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25/02/2009 © Yves Ramon

Lecture des documents comptables : principes de base

Yves RAMON

7 imp. JB Clément 31 120 Portet sur Garonne

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Sommaire 1. Les documents à analyser................................................................................................................ 3

1.1 Les documents comptables .................................................................................................... 3 1.1.1 La liasse fiscale.................................................................................................................. 3 1.1.2 La balance détaillée des comptes....................................................................................... 4 1.1.3 Les annexes........................................................................................................................ 4

1.2 Les retraitements à opérer ...................................................................................................... 4 1.2.1 Les retraitements au niveau du compte de résultat ............................................................ 4 1.2.2 La présentation en SIG ...................................................................................................... 8 1.2.3 Les retraitements au niveau du bilan ............................................................................... 10 1.2.4 Les grandes masses du bilan............................................................................................ 15

2. Les ratios ....................................................................................................................................... 18 2.1 Les ratios de structure .......................................................................................................... 18

2.1.1 Équilibre de la structure................................................................................................... 18 2.1.2 Composants du BFR........................................................................................................ 20 2.1.3 Ratios d’endettement ....................................................................................................... 27 2.1.4 Consommation de trésorerie ............................................................................................ 30

2.2 Les ratios de rentabilité ........................................................................................................ 32 2.2.1 Les SIG en valeur relative ............................................................................................... 32 2.2.2 La répartition de la valeur ajoutée ................................................................................... 35 2.2.3 La rentabilité économique et financière .......................................................................... 36

2.3 Les ratios de productivité..................................................................................................... 38 2.3.1 La productivité du personnel ........................................................................................... 38 2.3.2 La productivité du matériel.............................................................................................. 40

3. Méthodologie d’une synthèse........................................................................................................ 43 3.1 Objectivité d’une synthèse ................................................................................................... 43

3.1.1 Structurer son opinion ..................................................................................................... 43 3.1.2 Concision de l’analyse..................................................................................................... 43 3.1.3 Ne rien ignorer, relativiser les points contraires à son opinion ....................................... 44

3.2 Méthodologie d’une synthèse sur le compte de résultat ...................................................... 44 3.2.1 L’activité.......................................................................................................................... 44 3.2.2 La rentabilité.................................................................................................................... 44 3.2.3 La capacité d’autofinancement ........................................................................................ 45 3.2.4 Conclusion sur les SIG .................................................................................................... 45

3.3 Méthodologie d’une synthèse sur la structure financière..................................................... 45 3.3.1 Le fonds de roulement ..................................................................................................... 46 3.3.2 Le besoin en fonds de roulement ..................................................................................... 46 3.3.3 Le solde net de trésorerie................................................................................................. 47 3.3.4 Conclusion sur la structure financière ............................................................................. 48

3.4 Conclusion générale sur l’entreprise analysée ..................................................................... 48

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1. Les documents à analyser

1.1 Les documents comptables

1.1.1 La liasse fiscale

Comme document de base, vous devez récupérer la liasse fiscale complète de l’entreprise. Cette liasse comprend un formulaire de déclaration (formulaire 2065 si régime normal ou 2031 si régime simplifié) et les tableaux comptables (tableaux 2050 à 2059, en fait 18 à 19 feuillets selon les cas). Tous les feuillets ne sont pas obligatoirement utilisés mais ils doivent, dans ce cas, porter la mention « Néant ».

Vous trouverez les modèles obligatoires sur le site gouvernemental suivant : www.service-public.fr/formulaires/index.html

Les tableaux de la liasse fiscale ont certes un numéro de code propre à la DGI, 2050 pour l’actif par exemple, mais ils sont numérotés de 1 à 18 ce qui en facilite le classement d’une part, et d’autre part l’appellation. Car le code DGI n’est pas toujours simple, il y a trois feuillets référencés 2058 par exemple. Dans ce texte, je nommerai les tableaux de la liasse fiscale par leur numéro d’ordre (tableau 11 par exemple), ce qui en facilitera la compréhension.

Par exemple, dans la figure suivante, vous avez le tableau référencé par la DGI sous le numéro 2051, mais qui est en fait le tableau numéro 2 de la liasse fiscale.

Attention : Aujourd’hui, cette liasse fiscale est devenue incomplète en raison des changements dans la réglementation comptable. Même si les entreprises françaises n’ont pas encore totalement intégrées les effets de la nouvelle réglementation, il est impératif d’avoir en sus au moins les annexes, la balance détaillée des comptes et si possible le tableau des flux de trésorerie. Le tableau de variation des fonds propres n’est pas encore totalement rentré dans les mœurs.

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1.1.2 La balance détaillée des comptes

La liasse fiscale, comme son nom l’indique, n’est qu’une représentation de la comptabilité élaborée dans une optique fiscale. Il manque certaines informations. En effet, il est intéressant d’avoir, par exemple, la répartition des agios entre court terme et long terme de façon à analyser le coût global d’une banque en terme de fonctionnement.

C’est pourquoi, beaucoup de plaquettes de présentation des documents comptables d’entreprises, incluent, en sus, la balance des comptes présentée sous forme de détail de chaque feuillet de la présentation fiscale.

1.1.3 Les annexes

Autrefois négligées, les annexes, en raison des évolutions réglementaires sont devenues d’une lecture obligatoire.

Vous y trouverez énormément d’informations complémentaires, tant en matière d’écarts de valeurs qu’en termes de justifications de telles ou telles options comptables.

1.2 Les retraitements à opérer

La vision trop fiscale des documents comptables fournis par une entreprise, amène à opérer quelques retraitements et reclassements de données. De plus, la mise en place des nouvelles normes comptables nécessite une lecture approfondie des annexes. Cela peut être aussi une source d’éléments à retraiter.

Remarque : Il est toujours possible de faire des calculs précis pour analyser une entreprise, mais ne perdez pas de vue vos objectifs. Il n’est donc pas toujours opportun de procéder à des reclassements de données sur de petits montants.

1.2.1 Les retraitements au niveau du compte de résultat

La présentation fiscale du compte de résultat est une présentation fonctionnelle avec une répartition entre le résultat d’exploitation, le résultat financier et le résultat exceptionnel. Cette présentation ne permet pas de comprendre la formation du résultat de l’entreprise. De plus, certaines écritures comptables nécessitent un reclassement pour avoir une approche plus économique.

1.2.1.1 La sous-traitance

Le problème de la sous-traitance est relativement complexe.

En théorie, il faudrait la retraiter comme un véritable investissement en matériel avec des frais de fonctionnement et des charges de personnel, surtout si la prestation perdure plusieurs années.

Exemples : Ne faut il pas reclasser la sous-traitance informatique comme un investissement avec des charges d’entretien et de personnel ? À l’heure de l’infogérance, c’est une question qui revient de plus en plus souvent. La fonction « Entretien » a-t-elle vocation à être interne ou externe ? Mais alors, quel est l’effet dans l’analyse de la formation du résultat d’un changement avec une externalisation de cette fonction ?

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Remarque : Devant cette complexité et le manque d’information, il est rare de voir des reclassements sur ce point. C’est pourtant sur ce poste que des variations d’utilisation de tel ou tel sous-traitants peuvent fausser l’analyse de l’entreprise.

En fait, en terme de reclassements comptables, nous sommes globalement face à deux types de sous-traitance, une sous-traitance de production de biens et une sous-traitance de services.

En ce qui concerne la sous-traitance de production de biens, le coût de la prestation est à répartir entre les charges de personnel et les achats de matières premières. Pour ce qui est du taux de répartition, le plus simple est de prendre le taux de marge brute de production, soit le votre, si vous êtes dans la même activité, soit celui du secteur concerné.

Pour ce qui est de la sous-traitance de services, c’est un peu plus compliqué. Le coût est certes, à répartir entre des charges de personnel et des amortissements de matériels, mais dans quelle proportion ? Vous pouvez en avoir une idée si vous effectuez cette tache en interne auparavant, sinon reportez vous aux ratios du secteur d’activité correspondant.

Remarque : Quelque soit le taux de répartition que vous allez choisir, conservez le. Ne le changez pas d’une année sur l’autre sous divers prétextes, votre analyse serait vide de sens.

1.2.1.2 Le crédit bail et la location financière

Le crédit bail et la location financière sont deux modes de financement des immobilisations. Nous verrons les incidences de ce type de financement, où trouver l’information et enfin les reclassements à opérer.

Le crédit bail est la location financière ont pour particularité de ne pas faire apparaître dans le bilan de l’entreprise, ni les actifs ainsi financés, ni la dette correspondante. Cela a des conséquences à quatre niveaux :

• La dette financière de l’entreprise est minorée. Certes le droit de gage du créancier est limité à l’actif financé. Il n’en reste pas moins vrai que si le créancier fait jouer sa garantie, c’est un actif de production qui va sortir de l’entreprise, obérant ainsi sa capacité à créer de la valeur et donc sa capacité de remboursement aux autres créanciers. La pression financière sur l’entreprise est donc bien réelle

• La vision de la capacité d’autofinancement réelle de l’entreprise est faussée. Les loyers s’imputent intégralement en charges et la part d’amortissements des immobilisations ainsi financées n’est pas reprise dans le calcul de la CAF

• Le calcul de la Valeur Ajoutée produite par l’entreprise est minoré • Le calcul de la productivité du matériel est faussé. Les immobilisations étant

minorées, la productivité du matériel est artificiellement gonflée

Il faut donc reclasser cette charge en l’enlevant du poste « Autres services extérieurs » et en la répartissant entre amortissements et charges financières.

Remarque : Le reclassement est surtout nécessaire si d’un exercice à l’autre il y a un changement de politique de financement. En effet, une part du raisonnement dans l’analyse financière est basée sur les variations des ratios d’un exercice à l’autre.

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Les charges de crédit bail font l’objet d’un renvoi sur le tableau 4 de la liasse fiscale avec une répartition entre crédit bail mobilier (index HP) et crédit bail immobilier (index HQ). C’est la figure suivante.

Par contre, la liasse fiscale classique ne donne pas la répartition entre la part

d’amortissement et la part d’intérêts de ces charges. Seules les grandes entreprises sont tenues de fournir, par un tableau complémentaire, cette information. Nous verrons plus loin comment opérer.

Pour avoir la dette financière, il faut aller la chercher dans le tableau 11 de la liasse fiscale aux index YQ pour le crédit bail mobilier et l’index YR pour le crédit bail immobilier. La valeur initiale des biens ainsi financés figure à l’index J7.

Exemple de la figure suivante : La dette au titre du crédit bail mobilier est de 70 000 € et la valeur initiale des biens est de 85 000 €.

Pour la location financière, il faut avoir le détail des comptes pour retrouver cette

information, ou mieux encore, disposer de l’ensemble des contrats.

Attention : Il faut se méfier d’un calcul linéaire à partir du montant des engagements en crédit bail. En effet, les contrats peuvent inclurent des valeurs de rachat importantes. C’est surtout le cas dans un contrat de crédit bail immobilier qui fait figurer en valeur de rachat la valeur du terrain.

Nous avons vu que le problème consistait à opérer une répartition de la charge entre amortissement et agios. La question est : comment faire la répartition ?

Dans un loyer de crédit bail ou d’une location financière, il y a une part destinée à rémunérer le service (les agios) et une autre part à amortir le bien financé (les dotations

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aux amortissements). Pour calculer les agios, il suffit de faire le cumul des échéances et d’en soustraire le prix d’achat initial du bien ainsi financé. Cela vous donnera la proportion d’agios dans le contrat. Il vous suffira d’appliquer ce prorata aux échéances payées dans l’exercice. C’est une méthode simple mais pas tout à fait exacte car elle ne restitue pas la baisse des intérêts, inhérente au mode de calcul sur le capital restant comme dans un contrat de crédit classique. L’idéal consiste donc à construire un tableau d’amortissement avec une bonne calculatrice financière. Mais ces méthodes supposent d’avoir les contrats initiaux. À défaut, une méthode consiste à répartir 15 % en agios et 85% en amortissement pour le crédit bail mobilier et 45/55 pour l’immobilier.

