ad (251mm x 35mm) europa star premiere · 2014. 11. 7. · gérald genta. la construction de la...

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«Le Diable est dans les détails», dit le proverbe. Un proverbe qui semble avoir été particulièrement bien assi- milé chez Patek Philippe dont toute la pratique horlogère est ancrée dans ce culte absolu du plus infime détail (à tel point que le but ultime est sans doute de renverser la proposition, comme l’a fait le fameux architecte Mies van der Rohe qui avait coutume de dire «Dieu est dans les détails»). Prenons pour exemple le lance- ment cette année à BaselWorld de la nouvelle Nautilus Travel Time Chronograph référence 5990/1A. Une pièce qui présente pour la pre- mière fois, chez Patek Philippe, l’as- sociation entre un chronographe automatique et un double fuseau horaire. L’histoire de sa gestation montre bien à quel point la Maison genevoise avance pas à pas, «sécuri- sant» progressivement ses avancées techniques avant de les incorporer le plus subtilement et le plus esthéti- quement possible dans ses différen- tes collections. Cette approche du «Diable dans les détails» explique en grande partie l’impression d’extrême cohérence que donne l’ensemble des collections de la marque. Cette cohé- rence résultant d’une forme de filia- tion naturelle qui relie chaque mon- tre à la suivante, en toute logique «dynastique». Pour bien comprendre la somme de patient travail qui se trouve derrière cette nouvelle Nautilus Travel Time Chronograph, il faut ainsi remonter à 1997. Revenons à l’année 1997… Cette année-là, Patek Philippe lan- ce la montre Travel Time qui vient enrichir la collection des «petites» complications utiles que la marque développe alors avec grand succès. L’originalité de cette astucieuse Travel Time de 1997, à remontage manuel, réside essentiellement sur son extrê- me simplicité d’utilisation et la ratio- nalité de son affichage de l’heure. Contrairement aux montres à fu- seaux horaires existant alors, la Travel Time apparaît comme une belle montre classique (de 33,85 mm de diamètre pour le modèle Homme, Patek Philippe Les voyages de la Nautilus EDITORIAL Rolex: L’empire contre-attaque AD (98mm x 64mm) AD (251mm x 35mm) LE JOURNAL DE L’éCOSYSTèME HORLOGER SUISSE NO 1 (Vol.17) | GENèVE, LE 15 JANVIER 2015 | EUROPASTAR.COM EUROPA STAR PREMIERE ◆ Tout et son contraire – Dans les allées de Basel, entre cathédrales et chapelles horlogères ......... p.4 ◆ Montblanc –«Insuffler notre vraie passion horlogère» ....................................................... p.9 ◆ F.-P. Journe – Il y a 30 ans, un jeune rebelle créait son propre tourbillon................... p.10 ◆ Piaget et les contraintes de taille (des montres et de l’entreprise).............................. p.11 DANS CE NUMÉRO En Italie et ailleurs, on trouve régu- lièrement des annonces proclamant: «Achetons or, argent et Rolex». Plus qu’une «simple» montre, au- delà de sa valeur symbolique et sta- tutaire, Rolex est depuis longtemps devenue l’équivalent d’une valeur- refuge que l’on conserve précieu- sement en vue d’un éventuel coup dur. Les témoignages ne manquent pas, à l’image de cet internaute qui déclare dans un forum: «une Rolex, pour moi n’est pas un symbole de réussite sociale, mais l’assurance d’avoir au poignet un instrument soigné dans tous les détails, d’avoir une montre qui dans 40 ans ne sera toujours pas démodée. Autre parti- cularité, Rolex est la seule marque vendable immédiatement en cas de besoin pécuniaire sans trop y per- dre! J’en ai fait l’expérience». Ce statut unique, faut-il le rappe- ler, n’est pas le fruit du hasard mais le résultat d’une conjonction entre la qualité d’un produit sans cesse amélioré et un «marketing» pion- nier qui, dès l’origine de la marque, a patiemment édifié et sans ces- se consolidé une image de robus- tesse, de fiabilité, de professionna- lisme. Née comme un instrument d’avant-garde (automatisme, étan- chéité), ce n’est que graduellement que la Rolex a acquis son statut d’objet-symbole de réussite ou de rang social. Au risque qu’à présent cette image se retourne contre elle, comme on l’a bien vu avec l’intense polémique née en France il y a quelques années suite aux déclarations d’un publici- taire imbécile et bronzé aux UV qui n’avait pas trouvé mieux que d’affir- mer que «si à 50 ans on n’a pas une Rolex, on a raté sa vie». Rolex est devenue ainsi à son corps défendant l’emblème même du Luxe, alors que les produits de la marque à la couronne présentent sans dou- te un des meilleurs rapports qualité/ prix de toute l’industrie horlogère. Le risque que sous les attaques et les polémiques cette image d’excellen- ce se lézarde peu à peu, que l’objet- Rolex passe graduellement d’icône désirable à symbole détestable, n’est sans doute pas à écarter d’un simple geste de la main. Jusqu’à présent, Rolex, fidèle à son goût pour le si- lence, semblait faire le dos rond. La PIERRE MAILLARD (Suite en page 2) PIERRE MAILLARD, RÉDACTEUR EN CHEF, EUROPA STAR (Suite en page 2) SPECIMEN

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  • «Le Diable est dans les détails», dit le proverbe. Un proverbe qui semble avoir été particulièrement bien assi-milé chez Patek Philippe dont toute la pratique horlogère est ancrée dans ce culte absolu du plus infime détail (à tel point que le but ultime est sans doute de renverser la proposition, comme l’a fait le fameux architecte Mies van der Rohe qui avait coutume de dire «Dieu est dans les détails»).Prenons pour exemple le lance-ment cette année à BaselWorld de la nouvelle Nautilus Travel Time Chronograph référence 5990/1A. Une pièce qui présente pour la pre-mière fois, chez Patek Philippe, l’as-sociation entre un chronographe automatique et un double fuseau horaire. L’histoire de sa gestation montre bien à quel point la Maison genevoise avance pas à pas, «sécuri-sant» progressivement ses avancées techniques avant de les incorporer le plus subtilement et le plus esthéti-quement possible dans ses différen-tes collections. Cette approche du «Diable dans les détails» explique en grande partie l’impression d’extrême cohérence que donne l’ensemble des collections de la marque. Cette cohé-rence résultant d’une forme de filia-tion naturelle qui relie chaque mon-tre à la suivante, en toute logique «dynastique».Pour bien comprendre la somme de patient travail qui se trouve derrière cette nouvelle Nautilus Travel Time Chronograph, il faut ainsi remonter à 1997.

    Revenons à l’année 1997…Cette année-là, Patek Philippe lan-ce la montre Travel Time qui vient enrichir la collection des «petites» complications utiles que la marque développe alors avec grand succès. L’originalité de cette astucieuse Travel

    Time de 1997, à remontage manuel, réside essentiellement sur son extrê-me simplicité d’utilisation et la ratio-nalité de son affichage de l’heure.Contrairement aux montres à fu-seaux horaires existant alors, la Travel Time apparaît comme une belle montre classique (de 33,85 mm de diamètre pour le modèle Homme,

    Patek Philippe Les voyages de la Nautilus

    EDITORIAL

    Rolex: L’empire contre-attaque

    AD (98mm x 64mm)

    AD (251mm x 35mm)

    LE JOURNAL DE L’éCOsysTèME HORLOGER sUIssE NO 1 (Vol.17) | GENèVE, LE 15 JANVIER 2015 | EUROPAsTAR.COM

    EUROPA STAR PREmiERE

    ◆ Tout et son contraire – Dans les allées de Basel, entre cathédrales et chapelles horlogères ......... p.4

    ◆ Montblanc –«Insuffler notre vraie passion horlogère» ....................................................... p.9

    ◆ F.-P. Journe – Il y a 30 ans, un jeune rebelle créait son propre tourbillon................... p.10

    ◆ Piaget et les contraintes de taille (des montres et de l’entreprise).............................. p.11

    DANS CE NUméRO

    En Italie et ailleurs, on trouve régu-lièrement des annonces proclamant: «Achetons or, argent et Rolex». Plus qu’une «simple» montre, au-delà de sa valeur symbolique et sta-tutaire, Rolex est depuis longtemps devenue l’équivalent d’une valeur-refuge que l’on conserve précieu-sement en vue d’un éventuel coup dur. Les témoignages ne manquent pas, à l’image de cet internaute qui déclare dans un forum: «une Rolex, pour moi n’est pas un symbole de réussite sociale, mais l’assurance d’avoir au poignet un instrument soigné dans tous les détails, d’avoir une montre qui dans 40 ans ne sera toujours pas démodée. Autre parti-cularité, Rolex est la seule marque vendable immédiatement en cas de besoin pécuniaire sans trop y per-dre! J’en ai fait l’expérience». Ce statut unique, faut-il le rappe-ler, n’est pas le fruit du hasard mais le résultat d’une conjonction entre la qualité d’un produit sans cesse amélioré et un «marketing» pion-nier qui, dès l’origine de la marque, a patiemment édifié et sans ces-se consolidé une image de robus-tesse, de fiabilité, de professionna-lisme. Née comme un instrument d’avant-garde (automatisme, étan-chéité), ce n’est que graduellement

    que la Rolex a acquis son statut d’objet-symbole de réussite ou de rang social. Au risque qu’à présent cette image se retourne contre elle, comme on l’a bien vu avec l’intense polémique née en France il y a quelques années suite aux déclarations d’un publici-taire imbécile et bronzé aux UV qui n’avait pas trouvé mieux que d’affir-mer que «si à 50 ans on n’a pas une Rolex, on a raté sa vie».

