draft1 l´homme à la culotte rouge
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L ´ho m me à la cu l ot te rouge /
Polar historique en écriture collaborative
Zénon 3000 lance ce projet d´écriture collaborative.
La fabrication d´un " polar " historique autour du vielleur au chien de Georges de La Tour, (Musée du
Mont-de-piété de Bergues).
La participation est ouverte à tous. Un blog est dédié à vos propositions de textes et
documentaires. (Licence de libre diffusion / LLD - CC-by-nc-sa)
Zénon 3000, en tant que laboratoire d´idées et d´innovation lance un nouveau projet d´écriture
collaborative et pollénisante ( !). La fabrication, sous un mode de créativité partagée d´auteurs, d´un "
polar " historique autour du vielleur au chien de Georges de La Tour, œuvre majeure des collections du
Musée du Mont-de-piété de Bergues !
L´homme à la culotte rouge / La participation est ouverte à tous en suivant une trame d...e Tags
proposés (p.ex. guerre de trente ans, Lorraine, soldat déserteur ou vétéran, colporteur, ménestrel, les
autres personnages mis en scène par le peintre dans l´ensemble de ses œuvres...etc....) .L´utilisation
des langues des provinces du nord est vivement souhaitée / la traduction en français comme référence
communicante......
Nous espérons convaincre des écrivain/es professionnel/les pour qu´ils participent à ce projet placé
sous licence commune...
Une suite de Tags ou mots-clefs fixant le cadre et la trame de l´énigme sera prochainement mise à
disposition sur ce blog. Les hyperliens dans le texte renvoyant déjà à de riches sources documentaires.
Contact: pharoyer@zenon3000.fr
Blog: http://berguesprospective.over-blog.org/article-projet-d-ecriture-collaborative-d-un-polar-historique-l-
homme-a-la-culotte-rouge-86582629.html
/ Annie Degroote a accepté de lancer l´intrigue par un texte d´introduction. Scoop
Elle est la marraine du projet !
Pascal Bavencove et Pierre Outteryck ont proposé de faire intervenir un ou plusieurs personnages en
langue picarde........ Nous proposons aux auteurs avertis et/ou proAms de participer à ce laboratoire
d´écriture collaborative mettant en valeur le patrimoine historique (immatériel + matériel),
l´innovation numérique et les modes de création et de travail collaboratif .... Une réflexion sur les
licences communes et partagées et les nouveaux modèles d´édition....
La trame se développera au fur et à mesure à partir des éléments et documents proposés sur le blog.
Un wiki permettra de transformer " L´ADN " originel en flux d´écriture... selon les apports créatifs et
documentaires........
Le tricheur (d´après Georges de La Tour) Cadre Historique au récit + proposition de personnages.....
Les misères et malheurs de la guerre en Lorraine ... 1635
La malheureuse Lorraine était alors en proie à toutes les calamités ... les paysans pillés
tour à tour par les Français, par les Suédois, par les Italiens, par les Croates, n'avaient
plus de proie à offrir aux derniers venus, qui les soumettaient aux plus cruelles
tortures pour les forcer à révéler les cachettes où les soldats supposaient... qu'ils
avaient célé leur argent. Les habitants se réfugiaient dans les bois et y périssaient de
misère. Les villes et les châteaux étaient sans cesse assiégés, pris et repris. Les
bourgeois qui ne périssaient pas dans la défense de leurs villes, étaient ruinés par le
logement des gens de guerre qui les maltraitaient. Ceux qui survivaient à tant de misères se hâtaient de fuir le pays
dévasté par tant de fléaux. La Lorraine, dit un Historien du temps, a les malheurs de Jérusalem...
Écrit de V. Mand'Heux au sujet des malheurs de la guerre de 30 ans dans cette région. (Les Racines Lorraines des
ARNOULD de Gerbéviller Claude et Denise GEWISS 1983)
oici quelques premières informations documentaires V
et des propositions de personnages à insérer dans le récit
La rixe entre musiciens : est-ce là le vielleur au chien ? (D´après Georges de La Tour)
Le maréchal Ferrant (d´après Louis Le Nain)
Que sait-on de lui ? Imaginons son énigme –
Annie Degroote nous offre les premières pages,
Dominique Leloir une scène picaresque .....
Pascal Bavencove nous prépare l´entrée d´un protagoniste picard.
/ Proposition de personnages
René Descartes + Les Rosecroix
A la fin de 1633, Descartes quitte Deventer pour Amsterdam ; en 1635, il est à
Utrecht. Il passe ensuite à Leyde (où il avait déjà été en 1630) et s'arrête à
Santpoort en 1637,
Dans la période qui précède la guerre de Trente Ans (1618-1648) que René Descartes s'intéresse à la Rose-
Croix. Il se lie avec Johan Faulhabert, mathématicien versé dans l'astrologie, la cabale et l'alchimie ainsi
qu’avec Isaac Beeckman, médecin, philosophe et mathématicien. C'est probablement par ces deux hommes
qu'il prend connaissance des manifestes rosicruciens.
Libera nos, Domine, a bello, a fame, a peste : libère nous,
Seigneur, de la guerre, de la faim et de la peste
De 1630 à 1632, la peste sévit à peu près partout en Lorraine, avec une
violence inconnue jusque-là. Après un court répit (fin 1632-1634),
1’épidémie (la peste “suédoise”) reprend de plus belle pour atteindre son
paroxysme en 1636. Il fallait surtout empêcher la propagation du mal qui,
compte tenu de son caractère et de son agent vecteur, atteignait son plus
haut degré mortifère durant les mois d’...août, de septembre et d’octobre. La première mesure consiste à expulser les
villageois qui, aux premières alertes, s’étaient réfugiés dans les villes surpeuplées.
A Metz, devenue ville refuge, les paysans et vignerons du plat-pays, qui avaient fui leurs villages à l’été 1635 devant le
déferlement des troupes et l’avancée de la peste, sont renvoyés chez eux en mai 1636, au plus fort de 1’épidémie.