Il faut aussi mettre en immobilisation le matériel ainsi financé sur la base du prix initial et en déduire les amortissements. Il en est de même pour la dette financière qui doit figurer sur la base du montant initial, déduction faite des amortissements. Il s’agit donc d’ajouter la même somme, tant à l’actif qu’au passif.

1.2.1.3 Le personnel extérieur à l’entreprise

Dans la même logique nous devons nous occuper du problème des charges de personnel extérieur à l’entreprise, c'est-à-dire l’intérim.

L’utilisation de personnels extérieurs à l’entreprise fausse l’analyse de l’entreprise à deux niveaux :

• Le calcul de la Valeur Ajoutée produite par l’entreprise est minoré • Le calcul de la productivité du personnel est artificiellement gonflé

Il faut donc reclasser cette charge en l’enlevant du poste « Autres services extérieurs » et en l’affectant au poste « Charges de personnel ». Le tableau 11 (index YU) de la liasse fiscale donne précisément le montant des locations de personnels extérieurs à l’entreprise. Dans l’image suivante, le total de ce poste pour l’exercice fait 50 000 €.

Si l’intérim est normalement utilisé pour faire face à des pointes d’activité ou

pour des remplacements, certaines entreprises utilisent ce genre de service de manière permanente. Dans ce cas, il faut impérativement retraiter la charge d’intérim en charge de personnel pour avoir une idée plus exacte de l’entreprise.

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1.2.2 La présentation en SIG

Les Soldes Intermédiaires de Gestion ont été créés à la fin des années 70, lors de la préparation du plan comptable de 1982. Cette présentation du compte de résultat de l’entreprise a pour but, dans une logique de flux, de mieux appréhender la formation du résultat.

1.2.2.1 La construction des SIG

Vous pouvez voir dans la figure suivante, une vue d’ensemble des Soldes Intermédiaires de Gestion.

La logique de présentation diffère de la présentation de la liasse fiscale qui

privilégie une répartition entre l’exploitation, le financier et l’exceptionnel. Les Soldes Intermédiaires de Gestion sont plus dans une logique d’analyse de la création de richesse faite par l’entreprise, puis sa répartition entre les facteurs de production.

En partant du Chiffre d’Affaires, vous calculez soit la marge brute de production, si c’est une entreprise industrielle, soit la marge commerciale, si c’est une entreprise de

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négoce. Mais beaucoup d’entreprises ont une activité mixte1, à la fois industrielle et commerciale.

Dans tous les cas, vous calculez ensuite la valeur ajoutée produite par l’entreprise, qui est la véritable richesse créée. L’analyse de ce solde est toujours très intéressante. C’est un bon critère de comparaison d’un exercice à l’autre, si tant est que tous les éléments de sa formation aient été retraités.

Ensuite, en imputant, en cascade, le coût des différents facteurs de production, nous arrivons au résultat avant impôts. Cette partie permet d’analyser le poids des frais de personnel d’une part, mais aussi le poids de la dette financière.

Remarque : Plus que la captation de tel ou tel facteur de production sur un exercice, c’est la variation de cette perception qui va être source d’enseignement. Nous verrons cela plus loin lors de l’analyse financière proprement dite.

1.2.2.2 Le calcul est la signification des principaux SIG

Nous allons examiner les principaux Soldes Intermédiaires de Gestion pour bien comprendre leur mode de calcul et leur signification. Leurs utilisations dans l’analyse financière seront abordées plus loin. Nous verrons la marge brute de production, la marge commerciale, la valeur ajoutée, l’excédent brut d’exploitation et la capacité d’autofinancement.

Marge brute de production = Production vendue + Production stockée - Coût d’achat des matières premières (Le coût d’achat des mat. 1ère = achats des mat. 1ère +/- variations de stocks des mat. 1ère)

Ce calcul, propre aux entreprises de production, reflète la maîtrise de l’entreprise au niveau de sa production. Il faut, éventuellement déduire de cette marge une partie de la sous-traitance, car elle incorpore en partie de la matière première.

Marge brute commerciale = Ventes de marchandises - Coût d’achat des marchandises (Le coût d’achat des marchandises = achats + stock initial de marchandises – stock final de marchandises)

Ce calcul, propre aux entreprises commerciales, représente la marge de base créée par une entreprise de négoce. Ensuite tout va découler de cette marge.

Valeur ajoutée = Production de l’exercice + Marge commerciale - Consommation en provenance des tiers

La Valeur Ajoutée est la réelle création de richesse de l’entreprise2. C’est cette richesse qui va permettre de rémunérer tous les facteurs de production. Sa répartition

1 Attention aux problèmes d’imputation dans le cas d’une activité mixte. Il y a parfois des « mélanges ». 2 C’est aussi un concept macro-économique. La somme des Valeurs Ajoutées plus les droits et taxes représentent le Produit Intérieur Brut. C’est le lien entre micro et macro économie.

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entre les différents facteurs et surtout l’évolution de cette répartition, est un élément d’appréciation très important dans l’analyse financière.

Excédent brut d’exploitation = Valeur ajoutée + Subventions d’exploitation - Impôts et taxes - Salaires et traitements - Charges sociales

Ce solde de gestion représente le résultat de l’activité avant prise en compte de tous choix de politique de financement et d’amortissement. C’est donc le véritable résultat opérationnel de l’entreprise dont l’analyse de l’évolution dans le temps est riche d’enseignements.

Capacité d’autofinancement (par l’affectation) = Résultat de l’exercice + Dotations nettes aux amortissements et provisions - Produits de cessions des éléments d’actif + Valeur comptable des éléments d’actif cédés - Subventions d’investissement virées au compte de résultat

Ce solde mesure essentiellement la capacité de l’entreprise à renouveler ses immobilisations.

Capacité d’autofinancement financière = Le crédit bail est retraité en dotation aux amortissements d’un coté et en frais financiers de l’autre.

Ce retraitement de la CAF est particulièrement pertinent dans le cas de recours massif à des financements « hors bilan ».

Toutefois, le cas de la location financière est plus délicat à retraiter. Les durées de location étant très variable, pour un retraitement exact il faut disposer des contrats, ce qui n’est pas toujours évident.

1.2.3 Les retraitements au niveau du bilan

La présentation fiscale du bilan ne permet pas d’appréhender correctement l’ensemble des engagements d’une entreprise. Même si les postes sont classés par ordre d’exigibilité au passif et par ordre de liquidité à l’actif, il est nécessaire d’opérer quelques retraitements pour avoir une vision plus exacte des grands équilibres de la structure financière de l’entreprise.

1.2.3.1 Les retraitements inhérents aux techniques de financement

L’escompte et la mobilisation de créances :

Lors de la comptabilisation d’une mobilisation de créances, cette mobilisation est déduite du poste client et affectée soit dans un compte d’encours d’escompte, soit au compte d’avance « Dailly », soit au compte d’avance du factor3. Cela a des conséquences à deux niveaux :

• Une réduction artificielle du poste client, avec une incidence sur le calcul du besoin en fonds de roulement

• Une réduction des dettes financières à court terme, en fonction du mode de comptabilisation

3 Société d’affacturage.

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Normalement, ces avances de trésorerie sont reprisent dans le tableau 11 de la liasse fiscale (index YS) tel que décrit dans la figure suivante. Mais cette ligne ne reprend bien souvent que l’encours d’escompte, les encours Dailly étant repris sur un compte de trésorerie non détaillé par la liasse fiscale. Il en est de même pour l’affacturage. Il faut donc regarder le détail des comptes, pour opérer les reclassements.

Les reclassements à opérer sont simples. Il suffit de remettre dans le poste clients les mobilisations de créances, et dans la trésorerie du passif, les avances de trésorerie.

Remarque : Attention à la comptabilisation de l’affacturage. Pendant la phase de cession des créances et avant la mobilisation de ces dernières, les créances cédées figurent uniquement dans le poste « Autres créances d’exploitation ».

Les dettes financières structurelles :

Le tableau 2 de la liasse fiscale, retraçant le passif de l’entreprise, n’accorde qu’une ligne (index DU) aux dettes auprès des établissements de crédit. Mais cette ligne comporte un renvoi, précisant la part des concours concernant la trésorerie. C’est l’index EH, en bas de page, tel que décrit dans l’image suivante.

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Pour connaître les dettes financières structurelles, il faut donc en déduire les

concours de trésorerie.

1.2.3.2 Les retraitements des fonds propres

Certains postes de l’actif, de par leur problème de valorisation, ne peuvent s’imputer que sur les fonds propres.

Le retraitement des « non-valeurs » :

Les non-valeurs sont des actifs figurants au bilan mais dont la valeur de cession est nulle. Cela peut donc être n’importe quel actif que l’analyse va considérer comme nulle.

Exemples : Ce peut être la participation dans une filiale, dont les difficultés financières obèrent sérieusement les chances de survie et qui n’est pas déjà provisionnée Et bien évidement les comptes courant d’associés si d’aventure ils en figuraient à l’actif.

Toutefois, l’analyse devra regarder principalement les postes suivants figurant sur le tableau 1 de la liasse fiscale :

• Capital souscrit non appelé (index AA). C’est la première ligne du tableau. Il représente la capital social que les associés non pas versés

• Frais d’établissement (index AB). Cette ligne permet d’étaler sur cinq ans maximum les frais de constitution de la société ou à l’occasion de certaines opérations juridiques de la vie de l’entreprise. Ils n’ont donc aucune valeur marchande

• Capital souscrit, appelé mais non versé (index CB, voir figure ci-après). Il faut s’interroger sur le pourquoi du non versement de la part des associés. Sont ils solvables ?

• Charges à répartir sur plusieurs exercices (index CL, voir figure ci-après). Elles correspondent à des charges effectivement supportées par l’entreprise, mais qui se

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rapportent en fait à plusieurs exercices. Elles n’ont donc aucune valeur marchande. Ce poste disparaît dans la nouvelle réglementation comptable

• Primes de remboursement des obligations (index CM, voir figure ci-après). Cette ligne sert à amortir sur la durée de l’emprunt cette prime qui sera versée aux souscripteurs par l’entreprise. Cela n’a donc pas non plus de valeur marchande

• Écarts de conversion actif (index CN, voir figure ci-parès). Cette ligne représente une perte latente en raison d’une variation de change. Elle n’est peut être pas définitive, mais la prudence impose d’en tenir compte

Il faut donc déduire4 toutes ces non-valeurs des fonds propres de l’entreprise, de façon à avoir une image exacte des capitaux constituant la marge de sécurité pour les tiers.

Le retraitement des plus-values :

Il peut sembler paradoxal de parler de retraitement des plus-values latentes, alors que notre système comptable privilégie l’approche du coût historique. Toutefois, certaines plus-values méritent un retraitement. Il s’agit des plus-values immobilières. En effet, les bâtiments ont été rentrés dans le bilan à un coût qui est parfois très en deçà de la valeur de cession actuelle. Tout en restant très prudent sur les montants, vous pouvez remonter les fonds propres d’une partie de cette plus-value latente.

1.2.3.3 Les autres retraitements

Les comptes courants d’associés :

Les comptes courants d’associés recouvrent plusieurs réalités :

• Soit il s’agit d’avances de trésorerie des associés à l’entreprise pour une durée limitée

• Soit il s’agit d’une avance permanente afin de palier un manque de fonds propres • Soit il s’agit d’un apport de trésorerie en vue d’une incorporation ultérieure au

capital

4 En espérant que cette imputation sur les fonds propres ne va pas les faire passer en négatif.

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• Soit il s’agit d’une forme de rémunération par le biais de la rémunération de ces comptes courants

Attention : Vous remarquerez que dans ma liste j’ai volontairement omis le cas où les comptes courants d’associés retracent les avances faites aux associés par l’entreprise. C’est, en effet, strictement interdit par la loi.

Quelque soit les raisons, car vous pouvez avoir plusieurs justifications en même temps, les comptes courants d’associés constituent une ressource financière qui peut être qualifiée de temporaire ou bien de structurelle. Ils figurent dans le tableau 8, index VI, de la liasse fiscale (voir figure ci-après). À défaut d’informations précises quant à la durée de conservation de ces comptes courants d’associés, il faudra vous référer à la durée de détention indiquée en haut de ce même tableau.

