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Œuvre à rapprocher de Fin du dix-huitième siècle, début du 19ème siècle Peinture mythologique, peinture classique Mots clefs, points d’ancrage pour l’étude de l’oeuvre Peinture mythologique Mise en scène d’un récit Saturation de l’espace pictural Tension, couleur, lumière, composition (profondeur de champ) Format (dimensions monumentales de la toile) Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIX ème siècle XX ème siècle et notre époque arts visuels // la peinture > fiche n°26.1 3 F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010 Jacques-Louis David Paris, 1748– Bruxelles, 1825 “Les Sabines” 1799 Huile sur toile H : 385 cm ; L : 522 cm Musée du Louvre, Paris En préparant cette toile au sujet pourtant romain, David avait affirmé : "Je veux faire du grec pur." Il souhaitait se renouveler en abandonnant le style romain et sévère du Serment des Horaces (musée du Louvre) et Les Sabines fut donc pour lui un nouveau manifeste. Désireux de se confronter aux grands artistes de l'Antiquité grecque, il adhérait également aux théories de l'Allemand Winckelmann sur le Beau idéal. Dans son tableau, David choisit donc de représenter les guerriers nus, comme les représentait la sculpture grecque. Plastique- ment, il prend le parti d'une composition en frise, sans effet de profondeur. Cette impression est renforcée par le dessin qui prédomine, une lumière égale et un coloris simplifié. La nouvelle orientation de l'art de David était une réponse à certains de ses élèves, les "primitifs". Ceux-ci, dont Ingres était proche, critiquaient l'inspira- tion romaine du maître et prônaient un style archaïque. Notice en ligne du Musée du Louvre Député à la Convention, David avait été un des fidèles par- tisans de Robespierre. En 1794, après la chute de ce dernier, il fut incarcéré. C'est en prison qu'il commença à penser au sujet des Sabines. En choisissant ce sujet, il entendait désor- mais se montrer homme de paix et être ainsi en accord avec l'air du temps. Il termina cette toile, fort attendue par le milieu artistique parisien, cinq ans plus tard, en 1799. Très fier de ce tableau qu'il considérait comme son chef- d'oeuvre, il ne le présenta pas au Salon mais lors d’une ex- position indépendante et payante dans son atelier du Lou- vre. Ce type de manifestation était appelé à un grand ave- nir. À cette occasion, il écrivit un texte justifiant tout à la fois cette forme d'exposition et la nudité des guerriers qui susci- tait le débat. Notice en ligne du Musée du Louvre Le serment des Horaces 1784 Huile sur toile, H : 330 cm ; L : 425 cm Musée du Louvre, Paris La mort de Socrate 1787 Huile sur toile, H : 130 cm ; L : 196 cm Metropolitan Museum of Art, New York

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Page 1: 3 arts visuels // la peinture > fiche n°26.preac.ia60.ac-amiens.fr/.../peinture/david.pdf · Jacques-Louis David Paris, 1748– Bruxelles, 1825 “Les Sabines” cette forme d'exposition

Œuvre à rapprocher de

Fin du dix-huitième siècle, début du 19ème siècle Peinture mythologique, peinture classique

Mots clefs, points d’ancrage pour l’étude de l’oeuvre

Peinture mythologique Mise en scène d’un récit Saturation de l’espace pictural Tension, couleur, lumière, composition (profondeur de champ) Format (dimensions monumentales de la toile)

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

arts visuels // la peinture > fiche n°26.1 3

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

Jacques-Louis David Paris, 1748– Bruxelles, 1825

“Les Sabines” 1799

Huile sur toile H : 385 cm ; L : 522 cm Musée du Louvre, Paris

En préparant cette toile au sujet pourtant romain, David avait affirmé : "Je veux faire du grec pur." Il souhaitait se renouveler en abandonnant le style romain et sévère du Serment des Horaces (musée du Louvre) et Les Sabines fut donc pour lui un nouveau manifeste. Désireux de se confronter aux grands artistes de l'Antiquité grecque, il adhérait également aux théories de l'Allemand Winckelmann sur le Beau idéal. Dans son tableau, David choisit donc de représenter les guerriers nus, comme les représentait la sculpture grecque. Plastique-ment, il prend le parti d'une composition en frise, sans effet de profondeur. Cette impression est renforcée par le dessin qui prédomine, une lumière égale et un coloris simplifié. La nouvelle orientation de l'art de David était une réponse à certains de ses élèves, les "primitifs". Ceux-ci, dont Ingres était proche, critiquaient l'inspira-tion romaine du maître et prônaient un style archaïque.