Deux mois plus tard arrivent de Lorraine germanophone deux mille mendiants qu’on finit par expulser sous escorte
armée en juin 1637 - http://www.professeurs-medecin e-nancy.fr/Michaux1.htm
Pour ce projet - Les textes des auteurs, tout comme l´invention du thème et du projet, sont
publiés sous licences Creative Commons
Zénon 3000, en tant que laboratoire d´idées et d´innovation lance un nouveau projet d´écriture collaborative et
pollenisante ( !). La fabrication du récit - un " polar " historique autour du vielleur au chien de Georges de La Tour,
œuvre majeure des collections du Musée du Mont-de-piété de Bergues - se fait en mode d´écriture et de créativité
partagées entre des auteurs ayant accepté de participer au projet. L´idée (l´invention du thème comme du titre), la
diffusion et l´ (ré) utilisation des textes suivent les règles des licences Creative Commons (licence de libre diffusion /
LLD - CC-by-nd-sa) - Paternité [by] (Attribution) : l'œuvre peut être librement utilisée, à la condition de l'attribuer à
l'auteur en citant son nom. Pas d'utilisation commerciale [nc] (Non commercial) : le titulaire de droits peut autoriser
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restant soumises à son autorisation). Pas de modification [nd] (NoDerivs) : le titulaire de droits peut continuer à
réserver la faculté de réaliser des œuvres de type dérivées ou au contraire autoriser à l'avance les modifications,
traductions.
Le Prélude / l´homme à la culotte rouge - Pays de Lorraine - 1635.
par Annie Degroote (21.10.2011)
Le silence crépusculaire précéda son arrivée, en l'an 1635. Un silence qui suivait tant de désastres... On fuyait le village,
le pays de Lorraine, on n'y entrait plus que pour le dévaliser, piller ce qui restait encore à piller, pour agresser, torturer.
La plupart des villageois s'étaient réfugiés dans les bois des alentours. Quelques-uns résistaient, qui préféraient leurs
petits trésors à leur vie. Le monde semblait réduit à un nombre ridicule de survivants, qui vivotait dans le dénuement, et
redoublait de vigilance.
La peur avait gagné tous les esprits.
L'homme ne faisait pas de bruit. L'astre lunaire jouait avec les nuages de la nuit, et lui, jouait avec la lune, se cachait par
intermittence dans la pénombre. Pour se rendre invisible.
Un seul le vit. Un enfant. Il aperçut, au clair de lune, la culotte rouge.
Il se tassa dans les broussailles. Son cœur battait à tout rompre. Il se mordit la langue pour se forcer à réfléchir.
L’étrangeté du petit venait de son visage, et de son comportement. Ses yeux trop écartés et trop injectés de sang
l’isolaient des autres. Il parlait peu, mais lorsqu’il prenait peur, son corps devenait comme un pantin désarticulé.
Certains l’accusaient bien d’avoir un caillou dans la tête, et arguaient qu’on devrait le délivrer de sa folie en lui ouvrant
le cerveau. Il était peut-être idiot, petit, mais il savait reconnaître le moindre souffle de vent familier ou hostile, les
bruits étranges ou étrangers. Il percevait des détails ignorés des autres, comme une goutte de sang perlant sur un doigt,
une larme luttant pour ne pas être exposée à la vue de tous.
L'homme ne portait pas de chapeau à plumes. Une cape lui recouvrait les épaules et ses chausses étaient usées, mais il
n'était pas de ces pouilleux à la mine patibulaire et affamée… Soudain, l'enfant sentit qu'on le reniflait. Un petit chien
était à ses pieds. Un chien ! Ne savait-il pas que les gens meurent de faim ici ? L'inconnu osait nourrir un chien ! Après
les dernières attaques, le village allait renaitre une fois encore de ses cendres... Et voilà que lui, l'homme à la culotte
rouge apparaissait.
L'enfant pensa à sa mère. Combien de fois avait-il détourné l'attention des soldats ou des pillards, afin qu'ils oublient
leur masure ! Il devait bien ça à sa mère, lui l'enfant mal né.
Cet inconnu ne lui semblait pas si étranger. L'avait-il vu en compagnie du tricheur? Celui-là, il l'avait surpris qui retirait
furtivement une carte glissée dans sa ceinture, un as de carreau...Il jouait jadis avec sa mère et d'autres courtisanes.
L'enfant en gardait une seule image composée d'une profusion de couleurs, de perles, de fumée, de bruit. Sa mère avait
renoncé aux plaisirs de la chair et vivait en recluse, dans la pénombre, pour se faire pardonner ses débauches, et peut-
être la naissance de cet enfant difforme… Sous la lumière diaphane de la chandelle, qui éclairait leur logis, il la trouvait si
belle. Mais la contemplation ne nourrit pas son homme, et lui, pourvoyait à leurs besoins, en faisant la cueillette, en
récoltant des fruits tombés, en mendiant. Il avait à cœur de rallumer la flamme de leur chandelle, la lueur dans les yeux
de sa mère pénitente. Alors, il courait, il guettait pour l'avertir des dangers, et la cacher.
La longue silhouette de l'homme se figea en le découvrant. Ils restèrent muets, l'un en face de l'autre. Etait-ce un
ennemi ? Un colporteur ? Il n'avait pas de hotte, ni de ces objets alliant l’utile à l’insolite, suscitant le rêve et le besoin.
L'enfant aimait bien suivre les colporteurs, ni mendiants ni vauriens, mais un peu sorciers avec leurs remèdes-miracles.
Pauvres, mais savants à force de s'être cognés aux baladins, pèlerins, marchands, compagnons, et même fuyards.
S'il s'agissait d'un déserteur ou d'un voleur, il devait avertir le village. Mais il n'était pas si bête, il savait que son arrivée
avec un chien serait considérée comme un affront vis à vis du peuple. La rumeur le condamnerait aussitôt.
L'étranger venait sans doute de la ville. Etait-il porteur de bonne ou de mauvaise nouvelle ? Un misérable fuyard chassé
par la peur ou jeté de son pays? L'enfant ne comprenait rien à la guerre et aux querelles des gens. Il ne savait plus à quel
saint ni quelle religion se vouer. Les ennemis pleuvaient de partout. Tout était châtiment du Ciel. Défigurés par la peur,
les esprits s'échauffaient vite et la délation était un devoir. Il risquait de précipiter ce malheureux dans la gueule du
loup. Il devait avoir une sacrée bonne raison pour oser s'aventurer par ici, songea le petit.
Le visage de l'homme était encadré d'une barbe grisonnante. Son front, haut. Il était de ceux qui ont beaucoup souffert.
Un souffle de vent ouvrit sa cape. L'enfant recula. Une vielle pendait à ses côtés. Un musicien.
Son autre main était refermée sur un objet. Une relique, une miniature, un couteau?
Soudain, l'expression de l'homme vira au désespoir. L'enfant comprit, sans y mettre de mots, que sa venue était le signe
avant-coureur de bouleversements.
Il ouvrit une large bouche.
