265 résultats actuels du traitement initialement fonctionnel des fractures non déplacées du col...

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RÉSUMÉ DES COMMUNICATIONS 2S153 DISCUSSION. La revue de la littérature confirme la rareté de la lésion. Le diagnostic radiologique n’est pas toujours aisé. Les complications de la réduction sont nombreuses. L’attitude vis-à-vis du fragment détaché dépend selon le type de la lésion et des lésions associées. CONCLUSION. Il s’agit d’une lésion rare associée souvent à une luxation postérieure qui témoigne d’un traumatisme violent et qui conditionne l’évolution. Le traitement chirurgical n’est indiqué qu’en cas d’échèc du traitement orthopédique ou de lésions associées. 264 Osthéosynthèse des fractures cer- vicales vraies déplacées chez le sujet de moins de 65 ans Raoul BERTIN*, Pascal KOUYOUMDJIAN, Mohamed BAATI, Bernard MEGY, Pierre-Philippe MILL INTRODUCTION. Le but de l’étude était l’évaluation des résultats du traitement par ostéosynthèse des fractures cervicales vraies très déplacées chez le sujet jeune. MATÉRIEL ET MÉTHODES. La série comporte 44 patients opérés pour fracture cervicale vraie Garden III ou Garden IV, par ostéosynthèse. L’âge moyen de la série est de 53 ans avec des extrêmes de 28 à 65 ans. L’intervention a été réalisée avant la douzième heure dans 29 cas (2/3 des cas). La technique a com- porté une réduction à foyer fermé dans 41 cas, une aide à la réduction par ouverture du foyer seulement dans 3 cas, une ostéosynthèse par vis/plaque THS. RÉSULTATS. Les résultats ont été évalués pour les 44 patients avec un recul minimal de 3 ans. La consolidation a été obtenue dans 40 cas dans un délai moyen de 4 mois. Aucun démontage du foyer n’a été déploré. Une nécrose osseuse de la tête fémorale a été observée dans 8 cas, avec authentification radiologique dès le 24 e mois. Radiologiquement, 10 patients pré- sentaient une réduction imparfaite : parmi eux ont été déplorées 4 nécroses secondaires et deux pseudarthroses. Parmi les patients opérés avant la douzième heure, un seul cas de nécrose a été déploré. DISCUSSION. L’ostéosynthèse des fractures cervicales vraies déplacées (Garden III ou Garden IV) chez le sujet jeune est licite au moins jusqu’à 65 ans. Le montage par vis/plaque est mécaniquement stable et permet une impaction inter-fragmen- taire le long de la vis. Elle permet, dans l’immense majorité des cas, d’obtenir une consolidation avec un résultat fonctionnel excellent et durable. Le risque de nécrose céphalique est infé- rieur à 20 % des cas : il est surtout lié à un retard de prise en charge et une insuffisance de réduction du foyer fracturaire, qu’un investissement chirurgical plus approprié peut permettre d’améliorer. 265 Résultats actuels du traitement ini- tialement fonctionnel des fractures non déplacées du col fémoral chez les patients très âgés : à propos de 35 cas Jean-Christophe BEL*, Mohamed HAFEZ, Lionel ERHARD, David FORISSIER, Christine FRÉBAULT, Guillaume HERZBERG INTRODUCTION. Le traitement des fractures cervicales fémorales non déplacées des patients très âgés est un problème difficile par sa fréquence et ses conséquences (morbidité et effi- cience). Le résultat obtenu à court terme pour cette classe d’âge après traitement initialement fonctionnel est peu rapporté. Cette attitude peut elle être recommandée à la vue des résultats observés ? MATÉRIEL ET MÉTHODES. De 2000 à 2002, une étude prospective, consécutive, longitudinale a été réalisée chez 35 patients de plus de 70 ans (âge moyen 81 ans, 87 % femmes, sex-ratio 7,75), présentant une fracture non pathologique du col fémoral, peu déplacée selon les classifications radiologiques — Garden I (30), II (5) ; Pauwels I (22), II (13) —, tous avec patho- logies intercurrentes neuropsychiatriques (32 %), médicales (68 %). Ont été étudiés : scores Katz, ASA, Parker, mental, lieu de vie initial, marche avant fracture. Le traitement a été initiale- ment fonctionnel (repos au lit quelques jours puis reprise de déambulation sans appui jusqu’à J45). Si un déplacement inter- venait, apprécié par radiographie de hanche de face tous les 10 jours jusqu’à J45, un traitement chirurgical par arthroplastie de hanche lui succédait. RÉSULTATS. Vingt-trois patients (65 %) ont présenté un déplacements secondaire [5 (J1-10), 8 (J11-20), 8 (J21-30), 2 (J31-40)] : 3 ont été contre-indiqués pour arthroplastie de han- che réalisée pour 20 (7 complications). Le taux de déplacement, fonction du stade [Garden I Pauwels I -63 %-, Garden I Pauwels II -75 %-, Garden II Pauwels I -75 %-, Garden II Pauwels II - 100 %], n’est pas fonction des classes d’âge. DISCUSSION. L’étude de la littérature permet d’apprécier cette thérapeutique et son apparente innocuité en respectant des critères radiologiques de direction du trait de fracture, de qualité osseuse. Elle montre que le taux de complication augmente en présence de maladie concomitante, ce qui entraîne un risque de déplacement secondaire et explique le nombre important de complications dans certaines séries. Aucune série rapportée aussi importante ne concerne des sujets aussi âgés. CONCLUSION. Le taux élevé de complications (65 %) de notre série nous oblige à reconsidérer le choix de traitement fonctionnel des fractures cervicales fémorales non déplacées des patients très âgés. Même si des critères clés de succès sont rap- portés et respectés, ils sont insuffisants pour ces patients. L’échec du traitement initial augmente la morbidité, dégrade les résultats du traitement secondaire, entraîne un coûteux délai de guérison retardé. Ce constat médico éthico économique devrait faire abandonner ce traitement pour ces patients. *Mohamed Hedi Mehrzi, Institut National d’Orthopédie M.T. Kassab, 2010 La Manouba, Tunisie. *Raoul Bertin, Service Orthopédie et Traumatologie, CHU de Nîmes, 30000 Nîmes. *Jean-Christophe Bel, Service de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique, Pavillon G, CHU Hôpital Edouard Herriot, place d’Arsonval, 69003 Lyon.

