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Cinq défis pour le Sud et l'Est de la Méditerranée 1 www.strategie.gouv.fr Juillet 2008 Cinq défis pour les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée P R E M I E R M I N I S T R E SECRETARIAT D’ETAT CHARGÉ DE LA PROSPECTIVE, DE L’EVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES ET DU DEVELOPPEMENT DE L’ECONOMIE NUMERIQUE ERIC BESSON

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vision prospective sur la région du Sud et de l’Est de la Mediterranee.

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Cinq défis pour le Sud et l'Est de la Méditerranée 1

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Juillet 2008

Cinq défis pour lesPays du Sud et de l’Est de la Méditerranée

P R E M I E R M I N I S T R E

SECRETARIAT D’ETAT CHARGÉ DE LA PROSPECTIVE,DE L’EVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES

ET DU DEVELOPPEMENT DE L’ECONOMIE NUMERIQUE

ERIC BESSON

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Cinq défis pour les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée

Alors que se formalise le projet d’Union pour la Méditerranée, il paraît important de présenter un document synthétique qui, non seulement, dresse un état des lieux, mais aussi, et surtout, dessine les principales lignes d’une vision prospective sur la région du Sud et de l’Est de la Méditerranée.

Cet exercice de prospective cherche à dégager, à partir des tendances actuelles, les grands défis que le Sud et l’Est de la Méditerranée seront amenés à relever dans les prochaines années. Ce document a pour ambition d’être un jalon dans la connaissance que la France et l’Union européenne doivent développer et approfondir sur leurs partenaires méditerranéens.

Eric BESSONSecrétaire d’Etat à la Prospective, à l’Evaluation des politiques publiqueset au Développement de l’économie numérique

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Cinq défis pour les Pays du Sud et de l’Est de la MéditerranéeRésumé

Les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) seront-ils les prochains émergents ? A la veille du sommet consacré à l’Union pour la Méditerranée, la question peut légitimement se poser. Les PSEM présentent un fort potentiel de développement. Pour le réaliser, ils auront à relever cinq défis.

1. Le défi de la croissanceAprès une période d’activité plus atone, la région a retrouvé, depuis 2002 environ, un rythme de croissance plus soutenu. A court et moyen terme, les perspectives sont bonnes ; d’après la Banque mondiale, la progression du PIB pourrait atteindre au moins 5 % en 2008 et 2009. Pour le long terme, les prévisions actuelles tablent sur un rythme de 3,5 % à 4 % l’an d’ici 2030. Bien que ce chiffre soit très honorable, se hisser sur un rythme de croissance plus soutenu sera sans doute nécessaire pour que le niveau de vie par habitant de la zone rattrape celui des grands émergents.

2. Le défi de l’insertion dans le commerce internationalLa région est ouverte au commerce international et y accroît son poids relatif. L’enjeu des prochaines années sera pour elle à la fois d’opérer une diversification et une montée en gamme, certains pays étant encore caractérisés par une très faible diversification. Par ailleurs, les PSEM sont, globalement, très tournés vers l’Union européenne et caractérisés par un commerce intra-zone très peu développé. La montée en puissance – encore timide pour l’instant - de nouveaux partenaires, notamment des émergents, va-t-elle changer la donne ?

3. Le défi de l’attractivité et du financementLa région a su, ces dernières années, rétablir ses principaux équilibres macroéconomiques, même si l’inflation réapparaît actuellement. Elle affiche des excédents courants. Du coup, elle est plus attractive pour les investissements directs étrangers (IDE), notamment en provenance de certains émergents et du Golfe. A l’Union européenne de tenir compte de ce surcroît d’attractivité pour les investisseurs.

4. Le défi du capital humainDu fait des évolutions démographiques, le rapport actifs/inactifs va devenir plus favorable. Encore faut-il profiter de cette « aubaine » en adaptant le système éducatif (qui a déjà enregistré de beaux résultats) à l’économie de la connaissance.

5. Le défi des ressources raresL’eau, l’agriculture et la demande énergétique constitueront des enjeux pour les PSEM, qui appelleront des coopérations non seulement à l’échelle de la région, mais aussi avec l’Europe.

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Premier défi :le défi de la croissance

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.frUne région qui renoue avec la croissance ; des perspectives soutenues à moyen terme

Depuis 2002-2003, et après période de croissance lente et heurtée, les pays du sud et de l’est de la Méditerranée (PSEM) connaissent des taux de croissance du PIB réel de près de 6% en moyenne contre 3,6% sur la décennie 1990.

Dans le futur proche, la région ne devrait pas souffrir de la crise financière. Certes, le ralentissement américain et européen pèsera sur les exportations de la région. Mais les investissements dans les infrastructures, la hausse de la demande intérieure, l’amélioration des profils d’endettement devraient autoriser une croissance soutenue. D’une manière générale, les PSEM devraient bénéficier d’une croissance économique mondiale encore tirée par les pays émergents et d’un environnement régional favorable (afflux de capitaux et de touristes du Golfe).

A moyen terme, les perspectives de croissance de la région semblent relativement favorables. Selon les projections de la Banque mondiale, la progression du PIB pourrait atteindre au moins 5 % en 2008 et 2009.

A long terme, les projections de la Banque mondiale, comme celles du CEPII, misent sur une progression du PIB de 3,5% à 4% par an en moyenne d’ici 2030. Ces projections se fondent sur une croissance potentielle calculée sur l’hypothèse d’une forte dynamique démographique, d’une faible hausse de la productivité, d’une accumulation un peu plus soutenue de capital physique (investissements) et enfin d’un rattrapage technologique (capacité à utiliser des technologies modernes) moins rapide que celui des zones émergentes. Un des enjeux consistera précisément à accélérer le rattrapage technologique et la diffusion des TIC.