    Rolex est devenue ainsi à son corps défendant l’emblème même du Luxe, alors que les produits de la marque à la couronne présentent sans dou-te un des meilleurs rapports qualité/prix de toute l’industrie horlogère.Le risque que sous les attaques et les polémiques cette image d’excellen-ce se lézarde peu à peu, que l’objet-Rolex passe graduellement d’icône désirable à symbole détestable, n’est sans doute pas à écarter d’un simple geste de la main. Jusqu’à présent, Rolex, fidèle à son goût pour le si-lence, semblait faire le dos rond. La

    Pierre Maillard

    (Suite en page 2)

    Pierre Maillard, rédacteur en chef,euroPa Star

    (Suite en page 2)

    SPECIMEN

  • ce qui selon les critères actuels appa-raît comme étant minuscule, et de 29.50 mm pour le modèle Dame) arborant heures et minutes centra-les, cadran auxiliaire des 24 heures et petites secondes. L’astuce est dou-ble et n’apparaît que lorsque la fonc-tion double fuseau est actionnée: l’aiguille noire des heures indiquant le Travel Time cache en toute discrétion une autre aiguille des heures – en or – évoluant jusqu’alors en parfaite syn-chronisation avec elle. L’aiguille Travel Time s’en détache lorsque qu’on ac-tionne un des deux poussoirs-cor-recteurs intégrés à la carrure, l’autre aiguille devenant ainsi l’indication permanente du Home Time.C’est là la seconde «astuce» technique qui permet, grâce aux deux poussoirs, de faire avancer ou reculer l’aiguille du Travel Time selon que l’on avance ou recule dans le temps – ce qui n’était alors pas possible avec les autres mon-tres à fuseaux horaires dont l’aiguille ne pouvait être qu’avancée. Plus de deux ans de recherches et de dévelop-

    pement furent nécessaires pour offrir cette simplicité d’usage et cette évi-dence rationnelle de la lecture.

    Adaptation d’une complication utileEn 2001, Patek Philippe décide d’in-tégrer cette complication utile dans sa collection-phare Calatrava. Ce sera la Calatrava Travel Time, avec son boî-tier de 37 mm de diamètre et sa lar-ge lunette en or poli miroir – carac-téristiques de la nouvelle forme de la Calatrava, lancée un an auparavant.Le fonctionnement de la complica-tion du second fuseau horaire reste identique dans sa logique mécanique mais apparaît pour la première fois une aiguille noire ajourée qui vient se superposer à l’autre aiguille d’or créant l’illusion – lorsque la compli-cation n’est pas activée – d’une com-plexe aiguille or et noir. C’est au ni-veau esthétique qu’un grand travail a été mené, tout spécialement dans

    l’intégration parfaite des deux pous-soirs qui permettent de faire avancer ou reculer l’aiguille de l’heure loca-le. Modelés sur la forme du protè-ge couronne, ces deux poussoirs in-tégrés accentuent la symétrie toute classique de la pièce. Un fond en ver-re saphir permet d’admirer le mou-vement et ses finitions particulière-ment soignées.

    En 2006, premières retouches à la NautilusNous voici en 2006. A l’occasion de la célébration des 30 ans d’un autre de ses grands classiques, la montre «sport élégant» Nautilus, devenue ob-jet-culte, Patek Philippe apporte quel-ques légères retouches esthétiques et techniques à cette montre dessi-née à l’époque par le célèbre designer Gérald Genta. La construction de la boîte reste dans le même esprit que les montres créées en 1976. Avec ce systè-me de charnières rappelant un hublot où le joint plat est compressé entre la lunette et la carrure. Les changements principaux ont été portés sur l’esthé-tique. Le mécanisme de «hublot» est conservé pour le serrage de la lunette. Mais cette nouvelle construction per-met d’apporter quelques légères re-touches esthétiques, notamment au niveau des deux charnières qui affi-chent désormais une légère courbure qui prolonge le profil de la lunette (on vous avait avertis: le Diable ou Dieu sont dans les détails!).son élégance s’en trouve renforcée.

    C’est également dès cette date que sont lancées les premières compli-cations dans la collection Nautilus. Ainsi, notamment, est présenté un nouveau mouvement de chronogra-phe automatique, le Patek Philippe Calibre 28-250 C, avec roue à colon-nes. Introduit dans le boîtier Nautilus agrandi à 44 mm, ce chronographe avec fonction flyback s’affiche sur un grand et assez exceptionnel «mono-compteur» qui décompte les minu-tes et les heures du temps chronomé-tré sur trois échelles concentriques.

    Ce modèle reçoit un accueil enthou-siaste qui confirme l’extraordinaire attrait que cette montre aussi spor-tive et robuste que subtile et élégan-te continue d’exercer. Dans les années qui suivent, la Nautilus continue de s’enrichir de nouvelles complications utiles, bien en phase avec l’esprit de cette montre, dont, en 2010 une ver-sion dotée d’un Calendrier Annuel.

    En cette année 2014, voici donc venu le tour de la nouvelle Nautilus Travel Time Chronograph qui com-bine de façon tout à fait inédite l’af-fichage «monocompteur» de la fonc-tion chronographique et l’aisance du

    système Travel Time développé gra-duellement par Patek Philippe.Pour parvenir à réunir sur une même montre ces deux complications diffé-rentes, chronographe et second fu-seau horaire, la Manufacture a dû dé-velopper un nouveau calibre (le CH 28-250 s C FUs). Au mouvement chronographe intégré à la fois tradi-tionnel dans sa commande par roue à colonnes et novateur par son dispo-sitif d’embrayage à disques, il a fallu ajouter le mécanisme proprement dit de la fonction Travel Time. Ce méca-

    nisme, qui, tel que nous l’avons dé-crit ci-dessus, permet donc de faire avancer ou de faire reculer l’aiguille de l’heure locale par crans d’une heu-re, est entièrement déconnecté du mouvement de base au cours de ces opérations. Cette fonction n’a donc aucune influence sur l’amplitude du balancier et la marche de la montre. L’affichage de la date, couplée comme il se doit avec l’heure locale, originel-lement dans un guichet placé à 3h, a été transformé en affichage quantiè-me à aiguille positionné à 12h, tandis que le «monocompteur» du chrono-graphe a été transformé en totalisa-teur 60 minutes situé à 6h.

    2 | EUROPA sTAR PREMIèRE | NO 1 (Vol.17)

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    Ce mécanisme, qui permet donc de faire avancer ou de faire reculer l’aiguille de l’heure locale par crans d’une heure, est entièrement déconnecté du mouvement de base au cours de ces opérations.

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    récente nomination-surprise à sa tête de Jean-Frédéric Dufour mar-que certainement un changement ou, plus finement, un ajustement de stratégie. Il fallait ainsi contrer le risque de «ringardisation» pro-gressive et montrer que Rolex n’est pas le seul Fort Knox de l’horloge-rie mais une entreprise puissante et vivante, créative, dynamique, tour-née vers l’avenir.Voir arriver à la direction généra-le du géant un visage jeune et cha-rismatique (Jean-Frédéric Dufour a 45 ans), qui plus est grandi hors du sérail (il était CEO de Zenith après avoir travaillé notamment chez Chopard) est en soi une pe-tite révolution. Et le signe évident que «l’Empire» a décidé de contre-attaquer. Mais si «contre-attaque» il y aura, elle ne prendra pas pour autant un tour spectaculaire.Ainsi, il ne faut pas s’attendre à un changement radical d’attitude, à ce

    que Rolex, adepte de la plus grande retenue médiatique, se mette à com-muniquer haut et fort à tous vents et dans tous les sens. Non, il s’agit bien plus d’un patient travail qui sera mené avec précaution, visant à réaf-firmer la pertinence de son appro-che horlogère notamment auprès de nouvelles générations pour les-quelles Rolex faisait parfois figure de montre de notable. Ainsi, para-doxalement, Jean-Frédéric Dufour devra faire chez Rolex le contraire de ce qu’il a fait, avec succès, chez Zenith. Nommé après le trop flam-boyant Thierry Nataf, il a dû, chez Zenith, calmer progressivement les choses, les ramener à plus de raison et à plus de sérieux horloger. A la di-rection générale de Rolex, il devra au contraire apporter au sérieux horlo-ger régnant une touche de jeunes-se et de flamboyance. Mais, grand avantage de la stabilité des «empi-res», il sait qu’il a pour cette tâche tout le temps devant lui. p

    (Suite)

    AD (149mm x 149mm)

    (Suite: Patek Philippe)

    AD (98mm x 47mm)

    AD (98mm x 47mm)

    EDITORIAL

  • Ces modifications d’affichage ont à elles seules demandé l’ajout de 47 composants. Pour autant, le mou-vement ne s’est épaissi que de 0.3 mm. Cette performance doit beau-coup au nouvel organe régulateur doté du spiral breveté Patek Philippe spiromax® en silinvar® qui oscille sy-métriquement et de façon isochrone sur un seul plan tout en étant beau-coup moins volumineux que le tra-ditionnel spiral Breguet avec sa cour-be terminale relevée. Par ailleurs, ce mouvement automatique calibre CH 28-250 s C FUs, est doté d’un rotor central en or 21 carats, bat à la fré-quence de 28’800 alternances/heure et est équipé du balancier Gyromax® inventé par Patek Philippe (1949) il y a plus de 60 ans déjà!ses finitions superlatives – Côtes de Genève sur les ponts anglés main, cô-tes circulaires sur le rotor – peuvent être admirées à travers le fond saphir.

