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La SFO-LA est affiliée à la S.F.O. (Association régie par la loi de 1901 et agréée par le Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables) Siège national : 17, Quai de la Seine 75019 PARIS Chez J.-M. BERGEROT 12, rue du Grand Verger 54000 NANCY Tél: 03 83 28 00 34 de LorraineAlsace http ://www.sfola.fr/ Bulletin de la Société Française d’Orchidophilie ISSN 1961 - 7313 2012 de Lorraine-Alsace

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Page 1: ISSN 1961 - 7313 Bulletin de la Société Française · 3 1 Composition du bureau Président : Jean -Marie BERGEROT, 12 rue du Grand Verger, 54000 NANCY courriel : jean -marie.bergerot@numericable.fr

La SFO-LA est affiliée à la S.F.O. (Association régie par la loi de 1901 et agréée par le

Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables)

Siège national : 17, Quai de la Seine – 75019 PARIS

Chez J.-M. BERGEROT

12, rue du Grand Verger

54000 NANCY

Tél: 03 83 28 00 34

de Lorraine–Alsace

http ://www.sfola.fr/

Bulletin de la Société Française

d’Orchidophilie

ISSN 1961 - 7313 2012

de

Lorraine-Alsace

Page 2: ISSN 1961 - 7313 Bulletin de la Société Française · 3 1 Composition du bureau Président : Jean -Marie BERGEROT, 12 rue du Grand Verger, 54000 NANCY courriel : jean -marie.bergerot@numericable.fr

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Sommaire

Le mot du Président 2

Composition du bureau 3

Mots croisés 4

Le coin du cartographe 5

Spiranthes cernua, une orchidée qui se plaît les pieds dans l’eau 16

Escapades germano-autrichiennes 20

Escapades vosgiennes 24

Sortie du 1er mai 2011 – Mont de Sigolsheim et Grasberg 28

Abbé G. Jeanbourquin, un orchidophile passionné 32

Photos couleur 39

Petite histoire d’Hammarbya paludosa (L.) O. Kuntze en France 41

Erasanthe henrici, représentant d’un nouveau genre malgache 66

Bal(l)ade pour une polonaise 68

Exotic’Infos 72

Programme des activités 2012 3ème de couv.

Illustrations

Photos : Sauf mention contraire, les photos sont des auteurs des articles.

Dessins :

1ère de couverture : Frédéric Rexer.

Photo de couverture :

Neotthiante cucullata ; Augustow ; 30/7/2010 - Ph. David Prusa

Article p. 68

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Le mot du Président

Le temps exceptionnellement chaud, sec et ensoleillé du printemps dernier n’a pas été sans

avoir des répercussions sur la végétation en général et les orchidées en particulier. Les températures

plus élevées qu’à l’accoutumée ont entraîné un développement plus rapide et la floraison précoce de

certaines espèces. Sur d’autres, le dessèchement du sol a eu des effets délétères en provoquant leur

flétrissement précoce avant qu’elles n’aient terminé leur croissance. Dans ce dernier cas, des réper-

cussions sont à prévoir l’année prochaine puisque, dans ces conditions d’aridité, beaucoup de plantes

n’ont pu reconstituer suffisamment de réserves dans leurs racines tubéreuses ou leur rhizome.

Ces dérèglements pourraient se reproduire dans l’avenir, et sans doute s’amplifier, puisque nous

sommes incontestablement dans une période de réchauffement climatique. Les études semblent mon-

trer, malgré le scepticisme de certains, qu’il est à mettre en rapport avec les gaz à effet de serre

d’origine humaine. Certes, la Terre, au cours de son histoire, a connu de nombreux changements

climatiques importants que l’on explique par les variations de l’activité solaire et de l’inclinaison du

globe ainsi que par le volcanisme. Mais les modifications actuelles sont trop rapides pour qu’on puisse

les attribuer simplement à des causes naturelles.

Toujours est-il que de nombreuses sorties ont dû être annulées et, tout naturellement, elles ont

été, pour la plupart, reconduites cette année.

ooOoo

À la SFO-LA, il y a des adhérents qui pratiquent la culture des orchidées exotiques et peut-

être d’autres qui souhaiteraient s’y adonner. J’ai souvent regretté, ici ou au cours des assemblées

générales, que nous ne leur proposions pas d’activités spécifiques et que les articles qui leur étaient

consacrés dans notre bulletin soient trop rares. Peine perdue, mes appels n’ont pas été entendus. De

même, quand on constate l’engouement du grand public pour les orchidées, il est déplorable que nous

n’ayons pour ainsi dire pas mené d’actions envers lui. Certes, nous avons bien proposé une séance de

conseils de culture il y a quelques années mais, surpris par l’affluence, nous avons eu du mal à nous

organiser. Si nous n’avons pas renouvelé l’expérience, c’est tout simplement parce que le jardin

botanique a repris l’activité à son compte.

Et ce qui devait arriver arriva… Fin novembre, j’ai appris par la presse qu’une nouvelle associa-

tion venait de se créer. Elle souhaite rassembler les amateurs, organiser des réunions mensuelles,

intervenir dans les jardineries et participer à des expositions, autrement dit, toutes choses que nous

aurions été capables de proposer nous-mêmes si des volontaires avaient bien voulu se manifester…

À notre actif, il y a tout de même les expositions auxquelles nous avons participé, que nous

avons organisées et que nous organiserons encore comme celle qui se tiendra à Mirecourt du 21 au 23

septembre prochain. Dans la capitale de la lutherie française, les orchidées seront tout naturellement

associées à la musique. Nous aurons besoin d’aide tout au long de la manifestation, mais également pour

le montage ainsi que pour le démontage, et nous espérons que vous serez nombreux à nous apporter

votre concours.

ooOoo

Le Conseil d’Administration vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d’année et vous présente,

ainsi qu’à ceux qui vous sont chers, ses meilleurs vœux de bonne et heureuse année en espérant que les

orchidées continuent à vous apporter beaucoup de satisfactions.

Jean-Marie Bergerot

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1

Composition du bureau

Président : Jean-Marie BERGEROT, 12 rue du Grand Verger, 54000 NANCY

courriel : [email protected] 03 83 28 00 34

Vice-président : poste vacant

Secrétaire : Henri MATHÉ, 3 rue de Guebwiller, 68840 PULVERSHEIM

courriel : [email protected] 03 89 48 21 03

Secrétaire-adjoint : Patrick PITOIS, 60 rue de Honolulu, 88600 BRUYERES

courriel : [email protected] 03 29 50 14 83

Trésorière : Monique GUESNÉ, 6 rue de l'Echo, 54370 MAIXE

courriel : [email protected] 03 83 70 80 42

Trésorier-adjoint : Jean-Louis BARBRY, 6 rue de Mirecourt, 88130 HERGUGNEY

Courriel : [email protected] 06 88 82 48 72

Comité de rédaction :

Directeur de la publication : J.-M. Bergerot.

Conception et mise en page : H. Mathé.

Comité de lecture : J.-M. Bergerot, M. Guesné, H. Mathé.

Envoi des articles : Henri Mathé (voir coordonnées ci-dessus).

Publication annuelle gratuite réservée aux adhérents de la SFO-LA.

Avis aux auteurs

Toute personne, membre de la SFO-LA ou non, peut proposer un article en vue de publication dans

notre bulletin.

Le comité de rédaction se réserve le droit :

- d’accepter ou de refuser les articles qui lui seront proposés,

- de proposer aux auteurs les modifications qu’il jugerait nécessaires,

- de choisir, en fonction de leur qualité et de la place disponible, les illustrations jointes aux articles.

En tout état de cause, la publication d’un article reste sous l’entière responsabilité de son auteur et

n’implique en rien que la SFO-LA cautionne les opinions émises par l’auteur.

La reproduction des articles publiés n’est autorisée qu’après accord écrit.

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1

Jeu

Mots croisés – Jean-Marie Bergerot

I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

Horizontalement

1. Qui se flétrissent sur la plante sans se

détacher.

2. Pins de montagne. Produit en même temps que

le gruyère.

3. Telle une pelouse de haute altitude. Sans

quoi.

4. Prélevées. Ordinateur.

5. Sur des cadrans. Possessif. En sourdine.

Lettre de l’alphabet arménien.

6. Sels présents dans la lie du vin. Rappeur.

7. Telle une réussite éclatante.

8. Proche de l’unau. La Terre déifiée.

Préposition.

9. Ville de Palestine. Commune du Var (2 mots).

10. Partie centrale d’un bouclier. Appareil de

gymnastique.

11. Cerveau moyen.

12. Perte de la sensibilité locale ou générale.

Verticalement

I. Procédé de reproduction conforme des

plantes.

II. Conifère sud-américain. Dans la dent.

III. Celle des vents n’a pas d’odeur. Participe.

Ville du Liberia.

IV. Dont la pollinisation s’effectue dans la fleur

fermée.

V. Article arabe. Goutte de liquide organique.

Dans le bâtiment.

VI. Isolé. Extrémité de l’appareil. Le repaire de

Nessie.

VII. Jeu vidéo. De Lesseps a percé celui de

Suez. Fin de participe.

VIII. Poètes anciens sur le retour. Période de

temps.

IX. Viens au monde. Lévrier.

X. Soutien d’un navire en construction. Contrat

pouvant être passé avec ERDF.

XI. Réitère une question à l’envers. Article

espagnol.

XII. Concomitants.

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Le coin du cartographe

Alain Pierné *

Cet article se propose de faire le point sur la

cartographie des orchidées alsaciennes en cette

année 2011 et encourager la recherche pure car

s’il est évidemment intéressant d’aller sur les

bons « spots », en jargon d’aujourd’hui, c’est une

toute autre récompense que de découvrir une

nouvelle station ou d’en redécouvrir une an-

cienne, faisant ainsi à la fois progresser la con-

naissance des espèces et leur protection :

- recherche des espèces rares avec évaluation

de leur statut actuel,

- nouvelles stations et mise à jour par communes

pour les autres espèces plus fréquentes, grâce à

la prospection de secteurs méconnus (Val-de-

Villé et Alsace bossue notamment) et de milieux

favorables mais souvent négligés en fin de sai-

son (forêts à épipactis en juillet-août).

Je rappelle ici que le cartographe peut, sur

simple demande, fournir les informations confi-

dentielles nécessaires pour prospecter un sec-

teur ou rechercher une espèce (données histo-

riques notamment, c’est-à-dire avant 1980).

A cet égard, je recommande la consultation de la

nouvelle cartographie en ligne sur le site web de

la SFO-LA qui indique :

- d’une part les carrés et communes de présence

pour chaque espèce (au delà de 1980),

- d’autre part sur simple clic toutes les espèces

d’orchidées observées sur le carré de réfé-

rence.

Ainsi ce ne sont pas moins de 175 « nouvelles »

stations qui ont été signalées en 2011 (inédites

ou redécouvertes).

Les espèces rares en Alsace :

Il ne sera pas question ici d’espèces introduites

comme Ophrys aymoninii à Bouxwiller/Bas-Rhin

et Gymnadenia rhellicani/austriaca au Hohneck

et Grand Ballon/Haut-Rhin.

A chaque fois que cela est possible, la situation

alsacienne est comparée à celle des régions et

pays voisins (länder allemands et cantons suisses

essentiellement).

ANACAMPTIS CORIOPHORA / Menace pour

l’espèce (voir article complet in bulletin SFO-LA

2006)

Rappelons que l’espèce, disparue dans le Haut-

Rhin, a été redécouverte dans le Bas-Rhin à

Dossenheim-sur-Zinsel en 2000 à la suite d’une

étude d’impact pour un futur aménagement rou-

tier et observée en 2001 lors d’une prospection

SFO-LA.

Depuis, peu d’évolution dans cette station qui

abrite de 3 à 5 pieds seulement, malgré un ac-

cord officieux avec l’exploitant (précisons que la

recherche dans un pré de fauche reste délicate

et peut être contreproductive par le piétine-

ment occasionné).

L’annonce d’une demande de mesures compensa-

toires à la LGV du tunnel de Saverne a laissé

planer un espoir début 2011 : les sites de Dos-

senheim et Neuwiller-lès-Saverne ont été pro-

posés à la Société de Génie Civil concernée, le

site acquis devant être ensuite confié au Con-

servatoire des Sites Alsaciens.

Mais en août 2011, l’aménagement foncier et

agricole avec inclusion d’une liaison routière Sa-

verne-Bouxwiller vient d’être décidé par le Con-

seil général. La présence de parcelles à orchi-

dées et d’oiseaux rares nicheurs serait prise en

compte : les parcelles seraient dans la mesure

du possible préservées. Un responsable local du

CSA me précise qu’elles sont heureusement à

l’écart du futur périmètre routier.

A suivre donc…

ANACAMPTIS PALUSTRIS / Une dernière sta-

tion

Connu du Bas-Rhin depuis les années 1850 et

considéré comme encore commun dans les an-

nées 1950, il ne subsiste plus que dans un seul

site protégé par le CSA, à Rossfeld.

Dans cette localité, la population est fluctuante

de 60 pieds en 1975 à 4 en 1985 puis près de 50

en 1996 et 0 à 12 dans les années 2000 à 2011).

N. B : H = mention d’herbier

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Il était présent dans les secteurs de :

- Strasbourg : Citadelle et glacis (1880), Ost-

wald (H1903 et 1963), Illkirch-Graffenstaden

(H1903, encore cité en 1966 avec 1 pied).

- Krautergersheim : 1968 et 1980 avec quelques

pieds, Blaesheim (redécouverte en 2005 d’un

pied, sans suite), Hindisheim (H1898, l’indication

2005 correspond à Blaesheim), Geispolsheim

(sur le site CSA du Lottel, vu de 1974 à 1980,

non revu depuis 1985).

- Benfeld : cité dès 1860, (H1907 et H1951),

Herbsheim (H1897 et H1948-50, commun de

1947 à 1950, non revu après 1964), Witternheim

(H1904, 1 pied en 1975).

- Sélestat : 1932, Muttersholtz (H1906), Oh-

nenheim (de 1858 à 1974 avec H1858 et H1954)

où il est signalé comme abondant en 1956 ! Hil-

senheim (H1913, 1969 à 1984, de 4 à 20 pieds

cités).

A noter, une station isolée à Jebsheim (1932).

Absente du nord-est de la France et même du

nord de la Suisse, l’espèce est par contre moins

rare en Bade-Wurtemberg avec une belle popu-

lation dans le marais d’Ichenheim notamment

(plus de 200 pieds les années favorables).

CORALLORHIZA TRIFIDA / De nouvelles sta-

tions

Après la redécouverte récente d’une station

vosgienne en 2008 à Rochesson (bulletin SFO-

LA 2009) qui s’ajoute au site bien connu des

Rochires de Gérardmer, dans ce même départe-

ment, visité en 2005 (Bulletin SFO-LA 2006) et

la découverte de nouvelles stations alsaciennes à

Orbey-Lapoutroie (Haut-Rhin) en 2006 qui

s’ajoutent aux sites classiques de l’étang du De-

vin proche et de Stosswihr (cf. épipogon), l’es-

pèce, difficile à repérer toutefois, paraît moins

rare.

En effet, en 2011, une prospection commune

avec des responsables du Parc des Ballons a

permis de découvrir 3 nouvelles populations sur

le site du Surcenord visité déjà en 2005 (Bulle-

tin SFO-LA 2006), en compagnie de Listera cor-data. Par contre, les recherches menées en 2010-2011

sur l’ancien site haut-rhinois de la Werschmatt

à Kruth et la station vosgienne de Vagney (FC de

Gerbamont) ont été vaines ; elles auront permis

cependant de faire avancer la protection d’une

partie du site de Kruth par le CSA (avec notam-

ment Dactylorhiza maculata et D. majalis).

N. B. : Une ancienne flore la signalait en Haute-

Saône à Château-Lambert, et à ma grande sur-

prise, dans le Bas-Rhin à Grendelbruch (lieu-dit

Hohbuhl).

Signalons enfin que si elle est abondante en

Bade-Wurtemberg, l’espèce a disparu du Bene-

lux.

EPIPACTIS HELLEBORINE subsp. MINOR /

Une population importante et de nouvelles sta-

tions

La floraison de cet Epipactis helleborine tardif

a débuté plus tôt que d’habitude en 2011, avec

les premiers pieds en tout début de floraison

dès mi-juillet.

Des prospections communes avec Christian Dir-

wimmer de l’AROS puis un relevé exhaustif par

ce dernier des populations, assez nombreuses

cette année, ont permis de mieux cerner le

taxon et sa variabilité et d’en découvrir de nou-

velles stations grâce aux conseils avisés du fo-

restier local Laurent Fassel, membre de la SFO-

LA :

- secteur de La Petite–Pierre (Bas-Rhin) :

Wimmenau avec plus de 80 pieds ;

Wingen-sur-Moder avec plus de 30 pieds ; Wei-

terswiller avec 50 pieds.

- secteur d’Oberhaslach (Bas-Rhin) :

Still, 3 stations dont 1 nouvelle importante avec

200 pieds cumulés sur les 3 sites et Niederha-

slach, 2 nouvelles stations avec 20 pieds.

Enfin, un comptage personnel à Osenbach (Haut-

Rhin) a révélé 15 pieds.

Quant à la station de Wangenbourg-Engenthal

(Bas-Rhin), avec 2 pieds seulement en 2011, elle

mériterait un meilleur suivi du fait des milieux

favorables et de sa proximité avec la Moselle.

Une première conclusion s’impose : la présence

en Alsace d’une importante population de ce

taxon entre le 15 juillet et le 15 août !

Une sortie commune avec des membres de

l’AROS et de la section AHO du Bade-

Wurtemberg a permis en août 2011 de mieux

cerner cette population et de la comparer avec

le « nouveau » taxon, Epipactis moratoria décrit

par Riechelmann et Zirnsack en 2008 (cf. site

Internet AHO Bayern-Epipactis moratoria).

La situation de notre taxon a considérablement

évolué depuis mon article récent (in bulletin

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SFO-LA 2011) où je signalais déjà l'embarras de

nos voisins d'Outre-Rhin.

Dans un premier temps, après la découverte

d'une nouvelle sous-espèce dite moratoria en

Grêce (in JEO décembre 2009), les populations

découvertes en Bade-Wurtemberg ont été bap-

tisées moratoria (in JEO avril 2011). Dans un

second temps, dans un tout récent article (in

JEO décembre 2011), c'est la sous-espèce minor

qui est reconnue. L'article compare, avec ta-

bleaux et mesures à l'appui, des populations

allemandes, françaises (Wimmenau et Weiters-

willer - 67) et grecques et conclut que toutes

ces populations doivent être rapportées à la

sous-espèce minor.

Quoi qu’il en soit, l’important est de mieux cer-

ner et recenser cette population d’Epipactis helleborine tardif présent essentiellement dans

les Vosges du Nord.

EPIPOGON APHYLLUM / Une espèce capri-

cieuse

- en Alsace :

Rare et épisodique, dans le Haut-Rhin unique-

ment, avec 2 stations où il se maintient en

nombre à Stosswihr. Rappelons que ce biotope

fragile bénéficie d’un Arrêté de Protection de

Biotope, et reste interdit d’accès sauf autorisa-

tion de la commission scientifique de la Réserve

du Frankenthal-Missheimlé) et en petit nombre

à Pfaffenheim avec un maximum de 24 pieds en

2007 (13 pieds en 2011).

Malgré des recherches régulières à Masevaux

(quelques pieds en 2007 au dessus d’Houppach),

Osenbach (Borne jaune près du Firstplan – indi-

cation historique), Soultzeren (quelques pieds en

2005 au Murbachmatt), Stosswihr (lac de

Fischboedle), Wihr-au-Val (4 pieds découverts

en 2006 au Mittelbuehl) et Wintzenheim (Fon-

taine des dames - indication historique), l’espèce

n’a plus été revue en ces lieux. Deux mentions

imprécises restent à vérifier : vallée de la Lu-

celle derrière Winkel et Eguisheim (derrière les

châteaux), indication qui renvoie certainement à

celle de Wintzenheim.

- régions limitrophes :

Il en est de même dans le Territoire de Belfort

proche : redécouverte à Lepuix au Saut de la

Truite en 2008 (Bulletin SHN de Montbéliard

2009) et toujours sur la même commune dans le

bois des Sombres Mousseux avec 1 pied en 2008

et 4 en 2009 (Bulletin SHN de Montbéliard

2010), l’espèce n’est pas réapparue depuis mal-

gré des recherches régulières.

En Lorraine, une seule station, aujourd’hui dispa-

rue, a été signalée en Meurthe-et-Moselle, à

Allondrelle-la-Malmaison, non loin de la station

luxembourgeoise de Walferdange, (in bulletin

Ferrantia 111 de 2010). Il faut dire que les 7

pieds observés lors de la sortie botanique de

1892 ont tous été récoltés !

L’espèce serait présente dans le département

des Vosges avec une observation non confirmée

à Belbriette près de Xonrupt-Longemer et une

ancienne mention dans la forêt de Noiregoutte à

Rochesson.

De même, une observation « non communiquée »

(sic) dans le secteur du Ventron (Haut-Rhin)

reste à vérifier…

N. B. : L’épipogon est plus « répandu » en Bade-

Wurtemberg (cf. carte de répartition sur le site

web Floristischen Kartierung Baden-Wurtem-

berg) notamment en forêt d’Hüfingen avec plu-

sieurs centaines de pieds les bonnes années (in

bulletin SFO-LA 2007).

Une remarquable population a également été

découverte le 19 juillet 2000, en Suisse voisine

près de Balstahl, dans le canton de Soleure (plus

de deux cents pieds les années favorables).

GYMNADENIA ODORATISSIMA / Une station

unique

L’espèce se maintient sur le site du Rangenberg

de Dorlisheim (Bas-Rhin) où elle a été suivie

depuis 1946 par Roger Engel notamment. Malgré

des demandes réitérées et d’après de récentes

informations (com. pers.), la commune ne sou-

haite pas classer la colline en Réserve naturelle

régionale et préfère la gérer elle-même. Signa-

lons que le site renferme par ailleurs une belle

population d’orchidées (cf. infra Communes).

Bas-Rhin

Historiquement, Gymnadenia odoratissima était

présent dans les rieds ello-rhénans et dans les

collines sous-vosgiennes.

Sites des rieds : Benfeld, Daubensand, Eschau,

Herbsheim (site CSA actuellement), Illkirch-

Graffenstaden, Rossfeld (site CSA) avec une

planche de l’herbier Strasbourg de 1937 et de

l’herbier Engel de 1971.

Sites des collines : Barr, avec une planche de

1892 de l’herbier de Strasbourg et l’indication

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300 m (un site CSA dans ce secteur), Molsheim,

Mutzig (planche de 1828, annotée Dreispitz),

Nordheim, Rosenwiller (au Katzenberg près du

site CSA), Scherwiller, Wolxheim (à la Zorn).

Haut-Rhin

L’espèce n’a pas été retrouvée dans sa dernière

station au Blochmont de Kiffis où elle a été si-

gnalée de 1913 à 1988 (dernière observation par

M. Rohmer) avec une planche de l’herbier Engel

de 1971. Le site a été plusieurs fois prospecté

ces dernières années, mais sans succès.

Excepté une station plus au nord au Florimont

d’Ingersheim, bien connue des botanistes (avec

une planche d’herbier de Strasbourg de 1929),

elle était surtout présente dans le Sundgau, en

plaine à Blotzheim, Huningue et sur collines du

Jura alsacien à Lutter, Riespach, Willer.

L’espèce est présente sur 2 stations lorraines

notamment à Villouxel (Vosges in bulletin SFO-

LA 2011) et redécouvert plus récemment à

Pargny-sous-Mureau (Vosges in Willematia

2009). Il est bien connu en Haute-Marne (52) à

Aujeurres notamment (in bulletin SFO-LA

2006).

Abondant en Bade-Wurtemberg, surtout autour

du lac de Constance, l’orchis odorant se main-

tient en Suisse frontalière non loin du Jura al-

sacien en plusieurs endroits, notamment à Soy-

hières, Undervelier, Seleute et surtout Dittin-

gen.

HAMMARBYA PALUDOSA / La pression des

botanistes

Après les prospections intensives de 1999-2000

qui ont permis la redécouverte de l’espèce en

août 2000 sur la commune vosgienne de La

Bresse (cf. article in Orchidophile 145 en 2001),

des prospections ont été reprises, en 2010 et

2011, eu égard aux données anciennes, notam-

ment celles de Godron, de Godfrin & Petitmengin

(cf. documents historiques accessibles sur le

site SFO-LA).

Les sites prospectés, avec leurs lieux-dits, sont

répertoriés ci-dessous afin d’encourager des

recherches renouvelées car la petitesse de la

plante, son biotope particulier et son caractère

de plante à éclipses, liés aux conditions clima-

tiques, rendent toute prospection difficile et

non concluante, en cas d’échec.

Excepté une ancienne donnée inédite de 1873

au Lac Blanc d’Orbey (Haut-Rhin), toutes les

stations historiques sont du côté lorrain : La

Bresse (lac de Lispach), Gérardmer (Haies-

Griselles, les Xettes, le Grand étang et les

Hautes-Vannes), Liézey (vers le Rain de la

Cagne), Xonrupt-Longemer (Belbriette) et enfin

une indication sibylline à Varzeney (peut-être le

lieu-dit « les Vazenés » près de la Chaume Fran-

cis sur le ban de Gérardmer).

Quant aux données mosellanes des Vosges du

Nord, les recherches menées depuis 1946 par

Roger Engel et Henri Mathé n’ayant rien donné,

une nouvelle prospection avec l’accord et la col-

laboration du Parc reste à mener…

Il faut constater pour finir une nette chute de

l’effectif de la station de La Bresse (de 100 à

une dizaine) qu’on retrouve ailleurs en France où

l’on a constaté le même effet de pic en 2000,

(année de la découverte dans les Vosges), suivi

d’une baisse des effectifs, aggravée par une

fréquentation incontrôlée des botanistes. Seuls

un pâturage extensif et approprié d’une part et

une fermeture de l’accès durant la saison de

floraison d’autre part pourront redynamiser la

station et en assurer la pérennité.

Signalons une fois de plus que l’espèce est mieux

représentée (surtout au nord du lac de Cons-

tance) et mieux protégée en Bade-Wurtemberg.

HERMINIUM MONORCHIS / Une station

unique

L’espèce se maintient également sur un site

unique à Dorlisheim (Bas-Rhin) : citée dès 1829,

avec une planche d’Issler de 1935 et suivie par

Roger Engel et alii depuis 1946.

Même remarque (cf. supra) quant à la pérennité

du site : il aurait été préférable que la protec-

tion s’inscrive à travers le CSA dans un réseau

de sites avec des objectifs communs.

Bas-Rhin :

L’espèce était présente en plaine et surtout sur

les collines.

En plaine : à Geispolsheim et à Strasbourg (avec

une planche de 1831) dans le secteur Forêt de

Geisau et Neunhof) et une observation sans

suite sur l’île du Rohrschollen.

Sur collines : à Achenheim, Hangenbieten, Ho-

hengoeft (site CSA), Mundolsheim, Mutzig avec

une planche Engel de 1949 (station encore abon-

dante en 1970 autour du fort et revue jusqu’en

1975), Rosenwiller (site CSA), Saverne.

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Haut-Rhin :

Excepté Wettolsheim au Kahlenberg et Affen-

buck avec une planche d’herbier de 1872 (site

CSA), l’espèce était présente uniquement dans

le Sundgau.

Elle était citée en plaine à Blotzheim, Huningue,

Mulhouse (Tannenwald) avec une planche de

1845 et Riedisheim et surtout dans les collines

du Jura alsacien à Ferrette, Oltingue, Winkel,

Lutter et Lucelle (La Verrerie). Ces deux der-

nières localités, vainement prospectées, ne sem-

blent plus guère favorables à la plante.

Absent de Lorraine, il est cependant connu à

Aujeurres (52) et dans quelques stations du

Doubs, notamment à Dambelin (25) près de

Pont-de-Roide.

LIMODORUM ABORTIVUM

L’espèce était historiquement présente en Al-

sace, mais très rare, citée uniquement dans le

Haut-Rhin dès 1836 par Kirschleger dans les

collines boisées du Jura alsacien et au Kaisers-

tuhl allemand (cf. infra) :

- à Mulhouse (dans le bois du Tannenwald en

1844),

- à Lucelle (1852) et Kiffis (1852), sans autre

précision.

L’espèce reste rare dans les régions proches de

l’Alsace et pays voisins :

- en Lorraine : le limodore est présent surtout

en Meuse et Meurthe-et-Moselle. Dans les

Vosges, signalons une donnée historique au bois

de la Haronière, canton de Chatel (Mougeot

1845). Il est absent de l’est de la Moselle.

- en Franche-Comté : il a disparu du Territoire

de Belfort (non retrouvé au bois de la Miotte au

dessus de Belfort). Dans le Doubs, il n’a pas été

retrouvé dans le bois de Bondeval, près de

Montbéliard (cf. SHN de Montbéliard 1995). On

le retrouve vers Pont-de-Roide, puis Besançon et

Vuillafans (2003).

- en Suisse : rare dans le nord du pays, il existe

cependant dans le canton du Jura près de Délé-

mont, où le limodore se maintient dans une li-

sière à Soyhières. Egalement présent à Courge-

nay, près de Porrentruy, où une quinzaine de

plantes d’apparition régulière se développe sous

le couvert d’une ancienne pinède.

- en Allemagne : rare dans le Bade-Wurtemberg,

il est présent uniquement, avec de belles popula-

tions, dans le sud du land, entre le Kaiserstuhl

(Ihringen, Bickensohl, Achkarren…) et Istein.

LIPARIS LOESELII / L’espoir d’une redécou-

verte

Considérée comme officiellement disparue

d’Alsace (ou plutôt non observée depuis long-

temps), l’espèce peut encore être redécouverte

sur ses sites historiques, qui ont bénéficié d’une

protection accrue des milieux palustres ou même

découverte du fait de la renaturation de la

bande rhénane et des îles du Rhin.

Rappelons que liparis était présent mais

d’apparitions épisodiques de 1953 à 1981 et tou-

jours en petit nombre avec un maximum de 15

pieds.

Dans le Bas-Rhin :

- Wissembourg : signalée par Schultz dès 1854

l’espèce a été retrouvée en juillet 1953 par Ro-

ger Engel dans le marais d’Altenstadt.