Notice en ligne du Musée du Louvre

Député à la Convention, David avait été un des fidèles par-tisans de Robespierre. En 1794, après la chute de ce dernier, il fut incarcéré. C'est en prison qu'il commença à penser au sujet des Sabines. En choisissant ce sujet, il entendait désor-mais se montrer homme de paix et être ainsi en accord avec l'air du temps. Il termina cette toile, fort attendue par le milieu artistique parisien, cinq ans plus tard, en 1799. Très fier de ce tableau qu'il considérait comme son chef-d'oeuvre, il ne le présenta pas au Salon mais lors d’une ex-position indépendante et payante dans son atelier du Lou-vre. Ce type de manifestation était appelé à un grand ave-nir. À cette occasion, il écrivit un texte justifiant tout à la fois cette forme d'exposition et la nudité des guerriers qui susci-tait le débat.

Notice en ligne du Musée du Louvre

Le serment des Horaces 1784

Huile sur toile, H : 330 cm ; L : 425 cm Musée du Louvre, Paris

La mort de Socrate 1787

Huile sur toile, H : 130 cm ; L : 196 cm

Metropolitan Museum of Art, New York

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3 la peinture arts visuels // > fiche n°26.2

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

Rémus et Romulus... Histoire ou légende?

La louve Romulus et son frère jumeau Rémus sont les fils de la vestale Rhéa Silvia et du dieu Mars. Rhéa Silvia est la fille de Numitor, roi de la légendaire ville latine d'Albe la Longue (fondée par Ascagne, fils d'Énée) et dépossédé du trône par son frère Amulius. Celui-ci, craignant que ses petits-neveux ne réclament leur dû en grandissant, prend pré-texte qu'ils sont les fils d'une vestale, qui avait fait vœu de chasteté, et ordonne qu'on les jette dans le Tibre. Mais l'ordre est mal exécuté, les nouveau-nés sont abandonnés dans un panier sur le fleuve, survivent miraculeuse-ment (protégés par les dieux, dit la légende), et sont découverts sous un figuier sauvage (le Ficus Ruminalis) situé devant l'entrée de la grotte du Lupercale, au pied du Palatin, par une louve qui les allaita, et par un pivert, l'oi-seau de Mars. Tite-Live et Plutarque rapportent, une autre explication de la légende : les jumeaux au-raient été nourris certes par une lupa, mais au sens de prostituée. Ils sont découverts dans la grotte du Lupercale, par le berger Faustulus, gardien des troupeaux d'Amulius, et sa femme Larentia, une prostituée que les bergers surnommaient Lupa, « la Louve »,

qui les élèvent. Plus tard, les jumeaux, à qui est révélé le secret de leur nais-sance, tueront Amulius (égorgé par Rémus selon certains, transpercé par l'épée de Romulus selon d'autres) et restau-reront leur grand-père Numitor sur le trône d'Albe. Variante hellénistique Selon Tite-Live, Romulus et Rémus ont vécu une enfance et une adolescence totale-ment campagnardes, en compagnie de Faustulus. « Cette vie active les développa physiquement et moralement... ». Plutarque donne quant à lui une version très différente de cette période de la vie des deux frères. Dans

son récit, loin d'être abandonnés de tous, Romulus et Rémus sont discrètement aidés par leur grand-père Numitor, qui fournit de la nourriture aux parents adoptifs. Par la suite, ils sont conduits à Gabies, où on leur donne une édu-cation correspondant à leur statut social réel. Fondation de la ville de Rome Les vautours

Les jumeaux décident alors de fonder une ville et choisissent pour emplacement « l'endroit où ils avaient été abandonnés et où ils avaient passé leur enfance ». Selon Tite-Live, c'est le droit de nommer la ville et donc celui de la gouverner qui serait à l'origine du conflit fra-tricide. L'Urbs (la Ville) est fondée le 21 avril 753 avant J.-C.(début du calendrier romain). Pour se départager, les jumeaux consultent les augures ; Romulus se place sur le Mont Pa-latin, Rémus sur l'Aventin. L'interprétation du présage est problématique : Rémus a le pre-mier aperçu six vautours, mais Romulus a fini par en observer douze. Pour Plutarque, Rémus en a effectivement vu six, mais Romulus a menti : si douze vautours finissent par lui apparaître, c'est après le terme du décompte. En apprenant qu'il a été gru-gé, Rémus se rebelle. C'est à cause de cet événement que les Romains consultent princi-palement les vautours quand ils prennent les augures.