Dans le premier cas, c’est une dette classique, mais dans le deuxième cas, il faut

la reclasser en comptes courants d’associés stables. Ce sont des quasi-fonds propres qui participent au fonds de roulement de l’entreprise.

Remarque : Nous voyons bien là que la décision de qualifier les comptes courants d’associés de stables ou pas, a une incidence très importante sur la vision que l’on peut avoir de la solidité de la structure financière. Hors, hormis le cas d’une incorporation ultérieure au capital, où le caractère fiscal de l’opération oblige à une certaine rigueur, il est très facile de modifier la durée de maintient de ces comptes courants. Il faut donc être très prudent si la solidité de l’entreprise est essentiellement basée sur eux.

Le cas particulier des dettes RJ :

C’est un cas particulier. Fort heureusement, toutes les entreprises ne font pas l’objet d’une procédure collective.

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Ces dettes sont les dettes antérieures à l’ouverture de la procédure collective. Hormis pendant la période d’observation, où ces dettes sont gelées, elles font l’objet d’un moratoire sur dix ans maximum. Malheureusement, la liasse fiscale ne retrace pas la spécificité de ce type de dettes. Il est préférable d’avoir le détail des comptes pour retrouver les comptes dits « RJ ».

À défaut, sur le tableau 8 de la liasse fiscale, soit les dettes ont été imputées à la lignes « Emprunts et dettes financières divers » à l’index 8A, mais cette ligne n’est pas exclusivement réservée à cette information, soit les dettes figurent dans chaque ligne selon leur origine (fournisseurs, organismes sociaux, état, etc.). Nous sommes donc face à un grand « mélange ». Éventuellement, vous pouvez vous aider de la durée indiquée en haut de ce même tableau.

Ces dettes s’analyse comme étant des ressources longues, donc des dettes structurelles. Pour être plus précis, il est souhaitable de mettre en dettes hors exploitation la partie à moins d’un an de ces dettes.

Remarque : L’analyse d’une entreprise en redressement judiciaire est souvent dramatiquement simple. Toutefois, il y a parfois quelques situations de retournement qui méritent attention.

1.2.4 Les grandes masses du bilan

Une fois les traitements et reclassements effectués, nous pouvons avoir une vision plus exacte des grands équilibres de la structure financière.

1.2.4.1 Décomposition du bilan en « grandes masses »

Le bilan se décompose en une suite de masses permettant d’analyser plus finement comment sont financés les éléments de l’actif du bilan. Nous verrons le Fonds de Roulement, le Besoin en Fonds de Roulement d’Exploitation et Hors Exploitation et le Solde Net de Trésorerie.

Le Fonds de Roulement :

Le fonds de roulement est l’excédent des ressources longues sur les utilisations durables. Il n’est réellement acquit qu’en fin de cycle d’exploitation.

Le Besoin en Fonds de Roulement d’exploitation :

C’est le besoin né de l’activité de l’entreprise. Plus l’activité s’accroît, plus le besoin augmente en valeur et nécessite donc des capitaux. Ce besoin se crée en début de cycle d’exploitation, période où les bénéfices ne sont pas encore engrangés.

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Le Besoin en Fonds de Roulement Hors Exploitation :

Ce besoin est dissocié du cycle d’exploitation. C’est pourquoi son calcul est séparé du calcul du besoin en fonds de roulement d’exploitation afin de ne pas perturber l’analyse.

Solde Net de Trésorerie :

Comme son nom l’indique, c’est tout simplement la position nette de trésorerie. Les éléments du passif de la trésorerie ayant été retraités, nous sommes bien en présence de la position nette de trésorerie.

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Remarque : Attention toutefois aux soldes des comptes bancaires. Ce sont des soldes ajustés au niveau comptable, ce ne sont pas les soldes des comptes bancaires. Par exemple, c’est le solde, chèques émis, cela ne signifie pas que le chèque a été imputé au compte par la banque. « Il est dans la nature ».

1.2.4.2 L’équilibre de la structure financière

Par construction, un bilan est toujours équilibré, c’est un document comptable. Ce qui est intéressant d’analyser, c’est comment il s’équilibre et surtout, comment cet équilibre évolue dans le temps.

Remarque : Il ne faut pas oublier que le bilan est la photographie, à une date donnée, du patrimoine, actif et passif, de l’entreprise. Mais cet équilibre évolue aussi à l’intérieur de l’année en fonction du cycle d’exploitation.

L’équilibre de base de la structure financière : Fonds de roulement - Besoin en fonds de roulement = Solde net de trésorerie

Cet équilibre se vérifie, à posteriori, dans tous les cas, quelque soit le type d’activité de l’entreprise. En synthétisant les grandes masses du bilan détaillées dans le chapitre précédent, vous obtenez le bilan de la figure suivante

Les différents types d’équilibre :

La question qui se pose ensuite est : comment ce bilan s’équilibre ? En fait, nous avons deux cas de figures, soit le fonds de roulement excède le besoin en fonds de roulement, soit c’est l’inverse.

Lorsque le fonds de roulement excède le besoin en fonds de roulement, il résulte de la règle de l’équilibre du bilan, que la trésorerie est positive. Cela signifie que l’excédent des ressources longues couvre les besoins nés de l’activité.

Exemple : Le besoin en fonds de roulement est négatif, c’est donc une ressource. C’est le cas des entreprises bénéficiant de crédit fournisseurs et encaissant au comptant ou quasi comptant, la grande distribution, par exemple

Lorsque le fonds de roulement ne couvre pas le besoin en fonds de roulement, la trésorerie est négative, elle fait la « jointure ». C’est le cas classique de beaucoup

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d’entreprises. L’entreprise a un cycle d’exploitation à financer. Elle a des créances clients, des stocks, etc.

Évolution de cet équilibre :

Ce qui est intéressant pour l’analyse financière, c’est l’évolution de cet équilibre. L’analyste financier devra principalement regarder les points suivants :

• Le fonds de roulement couvre t’il de manière suffisante le besoin en fonds de roulement et cette couverture évolue t’elle dans le bon sens ?

• Le besoin en fonds de roulement évolue t’il au même rythme que l’activité ou bien est il en train de « déraper » ?

• Le besoin en fonds de roulement étant généré en début de cycle d’activité, les variations saisonnière de cette dernière ne sont elles pas trop marquées, nécessitant des besoins de trésorerie en pointes trop importants ?

• L’excédent de trésorerie est il structurel ou bien est il la conséquence d’un choix judicieux dans la date de fin d’exercice en fonction des variations saisonnières d’activité ?

2. Les ratios

Nous allons aborder dans ce chapitre le calcul de différents ratios. Ces calculs, certes fastidieux, vont vous permettre ensuite de construire un raisonnement à la fois logique et pragmatique sur la solidité d’une entreprise. Pour chaque ratio, au-delà du simple calcul, vous aurez sa signification ainsi que les limites à ne pas dépasser.

2.1 Les ratios de structure

Certes une structure financière, notamment dans sa composante « Fonds Propres », est bien souvent le fruit du passé, toutefois son évolution dans le temps est riche d’enseignements. Nous verrons l’équilibre de la structure, les composants du BFR, les ratios d’endettement et la consommation de trésorerie.

2.1.1 Équilibre de la structure

Nous avons vu, dans la partie précédente, les retraitements qu’imposait une vision en grandes masses du bilan d’une entreprise. Cette vision statique ne permet pas une comparaison correcte dans le temps, afin de mieux comprendre son évolution passée, mais surtout, afin de tenter de prévoir son évolution future. C’est pourquoi l’analyste financier relativise les grandes masses du bilan en les calculant en jours de chiffre d’affaires hors taxes.

2.1.1.1 Le mode de calcul de ces ratios

Le calcul en valeur relative des grandes masses du bilan d’une entreprise mérite quelques explications car certains points prêtent à discussion.

Formule de base : Les ratios d’équilibre sont tous calculés de la manière suivante : (Valeur analysée / Chiffre d’affaires HT) X 360

Le résultat est arrondi au jour5 le plus proche.

Bien évidement, si l’exercice est d’une durée différente de douze mois, il faut modifier le multiplicateur (360) par le bon nombre de jour. Pour ce genre de calcul, par simplification, les mois sont pris uniformément pour trente jours.

Pourquoi un calcul en jours de CA HT ? 5 Dans ce type de calcul, il ne sert à rien d’avoir une précision en « heures, minutes, secondes ».

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Ce n’est pas un choix logique, c’est un choix normatif.

En effet, le choix de prendre une valeur relative au chiffre d’affaires hors taxes permet de faire des comparaisons entre des entreprises ayant des structures d’exploitation différentes mais aussi de faire des comparaisons dans le temps. Le décalage de la fin d’un exercice est ainsi compensé.

Mais il est vrai que ce choix n’est pas très logique. Les éléments constitutifs du BFR sont taxes comprises. C’est la même chose pour les éléments constituant la trésorerie. Le compte bancaire enregistre des opérations comprenant de la TVA. Par contre, le fonds de roulement, lui, est constitué en grande partie par des éléments en hors taxes.

Toutefois, le choix de faire des comparaisons en jours de chiffre d’affaires hors taxes permet de normaliser les calculs afin de rendre les ratios plus homogènes. De plus la notion de chiffre d’affaires hors taxes est plus facilement accessible que la version avec la TVA.

Remarque : Si le calcul en valeur relative donne généralement une bonne vision de l’évolution de l’équilibre de la structure financière, méfiez vous d’une comparaison avec un exercice dont l’activité est en baisse. Cette remarque est surtout valable pour le ratio du Fonds de Roulement. Nous verrons ce point lors de l’étude de ce ratio.

2.1.1.2 Les ratios d’équilibre de la structure

Nous verrons les quatre ratios d’équilibre de la structure, c’est à dire le ratio du Fonds de Roulement, du Besoin en Fonds de Roulement d’exploitation, du Besoin en Fonds de Roulement Hors Exploitation et du Solde net de Trésorerie.

Le ratio du Fonds de roulement :

Vous allez trouver un nombre de jours, par exemple 32 jours. N’en déduisez pas pour autant qu’il faut 32 jours pour créer le fonds de roulement. C’est simplement un calcul permettant de donner une valeur relative au fonds de roulement. Cela permet surtout de faire une comparaison immédiate avec le ratio du Besoin en Fonds de Roulement.

Pris isolément, ce ratio n’a pas une grande signification. S’agissant de l’excédent de ressources longues, il est clair qu’il est préférable que ce ratio soit le plus élevé possible. La valeur relative en jours de chiffre d’affaires permet de faire une bonne comparaison dans le temps, sans perdre de vue que le fonds de roulement n’est acquis qu’en fin de cycle d’exploitation.

Remarque : Attention toutefois en cas de baisse d’activité, le chiffre d’affaires étant en dénominateur du ratio, cela va vous donner l’impression que le ratio s’améliore. Il n’en est rien. Le seul résultat positif d’une baisse d’activité, toutes choses étant égales par ailleurs, est une amélioration de la trésorerie6.

Le ratio du Besoin en fonds de roulement d’exploitation :

Ce ratio, en valeur relative, doit logiquement rester stable si les paramètres de gestion ne sont pas modifiés. En effet, le Besoin en Fonds de Roulement doit suivre logiquement l’évolution de l’activité.

6 Baisser son activité pour faire baisser ses encours de crédits est une technique efficace mais dangereuse si elle est mal gérée.

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Malheureusement, il s’agit d’une masse importante du bilan, avec des montants arrêtés à une date précise, la fin d’exercice, et n’évoluant pas forcément dans le même sens car soumis à des pressions divergentes. La « photographie » de la fin d’exercice peut être trompeuse. Toute dérive, dans un sens ou dans l’autre, doit pouvoir être justifiée. Vous devez vous aider pour cela, par l’analyse des composants du BFR (voir chapitre suivant).

Le ratio du Besoin en fonds de roulement hors exploitation :

Ce ratio est surtout calculé pour voir s’il n’y a pas d’éléments hors exploitation qui pourraient faire varier le Besoin en Fonds de Roulement de manière trop importante.

Exemple : Une dette fournisseur sur immobilisation va créer une ressource temporaire inhabituelle et faire chuter le Besoin en Fonds de Roulement, donnant ainsi l’impression d’une amélioration de la structure du bilan.

