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Chick Corea Trio Chick Corea piano Eddie Gomez double bass Brian Blade drums 26.04. 2017 20:00 Grand Auditorium Mercredi / Mittwoch / Wednesday Jazz & beyond

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  • Chick Corea TrioChick Corea pianoEddie Gomez double bassBrian Blade drums

    26.04.2017 20:00Grand AuditoriumMercredi / Mittwoch / WednesdayJazz & beyond

  • Chick Corea, un Trio dans tous ses étatsFranck Bergerot

    Paru en décembre 1968, huit mois après son enregistrement, l’album « Now He Sings, Now He Sobs » révéla Chick Corea. Si l’on y décelait un certain goût pour l’abstraction sonore, qui s’épanouirait plus tard, ainsi qu’une certaine façon de synthétiser les héritages récents de Bill Evans et McCoy Tyner, l’album son-nait déjà comme un classique. Sur un répertoire entièrement ori-ginal, avec une rythmique d’exception (le jeune Miroslav Vitouš et le vétéran Roy Haynes), cette musique possédait déjà sa patine : elle n’avait rien de révolutionnaire en un temps où le free jazz renversait les autels et brûlait les icônes, mais elle était immédiatement identifiable comme ces vieilles tables que l’on reconnaît moins à leur forme qu’au toucher de leur bois travaillé par les années de services et d’encaustique. À quoi cela tenait-il ? À l’époque, on n’aurait su le dire. Et nul commentateur n’identi-fia les espagnolades déjà discrètement présentes dont on ferait plus tard la marque de fabrique de Corea, au risque de réduire son art à quelques clichés.

    Ce pianiste de 28 ans qui, pour de nombreux amateurs semblait sortir de nulle part, avait déjà derrière lui un copieux passé sur la scène afro-cubaine de New York pour laquelle il avait déserté la Juilliard School et mis fin à des études de piano classique com-mencées à l’âge de 8 ans. On l’entendit ainsi à partir de 1962 aux côtés de Mongo Santamaría, Willie Bobo, Joe Montego ou sur les faces « latines » de Sonny Stitt et Herbie Mann. S’il s’y prête à l’art du montuno cubain, il y montre aussi ce qu’il doit à Horace Silver et Bud Powell. Aussi, les auditeurs attentifs de ses premiers disques de jazz enregistrés auprès de Blue Mitchell,

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  • Pete LaRoca, Stan Getz ou Donald Byrd, et ceux qui ont eu connaissance en 1967 de son premier album en quintette, « Tones for Joan’s Bones », détenaient déjà bien des clés de « Now He Sings, Now He Sobs ».

    Il aurait pu s’en tenir là. Mais à l’automne 1968, Miles Davis l’invite à rejoindre son quintette et à abandonner le grand piano pour le piano électrique. Il y sympathise avec le contrebassiste Dave Holland et s’installe avec lui dans un immeuble déjà occupé par le saxophoniste David Liebman, lieu de jam sessions permanentes où il suffit de changer d’étage pour passer du free au rock dans un esprit de liberté et d’expérimentation extrême que Corea et Holland vont introduire chez Miles Davis, en totale complicité avec le batteur de Jack DeJohnette. Sur scène auprès de Miles Davis, Corea multiplie les extravagances sonores que permet son Fender Rhodes et dévoile un autre aspect de ses compétences en passant parfois à la batterie, instrument qu’il pratique depuis toujours au profit de son sens rythmique et des qualités percussives de son jeu.

    Chick Corea et Dave Holland quittent le groupe du trompettiste en 1970 pour transposer au trio acoustique cette veine expéri-mentale avec le batteur Barry Altschul, bientôt rejoints par le saxophoniste Anthony Braxton qui participe alors au second souffle de l’avant-garde free afro-américaine. Mais rapidement, le pianiste se sent prisonnier d’une impasse. L’expérience des grandes salles et des publics du rock qu’il a connue avec Miles Davis, l’influence du gourou Ron Hubbard et de son Église de Scientologie à laquelle il adhère, lui font ressentir le besoin d’une communication plus directe avec le public. S’ensuit d’abord, en 1971, un retour sur la noblesse de l’instrument avec les deux volumes de ses « Piano Improvisations » qui inaugurent la place qu’occupera le piano solo dans le catalogue ECM et que prolonge son duo avec le vibraphoniste Gary Burton (« Crystal Silence »). Puis, c’est le retour au piano électrique traité de façon plus limpide que chez Miles Davis. Il y revient à l’invitation de Stan Getz qui lui emprunte alors une partie de son nouveau

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  • Chick Corea

    photo: Dan Muse

  • groupe, Return to Forever, et le thème « La Fiesta », première espagnolade affichée et mise en évidence d’un caractère ludique et enjoué.