La mort de Rémus L'historien latin rapporte deux versions de la mort de Rémus. Selon la première, Rémus tombe (victime d'un coup de pelle du centurion Celer) pendant la bagarre qui suit le décompte des augures ; selon l'autre, il franchit par dérision le sillon sacré (pomœrium) que vient de tracer Romulus qui le tue sous le coup de la colère. On raconte enfin que, pris de remords, Romulus enterre son frère sur l'Aventin avec tous les honneurs.

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

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Dans les Fastes, Ovide reprend la seconde version. Selon lui, il n'y a jamais eu le moindre conflit entre les jumeaux et Rémus avait accepté la décision des augures. L'écrivain raconte que c'est par ignorance de l'ordre de Romulus plus que par dérision que Rémus franchit la muraille encore peu élevée et que c'est par strict respect de la consi-gne que Celer, responsable du travail, tue Rémus d'un coup de bêche. C'est d'ailleurs à grand peine que Romulus cache son chagrin. L'enlèvement des Sabines Romulus entreprend la construction de sa ville, qu'il nomme Roma (Rome), d'après son propre nom, dit la légende. Mais la Ville, lieu de refuge pour les esclaves en fuite et les hommes libres souhaitant changer d'existence, manque singulièrement de femmes. Une pénurie qui condamne le projet à brève échéance. Comme les tentatives de ma-riage dans les « villes » avoisinantes trouvent toutes de méprisantes fins de non-recevoir, Romulus décide de voler des femmes. Prétextant la découverte fortuite d'un autel consacré à une divinité, il instaure la fête de « Consualia » en l'honneur de Neptune le 18 août, et y convie les Sabins et les peuples de plusieurs « villes » alentour : Caenina, Crustumerium, Antemnae. Tandis que l'attention des hommes est détournée, les femmes sont enlevées par surprise. Plutarque s'interroge longuement sur le nombre exact d'enlèvements : 30, qui donnèrent leurs noms au 30 curies romaines selon certains( 527 selon Antias, 683 selon Juba). Plus loin, il avance le chiffre de près de 800. Le biographe rejette comme invraisemblable l'assertion selon laquelle leur nombre se serait limité à 30 et l'intention profonde de Romulus aurait été « moins des mariages que la guerre ». Il précise encore qu'aucune des filles enlevées n'était ma-riée, sauf Hersilie, qui fut capturée par erreur. Thalassius Le hasard des enlèvements induit un mélange entre classes sociales. Certaines des victimes sont de haut rang et « épousent » des Romains de basse condition, mais « les plus belles filles étaient réservées aux notables ». Ainsi Tha-lassius, à qui échoit une fille de très grande beauté et qui sera félicité pour sa chance par un cortège spontané et admiratif tandis qu'on emmène la jeune fille chez lui. Ce serait l'origine de l'expression prononcée durant les maria-ges solennels, dans lesquels on mime l'enlèvement de la mariée. Une autre explication serait que « Thalassius » fut le signal de déclenchement des enlèvements... Furieux, les peuples outragés forment une coalition dirigée par le roi de Cures Titus Tatius et déclarent la guerre. Ro-mulus commence par écraser les soldats de Caenina, tue leur chef Acron et prend leur ville d'assaut. Attaqué par surprise par les Antemnates, il les écrase également et prend leur ville. Mais à la demande de sa femme, d'origine sabine, Hersilie, Romulus les épargne, accorde son pardon et le droit de cité à Antemnae. Tarpéia Grâce à la trahison de la jeune Tarpéia, les Sabins parviennent à s'introduire dans la ville et à s'emparer de la cita-delle du Capitole. D'abord bousculé, Romulus, après une invocation à Jupiter, parvient à relancer ses troupes à l'assaut. Le combat est très indécis. À tel point que ce sont les épouses sabines des Romains qui s'interposent entre les deux camps. Ainsi la bataille prend fin. Romains et Sabins fusionnent, le gouvernement est concentré à Rome qui double sa taille et les Romains prennent le nom de Quirites (de Cures) en l'honneur des Sabins. Romulus répartit alors la population romaine en trente curies et donne à celles-ci le nom de femmes sabines. Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépare la guerre) On forme aussi trois centuries de chevaliers : les Ramnes (qui tirent leur nom de Romulus), les Titienses (de Titus Ta-tius) et les Luceres (d'on ne sait où, peut-être d'Étrurie). Les deux rois, Romulus le Romain et Titus Tatius le Sabin, règnent ensemble « en parfait accord » pendant plusieurs années. Tite-Live rapporte toutefois, non sans une certaine ironie, qu'après la mort accidentelle de Titus au cours d'une émeute à Lavinium, « Romulus regretta moins qu'il aurait dû ce malheur. » L'alliance avec Lavinium est renou-velée. À la tête d'une troupe de 300 soldats (les mêmes que ceux mentionnés plus haut) tout dévoués à sa personne, les celeres, Romulus passe le reste de sa vie à guerroyer contre ses proches voisins étrusques : Fidènes, et surtout Véies, une cité à laquelle il finit par accorder, contre cession de territoires, une trêve de cent ans. Il laissera un État suffisamment fort et impressionnant militairement pour vivre en paix pendant quarante ans sous le règne de son successeur Numa Pompilius. (Sources : Wikipédia)

