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Le Monde des Possibles ASBL Centre de formations aux français langue étrangère et NTIC Service social & juridique Projets européens – Actions interculturelles. 97 rue des Champs - 4020 Liege (Longdoz) Belgium Tel / Fax : +32-(0)4/232.02.92. - Mobile : +32-(0)497/533.885 Mail : [email protected] ACTES DU COLLOQUE MOBILITÉ DES COMPÉTENCES DES PERSONNES MIGRANTES: OPPORTUNITÉS D’INCLUSION SOCIOPROFESSIONNELLE EN ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE MARDI 18 DÉCEMBRE 2018 / 9H – 13H ATELIER-DÉBAT / MAISON DES SPORTS DE LIÈGE Dans un contexte de précarisation de l’emploi, « d’uberisation », de délitement du droit du tra- vail et d’accentuation des violences structurelles, nous nous penchons sur les initiatives dévelop- pées par les personnes migrantes sur un modèle coopératif, et potentiellement créatrices d’emploi. Porteuses d’idées, de compétences et d’expériences, les personnes migrantes sont touchées par la dis- crimination à l’emploi, la disqualification sociale, et sont bien souvent contraintes d’effectuer une reconversion professionnelle, prioritairement dans des métiers manuels en pénurie de main-d’œuvre. L’économie sociale et solidaire met en avant des pos- sibilités de valorisation des savoir-faire de chacun.e et ouvre des perspectives d’emploi respectueuses des potentialités réelles des personnes. Cette mati- née de rencontre a pour objectif de faire le point sur la désaffiliation sociale des personnes migrantes, de se pencher sur les projets d’économie sociale et solidaire portées par les personnes migrantes et d’échanger autour des opportunités et des obsta- cles dans la mise en place d’initiatives relevant de l’ESS. Nous y présenterons notamment deux pro- jets développés au Monde des Possibles, basés sur un mode de fonctionnement en autogestion et en route vers l’économie sociale et solidaire : Univerbal - service de traduction et d’interprétation en milieu social, et Sirius - formation en programmation web.

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Page 1: ACTES DU COLLOQUE MOBILITÉ DES COMPÉTENCES DES … · Le maintien du contrat de travail est essentiel pour le travail-leur migrant. Si on a reconnu les qualifications du maçon

Le Monde des Possibles ASBLCentre de formations aux français langue étrangère et NTIC Service social & juridiqueProjets européens – Actions interculturelles.97 rue des Champs - 4020 Liege (Longdoz) BelgiumTel / Fax : +32-(0)4/232.02.92. - Mobile : +32-(0)497/533.885Mail : [email protected]

ACTES DU COLLOQUEMOBILITÉ DES COMPÉTENCES DES PERSONNES MIGRANTES: OPPORTUNITÉS D’INCLUSION SOCIOPROFESSIONNELLE EN ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIREMARDI 18 DÉCEMBRE 2018 / 9H – 13HATELIER-DÉBAT / MAISON DES SPORTS DE LIÈGE

Dans un contexte de précarisation de l’emploi, « d’uberisation », de délitement du droit du tra-vail et d’accentuation des violences structurelles, nous nous penchons sur les initiatives dévelop-pées par les personnes migrantes sur un modèle coopératif, et potentiellement créatrices d’emploi.

Porteuses d’idées, de compétences et d’expériences, les personnes migrantes sont touchées par la dis-crimination à l’emploi, la disqualification sociale, et sont bien souvent contraintes d’effectuer une reconversion professionnelle, prioritairement dans des métiers manuels en pénurie de main-d’œuvre.

L’économie sociale et solidaire met en avant des pos-sibilités de valorisation des savoir-faire de chacun.e et ouvre des perspectives d’emploi respectueuses des potentialités réelles des personnes. Cette mati-née de rencontre a pour objectif de faire le point sur la désaffiliation sociale des personnes migrantes, de se pencher sur les projets d’économie sociale et solidaire portées par les personnes migrantes et d’échanger autour des opportunités et des obsta-cles dans la mise en place d’initiatives relevant de l’ESS. Nous y présenterons notamment deux pro-jets développés au Monde des Possibles, basés sur un mode de fonctionnement en autogestion et en route vers l’économie sociale et solidaire : Univerbal - service de traduction et d’interprétation en milieu social, et Sirius - formation en programmation web.