    Finesses esthétiques et techniquesMais intégrer cette nouvelle fonction Travel Time à la Nautilus Chrono-graphe a demandé également un tra-vail tout en finesse sur le célèbre boî-tier en forme de hublot. Une forme qui, avec ses deux protubéranc-es latérales, était ceci dit idéale-ment dessinée pour intégrer les deux poussoirs supplémentaires nécessités par la fonction Travel Time. La pro-tubérance de droite sert de protec-tion aux deux poussoirs du chron-ographe, qui ont été rapprochés de la couronne de façon à ce que leur im-pulsion agisse plus directement sur le mécanisme. Ergonomiquement, ces poussoirs ont “un toucher plus moe-lleux et un déclic bien marqué”. A gauche, la protubérance originelle a été remplacée par les deux poussoirs qui en reprennent très exactement la forme. Et l’étanchéité du tout, malgré les nouveaux percements effectués, est garantie à 120 m (12 bar).On retrouve aussi le fameux bracelet Nautilus en acier avec boucle déploy-ante, marqué par ses maillons cen-traux polis qui rythment la chute des maillons latéraux satinés, offrant un confort au porter inégalé.Enfin, l’adjonction de la fonction Travel Time a nécessité un travail de redisposition des indications sur le cadran qui conserve par ailleurs tous les signes identitaires de la col-lection Nautilus: relief horizon-tal frappé, léger dégradé de couleur s’éclaircissant de la périphérie vers le centre, index appliques en or gris re-couverts de matière luminescente, symétrie parfaite de l’ensemble. A 12h, on trouve le nouveau quan-tième à aiguille qui fait pendant au compteur 60 minutes du chronog-raphe disposé à 6h. sur l’axe médi-an horizontal on découvre deux pet-its guichets jour/nuit, à 3h celui du Home Time, à 9h celui du Travel Time. L’heure locale est indiquée par une aiguille de type “bâton”, avec revêtement luminescent, tandis que l’heure du domicile est indiquée par une aiguille ajourée. p

    Les performances de l’horlogerie suisse sur des marchés comme la Chine ou les Etats-Unis font couler beaucoup d’encre, mais qu’en est-il dans leur marché natal, la suisse? Quelle est la cote d’amour des mar-ques suisses auprès de leurs com-patriotes? Le WorldWatchReport™ 2013 examine de plus près les per-formances des diverses marques horlogère sur leur propre terrain.L’avantage partout ailleurs prépon-

    dérant de l’acteur «local» n’existe quasiment plus en suisse, «toutes» les marques de luxe étant considé-rées comme étant «locales». D’une certaine façon, on pourrait dire que le «gâteau» est plus équitable-ment partagé et que les marques moins connues médiatiquement recueillent leur bonne proportion de recherches sur le net.Ceci dit, comme dans bien d’autres marchés, Rolex prend la première place, mais elle le fait avec seulement 13.59% du nombre total de recher-

    ches liées à l’horlogerie effectuées sur le net suisse, soit un des plus bas pourcentages au monde pour un numéro 1. A titre de comparaison, Rolex est aussi numéro 1 en Italie, mais avec une part des requêtes de 31.25%. Omega, deuxième du pelo-ton de tête en suisse, recueille 9.82% des requêtes (21.28% en Chine).En troisième position, un étonnant IWC fait belle figure, avec 7.23%, suivi dans l’ordre dégressif de Rado, Breitling, Longines, TAG Heuer, Cartier, Patek Philippe et un remar-

    quable Tudor en dixième position (mais avec plus que 2.61%, juste au-dessus du pourtant très média-tique Hublot (2.51%). La première marque «couture» est Hermès, en 19ème position, avec 1.54%. si l’on examine les recherches effec-tuées par noms de modèles l’ordre s’inverse. (…)

    Lire le compte-rendu complet de la recherche, y compris d’intéressantes informations sur l’usage du mobile et des réseaux sociaux en Suisse, dans Europa Star 6/2013-14

    EUROPA sTAR PREMIèRE | NO 1 (Vol.17) | 3

    Les montres de luxe les plus vendues en Suisse

    AD (200 x 251mm)

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    diGital luXurY GrouP

  • Baselworld, ce sont des kilomètres d’allées à arpenter, à passer devant des centaines de stands qui sont comme autant de lieux de culte dé-diés à leur propre divinité. sous le signe de la Couronne, de diverses Croix, d’Alpha ou d’Omega, chaque marque petite ou grande cherche à attirer le fidèle. Impossible pour ce-lui qui essaie de se faire une religion que de les recenser toutes. Même en s’y mettant à plusieurs, comme Europa star le fait dans ses colonnes. La visite est donc forcément subjec-tive, laissant aussi la place aux ren-contres d’occasion, à ce qui n’était pas programmé. Dans le magazine, nous vous proposons trois parcours, dont ceux de Malcolm Lakin (The Kaleidoscopic World of Jewellery Watches; The Beautiful game comes to Baselworld; The Basel Marathon; Ice, Jungle, savannah and a Us General comes to switzerland.) et de Keith strandberg (The sports Watch segment; Getting a Handle on Fashion Watches) sans oublier l’analyse menée par DLG des ef-fets et des retombées de cette gran-de messe horlogère sur les réseaux sociaux.

    Le reflet des boulversementsDès son allocution inaugurale, sylvie Ritter, Managing Director de Basel-world, affirmait haut et fort que le salon international de l’horlogerie «se voulait le reflet exact des boule-versements que la branche a connu lors de ces dix dernières années» En fait de «bouleversements», deux phénomènes essentiels se sont ac-célérés et se sont conjugués au cours

    de la dernière décennie: la montée en puissance méthodique des grands groupes, aujourd’hui plus domi-nants que jamais, a coïncidé (est-ce un hasard?) avec l’étonnante sé-duction médiatique (nourrie il est vrai à grands frais) dont ne cesse de jouir l’horlogerie: plus de 4’000 journalistes étaient présents pour cette grand messe internationale, à peu près autant qu’au célébrissime

    Festival de Cannes - 3907 en 2013, selon les chiffres officiels (mais ce-pendant bien moins qu’aux JO de sotchi – 13’000!). En dix ans, la montre est «défini-tivement» passée du statut prag-matique de bel objet utilitaire plus ou moins dispendieux à celui de «star», de quasi «objet de culte» chargé d’un poids et d’une valeur tout symboliques – ne parle-t-on pas désormais d’icônes à propos de certaines montres-culte à succès? Mais peut-être faudrait-il mieux parler de cultes, au pluriel. Ainsi ne pourrait-on pas «lire» Baselworld et ses stands (du plus petit, 6m2, au plus grand, 1’625m2) comme autant de chapelles alignées les unes aux côtés des autres, de tem-ples voire de cathédrales dédiées à autant de cultes divers et variés? Il y a les grandes religions mono-théistes régnantes, à l’exemple de Rolex dont le temple bâlois est un opaque mastaba (une «religion»

    toujours dominante mais qui, à l’image du Vatican, menacée d’un progressif vieillissement, devait à tout prix être revivifiée et rajeu-nie pour assurer la continuité de sa domination – lire notre éditorial, L’Empire contre-attaque). En face, Patek Philippe, autre monothéisme incontournable, a érigé son nouvel autel au pied duquel se tient le culte de la perfection transmissible: un

    blanc nuage est suspendu au centre d’un cube de verre.Ces deux monothéismes (quoique Rolex ait relancé avec succès un nouveau culte, Tudor) sont entou-rés de toutes parts par d’actives re-ligions panthéistes qui multiplient branches et écoles diverses, plus ou moins intégristes – en terme «d’authentique horlogerie». Ainsi Louis-Vuitton-Moët-Hennessy (LVMH) qui se poste à l’entrée et aligne côte à côte ses divers cou-rants, du très romain Bvlgari au plus protestant Zénith, sans oublier le cultissime dieu Hublot dont l’animal sacré est la vache, ni le mé-thodique et imparable TAG Heuer. Louis Vuitton, la marque épony-me dont le culte se pratique en-tre-soi, tient concile hors les murs, dans la Wildt’sches Haus, une villa du XVIIIème qui porte le nom d’un fabricant de rubans de soie (qui, à l’époque, étaient aussi à la mode que le sont les montres aujourd’hui).

    Au centre géographique des halles de BaselWorld se tient le siège ten-taculaire de la plus panthéiste des religions horlogères, au nom qui siffle aux oreilles de tout un cha-cun: swatch (Group). Une foi poly-chrome qui accueille à bras ouverts toutes les tendances, des plus po-pulaires aux plus élitaires, dans un grand syncrétisme embrassant le monde et ses contradictions.Tout autour, jusque dans les étages et dans les annexes qui bourgeon-nent et essaiment partout, d’innom-brables cultes tentent de s’étendre encore ou de simplement continuer à prospérer, de recueillir quelques nouveaux adeptes, de renaître de leurs cendres ou de percer ex nihi-lo. Dans ce réjouissant bric-à-brac polyglotte qu’est BaselWorld (pour-quoi ne dit-on pas «BabelWorld?), on trouve en effet tout et son contraire. Mais cessons là la méta-phore religieuse et venons-en aux faits: qu’avaient-ils tous à nous pro-poser?Au journaliste de retour de cet-te grande kermesse horlogère, on pose rituellement la même ques-tion: alors, quoi de neuf? Quelles sont les tendances?Eh bien, à l’image de notre époque, dont elle est un fidèle reflet, l’horlo-gerie de 2014, c’est absolument tout ce que vous voulez et son contrai-re. Il y a en a vraiment pour tous les goûts, de l’énorme montre bo-dybuildée pour hyper macho de retour de mission dangereuse (la Palme du genre revenant à U-Boat et sa montre monumentale dont l’épaisse glace a été volontairement brisée avant achat, un peu comme des jeans déchirés valant plus cher que des jeans entiers) à l’ultra pu-risme saxon trois aiguilles sur fond blanc (la Palme revenant dans ce cas à Moritz Grossmann et son frein de

    roue de balancier en cheveux hu-mains – ceux de la patronne).Tentons néanmoins l’analyse.