Le ratio du Solde net de trésorerie :

Ce ratio mesure l’importance de la position de trésorerie dans l’équilibre du bilan. Pour pouvoir le comparer aux autres grandes masses du bilan, il est calculé en jours de chiffre d’affaires hors taxes7.

Bien évidement, si la trésorerie est négative, il n’est pas souhaitable que le chiffre augmente. Plus que la masse des encours de trésorerie en elle-même, l’intérêt de ce ratio est de pouvoir donner une valeur relative à cette trésorerie afin de pouvoir la comparer dans le temps.

Remarque : D’une manière générale, il n’est pas souhaitable8 que la trésorerie, si elle est négative, dépasse 60 jours de CA. Mais cet aspect est à croiser avec d’autres ratios et à analyser plus finement par l’étude de la consommation de trésorerie de l’entreprise.

2.1.2 Composants du BFR

Nous avons vu, au chapitre précédent, le calcul de ce ratio et sa signification. Pour comprendre les raisons de son évolution, afin d’évaluer sa valeur future, il est intéressant de décortiquer ses composants principaux.

2.1.2.1 Le délai de rotation des stocks et encours

Les ratios de rotation des stocks et encours sont au nombre de quatre. Ils concernent les stocks de matières premières, les encours de production, les stocks de produits finis et les stocks de marchandises. Par simplification, vous pouvez utiliser un ratio plus général, englobant l’ensemble de ces stocks.

Rotation des stocks de matières 1ère (Stocks de mat. 1ère / Achats de mat. 1ère HT) X 360

Les stocks étant valorisés au coût d’achat hors TVA, les achats au dénominateur sont bien à prendre hors TVA.

Ce ratio calcule le délai moyen de détention des stocks de matières premières. S’il est souhaitable que ce ratio soit le plus faible possible, il faut tenir compte des délais d’approvisionnement des matières premières concernées, la gestion en flux tendus ayant

7 Voir plus haut, les remarques sur la pertinence de ce choix de comparaison. 8 Sauf dans certaines activités particulières, en raison de la durée du cycle d’exploitation

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ses limites. En effet, certaines matières premières subissent, en sus d’un délai normal d’approvisionnement, des contraintes dues à, soit un aléa de livraison, soit, plus fréquemment, d’un aléa de production.

Exemples : Matière ne se produisant ou s’extrayant qu’à certaines époques de l’année Matière issue de pays politiquement instables, pouvant donc subir une interruption plus ou moins longue de production

De plus, certaines entreprises, constituent des stocks d’opportunité en fonction des variations de cours de ces matières premières.

Rotation des encours de production (Encours de production / (production vendus HT – résultat d’exploitation)) X 360

Ce ratio calcule le délai moyen d’écoulement des produits en cours de production.

La valorisation des encours se faisant au coût de production, il faut déduire le résultat d’exploitation de la production vendue pour avoir un ratio homogène. Vous remarquerez que c’est la production vendue et non pas la production totale qui a été retenue. Cela a pour effet de faire ressortir l’impact d’une production non vendue, c'est-à-dire stockée.

Remarque : Ce ratio est particulièrement important pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics, mais aussi pour les entreprises de production de services dont le délai de production est long (bureau d’études par exemple).

Si l’entreprise produit simultanément des biens et des services, le premier réflexe consiste à penser qu’il peut être intéressant de calculer un ratio pour les biens et un ratio pour les services. Mais ce n’est pas toujours très pertinent pour l’analyse, l’excès de précision n’étant pas toujours opportun dans une analyse financière. De plus, le calcul de ces deux ratios pose un autre problème, celui du calcul du résultat d’exploitation par activité afin de le déduire de la production vendue pour rendre le ratio homogène. C’est une information que ne donne pas la liasse fiscale9.

À défaut, si l’analyse de la variation d’une année sur l’autre vous apporte quelque chose, vous pouvez toujours faire le calcul de ces deux ratios en prenant en dénominateur, uniquement la production vendue concernée (toujours en hors taxes). Cela va vous donner les deux ratios suivants :

• (encours de production de biens / Production vendue de biens HT) X 360 • (encours de production de services / Production vendue de services HT) X 360

Ces deux ratios sont certes moins précis, mais en cas de variations divergentes entre les deux activités, ils permettent d’analyser d’où vient le problème. Dans ce cas, posez vous la question des méthodes de valorisation de chaque type d’encours. C’est parfois intéressant.

Rotation des produits finis (Stocks de produits finis / (production vendus HT – résultat d’exploitation)) X 360

Ce ratio mesure le délai moyen d’écoulement des produits finis.

9 C’est du domaine de la comptabilité analytique que les PME ne pratiquent pas toujours à bon escient.

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Pour le calculer nous avons un petit problème, les produits intermédiaires. La liasse fiscale regroupe les produits intermédiaires et finis. Hors, ces produits intermédiaires sont plus, dans l’esprit, des encours de production. Heureusement, dans les PME à cycle de production court, les montants sont de faibles importances, voire même, jamais valorisés. À défaut, un retraitement manuel s’impose.

Remarque : Dans votre analyse, ne perdez pas de vue que ces stocks de produits finis sont des fabrications destinées à être vendues, et que pour l’instant, elles ne le sont pas, et pourtant elles ont mobilisé des moyens de production.

Rotation des stocks de marchandises (Stocks de marchandises / Achats de marchandises HT) X 360

Ce ratio calcule le délai moyen de détention des stocks de marchandises. S’il est souhaitable que ce ratio soit le plus faible possible, il faut tenir compte des délais d’approvisionnement des marchandises concernées, la gestion en flux tendus ayant ses limites. Les stocks étant valorisés hors TVA, les achats au dénominateur sont bien à prendre hors TVA.

Rotation des stocks et encours (Stocks et encours / Chiffre d’affaires HT) X 360

Ce ratio n’est calculé que par soucis de simplification et pour éviter de calculer les autres ratios de rotation des stocks. En effet, en fonction de l’activité, le calcul de ce ratio peut suffire.

Il mesure le délai moyen de rotation des stocks et encours mais en le comparant avec le chiffre d’affaires hors taxes. Cela permet une comparaison directe avec le ratio du Besoin en Fonds de Roulement dont il est un des composants.

Analyse de ces ratios :

Après les calculs voici la partie intéressante : l’analyse. Nous verrons l’interprétation que l’on peut faire de ces ratios, puis nous verrons quelques points qui peuvent être litigieux.

D’une manière générale, il est préférable que ces ratios soient les plus faibles possibles. En effet, des stocks faibles sont le signe d’une bonne gestion en flux tendus des approvisionnements.

Toutefois, les choses ne sont pas aussi simples. Dans cette gestion en flux tendus, il faut tenir compte des délais d’approvisionnement. Même si, dans bien des domaines, la concurrence entre les fournisseurs fait qu’il est toujours possible de compenser rapidement un fournisseur défaillant, ce n’est pas le cas dans tous les secteurs d’activité.

Exemples : Il est difficile de trouver rapidement des bouteilles en verre dans des formats particuliers. Ce genre de produit se fabrique à la demande. Les profilés en acier nécessitent aussi des délais de fabrication, car c’est bien souvent du sur mesure.

De plus, il faut aussi tenir compte des problèmes de logistique, comme une grève des transporteurs, par exemple.

Ce n’est donc pas la réduction à outrance qu’il faut viser, mais un juste équilibre, afin de pouvoir faire face aux impondérables. Ce que va regarder l’analyste financier, ce sont surtout les variations d’une année sur l’autre.

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Remarque : Mais ce qu’il faut analyser, plus que leur niveau, c’est la façon dont ces stocks sont financés dans la structure du bilan. Il est clair que, en dehors de quelques métiers très particuliers, la trésorerie du passif ne doit pas être sollicitée massivement.

Toutefois le calcul de ces ratios soulève quelques points litigieux.

Ces ratios ne tiennent pas compte des variations saisonnières d’activité. Une solution consiste à utiliser le concept de stock moyen, c'est-à-dire la moyenne entre le stock initial et le stock final, mais ce n’est pas toujours une bonne solution.

Vous pouvez aussi avoir une variation importante d’une année sur l’autre en raison d’un achat en fin d’année inhabituel, un achat suite à une opportunité, par exemple.

Il faut surveiller, d’une année sur l’autre, des transferts possibles entre matières premières et encours de production, puis produits finis.

Les entreprises ayant des cycles de production supérieur à un an, peuvent inclurent les agios dans la valorisation des stocks. Malheureusement, en fonction de l’activité, ce surcoût n’est pas toujours facilement répercutable aux clients. Dans ce cas il est utile de consulter le rapport du commissaire aux comptes, s’il en dit mot.

Un écart peut aussi venir d’un changement dans la structure de production avec un développement soit de la sous-traitance, soit par l’achat de produits plus élaborés. Dans ce cas, ce sont les achats de matières premières et leurs stocks qui logiquement doivent diminuer.

Enfin le point, peut être le plus litigieux, est celui de l’évaluation des encours de production. C’est en effet un aspect totalement invérifiable pour quelqu’un d’extérieur à l’entreprise.

Remarque : C’est pourtant un aspect qu’il faut absolument cerner, car un gonflement artificiel des encours permet de gonfler d’autant et de manière fictive, le bénéfice de l’entreprise. Il faut faire preuve de bon sens et regarder les variations d’une année sur l’autre.

2.1.2.2 Le délai de règlement des clients

C’est un grand classique. Nous en verrons le mode de calcul, ainsi que son apport dans l’analyse.

Délais de règlement des clients ((Créances clients brutes + encours d’escompte) / Chiffre d’affaires TTC) X 360

Ce ratio mesure, en jours, le délai moyen de règlement des clients.

En numérateur, il faut prendre la totalité du poste clients pour son montant en brut. Il faut y rajouter l’encours d’escompte tel qu’il figure dans l’annexe de la liasse fiscale (tableau 11, index YS)10.

Remarque : Vous trouverez peut-être, des ouvrages préconisant d’inclure aussi les effets à l’encaissement. Il est clair que si le mode de comptabilisation de ces effets a pour conséquence de diminuer fortement le poste client, il vaut mieux les y inclure. En fait, l’utilisation de plus en plus fréquente des logiciels de trésorerie amène à remettre les effets à l’encaissement dès que le choix entre escompte et encaissement est fait. Ce mode de

10 Voir le chapitre intitulé « Les retraitements des postes du bilan » dans cette même partie.

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fonctionnement a pour objectif de positionner les flux futurs le plus tôt possible afin de pouvoir caler la trésorerie. Comptablement, l’entreprise sort bien les effets d’un compte « 413 » pour les mettre dans un compte « 5113 », compte de trésorerie. Pour autant, la créance existe toujours, le client n’a pas encore payé. C’est donc à voir au cas par cas, en fonction des montants.

Au dénominateur, il faut prendre le chiffre d’affaires toutes taxes comprises. En effet, les créances clients étant en TTC, il faut rendre ce ratio homogène en incluant la TVA collectés, telle qu’elle figure dans l’annexe de la liasse fiscale (tableau 11, index YY).

Dans certain secteur d’activité, la pratique des avances et acomptes versés par les clients est très développée. Dans ce cas, il est souhaitable de calculer un ratio avec uniquement les avances et acomptes, par rapport au chiffre d’affaires.

Intérêts et limites de ce ratio :

Il est clair que ce délai se doit d’être le plus faible possible car cela génère un besoin de trésorerie. Toutefois, les pratiques commerciales de chaque secteur d’activité sont difficilement contournables. C’est pourquoi il est bon de les prendre en comparaison afin de voir à quel niveau se situe l’entreprise à analyser.

Remarque : Attention toutefois aux secteurs d’activité dont les délais de règlement sont réglementés. Tout écart est révélateur d’un problème qui est bien souvent grave.

Ce qui est intéressant à analyser, ce sont les variations d’une année sur l’autre.

