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LE PATRIOTE RÉSISTANT N° 914 - décembre 2016 8 mémoire 8 Marie-Claude Vaillant Couturier Coprésidente de la FNDIRP, présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation dès sa fondation, voici vingt ans ce 11 décembre, que Marie Claude Vaillant-Couturier s’en est allée. Résistante dès avril 1940, arrêtée en février 1942, déportée à Auschwitz puis Ravensbrück, élue députée dès sa libération et son retour en France, la belle jeune fille dont Aragon jugeait « la beauté scandaleuse », est devenue, au fil des années, une « femme – mémoire » qui ouvrira le chemin à l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité. E n 1933 Marie-Claude à 21 ans, parle couramment l’allemand, et est repor- ter photographe pour l’hebdoma- daire Vu, un magazine lancé par son père, Lucien Vogel, deux ans plus tôt. Trois mois après la prise de pouvoir par Hitler, elle part pour l’Allemagne, comme touriste. « J’ai connu cette atmosphère chauvine et raciste chez les uns, de crainte permanente chez les autres. J’ai rencontré les premiers résistants à Hitler, des militants clandestins du Parti Communiste. En cachant mon appareil photo avec une écharpe, j’ai pu photogra- phier l’entrée du camp de concentration de Dachau et, à travers les grillages, des détenus du camp d’Oranienburg », déclare-t-elle (1) . Ses photos paraissent dans les numé- ros 268 et 269 de Vu, les 3 mai et 10 mai 1933, accompagnées d’autres photos d’agence. Elles illustrent une enquête menée incognito mais qui repose sur les contacts de Vogel avec les émigrés intellectuels al- lemands fuyant le nazisme et qu’il a ac- cueillis à Paris. Il ira même jusqu’à les aider à obtenir le statut de réfugiés, voire de faux – vrais papiers. Oranienburg et Dachau sont les deux premiers grands camps ouverts par les nazis, à coté d’une multitude de « camps sauvages » où sont internés tous ceux qui sont suspectés de mettre en péril la sécu- rité de l’état : communistes, sociaux-dé- mocrates, et bientôt asociaux, Tsiganes, homosexuels… De cette réalité du nazisme, et plus lar- gement du fascisme, des nationalismes et populismes qui commencent alors à gan- grener la planète, Marie-Claude suit l’évo- lution et, quand elle le peut, la dénonce. Bien qu’issue d’une famille bourgeoise, ha- bitant un bel appartement rue Bonaparte, puis la banlieue « chic » de Paris, évoluant dans les milieux de l’art et du spectacle, elle participe aux déjeuners que donnent ses parents dans leur maison de cam- pagne, déjeuners auxquels sont invités de nombreuses personnalités politiques. Et notamment Paul Vaillant-Couturier, l’un des dirigeants du Parti communiste, maire de Villejuif, journaliste à l’ Huma- nité qui rallie aux idées progressistes de très nombreuses personnalités au sein de l’Association des Artistes et Ecrivains Révolutionnaires. Bien qu’il ait vingt ans de plus qu’elle, qu’il soit marié et connu pour « papillonner », elle est séduite par cet homme qui parcourt le monde et lui offre l’image d’un communisme éloigné du sectarisme. Ils se marieront en 1937, après une période de vie commune, et la mort de Paul, le 10 octobre 1937 ne lui fera jamais abandonner son nom. Contre la montée des périls En février 1934, après les émeutes d’ex- trême droite, elle rejoint le Parti commu- niste. En 1936 elle s’engage dans la défense de la République espagnole attaquée par Franco. En 1938 elle devient l’une des di- rigeantes de l’Union des Jeunes Filles de France, aux cotés de Danielle Casanova, Jeannette Vermeersch, Claudine Chomat. Elle lutte contre « la montée des périls », photographe pour l’ Humanité. En mai 1939 la