Il y est revu en 1954 puis, après une éclipse de

5 ans, de 1959 à 1975, mais plus revu depuis

1977, le site étant signalé comme détruit par

assèchement et embroussaillement dès 1979.

Après classement en ZNIEFF puis en APPB, dès

1987, sur plus de 700 ha, la gestion du marais

d’Altenstadt a été confiée (pour 470 ha) au CSA

qui lance dès l’automne 2011 un programme de

gestion active avec ouverture du milieu, pâtu-

rage extensif par des bovins et étrépage (déca-

page superficiel de la végétation avec les ra-

cines) qui laisse l’espoir d’un retour de liparis

comme cela a été le cas ailleurs en France, no-

tamment en Lorraine (cf. infra).

- Rhinau-Daubensand : Recherché en vain dans

les années 1950, il est trouvé en 1962, revu en

1964 (photo Engel in Orchidées sauvages

d’Alsace et des Vosges), non revu après 1973.

A rechercher dans les bras morts du secteur

rhénan de Rhinau.

- Autres observations historiques : Strasbourg

(Citadelle et Pont-de-Pierre), années 1849-62 ;

Robertsau en 1954 et 1960 (4 pieds) mais le site

est signalé comme disparu par comblement du

pré marécageux ; Sundhouse en 1932 et Hague-

nau, station signalée dès 1779 par Gmelin.

L’espèce y était encore présente en 1912 (Flore

de France de G. Rouy).

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Dans le Haut-Rhin :

Trouvée en 1890 à la pisciculture de Huningue

par G. Muller (in Mantz, 1913), l’espèce est à

nouveau signalée dans le secteur de Rosenau en

1957 et Village–Neuf en 1965 (cf. photo in Or-

chidées sauvages…) où elle est présente jusqu’en

1981 date à laquelle la zone a été partiellement

asséchée par l’installation d’un transformateur

EDF. Malgré des prospections ultérieures (avec

l’autorisation du comité de gestion de la Petite

Camargue Alsacienne), elle n’a pas été retrouvée

dans les secteurs du Grand Marais et du Kirche-

nerkopf, pourtant protégés depuis 25 ans grâce

à une forte mobilisation d’associations natura-

listes transfrontalières. En effet, c’est à la

suite de nombreuses menaces (station

d’épuration, gravats divers, incendies dans le

marais et enfin installation d’un transformateur)

que s’est créée, en 1986, sous l’appellation PCA

la première réserve naturelle d’Alsace sur 120

ha avec depuis 2006 extension à 920 ha englo-

bant l’île du Rhin de Kembs.

En Lorraine :

Le liparis est signalé sur 3 sites du CSL :

- Ippling (Moselle) : un marais alcalin de 4 ha

aux portes de Sarreguemines qui a failli dispa-

raître sous un projet touristique. Signalé dans le

département par Barbiche dès 1882, le liparis a

été redécouvert en 1982.

Le marais abrite une petite population de liparis

avec 49 pieds en 2004 et 10 actuellement (in

Willematia 2009, bulletin de Floraine en ligne).

- Pagny-sur-Meuse (Meuse) et Foug (Meurthe-

et-Moselle) :

Il s’agit d’un marais alcalin de 40 ha à la gestion

exemplaire : grâce au programme initié en 1987

par le CSL (avec pâturage tournant par des che-

vaux de la race Konik Polski - 13 actuellement -

fauche, débroussaillement et étrépage) le liparis

est apparu deux ans après environ (in G. Parent,

Flore lorraine, bulletin SHN de la Moselle 1996)

L’espèce n’avait jamais été signalée auparavant

selon l’auteur. L’effectif est passé de 12 pieds

en 1992 à 1 800 pieds en 2003 et plus de 1 000

actuellement (in bulletin SFO-LA 2005).

- Vittoncourt (Moselle) : Connu et étudié depuis

1882, (avec l’indication Faux-en-Forêt), c’est un

marais de 25 ha au sud de Metz, protégé et

géré depuis 1984. L’espèce n’a plus été revue

malgré un biotope et une gestion appropriés.

En conclusion, à l’image du marais de Pagny-sur-

Meuse, gardons l’espoir d’une réapparition en

Alsace…

OPHRYS ELATIOR ET NEOTINEA USTULATA

AESTIVALIS / Une année bien sèche

- Haut-Rhin

La sécheresse 2011 n’a, une fois de plus, pas

permis d’observer Ophrys elatior dans le sec-

teur frontalier de Village–Neuf et Rosenau où il

avait été observé dès 1981 puis suivi par Engel

et Mathé, avec un record de 600 pieds en 1995

(in L’orchidophile n° 123, 1996). La même fluc-

tuation entre années favorables et années

sèches avait déjà été signalée côté allemand à

Istein et Steinenstadt par Gumprecht (in die

Orchideen n° 31, 1980) avec un record de 2 000

pieds en 1985.

Signalons que Neotinea ustulata subsp. aestiva-lis , toujours présent uniquement à Fessenheim,

a subi le même sort avec quelques pieds en 2011

au lieu des 400 répartis (les bonnes années cela

va de soi) sur 2 stations, la station sur pelouse

sèche et en lisière forestière de la découverte

de juillet 1997 par Engel et Mathé (in

l’Orchidophile 136, 1999 ) d’une part et surtout

la station voisine gérée et « ouverte » par le

CSA, gestion qui a permis de doubler la popula-

tion et de voir apparaître parallèlement d’autres

espèces d’orchidées !

L’espèce, présente plus au nord du côté allemand

dans le Lilienthal d’Ihringen, doit être recher-

chée les bonnes années sur la bande rhénane et

les îles du Rhin au sud de Marckholsheim.

Tous les espoirs restent d’ailleurs permis puis-

qu’on a trouvé Ophrys elatior en 2006 sur l’île du

Rhin de Kembs dans une prairie CSA (A. Pierné)

ainsi que la variété basiliensis d’Ophrys apifera en 2010 plus au nord à Niffer toujours sur ter-

rain CSA (Cécile Billard CSA), observation con-

firmée en 2011. Il s’agit d’une nouvelle variété

décrite en 2003 à Birsfelden, près de Bâle en

Suisse (in Orchid review, vol. 112). C’est une

première pour le Haut-Rhin en tout cas. Il faut

signaler que la variété flavescens , très proche,

a déjà été observée en 1923 à Romanswiller

(Bas-Rhin) et dans le Territoire-de-Belfort tout

proche, à Bermont.

- Bas-Rhin

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Des recherches systématiques jusqu’en 2011

n’ont pas permis non plus de retrouver l’espèce

dans le secteur de Plobsheim où Ophrys elatior a

disparu dans les années 1990 à la suite de la

création du golf du Kempferhof (cf. photo de

Roger Engel datée de 1981 in Orchidées sau-

vages…) avec encore 1 pied en 1995 (M. Rohmer).

Cependant, l’observation en 2011 d’une centaine

de pieds d’Ophrys elatior (com. Pers. Georges

Riehm et Michel Rohmer) dans le Taubergiessen

(en face de Rhinau), NSG (Naturschutzgebiet)

allemand bien connu des orchidophiles locaux,

laisse augurer d’une découverte de l’espèce sur

la bordure rhénane bas-rhinoise.

ORCHIS PALLENS / Une espèce qui a fait cou-

ler beaucoup d’encre

Le « cas » d’Orchis pallens fera l’objet d’un ar-

ticle ultérieur plus complet :

- historique de sa présence à Osenbach,

- problèmes rencontrés (jusqu’aux tentatives de

destruction répétées en 2007 et 2008 qui ont

fait l’objet de procès-verbaux de gendarmerie

et d’un compte rendu en mairie !)

- moyens de préserver et renforcer sa popula-

tion réduite à 2 pieds en fleurs en 2011 sur le

site classique au lieu de 21 en avril 2007 avant

les actes de vandalisme !

Bien que 2 sites proches et confidentiels exis-

tent non loin, l’avenir de l’espèce reste bien

compromis avec 8 pieds fleuris en tout et pour

tout en 2011 (com. pers. E. Schilling) au lieu de

10 à 40 pieds les précédentes années, notam-

ment en 1995.

Je remercie ici surtout Etienne Schilling (SFO-

LA) qui suit l’espèce assidûment.

Si la station alsacienne reste la seule du nord-

est de la France, Orchis pallens est absent du

quart nord-ouest de la Suisse mais reste plus

abondant au sud-est du Bade-Wurtemberg, pro-

tégé dans de nombreuses NSG et dans le canton

voisin suisse de Schaffhouse (in bulletin SFO-

LA 2011) .

Signalons pour finir une observation citée par

Issler dans le Sundgau, dans le secteur de Kiffis

(Haut-Rhin).

Pour une meilleure couverture de la région :

prospection de secteurs et de milieux mécon-

nus.

Avec la collaboration active de membres de

l’AROS et de la SFO-LA, la cartographie s’est

enrichie de plus de 170 nouvelles stations sur 3

secteurs : le Val-de-Villé, l’Alsace bossue et le

Jura alsacien.

LE VAL-DE-VILLÉ / Bas-Rhin. Des milieux en-

core préservés.

Grâce à la collaboration de Christian Dirwimmer

de l’AROS et Hubert Jaeger, responsable local

d’Alsace Nature, soucieux de mieux protéger

leur cher Val-de-Villé, la cartographie s’est en-

richie de plus de 20 nouvelles données sur les

carrés LU74, LU75 et LU65.

Entre la plaine de Sélestat et les hauteurs du

Champ du feu, on trouve en effet une petite

enclave encore préservée, alternant prairies

humides, prairies de fauche, lisières forestières

et talus, pelouses montagnardes, s’étageant

entre 200 et 650 mètres avec 10 nouvelles es-

pèces d’orchidées (Anacamptis morio, Cephalan-thera longifolia, Coeloglossum viride, Dactylor-hiza maculata et majalis, Gymnadenia conopsea, Listera ovata, Neotinea ustulata, Orchis mascula et Plathanthera chlorantha) sur 8 communes

bas-rhinoises (Breitenbach, Chatenois, Hoh-

warth, Neubois, St–Pierre-Bois, Thanvillé,

Triembach-au-Val, Urbeis). Le site le plus remarquable reste le Climont, sur

le ban d’Urbeis, avec des prés tourbeux à linai-

grettes, pédiculaires et 6 espèces d’orchidées

et où Coeloglossum viride est à rechercher.

Des contacts ont été pris et des initiatives en-

gagées pour que ces sites soient pris en compte

et préservés : l’un d’eux a même failli devenir un

parking pour le rallye automobile d’Alsace !

L’ALSACE BOSSUE / Bas-Rhin. Les confins de

l’Alsace.

Secteur peu connu et peu visité, il renferme

pourtant pas moins de 18 espèces d’orchidées à

Weyer sur le site CSA et réserve des sur-

prises : 22 espèces d’orchidées sur l’ensemble

du secteur dont plusieurs stations d’Anacamptis morio et Platanthera bifolia. Grâce aux données transmises par Pascal Hol-

veck (CSA-ONF), les carrés LV50, LV51, LV52,

LV53, LV60, LV61 et LV62 sont désormais mieux

représentés avec 22 communes bas-rhinoises

renseignées (Ne sont pas prises en compte les

données mosellanes proches) : Altwiller, Bust,

Durstel, Drulingen, Eywiller, Gunstett, Harskir-

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chen, Herbitzheim, Hirschland, Kirrberg, Kes-

kastel, Mackwiller, Oermingen, Ottwiller, Rims-

dorf, Sarre-Union, Sarrewerden, Siewiller, Silt-

zheim, Thal-Drulingen, Voellerdingen,Weyer.

N. B. : La forme verte d’Epipactis purpurata

découverte à Ferrette (Haut-Rhin) (cf. article

de J.-F. Christians sur les variétés d’Epipactis

purpurata in Bulletin SFO-LA 2010) a même été

retrouvée à Siewiller non loin du site de Rauwil-

ler, déjà connu de Roger Engel. Des pieds de

cette forme ont également été trouvés dans un

second secteur du Jura alsacien à Courtavon, au

sein d’importantes populations d’Epipactis pur-purata. S’ajoutent à ces données déjà importantes de

nombreuses stations inédites dans le secteur de

Marmoutier-Wasselonne (Bas-Rhin) ainsi que des

réactualisations (stations d’avant 1980) : il

s’agit, dans les carrés LU77, LU78, LU79, LU87

et LU88, de Allenwiller, Birkenwald, Cosswiller,

Dangolsheim, Dinsheim, Haegen, Marlenheim,

Oberhaslach, Romanswiller, Singrist, Still, Ur-

matt, Wangen, Wangenbourg-Engelthal, Wasse-

lonne, Westhoffen.

LE SUNDGAU / Haut-Rhin. Un secteur riche et

mieux prospecté.

Le milieu forestier, souvent peu dégradé, occupe

dans le Jura alsacien une vaste surface) ; il ré-

serve alors bien des surprises.

Des prospections, intensives il est vrai, avec J.-

F. Christians surtout, mais aussi Patrick Pitois et

Jean-Paul Cartier (tous trois membres de la

SFO-LA) ont permis au fil des années d’avoir

une bonne couverture des carrés frontaliers LU

65, LU66, LU75 , LU76, LU85 et LU86 avec de

nombreuses découvertes de Spiranthes autom-nalis (in Bulletin SFO-LA 2006), ainsi que Cepha-lanthera damasonium et rubra, d’Epipactis atro-rubens, E. helleborine, E. leptochila, E. micro-phylla et même E. muelleri ! Mais c’est avec Epipactis purpurata que les re-

cherches ont été les plus fructueuses : 12 nou-

velles communes, en 2011, dans des hêtraies

calcaires et pessières sombres entre 500 et

800 mètres avec de belles populations de 10 à

150 pieds (cf. forêt de Courtavon), souvent en

touffes de 4 à 12 tiges, caractéristiques de

l’espèce. Ces communes haut-rhinoises sont

Bettlach, Courtavon, Durlinsdorf, Koetslach,

Levoncourt, Liebenswiller, Liebsdorf, Moernach,

Oberlarg, Raedersdorf, Sondersdorf et Aspach-

le-Bas.

N. B. : à noter la découverte à Moernach d’un

pied de la variété rosea et à Oberlarg sur la

magnifique crête frontalière du rocher du Cor-

beau avec la présence de 2 pieds « panachés ».

En conclusion, l’espèce semble bien représentée

puisque présente sur chaque commune (Bieder-

thal excepté) de ce secteur déjà botaniquement

très riche (nombreuses stations de Spiranthes

spiralis, stations uniques en Alsace pour Gentia-na verna, Alyssum montanum et Athamanta cre-tensis et stations de Gentiana germanica, G. ciliata et G. cruciata), avec une grande diversité

d’orchidées à Winkel notamment où existent 22

espèces (forêt et pelouses dont plusieurs sites

CSA).

Dans le cadre de l’actualisation des ZNIEFF

dans le Sundgau, de nouvelles zones sont

d’ailleurs à l’étude s’appuyant notamment sur ces

données.

LA COUVERTURE CARTOGRAPHIQUE DE

L’ALSACE

LES CARRÉS :

La région est découpée arbitrairement en 112

carrés de 10 km de côté selon le quadrillage

UTM (Universal Transverse Mercator). La mé-

thode a le mérite de mieux visualiser la pré-

sence des orchidées en Alsace et de situer rapi-

dement une commune, mais reste arbitraire et

pas toujours pertinente :

- ainsi les carrés en limite de région, côté lorrain

et franc-comtois par exemple, sont moins impor-

tants avec parfois une seule commune et ne peu-

vent être comparés avec des carrés « presti-

gieux » à plusieurs communes plus favorables

Ex. : le carré LT85 avec Biederthal uniquement

et le carré LU61 avec Osenbach, Orschwihr,

Westhalten, Lautenbach… soit 8 communes en

tout !

- de plus, certains carrés du Centre-Alsace sont

à cheval sur les 2 départements et rendent

toute statistique difficile.

Quoi qu’il en soit, sur les 112 carrés de la dition,

tous sont occupés par 1 à 33 espèces

d’orchidées.

10 carrés renferment plus de 20 espèces et 15

carrés moins de 5 espèces.

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Précisons ici que la date butoir retenue est

1980 : pour les observations antérieures à cette

date, l’espèce est considérée comme non revue,

voire disparue.

Haut-Rhin : carrés de plus de 20 espèces =

LT59, LT65, LT75, LT86 et LU61.

Le « record » est le carré LU61, comprenant

notamment Osenbach, avec 33 espèces d’orchi-

dées et pour le Sundgau le carré LT75 corres-

pondant au secteur de Winkel avec 25 espèces

(épipogon non revu).

Bas-Rhin : carrés de plus de 20 espèces = LU78,

LU87, LV70, LV71, LV80, LV81 ,MV02, MV13.

Les carrés les plus riches sont LU87, secteur de

Dorlisheim avec 26 espèces et LV81, secteur de

Weiterswiller avec 25 espèces.

LES COMMUNES

Le niveau le plus pertinent pour la cartographie

reste toutefois celui du ban communal qui est le

plus représentatif et le mieux exploitable sta-

tistiquement avec 904 communes pour la région.

Haut-Rhin

Avec 3 525 km² de superficie pour plus de 750

000 habitants soit une densité de 212 hab.

/km², c’est le plus petit des 2 départements

alsaciens. À noter qu’il s’agit d’une densité

moyenne, celle-ci variant, pour la France, de 15

hab./km² en Lozère à 21 000 hab. /km² à Paris !

Sur les 377 communes, 221 sont citées au moins

1 fois soit 60 %.

La commune la plus riche reste Osenbach avec

29 espèces d’orchidées dans le fameux carré

LU61 !

Bas-Rhin

Avec 4 755 km² de superficie pour plus de 1

090 000 habitants soit une densité de 229 hab.

/km², c’est le plus grand des deux départements

alsaciens.

Sur les 527 communes, 300 sont citées au moins

1 fois soit à nouveau 60 %.

La commune la plus riche est Dorlisheim avec 25

espèces dans le carré LU87.

EVOLUTION DE LA CARTOGRAPHIE / Résul-

tats et analyse.

Carrés les plus riches (cf supra)

Il s’agit de secteurs bien connus et suivis histo-

riquement, objets de véritables « pèlerinages »

orchidologiques, qui n’ont pas connu d’impor-

tantes variations.

Carrés en progression, voire nette progression.

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte :

- une meilleure prospection de secteurs mécon-

nus souvent grâce à un contact local ;

c’est le cas des carrés LT67, 68, 69 dans le

Sundgau par exemple (avec un progrès de 4 à 15

espèces, 6 à 14…)

- une mise en réserve des sites et un suivi insti-

tutionnel avec gestion appropriée et inventaire

exhaustif : MU19 par exemple (secteur

Gambsheim-Offendorf) de 5 à 15 espèces et

LT87 (secteur de Saint-Louis) de 6 à 17 espèces

et LV80 où de nombreuses espèces sont appa-

rues sur le Batsberg de Bouxwiller depuis sa

mise en Réserve naturelle régionale en 1989 et

grâce à la gestion CSA.

- des secteurs qui bénéficient avec le temps

d’une renaturation (bordure rhénane et îles du

Rhin), doublée par ailleurs d’une meilleure con-

naissance des milieux : carrés LU90, 91, 92 par

exemple (îles du Rhin de Fessenheim à Kembs)

qui passent respectivement de 4 à 12 espèces, 0

à 6 et 8 à 17 !

Carrés en recul, voire en net recul.

D’autres facteurs interviennent, déjà évo-

qués dans le livre de Engel et Mathé :

- industrialisation et urbanisation qui se sont

poursuivies dans le secteur de Mulhouse et du

bassin potassique : carrés LT78, 79 et LU70 qui

passent de 17 à 3, 5 à 1, 4 à 1 seule espèce !

- agriculture intensive et assèchement des

zones humides qui se poursuivent : carrés LU95

(secteur d’Herbsheim ), MU04, MU05 (secteur

d’Erstein) avec 8 espèces non retrouvées et 1

seule station d’Anacamptis palustris à Rossfeld

(site CSA). Dans ces carrés, seule la gestion

conservatoire a permis de limiter les dégâts.

Il en a été de même en Petite Camargue alsa-

cienne où le pire a été évité : carré LT97 de 17 à

15 espèces .

Carrés non prospectés avec peu de données his-

toriques

Enfin, s’il est tentant de revisiter les carrés et

communes favorables, certains secteurs n’invi-

tent guère, à tort, à la prospection.

Citons quelques carrés avec leurs communes de

référence en guise d’appel à des explorateurs en

herbe… :

Haut-Rhin

Dans le Sundgau :

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- LT56 : Friesen , Ueberstrass, Hindlingen (1

espèce),

- LT57 : Chavannes, Dannemarie, Altenach,

Valdieu-Lutran, Retzwiller, Mertzen, Strueth,

Magny, Montreux-Jeune, Ballersdorf,

Gommersdorf (1 espèce, 5 non revues).

Dans la Harth :

- LU70 : Ungersheim, Reguisheim, Meyenheim,

Ensisheim, Raedersheim (1 seule espèce, 4 non

revues),

- LU82 : Wolfgantzen, Widensolen, Andolsheim,

Forstschwihr, Bischwihr, Appenwihr, Biesheim,

Urschenheim, Durrennetzen (1 espèce, 6 non

revues).

Bas-Rhin

La liste serait longue vu le nombre de communes

du département. Citons simplement :

Dans le Kochersberg, les carrés LU98 autour de

Furdenheim (2 espèces), LU99 autour de Dur-

ningen (3), MV00 autour de Wintershouse (1).

Dans l’Alsace bossue, les carrés LV50 à Goer-

lingen et Kirrberg (1), LV60 à Rauwiller (2).

Dans l’Outre-Forêt et le secteur d’Haguenau, le

carré MV21 autour de Hatten (2 espèces) et

MV00 autour de Wintershouse (1).

Des journées de prospection seront organisées

en 2012…

Conclusion

« Il ne faut pas se leurrer », ainsi que le disait

déjà Roger Engel dans sa cartographie de 1986,

cette cartographie n’est pas un état définitif et

encore moins exhaustif : c’est « une base qui

reste à compléter, à corriger, à améliorer en

souhaitant que les futures additions soient plus

nombreuses que les retraits… »

Le cartographe actuel espère avoir en partie au

moins exaucé ce souhait et encourage toutes les

bonnes volontés à poursuivre dans cette voie

tracée par d’autres orchidophiles avant nous…

Bibliographie

Antonopoulos Z., Bergfeld D. & Tsisfti S., 2011.

Epipactis helleborine subsp. moratoria, a new

subspecies for the flora of Grece - JEO, 43 (1) :

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chidées forestières du bois de Bondeval

(Doubs). Bull. Soc. Hist. Nat. Pays de Montbe-

liard : 121-124.

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41 (3/4) : 519-528.

Bergfeld D. & Berlighof N., 2011. Vergleichende

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minor in Baden-Württemberg, Griechenland und

Elsass. JEO, 43 (4) : 501-526.

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verte dans le Sundgau alsacien d’Epipactis pur-purata var. rosea et Epipactis muelleri. Bull.

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LA 2010 : 38-42.

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à Hüfingen (Ge). Bull. SFO-LA2007 : 30.

Guesné M., 2007. Sortie SFO-LA du 18-6-2006

à Aprey (52). Bull. SFO-LA 2007 : 26.

Guesné M., 2004. Compte rendu de la sortie

orchidophile du 29-5-2003 en Côte-d’Or et

Haute-Marne. Bull. SFO-LA 2004 : 29.

Guesné M., 2005. Compte rendu de la sortie du

18-7-2004 à Pagny-sur-Meuse. Bull. SFO-

LA 2005 : 28.

Guesné M., 2005. Compte rendu de la sortie du

18-7-2004 sur l’Ile du Rhin et en Petite Ca-

margue. Bull. SFO-LA 2005 : 33.

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Observations faites au Luxembourg (2008-

2009). Ferrantia, Bull. Soc. Nat. Luxemb., 111 :

12-32.

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communal des plantes protégées de Lorraine -

Willematia : 10-14.

Pierné A., 2011. La situation actuelle d’Epipactis helleborine subsp. minor. Bull. SFO-LA 2011 :

23-25.

Pierné A., 2006. Contribution à la connaissance

d’Anacamptis coriophora. Bull. SFO-LA 2006 : 8-

14.

Pierné A., 2006. Sortie Corallorhiza trifida du

5-6-2005. Bull. SFO-LA 2006 : 24.

Pierné A., 2007. Découvertes et redécouvertes

de stations de Spiranthes spiralis. Bull. SFO-LA

2007 : 35-40.

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15

Pierné A., 2010. Cartographie des orchidées

d’Alsace - Bull. SFO-LA 2010 : 29-31.

Pierné A., 2011. La situation actuelle d’Epipactis helleborine subsp. minor - Bull. SFO-LA 2011 :

23-25.

Pitois P., 2009. Sortie-prospection Corallorhiza

trifida du 1/6/2008. Bull. SFO-LA 2009 : 16-17.

Thiery François, 2006. Notes floristiques. Bull.

Soc. Hist. Nat. Pays de Montbeliard : 86.

Schwegler S. & Matthies D., 2003. A new vari-

ety of Ophrys apifera Huds. var. basiliensis. Orchid review (112) : 214-216.

* 3, rue du village – 68140 Hohrod

NDLR : Signification des sigles utilisés

AHO : Arbeitskreis Heimischer Orchideen

AROS : Association Régionale des Orchido-

philes de Strasbourg

CSA : Conservatoire des Sites Alsaciens

CSL : Conservatoire des Sites Lorrains

JEO : Journal Europäischer Orchideen

LGV : Ligne à Grande Vitesse

NSG : Naturschutzgebiet = zone naturelle pro-

tégée

ONF : Office National des Forêts

SFO-LA : Société Française d’Orchidophilie de

Lorraine-Alsace.

SHN : Société d’Histoire Naturelle

ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique,

Faunistique et Floristique

Solution des mots-croisés

Horizontalement :

1. MARCESCENTES.

2. AROLLES. AISY.

3. RASE. SINON.

4. CUEILLIES. PC.

5. OC. SA. SD. PEH.

6. TARTRATES. RR.

7. TRIOMPHALE.

8. AÏ. GE. EN.

9. GAZA. LE LUC.

10. UMBO. AGRES

11. DIENCEPHALE.

12. ANESTHESIE.

Verticalement :

I. MARCOTTAGE.

II. ARAUCARIA. DN.

III. ROSE. RI. ZUIE.

IV. CLEISTOGAMES.

V. EL. LARME. BNT.

VI. SEUL. AP. LOCH.

VII. CS. ISTHME. EE.

VIII. SEDEA. LAPS.

IX. NAIS. SLOUGHI.

X. TIN. CRAE.

XI. ESOPER. EL.

XII. SYNCHRONISER.

Epipogium aphyllum Osenbach – 26/07/2009

Ph. André Hasenfratz

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Spiranthes cernua (L.) Rich., une orchidée qui se plaît les pieds dans l’eau

J.-F. Christians *

En me promenant un jour au rayon des

plantes vivantes d’un magasin d’aquariophilie

bien approvisionné, je suis tombé sur une

orchidée « aquatique » : Spiranthes cernua

également nommée spiranthe penché.

« Orchidée » et « aquatique » : de prime

abord, ces deux mots ne semblent pas aller

ensemble… et pourtant, le vendeur m’a

assuré que cette plante, quoique peu

courante, est utilisée comme plante

d’aquarium pour la décoration de fond.

Origine et synonymes :

En Amérique du Nord, le genre Spiranthes

comprend environ 25 espèces. Spiranthes cernua, le spiranthe penché, est originaire

de la moitié est des Etats-Unis, ainsi que du

Canada. Il atteint sa limite sud dans le nord

de la Floride et l’est du Texas. Loin d’être

véritablement aquatique, cette orchidée se

développe à l’état naturel dans des fossés,

au bord de lacs, ou dans des prairies et des

pannes humides et sablonneuses au pH

neutre à légèrement acide. Dans son pays

d’origine, on le nomme «Nodding lady’s

tresses». Ce nom si poétique compare

l’inflorescence spiralée de l’orchidée à une

chevelure tressée. L’épithète « nodding » se

traduisant par « penché » fait référence

aux fleurs qui sont un peu inclinées le long de

l’axe central de l’inflorescence. Il fleurit à

partir de septembre dans le nord jusqu’à

novembre, plus au sud.

Spiranthes cernua ‘Chadd’s Ford’, une

sélection horticole, est le plus répandu dans

le commerce : c’est lui que l’on peut se

procurer le plus facilement. Ce cultivar

possède une inflorescence plus fournie, des

fleurs plus parfumées et un peu plus grandes

que chez l’espèce type. Son nom provient

d'une ville du même nom, située dans le sud-

est de la Pennsylvanie.

Une espèce semblable, Spiranthes odorata (Nutt.) Lindl. (= Spiranthes cernua var.

odorata (Nutt.) Correll) vit du sud du New

Jersey à la Floride, toujours dans le nord-

est des Etats-Unis, le long de la côte

atlantique. Morphologiquement très proche

du spiranthe penché, son épi spiralé atteint

jusqu’à 90 cm de haut et porte jusqu’à 60

fleurs blanches au labelle marqué de crème,

très parfumées et un peu plus grandes que

celles de S. cernua. En dehors de son port

bien plus robuste, sa floraison est aussi plus

tardive.

On peut le voir en culture dans certains

jardins botaniques comme celui de

l’université de la ville de Bâle, en Suisse.

Le nom de S. odorata est quelquefois utilisé

erronément pour désigner S. cernua ‘Chadd’s

Ford’ dans le commerce.

Description :

Notre « Nodding lady’s tresses » est une

plante vivace qui produit des rosettes de

feuilles lancéolées, de 5 à 8 cm de long. Elles

sont d’un vert foncé et légèrement

brillantes, en forme de capuchon à la

pointe (feuilles cucullées).

La hampe florale atteint 50 cm de hauteur.

Elle est garnie de feuilles bractéiformes qui

engainent la base de la tige. Légèrement

pubescente, celle-ci se termine par une

inflorescence spiralée portant jusqu’à 70

fleurs blanc pur, inclinées et disposées sur

trois rangs. Les trois rangées tournent en

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hélice autour de l’axe central pour se réunir

au sommet.