- Je cherche … un musicien… Avec une grosse verrue sur la joue. Il a … Il reprit son souffle, il a quelque chose qui
m'appartient.
L'enfant se souvenait de l'homme. Après une rixe qui avait failli tourner au carnage, il s'était terré dans une masure
abandonnée.
Mais que pouvait lui vouloir ce vielleur au chien ?
Pourquoi semblait-il jouer sa vie ?
LA DEPOSITION DE VALERE VALET / fragment par Dominique Leloir
Je n'avais pas bien cerné de rôle que voulait me faire jouer Maître Evariste Liturge quand il
me recommanda comme valet à Maître Germaniostro. Je pense n'avoir pas encore
véritablement compris. Il tenait à ce que je lui racontasse les moindres faits dont j’avais été
témoin au cours de chaque jour. Dans le fond, il m'avait confié un emploi d'espion... à la
réflexion!
L'époque était rude. C'était la guerre entre les peuples et entre les idées aussi. C'est pour cela
que régnait l'espionnite entre autres maladies.
La Maison de Maître Germaniostro était respectée et crainte. La réputation du Maître,
docteur en théologie était plus douteuse, du moins sous le manteau. Personne n'aurait
aventuré une parole équivoque à haute voix. Dans certains milieux cependant, on laissait
entendre que le docteur se comportait parfois comme un barbier. Il n'aurait pas hésité, à user
du scalpel non seulement pour saigner les fiévreux, mais aussi pour fouiller les cadavres.
Pour moi, je remplissais les seaux, vidais les pots, lavais, rinçais sans poser de questions, discret, parfait domestique.
Si les notables étaient nombreux à fréquenter «La Maison», à y boire, manger, jacasser, fiers d'y être vu ; le maître
recevait peu en particulier. Il faisait des apparitions flattait chacun et s'en retournait à son laboratoire. Là, ne
pénétraient que peu de personnes .Si j’étais en ce lieu, à vaquer à mes travaux ordinaires, le Maître m’envoyait faire
une course et fermait sa porte. Ce qui chagrinait Maître Liturge, car je n’avais rien à lui dire alors.
Parmi les rares invités du labo était un homme étrange, parlant peu, ne saluant guère. Grand, maigre et have, et on
devinait qu'il était chauve sous son capuchon. Il avait beaucoup voyagé à ce que m'ont révélé mes oreilles indiscrètes, et
Germaniostro l’appelait, par humour sans doute, Sire Zénon de Yourte Noire, en relation avec un séjour qu'il avait fait
en Mongolie d’où il avait ramené quelques secrets.
Autre être étrange, ce Jacques Calot, sinistre dessinateur qui représentait des morts pendus, lui aussi avait droit aux
honneurs privés du cabinet. Je me souviens d'avoir vu un dessin effrayant et si près de ce que la vie était alors en ce
temps de misère ; Un squelette affublé de défroques militaires marchant d'un pas conquérant et portant une bannière
victorieuse.
On peut comprendre que des gens instruits comme ceux-là se réunissent, mais le forgeron hirsute était lui aussi accueilli
avec cérémonie par le Maître.
Parfois, malgré que la porte fut close me parvenaient des bruits. J’aurais pu dire de la musique, mais c'était si grinçant, si
monotone qu'on aurait plutôt pensé à une scie se fatigant à un bout de bois dur. A cet horrible bruit se mêlaient des
sortes de paroles inintelligibles, comme on en entend quand on va chez les moines. A mes récits, Maître Liturge serrait
les dents, pressait son bréviaire et laissait échapper des mots latins sonnant comme des jurons.
UNE SORCIERE
Fragment proposé par Dominique Leloir
Une femme dans la rue hurle. Elle crie les mots que lui dictent ses voix. Elle prophétise, on dit
que c'est des bêtises, mais on craint en secret la folle. Elle dit que Delme comme Babylone
sera détruite que sa synagogue sera livré au burin. Elle dit que Le Polonais mangera Nancy,
qu'il pleuvra des crevettes allemandes dans le chenal de la Aa... Elle dit que les morts sortiront
du trépas sous nos pas pour mordre les mollets des petits enfants. Elle dit que tribulations,
massacres, révoltes disette et maltôte pactisant feront régner frayeur et abomination sur les
derniers vivants. Elle dit que La reine avec le diable boira de l'eau accroupie, que les loups des Ardennes copuleront à
Paris. Entre autres misères la pauvresse est affublée d'un fils blafard et microcéphale qui la suit partout répétant en
litanie les mots de sa mère.
Temps de malheur, de méfiance, de délation. Le jour de Saint Martin, à minuit la folle fut reconnue tenant à la main un
balai de crin, on la suivi jusqu'au cimetière. Là s’arrêta la poursuite, trop effrayer des morts les pusillanimes voisins !
L'escapade nocturne fut bientôt objet de rumeur jusqu'au couvent inquisitoire. Evariste Liturge instruisit l'affaire...
De la pauvre femme ne subsista qu’un laps de temps, une fumée nauséabonde. Une pie qui passait toussa et continua
sa route vers son gibet préféré.
Je n'avais pas bien cerné de rôle que voulait me faire jouer Maître Evariste Liturge quand il me recommanda comme
valet à Maître Germaniostro. Je pense n'avoir pas encore véritablement compris. Il tenait à ce que je lui racontasse les
moindres faits dont j’avais été témoin au cours de chaque jour. Dans le fond, il m'avait confié un emploi d'espion... à la
réflexion!
L'époque était rude. C'était la guerre entre les peuples et entre les idées aussi. C'est pour cela que régnait l'espionnite
entre autres maladies.
La Maison de Maître Germaniostro était respectée et crainte. La réputation du Maître, docteur en théologie était plus
douteuse, du moins sous le manteau. Personne n'aurait aventuré une parole équivoque à haute voix. Dans certains
milieux cependant, on laissait entendre que le docteur se comportait parfois comme un barbier. Il n'aurait pas hésité, à
user du scalpel non seulement pour saigner les fiévreux, mais aussi pour fouiller les cadavres.
Pour moi, je remplissais les seaux, vidais les pots, lavais, rinçais sans poser de questions, discret, parfait domestique.
Si les notables étaient nombreux à fréquenter «La Maison», à y boire, manger, jacasser, fiers d'y être vu ; le maître
recevait peu en particulier. Il faisait des apparitions flattait chacun et s'en retournait à son laboratoire. Là, ne
pénétraient que peu de personnes .Si j’étais en ce lieu, à vaquer à mes travaux ordinaires, le Maître m’envoyait faire
une course et fermait sa porte. Ce qui chagrinait Maître Liturge, car je n’avais rien à lui dire alors.