    La première mouture de « Return to Forever » fait encore la part belle à la limpidité des premiers disques ECM, les sonorités cris-tallines du Fender Rhodes épousant celles pastorales de la voix et de la flûte sous le titre évocateur de « Light as a Feather » (léger comme une plume). La suivante, avec l’album « Hymn of the Seventh Galaxy » est une réplique au succès du Mahavishnu Orchestra et à l’impression laissée par le groupe de John McLau-ghlin sur Corea. Même appétit de décibels, même frénésie de virtuosité instrumentale, remplacement de la voix par la guitare électrique, juxtaposition de l’orgue électronique et du synthéti-seur avec les pianos acoustiques et le Fender Rhodes, le tout avec une espièglerie qui se distingue des accents extatiques du Maha-vishnu. Au fil des disques (« Where Have I Known You Before », « No Mystery », « Romantic Warriors »), les ambitions formelles lorgnent de plus en plus vers le progressive rock anglais, de King Crimson à Yes et Genesis.

    Au milieu de la décennie, le jazz-rock s’essouffle, l’heure est à la fusion. Corea participe au retour vers la musique acoustique, en duo avec Herbie Hancock ou à travers une palette orchestrale de cuivres et de cordes sur « The Leprechaun », « My Spanish Heart » et « The Mad Hatter » où se mêlent tendances pop – voire « récréatives » – et influences classiques (Mozart, Debussy, Satie, Poulenc, Bartók) déjà perceptibles sous ses doigts, mais aussi sous sa plume lorsqu’en 1966 il composa son Trio for Flute, Bassoon and piano pour l’album du flûtiste Hubert Laws « Law’s Cause ». Cette veine affleurera périodiquement, que ce soit dans ses Children’s Songs (qui sont un peu ses Mikrokosmos), ses parti-tions pour orchestre de chambre, ses concertos, son interpréta-tion du Double Concerto pour piano et orchestre de Mozart avec Frie-drich Gulda.

    Lorsqu’au tournant des années 1980, il renoue avec le piano acoustique en solo (« Delphi », 1978), en duo avec Corea-Burton (« In Concert, Zurich », 1979) et en trio avec Vitouš et Haynes

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  • (double album ECM de 1981, « Trio Music »), on serait tenté de dire que la boucle est bouclée et qu’il ne lui reste plus qu’à décli-ner les facettes esthétiques d’une œuvre composite, mais dont la cohérence est assurée par un répertoire de tubes désormais atten-dus, d’une formule à l’autre, par son public : « Windows », « 500 Miles High », « Spain », « Captain Marvel », « La Fiesta », « My Spa-nish Heart », « Armando’s Rhumba »… Plus, à partir des années 1980, le recours aux standards, jusque-là largement négligés, ainsi que des emprunts récurrents et hommages à Thelonious Monk (le deuxième disque du double « Trio Music » lui était entière-ment dédié) et à Bud Powell (le quintette « Remembering Bud Powell » en 1997). Ainsi va-t-il désormais naviguer d’un réper-toire à l’autre, du jazz-rock au jazz-jazz, au contact de généra-tions successives : les quartettes acoustiques avec ses pairs les saxophonistes Joe Farrell, Michael Brecker ou Joe Henderson, les contrebassistes Eddie Gomez et Gary Peacock, les batteurs Steve Gadd et Roy Haynes ; l’Elektrik Band avec les nouveaux claviers électroniques et la jeune fusion des années 1980 (le saxophoniste Eric Marienthal, les guitaristes Frank Gambale et Scott Hender-son, plus le bassiste John Patitucci et le batteur Dave Weckl qui constitueront la rythmique du trio Akoustik Band en 1989) ; le sextette Origin qui rassemble en 1998 la génération dite du Smalls, du nom d’un club new-yorkais ouvert en 1993, où l’on découvre notamment le contrebassiste Avishai Cohen et le batteur Jeff Ballard.

    Ces dernières années, toujours avide de variété, c’est encore ses trios auprès desquels on vient chercher la quintessence de son art, deux disques majeurs ayant marqué sa discographie : « Tri-logy » avec Christian McBride et Brian Blade et « Further Explo-rations » avec Eddie Gomez et Paul Motian. Ce dernier disparu, Chick Corea a décidé d’associer Eddie Gomez et Brian Blade. C’est cette combinaison idéale que découvrira ce soir la Philha-monie. Elle ne devrait pas le regretter.

