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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 3 JUIN 2014 AFRIQUE 19 ANALYSE DE LA SEMAINE Médicaments, l’industrie prend ses marques en région subsaharienne P. 22 CAHIER DE LINTÉGRATION Emploi, la BAD fait l’état des lieux du continent P. 23-24 LINTERVIEW Alioune Gueye, PDG Groupe Afrique Challenge P. 25 LE MARCHÉ DE LA SEMAINE En Angola, le pétrole est encore roi P. 26 VUE DU CAMEROUN Actis s’installe au Cameroun P. 27 P. 21 Des places à prendre sur le continent PME marocaines

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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 3 JUIN 2014

AFRIQUE

19

ANALYSE DE LA SEMAINEMédicaments, l ’ industrie prend ses marquesen région subsaharienne P. 22

CAHIER DE L’INTÉGRATIONEmploi , la BAD fait l ’état des l ieux ducontinent P. 23 -24

L’INTERVIEWAlioune Gueye, PDG Groupe AfriqueChal lenge P. 25

LE MARCHÉ DE LA SEMAINEEn Angola, le pétrole est encore roi P. 26

VUE DU CAMEROUNActis s’ instal le au Cameroun P. 27

P. 21

Des places à prendre sur le continent

PME marocaines

LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 3 JUIN 2014

NEWS

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«Nous le ferons, avecou sans l’Algérie», telsemble être le prin-cipal message à

percevoir des dernières manifes-tations de volonté de rapproche-ment économique entre le Marocet la Tunisie. Si les deux pays n’ar-rivent toujours pas à mettre enplace un modèle de coopérationdécomplexé et totalement ou-vert, les choses semblent être surle bon chemin, au sortir du dernierForum patronal Maroc-Tunisie. Leshommes d’affaires devancent, en-core une fois, les politiques. LaConfédération générale des en-treprises du Maroc (CGEM) etl’Union tunisienne de l’industrie,du commerce et de l’artisanat(UTICA) ont signé la relance. Lesdeux parties ont scellé, au termedu Forum patronal Maroc-Tunisie,un nouveau partenariat. L’objectifest de renforcer la coopération bi-latérale et de favoriser le rappro-chement entre les secteurs privésdes deux pays. Par cette conven-tion, la CGEM et l’UTICA s’enga-gent à la promotion du co-inves-tissement et des partenariatscommuns. Les PME, plus particu-lièrement, seront au centre des at-tentions. Il s’agira «d’intensifier lacollaboration des douanes desdeux pays pour fluidifier leséchanges», fait savoir un commu-niqué de la CGEM. Les deux orga-nisations patronales se sont éga-lement engagées à «identifier lesdifficultés et les contraintes quifreinent le développement des en-treprises, particulièrement les PMEdans leur installation». Plusieurs ini-tiatives seront menées pour sou-tenir la coopération économiqueentre les entreprises des deuxpays, notamment la réalisationd’une convergence réglementaireet la consécration du principed’équivalence normative. ●

Relance

Safall [email protected]

BILLETEthiopian Airlines s’illustreLa compagnie panafricaine a annoncé,dans un communiqué, que son centrede formation avait été élu «meilleurcentre de formation pour les compa-gnies aériennes de l’année 2014» parl’Association des compagnies aé-riennes africaines (African Airlines As-sociation/AFRAA). Rappelant que lacompagnie a investi 80 MUSD sur lestrois dernières années afin d’augmen-ter la capacité d’admission de son aca-démie de formation, qui a atteint 1.000stagiaires par an, le PDG d’EthiopianAirlines, Tewolde Gebremariam, s’estdit «très honoré» par cette distinction«dans notre bien-aimé continent».L’académie de formation d’EthiopianAirlines est devenue une source de re-venus pour la compagnie grâce à unemultitude de formations offertes auxpilotes, techniciens d’aviation, person-nel de cabinet et personnel des ser-vices vente et marketing.

L’Afrique du Sud perd de la vitesseL'économie sud-africaine s'est contrac-tée au cours du premier trimestre 2014,avec un recul de 0,6% du PIB par rapportau dernier trimestre 2013, a annoncél'Agence nationale des statistiques le 27mai. Cette contraction s'explique essen-tiellement par la baisse de la productionminière en raison d'une grève sans pré-cédent depuis le 23 janvier qui paralyseles trois premiers producteurs mon-diaux de platine, mais aussi à l'industriemanufacturière, selon l'agence Statssa.Il s'agit du premier repli économique tri-mestriel que le pays ait connu depuis larécession de 2009. L'économie sud-afri-caine avait même enregistré une em-bellie au dernier trimestre 2013, avecune augmentation de la croissance à3,8%. Les mines sud-africaines de pla-tine représentent en temps normal 40%de la production mondiale de ce métalprécieux. Au total, la production minière

a enregistré une baisse de 24,7%, ce quicorrespond au plus fort recul trimestrieldepuis 1967 dans le secteur.

Le Nigeria, un géant de la consommationLe marché nigérian des biens deconsommation devrait atteindre 1.400MMUSD en 2030, contre 400 MMUSDactuellement, selon un rapport deMcKinsey Global Institute (MGI) rendupublic en cours de semaine dernière. In-titulé : «Le Renouveau du Nigeria : Ap-porter une croissance inclusive à la pre-mière économie de l’Afrique», ledocument note que «l’émergence d’uneclasse de consommateurs importante etdynamique reste l’un des plus grandschangements encore mal évalué au Ni-géria», comme le rapporte l’agence d’in-formations spécialisées Ecofin. «Alorsque le revenu moyen est de 680 dollarspar an et que 43% de la population vit

Le FMI fait le point

Réunis à Maputo les 29 et 30 mai 2014, les ministres des Finances et gou-verneurs dʼAfrique subsaharienne et le FMI ont fait le point des progrèsaccomplis par la région au cours de ces vingt dernières années, de sa ré-silience accrue aux chocs et des défis quʼelle devra affronter pour soutenirla croissance économique et le développement. Un nombre croissant depays dʼAfrique subsaharienne ont enregistré de très bons résultats éco-nomiques, mais les bienfaits de la croissance sont encore mal répartisdans la plupart dʼentre eux.

