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Agence Française de Développement Direction de la Stratégie Département de la Recherche 5 rue Roland Barthes 75012 Paris - France www.afd.fr Biens publics mondiaux et développement : De nouveaux arbitrages pour l’aide ? Sarah Marniesse ([email protected]) document de travail Département de la Recherche Agence Française de Développement septembre 2005 3

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  • Agence Franaise de DveloppementDirection de la StratgieDpartement de la Recherche

    5 rue Roland Barthes75012 Paris - Francewww.afd.fr

    Biens publics mondiaux et dveloppement :De nouveaux arbitrages pour laide ?

    Sarah Marniesse ([email protected])

    documentde travail

    Age

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    septembre 2005

    Dpartement de la Recherche

    Age

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    septembre 2005 3

  • AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 2

    Introduction 3

    1. Dfinition 4

    La communaut internationale ralise lentement que sa survie dpend de la production de BPM 4

    Dune notion intuitive une dfinition robuste et consensuelle : un long chemin parcourir 5

    2. Enjeux 10

    Cooprer pour produire des BPM 10

    Financer la production des BPM 11

    Renforcer les complmentarits entre production de BPM et politiques de dveloppement 14

    Apports pour dfinir le rle et les modalits dintervention de lAFD 17

    3. Conclusions 19

    Rfrences Bibliographiques 20

    Notes 22

    Cette note est en partie inspire dun rapport provisoire intitul Financing global public goods : issues & prospects ,

    P. Jacquet et S. Marniesse, 2005 . Elle a bnfici des relectures scrupuleuses dE. Filipiak et V. Sauvat, ainsi que des

    conseils aviss de J. Loup, H. Bougault, P. Brouillet, A. Blanc et J.P. Barral. Ils ne sont pas responsables des imperfections

    qui demeurent.

    Sommaire

  • AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 3

    Apparue dans les dbats internationaux la fin des

    annes 1990, la notion de bien public mondial (BPM) en

    constitue dsormais un thme important. Cette notion

    renvoie des proccupations dintrts communs

    lhumanit, dans un contexte marqu par des

    interdpendances croissantes entre pays, souvent

    dangereuses pour lavenir de la plante parce que ni les

    marchs, ni les politiques nationales ne sont en mesure

    de les grer correctement.

    Intuitivement, on peroit limportance des BPM. Mais

    cette notion reste abstraite et suspecte :

    - abstraite, parce que la communaut internationale,

    aprs avoir opt pour une dnomination complique et

    peu explicite, est lente en donner une dfinition

    consensuelle et la traduire en politique publique ;

    - suspecte, parce que certains de ses dtracteurs ny

    voient quune nouvelle invention de la mondialisation

    librale drape de fausses bonnes intentions alors que

    dautres, dans un registre diffrent, redoutent une

    entreprise de dtournement de laide publique au

    dveloppement (APD) au profit denjeux prioritaires pour

    les pays dvelopps.

    Cest dans ses relations avec lAPD que ce sujet soulve

    le plus de controverses. Et cest en raison de ses

    relations avec lAPD quil revt autant dimportance pour

    une agence daide. En effet, lAPD sinscrit dans une

    relation Nord/Sud encore mal dfinie mais clairement

    empreinte de considrations globales2 . Elle a, par souci

    de durabilit , besoin dtre accompagne dune

    production de BPM. Rciproquement, une production

    accrue de BPM passe souvent par un surcrot de

    dveloppement. Ces deux politiques, non seulement

    renforcent leur efficacit mutuelle, mais sont, en outre,

    souvent insparables, en se confondant ou en se

    compltant. Cela ne dmontre pas pour autant la

    lgitimit dun financement systmatique des BPM par

    lAPD, mais invite plutt analyser en profondeur les

    relations entre ces deux politiques pour en tirer des

    enseignements oprationnels.

    Si lAgence Franaise de Dveloppement choisit

    dinscrire dlibrment son action dans une optique de

    dveloppement durable, qui passe par la production de

    BPM, plusieurs volutions devraient en dcouler pour son

    activit :

    - en termes de secteurs dactivit : vers o rorienter

    lactivit pour contribuer au dveloppement tout en se

    proccupant de sa durabilit ?

    - en termes de mthode : comment promouvoir

    conjointement, lorsque cela est envisageable, BPM et

    dveloppement ? quelles nouvelles approches adopter ?

    - en termes de ressources : quand mobiliser des

    ressources en APD pour produire des BPM ? comment les

    utiliser efficacement ? comment complter ces ressources

    par des ressources additionnelles pour financer la

    production de BPM sans rapport avec le

    dveloppement ?

    Enfin, au-del de leurs consquences sur lactivit des

    bailleurs, les BPM offrent galement lopportunit de

    repenser la cohrence des politiques publiques

    nationales et internationales en identifiant clairement les

    logiques qui sous-tendent chacune dentre elles et leurs

    complmentarits.

    Ce texte revient sur le difficile processus de dfinition des

    BPM, tente de rendre cette notion aussi limpide que

    possible, et en analyse les enjeux en termes de

    dlimitation dun champ consensuel, de production

    (problmes institutionnels et financiers) et dappropriation

    par une agence daide comme lAFD.

    Introduction

  • AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 4

    La communaut internationale raliselentement que sa survie dpend de laproduction de BPM

    Le besoin de coordination des Etats autour dintrts

    communs est ancien, mais ne sest vritablement

    dvelopp quavec la multiplication des changes

    internationaux. Au XIXme sicle, les biens publics

    rgionaux ou mondiaux taient dj nombreux, mme si

    la dnomination nexistait pas encore : gestion commune

    dun fleuve, lutte contre le cholra, gestion internationale

    du courrier ou des tlcommunications, lutte contre la

    variole ; puis, aprs la Premire Guerre mondiale,

    tentatives pour prserver la paix mondiale, etc.

    Ce nest qu la fin du XXe sicle que le terme BPM

    est apparu pour attirer lattention de la communaut

    internationale sur les risques encourus ds lors que ces

    BPM taient produits en quantit insuffisante. Le premier

    conomiste avoir vritablement parl de BPM est

    Kindleberger (1973). Dans un ouvrage intitul The World

    in Depression , 1929-1939, il montrait comment les

    racines de la crise de 1929 se trouvaient dans

    linsuffisante production de biens publics pour encadrer

    les marchs mondiaux. Le systme conomique tant

    incapable de sautorguler, les marchs ont besoin dtre

    encadrs par des institutions internationales garantes

    de leur stabilit. Ces dernires, qui surveillent et tentent

    de prvenir les risques de dfaillance des emprunteurs,

    contribuent renforcer les systmes financiers nationaux

    et jouent le rle de prteur en dernier ressort. Elles

    fournissent du service public international .

    Paralllement, les travaux de Garrett Hardin ont fait

    merger la notion de BPM dans le domaine

    environnemental : Hardin, dans son essai The Tragedy of

    the Commons (1968), analyse le drame des paysans

    anglais qui, au XIXe sicle, sappauvrirent en

    surexploitant et dtruisant les pturages communaux. Il

    applique son concept aux problmes environnementaux

    modernes : le bien communautaire (locan, latmosphre,

    etc.) suscite des comportements parasitaires, en ce sens

    que chacun croit pouvoir lexploiter pour lui, sans en payer

    le prix. La question du dveloppement durable, inspire

    des thses de Hardin, a mis en avant le problme du

    rchauffement climatique, consquence dune

    surproduction de gaz effet de serre dans le domaine

    public quest latmosphre, ou celui de la surexploitation

    des ressources naturelles, dans le cadre dune

    mondialisation conomique mal rgule et peu soucieuse

    des gnrations futures. La lutte contre le rchauffement

    climatique ou la protection des ressources naturelles sont

    devenues , dans le langage courant, des BPM, mme

    si elles sont davantage apparentes, selon la dfinition

    conomique prsente plus loin, des biens communs

    mondiaux.

    Les risques lis aux pandmies (SIDA, SRAS) et aux

    catastrophes naturelles rgionales ou mondiales, ainsi

    que la monte du terrorisme sont des proccupations de

    nature similaire, qui illustrent la multiplication des enjeux

    de production de biens publics lchelle mondiale.

    Nanmoins, mme si limportance de ces questions est

    internationalement reconnue, ladoption dune dfinition

    consensuelle des BPM et la reconnaissance de la

    prminence dune politique publique internationale de

    production de BPM font problme. Que sont prcisment les

    BPM ? Pourquoi sont-ils produits en quantit insuffisante

    et comment peut-on y remdier ? Quels sont les obstacles

    une position consensuelle sur ce thme ? Telles sont les

    questions quil faut claircir pour apprcier lintrt de cette

    notion.

    1. Dfinition

  • Dune notion intuitive une dfinition robusteet consensuelle : un long chemin parcourir

    La notion de bien public a t dveloppe par lanalyse

    conomique. Elle a ensuite t tendue lchelle globale

    sur la base de considrations de nature politique.