Un allongement de cette durée peut être :

• Le signe d’un assouplissement de la politique commerciale de l’entreprise afin de conquérir de nouveaux clients, ou bien de les conserver car la concurrence est rude

• Le signe d’une augmentation des impayés, soit d’impayés définitifs, soit des retards chroniques et mal maîtrisés qui peuvent être le résultat d’une dégradation de la santé financière des intervenants de ce secteur, ou bien d’une désorganisation du service comptable de l’entreprise qui suit mal ses encaissements

Une réduction de cette durée peut être :

• Le résultat d’une volonté de l’entreprise de réduire ses besoins financiers par un durcissement de sa politique commerciale

• Le signe d’une réduction de ses impayés • Mais aussi d’un choix financier de ses clients désirant profiter d’escompte pour

règlement comptant

Remarque : Attention au poste « Écarts de conversion actif ». Il enregistre, entre autres, une diminution du poste client due à un écart de taux de change. Si la somme est importante, au-delà de la perte potentielle que cela représente, cela va fausser le calcul du délai client en le sous-évaluant. Malheureusement, ce poste pouvant enregistrer des écarts sur d’autres postes d’actif, il est difficile de le rajouter aux créances clients.

2.1.2.3 Le délai de paiement aux fournisseurs

Nous verrons son mode de calcul ainsi que son apport dans l’analyse.

Délais de paiement aux fournisseurs (Dettes fournisseurs / Achats et autres achats et charges externes) X 360

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Ce ratio mesure, en jours, le délai moyen de crédits accordés par les fournisseurs de l’ensemble des achats de l’entreprise.

Le numérateur est composé uniquement des dettes fournisseurs classiques (tableau 2 de la liasse fiscale, index DX). Il ne faut pas prendre les dettes fournisseurs sur immobilisations (tableau 2 de la liasse fiscale, index DZ). La liasse fiscale en fait la distinction.

Pour le dénominateur, il faut prendre les trois lignes d’achats du tableau 3 de la liasse fiscale, les achats de marchandises (index FS), les achats de matières premières (index FU) et les autres achats et charges externes (index FW).

Les dettes fournisseurs étant en TTC, il faut rendre le ratio homogène en ajoutant la TVA déductible, telle qu’elle figure dans le tableau 11 de la liasse fiscale (index YZ).

Pour le calcul de ce ratio, il se pose le problème des achats et charges externes payées d’avance. Cela fausse le calcul. Elles figurent bien dans les achats, mais pas dans les dettes fournisseurs. Il est donc souhaitable d’enlever aux achats les loyers de crédit-bail et les locations financières qui peuvent varier d’une année sur l’autre, ce qui fausserait l’analyse.

Intérêts et limites de ce ratio :

Les dettes fournisseurs constituant une ressource, il est tentant d’affirmer que plus le délai est long, mieux c’est. Mais comme pour les délais clients, il est nécessaire de comparer le ratio de l’entreprise avec les délais fournisseurs du secteur d’activité de l’entreprise.

Là encore, les variations annuelles seront intéressantes à analyser, mais aussi le niveau initial par rapport à la moyenne du secteur. Une variation qui aurait pour résultat de ramener l’entreprise à des délais normaux pour le secteur d’activité est tout à fait naturelle.

Si les délais sont plus longs que la moyenne ou si les délais ont tendance à s’allonger, ce peut être le signe :

• D’un pouvoir de négociation important de l’entreprise qui « impose » à ses fournisseurs des délais plus longs

• De difficultés de trésorerie, l’entreprise ayant du mal à mobiliser de la trésorerie pour faire face à ses échéances

• Mais aussi est révélateur d’une certaine dépendance économique vis-à-vis des fournisseurs, ce qui peut être très préjudiciable pour l’avenir. La dépendance économique peut avoir des répercussions sur la marge de l’entreprise, les fournisseurs, connaissant leur pouvoir en la matière, ne seront plus enclin à accorder des remises. Dans ce cas, l’entreprise aura du mal à faire jouer la concurrence. Les banquiers vont, de plus en plus, se faire tirer l’oreille pour accorder des lignes de trésorerie à cette entreprise, car la dépendance économique fait partie des critères d’appréciation de la solvabilité d’une entreprise. C’est donc l’enclenchement d’un processus destructeur

Si les délais sont plus courts que la moyenne ou s’ils ont tendance à se raccourcir, ce peut être le signe :

• D’une méfiance des fournisseurs face à l’entreprise. Les fournisseurs ont raccourci les délais de règlement, voire même exige un paiement comptant11

• D’une volonté de l’entreprise de bénéficier d’escompte pour règlement comptant. Mais là, c’est un point encore facile à vérifier. Vous devez retrouver des produits financiers pour escomptes reçus. Toutefois la mise en place des nouvelles normes comptables impose de retraiter cet aspect en réduisant des achats les escomptes ainsi obtenus.

11 Selon l’expression « Au cul du camion ».

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Remarque : L’analyse des délais de paiement aux fournisseurs est très importante. Tout écart, et paradoxalement celui à la baisse, doit être regardé avec attention. En effet, beaucoup d’entreprises se retrouvent en cessation de paiement de part une réduction du crédit accordé par les fournisseurs, suite à une défiance de ces derniers.

2.1.2.4 Les autres composants du BFR

Il n’y a pas de ratio à calculer sur les autres composants du BFR, mais il y a des sommes qui représentent une ressource et dont il faut s’assurer de la permanence, mais aussi de la pertinence.

Les dettes fiscales et sociales :

Elles figurent au tableau 2 de la liasse fiscale (index DY).

Malheureusement, cette ligne ne fait pas la distinction entre les dettes fiscales et les dettes sociales. Même si, dans le principe, ces dettes restent toutes des dettes privilégiées, il est tout de même intéressant d’en avoir la répartition. Pour cela, il faut aller chercher le détail dans le tableau 8 de la liasse fiscale, cadre B (voir figure suivante).

Les principales causes de variation des dettes fiscales sont :

• La ligne « Impôts sur les bénéfices » (index 8E). Cette ligne enregistre le montant de l’impôt sur les sociétés non payé par les acomptes à la date de clôture de l’exercice et ce en raison de la progression de ce bénéfice. Mais il suffit que le bénéfice stagne voire baisse, pour que cette ligne soit nulle. En cas de baisse, le trop versé d’impôts figurera à l’actif du bilan, avec le détail dans le tableau 8 de la liasse fiscale, cadre A (index VM). C’est donc une ressource très volatile

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• La ligne « Taxe sur la valeur ajoutée » (index VW). Sauf modification des taux de TVA, ce poste évolue au même rythme que l’activité. Une hausse anormale est donc le signe d’un retard de paiement de cette taxe

• Le non paiement de ces charges. Toutefois les entreprises peuvent obtenir, dans le cadre de procédures amiables, des moratoires dûment acceptés par l’administration fiscale

Les principales causes de variation des dettes sociales sont :

• Une variation du nombre de salariés. Il est clair qu’une variation du nombre de salariés va avoir une influence sur les charges sociales. Cette ligne (index 8D) enregistre cette dette qui se paye le mois suivant. À noter que si l’entreprise passe en dessous du seuil de 10 salariés, elle va pouvoir demander à bénéficier du paiement au trimestre, c'est-à-dire le mois qui suit le trimestre civil. Dans ce cas, il est normal de voir cette ligne augmenter brutalement, et inversement si l’entreprise passe au dessus de ce seuil

• Un décalage dans la date de règlement des salaires. Certaines entreprises, pour donner l’impression d’un meilleur équilibre dans leur structure financière, décalent les salaires du dernier mois de l’exercice, au début du mois suivant. La première année cela a pour conséquence d’augmenter les ressources nées de l’exploitation. Il est curieux de constater que malgré le fait que tous les analystes financiers connaissent cette manoeuvre, certaines entreprises tentent encore l’opération

• Le non paiement de ces charges. Toutefois les entreprises peuvent obtenir, dans le cadre de procédures amiables, des moratoires dûment acceptés par les divers organismes sociaux

Remarque : Attention à une hausse anormale de ces postes. Ce sont des créances privilégiées dont les détenteurs ont les moyens de se faire payer avant l’ensemble des autres créanciers, c'est-à-dire, avant vous. De plus, il est à noter que le non paiement de certaines charges sociales ou fiscales relève du domaine du pénal.

Les dettes sur immobilisations :

Elles figurent au tableau 2 de la liasse fiscale (index DZ).

Les dettes sur immobilisations constituent une ressource dans la structure du bilan. Si la somme est importante, elle modifie l’équilibre du bilan en donnant une apparence de bonne structure financière au niveau du BFR. En effet, la ressource peut porter sur 100 % du prix de l’immobilisation.

En réalité il n’en est rien. C’est pourquoi il est préférable de calculer le Besoin en Fonds de Roulement d’Exploitation pour mieux apprécier cet équilibre. En effet, il peut être normal que les dettes sur immobilisation n’aient pas été réglées à la fin de l’exercice, si l’entreprise a investi juste en fin d’année. L’investissement est alors en attente de règlement par un financement en cours de déblocage. Encore faut il s’en assurer. Car malheureusement, certaines entreprises investissent, puis ensuite demande un financement. Mais l’accord n’est pas automatique. Elles se retrouvent alors dans une situation de trésorerie très délicate.

De plus, le fournisseur d’immobilisation, bénéficiant très certainement de la clause de réserve de propriété, risque de la faire jouer très rapidement, privant ainsi l’entreprise d’une partie de son potentiel productif.

2.1.3 Ratios d’endettement

La dette financière structurelle d’une entreprise pour intéressante qu’elle soit en terme d’effet de levier, n’en reste pas moins une menace pour l’entreprise. C’est notamment le cas si,

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d’une part, la rentabilité de l’entreprise est trop faible pour faire face aux échéances et si, d’autre part, la dette est trop importante par rapport aux fonds propres de l’entreprise, menaçant ainsi son indépendance financière.

2.1.3.1 La capacité d’endettement

Capacité d’endettement Ressources propres / Dettes structurelles

Ce ratio mesure si l’entreprise n’est pas trop endettée par rapport à ses fonds propres.

Nous trouvons au numérateur les ressources propres, c'est-à-dire les fonds propres et les comptes courants d’associés stables. Au dénominateur, nous trouvons les dettes financières structurelles.

La question se pose du sort des autres dettes subordonnées, comme les obligations convertibles et les prêts participatifs. En fait tout dépend de leur importance et de votre position dans l’affaire. Si vous analysez le risque liquidatif, ce sont des créances de dernier rang. En cas de problème, elles ne sont pas remboursées. Vous pouvez donc soit les exclure, tant au numérateur qu’au dénominateur, soit les incorporer aux fonds propres. Toutefois, dans les autres cas, leur mode de remboursement les assimilant à des dettes structurelles, il faut les ajouter au dénominateur.

Intérêts et limites de ce ratio :

Pour un prêteur, les ressources propres d’une entreprise représentent une marge de sécurité. Dans une optique liquidative, les créanciers seront remboursés avant les détenteurs de fonds propres, d’où le désir de pouvoir s’appuyer sur un matelas le plus confortable possible. Malheureusement, c’est en contradiction avec le souci de l’entrepreneur d’optimiser ses capitaux.

Entre ces deux désirs, un juste équilibre doit nécessairement pouvoir se trouver. C’est pourquoi il est souhaitable que ce ratio soit au moins égal à 1.

Toutefois, si les engagements de crédit bail sont importants, ce ratio doit pouvoir intégrer ces encours. Dans ce cas, et compte tenu de la nature juridique particulière de ces engagements, il est admit que ce ratio doit au moins être égal à 2/3.

Ce ratio doit être analysé de façon dynamique. C’est le sens de sa variation qui est important. De plus, pour une meilleure vision, l’analyste, s’il en a connaissance, y inclura les financements en cours de mise en place.

Remarque : Ce ratio faisant parti des ratios discriminants par le système bancaire, l’analyste financier ne devra pas perdre de vue que les autres partenaires financiers de l’entreprise peuvent avoir une vision plus dure que la sienne. Il devra donc intégrer dans son raisonnement un possible désengagement des autres banques.

2.1.3.2 La capacité de remboursement

Capacité de remboursement Dettes structurelles / Capacité d’autofinancement

Ce ratio mesure la capacité de remboursement de l’entreprise par rapport à sa capacité d’autofinancement.

Nous trouvons au numérateur l’ensemble des dettes financières structurelles, c'est-à-dire les crédits d’investissement mais aussi les obligations convertibles et les

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emprunts subordonnés. Au dénominateur, nous trouvons la capacité d’autofinancement de l’entreprise.