Page 2: ACTES DU COLLOQUE MOBILITÉ DES COMPÉTENCES DES … · Le maintien du contrat de travail est essentiel pour le travail-leur migrant. Si on a reconnu les qualifications du maçon

9h00 : Accueil9h30 – 11h00 : CONTEXTUALISATION• Disqualification sociale et difficultés d’accès à l’emploi pour les personnes migrantes Monsieur Joseph Gatugu, chercheur à l’IRFAM• Réalités en permanence droit du travail et autodétermina-tion d’un projet professionnel Madame Fanette Duschene, Juriste, Promotion&Culture• Projets d’économie sociale et solidaire, opportunités et points de vigilanceMonsieur Fabrice Renard, directeur général de Cide-Socran• Présentation des projets d’économie sociale au Monde des Possibles : Univerbal (interprétariat en milieu social) et Sirius (codage et développement web) et témoignages 11h00 – 12h00 : ATELIERS• Ateliers 1 : Disqualification sociale : ressources individuelles et soutien des diasporas• Atelier 2 : Economie sociale et solidaire : une alternative au marché du travail classique ?13h00 : clôture

programme de la journée

DISQUALIFICATION SOCIALEJoseph Gatugu de l’IRFAM(Institut de Recherche, Formation et Action sur les Migrations) Résumé tiré du Power Point de présentation de Mr Gatugu

Définitions : Disqualification sociale

- La disqualification est le « processus d’affaiblissement ou de rupture des liens de l’individu avec la société au sens de la perte de la protection et de la reconnaissance sociale » (Serge Paugam).

- La disqualification se fait en 3 étapes : 1. une phase de fragilisation de l’individu liée à la précarité de l’emploi 2. une phase de dépendance vis-à-vis des services sociaux3. une phase de marginalisation, les services sociaux

n’arrivant pas à favoriser l’intégration de l’individu.

De qui parle-t-on ?

1.1. Des personnes difficilement identifiables, méconnues et négativement perçues : - des immigrés : terme péjoratif appliqué aux personnes provenant des pays pauvres et donc assimilées à la misère du monde, des personnes au séjour provisoire), - des personnes étrangères ou d’origine étrangère, quand bien même les personnes ont la nationalité belge ou même issues des couples mixtes (p. ex. des métis). Cf. des Belges de papier. - des allochtones ou des allogènes : des personnes venant d’ailleurs, de dehors, par opposition aux per-sonnes dites « de souche » ou « autochtones ») … - des migrants ou immigrants : des personnes en transit vers ailleurs…- des réfugiés économiques : de faux réfugiés, de la misère du monde

1.2. Des personnes indésirables

- Problème d’octroi des visas : délivrés au compte-gouttes- Peu de titres de séjours accordés aux demandeurs d’asile (en Belgique, le taux de reconnaissance était de 60 % en 2015, mais seulement de 22 % en 2012), - De la xénophobie, du racisme…- De la discrimination à l’embauche- Le taux d’emploi faible- Des reproches de manque de volonté, voire de l’incapacité à s’intégrer- Une sommation d’intégration, d’inculturation, de « citoyenni-sation », de «belgicisation», d’identification aux « vrais Belges » (cf. : « Ici, c’est comme ça »…)- Une sommation paradoxale : Absence des possibilités d’une meilleure intégration, demande d’identification à un pays auquel certains « vrais Belges » ne s’identifient plus, un rap-pel aux migrants qu’ils ne sont pas d’ici, qu’ils ne sont pas chez eux… (cf. « Quand est-ce que vous rentrerez chez vous ? », « Est-ce que le soleil ne vous manque pas ? »…). Ce rap-pel est implicitement une invitation au retour aux pays d’origine -Importation d’une main-d’œuvre étrangère

Les principaux mécanismes de discrimination à l’embauche :

