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Travaux, Etudes et Recherches Archéologiques, rue Pré-Fleuri 12 - 1950 Sion Tél. 027/322 29 24, Fax 027/322 37 26, e-mail : [email protected] MARTIGNY MARTIGNY-BOURG Ancien dépôt du Sel Maison Pillet – parcelle 10495 Analyse du bâtiment Intervention archéologique du 15 octobre 2015 Alessandra Antonini novembre 2015

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Travaux, Etudes et Recherches Archéologiques, rue Pré-Fleuri 12 - 1950 Sion Tél. 027/322 29 24, Fax 027/322 37 26, e-mail : [email protected]

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IGN

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Martigny-Bourg

Ancien dépôt du Sel

Maison Pillet – parcelle 10495

Analyse du bâtimentIntervention archéologique du 15 octobre 2015

Alessandra Antonini

novembre 2015

Travaux, Etudes et Recherches Archéologiques, rte de Chandoline 27B, 1950 Sion Tél. 027/322 29 24, e-mail : [email protected] __________________________________________________________________ __

Martigny-Bourg

Ancien dépôt du Sel Bâtiment Pillet – parcelle 10495

Analyse du bâtiment

Intervention archéologique du 15 octobre 2015

Rapport du 9 novembre 2015 Alessandra Antonini

Table des matières

1 Circonstances

2 Résultats de l’analyse

- Le bâtiment primitif - Le renforcement de la structure porteuse et l’isolation des combes - La transformation de la partie occidentale en maison d’habitation - Conclusion

3 Légende des positions figurants sur les relevés

4 Figures et relevés

Martigny-Bourg, Ancien dépôt du Sel, Analyse du bâtiment, TERA octobre 2015

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1 Circonstances Suite à une demande de transformation déposée en juillet 2015, nous avons été mandatés par le Service des Bâtiments, Monuments et Archéologie afin d’effectuer une expertise archéologique du bâtiment Pillet. Ce bâtiment a été construit comme lieu de dépôt et n’a jamais été un espace d’habitation. Lors de notre intervention (le 15 octobre 2015)1, les façades étaient encore partiellement recouvertes d’un ancien crépi. L’intérieur était vide et les parois visibles, sauf dans l’angle nord-ouest du rez-de-chaussée, où elles étaient doublées par des panneaux de bois. Comme base de documentation nous avons utilisé les relevés établis par l’Atelier d’architecture M. Voillat tout en rectifiant la disposition des fermes de la toiture. Il s’agirait encore de vérifier l’emplacement du poteau soutenant le sommier central au rez-de-chaussée : les poteaux du rez-de-chaussée et de l’étage ainsi que le poinçon de la ferme sont en effet sans doute superposés l’un à l’autre (cf. relevé Re3).

2 Résultats de l’analyse L’analyse des façades et de l’intérieur a révélé un bâtiment unitaire conservé sur toute sa hauteur, avec le pignon à redents oriental. Son pignon occidental n’est pas visible aujourd’hui. L’édifice s’étendant à l’origine plus vers l’ouest, il doit en effet constituer la limite occidentale de la parcelle contiguë (no10’494). Le portail primitif surmonté d’une niche se situe ainsi au centre de la façade nord (Re6, fig. 4). L’extérieur et l’intérieur de cet ancien dépôt étaient crépis avec un enduit couvrant (aucun reste de rasa pietra n’a été observé). Le cadre des fenêtres et leur meneau central étaient formés par du mortier-stuc très dur et de couleur blanc. L’analyse dendrochronologique de Martin Schmidhalter a permis de dater la construction de l’édifice vers 16702. Les poutres faisant partie de la première phase de construction et présentant encore de l’aubier indiquent que les arbres utilisés pour la charpente de l’étage et des fermes du toit ont été abattus durant les années 1666 et 1667. Les grands volumes ainsi que la qualité des finitions des encadrements et des poutres du système porteur confirment que cet édifice a été construit pour servir de dépôt de sel. Lors d’une deuxième phase de construction, la structure porteuse au rez-de-chaussée a été renforcée, et un plafond a été rajouté au-dessus du premier étage pour le séparer des combles (Re3). Les arbres utilisés pour les nouveaux éléments de charpente ont été abattus durant les années 1774 et 1775. Plus tard, le bâtiment est subdivisé par un mur de refend. Le tiers occidental de l’ancien dépôt est surélevé et doté de caves ainsi que de nouvelles ouvertures en façades nord et sud. Une porte aménagée dans le mur de refend, au niveau du rez-de-chaussée, maintient la liaison entre l’habitation et le dépôt (fig. 10). Cette transformation est datée par la présence du granit utilisé pour les encadrements des ouvertures. Cette pierre fait son apparition à Martigny dès le XIXe siècle. Une étude archivistique pourra sans doute préciser la date de cette transformation et renseigner sur la fonction et l’identité des propriétaires. Le bâtiment primitif Dans le bâtiment Pillet, la configuration primitive de l’ancien dépôt est encore parfaitement lisible. Il s'agissait d'un grand édifice à deux niveaux (rez-de-chaussée et un étage), sans aucune cloison.