Parmi les rares invités du labo était un homme étrange, parlant peu, ne saluant guère. Grand, maigre et have, et on
devinait qu'il était chauve sous son capuchon. Il avait beaucoup voyagé à ce que m'ont révélé mes oreilles indiscrètes, et
Germaniostro l’appelait, par humour sans doute, Sire Zénon de Yourte Noire, en relation avec un séjour qu'il avait fait
en Mongolie d’où il avait ramené quelques secrets.
Autre être étrange, ce Jacques Calot, sinistre dessinateur qui représentait des morts pendus, lui aussi avait droit aux
honneurs privés du cabinet. Je me souviens d'avoir vu un dessin effrayant et si près de ce que la vie était alors en ce
temps de misère ; Un squelette affublé de défroques militaires marchant d'un pas conquérant et portant une bannière
victorieuse.
On peut comprendre que des gens instruits comme ceux-là se réunissent, mais le forgeron hirsute était lui aussi accueilli
avec cérémonie par le Maître.
Parfois, malgré que la porte fut close me parvenaient des bruits. J’aurais pu dire de la musique, mais c'était si grinçant, si
monotone qu'on aurait plutôt pensé à une scie se fatigant à un bout de bois dur. A cet horrible bruit se mêlaient des
sortes de paroles inintelligibles, comme on en entend quand on va chez les moines. A mes récits, Maître Liturge serrait
les dents, pressait son bréviaire et laissait échapper des mots latins sonnant comme des jurons.
Proposition d´intrigue /
Une crise spéculative aux Pays-Bas ou la tulipomanie (1600-1645)
Voici - après Descartes et les rosicruciens, une autre proposition d´intrigue autour de
l´homme à la culotte rouge : la tulipomanie... les crises économiques se répètent.... une
seule constante, l´avidité humaine ( Das Gier !) La tulipomanie (Tulpenmanie en
néerlandais, Tulip mania en anglais, souvent appelée « crise de la tulipe » en histoire
économique), est le nom donné à l'augmentation démesurée puis l'effondrement des
cours de l’oignon de tulipe dans le nord des Provinces-Unies au milieu du XVIIe siècle.
Au plus fort de la tulipomanie, en février 1637, des promesses de vente pour un bulbe se négociaient pour un
montant égal à vingt fois le salaire annuel d’un artisan spécialisé. Certains historiens ont qualifié cette crise de
« première bulle spéculative » de l’histoire [1]. Elle est restée dans les mémoires, tout au long de l'Histoire des
bourses de valeurs.
Proposition de Sources littéraires :
Simplicius Simplicissimus + Mutter Courage
Simplicius Simplicissimus /Der Abenteuerliche Simplicissimus Teutsch.
Les Aventures de Simplicius Simplicissimus, plus grand roman allemand du XVIIe siècle, a
été écrit en 1668 par Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen (1622? - 17 août 1676)
et publié en 1669 sous le titre original de Der Abenteuerliche Simplicissimus Teutsch, soit
mot à mot l’Aventureux Allemand Simplicissimus, sous titré d.h. die Beschreibung des
Lebens eines seltsamen Vaganten, genannt Melchior Sternfels von Fuchsheim, soit mot à
mot c'est-à-dire la description de la vie d'un étrange vagabond, dénommé Melchior
Sternfels von Fuchsheim
La guerre de Trente Ans (1618-1648) a ravagé pour longtemps les régions où elle se déroula, que traversèrent en tous
sens des armées venues de toutes parts. Paysans et citadins furent soumis aux exactions de la soldatesque, à des dégâts
innombrables, aux disettes et aux épidémies qui s’ensuivirent. Plusieurs provinces se dépeuplèrent de manière
dramatique par suite de la mort des habitants ou de leur fuite vers des contrées moins exposées, certaines perdant,
comme le Palatinat, jusqu’aux deux tiers de leur population.
Tout enfant, fuyant des soldats pillards qui brûlent la cabane familiale, Simplicius est recueilli par un ermite, qui se
charge de son éducation au fond des bois, lui apprenant certes beaucoup sur la religion mais peu sur la vie. À la mort de
l’ermite, il prend sa succession, mais sa hutte avec toutes ses provisions pour l’hiver est pillée par une troupe de
passage, ce qui le lance sur les routes. Emprisonné puis libéré, il devient le page d’un gentilhomme, puis le bouffon d’un
gouverneur de province, puis soldat, puis brigand, puis à nouveau bouffon, mais cette fois-ci pour un officier, et ainsi de
suite.
Mère Courage et ses enfants de Berthold Brecht.
endant la Guerre de Trente Ans, la cantinière Anna Fierling, dite Mère Courage, accompagnée de ses deux fils,
Eilif et Schweizerkas (Petit-Suisse), et de sa fille muette, Catherine, tire sa carriole sur les routes d’Europe. La
pièce commence au printemps 1624, alors que la Suède recrute pour la guerre contre la Pologne.
De champ de bataille en champ de bataille, de Pologne en Bavière, toujours prête à réaliser une bonne affaire,
Mère Courage s’est installée dans la guerre et fait du commerce pour être une bonne mère, mais elle ne peut
être une bonne mère en faisant du commerce. Mère Courage court les champs de bataille pour y acheter et
vendre tout ce qu’elle peut trouver, munitions, croquenots, poulets, etc. Pour gagner quelques sous, elle est
prête à tout sacrifier.
Mère Courage est chaleureuse, retorse et pitoyable, victime elle aussi par aveuglement du métier qu'elle
choisit. Pour gagner quelques sous, elle perd toute sa famille. La guerre lui prend ses enfants, l’un après
l’autre. Elle se dit alors qu’ « il ne lui reste plus rien à vendre et que plus personne n’a rien pour acheter ce
rien ».
Cependant elle ne renonce pas et reprend la route avec cette obstination de ceux qui, au bout du malheur,
choisissent toujours le parti de la vie.
La carriole de Mère Courage est à la fois sa maison, son commerce, la cantine pour les soldats et le lieu des
confidences entre les batailles. La carriole suit les armées, tantôt pleine, tantôt vide durant 12 années de la
Guerre de Trente Ans, en résistant aux intempéries, aux canonnades et aux pillages.