1. La non-reconnaissance des diplômes et des compétences- Procédures complexes, longues et coûteuses, sans garantie de résultat, ce qui pousse certains migrants à y renoncer; les plus coura-geux préférant faire d’autres études, apprendre un autre métier…).- L’évaluation de la valeur réelle des formations ou com-pétences acquises à l’étranger : trop souvent arbi-

traire, laissée à l’appréciation des employeurs, et parfois financièrement dépréciée si la personne parvient à travailler.- Absence de systèmes de val idat ion de toutes les compétences acquises à l’étranger

2. L’ethnostratification ou stratification ethnique du marché - Les personnes d’origine étrangère sont systématiquement concentrées dans des segments inférieurs, en particulier le ter-tiaire (nettoyage, hôtels, restaurants, soins de santé), des secteurs d’emplois désertés par des nationaux, emplois dits « 3 D » (Dirty, Dangerous, Demeaning, càd sales, dangereux et dégradants) - Une subdivision entre des emplois pour hommes et pour femmes. Les hommes sont relégués dans des secteurs d’emplois de manu-tention tandis que les femmes sont presque systématiquement orientées vers les secteurs du nettoyage et de l’aide aux personnes. - Le phénomène est aussi observable au niveau des sta-tuts, des rémunérations, de la durée du chômage, etc.

Fanette Duchesnejuriste - FGTB Liège – ASBL Promotion & Culture

En Belgique, il y a récemment un climat de plus en plus anti étranger; il y a un préjugé sur les migrants et leurs compétences réelles,... Les diplômes obtenus dans les pays tiers sont souvent disquali-fiés (un médecin est contraint de devenir infirmier par exemple).

Si je suis étranger et que je veux venir travail-ler en Belgique, j’ai besoin du permis de travail B.Si je n’en ai pas besoin, j’ai alors besoin d’un permis de travail C ou alors d’être dispensé de permis de travail.

Permis de travail B : situation où un patron demande l’autorisation d’engager un travailleur pour une fonction précise pendant un an dans des métiers en pénurie (où il n’y a pas de ressortissants belges).

Il s’agit aussi d’analyser la reconnaissance des compétences ;

1) Avant un patron pouvait engager via un permis de travail B avec des justifications. Le plus dur était de trouver le patron. Aujourd’hui la méfiance est décuplée, dans les administrations, la parole raciste se libère, cette méfiance est validée par le gouver-nement fédéral. Sous le prétexte qu’il y a des fraudes, aujourd’hui si nous demandons un permis B, l’administration va exiger que le patron respecte bien ses obligations à l’avance (excès de zèle) ; les diplômes requis par exemple, le lien de confiance n’est plus suffisant. Aujourd’hui nous sommes dans du paternalisme à tout crin. Il y a des critères objectifs de diplômes exigés or beaucoup de travailleurs dans la construction n’en possèdent pas. La liberté, l’envie de donner une chance à un migrant n’est plus possible...

2) En permis de travail B, on vous fait venir pour travailler. Si le permis de travail B est octroyé, il faut encore deman-der le titre de séjour. Le permis de travail n’est valable que si on garde le séjour, et on garde le séjour que si on a un tra-vail. Si le patron est véreux, et après 3 mois il y a faillite, le travailleur qui a tout lâché, sa famille, son pays après 6 mois, son travail s’arrête et donc son titre de séjour est annulé.

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Le maintien du contrat de travail est essentiel pour le travail-leur migrant. Si on a reconnu les qualifications du maçon avec son salaire, la réalité est différente sur le terrain. Le travail-leur en permis de travail B a un séjour d’un an, il devra être dans ce statut pendant 5 ans pour avoir un jour un titre de séjour sans permis de travail. Ce travailleur va donc totale-ment dépendre de son patron (-> paternalisme exacerbé).

Quand on est migrant et travailleur on est encore plus vulné-rable. Cela génère une panoplie d’abus potentiels. Si l’employé veut garder son emploi, l’employé va accepter des heures sup-plémentaires, accepter qu’on le rappelle le week-end, accep-ter des horaires délirants. C’est 12 mois de travail CONTINUS qui sont requis en permis B. Même les belges atteignent rare-ment cette continuité. Cette durée de 12 mois requiert sou-vent de cumuler plusieurs contrats ce qui est problématique.