3 arts visuels // la peinture > fiche n°26.3

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

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3 arts visuels // la peinture > fiche n°26.4

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

Les détails de l’œuvre... Quelle histoire nous raconte-t’on?

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

La scène se situe à Rome, au Vélabre, au pied de l’Aventin(l’une des sept collines de Rome). Sur cette colline abrupte, on peut distinguer le Capitole, avec le premier temple cons-truit par Romulus et consacré à Jupiter.

La roche Tarpéienne Son nom vint de Tarpéia, la fille du chef de la citadelle à l’époque de Romulus, qui avait accepté l’offre du roi des Sabins, Titus Tatius, dont elle était amoureuse, d’ouvrir les portes à ses troupes alors en guerre contre les Ro-mains C’est de cette roche qu’étaient précipités les criminels jusqu’à la fin de la République.

Les deux côtés d’une pièce de monnaie romaine, dont l’une stylisant l’exécution de Tarpéia écrasée sous les boucliers des

Sabins. Pièce frappée en –89 avant JC Les collines et les vallées de la Rome antique

Hersilie interrompt le combat entre son mari, le roi de Rome ( Romulus) et son père, le roi des Sabins (Titus

Tatius).

Romulus, au premier plan, à droite,casqué, armé d’un Clipeus, bouclier rond en bronze, orné de la louve romaine et d’un Contus,

lance lègère utilisée comme javelot.

Titus Tatius, au premier plan, à gauche, casqué, armé d’un bouclier oval et d’un Gladius, épée courte à deux tranchants.

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la peinture arts visuels // 3 > fiche n°26.5

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

Une jeune femme s’accroche à la jambe de Tatius.

Une autre femme vient de déposer trois enfants sur le

sol.

Une vieille femme qui vient également de déposer un nourrisson sur le sol, supplie Romulus en offrant sa poitrine aux coups.

Une autre femme s’arrache les cheveux.

Au centre du tableau, une femme qui regarde vers le

spectateur, crie en levant les bras.

Derrière Hersilie, une femme monte sur un piédestal et soulève son enfant à bout de bras, en direction de

l’armée sabine.

Les soldats sabins, sur la gauche du tableau, sont armés de lances et de

glaives et portent le Scutum, long bou-clier courbe, certains portent le cas-que métallique, d’autres le Galea, un

casque en cuir.

Les romains, à droite, sont casqués et armés de piques,

certains portent le Pileus conique, le bonnet des esclaves affranchis, souvent confondu avec le bonnet phrygien, d’autres le turban des mercenaires romains,

originaires d’Asie mineure ou d’Afrique du nord.

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la peinture 3 arts visuels // > fiche n°26.6

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

Les détails de l’œuvre...

Plusieurs enseignes sont présentes sur le champ de bataille : La louve rappelle l’histoire légendaire de Romulus et de Rémus, la botte de foin évoque l’origine rurale de la plupart des combat-tants. C’est le signe des premiers compagnons de Romulus.

