aikido mag 2006/06

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1 AÏKIDO FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES magazine Cornélia DEMMERS Pour aboutir à une pratique comparable à celle des hommes, en terme d’efficacité, la femme doit être très bonne «technicienne». Mar e SEYE Ouvrir les portes du partage Daniel BENSIMHON Le BU au cœur de l’Aïkibudo JUIN 2006 AIKIMAG JUIN 2006 xp4 26/05/06 10:17 Page 1

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Le magazine de la Fédération française d'Aïkido, dAïkibudo et Affinitaires. Numéro de juin 2006.

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Page 1: Aikido Mag 2006/06

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AÏKIDOF É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D ’ A I K I D O A I K I B U D O E T A F F I N I T A I R E S

mmaaggaazziinnee

Cornélia DEMMERS“ Pour aboutir à

une pratique comparable à celle des

hommes, en terme d’efficacité, la femme doit

être très bonne «technicienne». ”

Mare SEYEOuvrir lesportes du partage

DanielBENSIMHONLe BU au cœurde l’Aïkibudo

JUIN

2006

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Une règle commune

L’Aïkido est une activité libre, que chacun peut pratiquer et apprécier à son gré, et qui sepasse fort bien des règles et hiérarchies de la compétition dont nous ne voulons pas.Mais si chacun fait et professe ce qu’il veut, il faut quand même, pour qu’il puisse dire quec’est de l’Aïkido, que cela en soit.Or le seul moment de notre vie d’aïkidoka où un regard extérieur peut confirmer que noussommes bien en train de faire de l’Aïkido, c’est lorsqu’un grade nous est reconnu.Il faut donc que cette délivrance de titres, d’ailleurs protégée par l’État, soit sérieusementfaite.C’est-à-dire qu’il faut éviter les complaisances ou la paresse de l’attribution automatiqueau temps passé.Pour éviter ces écueils, le règlement a plusieurs fois évolué dans les quinze dernières années,pour arriver aujourd’hui à un système où la qualité est assurée par un nombre restreintd’examinateurs qui doivent se former spécialement, et l’équité assurée par le fait qu’il estprocédé à un tirage au sort parmi eux.Les examinateurs ne sont plus les représentants d’une Fédération ou d’une tendance, maisles examinateurs de l’Aïkido français ; ils représentent tous la plus importante communau-té d’aïkidoka jamais constituée au monde.Les instances représentatives de notre Fédération comme celles de la FFAB ont rédigé etsigné ce règlement avant de demander à l’État de l’entériner.C’est donc la loi commune et c’est maintenant à la Commission des Grades, pour nous co-

présidée par notre Vice-Président Paul Lagarrigue, de veiller à sonrespect pour pouvoir entériner au nom de l’État les grades ainsiproposés par les jurys d’examen.Ce point de passage commun à tous les aïkidoka français ne privepersonne de son originalité et une Fédération n’est pas par natu-re la représentante d’une école qu’elle soit de style ou de pensée.Mais prétendre à un grade, c’est savoir parler un langage que lesautres comprennent, et peuvent reconnaître.Le public auquel nous nous adressons collectivement au nom del’aïkido, pour lui dire de venir pratiquer cette discipline, est en droitd’attendre qu’une ceinture noire, et encore plus pour les degrésélevés, corresponde à un niveau réel, et la réalité se trouve aussià l’extérieur de sa propre maison.Dans l’Aïkido, il y a toujours accessibles plusieurs lignes de réali-té, mais jamais pour s’enfermer, toujours pour se libérer, s’ouvrirau monde sans crainte.Un peu de courage, mon fils, et tu seras ceinture noire.

Maxime DelhommePrésident de la FFAAA

AÏKIDO MAGAZINE juin 2006 est édité par la FFAAA, 11, rue Jules Vallès 75011 Paris - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91www.aikido.com.fr - Email : [email protected]

Directeur de la publication: Maxime Delhomme. Directeur administratif: Sylvette Douche. Photographe : Jean Paoli. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable. Réalisation: Ciné Horizon

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INFOS - STAGES

Stage national

enseignants et

futurs enseignants

✦ DINARDstage dirigé par Franck Noel 7e dan etBernard Palmier 6e dan, du 21 au 25 août 2006.Inscriptions par courrier auprès dela FFAAA uniquement..

Stages techniciens

✦ PRAGUEstage dirigé par Joel Roche, 6e dan, du 26 juin au 2 juillet 2006.Renseignements au 0241487566.✦ VINCENNESstage dirigé par Pascal Guillemin 5e danet Bruno Gonzalez 4e dan, du 6 au 9 juillet 2006 .Renseignements au 0603191268 ou0689129727.✦ ANDERNOSstage dirigé par Philippe Léon, 6e dan,du 8 au 13 juillet 2006.Renseignements au 0556368641 ou06111409091.✦ ISLE-SUR-SORGUEstage dirigé par Roberto Arnulfo, 6e dan,du 8 au 15 juillet 2006.Renseignements au 0615858047.✦ GUJAN-MESTRASstage dirigé par J.M. Mérit, 6e dan, du9 au 14 juillet 2006 (Adultes).Renseignements au 0546963161.✦ HENDAYEstage Aïkido et arts martiaux internesanimé par Philippe Grangé, 5e dan, du 9 au 15 juillet 2005. Rens : au [email protected]✦ LA ROCHELLEstage dirigé par Jean-Luc Subileau, 6e dan, du 10 au 16 juillet 2006 à Lagord près de La Rochelle.Renseignements au 05 49 09 60 74.

✦ ILE-DE-NOIRMOUTIERstage dirigé par Joel Roche, 6e dan, dudu 10 au 16 juillet 2006. Renseignements au 0241487566.✦ BERLINstage dirigé par Michel Erb, 5e dan, du 14 au 17 juillet 2006.Rens.: 0688679702.✦ FOUESNANTstage dirigé par Patrick Bénézi 6e dan,du 14 au 20 juillet 2006.Rens. : 0618211003-0611401931.✦ SOLRE-LE-CHATEAUstage dirigé par Arnaud Waltz 6e dan,du 15 au 21 juillet 2006.Rens. : 0327621495.✦ PORTO-VECCHIOstage dirigé par Christian Mouza, 5e dan, DTR Corse, du 17 juillet au 22 juillet 2006 Rens.: 0608162488.✦ ST-PIERRE D’OLÉRONstage dirigé par Franck Noel, 7e dan, du17 au 29 juillet 2006. Rens.: au 0561261031-0563335170.✦ MONTRÉALstage dirigé par Paul Muller, 7e dan, du 20 au 23 juillet 2006.Rens.: 0388840134-0686570166.✦ AUTRANSstage dirigé par Bernard Palmier, 6e dan,22 au 29 juillet 2006.Venir avec Ken, Jo et Tanto.Renseignements au 0476953055.✦ MONTREVEL- EN-BRESSEstage dirigé par Patrick Bénézi 6e dan,du 23 au 28 juillet 2006.Rens. : 01408086442-0611401931.✦ BISCAROSSEstage d’été dirigé par Alain Verdier, 6e dan, du 29 juillet au 3 août 2006.Venir avec Ken, Jo et Tanto.Rens.: 0556120794 ou 0556070737.✦ BERCKstage d’été dirigé par Bruno Zanotti, 5e dan, du 29 juillet au 6 août 2006 .Renseignements au 0608169572 ou0608215226.

✦ ROQUEBRUNE-SUR-ARGENSstage dirigé par Christian Tissier shihan,du 30 juillet au 11 août 2006. Rens. au 0143282990 et 0603247649.✦ SARREBRUCKstage dirigé par Gilles de Chénerilles 5e dan, du 31 juillet au 6 août 2006. Inscriptions au : 0049-(0)681-3908062.✦ ÉVIANStage dirigé par Gilbert Maillot 5e dan,du 5 au 11 août 2006.Renseignements au 0468620620 et0615200696.✦ ESTAVARstage dirigé par Franck Noel, 7e dan, du 5 au 12 août 2006. Rens. : au 0468731334.✦ LE TEMPLE-SUR-LOTstage adultes et enfants dirigé par J.M. Mérit, 6e dan, du 7 au 12 août 2006 Renseignements au 0553405050. ✦ SÈTEStage dirigé par Gilbert Maillot 5e dan,du 12 au 18 août 2006.Renseignements au 0468620620 et0615200696.✦ WÉGIMONT EN BELGIQUEstage dirigé par Christian Tissier Shihan,du 12 au 19 août 2006.Rens. au [email protected]✦ SAINT-JEAN DE MONTSstage dirigé par Catherine David, 5e dan, du 14 au 19 août 2006.Venir avec Jo et Bokken.Rens.: 0240356663.

✦ LONS-LE-SAUNIERstage dirigé par Michel Erb, 5e dan, du 19 au 20 août 2006.Rens.: 0688679702.✦ WATTENSstage dirigé par Paul Muller, 7e dan, du 19 au 25 août 2006.Rens.: 0388840134-0686570166.E-mail : [email protected]✦ ISLE-SUR-SORGUEstage dirigé par Roberto Arnulfo, 6e dan,du 19 au 26 août 2006.Renseignements au 0615858047.✦ VINCENNESstage dirigé par Patrick Bénézi 6e dan,du 21 au 26 aout 2006.Rens. : 0611401931.✦ ST-RAPHAELstage dirigé par Paul Muller, 7e dan, du 26 au 31 août 2006.Rens.: 0388840134-0686570166.

Stage international

✦ LE VIGANstage dirigé par Saotome Mitsugi shihan, du 19 au 27 août 2006.Rens.: 0299688248.

Divers

✦ MARLY-LE-ROILes aïkidoka se mobilisent pour l’AFHA(Association Française de l’HémiplégieAlternante), le 25 juin 2006, au Gymnasedu Chenil. La rectte est entièrement rever-sée à l’AFHA. Rens.: 0139587396.www.afha.org

Toutes les opportunités de stages sont bonnes à saisir pour celles et ceux qui souhaitent entretenir leur Aïkido. Découvrir de nouvellesapproches hors de son dojo habituel, voilà un bon programme pour l’été.

Retrouvez toutes les infos fédérales,les stages,etc.,sur le site web

de la FFAAAwww.aikido.com.fr

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La Réunion des énergies Sous le volcan de la Fournaise, dans le décor naturel des cirques de Cilaos,Mafate et Salazie, la ligue de La Réunion pratique un Aïkido… intense et coloré, à l’image de cette l’île de l’Océan Indien.Entretien avec Jean-François Barbe, 4e dan, professeur au Club de l’Ouest.

L’art martial en général est–ilbien implanté dans la cultureréunionnaise ?Notre île compte environ 700 000 habitants, et,les jeunes réunionnais(es) apprécient les arts mar-tiaux. Vu le nombre de licenciés qui pratiquentdans les différentes disciples (Karaté, Aïkido,Kendo, Tækwondo, Kick-boxing, Moringue) ,10560 licenciés pour un nombre de 171 clubs,l’art martial en général est bien implanté à La Réunion. Nous avons aussi des pôles espoirsen Judo, Karaté, Tækwondo.

