grands Moulins, tout ce qui permet la conquête du végétal sur le bâti est favorisé (végétalisation des murs, des toitures, la Petite Ceinture…). L’attrait des citadins pour la Nature s’amplifie. Désormais ils s‘impliquent directement dans la création et la gestion des jardins. Les jardins partagés, se développent. Jardins de proximité, animés par une association, ils offrent des activités collectives de jardinage, contribuent à l’éducation et jouent un rôle social important dans la vie du quartier. Le jardin haussmannien La moitié de nos jardins parisiens datent de cette époque et composent l’essentiel de notre patrimoine vert. Dès 1852, à la demande de Napoléon III, une politique de création de promenades, de parcs et de jardins publics se met en place, sous l’autorité du baron Haussmann. Alphand crée le Service des Promenades de Paris en 1864 pour améliorer la vie urbaine des Parisiens dans un univers de plus en plus bâti et industriel. Le jardin haussmannien est l’adaptation des modèles déjà expérimentés. Jardin paysagé il comporte des allées épousant de larges courbes, des lacs artificiels, un mobilier adapté et des édifices utilitaires. Tous les jardins ont des caractéristiques communes : hautes grilles fermées la nuit et espaces surveillés le jour par des gardiens. Ils sont entretenus par des jardiniers. Les grands parcs ponctuent Paris intra muros (Parc Monceau 1861, Parc des Buttes Chaumont 1867, Parc Montsouris 1875), tandis que les squares offrent une parcelle de nature dans chaque quartier. Le bois de Boulogne (1852) et le bois de Vincennes (1860), cédés par l’Etat à la Ville de Paris, viennent compléter le dispositif et sont aménagés par Alphand en promenades publiques. André LE NôTRE (1613 - 1700) Louis XIV (1638 - 1715) 1789 - prise de la Bastille 1804 - Aménagement du Père Lachaise 1848 - bivouac des troupes dans le jardin du Luxembourg Napoléon III Baron HAUSSMANN 1914 - 1918 Zeppelin aux Tuileries Jardin médièval Jardin et palais du Luxembourg Jardin des Tuileries en 1680 Cours la Reine Parc Monceau Jardin de Bagatelle Bois de Boulogne Grille du parc Monceau par Alphand Observatoire royal vu du Luxembourg Les Buttes Chaumont en 1867 Déjeuner sur les «fortifs» en 1899 Trocadéro Le potager des oiseaux 3 e Promenade plantée 12 è Jardin sauvage Saint-Vincent 18 e Parc André Citroën

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Page 1: Les nouveaux jardins XXème siècle XIX ème siècle XVIII éme

Les jardins médiévaux Les jardins médiévaux, réminiscence du jardin d’Eden, sont par définition enclos. Disposés en platebandes ou en carrés réguliers, les végétaux, fleurs, arbres fruitiers, légumes, plantes aromatiques et médicinales se côtoient sans aucune hiérarchie.

XVI ème siècle

Les Jardins de la RenaissanceAvec les nouvelles conceptions architecturales des châteaux de la Renaissance(Chenonceau, Fontainebleau et Courances), le jardin devient un lieu dévolu au plaisir de la promenade et des agréments du corps.

XVII ème siècle

Le jardin « à la française » Châteaux, palais et leurs jardins s’ouvrent désormais sur le grand paysage assurant la liaison de la ville avec la campagne environnante. Le jardin dit « à la française » est régulier, quadrillé, symétrique, avec des lignes de perspectives clairement dessinées. (Création du palais du Luxembourg en 1612 et travaux d’extension du Palais du Louvre-1665-1679-). Le jardin des Tuileries, dont la structure est redessinée par André Le Nôtre à partir de 1664, est ouvert au public. De larges avenues, plantées de plusieurs rangées d’arbres sont créées et dédiées à la promenade (Cours la Reine et mail de l’Arsenal).

XVIII éme siècle

Le « jardin pittoresque » Sous l’influence de l’Angleterre, l’art du jardin se réfère à la Nature. On assiste au triomphe du pittoresque, notion esthétique qui revendique une inspiration tirée de la peinture du paysage (Nicolas Poussin, Claude Gellée dit le Lorrain, Salvatore Rosa). L’espace est entièrement dévolu à des fabriques (petits bâtiments inspirés par l’Histoire ou par l’exotisme tels que des temples, ruines antiques ou tombeaux….) qui mènent le promeneur à travers un paysage varié et changeant (« Folie de Chartres », jardin anglo-chinois créé par Carmontel, et Jardin de Bagatelle).Certains jardins appartenant à la Couronne sont désormais ouverts à la promenade (Jardin du Roi, et jardin du Palais Royal).

XIX ème siècle

Consulat et Empire En 1811 une avenue plantée de quatre rangées d’arbres voit le jour pour relier le Luxembourg à l’Observatoire

En 1860, avec l’annexion des communes périphériques jusqu’à l’enceinte de Thiers, douze petits cimetières appartenant aux villages limitrophes sont inclus dans Paris intra-muros, tandis que des cimetières « hors les murs » sont aménagés à proximité des nouvelles portes de Paris. Ce doublement de l’espace parisien à l’intérieur de l’enceinte est une étape cruciale dans l’histoire des jardins parisiens.

XXème siècle

En 1907, une exposition coloniale est l’occasion de transformer le « Jardin d’Essai Colonial » en Jardin d’Agronomie Tropicale dans le bois de Vincennes, à l’est de Paris. Aux limites de la capitale, remparts et fossés, délaissés par l‘armée, qui s’interroge sur l’utilisation des anciennes fortifications, accueille les promeneurs du dimanche. Les projets d’aménagement d’une ceinture verte sur les 1 100 hectares autrefois occupés par l’enceinte de Thiers se succèdent durant tout le XX ème siècle. Deux priorités s’affrontent désormais : logements et espaces verts.