Avec ses dimensions et sa triple rangée de

fleurs, le spiranthe penché fait figure de

géant par rapport à nos deux espèces

européennes S. aestivalis et S. spiralis ! Ses

fleurs blanches et tubulaires sont de

structure identique.

Le labelle, relativement translucide, prend

un aspect cristallin. Les sépales et les

pétales supérieurs sont retroussés vers le

haut, accentuant ainsi l’effet « bouclé » de

la floraison. Les bractées dépassent les

ovaires. Les fleurs sont parfumées et

diffusent une légère odeur sucrée en

journée, assez proche du parfum de S. spiralis. Après floraison, les ovaires gonflent

pour se transformer en capsules à trois

loges contenant d’innombrables graines très

fines.

Le système racinaire de ce spiranthe n’est

pas très fourni. Les racines sont peu

nombreuses et assez épaisses.

Culture :

Dans la littérature concernant les orchidées

exotiques, on retrouve peu d’informations

concernant la culture des spiranthes. C’est

peut-être une des raisons pour laquelle

cette plante est si peu présente chez les

collectionneurs. N’ayant pas trouvé suffi-

samment d’information, j’ai décidé de tester

plusieurs méthodes :

- en aquarium

C’est en aquarium que j’ai tout d’abord

cultivé Spiranthes cernua, sur les conseils

du vendeur auprès duquel j’ai acheté la

plante. Il faut l’installer plutôt en avant-

plan, en évitant que d’autres plantes à

grandes feuilles comme les Anubia ou les Echinodorus ne lui cachent la lumière. Le

mélange de culture prêt à l’emploi pour

plantes d’aquarium peut convenir, car il est

assez pauvre en engrais. Il faut prendre

garde aux poissons herbivores comme les

cichlidés, car les feuilles de l’orchidée sont

assez fragiles. De plus, la plante possède peu

de racines et se déterre donc facilement.

Dans ces conditions, le spiranthe poussera

sans difficulté (le vendeur avait raison !) en

produisant de larges feuilles, pour peu que la

température de l’eau avoisine au moins les

22°C. Cependant, la trop grande profondeur

de plantation l’empêchera de fleurir.

- en pot à l’intérieur

Après une année de culture comme décor de

fond, j’ai décidé de sortir la plante de

l’aquarium pour tester sa culture en pot.

Comme pour la plupart de mes plantes

insectivores, j’ai confectionné un mélange de

tourbe blonde auquel j’ai ajouté du sable de

quartz et de la perlite pour l’alléger. En

composant le mélange, il faut bien veiller à

humidifier la tourbe avant de remplir le pot

de plantation, car la tourbe sèche n’absorbe

pas du tout l’eau versée à l’arrosoir !

Même si les racines sont peu nombreuses, il

faut utiliser un pot d’au moins 15 cm de

diamètre afin que ces dernières puissent se

développer librement. Le pot doit baigner

toute l’année dans quelques centimètres

d’eau non calcaire. On peut utiliser une

soucoupe ou un cache-pot pour maintenir le

substrat humide. Du printemps à l’automne,

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l’orchidée apprécie de passer la belle saison

à l’extérieur, sur un rebord de fenêtre ou

dans le jardin. La plante supporte sans

problème plusieurs heures de soleil direct

par jour, mais dans ce cas, il faut bien veiller

à ce qu’elle ne manque jamais d’eau. En hiver,

garder le pot à température ambiante et

dans un endroit très lumineux suffit, par

exemple sur un rebord intérieur de fenêtre.

Cultivé ainsi, le spiranthe penché pourra

déjà fleurir après une à deux années de

culture, en automne. Les feuilles auront

aussi une morphologie assez différente de la

culture en aquarium : moins larges elles

seront aussi plus épaisses. Chez moi, la

plante a fleuri l’année suivant l’installation en

pot.

Un bon compromis entre les deux méthodes

de culture précédentes est le paludarium. Ce

type de décor est assez délicat à réaliser et

nécessite une certaine connaissance dans ce

domaine. Une fois réalisé, l’ensemble permet

de maintenir et de cultiver des espèces

aussi bien aquatiques que terrestres, et

même épiphytes. Pour le spiranthe installé

dans ce type de décor, l’avantage est de

pouvoir recréer un milieu humide avec de la

hauteur, permettant ainsi d’apprécier sa

floraison. A la plantation, utiliser le même

mélange de culture qu’en pot.

- au jardin

Après plusieurs années de culture en pot et

de rempotages successifs, la plante a fini

par s’étoffer et j’ai décidé d’en tester une

partie à l’extérieur durant toute l’année.

Pour cela j’ai placé au printemps un éclat de

S. cernua en pot, celui-ci enterré dans une

modeste tourbière artificielle réalisée dans

le jardin de mes parents, me servant à

maintenir plusieurs plantes insectivores

rustiques. Le jardin se situe au pied du Jura

alsacien près de Ferrette, vers 400 m

d’altitude. La tourbière est exposée en plein

soleil et le sol est constitué uniquement de

tourbe blonde maintenue humide toute

l’année, et retenue par une bâche à bassin

(l’eau se trouve à environ 10 cm sous la

surface de la tourbe).

Le spiranthe ne m’a pas déçu : il a passé le

premier hiver sans encombre, recouvert

seulement par quelques branches de sapin

pendant les mois les plus froids de l’hiver. La

température descend régulièrement sous les

-10°C dans cette région de l’Alsace, et il

n’est pas rare que les pics de froid

atteignent -15°C en janvier et février.

Durant l’hiver 2009-2010, la plante a même

affronté deux nuits consécutives à -22°C,

sans aucun dommage ! Je peux donc me

risquer à qualifier cette orchidée comme

étant relativement rustique.

Chaque printemps, la plante redémarre sans

problème, pour terminer sa croissance et

fleurir l’automne suivant.

Bien entendu, S. cernua peut également être

cultivé en serre froide.

Parmi ces différentes techniques, je pense

que la meilleur façon de le cultiver reste le

maintien en pot, en intérieur ou en serre

froide. Sa floraison tardive est souvent

compromise par les premières gelées

automnales, tandis que l’immersion en

aquarium l’empêche de fleurir.

Floraison :

A l’état naturel et suivant la latitude où la

plante pousse, la floraison intervient d’août à

octobre. Le bourdon Bombus fervidus a été

observé dans la nature et semble polliniser

cette orchidée. En plus de l’embryon

résultant de la fécondation, il se forme des

embryons d’origine asexuée.

En culture, la floraison est assez tardive et

débute chez moi à partir de fin septembre

en extérieur. Lors de la culture en pot, la

floraison est à peine plus précoce. D’assez

bonne tenue, elle se poursuit plus d’un mois.

Pendant ce temps, les feuilles basales se

dessèchent tandis qu’une nouvelle rosette

apparaît à côté de la hampe en fleurs.

L’inconvénient lorsqu’elle est cultivée au

jardin, c’est que les fleurs gèlent bien

souvent avant que la plante ne fane.

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Multiplication :

Malgré une croissance annuelle lente, la

plante a la particularité de se propager

végétativement en formant plusieurs

rosettes secondaires : en effet, une partie

de ses racines restent proches de la surface

et donne facilement naissance à de nouvelles

plantules autonomes.

Après la floraison automnale ou au

printemps, on peut replanter individuel-

lement ces rejets ou les grouper par deux ou

trois afin d’obtenir une floraison dans les

meilleurs délais. Un éclat isolé met du temps

à reprendre et ne fleurit généralement pas

avant deux à trois années de culture. Choisir

de préférence des rosettes déjà bien

formées pour cette opération.

La plantation se fait toujours dans le même

substrat (tourbe blonde et sable, voir

perlite) et se réalise de préférence en pot

final, en faisant attention à ne pas trop

perturber le système racinaire lors de la

division, car ces dernières sont assez

fragiles (un peu comme pour les Disa).

Terminer le rempotage en arrosant un peu le

dessus du pot afin de tasser le substrat,

puis placer l’ensemble dans une coupelle

d’eau de pluie.

Parasites et maladies :

Je n’ai jamais eu d’attaques parasitaires sur

mes plantes hormis quelques pucerons sur

les hampes en boutons. On s’en débarrasse

assez facilement à la main, avant que les

fleurs ne s’ouvrent. Si le problème persiste,

on peut utiliser un traitement à base de

savon noir.

En serre froide, un manque d’aération peu

aussi causer une attaque de botrytis, bien

que la plante y soit peu sensible.

Même si le spiranthe penché n’est pas aussi

spectaculaire que d’autres orchidées

exotiques, c’est une plante agréable à

cultiver, qui a sa place au sein de toute

collection. Sa culture identique aux plantes

insectivores, son faible encombrement, ses

fleurs parfumées et sa longue floraison

devraient inciter davantage les orchido-

philes à le cultiver.

Bibliographie : Beauséjour S., 2008. Les orchidées indigènes du

Québec/Labrador. Les éditions Natives, 174 p.

Bergerot J.-M., 2005. « Orchidées 2004 ». Bull. Soc. Franç. Orchidophilie Lorr. Als. : 45-48.

Brown P. M. & Folsom S., 2005. Wild Orchids

of Florida. University Press of Florida, 409 p.

Keenan P. E., 1998. World Orchids Across North America, A Botanical travelogue. Portland,

Cambridge,Timber Press Inc., 321 p.

Roguenant A., Raynal-Roques A., Sell Y.,

2005. Un amour d’Orchidée. Le mariage de la

fleur et de l’insecte. Belin, 479 p.

* 26, avenue du Mont-Blanc

69140 Rillieux-la-Pape

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Escapades germano-autrichiennes

18-19-20 juin, 5 et 31 juillet 2011

Patrick Pitois *

À Paul Ilhat1

Les 18, 20 et 21 juin dernier, Alain Pierné

(que je remercie pour sa relecture atten-

tive) et moi avons fait une sortie préparée

par lui – à partir d’informations d’Henri

Mathé et Jean-Marc Haas – en Bavière

(Allemagne) et au Tyrol (Autriche) voisin.

Avant de retrouver mon guide le matin du

samedi 18 juin, comme je passais par le col

de la Schlucht, j’ai fait un « petit crochet »

dans le secteur du Grand Ballon à 6 heures

30, afin de voir en pleine floraison le petit

dernier de la famille des ×Pseudorhiza bru-niana, H58, qu’André Hasenfratz venait de

découvrir la veille (après H57 que j’avais

trouvé l’avant-veille, dans le même secteur).

En cette année 2011, ce sont les seuls nou-

veaux hybrides observés, ce qui n’est pas si

mal, compte tenu des mauvaises conditions

météorologiques (sécheresse persistante

depuis janvier) : très peu de Dactylorhiza maculata sont visibles par rapport à une

année normale (Pseudorchis albida et

Traunsteinera globosa s’en sortent beaucoup

mieux) et de nombreuses plantes ont avorté

en début de croissance (dont plusieurs

hybrides des années précédentes, comme

H42, ayant stoppé net sa progression au

stade du bourgeon floral, puis ayant « pourri

sur pied » et disparu). Décidément, les

années se suivent et ne se ressemblent pas :

1 Cet article est dédié au botaniste Paul Ilhat,

décédé le 18 août 2011, dont j’ai pu apprécier à

partir de 2005 la compétence, alliée à une grande

convivialité, auquel je dois – ainsi qu’à son épouse

Denise – de nombreuses observations dans le

Jura (39), son département d’adoption,

notamment d’Orchis spitzelii et de Spiranthes

aestivalis (que j’ai découverts grâce à eux).

que nous réservera la « saison bruniana »

2012 ?

Pour nous consoler donc, au départ de

Munster (68), nous avons pris la route

jusqu’à Wallgau (Bavière), notre lieu

d’hébergement où nous sommes arrivés en

fin d’après-midi, sous une pluie continue

durant tout le trajet. Cela ne nous a pas

empêchés le soir de déguster la cuisine

locale, dans une auberge du village. Le

lendemain matin, dimanche 19 juin, sous un

ciel plus clément (averses éparses), nous

entamons notre tournée de prospection, qui

débute par une recherche de Malaxis monophyllos (commencée en fait la veille

sous la pluie), un des buts du voyage. Nous

naviguons ainsi entre les secteurs de

Garmisch-Partenkirchen (Bavière) et de

Reutte (Tyrol), sans trouver cette orchidée.

Précisons ici que le genre Malaxis comprend

environ 200 espèces, présentes quasiment

toutes sous les tropiques. Seule une espèce

(ou deux, comme il va être dit) existe en

Europe, celle précitée. Rare et connue

notamment chez nos proches voisins

allemands, autrichiens, italiens et suisses,

elle est en revanche absente de France.

D’aspect verdâtre, la plante a une assez

grande feuille basale obovale (comme son

nom l’indique), parfois deux, et une tige

jusqu’à une trentaine de centimètres de

hauteur, portant une grappe de très petites

fleurs, assez espacées, au labelle tourné

vers le haut. Elle affectionne les talus

humides ou les milieux tourbeux à mi-ombre

(en sous-bois clair ou en lisière forestière),

jusqu’à près de 2 000 m d’altitude. L’espèce

voisine est Hammarbya paludosa (rare

également mais présente en France, en

particulier dans une station du département

des Vosges), plus difficile à dénicher (en

tourbières acides seulement) car tout aussi

verdâtre et de taille moyenne plus petite.

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21

Notons que selon certains auteurs, dont

Pierre Delforge, le genre monospécifique

Hammarbya n’a pas lieu d’être, la plante

étant alors rattachée par eux au genre voi-

sin sous le synonyme de Malaxis paludosa.

Si nous ne trouvons pas le malaxis à une

feuille ce jour-là, un menu de choix nous

attend l’après-midi : les vastes prairies

humides d’Ettal (Bavière, nord de Garmisch-

Partenkirchen) qui mériteraient à elles

seules qu’on leur consacre au moins une jour-

née. Protégé depuis 1982, ce marais immense

de 159 hectares renferme entre autres

Dianthus superbus, Gentiana pneumonanthe

et G. utriculosa, Primula farinosa et Swertia perennis. Là, nous pouvons admirer par cen-

taines Dactylorhiza traunsteineri et Hermi-nium monorchis, voisinant avec D. fuchsii, D. majalis (en toute fin de floraison), Gymnade-nia conopsea, G. odoratissima, Platanthera bifolia et P. chlorantha. Une des vedettes

incontestables de l’endroit est toutefois D. ochroleuca (côtoyant son proche parent D. incarnata), dont les nombreux pieds aux

fleurs jaune pâle sont normalement en pleine

floraison vers les 20-25 juin ; mais cette

année, avec la même sécheresse persistante

ayant frappé la région, les plantes ont

poussé en avance et nous les trouvons en fin

de floraison, voire en fruits. Quelques pieds

sont néanmoins encore bien fleuris. Une

autre vedette des prairies d’Ettal est Pedi-cularis sceptrum-carolinum, lui-aussi présent

ici par centaines. Cette pédiculaire sceptre,

Scrophulariacée de grande taille et aux

fleurs jaunes, également absente de France,

croît dans le nord de l’Europe (Allemagne et

pays scandinaves notamment).

Quittant Ettal, nous terminons cette

journée au pied du Zugspitze (point culmi-

nant de l’Allemagne, à 2 962 m d’altitude,

mais dont le massif déborde en Autriche).

Vers la gare du téléphérique menant au

sommet, en lisière forestière, nous recher-

chons sans succès Botrychium virginianum

(plante alliée des fougères, Ophioglossacée

rare en Europe, absente en France), sur

indication d’Henri Mathé qui avait observé là

quelques pieds en 1988. Comme au premier

soir, nous nous consolons dans une auberge

toute proche, avec d’autres plats (et bois-

sons !) typiques.

Le lendemain, lundi 20 juin, nous prenons

déjà la route du retour, mais avec des

pauses salutaires au programme. La première

d’entre elle, sur indication de Jean-Marc

Haas, s’effectue à Stockach (Tyrol, nord-est

de St. Anton), le long d’un chemin de randon-

née en lisière forestière, à 1 200 m

d’altitude. Pour se mettre en bouche, nous

voyons d’abord quatre pieds de Gymnadenia odoratissima forme alba, et deux autres un

peu plus loin, tous en début de floraison,

voisinant avec quelques pieds types (aux

fleurs rosâtres), Dactylorhiza fuchsii, Epipactis atrorubens et G. conopsea. Et

dans le talus herbeux et humide le long du

chemin, nous dénichons enfin quelques pieds

bien visibles de Malaxis monophyllos (ouf,

nous ne rentrerons pas bredouilles !), lui

aussi en début de floraison. Je terminais un

article du précédent bulletin de la SFO-LA

(2010)2 en disant qu’il me restait à voir

(entre autres) G. odoratissima à fleurs

blanches : c’est désormais chose faite. Pour-

suivant notre route, nous poussons jusqu’au

nord-ouest du lac de Constance (Bodensee),

près de Karsee (Bade-Wurtemberg, Allema-

gne), où nous prospectons une dernière

station à orchidées, le site protégé de

Ruzenweiler, petite zone tourbeuse de

pente. Nous y trouvons Epipactis palustris en

2 P. Pitois, 2010.- « La saison du blanc ». Bull. de la

SFO-LA 8 : 14-15.

Prairies humides d’Ettal – 19 juin 2011

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début de floraison, Gymnadenia conopsea et

G. odoratissima (tous « normaux » !) quasi-

ment en pleine floraison, ainsi que Liparis loeselii en fin de floraison. Cette station est

également connue pour héberger Spiranthes aestivalis, mais nous y sommes trop tôt. En

outre, l’hybride G. odoratissisma x S. aesti-valis aurait été observé là, entre autres par

Jean-Marc Corbeil, mais cette découverte

demande confirmation.

Qu’à cela ne tienne. Je propose une quin-

zaine de jours plus tard à mes « compères »

Bertrand Gerber et André Hasenfratz de

retourner entre Bavière et Tyrol, et de pas-

ser au retour par cette station à spiranthes.

Donc, le mardi 5 juillet, nous démarrons aux

aurores pour rejoindre le site de Stockach

précité. En chemin, nous faisons un arrêt

impromptu au Flexenpass (col à 1 773 m

d’altitude, au-dessus de la ville de Lech, du

nom de la rivière passant aussi à Stockach),

où peu d’orchidées s’offrent à nous en cette

zone de pâtures. Parmi les Dactylorhiza alpestris (?), D. fuchsii, Gymnadenia conop-sea, Listera ovata et Traunsteinera globosa,

nous voyons un pied de G. odoratissima aux

fleurs presque blanches (avec des nuances

de rose toutefois). Puis nous rejoignons en

fin de matinée Stockach, où nous attend une

belle surprise : une quarantaine de G. odora-tissima sont visibles… dont une trentaine à

fleurs blanches ! Si les pieds sont globale-

ment en fin de floraison, quelques-uns

restent fort présentables, voire en milieu de

floraison. Et nous retrouvons (outre les

autres plantes déjà citées en ce lieu) une

quinzaine de Malaxis monophyllos, cette fois

en pleine floraison, dont un pied sur une por-

tion de talus à nu, voisinant avec quelques

Goodyera repens en boutons.

Après la pause déjeuner, nous nous

dirigeons vers le lac de Constance, non sans

un nouvel arrêt impromptu à un passage de

col (Hochtannbergpass, à 1 679 m d’altitude,

au nord de Lech). Les pelouses aux abords

sont également pâturées, mais nous voyons

néanmoins de très nombreux Gentiana pur-purea et Veratrum album, côtoyant quelques

orchidées vues au précédent col (plus Pseu-dorchis albida, ce qui m’incite à rechercher

un ×Pseudorhiza, sait-on jamais…). Enfin,

nous arrivons en fin d’après-midi sur la sta-

tion à spiranthes déjà nommée, près de

Karsee. Effectivement, en plus des orchi-

dées déjà vues le 20 juin avec Alain, nous

trouvons neuf pieds de Spiranthes aestivalis

en début de floraison (d’autres étant sans

doute à venir).

Cette deuxième escapade sitôt terminée,

nous pouvons déjà songer à la troisième :

ainsi, le dimanche 31 juillet en début de

matinée, je retrouve Claudine et Jean-Marc

Haas, Henri Mathé et Alain Pierné. Par

l’autoroute allemande, nous nous dirigeons

vers le massif du Taunus. Au cœur de celui-

ci, entre Coblence et Wiesbaden, aux envi-

rons de Katzenelnbogen (Land de Rhénanie-

Palatinat), nous visitons une hêtraie calcaire

à environ 300 m d’altitude (prospectée en

2005 par un couple d’orchidophiles alle-

mands, Katja et Uwe Grabner, que nous

remercions pour leurs indications), où Epi-pactis peitzii est connu. Selon les auteurs, la

plante – autogame –, découverte et décrite

récemment (1997), est également nommée E. leptochila var. peitzii (par P. Delforge en

Pedicularis spectrum-carolinum

Ettal – 19 juin 2011

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2004), E. leptochila subsp. peitzii ou encore

E. muelleri var. peitzii. Nous trouvons une

vingtaine d’exemplaires, croissant en pieds

isolés – ce qui est habituel –, dont l’allure

générale fait plutôt penser à E. leptochila

(forme des feuilles, port des fleurs – photo

ci-dessous), mais également à E. muelleri si

l’on examine de près le périanthe et le

labelle. Quoi qu’il en soit, cette orchidée à

floraison assez tardive (certains pieds sont

encore largement en boutons) est connue

uniquement de ce secteur du Taunus. Nous

voyons aussi à proximité quelques E. purpurata (en boutons) et E. helleborine (en

fruits), cotoyant Cephalanthera damasonium

(en fruits).

Sitôt le déjeuner consommé, nous filons

vers le sud par l’autoroute. Quittant celle-ci,

entre Mannheim et Karlsruhe, nous nous

rapprochons du Rhin, aux environs de

Russheim (Rhénanie-Palatinat), dans une

réserve naturelle protégée (« Naturschutz-

gebiet » - NSG) dénommée « Russheimer

Altrhein ». En ce milieu de zones humides

(déjà prospecté par Henri en 2004, avec

Pascal Holveck et Claude Jérôme) com-

prenant notamment des étangs, nous voyons

en bordure de l’un d’eux une belle population

de Salvinia natans. Cette fougère flottant à

la surface de l’eau, sans véritables racines, à

fructification globuleuse tardive (que l’on

commence à voir ce jour-là), est composée

de petites feuilles, couvertes de papilles

blanchâtres sur leur face supérieure

(tournée vers le ciel). En France, où elle est

protégée sur le plan national, la plante

semble avoir disparu (stations très

anciennes ; une seule observation assez

récente, en 1974). En Europe, elle est

l’unique représentante du genre Salvinia,

comprenant une dizaine d’espèces (principa-

lement sous les tropiques), toutes aquati-

ques. Hormis cette rareté, nous retrouvons

E. helleborine en fruits, le long du chemin

d’accès aux étangs (ainsi que de très nom-

breux moustiques, particulièrement vora-

ces !). L’heure étant avancée, nous rattra-

pons l’autoroute du retour, non sans quelques

difficultés d’approche sur ce réseau routier

particulièrement dense ; heureusement, une

grande et haute enseigne « Erotik » (!),

repérée un peu plus tôt, nous remet dans le

droit chemin, si j’ose dire.

Ainsi s’achèvent ces escapades germano-

autrichiennes en trois temps. Puissent-elles

donner des idées à nos amis orchidophiles,

les distances restant raisonnables. Ainsi, au

départ de Colmar, par l’autoroute suisse, la

station à Malaxis monophyllos de Stockach

se rejoint en 4 h 30 de route environ (sans

compter les pauses), en respectant les limi-

tations de vitesse cela va de soi.

* 60, rue de Honolulu, 88600 Bruyères.

Références bibliographiques :

Delforge P. 2005. Guide des orchidées d’Europe, d’Afrique du Nord et du Proche-Orient, 3ème édition, Delachaux et Niestlé,

Paris, 640 p.

Fitter R. et al., 2007. Guide des fleurs sauvages, 7ème édition, version française

Delachaux et Niestlé, Paris, 352 p.

Prelli R., 2002. Les fougères et plantes alliées de France et d’Europe occidentale,

Belin, Paris, 432 p.

Site internet (informations complémen-

taires pour Epipactis peitzii) du couple

Grabner, en allemand : http://www.grabner-

orchideen.com.

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Escapades vosgiennes

Patrick Pitois *

Constatant que les Vosges (88) étaient

régulièrement citées dans plusieurs de mes

précédents articles, mais de manière dispa-

rate, j’ai donc choisi de regrouper ici des

observations personnelles d’orchidées faites

exclusivement dans mon département

d’origine, à commencer par l’une des plus

récentes, et non des moindres.

Le 3 mai 2011, André Hasenfratz, Alain

Pierné et moi-même nous sommes rendus

dans une prairie humide ayant belle allure,

située à Vomécourt (près de Rambervillers),

où nous avons constaté la présence en nom-

bre de Dactylorhiza majalis et d’Orchis morio (dans les parties les plus sèches). Lors

de ma deuxième visite le 30 mai suivant, j’ai

d’abord vu quelques pieds de D. maculata.

Mais surtout, dans la partie la plus humide

(marécageuse) de la prairie, j’ai compté neuf

pieds de ce qui était sans l’ombre d’un doute

D. incarnata, cette observation confirmant

la découverte faite par Michel Stoecklin et

Christophe Aubry (Association FLORAINE)

en juin 20101 et qui nous a conduit en ce lieu.

Voir cette espèce à une trentaine de

kilomètres de chez moi m’a procuré un grand

plaisir, d’autant plus qu’il semble bien s’agir

de l’unique station actuellement connue du

département des Vosges (les années

passées, j’avais vu l’espèce notamment à

Lorquin – 57 – et à Gambsheim – 67 –). Sinon,

l’espèce est peu représentée dans les deux

départements lorrains voisins de la

Meurthe-et-Moselle (54) et de la Meuse

(55), mais est davantage présente dans le

quatrième département lorrain, la Moselle

(57).

1 Willemetia n° 65, août 2010, « Le coin des

découvertes ».

Pour être complet, j’ai également pros-

pecté un autre fond humide vosgien le 2 juin,

à Girmont-Val-d’Ajol, près de Remiremont.

Là aussi, D. incarnata était cité sous ré-

serve, mais ma recherche n’a pas permis de

confirmer sa présence, d’autant plus que le

biotope ne m’a pas paru favorable à l’espèce.

En revanche, j’ai vu de nombreux D. maculata

(en pleine floraison) et D. majalis (quasiment

défleuris), ainsi que Platanthera chlorantha

(en début de floraison) dans les prés voisins.

Pour revenir au secteur de Rambervillers,

je suis allé, ce même 30 mai, sur une colline

calcaire dominant la ville, constituée de

prairies et de vergers privés, afin de

compléter mes observations entamées

l’année précédente (2010). Là encore, quel

plaisir de voir aussi près de mon domicile, au

fil de mes visites d’avril à juin, pas moins de

dix espèces d’orchidées : Anacamptis pyra-midalis (très nombreux), Dactylorhiza ma-culata (assez nombreux), Himantoglossum hircinum (assez nombreux), Listera ovata

(très nombreux), Ophrys apifera (une petite

population), O. fuciflora (assez nombreux) –

et quelques hybrides entre eux –, Orchis anthropophora (deux pieds), O. mascula (as-

sez nombreux), O. militaris (six pieds) et

Platanthera bifolia (assez nombreux). Cerise

sur le gâteau, j’ai également vu deux lusus

d’A. pyramidalis : le premier, découvert le 27

mai 2010, avait une hampe florale divisée sur

le haut (donc à «deux têtes » : observation

déjà faite en 2006 à Gambsheim – photo ci-

après) ; le second, trouvé le 23 mai 2011,

portait des fleurs toutes non résupinées,

donc aux labelles tournés vers le haut. Et

sur une parcelle isolée (complètement dis-

jointe de la colline précitée) de la même

commune, j’ai pu voir fin mai 2009 de nom-

breux D. majalis et surtout, un pied de Coe-loglossum viride (quelques pieds seulement

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les bonnes années), dont c’est ici la seule

station connue de la plaine vosgienne (en

montagne, la plante est connue uniquement à

La Bresse – près de Gérardmer – sur le ver-

sant lorrain du Hohneck).

Plus près encore de chez moi, se trouve la

prairie humide communale du Fihis à Biffon-

taine, gérée par le CSL. Découvrant le site

en mai 2007, j’y ai observé une petite popu-

lation d’Orchis morio et, parmi les très

nombreux Dactylorhiza majalis, un pied à

fleurs blanches (var. alba, assez rare), revu

les deux années suivantes. S’y ajoutent D. maculata (et quelques hybrides avec D. ma-jalis), ainsi que Platanthera bifolia. D’autres

prairies humides explorées en mai 2008 et

2009 à Brouvelieures et Vervezelle (près de

Bruyères) m’ont permis de voir des popula-

tions importantes de D. majalis (dont un pied

aux fleurs d’un rose très pâle) et O. morio,

plus quelques pieds de Listera ovata et O. mascula.

Dans l’ouest vosgien, si la recherche de

Cypripedium calceolus avec Alain Pierné le

22 mai 2011 à Domjulien (entre Mirecourt et

Vittel), où la plante aurait été observée il y a

quelques années par un agent ONF, s’est

avérée vaine, nous avons néanmoins pu voir

(en sous-bois et pelouses) de nombreux Ana-

camptis pyramidalis, Cephalanthera damaso-nium, Neottia nidus-avis et Orchis militaris,

ainsi qu’Himantoglossum hircinum, Listera ovata, Ophrys fuciflora et Platanthera bifo-lia. Lors de ma première visite en 2005,

j’avais également observé, dans un autre

secteur de la même commune, d’assez nom-

breux Dactylorhiza maculata (côtoyant les

espèces précitées, sauf O. militaris).

Un peu plus loin vers l’ouest, près de

Neufchâteau, dans l’ancienne carrière de

Coussey (gérée par le CSL), j’ai découvert en

mai puis juin 2008 un site hébergeant une

très importante population d’Epipactis atro-rubens et de nombreux A. pyramidalis, Gym-nadenia conopsea, E. helleborine, Listera ovata et Ophrys insectifera. S’y ajoutent, en

plus petite quantité, Cephalanthera damaso-nium, C. rubra, D. maculata, H. hircinum, O. apifera et O. fuciflora (et l’hybride entre

ces deux derniers). Mais surtout, j’ai pu

admirer le 16 juin 2008 un probable hybride

(rare) entre A. pyramidalis et G. conopsea

(×Gymnanacamptis anacamptis)2, non revu

depuis. Parmi les centaines d’E. atrorubens,

un lusus rosea a été observé en boutons par

Jean-Christophe Ragué (CSL) fin mai 2006,

mais n’a pas été revu depuis, ni en boutons,

ni fleuri ; pour ma part, j’ai vu plusieurs

pieds aux feuilles et aux tiges très violacés

et, le 27 juin 2011, un pied hypochrome.