1 Pour le bureau TERA sàrl : Alessandra Antonini, responsable et Marie-Paule Guex, archéologue. 2 Martin Schmidhalter (Dendrosuisse/Brig), « VS/Martigny – Salzdepot – Pillet, Labornummern 620711-620727 », Rapport du 4 octobre 2015 remis aux Monuments historiques, Sion.

Martigny-Bourg, Ancien dépôt du Sel, Analyse du bâtiment, TERA octobre 2015

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La façade nord longeant la rue représente la face principale du bâtiment (Re6, fig. 4). Le grand portail surmonté d'une niche (pour une statue ou l’écusson d’un évêque ?) constituait l’unique entrée (position no7)3. Il s’ouvrait au centre de l’ancienne façade et soulignait son axe de symétrie (fig. 6, 7). Le rez-de-chaussée était faiblement éclairé par des petites fenêtres aménagées de part et d’autre du portail : les deux fenêtres disposées à l’est (no6) sont conservées intactes ; deux ouvertures similaires devaient sans doute exister à l’ouest (fig. 5, 6). L'étage était éclairé, en façades nord et est, par des grandes fenêtres doubles à meneau central, surmontées d’un arc de décharge qui, à l’intérieur, forme le voûtain de l’embrasure (fig. 5, 12). En façade nord, les quatre fenêtres conservées sont disposées avec un espacement régulier (Re6). Une cinquième fenêtre devait exister dans la partie surélevée au XIXe siècle. En façade est, l’unique fenêtre était disposée dans l’axe du pignon (Re4, fig. 1). En façade sud, les fenêtres étaient plus petites. Deux ouvertures simples sont conservées ; une troisième devait exister dans la partie transformée en habitation (Re5). A l’intérieur, le volume du bâtiment était subdivisé en un rez-de-chaussée et un étage ouvert sur les combes. Le plafond du rez-de-chaussée est constitué d’un solivage orienté nord – sud posé sur le ressaut des parois et sur le sommier disposé dans l’axe longitudinale du bâtiment. Le sommier axial était soutenu par trois poteaux surmontés d’un chapeau étayé par des aisseliers latéraux. Seul le poteau central est encore conservé dans la partie occidentale du local actuel (Re3, no9, fig. 10, 11). Le poteau oriental a été démonté lors de la surélévation du plafond (restes de l’ancien solivage posés sur les dins en métal ?) ; le poteau occidental existe peut-être encore dans la maison contiguë. A l’étage, on retrouve le même système porteur superposé aux poteaux du rez-de-chaussée. Le chapeau des poteaux est ici disposé nord – sud (no10) et soutient le tirant (no10a) et la ferme de la toiture (poinçon avec arbalétriers et contrefiche, no12). Le poinçon est surmonté d’un chapeau à aisselier, sur lequel la panne faîtière est posée. Les deux fermes orientales sont conservées (fig. 13) ; la troisième à l’ouest a dû être démontée lors de la surélévation de cette partie du bâtiment. Le renforcement de la structure porteuse et l’isolation des combes Lors d’une deuxième phase de construction, un plafond a été inséré au-dessus du premier étage afin de l’isoler des combles. Les poteaux primitifs de l'étage sont renforcés par un deuxième système de poteaux (no11) qui soutiennent le sommier (no11a) du nouveau solivage (fig. 14, 15). En même temps, la statique du sol est également renforcée. Au rez-de-chaussée, un sommier supplémentaire est ajouté de part et d’autre de l’ancien (no11). Cette deuxième phase de construction se distingue de la première par des éléments de charpente dépités à la hache dont les traces d’outils sont bien visibles tandis que la poutraison primitive (poteaux, chapeaux et sommiers) ont une surface parfaitement lisse. La transformation de la partie occidentale en maison d’habitation Lors d'une troisième phase de construction, le tiers occidental du bâtiment est détaché du reste du dépôt par un mur de refend (fig. 10). La partie occidentale, reprise en sous-œuvre pour l’insertion de caves, surélevée pour l’ajout un deuxième étage et modifiée au niveau des ouvertures, est transformée pour servir de maison d'habitation. L'utilisation du granit pour les encadrements et les marches d'escalier permet de dater cette transformation dès le XIXe siècle. Dans l’ancien dépôt, une nouvelle porte avec encadrement en granit (no2) est aménagée dans la façade orientale (fig. 2). Elle se situe dans l’axe du bâtiment, comme la porte qui relie le rez-de-chaussée du dépôt à la maison d’habitation contiguë.