L’Aïkido est-il bien perçu dans lajeunesse réunionnaise ?Les jeunes Réunionnais viennent à la rencontre et à la découverte de cette pratique. L’originalitéde l’Aïkido, c’est le principe de non-violence, ilsen retiennent inconsciemment le principe fon-damental de non-agression. Je vois l’émergenced’une perception du sens de l’Aïkido dans la jeu-nesse réunionnaise. Grâce à la technique et auxapports de l’Aïkido, le jeune acquiert pro-gressivement équilibre et coordination.Aujourd’hui, chaque club du départementpossède une section jeunes qui voit sa popu-lation augmenter chaque année. Je souhai-terais pour l’avenir un plus fort engouementde la part de notre jeunesse pour une disci-

pline comme l’Aïkido qui ne propose pas de compétition.

Comment êtes-vous venu à lapratique de l’Aïkido ?J’ai un passé sportif varié (Football, Handball),après plusieurs blessures à la cheville —j’en avaismarre d’aller chez le kiné— j’ai voulu m’orientervers une discipline moins violente pour le corps.Le hasard et la curiosité m’ont orienté vers undojo où deux personnes en « robe noire » s’en-traînaient sur un tatami. Je me suis renseigné surcet art martial et, la semaine suivante, j’étais surle tatami. Cela fait maintenant une vingtaine d’an-nées que je poursuis cette aventure.

Quels ont été vos premiers sen-sei ? De quels sensei suivez-vous l’enseignement ?Suite à ma mutation professionnelle en régionparisienne en 89, je me suis inscrit au club deSainte-Geneviève-des-bois animé par Michel

Hamon qui fut mon premier sensei pendant monséjour dans la région. J’ai pratiqué dans ce clubpendant six ans jusqu’à mon retour sur l’île de La Réunion en 1994. J’ai connu d’autres experts,bien évidemment, Christian Tissier, ainsi que Jean-Michel Merit, Philippe Gouttard, Bernard Palmier,entre autres.Tous ces sensei m’ont aidé à construire mon Aïkidoet m’ont permis d’avoir une vision élargie de ladiscipline. Toutefois, mon style personnel est liéau fait d’être moi-même et non de copier tel outel autre sensei aussi gradé soit-il !De retour à La Réunion, j’ai suivi jean-Michel Meritcar son Aïkido me convient parfaitement et j’ap-précie sa façon de transmettre son savoir. Chaqueannée en août, quand je suis disponible, je suisen stage à Temple-sur-Lot au domaine deLumbrun.

La pratique d’un art martial a-t-elle une valeur éducative par-ticulière pour la société réunion-

naise ? Le pratiquant d’un art mar-tial s’initie aux valeurs édu-catives et à la culture de cesport. Il suit une voie tout

GROS PLAN SUR La LIGUE de la RÉUNION

Pratique balnéaire pour

Jean-FrançoisBarbe et ses

élèves.

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au long de sa vie, en pratiquant cet art il déve-loppe des qualités physiques et morales.Le débutant, dès le commencement de sa pra-tique, s’initie à une culture par un rituel : salut,cérémonial. Il poursuit une voie, même s’il n’en apas encore réellement conscience, il développedes vertus et des qualités par les efforts qu’il four-

nit et par les situations délicates dans lesquelles ilse retrouve, placement vis-à-vis du partenaire, éva-luation des distances, précision des coups, éco-nomie des énergies. À travers cette pratique, ildéveloppe également l’entraide, la solidarité, lecourage, la volonté, le respect d’autrui.Dans toutesociété, pratiquer un art martial doit forcément

apporter une valeur éducative, cette valeur n’estpas particulière à la société réunionnaise.

Quelle importance donnez-vousà la pratique des armes dansvotre enseignement ?Les techniques avec armes sont liées aux tech-

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Présentation Générale :Population : 750.000 habitantsaujourd’hui, 1 million dans 15 ans.350 ans d’histoire.L’Ile de La Réunion, départementfrançais éloigné de plus de 10500 kmde la Métropole, est une petite îlepresque ronde de 2500 km2 situéedans l’Océan Indien en face de lacôte Est de Madagascar. Ses Iles voisines sont : LesSeychelles, Maurice et Rodrigue. Elle est née de deux événementsvolcaniques majeurs dont le pre-mier a débuté il y a environ deuxmillions et demi d'années. Point culminant : Le Piton desNeiges (3069 m).Volcan: Le Piton de la Fournaise (2 632 m), toujours en activité.

Au centre de l'île actuelle, degigantesques effondrements ontformé trois cirques ouverts sur lamer par d'étroits défilés.Parcourus de sentiers de randon-nées, de cascades et de gorges, ilsconstituent aujourd'hui desattraits majeurs pour les amou-reux de la montagne. On y pra-tique des treks, du canioning etdu rafting, du parapente, del’équitation, du VTT (surtout à ladescente).

Quant aux amoureux de la mer,surf, plongée, pêche et farnientesur les plages de la côte Ouest lescombleront. Une route nationale de 240 kilo-

mètres en fait le tour. Température d’hiver en front demer : de 21° à 30°.

La Ligue de la Réunion a étéconstituée en 1983. Elle est aujourd’hui composéed’un Comité Directeur de 10 membres et d’un Bureau de 3 personnes :Michel Desmot - PrésidentIsabelle Jurquet - SecrétaireSylvie Law-Ye - Trésorière

La Ligue compte 10 techniciens.

- Département Technique : Hubert Fontaine ;-École des Cadres : David Geslin.L’école des Cadres comprendactuellement 16 candidats.

3 Juges titulaires et 1 juge sup-pléant participent aux Passagesde Grades Régionaux :Hubert Fontaine, David Geslin,Jean François Barbe, Georges Cadet.

La Ligue compte à ce jour environ260 Licenciés répartis dans 7 Clubs :-La Cour des Arts - Saint Denis, enseignants : Yves Franchino, 3e Dan - BF.Philippe Guerin, 2e Dan BF.

-L’Aïkido Club de l’Ouest - Le Port,enseignant : Jean François Barbe, 4e Dan - BE.

-L’Aïkido Club de Saint Paul - Saint

Paul, enseignants :Bernard Truong : 4e Dan BE ;Michel Desmot : 3e Dan BF.

-L’Aïkido Club de Etang Salé -Etang Salé ; enseignants : David Geslin, 4e Dan - BE ;Expédit Couturier – 3e Dan BF.

-L’Aïkido Club Shoshin Dojo - La Rivière Saint Louis ; enseignant : Geoges Cadet, 3e Dan BE.

-L’Aïkido Club de Casabona Saint Pierre ; enseignants : Hubert Fontaine, 5e Dan BE ;Yves Franchino, 3e Dan BF ;L’Aïkido Club ADAS - Saint Pierre ;enseignants :Teddy Fontaine, 2e Dan BF.

Le calendrier des rencontres comprend :-1 Stage National ;-3 Stages de Ligue ;-1 Stage de perfectionnementEcole des Cadres et 2 sessionsEcole des Cadres ;-2 à 3 rencontres de Club ;-1 Passage de Grades-3 réunions du Comité Directeuret l’Assemblée Générale ;-1 séminaire de rentrée (détermi-nation du calendrier).

Les pratiquants ont eu le plaisird’accueillir dans leur île, lors desstages nationaux des dernièresannées, les experts suivants :Christian Tissier, Franck Noel,Bernard Palmier, Patrick Benezi,Philippe Gouttard, Arnault Waltz.

D’autres manifestations extérieures sont aussi organisées àl’initiative de certains enseignants :Hubert Fontaine : Afrique du Sud - Maurice ;Jean François Barbe : Madagascar - Mayotte.

Ligue de La Réunion de laFFAAATel : 0692 67.21.92 Fax : 0262 55 03 49E-mail : [email protected]

La Ligue l’île de La Réunion

Autour duPrésident de laLigue, Michel

Desmot, sesplus proches

collaboratricesainsi que les

techniciens quifont vivre l’Aïkido à

La Réunion.

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niques à mains nues. Il faut envisager les tech-niques à mains nues avec une arme afin de mieuxvoir et comprendre l’attaque, la direction les dépla-cements et placements dans l’espace. Je travailleles armes pour renforcer la pratique de l’Aïkido,elles clarifient les notions de base comme l’atti-tude, la distance, le moment juste, la détermi-nation, etc. Le travail des armes est un complé-ment dans la pratique de l’Aïkido, il renforce lecomportement du pratiquant. L’étude des armesn’est, à mon sens, pas obligatoirement un fac-teur de progression dans la pratique de l’Aïkido.Le professeur doit s’intéresser à ses élèves. Dèsl’instant où il essaye de comprendre leurs blo-cages, leurs difficultés —cela vient-il d’eux ou de lui, de la manière dont les choses sont pro-posées ?— il y a forcément un retour vers lui-même, alors la compréhension de l’Aïkido devientclaire et précise, d’où une progression chez lepratiquant.

Quels types de stages sontorganisés sur l’île ? La Ligue organise sur l’année des stages nationauxen invitant des experts de métropole et des stagesde ligues animés par différents DTR. Les profes-

seurs des différents clubsorganisent égalementdes stages privés.

Quels sont lesprincipaux axesde votre ensei-gnement ? - Comprendre le sens dutravail de uke : une desdifficultés principales dutravail d’uke est de permettre à tori de travailleret de progresser sans pour autant le corriger oule bloquer.- Les formes de pratique : suwari-waza, hanmihan tachi wasa, tachi-wasa.- Les axes de déséquilibre : dans la position hanmi,par exemple, le partenaire est fort vers l’avant,et vers l’arrière, mais il est faible sur son côté droitou gauche. En travaillant la technique dans ce sens, on effec-tue une spirale dans cet axe de faiblesse et doncde déséquilibre naturel.- L’attitude du partenaire dans l’exécution de satechnique (uke comme tori).

Quels sont lesdéfis que vousavez à releverpour développerplus encore lapratique del’Aïkido à laRéunion ?L’absence de compétitionen Aïkido ne favorise pasl’engouement des jeunespour la pratique de cettediscipline. Les difficultéspour être reconnu par lesmedias ne contribuent

pas au développement de cet art, connu commele « petit dernier » de la famille des arts martiaux,ce qui n’arrange pas les choses. Je pense quel’Aïkido a besoin d’être démystifié sur l’île, c’estun sport à la portée de chacun d’entre nous. Uneprésence plus visible sur les manifestations spor-tives qu’organisent toutes les instances publiquesou privées serait bienvenue. De plus, il faudraitaider les nouveaux gradés-diplômés dans l’ou-verture de leur club.

Etes-vous soutenu par les instances pour la promotion devotre discipline ? Nous sommes un club déclaré et agrémenté, lesinstances locales nous aident dans les projets quel’on présente. Ma ville, Le Port, m’a bien aidéedans l’accomplissement de mon parcours, à tra-vers l’office municipal du sport, elle m’a permisde réussir mes passages de grades et mon Brevetd’État.