    Eddie GomezNé à San Juan (Porto Rico) en 1944, Eddie Gomez grandit à partir de sa deuxième année à New York, où il apprend le violon-celle puis, à partir de douze ans, la contrebasse. Deux ans plus

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  • tard, il étudie avec Fred Zimmermann, enseignant réputé, bassiste depuis 1930 du New York Philharmonic. En 1959 et 1960, Gomez apparaît sur la scène du Newport Festival au sein de l’or-chestre de jeunes dont le directeur voit déjà en lui un bassiste d’exception. Diplômé en 1963 de la Juilliard School où il côtoie notamment Itzhak Perlman et un certain Chick Corea, il entre dans l’Histoire en participant à l’irruption du free jazz sur le devant de la scène new-yorkaise au sein du quartette de Giuseppe Logan et de Paul Bley, s’y adonnant avec la ferveur de ses idoles, Charles Mingus et Scott LaFaro.

    Il honorera la mémoire de ce dernier en rejoignant le trio de Bill Evans en 1966, dans une veine à l’opposé de la table rase du mouvement free. « J’espère une collaboration sur la durée », confia le pianiste qui portait encore le deuil de LaFaro, disparu en 1961 alors qu’il faisait le grand écart entre le free d’Ornette Coleman et la révolution tranquille de Bill Evans. « Eddie est encore bouillon-nant, les idées transpirent. Il me rappelle Scott lorsque je l’ai entendu la première fois – il avait tant à dire, il jouait presque douze solos en un seul. » Onze années durant, Gomez jouera quasi exclusivement avec Evans, si l’on excepte sa collaboration épisodique avec le flûtiste Jeremy Steig à partir de 1967 et celles ponctuelles avec les jeunes frères Brecker en 1968 puis les premiers groupes de Jack DeJohnette.

    Lorsqu’il quitte Bill Evans, il accorde la primeur de sa liberté retrouvée à son vieux camarade de la Juilliard, Chick Corea, chez qui il donne la réplique à l’un des batteurs phare de la fusion, Steve Gadd (« The Lechepraun, Friends », puis quelques années plus tard « Three Quartets » avec Michael Brecker), avant de se rapprocher de Jack DeJohnette, ainsi que de la bande des Brecker et de Mike Mainieri qui deviendra le groupe Steps Ahead. Inu-tile de dresser la liste de ses collaborations : il est demandé par-tout, du mainstream à la fusion. On comprendra pourquoi, en l’écoutant ce soir avec Chick Corea : timbre clair, limpidité de la walking bass nerveuse, haletante, tendue, mais d’une belle mobi-lité mélodique, écoute de tous les instants et réactivité aux solli-citations, échappées solistes chantantes et dansantes. Avec un

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  • peu de chance, peut-être fera-t-il l’honneur à la Philharmonie de sa « Puccini’s Walk », autrefois au répertoire du trio avec Paul Motian… Un hommage non pas au compositeur, mais à Puccini Gomez, le chien terrier, qui savait reconnaître dès les premières notes l’air que lui avait dédié son maître.

    Brian BladeNé en 1970 à Shreveport en Louisiane où son père est pasteur de la Zion Baptist Church, Brian Blade étudie d’abord le violon à neuf ans, mais à l’approche de l’adolescence, il reporte son atten-tion sur la batterie dont joue son frère à l’église et commence à écouter les grands du jazz moderne. Les études supérieures le conduisent en 1988 à La Nouvelle-Orléans où il est profondé-ment marqué par les leçons et collaborations avec les musiciens locaux (du pianiste Ellis Marsalis, père de Wynton et Branford, aux batteurs David Lee et Johnny Vidacovich). À New York, remarqué dès 1992 aux côtés de Kenny Garrett, il devient l’un des batteurs de référence de la Smalls Generation au sein de la première rythmique de Joshua Redman avec Brad Mehldau et Christian McBride, auprès de Mark Turner et, à partir de 1997, à la tête de son Fellowship Band. S’y développe une musique d’une grande spiritualité qui plonge ses racines dans son expérience du gospel à l’église de son père, des musiques néo-orléanaises et de cultures communes aux musiciens du groupe entre pop et folk. On le verra d’ailleurs prêter ses baguettes aux disques de Joni Mitchell, Bob Dylan, Emmylou Harris et Norah Jones, ou les abandonner pour le chant et la guitare sur son disque « Mama Rosa » (2009).

    Mais c’est les baguettes bien en main qu’on le retrouve auprès de Chick Corea, des baguettes qui ont contribué à la réussite du quartette de Wayne Shorter depuis l’an 2000. Ses références sur l’instrument vont du jazz (Paul Barbarin, Herlin Riley, Elvin Jones, Paul Motian) au rock (John Bonham de Led Zeppelin, Levon Helm de The Band), soit des batteurs qui ont un « son ». D’une merveilleuse souplesse, qu’il s’agisse de déhancher une ballade sous ses balais, d’assurer la pneumatique d’un groove ou de faire voler quelque abstraction sonore de sa caisse claire à ses

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  • cymbales, il associe un art de mélodiste du rythme à celui d’un paysagiste de la percussion, avec un sens de la dynamique qui fait, d’une mesure à l’autre, se métamorphoser sa frappe de la douceur d’un coussinet de chaton au coup de patte grandiose d’un tigre. Avec ça, une attention au jeu de ses partenaires qui attise notre hâte de découvrir à la Philharmonie ce nouveau trio.