marche vers la guerre s’accélère. En août, toutes les conditions d’un conflit entre l’Allemagne et la Pologne sont réunies, les alliances sont conclues, les déterminations affirmées. Le 26 août, l’ Humanité est saisie. Son contenu « nuit à la défense nationale » (2) . Le 1 er septembre c’est la Guerre. Le 26 septembre le Parti communiste est interdit. Depuis quelques temps, Marie-Claude apporte son aide à Roger Ginsburger responsable des mai- sons d’éditions et de diffusion du Parti. Elle tape à la machine des tracts, elle trans- porte des journaux des revues dont l’ Hu- manité clandestine. En avril 1940 le décret Sérol (3) peut conduire à la mort les auteurs de propagande communiste. Marie-Claude plonge dans la clandestinité. On ne dira pas ici son arrestation, le 9 février 1942 – elle venait d’avoir trente ans – son internement au Fort de Romainville, son départ vers Auschwitz-Birkenau avec 229 compagnes, – le fameux convoi des 31 000 – son transfert vers Ravensbrück en août 1944, sa libération, en avril 1945 – mais elle reste dans le camp pour aider les survi- vantes françaises jusqu’en juin 1945. Là bas, et les témoignages sont innombrables, elle a fait l’impossible pour sauver ses cama- rades de déportation. « C’était la générosité même dira Marie-José Chombart de Lauve. Une femme au visage rayonnant, lumineux, qui était un soutien moral pour nous tous, qui contribuait à la solidarité, au climat de résistance que nous souhaitions maintenir. Nous avions l’impression qu’elle était per- suadée qu’elle reviendrait ». Marie-Claude prend des risques pour trouver des vête- ments, de la nourriture, des médicaments, et les relations qu’elle a eu avant guerre avec les antifascistes, la notoriété de son nom, sa pratique de l’allemand, son optimisme chevillé sauve des vies et la sauve. Le 25 juin 1945, Marie-Claude est de retour à Paris. Elle est immédiatement happée par la politique et est cooptée à l’Assemblée consul- tative provisoire avant d’être présentée par le Parti communiste à l’Assemblée consti- tuante : les femmes viennent d’obtenir les droits de vote et d’éligibilité. Elle sera réé- lue jusqu’en 1973. Elle intègre le bureau de la Fédération démocratique internationale des Femmes dont elle devient secrétaire générale. Des août elle est appelée à témoi- gner de sa déportation. Elle ne cessera plus. Témoigner, dénoncer, qualifier le crime Le lundi 26 janvier 1946 Marie-Claude témoigne au Procès de Nuremberg. Deux mois se sont écoulés depuis l’ouver- ture du Procès. Il y a eu la discussion autour des deux premiers chefs d’accusation : com- plot et crimes contre la paix ; le 17 janvier 1946 François de Menthon aborde les deux autres chefs : les crimes de guerre et contre l’humanité commis en Europe occidentale. Puis Edgar Faure a énuméré les pillages et spoliations. Le 24 janvier Charles Dubost fait citer les témoins concernant les exécutions et la déportation : Maurice Lampe, Francisco Boix, Marie Claude-Vaillant-Couturier. Elle est la première femme à venir témoigner. Elle ne se présente pas Avec Paul Vaillant- Couturier, en 1936. Après le décès de son mari, le 10 octobre 1937, elle n'abandonnera pas le nom de celui qui lui aura offert l'image d'un communisme éloigné du sectarisme. Marie-Claude Vaillant-Couturier (4 e en partant de la droite), aux côtés de Frédéric-Henri Manhès, coprésident fondateur de la FNDIRP, et du révérend- père Riquet. Le 28 janvier 1946, Marie- Claude Vaillant- Couturier témoigne à Nuremberg, lors de la 44 e journée du procès des dignitaires nazis. 22 janvier 1946. Remise de la Légion d'Honneur par le général Le Gentilhomme dans la cour des Invalides. lll © Keystone