Parlez-nous de vos projets ? Pour le cours terme, j’ai inscrit deux personnesau Brevet Fédéral session 2006, et j’aimerais lesvoir réussir, je leur apporte tout mon savoir et mapatience.À moyen terme, nous prévoyons un voyage auJapon pour nos licenciés.À long terme, nous souhaitons la constructiond’un dojo pour toute la famille des aïkidoka del’île afin qu’ils puissent bénéficier d’une structu-re permanente pour toutes les grandes manifes-tations.Pour ce qui me concerne, poursuivre le dévelop-pement de l’Aïkido dans l’Océan indien(Madagascar, Mayotte, Maurice) et continuer àpratiquer et à partager ma passion avec ceux quile désirent. ●

GROS PLAN SUR La LIGUE de la RÉUNION

Quand la température

extérieure esttrop élevée,

l’aïkidokaréunionais a

toujours lasolution de

pratiquer dansla fraîcheur de

l’Océan avecles requins…

sabres, bien sûr.

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INFOS-LIRE-VOIR

LE COLLÈGE TECHNIQUE DE LA FFAAA

ChristianTissier

FranckNoel

MarianoAristin

PaulMuller

AlainGuerrier

BernardPalmier

GérardDumont

PatrickBénézi

Gérardchauvineau

Jean LucSubileau

PhilippeGouttard

Jean-MichelMérit

AlainRoyer

PhilippeLéon

JoelRoche

PierreRoussel Galle

AlainVerdier

PascalNorbelly

ArnaudWaltz

Gilles deChenerilles

PascalDurchon

Catherine David

Irène Lecoq

PhilippeGrangé

GilbertMaillot

MichelineTissier

BrunoZanotti

LucMathevet

GillesRettel

PhilippeTramon

RaymondDufrenot

KarlElhar

ChristianMouza

Hubert HenriFontaine

MichelErb

BrunoLemaître

Christian Clément

BrunoGonzalez

MareSeye

5e dan

5e dan

6e dan

7e dan

4e dan

Le Collège Technique est composé des Délégués Techniques Régionaux, des responsables des écoles de cadres régionales et de techniciens fédéraux.Le Collège Technique, actuellement présidé par Pascal Durchon, est en chargede tous les programmes de formation et d’enseignement fédéraux.Chaque saison au mois de juin, le Collège Technique se réunit en séminaire.

BUSHIDO-l’éducation par le gestepar Alain GuerrierL’éducation des samouraï à travers le code d’honneurse perpétue aujourd’hui par la pratique des budo.Dans ce DVD, l’auteur montre plusieurs exemples fil-més au Japon, du Kempo jusqu’à l’Aïkido.45mn-35€ à commander au 0494531400.

AÏKIDO-Progression d’enseignementpar Christian Tissier

Référence de l’Aïkido, ce DVD présente, sans être unprogramme officiel de passage de grades, la

progression la plus logique pour gravir tous les éche-lons, du débutant jusqu’au pratiquant confirmé.

74mn- Budo Éditions Vidéo.

PENSÉES EN MOUVEMENTpar Alain Floquet

Maître Alain Floquet nous livre par formules conden-sées, des textes courts, le fruit d’une longue médita-

tion sur la pratique de l’art martial.14,50€ - Budo Éditions.

REIKI-Les plus belles techniquespar Arjava Petter et Walter LübeckDans cet ouvrage, le pratiquant trouvera des outilsmerveilleux de guérison aux trois degrés du Reiki.L’intérêt de ces techniques, dont certaines n’ontjamais été décrites, est de bien cibler et de bienguider la circulation de l’énergie.

226 pages, très illustré - 20€ - Guy Trédaniel Éditeur.

TRADITIONS MARTIALESpar Ellis AmdurCe livre est un voyage parmi les traditions martialesjaponaises au travers de trois écoles d’escrime ainsique de trois thèmes traditionnels, les femmes guer-rières, le serment par le sang et l’Araki ryu.32€ - Budo Éditions.

TECHNIQUES DE BUDO EN AÏKIDOpar Morihei Ueshiba

Le livre culte, la bible des techniques de référence par lefondateur de l’Aïkido, illustré par une de ses disciples.

Guy Trédaniel Éditeur.

DANS LES KIOSQUESAIKIDO, le nouvel opus Hors-Série du maga-zine ÉNERGIES. Des articles techniques, desrencontres avec des sensei et de la tradition.En exclusivité, une croisée de chemins entreMorihei Ueshiba, le fondateur de l’Aïkido et, l’Académicien René Girard, par Daniel Lance.

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pour CorneliaDemmers, 4e dan,l’Aïkido, en constanteévolution, porte enlui les moyens de rassembler toutes les énergies vers une relation harmonieuse, au delàdes différences dechacun.

QQuels senseï qui vous ont le plusinfluencée ?Tout d’abord il y a eu Wolfgang Sambrowski,aujourd’hui 5e dan, que j’ai suivi fidèlement pen-dant neuf ans. C’étaient des conditions d’en-traînement particulières, un dojo exclusivement« Aïkido » dans une cour d’une ville moyenned’Allemagne (Oldenburg). Il y avait des cours tousles jours de la semaine, une heure le matin etdeux heures le soir. Avant l’entraînement du matin,on pouvait pratiquer Za Zen. Mon professeurfavorisait l’aspect spirituel, on faisait toujours desexercices de respiration et purification en débutde cours, parfois pendant vingt minutes. Souvent,on faisait un travail sur le ki. Il introduisait aussi leShiatsu et le Kinomichi dans des séquences ducours. Pour terminer l’heure, le salut pouvait durercinq minutes et plus. La prise de conscience deson corps et de sa respiration était un outil detravail de base, on pourrait dire le kihon wazapar excellence. Par ailleurs, il n’expliquait jamaisune technique, il fallait regarder et pratiquer, voilàla pédagogie. Seul Katsuaki Asaï, aujourd’hui 8e dan avait ledroit de donner des kyu et dan à l’époque. Je l’aisuivi régulièrement en stage les week-end. Maisje ne peux pas dire qu’il m’a beaucoup influen-

cé dans ma pratique. J’ai été plus impressionnéepar son meilleur ami, maître Noro qui venait régu-lièrement en Allemagne pour co-animer des stagesavec lui. Il y avait d’abord la transformation del’Aïkido dans un art qu’il appelle le Kinomichi etoù il avait enlevé tous les aspects martiaux pro-prement dits. Il est vrai, que le pratiquant en res-sent immédiatement les bienfaits car la méca-nique des mouvements et techniques de l’Aïkidorespectent totalement, à mon avis, les principesmorphologiques du corps humain. Maître Noroa utilisé notamment le principe de l’extension enmettant en avant les spirales qui se travaillentnaturellement dans le corps, par ailleurs on sait

que chaque os et muscles sont constitués sur cemême principe. Cette pratique irrégulière m’adonc enrichie de manière générale. D’autre partmaître Noro partageait avec nous ces expériencesauprès d’O sensei, il avait été uchi dechi de MoriheiUeshiba. Disciple qui vit avec son maître, l’uchidechi est un serviteur du maître et reçoit en mêmetemps son enseignement. On connaît tous leslégendes qui sont aujourd’hui racontées, il estdécrit comme un sage. Et bien, Noro sensei nousracontait d’autres aspects du personnage, et j’aifini par penser qu’O sensei avait aussi un carac-tère particulier, bien trempé… J’ai bien aimé cettedémystification tout en gardant un respect total

RENCONTRE Cornelia DEMMERS

un chemin encommun

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pour le fondateur. Comme je me déplaçais sou-vent les week-end pour pratiquer avec d’autresprofesseurs j’ai fait connaissance de ChristianTissier et Franck Noël. Mais leur enseignementétait encore trop abstrait pour moi. C’est en ren-contrant Patrick Bénézi que tout a changé. Pourla première fois quelqu’un expliquait le rôle d’ukeet de tori de manière abordable et nous propo-sait des exercices pour travailler certaines quali-tés sur le comportement des deux partenaires. Àpartir de cette découverte ma pratique a pris unautre chemin, j’ai éliminé le côté spirituel et l’airemplacé par le côté martial, j’avoue un peu tropradical… L’enseignement de Patrick m’a aidé àaborder l’enseignement de Christian Tissier etFranck Noël, je venais alors régulièrement en Francepour m’entraîner. La pratique allemande devenaitde plus en plus fade à mes yeux et je n’avais plusenvie d’aller m’entraîner. J’ai pris alors une déci-sion : j’ai démissionné de mon travail, entreposéles meubles de mon appartement dans le garagede mon père et hop… ins-tallation à Paris. Cela date d’ily a onze ans.Je me suis inscrite au CercleTissier, je venais de passermon 2e dan en Allemagne.Christian m’a fait progressé

régulièrement et m’a préparé aux passages des3e et 4e dan. C’est un excellent professeur, sonAïkido est en évolution permanente et l’effet d’ac-coutumance n’existe pas. Il sait trouver à chaquecours des points qui mettent nos récepteurs enéveil, il surprend. Il joue sur la vitesse des dépla-cements et les accélérations, la précision du geste.C’est beau et efficace. L’aspect martial est pré-

pondérant.Pendant toutes ces années au « Cercle », j’ai aussi suivi FranckNoël régulièrement. Franck a faitun travail de recherche excep-tionnel sur la compréhension desprincipes qui régissent la pratique.Linguiste de formation, il sait expli-quer avec un langage précis et faci-le d’accès sa pratique étonnam-ment pure, sans parasite.Esthétiquement c’est la plus bellepratique pour moi. Bien sûr je doisaussi évoquer Bernard Palmier queje suis régulièrement et qui lui aussiest un très bon pédagogue. Sa pra-tique est dynamique et ample.C’est également un ami.

Comment êtes vousvenue à l’Aïkido ?J’avais fait connaissance d’un pra-tiquant d’Aïkido lors de mesétudes. À ce moment je pratiquaisle Tai Chi quan et nous avons

échangé sur divers aspects au sujet des pratiques« parallèles ». Il voulait à tout prix me faireconnaître l’Aïkido et par politesse je n’ai pas purefuser de l’accompagner pour assister un cours.J’ai été très impressionnée par le cadre et l’am-biance du dojo. Venant d’un milieu catholiquepratiquant et ayant renoncé à suivre cette édu-cation depuis quelques années seulement, l’am-biance de cet endroit « sacré » -le dojo- me fai-sait en quelque sorte faire un retour à ces ori-gines : personne ne parlait, tous vêtus de ceshabits blancs si purs, on s’inclinait en entrant au« dojo » devant la photo d’un personnage accro-chée à un de ses murs, une atmosphère de res-pect de l’autre et du lieu dominait. Ici on voulaitdu « bien ». Je caricature, bien évidemment, et ce que je viensde décrire m’était totalement inconscient àl’époque. C’est avec vingt ans de recul que j’aice regard sur mes origines dans la pratique.

L’Aïkido est un art martial, unefemme s’en accommode-t-ellefacilement ?Dans la pratique de l’Aïkido les différences phy-siques entre hommes et femmes restent un faitet il est clair que le plus fort physiquement a unavantage important dans une pratique martiale.Il me semble aberrant de croire qu’une femmepuisse être aussi puissante qu’un homme si onappliquait seulement les principes d’Aïkido. Si onregarde les autres arts martiaux, on voit bien quelors de compétions il y a une classification en

À l’armeblanche ou àmains nues,

l’efficacité del’Aïkido passepar une gran-de maîtrise de

la technique.