I. Le défi de la croissance

-10-9-8-7-6-5-4-3-2-10123456789

1011121314151617181920

86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06

5 %3 %1 %UE 15MED

Emergents hors BRIC

Après les crises de la fin des années 1990-début 2000, les pays méditerranéens connaissent depuis 2002,

comme les pays émergents, une croissance plus forte et plus stable

taux de croissance annuel moyen du PIB

Source : CHELEM

BRIC8%

PSEM

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PSEM

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Sud

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l'Est

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Afrique

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Taux de croissance du PIB 1980 -2008Prévisions Banque mondiale taux decroissance du PIB 2030Prévisions CEPII taux de croissancedu PIB 2030

Prospectives de croissance (en %) du PIB à 2030 dans les pays du sud et de l’estde la Méditerranée,Comparaison avec les grandes zones du monde

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Une croissance plus rapide est néanmoins nécessaire pour rattraper le niveau de vie par habitantde l’Union européenne et des grands émergents

Source : Banque mondiale, CEPII, Calculs CAS

Prospectives de croissance du PIB/tête à 2030 dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée, en %

Comparaison avec les grandes zones du monde

Niveau de PIB/tête, 2008 - 2030Comparaison avec les grandes zones du monde

0100002000030000400005000060000

PSEMUE-27

Asie du Sud

Asie de l'Est et Pacifique Russie

Amérique Latine

Afrique sub-saharienne

PIB/tête 2008PIB/tête 2030

A long terme, le PIB par habitant devrait progresser de façon plus soutenue que dans les deux dernières décennies,d’après les prévisions de la banque mondiale et du CEPII

I. Le défi de la croissance

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PSEM

UE-27

Asie du

SudAsie

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Amérique L

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Afrique

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Taux de croissance du PIB/tête 1980-2008Prévisions Banque mondiale taux decroissance du PIB/tête 2008-2030

Prévisions CEPII taux de croissancedu PIB/tête 2005-2030

Source : Banque mondiale, CEPII, Calculs CAS

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Deuxième défi :le défi de l’insertion dans le commerce international

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.frUne région ouverte ; une part dans le commerce mondial en progression ; une balance commerciale globalement déficitaire

Sur l’ensemble de la période 2000-2005, le taux de croissance annuel moyen des exportations, mesuré en euros, a été de 7,9%, soit nettement plus que la croissance du commerce mondial (+3,6%) et que celle des exportations de l’Union européenne vers les pays tiers (+4,6%). La Turquie et le Liban ont enregistré les taux de croissance des exportations les plus élevés, Israël et le Maroc les taux les plus faibles (hors le cas particulier de la Palestine). Les importations ont crû à un rythme un peu plus modéré (+5,8% par an en moyenne sur la même période), mais néanmoins supérieur au rythme de croissance des importations mondiales et de celles de l’UE.Au total, la part des PSEM dans le commerce mondial, bien qu’encore modeste, enregistre une légère croissance (voir ci-contre). En 2005, la zone a réalisé 2,6 % des exportations mondiales de biens (contre 2,1% en 1999) et 3,2% des importations mondiales (contre 3% en 1999), alors que les États-unis, le Japon et l’UE dans une moindre mesure voient leur part dans le commerce mondial régresser (cf. graphique ci-contre). En revanche, la progression des PSEM dans le commerce mondial reste inférieure à celle de la Chine sur la même période.

Source: Eurostat

Part dans le commerce mondial,commerce intra UE exclu

II Le défi de l’insertion dans le commerce international

PSEM

Rapporté au PIB, le taux d’ouverture commerciale moyen des PSEM est de 35,6% en 2004 Ceci représente une ouverture voisine de celle de la Chine (35% en 2004) et de l’Union européenne (si l’on prend en compte à la fois les échanges extra et intra-communautaires). La moitié des PSEM sont aujourd’hui membres de l’OMC.

Pris globalement, le commerce extérieur de tous les PSEM est déficitaire sur la période 2000-2005 (à l’exception de l’Algérie et de la Libye, qui enregistrent des excédents croissants). Sur la période, le déficit global de la région est relativement stable, autour de 45 milliards d’euros. Cependant, compte tenu de la progression des flux d’échanges, le taux de couverture des importations par les exportations s’améliore au cours de la période, et atteint 78% en 2005. Les disparités entre les pays sont notables.

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Trois groupes de pays peuvent être distingués :

1. Les pays gros producteurs d’hydrocarbures (Algérie, Libye) sont mono exportateurs d’hydrocarbures et massivement importateurs de biens d’équipement. La part des hydrocarbures dans le PIB algérien s’est élevée à 45% en 2005. Le risque pour ces pays est d’être victimes du syndrome hollandais ou dutch disease. Dans cette configuration, la rente pétrolière conduit à un phénomène de désindustrialisation.2. Les pays non pétroliers (notamment, le Maroc, la Tunisie et la Turquie) ont une forte spécialisation en services touristiques et développent des industries compétitives. Au sein de ce groupe, existent des nuances, par exemple :- la Turquie, dont le profil de spécialisation se rapproche de celui des nouveaux membres de l’UE (véhicules, électroménager et électronique grand public)- le Maroc et la Tunisie, avec une spécialisation textile marquée et l’émergence de nouvelles activités: fournitures électriques,composants électroniques etc.

3. Les pays intermédiaires (Égypte, Syrie) ont encore une forte dimension minière et développent un secteur manufacturier et/ou agricole, avec, dans le cas de l’Égypte, une spécialisation agroalimentaire, textile et ciment.Enfin Israël constitue un cas à part. Économie avancée, ce pays est spécialisé dans les services à haute valeur ajoutée et aussi en produits de la chimie et des télécommunications.

Les spécialisations économiques des PSEM : l’enjeu de la diversification et de la montée en gamme

II Le défi de l’insertion dans le commerce international

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

Tunisie

Maroc

Jordanie

Egypte

Asie de l'Est

Amérique latine

20041995

Part des 4 principaux produits exportés dans le total des exportations des PSEM (%)

Source : Banque mondiale, Export diversification in Egypt, Lebanon, Jordan, Morocco and Tunisia, 2007

Globalement, les pays de la région qui ont développé une base industrielle compétitive à l’exportation restent néanmoins trop peu diversifiés, donc vulnérables aux aléas conjoncturels. La concentration de leurs exportations sur une faible gamme de produits (70%) est très supérieure à celle observée dans des pays d’Asie de l’Est (57%).Elle a un peu régressé depuis 10 ans.