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LE PATRIOTE RÉSISTANTN° 914 - décembre 20168 mémoire8

Marie-Claude Vaillant CouturierCoprésidente de la FNDIRP, présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation dès sa fondation, voici vingt ans ce 11 décembre, que Marie Claude Vaillant-Couturier s’en est allée. Résistante dès avril 1940, arrêtée en février 1942, déportée à Auschwitz puis Ravensbrück, élue députée dès sa libération et son retour en France, la belle jeune fille dont Aragon jugeait « la beauté scandaleuse », est devenue, au fil des années, une « femme – mémoire » qui ouvrira le chemin à l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité.

En 1933 Marie-Claude à 21 ans, parle couramment l’allemand, et est repor-ter photographe pour l’hebdoma-

daire Vu, un magazine lancé par son père, Lucien Vogel, deux ans plus tôt. Trois mois après la prise de pouvoir par Hitler, elle part pour l’Allemagne, comme touriste. « J’ai connu cette atmosphère chauvine et raciste chez les uns, de crainte permanente chez les autres. J’ai rencontré les premiers résistants à Hitler, des militants clandestins du Parti Communiste. En cachant mon appareil photo avec une écharpe, j’ai pu photogra-phier l’entrée du camp de concentration de Dachau et, à travers les grillages, des détenus du camp d’Oranienburg », déclare-t-elle (1).

Ses photos paraissent dans les numé-ros 268 et 269 de Vu, les 3 mai et 10 mai 1933, accom pagnées d’autres photos d’agence. Elles illustrent une enquête menée incognito mais qui repose sur les contacts de Vogel avec les émigrés intellectuels al-lemands fuyant le nazisme et qu’il a ac-cueillis à Paris. Il ira même jusqu’à les aider à obtenir le statut de réfugiés, voire de faux – vrais papiers.

Oranienburg et Dachau sont les deux premiers grands camps ouverts par les nazis, à coté d’une multitude de « camps sauvages » où sont internés tous ceux qui sont suspectés de mettre en péril la sécu-rité de l’état : communistes, sociaux-dé-mocrates, et bientôt asociaux, Tsiganes, homosexuels…

De cette réalité du nazisme, et plus lar-gement du fascisme, des nationalismes et populismes qui commencent alors à gan-grener la planète, Marie-Claude suit l’évo-lution et, quand elle le peut, la dénonce. Bien qu’issue d’une famille bourgeoise, ha-bitant un bel appartement rue Bonaparte, puis la banlieue « chic » de Paris, évoluant dans les milieux de l’art et du spectacle, elle participe aux déjeuners que donnent ses parents dans leur maison de cam-pagne, déjeuners auxquels sont invités de nombreuses personnalités politiques. Et notamment Paul Vaillant-Couturier, l’un des dirigeants du Parti communiste,

maire de Villejuif, journaliste à l’Huma-nité qui rallie aux idées progressistes de très nombreuses personnalités au sein de l’Association des Artistes et Ecrivains Révolutionnaires. Bien qu’il ait vingt ans de plus qu’elle, qu’il soit marié et connu pour « papillonner », elle est séduite par cet homme qui parcourt le monde et lui

offre l’image d’un communisme éloigné du sectarisme. Ils se marieront en 1937, après une période de vie commune, et la mort de Paul, le 10 octobre 1937 ne lui fera jamais abandonner son nom.

Contre la montée des périlsEn février 1934, après les émeutes d’ex-

trême droite, elle rejoint le Parti commu-niste. En 1936 elle s’engage dans la défense de la République espagnole attaquée par Franco. En 1938 elle devient l’une des di-rigeantes de l’Union des Jeunes Filles de France, aux cotés de Danielle Casanova, Jeannette Vermeersch, Claudine Chomat. Elle lutte contre « la montée des périls », photographe pour l’Humanité.

En mai 1939 la marche vers la guerre s’accélère. En août, toutes les conditions d’un conflit entre l’Allemagne et la Pologne sont réunies, les alliances sont conclues, les déterminations affirmées. Le 26 août, l’Humanité est saisie. Son contenu « nuit à la défense nationale » (2). Le 1er septembre c’est la Guerre. Le 26 septembre le Parti

communiste est interdit. Depuis quelques temps, Marie-Claude apporte son aide à Roger Ginsburger responsable des mai-sons d’éditions et de diffusion du Parti. Elle tape à la machine des tracts, elle trans-porte des journaux des revues dont l’Hu-manité clandestine. En avril 1940 le décret Sérol (3) peut conduire à la mort les auteurs de propagande communiste. Marie-Claude plonge dans la clandestinité.

On ne dira pas ici son arrestation, le 9 février 1942 – elle venait d’avoir trente ans – son internement au Fort de Romainville, son départ vers Auschwitz-Birkenau avec 229 compagnes, – le fameux convoi des 31 000 – son transfert vers Ravensbrück en août 1944, sa libération, en avril 1945 – mais

elle reste dans le camp pour aider les survi-vantes françaises jusqu’en juin 1945. Là bas, et les témoignages sont innombrables, elle a fait l’impossible pour sauver ses cama-rades de déportation. « C’était la générosité même dira Marie-José Chombart de Lauve. Une femme au visage rayonnant, lumineux, qui était un soutien moral pour nous tous, qui contribuait à la solidarité, au climat de résistance que nous souhaitions maintenir. Nous avions l’impression qu’elle était per-suadée qu’elle reviendrait ». Marie-Claude prend des risques pour trouver des vête-ments, de la nourriture, des médicaments, et les relations qu’elle a eu avant guerre avec les antifascistes, la notoriété de son nom, sa pratique de l’allemand, son optimisme chevillé sauve des vies et la sauve.

