9 la faÏencerie d’art de clamecypetits trésors exécutés selon des thèmes qui se renouvellent...

5
Art 9 LA FAÏENCERIE D’ART DE CLAMECY par Serge BERNARD Photos : Alexandre COLAS et Serge BERNARD

Upload: others

Post on 04-Oct-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: 9 LA FAÏENCERIE D’ART DE CLAMECYpetits trésors exécutés selon des thèmes qui se renouvellent chaque année. Jean-François COLAS introduit même, par jeu, quelques variantes

Art

9

LA FAÏENCERIE

D’ART DE CLAMECY

par Serge BERNARD

� ��

Photos : Alexandre COLAS et Serge BERNARD

Vents du Morvan N°27 21/11/07 11:45 Page 9

Page 2: 9 LA FAÏENCERIE D’ART DE CLAMECYpetits trésors exécutés selon des thèmes qui se renouvellent chaque année. Jean-François COLAS introduit même, par jeu, quelques variantes

La Faïencerie d’Art de Clamecy

Clamecy et la céramique

La ville de Clamecy disposait de trois élémentsindispensables à la poterie : l’eau, le bois et l’argile. Cette matière première provenait de lacarrière de Villiers sur Yonne, petit village établisur le canal du Nivernais à 7 kilomètres deClamecy. Aujourd’hui, l’argile est commercialiséepar un fournisseur de la région de Limoges.

Les potiers sont présents dans la ville depuis leXVIIIe siècle. C’est en 1790 que Fidèle NOLET, artisan vitriervenu de Suisse, fonde, en association avec unecclésiastique de Varzy, une poterie dans unerégion dont l’activité est alors tournée vers le flottage du bois.NOLET exploite la fabrique jusqu'en 1804, puis la loue à Claude et Alexis FERREUX mais ces derniers ne parviendront pas à surmonter la crisede 1833.Se succèdent ensuite à la tête de la poterie les frères VILLEMONT, Xavier DELAPIERRE, SAPIENqui construit de nouveaux fours, mais égalementDUCHE et DEVANCOUT qui attachent leur nomau travail de l’argile à Clamecy.On produisait alors des faïences, des grés, des

terres cuites. C’est l’époque des décors modestestels celui de la femme dansant sur une corderaide, une fleur à la main.L'année 1888 marque la chute de la faïencerie.

La faïencerie Colas

Attiré par la proximité de la forêt morvandelle quioffre un combustible économique, l’artiste bruxel-lois, André DUQUENELLE va rallumer les fours à

10

� Le défournement

Vents du Morvan N°27 21/11/07 11:45 Page 10

Page 3: 9 LA FAÏENCERIE D’ART DE CLAMECYpetits trésors exécutés selon des thèmes qui se renouvellent chaque année. Jean-François COLAS introduit même, par jeu, quelques variantes

La Faïencerie d’Art de Clamecy

Clamecy en 1918. En avril 1919, l’ancienne faïen-cerie reprend vie comme aux plus beaux jours deson histoire, autour d’une équipe dynamique.

La production est alors tout autre, le jaune et le noir dominent dans de somptueuses décora-tions.En 1937, au départ en retraite deDuquenelle, Roger COLAS reprendle flambeau. C’est un authenti-que professionnel, formé parmonsieur FOLLI, spécia-liste, chez Samson et Blochde Paris, du décor deSèvres et Fontainebleau,aussi bien que du reliefor. Il valorisera son savoir-faire en imposant sa créa-tion, son décor et ses thè-mes : le décor à la rose, lecachemire avec des oiseaux,l’interprétation de décors révolu-tionnaires. Il est aussi l’un des raresfaïenciers à réaliser des lustres et desluminaires de faïence.Pendant les sombres années de la guerre de 1939,alors que Roger COLAS est en captivité, sonépouse Fernande maintient l’activité de la faïen-cerie.En 1972, Roger Colas transmet le flambeau à sonfils Jean-François Colas (frère d’Alain COLAS,navigateur disparu en mer en 1978) qui fonde

alors avec sa femme Pierrette, les «Faïenceriesd’Art et Création ROGER COLAS S.A.» qui comp-taient 20 salariés,

Tradition et innovation

Si la production se poursuit dans la tradition, elleconnaît une diffusion plus large, en France et enEurope, ainsi qu’une diversification par l’introduc-tion de deux nouveaux décors : le «polychrome»et le «camaïeu».Cependant, de nos jours, on achète de moins enmoins souvent de belles pièces en vue de lestransmettre, au sein des familles, d’une généra-tion à l’autre et le marché se rétrécit quelque peu.Dans les ateliers, la tradition voulait qu’on fêtâtl’Epiphanie depuis toujours, toute l’équipe seretrouvant autour d’une galette pour fêter lesRois. On imagina de remplacer la fève enplastique par une belle fève maison en faïence ouen porcelaine.