La question de savoir si la zone réussira non seulement sa diversification (en partie déjà engagée) et aussi sa nécessaire montée en gamme, est majeure. Or par le passé, certains des pays de la région ont été cantonnés par la division internationale du travail dans une sous-traitance « appauvrissante », limitée aux segments de faible valeur ajoutée de la chaîne de valeur.

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.frUn ancrage commercial encore très fort à l’Europe, la montée en puissance de nouveaux partenaires

L'Union européenne est de loin le principal partenaire commercial des PSEM (à l'exception du Liban, d'Israël et de la Jordanie). Elle absorbe près de la moitié de leurs exportations (48,7 % en 2004), et en est le premier fournisseur avec 45,1% des importations des PSEM.

L’UE enregistre des excédents commerciaux avec tous les PSEM, àl’exception de l’Algérie, de la Syrie et de la Libye. L’excédent commercial se réduit néanmoins sensiblement entre 2000 et 2005, du fait d’une hausse plus rapide des importations de l’UE (+37,4%) que des exportations (+22,9%). Un des effets de la mise en oeuvre des accords d’association avec les PSEM est donc de dynamiser davantage les importations de l’UE en provenance des PSEM que les exportations européennes vers ces pays.

Les relations commerciales sont néanmoins asymétriques. Certes, dans leur ensemble, les PSEM constituent pour l’UE un partenairecommercial significatif, absorbant 8% des exportations extracommunautaires de l’UE, et fournissant 7% des produits importés par l’UE. Cependant, leur poids dans le commerce extérieur de l’UE reste inférieur à celui des États-Unis, de l’Association Européenne de Libre Échange (AELE), et de la Chine depuis 2004.

Le commerce entre l’UE et les PSEM a faiblement progressé ces dernières années. Sur la même période, la part de la Chine dans les importations de l’UE progresse de 0,8 % à 3,1 %. Ce tassement s’explique par la fin des préférences commerciales de l’UE à l’égard des PSEM, sous l’effet conjoint de l’élargissement à l’Est, de nouvelles zones de libre-échange (avec l’Asie, l’Amérique latine et l’Ukraine), et des relations privilégiées de l’UE avec l’Afrique et les Pays les Moins Avancés (PMA). Symétriquement, on constate également une progression des BRIC dans les échanges des PSEM au détriment de l’Europe et des États-Unis.

II Le défi de l’insertion dans le commerce international

1995 2005Part de l'Union européenne à 15 (UE15) dans- les importations de la Méditerranée du Sud et de l'Est 54% 46%- les exportations de la Méditerranée du Sud et de l'Est 55% 48%

Part de la Méditerranée du Sud et de l'Est (MEDSE) dans- les importations de l'UE15 2% 3%- les exportations de l'UE15 3% 3%

Part de la Méditerranée du Sud et de l'Est (MEDSE) dans- les importations de l'UE15 (hors intra) 7% 8%- les exportations de l'UE15 (hors intra) 8% 8%

Part de la Méditerranée du Sud et de l'Est (MEDSE) dans- les importations de la Méditerranée du Sud et de l'Est 5% 6%- les exportations de la Méditerranée du Sud et de l'Est 7% 7%

Source : CEPII - CHELEM-Commerce International (version 2008-1)

Des relations commerciales fortement asymétriques

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1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Part dans les importations de l'UE15 (hors intra)Importante progression des BRIC, stagnation des pays méditerranéens,

Nouveaux Membres

BRIC

PSEM

Chine

Source : CEPII : CHELEM-Commerce International (version 2008-1)

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.frUn commerce intra-zone peu développé

Les échanges entre les PSEM ne représentent que 7% de leurs exportations totales. Ce chiffre n’a guère évolué depuis 2000. En comparaison, En comparaison, le commerce intra-zone de l’Union représente 66,7 % des exportations totales et 64,6 % pour les importations (chiffres 2005). Cette faiblesse du commerce intra-zone des PSEM peut être attribuée à trois facteurs en particulier :

Le faible degré de complémentarité entre les économies des pays de la déclaration d’Agadir notamment (cf. infra), et le manque d’une véritable spécialisation des productions

La persistance de barrières non tarifaires élevées, voire de pratiques administratives protectionnistes, qui constituent de sérieuses entraves au commerce intra-zone.

L’insuffisance des infrastructures dans les domaines du transport et des télécommunications, la faible circulation des informations économiques et les difficultés de règlement des différends commerciaux alourdissent les coûts de transaction et freinent le développement des relations commerciales.

Protection bilatérale de quelques PSEM: industrie 2004

Source : MAcMap-HS6v2, 2004, Calcul du CEPII

Il est estimé que les accords commerciaux régionaux dits de « première génération » (UMA, GAFTA, cf. supra) n’ont exercé qu’un impact faible sur l’orientation des échanges intra zone. Des accords plus prometteurs, de nouvelle génération, ont été signés :

L’accord d’Agadir (2007), entre le Maroc, la Tunisie, l’Égypte et la Jordanie, prévoit que ces quatre États sont traités par l’UE comme un seul territoire et devraient former un espace commercial unifié exonéré de droits de douane et de quotas. En dépit de ces dispositions ambitieuses, il faut du temps pour que l’accord trouve sa pleine application. Les flux commerciaux entre la Tunisie et ses trois partenaires n’ont pas augmenté significativement et des désaccords subsistent sur le traitement des produits agricoles entre le Maroc et l’Égypte.

Des accords bilatéraux de libre-échange ont été signés entre 1998 et 2002, entre l’Égypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban. Et la Turquie signe progressivement de tels accords avec tous les PSEM.

Ce maillage complexe d’accords bilatéraux ou régionaux s’ajoute aux accords de libre échange négociés avec l’UE d’une part et les États-Unis d’autre part, sans parler des accords multilatéraux (OMC) (cf. tableau p.10). Tous ces accords se superposent.

II Le défi de l’insertion dans le commerce international

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Troisième défi :le défi de l’attractivité et du financement

-confidentiel ne pas diffuser-

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.frUn rétablissement durable des équilibres macro-économiques ?