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  • Chick Corea, Eddie Gomez, Brian BladeRalf Dombrowski

    Eddie Gomez trat ein vielschichtiges Erbe an. Schließlich hatte Bill Evans in den frühen Jahren nicht nur mit Paul Chambers, sondern auch Scott LaFaro gearbeitet, dem genialischen, aber früh verstorbenen Visionär, der durch seine melodische, sich vom rhythmischen Korsett kreativ lösende Spielweise dem Kontrabass eine neue Rolle innerhalb des Combojazz gegeben hatte. Als der Meisterpianist 1966 nach einem Intermezzo von Chuck Israels am Bass neue Begleiter suchte, hörte er im New Yorker Village Vanguard einen 21jährigen Neuling in der Szene, der mit dem Bariton-Saxofonisten Gerry Mulligan gastierte und ursprünglich aus Puerto Rico nach New York gekommen war. Die federnde Leichtigkeit seiner Phrasierungen hinterließ bei Evans einen blei-benden Eindruck und so sprach er Eddie Gomez bei nächster Gelegenheit an, ob er mit ihm spielen wolle. Es kam zu ersten Aufnahmen wie «Simple Matter Of Conviction» und es wurde eine lange Zusammenarbeit daraus, die bis 1977 währte.

    Der Erbe von Scott LaFaro Für Gomez war diese Zeit Ritterschlag und Herausforderung zugleich. Denn zunächst galt es, die Ideen seines Vorbilds LaFaro fortzusetzen, dann aber in Kooperation mit Evans und – über einen längeren Zeitraum hinweg – dem Drummer Marty Morell daraus eine eigene Klangsprache zu entwickeln. Dabei half ihm eine Vielzahl von Erfahrungen, die er schon als Youngster etwa mit der Newport Youth Band, als Schüler und bald auch Beglei-ter der Pianistin Marian McPartland oder auch des Gitarristen Jim Hall gesammelt hatte. Vor allem aber schien Eddie Gomez

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  • schon damals über ein schier unerschöpfliches Reservoir an Einfällen und ein aufmerksames Ohr für die Entwicklungen der Zeit und die Errungenschaften der Kollegen zu verfügen. So hatte beispielsweise Oscar Pettiford, der ebenso gut Cello wie Kontrabass spielte, dem Instrument die kreative Nähe zur Klas-sik eröffnet. Charles Mingus holte den Blues und das schwarze Amerika in seinen Sound, Ron Carter fungierte als Impulsgeber der Modalität, Charlie Haden experimentierte einerseits mit der Auflösung der Form, aber auch der Politisierung der Musik, Dave Holland brachte jazzrockigen Punch mit.

    New York in den SiebzigernWenn man wollte, konnte man überall Veränderung entdecken und Gomez zog seine Schlüsse daraus. Er entwickelte sich einer-seits zum idealtypischen Begleiter swingboppender Gelassenheit mit romantischer Prägung, eben das, was Evans brauchte, spielte aber darüber hinaus viel mit seinem früheren Studienkollegen, dem Flötisten Jeremy Steig. Im New York der Siebziger wiederum jammten verschiedene Studio-Clicken wie um den Vibraphonisten Mike Mainieri und die umtriebigen Brecker Brothers um die Wette, denen er sich gerne anschloss. Als dann das Bill Evans Trio sich 1977 neu formierte und Marc Johnson den Bass-Job übernahm, orientierte Gomez sich um und konnte nun auf ein so umfassendes Ausdrucksspektrum zurückgreifen, dass er zu den gefragtesten Bassisten seiner Generation gehörte. Zwei Jahre später folgte der nächste Meilenstein in seiner Biografie, das Modern Fusion Quintett Steps Ahead, das ihn für ein Jahrfünft in Beschlag nahm, bevor Gomez beschloss, mehr unter seinem eigenen Namen zu machen.