    Les biens publics et les externalits dans un Etat souverain

    Avant toute chose, il convient de rappeler que ltude des

    biens publics sinscrit dans le cadre thorique de

    lconomie du bien-tre . On doit Arrow et Debreu le

    premier thorme de lconomie du bien-tre selon lequel,

    sur la base dhypothses strictes, le fonctionnement libre

    des marchs permet daboutir une allocation efficace des

    ressources maximisant le bien-tre global (Pareto-

    efficacit). Lorsque ces hypothses ne sont pas vrifies, le

    fonctionnement des marchs ne permet pas daboutir un

    optimum social et lon parle de dfaillances de march,

    justifiant une intervention publique. Ainsi, dans ce

    paradigme, lEtat nest cens intervenir que lorsque le

    march choue tirer le meilleur parti des ressources

    disponibles. Dans ce cadre, les agents, supposs

    rationnels et maximisateurs de leur propre bien-tre,

    dterminent leur comportement sur la base dun calcul

    cots/avantages. Une des hypothses simplificatrices

    ncessaires la ralisation dune allocation optimale des

    ressources suppose que les cots et avantages privs

    concident avec les cots et avantages sociaux (au niveau

    de la collectivit dans son ensemble). Or, cette hypothse

    nest pas raliste. Lexistence dexternalits ou de biens

    publics se traduit par une divergence entre les cots ou

    avantages sociaux et les cots ou avantages privs : ainsi,

    le prix de march dun bien trs polluant, qui est gal son

    cot marginal priv de production, est infrieur son cot

    social, qui intgre la nuisance marginale subie par les

    riverains (pollution). Cette divergence compromet la

    ralisation dune allocation optimale des ressources.

    Les principaux cas de dfaillances de march (biens

    publics et externalits), prsents ci-aprs, fondent le

    besoin dintervention publique.

    Lconomie publique aborde les principes fondamentaux de

    la fourniture des biens publics, cest--dire les biens offerts

    pour une consommation collective. Samuelson (1954) a le

    premier identifi les critres lorigine du problme de

    production qui fonde la notion de bien public : la non-rivalit

    et la non-exclusion. La non-rivalit signifie que la

    consommation du bien par un agent ne diminue pas la

    possibilit de consommation de ce mme bien par un autre

    agent. Lexemple classique est celui de la dfense

    nationale. Si une arme protge le pays dune attaque

    extrieure, tous les citoyens sont galement protgs. Le

    bien non-rival est ainsi, dans la thorie conomique, un

    bien ou service pour lequel le cot dextension de la

    consommation une personne supplmentaire est nul. La

    non-exclusion signifie quaucun consommateur ne peut

    tre exclu de la consommation dun bien sans cots

    dexclusion levs. Une arme qui protge un pays protge

    sans exclusion lensemble des habitants.

    La caractristique de non-rivalit est prdominante : les

    biens publics sont de manire intrinsque non rivaux.

    Quant la caractristique de non-exclusivit, elle dpend

    de la possibilit ou non de rserver lusage exclusif du bien

    certains consommateurs grce des mcanismes de prix

    ou des rglementations.

    Dtaillons les diffrents cas de figure et leurs implications

    conomiques.

    - Un bien non-rival induit un phnomne de passager

    clandestin. En effet, une fois le bien produit, tout agent qui

    nest pas exclu de sa consommation peut le consommer

    dans la quantit souhaite quelle quait t son implication

    dans le processus de production. Il a donc intrt

    bnficier de leffort dautrui sans contribution personnelle 3.

    Ce comportement individualiste conduit cependant un

    niveau sous-optimal de production du bien.

    - Peu de biens possdent la fois les deux caractristiques

    de non-rivalit et de non-exclusion. Ce sont des biens

    publics purs4.

    - Un bien dont la consommation est non-rivale mais dont

    certains consommateurs peuvent tre exclus est appel

    bien club . Si des consommateurs sont exclus, le

    march conduira une sous-consommation par rapport

    la consommation optimale (puisque davantage de

    consommateurs auraient pu bnficier de cette

    consommation sans que le cot de production en soit

    augment). Cette sous-consommation est une autre forme

    dinefficacit.

    Dfinition

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 5

  • - Un bien non exclusif dont la consommation est rivale nest

    pas un bien public, cest un bien commun (ou ressources

    naturelles puisables). La question des biens communs

    renvoie aux analyses de Hardin. Il est impossible dexclure

    quiconque de la consommation dun bien commun, do un

    gaspillage de la ressource et un risque de non

    renouvellement (cas de leau). Ce cas renvoie la notion

    dexternalits ngatives : lentre dun consommateur

    supplmentaire parmi les consommateurs dune ressource

    commune limite se traduira par des externalits ngatives

    pour les consommateurs dj prsents (diminution de leur

    consommation) et pour la socit (disparition plus rapide de

    la ressource). Il est dans ce cas ncessaire de crer des

    droits de proprit prive ou bien de mettre en place des

    rgles collectives de gestion dun bien commun.

    Ajoutons que, de manire gnrale, le concept

    dexternalits est li celui de biens publics ou communs.

    Pour la thorie conomique, les externalits traduisent le fait

    que laction de consommation ou de production dun agent

    a des consquences sur le bien-tre dau moins un autre

    agent sans que cette interdpendance soit reconnue par le

    systme de prix, donc sans donner lieu compensation

    montaire. En consquence, lacteur lorigine de leffet

    externe nintgre pas dans son calcul cot/avantage la

    nuisance sociale ou le bnfice social gnrs. A titre

    dillustration de ces externalits, on peut citer les exemples

    suivants : il y a surproduction de gaz polluant car lentreprise

    mettrice ne paie pas pour la nuisance occasionne ; il y a

    sous-production de forts car les propritaires ne sont pas

    rtribus pour le bnfice global occasionn. Une perte

    dutilit sociale en rsulte. Et la production dutilit sociale

    peut difficilement rsulter dune seule action prive en

    raison du phnomne de passager clandestin.

    Il rsulte de cette dfinition que :

    - une surconsommation de biens communs induit des

    externalits ngatives (elle diminue les possibilits de

    consommation) ;

    - les externalits ngatives sont non rivales et non

    exclusives : la rduction de ces externalits ne peut tre

    prise en charge par le secteur priv cause du phnomne

    de passager clandestin, personne ne pouvant tre exclu des

    bnfices dune telle rduction ;

    - la production de biens publics est lorigine dexternalits

    positives (installation dun phare qui profite lensemble des

    bateaux qui passent proximit) ;

    - certaines externalits ont un impact direct sur des biens

    publics (comme lair).

    La dfinition des biens publics se complexifie ds lors que

    lon cesse de lenvisager dun point de vue strictement

    technique. Dans loptique technique , la dimension de

    non exclusion repose sur la proprit physique du bien (par

    exemple, aucun consommateur ne peut tre exclu de

    lclairage public car, dun point de vue technique, il claire

    tous ceux qui passent proximit). Dun point de vue

    social , la non-exclusion est une caractristique qui peut

    tre construite ou leve condition dy consacrer les

    ressources ncessaires. Elle rsulte dun choix politique.

    Ainsi, dans une socit donne, la collectivit peut souhaiter

    que des biens lorigine privs deviennent publics, de

    manire respecter des droits humains (on rend publique

    lcole car laccs lducation est un droit humain ; on

    construit un systme de sant publique ; etc.) ou pour

    rduire la pauvret et remdier des ingalits daccs

    (accs aux loisirs, accs au micro-crdit, etc.). LEtat prend

    alors en charge le cot daccs de lensemble des

    consommateurs au bien public socialement construit. Un

    bien peut donc devenir public ou cesser de ltre selon

    lvolution des techniques mais aussi des prfrences

    sociales, des contraintes budgtaires, etc.

    Au niveau national, un bien public est donc soit

    techniquement non-exclusif, soit non-exclusif par

    construction sociale. Cette difficult est amplifie lchelle

    mondiale par les problmes que pose llaboration de choix

    sociaux mondiaux.

    Extension lchelle mondiale

    La notion de Bien Public Mondial est encore en

    construction. Lance par le PNUD (1999), elle fait

    aujourdhui lobjet dun processus de dfinition et danalyse

    par un groupe de travail (Groupe de travail international sur

    les BPM5 (GTIBPM), dont le secrtariat est bas

    Stockholm) qui doit rendre sa copie fin 2005. Si ses

    caractristiques techniques ne posent pas trop de

    problmes, en revanche sa construction sociale est

    complique.

    Dfinition

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 6

  • (i) La non-rivalit est une caractristique du bien public

    indpendante de son caractre national ou mondial. Ce

    nest pas elle qui permettra de fonder la discrimination

    entre bien public national et bien public mondial.