La pièce se déroule en 12 tableaux dont la carriole est le lieu de l'action
" Ma modeste rose de Paracelse" / Jean-Pierre Bocquet
« Je trouve ce projet intéressant et suis prêt à y participer. Je me verrais bien
brodant autour des métaphores de chemins et de labyrinthes, si présentes
dans les œuvres de Descartes. Il pourrait être amené à rencontrer de
prétendus rosicruciens se réunissant en un lieu secret que seul le flair d'un
chien permettrait de trouver (une sorte de fil d'Ariane). Pourraient s'ensuivre
des discussions ésotéricophilosophiques avec des révélations surprenantes.
Le tout sur fond de chasse à l'homme inquisitoriale dans une région
enracinée dans d'autres modes de pensée et traditions, etc.…
Ma formation universitaire (diplômes de dialectologie picarde et wallonne, diplômes de littérature médiévale)
ainsi que mon parcours personnel ultérieur et mon intérêt pour la philosophie me donnent en effet quelques
"biscuits" pour stimuler mon imagination à ce sujet. Ce serait ma modeste rose de Paracelse, qui peut bien sûr
renaître autrement, en fonction des modalités de mise en chantier du projet. «
On ignore enfin, le répertoire joué par ces musiciens !
" Si ses vielleux sont, à juste titre, célèbres, mais combien d'entre vous ont remarqué le joueur de cornemuse
présent dans le tableau de Georges de La Tour : "Rixe de Musiciens" (14). Cette œuvre constitue pourtant à
l'heure actuelle la pièce maîtresse de l'iconographie de la cornemuse en lorraine: quoique non entièrement
visible, l'instrument est réaliste et détaillé. Le tableau décrit la rixe opposant un vielleux à un joueur de
hautbois; trois personnages encadrent la scène : une vieille femme levant les yeux au ciel à gauche, le joueur
de cornemuse relativement impassible et un violoneux à l'inquiétant rictus à droite. Tous les instruments sont
réalistes : le vielleux, par exemple, a déboîté la manivelle de son instrument et la tient en main comme une
arme, la vielle laisse voir le carré dans lequel cette manivelle s'engage. Le hautboïste brandit son hautbois,
laissant apparaître une anche étonnamment courte montée sur celui-ci. Un second instrument à vent (flûte ou
hautbois de facture plus simple ?) est glissé dans sa ceinture. De la cornemuse nous apercevons une partie du
hautbois seulement. La clef qui apparaît en bas de la partie visible de celui-ci laisse deviner la présence d'une
fontanelle (dont on aperçoit une petite partie sur l'original mais pas sur la copie de ce tableau conservé au
Musée de Chambéry) probablement semblable à celle du hautbois. Le bourdon d'épaule se termine par un
fort renflement correspondant très probablement à une chambre de résonance. Il s'agit donc d'un instrument
de bonne facture possédant des caractéristiques que l'on retrouve sur d'autres type connus de cornemuses
sans pouvoir être assimilé de manière strict à l'un quelconque de ceux-ci.
Le caractère populaire de la scène laisse penser qu'il s'agit de musiciens du cru, que l'on qualifierait volontiers
de musiciens ambulants. Mais que sait-on réellement d'eux ? Sont-ils autochtones où s'agit-il de musiciens
circulant de région en région à l'image de ces musiciens italiens joueur de Zampogna et de Piffero (noms
italiens de la cornemuse et du hautbois qui l'accompagne) qui parcouraient encore l'Europe au XIXème et au
début du XXème siècle, remontant à pied jusqu'en Scandinavie et qui laissèrent de nombreuses traces tant
écrites (15) que photographiques (16).
Un certain nombre d'experts ont par ailleurs conclu à l'inspiration flamande de ce tableau, ce qui expliquerait
en partie la présence de la cornemuse, instrument très présent dans l'iconographie flamande de l'époque.
L'instrument représenté par G. de La Tour ne correspond toutefois pas du tout à un modèle flamand.
Laissons de côté cette hypothèse sans pour autant pouvoir l'écarter et supposons notre joueur de cornemuse
lorrain, le document va-t-il nous permettre de reconstituer une cornemuse lorraine ? Bien entendu il est
possible de fabriquer un instrument d'après ce tableau, la présence du hautbois dans la main du musicien
central nous permettant d'extrapoler la forme possible du pavillon non visible. Il nous manquera toutefois,
outre la forme du bourdon, la nature de la perce, c'est à dire la conicité interne du hautbois de la cornemuse,
conicité définissant la sonorité de l'instrument. Nous ne savons rien de l'accord de la gamme de l'instrument
(certainement pas tempérée...) ni des techniques de jeu qui en permettait l'usage et définissait sa couleur
musicale. En effet, les cornemuses imposent, de par le caractère ininterrompu des sons qu'elles produisent, et
du caractère très limités des variations de pression possible, un certain nombre de techniques d'ornement
permettant de détacher les notes et de leur donner une certaine sensibilité. Ces techniques de jeu varient
d'un type de cornemuse à l'autre et son parfois radicalement différentes. On ignore enfin, le répertoire joué
par ces musiciens."
http://jeanluc.matte.free.fr/articles/lorraine/cornlor.htm
Mi,ch’sus Joseph ch’colporteux... mise en scène d´un personnage
( parlant le picard ) par Pascal Bavencove !
Mi,ch’sus Joseph ch’colporteux, N’croyez pon qu’sus ch’ti qui jue des canchons a
tout v’nant su’l bord d’chés quemins ou dins chés tavernes.Ch’ti lal,i n’vot pon
grindmint,mais sûr qu’i fait guincher tertous dins chés camps et dins chés
majons.Y’a toudis ses yus qui visen’t par tierre!
Té m’connos p’téte pon...J’sus d’’Estaires, dins ch’pays d’ la loeue .Nin lon d’par
nouzotes, ch’est des Flamints.
J’vinds des coutiaux,d’zaffutiaux,delle toèle pou ches fémmes s’accouffler des
juets d’bos pou chés éfints,toutes coches pon grindmint catholiques.
Mes oches,y m’portent dins chés villaches édus qu’j’ sus toudis attindu.
Aveuque ch’eulle guerre,mes gins,faut toudis s’mucher dins chés bos et s’ajouquer dins chés hayures pour
pon s’faire buquer par tous chés trainards,chés agozils qui ceurten’t d’sus chés quémins.
Adon,j’vas querre ed’quo querquer m’tiote carette qu’alle est tirée par min kien Vizir. Ch’t’un noer bétal .A ch’t’heure,i
cache aprés des liéfs dins ch’bos d’ ichi.
Faut dire qu’os sommes d’sus qch’quemin qui va a Roc-roy.