Remarque : Toutefois, en cas de recours massif au crédit bail, ou en cas de changement dans les modes de financement, il faut retraiter ce ratio. Il faut prendre au numérateur la dette de crédit bail et au dénominateur, la capacité d’autofinancement retraitée12 des loyers de crédit bail

Intérêts et limites de ce ratio :

Ce ratio est théorique. Il calcule avec combien d’années de CAF, l’entreprise peut rembourser ses crédits. C’est ignorer que la CAF n’est pas entièrement affectée à ces remboursements.

C’est donc un indicateur statistique. Toutefois il est admit qu’au-delà de trois ans de CAF, l’entreprise rentre dans une zone à risque.

Là encore, c’est la variation qui est intéressante. L’entreprise est elle en train de renforcer sa capacité de remboursement, ou bien est elle en train de s’affaiblir ?

Remarque : Tout comme pour le ratio précédent, l’analyste devra intégrer dans son raisonnement que les autres partenaires banquiers de l’entreprise pourraient avoir une position plus dure que la sienne sur ce ratio.

2.1.3.3 Le poids de la dette financière

Dans l’analyse des ratios d’endettement, l’autre regard consiste à analyser le poids de la dette financière.

Pour cela, l’analyse va porter sur le coût de cette dette en terme de frais financiers, par rapport à l’activité de l’entreprise mais surtout par rapport à sa marge opérationnelle.

Mais vous pouvez aussi trouver dans certains ouvrages le calcul du coût de l’endettement moyen, par le ratio « charges financières/Endettement rémunéré ». Il est très imprécis dans la pratique, en raison des variations à l’intérieur de l’exercice. C’est pourquoi il ne sera pas retenu ici.

Poids des frais financiers par rapport au CA (Charges financières / Chiffre d’affaires HT) X 100

Ce ratio mesure le coût moyen de l’endettement de l’entreprise, par rapport à l’activité.

Le fait de prendre en dénominateur le chiffre d’affaires en hors taxes, n’est donc pas en soi un problème. Par contre, le numérateur inclus uniquement les charges financières. Hors, la technique comptable fait que les charges financières incluent aussi les différences négatives de changes. Si ces sommes sont d’un montant significatif, il est préférable de les soustraire du numérateur afin de ne pas fausser la vision donnée par ce ratio. De plus, le changement des normes comptables implique de traiter en charges

12 Voir le concept de CAF financière dans le chapitre intitulé « Les reclassements du compte de résultat » de cette même partie.

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financières le prix du temps sur les éléments actualisés du passif à long terme. C’est aussi à retraiter.

Le niveau moyen de ce ratio est fonction du secteur d’activité de l’entreprise. L’analyste financier devra donc privilégier la variation de ce ratio plus que le niveau, en lui-même.

Poids de la dette sur l’activité de base de l’entreprise (Résultat financier / Excédent brut d’exploitation) X 100

Ce ratio est déjà plus pertinent. Il mesure le poids du financement, net des produits financiers, par rapport à un résultat opérationnel.

Nous trouvons au numérateur le résultat financier. Il inclut donc les produits financiers afin de tenir compte d’éventuels placements que le gestionnaire de l’entreprise, dans ses choix d’arbitrages, n’aurait pas voulu se défaire. En toute rigueur, il aurait fallu ne pas tenir compte des dotations aux provisions à caractère financier, incluses dans ce résultat, ces provisions ayant le caractère de provisoire. C’est donc le résultat financier qu’il faut prendre, sous réserve que les dotations aux provisions ne soient pas trop importantes.

Au dénominateur, c’est bien l’Excédent Brut d’Exploitation qui est repris, de façon à avoir une comparaison par rapport à une rentabilité opérationnelle de l’entreprise.

En dénominateur, vous pouvez aussi prendre l’Excédent de Trésorerie d’Exploitation13, mais son interprétation est plus difficile en raison des variations parfois brutales du BFRE.

C’est aussi un indicateur statistique, il est couramment admis qu’au-delà de 30 % de son résultat opérationnel capté par son financement, l’entreprise se trouve dans une zone à risque.

Remarque : L’autre point de repère est constitué par le ratio « Frais financiers/Valeur Ajoutée » que nous regarderons plus loin sous l’angle de la répartition de la Valeur Ajoutée.

2.1.4 Consommation de trésorerie

Savoir si une entreprise consomme ou dégage de la trésorerie de par son activité est un point très important. Cela va influencer fortement la réflexion de tout analyste financier. N’oubliez pas que l’état de cessation des paiements est un risque majeur qui guette toutes les entreprises si elles n’y prennent garde.

2.1.4.1 La couverture du BFR

Couverture du BFR (Trésorerie nette / BBR) X 100

Ce ratio mesure la part du besoin en Fonds de Roulement financée par la trésorerie.

Au numérateur nous trouvons le solde entre la trésorerie de l’actif et la trésorerie du passif. Sur ce ratio, attention de bien prendre toute la trésorerie passive, y compris les éléments hors bilan comme les encours d’escompte.

13 ETE = EBE - Production immobilisée - Variation du BFRE

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Nous prenons le Besoin en Fonds de Roulement au dénominateur. Il s’agit du BFR dans sa totalité car l’objectif de ce ratio est bien d’analyser la couverture des besoins, qu’ils soient nés de l’exploitation ou des évènements hors exploitation.

Analyse de ce ratio :

Pour le bon équilibre du bilan, il est souhaitable que ce ratio ne dépasse pas 50 %. En effet, au-delà de ce niveau, cela signifie que l’entreprise ne dispose pas de suffisamment de ressources longues. Il y a donc, potentiellement, un risque de liquidité sur cette entreprise.

L’analyste, là encore, va privilégier le sens de la variation de ce ratio. Il est clair qu’une dérive de celui-ci est essentiellement le résultat d’une mauvaise maîtrise de son Besoin en Fonds de Roulement. Si l’entreprise est en phase de croissance, ce problème doit être à relativiser, sous réserve que les marges soient maintenues. Dans les autres cas, une dérive peut se révéler rapidement rédhibitoire pour la pérennité de l’entreprise.

L’analyse de ce ratio peut être affinée par le calcul du coût de la trésorerie passif, c'est-à-dire « Agios de court terme / Trésorerie passif ». Le calcul de ce ratio va permettre de voir si l’utilisation des lignes de court terme est stable dans l’année. En effet, si le résultat de ce dernier ratio est différent d’un taux d’intérêt que l’on peut obtenir auprès d’une banque, cela signifie que les encours de trésorerie de fin d’exercice ne sont pas réellement représentatifs. Il est très difficile, dans ce cas, de pouvoir porter un jugement pertinent au seul vu du ratio de couverture, hormis à disposer d’informations complémentaires que seuls les établissements financiers peuvent consulter auprès de la Banque de France14.

2.1.4.2 Le FITREX

Concept purement financier, le Flux Interne de Trésorerie d’Exploitation permet d’estimer si la structure consomme ou engrange de la trésorerie.

FITREX = EBE – variation du BFRE – production immobilisée – frais financiers

Ce calcul tient compte de la rentabilité de l’entreprise et des flux générés par son activité.

À partir de l’Excédent Brut d’Exploitation vous enlevez la variation du Besoin en Fonds de Roulement d’Exploitation (BFRE) ainsi que la production immobilisée. C’est le concept d’Excédent de Trésorerie d’Exploitation (ETE). Ce concept permet d’intégrer à la rentabilité opérationnelle de l’entreprise, les besoins de financement nés de l’activité de base de cette dernière, tout en enlevant la production immobilisée car cette dernière ne donnera jamais lieu à un flux de trésorerie. Ensuite vous enlevez les frais financiers pour obtenir le flux de trésorerie résiduel due à l’exploitation.

Remarque : Sur ce calcul, la question se pose de la prise en compte des produits financiers. En fait tout dépend de la nature des produits financiers. S’il s’agit de produits en rapport avec la trésorerie, de par des problèmes d’arbitrages par exemple, il faut en tenir compte. Par contre, s’il s’agit de produits financiers issus de participations, il faut les exclure, sauf si l’activité principale de l’entreprise analysée est justement de détenir des participations.

Interprétation du FITREX :

Ce solde doit être positif. Cela signifie que l’entreprise dégage de la trésorerie, que son activité ne consomme pas de trésorerie et ne nécessite donc pas une alimentation

14 Fichier de la Centrale des Risques.

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continue par toujours plus de trésorerie empruntée. En cas de solde négatif, il est impératif de revoir les paramètres de gestion.

Les cas classiques de FITREX négatifs sont :

• Une modeste rentabilité d’exploitation qui génère un Excédent Brut d’Exploitation trop faible

• Un dérapage dans les délais clients, une réduction du délai fournisseur ou un allongement de la rotation des stocks provoquant une hausse du BFRE

• Des charges financières trop lourdes issues d’une politique financière inadaptée

Ce concept est considéré comme un indicateur avancé d’un futur état de cessation de paiement de l’entreprise analysée. C’est un indicateur qui chute bien avant la Capacité d’Autofinancement (CAF). Toutefois, dans une période de crise, cet indicateur n’est plus pertinent. En effet, vous pouvez avoir un FITREX positif dû à une variation négative du BFRE, c’est une situation classique en cas de chute d’activité.

2.2 Les ratios de rentabilité

Certes la structure financière d’une entreprise est importante, mais seule la rentabilité permet de la pérenniser. Car c’est la rentabilité qui permettra de pallier à une éventuelle insuffisance en termes de structure, par contre, un manque de rentabilité, même en ayant une bonne structure financière, amène inexorablement à la destruction de l’entreprise.

2.2.1 Les SIG en valeur relative

2.2.1.1 La marge brute de production

Taux de marge brute de production = (Marge brute de production / (production vendue + production stocke)) X 100

Nous trouvons au numérateur la marge brute de production. Son calcul a été vu au chapitre intitulé « Le calcul et la signification des principaux SIG ».

Au dénominateur nous prenons la production vendue et la production stockée de l’exercice. Certains ouvrages prennent, dans ce calcul, la production totale de l’exercice, c'est-à-dire, y compris la production immobilisée. Effectivement, la marge brute de production intègre les achats de matières premières, inclus dans cette production immobilisée. Mais la production immobilisée étant, finalement, un coût pour l’entreprise, il est préférable d’exclure de la base, la production immobilisée.

Analyse :

Ce ratio, très intéressant à calculer pour les entreprises de production, permet de suivre, d’un exercice à l’autre, la maîtrise de l’entreprise sur son coeur de métier.

Ce taux peut évoluer en raison d’une variation du coût des matières premières. L’analyste devra donc faire la part des choses en fonction de l’évolution du coût des matières utilisées dans le secteur d’activité concerné.

Sur ce ratio, la comparaison sectorielle est particulièrement intéressante, car il est parfois difficile d’avoir des informations sur l’évolution du coût des matières premières de chaque secteur d’activité.

Mais en cas de dégradation de ce ratio, non explicable par des contraintes externes dues à l’environnement économique, l’entreprise analysée est bien en train de se faire « grignoter » sur son métier de base. Soit c’est le résultat d’une concurrence exacerbée, soit c’est une baisse de compétitivité de l’outil de production (obsolescence par exemple). La réponse se trouvera en croisant ce résultat avec d’autres ratios.

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2.2.1.2 Le taux de marge commerciale

Taux de marge commerciale = (Marge commerciale / Ventes de marchandises HT) X 100

Au numérateur, nous prenons la marge commerciale. Son calcul a été vu au chapitre « Le calcul et la signification des principaux SIG ».

Au dénominateur nous prenons les ventes de marchandises en hors taxes. Il s’agit bien, uniquement, des ventes de marchandises et non pas de la totalité du chiffre d’affaires.

Analyse :

Comme son nom l’indique, ce ratio calcule la marge des opérations commerciales sur marchandises. Il n’est donc pertinent que pour les entreprises de négoce, ou les industries ayant aussi une activité de négoce

Variable d’un secteur à l’autre, c’est avant tout la variation d’un exercice à l’autre qu’il va falloir analyser. Un maintien de ce taux est souhaitable, mais une baisse peu avoir plusieurs origines.