Assez proche de Coussey, sur la commune

de Villouxel, se trouve l’unique station lor-

raine connue (une autre observation sur la

commune voisine de Pargny-sous-Mureau

attend confirmation) de Gymnadenia odora-tissima, dont une trentaine de pieds côtoie

de nombreux G. conopsea (et des plantes

intermédiaires), ainsi qu’Epipactis palustris.

Toujours dans le secteur de Neufchâ-

teau, deux pelouses calcaires gérées par le

CSL présentent aussi de l’intérêt : sur la

première, dite du Potelon, à Attignéville, j’ai

vu en juin 2005 de nombreux A. pyramidalis,

dont quelques pieds de la var. alba. Sur la se-

2 P. Pitois, 2009.- « Découvertes 2008 », Bull. de

la SFO-LA 6 : 7-9.

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conde, dite du Coteau de la rivière, à Auti-

gny-la-Tour, le 1er mai 2010, j’ai observé de

très nombreux Orchis morio (dont, là aussi,

quelques pieds de la var. alba).

Sur ce coteau, Dactylorhiza sambucina a été

vu il y a quelques années par Monique

Guesné, mais il s’agit probablement d’une

implantation « accidentelle » (ou d’une ten-

tative d’introduction ?), la plante n’ayant pas

été revue depuis (ma recherche de ce 1er mai

n’a rien donné, bien qu’en ayant la localisation

exacte), en ce milieu à priori peu favorable à

l’espèce. Les autres orchidées recensées

plus tard dans la saison sur ce site sont Hi-mantoglossum hircinum, Ophrys aranifera (=

sphegodes, à confirmer), O. fuciflora, O. insectifera, Orchis anthropophora, O. mili-taris et O. morio.

Aux confins sud-ouest du département, à

Lironcourt, on peut visiter l’unique station

connue à ce jour de Spiranthes spiralis en

Lorraine (dans la station de Bitche – 57 –

l’apparition de l’espèce est aléatoire, avec

deux pieds trouvés en août 2005, non revus

depuis). Depuis sa découverte en octobre

2005 (fructifiée) par Jean-Christophe

Ragué et Didier Arseguel (CSL, gestionnaire

du site, propriété communale), la plante s’est

avérée très présente, puisque les bonnes

années, environ 300 pieds sont observables

(pour ma part, j’en ai compté 285 fin août

2007). Plus tôt dans la saison, la même

station contient Anacamptis pyramidalis,

Gymnadenia conopsea, Himantoglossum hircinum, Ophrys apifera, O. fuciflora,

Orchis anthropophora, O. militaris (plus leur

hybride), O. morio et O. purpurea (soit dix

espèces en tout). Notons encore qu’en cette

année 2011, les spiranthes étaient précoces,

puisque j’en ai dénombré une cinquantaine

(de début à milieu de floraison) le 4 août.

Les Hautes-Vosges, toujours dans le

même département, apportent aussi leur lot

de richesses aux orchidophiles. Ainsi, la

tourbière de Jemnaufaing à Rochesson (gé-

rée par le CSL), près de Gérardmer, que j’ai

découverte début juin 2007, recèle une po-

pulation de Dactylorhiza « problématiques »

(c’est presque un pléonasme !) ayant des

allures de D. wirtgenii (lui-même taxon sujet

à controverses), vu dans le département

voisin de la Haute-Marne (52), à Germaines.

Sur la même station, deux autres Dactylor-hiza viennent jouer les « trouble-fête » (il y

a de l’introgression dans l’air !), D. maculata

et D. majalis.

Une autre tourbière à La Bresse héberge,

elle, un véritable « trésor », Hammarbya paludosa (très rare en France et protégé sur

le plan national). Mais depuis sa redécou-

verte en 2000 (une centaine de pieds alors)

par Henri Mathé et Alain Pierné, cette

plante minuscule régresse d’année en année,

le milieu se refermant. De plus, la station

extrêmement fragile souffre de son piéti-

nement excessif par de prétendus botanis-

tes amateurs de raretés. Lors d’une visite

début août 2010, dans le seul espoir (resté

vain) de trouver l’espèce en des zones plus

ouvertes de la tourbière, je n’ai pu que cons-

tater au passage les dégâts occasionnés : les

deux seuls pieds que j’ai vus étaient dé-

truits, manifestement à la suite d’une re-

cherche aussi vaine qu’obstinée menée dans

les jours précédents par un petit groupe

d’« orchidophiles ». Donc, de grâce, laissons

l’endroit retrouver sa tranquillité, d’autant

plus nécessaire qu’il s’agit de l’unique station

actuellement connue du massif vosgien (tous

départements confondus), et même du Grand

Est : les seules autres stations connues en

France sont situées vers le Massif central

ou le Massif armoricain. De surcroît, il serait

utile à mon sens d’y remettre en place un

pâturage bovin (pratiqué à proximité), de

manière raisonnée cela va de soi, afin de

rouvrir le milieu.

Deux belles stations à Corallorrhiza tri-fida (plus une troisième à La Bresse, les

seules actuellement connues en Lorraine)

méritent également le détour dans le dépar-

tement des Vosges : la première, sur les

hauteurs de Gérardmer, gérée par le CSL,

en héberge une centaine de pieds les bonnes

années (un peu plus de cent pieds comptés le

31 mai 2011, malgré la sécheresse générali-

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sée), côtoyant Dactylorhiza maculata, au

moins aussi nombreux. La seconde, sur les

hauteurs de Rochesson, en forêt de Noire-

goutte, contient pas loin de 150 pieds (j’en ai

compté plus de 130 le 12 juin 2008) les bon-

nes années, dont un nouveau lusus à triple

labelle déniché par Laurent Godé, du Parc

Naturel Régional de Lorraine, le 30 mai 2011

(après les trois découverts le 5 juin 2005 à

Orbey – 68 – lors d’une sortie SFO-LA). Ob-

servons ici que dans cette même forêt de

Noiregoutte, Epipogium aphyllum a été ob-

servé vers la fin du XIXème siècle, mais n’a

pas été revu depuis. Mes recherches per-

sonnelles, ces dernières années, en plusieurs

endroits à priori favorables de la forêt (y

compris, plus tard dans la saison, sur la sta-

tion à C. trifida de Rochesson) sont restées

vaines à ce jour. Le même E. aphyllum aurait

été trouvé à Xonrupt-Longemer par Jean-

Marc Corbeil en 2001, mais en l’absence de

photos et les recherches ultérieures étant

restées vaines, cette « découverte » attend

toujours une confirmation.

Ainsi s’achève cette évocation (partielle !)

des richesses orchidologiques du départe-

ment des Vosges. Et bien qu’ayant passé sous

silence le reste de la flore vosgienne, je ne

résiste pas au plaisir de citer une fougère,

Polystichum braunii. Cette espèce très rare

en France, protégée sur le plan national, est

connue uniquement en Midi-Pyrénées (Ariège

– 09 – et Haute-Garonne – 31 –) et dans nos

proches départements des Vosges, de la

Haute-Saône (70) et du Haut-Rhin (68, dé-

couverte récente). Ainsi, j’ai pu observer la

plante le 27 septembre 2008, avec Alain

Pierné, en deux stations situées à Saint-

Maurice-sur-Moselle, versant vosgien du

Ballon d’Alsace.

* 60, rue de Honolulu, 88600 Bruyères.

Références bibliographiques :

Bournerias M., Prat D. et al. (collectif de

la Société Française d’Orchidophilie), 2005.

Les Orchidées de France, Belgique et

Luxembourg, 2ème édition. Biotope (collection

Parthénope), Mèze, 504 p.

Ferrez Y. & al., 2001. Atlas des plantes

rares ou protégées de France-Comté. So-

ciété d’Horticulture du Doubs et des amis du

Jardin botanique. Naturalia Publications,

Turriers, 310 p.

Muller S., 2006. Les Plantes protégées de

Lorraine – Distribution, écologie et

conservation. Biotope (collection Parthé-

nope), Mèze, 376 p.

Prelli R., 2002. Les fougères et plantes

alliées de France et d’Europe occidentale.

Belin, Paris, 432 p.

Voir également, en page 39 :

Epipactis atrorubens lusus rosea, Coussey,

23 mai 2006 (photo Jean-Christophe Ragué,

CSL)

Lusus de Corallorrhiza trifida,

Rochesson 30 mai 2011

ph. Laurent Godé, PNR Lorraine

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Sortie du 1er mai 2011

Patrick Pitois *

À Madeleine Selig1

En ce dimanche 1er mai, sous un soleil

bienveillant, quatorze orchidophiles se re-

trouvent en milieu de matinée au parking de

la nécropole de Sigolsheim (68), point de

départ de cette sortie programmée pour la

journée. D’emblée, une première bonne sur-

prise nous attend, mitonnée par l’un des

participants, Robert Selig. Peu auparavant,

celui-ci est parvenu, avec l’aide d’un ami pho-

tographe naturaliste, Charles Metz, à sen-

sibiliser la personne chargée de l’entretien

de ce cimetière militaire national (géré par

le Ministère de la Défense et des Anciens

Combattants), à propos des orchidées pous-

sant en son enceinte, entre les rangées de

pierres tombales. Jusqu’à l’an dernier en-

core, la pelouse était tondue au « sabot

deux »2 (ceux parmi les lecteurs ayant

effectué leur service militaire national, au

temps où il était obligatoire, comprendront

l’expression), les orchidées susceptibles de

pousser là n’ayant donc aucune chance. Grâce

à l’intervention de Robert, et avec l’aimable

collaboration de la personne entretenant les

lieux (que l’on peut féliciter d’avoir réalisé là

un véritable travail d’orfèvre, en tondant

1 Le présent article est dédié à Madeleine,

décédée le 28 décembre 2010, épouse de Robert

SELIG, présent à cette sortie. 2 L’expression « sabot deux » se réfère à la tonte

incontournable de la chevelure (parfois bien

fournie) des appelés au service militaire

obligatoire (suspendu depuis 1997), dans les

premiers jours de leur incorporation. Le rasoir

électrique utilisé, muni d’un sabot, recouvre les

ciseaux et « calibre » une coupe impeccable, ne

laissant dépasser que deux millimètres de

cheveux (ou trois avec un « sabot trois », etc.)

sur le crâne des conscrits.

impeccablement autour des plantes), nous

pouvons admirer cette année de nombreux

Himantoglossum hircinum (Orchis bouc) et

Ophrys fuciflora (Ophrys bourdon) bien

fleuris, cette deuxième espèce formant

parfois de belles touffes, pour la plus

grande joie des photographes.

Après cette mise en bouche, nous nous

rendons derrière la nécropole, sur l’une des

parcelles de la colline de Sigolsheim gérée

par le Conservatoire des Sites Alsaciens

(CSA). Outre les deux orchidées déjà citées,

une belle population d’Orchis simia (Orchis

singe) s’offre à nos yeux. Si plusieurs pieds

sont déjà passés, car ayant démarré leur

croissance avec une quinzaine de jours

d’avance par rapport aux dates habituelles

(je reviendrai plus loin sur ce phénomène),

d’autres sont en pleine floraison et en par-

fait état. Peu après, en bordure d’un chemin

carrossable, Alain Pierné – mon « copilote »

pour cette sortie, que je remercie pour sa

relecture attentive du présent article –

attire notre attention sur plusieurs touffes

d’Isatis tinctoria (autrefois utilisé en

teinture, d’où son nom scientifique ; nom

commun : Pastel des teinturiers), de la fa-

mille des Brassicaceae. Puis nous nous diri-

geons au nord-ouest, vers la partie fores-

tière de ce qui est dénommé « Mont de Si-

golsheim » – alt. 402 m – sur les cartes au

1/25 000 de l’IGN (Institut Géographique

National).

En chemin, nous visitons deux autres par-

celles gérées par le CSA. La première hé-

berge au début de la saison une petite po-

pulation d’Ophrys araneola (Ophrys petite

araignée), normalement en pleine floraison

vers les 15-20 avril, dont un pied a encore un

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fleuron sommital présentable. L’hybride de

cette espèce avec O. fuciflora est égale-

ment observé. Ajoutons-y une autre petite

population, cette fois de Dictamnus albus

(Fraxinelle), genre monospécifique de la

famille des Rutaceae, protégé régionale-

ment. Après avoir remarqué en passant les

nombreuses feuilles de Gymnadenia conopsea

(Orchis moucheron) à venir, dont un pied

avec son inflorescence en boutons, la

seconde parcelle ne présente aucun intérêt,

en raison d’une végétation envahissante,

composée notamment des nombreux rejets

d’arbres avoisinants et du tapis de Geranium

sanguineum (Géranium sanguin). Ce dernier

est certes « esthétique » lorsqu’il est fleuri,

mais il « s’installe » rapidement et son

feuillage étouffe malheureusement d’autres

plantes connues auparavant en nombre sur la

colline de Sigolsheim. Ainsi, en dépit des

nombreuses paires d’yeux scrutant le ter-

rain, aucun Ophrys insectifera (Ophrys mou-

che) ne peut être déniché, alors qu’il est

censé être visible sur ladite parcelle à cette

période. Soit dit en passant, le même phé-

nomène d’embroussaillement peut être cons-

taté plus avant dans la saison, sur les crêtes

vosgiennes, notamment dans la réserve natu-

relle du Tanet-Gazon du Faing (88), où les

« collègues » de ce géranium, tout aussi es-

thétiques mais invasifs, se nomment là –

entre autres – Calluna vulgaris (Callune) et

Vaccinium myrtillus (Myrtille commune,

connue également sous l’appellation régionale

de « brimbelle »), lesquels ne laissent aucune

chance de survie aux nombreux Dactylorhiza

maculata (Orchis tacheté) et Pseudorchis

albida (Orchis miel) autrefois présents en

ces lieux (bruniana3, où te caches-tu ?). Pour

3 ×Pseudorhiza bruniana est l’hybride entre ces

deux espèces. Lire, entre autres : A. Pierné & al.,

2009-2010.- « Suivi d’une population de l’hybride

×Pseudorhiza bruniana (= Dactylorhiza maculata ×

être complet, il subsiste au cœur de la

réserve un « exclos » (parcelle

expérimentale), mais où la petite population

de ces deux orchidées me paraît diminuer

d’année en année.

Cette parenthèse refermée, passée la

petite déception du jour, nous parvenons à

l’orée de la forêt sommitale de chênes pu-

bescents (Quercus pubescens), chênes

subméditerranéens des versants ensoleillés

calcaires : pour commencer, à l’ombre de l’un

d’eux, nous attend à nouveau O. simia. Quel-

ques dizaines de mètres plus loin, parmi les

pieds types de cette espèce, trois de la var.

alba ont été vus en 20104, mais aucun n’est

réapparu cette année. En s’enfonçant davan-

tage dans la forêt, par un sentier étroit de

plus en plus embroussaillé au fil des ans

(comme l’ensemble de ces bois), et donc

obligatoirement en file indienne, nous obser-

vons quelques autres pieds de cette orchi-

dée. Là nous attend également la deuxième

bonne surprise de la journée : en tête de

colonne, nous débusquons, à moins de deux

mètres en retrait du sentier, un reptile bien

connu sur la colline de Sigolsheim5 (outre le

célèbre lézard vert occidental, Lacerta bili-

neata, protégé régionalement), une coronelle

lisse (Coronella austriaca) enroulée sous un

rayon de soleil perçant la « canopée ». Le

silence et l’absence de tout mouvement

brusque étant immédiatement requis, les

plus proches du reptile profitent de son

immobilité pendant une longue minute (l’un

de nous, Daniel Danzer, le filme au cames-

cope ; en revanche, aucun appareil photo

Pseudorchis albida) dans les Hautes-Vosges

(France) ». L’Orchidophile 183 : 269-278 (1ère

partie) et 184 : 31-41 (2nde partie). 4 P. Pitois, 2010.- « La saison du blanc ». Bull. de la SFO-LA 8 : 14-15. 5 Y. Sell & al., 1998.- L’Alsace et les Vosges –

Géologie, milieux naturels, flore et faune.

Delachaux et Niestlé, Paris, 352 p.

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n’est à portée de main), avant qu’il ne ré-

agisse enfin à notre présence et ne se dé-

place dans les taillis, nous permettant de

constater qu’il mesure largement plus d’un

mètre. Après cette heureuse rencontre –

peut-être pas au goût de tous, mais ce rep-

tile, habituellement très discret (de sur-

croît, rare et protégé nationalement), ne se

laisse pas facilement observer –, nous sor-

tons de la forêt et retournons tranquille-

ment vers le parking de la nécropole, par l’un

des chemins carrossables d’accès, voyant au

passage de nouveaux H. hircinum et O. simia.

Midi ayant largement sonné, nous nous

installons alors sur un coin de pelouse à côté

des voitures, pour pique-niquer, de manière

royale (pas besoin pour cela d’être allé à

Buckingham Palace deux jours auparavant, au

mariage de « Kate » et « Willy ») : un nou-

veau venu au sein de la SFO-LA résidant

dans le secteur, Guy Thomas, nous sort de sa

camionnette deux tables et des bancs,

excusez du peu ! J’en profite pour débou-

cher une bouteille de blanc d’Arbois (j’aurais

pu aussi choisir un vin d’Alsace, mais comme

j’apprécie tout autant les vins du Jura, et

histoire de taquiner un peu nos amis alsa-

ciens, majoritairement présents…), pour

arroser dignement ce 1er mai qui se trouve

être mon jour anniversaire.

Après cette pause déjeuner, nous repre-

nons les véhicules pour nous déplacer vers la

seconde colline à orchidées de la journée,

celle du Grasberg (au sommet de laquelle –

alt. 341 m – se trouve un autre cimetière

militaire, allemand celui-là), située à une

douzaine de kilomètres de Sigolsheim et

partagée entre les communes de Bergheim

et de Rorschwihr, au nord-est de Ribeauvillé

(toujours dans le département du Haut-

Rhin). Le programme initial de la sortie, ou-

tre la colline de Sigolsheim, prévoyait une

visite vers le sommet du Stauffen (alt. 898

m, point convergent de trois communes),

dominant la vallée de Munster (68) et hé-

bergeant une importante population de Dac-

tylorhiza sambucina (Orchis sureau) – exclu-

sivement à fleurs jaunes –, dont l’essentiel

est sur la commune de Soultzbach-les-Bains

(68). Mais l’avance générale des floraisons

de quinze jours, déjà évoquée plus haut, a

fait que les plantes se trouvaient au mieux

de leur forme vers le quinze avril, alors qu’à

la date habituellement normale de ce 1er mai,

elles étaient complètement « grillées », d’où

la décision prise quasiment en dernière mi-

nute, de remplacer cette visite par celle du

Grasberg. J’avais un instant songé, comme

solution alternative, aux D. sambucina d’une

station (où l’on peut voir, contrairement au

Stauffen, également des pieds à fleurs rou-

ges) en contrebas du Grand Ballon, point

culminant – 1 424 m – du massif vosgien. Une

visite que j’y ai faite une dizaine de jours

auparavant a ruiné cet espoir : les plantes

avaient également démarré leur floraison

une quinzaine de jours plus tôt qu’en temps

normal et étaient quasiment toutes

« grillées » elles aussi, sous l’effet conjugué

du froid au petit jour (avec des gelées blan-

ches) la semaine ayant précédé ma visite, et

du temps exceptionnellement chaud et sec

constaté depuis de nombreuses semaines

avant la sortie, responsable de cette préco-

cité (le traditionnel muguet – Convallaria

majalis – du 1er mai avait lui-aussi commencé

à fleurir bien plus tôt).

Arrivés donc au Grasberg (également en

partie géré par le CSA), je laisse Alain nous

piloter, car il connaît mieux que moi les lieux

et y a effectué dans les jours précédents

une reconnaissance. Après avoir admiré,

devant la place de parking, une petite popu-

lation d’Orobanche sp. (famille des Oroban-

chaceae), nous profitons dans une parcelle

en sous-bois clair des nombreux pieds bien

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fleuris, en avance comme il se doit, de Ce-

phalanthera damasonium (Céphalanthère à

grandes fleurs). Puis, après avoir aperçu à

nouveau la fraxinelle déjà nommée (à quasi-

ment une centaine de mètres sous le sen-

tier) et vainement recherché sur le versant

sud Orchis anthropophora (Orchis homme

pendu) connu ici, mais ayant souffert du

même embroussaillement constaté à Sigols-

heim, nous pouvons voir néanmoins de nom-

breux pieds d’O. militaris (Orchis militaire),

dont une forme alba (peu fréquente, der-

nière bonne surprise de la journée) et quel-

ques rares pieds (toujours à cause de la vé-

gétation invasive) d’O. fuciflora. S’y ajoutent

une poignée d’Orchis morio (Orchis bouffon)

encore en bon état – ils fleurissent habi-

tuellement assez tôt dans la saison – et plu-

sieurs Coeloglossum viride (Orchis gre-

nouille) en boutons ou en début de floraison

(que nous n’aurions pas vu une année normale,

à cette date).

La visite au Grasberg achevée, plusieurs

membres du groupe nous quittent. Ceux res-

tés (dont l’auteur), toujours sous la conduite

d’Alain, se rendent dans une prairie humide

(presque sèche en l’occurrence) elle aussi

gérée par le CSA, située sur la commune de

Bergheim, mais au-delà de la voie rapide

(N83) allant vers Sélestat (67), donc quasi-

ment à la limite départementale avec le Bas-

Rhin. Ici, une importante population de Ge-

ranium palustre (Géranium des marais, pro-

tégé régionalement) s’offre au regard, ayant

vaillamment résisté à la sécheresse, contrai-

rement à Dactylorhiza majalis (Orchis de

mai), assez présent ici habituellement, mais

dont deux pieds seulement sont trouvés (l’un

ayant triste mine). Précisons que le site est

géré surtout pour un papillon rare, Maculinea

teleius (Azuré de la sanguisorbe), protégé au

niveau national.

Ainsi se conclut cette belle journée

(l’orage qui a couvé dans le lointain depuis le

matin, semble décidé à éclater vers la Forêt

Noire et les crêtes vosgiennes), au terme de

laquelle les participants restés se séparent,

repus mais prêts à en découdre de nouveau

en « Orchidoland ». J’ai dit repus ? Assuré-

ment non pour notre sympathique couple

venu de sa lointaine contrée d’Argonne (par-

tie Lorraine, département de la Meuse),

Martine et Daniel Danzer. Ils ont l’habitude,

vu le déplacement conséquent qu’ils ont à

faire pour venir en Alsace ou dans les

Hautes-Vosges, de rester deux jours sur

place. Comme ils prennent la route du retour

le lendemain lundi, nous les invitons à aller

découvrir en matinée la forêt d’Heiteren

(68), proche de leur lieu d’hébergement,

propriété du Consistoire protestant de

Colmar (y compris plusieurs clairières

steppiques gérées par le CSA). De nombreux

Orchis purpurea (Orchis pourpre) et O.

simia – et quatre hybrides entre eux (Orchis

×angusticruris), repérés les jours précé-

dents par d’autres « mordus » – les y atten-

dent, ainsi que la fraxinelle. Mais surtout,

est là présent le rare Adonis vernalis

(Adonis de printemps, de la famille des Ra-

nunculaceae), protégé régionalement, dont

c’est la seule station connue d’Alsace (la

plante est alors en fruits, car fleurissant

plus tôt dans la saison). Nous leur communi-

quons bien entendu toutes informations uti-

les (P.-S. : Daniel, la forêt est vaste, n’oublie

pas la laisse ! – les lecteurs « initiés » com-

prendront).

* 60, rue de Honolulu, 88600 BRUYERES.

Voir photos de Guy Thomas en page 39.

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Abbé Georges Jeanbourquin (1904 – 1996)

Un orchidophile passioné

Christophe Boillat *

1. Introduction

Ecrire une biographie au sujet de l’abbé

Georges Jeanbourquin est pour moi un plaisir

qui ravive de beaux et bons souvenirs. En effet,

l’ayant côtoyé à quelques occasions dans sa mai-

son de Saint-Brais, je garde toujours de lui le

côté attachant et passionné d’un homme qui a

aimé la nature et qui désirait transmettre sa

flamme pour son amour des orchidées.

En cherchant un peu sur Internet et ailleurs,

j’ai très vite remarqué, que quasiment rien

n’avait été écrit sur sa vie. Cela a été d’autant

plus intéressant et passionnant pour moi de

chercher et de glaner des renseignements rela-

tant la vie de notre abbé des orchidées. Avec

l’aide de son neveu Maxime, j’ai pu récolter avec

précision tout ce qui touchait à sa biographie.

C’est la première partie de cet article. Dans un

second temps, j’aborde ce qui faisait vivre

notre homme avec son ministère presbytéral et

ses violons d’Ingres. Il s’est avéré intéressant

d’inventorier et de comparer l’orchidoflore de

notre canton au travers des deux ouvrages que

notre auteur à écrit en les mettant en réso-

nance avec deux autres livres contemporains de

la vie de l’abbé. Je termine par quelques anec-

dotes qui ne manquent pas de saveurs, de par-

fums et de couleurs tout orchidophiles.

2. Biographie1

Georges Jeanbourquin, fils d’Alcide et de Ma-

rie-Dionyse Froideveaux, est né le 24 mai 1904

dans le petit village des Franches-Montagnes

dénommé Les Bois. Il est le fils aîné de la fa-

mille, ses frères et sœurs sont : Elisabeth,

Ernest, Rémy et Joseph. Ses parents étaient

agriculteurs. C’est au mois de mai 1912 que

notre abbé, alors encore enfant, découvrit sa

première orchidée à l’épi presque noir. Il

l’emmena pour la présenter à l’instituteur du

1 Les indications biographiques sont dues à l’aimable dé-

vouement de Maxime Jeanbourquin, neveu de l’abbé. Je le

remercie par la même occasion, de son aide précieuse.

village et celui-ci répondit : « C’est une orchi-

dée ! Qu’as-tu fait mon ami ? Il ne fallait pas la

cueillir. Les orchidées sont les plus belles

fleurs. »2

Il passa le début de sa scolarité dans son vil-

lage natal. Puis il partit au collège Montalem-

bert à Maîche où il se rendait à pied à chaque

rentrée scolaire (environ 25 km). Il commença

ses études en vue de la prêtrise au collège de

St-Maurice en Valais. Il quitta St-Maurice pour

Fribourg, où il fit sa théologie (1926 - 1929) et

à Lucerne (1929 - 1930), termina à Soleure

(1930 – 1931) où il fut ordonné prêtre le 5 juil-

let 1931. Il célèbra sa Première Messe le 12

juillet 1931 dans son village natal des Bois en

l’église paroissiale.

Les postes paroissiaux qu’il occupa sont les sui-

vants : vicaire à Porrentruy (1931 – 1938), curé

à Saint-Brais (1938 – 1952), puis Develier (1952

– 1968) et pour terminer à Bourrignon (1968 –

1973).

Il prit sa retraite en 1973, et s’installa dès lors

sur les hauts de Saint-Brais3 où il se construisit

une petite maison avec un jardin toujours bien

fleuri et une serre pour y cultiver quelques

orchidées.

3. Ses amours

Peut-on qualifier l’abbé Jeanbourquin d’huma-

niste ? Aux vues de ses nombreuses activités, il

nous est possible de répondre par l’affirmative

à cette question. Il faut savoir également qu’à

l’époque où l’abbé exerçait son ministère, dans

les paroisses où il fut envoyé, le prêtre était

une personnalité au village. De ce fait, notre

abbé toucha à tout, ce qui devait sans aucun

doute lui plaire.

Il est connu pour avoir fait du théâtre et écrit

une pièce, intitulée « Photo-radar », qui est une

2 Captivantes orchidées, Abbé Georges Jeanbourquin, p. 13 3 Ces notes historiques sont tirées d’entretiens avec

Maxime Jeanbourquin et de :

http://www.diju.ch/f/notices/detail/2900/Georges+Jeanb

ourquin

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comédie en un acte (1951). Précédemment,

(1938), il avait composé une autre pièce en trois

tableaux avec chants : « Le mystère de Noël ».

Gymnaste avéré et moniteur, il fut nommé

membre d’honneur de la SFG4 Les Bois en 1938.

Il était également philatéliste et c’est là qu’il

exerçait sa minutie. Grand amateur de musique,

il aimait jouer du piano et de l’orgue. Mais cela

ne s’arrêtait pas uniquement à jouer de ces

instruments. Il avait également pris le temps de

composer « Salve Regina » (messe à quatre voix

mixtes avec orgue / 1947), motets religieux à

quatre voix mixtes (1949). Pour la petite his-

toire, c’est l’abbé Jeanbourquin, curé de St-

Brais, qui forma en 1938 un chœur d’enfants

« La Schola ». Devenus grands, ces enfants

vinrent renforcer le chœur d’hommes qui ne

comptait guère qu’une dizaine de chanteurs. Le

Chœur Sainte-Cécile de Saint-Brais, dirigé

jusqu’en 1952 par l’abbé Jeanbourquin, était né !5

Toujours dans la paroisse de Saint-Brais, il

construisit la chapelle dédiée à Notre-Dame du

Vernois ; il se fit maçon et charpentier. Lors de

son ministère dans la paroisse de Develier, il

mit en œuvre la réfection de l’église paroissiale.