AGENDA

Colloque Coface risque pays (11 juin 2014)Le groupe Coface, leader de l’assurance-crédit, organisela 2e édition au Maroc du «Colloque Coface risque pays».Cet événement, qui se déroulera à Casablanca, s’adresseaux décideurs, dirigeants d’entreprises, crédit managers,aux responsables des risques et à tous les acteurs del’économie qui ont à prendre des décisions au Maroc ouà l’international.

Forum IMRI Casablanca (13-14 juin 2014)L’Institut marocain des relations internationales(IMRI), en partenariat avec la Fondation Hanns-Seidel, organise le Forum IMRI de Casablanca,«L’Afrique : Quels enjeux géostratégiques etéconomiques pour le Maroc ?». Une trentainede personnalités africaines, européennes et ma-rocaines sont attendues à cette rencontre.

sous le seuil de pauvreté, le nombre deménages faisant partie de cette nouvelleclasse de consommateurs augmenterapidement», note-t-on dans le mêmerapport.

La BAD se dote d’une«Stratégie capital humain»Le Conseil d’administration du Groupede la Banque africaine de développe-ment (BAD) a adopté le 28 mai dernier àTunis la première stratégie de la BAD enmatière de capital humain (SCH). Cetteopération ouvre la voie à des investisse-ments de la BAD dans les domaines del'éducation, du développement descompétences, de la santé, de la nutri-tion, de la science, de la technologie, del'innovation, de la protection sociale, desfilets de sécurité et de l'emploi desjeunes. «Investir dans 1 milliard d’indivi-dus en Afrique» est au cœur de cettestratégie pour la période 2014-2018.

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ZOOM

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pré-requis. Il s’agit entre autres, dela connaissance de la réalité dumarché et des défis logistiques, enplus de la sécurisation des flux fi-nanciers et de la compréhensiondes barrières culturelles et adminis-tratives». Aujourd’hui, l’analyse del’évolution des importations del’Afrique subsaharienne par paysmontre que la Chine est devenuele principal partenaire commercial,puisqu’elle a considéré le risquecomme une opportunité d’affaires,

loin de toute perception négative.À cet égard, «plusieurs entreprisesmarocaines ont parfaitement com-pris cela, soit par la création deleurs propres entreprises ou par lerachat d'entreprises existantes enAfrique subsaharienne. «C’étaitgrâce à notre secteur d’activité quela société GFI Informatique Marocs’est internationalisée dans le cadred’une approche de proximité avecses clients. Actuellement, l’Afriquereprésente 15 à 20 % du chiffre d’af-

L'attractivité de l'Afrique sub-saharienne n'est plus àprouver sur le plan écono-mique. C’est le constat lar-

gement partagé par les partici-pants au séminaire organisé enmilieu de semaine à l’Université in-ternationale d’Agadir sur le thème :«L'Internationalisation des PME,cap sur l'Afrique subsaharienne».Actuellement, la croissance dans lecontinent africain affiche un tauxégal à 5 % en raison de l'essor de lademande intérieure, liée essentiel-lement à l'émergence de la classemoyenne. Toutefois, les échangescommerciaux entre le Maroc etl’Afrique subsaharienne ne repré-sentent que 2,6 % de la valeur glo-bale des échanges extérieurs.Cette situation devrait s’améliorer,selon plusieurs observateurs, suiteà l’implantation de plusieurs entre-prises marocaines, notamment dela télécommunication, du BTP, desassurances, des banques, desmines et de bien d’autres. De l’avisde Yassine Rhanmouni, présidentde la CGEM, Union régionale duSouss-Massa-Drâa, «l’internationa-lisation des PME marocaines engénéral et celles de la région duSouss en particulier nécessite des

Des places à prendre pour les entreprises marocaines● L’internationalisation des PME marocaines vers l’Afrique nécessite des pré-requis.Il s’agit de la connaissance du marché, des défis logistiques, du management interculturelet de la compréhension des barrières culturelles et administratives.

Internationalisation des PME faires de l’entreprise», explique Sa-loua Karkri Belkeziz, PDG GFI Info-matique Maroc. Pour sa part, Lba-chir Benhmade, DGA d’AtlanticBanque à Abidjan «assure que l’im-plantation des banques maro-caines constitue désormais ungage de réussite pour les entre-prises marocaines». Ces dernièresdisposent de l’expertise nécessaireen termes d’export des fruits et lé-gumes, de l’industrie agroalimen-taire, de l’aviculture et de l’élevage.Actuellement, près de 450 à 500conteneurs de marchandises, soit20.000 tonnes de produits agri-coles et alimentaires transitentchaque jour par la Mauritanie audépart de cette région, ce qui dé-note l’existence d’un potentiel éco-nomique qu’il faut développer du-rant les années à venir surtout dansles pays stables. C’est le cas de laCôte d’Ivoire, qui représente uneaubaine pour le développement in-dustriel estimé à peine à 13% avecun taux maîtrisable de 2 % d’infla-tion. Pour Lbachir Benhmade, c’estessentiellement les infrastructureset le BTP qui tirent vers le haut, avecun taux d’urbanisation allant de 115à 120 %. Il s'y ajoute le secteuragroalimentaire, la grande distribu-tion, l’enseignement et les services.Toutefois, deux contraintes sontencore derrière la réticence des en-treprises à ces marchés. Il s’agitprincipalement de la fragilité deséconomies à cause des crises po-litiques, du clivage ethnique, de lafaiblesse du secteur financier entermes de mobilisation d’épargne,à cause de la déficience du taux debancarisation, en plus de la ques-tion logistique et de la réglementa-tion douanière. ●

PAR YASSINE [email protected]

● Agroalimentaire, grande distribution, enseigne-ment, services...des secteurs à gros potentiel.