1918 - 1920 : la naissance de « l’urbanisme vert»En 1920, la décision de créer une ceinture verte sur les anciennes fortifications, influencée par le mouvement des « green belts » en Angleterre et en Allemagne est prise. De parc en stade, de square en cimetière, elle accueille tout autour de la Ville un large boulevard planté qui marque la frontière avec les communes voisines. A cette occasion, la Cité universitaire est implantée dans le sud.

1920 - 1945 : « le jardin moderne » Le rôle du jardin change, sa fonction sociale s’affirme.Influencé par les peintres cubistes et les architectes modernistes, l’art du jardin renoue avec la géométrie et introduit des matériaux nouveaux : béton, verre, brique. La municipalité continue et complète le réseau de jardins et de voies plantées recommandé Jean-Claude Nicolas Forestier dès 1908 (avenue René Coty, square Saint Lambert, square des Gobelins aujourd’hui square Le Gall ou square de Choisy) dans les quartiers industrieux. Des nouveaux jardins apparaissent à l’occasion des expositions universelles (Jardin du Trocadéro -1937- ou parc Kellermann livré en partie en 1939 et achevé en 1950).

1945 - 1970 : rupture urbaineEn 1953, la loi Lafay permet la construction de bâtiments le long du boulevard périphérique sur des parcelles jusqu’alors inconstructibles, mettant fin au rêve de la ceinture verte de Paris. Influencée par les nouveaux principes de l’urbanisme moderne (projet de Le Corbusier pour Paris en 1925, Charte d’Athènes 1933), la nouvelle trame verte court entre les barres, les tours et les aires de parkings au gré des projets d’urbanisme (secteur Italie, Belleville, rue de Flandre ou rue de Tanger …).

1970 - 2008 : « le jardin contemporain »A partir de 1977, après une période de construction massive, la priorité est donnée à la création de jardins et de grands parcs sur des emprises industrielles abandonnées. Le parc de la Villette au tout début des années 80 est l’archétype du parc conceptuel et formel. Le parc Citroën (1992) renoue avec les fondements du jardin classique et tente de restituer la liberté de la Nature. Le parc de Bercy (1995) est l’exemple du parc contextuel, respectueux de la ville, et de son histoire.

Les nouveaux jardins

à la recherche de nouveaux espacesDans les années 90, faute d’espaces disponibles, des jardins sur dalle sont imaginés sur des parkings, des viaducs, des gares (Jardin Atlantique en 1994, Promenade Plantée en 2000).Aujourd’hui, pour l’aménagement de nouveaux jardins, la municipalité a négocié des terrains avec les grands propriétaires fonciers (SNCF, hôpitaux, armée….).

vers le « jardin écologique » Dans les années 1990, l’idée d’une gestion plus douce, plus respectueuse des équilibres naturels, adaptée à chaque espace, fait son apparition avec la « gestion différenciée » (jardin naturel dans le 20 ème arr., jardin sauvage dans le 18ème arr. et dans certaines zones des deux bois). La conception et les modes de gestion de ces nouveaux jardins intègrent désormais la prise en compte de l’environnement. Avec les jardins d’Eole (2007), le parc Clichy- Batignolles (2007) ou le projet des Grands Moulins, tout ce qui permet la conquête du végétal sur le bâti est favorisé (végétalisation des murs, des toitures, la Petite Ceinture…).L’attrait des citadins pour la Nature s’amplifie. Désormais ils s‘impliquent directement dans la création et la gestion des jardins. Les jardins partagés, se développent. Jardins de proximité, animés par une association, ils offrent des activités collectives de jardinage, contribuent à l’éducation et jouent un rôle social important dans la vie du quartier.

Le jardin haussmannienLa moitié de nos jardins parisiens datent de cette époque et composent l’essentiel de notre patrimoine vert. Dès 1852, à la demande de Napoléon III, une politique de création de promenades, de parcs et de jardins publics se met en place, sous l’autorité du baron Haussmann. Alphand crée le Service des Promenades de Paris en 1864 pour améliorer la vie urbaine des Parisiens dans un univers de plus en plus bâti et industriel.Le jardin haussmannien est l’adaptation des modèles déjà expérimentés. Jardin paysagé il comporte des allées épousant de larges courbes, des lacs artificiels, un mobilier adapté et des édifices utilitaires. Tous les jardins ont des caractéristiques communes : hautes grilles fermées la nuit et espaces surveillés le jour par des gardiens. Ils sont entretenus par des jardiniers.Les grands parcs ponctuent Paris intra muros (Parc Monceau 1861, Parc des Buttes Chaumont 1867, Parc Montsouris 1875), tandis que les squares offrent une parcelle de nature dans chaque quartier. Le bois de Boulogne (1852) et le bois de Vincennes (1860), cédés par l’Etat à la Ville de Paris, viennent compléter le dispositif et sont aménagés par Alphand en promenades publiques.

André Le Nôtre (1613 - 1700)

Louis XIV (1638 - 1715)

1789 - prise de la Bastille 1804 - Aménagement du Père Lachaise

1848 - bivouac des troupes dans le jardin du Luxembourg

Napoléon III Baron HAussmANN

1914 - 1918 Zeppelin aux tuileries

Jardin médièval

Jardin et palais du Luxembourg

Jardin des tuileries en 1680

Cours la reine

Parc monceau

Jardin de Bagatelle

Bois de Boulogne

Grille du parc monceau par Alphand Observatoire royal vu du Luxembourg

Les Buttes Chaumont en 1867

Déjeuner sur les «fortifs» en 1899

trocadéro

Le potager des oiseaux 3e

Promenade plantée 12è Jardin sauvage saint-Vincent 18e

Parc André Citroën