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fonction du poids et du sexe. Pour aboutir à unepratique comparable à celle des hommes entermes d’efficacité, la femme doit être très bonne« technicienne ». Ses potentialités liées à cer-taines qualités physiques sont limitées, mais lespectre des principes qui régissent notre pratiqueest large et elle peut tout à fait s’expertiser dansl’un ou l’autre et ainsi bâtir son capital —son effi-cacité— autrement dit. Il reste cependant unproblème de valorisation de la pratique fémini-ne, peu de femmes sont gradées et encore moinsenseignent. C’est comme partout dans le monde,peu de femmes sont cadres alors que ce sont ellesqui ont les meilleurs résultats universitaires. Lesfédérations devront commencer à se poser desquestions sur le traitement de cette question.

Quelle est votre recherche personnele dans l’Aïkido ?Mes recherches étaient multiples et ont changésau fil du temps et je suis certaine qu’elles évo-lueront encore à l’avenir. Il est vrai qu’au bout devingt ans de pratique et des années d’enseigne-ment, la technique proprement dit est acquise.Mais la technique n’a jamais été mon objectif,c’est un moyen ou un support qui est primordialà acquérir mais qui en soi reste creux si on y trou-ve pas d’autres intérêts. Franck Noël disait dansun de ses articles que l’Aïkido, enfin le dojo avecses pratiquants, est un laboratoire. Il me sembleque la gestion du conflit au sens le plus large estla base permanente de notre pratique. Les rela-tions humaines sont la chose la plus complexe

que je connaisse. La vie n’est qu’une successionde conflits à différents degrés : par moments ontrouve la bonne solution, à d’autres on est enéchec et on se décide soit à continuer la recherched’une réponse adaptée ou à fuir le conflit, àd’autres encore on répète une solution qui « passe »mais qui n’est pas satisfaisante. Sur le tatami,nous manifestons ces mêmes comportements.Même si on n’en parle jamais, les émotions etsentiments nous accompagnent en permanencedans la pratique. Comment tori réagit-il quandune technique ne marche pas ? Quels sont nosmécanismes d’analyse de la situation ? Bien sûron recherche un autre chemin pour aboutir à

notre technique mais entre temps, n’a t-on pasd’abord cherché de manière un peu agacée (sansle montrer, car on contrôle ses émotions vers l’ex-térieur) la faute chez uke, ou est-ce qu’on s’estdit qu’on n’est pas assez bon, etc. ? Ces com-portements sont « naturels », mais parasitentnotre pratique, comme ils peuvent être gênantdans la vie de tous les jours. Ce sont des com-

portements que j’appellegratuits, il nous faut passerpar eux pour arriver à unesolution, mais cela retarde.Je pense que l’Aïkido est eneffet un excellent laboratoi-

▼…C’est comme partout dans lemonde,peu de femmes sont cadres

alors que ce sont elles qui ont lesmeilleurs résultats scolaires.

Les fédérations devront commencer à se poser des questions sur le

traitement de cette question…▲

Sur le tatami,comme endehors, l’espritde l’Aïki doitguider la pratique et le comportementde l’aïkidoka.

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re pour ce travail personnel, il n’y a pas les enjeuxde la vie professionnelle, ni les attachements affec-tifs comme avec nos plus proches qui peuventaveugler et qui sont trop forts pour analyser defaçon neutre leurs données. La pratique me per-met la prise de conscience de la mécanique demes comportements. À moi de décider s’ils sontgênants, si je peux les changer à court, moyenou long terme. Nos comportements internes setraduisent par une attitude extérieurement visible :de demander à quelqu’un de se redresser lorsd’un mouvement est bon, le pratiquant peutmécaniquement se redresser et même condi-tionner ce changement, donc rester droit au boutde la millième fois. Cependant, à chacun de sedemander pourquoi son attitude est renfermée,et si cela se voit à ce moment là, il y a probable-ment de multiples autres situations où ce mêmeschéma influence nos réponses d’une manièreou d’une autre.Dans ma vie professionnelle, la résolution desconflits est continuellement à l’ordre du jour. Jegère une équipe d’environ 30 éducateurs spé-cialisés et paramédicaux, je suis responsable dela prise en charge de 45 jeunes handicapés men-taux. Il s’agit d’anticiper les conflits, mais souventje ne peux pas prendre le conflit à la naissanceet les réunions sont parfois houleuses. Le per-sonnel a du mal à évoluer et à s’adapter aux nou-velles demandes réglementées par la loi. Des ana-lyses et l’apport de solutions mutualisées sontnécessaires. Avec de l’expérience et de la pra-

tique, chaque cadre sait que l’épreuve de forcea peu de succès, un chemin doit être trouvé encommun .

Sur quels points le pratiquant doit-il se concentrer en montant surles tatamis ?Je pense que la qualité la plus importante à déve-lopper est la présence. On pourrait la décliner endifférents aspects comme la concentration, com-ment diriger son attention, la qualité d’écoute etd’observation, etc. Tout ceci dépend du capitalque chacun apporte, tout être humain à une per-ception sélective qui est construite à partir de sonexpérience et en fonction de son évolution psy-chique. Au fur et à mesure que l’aïkidoka avan-ce dans la pratique, il enrichit son capital, ses qua-lités se peaufinent. Je suis souvent étonnée deconstater combien les pratiquants sont peu « pré-sents », cela s’observe notamment quand ils pra-tiquent avec des professeurs dont ils n’ont pasl’habitude. Pour la plupart, et je ne pense pasexagérer, nous reproduisons ce que nous connais-sons, l’exécution des techniques connues et nonla manière que le professeur « inhabitué » vientde montrer et expliquer. À mon avis, c’est une carence dans la présence.L’être humain aime tout ce qu’il connaît car il peuts’identifier avec ses expériences. Tout change-ment bute forcément sur des résistances qui sontpour la plupart non-conscientes. Quand on nevoit pas ce que le professeur montre, et cela n’est

qu’un exemple, on est forcément « ailleurs »,même si on n’a pas pensé à autre chose qu’àl’Aïkido. Il s’agit de sortir de notre propre petitcocon, nos mécanismes de protection, pour s’ou-vrir au monde, à l’instant présent.

Ressentez-vous une évolution de l’Aïkido, dans le fond commedans la forme ?La pratique de l’Aïkido a beaucoup changé, et dansle fond et dans la forme. Pour la forme nous avonspar ailleurs un garde-fou à l’Aïkikaï, MoriteruUeshiba, petit-fils du fondateur, garant de la tech-nique enseignée par O senseï, bonne initiative pourne pas perdre les repères. Je pense que l’Aïkido devient de plus en plus scien-tifique, mesurable. La composante « spiritualité »trouve ses explications concrètes, pratiques. L’Aïkidos’adapte au fur et à mesure que les sociétés, doncles individus, évoluent et cela me semble une bonnegarantie pour que cet art ne reste pas qu’une vieilletradition transmise de père en fils. Christian Tissierest le professeur qui rassemble le plus de prati-quants, c’est avant tout grâce à sa capacité d’évo-lution permanente. Bien sûr, on pourrait sedemander si on n’oublie pas de plus en plus lesracines spirituelles. Mais rien n’empêche à chacunde faire cette recherche de manière personnelle,les opportunités sont nombreuses. ●

RENCONTRE Cornelia DEMMERS

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ART TRADITIONEL IKEBANA

L’art floral traditionnel japonais ouIkebana n’est pas qu’une « école àfaire des bouquets », tout commel’Aïkido n’est pas qu’une « métho-de de défense ». L’Ikebana, contraction de Ikeru (dres-ser) et Hana (fleur), est l’art de fairevivre les fleurs. On l’appelle aussi leKado ou l’art des fleurs.L’origine de cet art remonte au VIIe siècle et prend ses sources,comme pour les arts martiaux, enChine. L’art des fleurs a suivi le mêmechemin que celui des moines japo-nais ayant rapporté (XVe siècle), surla péninsule nippone, les pratiqueset techniques observées.La particularité des Japonais étant ledésir de modéliser, d’améliorer, desimplifier en épurant, de codifier, en

fuyant ce qu’ils appellent l’urusaï, (le criard, vulgaire, bruyant, super-flu), l’Ikebana n’y a pas échappé.Cet art était, à son origine, réservéà la noblesse masculine, des samou-raï le pratiquaient à titre culturel.Plusieurs écoles (3000 recensées),comme autant de styles différents,ont vu le jour au Japon.

Inscrits dans un triangleTrois écoles se distinguent en France :les écoles O’Hara (tournée plus versdes représentations de paysages),Sogetsu (style moderne) et Ikenobo(école de référence car la plus ancien-ne et la plus stricte).Pour pratiquer, le seul matériel néces-saire se résume à un vase, un Kensan(pique-fleurs) et un sécateur.Lorsque l’élève aura acquis une cer-taine aisance, le professeur luiapprendra la confection de compo-sitions sur vase haut, à 6 puis plustard, 9 éléments et enfin le style libreJyukka.- Les bouquets doivent en général

être inscrits dans un triangle quel-conque dont les pointes représen-tent symboliquement l'homme, laterre et le ciel (Shin, Taï, Soe) et quiformeront la structure, la colonnevertébrale de la composition.-Les vases utilisés sont spécifiques àla pratique (formes, fonds spéciaux).Ils seront sélectionnés dans des cou-

leurs neutres afin que l’œil n’en soitpas distrait, détourné de l’observa-tion, de l’admiration du bouquet. Un parallèle peut être fait avec leport du kimono (kitsuke). Les vête-ments portés en dessous servent àplaquer les formes féminines afinque l’œil de l’observateur reste surl’admiration du Obi, de l’harmoniedes couleurs, les motifs du tissu etla qualité de la soie du kimono.Les critères recherchés d’un bouquetne peuvent être comparés avec ceuxdes compositions occidentales. Maison peut observer que nos fleuristeslocaux s’inspirent désormais de plusen plus de l’Ikebana.Ce qui motive l’ikebaniste est l’es-

prit minimaliste, épuré. Très peud’éléments sont nécessaires et qu’im-porte la noblesse et la valeur de lafleur ou de la brindille. Parfois troisfleurs, deux feuilles suffisent. Ce qui est caractéristique : le vide.L’espace entre les éléments est aussiimportant et a autant de valeur quela fleur elle-même, voire plus parfois.Le vide met en valeur la fleur, maisc’est en fait, la fleur qui met en valeurl’espace au final.Des règles de base doivent être sui-vies : pas d’escalier, la proportion-nalité, l’asymétrie, toujours cette asy-métrie ! Une fois ces grands prin-cipes intégrés, le senseï offrira àl’élève une multitude d’astuces et de

« Harmonie, respect, vide, espace,beauté, distance », tiens ? Mais ce n’est pas ce qu’on entend tousles jours sur les tatami ? Ainsi en est-il de l’Ikebana.

de l’Aïkidans un vase

HISTORIQUE DE L'ASSOCIATION MIZUKI L'idée est venue, en 2003, entre deux amis aïkidoka de l'Aïkido-Nogent -a.k.d.n. (Pierre Jamet et Patrick Belvaux), de créer et de dynamiser uneactivité traditionnelle japonaise peu répandue en France. L’Ikebana estarrivé au moment où le Parisien se découvre une attirance pour les artsasiatiques et recherche une activité lui faisant oublier le stress des ten-sions urbaines en lui offrant un retour, un contact avec la nature. Sur plusieurs sites de Paris et du Val-de-Marne, Akiko Gishi, professeur"waki-ni" (professeur 2e niveau), diplômée de l'école Ikenobo de Tokyo,en France depuis 9 ans, assure les leçons en français, s'aidant d'une péda-gogie adaptée aux Occidentaux.L'association Atelier Mizuki de Parispropose, en outre, des expositions,conférences, soirées évènemen-tielles et décorations adaptées surdemandes.