Avec ce chantier, des fouilles furent effec-

tuées dans l’enceinte de l’église auxquelles

notre abbé contribua. A la suite de cela, il écri-

vit un petit opuscule sur l’histoire de l’église de

Develier.6 Autres passions qui l’animaient,

c’étaient le goût de la sculpture sur bois et les

travaux de menuiserie. Mais avant tout, c’était

un homme de la nature. Apiculteur à ses heures,

le violon d’Ingres qui lui réchauffait le plus son

cœur a été la botanique. Mentionné ci-dessus,

c’est très tôt qu’il fut intéressé par les fleurs

et le règne végétal. Ayant écrit deux ouvrages

sur les orchidées du Jura (Cf. bibliographie), il

aimait, par la même occasion, photographier les

plantes qu’il rencontrait accompagné par son

chien « Philos ». Aujourd’hui toutes ces diaposi-

tives sont entreposées au Musée d’Histoire

Naturelle de Porrentruy. Attenant au Musée de

Porrentruy, nous pouvons visiter le jardin bota-

nique et ses serres. Dans ces dernières, nous

pouvons encore admirer sa collection de cactus

4 Société Fédérale de Gymnastique 5 Bulletin Paroissial N° 25, octobre 2007 / Doyenné des

Franches-Montagnes. 6 Develier et son église, Abbé Georges Jeanbourquin, Ed :

Le Pays, 1995.

et sa collection d’orchidées exotiques. Dans le

village de Saint-Brais, où il demeura dès sa

retraite, il était possible d’admirer ses orchi-

dées dans la serre construite de ses propres

mains. Dans le jardin attenant à sa petite mai-

son, nous pouvions y découvrir, certes, un jardin

potager, mais le plus admirable à ses yeux,

c’étaient les plantes de notre contrée qu’il avait

réussi à faire pousser dans des biotopes amé-

nagés. Un petit étang de ce côté-là pour les

plantes des marais, une rocaille pour des

plantes plus xérophiles de ce côté-ci, un petit

talus séchard pour quelques orchidées, quelques

arbres pour apporter un peu d’ombre et créer

un milieu forestier. Il était membre des socié-

tés d’orchidophiles suisse, française et alle-

mande.

4. Contribution à la connaissance de

l’orchidoflore du Jura suisse

L’abbé G. Jeanbourquin s’est beaucoup promené

pour rechercher les orchidées de notre région

jurassienne. Au gré de son ministère presbyté-

ral qui l’a conduit en Ajoie, aux Franches-

Montagnes, dans la vallée de Delémont, il a pu

ainsi circuler au travers du pays pour approcher

ces magnifiques fleurs. Ce parcours serait in-

complet si nous omettions les crêtes du Chas-

seral, ainsi que le Clos du Doubs. Pour se rendre

compte de sa contribution à la connaissance de

l’orchidoflore du Jura, au travers de ses deux

livres, il nous est nécessaire de prendre en con-

sidération deux autres ouvrages écrits, l’un en

1933 (Flore de Porrentruy / Jules Bourquin) et

l’autre en 1970 (Répertoire des plantes vascu-laires du Jura bernois / Charles Krähenbül).7 Le

tableau donné en annexe nous permettra de

percevoir les confirmations de présence et

l’apport orchidologique auxquels il a participé

activement.

Je commencerai par trois remarques préalables

au sujet du tableau :

- Dans les ouvrages mentionnés la nomenclature

varie. C’est pour cela que la liste des espèces

présentées est tirée de la nomenclature de

l’association AGEO, association qui cartographie

les orchidées suisses (Cf. sites Internet).

7 Cf. bibliographie.

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- En face de certains taxons des « ? » expri-

ment le doute quant à la détermination des ces

plantes et/ou certains de ces taxons n’étaient

pas encore répertoriés lors de la parution des

ouvrages mentionnés.

- Le total de quarante-huit (48) est la somme

de tous les taxons d’orchidées découverts par

ces trois botanistes (Bourquin J., Krähenbühl C.

et Jeanbourqin G.).

En observant le tableau, ce qui saute au regard,

c’est l’augmentation des découvertes faites par

l’abbé entre la parution de son premier ouvrage

et son second opuscule. Nous passons de vingt-

cinq à trente-sept espèces. Une autre consta-

tation intéressante, c’est le fait qu’il confirme

la présence de certaines espèces au cours des

années, citées dans les livres de Bourquin et

Krähenbühl. Nous retrouvons vingt-deux es-

pèces communes découvertes et mentionnées

dans ces quatre ouvrages. Aujourd’hui nous les

retrouvons encore sur le terrain, et c’est ré-

jouissant. L’abbé Jeanbourquin découvre deux

espèces d’Epipactis, E. leptochila et E. muelleri. C’est d’ailleurs aujourd’hui pour l’une d’entre

elle, Epipactis muelleri, une plante relativement

rare8. Je termine par une plante que l’abbé ne

mentionne pas : il s’agit de Pseudorchis albida.

En effet, nous trouvons dans le second ouvrage

de l’abbé, en pages 210-213, des photographies

de Nigritella nigra 9, ces plantes côtoyant Pseu-dorchis albida sur la crête du Chasseral. C’est

surprenant qu’il ne l’aie pas trouvé. Aujourd’hui

au Chasseral nous pouvons trouver deux nigri-

telles, N. austriaca et N. rhellicani, qui

n'étaient pas séparées à l'époque et que l'on

nommait indifféremment Nigritella nigra, ainsi

que Dactylorhiza fuchsii, Gymnadenia conopsea,

Orchis mascula, Platanthera bifolia et cloran-tha, Traunsteinera globosa mais aussi beaucoup

d’autres plantes alpines affectionnant la roche

calcaire.

5. Petites histoires

8 Je vous invite à visiter le site suivant :

http://www.filago.ch 9 Au vu des photos, c’est Nigritella (Gymnadenia) austriaca

qui est représentée.

Mon frère Vincent et moi avons quelques perles

du caractère truculent, pittoresque et bien

trempé de l’abbé des orchidées. C’est d’ailleurs

sous ce vocable qu’il aimait qu’on le surnomme.

C’était lors d’une visite de courtoisie dans sa

petite maison de St-Brais, que nous faisions en

général entre Noël et Nouvel An. Nous prenions

toujours le temps de préparer quelques diapos

des découvertes que nous avions faites durant

l’année écoulée. Cette année-là, nous présen-

tions quelques photos de notre séjour en Corse.

L’écran posé par ses soins et le projecteur

branché, nous pouvions commencer. A la pre-

mière diapo, il ne pouvait s’empêcher de faire

une remarque. Aux diapos suivantes, il se levait,

se mettait à côté de l’écran et expliquait, ar-

gumentait ! Après chaque commentaire, il venait

se rasseoir et continuait de discuter. Mais dès

que la diapo suivante apparaissait à l’écran, il se

relevait aussitôt, et continuait ses explica-

tions : « Tu vois, Christophe, là, le cadrage est

bon ; tu as bien réussi. » ou encore « C’est re-

grettable d’avoir cadré ta photo ainsi, j’aurais

fait plutôt ainsi. » A chaque diapositive un

commentaire fusait. Donc pendant toute la pro-

jection, il faisait le va-et-vient entre sa chaise

et l’écran. Ce qui est également important de

savoir, c’est qu’il n’avait jamais vu la plupart des

orchidées que nous lui présentions (en l’occur-

rence celles de Corse). Il ne les connaissait

qu’au travers d’ouvrages et de revues de

l'époque (1990) mais les reconnaissaient toutes

sans aucune hésitation.

Au terme de la projection, il allait chercher une

bonne bouteille de vin et quelques biscuits secs,

nommés « tampons » par notre hôte, qu’il nous

invitait à grignoter entre deux gorgées de vin.

Et là, les discussions allaient bon train sur les

orchidées de notre Jura suisse. Lors de ces

partages, il ne livrait que très peu les stations

qu’il affectionnait et qui recelaient des orchi-

dées. Par exemple il nous disait : « Ah ! Champs

Brochet dans le Clos du Doubs, il y a de magni-

fiques Gymnadenia odoratissima. La première

fois que je suis allé sur le site, c’est grâce au

parfum de ces fleurs que j’ai pu les découvrir ! »

En rentrant, nous recherchions sur la carte le

lieu-dit, et essayions de trouver le biotope.

Autre anecdote cocasse : lors de nos visites

dans sa petite maison sise dans le village de

Saint-Brais, il était nécessaire de s’habiller

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chaudement. Il y avait bien une cheminée dans

la pièce où nous nous tenions pour la projection,

mais en fait, nous n’avons vu que rarement du

feu dans celle-ci (Saint-Brais est à 1 000 m

d'altitude et c'était l'hiver). Ce qu’il faut savoir

également, c’est qu’il avait une collection impor-

tante d’orchidées exotiques qu’il entreposait

soigneusement dans une serre de son jardin.

Mais en hiver sa serre n’était pas assez chauf-

fée, ce qui fait que certaines de ses orchidées

prenaient place dans sa petite maison pour

qu’elles ne gèlent pas.

Il a eu l’occasion de faire la connaissance

d’Erich Nelson, quand ce dernier résidait à

Chernex-sur-Montreux, pour l’aider à la déter-

mination d’un Dactylorhiza qu’il avait découvert

dans une tourbière des Franches-Montagnes.10

Là aussi il aimait raconter cette rencontre qui

avait été exceptionnelle à ses yeux ainsi que les

échanges qui ont suivi.

6. Conclusion

Homme de foi de par son ministère presbytéral

auprès des paroisses où il fut envoyé, l’abbé des

orchidées, comme aimait le surnommer amica-

lement ses paroissiens, fut un personnage haut

en couleur, truculent, passionné, humaniste,

ouvert à la culture musicale et aux arts de la

scène, voilà des qualificatifs qui correspondent

bien à l’archevêque11 des orchidées. Personnage

bien sympathique et attachant malgré son ca-

ractère bien trempé, il savait transmettre sa

passion de la nature et plus particulièrement la

passion des orchidées. Au travers de ses ou-

vrages sur les orchidées du Jura suisse, il a su

transmettre aux générations futures

d’orchidophiles le plaisir de chercher, de dé-

couvrir et de photographier les orchidées de

ma région. J’ai eu le bonheur de le rencontrer

10 Orchidées du Jura, Abbé Georges Jeanbourquin, p. 58.

Dans son premier ouvrage il nomme cette plante Dactylor-hiza immaculata. Il est intéressant de noter qu’un point

d’interrogation « ? » souligne cette détermination. Dans son

second ouvrage il nomme cette plante Dactylorhiza ochro-leuca. Aujourd’hui connaissant le biotope en question, je

qualifierais cette plante sous le vocable de D. fuchsii albi-

nos. Mais ce biotope remarquable recèle d’autres richesses,

en particulier dans le genre Dactylorhiza. 11 « Archevêque » des orchidées était un autre qualificatif

que ses confrères lui donnaient.

quelques fois, plus particulièrement alors qu’il

était déjà bien avancé en âge. A chaque ren-

contre, il émanait de cet homme le désir de

persévérer dans la quête des orchidées. Son

sourire malicieux et ses yeux rieurs donnaient à

son visage la bonhomie de ces personnages qui

savent avoir un regard philosophe sur les évé-

nements de la vie. Homme de la terre avant

tout, il savait contempler et admirer les mer-

veilles de la Nature. Cet homme enflammé par

les orchidées a pu, au cours de ces années de

passion, écrire deux ouvrages qui, aujourd’hui

encore, font référence dans la littérature bo-

tanique de notre région jurassienne. Puissent

ces quelques lignes rendre hommage à cet

homme qui a tant aimé le Jura.

Je tiens à remercier en particulier Maxime

Jeanbourquin, neveu de l’abbé, qui m’a permis

de réaliser cet article et qui m’a autorisé à

scanner quelques-unes des photos familiales

concernant son oncle. L’une d’entre elle illustre

cette biographie. Par la même occasion,

j’adresse un merci sincère aux relecteurs et

correcteurs pour leur aide et conseils avisés.

Dédicace de G. Jeanbourquin à l’auteur de

l’article.

Bibliographie et sites Internet

BOURQUIN J., 1933. Flore de Porrentruy ; Ed.

Le Démocrate, Delémont ; 186 p.

Page 37: ISSN 1961 - 7313 Bulletin de la Société Française · 3 1 Composition du bureau Président : Jean -Marie BERGEROT, 12 rue du Grand Verger, 54000 NANCY courriel : jean -marie.bergerot@numericable.fr

36

DOMINE J.-M., 1996. Homélie d’enterrement

de l’abbé G. Jeanbourquin.

DUSAK F., 1998. Abbé Georges Jeanbourquin,

L’Orchidophile, N° 134 p. 214.

JEANBOURQUIN G., 1938. Le mystère de Noël, pièce en trois tableaux, avec chants.

JEANBOURQUIN G., 1947. Salve Regina ,

messe à 4 voix mixtes avec orgue.

JEANBOURQUIN G., 1949. Motets religieux à

4 voix mixtes ; Ed. A. Frossard.

JEANBOURQUIN G., 1951. Photo-radar, comé-

die en un acte.

JEANBOURQUIN G., 1979. Orchidées du Ju-ra ; Ed. Transjuranes, Porrentruy ; 106 p.

JEANBOURQUIN G., 1989. Planey-Saint-Braix. Glanures historiques et notices ; Ed : Le Franc-

Montagnard, Saignelégier ; 127 p.

JEANBOURQUIN G., 1989. Captivantes orchi-dées ; Ed. Le Franc-Montagnard, Saignelégier ;

239 p.

JEANBOURQUIN G., 1995. Develier et son

église ; Ed : Le Pays, Porrentruy ; 118 p.

KRAHENBUL C., 1970. Répertoire des plantes vasculaires du Jura bernois ; Ed. ADIJ, Mou-

tier.

http://www.ageo.ch

http://www.diju.ch/f/notices/detail/2900/Geo

rges+Jeanbourquin

http://www.filago.ch

http://www.mjsn.ch/BOTA/presentation/serre

_succulents.html

http://books.google.ch

* 15, rue des Lignières – CH-2926 Boncourt

Photos ci-contre :

Haut : Epipactis leptochila – Boncourt

Bas : Epipactis muelleri - Glovelier

ESPECES

J. B

OU

RQ

UIN

19

33

C. K

RA

HE

NB

UH

L 1

97

0

G. J

EA

NB

OU

RQ

UIN

197

9

G. J

EA

NB

OU

RQ

UIN

198

9

Aceras anthropophorum (L.) W.T.AITON X X X

Anacamptis pyramidalis (L.) RICH. X X X X

Cephalanthera damasonium (MILL.) DRUCE X X X X

Cephalanthera longifolia (L.) FRITSCH X X X X

Page 38: ISSN 1961 - 7313 Bulletin de la Société Française · 3 1 Composition du bureau Président : Jean -Marie BERGEROT, 12 rue du Grand Verger, 54000 NANCY courriel : jean -marie.bergerot@numericable.fr

37

An-

nex

e

Cephalanthera rubra (L.) RICH X X X X

Coeloglossum viride (L.) HARTM. X X X X

Corallorrhiza trifida CHÂTEL. X

Cypripedium calceolus L. X X X

Dactylorhiza fuchsii (DRUCE) SOÓ X X X X

Dactylorhiza incarnata (L.) SOÓ subsp. incarnata X X X X

Dactylorhiza maculata (L.) SOÓ ? ? ? ?

Dactylorhiza majalis (RCHB.) P.F.HUNT & SUMMERH. X X X X

Epipactis atrorubens (HOFFM. ex BERNH.) BESSER X X X X

Epipactis helleborine (L.) CRANTZ X X X X

Epipactis leptochila (GODFERY) GODFERY X

Epipactis microphylla (EHRH.) SW. X X

Epipactis muelleri GODFERY X

Epipactis palustris (L.) CRANTZ X X X X

Epipactis purpurata SM. X X X X

Epipogium aphyllum SW. X

Goodyera repens (L.) R.BR. X X

Gymnadenia conopsea (L.) R.BR. X X X X

Gymnadenia odoratissima (L.) RICH. X X X

Herminium monorchis (L.) R.BR. X X

Himantoglossum hircinum (L.) SPRENG. X X X

Page 39: ISSN 1961 - 7313 Bulletin de la Société Française · 3 1 Composition du bureau Président : Jean -Marie BERGEROT, 12 rue du Grand Verger, 54000 NANCY courriel : jean -marie.bergerot@numericable.fr

38

ESPECES

J. B

OU

RQ

UIN

19

33

C. K

RA

HE

NB

UH

L 1

97

0

G. J

EA

NB

OU

RQ

UIN

197

9

G. J

EA

NB

OU

RQ

UIN

198

9

Limodorum abortivum (L.) SW. X X

Listera cordata (L.) R.BR. X X X

Listera ovata (L.) R.BR. X X X X

Neottia nidus-avis (L.) RICH. X X X X

Nigritella austriaca (TEPPNER & E.KLEIN) DELFORGE ? ? ? ?

Nigritella rhellicani TEPPNER & E.KLEIN ? X ?

Ophrys apifera HUDS. X X X X

Ophrys araneola RCHB. X X X

Ophrys holoserica (BURM.f.) GREUTER X X X X

Ophrys insectifera L. X X X X

Ophrys sphegodes MILL. ? ?

Orchis coriophora L. X X

Orchis mascula (L.) L. subsp. mascula X X X X

Orchis militaris L X X X X

Orchis morio L. X X X X

Orchis purpurea HUDS. X

Orchis ustulata subsp. aestivalis (KÜMP.) KÜMPEL & MRKVICKA ? ? ? ?

Orchis ustulata (L.) L. subsp. ustulata X X X X

Platanthera bifolia (L.) RICH. X X X

Platanthera chlorantha (CUSTER) RCHB. X X X

Pseudorchis albida (L.) A.LÖVE & D.LÖVE X

Spiranthes spiralis (L.) CHEVALL. X X X

Traunsteinera globosa (L.) RCHB. X X X

TOTAL : 48 32 42 25 36

Page 40: ISSN 1961 - 7313 Bulletin de la Société Française · 3 1 Composition du bureau Président : Jean -Marie BERGEROT, 12 rue du Grand Verger, 54000 NANCY courriel : jean -marie.bergerot@numericable.fr

39

Ophrys fuciflora (Sigolsheim) Ph. G. Thomas, PNR Lorraine

Le Grasberg (sous- bois à Cephalanthera damasonium)

Voir article p. 20

Ph. P. Pitois

Ph. 1 : Malaxis monophyllos - Stockach – 5/7/2011

Ph. 2 : Salvinia natans - Russheim - 31/7/2011

Ph. 3 : Dactylorhiza ochroleuca - Ettal – 18/6/2011

Ph. 1

Ph. 3

Ph. 2

Epipactis atrorubens lusus rasea

Coussey – 23/5/2006

Ph. J.-C. Ragué, CSL

Voir articles p. 24 et p. 28

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40

1 2 3

4 5

Erasanthe henricii Ph. D. Karadjoff

Voir article p. 66

Neottianthe cucullata Augustow (PL) – 30/7/2010

Ph. D. Prusa

Voir article p. 68

Spiranthes cernua var. odorata

J. B. de Bâle – 23/4/2011

Ph. J.-F. Christians

Voir article p. 16

Anacamptis palustris Rossfeld (67) – 25/5/2007

Ph. A. Hasenfratz

Voir article p. 5

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Petite histoire d’Hammarbya paludosa (L.) O. Kuntze en France

Henri Mathé *

« J’ai coché sur la Flore de l’Abbé Coste 75

espèces. Une seule n’a pas de croix, le Malaxis.

C’est une minuscule plante aquatique, invisible à

un œil profane, tant il la confondrait avec tout

autre quelconque brin d’herbe. Les fleurs, ver-

dâtres, ont à peine quelques millimètres et le

tout n’est guère plus long que l’index. Mais

puisque l’avant-dernière Orchidée a été trouvée,

il faudra bien mettre la main sur la dernière ! »

J. Poucel - 1942

Lors de recherches historiques sur les

premières mentions des orchidées d’Alsace (ar-

ticle à paraître), j’ai mesuré la difficulté à éta-

blir la date précise depuis laquelle on pouvait

considérer cette espèce singulière comme par-

tie intégrante de la flore régionale. Cela m’a

amené à me poser la même question à l’échelle

nationale et donc à explorer les publications

anciennes et actuelles relatives aux régions où

Hammarbya paludosa aurait été signalé au fil

des ans.

I) Repères historiques et nomencla-

turaux

L’espèce apparaît pour la toute première

fois, sous le nom d’Ophris bifolia palustris, dans

l’ouvrage Phytogeographia d’un botaniste an-

glais, Leonard Plukenet, paru en 1691.

Le basionyme1 de l’espèce est Ophrys paludosa,

donné en 1753 à la plante par Carl von Linné, à la

page 947 de son Species Plantarum.

En 1800, le botaniste suédois O. P. Swartz dé-

place le taxon dans le genre Malaxis (Kongl. Ve-

tensk. Acad ; Nya Handl. Ser. 21 : 235). Le binôme Malaxis paludosa (L.) Sw., se retrouve

dans la plupart des ouvrages du XIXème siècle et

même par la suite.

L’espèce est désignée, par O. Kuntze, en 1891

(Revis. gen. pl. 2 : 665) comme type d’un nouveau

1 Nom originel d’une description valide de taxon.

genre monospécifique2 et prend alors son nom

actuel d’Hammarbya paludosa (L.) O. Kuntze.

Etymologie :

Le nom de genre Hammarbya vient de Hammar-

by, village suédois proche d’Uppsala, où Linné

possédait une résidence d’été.

L’adjectif spécifique, paludosa, est dérivé du

latin paludosus qui signifie marécageux.

II) La découverte en France

Celle-ci a eu lieu en Loire-Atlantique, en

l’an 1800.

James Lloyd, dans sa Flore de l’Ouest de la France de 1844, signale qu’elle a été trouvée à

cette date par M. Hectot aux tourbières de La

Verrière (ou du Gesvres), près de Nantes, dans

les marais de l’Erdre. Ceci est confirmé par E.

Gadeceau dans un article3 du Bulletin de la So-ciété des sciences naturelles de l’Ouest de la France en 1895 : « C’est à la Verrière que la

Malaxis paludosa fut trouvé, pour la première

fois en France, par Hectot, en l’an 1800… »

D’autres mentions antérieures, fort contes-

tables, signalant l’espèce en région parisienne et

en Dauphiné sont discutées au § 4.

C’est donc bien la dernière année du XVIIIème

siècle qui marque la découverte de la plante en

France.

2 Certains en contestent l’opportunité et plaident en

faveur d’un maintien du synonyme valide Malaxis palu-dosa (L.) Sw. 3 Les marais de l’Erdre près Nantes et le Malaxis paludosa Sw., vol. 5, p. 45.

Marais de l’Erdre

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Dans le demi-siècle qui a suivi, l’espèce fut trou-

vée en plusieurs endroits de l’est de la France

(Bas-Rhin, Moselle, Vosges) par F. W. Schultz

puis en région parisienne par A. de Jussieu.

Je me suis attaché à rechercher, par départe-

ment, les premières indications de l’espèce dans

les différentes régions françaises où elle a été

au moins une fois mentionnée par le passé, mais

aussi les dates de sa disparition présumée ou,

souhaitons-le, provisoire tant il est vrai que,

dans le domaine naturaliste tout particulière-

ment, l’absence de preuve n’est pas preuve de

l’absence. Je n’ai cependant pas voulu faire un

catalogue exhaustif de toutes les stations histo-

riquement connues !

4 Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg.

J’ai été aidé dans ma quête par de nombreux

botanistes et organismes locaux qui ont aima-

blement répondu à mes interrogations et que je

remercie vivement ici.

III) La découverte dans les régions

françaises

Les listes ou cartes de répartition dé-

partementale, avec indication de présence pas-

sée ou actuelle, sont assez variables selon les

sources. Le tableau ci-dessus répertorie les

départements, classés par zone géographique et

non administrative, où l’espèce fut signalée dans

quelques travaux traitant du sujet.

Il faut bien sûr tenir compte des critères choi-

sis par les auteurs pour établir ces listes. Ainsi,

la plante peut être signalée par tel auteur dans

P = présent

X = disparu

Grenier

1855

Coste

1906

Camus

1929

Jacquet

1995 (-30)

Seité

2001 (-20)

OFBL4

2005 (- 20)

Atlas SFO

2010 (-30)

Alsace

Bas-Rhin P P X

Aquitaine

Landes P P X

Bretagne

Côtes d’Armor P P P P

Finistère P P P P P P

Morbihan P P X X

Ile-de-France

Yvelines P X X X

Lorraine

Moselle P P X X

Vosges P P P P P P

Massif Central

Aveyron P P P X X

Cantal P P X

Corrèze P P P

Creuse P

Haute-Vienne P P P P

Lozère P P P P P P

Nord

Somme P P P X

Normandie

Manche P P P X

Orne P P X X

Pays de Loire

Indre-et-Loire P P X X

Loire Atlantique P P P P P P P

Mayenne P P P X X

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43

un département où elle a disparu alors que tel

autre, considérant que l’observation est trop

ancienne, ne l’y mentionnera pas.

Ce tableau ne tient pas compte des erreurs ou

informations douteuses (voir § 4).

Pour les ouvrages récents, j’ai indiqué la période

prise en compte antérieurement à la date de

publication.

Remarques :

Dans l’article de F. Seité, l’espèce est signalée

disparue du département du Haut-Rhin, ce qui

résulte probablement d’une erreur d’impression.

Bien qu’une mention existe en Alsace du sud, j’ai

considéré que l’article faisait référence au dé-

partement du Bas-Rhin.

On pourra s’étonner que Coste ne cite pas les

départements alsaciens et lorrains où la pré-

sence était attestée depuis longtemps, mais

n’oublions pas que l’Alsace et la Moselle étaient

alors allemandes et les flores allemandes de

l’époque en font bien mention : « Zwischen Moos

in Torfsümpfen u. torfigen Wiesen des Vogesen-

sandsteins » (J. St. Himpel ; Flora von Elsass-Lothringen, p. 268 ; 1891)

En plus des départements nommément cités,

Camus indique les régions Alsace et Lorraine

sans plus de précisions. Compte tenu du statut

de l’espèce à l’époque, j’ai attribué ces mentions

régionales aux départements du Bas-Rhin et de

la Moselle, respectivement. Dans l’édition origi-

nale de 1908, sont cités : « Mayenne, Loire-

Inférieure, Morbihan, Orne, Manche, Landes,

Vosges, Lorraine. »

Les indications de 1929 se retrouvent peu ou

prou dans la Grande Flore en couleurs de G. Bon-

nier (1912-1935).

La carte disponible sur Tela Botanica (mise à

jour 27/5/2009) mentionne l’espèce présente

actuellement dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin,

ce qui est une erreur. Celle éditée par

l’Inventaire National du Patrimoine Naturel,

dépendant du Muséum National d’Histoire Natu-

relle, sur le site inpn.mnhn.fr est à peu près

semblable à celle de l’OFBL mais la présence

dans le Cantal est bien trop ancienne et nécessi-

terait une révision.

La présence erronée dans le Haut-Rhin est re-

produite dans l’OFBL de 2005 mais non dans

l’édition de 19985.

Le tableau précédent montre bien, par le

nombre de départements où elle a maintenant

disparu, la fragilité de cette plante turficole6 et

surtout des biotopes particuliers auxquels elle

est strictement inféodée. Ceux-ci, variables

selon les régions, regroupent les zones engor-

gées des tourbières acides oligotrophes à

sphaignes (Oxycocco palustris-Ericion tetralicis

Nordhagen ex Tüxen 1937 ou Elodo palustris-Sparganion Br.-Bl. & Tüxen 1943 ; Bretagne) et

les landes tourbeuses humides des bas-marais

(Rhynchosporion albae Koch 1926 ou Caricion lasiocarpae Van den Berghen 1949, plus rare-

ment Molinion caeruleae Koch 1926 ; Vosges,

Belgique), alliances les plus souvent citées pour

cette espèce. Les phytosociologues s’accordent

pour mettre l’accent sur le caractère pionnier

de la plante qui affectionne les zones de tourbe

nue ou à faible recouvrement herbacé et sup-

porte mal la concurrence d’autres espèces végé-

tales.

5 La station vosgienne redécouverte en 2000 ne se

trouve qu’à 500 m de la limite du Haut-Rhin d’où pro-

bablement l’erreur de l’édition 2005. 6 Plante localisée dans les zones de tourbières.

Herbier Roger Engel

Herbier de l’Université de Strasbourg (STR)

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On note cependant quelques apparitions ou re-

découvertes, encourageantes pour la pérennité

de cette espèce que l’on a pu qualifier

d’orchidée la plus rare de France7 !

Sur la carte ci-après, j’ai fait la syn-

thèse des mentions départementales confirmées

de l’espèce, depuis sa découverte en France.

Trois entités géographiques apparaissent net-

tement : le Massif armoricain (Bretagne et

Basse-Normandie) ; le Massif central (Auvergne

et Limousin) ; le Massif vosgien (Alsace et Lor-

raine).

A l’exception des régions montagneuses de la

Corse et des Pyrénées, trop méridionales pour

cette relique glaciaire à répartition boréo-

alpine, la carte de répartition de l’espèce épouse

presque celle des massifs cristallins de l’ère

Primaire, ce qui n’est pas surprenant pour une

espèce acidiphile. On pourrait même s’étonner

qu’elle n’ait jamais été observée dans l’est du

Massif central !

7 Les effectifs qui m’ont été communiqués par divers

correspondants permettent d’évaluer la population

française, autour de 2010, à 200 individus, répartis

sur seize stations abritant de 1 à 50 pieds. Cela re-

présente une chute de 75 % par rapport à 2000 qui

fut sans doute une année exceptionnelle.

Quelques départements du Bassin aquitain (la

station récemment découverte dans le Béarn est

exceptionnelle de par sa situation en extrême

limite méridionale de l’aire de répartition euro-

péenne, voire mondiale, de l’espèce) et du Bassin

parisien se singularisent par leur situation en

terrains sédimentaires plus récents, où des ma-

rais et landes acides peuvent néanmoins se pré-

senter localement.

Je présente ensuite les informations que

j’ai pu recueillir dans les 33 départements, clas-

sés selon leur région administrative, dans les-

quels Hammarbya paludosa s’est fait remarquer

ou a été pris pour un autre, sans m’attarder sur

la richesse relative des stations car ce n’est pas

le but de cet article. Pour des raisons évidentes

de préservation de l’espèce, la précision géogra-

phique se limite aux données communales en ce

qui concerne les observations récentes.

Par contre, je donne le maximum de pré-

cisions sur la localisation des stations anciennes,

présumées disparues, car ces indications pour-

raient s’avérer utiles pour des (re)découvertes

futures, dans la mesure où le milieu n’a pas été

fondamentalement modifié.

Carte des départements français où la présence d’Hammarbya paludosa a été avérée.