Au début des années 1980, Jean François Colas al’idée de produire des fèves traditionnelles encéramique pour les boulangers et pâtissiers. Cettepetite pièce, à usage unique et éphémère, devint

bientôt un objet de collection pour lesfabophiles. L’activité prend de

l’ampleur et apporte un nouveausouffle à l’entreprise : un

savoir-faire commercialisésous le nom «Les Fèves deClamecy».

Les Fêves de Clamecy

D’une distribution confi-dentielle à destination de

quelques boulangers-pâtis-siers, on passa très vite, dans

les années 1980, à une diffu-sion nationale, voir internatio-

nale (La fève de Clamecy intéressemême les Japonais !). Ainsi, chaque fève,

estampillée «CLAMECY» au dos, est devenue uneambassadrice de la ville. On a alors de véritablespetits trésors exécutés selon des thèmes qui serenouvellent chaque année. Jean-François COLASintroduit même, par jeu, quelques variantes uni-ques dans les pièces de la collection. La fèvedevient un véritable support festif pour la promo-tion de la galette des rois.

11

� Jean-François, Alexandre Colas et la décoratrice.

Vents du Morvan N°27 21/11/07 12:06 Page 11

Page 4: 9 LA FAÏENCERIE D’ART DE CLAMECYpetits trésors exécutés selon des thèmes qui se renouvellent chaque année. Jean-François COLAS introduit même, par jeu, quelques variantes

12

Le hasard peut vous faire découvrir une figurinede nombreuses collections comme : - vacances à la plage- soleil de mon cœur- les vieux métiers- Ciel des Rois-Mages, …

Certains modèles de fèves ont été dessinés pardes créateurs au nom prestigieux, commeChristian LACROIX pour une collection des établissements LENOTRE et d’autres créationssont proposées à la clientèle d’artisans-pâtissiersrenommés comme Max POILANE, FAUCHON ouLAFAYETTE-GOURMET, à Paris

la naissance d’une fève

Il s’agit d’abord de créer un modèle en le sculp-tant avec soin dans de l’argile. Le modèle ainsiobtenu est ensuite coulé dans le plâtre où il lais-sera, après un séchage de plusieurs heures, sonempreinte «en creux» afin de réaliser la «mère demoule» (ou moule-mère). L’empreinte du modèleainsi obtenue est ensuite reproduite à plusieursreprises pour former les moules dans lesquels lefaïencier versera de l’argile liquide, la «barbotine»ou viendra estamper la forme à partir d’une bouled’argile.Au bout de plusieurs heures on peut démouler, leplâtre ayant opéré le retrait de l’eau de la pâte.Les pièces sont encore fragiles mais le momentconvient pour les débarrasser des petites irrégula-rités de coulage, comme les bavures…La cuisson à 1000 degrés donne le «biscuit» aubout de vingt heures, après sept heures dechauffe, sachant qu’il faudra attendre encore unedouzaine d’heures avant d’ouvrir le four.

Alignées par modèle sur de grandes plaques, ellessont désormais prêtes à être colorées.Les fèves passent alors dans les mains des déco-rateurs qui vaporiseront les «aplats» de couleurpour donner la teinte dominante à la figurine, etqui, armés de fins pinceaux, dessineront lesmotifs et souligneront les reliefs.

Une fois décorées, les fèves sont vaporisées d’unefine couche d’émail. Cette matière, après ladeuxième cuisson à quelque mille degrés, donnera leur aspect brillant aux fèves et, surtout,fixera les couleurs de manière inaltérable : c’estl'étape de vitrification.