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Page 1: 265 Résultats actuels du traitement initialement fonctionnel des fractures non déplacées du col fémoral chez les patients très âgés : à propos de 35 cas

RÉSUMÉ DES COMMUNICATIONS 2S153

DISCUSSION. La revue de la littérature confirme la raretéde la lésion. Le diagnostic radiologique n’est pas toujours aisé.Les complications de la réduction sont nombreuses. L’attitudevis-à-vis du fragment détaché dépend selon le type de la lésion etdes lésions associées.

CONCLUSION. Il s’agit d’une lésion rare associée souvent àune luxation postérieure qui témoigne d’un traumatisme violentet qui conditionne l’évolution. Le traitement chirurgical n’estindiqué qu’en cas d’échèc du traitement orthopédique ou delésions associées.

264 Osthéosynthèse des fractures cer-vicales vraies déplacées chez lesujet de moins de 65 ans

Raoul BERTIN*, Pascal KOUYOUMDJIAN,Mohamed BAATI, Bernard MEGY,Pierre-Philippe MILL

INTRODUCTION. Le but de l’étude était l’évaluation desrésultats du traitement par ostéosynthèse des fractures cervicalesvraies très déplacées chez le sujet jeune.

MATÉRIEL ET MÉTHODES. La série comporte 44 patientsopérés pour fracture cervicale vraie Garden III ou Garden IV, parostéosynthèse. L’âge moyen de la série est de 53 ans avec desextrêmes de 28 à 65 ans. L’intervention a été réalisée avant ladouzième heure dans 29 cas (2/3 des cas). La technique a com-porté une réduction à foyer fermé dans 41 cas, une aide à laréduction par ouverture du foyer seulement dans 3 cas, uneostéosynthèse par vis/plaque THS.

RÉSULTATS. Les résultats ont été évalués pour les44 patients avec un recul minimal de 3 ans. La consolidation aété obtenue dans 40 cas dans un délai moyen de 4 mois. Aucundémontage du foyer n’a été déploré. Une nécrose osseuse de latête fémorale a été observée dans 8 cas, avec authentificationradiologique dès le 24e mois. Radiologiquement, 10 patients pré-sentaient une réduction imparfaite : parmi eux ont été déplorées4 nécroses secondaires et deux pseudarthroses. Parmi lespatients opérés avant la douzième heure, un seul cas de nécrose aété déploré.