    Der wilde ChickWährend seiner vielen Sessions und Kooperationen mit der Crème der modernen Jazzwelt begegnete ihm spätestens seit den ausgehenden Siebzigern immer wieder auch der Pianist Chick Corea, etwa als Gast der Bands des Saxofonisten Bennie Wallace, zu denen Gomez eine Zeitlang gehörte. Er war drei Jahre älter, aber ansonsten ähnlich vielseitig und interessiert an den aktuel-len Entwicklungen der Musik. Corea stammte ursprünglich aus

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  • Massachusetts und hatte neben frühem klassischen Musikunter-richt sein Handwerk in den Dixie-Bands seines Vaters gelernt. Kurz nach seinem 20. Geburtstag jedoch zog es ihn nach New York, wo er sich in der Latin-Szene an der Seite von Mongo Santamaria und Willie Bobo durchschlug, bevor er Mitte des Jahrzehnts auch mit Kollegen wie Herbie Mann oder Stan Getz arbeitete. Erste Platten erschienen, der Karrieresprung aber kam mit einer Empfehlung des Drummers Tony Williams, die ihn in die sich gerade grundlegend verändernden Bands von Miles Davis brachte. Der Trompeter mit dem großen Namen und dem noch größeren Anspruch war fasziniert von der archaischen Kraft, die die knospende Rockmusik vermittelte, und wollte diesen Geist auch in seine Combos holen. Corea stieß für Herbie Hancock zur Band, setzte sich ans elektrische Fender Rhodes und wurde Teil von legendären Aufnahmen wie «Bitches Brew» (1969).

    Miles and moreVon da an beschleunigte sich seine Karriere erheblich. Denn als Mitglied der Miles Davis Band gehörte er zu den amtlichen Visionären des Geschäfts und kam mit vielen neuen Kollegen zusammen. Gemeinsam mit dem Saxofonisten Anthony Braxton, Bassist Dave Holland und Drummer Barry Altschul testete Corea unter dem Namen Circle das freie Spiel aus. Zugleich wandte er sich der Entschleunigung zu und veröffentlichte Aufnahmen mit Piano-Solo-Improvisationen. Berühmt wurde bald darauf die Fusion-Band Return To Forever, die nicht nur Jazziges mit souli-gen, funkigen und rockigen Elementen kombinierte, sondern außerdem über den brasilianischen Percussionisten Arto Moreira Weltmusikalisches in das Konzept integrierte. Von 1978 an tat Corea sich mit seinem Vorgänger der Miles-Davis-Band Herbie Hancock zu einem sehr erfolgreichen Duo zusammen, dass meh-rere Platten und Tourneen lang das Publikum begeisterte. Er rief wechselnde Trios ins Leben, arbeitete mit Streichquartett, und so kristallisierten sich einige bevorzugte Kombinationen heraus, die in den folgenden Jahren immer wiederkehrten.

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  • Die kleinen GruppenDa war einerseits die Hinwendung zu Fusion und Jazzrock mit Combos wie der Chick Corea Electric Band, die in den Achtzigern als, wenn auch ein wenig artifizielles, Nonplusultra des Genres galt. Eine wichtige Linie blieben die Acoustic Bands wie Origin in den Neunzigerjahren, außerdem die Hinwendungen zu klas-sisch inspirierten und solistischen Programmen. Vor allem aber gab es immer wieder Duos, die aus dem Rahmen fielen. Mit dem Vibraphonisten Gary Burton zum Beispiel hatte Corea bereits früh das Meisterstück «Crystal Silence» (1973) abgeliefert, ein vorbildlich inspirierter Höhenflug musikalischer Kommunikation. Zu einem Liebling der Konzertsäle entwickelten sich darüber hinaus die Zwiegespräche mit dem Sänger Bobby McFerrin, die nicht nur gestalterisch brillant, sondern auch noch ungemein unterhaltsam waren. Und schließlich waren da die Trios, erst mit Miroslav Virtuos und Roy Haynes, später dann Avishai Cohen und Jeff Ballard an Bass und Schlagzeug, die als kompakteste Möglichkeit der kollektiven Gestaltung die Musiker herausforderten.

    Meister Blade aus LouisianaDie aktuelle Variante führt Chick Corea nun mit seinem alten Bekannten Eddie Gomez und einem Musiker der nächsten Generation zusammen, der zu den Alleskönnern seines Fachs gehört. Brian Blade stammt aus Louisiana, ist Sohn eines Baptis-tienpredigers und war als solcher bereits von Kindesbeinen an von Musik umgeben. Er trommelte als Jugendlicher in der Kirche, zog als Teenager nach New Orleans weiter und bewährte sich dort schnell an der Seite von Gleichaltrigen wie dem Trom-peter Nicholas Payton, aber auch im Umkreis von bereits arri-vierten Kollegen wie dem Marsalis-Clan. Ungemein begabt und versiert dauerte es nicht lange, bis nicht nur bekannte Größen der Jazzwelt wie Michael Brecker oder Herbie Hancock, sondern auch anspruchsvolle Persönlichkeiten des Pop- und Rockbusiness auf ihn aufmerksam wurden. Blade gehörte daher zu den Auf-steigern der Neunziger, war auf Platten und in Bands von Bob Dylan, Marianne Faithfull, Norah Jones oder Daniel Lanois zu

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  • hören, startete mit Fellowship 1998 aber auch eine eigene Band und wurde vor allem von Wayne Shorter in dessen Quartett geholt, dessen Rhythmus er bis heute bestimmt.