III Le défi de l’attractivité et du financement

Source : WDI – Banque mondiale et IFI - FMI. Agrégation des cinq pays pondérée par les PIB : Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, Jordanie. J. Ould Aoudia, AFD, 2006

La dette publique est passée de 80% dans les années 1990 à 60% du PIB, le déficit budgétaire de 5 à 3% du PIB. Ce rétablissement des équilibres macro-économiques a été facilité par la croissance des recettes extérieures (tourisme, transferts des migrants, revenus directs et indirects des hydrocarbures) mais aussi par une contraction de la demande interne qui pèse sur les couches les moins favorisées de la population. Les ponctions sur les ressources pour assurer le remboursement de la dette extérieure pèsent beaucoup moins sur la croissance depuis le milieu des années 1990, grâce aux programmes d’ajustement structurels mis en place dans tous les pays de la région ainsi qu’aux processus d’allègement de la dette publique extérieure (voire annulation dans le cas de l’Égypte au sortir de la première guerre du Golfe).

Quant à l’inflation, elle est passée de 20% en moyenne dans les années 1990 à moins de 5%. Cependant, les pays de la région connaissent une poussée inflationniste particulièrement forte dans la mesure où le panier de consommation concentre nombre de produits de base dont les cours ont flambé. Cette poussée inflationniste est due :

à la hausse des prix des denrées alimentaires, des matières premières et des hydrocarbures (les prix des produits de base ont gagné environ 75% en termes réels depuis 2000)

aux dépenses financées par l’augmentation des recettes pétrolières, notamment en Algérieà la dépréciation du dollar face à l’euro qui a renchéri le coût des intrants libellés en euros (biens intermédiaires dont le volume

s’est accru notamment dans les pays exportateurs de pétrole dont les excédents ont stimulé les dépenses).

Solde courant / PIB et Solde des finances publiques / PIB Inflation et Réserves en mois d'importations

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Malgré un solde commercial globalement déficitaire, les PSEM présentent un solde extérieur courant robuste, surtout dans le cas des pays exportateurs de pétrole. Cependant, la progression vive et continue des importations de marchandises (parallèle à l’augmentation des dépenses publiques et de la consommation privée) pourrait peser sur le solde extérieur courant pour les pays non producteurs d’hydrocarbures. Le renchérissement du pétrole et la croissance de la consommation se sont traduits par une forte hausse du montant des importations des pays qui sont importateurs nets de pétrole, les plus fortes augmentations étant enregistrées en Jordanie, au Liban et au Maroc. Ajoutée à un ralentissement européen durable qui pèserait sur les recettes d’exportations non pétrolières, cette hausse tendancielle du montant des importations pourrait détériorer le solde commercial déjà déficitaire de nombre de pays de la région. Ces déséquilibres commerciaux ont pour l’heure été compensés parl’importance des transferts et des revenus extérieurs dont bénéficient les pays sud et est méditerranéens. L’augmentation des envois de fonds des travailleurs émigrés, la récente reprise du tourisme et les bénéfices accrus des stocks d’avoirs étrangers concourent aux perspectives positives du solde extérieur courant de ces économies. Cette capacité de financement est de nature à autoriser une hausse de l’investissement domestique. Or les taux d’investissements des PSEM sont plus faibles que ceux des émergents en période de rattrapage. En Asie, les expériences passées de forte convergence économique se sont toutes déroulées dans un contexte de taux d’investissement de l’ordre de 30%. Depuis les années 80, les taux d’investissement des PSEM avoisinent les 20-25%, après avoir connu un très haut niveau entre 1975 et 1988 (29%). Ce reflux est essentiellement dû au contre-choc pétrolier et aux ajustements structurels qu’ont connu ces pays et qui ont pesé sur l’investissement, public en particulier. Du fait des excédents d’épargne et des besoins en infrastructures (énergétiques notamment), la part de l’investissement public devrait progresser à l’avenir. L’investissement privé dans le secteur non pétrolier devrait également se développer, car les banques commerciales continuent de rechercher des débouchés aux liquidités liées aux excédents courants.

Solde courant pour la région - en % du PIB (agrégation des soldes courants pondérée par les PIB)

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1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Source : FMI-WEO

III Le défi de l’attractivité et du financement

L’excédent extérieur courant renforce la crédibilité des PSEM et autorise un investissement domestique plus important

Sources : WDI, traitement DGTPE

15%

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1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005

Taux d'Investissement Taux d'épargne

Pays arabes méditerranéens : Epargne et Investissement

Un excès d’épargne en fin de période

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Évolution (1998-2006) des IDE vers les PSEM (en millions US$) par sous région (Maghreb, Machrek, Israël-Turquie) et en part des IDE mondiaux

La part des PSEM dans les IDE (investissements directs étrangers) mondiaux qui avait stagné entre 0,7% et 1,6%, s’est élevée à 3,3% en 2005 et 4,5% en 2006. Les capitaux entrants en forte progression pourraient devenir la première ressource extérieure de la région devant les transferts des émigrants et les revenus du tourisme, traditionnellement les plus élevés. En 2006, on estime que les investissements étrangers directs nets ont atteint un niveau record de 2 milliards d’USD (13,6 % du PIB) en Jordanie et 2,6 milliards d’USD (11,6% du PIB) au Liban.

Cette attractivité nouvelle de la région pour les capitaux extérieurs compense la faiblesse de l’investissement domestique et pourrait l’entraîner à terme (importance des « joint ventures »). Deux freins sont néanmoins susceptibles de limiter cet effet d’entraînement sur les économies domestiques : le faible taux de réinvestissement par les firmes étrangères (seuls, 5 à 10% des IDE sont des extensions d’unités existantes) ; la concentration encore très forte des IDE dans le secteur énergétique procure peu de valeur ajoutée locale.