    (ii) Lchelle de la non-exclusion technique diffre pour

    les biens publics locaux, nationaux, rgionaux ou

    mondiaux : les externalits produire ou rduire ont une

    limite gographique qui, dans certains cas, tend slargir

    dans le cadre du processus de mondialisation actuel : du

    fait de la mobilit des personnes, les pandmies ont une

    porte mondiale ; du fait de linterdpendance des

    systmes financiers nationaux, un dysfonctionnement

    localis peut engendrer une crise financire mondiale.

    (iii) Les problmes induits par la construction collective de

    la non-exclusion sont galement trs spcifiques selon

    lchelle o lon se situe. Alors quau niveau national, une

    autorit lgitime fixe les frontires du public , au niveau

    mondial, cette construction sociale repose sur la

    conciliation des prfrences collectives, ce qui renvoie au

    problme de construction dune action collective

    mondiale. Le risque est quelle conduise une inclusion

    beaucoup trop large, sans commune mesure avec les

    ressources disponibles.

    Dveloppons ce dernier point : les tenants dune dfinition

    inclusive ou sociale des BPM se fondent sur le lien

    entre droits humains6 et biens publics pour dfendre

    linclusion de leau, de la sant, de lducation ou de

    lalimentation dans la liste des BPM7. Dans de nombreux

    pays en dveloppement, lEtat ne peut pas garantir

    laccs aux services publics par manque de

    ressources nationales pour les financer. En consquence,

    de nombreux droits ne sont pas garantis. Linclusion des

    droits dans la liste des BPM aurait la vertu de globaliser le

    financement de leur application, dassurer quils seraient

    financs par la communaut internationale et donc

    appliqus de faon plus galitaire. Dans cette optique, la

    production des BP dans les pays pauvres devrait tre

    prise en charge par des financements globaux, au nom du

    respect des droits humains ou des objectifs sociaux

    approuvs par la communaut internationale (tels par

    exemple, les Objectifs du Millnaire pour le

    Dveloppement). Lexemple de la sant permet de

    comprendre lenjeu de ce dbat : en incluant la sant dans

    les BPM, en rfrence aux droits humains, on permet

    nimporte quel malade, quelle que soit son origine, dtre

    soign au mme titre quun malade de pays industrialis.

    Mais, si la finalit est juste, les moyens pour latteindre ne

    semblent pas les bons : ce nest pas en distordant la

    dfinition des BPM que lon parviendra un meilleur

    financement des droits mondiaux, cest peut-tre en leur

    consacrant davantage dAPD.

    Pourquoi globaliser laccs un service public national

    alors quun gouvernement peut parfaitement le produire

    ou le grer de manire indpendante (principe de

    subsidiarit) si, tout au moins, on lui garantit les

    ressources ncessaires. Or, ces ressources ont

    davantage voir avec de lAPD (dveloppement humain

    dun pays) quavec du financement de BPM. Cest le rle

    de lAPD daider la construction de secteurs publics

    nationaux, non celui des financements de BPM.

    On le voit, une construction largie de la non-exclusion,

    renvoyant la notion de droit ou dquit daccs, conduit

    tendre indfiniment le champ des BPM, puisque

    aucune autorit lgitime nen fixe les limites. Elle brouille

    en outre les frontires entre les diffrentes politiques

    publiques internationales (droit, dveloppement, biens

    publics mondiaux) et rend impossible toute tentative de

    hirarchisation des priorits, pourtant indispensable en

    univers de ressources contraintes. Pour sortir de cette

    impasse, il convient de fonder les caractristiques

    discriminantes de la notion de BPM par rapport celles de

    bien public national, de droit ou dobjectif de

    dveloppement.

    Vers loptique minimaliste

    Lapproche inclusive ou sociale aboutit une

    confusion entre des BPM, des biens publics nationaux,

    des droits humains ou des objectifs de dveloppement,

    effaant les frontires des politiques publiques censes

    les produire. Elle est fonde sur des besoins de nature

    trs diffrente (BP dont la socit a besoin pour

    fonctionner de manire plus humaine ou BP que le

    march ne peut techniquement pas produire). Elle

    mobilise des modes dintervention trs diffrents

    (financement de BP nationaux partir de ressources

    nationales et internationales, sans coopration

    Dfinition

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 7

  • ncessaire entre Etats dune part ; financements

    globaliss de lautre).

    Une dfinition restrictive vient dtre adopte par le

    GTIBPM, qui vise distinguer les deux types de

    politiques. La production de BPM concernerait

    uniquement les BP que le march ne peut techniquement

    pas produire et qui ncessitent une coopration

    internationale.

    On le voit, dans un contexte douverture des frontires

    marche force, cette dfinition met plus particulirement

    laccent sur la gestion des externalits, positives ou

    ngatives, et le risque que reprsentent les passagers

    clandestins qui ne jouent pas le jeu : il sagit de limiter

    les risques lis la production, par certains pays non

    coopratifs dexternalits ngatives (diffusion de

    pandmies, instabilits financires ou conomiques,

    menaces la paix, puisement des ressources naturelles)

    ou linsuffisante production dexternalits positives

    (diffusion de la connaissance, ouverture commerciale).

    Trois postulats fondent alors la spcificit des BPM :

    - un BPM recouvre, en raison des externalits qui

    touchent lensemble des pays (ou un grand nombre

    dentre eux), des enjeux importants pour la communaut

    internationale. Ce postulat exclut les droits et la lutte

    contre la pauvret de la liste des BPM, qui produisent

    certes des externalits, mais peu visibles court terme au

    niveau global. Il ne consiste pas faire passer au second

    plan des objectifs comme le respect des droits ou la lutte

    contre la pauvret, mais il vise signifier que le

    financement de ces objectifs relve dun autre type de

    politique publique internationale ;

    - un BPM ne peut tre produit par un seul pays

    individuellement, sauf si cest le seul producteur

    dexternalits ;

    - un BPM doit donc tre produit collectivement ou sur une

    base multilatrale, pour rduire au maximum le niveau

    des externalits. La non production dun seul pays peut

    compromettre le rsultat final. La production requiert

    donc, le plus souvent, une coopration au niveau global.

    Cette dfinition soulve un certain nombre

    dinterrogations : qui va dcider de limportance relative

    dun BPM par rapport un autre ? Que signifie une base

    multilatrale ? Que signifie collectivement ? La

    question de la dmocratie mondiale est pose sans tre

    rsolue.

    Toutefois, cette dfinition a le mrite de cantonner la

    production de BPM un domaine bien dlimit, qui

    nempite pas sur la question des droits ou lAPD.

    Prenons, titre dillustration, lexemple de leau potable,

    que certains font figurer dans la liste des BPM. Laccs

    leau potable est un droit humain, un objectif que sest fix

    la communaut internationale dans le cadre des Objectifs

    du Millnaire. Mais la logique qui prside sa fourniture

    est celle de la production de bien public lchelle

    nationale plus que celle dun BPM.

    Les externalits lies la consommation deau potable

    sont rduites. Le reste du monde peut souhaiter financer

    laccs leau potable du plus grand nombre, mais

    seulement en vertu du respect des droits humains

    (proccupation de dveloppement), et non pour des

    raisons de risques globaux induits. Si le bien nest pas

    produit ou le service nest pas rendu dans un pays, le

    reste du monde ira moins bien, mais lhorizon des

    consquences est lointain et incertain. Seuls les cas o

    leau est un enjeu entre deux ou plusieurs pays

    (Isral/Palestine ou gestion de bassins rgionaux) sont

    des questions qui touchent lintrt commun, rgional

    en loccurrence.

    La sous-production et la sous-consommation deau

    potable sexpliquent par la pauvret et le retard de

    dveloppement. Elles doivent tre inverses grce

    laide publique internationale.

    Dfinition

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 8

    Dfinition du GTIBPM

    IPGs are issues that (i) are deemed to be important to the

    international community ; (ii) and cannot, or will not, be

    adequately addressed by individual countries acting

    alone ; and therefore, (iii) must be addressed collectively

    on a multilateral basis by both developed and developing

    countries.

    Source : Secrtariat du GTIBPM, 2005.

  • Il ny a pas besoin dune production collective pour

    fournir laccs ce BP, except en matire de financement,

    mais cest lAPD de contribuer amliorer ce service dans

    les pays o il est dfaillant.

    Le GTIBPM donne une liste de BPM conformes sa

    dfinition et quil juge prioritaires : la paix et la scurit, le

    contrle des pandmies, les biens communs naturels,

    louverture commerciale, la stabilit financire internationale

    et la connaissance. Ces choix ne font pas lunanimit et sont

    largement critiqus par la socit civile. Dune part, cette

    dfinition est juge de coloration trop

    librale : elle na pas pour objectifs de modifier la

    rpartition des richesses mondiales, de faire avancer

    lapplication des droits humains, ni de freiner la libralisation

    des conomies mais plutt de prendre en compte

    lexistence de dfaillances de march et dy remdier pour

    rduire leurs consquences ngatives et optimiser les

    bnfices attendus du fonctionnement des marchs.