    Quand l’horlogerie redécouvre les vertus de la tempérance

    De toutes ces propositions si contrai-res les unes aux autres, une «ten-dance» se dégage néanmoins. Mais faut-il l’appeler «tendance» ou tout bonnement air du temps présent et reflet précurseur des temps à venir? Après les grands excès d’avant la cri-se des subprimes, après le léger as-sagissement qui s’ensuivit au cours des années 2008-2009, l’horlogerie était repartie de plus belle, comme s’il n’en avait rien été. Elle avait fait le dos rond un instant, mais c’était pour mieux repartir dans de folles montées en gamme. Or, la «crise» (crise financière d’abord, puis cri-se économique, crise sociétale, crise politique enfin) n’était pas un sim-ple épisode mais, plus profondé-ment, un changement progressif de paradigme. sans vraiment le vouloir mais sans non plus seulement le su-bir, l’horlogerie a fini par payer en retour ses propres excès. Le cas de la Chine (mais elle n’est pas seule, loin de là) est à cet égard le plus emblé-matique, qui a fait de la montre suis-se l’exemple même, voire parfois la simple preuve judiciaire, de la cor-ruption. Cette fois, il ne s’agit pas d’une alerte passagère mais bel et bien d’une lame de fond. A l’image de la fin du secret bancaire suisse, les choses ne seront plus comme avant.La plupart des horlogers semblent l’avoir bien compris car les «ten-

    4 | EUROPA sTAR PREMIèRE | NO 1 (Vol.17)

    Tout et son contraire – Dans les allées de Basel, entre cathédrales et chapelles horlogères

    Annonce

    AD (251mm x 98mm)

    Pierre Maillard

    En dix ans, la montre est «définitivement» passée du statut pragmatique de bel objet utilitaire plus ou moins dispendieux à celui de «star», de quasi «objet de culte»(…)

  • dances» les plus notables de ce Baselworld 2014 sont la sobriété de l’apparence et le rétrécissement des tailles. Tout à coup, l’horlogerie re-découvre les vertus de la tempéran-ce et les beautés de la mesure. Mais sans pour autant oublier ce que l’in-croyable créativité qui a nourri la démesure nous a néanmoins appris.A cet égard, un exemple s’affir-me comme parfaitement emblé-matique: la reprise en mains de H. Moser & Cie par le groupe familial MELB Holding. Comme l’explique le jeune Edouard Meylan, désor-mais à la tête de la firme schaffhou-soise, «nous voulons proposer des produits innovants mais très dis-crets. Tout est dans le détail.» A titre de démonstration, la nouvelle col-lection Endeavour se présente sous la forme d’une montre ronde deux aiguilles et petite seconde de 39 mm de diamètre sur 12,5 mm de hau-teur qui est tout simplement parfai-tement dessinée. D’une élégance im-parable, son design emprunte aux stricts codes du Bauhaus des années 20 tout en les mâtinant d’une touche inspirée des années 60: large ouver-ture de la lunette, très fines et lon-gues aiguilles bâton aux bords in-curvés qui parcourent un cadran or rouge fumé, ardoise ou argenté très subtilement soleillé, lignes courbes et aérodynamiques du boîtier sur-monté d’une glace bombée… Ça paraît tout simple, évident, et pour-tant c’est d’un équilibre parfait, ra-rement atteint. Du détail, du détail, encore du détail, bien loin des an-nonces tonitruantes. sans oublier une «motorisation» d’avant-garde, avec un nouveau mouvement ma-nufacture, le calibre HMC 327. Un calibre à la finition horlogère tradi-tionnelle, disposant d’une réserve de marche de trois jours au minimum et d’une fonction de stop seconde, mais doté d’une ancre en silicium avec palettes en rubis et d’une roue d’échappement en silicium. A notre avis, une montre parfaitement re-présentative d’une horlogerie ayant renoué avec l’élégance et la discré-tion (qui n’est autre que la politesse de l’élégance) sans pour autant nier les avancées technologiques les plus intéressantes.Ce «néo-purisme», qui ne cherche pas à aligner à tout prix les records mais à peaufiner la sobriété – et à rendre sensuelle la simplicité -, fait désormais figure d’avant-gardisme. Il est en tous les cas en phase avec le goût retrouvé d’une certaine dis-crétion qui n’exclut en rien la so-phistication.

    Méthodologie de l’extra-platUn goût retrouvé que semble plei-nement partager Marc Hayek, à la tête de Breguet, Blancpain et Jaquet-Droz. A ses yeux, «le retour des montres fines, classiques, est très clairement là!. En termes d’extra-plat, par exemple, ce ne sont plus les records qui sont intéressants mais c’est la performance et la beau-té de la pièce qui comptent. Ce qui

    importe est de trouver les moyens de gagner en liberté dans l’architec-ture du mouvement et dans sa dé-coration. Techniquement, on peut toujours aller plus loin mais au-delà de certaines limites, c’est non seulement la fiabilité de la perfor-mance qui atteint un point critique, mais aussi les possibilités de déco-ration qui s’appauvrissent.»Un constat corroboré par l’étu-de très fouillée de l’historique des mouvements extra-plats menée par Nakis Karapatis et Alain Zaugg, respectivement responsables de la R&D et du bureau technique de Breguet.Dressant l’historique des montres ex-tra-plates, depuis «la première no-tion de montre extra-plate due en 1820 à l’horloger genevois Jean-François Bautte, par ailleurs fournis-seur d’ébauches à Breguet», jusqu’aux exemples de la célèbre Delirium (quartz ultra-plat équipant la mon-tre Eterna Museum de 0.98 mm), en passant par l’Altiplano Piaget 900P de 3.65 mm, et les divers mouve-ments Breguet conçus au cours de son histoire, les deux chercheurs en arrivent à la conclusion qu’au-des-sus de 8 mm, une montre n’est plus perçue comme étant extra-plate et qu’en-dessous de certaines dimen-sions minimales, on rencontrait d’incontournables difficultés d’as-semblage et on devait faire face à un «porter aléatoire». A l’exemple du mouvement historique Breguet 1210 de 1.20 mm ou de l’automati-

    que historique Breguet 2100 de 2.10 mm, tous deux abandonnés pour ces raisons.«Un compromis entre épaisseur et toutes les règles horlogères est in-dispensable», affirment les deux experts, citant au passage les mou-vements 502 (2.40 mm) et 591 (automatique, 3.05 mm), en pro-duction régulière respectivement depuis 1971 et 1980. En quoi consis-te ce compromis? En toute une sé-rie d’optimisations, à commencer

    par celle de la réserve d’énergie, avec des barillets doubles, ouverts ou sur roulements, grâce aussi à une architecture qui évite les su-perpositions des fonctions et cher-che l’équilibre entre performance, sécurité et épaisseur au niveau de l’échappement, du balancier sans double plateau, du spiral plat, de l’échappement sans raquette, sans oublier des «astuces esthétiques»… Car en fait, la notion d’extra-plat est plus une question de percep-tion que de mesure objective. sans oublier qu’il faut que «ça marche!»«On doit pouvoir répéter les mê-mes performances de façon conti-nue», insiste Marc Hayek, «et pour y parvenir, il faut faire du hi-tech. Chaque composant est ainsi infor-matisé, sa production planifiée. Je le répète, les records absolus ne nous intéressent pas: la fiabilité au por-ter et le respect de nos codes sty-listiques, le soin et la richesse de la décoration… c’est ainsi que nous concevons nos extra-plats.» Venant de la bouche de celui qui, à la tête de Breguet, affirme écouler 1’000 tourbillons par an – un chiffre énorme -, on note et on prend acte.

    Sous le signe de la continuité«Répéter les mêmes performances de façon continue», dit Marc Hayek, «art du développement en continu», dit-on chez Patek Philippe ou, en d’autres mots, l’art de «faire évoluer, optimiser et décliner dans de nou-velles interpr étations des modèles appartenant à la collection couran-te». Cette mise en valeur de l’optimi-sation continue – démarche patiente que l’on retrouve aussi chez Rolex – ne préjuge cependant pas d’un «lan-cement spectaculaire» qui sera dé-voilé cet automne à l’occasion des célébrations du 175ème anniversai-re de la Maison genevoise.Mais en attendant ce qui sera cer-tainement un garde-temps de très haut prestige, penchons-nous un instant sur ces quelques nouveau-

    tés en forme d’optimisation. A com-mencer par le Chronographe à Quantième Annuel référence 5960/ 1A (A pour Acier), une des ra-res références à associer mouve-ment compliqué et boîtier en acier. Ce modèle, «qui remplace tous les modèles en or et en platine qui ont fait du Chronographe à Quantième Annuel Patek Philippe, depuis son lancement en 2006, l’un des best-sellers de la manufacture», arbo-re un visage très résolument gra-phique: appliques noires, touches de rouge, monocompteur contras-té, bracelet à maillons «goutte» sou-ple et confortable… une indéniable sportivité s’en dégage. De quoi fai-re de ce qui était déjà un best-seller une des montres acier les plus so-brement prestigieuses du marché.Autre grande nouveauté, toujours en acier, la Nautilus Travel Time Choronographe référence 5990/1A que nous avons longuement pré-sentée dans notre numéro pré-cédent (voir Europa star 2/2014 special BaselWorld). Ici, la no-tion de «continuité» prend tout son sens, non seulement du point de vue technique, en alliant deux complications utiles, mais aussi du point de vue du design qui tire su-perbement parti de la forme en hu-blot muni de ses deux oreillettes ou charnières latérales si caracté-ristiques de cette montre culte. Ici, la charnière de droite sert de ren-fort de protection pour la couron-ne et les poussoirs du chronogra-phe et celle de gauche, jusqu’alors exclusivement décorative, a été réinterprétée pour y loger les pous-soirs «+» et «–» permettant de faire avancer ou reculer par crans d’une heure l’aiguille de l’heure locale. L’utilisateur peut ainsi afficher en tout temps l’heure du lieu où il se trouve (aiguille pleine luminescen-te), tout en conservant l’heure de son lieu de domicile (aiguille ajou-rée). Ajoutons-y à 12h un quantiè-me à aiguille indexé sur l’heure lo-cale et à 6h le monocompteur 60 minutes du chronographe, empor-tons le tout par un nouveau mou-

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    «Techniquement, on peut toujours aller plus loin mais au-delà de certaines limites, c’est non seulement la fiabilité de la performance qui atteint un point critique, mais aussi les possibilités de décoration qui s’appauvrissent.» Marc Hayek

    (Suite en page 6)

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  • vement à remontage automatique à roue à colonnes, embrayage ver-tical à disques, balancier Gyromax® et spiral breveté spiromax® (le CH 28-250 C FUs) et on obtiendra un parfait condensé de ce que Patek Philippe désigne sous le vocable de «développement en continu».