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techniques pour l’aider à ex-primer ses inspirations et sa créativité.Nous savons qu’en Aïkido chaquegeste est tiré de l’observation de lanature : spirales, ellipses, arabesques,flexibilité, flux et reflux… En Ikebanaun bouquet doit reproduire les phé-nomènes et tout ce qu’on peutobserver dans un paysage en ban-nissant la symétrie, le travail « au

cordeau », la rigidité…Tout comme après avoirobservé une démons-tration d’Irimi-nage,cette technique si dépouillée, si flui-de qu’on a tendance à penser qu’el-le est criante de simplicité et qu’onva pouvoir aisément la reproduire,à la vue d’une composition, parexemple de style Shokka de qualité(une des plus épurée), on se sentlégitimement capable de faire autant,voire mieux que son senseï…En Ikebana des grades, jalonnant laprogression de l’élève, sont délivréspar le professeur. Grades qui, un jour,peuvent permettre de devenir soi-même enseignant, lorsqu’on en arri-ve au niveau de la transmission.Ce qui est facilement observable lorsd’un cours collectif (qui dure envi-ron une heure), c’est la transforma-tion dans l’attitude des élèves débu-tants qui arrivent avec leurs soucisdu jour, leur stress, discutant fort etqui, après leur séance, ont acquis uncalme, une certaine sérénité tant ilsont dû faire preuve de concentra-tion et d’humilité. La fierté de l’ar-tiste qu’ils sont devenus se lit sou-vent dans leurs yeux et ils se met-tent à comparer leurs œuvrespersonnalisées, uniques et éphé-

mères. Ce bouquet qui vien-dra orner la plus belle piècede leur habitat, ou bien placésur leur bureau sera « bichon-né » comme un bonsaï, letemps que dureront lesfleurs. Il attirera alors lesregards et les félicitations desobservateurs/admirateurs.

L’observation d’un paysageUne fois réalisée, la composition étaittraditionnellement placée à côté dutokonoma (alcôve), près d’une calli-graphie ou aquarelle du côté du murd’honneur de la pièce principale dela maison. Au Japon, l’Ikebana estprésent pendant les cérémonies, lesbanquets ou tout autre évènement.On le place également près de laphoto d’O senseï lors des stagesd’Aïkido.L’observateur, passant devant unecomposition, ne peut rester indiffé-rent face à l’évidente recherche dubeau, à l’effort de simplicité et à l’har-monie des éléments et de leurs cou-leurs que l’ikébaniste aura produit.Un sentiment de respect ainsi quede sérénité va l’envahir.L’inspiration de l’ikébaniste s’initieparfois de l’observation d’un paysa-ge, de son émotion ou du sentimentdu moment. La découverte d’unesimple brindille de forme singulièrepeut devenir le « thème » de sonprochain bouquet…

L’ikebana va permettre à son prati-quant de le relier intimement à lanature mais aussi, comme dans toutepratique zen, de le réconcilier avecle temps et l’espace. La compositionflorale sera aussi le moyen, à l’ima-ge des Haïku (poèmes courts japo-nais), pour son créateur, de figer sonsentiment du moment, son état d’es-prit ou son imaginaire. On associe très souvent l’art de lacérémonie du thé (Sha-do) àl’Ikebana. Dans cet art également,l’espace et le temps sont les ingré-dients de base ajoutés au respect dedélicats gestes séculaires.On « lit » le niveau du pratiquantdans la simplicité, l’harmonie, le res-pect de l’équilibre qu’inspire l’ob-servation de sa composition florale.Le pratiquant va progresser parétapes tout comme en Aïkido, où ledébutant va sans cesse affiner songeste, régler son timing, corriger sesdistances pour qu’enfin ses actionset ses réactions deviennent naturelleset spontanées, inconscientes... C’est après plusieurs années de tra-vail, comme en Aïkido, que le prati-quant d’Ikebana va pouvoir créer,personnaliser son propre style. Aprèsavoir intégré toutes les techniquesde l’école dans laquelle il aura étu-dié, le senseï lui apprendra alors leJyukka ou style libre.Il n’existe pas en France de fédéra-tion d’Ikebana, mais quelques asso-ciations œuvrant dans leur proprestyle conforme aux écoles japonaisesd’Ikenobo, O’Hara ou Sogetsu. ●

Patrick Belvaux

Professeur d’Aïkido à Nogent-sur-Marne.

Président de l’Atelier Mizuki de Paris.

www.atelier.mizuki.freesurf.fr

Très vite aprèsquelques

leçons, toutpratiquant

peut réaliserune composi-

tion floraletraditionnelle.

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VVOUS AVEZ ÉLU DOMICILE DANS UN ENDROITEXTRA-ORDINAIRE, PARLEZ-NOUS EN.1 village,800 habitants,1 épicerie,1 boulangerie,somme toute c'est assez banal.3 médecins,1 pharmacie,1 notaire,et 1 curé,c'est déjà plus inquiétant.2 restaurants,1 petit hôtel,1 tabac presse,1 café,ça devient plus rassurant.21 libraires d'ancien et d'occasion,500 000 livres,1 relieur, 1 graveur,1 musée,

alors là on se sent mieux !1 club de pétanque,1 de danse, 1 de yoga,1 club d'Aïkido,qui dit mieux ?J'arrête là cet inventaire à la Prévert et ce brin dechauvinisme, même si j'ai des circonstances atté-nuantes : je ne suis pas d'ici. Ce village m'a accueillivoilà 10 ans. Montolieu, qu'un doux rêveur, 5 ansauparavant, a choisi pour en faire ce qu'il estmaintenant, Montolieu Village du livre et des ArtsGraphiques, connu et reconnu partout en Franceet par-delà les frontières. Il l'a sorti de sa torpeur,paisible sur son rocher entre les gorges de l'Alzeauet de la Dure, somnolant sur le versant sud de laMontagne Noire, face aux Pyrénées et à l'ombredes Remparts de Carcassonne. On y cultivait lavigne et l'olivier, on y fabriquait du drap, on ytannait la peau... maintenant, entre autres, on yvend des livres, on y fait de l'Aïkido. Cela m'aséduit. Après avoir enseigné pendant plus de vingt

ans les Mathématiques et l'Algorithmique dansla région bordelaise, j'ai renoncé à l'ÉducationNationale pour venir vendre des livres à Montolieu.Ce n'était pas mon premier tai sabaki, puisqueje pratique l'Aïkido depuis 1972, mais celui-cin'est pas le moindre.

N'EST-CE PAS DIFFICILE DE MONTER UN CLUBD'AÏKIDO EN MILIEU RURAL ?Il faut tout simplement être patient. Quand j’ai

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Quitter la grande ville pour s’installer loin du tumulte, certains en parlent,d’autres le font… C’est le cas de Sylvain Paré. Enseignant à Bordeaux, il abandonne la sécurité de l’Éducation Nationale pourse lancer dans une aventure remarquable, le livre et l’Aïkido aussi.

à Montolieul’Aïkido se livre

Montolieu,charmant petitvillage sur sonrocher, somno-

lant sur le versant sud de

la montagnenoire.

RENCONTRE Sylvain PARÉ

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créé, avec quelques amis, l’association Budobi afinde faire de l’Aïkido à Montolieu nous étions 4 ou5 personnes. Certaines sont encore là, il y eut évi-demment des défaillances, mais avec le temps legroupe s’est étoffé. Un noyau conséquent d'in-conditionnels s'est formé, il est le levain d'un grou-pe grandissant. Le grand-père, le père et la peti-te-fille d'une même famille sur le tapis donnent lesigne fort de cette évolution. Je suis évidemmentsatisfait d'avoir 14 inscrits — dont 7 féminines —dans ce village de 800 habitants, mais, pour moi,le plaisir d'évoluer sur un tapis d'Aïkido n'est pasproportionnel à la taille du groupe.

50 % DES PRATIQUANTS DE VOTRE CLUB SONTDES PRATIQUANTES, BELLE PARITÉ !Oui, et il n’y a là rien que de très normal. L’Aïkidopermet aux hommes, femmes, jeunes et moinsjeunes de pouvoir pratiquer ensemble. La seuleréserve que je ferais concerne les enfants de moinsde 12 ou 13 ans. Le fait que leur appareil tendi-no-ligamentaire ne soit pas arrivé à maturitéimplique, à mon sens, un enseignement spéci-fique. Quant aux femmes, si elles n’ont pas, apriori, de penchant naturel pour la martialité, iln’en demeure pas moins qu’elles ont des prédis-positions certaines à une pratique efficace et juste.Elles privilégient plus facilement la sage attitudede recherche d’économie de gestes à celle de ladébauche d’énergie souvent inutile et génératri-ce d’erreurs ; et généralement les débutantes ontmoins tendance que les garçons à vouloir forcer,à se crisper sur une saisie. J’ai aussi constaté queles femmes arrêteront plus facilement un mou-vement qu’elles sentent faux, alors que les hommeschercheront à aller au bout coûte que coûte.

COMMENT ÊTES-VOUS VENU À L'AÏKIDO ?Étudiant à l'Université de Bordeaux, j'apprenaisqu'une japonaise enseignait cet art au ScienceUniversité Club. Je n'avais pas la moindre idée dece qu'était l'Aïkido. Mais, avec quelques copainsla curiosité nous conduisit à assister à un cours.

Nous fûmes subjugués par la rapidité, laprécision et la beauté des mouvements d'Émiko Inoué. Il n'en fallut pas plus pourque nous nous inscrivions, et beaucoupd'entre nous continuons encore. Je voudrais, ici, rendre hommage à RenéLe Menn qui était le professeur en titre dece dojo et qui confia, avec la modestie etle désintéressement qui le caractérise, soncours à Émiko, venu à Bordeaux étudier lefrançais à l'initiative de maître Kobayashiqui voulait une interprète. Il resta cepen-dant l'animateur d'un groupe, où convi-vialité, bonne humeur et sérieux régnaienten maître.

À QUELS MAÎTRES VOUSRÉFÉREZ-VOUS ?Bien sûr à maître Kobayashique j'ai suivi dans un trèsgrand nombre de stages. Jelui servis d'uke de nom-breuses fois en France et àl’étranger et une complicitéréelle s'était tissée. Mais iln'était là que pendant les vacances de Noël etd'été. Je n'ai jamais gâché mon plaisir à aller surles tapis de tous les maîtres qui venaient dans marégion. Au début maître Nocquet, puis maîtreYamagushi, maître Ikesuchi, maître Endo, maîtreSaotome, et bien sûr Christian Tissier, Franck Noëlet bien d'autres.Inconsciemment je me suis ainsi créé un capital,certes de références intellectuelles qui me sontutiles dans mes explications sur le tapis, mais sur-tout d'automatismes à géométrie variable quis'adaptent aux situations que je rencontre, c'estce que j'appelle la mémoire du corps. Cependantje n'oublie pas mes professeurs, René et Émiko,qui étaient toujours présents, semaine après semai-

À l’instar deses sensei,

Sylvain Paréenseigne unAïkido clair,

rigoureux etprécis.