J’devros pon vous l’dire,j’ai dins ch’carette un moné d’oegnons d’ tulipes Et qu’cha vaut fort ker.A m’mote,faut pon les
esquinter...i sont muchés dins l’fin fond d’euch’ carrette.J’vas du côté de ch’Lorainne. Ch’est pour dégotter d’zaffutiaux
à chés bohémiens.I viennen’t d’chés pays bin lon,la d’ou qu’és gins y sont passés par chés farniétes. In indrot nommé
Prague.
Chés bohémiennes,ch’est des chorchelles arnéqués aveuque des grindes ropes.I font un sacré tapache,a dinser aveuque
des drôles d’ manicraques .
Ch’sus ichi a ch’Gué d’Hossus,quéques baraques d’sus un rucheau.J’vins d’archiner eune bonne tartine et j’vas bin
treuver un ballot d’palle dins eune cinse pou passer l’nut. A m’mote qu’chest mius qu’dins ch’eulle ville ed Roc-
Roy.L’guerre,alle est dins tous chés pays,faut toudis débuquer...In vit tertous comme des misérapes pou un gagnache
d’quéques doupes.
In pus,j’cache aprés min homme qui jue d’sin bastrinque,ch’ti qu’as des culottes rouches.
J’l’avos vu a Hazebroeck,dins l’Westhoeck,l’an passé.I arvenot d’Bergues,in haut,dins chés marécaches.I partot dins sin
coin,Lunéville,qu’i m’dijos.
.Ch’est li qu’i m’avot dit treuver dz’ oegnons d’tulipes dins ch’coin-j’vos dirais pon adus.
A ch’heure,j’armonte eune voyette...O comprenez p’téte pon cha qu’e j’vous conte!chés gins d’ichi ,ch’est pon des
picards ,i parlten’t pus l’ Picart...Adon,j’as ichi faire min conte in Frinçoes!
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Je suis Joseph le colporteur. Ce n’est pas moi celui, qui joue au bord des chemins ou dans les auberges. Celui-là
n’y voit pas bien, pourtant il fait danser les gens au champ comme à la maison avec les yeux fixant la terre.
Ah! Tu ne me connais pas encore. Je suis originaire d’Estaires, dans le pays de l’Alloeu, non loin de celui des Flamands. Je
vends couteaux, fanfreluches, tissus pour habiller les femmes, aussi des jouets en bois pour les enfants, enfin toutes
choses pas très catholiques...Mes os me portent dans les villages ou je suis bien souvent attendu.
Avec cette guerre, mes amis, mieux vaut se cacher dans les bois pour ne pas se faire attaquer par les truands et
coursiers, de par les chemins.
Pour l’heure, je pars chercher de quoi remplir ma charrette, tirée par mon chien Vizir, Une bête noire qui course
quelque lièvre dans le bois d'à côté .Il faut vous dire que nous arrivons en vue de Rocroi.
Je ne devrais pas vous le dire, mais j’ai, caché dans ma charrette quelques oignons de tulipe. De ce que j’en sais, ils
valent bien cher, il faut bien les préserver. Je suis sur le chemin de la Lorraine surtout pour trouver des rubans auprès de
bohémiens? Ceux-là viennent de bien loin, dans un pays où l’on jette des gens par les fenêtres dans une ville nommée
Prague. Les bohémiennes sont des sorcières attifées de longues robes qui font grand tapage à danser avec des
instruments bizarres.
Je suis maintenant arrivé au Gué d’Hossus, sur un ruisseau. Après avoir mangé une bonne tartine, je trouverais bien une
botte de paille pour passer la nuit. Il vaut mieux cela que de me retrouver à Rocroi: La guerre est partout dans nos pays.
Il faut toujours décamper...Nous vivons comme des misérables pour gagner quelques écus.
Et puis, je voudrais retrouver cet homme à la culotte rouge avec son instrument. Je l’avais rencontré à Hazebrouck, dans
le Westhoeck, l’an dernier. Il revenait de Bergues, là-haut dans les marécages et se rendait à Lunéville. C’est lui qui
m’avait dit le lieu où trouver des oignons de tulipe, je ne vous dirais pas où.
Maintenant, je remonte un sentier Est-ce que vous me comprenez bien? Les gens d’ici ne sont pas des Picards, alors je
vais maintenant vous raconter mon histoire en Français.
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NB- Plusieurs écritures(en fonction des terroirs) se rencontrent dans le dialecte Picard. Ici, ils se mélangent allégrement.
LA SUITE DE CE FRAGMENT (l’homme à la culotte rouge entre en scène) sera écrite par Pierre Outteryck.
Fanchon / proposition de Fabien Saudemont.
Ce qu'elle se gardait bien de narrer à ses étranges visiteurs, c'est que « la culotte rouge
»lui offrit un bien plus grand hommage que tous les ducs et les marquis ne l'auraient pu
… A elle ! Une fille de rien ... méprisable.
En effet, durant ses deux ans où il vagabondait dans cette petite contrée de Lorraine, un
lien les avait unis (détresse ou rejet ?). Ils se sentaient à la périphérie d'une société leur
refusant tout autre grade que celui de servir. Bref, cette circonstance fait que de rien ou
si peu jaillit tous les trésors.
Elle aimait l'écouter jouer de la vielle lors des soirées fraîches et ennuyeuses que lui
procurait jusque-là sa destinée
Lui, se sentant écouté et exister par une âme, laissait glisser ses gros doigts rustres et
calleux sur les cordes longues et frêles qui vibraient et renvoyaient des sons à faire frémir
l'épiderme ; un peu comme la caressante chaleur d'une bûche crépitant dans la cheminée
nous procure ses délices et que l'on se sent sécurisé, en immersion dans les rêveries
Ces deux âmes savaient se comprendre.
Et ces réjouissances elle ne les oubliera jamais, même si ce temps assassin et cruel et passé si rapidement... ; Et pour
cause …
Un soir, après que la culotte rouge et Fanchon eurent comme à leur habitude, depuis cette fusion, mangeaient les restes
des cuisines, il l'a fit asseoir à son cote de lui
- « Fanchon, je dois reprendre la route, je ne puis rester ici plus longtemps et je ne puis t'expliquer les raisons.
Un silence régna quelques secondes, résumant leur histoire, remettant en cause se cocon de chaleur qu'ils s’étaient
forgé.
Mais avant reprit-il, je voudrais t'offrir ceci :
Il secoua alors sa vielle de laquelle un bruit de culbute se fit entendre et de la caisse de résonance jaillit une boule, lisse,
blanche habillée d'une pellicule noire et cassante comme une coquille d’œuf.