Plusieurs facteurs rendent compte de cette attractivité inédite :Une plus grande confiance des investisseurs liée aux réformes entreprises par les pays de la région (rétablissement des équilibres

macroéconomiques, amélioration du climat des affaires, stabilité financière, mesures destinées à attirer les investisseurs) Le recyclage des pétrodollars dans des grands programmes d’infrastructure à l’instar de l’Algérie (100 milliards de $ sur 5 ans)La présence accrue, d’une part des investisseurs du Golfe (flux multipliés par 3,5 en 4 ans) dans l’immobilier et le tourisme, d’autre

part des grands émergents (Chine en particulier) dans le BTP et l’industrie lourde (chimie, métallurgie)La région tend à devenir une plate-forme low cost de l’orbite européenne avec la constitution de pôles de sous-traitanceL’établissement ou le rachat de réseaux bancaires et la création de fonds d’investissementUn processus accéléré de privatisations et de projets de concessions (notamment en Algérie, Égypte et Syrie).

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Courbe: Flux d'entrée d'IDE en millions de $-US

Histogramme: Flux d'entrée d'IDE en % des IDE mondiaux

Source : CNUCED

Une meilleure attractivité des IDE dans la région

Les investissements directs étrangers (IDE) progressent et se diversifient dans les PSEM

III Le défi de l’attractivité et du financement

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Une présence croissante des IDE en provenance du Golfe et dans une moindre mesure d’Asie

En termes de flux d’IDE à destination des PSEM, la part de l’UE atteint 40% en 2007. Également en termes de flux, la période récente se caractérise cependant par une présence de plus en plus affirmée des pays du Golfe (34,5% des investissements en 2007 contre 21% en 2005). Les investissements des pays d’Asie, encore discrets dansles statistiques, devraient également s’intensifier dans les années à venir, comme en témoigne la multiplication des communiqués de presse des entreprises de Chine, de Russie et d’Inde, pour annoncer de grands projets dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et de l’industrie lourde. Les deux piliers des IDE dans la région sont incontestablement le Golfe et l’Europe, qui représentent 67% du total sur les 5 dernières années. En termes de stock d’IDE, la part des investisseurs européens depuis 2003 reste dominante avec 48% du total.

Source: données Anima, investissements mesurés à partir des montants engagés par projets mis en œuvre dans la région

Évolution de la part de l’UE-27 et des pays du Golfe dans les flux entrants totaux d’IDE à destination des PSEM,

2003-2007

Les investissements progressent et se diversifient dans les PSEM, témoins de l’attractivité croissante de la région

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2003 2004 2005 2006 2007

UE-27-AELE

Golfe et autres paysMENA

III Le défi de l’attractivité et du financement

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Quatrième défi :le défi du capital humain

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IV Le défi du capital humain

La croissance démographique des PSEM restera forte à l’avenir

Durant les 20 dernières années, les PSEM ont connu un taux d’accroissement de la population de 2,5% par an en moyenne, soit l’un des taux les plus élevés du monde. Cette poussée devrait se poursuivre àl’avenir.

D’une part, la baisse de la mortalité et l’allongement de la durée de vie sont amenés à perdurer et à s’amplifier :

La mortalité infantile pourrait chuter de 38,6/1000 en 1990 à18,6/1000 en 2020. L’Égypte et le Maroc diviseraient par trois leurs taux àcet horizon.

L’allongement de la durée de vie, aujourd’hui autour de 72 ans pour les PSEM, devrait continuer sa progression.

Cet accroissement de la population sera néanmoins partiellement compensé par le déclin des taux de fécondité, particulièrement marquédans les pays du Maghreb : on y projette 2,1 enfants par femme d’ici 2020 en moyenne régionale.

Du fait de l’inertie démographique, la croissance de la population devrait ainsi rester forte à l’avenir, mais l’ampleur de la variation sera plus mesurée que par le passé. Entre 2005 et 2020, le taux de croissance annuel moyen de la population des PSEM serait ainsi de 1,65% et supérieur à celui de l’Asie (1,03) et de l’Amérique latine (1,11).

Source: CEPII

Population

2006(en milliers)

Croissance de la

population en 2006

Taux de croissance

annuel moyen2005-2020

Taux de fécondité

2005

UE 27 494 000 0.2 0.1 n.d.

France 61 037 0.3 0.4 1.9

Algérie 33 347 1.5 1.4 2.4

Égypte 75 396 1.8 1.6 2.9

Israël 7 038 1.6 1.4 2.8

Jordanie 5 586 3.2 2.0 3.1

Liban 4 055 1.1 0.9 2.2

Libye 5 965 1.9 1.7 2.7

Maroc 30 496 1.2 1.1 2.4

Mauritanie 3 153 2.7 2.3 4.4

Syrie 19 496 2.4 2.0 3.0

Tunisie 10 132 1.0 1.0 1.9

Turquie 72 935 1.2 1.1 2.1

D’ici à 2030, selon les prévisions des Nations Unies, la population des PSEM devrait s’accroître de 38%,soit 11 points de plus que la moyenne mondiale, pour représenter environ 352 millions d’individus

La dynamique démographique dans les PSEM permet de distinguer deux groupes de pays selon le taux de fécondité, inférieur ou supérieur à 2,5

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.frAvec une proportion d’actifs qui augmente, les PSEM sont dans une phase d’aubaine démographique

Les PSEM entrent dans une phase dite « d’aubaine démographique » : le ratio actifs/inactifs est sur le point d’augmenter significativement. Cette phase est comparable à celle qu’ont connue les pays d’Asie du Sud et de l’Est avant leur émergence.

Source : rapport plan bleu, Démographie dans la région Méditerranée: situation et projections, Isabelle ATTANÉ et Youssef COURBAGE,, 2001

Un phénomène d’aubaine démographique dans les PSEM à l’horizon 2025

Ils connaissent et vont connaître la plus forte poussée de population active du monde.

La population en âge de travailler augmentera significativement. La part des 25-64 ans devrait ainsi passer de 38% en 2000 à plus de 50% en 2030. C’est donc la part la plus productive de la population qui va dominer dans la région dans les 20 années à venir.

Ces actifs plus nombreux auront à supporter un nombre restreint d’inactifs. Ils auront moins d’enfants à charge en raison de la baisse du taux de fécondité et supporteront faiblement le poids des dépenses à l’égard des personnes âgées, encore peu nombreuses numériquement du fait de l’inertie démographique :

La part des moins de 15 ans devrait passer de 32% en 2005 à 27% de la population totale en 2020.