▼j'ai renoncé à l'ÉducationNationale pour venir vendre des livres

à Montolieu.Ce n'était pas mon premier tai sabaki,puisque je

pratique l'Aïkido depuis 1972,maiscelui-ci n'est pas le moindre… ▲

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ne, bénévoles et toujoursdisponibles, car il faut bienle dire, comme en mathé-matiques, ce ne sont pastoujours les plus gradés quisont les meilleurs péda-gogues.

COMMENT ÊTES-VOUS VENU À L'ENSEIGNEMENT DE L'AÏKIDO ?Un jour, autour d'un verre, maître Kobayashi m'afait dire par son interprète « Maintenant il te fautenseigner ». Il ne s'agissait pas d'un ordre et j'aiété plus que surpris, mais j'ai suivi cette consigneà la lettre et en 1981, j'ouvrais un dojo à Floirac,dans la banlieue bordelaise. J'ai laissé ce dojo àPhilippe Grangé à son retour du Japon en 1995pour venir m'installer à Montolieu. Il n'y avait évi-demment pas de club d'Aïkido dans ce petit vil-lage. Ne pouvant pas me libérer facilement avecmon nouveau métier pour suivre des cours dansun dojo éloigné, et arrêter l'Aïkido étant exclu,j'ouvrais un club dans ce village du livre.Je sais gré à maître Kobayashi de m'avoir incité àl'enseignement, car, avec le recul, je suis convain-cu que c'est une étape importante dans l'appren-tissage de l'Aïkido, pour une progression solide etpour un épanouissement modeste et réaliste dansla connaissance de l'autre et donc de soi.

OSERIEZ-VOUS UN RAPPROCHEMENT ENTRE LE LIVRE ET L'AÏKIDO ?Il y a de très bons livres sur l’Aïkido. Ils donnentà voir et à comprendre aux pratiquants déjà expé-rimentés, mais je tiens à dire que l'on n'apprendpas l'Aïkido dans les livres. Il faut avant tout trans-pirer sur le tapis. La pratique doit être régulièreet généreuse : c'est la seule façon d'entretenir lamémoire du corps que je mentionnais plus haut.À mon sens, si une nomenclature de techniquessemble nécessaire pour les passages de grades,

l'Aïkido ne peut se réduire à un catalogue detechniques, pas plus qu'une technique à un sté-réotype. Chaque technique est une constructionintuitive, déduite des règles de base intangibles :véritable axiomatique de la discipline. Et puis ilne faut pas trop intellectualiser. Même si, avecune longue pratique, on ne peut s’empêcher deprendre du recul comme je le fais ici, je n’oubliejamais l’aphorisme du naturaliste Pierre-PaulGrassé « La liberté de la main donne la liberté del’esprit ».Le rapprochement qui me paraît plus pertinentest celui de la pratique du Ken avec la calligra-phie. Dans les deux cas, le mouvement doit êtreassuré, pur, plein et délié. Le signe comme lacoupe nécessitent un seul geste pour exister.

À CE PROPOS, ENSEIGNEZ-VOUS LE MANIEMENTDES ARMES ?Oui, et dès le début, quelques séances par tri-mestre et de temps en temps à la fin du coursmais je démontre assez souvent une techniquepar un mouvement de ken ou de jo, d’autant plusvolontiers qu’il en est historiquement issu. Cetapprentissage représente de nombreux avantages.Moi, qui ai horreur de l’à peu près dans les pla-cements des pieds par rapport au centre et auxmains, le ken ou le jo amplifient les écarts et per-mettent ainsi une prise de conscience plus rapi-de de ce type d’erreur. La pratique juste des armesest aussi un excellent moyen pour libérer lesépaules et pour développer la prise de conscien-ce du hara, pour travailler la concentration, lacoïncidence (le timming), l’action de voir sansregarder, la gestion de l’espace et la notion dema-ai (distance). Au sabre, c’est la forme Aïkikenqui a mes faveurs. C’est le partenaire et non sonarme qui nous occupe selon la formule Itsumoman naka (toujours au centre), si souvent répé-tée par maître Kobayashi. De ce fait, les armes ne se choquent pas et le

mouvement est entièrement libre (comme en calligraphie !)

DIRIEZ-VOUS QUE L’AÏKIDO S’ARRÊTE À LA SORTIE DU TAPIS ? Je resterais très prudent sur ce sujet car entre nos fan-tasmes et notre réalité d’Occidentaux il y a une marge,mais je ne peux pas nier qu’une pratique assidue del’Aïkido pendant une longue période a des effets debord sur notre comportement dans la vie quotidien-ne. La capacité à gérer l’agressivité, à discerner si notrecomportement doit être ura ou omoté face à unesituation donnée, à gommer l’affect quand c’estnécessaire, à donner plus d’assurance sont des atoutsnon négligeables dans notre société.

AVEC LE TEMPS, QU'EST-CE QUI FAIT QUE VOUS PRENEZ TOUJOURS AUTANT DE PLAISIRDANS L'AÏKIDO ?Ce qui me plaît par-dessus tout dans cet art mar-tial, c'est qu'il s'agit d'une discipline ouverte, c'estun domaine de recherche insondable et pas-sionnant. La grande variété des approches à par-tir des mêmes principes de base en est la preu-ve. Nous trouvons la même construction intel-lectuelle en mathématiques, mais en Aïkido, ladémarche n'est pas rationnelle, elle est au dia-pason de nos sens et de notre réalité physique. Il y a le plaisir, mais aussi la nécessité. Ma tête n’apas besoin d’habitude, de routine, mais mon corpsa besoin de rythme, et l’Aïkido satisfait parfaite-ment ces demandes contradictoires : la décou-verte permanente pour l’esprit et la régularité descours pour le corps.Et puis, avoir besoin de l’autre pour apprendre àse connaître, pour se construire, développer etcanaliser l’énergie n’est-ce pas la même démarcheque pour apprendre à vivre ? N’est-ce pas unevoie immense et noble ? ETRE MODESTE POURGRANDIR ! Quel programme ! ●

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Parmi l’effectifquasi au

complet, troisgénérationsd’une même

famille témoi-gnent de

l’universalitéde l’Aïkido.

RENCONTRE Sylvain PARÉ

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QQue ce soit dans le Kyudo, le Ken, leNaginata ou le Budo en général, onn’échappe pas à une certaine nostal-gie du passé. Qu’il soit proche ou qu’ilnous sépare de lui par les siècles !Confucius n’en est il pas la preuve,vingt cinq siècles nous sépare d’unmode de pensée qui paraît nous man-quer aujourd’hui. Plus prés de nous, il y a bientôt sixsiècles, depuis que le samouraï HékiDanjo a créé le premier gestuel del’arc, il n’a, si l’on en croit les docu-ments de l’époque, pratiquement pasvarié depuis ; sauf dans certaines fédé-rations japonaises qui ont simplifié etmodernisé ce gestuel après la derniè-re guerre mondiale.Nous n’avons rien inventé et les anciensavaient vu loin. À la fin de l’ère Meiji(1867-1912), on assiste à une renais-sance qui est en tous points, le résul-tat d’un compromis entre la législationmoderne et les restes de la féodalité.En 1882, une transcription impérialerevitalise le Bushido, ce nouveau coden’étant réservé qu’à une élite.Les militaires, tenus à une disciplinetrès stricte, s’étaient vus interdire lesbasses manœuvres politiques ; maisce champ clos ne devait pas demeu-rer longtemps à l’abri des incursionset le Japon allait basculer dans ledésastre de la guerre.Les peuples gardent en héritage leshauts faits d’armes qui ont tissé leurhistoire : c’est la part la plus secrète deleur patrimoine. Soumis aux féodali-tés, secoué par des guerres civiles spas-modiques, le Japon conserve toujoursl’image du samouraï auquel il conti-nue de s’identifier et, par delà la légen-de qui l’a idéalisé, le samouraï lui a

légué un sixième sens « l’esprit desacrifice ». De nos jours, cela paraît impensablede dire, au risque de devenir ringardou bizarre, qu’il faille protéger la forcequi animait cette élite du temps passé,sur laquelle le Japon moderne aprèsle renouveau de Meiji, allait longtempscontinuer de s’appuyer et, où secachent les valeurs que le passé a léguéaux Japonais. Valeurs qui échappentà l’Occidental qui n’a pas l’expérienceprofonde de ce pays et qui souventsinge avec peu de bonheur lesmanières, le style des Japonais, pire,dit entrer dans leur mode de pensée,plus particulièrement quand il s’agit duZen, mis ou non à toutes les sauces !Parler de la tradition japonaise ne signi-fie en fin de compte, rien, si cela n’est

que pour étalerquelques dates,quelques nomset quelquesfaits. Sanscompter parmiceux qui se

disent traditionnels, et qui de la tra-dition japonaise n’ont pas la moindreexpression.

Laisser à César cequi lui appartient !Sans nul doute pour celui qui s’inté-resse à une culture, il est bon d’es-sayer d’appréhender le fond de celle-ci mais en y mettant une nuance.Dans le cas présent ne pas vouloirêtre plus Japonais que les Japonaiset surtout ne pas se prendre pour unsamouraï. À l’heure actuelle, la singerie est tel-lement énorme par instant qu’on sepose la question de savoir quelle forcese dégage de cette civilisation pourattirer à ce point certains européens.Car le japonais qui s’intéresse à unedes cultures occidentales, n’en perdpas pour cela son identité et resteprofondément japonais.Le Japon a toujours été protection-niste et, aussi désireux que l’on soitde mieux comprendre cette civilisa-tion, même si après de très nom-

breuses années decontact permanent,d’efforts de compré-hension, d’abstractionde votre individualisme,vous n’êtes pas entrétotalement dans lemoule mystérieux deshabitudes ; vous reste-rez toujours celui pourqui la définition à com-prendre ce qu’il en estd’être japonais resteinaccessible, et letemple de la traditionrestera alors, pour vous,

fermé. Beaucoup d’Occidentaux rési-dant depuis fort longtemps au japonen on fait l’expérience.La spécificité de leur tradition estconsidérée, par les Japonais, commeunique. De nombreuses théories ontété élaborées concernant cette natu-re unique à tout point de vue, pardes articles qui visaient à renforcercette croyance.Si l’on arrive à s’approcher de cettetradition, on s’aperçoit au fil du tempsque c’est une valeur rare et profon-de mais qu’elle est à la fois inviolableet même inaccessible, simplement parle fait d’une culture qui se trouve auxantipodes de la pensée occidentale.Il n’en reste pas moins qu’à l’heureactuelle, la jeunesse japonaise tournede plus en plus le dos à cette tradi-tion. La vénération de l’empereur, entreautres, l’influence gouvernementaleà décider d’un mode de vie desJaponais, sont révolues. On voit deplus en plus, des ingénieurs, des scien-tifiques japonais rompus à la logiqueoccidentale, recevoir des prix Nobel.Conclusion : les anciens laissent enhéritage un monument de traditionqui risque de disparaître sous le lier-re et les mousses, et si les ancienspensaient et pressentaient la diffi-culté à percevoir ce qui se trouve sousla surface de la pensée japonaise, il faut leur rendre hommage. Ilsétaient les dépositaires du témoi-gnage d’une philosophie de la véri-té, d’un engagement de soi-même,peu commun. ●

Jacques NormandSOSM : 0169409141

KYUDO

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Thème récurent, chez tous les pratiquants qui développent un intérêt pour la pratique d’un art martial, l’origine de l’art, la tradition japonaise, reste

enigmatique et d’une saveur toute spécifique.

la tradition ou la saveur du passé

Nakano sensei10e dan

hanshi, aucours d’une cérémonie

Hikimé.