En un mot, un bulbe.
-Qu'est-ce? Interrogea Fanchon.
-Un souvenir d'une étape dans une abbaye qui me crée bien des embêtements, mais là où je vais, il ne pourra me suivre
sauf si tu le prends.
Mais garde toi bien de le planter en vue, il n’est qu’ toi, pour toi seule.
Fanchon ramassa le bulbe, le rangea dans son tablier.
Ils se dirent adieu après encore quelques airs de vielle, sombres, voluptueux et empreints de soupirs.
Le lendemain Fanchon décida de planter cet hommage immortalisant un bonheur de passage qui ne reviendrait peut
être plus.
Il y avait dans les terres de ses maîtres des endroits inespérés que leurs pieds « gracieux »ne risquaient pas de fouler .Le
feraient-ils un jour ?
Elle s’arrêta au milieu de deux chênes centenaires et se dit
-ICI !
De ses doigts elle fit un trou de quelques centimètres dans la terre humide et y déposa son trésor, son protégé, se
gaussant au fond d'elle même d'avoir quelque chose qu'on ne lui prendra pas et qui sera son Secret à elle.
L’hiver se passa froid et pénible, la mare a passé le plus clair du temps gelée. Quand on sortit enfin de cette tourmente
le cœur de Fanchon se réchauffa lorsque germa enfin l'objet de ses attentions.
Une pointe verte, glauque se présentait offrant deux feuille oblongues, au centre, un bouton pointu prenait
quotidiennement de la hauteur du haut de sa hampe.
Il fallut encore un peu de patience pour découvrir que ce végétal était une »TULIPE » et quelle tulipe !
Une tulipe rococo, magnifique, rouge profond et éblouissante, frangée d'une délicieuse dentelle arrogante et
voluptueuse.
Au centre de chaque pétale, une strie noire mettait les rouges et jaunes en valeur et cette magie rayonnait autour d'un
pistil prenant l'apparence d'un roi ou d'une reine maintenant l’équilibre des pétales.
Cette merveilles incendiait les rétines de Fanchon qui, émue sentit la chaleur d'une larme roulée comme une goutte de
rosée sur sa joue.
-Une tulipe! S'émerveilla-t-elle
-Même Madame ne peut se le permettre
Fanchon n'avait comme la plupart des gens jamais vu de tulipe mais Madame les a tellement décrites avec ses amies
que tout de suite elle comprit que c’en était une.
D’où la tenait-il la culotte rouge ?
Tant d'interrogations, d'exclamations foudroyaient le cerveau de Fanchon qu'elle en eut le vertige.
-Une tulipe s’étonna-t-elle !, ma tulipe !
Elle comprenait bien que cette simplicité de dame nature valait plus que les parures de diamant de sa maîtresse et que
d'en posséder une était encore plus rare que de trouver un trèfle à quatre feuilles.
Elle, à qui la vie n'a pas fait de cadeaux et qui jamais n'a envié ce qui brille, conclut que posséder une tulipe c'est
beaucoup trop, mais dans ce rouge elle y trouva le réconfort d'un cœur qui lui offrit et à ce seul titre, elle sacralisa ce
présent.
Voilà pourquoi durant des heures, après que les taches soient accomplies et que Madame fut partie en promenade, elle
vint admirer cette beauté fastueuse.
Et en rêvassant elle pouvait entendre, venu du creux du calice, un son....Le son de la vielle de la culotte rouge
Pensez-vous que l'on puisse dans ces conditions raconter à des étrangers ou à qui veut l'entendre ce secret merveilleux
et précieux ? D'autant plus lorsque tout ce qui vous entoure, y compris vous-même, semble ne pas vous appartenir.
En Passant par Saint-Nicolas-de-Port / Le 06 Décembre 1635 !
....... Dès lors, ducs et personnages célèbres de Lorraine, princes et rois de
France se succèdent pour demander la protection de Saint Nicolas !
Le 05 novembre 1635 - la basilique dédiée à Saint-Nicolas, patron de la Lorraine
est saccagée et incendiée par de soudards suédois !
Pièces à conviction / Les pérégrinations de l´homme à la culotte rouge / Le
vielleur au chien de Georges de La Tour – Du Mont-de-piété de Nancy à celui
de Bergues Saint-Winoc ?
La présence de ce tableau dans les collections du musée du mont-de-piété de
Bergues reste en partie inexpliquée. Le tableau pourrait provenir de la succession de
Charles Mus, originaire des Pays-Bas espagnols, créateur et administrateur du mont-
de-piété de Nancy en 1631, qui fut lié à La Tour dès cette époque. Georges de La
Tour fut, en outre, témoin au mariage de son fils Basil Mus en 1645 et parrain de son
petit-fils Georges Mus en 1646.
Sa veuve, Hélène de Grassis, qui lui succède dans cette charge fait banqueroute en
1645 et, selon les archives, s’enfuit avec ses biens en Flandres, séjournant à Lille puis
à Bruxelles.
Une partie des dettes ayant été contractée auprès du mont-de-piété de Bergues, le tableau a-t-il pu servir de
contrepartie ?
Puis être vendu ensuite aux enchères par l’établissement de prêt ? Avant d’arriver, par des voies que nous ignorons,
dans la collection des abbés de saint Winoc d’où il fut prélevé à la Révolution ?
Jean-Baptiste Descamps dans son Voyage pittoresque de la Flandre et du Brabant relate l’existence dans cette abbaye,
outre de grandes peintures religieuses, de tableaux de cabinet, majoritairement d’origine flamande et hollandaise,
dispersés dans les différents appartements.
Cette hypothèse, aussi séduisante soit-elle, fera l’objet de prochaines recherches.
Ce n’est donc que le 3 février 1791 que le tableau est mentionné pour la première fois dans la ville de Bergues-Saint
Winoc dans les États et Notices des monumens et peintures, sculpture et gravure provenant du mobilier de l’Abbaye de
Saint-Winoc à Bergues.
Ce document est établi par Joseph Delorge, peintre et directeur de l’école de dessin de Bergues qui s’est vu confier la
charge de ce dépôt artistique, à la demande des administrateurs du district de Bergues. Le tableau, portant le numéro
77, est mentionné ainsi : « Un pauvre jouant de la vielle, orig[nal] de Carrache urbain, sur toile, hauteur : 5 pieds, 6
pouces, largeur : 3 pieds, 6 pouces. » Le tableau est alors conservé dans la bibliothèque de l’abbaye où l’ensemble des
œuvres a été rassemblé.