A cet horizon, le rapport moyen de seniors (population âgée de 65 ans ou plus) sur la population âgée de 15 à 64 ans serait inférieur à 10 % dans les pays sud et est méditerranéen (8% en Turquie, 5% en Algérie), alors que le taux de dépendance atteindra 32% en Europe.

IV Le défi du capital humain

Croissance de la population active d’ici 2020

La question demeure de savoir dans quelle mesure cette tendance sera effectivement une aubaine pour les PSEM.Cela suppose qu’ils créent suffisamment d’emplois productifs pour absorber la demande croissante sur le marché du travail. On peut en effet évaluer entre 80 et 85 millions le nombre d’entrées nettes sur le marché du travail au sein des PSEM entre 1995 et 2020, c’est-à-dire en moyenne 3 millions d’entrées annuelles pendant 15 ans.

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2020/2004

Source: Chiffres BIT, calcul CEPII

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IV Le défi du capital humain

Les PSEM devraient continuer à connaître un niveau de bien être supérieur à celui des autres régions en développement

Les indicateurs du niveau de bien-être sont relativement favorables dans la région:

Le pourcentage de la population vivant avec moins d'un dollar par jour est inférieur à 2% dans la quasi-majorité des PSEM. Si l’on considère le seuil de 2 dollars par jour, la situation des PSEM demeure également parmi les plus favorable du monde. Cet avantage semble néanmoins fragile: le taux des PSEM stagne depuis le milieu des années 90 quand ceux des autres régions en développement tendent à reculer (cf. graphique ci-contre).

La pauvreté relative (revenu inférieur à 50% du salaire médian), est limitée. Hormis les deux extrêmes que sont la Tunisie (40,3 %) et la Palestine (4,2 %), les PSEM présentent des valeurs assez similaires d’environ 15-20 % en 2004, et comparables à la moyenne de l’UE-25 (16 %).

Les inégalités de revenu sont modérées. L’’indice de Gini, qui mesure les inégalités de revenus de 0 (répartition parfaitement égalitaire) à 1 (inégalités extrêmes), se situe entre 0,32 et 0,44 dans la région, chiffres relativement faibles comparés à ceux des autres régions en développement: le même coefficient de Gini varie par exemple en Amérique Latine de 0,44 à 0,61. Dans l’UE-25, le coefficient de Gini est estimé à 0,35.

Enfin, avec un Indice de Développement Humain moyen de 0,767 en 2004, la région Méditerranéenne se situe en dessus de la moyenne mondiale (0,741), au milieu du classement. Les écarts, s’ils persistent entre les États européens de la rive Nord et les pays des rives Sud et Est, se réduisent peu à peu. Ainsi, en 2004, l’IDH atteint en moyenne 0,918 pour les premiers contre 0,767 pour les seconds, soit un écart moyen de 0,151. En 1975, cet écart était de 0,328 et en 1990 de 0,232. Et la convergence entre le Nord et le Sud et l’Est de la Méditerranée en termes d’IDH est amenée à se poursuivre. Néanmoins, l’IDH mondial étant partout ou presque à la hausse, les PSEM se situeront sans doute pour longtemps encore dans le milieu de classement mondial.

Les PSEM connaissent les taux de pauvreté monétaire les plus faibles du monde en développement, ainsi que des inégalités modérées

Tendances comparées, pauvreté au seuil de 2$/jour

Source: Banque Mondiale, Sustaining Gains in Poverty Reduction and Human Development in the Middle East and North Africa, 2006

De manière générale, la faible incidence de la pauvreté et la modération des inégalités s’expliquent par:-L’importance des solidarités primaires (appartenance familiale, liens locaux, régionaux ou claniques, solidarités religieuses et même internationales avec les transferts de fonds des migrants) qui continuent de jouer un rôle social déterminant et constituent un frein très efficace à la diffusion de la pauvreté, en dépit du chômage élevé; - les soutiens publics aux produits de base ;- le poids de l’emploi public. - le poids du secteur informel, qui représente entre 40 et 80% des emplois non agricoles en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Égypte. Son existence limite l’incidence de l’extrême pauvreté, mais tend également à constituer un frein à une réduction plus importante de la pauvreté.

* L’IDH mesure trois dimensions du bien-être humain : le niveau moyen de richesses (PIB/hab. en PPA), l’espérance de vie à la naissance (longévité et santé) et le niveau d’instruction (alphabétisation et instruction). La valeur de l’IDHs’échelonne entre 0 (indice exécrable) et 1 (indice excellent).

Asie de l’Est et pacifique Europe de l’est et Asie centrale Afrique Sub-saharienne

Amérique latine et Caraïbes Moyen-Orient & Afrique du Nord Asie du Sud

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.frLes PSEM ont réalisé des progrès considérables dans l’accès à l’éducation et le niveau de formation de leurs populations

IV Le défi du capital humain

En mettant en place des politiques de gratuité de l’enseignement à tous les niveaux d’éducation, la plupart des PSEM ont pu atteindre des niveaux de scolarisation proches de 100% dans l’éducation primaire, en moyenne de 75% dans l’enseignement secondaire et de 20,6% dans le supérieur. Par ailleurs, la région a quasiment atteint la parité de l’éducation : le taux de scolarisation des filles s’élève à 77% dans le primaire selon le PNUD. Ce chiffre est toutefois moindre dans le secondaire et l’enseignement supérieur.

Malgré des disparités notables d’un pays à l’autre, le niveau d’éducation des PSEM s’est ainsi sensiblement amélioré. Selon la Banque mondiale, la proportion des adultes non formés a reculé de 40 à 50% ces 30 dernières années, et la proportion des adultes qui ont complété au moins une formation primaire est passée de 10-20% en 1970 à 40-60% en 2000.