3 Les numéros se réfèrent à la légende des positions figurant sur les relevés.

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3 Légende des positions figurants sur les relevés Code couleur :

- rouge : première phase de construction. Daté par dendrochronologie après 1667. - bleu : deuxième phase de construction. Daté par dendrochronologie après 1675. - jaune : troisième phase de construction. XIXe siècle.

1 Fenêtre originale du 1er étage (façade nord et est). Fenêtre double avec meneau central et arc de décharge surbaissé construit sur coffrage en bois. 1A : fenêtre primitive, obturée dans sa partie sud. 1B : ouverture agrandie vers le bas et transformée en porte. Dans les deux trous disposés de part et d’autre du seuil était fixé le « balcon de chargement ». Il permettait de déposer la marchandise directement à l’étage. Ce balcon était peut-être accessible par un escalier extérieur. L’attribution de cet agrandissement à la phase 2 est basée sur l’absence de montants en granit. 2 Porte avec cadre en granit. Ouverture percée dans la maçonnerie. Le montant nord déplacé vers l’intérieur, lors de la création du grand portail de garage. 3 Fenêtre carrée, avec double système de grillage en fer. Probablement percée dans la maçonnerie (sort du schéma des fenêtres anciennes). 4 Maçonnerie primitive unitaire sur toute la hauteur du bâtiment. En façade sud : deux limites de chantier soulignés par une assise de réglage constituée de petites dallettes et l’alignement de trous de boulin correspondant à deux ponts d’échafaudage. 5 Fenêtre originale du 1er étage (façade sud). Fenêtre simple, avec arc de décharge surbaissé construit sur coffrage en bois. 5A : ouverture agrandie vers le bas et transformée en porte, avant d’être rebouchée par une maçonnerie en briques. Selon le témoignage d’une habitante ayant grandi dans la maison voisine, cette ouverture permettait d’accéder au stock de tuyaux entreposés par le ferblantier contre la façade. 6 Fenêtre originale du rez-de-chaussée (façade nord). Petite ouverture simple, avec linteau horizontal. 6A : ouverture avec encadrement en granit ; probablement une ancienne ouverture agrandie. 7 Portail original du rez-de-chaussée (façade nord). Piédroits maçonnés reliés par un arc en moellons de tuf. Surmonté d’une niche rectangulaire. Les ventaux de la porte (planches verticales doublée à l’extérieur de planches horizontale aux bords moulurées), dotés d’un intéressant système de rivets et charnières en fer forgé, pourraient correspondre aux ventaux d’origine (vers 1670). 8 Mur de refend subdivisant le bâtiment primitif. Comprend dès l’origine la porte arquée dans l’axe. Bute aux deux extrémités contre les parois crépies du bâtiment primitif et englobe la charpente des phases 1 et 2. Le ventail de porte n’est plus à sa place primitive : il sert de coffrage à un mur de doublage. 9 Système porteur primitif du plancher de l’étage.