Le combat a déjà commencé, il y a des morts, mais peu sont

visibles.

Les Sabines viennent se précipiter entre les deux

armées.

Un général Sabin fait un geste de la main pour arrêter l’assaut.

Le cavalier retient son cheval qui se cabre et rentre son sabre

dans son fourreau.

Les Romains dressent leurs casques ou leurs bonnets à la pointe des piques et

des glaives en signe de paix.

Petite anecdote...

La Sabine de Gandon est un timbre-poste d’usage courant dessiné et gravé par Pierre Gandon (à partir de la tête de l’héroïne Hersilie) qui a

servi en France de décembre 1977 à décembre 1982.

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

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3 arts visuels // la peinture

Les détails de l’œuvre... (La perspective et la couleur)

Les lignes de fuite des bâtiments et des fragments de socle à terre convergent vers un point : l’œil du cheval à droite. La ligne d’horizon passe par cet œil et par les yeux de la femme en rouge, le visage de cette femme est situé légèrement en dessous du centre du tableau.

La perspective est renforcée par des effets de profondeur : • Décroissance des tailles, des visages, des membres, ou

des armes, • Succession des pieds des combattants, à gauche, • Succession des sabots des chevaux, à droite.

Photogrammes extrait de la série « Palettes »

La palette du tableau (orange et bleu dominent l’ensemble...)

> fiche n°26.7

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

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3 arts visuels // la peinture > fiche n°26.8

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

Analyse comparative

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

Repères, s’interroger sur :

L’analyse comparative peut s’articuler autour des questions suivantes: • La mise en scène • La composition et la couleur • La réinterprétation en peinture, l’hommage en peinture • Les points de convergence et de divergence des deux œuvres

À voir sur le net et ailleurs

A la même époque...

Au Louvre, les œuvres de David Sur Le net : http://www.louvre.fr/llv/commun/home.jsp

Le Guerchin Cento, 1591– Bologne, 1666

Hersilia séparant Romulus

et Tatius 1645

Huile sur toile H : 253 cm ; L : 267 cm Musée du Louvre, Paris

George Kearsley Shaw, fait la première description de l'ornithorynque, découvert l'année précédente, dans le Naturalist’s Miscellany. 22 juin : Présentation du mètre étalon par les sa-vants Méchain et Delambre.

19 juillet : Découverte dans le delta du Nil de la pierre de Rosette, clef du déchiffrage des hiéro-glyphes

9 novembre : Coup d'État du 18 Brumaire : fin du Directoire ; mise en place du Consulat.

La Maja nue de Francisco Goya (vers 1799-1800)

Francisco José de Goya y Lucientes Fuendetodos, 1746 – Bordeaux, 1828

La Maja nue Huile sur toile

H : 97 cm ; L : 190 cm Musée du Prado, Madrid

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arts visuels // la peinture > fiche n°26.9 3 Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

Filiations et repères historiques

1799, David peint “Les Sabines”

1645, Le Guerchin peint « Hersilia séparant Romulus

et Tatius F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

1634, Nicolas Poussin peint “L’enlèvement des Sabines”

1793, mort de Marat

Quelques propos sur David

1962, Picasso peint “L’enlèvement des Sabines”

1715, mort de Louis XIV

Bibliographie sélective, DVD

Collection Palettes, l’intégrale

Alain Jaubert Editions Montparnasse

«Palette de David, ordre des couleurs à partir du pouce, blanc de plomb, jaune de Naples, ocre jaune, ocre de ru, ocre d'Italie, brun rouge, terre de Sienne brulée, laque carminée fine, terre de Cassel, noir d'ivoire, noir de pê-che ou de vigne. Indistinctement bleu de Prusse, outremer bleu, bleu minéral, puis il plaçait en dessous de ces couleurs le cinabre et le vermillon. Vers la fin de sa carrière il ajouta à sa palette le jaune de chrome et le chrome rouge pour peindre les draperies seulement.»