En tenant compte des taux actuels d’accès à l’éducation, du degré d’efficacité des systèmes éducatifs et de la modification du profil démographique de la population, la Banque mondiale estime dès lors que le niveau d’éducation devrait continuer à progresser dans les 15 et 25 années à venir. La proportion des personnes non scolarisées ou n’ayant pas dépassé le niveau primaire d’éducation pourrait décliner dans la plupart des pays, passant de 50 à 60% en 2000 à 30 à 40% en 2030. La part des diplômés du secondaire et du supérieur et des personnes ayant atteint ces niveaux d’éducation sans être diplômés augmenterait proportionnellement. Le nombre de personnes non scolarisées ou n’ayant pas atteint un diplôme élémentaire baisserait sensiblement.

non scolarisé Abandon pendant le primaire Éducation primaire complétéeAbandon après le secondaireÉducation secondaire complétée

Abandon pendant le secondaire

Eudes supérieures complétées

Algérie Égypte Jordanie Syrie Tunisie

Source : Banque mondiale, The Road Not Travelled. Education Reform in the Middle East and North Africa, 2007

Niveau d’éducation atteint par la population adulte de quelques pays arabes, projections 2030

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.frL’intégration des PSEM dans l’économie de la connaissance

Malgré ses succès, l’un des défis du système éducatif consistera à se tourner vers l’économie de la connaissance. La demande de compétences sur les marchés du travail a évolué en faveur des scientifiques et des ingénieurs. Or les systèmes éducatifs des PSEM n’y sont pas assez préparés. Ils se caractérisent par une surreprésentation des sciences sociales et des humanités. Dans la moitié des PSEM, près des deux tiers des étudiants sont issus de ces filières. Ceci peut affecter la capacité d’adaptation aux nouvelles technologies.

La recherche scientifique demeure trop faiblement développée pour favoriser l’innovation. Les dépenses de R&D ne représentent que 0,3% du PIB dans la région tandis que la moyenne mondiale atteint 1,4%. Il existe pourtant un nombre croissant d’instituts de recherche (8 nouveaux par an depuis le début des années 60), mais ces derniers manquent le plus souvent d’autonomie budgétaire et collaborent peu avec le secteur privé. La recherche appliquée concerne ainsi principalement les sciences médicales et l’agriculture, et très peu l’industrie.

On constate cependant d’ores et déjà des efforts importants dans les PSEM pour l’amélioration de la qualité des systèmes d’éducation et pour favoriser la R&D. On voit se développer des partenariats public-privé avec des écoles et des entreprises étrangères. Certains pays semblent s’être engagés en faveur de l’innovation technologique.

Quant aux TIC (technologies de l’information et de la communication), il faut noter une insuffisante pénétration. Or, l’intégration des PSEM dans l’économie numérique constitue une opportunité autant qu’un défi.- D’une part, une plus grande diffusion des TIC pourrait permettre une dynamique de rattrapage par l’exploitation de gisements de productivité.- D’autre part, un retard dans la diffusion des TIC peut conduire à une marginalisation croissante de territoires faiblement équipés.

Plusieurs facteurs font espérer un rattrapage. Les PSEM peuvent profiter du potentiel des TIC sans subir les coûts de développement et surtout ceux relatifs au processus d’essais et d’erreurs avant toute période de stabilisation. Une partie des TIC étant tombée dans le domaine public, les PSEM peuvent profiter du potentiel de ces technologies et optimiser leur diffusion. Le taux d’équipement des PSEM en matière de certaines TIC, comme le téléphone portable, indique d’ailleurs une accélération de l’adoption au fur et à mesure que la technologie se stabilise.

Source: Banque mondiale, ibid, 2007

Répartition des étudiants universitaires par filières, en %

IV Le défi du capital humain

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Education et humanitésSciences socialesMédecineSciences, techniques, ingénierieAutres

Pénétration d’Internet, 2003 Télédensité mobile, 2003

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Cinquième défi :le défi des ressources rares

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.frUne raréfaction probable des ressources en eau, notamment sous l’ effet du réchauffement climatique

A l’horizon 2025, près de 7% de la population du bassin méditerranéen n’aurait pas accès à une ressource d’eau potable

Les PSEM sont déjà dans une situation de stress hydrique, qui devrait s’aggraver sous l’effet de l’urbanisation, du changement climatique, et des pressions exercées par l’activité touristique, l’agriculture et l’industrie. La région concentre la moitié de la population mondiale pauvre en eau (moins de 1000 m3 par hbt/an), dont le nombre s’élevait à 108 millions de personnes en 2000. A l’horizon 2025, le plan bleu estime à 165 millions le nombre potentiel de personnes concernées, dont 63 millions seraient en situation de pénurie (moins de 500m3 / hbt / an).

Variation de la disponibilitéhydrique par personne

1950-2025

Source: CIHEAM, Mediterra 2008

Rare et mal répartie, l'eau est soumise à des ponctions grandissantes liées à la démographie, à la consommation urbaine, à l'irrigation et aux industries. Les besoins en eau potable seront multipliés par 3 ou 4 d’ici 2025 et les besoins en irrigation pourraient doubler selon le Plan Bleu. A l’horizon 2025, les approvisionnements en eau seront particulièrement fragilisés dans plusieurs pays méditerranéens, notamment en Égypte et en Libye. A ces tensions viennent s’ajouter celles liées au changement climatique, qui affectent tant la quantitéque la qualité de l’eau, et limitent encore les possibilités d’usage:

Diminution du débit et de la capacité d’autoépuration des fleuves

Augmentation de la concentration des polluants dans les eaux superficielles du fait de la baisse des précipitations

Augmentation de la salinité des lacs et des eaux souterraines sous l’effet d’une évaporation plus importante, des intrusions d’eau de mer et des dégradations et pollutions d’origine humaine

L’indice d’exploitation des ressources hydriques se dégrade à l’horizon 2025

L’indice d’exploitation des ressources hydriques définit le rapport entre le volume d’eau prélevé des ressources hydriques naturelles renouvelables et le volume moyen des ressources hydriques naturelles renouvelables. Au-delà de 50% et jusqu’à 75%, l’exploitation est considérée élevée. Au-delà de 75%, on est en situation de surexploitation des ressources hydriques.

Source: Plan Bleu

V Le défi des ressources rares

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.frUne production agricole insuffisante au regard de la demande

Les PSEM absorbent 12% des importations mondiales de céréales pour seulement 4% de la population mondiale. En Afrique du Nord, l’Algérie et l’Égypte ont importé respectivement en moyenne 66%, 50% de leur utilisation totale de blé au cours des cinq dernières années.