    Ensuite, les dtracteurs de lapproche dnoncent les

    difficults analytiques et oprationnelles qui accompagnent

    ces choix. Le choix de louverture commerciale suscite, plus

    que les autres BPM, des leves de bouclier. Dans lesprit du

    GTIBPM, il sagit dinflchir les rglementations

    internationales dans le sens dun accs plus libre aux

    marchs, cens profiter aux PED8. Pour prendre en compte le

    retard accumul par les pays pauvres, un volet de soutien

    leur intgration dans le commerce mondial est prvu9. Dans

    les faits, beaucoup jugent faibles les chances quils ont de

    tirer profit de louverture, limage de leur

    potentiel commercial. Do les inquitudes qui

    accompagnent linclusion de ce domaine dans la liste

    officielle des BPM. Par ailleurs, une fois dfinis, les BPM

    restent trs complexes produire. Des biens comme la paix

    ou la scurit, par exemple, recouvrent de nombreuses

    dimensions, difficiles identifier et traduire en

    interventions de terrain.

    Loptique retenue est donc celle de la gestion des

    externalits lchelle globale, en privilgiant court terme

    la gestion des risques lis la prsence dexternalits

    ngatives ou linsuffisance dexternalits positives. La

    dfinition inclusive par construction sociale de BPM

    est carte car elle ralentirait le processus de dfinition et,

    surtout, conduirait brouiller les spcificits des diffrentes

    politiques internationales.

    Bien sr, et paralllement, lenjeu du financement dun

    dveloppement quitable, qui implique lapplication des

    droits humains et la redistribution de ressources, doit rester

    au coeur des proccupations des politiques internationales : les

    Objectifs du Millnaire en sont une manifestation. Cest un

    enjeu majeur qui ne peut tre abandonn au profit de la

    production de BPM. Mais cest un enjeu qui relve dun

    autre type de politique, complmentaire (comme nous le

    verrons plus loin) mais diffrent.

    Dfinition

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 9

  • AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 10

    Une fois dfinis, les BPM restent produire. Or, la

    production des BPM se heurte diffrents types

    dobstacles selon les caractristiques des BPM en

    question. Chaque situation prsente ses difficults propres

    et appelle des solutions spcifiques.

    Cooprer pour produire des BPM

    Cooprer efficacement et quitablement

    La question de la coopration est au coeur de la

    problmatique de production des BPM. Les types de

    coopration dpendent de ce que Hirschleiffer (1983) a

    qualifi de technologie de production :

    (i) les processus additifs (sommation), comme la lutte

    contre leffet de serre, atteignent un volume total qui

    dpend de la somme des productions individuelles. Les

    aspects institutionnels sont donc dterminants dans la

    russite de tels processus, et ils seront dautant plus

    efficaces quun accord ou un trait aura pu tre sign,

    incitant le plus grand nombre y participer. Sandler (2001)

    montre que ce type de biens exige une coopration

    multilatrale, quivalent lchelle globale de lintervention

    publique, sans quoi la contribution dun pays peut inciter les

    autres ne pas participer ;

    (ii) pour un BPM de type maillon faible , comme

    lradication dune maladie, le niveau de BPM fourni est

    dtermin par leffort le plus faible. En effet, la non

    coopration dun seul pays peut mettre en pril le succs

    de lensemble de la production, do la ncessit daider

    financirement et techniquement le maillon faible sil ne

    peut pas prendre en charge la production. Les BPM de type

    maillon faible seraient ceux qui posent le moins de

    problmes de financement, les incitations former des

    partenariats bilatraux ou multilatraux pour complter la

    contribution la plus faible tant fortes ;

    (iii) les BPM de type niveau du meilleur sont

    caractriss par le fait que les efforts les plus importants

    dterminent le niveau de leur production (exemple de la

    recherche mdicale). Un seul producteur est alors

    ncessaire et il suffit de concentrer les efforts son niveau.

    Mais lidentification et le choix de ce producteur posent

    quelquefois problme, en particulier lorsquil prsente les

    avantages comparatifs les plus vidents alors quil nest pas

    incit produire le bien en question.

    La distribution des gains attendre de la production dun

    BPM peut parfois amener un pays assumer le rle de

    leader prt prendre en charge, partiellement ou

    entirement, les cots de production et capable de gnrer

    de fortes incitations la participation des autres nations

    lorsque celle-ci est requise. Cest, bien sr, le cas pour les

    BPM de type niveau du meilleur , mais pas uniquement.

    Les Etats-Unis, du fait de leur puissance hgmonique,

    jouent parfois ce rle particulier, y compris pour des BPM

    de type additif, comme dans le cas du protocole de

    Montral sur la rduction de la couche dozone, par

    exemple.

    Lorsque aucun leader nmerge, laction collective se

    cristallise plus facilement sur des enjeux circonscrits, o les

    gains sont bien identifiables pour les bnficiaires (cas de

    BPM de type maillon faible par exemple, avec un intrt

    immdiat agir). Laction collective rallie alors dautant plus

    de participants que les possibilits de jouer les passagers

    clandestins sont limites (biens partiellement exclusifs).

    Dans le cas de lUnion Postale Universelle, par exemple,

    les bnfices de lacheminement fiable du courrier

    international sont forts pour tous les pays ; un cadre de

    production de ce bien public mondial a ainsi pu tre mis en

    place de manire prcoce et durable (lUnion, fonde sur

    une rpartition quitable des charges, compte aujourdhui

    190 pays membres).

    2. Enjeux

  • Les institutions multilatrales peuvent galement prendre

    en charge la production de BPM dans leur domaine propre.

    Mais deux critiques lies leur sont adresses : (i) leurs

    interventions dans ces domaines reprsentent-elle

    rellement un choix collectif mondial ? (ii) la production de

    BPM par des institutions non cres cet effet ne se

    fait-elle pas au dtriment dautres productions qui

    constituent leur mission premire et sont davantage

    souhaites par les pays bnficiaires ?

    Par ailleurs se pose la question de lincitation des pays

    rticents cooprer en vue de lintrt collectif ( supposer

    que lintrt collectif soit reconnu par tous). Il sagit de

    concilier des prfrences par la coopration, plutt que par

    la contrainte, car il ny a pas de mcanisme lgal par lequel

    des majorits de pays peuvent contraindre des pays free

    rider entrer dans des mcanismes de production des

    BPM : ce que Nordhaus (2001) appelle le dilemme

    westphalien. Dans quelles conditions les acteurs de la

    coordination prfreront-ils adopter des rgles

    contraignantes pour lintrt collectif plutt que de se replier

    sur des stratgies non-coopratives ? Lvaluation

    convaincante des risques encourus, lexistence de

    solutions acceptables pour tous, les incitations et les

    sanctions (ou la carotte et le bton dans les analyses

    de S. Barret) et la structure des ngociations sont

    dterminants (voir Severino et Tubiana, 2002).

    Grer la complexit des processus de production

    Certains BPM ont des contours bien dlimits et requirent

    des interventions cibles. Dautres, loppos, sont

    complexes, ncessitant des actions de diffrents types,

    diffrentes chelles gographiques, diffrents moments

    dans le temps et mobilisent de nombreux acteurs.

    La lutte contre les CFC ou la protection des ressources

    halieutiques sont des BPM dont les contours sont assez

    facilement dessins, induisant un problme doffre simple

    et requerrant des actions cibles. Leurs caractristiques

    permettent didentifier assez rapidement les outils de

    production et de financement les mieux adapts et le

    montant des ressources requis pour financer leur

    production. En revanche, des BPM comme la lutte contre le

    SIDA impliquent un grand nombre dinterventions dans des

    domaines qui vont du global au local ; ils induisent la fois

    des actions directement orientes vers la production du

    BPM et des actions complmentaires 10 qui relvent

    souvent de la production de biens publics nationaux

    (constructions dinfrastructures socio-conomiques,

    formations, etc.), des actions ponctuelles et massives et

    des actions sur le long terme (entretien dinfrastructures de

    sant, maintenance, etc.). Pour cette raison, ils ncessitent

    de faire appel plusieurs types de financements et

    requirent souvent un inflchissement, voire une

    redfinition, des politiques sectorielles nationales.