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On ne peutinvestir dansles marchéssubsaharienssanscomprendreleursspécifictéséconomiqueset politiques.

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ANALYSE DE LA SEMAINE

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ExportSi Sothema et Cooper Pharmasont passés à une nouvelle vitessede développement de leurs acti-vités en région subsaharienne, laprudence semble encore de misechez d’autres grosses enseignesmarocaines du secteur des médi-caments. Chez Laprophan, l’aug-mentation des capacités de pro-duction et l’extension du réseaude distribution demeure la prio-rité. Avec une solide présence

commerciale dans une quinzainede marchés du continent – du Sé-négal à l’Angola en passant par laCôte d’Ivoire - l’enseigne compteen effet sur la mise en service pro-chaine de sa nouvelle unité indus-trielle, à Casablanca -92.000 m²pour un investissement d’environ400 MDH- pour relever ses per-formances à l’export. L’objectif, àterme, est de doubler la contribu-tion du marché africain au chiffred’affaires global des spécialités

L’industrie pharmaceu-tique a pris ses marquessur le marché subsaha-rien. Pendant longtemps

cantonnés au statut d’exporta-teurs, les laboratoires marocainsont franchi le pas décisif de l’inves-tissement industriel, marquant untournant dans le développementdu secteur sur le marché conti-nental. Le modèle maroco-maro-cain le plus abouti à ce jour estcelui de West Africa Pharma, la fi-liale sénégalaise du groupe maro-cain Sothema. Le démarrage de laproduction initialement prévu en2010, ce ne sera finalement qu’enmars 2013 que WAP lancera effec-tivement ses activités, en marged’une visite officielle du roi Mo-hammed VI à Dakar. Le projet a né-cessité un investissement dequelque 6,5 millions d’euros, pourélever, au final, une unité indus-trielle sur 58.000 m² de plateformecouverte. Sa production devraitêtre totalement destinée au mar-ché local et de la région UEMOA.WAP assure ainsi la fabrication lo-cale de médicaments génériquesservant au traitement des patholo-gies les plus répandues dans lazone, notamment le paludisme.Plus récemment encore, c’est autour du groupe Cooper Pharmad’annoncer ses intentions d’investirle marché subsaharien. C’est enCôte d’Ivoire que cela devrait seréaliser. La société vient en effet detrouver un accord avec l’État ivoi-rien pour la réalisation d’une unitéindustrielle de production de mé-dicaments. Là aussi, l’objectif serade servir le marché local etquelques pays de la région. Lesdeux enseignes marocaines sontdéjà présentes dans plus d’une di-zaine de pays de la région, de parl’exportation de leurs produits.

L’industrie prend ses marquesen région subsaharienne ● Les projets d’investissements de Cooper Pharma et de Sothema donnent un nouvel élan à l’expansion des industriespharmaceutiques marocaines dans le continent. Laprophan renforce ses capacités de production pour mieux servir lesmarchés subsahariens, là où Sanofi relève ses ambitions pour le continent à partir du Maroc.

Un marché à contraintes

Sous le joug de la contrefaçon et des droits d’enregistrement et de douane élevés, combiné au retard technologique, lemarché pharmaceutique africain ne réunit pas encore toutes les conditions pour l’émergence de véritables championsdans le domaine. Très peu de laboratoires réussissent encore à tirer leur épingle du jeu, et les investissements sont raris-simes. Le potentiel de croissance du secteur est pourtant très important. Selon une étude menée par le cabinet interna-tional de consulting Frost & Sullivan, la taille du marché subsaharien du médicament devrait atteindre 5 milliards de dollarsd’ici 2018. Ce chiffre n’était que de 2,2 milliards en 2011. L’émergence d’une classe moyenne de plus en plus consumériste,situation dont découle généralement le développement de certaines maladies chroniques, devrait en être le principal fac-teur. De nombreux analystes annoncent également de beaux jours au segment des médicaments génériques. La Chine,elle, a déjà senti le filon. Le continent est devenu le premier marché à l’export de son industrie pharmaceutique. Sur lesneufs premiers mois de l’année 2012, elle y a écoulé une valeur de 1,47 milliard de dollars. L’Afrique et le Moyen-Orient re-présentent, en termes de production, 1,7% du marché mondial du médicament, évalué en 2011 à environ 855 milliards dedollars de chiffre d’affaires.

Médicaments

propres au groupe, estimée entre6 et 7%. Par ailleurs, le secteurpharmaceutique local a égale-

ment fini par se positionner enplateforme d’exportation idéalepour de grandes multinationales.Les installations industrielles et lo-gistiques du groupe Sanofi auMaroc constituent un bon exem-ple à bien des égards. À fin 2013,l’enseigne a produit quelque 100millions de traitements antipalu-diques à partir de son site indus-triel casablancais, sous la marque«Asaq Winthrop». Ce volume esten progression de 25% par rap-port à 2012, et porte à 500 millionsde traitements le volume globalfabriqué depuis 2007 à partir dusite de Zenata. Cette productionest destinée à une trentaine demarchés dans le continent. ●

● Le marché subsaharien du médicament devrait atteindre 5 milliards de dollars, d’ici 2018.