9A : sommier soutenant le solivage. 10 Système porteur primitif à l’étage soutenant les fermes. 10A : tirant des fermes 11 Renforcement du système porteur et plafond de l’étage (phase 2). 12 Système primitif de la toiture : fermes avec chapeau et panne faitière. 13 Surélévation pour la transformation en maison d’habitation (phase 3).

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4 Figures et Relevés

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Fig. 1. Martigny-Bourg, maison du Sel. Façade Est. A: fenêtre double à moitié bouchée.

Fig. 3. Martigny-Bourg, maison du Sel. Façade Est. Ouverture percée (?) dans la maçonnerie primitive, avec avec double grillage en fer.

Fig. 2. Martigny-Bourg, maison du Sel. Façade Est. A: Porte avec encadrement en granit: le montant droite a été déplacé lors de l’ouverture du grand portail.

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Fig. 6. Martigny-Bourg, maison du Sel. Façade Nord.Le portail était placé au centre de la façade.A: ancienne fenêre transformée en porte.B: trous pour solive sud appui d’entrait soutenant le balcon.

Fig. 4. Martigny-Bourg, maison du Sel. Façade Nord.L’ancien dépôt compre-nait à l’origine aussi la parcelle voisine.A: ouvertures remplaçant une ancienne fenêtre à meneau central.B: surélévation.

Fig. 5. Martigny-Bourg, maison du Sel. Façade Nord.La petite ouverture du rez-de-chaussée est bouchée.

A

B

A

B

Fig. 7. Martigny-Bourg, maison du Sel. Façade Nord.Le portail était placé au centre de la façade et surmonté d’une niche. Celle-ci contenait soit la statue d’un saint protecteur (saint Théodule) ou l’écusson du prince-évêque.

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Fig. 8. Martigny-Bourg, maison du Sel. Façade Nord.

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Fig. 9. Martigny-Bourg, maison du Sel. Façade Sud.A: fenêtre primitive transformée en porte.B: assise de réglage avec tous de boulin indiquant deux ponts d’échafaudage.

B

Fig. 10. Martigny-Bourg, maison du Sel. Rez-de-chaussée.Poteau soutenant le sommier formé par l’assemblage de plusieures poutres.

Fig. 11. Martigny-Bourg, maison du Sel. Rez-de-chaussée.Détail de la moulure du chapeau.

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Fig.12. Martigny-Bourg, maison du Sel.Etage, paroi nord.

A: Le crépi et le solivage du plafond se poursuivent derrière le mur de refend ajouté par la suite.

B: fenêtre bouchée dans sa partie gauche.

A

B

Fig. 13. Martigny-Bourg, maison du Sel.Etage et combles, vue vers l’ouest.

Fig. 14. Martigny-Bourg, maison du Sel. Etage.Le poteau primitif avec chapeau (A) soutient la ferme du toit (B). Il est doublé d’un deuxième système de poteaux (C), débités à la hache, qui soutiennent le sommier (D) et le solivage du plafond (E).

A

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C

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Fig.15. Martigny-Bourg, maison du Sel. Etage.A: le poteau primitif (1er système) est contemporain du sol (solivage avec entrvous maçonnés).B: le poteau du 2e système est posé sur une planche.C: le sommier du 2e système englobé par le mur de refend plus récent.

Fig.16. Martigny-Bourg, maison du Sel. Combles.Deux des trois fermes du toit primitif sont encore conservées. Les chevrons ont en partie été remplacés ou doublés par de nouvelles poutres.

AB

C

Fig.17. Martigny-Bourg, maison du Sel. Combles.Supports appartenant au 2e système. Le poteau supérieur soutient un tronçon de panne faîtière remplacé.

Fig.18. Martigny-Bourg, maison du Sel. Combles.Le tronçon oriental de la panne faîtière a été remplacée.

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Re2. Etage

Re1. Rez-de-chausséeLégende pour tout les relevés:rouge: 1ère phasebleu: 2e phasejaune: 3e phase

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Re3. Coupe (vue nord)

Re4. Façade Est

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Re5. Façade Sud

Re6. Façade Nord