    Financer la production des BPM

    Enjeux et modalits de financement

    Concernant la question du financement des BPM, une

    premire distinction doit tre faite entre la gestion

    dexternalits dun ct et la production physique de biens

    et services de lautre. Dans le cas de la gestion

    dexternalits, la question du financement est souvent

    secondaire. La production du BPM est peu coteuse pour

    les ressources publiques car on peut envisager soit une

    rglementation des externalits assortie de marchs de

    droits, soit une taxe, qui consiste internaliser les

    externalits . Les cots sont ainsi transfrs du domaine

    public au domaine priv, incitant les acteurs privs

    modifier leurs comportements. Bien sr, les cots ne sont

    pas nuls. Les pays perdants et, au sein de ces pays, les

    acteurs perdants, peuvent bnficier dun systme de

    compensations11. Outre les compensations, un systme

    dincitations accompagne parfois le dispositif. Enfin, dans

    tous les cas, linstauration dune rglementation ou dune

    taxation induit des cots dorganisation, de gestion, de

    contrle, etc. Mais, plus que le financement, cest

    essentiellement la dfinition dobjectifs communs et la

    rpartition des cots indirects qui pose problme. La lutte

    contre le rchauffement climatique illustre ce constat : le

    point dachoppement est celui du partage du fardeau long

    terme (impact dune forte rduction des GES sur la

    croissance long terme). Cest la raison principale de la

    non ratification par les Etats-Unis du protocole de Kyoto.

    Une deuxime distinction doit tre faite selon quil est

    possible ou non dexclure des consommateurs potentiels

    de la consommation dun bien : dans laffirmative, les

    comportements de passagers clandestins disparaissent, ce

    qui permet au secteur priv de produire ce bien et de le

    Enjeux

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 11

  • vendre sur la base dun prix ngoci, qui suppose une

    rvlation des prfrences des consommateurs. Mais

    mme dans le cas des biens non-exclusifs, loffre prive est

    envisageable si elle est ngocie ex ante, avec mise au

    point dun dispositif dexclusion en cas de comportement de

    passager clandestin. Lexistence de facteurs de rivalit (par

    exemple ressources limites en voie dextinction)

    conduit mettre en place un droit dusage, de manire

    viter la surconsommation.

    Une troisime distinction porte sur les montants mobiliser

    et lhorizon temporel de la mobilisation. Dans le cas dun

    processus de production continu dans le temps (protection

    de la biodiversit ou du patrimoine mondial de lhumanit),

    les ressources ncessaires doivent sinscrire dans la dure

    pour viter des ruptures. Des modalits de financement

    telles que des contributions annuelles ou une taxe

    internationale simposent. Dans dautres cas de figure,

    comme la recherche dun vaccin, le processus avance de

    manire discrte ou binaire (il existe un seuil de

    production au-del duquel le bien est fourni et en de

    duquel il ne lest pas, comme pour lradication dune

    maladie). Dimportants montants devraient alors tre

    mobiliss court terme, pour rduire la dure du processus

    de production.

    Dans tous les cas, la communaut internationale devrait

    tre incite mobiliser des ressources suffisantes de

    manire produire des BPM discrets le plus rapidement

    possible ou des BPM continus de la manire la plus

    efficace possible. En investissant aujourdhui dans la

    production dun BPM, on rduit lensemble des cots,

    prsents et venir, dans les domaines sociaux,

    conomiques ou environnementaux, qui rsultent de la

    non-production de ce BPM. On prvient en outre le risque

    que la nuisance ne devienne hors de contrle.

    Une question transversale dimportance concerne le

    partage du fardeau entre les diffrents pays, sur des bases

    quitables. Idalement, le financement des biens publics

    devrait se faire sur le principe de la participation des pays

    hauteur de la valeur (satisfaction) quils en retirent. Cest le

    cas pour certains biens publics mondiaux spcifiques, pour

    lesquels le financement repose sur la participation des

    bnficiaires. Mais ce mode de financement ne peut tre

    gnralis car, outre la question pineuse de la rvlation

    des prfrences, beaucoup de pays ne disposent pas des

    ressources ncessaires pour financer leurs besoins. Des

    fonds sont parfois prvus dans le systme de financement

    de certains biens publics mondiaux pour financer la

    participation des pays pauvres. Aliments par les

    contributions des pays riches, ils prennent en charge la

    production du BPM (ou des activits complmentaires de la

    production) dans les PED : FEM12, fonds de lUnion

    Postale, fonds SIDA, etc. Cette dmarche rejoint la logique

    de la capacit payer .

    Plus gnralement, les fonds sont des vhicules de

    financement trs adapts la production de BPM. Crs

    selon une logique de centralisation (de ressources

    publiques ou prives, ventuellement emprunts et recettes

    dune taxe internationale) et de spcialisation, ils

    contribuent des programmes globaux et rgionaux

    hauteur de 2 milliards de dollars13 par an (soit 4 % de lAPD

    annuelle), distribus sous forme de dons. Ils jouent le rle

    de vhicules de ressources dans le cadre daccords

    globaux. La Banque mondiale gre le plus grand nombre

    de fonds (1,3 milliards de dollars en 2000, dont 700 millions

    affects des programmes rgionaux et globaux). Ainsi

    rassembles, les ressources peuvent tre employes plus

    efficacement que si elles taient disperses, mme si

    lexprience montre que les faibles capacits dabsorption

    des pays rcipiendaires, allies des problmes

    organisationnels au sein des fonds, font souvent obstacle

    une dpense efficace et rapide. Bien que globaux dans leur

    intention, les fonds sont en effet souvent dirigs vers des

    projets court terme dans des pays cibls, ce qui peut

    engendrer un parpillement incompatible avec lide de

    coordination des interventions.

    Chercher de nouveaux financements

    Dans un contexte de ressources insuffisantes, les

    gouvernements comme les organismes internationaux et

    autres bailleurs ont cherch impliquer le secteur priv

    dans la production de biens publics mondiaux, en

    particulier dans des domaines novateurs et profitables.

    Limplication des entreprises dans la production de BPM

    repose sur deux schmas :

    (i) lentreprise simplique sans incitation externe car le

    calcul cot-avantage prenant en compte les diffrentes

    contraintes auxquelles elle fait face (qui incluent les

    Enjeux

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 12

  • contraintes dimage et de rputation), la conduisent

    produire le BPM. Cest par exemple le cas de la prise en

    charge croissante par les entreprises prives des

    traitements contre le SIDA de leurs employs en Afrique

    subsaharienne. Cest galement le cas dentreprises qui

    investissent dans la lutte contre leffet de serre ou dans le

    dveloppement durable, notamment pour des raisons de

    rputation ou par anticipation de rglementations futures ;

    cest aussi videmment le cas dentreprises maximisant

    leur profit dans un cadre rglement, la rglementation

    internalisant les effets externes ngatifs ;

    (ii) lentreprise simplique la suite dune incitation externe

    (taxes et pnalits dun ct ; de lautre, soutiens publics et

    innovations dans le domaine de lingnierie financire et le

    dveloppement de partenariats public-priv, qui peuvent

    rduire le risque entrepreneurial ou assurer une taille

    minimale de march ou encore amliorer lenvironnement

    des affaires).

    Les ONG et fondations jouent galement un rle essentiel

    dans la fourniture de biens publics mondiaux. Les ONG

    contribuent la formation des prfrences collectives et

    la mobilisation de lopinion. Elles contribuent aussi au

    financement et la production de BPM par leur capacit

    mettre en oeuvre des actions sur le terrain et par leurs

    budgets oprationnels. Les ONG internationales ont

    apport, en 2002, 95 millions de dollars la lutte contre le

    SIDA (UNAIDS, 2004). Dans le domaine de

    l'environnement, elles jouent un rle essentiel de

    surveillance et participent activement au dbat politique.

    Quant aux fondations, souvent de tradition amricaine

    (pour des raisons de rgimes fiscaux notamment et parce

    que la politique sociale et lassistance publique aux plus

    pauvres y sont peu dveloppes), ce sont des partenaires

    de plus en plus prsents dans le financement des BPM, soit

    directement, soit en alimentant les fonds et structures

    supranationales en ressources. Au dbut de la dcennie

    1990, les dons internationaux des fondations prives

    atteignaient moins de 1% de lAPD. Dix ans plus tard, ils

    dpassaient 2 % et reprsentaient 20 % des transferts des

    ressources internationales sur les BP. En 2002, leur

    contribution sest leve 4 milliards de dollars14 .

    Laide publique au dveloppement finance galement une

    part importante de la production de biens publics mondiaux.

    Lutilisation de lAPD pour financer des biens publics

    mondiaux sexplique certes par lintersection des domaines

    (paix et dveloppement par exemple), mais aussi par

    facilit , parce que des bailleurs internationaux

    interviennent dans les deux domaines. Les ressources

    dAPD consacres par les bailleurs la production de

    BPM15 sous la forme de financement concessionnel ou

    non, se seraient leves en 2000 2 milliards de dollars

    (biens publics nationaux ayant des implications

    transfrontalires), alors que 11 milliards supplmentaires

    auraient t consacrs des projets destins

    accompagner la fourniture de BPM (systmes de sant qui

    sont dterminants dans la lutte contre le SIDA ; appui aux

    capacits commerciales ; soutien aux systmes financiers

    nationaux, etc.). La question de la lgitimit de lemploi de

    lAPD pour financer des BPM est dveloppe plus loin.