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45

Alsace

Département du Bas-Rhin :

Dans sa Flore d’Alsace de 1852, Frédéric Kir-

schleger cite un botaniste allemand du XVIIIème

siècle, du nom de J. A. Pollich, qui a fait paraître

en 1777 une flore du Palatinat. S’intéressant

particulièrement aux plantes d’Alsace, Kirschle-

ger repère dans cet ouvrage les plantes décou-

vertes par l’auteur « dans la partie vosgienne

des montagnes du Palatinat », parmi lesquelles

Malaxis paludosa ! Mais il ne semble pas que

cette précision géographique puisse concerner

les stations alsaciennes de Niederbronn et

Obersteinbach ni même les stations mosellanes

de Sturzelbronn ou Haspelscheidt, trop méri-

dionales.

D’ailleurs, selon une publication de 1810 (J.-L. A.

Loiseleur-Deslongchamps ; Notice sur les plantes à ajouter à la flore de France), l’espèce

n’existait pas en France à cette époque8, si ce

n’est dans l’ancien département napoléonien de

l’Ourthe, région actuellement belge, où la plante

venait d’être découverte près de Malmédy9.

En 1826, F. Kirschleger signe un article intitulé

« Liste des plantes les moins communes de

l’Alsace et des Vosges » (in Nouvelle description historique et topographique des deux départe-ments du Rhin) où Malaxis paludosa n’apparaît

pas.

La première mention de l’espèce en Alsace se

trouverait dans une obscure publication intitulée

Description de Niederbronn et de ses eaux mi-nérales à l’usage des médecins et des malades qui les fréquentent (J. Kuhn ; 1835) où le Ma-laxis paludosa est signalé, à tort, comme « es-

pèce nouvelle pour la flore française », sans

indication de date précise. Or, si l’ouvrage se

veut limité aux environs de Niederbronn, la loca-

lisation du Malaxis se trouve à Bitche, en Lor-

raine, d’après des indications de F. Schultz. Les

observations de Schultz sont reprises, mais

cette fois parfaitement localisées, dans le Pro-drome de la Flore d’Alsace que publie F. Kir-

schleger en 1836. L’espèce y était alors notée

« en quantité dans les lx. vaseux et marécag.

8 Cette affirmation est erronée compte tenu des

informations dont j’ai déjà fait part sur le pays nan-

tais. 9 Fabri et al., Dumortiera 33, p. 10 ; 1985.

aux environs de Bitsch, derrière Niederbronn et

le Jaegerthal ».

L’incertitude subsiste donc sur la date de dé-

couverte de l’espèce en Alsace, que l’on peut

situer malgré tout entre 1826 et 1836 !

La station d’Obersteinbach apparaît dans la

Flore vogéso-rhénane (F. Kirschleger ; T. II, p.

93 ; 1870) ainsi que dans la Liste des Orchidées de la Haute-Alsace (E. Mantz ; 1913) et est tou-

jours citée dans la Flore d’Alsace (E. Issler ;

1965), mais celle-ci reprend majoritairement

des indications antérieures à la Seconde Guerre

mondiale, sans doute obsolètes à l’époque de sa

parution.

Elle était peut-être encore présente en 1939 si

l’on en croit le Dr Poucel : « M. Joessel m’avait

signalé une tourbière en Alsace, où j’aurais eu

des chances assez sérieuses. Mais cet emplace-

ment était situé à peu près entre la ligne Magi-

not et la ligne Siegfried10 » !

Il doit cependant y avoir confusion avec une

tourbière lorraine voisine (Erbsentahl) où Joes-

sel a effectivement été le dernier à récolter la

plante en 1922 (Bulletin de la Société Botanique de France, Vol. 106 - p. 109 ; 1959).

Roger Engel, grand spécialiste de l’orchidoflore

alsacienne pendant plus de 50 ans, l’a recherché

assidûment dans le secteur et dans les stations

10 J. Poucel ; A la découverte des Orchidées de

France, p. 177. 1942.

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lorraines proches, à partir de 1946, sans jamais

l’y retrouver.

Département du Haut-Rhin :

Un spécimen provenant du Lac Blanc, daté du

15/9/1873 est connu (Herbier L. Quélet – Coll.

Muséum Cuvier, Montbéliard - ph. p. 45).

Il s’agit de l’unique référence pour ce départe-

ment !

Aquitaine

Département des Landes :

Découvert par le Dr J.-A. Guillaud au bord de

l’étang de Léon vers 1880 (Bulletin de la société linnéenne de Bordeaux11, p. 35 ; 1991). Encore

observé dans cette même station en 1939 (J.

Poucel – dessin ci-après) et, en très petit

nombre, jusqu’en 1980 (1978 par G. Dussaussois,

l’Orchidophile n° 41 ; 1980 par P. Grocq, comm.

pers. SFO Aquitaine).

Département des Pyrénées-Atlantiques :

La découverte récente de la plante, en 2008,

est confirmée par la SFO Aquitaine. L’inventeur

de la station, où 1 pied était visible le

20/8/2008, ne souhaite pas donner pour

l’instant plus de précisions à son sujet.

11 « C’est vers 1880 que le Docteur J. A. Guillaud,

chargé de cours d’Histoire naturelle à la Faculté

mixte de médecine et de pharmacie de Bordeaux,

découvre Hammarbya à Léon. »

Auvergne

Département du Cantal :

Trouvé dans l’Aubrac cantalien (Deux-Verges

près de Chaudes-Aigues, sur les pentes du Puy

de la Tuile vers 1 250 m) par l’Abbé J. Soulié le

31/8/189912 (Antonetti et al. ; Atlas de la flore d’Auvergne, 2006 et comm. pers. de C. Bernard).

Cependant, une donnée d’herbier de Frère Jo-

seph Héribaud (herbier du diocèse de Saint-

Flour) mentionne, le 12/9/1898, « Deux-Verges,

Puy de la Tuile près de Saint-Rémy », ce qui en

ferait l’inventeur de l’espèce dans ce départe-

ment (CBN du Massif central).

La dernière observation est un exemplaire

d’herbier prélevé le 13/9/1919 par l’abbé Soulié

à Jabrun (« tourbières vers le puy de la Tuile »)

et conservé à l’herbier de Montpellier.

Bretagne

Département du Finistère :

Découvert par Charles Piquenard, à la tourbière

du Yunélez le 25/8/1897 (Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France

T. 7 – Extraits et analyses - p. 56 ; 1897).

Trouvé également le lendemain avec E. Gadeceau

en bordure de la forêt du Rusquec.

12 « presque sur le chemin à peine tracé qui va du

village des Angles à Deux-Verges. »

Ph. F. Séité – in Les tourbières de Bretagne ; 2007

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Cependant, ce botaniste écrit en 189813 : « J’ai

appris à la fin de l’année dernière que ce même

Malaxis existait dans une autre localité du Fi-

nistère, le Marais du Cragou, toujours dans la

chaîne d’Arrès. M. R. Ménager l’y avait recueilli,

il y a quelques années, dans une station tout à

fait analogue à celles qui se rencontrent le long

de la chaîne d’Arrès et des Montagnes Noires,

c’est à dire en compagnie de Spiranthes aestiva-lis, Lycopodium inundatum, etc. ». La première

observation de l’espèce dans le département

pourrait donc se situer au début des années

1890.

Présumé disparu de Bretagne au cours de la

décennie 1980, il a été retrouvé, en plusieurs

lieux des monts d’Arrée, dès 1990 à l’issue de

recherches ciblées dans ses milieux de vie natu-

rels.

Toujours présent en 2010 dans sept stations

regroupant une centaine d’individus.

Département du Morbihan :

La littérature indique que la plante a été trou-

vée par l’abbé Delalande aux « marais de Valory

en St-Dolay et du Petit-Rocher en Théhillac ».

Ceci apparaît dès 1844 en p. 257 de la Flore de la Loire-Inférieure de J. Lloyd puis en 1852 en

p. 597 de la Flore du Morbihan de J.-M. Le Gall.

L’herbier du Muséum d’Histoire Naturelle de

Nantes détient effectivement une planche

(MHNN.B.010082.138) datée du 28/8/1844

montrant l’espèce récoltée par Delalande « près

de Saint-Dolay ». Deux autres planches indi-

quent la localité « Sévérac », l’une

(MHNN.B.010190.133) en septembre 1841 par

Rostaing de Rivas, collecteur de Delalande, et

l’autre (MHNN.B.010082.136) le 28/8/1843 par

Delalande lui-même. Une autre planche conser-

vée au MNHN (Herbarium Musei Parisiensis -

P02051142), issue de l’herbier Lloyd et datée du

21/7/1868, porte la mention ambiguë « Sévérac

(Morb.) ». Un examen attentif de la topographie

des lieux montre en effet que la limite dépar-

tementale du Morbihan et de la Loire-Atlantique

passe précisément à mi-chemin des localités de

St-Dolay et Théhillac (56) et de celle de Sévé-

rac (44), qui ne sont distantes que de 5 km à vol

13 Bulletin de la Société des sciences naturelles de

l’Ouest de la France T. 9 ; Extraits et analyses, p. 19 ;

1899

d’oiseau. Grâce aux annotations contenues dans

le carnet d’herborisation de Delalande, qui m’ont

aimablement été fournies par le Muséum

d’Histoire Naturelle de Nantes (comm. pers. M.-

L. Guérin), il est possible de préciser les lieux de

récolte de l’espèce dans cette zone :

- « 28 août 1843 Sévérac - Malaxis paludosa,

marais du petit rocher, abondant. J’ai pu en

recueillir 56 échantillons.

- 26 août 1844 - marais du petit rocher en

Sévérac et Téhillac - Malaxis paludosa, 60

échantillons, en fleur, dans le même lieu que

l’année dernière.

- 28 août 1844 - marais de Valory en Saint-

Dolay - Malaxis paludosa, 54 échantillons

trouvés sur une surface de 7 pieds de long

et 2 pieds de large. »

Donc les deux premières parts pourraient pro-

venir de Loire-Atlantique14 (44) mais la part

MHNN.B.010082.138 récoltée le 28 août 1844

provient bien du Morbihan (56). En l’absence de

précisions analogues sur la récolte de Rostaing

de Rivas, je retiendrai le 28/8/1844 comme

date de première observation de l’espèce dans

le département.

La dernière observation aurait été faite par E.

Gadeceau en 1886, « au pied de la tour d’Elven »,

bien que le département soit encore cité dans la

Flore de France de G . Rouy en 1912 (T. XIII, p.

220).

Département des Côtes-d’Armor :

Trouvé par R. Corillion & H. Des Abbayes le 7

août 1955, en bordure de la forêt de Lorge.

(Bulletin de la Société botanique de France Vol.

103, p. 485 et comm. pers. de l’inventeur à F.

Seité).

Cette unique station de Gausson à subsisté jus-

qu’en 1997 mais n’a plus été revue depuis (Philip-

pon et al. ; La Flore des Côtes d’Armor, p. 471 ;

2006).

Centre

Département d’Indre-et-Loire :

Découvert par E.-H. Tourlet à Saint-Benoît-la-

Forêt le 31/8/1889 comme en atteste une

14 Cependant le marais du Petit-Rocher est nommé-

ment cité dans La Flore du Morbihan de Le Gall.

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planche de son herbier (TOU008881) conservée

à l’Université de Tours.

La plante est indiquée (RRR) dans cette même

station dans son Catalogue raisonné des plantes vasculaires d’Indre-et-Loire (p. 504) en 1908 :

« Saint-Benoist, landes bordant la forêt de Chi-

non, dans le vallon du Châtellier, entre le village

de ce nom et la grande route de Chinon à

Tours ! ».

Non revu depuis lors dans cette zone malgré la

subsistance de milieux favorables (comm. pers.

F. Botté)

Ile-de-France

Département des Yvelines :

Trouvé à l’étang du Cerisaie (Saint-Léger) par A.

de Jussieu en juillet 1835 et disparu 10 ans plus

tard. (Cosson E . & Germain de Saint-Pierre E. ;

Flore des environs de Paris, 2ème éd. ; 186115).

Deux exemplaires d’herbier correspondent pré-

cisément à ces dates : Etang des Cerisets, D.

Pervillé, juillet 1835-P01777623 et W. de

Schoenefeld, 5/8/1845-P01777642.

Une tentative infructueuse de réintroduction a

été effectuée en 1880 (G. Arnal ; Les plantes protégées d’Ile-de-France, p. 85).

Languedoc-Roussillon

Département de la Lozère :

Découvert le 9/9/1897 par l’abbé Coste sur

l’Aubrac, entre Bonnecombe et St-Laurent-de-

Muret (Herbier de Montpellier). Une douzaine

de pieds étaient encore visibles le 15/8/1990

dans ce secteur de l’Aubrac lozérien où la zone

tourbeuse qui les abritait a fini par s’assécher

partiellement suite à la plantation de résineux à

proximité (comm. pers. C. Bernard).

Toujours présent en Margeride (quelques indivi-

dus au Lac de Charpal – F. Dabonneville) en 2010

mais aussi au Mont-Lozère (Le Pont-de-Monvert –

15/9/2008 Emeric Sulmont ; CBN du Massif

15 « Cette plante a été découverte en 1835, à

l’herborisation dirigée par M. Adr. De Jussieu, dans

l’étang du Serisaye ! près Rambouillet, où elle était

très localisée et très peu abondante. Depuis 1845, on

l’a vainement cherchée à cette même localité, d’où

elle a très probablement disparu à la suite du dessè-

chement de l’étang. »

central), station qui, par ses 50 pieds, est alors

la plus riche de France.

Limousin

Département de la Haute-Vienne :

En 1927, le botaniste E. Simon évoquait dans un

article16 la possibilité de présence de l’espèce

dans le centre-ouest de la France, plus précisé-

ment dans les départements de la Haute-Vienne

mais aussi de la Creuse, de la Vendée et de la

Charente-Maritime : « On comprend aisément

que la présence du Malaxis dans la Loire-

Inférieure et en Gascogne laisse espérer sa

possibilité dans les landes de la Gâtine et du

Bocage vendéen, puisque les facteurs humidité

et température y sont sinon les mêmes, du moins

à peu près intermédiaires… On explorera peut-

être aussi avec fruit les landes de Montendre et

de Bussac dans la Charente-Inférieure… J’ai la

conviction que les hauts plateaux du Limousin,

vers Ambazac, La Courtine ou les Millevaches,

livreront tôt ou tard notre Orchidée, lorsqu’elle

y aura été spécialement recherchée ». L’avenir

lui donnera raison vingt ans plus tard : « Décou-

verte en 1949 par M. Cruveillier, M. Grison et M.

Malabre, en Haute-Vienne, sur la commune de

Nedde, station retrouvée en 1998 et encore

présente en 1999 (M. Cruveillier) » (Brugel et al. ; Plantes et végétation en Limousin – p. 333 ;

2001). Encore observé par M. Cruveillier le

15/8/1998 dans une station de la commune voi-

sine de Beaumont-du-Lac (Chloris®, CBN du

Massif central).

L’espèce a par ailleurs été observée par Rallet

et Kerhoas en 1969 sur la commune de Comprei-

gnac17.

Département de la Corrèze :

Trouvé le 7/9/1996 par Eric Brugel (commune

de Tarnac, non loin de la Haute-Vienne, aux

abords du plateau de Millevaches pressenti par

E. Simon). Dans cette même station, une hampe

florale a été revue en 1999 par E. Brugel et une

autre le 29/8/2006 par E. Hennequin du CREN

Limousin (Chloris®, CBN du Massif central).

16 A propos d’une plante rare ; Revue Scientifique du Limousin n° 342, p. 89-92. 17 17ème session extraordinaire de la Société bota-

nique de France, p. 11 ; 1969.

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Département de la Creuse :

Une station conséquente de 31 hampes florales

a été trouvée le 9/8/2006 par Guillaume Doucet

à Saint-Pardoux-Morterolles (Chloris®, CBN du

Massif central).

Revue en 2009 (3 hampes) par M. Mady et G.

Doucet.

Lorraine

Département de la Moselle :

Trouvé aux environs de Bitche par F.

Schultz : « Cette jolie orchidée avait déjà été

signalée en 1820 près de Deux-Ponts et

d’Haspelscheidt par M. Schultz, qui l’a retrouvée

en 1833 dans les marais entre Forbach et Sar-

reguemines ». (J. J. J. Holandre ; Nouvelle flore de la Moselle, 2ème éd., p. 702 ; 1842). C’est en

fait à Saint-Avold que F. Schultz a retrouvé

l’espèce comme il le précise lui-même, revendi-

quant fermement au passage18, en août 1856, la

18 « De pareilles indications ne m’étonnent pas dans un

ouvrage où plusieurs découvertes que j’ai faites à

Bitche, pendant un séjour de plus de vingt ans dans

cette ville et de pénibles recherches faites pendant

30 ans dans ce pays, ainsi qu’aux environs de Sarre-

guemines, de Forbach etc., sont attribuées à des

jeunes gens qui n’étaient pas encore nés lorsque

j’avais déjà signalé mes trouvailles. Quoiqu’il soit

toujours désagréable de se voir enlever de cette

façon, ce que l’on a gagné par de pénibles travaux et

des privations de toutes sortes, on n’y fait pas atten-

tion quand cela se fait dans les ouvrages des igno-

découverte de l’espèce à Bitche « il y a plus de

trente ans » (Archives de la flore de France et d’Allemagne, p. 240 ; 1842-1869).

La dernière observation aurait été faite à

l’Erbsenthal en 1922 (Les plantes protégées de Lorraine ; S. Muller ; 2006). L’espèce est cepen-

dant encore évoquée en 1938 en ce lieu : « Il est

encore trop tôt pour rechercher dans ses

sphaignes humides et trompeuses le très rare

Malaxis paludosa » (Société d’histoire Naturelle de la Moselle, n° 35 à 39, p. 81)

Département des Vosges :

Trouvé à Liezey par F. Schultz19 avant 1834

puisque J.-B. Mougeot en fait alors mention dans

les Annales de la Société d’émulation du dépar-tement des Vosges (p. 616). Cette station a per-

duré jusqu’en 1986 (R. Cézard).

Encore présent en 2010 (une quinzaine de pieds -

comm. pers. J.-C. Ragué), dans une autre station

(La Bresse) connue au moins depuis août 1862

(une planche de l’herbier Mantz conservé à

Strasbourg en montre 4 pieds) et redécouverte

le 7/8/2000 (Mathé et Pierné ; L’Orchidophile

n° 145 ; 2001).

Remarque : on trouve à la p. 1087 du tome 3 de

Phytographie encyclopédique ou flore de l’ancienne Lorraine et des départements circon-voisins, publié en 1805 par R. Willemet, la men-

tion d’Ophrys paludosa, sans aucune localisation

ni observateur. Rien ne permet d’affirmer qu’il

s’agit là d’une observation précoce de l’espèce

dans l’est de la France car l’ouvrage reprend

nombre d’indications anciennes, parfois erro-

nées.

Midi-Pyrénées

Département de l’Aveyron :

La première indication est un exemplaire

d’herbier daté du 28/9/1893 : « Landes des

Vialettes, tourbière près de la route de Ségur

(Aveyron), E. Simon » (Herbier de Montpellier).

Retrouvé le 10/8/1894 sur les monts du Lévezou

rants, mais il est pénible de le voir dans un livre pu-

blié par un savant aussi estimable que M. Godron. » 19 « J’ai déjà dit, dans ces Archives, p. 240, que j’ai

trouvé le premier cette plante à Liézey, dans les

Vosges granitiques, et que je l’y ai montrée à MM.

Jacquel et Billot, qui ne l’avaient jamais trouvée. »

Ph. H. Mathé

La Bresse - 2000

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(entre Viarouge et Salles-Curan - 850 m) par

l’Abbé J. Soulié (comm. pers. Christian Bernard

et Herbier de Montpellier).

Les dernières observations ont été faites en

1972 (Viarouge - comm. pers. C. Bernard & G.

Fabre) et 1974 (J.-L. Menos – Cartographie des

orchidées de l’Aveyron, p. 14).

Basse-Normandie

Département de l’Orne :

Selon la littérature, il a été découvert à La

Trappe20 en 1855 par P.-M. Lubin-Thorel (Al-

phonse de Brébisson ; Flore de la Normandie ;

1859 et Bulletin de la Société des sciences na-turelles de l’Ouest de la France T. 7, p. 56 ;

1897).

Cependant, Auguste Chevallier rapporte : « Dans

l’Orne la plante a été recueillie en plusieurs lo-

calités entre 1850 et 1910 » (1954 ; Bull. de la

Société Botanique de France, vol. 101, p. 139).

La première preuve physique semble être une

planche d’herbier du MNHN (P01777596) issue

de l’Institut botanique de Caen et datée des 6

et 7 août 1854, qui contient la note suivante :

« Cette plante a été trouvée en 1854 dans le

marécage tourbeux, nommé la commune des

Barres, à la Trappe. Herborisation avec Mes-

sieurs Duhamel prof. à Camembert, Mellion

pharm. à Noirmoutier qui en ont fait une bonne

récolte ». Boisduval, qui est sans doute l’auteur

du texte précédent, relate une herborisation

faite en août 1861 à Notre-Dame-de-la-Trappe :

« Mais la meilleure localité est un marais très

petit, appelé marais des Barres, à 1 kilomètre à

peine du cloître : c’est là que l’on trouve le Ma-laxis paludosa, dans de petites rigoles vaseuses,

recouvertes à peine de quelques centimètres

d’une eau presque stagnante, à reflet roussâtre.

J’ai essayé souvent de cultiver cette jolie petite

Orchidée… J’en ai rapporté environ une quaran-

taine de pieds vivants, que je cultive maintenant

dans la vase même extraite des rigoles de ces

marais, et j’espère pouvoir en présenter l’année

prochaine quelques beaux exemplaires à la So-

ciété » (1861 ; Société Botanique de France, vol.

8, p. 535).

L’espèce y était présente en septembre 1910 :

« Malaxis paludosa, Sw., que l’on croyait dispa-

20 Commune de Soligny-la-Trappe.

rue des marais de la Trappe, et qui a été re-

trouvée en septembre dernier par M. Focet,

avoué à Alençon et très zélé botaniste ». (Le-

tacq in Bulletin de la Société Linnéenne de Nor-mandie, Ser. 6, Vol. 4, p. XLIV ; 1910-1911).

Elle est encore notée en 1934 « derrière le Mo-

nastère de la Grande-Trappe » (G . Lémée ; Sur

quelques phanérogames nouvelles pour le terri-

toire du Perche ; Bulletin de la Société Lin-néenne de Normandie Sér. 8, Vol. 7, p. 102 ;

1935).

Une nouvelle station est découverte vers 1880 à

Beaufai par R. Ménager (SBF 101, op. cit.), et

encore une autre le 28/7/1897, à Gandelain par

Letacq (Sur le Malaxis paludosa Sw. observé à

Gandelain (Orne) et sur quelques plantes trou-

vées dans les marais de Mont-Souprat, Le Monde des Plantes, VII, n° 96, p. 188 ; 1897),

lequel y observera la plante jusqu’en 1921 (Bull. Soc. Sc. Nat. Ouest, 4e Sér. T. III, p. 6 ; 1923).

L’emplacement exact de la station est donné, en

1897, par H. Léveillé dans les Suppléments à la

Flore de la Mayenne (p. 151) : « dans le maré-

cage près du moulin de Buhéru au-dessous de

l’ancien étang du Gué Roncin sur Gandelain ». Il

semble avoir encore été observé en plusieurs

endroits, aux environs de La Trappe, par Gaston

et Jeanne Moreau entre 1950 et 1980 d’après

des informations de la SFO Normandie

(http://sfo.normandie.fr).

Département de la Manche :

Les premières dates pour ce département sont

rappelées en 1954 dans un article du Bulletin de la Société Botanique de France (vol. 101, p. 140) :

« Plus à l’ouest encore, dans la Manche, le Ma-

laxis a été signalé en deux localités : Besnou ;

Flore de la Manche, 1882, p. 307, la signale à

Menton, région d’Avranches (ce Menton n’est

pas mentionné sur les cartes locales) ; enfin, L.

Corbière récolta la même plante, dans la Manche

aussi, en marais de Gorges vers 1885 ».

Il est de fait noté « RRRR. Tourbières de Men-

ton, sur le Sphagnum » en 1884 (Mémoires de la Société Académique du Cotentin Tome IV).

La station du marais de Gorges est bien indi-

quée, par l’auteur même de sa découverte, en

1886 (L. Corbière ; Nouvelles herborisations aux

environs de Cherbourg et dans le Nord du dé-

partement de la Manche ; Bulletin de la Société

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Linnéenne de Normandie Sér. 4 Vol. 1, p. 117;

1886-1887).

Un exemplaire daté du 29/7/1886, récolté par

Louis Corbière, apparaît dans son herbier

(CHE000827).

Le marais de Gorges est la seule station du dé-

partement subsistant en 1905. (L. Corbière ; La flore du Cotentin ; Congrès de l’association

française pour l’avancement des sciences, p. 97 ;

3 au 10 août 1905).

Le département est encore cité dans la Flore de

France de G. Rouy en 1912 (T. XIII, p. 220).

Pays de la Loire

Département de Loire-Atlantique : découvert

en 1800 par Hectot à La Verrière, dans les ma-

rais de l’Erdre près de Nantes. (J. Lloyd ; Flore de l’Ouest de la France ; 1844).

Une relation plus détaillée de cette découverte

est faite par E. Gadeceau :

« Le Malaxis paludosa n’est pas mentionné par

les Flores françaises de De Candolle (1815),

Duby (1828), Loiseleur (1828). Cependant cette

plante avait été trouvée par M. Hectot. Les

échantillons qu’il avait recueillis restèrent dans

son herbier parmi les inconnus, jusqu’au jour où

M. Lloyd retrouvait la plante en août 1836, à la

même localité « Baie de la Verrière ». Et lorsque

M. Lloyd, au milieu de ses récoltes de commen-

çant, la présenta à M. Hectot : C’est mon orchi-dée de l’an huit ! s’écria-t-il vivement » (Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France T. 5, p. 45 ; 1895).

Présent à Sucé-sur-Erdre jusqu’en 1999 où il fut

apparemment retrouvé (après quelques années

d’absence ?) en juillet 2011, d’après une obser-

vation publiée sur le site de Tela-Botanica.

Département de la Mayenne :

La date la plus ancienne pour ce département se

trouve dans un numéro du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie (Sér. 8 Vol. 4 n° 10 - p.

72 ; 1931), en note de bas de page : « Cette

Orchidée, signalée par Letellier à la Sourdière-

du-Bois en 1861, n’y a jamais été retrouvée ».

L’observation faite deux ans plus tard au Boulay,

sources de l’Ornette, est bien mieux documen-

tée, par l’inventeur même : « Partis d’Alençon, le

2 juillet 1863, le Dr Prévost, un étudiant et moi,

nous suivîmes la route de Bretagne jusqu’à la

Lacelle et prenant à gauche nous atteignîmes le

signal des Avaloirs (417 mètres). De là, nous

descendîmes un peu au hasard la première vallée

qui se présentait à nous à travers la forêt de

Multonne. Bientôt la vallée s’élargit, les bois

disparaissent et vous avez sous les yeux une

vaste prairie tourbeuse à l’entrée… C’est dans le

haut de cette prairie que nous avons trouvé le

Malaxis paludosa… Déjà même quelques fleurs

étaient ouvertes, et nous faisaient vivement

regretter d’être venus un mois trop tôt » (Bulle-tin de la Société Botanique de France T. XII, p.

132 ; 1865).

Une localisation encore plus précise de la station

est fournie par Hector Léveillé, en 1895, dans

sa Petite Flore de la Mayenne : « Landes tour-

beuses derrière et au-dessus du moulin du Four-

neau, près du champ de tir, en revenant vers le

bois et vers le moulin, au pied du mont des Ava-

loirs, à 1 800 mètres de la gare ».

Il est effectivement rappelé, en 1956, dans le

Bulletin de la Société Botanique de France (vol.

103 - p. 485) que la plante fut trouvée le

2/7/1863 par M. Letellier à la tourbière du

Fourneau (Massif des Avaloirs ; Pré-en-Pail),

précisant même que « la station recelait en 1863

plusieurs milliers de pieds de Malaxis ».

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La redécouverte de la station de Pré-en-Pail est

confirmée par l’abbé A.-L. Letacq, guide d’une

excursion botanique en date du 6/7/1897 :

« Le Malaxis paludosa Sw., découvert au Four-

neau en 1887 par notre collègue M. Ménager,

était le but principal de la visite à Pré-en-Pail ;

nous l’y avons trouvé en bon état et en quantité

suffisante pour que chacun puisse en emporter

plusieurs échantillons » (Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie Sér. 5, Vol. 1 ; 1897).

La station de Pré-en-Pail a subsisté jusqu’à la

veille de la seconde guerre mondiale : « En 1922,

M. Allorge n’en aperçut que trois pieds, et moi-

même un seul en 1931, malgré des recherches

multipliées » (G. Lémée, Les Bruyères à

Sphaignes du Massif de Multonne : Etude phy-

togéographique ; Bulletin de la Société Lin-néenne de Normandie Sér. 8 Vol. 4 n° 10, p. 72).

La plante y est notée présente jusqu’en 1938

dans Flore et végétation du Massif Armoricain

(H. des Abbayes ; Tome I - p. 1153 ; 1971) et

« disparue depuis 1938 » dans La Flore de la Mayenne (C. David et al. ; 2009).

Malgré tout, un exemplaire d’herbier plus récent

est conservé au MNHN : l’étiquette indique un

prélèvement (2 parts) de H. Laurence daté du

16/8/1939 (Herbarium Musei Parisiensis -

P02222804).

Picardie

Département de la Somme :

Le doute exprimé quant à l’existence de l’espèce

dans le Catalogue des plantes de France, de Suisse et de Belgique de E. G. Camus en 1888 a

été levé dans la Flore descriptive et illustrée de la France de H. Coste en 1906 (tome 3ème, p.