    Continuité de l’imaginaireCette notion de continuité peut prendre d’autres formes que pure-ment technique ou de design. Ce peut être par exemple une continui-té de l’imaginaire, comme on l’ob-serve chez Hermès. Guillaume de seynes, membre de la famille fondatrice et dont les ti-tres exacts sont directeur géné-ral adjoint d’Hermès, président du Conseil d’Administration de La Montre Hermès sA et président de John Lobb, a de toujours fait de la durée l’axe principal de la construc-tion de l’horlogerie selon Hermès. sans jamais avoir prétendu être ce qu’elle n’était pas encore, Hermès a mené une patiente montée en puis-sance. Mais depuis 3 ou 4 ans, ayant atteint un seuil critique d’intégra-tion verticale des Métiers horlo-gers, les choses se sont accélérées. Comme nous l’explique Guillaume de seynes, «l’idée motrice est d’ap-porter à l’horlogerie un esprit de complication totalement différent, qui nous soit propre, quelque chose que personne n’avait imaginé: une suspension du temps, aller à rebours du temps. si nous avons pu l’imagi-ner, ce n’est pas par hasard, c’est la traduction directe d’un rapport au temps particulier, celle d’une mai-son familiale qui vise le long-terme – nous en sommes à la 6ème géné-ration - et parie sur la transmission des savoirs, de l’approfondissement des Métiers. Cette notion de du-rée est vraiment très forte, elle nous vient de nos origines mêmes de sel-lier, dont les produits devaient du-rer, être résistants, souples, utiles. L’objet Hermès est un compagnon de vie, il se charge peu à peu de sens et d’émotion au fil du temps. C’est de ce rapport au temps dont parle notre horlogerie.»Regroupées sous le terme généri-que de Le temps suspendu, les com-plications imaginaires d’Hermès dessinent petit à petit une famille aussi poétique que philosophi-que. La nouvelle Dressage Heure Masquée n’est pas en reste. «L’idée nous est venue de l’affichage régu-lateur», explique Philippe Delhotal, directeur de création de la Montre Hermès. Dans la première montre Le temps suspendu, on allait mas-quer ou brouiller l’indication horai-re à la demande, tandis qu’ici, c’est le contraire: en mode «normal», seule apparaît l’aiguille des minu-tes et, dans le guichet du bas, seule est visible la mention du mot GMT. Rien de bien lisible donc. Et ce n’est qu’à la demande, en agissant sur un bouton-poussoir intégré à la cou-ronne, qu’on fait apparaître instan-

    tanément l’aiguille des heures, qui vient aussitôt se positionner à l’heu-re exacte, et que se dévoile l’indica-tion de l’heure GMT choisie.sous un autre terme générique, «Le temps à l’œuvre» sont regrou-pées les montres d’artisanat. Chez Hermès, on a banni désormais le terme «Métiers d’Art», trop gal-vaudé sans doute, au profit de ce «temps à l’œuvre». Mettant en va-leur d’autres Métiers que la maison Hermès détient par ailleurs, com-me les Cristalleries royales de saint-Louis, Hermès innove tout aussi poétiquement dans l’art de la déco-ration avec, par exemple, une propo-sition aussi inédite que «fleurie»: les

    montres Arceau Millefiori. L’espace nous manque ici pour détailler les tours et détours de cette technique très complexe et unique en son gen-re. Menée par des maîtres verriers, elle consiste à assembler et solidari-ser entre elles de très fines baguettes de cristal et d’émail qui ressemblent à des sucres d’orge de toutes les cou-leurs. Il en résulte comme un tapis de fleurs et d’étoiles serrées les unes contre les autres, lumineuses qui, une fois découpées en fines lamelles de 0.6 mm se transforment en éton-nants cadrans polychrome. De toute beauté. (Europa star reviendra dans un prochain numéro sur cette tech-nique exceptionnelle).

    Stratégies de ruptureParfois, cependant, ce n’est pas tant de continuité mais de rupture qu’il s’agit, rupture destinée à agrandir son territoire. On pense ici à Louis Vuitton. L’Escale Worldtime est sans doute une des montres les plus éton-nantes qu’il nous ait été donné de découvrir à Bâle cette année. Cette montre qui affiche les heures univer-selles est non seulement en rupture avec les autres heures universelles de l’horlogerie mais aussi avec le style de Louis Vuitton, jusqu’à présent do-

    miné par la forme «tambour», une forme assez «segmentante» auprès du public. Dès son arrivée à la tête de l’horlogerie et de la joaillerie Louis Vuitton, Hamdi Chatti s’est mis à chatouiller les codes de la maison, commençant pas inverser ce fameux tambour. Cette année, la marque s’en démarque directement (sans par ailleurs l’abandonner) notamment avec cette Escale Worldtime extrê-mement colorée et très ingénieuse dans son affichage: seule pièce im-mobile, un sombre triangle central fait office d’indicateur fixe qui poin-te la ville choisie. L’heure qu’il y est (sur 24 heures) et la minute, inscrites chacune sur sa propre bague tour-

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    AD (400mm x 251mm)

    (Suite)

  • nante, viennent automatiquement se positionner. Pour changer du fuseau horaire, il suffit de faire tourner la bague des villes. Ingénieuse, colorée, ludique elle reste cependant d’une li-sibilité parfaite. Mais, malgré son ap-parence «en rupture», cette mon-tre puise son inspiration colorée aux origines du malletier qu’était Louis Vuitton qui proposait de personna-liser ses malles avec des signes géo-métriques colorés ici réinterprétés. Autre clin d’œil stylistique à ce passé, le boîtier reprend la forme des coins métalliques des malles Vuitton en les transformant en cornes qui viennent protéger et maintenir la boîte.On retrouve le même détail des

    cornes en forme de coins de malle dans la très exquise et subtile mon-tre Emprise. A la base de son design du dernier chic parisien, un «sim-ple» carré de 23 mm sur 23 mm, on retrouve «tous les éléments structu-rels de la malle, ceux qui lui donnent puissance et solidité: les renforts métalliques, les verrous, les clous deviennent des leitmotiv décoratifs répétés à l’infini». Dépourvue de chiffres et d’index, protégée par une glace doublement biseautée, munie de cadrans poudrés évoquant l’inté-rieur matelassé des malles, et ornés de simples lignes qui rappellent les lambris des grands appartements parisiens, l’Emprise est une pleine et

    totale réussite. A notre goût, la plus jolie montre féminine du salon.

    Moyen de gamme à l’offensiveUne autre grande «tendance», s’il faut l’appeler ainsi, que l’on entre-voyait statistiquement dès le début de l’année, a été pleinement confir-mée lors de ce Baselworld 2014: le moyen de gamme est de retour! Et il l’est de plusieurs façons: par la pon-dération générale des prix touchant presque toutes les marques (le fa-ramineux et médiatique prix de 50

    millions de Us$ pour la tutti-frutti de haut vol de Graff est l’arbre qui ca-che la forêt), par l’entrée en lice dans l’arène du swiss Made de plusieurs acteurs fashion (par exemple le re-marqué Armani, lire dans Europa star 3/14 l’article de Malcolm Lakin) et par la vigueur retrouvée des mar-ques suisses oeuvrant essentielle-ment dans ce segment du moyen de gamme.Un très bon exemple en est Oris dont un des leitmotiv est de «don-ner de la valeur ajoutée à des prix démocratiques». A l’oeuvre depuis toujours et exclusivement dans la montre mécanique abordable, Oris avait une annonce importante à fai-

    re. son porte-parole, Rolf studer, Vice-Président, n’y est pas allé par quatre chemins: «Je tiens à souligner qu’ETA s’est construit sur les décom-bres de l’industrie suisse et qu’au dé-part c’était un projet commun. Il est un peu facile maintenant de dire que les autres, qui ont été aupara-vant détruits, ‘viennent maintenant se servir chez ETA comme dans un supermarché’ «, affirme-t-il en fai-sant référence à d’anciens propos offensifs de Nick Hayek. Rappelant que jusqu’en 1982, Oris, fondée en 1904, produisait jusqu’à 1.2 million de montres par an et était proprié-taire de 279 calibres maison, il ex-plique qu’à cette date, l’AsUAG – le consortium à l’origine d’ETA -, char-gée de mettre de l’ordre dans la pro-duction de mouvements en suisse, avait purement et simplement déci-dé de stopper la production de mou-vement d’Oris qui a alors été rache-tée par ses propres cadres. A l’occasion de ses 110 ans, Oris a donc décidé de se relancer dans la production de mouvements mai-son avec le Calibre 110, un mouve-ment manuel doté d’une réserve de marche de 10 jours dont l’indication s’inscrit de façon non-linéaire (inté-ressant affichage breveté). Développé sur une durée de dix ans en colla-boration avec l’Ecole Technique du Locle, la production de ce mouve-ment de base a été pleinement in-dustrialisée afin de pouvoir parvenir à des coûts de revient suffisamment contenus pour correspondre à la gamme d’Oris, située en-dessous des 5’000.- CHF. (Europa star reviendra plus en détail dans son prochain nu-méro Es 4/14 sur Oris et la renais-sance de ses capacités de production de mouvements).A l’occasion de son lancement, ce nouveau Calibre 110 équipe la mon-tre «Oris 110 years Limited Edition», disponible à 110 exemplaires en acier (5’500.- CHF) et 110 exemplaires en or rose 18 carats (14’800.- CHF).Outre cette importante annonce, Oris présentait une série de nouveaux mo-dèles démontrant sa philosophie de «démocratisation» des prix, à l’exem-ple d’une très belle WorldTimer dotée d’un module original (3’400.- CHF), ou de la Artix Pointer Moon qui, grâ-ce aussi à un module maison, indique le jour de la phase de lune (1’900.- CHF), ou encore d’un Chrono Aquis avec lunette tournante céramique et valve hélium à 3’600.- CHF, sans oublier une nouvelle version du fa-meux Big Crown Timer, équipé d’un mouvement Valjoux, pour 3’300.- CHF. Qui dit mieux? Chez Maurice Lacroix, autre acteur essentiel du «milieu de gamme» hel-vétique, on est également très fier de présenter un nouveau mouvement, intégralement manufacture, le ML 230. ses particularités essentiel-les? Développé par Michel Vermot, responsable de la construction des mouvements chez Maurice Lacroix, qui a été le premier à développer et à produire un assortiment complet en silicium en collaboration avec la Haute Ecole Arc basée au Locle, ce mouvement automatique est équi-pé d’un assortiment complet en si-licium.(…)

    EUROPA sTAR PREMIèRE | NO 1 (Vol.17) | 7

    AD (400mm x 251mm)

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  • 8 | EUROPA sTAR PREMIèRE | NO 1 (Vol.17)

    Généralement, une montre ça ne ra-conte pas d’histoire. Du moins pas d’histoire autre que sa propre façon de mesurer et de scander le temps qui passe. Certes, une montre peut faire référence à une histoire– un exploit sportif, un événement mar-quant, par exemple – mais celle-ci ne fait que “commémorer” cette his-toire, la rappeler par un motif, une gravure, une peinture miniature.Avec ses Complications Poétiques (une appellation déposée), Van Cleef & Arpels va nettement plus loin. L’histoire que la montre raconte n’est plus extérieure à elle mais est comme l’expression visible de sa propre vie intérieure, du mouvement qui l’ani-me. La montre de-vient ainsi le lieu d’une véritable mise en scène d’une histoire qui lui appartient en propre. Le cadran est semblable à une scène de théâtre sur laquelle se déroule la pièce. En coulisses, règne une com-plexe machinerie qui ordonne et agence les “effets” scéniques. La nar-ration prend ainsi vie grâce au mou-vement horloger lui-même.