Pour des raisons de conservation la totalité du dépôt est transféré, entre le 3 décembre 1792 et le 5 janvier 1793, dans
l’ancien collège des Jésuites de la ville.
Une nouvelle liste dressée par Delorge en 1795, confirme les informations du premier inventaire mais précise : « 400
[livres] prix marchand, 1000 prix amateur. » En 1800, le tableau est déposé, à l’instigation du sous-préfet Louis Schadet,
en compagnie de 38 autres dans la sous-préfecture « pour ornement de la salle d’audience et pièces attenantes. ». La
sous-préfecture est alors installée dans les locaux de l’Hôtel de Ville.
Dans la liste établie à l’occasion de ce transfert, le tableau est, sous le numéro 12, décrit comme tel : « Aveugle jouant
de la vielle, mené par son chien » et attribué à « Michel ange » [pour Caravage]. En 1816, le vielleur est cité sans
attribution mais comme un original dans le Catalogue des tableaux existant d’ancienne date à l’hôtel de la Mairie de la
ville de Bergues. Il porte le numéro 18 et est décrit comme « Un mendiant de grandeur naturelle, 1,95 par 1.30».
En 1842, 90 tableaux dont le Vielleur sont confiés à Fabien-Napoléon Léoni, peintre demeurant à Dunkerque, pour être
restaurés. Le coût de sa restauration est de 250 francs, somme relativement importante, qui laisse supposer que le
tableau était assez dégradé, il sera d’ailleurs doublé à cette occasion. Vers 1846, le tableau est exposé dans une galerie
consacrée à cet effet dans l’Hôtel de Ville. Une liste manuscrite, probablement réalisée par un des membres de la
commission du musée, attribue le Vielleur à Zurbarán.
En 1871, il est transféré dans le nouvel Hôtel de Ville où une pièce est aménagée pour accueillir le musée. Dans le
Catalogue des tableaux exposés dans la galerie du musée de Bergues réalisé par le peintre et restaurateur Pierre-
Antoine Verlinde (1801 – 1877), le Mendiant jouant de la vielle porte le numéro 97 et est attribué désormais à José de
Ribera. Il est décrit de la façon suivante : « Un vieillard aveugle, couvert de vêtement et d’un manteau en haillons,
chante en s’accompagnant d’une vielle. Le chien qui le conduit par une corde est couché à ses pieds. »
Remarqué par le restaurateur Pierre Landry en 1925 qui le premier évoque à son propos le nom de Georges de La Tour,
le tableau est retenu en février 1935 par Charles Sterling pour figurer comme une œuvre de l’atelier de Georges de La
Tour à l’exposition des « Peintres de la réalité » qui a débuté au musée de l’Orangerie en novembre 1934. Nettoyé à
cette occasion, le tableau reste à Paris afin d’être restauré complètement. L’opération dure quatorze mois et est
effectuée gracieusement par Pierre Landry. A la fin de l’opération, en juin 1936, le tableau est exposé quelques temps
dans la salle des nouvelles acquisitions du musée du Louvre. En 1958, le Vielleur au chien est placé aux côtés des
originaux de La Tour par Michel Laclotte à l’occasion de l’exposition des Chefs d’œuvres du XVIIe siècle français dans les
musées de province au Petit Palais à Paris. Depuis lors, il a été présenté dans toutes les grandes expositions consacré au
peintre Lorrain.
Texte de Patrick Descamps – conservateur des collections du Musée du Mont-de-piété de Bergues
L’ensemble des indications données dans cet historique proviennent des archives du musée du mont-de-piété de
Bergues.
Autres sources : http://chezarthur.over-blog.com/article-les-peintres-lorrains-86459606.html
Le lieu où trancher le Nœud Georgien / En compagnie de Charles IV de
Lorraine, Charles Mus et Hélène de Grassis !
Peu d’ouvrages ont été consacrés à l’histoire des Monts de Piété anciens, sans doute en raison de
la rareté des documents s’y rapportant, le plus souvent détruits lors de leur disparition. Et lorsque
les auteurs se sont penchés sur l’étude de ces établissements, leur approche est toujours
impersonnelle, les acteurs de ces Monts étant sacrifiés aux mécanismes financiers.
Par chance, les Archives de Nancy nous ont permis de mettre un nom sur ces personnages qui ont
fait la vie quotidienne du Mont de Piété établi dans la capitale lorraine.
Créé en 1630, après plusieurs tentatives ratées, par le duc Charles IV de Lorraine, ce souverain va
confier à Charles Mus, ancien lombard et directeur du Mont de Piété de Thuin, en principauté de
Liège, un entrepreneur hors du commun, la mise en œuvre d’un semblable établissement à Nancy.
Malgré des conditions épouvantables : peste, famine et guerre, notre administrateur, puis sa femme Hélène de Grassis,
également d’une famille d’usuriers lombards, et enfin leur fils Basile Mus vont réussir à maintenir cette institution
jusque vers 1663.
Au fil des pages, c’est l’activité journalière du Mont qui prend corps : bâtiments, collecte de l’épargne, créanciers, biens
confiés, organisation des ventes, personnel etc. Mais c’est aussi l’incroyable saga d’une famille dont l’histoire se
confondra, pendant plus de 30 ans avec celle de la capitale lorraine et de ses habitants : la lutte contre la peste qui
décime la ville et emportera Charles Mus, l’occupation française, les liens étroits avec la famille Callot, le peintre
Georges de la Tour, la noblesse nancéenne, l’établissement des enfants du couple, la fuite d’Hélène de Grassis à
Bruxelles avec une grande de partie des gages, la banqueroute, l’emprisonnement de Basile Mus dans les geôles
ducales. Le Mont, essentiellement dans l’intérêt des créanciers, sera maintenu en activité pendant encore une
quinzaine d’année. Il disparaîtra définitivement en 1664 pour sombrer dans l’oubli dont nous l’avons tiré.
http://www.123siteweb.fr/familleroussel123/69588225
http://www.zenon3000.fr
Le martyre de Sainte Agathe par jean de Reyn....
Scène barbare - violence insupportable d´une guerre qui ravage les provinces du
Nord vers 1635- allégorie du panthéon des saints martyres--- Lorsque j´étais petit
enfant... cette toile était à l´hôtel de ville de Bergues - on avait alors raconté qu´il
s´agissait d´un soldat prussien.... en passant par la Lorraine avec des sabots... quel
récit pour le vielleur au chien ... Alptraum........
Mitspieler - Rauchen nicht verboten ! / Antagonistes - pas d´interdiction de fumer !
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