Sur le terrain, on rencontre d’autres abus : le patron demande de rembourser les cotisations patronales ou la moitié du salaire par exemple. Si on peut prouver les heures réalisées, on peut récla-mer pendant 5 ans les heures prestées qu’on soit sans papiers ou pas. Il faut garder un historique des heures de travail !!!

Si je suis en permis de travail B je cotise comme tout le monde or si j’arrête de travailler, mon séjour s’arrête…. Si je veux demander le chômage, je peux toujours avoir 2 mois d’indemnités le temps d’avoir le titre de séjour renouvelé.

Les migrants enrichissent la Belgique par les compétences, la détermination, le talent… une part de l’économie belge repose sur les épaules des migrants. Il faut exiger des études qui démontrent cela. Voir UNIA qui rassemblent les plaintes… voir les syndi-cats qui peuvent favoriser des articulations justes et humaines.

Atelier-discussion n°1 sur la disqualification sociale :• Question de l’instituteur au pays qui souhaite être reconnu dans ses compétences dans le pays d’accueil. Il faut aussi s’investir pour avoir une équivalence des diplômes, une validation des acquis de l’expé-rience. Il faut des pistes qu’on pourrait exploiter pour se reconstruire.

o Voir à cet égard les enseignements du projet Labour-Int.: http://www.possibles.org/labour-int/ idem pour le problème du permis de conduire à valoriser aussi ici en Belgique. Question des conventions dans le groupe. Cer-tains pays ont des conventions avec la Belgique d’autres pas. o Voir comment favoriser la mobilité des per-sonnes migrantes en Belgique (ex les demandeurs d’asile hébergés dans les centres ouverts de la Croix Rouge)

• Rôle des syndicats : peuvent-ils soutenir réellement les migrants dans la diversité de leur statut ? Peut-on réel-lement lutter contre des patrons véreux ? Lorsqu’on va se plaindre, il faut s’informer auprès des syndicats. Il y a FAIRWORK qui peut aussi défendre les droits des travailleurs. o Voir ici l’expérience de l’école des solidarité menée avec la FGTB Liège: http://ecoledessolidarites.be

ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIREFabrice RenardDirecteur général de CIDE-SOCRAN (soutien au développement d’entreprises innovantes https://cide-socran.be)

Dans les projets SIRIUS & Univerbal, face à la discrimination à l’em-ploi en Belgique, il y a une réaction des personnes d’origine étrangère qui souhaitent développer des compétences pour les aider à créer de l’emploi, voir à créer un organisme qui va pouvoir les accom-pagner après la formation, voir à accueillir et mutualiser les com-pétences pour répondre au marché -> Voir à structurer un collectif.

Quelques principes fondamentaux de l’Économie Sociale et Solidaire – ESS.

Il faut pouvoir surfer dans le monde dans lequel nous nous trouvons et essayer de saisir et adapter ce qui est intéres-sant. Trouver un modèle (une coopérative) qui permette de rencontrer le but social requiert une vigilance sur 3 axes :

• La solidarité - Utilité sociale du projet• La forme juridique (fondations, mutuelles, coopératives)• La gouvernance

Il s’agit d’être vigilant pour pouvoir avoir du capital de départ en ESS, il s’agit de garder un contrôle collectif sur le déve-loppement de la structure, attention car cela peut devenir un modèle marchand. Dans les associations de type ASBL, tout le bénéfice est réaffecté à la structure et aux bénéficiaires.

Dans l’ESS on fait référence aux statuts, un groupe de per-sonnes qui s’associent dans un but autre que la réalisation d’un profit, c’est la primauté des personnes, du projet plutôt que la rémunération ou la mise en œuvre du capital. La moti-vation pour adhérer à l’ESS peut se fonder sur une réaction à l’ultra individualisme du libéralisme. Ces structures de l’ESS tendent de répondre aux besoins auxquels le privé classique ne répond pas. Ex : école de devoir, microcrédit, des ASBL dont l’impact sociétal est positif sur l’environnement par exemple.