Les deux laboratoiresexportent déjàdans une dizainede pays de la région.

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CAHIER DE L’INTÉGRATION

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on. Les programmes d’enseigne-ment et de formation techniqueset professionnels (EFTP) ont le po-tentiel de combler le décalageentre les compétences, mais cesont des filières moins populaires.«Dans de nombreux pays africains,les employeurs estiment que le ni-

veau inapproprié de formation dela main-d’œuvre est un obstacleentravant la pratique des affaireset que les pénuries de compé-tences sur le marché du travailpréoccupent tout particulière-ment les investisseurs», rapportentles économistes de la BAD.

Le continent fait face à deréels défis structurels quantil s’agit de la création d’em-plois. Selon le dernier rap-

port de la Banque africaine de dé-veloppement (BAD), rendu publicen marge du lancement de sa nou-velle stratégie capital humain, «laplupart des pays africains sont auxprises avec le double problème decréation d’emplois et de fidélisationdes travailleurs qualifiés», peut-onlire d’entrée dans ce rapport. Côtéchiffres, rien de rassurant : L’Afriqueaffiche l’un des taux de chômageles plus élevés au monde, aprèscelui de l’Europe. Le taux de chô-mage est de 12% en Afrique, contre9,1% en moyenne dans le monde.Les jeunes de la tranche 15-24 ansreprésentent 60% des sans-emploidu continent. En Égypte, à l'Île Mau-rice, au Maroc, en Afrique du Sud eten Tunisie, les jeunes sont deux àsix fois plus exposés au risque dechômage que les adultes. Lesjeunes femmes sont encore plusexposées à ce risque. Le secteur in-formel, potentiellement dyna-mique et prospère, n’a pas été àmême d’absorber le grand nombrede demandeurs d’emploi.

Décalage formation/emploiLe problème d’inadéquation entreles formations offertes et les be-soins réels des secteurs privés afri-cains est également soulevé dansle rapport de la BAD. Les expertsde l’organisme constatent en effetqu’il y a un «énorme» décalageentre les compétences produitespar le système éducatif et les be-soins du marché du travail. «Lenombre de diplômés de l’ensei-gnement supérieur a triplé enAfrique subsaharienne, passant de1,6 million en 1999 à 4,9 millions en2009, de même que le nombre dejeunes sans emploi», explique-t-

La BAD dresse le «portrait-robot»du continent● L’Afrique affiche l’un des taux de chômage les plus élevés au monde, après celui de l’Europe. Letaux de chômage est de 12% en Afrique, contre 9,1% en moyenne dans le monde. L’inadéquationformations/besoins des entreprises est de plus en plus marquée.

Déficit d’encadrement

Selon le rapport de la BAD, le continent souffre d’un grand déficit en capacités d’encadrement et de formation deson capital humain. L’Afrique a en effet besoin d’environ quatre millions d’enseignants supplémentaires et d’un àdeux millions de professionnels de la santé de plus. Combler les pénuries d’enseignants et de personnels de santé,à tous les niveaux, constitue une priorité de développement pour de nombreux pays africains. «Le faible niveau dansle secondaire, surtout en sciences et en technologie, entrave les efforts d’élargissement de l'accès à l'enseignementsupérieur et à l’enseignement et à la formation technique et professionnelle, ainsi qu'à la formation du nombre d'en-seignants nécessaire pour une éducation primaire de qualité», expliquent les auteurs du rapport. En Afrique, le tauxde scolarisation brut dans l’enseignement supérieur était de 9% en 2011.

Déficit d’infrastructuresde formation Par ailleurs, le continent connaîtun grand déficit en centresd’EFTP de qualité, bien équipés etparvenant à doter les jeunes decompétences de haut niveau quirépondent à la demande. Labanque recommande de «renfor-cer les compétences en fonctionde la demande et de l’innovation,pour améliorer la productivité dusecteur formel, mais aussi pourdynamiser le secteur informel».Les auteurs du rapport pensentégalement que les pays africainsdoivent «perfectionner lescompétences dans les profes-sions habituelles (enseignants, in-firmiers/infirmières et médecins,par exemple), ainsi que dans lesdomaines de la science, de latechnologie, de l’ingénierie et desmathématiques», pour faire face àl’évolution rapide de la situationpolitique et socioéconomique.L’autre challenge que devrait rele-ver le privé africain est d’être ca-pable «d’acquérir rapidement etde fidéliser les compétences».Selon l’institution financière pana-fricaine, l’exode des travailleurshautement qualifiés constitue unénorme défi dans certains sec-teurs et notamment dans les sec-teurs de l’éducation et de la santé.Les experts de la Banque pensenten effet que les Africains font par-tie des travailleurs les plus mo-biles au monde et la migration estau centre des stratégies de la plu-part des familles africaines. Lagrande majorité des Africains mi-grent à l’intérieur du continent,essentiellement de façon irrégu-lière et en marge de la règlemen-tation. Cela étant, la lenteur del’intégration régionale continuede peser sur la mobilité des tra-vailleurs, affectant la compétiti-vité et la productivité. ●

●●●

La grandemajorité desAfricainsmigre àl’intérieur ducontinent,essentielle-ment de façonirrégulièreet en marge dela réglementa-tion.