    Depuis quelques annes, un dbat sinstaure sur la

    fiscalit internationale (rapport Zedillo puis rapport Landau

    sur la taxation internationale). Un parallle avec la fiscalit

    nationale (impt prlev pour financer, entre autres choses,

    la production de biens publics) dmontre quune taxe

    mondiale se justifierait pleinement pour le financement de

    BPM. Cest loutil le mieux adapt au financement

    dobjectifs communs mme si, en labsence dun

    gouvernement mondial, la lgitimit de la taxe comme celle

    de son affectation doivent tre bien fondes. Cest, dans ce

    cas, le respect de lobjet et lefficacit de laction

    correspondante qui fonderaient la lgitimit de la taxe ainsi

    prleve. Reste la lgitimit du choix de laffectation : on en

    revient toujours au mme point dachoppement. Un objectif

    la fois global et fortement local ferait plus facilement

    lunanimit. Avec une taxe mondiale, les ressources

    financires seraient prennes, protges des alas de

    politique interne qui gouvernent les choix budgtaires de

    chaque pays. La taxation internationale serait donc

    particulirement adapte la production continue de biens

    publics qui ncessite des ressources prvisibles et

    prennes.

    Enfin, la mobilisation de ressources sur les marchs

    financiers est un moyen de financement qui permet de

    rassembler des ressources importantes, concentres dans

    le temps. Mcanisme de financement par endettement,

    lInternational Financial Facility (IFF) a t propose par le

    gouvernement britannique et soutenue par la France, avec

    Enjeux

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 13

  • lobjectif premier de financer les OMD. Il consiste

    titriser les promesses daugmentation future des flux

    dAPD faites Monterrey, de faon pouvoir anticiper sur

    la disponibilit de ces flux et tre capable dengager

    rapidement des montants importants. Ainsi, les bnfices

    conomiques et sociaux dune aide bien rpartie et bien

    cible seraient nettement suprieurs au cot des emprunts.

    Si ce mcanisme soulve de nombreuses interrogations,

    en particulier sur les conditions de gouvernance et

    daffectation efficace de fonds importants, il prsente

    cependant un double intrt : montrer que des innovations

    dingnierie financire peuvent permettre de disposer de

    ressources importantes et que linsuffisance de ces

    dernires ne saurait donc tre invoque pour expliquer le

    non-financement dobjectifs sur lesquels la communaut

    internationale a marqu son accord ; montrer aussi que lon

    peut, toujours par lingnierie financire, sparer lopration

    de collecte des fonds et celle de lutilisation de ces fonds.

    Ce systme pourrait-il financer des BPM ? La production de

    BPM est un investissement pour lavenir, pouvant tre

    partiellement pris en charge par les gnrations futures

    (avec, toutefois, un dbat plus complexe sur la question

    des responsabilits dans la production de nuisances, qui

    peut se rsumer par la question suivante : les pollueurs ne

    devraient-ils pas tre les payeurs ?). Lemprunt se

    justifierait donc, mais pas par lIFF qui est gage sur des

    ressources futures dAPD : seuls les BPM qui se

    superposent avec des objectifs de dveloppement

    devraient tre finanables de cette faon, comme la lutte

    contre le SIDA.

    Une question connexe se pose cependant : lIFF ou une

    taxation internationale ne risquent-elles pas de freiner

    laugmentation des flux dAPD ?

    Renforcer les complmentarits entre production de BPM et politiques dedveloppement

    Aux yeux de leurs dtracteurs, les BPM sont perus comme

    des rivaux de lAPD. LAPD ne se porte pas bien, son

    efficacit est conteste et les pays donateurs seraient la

    recherche de dbouchs plus convaincants. Ils se

    tourneraient ainsi volontiers vers la production de BPM,

    dont les bnfices devraient apparatre plus directement

    utiles aux yeux des contribuables. Les protestations

    frquentes des PED lgard de la thmatique BPM

    montrent combien la production de BPM est clairement

    identifie comme une menace pour lAPD, un

    dtournement de flux financiers vers des enjeux qui sont

    certes majeurs pour la plante mais secondaires par

    rapport des proccupations de court terme.

    Ce dbat nous semble vain : les deux politiques sont en

    ralit complmentaires. De nombreux BPM ne peuvent

    tre produits sans les PED, cest--dire sans une adhsion

    de ces pays cette politique et une contribution leur

    production, souvent dpendante de leur niveau de

    dveloppement. Symtriquement, le dveloppement est

    renforc par la production deffets externes positifs et nest

    durable que sil sinscrit dans un cadre de gouvernance

    soucieux de limiter les risques globaux majeurs.

    Dveloppement et BPM sont complmentaires

    Il existe plusieurs manires daborder cette question : (i) en

    analysant limpact de la production de BPM sur le

    dveloppement ; (ii) en montrant que la production de BPM

    renforce lefficacit de lAPD ; (iii) en montrant le rle que

    joue le dveloppement dans la production de BPM ; (iv) en

    montrant que plus que le dveloppement, cest le

    dveloppement durable qui importe, conditionn par la

    production de BPM en quantit suffisante :

    (i) la fourniture de BPM influence le dveloppement,

    notamment par le biais de la production dexternalits

    positives qui renforcent la croissance (diffusion de la

    connaissance) ou le dveloppement social (production de

    vaccins). La lutte contre les externalits ngatives est

    galement porteuse de dveloppement. Ainsi en est-il de la

    rduction des risques de crises financires, ces dernires

    tant lorigine de dpressions conomiques dvastatrices

    dans les pays mergents. De mme, la lutte contre le SIDA

    permet de prserver des vies en premier lieu, mais aussi du

    capital humain, indispensable au dveloppement

    conomique. Enfin, le maintien de la paix est bien

    videmment une condition sine qua non du dveloppement ;

    (ii) la fourniture de BPM renforce lefficacit de lAPD : elle

    permet notamment que des projets de dveloppement

    soient mis en oeuvre dans des contextes plus stables,

    augmentant leur prennit. Elle permet galement que des

    projets de dveloppement puissent sinscrire dans des

    programmes daction coordonns, abordant diffrentes

    Enjeux

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 14

  • dimensions dun mme problme et renforant lefficacit

    globale des interventions : par exemple, le dveloppement

    conomique de sites historiques, sil ne prend pas en

    compte la protection du patrimoine, ne sera pas durable ;

    (iii) Le dveloppement conditionne la production de certains

    BPM. On la vu, la chane de production dun BPM peut tre

    complexe et trs imbrique dans les secteurs nationaux.

    Les politiques sectorielles nationales jouent un rle crucial

    dans la russite du processus de production. La

    construction de centres de sant ou la formation dun

    personnel mdical comptent constituent un maillon

    indispensable des politiques de lutte contre le SIDA ;

    symtriquement, lorsque ces maillons nationaux ne

    sont pas financs ou correctement organiss, la production

    du BPM est rendue plus difficile, voire impossible. Autre

    exemple, sans un renforcement des systmes financiers

    nationaux, la stabilit financire internationale ne peut tre

    assure. Plus gnralement, sans les capacits

    dabsorption minimales requises pour produire les BPM, les

    ressources destines leur production ne seront pas

    dpenses efficacement ; (iv) La production de BPM

    conditionne la ralisation dun dveloppement durable. Or,

    cest bien le dveloppement durable, plus que le

    dveloppement, qui est vis. Le dveloppement dune

    rgion sur des bases fragiles et instables est source de

    gaspillages humains tout autant que dinefficacit de la

    dpense publique. Ainsi, contribuer au dveloppement de

    petites les qui seront bientt submerges par la monte des

    eaux cause du rchauffement climatique sans,

    paralllement, prendre lensemble des mesures

    requises pour limiter le rchauffement climatique, voil qui

    occulte les vraies priorits.

    Parce quils sont complmentaires, ces deux types

    dintervention doivent tre envisags conjointement. Deux

    conditions devraient fonder leurs relations sur une base

    juste :

    (i) pour des raisons dquit, la production de BPM ne doit

    pas rduire les opportunits de dveloppement des pays du

    Sud, tout au moins tant quils nont pas atteint le niveau de

    dveloppement des pays du Nord (lexemple de la

    consommation nergtique des pays en transition est un

    exemple rcurrent : si, au nom de la lutte contre leffet de

    serre, on impose une limitation des missions de CO2 dans

    les pays en dveloppement, les pays du Nord, en grande

    partie responsables du stock de CO2 actuel, devraient

    prendre en charge financirement les surcots de cette

    limitation) ;

    (ii) le financement de la production de BPM par lAPD nest

    lgitime que si le pays receveur considre ce financement

    comme entrant dans ses priorits, cest--dire sil rejoint des

    objectifs de dveloppement. Il sagit donc de trouver dautres

    sources de financement pour les BPM entrant dans la

    fonction de prfrence des seuls pays dvelopps.