    Poétique du temps qui passeLes Complications Poétiques de Van Cleef & Arpels sont ainsi un exemple unique d’horlogerie narra-tive. Pour y parvenir, différents ty-pes de mouvements complexes sont conçus et mis en œuvre, qui vont chacun permettre de raconter une histoire différente, une histoire qui va mener son “spectateur” à travers les jours, les saisons, les constella-tions, les sentiments, les moments marquants de l’existence.Ainsi, par exemple, le mouvement Quantième de saison va faire tour-ner très lentement – au rythme d’un degré à peine par jour - un disque émaillé disposé derrière le

    décor du cadran, de façon à racon-ter l’histoire rythmique et poétique des saisons qui, presque impercep-tiblement, changent de jour en jour. sur les 365 jours de l’année, pas un seul n’aura exactement le même vi-sage qu’un autre. Le mouvement 24 heures, va quant à lui donner vie grâce à son cadran rotatif, à des his-toires se déroulant sur une journée:

    alternance du soleil et de la lune, ou promenade romantique dans Paris avec la montre Une Journée à Paris qui fait lentement défiler les mo-numents emblématiques de la vil-le-lumière.Le mouvement rétrograde offre d’autres interprétations du temps et d’autres histoires poétiques. Grâce à la course particulière de ses aiguilles qui décrivent un arc de cercle avant de revenir à leur position de départ, des petites fées, des papillons ou des amoureux évoluent dans leur décor, se rejoignent, se séparent avant de recommencer leur course commu-ne. Les montres rétrogrades Féerie, Butterfly symphony ou Pont des Amoureux ont tour à tour marqué les esprits et fortement contribué à

    définir ce territoire poétique et nar-ratif si particulier.“Le succès de ces montres, qui re-présentent environ 50% des ventes de Van Cleef & Arpels, ” nous ex-pliquent de concert Jean Bienaymé, directeur marketing et communica-tion, Léa Dassonville, directrice du marketing horloger, et Denis Giguet, directeur des Ateliers horlogers de

    la marque, “vient sans doute du fait que les histoires qu’elles racontent sont universelles et que chacune de ces montres offre plusieurs niveaux de lecture: il y a un côté émotionnel très fort, un raffinement artistique des cadrans tout à fait exceptionnel et, aussi, une technicité horlogère très poussée. Nous sommes certaine-ment les seuls à offrir ainsi des mou-vements compliqués de haute horlo-gerie dont la technique n’a pas qu’elle seule pour but mais est entièrement tournée vers une mise en scène poé-tique et romantique. D’une certaine façon, ça fait penser à la danse clas-sique: le spectacle est tout en légère-té et en envol, mais derrière, que de technique, que d’heures passées à s’exercer, que de sueur!” (…)

    Van Cleef & Arpels – Horlogerie narrative

    AD (98mm x 98mm)

    Pierre Maillard

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    Nommé au début de l’été 2013 à la tête de Montblanc, Jérôme Lambert a quitté la direction de Jaeger-LeCoultre et de A.Lange & söhne pour s’installer à Hambourg, fief historique de la marque et cen-tre de production de sa principa-le activité, les instruments d’écri-ture. L’horlogerie Montblanc reste quant à elle fermement installée en suisse, obligeant le nouveau CEO à partager son temps entre le grand port hanséatique et les val-lées du Jura suisse. Europa star a réussi à attraper cet homme pres-sé mais serein au cours d’un de ses déplacements.

    Europa Star: Vous avez récemment déclaré que «le catalogue de mon-tres de Montblanc doit innover autant que le font nos instruments d’écriture.» Tel n’est pas le cas?

    Jérôme Lambert: Montblanc, ce sont trois activités: les instruments d’écriture, qui pèsent environ 50%, la maroquinerie, à 25%, et l’horlo-gerie, à 25% également. Mais celle-ci est en très forte progression puis-que notre activité horlogère a connu une croissance de 80% dans les 5 dernières années. Avec 200 person-nes se consacrant désormais à l’hor-logerie (ndlr: 800 pour les instru-ments d’écriture à Hambourg) sur nos deux sites, Villeret et Le Locle, nous avons tout en mains, la capa-cité humaine et la capacité techni-que, pour apporter créativité, in-ventivité à une horlogerie qui était

    sans doute encore un peu trop aca-démique. Pour y parvenir, il nous faut utiliser à plein régime le lien en-tre Villeret et Le Locle, créer le plus possible de passerelles. Villeret, c’est un incroyable pôle d’excellence où se pratique une horlogerie d’excep-tion. Imaginez un instant: Villeret ce sont 50 personnes pour manufac-turer intégralement 50 montres de grande complication par an: ponts,

    platines, échappements, l’intégra-tion y est complète dans le cadre de la pratique d’une horlogerie pré-in-dustrielle, dont la qualité de finition manuelle est hors-pair. A seul titre d’exemple, un pont de tourbillon nécessite 1 semaine de terminai-sons à la main! Villeret ce sont aussi 5 constructeurs horlogers qui écha-faudent et conçoivent nos propres mouvements. C’est cette véritable passion horlogère, cette excellence, que je veux faire partager et infuser à l’ensemble de notre activité. Mon action se place sous un slogan qui la résume: «To share passion for wat-chmaking». (…)

    Nul hasard à ce que la présentation de la dernière pièce d’Hermès se soit faite dans le navire-amiral de la marque, Faubourg saint-Honoré. son nom étonnant, Arceau Lift, dévoile l’origine de son inspira-tion esthétique: le «lift» historique du magasin est décoré de doubles «H» entrelacés, en l’honneur des familles Hermès et Hollande à l’ori-gine de la dynastie.

    Ce motif se retrouve dans le des-sin même du tourbillon qui ani-me cette pièce d’exception. C’est un tourbillon volant, conçu pour Hermès par Lajoux-Perret. selon Luc Perramond, CEO de la division horlogère d’Hermès, «cette montre ouvre sur une nouvelle dimension de notre horlogerie, qui mettra en valeur les complications tradition-nelles…». (PM)

    AD (98mm x 47mm)

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    Montblanc –«Insuffler notre vraie passion horlogère»

    Hermès, ascenseur vers la Haute Horlogerie

    Pierre Maillard

    «Notre activité horlogère a connu une croissance de 80% dans les 5 dernières années.» Jérôme Lambert

    AD (47mm x 47mm)

    AD (47mm x 47mm)

  • AD (251mm x 353mm)

  • 10 | EUROPA sTAR PREMIèRE | NO 1 (Vol.17)

    Titoni est une des rares marques hor-logères familiales subsistant en suisse. Créée il y a bientôt 100 ans (ils se-ront fêtés en 2019), la maison Titoni (connue d’abord sous le nom de Felca) a été dirigée au cours de son histoire par trois générations de la fa-mille schluep et n’a connu que trois directeurs généraux. Aujourd’hui, c’est Daniel schluep, qui est aux comman-des. Entré dans l’entreprise il y a 32 ans, il dispose donc d’une très large vue sur les évolutions progressives de l’horlo-

    gerie, tout spécialement en Chine où la marque, en véritable pionnière, est officiellement installée depuis la fin des années 50. Cette introduction très précoce en Chine communiste a, à l’époque, été rendue possible par les liens de partenariat extrêmement serrés conclu entre la famille schluep d’un côté et la famille d’origine chinoi-se Koh, installée alors à singapour. C’est d’ailleurs afin de mieux pénétrer les marchés chinois que la marque a été rebaptisée Titoni. (…)

    A peine un peu plus de six mois que Jérôme Lambert, ex CEO de Jaeger-LeCoultre et de A. Lange & söhne, est à la tête de Montblanc et déjà les effets de son arrivée se font sentir de plusieurs façons: un accent fort mis sur les valeurs horlogères, une hié-rarchisation plus claire des collec-tions et une agressivité commercia-le bien plus marquée. En somme, autant de «recettes» mises en œu-vre avec le succès que l’on sait auprès, avant tout, de Jaeger-LeCoultre.Il faut bien comprendre le nouveau «motto» choisi pour MontBlanc – «Partager la passion pour la Haute Horlogerie» - pour ce qu’il signifie: d’une part insuffler les codes de la

    Haute Horlogerie dans l’ensemble de la collection («des grandes complica-tions aux simples trois aiguilles») et de l’autre, «partager» ces codes, c’est