Le 25 juin 1945, Marie-Claude est de retour à Paris. Elle est immédiatement happée par la politique et est cooptée à l’Assemblée consul-tative provisoire avant d’être présentée par le Parti communiste à l’Assemblée consti-tuante : les femmes viennent d’obtenir les droits de vote et d’éligibilité. Elle sera réé-lue jusqu’en 1973. Elle intègre le bureau de la Fédération démocratique internationale des Femmes dont elle devient secrétaire générale. Des août elle est appelée à témoi-gner de sa déportation. Elle ne cessera plus.

Témoigner, dénoncer, qualifier le crime

Le lundi 26 janvier 1946 Marie-Claude témoigne au Procès de Nuremberg.

Deux mois se sont écoulés depuis l’ouver-ture du Procès. Il y a eu la discussion autour des deux premiers chefs d’accusation : com-plot et crimes contre la paix ; le 17 janvier 1946 François de Menthon aborde les deux autres chefs : les crimes de guerre et contre l’humanité commis en Europe occidentale. Puis Edgar Faure a énuméré les pillages et spoliations. Le 24 janvier Charles Dubost fait citer les témoins concernant les exécutions et la déportation : Maurice Lampe, Francisco Boix, Marie Claude-Vaillant-Couturier.

Elle est la première femme à venir témoigner. Elle ne se présente pas

Avec Paul Vaillant-Couturier, en 1936. Après le décès de son mari, le 10 octobre 1937, elle n'abandonnera pas le nom de celui qui lui aura offert l'image d'un communisme éloigné du sectarisme.

Marie-Claude Vaillant-Couturier (4e en partant de la droite), aux côtés de Frédéric-Henri Manhès, coprésident fondateur de la FNDIRP, et du révérend-père Riquet.

Le 28 janvier 1946, Marie-

Claude Vaillant-Couturier

témoigne à Nuremberg, lors de la 44e journée

du procès des dignitaires nazis.

22 janvier 1946.Remise de la

Légion d'Honneur par le général Le

Gentilhomme dans la cour des Invalides.

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comme victime. Elle incarne la Victoire. Elle est belle, très belle, si belle que Hans Marx, l’avocat de Julius Streicher, le fondateur du journal antisémite des nazis der Stürmer, l’interpellera sur sa bonne apparence.

« En m’asseyant à la barre, je me dis : “Je parle pour toutes celles qui ne sont plus là. Pourvu que je n’oublie rien.” Et j’évoque les expériences sur les cobayes humains, à Auschwitz les stérilisations, à Ravensbrück les microbes inoculés aux jeunes Polonaises que cynique-ment ils baptisent “lapins”. Je rap-pelle les exterminations massives par chambre à gaz ou piqûres mortelles. Je décris le “Jugendlager” où vieilles et malades (déportées et internées à Ravensbrück) subissent l’appel durant des heures, dans la neige et le froid, à moitié nues, sans nourriture, jusqu’à ce que souvent mort s’ensuive. » Se souviendra-t-elle.

Charles Dubost enchaine les ques-tions : Les appels ? Et elle parle de celui du 5 février 1943, neuf jours après l’ar-rivée de son convoi à Auschwitz : Un appel de 3 h 30 du matin à 5 heures du soir, dans le froid des hivers polonais. Un appel qui se termine par le passage entre une haie de SS qui happent, avec des crochets, les plus faibles. Elles seront conduites au block 25, antichambre du crématoire. Les paillasses ? Elle parle des châlits surpeuplés où elles s’en-tassent, tête bêche. L’eau ? Il n’existe qu’un robinet pour 10 000 détenues. Les gamelles ? Pas assez nombreuses, servant à tout y compris de pot de chambre la nuit. Le Revier ? Cet hôpital où les SS effectuent régulièrement des rafles.