Difficultés des ESS

• Le mode de décision collectif constitue un « cout » de la déci-sion collective ; il faut avoir une décision collégiale ce qui requiert une affectation des ressources humaines réelle et conséquente. Si nous souhaitons avoir qqch de moins hiérarchisé, il faut mettre en place des processus de gestion plus démocratiques.• La volonté de participation, l’AG/le CA pourraient par-fois durer une semaine. Mais si la décision est parta-gée, tout le monde se sent impliqué -> avantage certain.• Dans ces modèles, la propriété est moins définie ce qui peut poser des soucis pour avoir le financement de départ. Il y a des

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fonds créés pour accompagner ces modèles. Dans ces fonds il y a une attente de rentabilité, il y a des mesures de la RW SOWESCOM. Si on a reçu un euro, la RW met un euro. L’enjeu de départ sera le financement de l’activité pour avoir des bureaux, locaux, premiers salaires. Capter cette somme de départ est plus compliqué en ESS que dans le privé pur. Il est important de penser le financement multiple ; voir aussi faire le tour de donateurs privés et le compléter par des organismes publics. En ESS, il est aussi opportun que les participant.e.s à l’initiative contribuent sur fonds propres à l’action.

Vigilance en ESS

Il faut faire attention à la récupération des initiatives d’ESS par des campagne de « capitalisme inclusif ». Il s’agit donc de penser un modèle qui assure le respect des valeurs de base, qui sont à l’origine du projet. La forme juridique vient après. Il y a des accompagnateurs -> Propages / SAW-B / Step entre-prendre. CIDE SOCRAN travaille plutôt sur le modèle écono-mique alors que SAW-B est plutôt une expertise dans le modèle de gouvernance. Il s’agit de construire une complémenta-rité entre les champs d’expertise de chaque agence conseil.

parfois que le CPAS refuse de nous octroyer. Grâce la sécu-rité sociale solidaire, on essaie de trouver des médicaments : o on cherche aussi des soutiens, petites sommes. Il y a eu une évaluation après 6 mois de fonctionnement en novembre dernier. Il y a 27 enfants dans la maison et des adolescents. Il y a moyen de fait des progrès avec des projets de ce type. o Quelles diff icultés sont rencontrées pour mettre en place cette solidarité de groupe ? - il faut construire la confiance entre nous. D’abord nous connaitre. Demander des soutiens aux citoyen belges -> il y a un pot commun. Il y a des personnes conscienti-sées qui donnaient déjà du soutien financier pour l’occupa-tion de Burenville et il a fallu les convaincre de contribuer aussi pour l’occupation des femmes sans papiers au palais. - Impor tance de casser l es pré ju -gés sur les TSP via des ateliers participatifs. -il faut avoir du courage et oser. On doit chercher à créer, à se valoriser. Nadine conseillerait aux femmes et hommes de s’engager. « Le meilleur est à venir » dit-elle.• Une formatrice au CPAS de Liège souligne l’importance des projets portés par les participant.e.s eux/elles-mêmes. Cha-cun reçoit un rôle, peut se voir sur le terrain être utile et com-plémentaire aux autres. Importance de l’économie sociale.• Didier VDM : il y a des initiatives d’ESS emblématiques comme la bière sans papiers à Bruxelles par exemple htt-p://100pap.be mais aussi Univerbal, Sirius au MDP mais aussi d’autres à Naples par exemple coopérative LESS spécialisée dans le catering et cleaning. http://www.lessimpresasociale.it • Lorena Espino : on est encore en train de chercher des logiques de groupe pour dynamiser les projets d’ESS. Il s’agit de ne pas oublier ses valeurs, toujours revenir sur le volet social.• Fabrice : c’est la rencontre entre deux mondes ; le monde du social et le volet économique. Il faut que cela soit ren-table et en même temps solidaire. Il faut pouvoir pen-ser à des financements hybrides. Univerbal ne peut pas reposer uniquement sur les prestations des interprètes.