Emploi

CHÔMAGE DANS LE MONDE ET PAR RÉGIONS, DE 2007 À 2014 (EN %)

Monde PaysDéveloppés

et UE

Asie duSud-Est

et Pacifique

Asie duSud

Amériquelatine et Caraïbes

Moyen-orient

Afriquedu Nord

AfriqueSub-saharienne

Centrale etSud-estEurope

Asie del’Est

Monde PaysDéveloppés

et UE

Asie duSud-Est

et Pacifique

Asie duSud

Amériquelatine et Caraïbes

Moyen-Orient

Afriquedu Nord

AfriqueSub-saharienne

Centrale etSud-estEurope

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Hommes■ 2007■ 2014

Femmes■ 2007■ 2014

SOUR

CE :

OIT

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L 20

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jeunes femmes en particulier sebattent pour trouver du travaildans ces régions, avec des taux dechômage qui avoisinent les 45%»,selon les responsables de l’OIT. Ledéfi de l’emploi, dans cette région,est aussi qualitatif. Le rapport in-dique en effet que le niveau d’édu-cation s’améliore rapidement dansla plupart des pays en développe-ment. Dès lors, un décalage gran-dissant s’opère entre les compé-tences acquises à l’école et lanature des emplois disponibles. Ilfaut savoir qu’au cours des cinqprochaines années, environ 213millions de personnes devraientarriver sur le marché du travaildans le monde. Les pays en déve-loppement, notamment afri-cains, devraient recevoir 200 mil-lions de jeunes demandeursd’emplois. «Actuellement, le tauxde chômage des jeunes dépassedéjà les 12 pour cent dans lespays en développement — plusde trois fois le taux de chômagedes adultes», peut-t-on lire dansle rapport de l’OIT.

PROTECTION SOCIALESelon les experts de l’OIT, la protec-tion sociale peut stimuler la crois-sance économique et la créationd’emplois de qualité. Cela dépenden grande partie de la réactivité dela protection sociale à l’évolution dela conjoncture économique. Lesprogrammes contracycliquesconduits en Afrique du Sud en sontd’intéressants exemples à cetégard. Dans d’autres pays africainscomme l’Éthiopie et la Namibie,l’emploi est un objectif explicite desdispositifs de protection sociale. Ilest en effet clairement établi que laprotection sociale contribue à ré-duire l’incidence de la pauvreté,des inégalités et de l’emploi vulné-rable. Une protection sociale adé-quate améliore les capacités indivi-duelles à accéder à de meilleursemplois. Par exemple, la Bolsa Fa-mília au Brésil, la Loi nationale Ma-hatma Gandhi sur la garantie del’emploi rural en Inde et des pro-grammes similaires au Cap Vert ontréussi à apporter un complémentde revenus aux ménages, permet-

tant aux familles d’investir dans desactivités productives, ainsi qued’améliorer leur santé et les résul-tats scolaires de leurs enfants.

INÉGALITÉS DE SALAIREL’étirement des écarts de salairesdans les pays africains est devenuun fait de marché consacré. Lerapport de l’OIT fait comprendreque cette tendance est associée àun changement dans la distribu-tion des revenus au détriment dutravail. Les données indiquentpourtant que les inégalités gran-dissantes peuvent porter préju-dice à la croissance économique,dans la mesure où l’effet négatifsur la consommation, associé àdes inégalités croissantes, dé-passe tous les effets positifs entermes de retours sur investisse-ment plus élevés et de meilleurrapport coût-compétitivité. Leschercheurs de l’organisme onu-sien pensent également que «cerésultat négatif est d’autant plusprobable que les effets de compé-titivité sont atténués par le fait quela part des revenus du travail reculedans de nombreux pays – condui-sant à un déficit de demande glo-bale et à un nivellement par le basdes salaires et des normes». Enplus des répercussions sur l’éco-nomie, l’amplification des inégali-tés de revenus peut entamer la co-hésion sociale et intensifier lestroubles sociaux. Cela a d’ailleursété le cas pour certaines écono-mies arabes d’Afrique et d’Asie.L’aptitude des pays en développe-ment à compenser la chute de lapart des revenus du travail par unefiscalité progressive est plus limi-tée que dans les économies avan-cées. Il est dès lors essentiel derenforcer les institutions du mar-ché du travail qui peuvent amélio-rer la répartition sur le marché desrevenus entre travail et capital.Cela pourrait se faire en facilitant ledialogue entre employeurs et tra-vailleurs, en faisant respecter lesnormes fondamentales du travailet en mettant en œuvre une pro-tection sociale bien conçue afind’assurer une répartition plus équi-librée des revenus dans les paysen développement. ●

r

LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 3 JUIN 2014

CAHIER DE L’INTÉGRATION

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EMPLOISUne fois de plus, les chiffres nousramènent à la dure réalité. L’Organi-sation internationale du travail vientde rendre sa copie sur le travaildans le monde, sous la thématique– qui passe plus pour un idéal qu’unsujet de débats - d’un «développe-ment riche en emplois». Le conti-nent n’est évidemment pas la terrela plus propice à l'emploi. En Afriquesubsaharienne, «plus de trois travail-leurs sur quatre occupent des em-plois précaires, les femmes étant af-fectées de façon disproportionnéepar rapport aux hommes». Le conti-nent est pourtant dans une situa-tion comparable à celle de cer-taines économies d’Asie duSud-Est et à bien d’autres, en déve-loppement. Malgré ces tendancespositives, les difficultés sociales etd’emploi demeurent criantes dansla plupart des pays émergents ouen développement. Le rapport in-dique que «plus de la moitié des tra-vailleurs des pays en développe-ment occupent un emploivulnérable». Cela équivaut à prèsd’un milliard et demi de personnes.«Ces travailleurs ont moins dechance que les salariés de disposerd’un contrat de travail formel, d’êtrecouverts par la sécurité sociale oude percevoir des revenus réguliers.«Ils sont souvent pris dans un cerclevicieux de métiers à faible produc-tivité, de maigres rémunérations etde capacités limitées pour investirdans la santé et l’éducation de leurfamille, ce qui a pour effet de limiterleurs perspectives d’évolution et decroissance», explique-t-on dans lemême rapport.