Ce peut être le résultat d’une fuite en avant de l’entreprise qui privilégie la course au chiffre d’affaires au détriment de la marge. On rencontre parfois ce genre de stratégie destinée à l’acquisition d’une taille critique, ou bien destinée à contrôler une part de marché suffisante pour ensuite être l’acteur de référence du secteur. Ce ne peut être qu’une stratégie de court terme.

Ce peut être aussi la conséquence du déclin du produit phare de l’entreprise. L’entreprise, n’ayant pas suffisamment préparé le renouvellement de sa gamme, se trouve confrontée à un portefeuille de produits sur le déclin.

Ce peut être, tout simplement, la montée d’une concurrence de plus en plus dure. C’est le cas le plus classique.

Remarque : Attention aux entreprises ayant une activité mixte, c'est-à-dire à la fois de production et de négoce. En effet, la répartition comptable entre les deux activités n’est pas toujours rigoureuse.

2.2.1.3 La valeur ajoutée

Taux de valeur ajoutée = (Valeur ajoutée / activité de l’exercice) X 100

Au numérateur, nous prenons la valeur ajoutée. Son calcul a été vu au chapitre « Le calcul et la signification des principaux SIG ».

Au dénominateur nous prenons l’activité totale de l’entreprise, c'est-à-dire les ventes, ainsi que la production stockée et la production immobilisée. Parfois, par simplification, vous pouvez trouver ce ratio calculé en prenant au dénominateur le chiffre d’affaires hors taxes, ce qui compte c’est la variation de ce taux. De plus, si l’entreprise à une grosse variation de production stockée, ce ratio simplifié n’est plus pertinent.

Analyse :

C’est un ratio très important car il mesure la richesse créée par l’entreprise. C’est avec cette richesse, que l’entreprise va devoir rémunérer ses facteurs de production.

Tout comme pour les autres ratios issus des Soldes Intermédiaires de Gestion (SIG), il n’y a pas de niveau type, mais des valeurs moyennes en fonction du secteur

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d’activité. Il faudra donc privilégier l’analyse des variations de ce ratio. Il est dangereux de voir son niveau, en valeur relative tout comme en valeur absolue, s’affaiblir.

Pour une entreprise commerciale, un affaiblissement de la valeur ajoutée est bien souvent la conséquence d’une baisse de la marge commerciale.

Mais pour une entreprise de production, les raisons en sont multiples, mais toutes dénotent une moins bonne maîtrise du processus de production. Cela peut venir d’un problème sur la marge brute de production15, mais cela peut aussi venir d’une moins bonne maîtrise de la sous-traitance, de charges d’entretien de matériel mal maîtrisées, etc.

2.2.1.4 L’excédent brut d’exploitation

EBE en valeur relative = (EBE / Chiffre d’affaires HT) X 100

C’est la véritable rentabilité opérationnelle de l’entreprise. C’est un résultat d’exploitation avant prise en compte de la politique financière et des choix d’amortissements.

Au numérateur, nous prenons l’excédent brut d’exploitation. Son calcul a été vu au chapitre « Le calcul et la signification des principaux SIG ». Au dénominateur nous prenons le chiffre d’affaires en hors taxes. Sont donc bien exclus de ce calcul les autres charges et produits d’exploitation.

Remarque : Certaines entreprises passent les congés payés en provision et non pas en charges à payer. Cela a pour conséquence de majorer l’EBE. Mais sur ce type de postes, il n’y a normalement pas de changement de mode de comptabilisation d’une année sur l’autre, la comparaison d’un exercice à l’autre reste donc bien pertinente.

Analyse :

En effet, la politique financière a une incidence sur les différents soldes intermédiaires de gestion, tant par les problèmes d’affectation (crédit ou crédit bail, par exemple), que par des choix de durée.

Il en est de même pour les choix d’amortissements. Au-delà du problème de la durée, certes encadrée par la réglementation fiscale, le mode d’amortissement (linéaire ou dégressif, par exemple), va avoir un impact sensible sur la vision du compte de résultat. C’est d’autant plus vrai depuis la réforme des amortissements de 2005.

Ce ratio, en étant en amont des « options » offertes aux dirigeants des entreprises, se prête particulièrement bien aux comparaisons, tant entre plusieurs entreprises, que de manière dynamique sur plusieurs exercices.

2.2.1.5 La capacité d’autofinancement

Taux de capacité d’autofinancement = (CAF / Chiffre d’affaires HT) X 100

Au numérateur, nous prenons la capacité d’autofinancement. Son calcul a été vu au chapitre « Le calcul et la signification des principaux SIG ». Au dénominateur nous prenons le chiffre d’affaires en hors taxes. En matière de capacité d’autofinancement, vous pouvez aussi prendre la capacité d’autofinancement financière, c'est-à-dire retraitée du crédit-bail. C’est plus pertinent si l’entreprise modifie sa politique de financement par des transferts entre crédit et crédit-bail, ou bien location financière.

15 Voir plus haut la marge brute de production

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Analyse :

La CAF étant potentiellement un flux de trésorerie, ce ratio mesure le pourcentage de trésorerie dégagé par le chiffre d’affaires.

Même si, en soi, le ratio ne dit pas de quoi est composée la CAF, il a l’avantage de la simplicité pour une première analyse. L’analyse va faire la différence entre une CAF de croissance et une CAF de maintient. La CAF doit être suffisante, mais suffisante par rapport à quoi ?

En fait, la CAF doit, au moins, couvrir les dotations aux amortissements, c'est-à-dire qu’elle doit permettre le maintien de l’outil de production. Il s’agit bien des dotations en données brutes, sans tenir compte des reprises.

Si la CAF est supérieure à ce niveau, elle est qualifiée de CAF de croissance car elle va permettre de financer des investissements plus importants afin de permettre à l’entreprise de se développer.

En fonction du secteur d’activité, le niveau de ce ratio sera plus ou moins important, car il doit être en rapport avec l’intensité capitalistique du secteur. Compte tenu de la hausse des besoins en outils de production inhérents à chaque secteur d’activité, il est souhaitable de ne pas se contenter d’une simple CAF de maintien.

2.2.2 La répartition de la valeur ajoutée

Il est certes intéressant de calculer la richesse crée par l’entreprise, la Valeur Ajoutée, encore faut il que cette richesse soit captée au maximum par l’entreprise, afin de pouvoir se développer.

Au profit du personnel (Charges de personnel / Valeur ajoutée) X 100

Pour les charges de personnels, il faut y inclure les charges sociales patronales (tableau 3 de la liasse fiscale, index FY et FZ), ainsi que les charges inhérentes aux personnels extérieurs à l’entreprise.

Au profit du financier (Résultat financier / Valeur ajoutée) X 100

Il faut prendre le résultat financier hors dotations (index GQ du tableau 3 de la liasse fiscale) et reprises de provisions (index GM du tableau 3) à caractère financier.

Vous pouvez avoir le cas d’une entreprise ayant un résultat financier positif. Cela n’enlève en rien l’intérêt de calculer ce ratio. C’est tout simplement le calcul de l’apport du résultat financier dans la formation de la Valeur Ajoutée. Ce peut être le cas de sociétés ayant beaucoup de participations, cas des sociétés « holding » par exemple, ou bien des entreprises ayant une trésorerie positive. Dans ce dernier cas, attention aux variations de taux d’intérêts et son impact sur la formation du résultat.

Au profit de l’entreprise (CAF / Valeur ajoutée) X 100

Vous remarquerez que c’est la CAF qui est prise comme numérateur pour calculer la captation au profit de l’entreprise, alors que ce n’est pas un résultat net. C’est tout simplement que dans ce calcul, il y a la logique de captation dans une optique de croissance et donc de renouvellement de l’outil de production, d’où la prise en compte des dotations aux amortissements incluses dans la CAF.

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Remarque : Pour ces trois ratios, se pose le problème du retraitement de certaines données du compte de résultat. Attention donc à utiliser des ratios homogènes. En cas de retraitements, c’est l’ensemble des variables utilisées qu’il faudra modifier, que ce soit les charges de personnels avec l’intérim, les frais financiers et la CAF avec le crédit bail et la location financière et dans tous les cas, la valeur ajoutée.

Analyse de cette répartition de la valeur ajoutée :

Là encore, il n’y a pas de répartition type de la valeur ajoutée. Un comparatif sectoriel s’impose. Mais il est clair qu’en fonction de l’intensité capitalistique ou des besoins de personnel, vous allez retrouver une certaine permanence dans la répartition entre la richesse distribuée aux salariés et la richesse captée par l’entreprise.

En ce qui concerne la répartition au profit des financements, elle doit être limitée. C’est aussi un indicateur du poids de la structure financière pour l’entreprise. Statistiquement, si le ratio « Résultat financier / Valeur ajoutée » est supérieur à 10 %, l’entreprise est dans une zone à risque.

L’analyste va donc se pencher sur l’évolution de cette répartition. Il est clair que le cas idéal consiste à voir une hausse de cette captation au profit de l’entreprise. La diminution de la captation de valeur ajoutée au profit des financiers est un signe de solidité.

Remarque : Un ratio n’a pas été calculé, c’est la captation au profit de l’état. Pour intéressant qu’il soit au niveau des débats d’idées, le dirigeant n’a aucune influence sur cette perception16 de richesse. Il n’a donc pas été retenu.

2.2.3 La rentabilité économique et financière

L’analyse de la rentabilité économique et financière d’une entreprise est très importante.

Elle se mesure essentiellement par 2 ratios. Même s’il n’y a pas de lien direct entre ces deux ratios, pour la pérennité de l’entreprise, il est souhaitable que ces ratios soient, de manière durable, largement positifs.

2.2.3.1 La rentabilité économique

Rentabilité économique = (EBE / (Immobilisations + BFR)) X 100

Comme son nom l’indique, ce ratio mesure la rentabilité économique de l’entreprise en tenant compte des investissements nécessaires à l’exploitation.

Nous trouvons au numérateur, l’Excédent Brut d’Exploitation car c’est ce solde intermédiaire de gestion qui va permettre de renouveler les immobilisations, par le biais des dotations aux amortissements, mais aussi rémunérer l’endettement par le biais des frais financiers.

Nous trouvons au dénominateur les capitaux mis en œuvre (CMO) par l’entreprise, mesurés par les immobilisations brutes et le Besoin en Fonds de Roulement. Il est à noter que le banquier doit regarder de près ce ratio car il est traditionnellement sollicité pour financer tout ou partie de son dénominateur.

16 Nous pouvons parler de « ponction de richesse »

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Remarque : Ce ratio peut être très volatil. En effet, autant les immobilisations brutes peuvent rester relativement stables, autant le BFR et l’EBE peuvent varier de manière importante.

Analyse de ce ratio :

La rentabilité économique doit être suffisante, et ce, de manière durable, afin de permettre à l’entreprise de financer d’une part le maintient de son outil de production et d’autre part son activité.

Le pourcentage trouvé doit être largement supérieur au taux des intérêts d’emprunts, faute de quoi, au lieu de bénéficier d’un effet de levier par le crédit, l’entreprise va subir une ponction trop forte en raison de son endettement. C’est l’effet de massue.

Attention : N’oubliez pas que le crédit est un accélérateur de temps. En cas d’insuffisance de rentabilité, le crédit aggrave fortement la situation.

2.2.3.2 La rentabilité financière

Compte tenu de son mode de calcul, ce ratio n’est réellement pertinent que pour les sociétés soumises directement à l’impôt ou les structures exonérées d’impôts. Cela exclu les entreprises individuelles ou les structures fiscalement transparentes, Sarl aux BIC17 par exemple.

Rentabilité financière = (Résulta net / Fonds propres) X 100

Ce ratio mesure la rentabilité financière de l’entreprise.

Nous trouvons au numérateur le résultat net de l’exercice, c'est-à-dire après impôts.

Au dénominateur, nous avons les fonds propres. Il ne s’agit pas de prendre les fonds propres retraités, tels que nous les avons décrits plus haut dans cette même partie18, mais bien les fonds propres tels qu’ils figurent dans la liasse fiscale. En effet, l’utilisation des données retraitées, pour ce ratio, aurait eu pour conséquence de l’améliorer fictivement.