    à dire offrir une Haute Horlogerie à des prix «très attractifs».Ainsi, l’exemple le plus frappant de cette nouvelle politique de «parta-ge», s’incarne-t-il dans un Quantième Perpétuel proposé à 10’000.- euros sur acier, 16’900.- euros sur or! Dix mille

    euros le Quantième Perpétuel, il y a de quoi bouleverser la concurrence, com-me Jérôme Lambert l’avait déjà fait avec un tourbillon Jaeger-LeCoultre proposé aux alentours de 40’000.- CHF, ce qui avait fait aussitôt bondir toute la communauté horlogère. Assisterons-nous aux mêmes émois de la profession et de la concurren-ce ? Toujours est-il que ce Quantième Perpétuel prend place dans la nouvel-le collection Montblanc Meisterstück Heritage qui à la fois «se fonde sur les standards de qualité du Montblanc Meisterstuck», le célèbre instrument d’écriture de la firme de Hambourg, soit un mélange d’artisanat, de fonc-tionnalité et de design «intemporel», et sur les codes horlogers helvétiques les plus traditionnels. (…)

    Il y a 30 ans, en 1983, un jeune hom-me à peine âgé de 25 ans mettait le point final à la réalisation de son premier garde-temps: une montre de poche à tourbillon. Cinq ans lui auront été nécessaires pour la conce-voir et la terminer. Il a façonné à la main chacune des pièces qui la com-posent, y compris le boîtier en or et en argent et la signe fièrement d’un F.P. JOURNE – A PARIs.Le jeune François-Paul Journe est un rebelle que ses parents ont cher-ché à assagir en l’inscrivant à l’école d’horlogerie de Marseille. Là, pour la première fois, lui qui était de son propre aveu un vrai «cancre», il se plaît à apprendre à tailler, à limer, à monter des mouvements. Mais à l’époque, une école d’horlogerie for-mait des ouvriers spécialisés en hor-logerie, pas de véritables horlogers aguerris et capables de faire leur propre montre tout seul. A la sortie de l’école, le jeune François-Paul est alors envoyé à Paris chez son oncle, un restaurateur d’hor-logerie ancienne qui compte parmi

    les meilleurs de sa profession. sur les étagères de l’atelier, il va tomber sur le fameux ouvrage de George Daniels, The Art of Breguet. Le jeune ambi-tieux va décider de se lancer dans le projet un peu fou de réaliser entiè-rement une montre de poche tour-billon pour laquelle il va devoir tout réinventer. (…)

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    Titoni, en Chine depuis plus de 50 ans

    La «lambertisation» de MontblancPierre Maillard

    F.-P. Journe – Il y a 30 ans, un jeune rebelle créait son propre tourbillon…Un Quantième

    Perpétuel proposé à 10’000.- euros sur acier

    Pierre Maillard

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  • EUROPA sTAR PREMIèRE | NO 1 (Vol.17) | 11

    Philippe-Léoppold Metzger, CEO de Piaget, répond aux questions d’Europa Star.

    Europa Star: Au SIHH vous allez mettre tout l’accent sur votre légi-timité historique dans le domai-ne de l’ultraplat, en présentant le nouveau record de la montre ul-traplate la plus fine au monde. Jusqu’où peut-on aller dans ce do-maine?Philippe-Léoppold Metzger: Je crois qu’on arrive aux limites du pos-sible. Quand je lis les comptes ren-dus de la presse, on parle beaucoup de la minceur, mais ce n’est pas for-cément ce dont je veux me souve-nir à propos d’une montre. Ce qui me frappe est le fait que nous avons réussi une fusion entre Piaget l’hor-loger et Piaget le bijoutier. Notre immense avantage est l’importan-ce de nos propres ressources dans le mouvement comme dans le boî-tier. Donc, au lieu d’avoir des gens qui travaillent chacun de leur côté, qui au mouvement, qui à l’habilla-ge, nous collaborons étroitement dès le début. Nous pouvons parve-nir à créer la montre automatique la plus plate du monde parce que

    ces deux processus sont totalement intégrés. Mais ce n’est pas tant une question de minceur qu’une ques-tion de technicité au service du design.Concrètement, cette performan-ce – la nouvelle Altiplano 38mm 900 P est «épaisse» de seulement 3.65mm – a été possible notam-ment parce que le nouveau mouve-ment utilise le fond du boîtier com-me platine. Autre spécificité, pour laquelle un brevet est en demande de dépôt, le train de rouages a été construit autour du cadran ouvert. Les aiguilles ont plus de profon-deur et ne risquent pas d’être tou-chées par le verre sous pression.

    Est-ce que les mouvements ultra-plats nécessitent un service après-vente plus délicat?PLM: Oui, ils sont beaucoup plus difficiles à travailler à cause de to-lérances bien plus réduites et de la taille minuscule des composants. Mais nous avons l’habitude de le faire depuis les années cinquante.

    Le consommateur achètera-t-il cet-te nouvelle pièce à cause de sa tech-nicité ou parce que c’est une Piaget?PLM: On verra bien. Mais disons, au vu des premières réactions, que les hommes aiment bien son aspect technique et que les fem-mes adorent la minceur.(…)

    Piaget et les contraintes de taille (des montres et de l’entreprise)

    En 2014, la manufacture Greubel Forsey fête officiellement ses 10 ans d’existence mais c’est depuis envi-ron 15 ans que Robert Greubel et stephen Forsey travaillent ensem-ble. Les deux horlogers ont mis donc 5 ans à peaufiner méticuleu-sement leur concept avant de créer leur entreprise. Nul hasard en cela, car ce qui est tout à fait remarqua-ble dans cette aventure commune est l’extrême rigueur avec laquelle

    les deux horlogers ont conçu leur création et planifié leur dévelop-pement progressif. Pourtant, com-me ils le disent eux-mêmes, «rien n’était écrit d’avance, mais nous étions profondément inspirés.»Leur inspiration? Fins et profonds connaisseurs de l’horlogerie clas-sique, réfutant pourtant l’idée «ty-piquement post-moderne» com-me quoi tout aurait été accompli dans cet art mécanique, ils se sont d’abord attelés à chercher à amé-liorer les performances des tour-

    billons classiques, quitte à en révo-lutionner le fonctionnement.

    Un «pipe-line»à inventionsMéthodiques, scientifiques, Robert Greubel et stephen Forsey ont mis au point un processus d’invention qu’ils ont nommé Experimental Watch Techonology (EWT) soit une très rigoureuse «plateforme» de ré-flexion théorique, de recherche, d’étude et d’expérimentation d’où sont sorties la plupart de leurs in-ventions mécaniques. Leur première invention, le Double Tourbillon 30°, témoigne parfaite-ment de l’efficacité de ce processus. Au départ, il y a effectivement une «inspiration», sous forme d’une intui-

    tion: et si on inclinait la cage du tour-billon pour en améliorer la moyenne de marche? Quatre ans furent néces-saires pour parvenir à concrétiser ce qui n’était qu’un présupposé et parve-nir à une solution inédite: à l’intérieur d’une cage tournant en quatre minu-tes est insérée une plus petite cage, contenant le balancier spiral, incli-née à 30° et tournant en 60 secondes. Cette conjonction entre inclinaison et vitesses de rotation différenciées per-met d’annuler les écarts de marche dus à l’attraction terrestre dans tou-tes les positions d’une montre brace-let. En 2011, cette configuration iné-dite remportera d’ailleurs le Premier prix du Concours International de Chronométrie du Locle. suite à cette première invention, cinq autres idées novatrices vont sortir graduellement (et sortent toujours) du «pipe-line» d’EWT. (…)

    Greubel Forsey, les pieds dans la tradition, la tête dans l’inventionPierre Maillard

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    Robert Greubel et Stephen Forsey ont mis au point un processus d’inven-tion qu’ils ont nom-mé Experimental Watch Techonology.

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  • Les relations se durcissent. Plus aucun cadeau n’est fait. swatch Group va massivement augmenter sa part de boutiques en propre.

    L’horlogerie, surtout haut de gamme, durcit le ton face aux détaillants hor-logers. Depuis une dizaine d’année, les relations entre les deux partenai-res, sans l’ombre d’un nuage jusque-là, ont pris un tournant tout diffé-rent. Au grand dam des détaillants et distributeurs horlogers. Exit le temps béni des relations idylliques. Le phé-nomène n’est pas nouveau, les bou-tiques monomarques bourgeonnent depuis plus d’une décennie, mais le ton monte et plus rien ne sera par-donné. Dans les colonnes du Temps, Bernard Fornas, co-directeur géné-ral du groupe Richemont mettait ré-cemment en garde: «La distribution doit arriver à un niveau d’excellen-ce. Il faut que les détaillants devien-nent encore davantage des partenai-res, qu’ils nous aident à construire nos marques et à projeter cette ima-ge sur les points de vente. Il est vrai, et je pèse mes mots, que l’on est deve-nu nettement plus sévères sur la qua-lité de nos partenaires.» En d’autres termes, certains d’entre eux ne sont plus à la hauteur. Le groupe genevois de luxe a donc multiplié les ouver-tures de boutiques en propre ou en franchise ces dernières années. Pour preuve, l’entreprise basée à Bellevue génère désormais 52% de son chif-fre d’affaires via son propre réseau de ventes. A fin septembre 2013 (sur la base du premier semestre de son exercice décalé 2013-2014), le grou-pe possédait 1043 boutiques à travers la planète. Un record en la matière.