Au total, les importations de céréales des pays du Sud ont étémultipliées par vingt en l’espace de quarante ans, du fait d’une dynamique de la demande (humaine et animale) nettement supérieure à celle de la production.

Prospective sur la demande et la production de céréales pour lespays du Maghreb et du Moyen Orient (en milliers de tonnes)

Le déficit du commerce des produits agricoles de la région va secreuser encore

La dépendance de la majorité des PSEM vis-à-vis des importations pour la plupart des produits de base (céréales, viande, lait, sucre…), est une source importante d’insécurité alimentaire, surtout dans le contexte actuel de montée des prix et de forte croissance démographique.

Or, selon les projections de la FAO, en dépit d’un accroissement notable du volume de la production, estimé à plus de 60 pour cent entre 2001/2003 et 2030, les taux de croissance annuelle accuseront un ralentissement considérable, de 3,1% au cours des 15 dernières années à 1,9 % sur la période 2005-2030. L’augmentation des rendements demeurera le moteur principal de la croissance de la production agricole, mais à un rythme lui aussi ralenti. Dans le cas des céréales, qui représentent près des deux tiers des terres récoltées de la région, le ralentissement de l’augmentation des rendements sera particulièrement prononcé, tombant de 2,1 pour cent par an en 1990-2005 à 0,8% par an au cours de la période 2005-2030.

Source: FAO stats

L’évolution de la balance commerciale agricole des PSEM montre une augmentation préoccupante de la dépendance alimentaire depuis le début des années 70

V Le défi des ressources rares

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.frUne très forte demande énergétique des PSEM d’ici à 2020, source de risques environnementaux

V Le défi des ressources rares

D’ici 2025 les PSEM devraient connaître une croissance considérable de leur demande énergétique. Le développement économique, avec les convergences en termes de consommation énergétique qu’il implique pour les populations et les activités économiques, ainsi que la croissance démographique seront responsables de cette hausse de la demande. La demande totale en énergie primaire commerciale dans l’ensemble du bassin méditerranéen pourrait ainsi augmenter de 65 % entre 2000 et 2025, particulièrement dans les PSEM, qui devraient connaître des taux de croissance de leur demande énergétique environ quatre fois plus élevés que les pays développés. Le scénario tendanciel prévoit ainsi une croissance de la demande énergétique dans les PSEM de 40% d’ici 2020. La croissance économique est particulièrement énergétivore dans les pays en développement, à la fois en raison d’une moindre efficacité énergétique mais aussi du développement d’activités plus consommatrices que les services. L’intensité énergétique de la croissance dans les PSEM est ainsi estimée par l’Observatoire Méditerranéen de l’Énergie (OME) à près de 1% jusqu’en 2020. Un des facteurs déterminants de la croissance de la demande d’énergie est la consommation d’électricité. Dans les PSEM, la demande d’électricité est responsable de 40% de la hausse de la consommation d’énergie. Or, la demande d’électricité devrait croître de 60% pour l’ensemble de la région d’ici 2020 et atteindre 1 867 TWh, dont plus de 600 TWh au Sud et à l’Est. Cela devrait se traduire par une forte augmentation de la consommation de gaz et de charbon dans le secteur électrique. Enfin, l’augmentation de la demande énergétique dans les PSEM pourrait être encore accrue par le recours à la désalinisation de l’eau. Source: Observatoire Méditerranéen de l’Énergie

(OME)

Prévisions de consommation d’énergie à l’horizon 2020

Émissions totales de CO2

PNM : Pays nord méditerranéensSource : OME

Ces niveaux élevés de la demande risquent d’engendrer des tensions.- D’une part, les investissements et les besoins en formation nécessairespour y répondre seront considérables, alors même que les industries (pétrolière, gazière et électrique) connaissent actuellement une hausse des coûts d’engineering et de construction sans précédent et des pénuries importantes de main d’oeuvre spécialisée.- D’autre part, les émissions de CO2 de la région devraient croître de manière exponentielle, dans la mesure où les PSEM sont très dépendants des hydrocarbures dans leur consommation énergétique, et que la combustion d’énergie fossile est à 80% responsable des émissions de CO2 de la planète.

PNMPSEM

Tonne équivalent carbone

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Informations sur cette étude

Contributeurs

Ce travail a bénéficié de l’appui du Centre d’analyse stratégique (CAS), et notamment du travail de Jean-Jacques Denis,Cécile Jolly et Camille Daubry. Il s’est également appuyé sur les contributions du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) et de la Direction générale du Trésor et de la politique économique (DGTPE).

Liste des abréviationsBRIC: Brésil – Inde – Russie – ChineCCG: Conseil de Coopération du Golfe (Arabie saoudite, Oman, Koweït, Bahreïn, Émirats arabes unis, Qatar)CIHEAM: Centre International des Hautes Études AgronomiquesGAFTA: Greater Arab Free Trade AreaGIEC: Groupe Intergouvernemental d’Experts pour le ClimatIDE: Investissements Directs ÉtrangersIDH: Indice de Développement HumainIFPRI: International Food Policy Research InstituteMENA: Middle East and North AfricaOMC: Organisation Mondiale du CommerceOMD: Objectifs du Millénaire pour le DéveloppementOME: Observatoire Méditerranéen de l’ÉnergiePGF: Productivité Globale des FacteursPSEM: Pays sud et Est-méditerranéensTIC: Technologies de l’Information et de la CommunicationTNP: Traité de Non ProliférationUE: Union Européenne UMA: Union du Maghreb ArabeUpM: Union pour la MéditerranéeWWF: World Wildlife Fund

Les PSEM (pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée), qui font l’objet de cette note, comprennent (par ordre alphabétique) :l’Algérie, l’Autorité palestinienne, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, la Syrie, la Tunisie, la Turquie. La Mauritanie a été intégrée dans la mesure de la disponibilité des données.

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Hôtel de Broglie – 35, rue Saint-Dominique 75007 Pariswww.prospective.gouv.fr