    Trio auf AugenhöheUnd so ist es kein Wunder, dass er auch mit Chick Corea zusam-mentraf und mühelos mit dessen Klangsprache harmonierte. Denn beide Künstler sind exzellente Zuhörer und legen bei aller gestalterischen Kompetenz darauf Wert, Musik aus der Gemein-samkeit heraus entstehen zu lassen. Als erster Schritt der Zusam-menarbeit entstand 2014 das Dreifach-Album «Trilogy», bei dem nicht Eddie Gomez, sondern dessen jüngerer, aber nicht minder souveräner Kollege Christian McBride den Bass spielte. Es doku-mentierte die Arbeit des Trios auf der Bühne von Österreich bis Japan und spannte den Bogen weit von klassischen Kompositio-nen wie etwa des russischen Expressionisten Alexander Skrijabin über Standards des American Songbooks bis hin zu Klassikern des modernen Jazz. Eddie Gomez nun bringt eine andere Farbe mit in die Band. Im Unterschied zu McBride, der als Stilist den Neunzigern entstammt und einen kräftigen, volltönend präsenten Ton bevorzugt, ist Gomez ein Meister der akustischen Feindiffe-renzierung und melodischen Eloquenz. Auch wenn Jahrzehnte vergangen sind, hat er sich bis heute das Emphatische bewahrt, mit dem er Evans half, dem Romantischen eine weite, große Form zu geben. Corea, Gomez und Blade ergeben damit ein Trio der improvisierenden Vielfalt, dem die Opulenz des Ausdrucks ebenso liegt wie die Schönheit des Details.

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  • InterprètesBiographies

    Chick Corea pianoChick Corea has attained iconic status in music. The keyboardist, composer and bandleader is a DownBeat Hall of Famer and NEA Jazz Master, as well as the fourth-most nominated artist in Grammy Awards history with 63 nods – and 22 wins, in addition to a number of Latin Grammys. From straight-ahead to avant-garde, bebop to jazz-rock fusion, children’s songs to chamber and symphonic works, Chick has touched an astonishing number of musical bases in his career since playing with the genre-shattering bands of Miles Davis in the late 1960s and early 1970s. Yet Chick has never been more productive than in the 21st century, whether playing acoustic piano or electric key-boards, leading multiple bands, performing solo or collaborating with a who’s who of music. Underscoring this, he has been named Artist of the Year three times this decade in the Down-Beat Readers Poll. Born in 1941 in Massachusetts, Chick remains a tireless creative spirit, continually reinventing himself through his art. As The New York Times has said, he is «a lumi-nary, ebullient and eternally youthful.» Chick’s classic albums as a leader or co-leader include «Now He Sings, Now He Sobs» (with Miroslav Vitous and Roy Haynes), «Paris Concert» (with Circle: Anthony Braxton, Dave Holland and Barry Altschul) and «Return to Forever» (with Return to Forever: Joe Farrell, Stanley Clarke, Airto Moreira and Flora Purim), as well as «Crystal Silence» (with Gary Burton), «My Spanish Heart», «Remembering Bud Powell», and «Further Explorations» (with Eddie Gomez and Paul Motian). A venturesome collaborator, Chick has teamed with artists from jazz legend Lionel Hampton to new-generation