Selon la collection, pour certaines fèves décoréespar le procédé de chromographie ou pour les plusluxueuses, rehaussées à l’or fin, une troisièmecuisson de vingt-quatre heures à près de 800degrés sera nécessaire.

Du rêve à la récompense

En créant ses collections de fèves, Jean-FrançoisCOLAS est sans conteste un faiseur de rêves qu’ilreproduit chaque année à près de 500.000 exem-plaires. Chaque figurine n’est-elle pas un clind’œil ? Cela, le maître-faïencier le sait. Il sait aussique l’assemblée réunie l’applaudit quand la fèveest brandie comme un trophée par celui ou celleque le hasard a désigné. Aussi, cette passion quidébouche sur la fête et tous ces savoir-faire ont-ils

La Faïencerie d’Art de Clamecy

� Fèves représentant les vieux métiers

� Planche de fèves les fruits du verger

Vents du Morvan N°27 21/11/07 12:06 Page 12

Page 5: 9 LA FAÏENCERIE D’ART DE CLAMECYpetits trésors exécutés selon des thèmes qui se renouvellent chaque année. Jean-François COLAS introduit même, par jeu, quelques variantes

La Faïencerie d’Art de Clamecy

13

QUEL

QUES

REP

ÈRES

été reconnus au Salon International de laConfiserie-Chocolaterie, par le «Ruban bleu» pourla collection des fèves «affiches anciennes-choco-lat et confiserie» en janvier 2006

Remerciements à madame et monsieur COLASJean-François ainsi qu’à monsieur Alexandre COLAS qui nous ont accueillis au 3 faubourg de Bethléem à CLAMECY. Leur production est exposée au magasin deCLAMECY et à celui de VEZELAY.

Les décors de CLAMECY sont caractérisés par :- les bouquets de roses- les oiseaux et fleurs du cachemire

rehaussés d’or et d’arcades sur fond bleu et brun

- les bouquets de camaïeuet de polychrome

La symbolique de la fève :On pense que la fève était utilisée en dif-férentes occasions pour désigner, partirage au sort, une personne qui se voyaitconfier un rôle éphémère : chef de céré-monie, magistrat, roi d’un jour…On pense aussi que la forme d’embryonde la fève n’est pas indifférente. Faut-il yvoir le symbole de la fécondité, de la viequi renaît ? Toujours est-il que la fève–bébé de porcelaine langé- de la fin duXIX° siècle annonce la tradition de lafève «enfant Jésus».

CERAMIQUE fut le quartier d’Athènes oùl’on se livrait, dans l’Antiquité, à l’activitéde poterie. C’est aussi le terme génériquequi désigne la fabrication de la faïence etde la porcelaine.

KERAMON est le terme grec qui désignel’argile.

Le GRES est obtenu par l’incorporation degrains siliceux à l’argile qui devient ainsiun matériau très dur.

La FAIENCE s’obtient par cuisson de l’ar-gile et les pièces sont couvertes d’émail àbase d’oxyde métallique.

FAENZA, ville d’Emilie en Italie, est lacapitale de la faïence depuis le XII° siècle.On peut y visiter un remarquable muséeconsacré à cette activité.

FAYENCE est un magnifique village dudépartement du Var.

«FAIENCE» est un terme universel etquelle que soit la langue, on n’a pas d’au-tre mot pour désigner cette fabrication. La faïence est une terre cuite argileuserecouverte d’un émail opaque à based’oxyde d’étain qui la rend imperméable.

La BARBOTINE est un mélange fluided’argile et d’eau destiné à être coulé dansdes moules en plâtre. Cette pâte liquide remplit la forme dont le pourtour subit leretrait de l’eau, provoqué par le plâtre. Au stade convenable de dessiccation levolume de l’objet est vidé de la barbotine,laissant comme une croûte encore fragile à la périphérie. L’ouverture du moule libèrela pièce qui pourra ainsi être reproduite à l’identique.

Les FABOPHILES sont les collectionneursde fèves.

FAIENCES de GRAND FEU et de PETIT FEULa distinction entre faïence de grand feu etde petit feu n’est qu’un procédé de décoret non de fabrication : les faïences degrand feu sont décorées sur émail cru, lesfaïences de petit feu sont décorées surémail cuit.

� Magasin Colas à Clamecy

Vents du Morvan N°27 21/11/07 12:06 Page 13