CHÔMAGELa région Afrique du Nord-Moyen-Orient enregistre les taux de chô-mage les plus élevés du monde.En effet, «près d’un jeune sur troisen âge de travailler est incapablede trouver un emploi », révèlent lesauteurs du rapport. Par sexe, «les

L’Afrique face au «casse-tête» de l’emploi● L’OIT dresse une liste des défis structurels pour le monde du travail dans les économiesen développement. En région subsaharienne, plus de 3 travailleurs sur 4 occupent des emploisprécaires, les femmes étant affectées de façon «disproportionnée» par rapport aux hommes.200 millions de jeunes demandeurs d’emplois devraient arriver sur le marché de l’emploi dans lespays en développement.

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Selon lesexperts del’OIT, laprotectionsociale peutstimuler lacroissanceéconomiqueet la créationd’emplois dequalité.

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L’INTERVIEW

les démarches, outils et mé-thodes qui permettront de déli-vrer des résultats dans le moyenterme.

Dans le dernier rapport de laBAD sur les perspectiveséconomiques du continent,l’Afrique continue de vivredes exportations de ses ma-tières premières. Quels sontles freins à l’industrialisationdu continent ? Le premier frein réside dansl´absence de recherche et déve-loppement et dans la sous-valo-risation des formations tech-niques et scientifiques. Lecontinent regorge de docteursen géographie, de philosopheset autres poètes, mais comptepeu d´ingénieurs, d´avocats

d´affaires et de capitaines d´in-dustrie. De même, il y a unmanque terrible de «Middle ma-nagement» compétent dansdes métiers industriels, commeon en trouve en Allemagne, no-tamment. Le second frein, lié aupremier, relève de l’inadéquationentre les formations délivréespar l’université et le monde in-dustriel. On ne peut plus conce-voir que les programmes soientélaborés sans la participation ac-tive des professionnels de l´en-treprise, seuls à même d'expri-mer les besoins de leur industrie.Le troisième frein est relatif à unécosystème qui ne favoriseguère l’émergence de cham-pions nationaux, censés drainerdans leur sillage des PME inno-vantes. Enfin, le coût et l'instabi-

Les ÉCO : Vous organisez, du11 au 13 juin, la 14e édition duforum d’excellence des diri-geants. Quels sont les objec-tifs de cet événement ?Alioune Gueye : Cette 14e édi-tion à pour objet d'illustrerconcrètement des cas de trans-formation réussie. En effet, de-puis quelques mois le conceptde transformation occupe l'ac-tualité des colloques et congrès.Nous souhaitons aller au delà desconcepts, en mettant en avantces acteurs de la transformation:gouvernements, entrepreneurs,entreprises et territoires.

De nombreux pays africainsont, au cours des dernièresannées, mis en place desplans et des programmesd’émergence à moyen oulong termes. Est-ce une «ten-dance» ou une réelle volontéd’accélérer leur progrès éco-nomique ?Il y a certes une question demode, même si le point de dé-part reste toujours la questionde la formulation d'une visiondans laquelle chacun puisse sereconnaître. Mais élaborer unplan émergence n´est pas syno-nyme d'appropriation. Toutefois,le vrai sujet n'est pas le «quoi»mais le «comment», c'est à dire

lité des facteurs de productionne facilitent pas le développe-ment d'industries gourmandesen énergie de qualité, en main d

œuvre qualifiée et en infrastruc-tures, logistiques comprises,declasse mondiale.

Le même rapport préconiseune meilleure intégration del’Afrique dans la chaîne devaleur mondiale. Quels de-vraient être, d’après-vous, lerôle des grandes entreprisesdu continent ?En premier lieu, il nous faut iden-tifier les secteurs et les chaînesde valeur mondiales dans les-quelles nos entreprises ont unechance de s'insérer de manièredistinctive, c'est à dire avec uneoffre de valeur. En second lieu,nos grands groupes ont intérêt às’intéresser davantage aux mar-chés africains dont les classesmoyennes s'éveillent progressi-vement à la consommation.Songez que seuls 13% deséchanges se font à l intérieur del’UEMOA ou de la SADC, contre75% pour la communauté euro-péenne et plus de 50% pourl’Asean. Enfin, pour être fort àl’étranger, il faut d'abord l’êtrechez soi. La récente vague dedéploiement des grandsgroupes marocains en Afrique ledémontre à souhait. ●

«Il faut favoriser l’émergence de champions nationaux»

ALIOUNE

GUEYEPDG Groupe Afrique Challenge

Le challenge d'un groupe

Le groupe Afrique challenge est une compagnie de conseils et de formation à vocation africaine, dont le continentest «l’espace de travail quotidien». L’enseigne développe une expertise très diversifiée dans le secteur de la for-mation, avec un portefeuille de 1.823 entreprises clientes «du Maroc à Madagascar et du Sénégal à Djibouti». LeForum d’excellence des dirigeants africains (FEDA), un de ses évènements phares, devrait se tenir du 11 au 13 juinprochains à Abidjan, en Côte d’Ivoire. L'Évènement sera placé sous le thème : «Les Transform@cteurs : de la Transformation à la Transform@ction». Trois journées d’échanges d’expériences etde questionnements stratégiques seront ainsi au menu de cette rencontre. Le Groupe Afrique challenge est éga-lement initiateur d’autres événements comme le Forum interafricain des systèmes d'information (du 5 au 9 août2014 à Casablanca), le Forum interafricain des ressources humaines et le Forum interafricain des achats, servicesgénéraux et approvisionnement, organisés respectivement à Dakar et à Casablanca.