406) et dans la Flore de France de G. Rouy en

1912 (T. XIII, p. 220) mais aucun indice supplé-

mentaire ne vient étayer ces indications. Par

contre, la mention qui apparaît dans un autre

ouvrage de E. G. Camus en 1929 (Iconographie des Orchidées d’Europe et du Bassin méditer-ranéen, p. 427), semble corroborer l’observation

suivante de C. d’Alleizette, rapportée par le Dr

Poucel (in A la découverte des Orchidées de France - p. 177) :

« 1916. L’offensive de la Somme. J’étais à Bray-

sur-Somme. Un beau jour, étant allé au Q.G.

voisin d’Etinchun21, je suis resté en panne et, la

route n’étant pas praticable, je suis rentré à

Bray par les prairies tourbeuses des bords de la

Somme. Fatigué, je me suis assis sur un monti-

cule (carex et cladium) et, là, mon attention a

été attirée par une araignée qui tissait une toile

sous mes pieds pour ainsi dire. Un petit épi mi-

nuscule, jaunâtre, se trouvait servir de point de

départ à l’araignée… et cet épi appartenait au

Malaxis – un peu tardif cette année. J’ai pu en

garder quelques brins. Qu’est devenue cette

station, labourée peu après par les obus ? »

Selon le CBN de Bailleul, cette mention est dou-

teuse et, de fait, il est difficile de savoir à par-

tir de ce texte de quel Malaxis (paludosa ? loe-selii ?) parlait ce botaniste de renom, bien que le

Dr Poucel l’attribue clairement à Hammarbya paludosa.

Quelques indices sont troublants et pourraient

aller dans le sens du Liparis loeselii, pour des

raisons :

- morphologique : l’épi de la plante est noté

jaunâtre, et non verdâtre ;

- écologique : le marisque (Cladium mariscus)

croît de préférence dans les marais alcalins

où il cohabite souvent avec Liparis loeselii ; - phénologique : la floraison est qualifiée de

tardive ; or l’offensive de la Somme a com-

mencé le 1er juillet 1916 et, de fait, le récit

de d’Alleizette date de ce mois, à une pé-

riode où Liparis loeselii est généralement

déjà fleuri alors qu’Hammarbya paludosa ne

l’est pas encore.

Cependant, une planche d’herbier conservée à

Clermont-Ferrand (CLF061333) montre claire-

ment une part de Malaxis paludosa comportant 5

échantillons (détermination confirmée par le

Conservateur des Herbiers de Clermont-

Ferrand) récoltés ce jour-là par Ch. d’Alleizette.

L’espèce a donc bien existé un temps dans ce

département mais l’observation rapportée ci-

dessus est la seule qui soit certifiée.

21 Erreur de transcription : le nom réel est Etinehem,

comme l’indique la planche d’herbier correspondante.

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53

Liparis loeselii Hammarbya paludosa

Dessins Y. Fuchs

IV) Les données douteuses ou erro-

nées

La première mention de l’espèce en

France pourrait se trouver dans un ouvrage inti-

tulé Démonstrations élémentaires de botanique

vol. 2 de M.A.L. Claret de Fleurieu de La Tou-

rette & François Rozier, paru en 1796, où les

auteurs signalent (p. 661) la présence d’un

Ophrys paludosa « dans les prairies maréca-

geuses de Dauphiné22 ». A noter que cette indi-

cation n’apparaît pas dans l’édition de 1773 du

même ouvrage mais qu’elle est reprise dans le

Système des Plantes de C. von Linné Vol. 4 de

1805 et le Linné françois Vol. 4 de 1809.

Les botanistes locaux contactés à ce sujet dou-

tent de ces informations, pour le moins vagues,

et une confusion entre Ophrys paludosa et

Ophrys loeselii est probable même si les deux

taxons sont nettement différenciés dans les

ouvrages cités en référence.

Peut-être s’agit-il d’une station de Savoie, dé-

partement qui apparaissait encore sur la carte

de répartition nationale de l’espèce dans le fas-

cicule Une répartition des Orchidées sauvages de France de P. Jacquet en 1988.

En effet, l’espèce aurait été soupçonnée précé-

demment, hors période de floraison

(29/9/1981), dans un marais de la vallée des

Huiles (nord-est de La Rochette) par R. Fritsch :

« Dans un marais perché près La Table, une

Phragmitaie claire avec mousses humides (pas de

22 L’ancienne province du Dauphiné correspondait

alors aux départements de la Drôme, de l’Isère et

des Hautes-Alpes.

Sphagnum) nous a livré une curieuse orchidée à

deux bulbes superposés séparés par un inter-

valle, du type Malaxis paludosa (une seule cap-

sule mûre surmontait la tige) : La plante laissée

en place devra être réexaminée dans l’avenir »

(Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de la Savoie ; N° 129).

La station du marais de La Table recelant une

belle population de Liparis loeselii, cette men-

tion est par conséquent jugée erronée par les

responsables de la cartographie départementale.

De telles erreurs de détermination impliquant

ces deux espèces voisines se retrouvent fré-

quemment au XIXème siècle, dans bon nombre de

régions.

Aquitaine

Département de la Gironde :

Cité dans une ancienne flore (Ch. des Moulins)

aux environs de la Teste, assurément par confu-

sion avec Liparis loeselii qui y est connu depuis

le milieu du XIXème siècle. Contrairement à ce

dernier taxon, il n’est nullement question

d’Hammarbya dans le Catalogue Raisonné des Plantes Vasculaires de la Gironde, en 2005.

Sa présence dans le département n’est donc pas

retenue par la SFO Aquitaine.

Bretagne

Département d’Ille-et-Vilaine :

L’espèce y est citée « très rare » dans le Sup-plément à la Flore de la Mayenne (H. Léveillé, p.

151 ; 1897). Cette indication fait peut-être ré-

férence à une station située au lac de Murin

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indiquée, la même année, dans un Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France (Tome 7, p. 103 – C. Piquenard ; Cata-logue des plantes vasculaires spontanées du département d’Ille-et-Vilaine) en note de bas de

page : « Malaxis paludosa Sw. a été trouvé au lac

Murin, près Massérac (Lloyd), non loin des li-

mites de l’Ille-et-Vilaine ». Les marais jouxtant

le lac se trouvent pour partie en Ille-et-Vilaine

et pour partie en Loire-Atlantique. Par consé-

quent, sans plus de précisions sur la localisation

exacte de la station découverte par Lloyd, le

doute peut subsister.

Franche-Comté

Département de la Haute-Saône :

ZNIEFF « Etang du Grand Arfin, tourbière des

Couas et prairies environnantes », sans date,

d’après l’INPN – MNHN.

La base de données du Conservatoire Botanique

National de Franche-Comté ne connaît pas

l’espèce. Le CBN de Franche-Comté m’a confir-

mé que cette information était erronée par

suite probablement d’une erreur de saisie ou de

transcription d’un code informatique.

Île-de-France

Dans cette région, l’incertitude porte principa-

lement sur l’observation éventuelle de l’espèce

avant 1835.

Dès le début du XVIIIème siècle, Sébastien Vail-

lant signale dans son Botanicon Parisiense un

Ophrys bifolia bulbosa, à Episy dans l’actuelle

Seine-et-Marne. En page 146 de l’édition de

1727, il précise : « Je ne croy pas que la plante

d’Epysi soit celle de Plukenet qui a une vingtaine

de fleurs à son épi. Sa fleur n’a point d’Eperon.

C’est un vray Ophris. Fleurit en juillet ».

A la fin du siècle, J. L. Thuillier écrit, sous

Ophrys paludosa : « Tige peu garnie de feuilles,

et à cinq angles saillants ; feuilles radicales hé-

rissées d’aspérités vers leur sommet ; lèvre du

nectaire entière ; fleurs d’une couleur verdâtre,

comme toute la plante. Se trouve dans les prés à

Buc23. Fleurit en mai et juin24» (1790 ; Flore des

environs de Paris, p. 258).

23 Localité des Yvelines répertoriée par le CBNBP.

Dans l’édition de 1799 du même ouvrage (p.

465), il fait l’observation suivante : « Il paroît

que Tournefort, Vaillant, Dalibard et plusieurs

autres Botanistes ont pris l’Ophrys Loeselii pour

celui ci que je n’ai pas encore rencontré. On peut

s’y tromper à la vérité, attendu que ces deux

espèces ont beaucoup de rapports entre elles ».

Par la suite, l’Ophrys paludosa est traité de fa-

çon variable dans les ouvrages de botanique :

En 1805, dans la Flore française vol. 3 de J.-B.

de Lamarck et A.-P. de Candolle, on trouve le

commentaire suivant concernant Malaxis loeselii : « Cette plante diffère, par sa hauteur trois fois

plus grande et sa tige trigone et non pentagone,

de la Malaxis paludosa, que quelques auteurs ont

faussement indiquée comme indigène des envi-

rons de Paris ».

En 1812, F.-V. Mérat affirme : « L’O. paludosa L.

ne vient pas aux environs de Paris » (Nouvelle flore des environs de Paris).

Une planche d’herbier du MNHN (P01777621),

étiquetée « Env. de Paris, St léger, juillet 1835,

trouvé par Pervillé » et léguée au Muséum par le

24 La description de la plante pourrait correspondre à

Hammarbya paludosa, mais la période de floraison est

aberrante.

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Dr Mérat en 1851 contient des notes qu’il me

semble intéressant de reproduire ici (les ? si-

gnalent des mots difficilement lisibles) :

Note de M. Mérat sur l’Ophrys paludosa : « M. Pervilé a trouvé cette année 1835 à

l’herborisation de St Léger, de M. A. de Jussieu,

l’ophrys paludosa à l’étang du Cerisaie. On en a

eu (?) une vingtaine de pieds.

On croit que cette espèce est celle indiquée par

Vaillant sous le nom d’ophrys bifolia bulbosa n°

146, et pour laquelle il indique la planche 247,

fig. 2 de Plukenet, qui est celle indiquée par

Linné (Suecia 1341).

Il n’indique pas où elle se trouve, ni s’il l’a trou-

vée lui-même, ce qu’il fait ordinairement pour les

plantes rares.

Il ajoute seulement, dans le premier article, qu’il

ne croit pas que la plante d’Epysi soit celle indi-

quée de ( ?) Pluk. qui serait alors l’O. loeselii, la

seule qu’on puisse confondre avec elle et qui se

trouve en plusieurs endroits des environs,

quoique assez rare encore.

A. de Jussieu m’a écrit (?) que l’O. paludosa se

trouvait dans l’herbier de Vaillant, mais il pour-

rait l’avoir reçu d’ailleurs, car ordinairement il

indique le jour où il a trouvé une plante rare.

8 février 1836 ».

Une annotation en marge précise : « l’été de

1835 a été fort (?) chaud et l’étang presque

desséché ».

Note de A. de Jussieu :

« le malaxis paludosa se trouve dans l’herbier

Vaillant sous le nom de Ophrys palustris radice

repente Tourn. 437 Bifolium palustre Parkins.

Il y a 2 échantillons d’Angleterre venant de Par-

kinson.

1 autre sans origine indiquée, coll. (?) à part est

probablement celui qui a été trouvé en France

par Vaillant lui-même et auquel se rapporte plus

spécialement l’étiquette ci-dessus.

Tous les trois sont identiques entre eux et avec

les échantillons trouvés à St Léger ».

Ces commentaires de de Jussieu semblent vali-

der la découverte d’Hammarbya paludosa en

région parisienne par Vaillant, ce qui apparaît

dans les ouvrages ultérieurs de Mérat :

« Vaillant paraît la mentionner dans son Botani-con, sous le n°3, au mot Ophrys. On en trouve

effectivement un échantillon dans son herbier,

déposé au Jardin du Roi, mais sans indication de

localité » (F.-V. Mérat, Nouvelle flore des envi-rons de Paris, 1838).

« L’Ophrys paludosa L. a été, non pas trouvé,

mais retrouvé en 1835 à l’herborisation de M. de

Jussieu, par M. Pervilé, dans l’étang du Cerisaie

(et non Serisaie) ; car Vaillant le signalait déjà

de son temps (Ophris n°3, p. 126 du Botanicon) »

(F.-V. Mérat, Revue de la flore parisienne ;

1843).

Il est fort probable que la plante observée par

Vaillant à Episy était Liparis loeselii mais il n’est

pas exclu qu’il ait pu récolter Hammarbya palu-dosa en un autre endroit.

En tout état de cause, seule l’observation de A.

de Jussieu est certifiée et les incertitudes de

la nomenclature prélinnéenne amènent à prendre

les indications précoces avec beaucoup de cir-

conspection (G. Arnal - comm. pers.).

Les dates publiées par l’INPN – MNHN corres-

pondent à de telles données discutables (1799)

ou des reprises d’indications anciennes (Jean-

pert ; 1911).

Languedoc-Roussillon

Département des Pyrénées-Orientales :

Signalé en 1864 par Louis Companyo dans son

Histoire naturelle du département des Pyré-nées-Orientales, T. 2, à la p. 653 : « Habite les

prairies humides qui bordent la Désix dans le

vallon de Rabouillet ». Mais l’auteur, qui indique

la même écologie et la même phénologie que pour

Liparis loeselii, dit lui-même : « Ces deux plantes

ont une si grande ressemblance, qu’on les con-

fondrait, si les fleurs ne venaient en aide pour

les distinguer ».

L’information est démentie de façon acerbe en

1879 par E. M. J. Jeanbernat & E. Timbal-

Lagrave dans Le Massif du Laurenti : Pyrénées françaises. Géographie, géologie, botanique :

« Cette espèce n’a jamais été observée dans les

Pyrénées… indication de pure fantaisie… » et il

n’en est nullement fait mention dans la Flore des Pyrénées-Orientales de G. Gautier en 1898.

Cette opinion m’a été confirmée par J.-M. Le-

win : en l’absence de toute preuve physique et au

regard des nombreuses erreurs relevées dans

l’ouvrage de Companyo, l’espèce doit être exclue

du département.

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La présence ancienne de l’espèce est indiquée, à

tort, dans l’Inventaire des plantes protégées en France (p. 136).

Nord-Pas-de-Calais

Département du Pas-de-Calais :

Marais de Merlimont (cité en 1942 par le Dr

Poucel in A la découverte des Orchidées de France, p. 176) et Ambleteuse : « Bas-fonds à

gauche de la route de Wimereux à Ambleteuse.

Excessivement rare (Massart) » (cité en 1913

par A. M. Giard ; Faune et Flore de Wimereux, p.

150).

Ces informations sont douteuses selon le CBN

de Bailleul qui y voit de probables confusions

avec Liparis loeselii et n’intègre pas Hammarbya paludosa dans la flore locale. Liparis loeselii est

effectivement un élément bien connu de la végé-

tation des pannes d’arrière dunes des régions de

Berck-Merlimont ou d’Ambleteuse.

Basse-Normandie

Département du Calvados :

Un Ophrise paludosa (sic) est signalé « Des ma-

rais », en p. 79 de la Flore du Calvados de H. F.

A. de Roussel en 1796. C’est très probablement

une nouvelle confusion avec Liparis loeselii qui a

existé dans ce département.

Dans l’Annuaire des cinq départements de la Normandie de 1895, A.-L. Letacq détaille la

flore de l’Orne et des départements limitrophes

(Considérations sur la géographie botanique du

département de l’Orne) : Malaxis paludosa est

indiqué dans l’Orne et la Mayenne et clairement

inconnu du Calvados (« mais il manque au Calva-

dos… Gymnadenia albida, G. odoratissima, Ma-laxis paludosa… », p. 280) ainsi que de Haute-

Normandie (Seine-Inférieure et Eure, p. 272)

et de la Sarthe (p. 270). Par contre, il n’est pas

exclu de la Manche, sans y être toutefois indi-

qué explicitement.

Haute-Normandie

Département de l’Eure :

Le site de l’INPN fait référence à un inventaire

botanique effectué en 1983 par L. Delvosalle,

(Inventaire de l’institut floristique franco-

belge). Les contacts que j’ai eu avec l’IFFB et le

CBNBI indiquent que cette mention ne doit pas

être prise en compte : « Nous considérons

toutes les données d’Hammarbya paludosa comme douteuses ou erronées dans nos 3 ré-

gions du NW de la France25… la donnée IFFB est

à écarter » (CBN Bailleul).

Pays de la Loire

Département de la Sarthe :

La plante aurait été trouvée au marais du Breil

par Manceau (Bulletin de la société d’agricul-ture, sciences et arts de la Sarthe 2ème série

Tome XVIII ; 1865).

Cette affirmation est mise en doute par A. Gen-

til dans un Inventaire général des plantes vascu-laires de la Sarthe, publié dans un autre numéro

de la même revue :

« Dans une note, Manceau a indiqué incidemment

Malaxis paludosa au Breil, probablement par

suite d’une erreur de synonymie. Je possède en

effet en herbier un échantillon de Liparis loeselii Rich., recueilli par Manceau au Breil, vers cette

époque. Le Malaxis paludosa Sw. n’a pas été si-

gnalé autrement dans la Sarthe – A exclure »

(Bulletin de la société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 2ème série Tome XXVI, p.

307-308 ; 1893).

L’erreur de détermination est confirmée par ce

même botaniste en 1925 : « La plante des maré-

cages du Breil, qui n’existent plus, était le Lipa-ris loeselii Rich., comme l’attestent l’échantillon

et l’étiquette de Manceau, conservés dans mon

herbie » (Bulletin de la société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, Vol. 50 à 51, p.

84).

Voir aussi, plus haut, la discussion sur le Calvados.

Picardie

Département de la Somme :

Signalé à Saint-Quentin (C. M. Grenier & D.

A. Godron ; Flore de France tome 3ème, p. 276 ;

1855 et A. Bautier ; Flores partielles de la France comparées ; 1868). Mention dont je n’ai

eu aucune confirmation et qui semble bien être

de nouveau une confusion avec Liparis loeselii,

25 Mes recherches concernant la Somme montrent

que tel n’est pas le cas.

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présent dans les « marais sablonneux des dunes

de Saint-Quentin-en-Tourmont » (Eloy de Vicq &

Blondin de Brutelette ; Catalogue raisonné des plantes vasculaires du département de la Somme ; 1863). Le département est cité, avec

doute, par E. G. Camus dans son Catalogue des plantes de France, de Suisse et de Belgique, en

1888.

Seule l’observation de C. d’Aleizette en 1916

doit être retenue.

Rhône-Alpes

Département de l’Ardèche :

Indiqué en 1999 à Montselgues (CREN Rhônes-

Alpes d’après un fichier SFO) mais jamais ob-

servé en ce lieu par les botanistes du CREN.

L’examen des fiches de cartographie originales

montre que celle faisant référence à Hammar-bya paludosa n’est pas fiable et n’indique, en

tout état de cause, qu’une possibilité de pré-

sence (J.-P. Mandin ; Société Botanique

d’Ardèche). Selon G. Scappaticci, il pourrait

s’agir d’une confusion avec une station lozé-

rienne voisine (comm. pers.).

Orchidée à exclure de la flore ardéchoise.

V) Causes de disparition

Dans un article26 que l’on pourrait quali-

fier de visionnaire, un botaniste normand expo-

26 M. Bertot – De la convenance et de l’utilité des

jardins botaniques dans les localités secondaires ;

sait en 1870 les principales menaces pour la

flore indigène, dont le Malaxis :

- emprise routière, fauche des bords de

routes et des fossés,

- défrichement des landes, bois et marais

pour la mise en culture,

- amendement, élimination des espèces « inu-

tiles », augmentation de la productivité agri-

cole,

- curage et rectification des cours d’eau,

- récoltes excessives par les botanistes,

- introduction d’espèces exogènes.

Il proposait aussi des mesures de protection

comme la création de zones-refuges ou de jar-

dins botaniques, prémonitoires de nos actuels

conservatoires botaniques, mais aussi des ac-

tions pédagogiques comme le retour de

l’enseignement de la botanique à l’école !

La plus importante cause de régression

de l’espèce a été indubitablement la disparition

de ses milieux de vie. Dans de nombreuses ré-

gions, la plante, strictement inféodée à un bio-

tope très spécifique et fragile, n’a pas survécu

au drainage, à l’exploitation puis à la mise en

culture des tourbières où elle prospérait autre-

fois. Dès le XIXème siècle, ces changements en-

vironnementaux, qui se sont considérablement

accélérés après 1950, sont pointés du doigt :

« Lorsqu’on dessèche ou défriche les marais, ou

lorsqu’on enlève les Sphagnum, le Malaxis palu-dosa disparaît avec les Sphagnum. Je l’ai vu dis-

paraître de cette façon, depuis 30 ans, de plus

de cent localités où il abondait autrefois, et on

finira bientôt par le détruire entièrement. » (F.

Schultz ; Archives de la flore de France et d’Allemagne, p. 240 ; 1856).

« Depuis plus de trente ans l’étang du Serisaye a

été desséché et mis en culture, de magnifiques

moissons ont remplacé le Malaxis qui ne se

trouve plus que dans les herbiers de rares

élèves et contemporains d’Adrien de Jussieu. Le

Malaxis paludosa est perdu et bien perdu pour la

Flore parisienne, c’est une plante devenue au-

jourd’hui historique et presque légendaire. »

(Emile Deyrolle ; Le Naturaliste vol . 1 & 2, p.

271 ; 1879).

Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie Sér. 2

Vol. 6, p. 439-443 ; 1870-1872.

Extraction de la tourbe en Corrèze

au début du XXème siècle

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Cette évolution était déjà pressentie par les

anciens botanistes, comme Emile Gadeceau qui,

en 1895, dresse le bilan suivant27 :

« Terminons par quelques remarques relatives à

l’aire de dispersion de Malaxis paludosa.

Lloyd, nous l’avons vu, énumère plusieurs locali-

tés de cette rare orchidée dans l’Ouest de la

France ; Cosson et Germain la notent comme

disparue des environs de Rambouillet (Seine-et-

Oise), où elle avait été découverte par A. de

Jussieu, en 1835 ; Camus la cite avec doute dans

la Somme ; Kirschleger mentionne plusieurs lo-

calités dans les Vosges ; Corbière, dans sa ré-

cente et excellente Flore de Normandie, lui en

attribue trois dans ses limites ; enfin, la plus

méridionale de toutes les stations françaises

connues et probablement de celles d’Europe, est

l’étang de Léon, dans les Landes. Il est à

craindre que le défrichement croissant des

tourbières restreigne de plus en plus l’aire du

Malaxis ».

Une communication personnelle de C. Bernard à

propos de l’Aveyron corrobore ce fait : « Dispa-

ru depuis, car les tourbières et landes tour-

beuses du Lévezou ont été drainées et trans-

27 Bulletin de la Société des sciences naturelles de

l’Ouest de la France T. 5, p. 49.

formées en champs labourés. » Plus radicaux

encore furent l’ennoyage de stations pour créer

des plans d’eau ou la transformation de cer-

taines tourbières en décharges !

Le même sort a été réservé progressivement à

la station landaise de l’étang de Léon, détruite à

la fin du XXème siècle par assèchement de la

tourbière à des fins agricoles et cynégétiques.

L’unique station d’Indre-et-Loire a disparu suite

à des plantations diverses, à l’eutrophisation, à

la création d’étangs de pêche mais surtout aux

récoltes excessives28 (J.-P. Amardeilh & J.-C.

Roberdeau – comm. pers.).

Une autre cause réside en effet dans les

prélèvements inconsidérés effectués par les

botanistes dans certaines stations afin de réali-

ser des planches d’herbiers. F. Schultz, celui-là

même qui déplorait la disparition de l’espèce

dans les tourbières de l’est de la France, ne

faisait pas moins commerce d’exemplaires

d’herbiers ! En 1856, il propose le Malaxis palu-dosa dans une de ses centuries29, laquelle est

tarifée au prix de 25 francs !

En 1897, H. Léveillé fait le commentaire suivant

concernant la station de Pré-en-Pail : « Station

fort riche autrefois mais apauvrie (sic) par

l’inventeur lui-même et par l’abus des centu-

ries30 ».

En 1942, le Dr Poucel, collectionneur des orchi-

dées de France, rencontrait pour la première

fois l’espèce au bord de l’étang de Léon, dans les

Landes : « D’abord un échantillon trop jeune,

nourrisson imperceptible. Puis 4 autres sujets

adultes en parfait état, leurs fleurs de quelques

millimètres bien reconnaissables. Je n’en re-

cueille que deux pour ne pas appauvrir la sta-

28 L’herbier Tourlet contient une planche de 22

échantillons prélevés le même jour (10 sept. 1889)

dans cette station ! 29 Contrairement à une idée répandue, une centurie

désignait à l’époque un ensemble d’au moins 100 parts

d’herbiers d’espèces différentes et non nécessaire-

ment 100 plantes d’une même espèce. Cependant, une

centurie pouvait regrouper jusqu’à 1 000 échantillons

de plantes, parmi lesquels un grand nombre

d’échantillons d’une même espèce puisque, dans les

sociétés d’échanges, chaque abonné recevait le même

lot de parts. 30 Supplément à la Flore de la Mayenne, p. 151.

15/08/1910 - Vosges du Nord

Herbier Emile Issler

Fondation Suisse d’Orchidées

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59

tion ». Ce qui représente tout de même 40 % de

la population !

Un commentaire de C. Bernard à propos des

stations aveyronnaises abonde dans ce sens :

« Donné comme parfois abondant à l’époque (XIXème

siècle), et de ce fait, très (trop !) récolté ».

Certes, les herborisations du passé n’ont finale-

ment eu que peu d’impact sur le maintien général

de l’espèce et les parts d’herbier restent des

témoins indispensables à la connaissance scien-

tifique d’une situation floristique révolue. Il est

clair cependant que les récoltes destinées aux

sociétés d’échange ou des prélèvements con-

joints de 8 à 10 plantes dans une même station,

comme le montre la planche d’herbier de la page

précédente ne pouvaient qu’amoindrir, à terme,

les populations.

Si les prélèvements physiques n’ont

guère cours de nos jours, la surfréquentation

des stations par des botanistes ou autres pho-

tographes friands d’un cliché rare devient un

problème crucial, mais qui ne date pas

d’aujourd’hui. Pour preuve ce commentaire de

1897, paru dans un Bulletin de la Société des

sciences naturelles de l’Ouest de la France (T.

7, p. 56), à propos de la station normande de La

Trappe : « Les visites nombreuses de botanistes

reçues par cette riche localité firent bientôt

disparaître la rarissime Orchidée ».

Que ce soit en Lozère (lac de Charpal) ou dans

les Vosges (station de la Bresse), le piétinement

(les troupeaux de bovins n’étant pas seuls en

cause !) induit par des visites surabondantes

contribue à l’amenuisement de ces stations.

Rappelons que ce taxon est protégé au niveau

national en France (annexe 1 de l’arrêté du 20

janvier 1982). Une enquête effectuée sous

l’égide de la SFO a abouti en 2009 à une propo-

sition de classement du taxon dans la catégorie

EN (pour Endangered = En danger : taxon con-

fronté à un risque très élevé d’extinction à

l’état sauvage) sur la liste rouge régionale31 des

orchidées de France, établie selon les critères

de l’UICN. Sans rentrer dans les détails (le lec-

teur pourra prendre connaissance des nombreux

critères, précis mais complexes, sur le site

www.uicn.fr), cette proposition est motivée par

le critère suivant qui s’applique à Hammarbya paludosa dans notre pays : « Population estimée

à moins de 2 500 individus matures, présentant

un déclin continu, constaté, prévu ou déduit du

nombre d’individus matures et ne comportant

pas de sous-population estimée à plus de 250

individus matures ». Cela fait référence autant

à l’effectif total du taxon, qu’à son potentiel de

reproduction ou au déclin de sa population sur

une période de 30 ans. L’évolution négative des

populations d’Hammarbya paludosa en France au

cours des dix dernières années pourrait même

faire envisager son reclassement dans la caté-

gorie CR (Critically endangered = En danger cri-

tique d’extinction : taxon confronté à un risque

extrêmement élevé d’extinction à l’état sau-

vage), qui ne concerne actuellement aucune or-

chidée de France métropolitaine (comm. pers. P.

Feldmann) !

Il convient également d’évoquer les phé-

nomènes d’évolution naturelle des tourbières

dont la lenteur n’a cependant rien à voir avec les

causes d’origine anthropique, bien plus rapides

et dévastatrices car souvent irrémédiables !

31 Ce terme, à prendre au niveau mondial, renvoie au

territoire français métropolitain.

▼ Lac de Lispach

Ancienne station vosgienne de l’espèce

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En l’absence d’intervention extérieure, les mi-

lieux tourbeux sont soumis aux aléas clima-

tiques, aux perturbations hydrologiques, à

l’atterrissement et à la dynamique de la végéta-

tion qui mènent, à terme, à la fermeture du mi-

lieu et au boisement. Le déclin des effectifs

constaté dans plusieurs populations françaises

depuis le début des années 2000 (dans un rap-

port de 1 à 4 !), qui est en partie la conséquence

du caractère de plante à éclipses de l’espèce, ne

peut que s’avérer préoccupant car un nombre

réduit d’individus dans une station, en diminuant

les possibilités de reproduction et de brassage

génétique au sein de la population, compromet la

pérennité de la station. Ajoutons à cela le faible

taux d’ovaires fécondés chez Hammarbya palu-dosa, évalué entre 5 % (Seité 2001) et 20%

(Claessens 2010), que la biologie particulière de

l’espèce semble cependant compenser par la

production de bulbilles à l’apex des feuilles,

mode de reproduction végétative par clonage

des individus qui semble relativement efficace.

Les actions d’entretien et de restauration visent

à enrayer l’eutrophisation, l’envahissement par

les espèces ligneuses, et permettre à une flore

herbacée peu concurrentielle de se réimplanter,

rétablissant ainsi une grande biodiversité floris-

tique mais aussi faunistique. Outre une bonne

gestion hydrologique, les pratiques agro-

pastorales traditionnelles (étrépage superficiel,

fauche, pâturage extensif), qui favorisaient les

plantes pionnières comme Hammarbya paludosa,

un renforcement des populations par culture ex

situ ou une restauration des milieux de vie de la

plante font partie des stratégies mises en

œuvre de nos jours dans les plans de sauvegarde

des tourbières, comme le préconise une étude

du Conservatoire Botanique National de Brest32.

Les cartes données en annexe font le bi-

lan des observations de l’espèce à différentes

dates. Chacune d’elles prend en compte les ob-

servations sur une période de 50 ans en arrière,

sauf celle de 2010 pour laquelle je n’ai retenu

que les mentions avérées pendant les 10 années

précédentes. Les efforts de prospection, dans

des biotopes encore naturels et favorables à la

plante, entre les milieux des XIXème et XXème

32 Plan de conservation en faveur du malaxis des ma-

rais (Hammarbya paluudosa (L.) Kuntze) en Bretagne.