J. P. Thénot, Les Règles de la peinture à l'huile (1847)

Quand David, cet astre froid, et Guérin et Girodet, ses satellites historiques, espèces d'abstracteurs de quintes-sence dans leur genre, se levèrent sur l'horizon de l'art, il se fit une grande révolution.(...) Cette contemplation perpétuelle de l'histoire grecque et romaine ne pouvait, après tout, qu'avoir une influence stoïcienne salutaire; mais ils ne furent pas toujours aussi Grecs et Romains qu'ils voulurent le paraître. David, il est vrai, ne cessa jamais d'être héroïque, l'inflexible David, le révélateur despote.

« L'exposition universelle de 1855: Ingres », dans Curiosités esthétiques (1868),

Charles Baudelaire, éd. M. Lévy, 1868, p. 223

Les ouvrages de nos philosophes avaient réveillé le sentiment de la nature et le culte des anciens. David résuma dans ses peintures, ce double résultat. Il est difficile de se figurer ce que fût devenue dans ses mains une nou-veauté si hardie pour l'époque où elle se produisit, s'il eût possédé les qualités extraordinaires d'un Michel-Ange ou d'un Raphaël. Elle fût toutefois d'une portée immense au milieu du renouvellement général des idées et de la politique.

Journal de Delacroix (1862), Eugène Delacroix, éd. Plon, 1996, p. 803

Les Mythes racontés par les peintres Marie Bertherat Editeur : Bayard

Jacques-Louis David Musée Jacquemart-André Editeur : Nicolas Chaudun

David Musée du Louvre

Cabinet des dessins Editeur : Cinq Continents

Sacre de Napoléon 2 décembre 1804

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arts visuels // la peinture > fiche n°26.10

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

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La composition La lumière et la mise en scène Le décor La saturation de l’espace Le mythe La mythologie Héros et héroïnes

Vers la pratique plastique

La mise en scène

Quelques pistes pour la classe

Autour de la compréhension de l’œuvre et de la mise en scène : Travail photographique, dessin, peinture

• Recherche de la palette colorée du tableau Matériel : gouaches couleurs primaires + blanc et noir, brosses. Donner un tirage couleur du tableau. Essayer de retrouver les gammes colorées. Faire des mélanges. Placer une touche de couleur directement sur la reproduction. Si la couleur disparaît, c’est la bonne. (assez difficile à obtenir. on se contentera généralement de valeurs approchantes. Exercice également possible avec des pastels secs ou gras). • Le mannequin Réaliser des petits modèles (2 - 3 cm) de personnages en pâte à modeler. Les observer de très près et les dessiner (pierre noire, fusain, encre...) de la façon la plus précise possible. • Le diorama Mettre les petits personnages en scène dans une boîte en carton ouverte sur un côté (et éventuellement sur le dessus). Créer le décor avec des éléments de carton. Percer un petit trou dans un côté de façon à pourvoir observer la scène. Faire varier la position des personnages, faire varier l’éclairage (lampe de bureau). Dessiner le plus précisément possible (pierre noire, encre, lavis...) • Garder un élément du tableau, le transposer dans d’autres tableaux (travail sur photocopies - couleur ou noir/

blanc). • Faire varier les plans. Ajouter un ou deux personnages au premier plan (en plan américain, gros plan). Utiliser la photocopie et les agrandissements. • Créer la bande son du tableau. • Ecrire la Une de « Rome - matin » - du « Sabin Libéré », au lendemain de l’évènement. • Installer le tableau dans un environnement. Créer des « vestiges archéologiques » (casque, spartiates, épées), un décor reprenant les éléments du tableau...

Autour de la collection d’images et du musée de classe : • Engager une collection de reproductions d’œuvres de David en l’organisant par périodes et par genres. F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

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la peinture arts visuels // 3 > fiche n°26.11

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

Quelques œuvres de David

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

Portrait de Antoine-Laurent et

Marie-Anne Lavoisier 1788

Huile sur toile H : 256 cm ; L : 195 cm

Metropolitan Musuem of Art, New York

La mort de Marat 1793

Huile sur toile H : 162 cm ; L : 128 cm

Musées Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles

Anne-Marie-Louise Thélusson, Comtesse de Sorcy

1790 Huile sur toile

H : 129 cm ; L : 97 cm Neue Pinakothek, Munich

Le Premier Consul franchissant les Alpes

au col du Grand-Saint-Bernard 1801

Huile sur toile H : 259 cm ; L : 221 cm

Musée national du château de Malmaison

Napoléon dans son cabinet de travail 1812 Huile sur toile H : 204 cm ; L : 125 cm National Gallery of Art, Washington DC