Le continent manqued’ingénieurset de cadresdans le «middlemanagement».

LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 3 JUIN 2014

LE MARCHÉ DE LA SEMAINE

26

Importations 0 0 0 76516 % 76516 65795 -14,01%

Part dans les importations globales (%) 0 0 0 0 - 0 0 -

Exportations 231938 297700 267903 400082 22,56% 400082 566978 41,72%

Part dans les exportations globales (%) 0 0 0 0 - 0 0 -

Solde 231938 297700 267903 323566 13,04% 323566 501182 54,89%

ÉVOLUTION DES ÉCHANGES COMMERCIAUX ENTRE LE MAROC ET L’ANGOLA (EN MILLIERS DE DH)

2009 2010 2011 2012 ÉVOL.MOY.09/12 JAN. DÉC.12 JAN. DÉC.13 ÉVOL.13/12

SOURCE : OFFICE DES CHANGES

En Angola, le pétroleest encore roi

L’or noir participe encorefortement à l'essorde cette économied’Afrique centrale. Selon

les projections de Coface, le PIBangolais devrait progresser de6,3% en 2014, contre 5,6% en 2013.La production pétrolière, qui pèse45% des richesses nationales, de-vrait en être le principal facteur.Moins élevée qu’attendu en 2013,compte tenu des délais de mise enœuvre de plusieurs projets, la pro-duction du secteur devrait aug-menter en 2014 grâce à la montéeen puissance de nouveaux puits(Pazflor, Kizomba, PSVM). La crois-sance angolaise bénéficiera égale-ment de la production de gaz na-turel liquéfié (GNL), qui a débutésur le site de Soyo en juin 2013. Les

hydrocarbures représentant 98%des recettes d’exportation, lacontribution des échanges com-merciaux à la croissance devraitaugmenter. Hors pétrole, le secteur

● Avec 6,3% de croissance attendue à la fin de cette année, l’Angola conserve sabonne dynamique économique. La production pétrolière est l’une des principalessources de richesse de ce pays d’Afrique centrale.

Risque pays

Tensions sociales et lacunes dans l’environnement des affaires : Le pays est dirigé depuis son indépendance par leprésident José Eduardo dos Santos et son parti (MPLA), dont la prédominance a été confirmée lors des dernières élec-tions législatives d’août 2012. Le poids de l’opposition, même s’il augmente, reste insuffisant pour envisager une alter-nance. La plus grande incertitude concerne la succession de l’actuel président. Manuel Vicente, ancien dirigeant dela compagnie pétrolière nationale Sonangol, actuel vice-président et, à ce titre, pressenti pour succéder au chef del’État, ne semble pas faire l’unanimité au sein du MPLA. Compte tenu de l’emprise politique mais aussi économique duprésident et de son parti, une succession chaotique pourrait déstabiliser le pays. Par ailleurs, le mécontentement dela population grandit face aux inégalités et à la pauvreté alors que les recettes pétrolières affluent dans le pays. Le mar-ché angolais présente d’importantes opportunités d’investissements mais également des risques non négligeablescompte tenu de l’omniprésence de la corruption (l’Angola est au 157e rang sur 176, selon le classement de TransparencyInternational) et de la faiblesse de l’environnement des affaires.

minier sera porté par l’entrée enproduction de quatre nouvellesmines de diamants. La construc-tion, stimulée par les investisse-ments publics dans des grandsprojets d’infrastructures énergé-tiques et portuaires (port de CaioLitoral) et les services (télécommu-nications, intermédiation finan-cière), resteront dynamiques.

MacroSur le volet macroéconomique,tout n’est pourtant pas si rose. L’in-flation devrait continuer à ralentirmais restera forte en 2014. Les me-sures de «dédollarisation», obli-geant depuis juillet 2013 les com-pagnies pétrolières à réaliser leurstransactions en monnaie locale,accentuent la hausse des prix. Letaux d’inflation pourrait toutefoisrester inférieur à 10% grâce à la

FICHE PAYSANGOLA

Taille20,8 millions de consommateurspotentiels

Monnaiekwanzax

PIB123,9 milliards de dollars

Croissance PIB5,6% en 2013, 6,3% en 2014 (Prév.)

Région économiqueCommunauté de développe-ment d'Afrique australe (SADC enanglais)

Doing Business 2014 :179e mondial sur 189 pays (178eau DB2013)

modération des prix des biens ali-mentaires, sous réserve du main-tien du taux d’intérêt par la Banquecentrale après les baisses déci-dées en 2013 (-25 points de baseen janvier et juillet). Le déficit bud-

gétaire enregistré en 2013, le pre-mier depuis 2009, devrait se creu-ser en 2014. La moitié des recettesprovenant des revenus pétroliers,la hausse de la production et uncours du brut qui reste élevé, assu-rent d’importants revenus à l’Étatangolais. Ils ne seront cependantpas suffisants pour compenser lahausse des dépenses, qui dépas-sent désormais 40% du PIB. ●

EN PARTENARIAT AVEC

La productionpétrolière devrait êtrele principal facteur dela croissance.

campagnes. Pourtant, l’offre actuellequi est d’un peu plus de 1.200 MWest supérieure à la demande qui sesitue à environ 1.000 MW, d’après leschiffres d’AES Sonel. Cependant, ilse trouve que depuis la reprise de la