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  • pianist Stefano Bollani, from banjoist Béla Fleck to vocal super-star Bobby McFerrin. Chick’s duo partnerships with Gary Burton and Herbie Hancock have endured decades. Chick’s 2014 release ranks as a new classic in his discography: «Trilogy», a live triple-disc set with bassist Christian McBride and drummer Brian Blade. Winner of two Grammys, the album documents this trio interpre-ting classic Chick compositions (such as Spain), plus previously unreleased pieces by the pianist (Piano Sonata: The Moon), an array of jazz standards and even a Prelude by Alexander Scriabin. All About Jazz noted: «This one certainly ranks among his most memorable trios… [Corea] has never been more active – and with albums as superb as «Trilogy»… clearly at the top of his game.» Rare for a ‹jazz musician›, Chick received the Richard J. Bogomolny Award from Chamber Music America in 2010, and he broke new ground as a composer with The Continents: Con-certo for Jazz Quintet and Chamber Orchestra, released in 2013 by a storied classical label, Deutsche Grammophon. Chick recorded his first album of solo piano in 1971, and he continued his intimate journey with the instrument on Solo Piano – Por-traits. For the 2013 album «The Vigil», Chick put together a new-era electro/acoustic quintet, featuring himself on keyboards and longtime associate Tim Garland on reeds, alongside some hot young players. For a sold-out international tour and live album in 2008, Chick reconvened his pioneering jazz-rock fusion band Return to Forever, which he founded in 1972. Then in 2011 a new version of Return to Forever – with Clarke, White, Jean-Luc Ponty and Frank Gambale – toured the world to acclaim, yielding the live CD/DVD «The Mothership Returns». Recently, Chick finds himself as active as he’s ever been. A major highlight of the year was Chick’s hugely acclaimed world tour with fellow piano legend Herbie Hancock, reuniting for their first full-scale tour as a duo since 1978. That first duet outing – just the pair of world-class musicians playing acoustic pianos – resulted in a pair of massively popular albums still viewed as benchmarks today. Corea & Hancock filled some of the greatest venues on the planet. Said Chick about the tour, «Herbie is my longtime friend, one of my most important teachers and big musical inspi-rations. To be able to share the stage each night with him is

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  • Chick Coreaphoto: Toshi Sakurai

  • such a highlight of the creative imagination for me.» His latest album, «Two», documents his constantly-evolving duet with Béla Fleck, the estimable banjoist.

    Eddie Gomez double bassLegendary bassist and two-time Grammy Award winner Eddie Gomez has been on the cutting edge of music for over four decades. His impressive resume includes performances with jazz giants such as Miles Davis, Dizzy Gillespie, Bill Evans, Gerry Mulligan and Benny Goodman. Eddie’s unique sound and style can be heard on many Grammy winning records as well as on hundreds of recordings spanning the worlds of jazz, classical, Latin jazz, rhythm & blues, popular and contemporary music. Born in 1944 in Santurce, Puerto Rico, Eddie moved to New York City with his family at an early age. His love of music led him to the double bass as a precocious 11-year old student in the public school system. Two years later he was accepted to the High School of Music and Art and soon began private studies with the great double bass teacher Fred Zimmerman. During these years, he performed with many professional dance bands and was a member of the Newport Youth Band led by Marshall Brown. By 18, he had performed with such jazz luminaries as Buck Clayton, Lionel Hampton, Marian McPartland and Paul Bley. Eddie continued his studies at the Juilliard School of Music, where his contemporaries included Chick Corea, Hubert Laws, James Levine, Itzhak Perlman, Paula Robinson and Gary Karr. By the end of his third year of school, he dreamed of a career as a performing jazz musician. Later that summer he joined with Gary McFarland and soon after the Gerry Mulligan Quintet.In the spring of 1966, both Mulligan’s group (with Eddie on bass) and the Bill Evans Trio performed for a week at the famed Village Vanguard. That week at the Vanguard changed Eddie’s life forever. When Bill Evans heard the young phenomenon, he practically hired him on the spot. Bill called a few weeks later and Eddie’s dream had been realized. At age 21, he was the

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  • bassist with the Bill Evans Trio – and rose quickly to fame. Time magazine declared in its review of the trio’s first recording, «Eddie Gomez has the world on his strings.» Joining the Bill Evans Trio was a turning point in Eddie’s career. He had arrived in a big way and the jazz community took notice. For 11 years, Eddie played an integral role in the Bill Evans Trio’s sound and evolution. This period of vast artistic growth with Bill Evans included performances throughout the United States, Europe, South America and Asia, as well as dozens of recordings – two of which won Grammy Awards. During this time, Eddie also realized another dream performing on many occasions with the great Miles Davis, in the Davis quintet that also featured Wayne Shorter, Herbie Hancock and Tony Williams. In 1977, Eddie left the Evans Trio to explore new musical territory. For the next decade, he performed in many diverse musical contexts, working with Dizzy Gillespie, Freddie Hubbard, George Benson, McCoy Tyner, Hank Jones, Nancy Wilson, Tanya Maria, the All Star groups Steps Ahead and New Directions and many others, as well as on Grammy-winning recordings with Chick Corea. In the classi-cal music world, Eddie has been a guest artist with The Kronos Quartet, Tashi Ensemble, Japanese marimbist Mika Yoshida and clarinetist Richard Stoltzman. His recordings with Stoltzman have included «Begin Sweet World» and most recently «The Goldberg Variations» and other pieces by Johann Sebastian Bach. At Car-negie Recital Hall, Eddie premiered a musical piece written spe-cifically for him by William Thomas McKinley. In popular music, Eddie has performed and recorded with artists such as Bobby Darin, Tim Hardin, Carly Simon, Art Garfunkel, Mark Knopfler, Michael Franks, Judy Collins and Jennifer Holliday. He has also been a member of The Gadd Gang, Steve Gadd’s All Star R&B/jazz band. Today, Eddie tours and records with his own group which he formed in 1992 with pianist Stefan Karlsson and legen-dary drummer Jimmy Cobb. The group’s recordings include «Live in Japan», «Dedication» and «Uptown Music». He com-poses for his own projects as well as for film and television most notably for the prize-winning William Steig animation The Amazing Bone. Eddie’s recordings as a leader include «Next Future», «Outlaws», «Live in Moscow», «Street Smart», «Power