Présentation des projets Univerbal & SiriusUniverbal : https://projetuniverbal.wordpress.com Sirius : http://travaux.sirius-school.be/2018/

Atelier discussion n°2 sur l’économie sociale et solidaireL’objectif de l’atelier : faire émerger les questions que la matinée a suggéré auprès des participant.e.s

• Marie Thérèse de Yambi Développement à Wavre accueille des personnes d’origine étrangère qui veulent éviter de travailler en noir et souhaiteraient développer des activités économiques sans devenir indépendant. Elle demande comment nous déve-loppons des initiatives d’ESS au Monde des Possibles (MDP). o Il s’agit d’abord d’identifier les compétences en présence et/ou éventuellement développer des cycles de for-mation professionnelle pour monter en compétence et/ou confirmer/valider les savoir-faire dont se prévalent les per-sonnes qui souhaitent lancer une activité rémunératrice. o Ensuite il est opportun de tester ces compétences légalement sans se lancer directement dans la création d’une entité d’ESS. Les premières pratiques, expériences profession-nelles peuvent être expérimentées par l’ASBL via le statut de volontaire ou via des contrats SMART par exemple. Le statut de volontaire autorise environ 33 euros/jours et max 1308 euros /an. o Le plus important pour le MDP est d’identifier une idée qui réponde aux besoins identifiés ET de consti-tuer un groupe de personnes ressources disposées à y répondre ensemble, le montage juridique est une suite logique. • Nadine de la Voix des sans Papiers (VSP) de Liège souhaite témoigner de l’expérience de la sécurité sociale solidaire déve-loppée à l’occupation des femmes sans-papiers près de la gare des Palais à Liège. Nous essayons de nous organiser entre mamans, par rapport aux besoins de santé des enfants. Les per-sonnes sans-papiers ont droit à l’Aide Médicale Urgente (AMU). Comme l’AMU doit être prise en charge par le CPAS, nous devons essayer de nous organiser. La sécurité sociale solidaire fut organisée sous forme de tontine au départ (ateliers de couture et ateliers de cuisine). Dans tout ce qu’on gagne on essaie de cotiser chacun.e 10 ou 15% pour nous aider dans les besoins médicaux. Il y a des soins que les médecins nous donnent, ou

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clôture de larencontredidier van der meeren

Les projets que nous avons entendus ce matin contribuent à renverser une perception bien ancrée dans les esprits qui consiste à associer au mot « migrants » des conceptions conno-tées négativement ; en entendant ce mot « migrants », cer-tains développent des images qui représentent des masses de personnes qui se déplacent, dans la douleur, dans la violence.

Certes c’est une partie de la réalité qui révèle les causes des migrations ; conflits religieux, misère économique, catastrophes écologiques, guerres etc… mais nous ne souhaitons pas nous y arrêter, la dénonciation de la violence systémique1 dont ces personnes font l’objet là-bas comme ici n’étant pas le sujet du colloque. Ce que nous voulons construire avec nos projets d’économie sociale, ce n’est pas travailler pour les réfugiés mais travailler pour un projet de société progressiste, un « nous » avec les réfugiés. La démarche interculturelle que nous prônons consiste à penser et à vivre comment nous pouvons nous enri-chir mutuellement de nos forces conjointes pour réduire les iné-galités, lutter pour un projet politique qui fasse sens commun, générer des flux financiers par notre travail et assurer leur juste répartition dans une communauté locale où chacun.e, qu’il/elle soit étranger ou non puisse être reconnu pour son savoir-faire.

Les personnes migrantes qui arrivent ici, vont rester ici, autant voir ensemble comment enrichir la société où nous vivons. Voyons comment révéler des savoir-faire, des talents et soutenir des constructions sociales (école des solidarités), des construc-tions culturelles (Dazibao, Metropolis…) et des constructions économiques (Univerbal, Sirius,….). L’esprit d’entreprendre est donc aussi valorisé tant dans la capacité à organiser une mani-festation pour la régularisation des sans-papiers que dans l’or-ganisation d’un service d’interprétariat social. C’est entreprendre, augmenter la capacité d’agir ensemble qui est ici fondamentale.