Le Sacre de Napoléon Entre 1805 et 1807 Huile sur toile H : 629 cm ; L : 979 cm Musée du Louvre, Paris

Page 12: 3 arts visuels // la peinture > fiche n°26.preac.ia60.ac-amiens.fr/.../peinture/david.pdf · Jacques-Louis David Paris, 1748– Bruxelles, 1825 “Les Sabines” cette forme d'exposition

Juliette Récamier, épouse d'un banquier parisien, fut l'une des femmes les plus en vue de son temps. Ce portrait, qui la pré-sente vêtue "à l'antique", dans un cadre dépouillé, entourée de meubles pompéiens est en 1800 à l'avant-garde de la mode. Son inachèvement - dont la raison est mal définie - permet d'étudier la technique de David, avant que les touches vibrantes et les "frottis" du fond ne soient "glacés" de couleurs translucides.

Allongée gracieusement sur une méridienne, Madame Récamier tourne la tête vers le spectateur. Elle est vêtue d'une robe blanche à l'antique qui découvre ses bras et ses pieds nus. Elle se trouve dans une pièce presque vide avec peu de mobi-lier, hormis le sofa, un tabouret et un candélabre d'inspiration antique. La figure entière est vue d'assez loin, son visage oc-cupe peu de place. C'est plus que la représentation d'une personne, c'est un idéal d'élégance féminine. Madame Réca-mier (1777-1849) avait alors vingt-trois ans mais était déjà une des femmes les plus admirées de son temps, en raison de sa beauté et de son salon. Elle était le symbole de l'ascension sociale de la nouvelle élite post-révolutionnaire. Fille d'un no-taire, elle avait épousé en 1793 un banquier plus âgé qu'elle, qui était devenu l'un des principaux soutiens financiers du premier consul, Napoléon Bonaparte. Dans leur hôtel particulier restauré par l'architecte Percier et meublé par l'ébéniste Jacob, le couple recevait de nombreux écrivains dont certains, Benjamin Constant ou Chateaubriand, furent pris de pas-sion pour la maîtresse de maison.

Commandé en 1800 à David par le modèle, ce tableau est resté inachevé pour des raisons obscures et sans doute multi-ples. David n'en était pas satisfait et voulait le reprendre mais Madame Récamier, trouvant David trop lent, demanda son portrait à l'un des élèves du maître. Le peintre se vexa et dit à son modèle : "Les femmes ont leur caprice, les artistes en ont aussi ; permettez que je satisfasse le mien, je garderai votre portrait." L'oeuvre fut conservée dans son atelier. C'est bien après son entrée au Louvre en 1826 que ce tableau fut redécouvert. En 1864, Théophile Gautier parla à propos de cette figure de son "attrait indicible comme la poésie de l'inconnu".

C'est une oeuvre novatrice dans un format horizontal, insolite pour un portrait, qui était d'habitude utilisé pour les tableaux d'histoire. David crée un espace autour de la figure qui met en valeur l'arabesque élégante de son corps. La source anti-que de la pose de Madame Récamier, le dépouillement du décor comme de l'habillement de la jeune femme répondent à l'idéal néoclassique. L'harmonie claire de l'ensemble, due à la robe blanche de Juliette Récamier, est égayée par les tons chauds des meubles. Dans cette toile, seule la tête du modèle est presque terminée. Les glacis manquent sur les pâtes coulantes de la robe. Les accessoires, les murs et le sol sont restés à l'état de frottis vibrant. La préparation blanche appa-raît par endroit. L'inachèvement de la toile lui donne un aspect mystérieux et poétique très différent sans doute de celui qu'aurait recherché David en achevant ce portrait. Après les portraits minutieux peints sous l'Ancien Régime, l'oeuvre de David à partir de la Révolution compte plusieurs portraits au fond inachevé comme ici .

Notice en ligne du Musée du Louvre

A propos de Madame Récamier

arts visuels // 3 la peinture > fiche n°26.12

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

F.Jouin /H.Hemme/D.Pelletier— apm1— inspection académique de l’oise-2010

Madame Récamier 1800

Huile sur toile H : 173 cm ; L : 244 cm Musée du Louvre, Paris

Madame Récamier

Un idéal d’élégance féminine

Un caprice de David

L’esthétique de l’inachèvement