A. Lieurade. CBN Brest, 2009.

siècle y apparaissent nettement, d’où une cer-

taine stabilité pendant cette période, alors que

le déclin de l’espèce dans la seconde moitié du

XXème siècle est patent. La Bretagne reste, par

l’importance de ses populations, le bastion

d’Hammarbya paludosa en France. La survie de la

station de Loire-Atlantique, qui aura subsisté

pendant deux siècles, est remarquable quand

tant d’autres stations françaises n’ont pas ré-

sisté à quelques dizaines d’années d’agressions

diverses. Bien rares en effet sont celles qui ont

« soufflé leurs cent bougies » !

De même, certaines stations du Finistère, de la

Lozère et des Vosges ont perduré jusqu’à nos

jours dans des départements qui ont conservé

une certaine ruralité.

L’expérience a montré que des prospections

systématiques dans les tourbières peuvent

aboutir, avec un peu de chance, à la découverte,

ou la redécouverte dans ses stations histo-

riques, de cette plante discrète et capricieuse,

comme ce fut le cas en Bretagne, dans les

Vosges ou dans les Pyrénées-Atlantiques.

Des informations de dernière minute me per-

mettent de conclure sur une note plus opti-

miste : l’été 2011 semble avoir été favorable à

Hammarbya paludosa en Lozère, où les gardes

du Parc National des Cévennes ont découvert de

nouvelles stations et comptabilisé 215 pieds

dans le département (comm. pers. F. Dabonne-

ville).

Prélude à une remontée des effectifs de

l’espèce dans un avenir proche ?

« - Malaxis, malaxis, tu as beau te cacher,

je t’aurai…

Et je l’ai eu. Victoire ! voilà Malaxis !

Te Deum laudamus ! »

J. Poucel 1942

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61

Remerciements à toutes les personnes qui, d’une

manière ou d’une autre, m’ont aidé dans mes

recherches :

P. Amardeilh (SFO) ; M. André (CBN Franche-

Comté) ; P. Antonetti (CBN Massif central) ; G.

Arnal (CSRPN Ile-de-France) ; S. Audouard

(Société Linnéenne de Bordeaux) ; C. Bernard

(Société Botanique du Centre-Ouest) ; F. Blan-

chard (CBN Sud-Atlantique) ; F. Botté (Société

Botanique Ligérienne) ; T. Bousquet (CBN

Brest) ; P. Burnel (SFO Normandie) ; L. Chabrol

(CBN Massif central) ; F. Dabonneville (SFO

Languedoc) ; T. Delahaye (SFO Rhônes-Alpes) ;

P. Delforge (Les Naturalistes Belges) ; F. Dusak

(SFO Ile-de-France) ; O. Escuder (INPN-

MNHN) ; P. Feldmann (Commission scientifique

SFO) ; B. Gerbaud (SFO Aquitaine) ; A. Gévau-

dan (SFO Rhône-Alpes) ; M.-L. Guérin (MHN

Nantes) ; G. Haan-Archipoff (Herbiers de

Strasbourg) ; C. Hauguel (CBN Bailleul) ; M.

Hoff (Société Botanique d’Alsace) ; P. Jacquet

(SFO Rhône-Alpes) ; F. Jouandoudet (CREN

Aquitaine) ; J. Koenig (SFO Auvergne) ; J.-M.

Lewin (SFO Roussillon) ; A. Lieurade (CBN

Brest) ; J.-P. Mandin (Société Botanique

d’Ardèche) ; T. Pain (SFO Ile-de-France) ; B.

Pascault (CREN Rhône-Alpes) ; Y. Peytoureau

(Société Botanique du Centre-Ouest) ; A. Pierné

(SFO Lorraine-Alsace) ; J.-C. Ragué (Conserva-

toire des Sites Lorrains) ; J.-C. Roberdeau (SFO

Centre-Loire) ; J. Saintenoy-Simon (Association

pour l’Etude de la Floristique asbl) ; G. Scappa-

ticci (SFO Rhône-Alpes) ; P. A. Schäfer (Her-

bier de Montpellier) ; F. Seité (Naturaliste Bre-

tagne) ; S. Sprunger (Fondation Suisse

d’Orchidées) ; C. Surand (SFO Centre-Loire) ; C.

Roux & G. Thébaud (Herbiers de Clermont-

Ferrand) ; F. Thiery (SFO Franche-Comté) ; B.

Toussaint (CBN Bailleul).

Remerciements à Serge Muller, du laboratoire

de phytoécologie de l’Université de Metz, pour

ses informations concernant l’Alsace et la Lor-

raine ainsi que pour sa relecture de l’article.

Toute donnée complémentaire dont je n’aurais

pas eu connaissance est la bienvenue.

* 3 rue de Guebwiller, 68840 Pulversheim

[email protected]

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Annexe 1

Récapitulatif historique de la présence d’Hammarbya paludosa en France.

Région Département Première observation Dernière observation33

Alsace Bas-Rhin 1830 ? 1939 ?

Haut-Rhin 1873 1873

Aquitaine Landes 1880 ? 1980

Pyrénées-Atlantiques 2008 2010

Auvergne Cantal 1898 1919

Bretagne

Côtes-d’Armor 1955 1997

Finistère 1890 ? 2010

Morbihan 1844 1886

Centre Indre-et-Loire 1889 1908 ?

Ile-de-France Yvelines 1835 1845

Languedoc-Roussillon Lozère 1897 2010

Limousin

Corrèze 1996 2006

Creuse 2006 2009

Haute-Vienne 1949 1999

Lorraine Moselle 1820 1922

Vosges 1833 ? 2010

Midi-Pyrénées Aveyron 1894 1974

Basse-Normandie Manche 1881 ? 1905 ?

Orne 1850 ? 1980 ?

Pays de Loire Loire-Atlantique 1800 1999

Mayenne 1861 1939

Picardie Somme 1916 1916

33 Les dates indiquées sont parfois issues d’ouvrages reprenant des données antérieures à leur année de parution. Il

est alors difficile de dater précisément la dernière observation de l’espèce.

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Annexe 2

Cartes de répartition d’Hammarbya paludosa en France.

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Erasanthe henrici, représentant d’un nouveau genre malgache

Dominique Karadjoff *

L’observation de la morphologie ainsi que les

dernières études ADN ont permis à Phillip J.

Cribb, Johan Hermans et David L. Roberts

de resituer Aeranthes henrici, une des plus

belles orchidées malgaches dans un nouveau

genre sous le nom d’Erasanthe henrici.

Aeranthes henrici a été décrit pour la pre-

mière fois par Rudolph Schlechter en 1925.

Classé parmi les Aeranthes sans doute en

raison de la couleur blanc vert des fleurs,

cette nouvelle espèce a été nommée henrici

en l’honneur du grand botaniste français

Henri Perrier de La Bathie, auteur de la

Flore de Madagascar (1939-1941).

Le genre Aeranthes comprend 48 espèces

principalement originaires de Madagascar,

des Mascareignes et des Comores, deux

espèces étant localisées en Afrique (Zim-

bawe) : A. africana J. Steward et A. parkesii

G. Will. Le genre est caractérisé par des

racines fines ramifiées, des feuilles assez

épaisses et surtout des fleurs plus ou moins

translucides allant de la couleur blanche à la

couleur verte. L’éperon est en général court

et chaque pollinie est attachée à un visci-

dium propre.

Une étude récente menée par Phillip Cribb,

Johan Hermans et Daniel Roberts (Andanso-

nia 2007) s’est intéressée au cas de

L’Aeranthes henrici R. Schltr. (1925) qui ne

semblait pas correspondre aux critères

morphologiques des Aeranthes. En effet, on

note chez ce dernier des racines épaisses,

peu nombreuses, des feuilles oblancéolées

aux bords ondulés et une inflorescence à

hampe pendante, un peu comme dans le

genre Aerangis, donnant naissance à des

fleurs de très grande taille qui s’ouvrent

simultanément. Enfin on remarquera un très

grand éperon. Devant ces critères il était

licite de pousser plus loin les investigations

afin de savoir où situer réellement cette

plante dans la grande famille des orchidées

malgaches. Ainsi, en dehors de ces différen-

ces morphologiques, une étude ADN menée

par Micheneau (2005) sur les séquences

génétiques ITS et MatK indiquent que A.

henrici est proche génétiquement des gen-

res Beclardia, Cryptopus et Oeonia et

qu’inversement, il est éloigné du genre Ae-

ranthes qui est lui même proche des Jumel-

lea, grande famille malgache. Il était donc

devenu nécessaire de reclasser A. henrici,

ce qui a été fait en 2007 avec la création du

nouveau genre Erasanthe. Sont alors décrits

deux taxons, Erasanthe henrici forme typi-

que et E. henrici subsp. isaloensis du sud-

ouest malgache.

Erasanthe henrici (Schltr.) P.J. Cribb, J.

Hermans, D.L. Roberts Andansonia (2007)

L’origine du nom de genre Erasanthe pro-

vient de l’anagramme du nom Aeranthes,

genre nouveau monotypique comprenant les

deux sous-espèces citées.

La forme typique

Plante épiphyte, acaule. Feuilles oblancéolées

de 3 à 4 cm de large sur 15 à 20 cm de long,

bords ondulés. Racines charnues.

Hampe florale naissant à la base de la tige,

pendante, portant de 3 à 7 fleurs blanches

de grande taille. Une bractée brune de 1,5

cm recouvre la naissance de chaque pédicelle

qui avec l’ovaire mesure 4 cm. Fleur blanche

au labelle vert dans sa partie proximale,

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sépale médian linéaire aigu et étroit de 9 cm

sur 1,3 cm. Sépales latéraux larges à leur

base de 2 cm, acuminés, étroits, aigus et

falciformes de 10 cm sur 1 cm ; pétales plus

courts également étroits et falciformes de

6,5 cm sur 1 cm ; labelle de 7 à 8 cm de long

sur 3,5 cm de large, denticulé, fimbrié sur

ses bords, très finement acuminé en son

extrémité. Colonne de 1 cm ; éperon long et

fin de 12 cm.

On trouve E. henrici au nord et nord-est

d’Antananarivo jusqu’à Antsirana, en épi-

phyte sur les arbres de la forêt humide du

plateau, entre 800 et 1 000 m d’altitude.

La plante fleurit en mars-avril à Madagascar,

en septembre-octobre en culture en Europe

(photo p. 40).

Erasanthe henrici subsp. isaloensis

Diffère de l’espèce typique par un pédicelle

et un ovaire plus courts, des fleurs plus pe-

tites, triangulaires, une colonne plus longue

et un éperon plus court. On la trouve uni-

quement dans les gorges du massif de l’Isalo

au sud-ouest d’Antanarivo sur la route de

Tuléar.

Protection

En 2005, avec mon ami malgache d’adoption,

Alain Petit Jean m'a fait découvrir les lam-

beaux de forêt primaire du plateau du Tam-

pokets au nord-ouest d'Antananarivo sur la

route de Mahajunga. La savane était brûlée

sur des dizaines et des dizaines de kilomè-

tres, à perte de vue, et la désolation sem-

blait partout. En fait, nous étions en pleine

période de culture sur brûlis. Le problème

de cette méthode de culture, c’est qu’elle

est totalement incontrôlée, mais heureuse-

ment des lambeaux de forêt primaire survi-

vent dans des petits vallons à l'abri des

flammes des feux de brousse quoique, mètre

par mètre, le feu finit par les détruire au fil

des années. Là, accrochés à la cime des ar-

bres, plusieurs Erasanthe henrici survivent,

certains portant des capsules bien grosses,

espoir de graines et de perpétuation de

l'espèce si leur biotope survit ?

L’espèce est déclarée en voie de disparition

sur toute l’île. Cependant quelques tentati-

ves de culture in vitro et de culture de mé-

ristèmes lui donneront peut-être une

deuxième vie en milieu protégé, en alimen-

tant le commerce d’orchidées et en évitant

ainsi la surcollecte sauvage encore actuelle-

ment de mise.

Culture

Je cultive E. henrici sur plaque d’écorce avec

succès. Surtout en raison de sa hampe flo-

rale pendante, il est placé en serre chaude

plutôt en hauteur. Il apprécie une bonne

luminosité sans excès ; je le pulvérise d’eau

de pluie tous les jours en période de chaleur,

moins souvent en hiver. Je lui donne des

engrais dilués dans l’eau d’arrosage une fois

par semaine, sauf en hiver. Sa floraison

semble quand même indexée à un bon enso-

leillement à l’année, ce qui a été le cas cette

année.

Bibliographie

Cribb P, Hermans J., Roberts D. L., 2007.

Erasanthe (Orchidaceae, Epidendroideae, Aeran-

gidinae), a new endemic orchid genus from Mada-

gascar, Adansonia, sér. 3. 29 (1).

Cribb P., Hermans J., 2009. Field guide to the

orchids of Madagascar, Kew publishing.

Hermans J. & C., Du Puy D., Cribb P., Bosser J.,

2007. Orchids of Madagascar, second edition,

Kew publishing.

* 6A, avenue Clémenceau – 54150 Briey

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Bal(l)ade pour une polonaise

Monique et José Guesné *

Ma première rencontre avec Neottianthe cucullata remonte à 2007, dans le numéro

173 de l’Orchidophile. Un article de Ryszard

Plackowski nous la présentait au travers

d’une étude sur son écologie en Lettonie.

Elle me fut remise en mémoire début 2011

lorsque mon ami David Prusa, orchidophile

tchèque, me présenta ses vœux. En effet,

elle figurait en bonne place sur sa carte !

Il n’en fallut pas plus pour me donner l’envie

d’aller la voir. David l’ayant photographiée en

Pologne, cela me parut plus réalisable, la

Pologne et la Slovaquie étant limitrophes.

Neottianthe cucullata est une orchidée eu-

rasiatique tempérée dont le territoire

s’étend de la Baltique au Japon. Localisée et

rare, elle figure sur plusieurs listes rouges

d’espèces en voie de disparition. L’est de la

Pologne semble être sa limite de répartition.

Sa floraison s’étale de juillet à août, dans un

habitat de mi-ombre à ombre sur substrats

acides, humides et profonds, en particulier

dans les forêts primaires de résineux.

On la trouve au nord-est de la Pologne, en

Lituanie, Lettonie, Ukraine, Biélorussie,

Russie et Japon. Sa présence en Hongrie

demande à être confirmée.

C’est une plante grêle, de 10 à 40 cm de

haut, présentant 2 feuilles basilaires oppo-

sées. L’inflorescence, lâche, est formée de 3

à 30 fleurs. La fleur, rose à rougeâtre, pré-

sente un casque formé des sépales et des

pétales rassemblés . Le labelle est profon-

dément trilobé et dirigé vers l’avant. Le lobe

médian, linguiforme, plus large et plus long

que les lobes latéraux, est de couleur blanc à

rosé avec quelques petites taches plus fon-

cées. L’éperon est bien développé, descen-

dant et arqué vers l’arrière. La plante est

munie de 2 tubercules ovoïdes.

David, sollicité et fidèle à sa gentillesse, m’envoya

donc les coordonnées de la station, celle-ci se

trouvant dans le nord-est de la Pologne, près

d’Augustow, non loin de la frontière lituanienne, à

environ 950 km de Bratislava.

La période la plus propice pour la voir étant fin

juillet - début août, d’après David, et vu les

conditions climatiques de cette année 2011, la

balade en Pologne se fera du 11 au 19 juillet avec

une visite sur la station d’Augustow programmée

le 13 juillet.

Nous avons quitté Bratislava le 11 juillet au matin

et avons fait un premier arrêt à Varsovie. Nous y

avons vu nos deux premières orchidées, de

splendides gravures dans la vitrine d’un

bouquiniste de la vieille ville !

Neottianthe cucullata Swiss Orchid Foundation at the Herbarium Jany Renz

Cypripedium harrisianum Cypripedium stonei

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Après une journée de visite dans cette ville

magnifique et une bonne nuit de repos, c’est

le 13 juillet au matin que nous prenons la

direction d’Augustow.

Augustow se trouve dans la voïvodie de Po-

dlachie, créée le 1er janvier 1999 suite à une

loi réorganisant le découpage administratif

du pays. D’une superficie de 20 180 km², les

réserves naturelles y couvrent le tiers du

territoire. Elle a été consacrée poumon vert

de la Pologne par l’UNESCO. Peu fréquen-

tées par les touristes, les forêts y ont

conservé leur caractère quasi primaire.

La station de Sucha Rzeczka se trouve à 15

km environ d’Augustow. Les indications de

David devraient nous permettre de la trou-

ver sans problème mais les bornes de pierre

jalonnant la route forestière nous ont ce-

pendant réservé une surprise.

Nous nous sommes arrêtés à la première

borne 148 trouvée et, bien que

l’environnement ne corresponde pas complè-

tement aux photos de David, nous avons en-

trepris d’explorer le chemin forestier qui

menait au canal.

Nous y avons découvert Goodyera repens et

Epipactis atrorubens en début de floraison

ainsi qu’une jolie pyrole Chimaphila umbellata.

Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas

trouvé Neotthiante cucullata. J’ai donc

pensé qu’elle n’était tout simplement pas

encore en fleur car le biotope où nous nous

trouvions lui convenait bien...

Ne sachant pas où menait la route, nous

avons rebroussé chemin. Quelques centaines

de mètres plus loin, surprise ! nous décou-

vrons une autre borne numérotée 148. En

effet, ces bornes portent un numéro diffé-

rent selon la direction prise, 147 d’un côté

et 148 de l’autre. Cette fois le site corres-

pondait parfaitement aux photos et c’est donc

plein d’espoir que nous sommes repartis à la

recherche de notre jolie polonaise.

Ici encore, beaucoup de Goodyera repens et

d’Epipactis atrorubens puis, le long du chemin,

juste en limite des arbres, une dizaine de pieds

d’une orchidée fanée. J’ai immédiatement pensé

qu’il s’agissait bien de Neotthiante cucullata, les

conditions climatiques ayant été, ici aussi, plus

que difficiles. Nous avons donc stoppé nos

recherches et repris le chemin d’Augustow.

Il nous restait cependant une petite chance, le

parc national de Wigry près de Suwalki à une

quarantaine de kilomètres. Nous nous y rendrons

donc le lendemain.

Le parc national de Wigry fut créé en 1989. Il

couvre une superficie de 15 075 ha incluant plus

de 9 000 ha de forêt. Situé dans la partie nord de

la forêt d’Augustow, son histoire géologique est

marquée par la dernière glaciation. Dix-huit

espèces reliques de l’époque glaciaire y ont été

identifiées.

C’est dans ce parc qu’en 2003 une expérience de

réintroduction de Neotthiante cucullata a été

engagée à partir de plantes prélevées sur la

station d’Augustow.

Quatre sites avaient été sélectionnés pour cette

expérience en fonction principalement de la

nature du sol et de la situation géographique qui

devait permettre d’assurer aux plantes

l’approvisionnement nécessaire en humidité mais

également un abri discret.

Le site définitif choisi, les plantes furent

transférées durant la dernière quinzaine du mois

d’août 2003. En 2004, 24 de ces plantes avaient

refleuri mais seules 8 d’entre elles portaient des

graines. A l’automne 2004, 26 nouveaux pieds

furent introduits sur le site.

Dans ce même parc, une étude a été menée de

1998 à 2003 sur une station existante montrant

une fluctuation importante de la population. La

météorologie, d’après cette étude, pourrait expli-

quer en partie ces fluctuations, un hiver froid

suivi d’un été sec pouvant entraîner une baisse

notable des effectifs.

C’est sous une fine pluie que nous arrivons à

Krzywe, l’un des points d’accès au parc. La

personne de l’accueil ne parle pas anglais mais

comprenant que nous souhaitons avoir un

renseignement, nous fait signe d’attendre et

E. atrorubens Chimaphila umbellata Augustow – 13/07/11

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revient quelques instants plus tard accom-

pagnée de l’un des employés du parc.

Après lui avoir expliqué, en anglais, la raison

de notre présence, il me regarde, incrédule,

et me demande de répéter ma question...

Il me répond alors : Neottianthe cucullata...

Yes, we have but it’s TOP SECRET !

Je m’attendais un peu à cette réponse, cette

orchidée figurant dans le livre rouge des es-

pèces en voie de disparition en Pologne…

Je me lance dans de nouvelles explications :

nous venions de France, avions constaté que

les plantes étaient fanées sur la station

d’Augustow et espérions pouvoir la voir à

Wigry...

L’incrédulité fit place alors à l’étonnement

puisqu’il n’avait pour ainsi dire jamais vu de

français faire un tel déplacement...

Nous sommes restés un vingtaine de minutes

avec lui, il m’a alors confirmé qu’il y avait 2

stations de N. cucullata dans le parc, l’une

naturelle, l’autre découlant bien de

l’expérience de réintroduction menée depuis

2003.

Malheureusement pour nous, l’accès en est

strictement réservé aux scientifiques qui

continuent de suivre leur évolution.

Avant de nous quitter, il nous a remis un

fascicule sur le parc où figure, bien évidem-

ment, cette petite orchidée ainsi qu’un plan

de la région qui nous permettra dans l’après-

midi de partir à la découverte de sites ne

figurant sur aucun guide.

Au sortir de l’accueil, c’est une pluie bat-

tante qui nous attend mais nous avons notre

arme secrète : de magnifiques capes de

pluie, souvenir d’un séjour dans les Dolomi-

tes. Nous partons donc sans crainte en ba-

lade dans la forêt à la recherche des cas-

tors qui, eux aussi, décideront de nous faire

faux-bond !

Après la pluie, le soleil ! Mais nous restons

cachés sous nos capes car les moustiques

sont féroces. C’est par la découverte d’une

maison traditionnelle et d’étonnantes ruches

que nous terminons notre visite.

Nous prenons la route le lendemain 15 juillet, pour

3 jours, direction Malbork afin de visiter son

magnifique château, classé au patrimoine mondial

de l’UNESCO, puis Gdansk, Sopot et les environs.

La pluie nous accompagne pendant une partie du

trajet qui, bien que relativement court, nous

prend plus de temps que prévu. Nous avons eu

l’occasion de constater que la Pologne est le

paradis des cigognes. En effet, les nids sont très

nombreux et il n’est pas rare d’y voir 4 petits !

C’est à Piasky, petit bourg situé à quelques

centaines de mètres de la frontière de l’enclave

territoriale russe de l’oblast de Kaliningrad, que

nous verrons nos dernières orchidées : 2 pieds de

Goodyera repens, découverts par hasard en

bordure d’un chemin forestier alors que nous

allions en bord de mer Baltique pour y tremper

nos pieds.

Château de Malbork

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Retour sur Bratislava le 19 juillet au soir

après une dernière nuit à Cracovie et la vi-

site de l’ancienne mine de sel de Wieliczka

classée, elle aussi, au patrimoine mondial de

l’UNESCO.

Par acquit de conscience cependant, alors

même que je rédigeais cet article, j’ai expé-

dié à David 2 photos de l’orchidée fanée

découverte à Augustow. David s’est montré

formel : pour lui il ne s’agissait pas de Neot-thiante cucullata mais probablement d’une

platanthère bien que les feuilles me parais-

sent différentes de celles que nous trouvons

chez nous.

Il a ajouté que, vu les conditions climatiques

de cette année 2011, il est probable que les

Neottianthe se sont faites plus discrètes et

qu’il était très difficile de les voir tant

qu’elles n’étaient pas en fleur.

Arrivés trop tôt ? trop tard ? Notre balade

pour une polonaise est donc une œuvre ina-

chevée tout comme le fut pour Chopin sa

mazurka en fa mineur opus 68 n°4... toute

modestie et comparaison mises à part bien

sûr !

Aussi, c’est avec l’aimable autorisation de

David Prusa que peuvent être publiées dans

notre bulletin les photos en couleur de cette

magnifique petite orchidée !

Je conclurai cet article par un petit clin d’œil à

l’un de nos sympathiques adhérents et amis,

Michel Rohmer, qui a eu l’occasion de voir

Neottianthe cucullata sous d’autres cieux : c’était

fin août 1993, sur les pentes du Fuji Yama, dans

une forêt de grands pins établie sur une coulée de

lave du 18ème siècle (biotope classique) à côté d’un

parking, lors d’une excursion botanique dans le

cadre d’un congrès où il avait donné une

conférence. Il n’avait malheureusement pas

emporté ce jour-là son appareil photo.

Remerciements à David PRUSA pour ses

informations et ses photos.

Bibliographie et documentation :

Plackowski R., 2007 – Neottianthe cucullata (L.)

Schltr., une orchidée menacée en Lettonie –

L’Orchidophile n° 173 : 117-121.

Delforge P., 1994 – Guide des orchidées

d’Europe, d’Afrique et du Proche-Orient, 2ème éd.

Delachaux & Niestlé, Lausanne, Paris, 480 p.

Krzysztofiak L. – Rapport sur la mise en œuvre

du projet de protection active d’espèces en péril

d’orchidées près de la forêt d’Augustow.

En polonais :

Krzysztofiak A. & L., Romański M. : Czynna ochrona gatunków storczykowatych w rejonie Puszczy Augustowskiej. Krzywe koło Suwałk :

Wigierski Park Narodowy. Sur www.wigry.win.pl

Wodkiewicz M. – La dynamique des populations de

Kukuczka kapturkowatej, Neottianthe cucullata

(L.) Schlechter dans le parc national Wigierski.

En polonais : Dynamika populacji kukuczki kaptur-

kowatej Neottianthe cucullata (L.) Schlechter w

Wigierskim Parku Narodowym. Sur www.astn.pl En anglais : Individual fates of Neottianthe

cucullata plants in Wigierski national park, NE

Poland. Sur www.zbi.ee

http://orchid.unibas.ch

http://fr.poland.gov.pl

http://fr.wikipedia.org

http://www.wigry.win.pl

http://www.astn.pl

http://www.zbi.ee

* 6, rue de l’Echo – 54370 Maixe.

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Exotic’Infos

Monique Guesné

Expositions 2012 en quelques dates :

Fondation Eugène Napoléon Paris (75) -

20/01 au 22/01/12 - FFAO

Vitry-le-François (51) – 10/02 au 12/02/12 -

AAOE

Abbaye de Vaucelles (59) – 15/03 au

19/03/12

Pavillon Joséphine Strasbourg (67) - 16/03

au 19/03/12 - AROS

Commanderie d’Alden Biesen Bilzen (B) -

06/04 au 09/04/12

Mirecourt (88) - 21/09 au 23/09/12 – SFO-LA

Quelques livres :

Lexiguide des orchidées - collectif – Ed.

Elcy – 23/03/2011 Les Coelogynes – Elisabeth & Jean-

Claude George – Ed. Belin – 05/2011

Les orchidées de Madagascar – Jean

Bosser & Marcel Lecoufle – Ed. Biotope –

06/2011

Les orchidées – Marcel Lecoufle – Ed.

Artémis – 09/2011

Les orchidées – Pascal Descouvrières –

Ed. Solars – 10/09/2011

Encyclopédie essentielle des orchidées –

Iris Schmidt – Ed. Komet – 10/2011

Encyclopédie des orchidées tropicales -

Pascal Descouvrières – Ed. Ulmer – 27/10/2011

Le traité des orchidées – collectif – Ed.

Rustica – 11/2011

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Programme des activités 2012 Les sociétaires qui souhaiteraient prendre part à l’une ou l’autre des activités suivantes sont priés de se faire connaître au préalable auprès de la personne responsable et dont les coordonnées figurent ci-dessous. Faites-le suffisamment tôt car les dates des sorties pourront être avancées ou reculées en fonction de l’état de la végétation qui dépend des conditions météorologiques. Dimanche 29 janvier : Assemblée Générale au Centre socio-culturel de Saverne (67)

10 h 00 : AG statutaire

12 h 30 : repas

14 h 30 : présentations diverses et galette

J.-M. BERGEROT : [email protected] ou 03 83 28 00 34

Date à déterminer : Conseils de culture au Jardin Botanique à Villers-lès-Nancy (54)

J.-L. BARBRY : [email protected] ou 06 88 82 48 72

16 au 19 mars : Participation à l’exposition d’orchidées de l’AROS à Strasbourg (67)

J. et V. SOUVAY : [email protected] ou 03 83 25 90 68

Saison 2012 : Le cartographe de l’Alsace organisera des prospections dans les « carrés » encore

dépourvus de données (voir la nouvelle cartographie sur http://www.sfola.fr). Le contacter pour

définir avec lui les secteurs et les dates de prospection.

A. PIERNÉ : [email protected] ou 03 89 77 22 10

Dimanche 29 avril : Les orchidées du Stauffen le matin et du Zinnkoepfle l’après-midi (68)

La montée au Stauffen requiert des participants une bonne forme physique : marche de plus d’une

heure et dénivelé de l’ordre de 400 m.

P. PITOIS : [email protected] ou 03 29 50 14 83 après 19 h

Dimanche 20 mai : Cypripedium calceolus à Moloy (21)

M. GUESNÉ : monique.guesné@free.fr ou 03 83 70 80 42

Lundi 28 mai : Les orchidées de la Côte de Delme et de Bacourt (57)

H. BAILLET : [email protected] ou 03 87 23 74 68

Dimanche 17 juin : Les orchidées du marais de Pagny-sur-Meuse et du Thillot (55)

M. GUESNÉ : monique.guesné@free.fr ou 03 83 70 80 42

Dimanche 24 juin : Les orchidées et plantes alpines calcicoles du Chasseral, sommet du Jura suisse

(1 600 m). 2 h 30 à 3 h de route depuis Mulhouse. Possibilité d’arriver la veille et de loger sur place

(http://www.chasseralhotel.ch/Fr/indexframe_Fr.htm).

Ch. BOILLAT : [email protected]

Dimanche 5 août : Recherche d’Epipactis helleborine subsp. minor dans le secteur d’Oberhaslach (67)

A. PIERNÉ : [email protected] ou 03 89 77 22 10

21 au 23 Septembre : Exposition organisée par la SFO-LA à Mirecourt (88)

Plus d’informations dans la feuille de liaison d’avril prochain mais réservez dès maintenant ces dates

car nous aurons besoin d’aide.

M. GUESNÉ ou J.-L. BARBRY : voir coordonnées ci-dessus.

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« L’abbé aux orchidées » dans sa serre de Saint-Brais.

Courtoisie de Maxime Jeanbourquin.

Article p. 32