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OOpérons tout d’abord un petit cours de séman-tique et énumérons rapidement les quatre com-posantes de notre art. Tout d’abord, le symbole Aï signifie s’accorder,s’unir. Cette approche est assez intéressante pourun art martial qui donne une première concep-tion du rapport à l’autre. Vient ensuite le sym-bole KI. Ce dernier représente l’énergie mais aussila force, l’âme, la vie. Ce concept donne toutautant du corps à l’art martial. En réunissant ces deux premiers points, on arri-ve à l’union des énergies. Cette union dépas-se très largement le simple cadre de la pratiquemartiale car elle peut se traduire par un étatd’être universel, un état tellement absent dansnos sociétés modernes

Le dernier symbole de notrenom est le DÔ qui signifiela voie, la direction à suivre.Cette voie doit conduire,après de nombreuses

années de pratique, sur le cheminde la Grande voie, celle de la gran-de harmonie. Reste alors le symbole BU qui donnecertainement toute la spécificité del’Aikibudô. Ce symbole signifie lecourage, la vaillance, tout ce qui estmartial. C’est en quelque sorte laforce au service de la paix, la forcequi procure la paix. Cette force est issue du courage quilui même naît de la sublimation del’idée de la mort. En associant l’idéo-gramme BU à ceux d’Aiki, on montreque la recherche de cet état d’Aikis’effectue à travers la pratique des arts guer-riers. Le pratiquant doit pouvoir se libérer del’agressivité que ces arts peuvent contenir afinque ces derniers soient disponibles pour servirle Bien et la Paix. Mais comment ceci se matérialise dans la pra-tique de l’Aïkibudô ? Comment l’idéogramme BU trouve-t-il sonexpression ?S’appuyer sur les arts guerriers suppose larecherche d’une certaine attitude dans la pra-tique. Peut-être pouvons-nous nous arrêterquelque peu sur une réflexion de maître Floquetsur ce point :« En Aïkibudô, l'attitude doit demeurer verti-cale et tout contrôle au sol doit s'effectuer lesmains libres en conservant cette disponibilitéverticale. Dans l'attitude debout, le corps estdroit, les épaules basses, la force dans leshanches et l'abdomen, jamais la force ne doitrésider dans les épaules »1

Cette position verticale est fondamentale. Enjaponais, cela s’appelle le shisei et l’ensemblede la pratique repose sur ce principe.

À ce premier principequ’est le shisei s’ajoute uneautre dimension tout aussiessentielle dans notre pra-tique. Il s’agit du zanshin

que maître Floquet définit très simplement àtravers cette autre réflexion :« Le zanshin est l'attention, la vigilance, asso-ciée à une posture physique qui assurera la sécu-rité du corps tout en laissant l'ouverture néces-saire à l'action adverse... »Toutes les techniques doivent intégrer ces deux dimensions quel que soit leur niveau decomplexité. C’est un principe constitutif de lapratique. Des exemples tirés de la pratique de l’Aïkibudôpeuvent être utilisés pour expliciter ces notionset voir comment le BU s’exprime.

Premier exemple : Osae wasa et les immobilisations au solPrenons dans un premier temps les immobili-sations au sol. Comme dans de nombreux arts

martiale attitudeIl n’est pas rare que certains aïkidoka aillent voir les pratiquants d’Aïkibudô, et

leur demandent ce qui caractérise leurart. Rapidement, les explications por-tent sur l’existence de l’idéogramme « Bu » dans le nom Aïkibudô…

AÏKIBUDO l’idéogramme BU

Aï KI BU DO

L’attitude doitdemeurer verticale,les mains doivent resterlibres.Terminer

l’immobilisationpar un atemi d’expressionmartiale.

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martiaux, la technique effectuée peut se ter-miner par un contrôle au sol. L’attaque est cana-lisée, le partenaire est amené par contrainte às’allonger au sol. Mais dans l’Aïkibudo, le contrô-le doit s’effectuer en ayant les mains libres toutsimplement pour pouvoir rester disponible faceà d’autres attaques éventuelles.C’est une idée intéressante qui montre déjàcomment l’art de la guerre est pris en comptedans la pratique. De plus, l’immobilisation du partenaire au sol se termine par un atémi « d’expression martiale ». Ceci symbolise unefrappe au sabre supposée anéantir l’adversai-re. L’aspect évolutif de l’Aïkibudô a fait dispa-raître (fort heureusement) ce coup de sabrepour le remplacer par une frappe du tranchantde la main. Mais le geste reste le même car l’ori-

gine de l’atémi vient du des-sus de la tête du pratiquant,comme s’il armait sonsabre, pour s’abattre sur le

partenaire et s’arrêter jusque avantle contact. La dimension guerrière est bien pré-sente dans cet exemple des immo-bilisations au sol et le pratiquantdoit en saisir le sens dès les pre-miers apprentissages. À cet atémi s’ajoute le Kiaï, qui estl’évacuation de l’énergie contenuepar le pratiquant. Ce dernier se matérialise parune sorte de cri dont l’origine n’est absolumentpas vocal mais qui provient du ventre où l’éner-gie a été en quelque sorte « stockée » durantle mouvement.

Second exemple : les randoriUn autre exemple concerne les randoris. Ce sontdes situations dans lesquelles le pratiquant seretrouve seul face à plusieurs attaquants. La situa-tion de combat peut s’avérer délicate aussi le shi-sei et le zanshin sont-ils essentiels. Le rappro-chement avec les arts guerriers se manifeste toutnaturellement et le pratiquant doit montrer beau-coup de détermination, de lucidité voire d’in-ventivité pour parvenir à se défendre. Plus lesattaques seront réalistes et plus le pratiquantsera à même de se dépasser, de vaincre sa peur.Ces situations sont très pragmatiques et don-nent beaucoup de sens à la pratique del’Aikibudô. Le regard, la perception des autres,le déplacement opportun sont autant d’élémentsfaisant partie intégrante de la stratégie utilisée.

Dernier exemple : les défenses contre armesUn troisième exemple peut concerner les défensescontre armes blanches. Là encore, la dimensionguerrière peut transparaître. La défense va consis-ter à se placer immédiatement en situation desécurité au moment où l’attaque au couteau estportée. La technique de défense ne pourra avoirlieu qu’à cette condition. Ce type de pratiqueconcerne l’aïkibudoka confirmé qui sait vite seprotéger d’une telle attaque. Les notions consti-tutives du BU comme le shisei et le zanshin sontici particulièrement essentielles.

Voici rapidement esquissé ce qui est l’essencemême de la pratique de l’Aïkibudô. L’intégrationforte de l’aspect martial, le rapprochementimmédiat avec les techniques guerrières ances-trales offre au pratiquant un champ d’étude

très vaste susceptible d’occuper toute une vie.Mais rappelons-le, tout cela est au service duBien, de l’Harmonie et de la Paix. ●

Daniel Bensimhon5e dan Aïkibudo DE.

DTR Nord et Ile de FranceDélégué Technique pour

la République Tchèque

1- D’après le livre « Pensées en mouvement »

Éditions Budostore, Paris, 2006.

Contrôle au sol avec défense sur attaque aubâton court.

Sur attaque àl’arme blanche,la défenseconsiste à se placer d’abord en situation de sécurité.

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Une recherche sans cesse renouvelée, une transmission toujours plus sincèrede son acquis. Voilà le fond de la pratique de Mare Seye, 5e dan, aïkidoka passionné de communication, de rencontres et de partage.

ouvrir les portesdu partage

L« L’Aïkido, c’est magique ! C’était ma premièreexclamation… Et puis, progressivement, j’ai réa-lisé qu’il n’y a pas vraiment de magie, que l’Aïkidoc’était surtout du travail, beaucoup de travail»,nous dit Mare Seye, avec dans le cœur le mêmeenthousiasme aujourd’hui, semble-t-il, qu’il y a20 ans, lors de sa découverte, un peu par hasard,de cet art martial. Un grand nombre de rencontres jalonne et étaye

le chemin de l’aïkidoka : des enseignants, despartenaires, d’un jour ou de plusieurs années.C’est à travers un maillage de relations de cetordre que s’est tissée, comme pour bien d’autres,la pratique de Mare Seye. Bien sûr, tout a un com-mencement et celui de Mare, en Aïkido, s’est pro-duit dans les années 80 par une simple rencontre,lors d’une randonnée, un échange qui allait avoirdes conséquences alors insoupçonnées pour lui,« Un refuge de montagne au début des années80 ; une rencontre comme on peut en vivre aprèsune journée de marche. Une discussion avec monvoisin s’engage autour des arts martiaux. C’étaitun passionné d’Aïkido. Il m’en parle avec unetelle conviction, que dès la rentrée de septembre,je me décide à franchir les portes d’un dojo. LouisClériot donnait le cours. Tout de suite je me suisdit « Ça a l’air magique cette chose-là ! ».Immédiatement séduit, je m’inscris, mais àl’époque, je n’ai pas beaucoup de temps à consa-crer à cette nouvelle activité. Au bout de quelquesmois, j’arrête, me promettant d’y revenir lorsque

je pourrai m’y employer plussérieusement. »Le temps passe, mais Maren’a pas oublié cette premièreexpérience avec la Voie del’Harmonie. Après cinqannées, tout de même, pas-sées loin des dojos, Mareétait encore sous l’effet decette « chose magique » etdécide de s’inscrire à nou-veau à Fontenay-aux-Roses,le lieu de ses premierscontacts avec l’Aïkido. Unnouveau professeur yenseigne depuis un an. C’estChristian Mouza, actuelle-ment DTR de la Corse, « Il

était 1er dan à l’époque et nous faisait partagerses connaissances avec une énergie et un enthou-siasme contagieux. Il n’a cessé durant des annéesde se former pour améliorer sa pratique et sonenseignement, parce que, derrière, nous étionsquelques « fous furieux » à progresser relative-ment vite. »Dans ce même club, Philippe Bersani, accompa-gné de Francine Rambaud, assure un cours heb-domadaire de Ken-jutsu, « Ils m’ont transmisleur passion pour le travail du ken » précise-t-il.Cette rencontre avec ce couple de budoka, tra-vaillant avec un grand sens des traditions, a été,encore une fois, déterminante pour Mare. Au-delà des apports techniques, ils ont été et restentpour le débutant qu’il était « un exemple par leurgoût d’apprendre, de découvrir, de pratiquer enco-re et encore avec cette humilité et cette fraîcheurque j’aimerais savoir garder. »

Une rencontre décisiveCes premiers professeurs, depuis ses tous pre-miers pas sur les tatamis, ont guidé Mare, l’ontsoutenu et encouragé à aller plus loin dans la pra-tique de ce qui devient pour lui une passion, unart de vivre. Tout naturellement se met en placeune quête de progression et la demande de ren-contres et de partage devient de plus en plus fortechez ce néo-débutant. Les stages se succèdent,toujours plus enrichissants. Puis vint l’inscriptionà celui de Pâques —aujourd’hui traditionnel—que Christian Tissier dirige à Vincennes. Noussommes cinq mois seulement après les secondsdébuts et cette nouvelle rencontre va sceller défi-nitivement les liens entre Mare, le néophyte, etl’expert reconnu par tous les aïkidoka. Pour Mare,ces moments exceptionnels de pratique intensemarquent inconsciemment un tournant dans savie d’aïkidoka, « Ce que je voyais me dépassaitcomplètement, mais quel bonheur ! J’ai été ébloui.