Société nationale d’électricité(SONEL) par AES Corporation en2001, très peu d’investissements ontété faits, côté infrastructures detransport et de distribution de l’élec-tricité. Résultat des courses: l'onnote de nombreuses pannes dues àla surcharge des lignes, ou encore lavétusté du réseau, avec commeconséquences de vives tensionsentre les populations et l’entreprise,si bien que cette dernière a dû lan-

cer en avril dernier un plan d’ur-gence de plus de 6 milliards deFCFA (12 millions de dollars) pour as-surer une fourniture continue del’énergie pendant la prochaineCoupe du monde de football. Aussi,David Grylls, le patron du volet éner-gie pour l’Afrique chez Actis, a-t-il af-firmé, lors de la signature de l’accordavec le gouvernement camerounais,qu’Actis entend instaurer une rela-tion plus sereine entre l’entreprise etses abonnés. «Nos priorités, a-t-ilajouté, seront axées sur la continuitédes opérations, la réhabilitation duréseau, l’assistance à la clientèle, lesperformances en matière de sécu-rité, la dépollution environnementaleet la gouvernance locale». DavidGrylls a terminé en déclarant que lefonds d’investissement britanniqueentendait augmenter les investisse-ments, à commencer par l’extensionde la centrale à gaz de Kribi qui de-vrait passer de 216 MW à plus de300 MW de puissance. ●

PAR JULIEN CHONGWANGLe Quotidien de l’Économie –

Douala – Cameroun

Après plusieurs mois de né-gociations, l’État camerou-nais a donné son accorddéfinitif pour le rachat par

le fonds d’investissement britan-nique Actis de la totalité des parts(56%) détenues par l’américain AESCorporation dans le capital d’AES-Sonel, la société qui produit et distri-bue l’électricité dans tout le pays.Cet accord a été révélé le vendredi23 mai dernier, à la faveur de la si-gnature d’un ensemble de docu-ments entre les deux parties. Désor-mais, l’on n’attend plus que laconclusion des transactions de ces-sion entre AES Corporation et Actispour que celle-ci devienne de pleindroit le partenaire stratégique del’État camerounais en matière deproduction, de transport et de distri-bution de l’énergie électrique. L’onapprend d’ailleurs que la passationde pouvoir entre les deux entre-prises se fera au courant de cettepremière semaine de juin 2014, suiteà la tenue des assemblées généraleset des conseils d’administrationd’AES-Sonel et de ses deux filialesque sont la centrale à gaz de Kribidans le sud du pays et la centralethermique de Dibamba, près deDouala. Ces deux entreprises fontpartie de la transaction dont lemontant total s’élève à 110 mil-liards de FCFA, soit 220 millionsde dollars. Dans le mêmetemps, tout le monde attendavec impatience de connaîtrela dénomination de la nouvelleentreprise. Un appel à proposi-tions a d’ailleurs été lancé à ceteffet, avec un prix de deux mil-lions de FCFA pour celui dont laproposition sera finalement retenue.Déjà présent dans 19 pays dont cinqen Afrique (Côte d’Ivoire, Ouganda,Kenya, Tanzanie et Afrique du Sud),Actis fournit l’électricité à plus de 10millions de personnes dans lemonde. L’arrivée d’Actis Energy auCameroun survient dans uncontexte marqué par de fréquentescoupures d’électricité aussi biendans les grandes agglomérationsque dans les villes secondaires et les

Actis s’installe au Cameroun● Après avoir racheté les parts de l’américain AES Corporation, le fonds d’investissementbritannique va désormais assurer la production, le transport et la distribution d’électricitédans le pays.

Certains événementsde ces derniers tempsont montré à quelpoint des rencontres

entre les chefs d’États d’Afriquecentrale peuvent accélérer le pro-cessus d’intégration économiquedans cette sous-région. En effet, leprésident tchadien, Idriss DebyItno, a effectué une visite le 22 maidernier à Yaoundé où il a eu unlong tête-à-tête avec son homo-logue camerounais, Paul Biya.Selon la presse gouvernementalecamerounaise, les deux hommesse sont engagés pour la réalisa-tion de nouvelles infrastructuresde transport terrestre devant relierles deux pays. Cinq jours plus tard,soit les 27 et 28 mai, le ministre ca-merounais de l’Économie s’estrendu à Ndjamena à l’invitation duministre tchadien des Transports.Ces derniers ont alors paraphé unaccord en vue de la constructiond’un pont pour enjamber le fleuveLogone et relier les villes de Ya-goua au Cameroun et Bongor auTchad. Quelques jours plus tard, le30 mai, le ministère des Marchéspublics du Cameroun publiait unavis d’appel d’offres restreint pourla réalisation d'études en vue de laconcrétisation de ce projet, pour-tant dans les tiroirs depuis plu-sieurs années déjà. D’ailleurs, uncalendrier a même été arrêté,fixant 2017 comme date à laquellecette infrastructure devrait entreren service. Au vu de cela, l’on peutlégitimement plaider pour que lesdirigeants d’Afrique centrale mul-tiplient les rencontres bilatérales.Des sommets qui ne donnent pastoujours la possibilité d’entrer dansla profondeur de certains sujetsqui, bien qu’ayant un intérêt sous-régional, concernent d’aborddeux pays voisins. ●

Multiplier lescontacts

Thierry Ekouti,Dir.pub-Le Quotidien del’Économie (Cameroun)

BILLET

LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 3 JUIN 2014 27

VUE DU CAMEROUN

Actis fournitl’électricité à plusde 10 millionsde personnes dansle monde.

● L’arrivée d’Actis Energy au Cameroun survient dans un contexte marqué par de fréquentes coupuresd’électricité aussi bien dans les grandes agglomérations que dans les villes secondaires et les campagnes.