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  • Play», «Discovery», «Gomez», «Down Stretch», «What’s New at F», «Palermo» and «Trio». The recordings feature guest artists including Michael Brecker, Richard Tee, Randy Brecker, Al Foster, Steve Gadd, Chick Corea, Jeremy Steig, Jack McDuff and John Abercrombie. His recordings co-led with pianist Mark Kramer include «Entropy», «Fiddler on the Roof» and «Art of the Heart». In 2006, his DVD «An Evening with Eddie Gomez» was released – with Eddie and Mark Kramer performing and lecturing on the intricacies and dynamics of improvisation.

    Eddie Gomezphoto: Andrea Canter

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  • Brian Blade

  • Brian Blade drumsBrian Blade, the multi-talented young veteran, is already widely respected in the jazz world as drummer/composer/leader of Brian Blade and The Fellowship Band, with whom he has released three albums. He is also known as the drummer for many heroes of the music world, including Daniel Lanois, Joni Mitchell, Bob Dylan, Wayne Shorter, Seal, Bill Frisell and Emmylou Harris. Brian Blade was born on July 25, 1970 in Shreveport, Louisiana. His mother, Dorothy Blade is a retired kindergarten teacher and his father, Brady L. Blade, Sr. is the pastor of the Zion Baptist Church in Shreveport. During his childhood, Brian would hear Gospel music in his everyday life, as well as the music of Al Green, Stevie Wonder, Earth, Wind and Fire, and the Staple Singers. In elementary school, his music appreciation teacher, Lucy Bond, introduced her students to the music of Maurice Ravel and in this class, Brian would play the recorder and various melodic percussion instruments associated with the Carl Orff pedagogy. From about age nine to age thirteen, Brian played violin in the school orchestra and continued to play until following in the footsteps of his older brother, Brady l. Blade, Jr. who played the drums in the Zion church. During high school, both Brady, Jr. and Brian were stu-dents of Dorsey Summerfield, Jr. and performed as part of Dorsey’s professional group, the Polyphonics. During this time and through his experience with Mr. Summerfield, Brian began listening to the music of John Coltrane, Charlie Parker, Miles Davis, Art Blakey, Thelonious Monk, Elvin Jones, and Joni Mitchell. In 1988, Brian moved to New Orleans to attend Loyola Univer-sity. It was at this time that Brian would become friends with Jon Cowherd. Both Brian and Jon were able to study and play with most of the master musicians living in New Orleans, including: John Vidacovich, Ellis Marsalis, Steve Masakowski, Bill Huntington, Mike Pellera, John Mahoney, George French, Germaine Bazzle, David Lee, Jr., Alvin Red Tyler, Tony Dagradi and Harold Battiste. There were many inspiring musicians living and visiting New Orleans who helped Brian in his development. Some of these friends are Chris Thomas, Peter Martin, Nicholas Payton, Antoine Drye, Martin Butler, Delfeayo Marsalis, Joshua

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  • Redman, Harry Connick, Jr., Gray Mayfield, Marcus Roberts, Victor Goines and Daniel Lanois. In 1998, Brian and Jon Cowherd began recording their own music with the group Fellowship. The band members are Chris Thomas, Myron Walden, Kurt Rosenwinkel and Melvin Butler. They have released three albums together – «Fellowship» and «Perceptual», both on Blue Note, and the 2008 Verve recording, «Season of Changes». Since 2000, Brian has been part of the Wayne Shorter Quartet with Danilo Perez and John Patitucci. His 2009 album «Mama Rosa» marked a new endeavor for Blade: a lovingly crafted, emotionally affecting song cycle that’s deeply rooted in a rich vein of personal experience. «All That Was Yesterday», «You’ll Always Be My Baby» and «Nature’s Law» show Blade to be a soulful and expressive vocalist and a songwriter capable of ren-dering evocative stories that resonate with insight and empathy. «Revealing more of ourselves is always daunting», says Blade, «but I feel like I need to keep challenging myself and peeling away layers to get to the core of who I am and what I have to offer.»

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