PORTRAIT Mare SEYE

Mare Seye aenrichi sonpotentiel technique àl’école de sensei diverset multiples.

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On peut dire que, depuis, Christian Tissier éclai-re ma pratique. Beaucoup de choses ont étéécrites et dites sur lui. Au-delà de ses fulgurantestechniques, de sa capacité à penser l’Aïkido, àévoluer en permanence, je souhaiterais insistersur deux aspects qui en font, à mes yeux, unmaître d’une valeur rare : d’abord sa science del’enseignement, sa capacité à alimenter chaquepratiquant, débutant ou expert, qui ont permis,au fil des années, de former un nombre impres-sionnant d’aikidoka du 6e kyu au 6e dan, dansune pyramide des niveaux —comme on parled’une pyramide des âges— dans laquelle il n’yaurait pas de trous à l’un ou l’autre des étages.Et puis sa grande cohérence, sur le plan tech-nique et pédagogique bien sûr, mais peut-êtresurtout sur le plan moral, intellectuel et humain,la relation harmonieuse entre ce qu’il est sur letatami et ce qu’il est en dehors. » Tout est dit etvécu intensément, au point de décider que l’Aïkidosera un jour au centre de sa vie, comme il se doitpour tout budoka qui respecte son engagementdans la voie. À la fin des années 90, par un étonnant concoursde circonstances, Mare a la possibilité, inespérée,d’effectuer un voyage au Japon accompagné deChristian Mouza, son premier professeur. Une expé-rience qui tient du pèlerinage, « L’Aïkikai était pourmoi un lieu mythique. Cela a été une belle expé-rience. On a participé à quasiment tous les cours.Plus que la technique, c’est le rapport à la pratique

qui m’a semblé différent. Pas ou peu d’explica-tions, une pratique entièrement basée sur l’expé-rimentation personnelle, très loin de notre volon-té d’accumulation de connaissances. »

Tori et ukeLa décision est prise, assez rapidement après sonretour, le quotidien de Mare devra s’articuler entresa pratique personnelle et le partage par l’ensei-gnement. Personnalité aux polarités multiples, qu’elles soientsociales, culturelles ou ethniques et linguistiques,Mare va se donner avec bonheur, après avoir mûrison art et quelques passages de grades réussis,dans une transmission où sa générosité s’expri-mera pleinement, « C’est tout naturellement etavec plaisir que je me retrouve alternativementsur les tatami tori ou uke, enseignant ou élève,parfois maître du jeu, parfois le subissant.Chacune de ces situations est nécessaire pourenrichir et alimenter mon travail. Elles formentun tout. » nous dit-il, en précisant sa vision trèspersonnelle de l’art de Morihei Ueshiba où, à sesyeux, chaque être peut et doit trouver à s’expri-mer le plus librement, en tout cas bien plus quedans le contexte du quotidien. « L’Aïkido tientdu jeu de rôles, mais un jeu dans lequel les cartesseraient distribuées selon un mode différent decelui que nous connaissons dans la vie courante.Sur le tatami, nous dévoilons des aspects de notrepersonnalité que nous avons parfois pris l’habi-tude de dissimuler. Inversement, des élémentsqui, à l’extérieur, pourraient influencer notre visiond’autrui, n’entrent pas en ligne de compte. Larelation se construit sur un mode de communi-cation, sur des codes différents. Ce qui se meten place, en termes d’adaptation à l’autre, derespect, de confiance, permet parfois d’enjam-ber des fossés que l’on aurait, en dehors du tata-mi, difficilement pu franchir. J’ai pu rencontrer,découvrir et apprécier au coursde ces presque vingt ans depratique, des gens extrême-ment divers, d’une granderichesse.» Dans ce « micro-cosme, ce monde d’artistes »,où les querelles d’écoles « fon-dées ou non » précise-t-il,entre anciens et modernes, pri-sonniers d’un cadre rigide oubien vrais créateurs, Mare voitune similitude dans les bonset les mauvais aspects avec

certains univers artistiques, « La discipline, larecherche de perfection dans le geste, l’attitude,l’utilisation de la technique comme moyen et sup-port pour essayer d’atteindre quelque chosed’autre, de plus fort. Les groupes de populationaussi : on y trouve des génies —fort rares—, desartistes de talent, des amateurs dans les diffé-rentes acceptions du terme, quelquefois aussi,malheureusement, des faussaires ou des escrocs. »Cependant, Mare note quelques différencesnotables, avec d’autres arts plus visibles qui fontla spécificité de l’Aïkido, « D’abord, nous tra-vaillons exclusivement sur l’humain. Pas de média-tion par la toile, le livre ou l’image. Ensuite, notretravail ne vise pas à être exposé au public, mêmesi nous sommes amenés à montrer ce que nousfaisons. La relation avec les autres, à l’autre, estle cœur de notre pratique. La notion d’échangeest donc prépondérante. Mais à travers cet échan-ge, on effectue aussi un véritable travail sur soi.C’est comme un va-et-vient. Par cette confron-tation à l’autre, par ce travail sur soi, on modifieson rapport à autrui. »

Une certaine véritéSur cette base Mare travaille sans ménager sonénergie, avec une grande sincérité dans ses rap-ports. Sincérité essentielle, surtout dans une dis-cipline qui ne connaît pas de compétition doncd’évaluation tranchée et directe. Travailler enco-re et toujours, sérieusement, mais sans se prendreau sérieux pour autant ; être conscient de sesacquis, mais être tout aussi conscient de sesmanques ; en fait chercher une certaine vérité àtravers une situation que nous créons de toutespièces, « La pratique de l’Aïkido n’a d’intérêt àmes yeux que dans la mesure où je ne mens pas.Aux autres, bien sûr, mais surtout à moi-même ;il faut sans cesse répéter, peaufiner, polir, mêmesi parfois j’ai l’impression d’être plutôt au stade

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du ciseau à bois qu’à celui du papier de verre leplus fin, trouver la réponse adéquate dans unesituation donnée. »

Transmettre son acquisL’Aïkido est un ensemble cohérent, dans lequelle travail des armes apporte une dimension mar-tiale qui se réfère au Japon médiéval et guerrier.Mais cet aspect de l’art est-il essentiel dans la pra-tique et la compréhension de l’Aïkido ? Mare nesaurait l’affirmer avec certitude. Beaucoup d’aï-kidoka s’en passent sans problèmes. Mais dansson parcours, notamment depuis sa rencontreavec Philippe Bersani, cette pratique est devenueun élément incontournable, indissociable de saprogression, le ken particulièrement, « Parce quedepuis mes débuts, le travail avec et sans armesont été associés, le ken me permet de mieuxappréhender certains aspects de la pratique àmains nues. Le Ken-jutsu est une discipline à partentière, qui mériterait de longs développementsbien sûr. D’ailleurs, peut-être plus encore qu’en

Aïkido, il est difficile d’aller au-delà dela simple forme. École de la rigueur, j’engarde, après des années d’études, legoût de la recherche de pureté dans lescoupes, l’expérience des kata, l’enga-gement de tout son être, en une frac-tion de seconde, dans ce jeu symboliquede la vie et de la mort. »Depuis quelques années déjà Mare Seyeenseigne. À son tour il prend la res-ponsabilité de transmettre son acquis,de guider ses élèves en restant le plusfidèle possible à ses professeurs, « Lanotion d’« honnêteté » dans la pra-tique, je cherche à la retrouver lorsquej’assure mes cours » dit-il, « Chaque

aïkidoka amène avec lui et livre sur le tapis unepartie de ce qu’il est, de son histoire. Ce sont lespratiquants qui confèrent à l’enseignant une cer-taine autorité, un certain pouvoir. À leurs yeux,notamment pour les plus jeunes, nous sommessouvent LA référence en matière d’Aïkido (et par-fois même au-delà). La tentation existe alors d’unerecherche de pouvoir pour soi-même. Pouvoirinsignifiant, mais il est possible de se laisser gri-ser par la sensation, même ténue, de puissance,de supériorité, d’emprise sur l’autre. Se sentirreconnu, paré quelquefois de mille vertus réellesou imaginaires, ça peut faire du bien, mais il yaurait un réel danger à faire de ce besoin de recon-naissance le moteur de son enseignement. » Dansun cours d’Aïkido, le professeur occupe une fonc-

tion importante, centrale —dans tous les sens duterme—. S’il se doit d’êtreun guide, un passeur, unrepère par rapport à la pra-tique, il ne doit être, aux

yeux de Mare, « Ni une idole que l’on adore aveu-glément, ni un gourou. » C’est, en partie aumoins, pour démythifier son propre rôle d’ensei-gnant que Mare fait en sorte que ses élèves par-ticipent à des stages animés par d’autres techni-ciens, pour qu’ils se rendent compte que lesapproches sont multiples, qu’ils le voient à sontour en situation d’élève, « Où, dit-il, devant monpropre professeur, je ne suis pas toujours plusbrillant qu’eux », et afin qu’ils réalisent que, quelque soit le niveau de chacun, ce que l’on sait esttoujours infiniment moins important que ce quel’on a à découvrir.« L’Aïkido, c’est magique ! » s’était dit Mare,enthousiasmé, mais pas au point d’en perdre sa

lucidité, de se faire des illusions touten restant optimiste, « J’ai cessé decroire aux miracles », conclut-il, « L’Aïkido n’empêche pas les prati-quants de tomber dans certains tra-vers bien humains. Dans le mêmetemps, on ne sait pas ce qu’il enserait sans la pratique. L’Aïkido noustransforme. Sans doute par ce qu’ilnous révèle à nous-mêmes. Plusj’avance, plus je vois de portes s’ou-vrir devant moi. » ●

Albert Wrac’h

▼…Parce que,depuis mes débuts,le travail avec etsans armes ont été associés,le ken me permetde mieux appréhender certains aspects de la pratique àmains nues…▲

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Pratiquer lesarmes, ici leken, pour travailler lecentrage, ladistance et laprécision.

PORTRAIT Mare SEYE

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HUMOUR

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Par Guillaume Guérillot

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