    Il reste que le principe de ralit nest pas toujours en phase

    avec ces recommandations : certaines priorits des PED

    peuvent tre parfois inflchies dans le sens souhait par le

    bailleur de fonds.

    La fourniture de BPM est loccasion de repenser les

    spcificits de lensemble des politiques publiques

    internationales

    De la mme manire que lconomie publique englobe la

    fourniture de biens publics et dautres politiques publiques

    (redistribution, stabilisation, etc.), la fourniture de BPM doit

    tre conue comme un sous-ensemble de politiques

    publiques nationales ou internationales orientes vers le

    dveloppement durable. Il est important de dfinir,

    relativement aux autres politiques, ses objectifs et ses

    modalits propres.

    Etant donn la dfinition dun BPM qui a t adopte ici, une

    politique de production des BPM se distingue aisment dune

    politique de production de biens publics nationaux :

    (i) la premire ncessite une action collective pralable et un

    mode dintervention dpendant des rsultats des

    ngociations internationales ;

    (ii) la seconde relve des finances publiques nationales et

    peut ventuellement tre prise en charge par lAPD dans les

    PED lorsque les gouvernements locaux le demandent.

    De manire gnrale, un financement en APD est orient

    vers des actions de dveloppement, qui peuvent englober la

    production de biens publics nationaux, dans les PED qui le

    souhaitent. Ces interventions peuvent galement intgrer la

    production de BPM lorsque ces derniers rpondent des

    priorits de dveloppement des gouvernements locaux.

    Un financement en APD est souvent de type redistributif

    (transfert de ressources vers les PED pour lutter contre la

    pauvret, rduire les ingalits de conditions de vie, contribuer

    Enjeux

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 15

  • au respect des droits humains). Il peut galement financer des

    actions de soutien la croissance conomique. Tout lenjeu

    est alors de parvenir initier des dynamiques de

    dveloppement quitable (croissance et quit) et durable

    (quit et BPM).

    Pour conclure, amliorer la cohrence des politiques publiques

    internationales permet : (i) de renforcer leur complmentarit ;

    (ii) de repenser la question de leur financement, en identifiant

    les types de ressources les plus adapts aux diffrentes

    politiques.

    Le graphique 1 permet de clarifier les objectifs,

    complmentarits et types de ressources requis :

    - dun ct laide au dveloppement, qui est lgitime pour

    financer les diffrents axes dune politique publique daide au

    dveloppement : soutien la croissance (conformment la

    logique dinvestissement qui a longtemps prvalu sans

    toujours porter ses fruits), amlioration des conditions de vie

    (selon une logique de redistribution lchelle

    mondiale, qui se dessine aujourdhui) et respect des droits

    humains ;

    - de lautre, des ressources additionnelles globales ou

    nationales, publiques ou prives pour financer les volets

    non dveloppement de la production de BPM dans le cadre

    de programmes daction coordonns, comme la lutte contre

    leffet de serre. Mme si la lutte contre leffet de serre

    conditionne le dveloppement moyen/long terme de

    certaines rgions du monde (sans inflchissement de la

    production de GES, certaines rgions disparatront de la carte),

    certains volets de la lutte contre leffet de serre ont peu dimpact

    sur le dveloppement court et moyen termes des pays et, en

    ce sens, profitent autant au Nord (amlioration du climat

    mondial) quau Sud : des ressources additionnelles sont donc

    requises ;

    - lintersection des deux, des interventions en APD sur des

    domaines qui recouvrent des proccupations la fois globales

    et de dveloppement national, comme la lutte contre le SIDA

    ou le maintien de la paix ;

    - lAPD peut enfin, et doit aussi souvent que possible, venir en

    appui de la production de BPM, en finanant des actions de

    dveloppement intgres la chane de production de

    BPM, comme le financement de dispensaires dans la lutte

    contre le SIDA ou le soutien lactivit conomique

    dacteurs touchs par des programmes de lutte contre le

    rchauffement climatique.

    Enjeux

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 16

    Amlioration desconditions de vie /

    potentialits

    Droits humains

    Croissance

    BPM

    Biens publicsmondiaux

    Dveloppement(croissance quitable)

    Non APDAPD

    Dveloppement Durable

    Appui

    industriel

    Accs au

    micro crdit

    Education

    Sant

    Lutte contre le

    rchauffement

    climatique

    Lutte contre le Sida

    Zone o le financement de BPM par l'APD est lgitime :- les BPM contribuent directement au dveloppement (actions communes)- la production de BPM ncessite des actions de dveloppement (actions conjointes)

    Actions conjointes

    Actions communes

    Paix

    Graphique 1. BPM et dveloppement : Similarits, complmentarits ou spcificits

  • Apports pour dfinir le rle et les modalitsdintervention de lAFD

    Une agence comme lAFD peut repenser son rle et

    replacer ses modalits dintervention dans un cadre de

    politiques publiques internationales qui positionne les

    diffrents acteurs, objectifs et moyens les uns par rapport

    aux autres, aide mieux dfinir la coordination des actions,

    renforce leur efficacit et leur pertinence et redonne du

    sens et de la cohrence des projets bilatraux en les

    rattachant des actions globales.

    Quatre questions mritent dtre souleves :

    - Quel est le rle dun bailleur bilatral dans la production

    de BPM ?

    - Quelles sont les consquences en matire dvolution des

    secteurs dintervention ?

    - Quelles sont les consquences en matire de mthodes

    de travail ?

    - Quelles sont les consquences en matire de ressources

    mobiliser ?

    Rle dun bailleur bilatral

    Un bailleur bilatral peut difficilement se positionner en

    promoteur de la production dun BPM. Ce nest pas son

    rle. En revanche, il a intrt contribuer llaboration

    conceptuelle et aux rflexions oprationnelles lances par

    le GTIBPM et autres promoteurs de la notion.

    Il lui revient galement de repenser nombre de ses

    interventions par rapport aux interventions sectorielles

    globales qui se profilent : les projets qui en offrent

    lopportunit devraient sinscrire dans des programmes

    coordonns qui associent production de BPM et

    dveloppement, de manire renforcer les synergies entre

    BPM et APD, donc augmenter les retombes de chaque

    euro daide dpens.

    Quels secteurs dintervention pour lAFD ?

    Pour amliorer les synergies entre BPM et dveloppement,

    il faudrait promouvoir des projets lintersection des BPM

    et de lAPD ou intervenir en APD dans le cadre de

    programmes joints BPM/Dveloppement. Plusieurs types

    dinterventions sectorielles sont ainsi envisageables

    lAFD.

    Lutter contre les grandes pandmies (BPM) en amliorant

    laccs aux services de sant et laccs leau potable,

    chanons indispensables des stratgies globales

    Du fait de contraintes budgtaires fortes, de plans

    dajustement structurel exigeants et dun accroissement de

    la demande, de nombreux Etats ne peuvent pas assurer la

    fourniture de biens publics de base. Laide a un rle jouer

    dans ce domaine, que ce soit en participant au

    renforcement des secteurs de sant nationaux (centres de

    sant, formation de personnel mdical, etc.) ou en

    dveloppant laccs leau potable. Il est crucial de

    contribuer des programmes aussi importants que la lutte

    contre le SIDA en renforant les services publics locaux qui

    conditionnent ses progrs.

    Allier protection de lenvironnement (BPM) et

    dveloppement

    Les stratgies de protection de la biodiversit, pour tre

    viables, doivent veiller ce que les populations locales en

    retirent des avantages directs. Deux pistes sont en voie

    dexploration pour allier protection de la biodiversit et

    dveloppement : compenser par des transferts la perte de

    revenu lie au choix dactivits respectueuses de la

    biodiversit ; ou dvelopper localement des activits

    profitables reposant sur les enjeux cologiques. Dans le

    domaine de la lutte contre leffet de serre, le problme se

    pose en ces termes : comment limiter les missions de

    GES et, paralllement, contribuer au dveloppement des

    PED. Il sagit de promouvoir des projets qui combinent les

    deux dimensions, grce notamment aux mcanismes de

    dveloppement propre dont il serait important dtendre les

    points dapplication (aux cultures prennes, par exemple).

    Contribuer prserver la paix (BPM) en intervenant dans

    la prvention et le post-conflit

    Le maintien de la paix est dune extrme complexit. Il est

    ncessaire de mobiliser diffrentes approches (historique,

    politique, conomique, sociologique, etc.) pour parvenir

    un diagnostic peu prs crdible. La gestion post conflit est

    tout aussi complexe, et dterminante puisquelle

    conditionne le maintien de la paix. Les bailleurs bilatraux,

    par leur connaissance privilgie de certaines rgions en

    dveloppement, peuvent avoir un rle jouer dans ce

    domaine. Des interventions de ce type sont typiquement

    Enjeux

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 17

  • lintersection de proccupations de dveloppement

    nationales (la paix conditionne le dveloppement) et

    globales.