Trente ans plus tard, en 1975, Marie-Claude parle encore du « miracle de (se) trouver vivante et libre devant ces deux rangées des plus hauts dignitaires nazis assis aux bancs des accusés. Pouvoir les

regarder droit dans les yeux, plonger mes yeux dans ceux de Goering. En racontant les souffrances de tous ceux qui ne pou-vaient plus parler, j’avais le sentiment que par ma bouche ceux qu’ils avaient torturés, exterminés, accusaient leurs bourreaux. » Et en 1994, à nouveau elle rappelle que « l'une des hantises de tous les déportés, c'était l'idée que nous puissions tous dis-paraître sans laisser de trace, et que ces crimes restent ignorés du monde ».

Crimes « imprescriptibles par nature »

Elle témoignera inlassablement, s’appuyant sur le travail de la FNDIRP dont elle devien-dra co-présidente. Alors que le temps des poursuites pour crimes de guerre s’éteint, elle plaide, fin 1964, à l’Assemblée nationale,

pour interdire la prescription des crimes contre l’humanité. La loi est votée le 26 dé-cembre 1964. Son article unique précise : « Les crimes contre l’humanité, tels qu’ils sont définis par la résolution des Nations Unies du 13 février 1946, prenant acte de la définition des crimes contre l’humanité telle qu’elle figure dans la charte du Tribunal international du 8 août 1945, sont impres-criptibles par nature. »

Quatre criminels ont été jugés en France pour crime contre l’humanité après le vote de cette loi. Marie-Claude a pu témoigner aux procès de Klaus Barbie, l’un des responsables de la Gestapo de Lyon, en 1987 et de Paul Touvier, le mili-cien, en 1992. L’un des avocats du procès Barbie (4) parlera de « ces merveilleuses vieilles dames, anciennes résistantes, anciennes déportées (qui) refusent le siège qui leur est proposé. Elles veulent témoi-gner debout, droites et dignes. Certaines s’agrippent à la barre, d’autres tiennent un petit mouchoir serré fort dans leurs mains tremblantes. Certaines parlent fort, d’autres susurrent. Toutes parlent justes. (…) Devant nous, témoignage après témoignage, tel un puzzle qui se constitue sous nos yeux, apparaît de façon lumineuse la définition du crime contre l’humanité. Elles nous disent tout, ne s’épargnant rien. L’humiliation, la nudité, le rasage, le tatouage, les odeurs, les expériences médicales. (…) Ce n’est plus à la cour qu’elles s’adressent, mais à elles-mêmes, à leurs familles, à leurs camarades qui ne sont pas revenues. Quand elles ne peuvent retenir leurs larmes, c’est la souffrance des autres

qu’elles évoquent, jamais la leur… »dominique durand

Président du Comité international Buchenwald-Dora, auteur de Marie-Claude

Paul-Vaillant-Couturier, une femme engagée- Du PCF au procès de Nuremberg-

Editions Balland, 2012, 442 p.

1) Extrait de Hommage à Marie-Claude Vaillant-Couturier, 1997, FNDIRP.2) Le pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939 motive l’interdiction du PCF et de la CGT, puis l’arrestation de nombre de leurs représentants.3) Du nom du garde des Sceaux qui signa ce décret par lequel tout français participant à la démoralisation de l’armée ou de la nation est passible de la peine de mort.4) Alain Jakubowicz était l’avocat du Consistoire israélite de France aux procès Barbie et Touvier. Il est président de la LICRA depuis 2010.

Imposer le respect des droits(…) « Au cours de toute l’Histoire, les tortures, les massacres, l’extermination de peuples entiers s’étaient faits avec bonne conscience. Aujourd’hui, on sait que ce sont des crimes et que ces crimes doivent être imprescriptibles. De même, la reconnaissance par la Charte des Nations Unies du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la Déclaration universelle des droits de l’homme correspondent à une notion plus élevée de civilisation, même si malheureusement, ces droits sont souvent encore violés. A nous de faire tous les efforts pour qu’un jour, les hommes et les femmes de notre planète soient assez nombreux à agir pour en imposer le respect ».Marie-claude Paul-Vaillant-couturier. article publié dans le Patriote Résistant de novembre 1975

Chaleureuse accolade entre Marie-Claude Vaillant-Couturier et Marcel Paul, président fondateur de la FNDIRP.

Rencontre avec Nelson Mandela,

à Villejuif.

Portrait, par Henri Cartier-Bresson, 1945.

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Meeting, devant 30 000 personnes à Rome, au Congrès mondial de la Femme.