Conjointement aux cours de français langue étrangère, Le Monde des Possibles se positionne avec ses partenaires comme une plateforme de projets culturels, sociaux, artistiques, écono-miques. Depuis 2001, nous partons de l’hypothèse que si on accueille mieux, la société sera meilleure. Qu’il faudrait accueillir comme nous aimerions être accueillis, que toute forme de vio-lence (institutionnelle, administrative,…) à leur/notre égard doit être proscrite. Sirius, Dazibao et Univerbal sont emblématiques car ces projets permettent de changer la perception des migrations, des migrants, de raconter une autre histoire où les personnes proposent une vision positive de l’exercice des droits et de leurs projets. Conjointement à la dimension idéologique qui permet de rappeler l’importance et l’effectivité que les droits fondamentaux doivent avoir, la création d’initiatives d’économie sociale consti-

1 « Violence policière des harcèlements et des expulsions. Violence légale des restrictions migratoires. Violence culturelle du discours assimilateur ou de la bienveillance folklorisante. Violence économique des emplois humi-liants ou du travail au noir…. Violence administrative affolante des procédures et des attentes interminables… » in « Le déchaînement du monde – logique nouvelle de la violence » de François Cusset aux Éditions la Découverte, 2018

tuent des pratiques, des situations où la solidarité devient en acte.

Considérer que chacun.e peut donner et recevoir. C’est la capa-cité à créer du lien qui est proportionnelle à changer une situa-tion ici et maintenant. On l’a vu aujourd’hui, il y a un très fort déclassement social et professionnel, les personnes n’arrivent pas à trouver de l’emploi à hauteur de leur compétences, il y a ici 2 approches qui peuvent être complémentaires : - Soit on travaille avec ces personnes les capa-cités à être reconnues, incluses dans la société et petit à petit reconstruire leur carrière avec des pairs et per-sonnes belges (projet 109 ou Duo for a job etc…) - Soit on favorise l’entreprenariat des per-sonnes migrantes elles-mêmes. Voir à soute-nir des projets sociaux, environnementaux,…

Dans les 2 cas, nous intégrons ces démarches très pragmatiques dans une critique de la politique d’asile et migratoire actuelle et travaillons avec les partenaires sociaux à la constitution d’un rapport de force significatif qui puisse faire évoluer la politique d’asile et migratoire en faveur des droits fondamentaux. C’est un double mouvement, d’une part local et basé sur des pra-tiques et d’autre part global et basé sur une critique politique.

Localement, nous cherchons à travailler des ini-tiatives d’économie sociale et solidaire pour :

• Être reconnu en tant que travailleurs dans nos compétences, apt i tudes et savoir-fa ire. • Soutenir un esprit d’entreprendre collectivement, mutualiser nos ressources, identifier les forces de chaque coopérateur.trice.• Contribuer à l’émergence de nouvelles pratiques profession-nelles / réflexions sur le travail et ses mutations numériques.• Développer les soft-skills requises pour gérer collectivement une initiative d’économie sociale (apprendre à s’organiser, déve-lopper des mécanismes de régulation démocratique du pouvoir)• Développer des l iens avec l ’environne-ment socio-économique / culturel / juridique.• Opérer les études de marché, générer des revenus et réfléchir à leur utilisation / répartition dans la communauté des coopérateur.trices• Connaître ses droits de travailleurs/euses, apprendre la négociation, développer des habiletés de lan-gage (argumentation,....) et le rapport aux clients.

Vous l’aurez compris, nous sommes pragmatiques et expé-rimentons des pratiques d’ESS qui s’articulent aux enjeux d’une politique migratoire respectueuse des personnes d’ori-gine étrangère. Cela suppose la recherche d’une conver-gence entre des luttes sociales, culturelles, territoriales, politiques pour que l’économie soit à nouveau au plus proche du réel, pour qu’elle contribue à la reconnaissance des savoirs et pratiques de chacun.e. et aux droits des travailleur.euses.