    Swatch Group: “encore du chemin”swatch Group, légèrement en re-trait, n’est cependant pas en reste. Le numéro un mondial de l’horloge-rie va poursuivre la densification de son maillage de boutiques en 2014 et dans les années à venir. Alors que pour l’heure, les points de vente en propre génèrent 20% de l’ensemble du chiffre d’affaires, cette part est ap-pelée à fortement progresser à l’ave-nir. Dans un horizon qui n’a pas été détaillé, leurs ventes pourraient at-teindre les 30 à 35%, a récemment déclaré Nick Hayek. Pour le patron du leader mondial de l’horlogerie, «il y a encore du chemin». Non seulement de très nombreuses marques du groupe se verront dotées de nouveaux emplacement, mais éga-lement les points de vente multimar-ques vont continuer de fleurir sur le

    globe. Comme ceux d’Hour Passion, enseigne qui regroupe les marques haut et moyen de gamme du grou-pe. Présente dans les aéroports de-puis 2004, la chaîne disposait à fin 2013 d’une cinquantaine d’emplace-

    ments, comme en Chine, en Italie, en Allemagne ou encore au Royaume-Uni. L’an dernier, ce concept a été dé-ployé dans certains centres urbains, tels Londres, New york, Las Vegas, Kuala Lumpur ou encore Poznan en Pologne. Le premier déploiement dans un centre-ville l’a été à Paris, rue de sèvre.Marque de swatch Group, Omega, en à peine treize ans, a ouvert 123 boutiques en propre, pour un total de plus de 322 unités. Et son patron ne cache pas sa préférence aux bouti-ques monomarques par rapport aux détaillants. stephen Urquhart a ain-si confié au Temps. «Dans un monde idéal, nous n’aurions que des points de vente corporate. On contrôle ain-si notre destin. Cela évite tous les risques inhérents à un partenariat, comme les changements de proprié-taire ou les faillites», selon lui. Voilà les détaillants mis en garde. Des dé-clarations qui ne sont d’ailleurs pas passées inaperçues et ont suscité quelques remous en Allemagne. Les marques craignent surtout que leurs concurrentes soient mieux vendues, mieux présentées ou mises en avant dans un boutique monomarques. Au final, tout dépend de la marge propo-sée au détaillant. Et ce chiffre baisse tendanciellement, constate Manuel Emch. Il serait ainsi passé en moyen-ne de quelque 40 à 50% à moins de 30% ces dernières années, estime le patron de RJ Romain Jerome.

    Rolex, une exception de tailleLa plupart des marques ne peu-vent toutefois pas se passer (com-plètement) de leurs partenaires. Et d’ailleurs ce n’est pas l’objectif recher-ché. Ainsi, Omega, en sus de ses bou-tiques, fait appel encore à 3000 points de vente. Mais la pilule a parfois de la peine à passer. «La marque X [ndlr : nom connu de la rédaction] a ouvert une boutique dans la même rue que mon magasin. Nous sommes pour-tant partenaires depuis plus de tren-te ans. C’était comme un coup de poi-gnard dans le dos. surtout qu’ils ne m’en avaient pas informé officielle-ment», témoigne le propriétaire de plusieurs points de ventes horlogers en suisse. Toutes les marques ne dé-veloppent toutefois pas un maillage de boutiques en propre. Rolex consti-tue à cet égard une exception de taille et cultive sa singularité. Pas d’offen-sive de boutiques en propre pour la marque à la couronne. Le géant ge-nevois privilégie les relations avec ses détaillants historiques, à l’image de Bucherer en suisse, arguant qu’il s’agit de deux métiers bien différents. A l’avenir, le groupe ne devrait pas in-fléchir cette approche, nous assure-t-on. La manufacture horlogère Patek Philippe, qui a toutefois nettement réduit le nombre de points de ventes ces dernières années (de 750 à 450), mise toujours et encore sur ses par-tenaires. selon son président Thierry stern, « sans eux, nous n’existerions tout simplement pas».Les boutiques de marques rédui-sent-elles les ventes des détaillants? La réponse, toute en diplomatie et en langue de bois, est négative. Difficile toutefois de croire que cette offensive soit restée sans effet. Alors que la marque horlogère Hublot a ouvert 70 boutiques dans le monde depuis 2007, ce sont des milliers de ventes qui ont échappé aux autres points de vente. (…)

    Baselworld, ce sont des kilomètres d’allées à arpenter, à passer devant des centaines de stands qui sont comme autant de lieux de culte dé-diés à leur propre divinité. sous le signe de la Couronne, de diverses Croix, d’Alpha ou d’Omega, cha-que marque petite ou grande cher-che à attirer le fidèle. Impossible pour celui qui essaie de se fai-re une religion que de les recen-ser toutes. Même en s’y mettant à plusieurs, comme Europa star le fait dans ses colonnes. La visite est donc forcément subjective, lais-sant aussi la place aux rencontres d’occasion, à ce qui n’était pas pro-grammé. Dans le magazine, nous vous proposons trois parcours, dont ceux de Malcolm Lakin (The Kaleidoscopic World of Jewellery Watches; The Beautiful game comes to Baselworld; The Basel Marathon; Ice, Jungle, savannah and a Us General comes to switzerland.) et de Keith strandberg (The sports Watch segment; Getting a Handle on Fashion Watches) sans oublier l’analyse menée par DLG des ef-fets et des retombées de cette gran-de messe horlogère sur les réseaux sociaux.

    Le reflet des boulversementsDès son allocution inaugurale, sylvie Ritter, Managing Director de Basel-world, affirmait haut et fort que le salon international de l’hor-logerie «se voulait le reflet exact des bouleversements que la branche a connu lors de ces dix dernières an-nées» En fait de «bouleversements», deux phénomènes essentiels se sont accélérés et se sont conjugués au cours de la dernière décennie: la montée en puissance méthodique des grands groupes, aujourd’hui plus dominants que jamais, a coïn-cidé (est-ce un hasard?) avec l’éton-nante séduction médiatique (nour-rie il est vrai à grands frais) dont ne cesse de jouir l’horlogerie: plus de 4’000 journalistes étaient présents pour cette grand messe internatio-nale, à peu près autant qu’au célé-brissime Festival de Cannes - 3907 en 2013, selon les chiffres officiels (mais cependant bien moins qu’aux JO de sotchi – 13’000!). En dix ans, la montre est «défini-tivement» passée du statut prag-matique de bel objet utilitaire plus ou moins dispendieux à celui de «star», de quasi «objet de culte» chargé d’un poids et d’une valeur tout symboliques – ne parle-t-on pas désormais d’icônes à propos de certaines montres-culte à succès? Mais peut-être faudrait-il mieux parler de cultes, au pluriel. Ainsi ne pourrait-on pas «lire» Baselworld et ses stands (du plus petit, 6m2, au plus grand, 1’625m2) comme autant de chapelles alignées les unes aux côtés des autres, de tem-ples voire de cathédrales dédiées à autant de cultes divers et variés? Il y a les grandes religions mono-théistes régnantes, à l’exemple de Rolex dont le temple bâlois est un opaque mastaba (une «religion» toujours dominante mais qui, à

    l’image du Vatican, menacée d’un progressif vieillissement, devait à tout prix être revivifiée et rajeu-nie pour assurer la continuité de sa domination – lire notre éditorial, L’Empire contre-attaque). En face, Patek Philippe, autre monothéisme incontournable, a érigé son nouvel autel au pied duquel se tient le culte de la perfection transmissible: un blanc nuage est suspendu au centre d’un cube de verre.Ces deux monothéismes (quoique Rolex ait relancé avec succès un nouveau culte, Tudor) sont entou-rés de toutes parts par d’actives re-ligions panthéistes qui multiplient branches et écoles diverses, plus ou moins intégristes – en terme «d’authentique horlogerie». Ainsi Louis-Vuitton-Moët-Hennessy (LVMH) qui se poste à l’entrée et aligne côte à côte ses divers cou-rants, du très romain Bvlgari au plus protestant Zénith, sans oublier le cultissime dieu Hublot dont l’animal sacré est la vache, ni le mé-thodique et imparable TAG Heuer. Louis Vuitton, la marque épony-me dont le culte se pratique en-tre-soi, tient concile hors les murs, dans la Wildt’sches Haus, une villa du XVIIIème qui porte le nom d’un fabricant de rubans de soie (qui, à l’époque, étaient aussi à la mode que le sont les montres aujourd’hui).Au centre géographique des halles de BaselWorld se tient le siège ten-taculaire de la plus panthéiste des religions horlogères, au nom qui siffle aux oreilles de tout un cha-cun: swatch (Group). Une foi poly-chrome qui accueille à bras ouverts toutes les tendances, des plus po-pulaires aux plus élitaires, dans un grand syncrétisme embrassant le monde et ses contradictions.Tout autour, jusque dans les éta-ges et dans les annexes qui bour-geonnent et essaiment partout, d’innombrables cultes tentent de s’étendre encore ou de simplement continuer à prospérer, de recueillir quelques nouveaux adeptes, de re-naître de leurs cendres ou de per-cer ex nihilo. Dans ce réjouis-sant bric-à-brac polyglotte qu’est BaselWorld (pourquoi ne dit-on pas «BabelWorld?), on trouve en effet tout et son contraire. Mais ces-sons là la métaphore religieuse et venons-en aux faits: qu’avaient-ils tous à nous proposer?Au journaliste de retour de cet-te grande kermesse horlogère, on pose rituellement la même ques-tion: alors, quoi de neuf? Quelles sont les tendances?Eh bien, à l’image de notre époque, dont elle est un fidèle reflet, l’horlo-gerie de 2014, c’est absolument tout ce que vous voulez et son contrai-re. Il y a en a vraiment pour tous les goûts, de l’énorme montre bo-dybuildée pour hyper macho de retour de mission dangereuse (la Palme du genre revenant à U-Boat et sa montre monumentale dont l’épaisse glace a été volontairement brisée avant achat, un peu comme dt reflet précurseur des temps à ve-nir? Après les grands excès d’avant la crise des subprimes, après le lé-ger assagissement qui s’ensuivit au cours des années 2008-2009, l’hor-logerie était repartie de plus bel-

    le, comme s’il n’en avait rien été. Elle avait fait le dos rond un ins-tant, mais c’était pour mieux re-partir dans de folles montées en gamme. Or, la «crise» (crise finan-cière d’abord, puis crise économi-que, crise sociétale, crise politique enfin) n’était pas un simple épiso-de mais, plus profondément, un changement progressif de paradig-me. sans vraiment le vouloir mais sans non plus seulement le subir, l’horlogerie a fini par payer en re-tour ses propres excès. Le cas de la Chine (mais elle n’est pas seule, loin de là) est à cet égard le plus em-blématique, qui a fait de la montre suisse l’exemple même, voire par-fois la simple preuve judiciaire, de la corruption. Cette fois, il ne s’agit pas d’une alerte passagère mais bel et bien d’une lame de fond. A l’ima-ge de la fin du secret bancaire suis-se, les choses ne seront plus com-me avant.La plupart des horlogers semblent l’avoir bien compris car les «ten

    Les détaillants sont missous pression comme jamais par les horlogers

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    Swatch Group vise 35% de ventes en nom propre.

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