    Contribuer prserver la stabilit financire

    internationale (BPM) en renforant les systmes financiers

    locaux

    Les systmes financiers locaux sont un chanon dcisif de

    la stabilit financire mondiale, surtout lorsque

    dimportants flux de capitaux y circulent. Les bailleurs ont

    un rle important jouer dans lassainissement des

    secteurs financiers locaux (transferts de comptence,

    gestion des crances douteuses, normalisation, etc.), pour

    amliorer la croissance locale mais galement pour

    prserver la stabilit financire internationale.

    Contribuer promouvoir une ouverture commerciale

    quitable (BPM) par des programmes de renforcement des

    capacits commerciales ou de mise niveau industrielle

    Louverture des frontires met en concurrence directe des

    conomies qui ne sont pas capables de profiter de la

    mme faon des opportunits commerciales induites :

    louverture est inquitable en ce quelle pnalise les

    conomies en retard de dveloppement. Au lieu de

    favoriser leur rattrapage conomique, cette ouverture va

    en ralit creuser les carts de dveloppement. Do

    lintrt de promouvoir des programmes daide au

    dveloppement qui contribuent mieux prparer les PED

    louverture des frontires et favoriser leur insertion

    dans ce systme. Ces interventions en APD sont

    ncessaires la ralisation dune ouverture commerciale

    plus quitable, mme si rien nindique quelles sont

    suffisantes.

    Allier protection du patrimoine mondial de lhumanit

    (BPM) et dveloppement

    La protection du patrimoine culturel mondial est un thme

    qui se rapproche de la protection de la biodiversit. Il est

    possible dallier dveloppement local et protection du

    patrimoine, par le biais de canaux comme la cration

    demplois directe (rhabilitation de patrimoine) ou indirecte

    (dveloppement du tourisme), tout en veillant ce que le

    dveloppement du tourisme ne dtruise pas, dans un

    second temps, le patrimoine mondial.

    Quelles mthodes dintervention ?

    Une coordination des interventions sur des programmes

    joints BPM/dveloppement aurait probablement un

    impact important sur lefficacit et la durabilit des

    interventions. La coordination des interventions est, de

    toute manire, toujours profitable. Elle lest

    particulirement dans ce type de combinaisons o les

    interventions sont complmentaires. Elle impliquerait un

    travail entre parties prenantes (bailleurs, ONG, secteur

    priv, etc.) de dfinition de programmes cohrents et de

    rpartition des responsabilits.

    Quelles sources de financement ?

    Une APD qui financerait des domaines lintersection de

    proccupations des pays industrialiss et en

    dveloppement, avec une relle incidence sur le

    dveloppement pour conserver sa vocation premire,

    pourrait mobiliser davantage de ressources auprs des

    contribuables du Nord quune APD sans retombes court

    terme sur les pays donateurs.

    Par ailleurs, il est important de mobiliser des ressources

    dorigine prive : un bailleur devrait ainsi exprimenter les

    techniques dingnierie financire sa disposition pour

    accrotre leffet de levier des ressources en APD. Le

    dveloppement de PPP, dans des domaines aussi divers

    que la lutte contre le SIDA ou la protection du patrimoine a

    montr que des ressources prives pouvaient contribuer

    la fois au dveloppement et la production de BPM.

    La promotion dune taxe internationale se justifie

    pleinement pour financer des BPM dont la production

    sinscrit dans la dure et qui ncessitent des ressources

    prennes. Quant lendettement, il permet de mobiliser

    rapidement dimportantes ressources pour financer des

    objectifs cibls, mme sil se heurte toutefois aux faibles

    capacits dabsorption des pays pauvres.

    La qute de nouveaux financements doit sinscrire dans un

    schma qui diffrencie les ressources en APD et les

    ressources additionnelles, destines aux BPM sans

    incidence sur le dveloppement. A ce titre, un bailleur peut

    grer des fonds non APD destins des objectifs globaux.

    Il peut intervenir sur la base de ressources additionnelles,

    provenant demprunts (donc en prts) ou de ressources

    globales, en production directe de BPM dans les pays le

    souhaitant (en particulier des pays mergents).

    Enjeux

    AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 18

  • AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 19

    Plusieurs problmes font du champ des BPM un domaine

    opaque et controvers :

    - le terme est mal choisi, pompeux, trop thorique ;

    - la dfinition tarde tre prcise, ce qui laisse penser que

    cette notion est fourre-tout ;

    - le champ du public est au coeur de controverses

    politiques, portes par les tenants dune politisation

    (ou humanisation ) de la notion de BPM qui souhaitent en

    faire un instrument privilgi de rduction des ingalits. Or,

    lapproche par les BPM ne doit pas avoir pour objectif

    dinflchir le modle conomique actuel vers un modle

    moins libral : ce nest pas son rle, cest celui de politiques

    de dveloppement orientes vers un dveloppement plus

    quitable. La production de BPM doit plutt limiter les

    risques inhrents limperfection des marchs du modle

    actuel.

    Un enjeu consiste harmoniser lensemble des politiques

    publiques pour les orienter vers un objectif commun de

    dveloppement quitable et durable. Une politique de

    production de BPM doit tre complte par une politique

    dAPD efficace et dote de suffisamment de ressources

    pour promouvoir le respect des droits humains et lquit

    dans les pays o les conditions de vie des mnages en sont

    loignes.

    Il convient dinsister sur la complmentarit des objectifs de

    dveloppement et de production de BPM. LAPD, quand elle

    le peut, a intrt financer des BPM qui sont

    paralllement des objectifs de dveloppement ou

    sinscrire dans des programmes mixtes

    BPM/dveloppement, de manire avoir un double impact

    en termes de dveloppement et de production de BPM. Son

    efficacit se trouvera renforce si lon dveloppe des

    complmentarits avec une politique de production de BPM.

    Enfin, un bailleur bilatral est lgitime dans son rle de

    fournisseur de BPM, mais certaines conditions seulement :

    - que le pays receveur accepte cette dmarche, ce qui

    suppose gnralement une intersection non nulle avec un

    objectif de dveloppement,

    - ou que les ressources utilises soient additionnelles

    lAPD.

    3. Conclusions

  • AFD Document de travail - Biens publics mondiaux : de nouveaux arbitrages pour laide ? septembre 2005 / 3 20

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    dilemme du prisonnier .

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    5. Cre en 2003 la suite dun accord bi-gouvernemental franco-sudois avec pour mandat de clarifier la notion de BPM,

    didentifier les BPM essentiels du point de vue de la rduction de la pauvret et de lintrt commun au dveloppement

    durable, de formuler des recommandations lintention des responsables et des autres intervenants sur la manire de les

    fournir et les financer. La France y est reprsente par Y. Thibault de Silguy.

    6. Le droit sur lequel on peut dfinir et poser lexigence des biens communs et publics mondiaux est ldifice croissant des

    droits universels, de la dclaration de 1948 au foisonnement des conventions, en passant par les deux pactes gnraux sur

    les droits civils et politiques dune part, conomiques, sociaux et culturels de lautre. Bien incomplet encore, peu appliqu

    surtout... Et le droit cologique reste pour lessentiel btir, pour laisser autre chose nos descendants quun champ de

    ruines . F. Lille, association Biens publics lchelle mondiale , www.bpem.org.

    7. Les biens publics mondiaux sont des choses auxquelles les gens et les peuples ont droit, produites et rparties dans les

    conditions dquit et de libert qui sont la dfinition mme du service public, quels que soient les statuts des entreprises qui

    assurent cette mission. Les droits universels humains et cologiques en sont la rgle, les institutions internationales lgitimes

    le garant, la dmocratie lexigence permanente, et le mouvement social la source." F. Lille, association Biens publics

    lchelle mondiale , www.bpem.org.

    8. La thorie no-classique dfend en effet les vertus du libre-change pour tous, conduisant linstauration dun commerce

    optimal, fond sur les avantages comparatifs de chacun.

    9. Secretariat of the International Task Force on Global Public Goods, 2005.

    10. It is necessary to differentiate between the core component of the delivery system, which should be taken care of by the

    international community, from the complementary activities that are the primary responsibility of the national and local entities,

    for its provision and existence , Ministry for Foreign Affairs, Sweden, 2001.

    11. When countries are strongly asymmetric, co-operation may make one kind of country worse off, even while it makes

    another kind substantially better off. In these situations, co-operation will require more than enforcement to stand. It will also

    require money transfers - in the jargon of economics, "side payments". Usually, these are compensating payments , S.

    Barrett, 2004.

    12. Fonds pour lEnvironnement Mondial.

    13. Sweden Ministry for Foreign Affairs, 2001.

    14. Sweden Ministry for Foreign Affairs, 2001 ; Sagasti and alii (2004).

    15. Banque mondiale, 2001, sachant que la dfinition dun BPM tait probablement trs diffrente de celle adopte

    aujourdhui.

    Notes