DISCUSSION. L’ostéosynthèse des fractures cervicalesvraies déplacées (Garden III ou Garden IV) chez le sujet jeuneest licite au moins jusqu’à 65 ans. Le montage par vis/plaque estmécaniquement stable et permet une impaction inter-fragmen-taire le long de la vis. Elle permet, dans l’immense majorité descas, d’obtenir une consolidation avec un résultat fonctionnelexcellent et durable. Le risque de nécrose céphalique est infé-rieur à 20 % des cas : il est surtout lié à un retard de prise encharge et une insuffisance de réduction du foyer fracturaire,qu’un investissement chirurgical plus approprié peut permettred’améliorer.

265 Résultats actuels du traitement ini-tialement fonctionnel des fracturesnon déplacées du col fémoral chezles patients très âgés : à propos de35 cas

Jean-Christophe BEL*, Mohamed HAFEZ,Lionel ERHARD, David FORISSIER,Christine FRÉBAULT, Guillaume HERZBERG

INTRODUCTION. Le traitement des fractures cervicalesfémorales non déplacées des patients très âgés est un problèmedifficile par sa fréquence et ses conséquences (morbidité et effi-cience). Le résultat obtenu à court terme pour cette classe d’âgeaprès traitement initialement fonctionnel est peu rapporté. Cetteattitude peut elle être recommandée à la vue des résultatsobservés ?

MATÉRIEL ET MÉTHODES. De 2000 à 2002, une étudeprospective, consécutive, longitudinale a été réalisée chez35 patients de plus de 70 ans (âge moyen 81 ans, 87 % femmes,sex-ratio 7,75), présentant une fracture non pathologique du colfémoral, peu déplacée selon les classifications radiologiques —Garden I (30), II (5) ; Pauwels I (22), II (13) —, tous avec patho-logies intercurrentes neuropsychiatriques (32 %), médicales(68 %). Ont été étudiés : scores Katz, ASA, Parker, mental, lieude vie initial, marche avant fracture. Le traitement a été initiale-ment fonctionnel (repos au lit quelques jours puis reprise dedéambulation sans appui jusqu’à J45). Si un déplacement inter-venait, apprécié par radiographie de hanche de face tous les10 jours jusqu’à J45, un traitement chirurgical par arthroplastiede hanche lui succédait.

RÉSULTATS. Vingt-trois patients (65 %) ont présenté undéplacements secondaire [5 (J1-10), 8 (J11-20), 8 (J21-30),2 (J31-40)] : 3 ont été contre-indiqués pour arthroplastie de han-che réalisée pour 20 (7 complications). Le taux de déplacement,fonction du stade [Garden I Pauwels I -63 %-, Garden I PauwelsII -75 %-, Garden II Pauwels I -75 %-, Garden II Pauwels II -100 %], n’est pas fonction des classes d’âge.

DISCUSSION. L’étude de la littérature permet d’appréciercette thérapeutique et son apparente innocuité en respectant descritères radiologiques de direction du trait de fracture, de qualitéosseuse. Elle montre que le taux de complication augmente enprésence de maladie concomitante, ce qui entraîne un risque dedéplacement secondaire et explique le nombre important decomplications dans certaines séries. Aucune série rapportéeaussi importante ne concerne des sujets aussi âgés.

CONCLUSION. Le taux élevé de complications (65 %) denotre série nous oblige à reconsidérer le choix de traitementfonctionnel des fractures cervicales fémorales non déplacées despatients très âgés. Même si des critères clés de succès sont rap-portés et respectés, ils sont insuffisants pour ces patients.L’échec du traitement initial augmente la morbidité, dégrade lesrésultats du traitement secondaire, entraîne un coûteux délai deguérison retardé. Ce constat médico éthico économique devraitfaire abandonner ce traitement pour ces patients.

*Mohamed Hedi Mehrzi, Institut National d’OrthopédieM.T. Kassab, 2010 La Manouba, Tunisie.

*Raoul Bertin, Service Orthopédie et Traumatologie,CHU de Nîmes, 30000 Nîmes.

*Jean-Christophe Bel, Service de Chirurgie Orthopédiqueet Traumatologique, Pavillon G, CHU Hôpital Edouard Herriot,

place d’Arsonval, 69003 Lyon.