Toutefois ce ratio est simplifié, car pour être plus exact il faudrait prendre, en fait, les capitaux propres après répartition de l’exercice. Malheureusement cette donnée n’étant pas accessible directement.

Analyse de ce ratio :

C’est un ratio très important pour les actionnaires et investisseurs potentiels puisqu’il mesure la rentabilité de leur investissement. Ce ratio doit donc être comparé à la rentabilité des autres placements disponibles, tout en tenant compte du niveau et de la nature du risque.

Pour les actionnaires actuels, cette rentabilité financière est certes importante, mais ne revêt pas une trop grande importance à court terme. Tout va dépendre de l’ancienneté de l’entreprise. Un créateur d’entreprise va attendre une rémunération à terme de son capital. Par contre, dès que les premières années seront passées, il est impératif d’obtenir une bonne rentabilité financière afin de conforter les actionnaires dans

17 Bénéfices Industriels et Commerciaux. Ce sont les associés qui vont être imposés, et non pas la structure elle-même. 18 Voir le chapitre « Les retraitements des données » dans cette même partie.

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leur choix et les inciter, en cas de besoin, à remettre des fonds pour accompagner le développement.

Pour les investisseurs potentiels, extérieurs à l’entreprise, c’est tout simplement un choix d’allocation d’actifs. La prime de risque de ce type de placement est elle correctement rémunérée ? Quelle est la visibilité sur cette rémunération ?

L’analyste financier, en fonction de cette rentabilité financière, et de sa permanence, pourra se rassurer d’une part sur le soutien dont pourra bénéficier l’entreprise par ses actionnaires et d’autre part sur la capacité de l’entreprise à pouvoir mobiliser des capitaux pour financer son développement.

2.3 Les ratios de productivité

L’analyse de la productivité est parfois considérée de manière négative. C’est avant tout une analyse de l’optimisation des facteurs de production.

2.3.1 La productivité du personnel

Les calculs de productivité amènent à se poser la question du nombre réel de personnes travaillant dans l’entreprise, puis, essentiellement pour les entreprises de production, de la répartition du nombre de personnes produisant réellement et du nombre de personnes dans les services administratifs. Ensuite il faut pouvoir ramener « à la personne » un certain nombre de ratios.

2.3.1.1 Les effectifs d’une entreprise

Combien de personnes travaillent dans une entreprise ? Certains dirigeants, eux-mêmes, ont du mal à répondre à cette question.

La notion d’effectif moyen :

Les entreprises doivent calculer l’effectif moyen du personnel sur l’exercice comptable. Cette information figure dans le tableau 11 de la liasse fiscale, à l’index YP. Sur la case contiguë, figure le nombre de personnes pour l’exercice précédent, il n’y a pas d’index de repérage pour cette case. Cette information permet de voir instantanément l’évolution des effectifs d’un exercice à l’autre.

Le nombre de personnes figurant sur ce document est un effectif déjà retraité en équivalent « temps plein ». S’agissant d’effectif, il n’y a pas de décimale à ce calcul. Ce qui fait que pour les petites entreprises, vous pouvez avoir de petites variations d’effectif réel que vous n’allez pas remarquer.

Remarque : Le calcul étant fait en équivalent « temps plein », se pose le problème de la durée de travail dans cette entreprise. Lors d’une modification de la durée normale de travail, en principe l’entreprise doit recalculer, sur le chiffre de l’exercice précédent, le nouvel effectif. Force est de constater que cette information est rarement retraitée, mais cet écart va se résorber dans le temps.

Les retraitements à opérer sur les effectifs :

Le principal élément qui fausse le calcul du nombre de personnes travaillant dans l’entreprise, est le recours à l’intérim.

En effet, nous avons vu que l’utilisation de l’intérim doit être retraitée au niveau des Soldes Intermédiaires de Gestion (SIG). Mais il faut, pour les calculs de productivité, retraiter l’effectif moyen de l’entreprise. Pour cela, la meilleure méthode lors de l’analyse de sa propre entreprise consiste à reprendre la facturation de la société d’intérim, d’en récapituler le nombre d’heures et d’en déduire combien cela représente de personnes en équivalent « temps plein ».

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Lorsque vous ne disposez pas de l’information, vous pouvez essayer d’approcher le chiffre en fonction du coût de l’intérim. Mais c’est déjà plus aléatoire. Si la masse de l’intérim n’est pas importante par rapport à la masse salariale de l’entreprise, il vaut mieux s’abstenir de faire ce genre de retraitement, surtout si la proportion est stable.

L’autre retraitement consiste à isoler la notion de productif et de non productif. Mais cette approche n’est réellement pertinente que dans une entreprise industrielle. Dans cette approche, les services administratifs et commerciaux ne sont pas à considérer comme créant de la production directement. Cela va surtout être intéressant sur le calcul de la productivité du matériel en fonction du nombre de productifs.

2.3.1.2 Les ratios de productivité du personnel

Coût unitaire du personnel = (Charges de personnel / Effectif global) X 100

L’interprétation de ce ratio est relativement délicate. Vous avez, par exemple, le problème de l’écart des rémunérations dans l’entreprise. En effet, sur une petite entreprise, une variation des hauts salaires va avoir une répercussion sensible sur le résultat de ce ratio. Hors, les hauts salaires dans ce type d’entreprise sont bien souvent les salaires des dirigeants, et pour un dirigeant, les options pour capter une rémunération sont multiples (loyers, primes, dividendes).

Ce ratio intègre les charges sociales sur lesquelles le chef d’entreprise n’a pas beaucoup de prise. Attention donc à la sortie de certains mécanismes baissant temporairement le coût de ces charges.

SIG par personne = (Le SIG analysé / Effectif global) X 100

Il s’agit de diviser les principaux Soldes Intermédiaires de Gestion (SIG) par l’effectif moyen de l’entreprise. Cela concerne :

• Le chiffre d’affaires • La production de l’exercice • La valeur ajoutée • L’excédent brut d’exploitation

En fonction de la nature de l’activité de l’entreprise, tel ou tel calcul va avoir une plus grande importance.

Exemples : Cela va permettre, par exemple, d’avoir le chiffre d’affaires par personne. Sur une activité commerciale, c’est un bon indicateur. Cela va permettre, par exemple, d’avoir la valeur ajoutée par productif. Sur une activité industrielle, c’est un indicateur pertinent.

Par contre, le calcul partant de l’EBE est toujours pertinent, quelque que soit la nature de l’activité de l’entreprise. En effet, à un moment donné, il faut bien avoir une rentabilité d’activité par personne.

Apport dans l’analyse de cette approche :

Il est clair qu’un calcul par productif n’est pas toujours pertinent19. En effet, il ne faut pas oublier que le service production d’une entreprise a besoin de tous les autres services pour fonctionner correctement.

19 Si tant est que vous ayez l’information

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Toutefois, décortiquer la richesse créée, la valeur ajoutée, par une entreprise de production, est pour le moins intéressant. Mais ce sont surtout les variations, d’une année sur l’autre, qui vont être riches d’enseignements.

En fait, cette approche du calcul de la productivité du personnel, va aussi révéler les modifications dans la structure de production d’une entreprise. Les phénomènes d’intégration ou d’externalisation de fonctions vont, ici, être particulièrement sensibles. Cela va permettre de mesurer, à posteriori, la pertinence de telle ou telle stratégie en la matière.

Remarque : Dans les sociétés de services, la notion de production existe, mais il est beaucoup plus difficile d’isoler ceux qui produisent les services des autres membres du personnel.

2.3.2 La productivité du matériel

La productivité du matériel est fonction, certes de son importance et des flux qu’il dégage, mais son analyse ne doit pas ignorer les conséquences de l’obsolescence de l’outil de production.

2.3.2.1 La rentabilité du capital productif

Intensité capitalistique par salarié :

Productivité du matériel et productivité du personnel sont bien souvent indissociables. Un ratio fait le lien, c’est le ratio de l’intensité capitalistique ramené à chaque employé de l’entreprise, ou mieux, à chaque productif.

Intensité capitalistique par salarié = (Capital productif / Effectif global) x 100

Nous trouvons au numérateur uniquement le capital productif de l’entreprise. Vous ne devez donc pas prendre, pour ce calcul, la totalité des immobilisations.

S’il est facile d’exclure les immobilisations financières, et prendre en compte les immobilisations corporelles pour leur montant en brut, pour les immobilisations incorporelles, un tri s’impose. Vous devez prendre les brevets, car ils participent à la production. Par contre, pour ce qui est du fonds de commerce, comme il n’est valorisé que suite à un achat, la question est plus discutable. En effet comment comparer, dans ce cas, deux entreprises, l’une ayant créé son fonds de commerce et l’autre l’ayant acheté.

Pour ce ratio, la prise en compte des immobilisations financées par crédit bail est particulièrement importante. En effet, c’est l’ensemble des matériels qui participe à la production, peu importe le mode de financement.

Au dénominateur, nous trouvons le nombre de salariés. Bien évidement, ce nombre est à retraiter en cas d’utilisation d’intérimaires.

Remarque : Ce ratio est plus parlant pour les entreprises industrielles lorsque vous utilisez la notion de nombre de productifs. Dans ce cas nous avons réellement le montant des immobilisations productives par productif.

Ce ratio est difficile à interpréter.

Une hausse est le signe soit d’une augmentation des immobilisations productives par personne, soit d’une baisse du nombre de salariés. Ce peut être analysé comme une augmentation de la flexibilité du travail sous réserve que la Capacité d’Autofinancement suive. Mais ce peut être aussi une évolution inéluctable du métier de l’entreprise analysée.

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Une baisse peut avoir pour origine une cession d’immobilisation ou bien une hausse du nombre de salariés. Cela peut être aussi le signe d’une élévation du niveau des salariés (embauche d’ingénieurs, par exemple) en raison d’une mutation de l’activité de l’entreprise, celle-ci se recentrant sur une activité de conception et sous-traitant la fabrication. Ce n’est pas une menace pour l’entreprise si le taux de valeur ajoutée évolue concomitamment.

L’analyse peut être perturbée par l’utilisation de la sous-traitance avec un effet sur le capital productif, mais aussi par l’utilisation de l’intérim, avec un effet sur le nombre de salariés.

Flux d’exploitation dégagé par le matériel :

Rentabilité du capital productif = (EBE / Capital productif) X 100

Ce ratio compare la rentabilité d’exploitation, avant impact du financement des immobilisations, ainsi que leur amortissement, avec le capital productif de l’entreprise.

Bien évidement, en cas de recours massif au crédit-bail, il faudra retraiter tant le numérateur que le dénominateur de ce ratio.

Il est souhaitable que ce ratio se maintienne, et si possible augmente.

En effet, au fur et à mesure que l’entreprise avance dans son exploitation, l’effet de l’expérience doit jouer et permettre à l’entreprise d’augmenter les flux dégagés par son activité.

Toutefois, l’évolution classique amène à augmenter les besoins en immobilisations productives, c’est la hausse de l’intensité capitalistique des entreprises. La hausse des amortissements qui en résulte se situant après l’EBE, il faut une hausse réelle de la productivité du matériel. C’est un très bon indicateur.

2.3.2.2 L’obsolescence du matériel

Très complémentaire du précédent, ce ratio est un grand classique.

Taux de vétusté = (Cumul des amortissements / Immobilisations productives) X 100

Ce ratio mesurant le degré d’amortissement des immobilisations, vous devez prendre au numérateur le cumul des amortissements et non pas les dotations de l’exercice. Cette information figure à l’actif du bilan, c’est le tableau 1 de la liasse fiscale. Mais comme il ne faut pas prendre toutes les immobilisations, vous devez faire le cumul des index AS, AU, AW et AY (voir image ci-après).

Au dénominateur nous trouvons les immobilisations corporelles suivante : index AP, AR, AV et AX (voir image ci-après).Pour ce calcul, nous avons exclu les terrains des immobilisations corporelles, car les terrains ne s’amortissent pas. Toutefois, dans de rares cas, il y a bien amortissement du terrain.

Ce calcul peut être faussé par les choix de l’entreprise en matière de mode d’amortissement. En effet, l’amortissement dégressif permet un sur amortissement par rapport à un amortissement économique classique de type linéaire. N’oublions pas que la liasse fiscale est une vision fiscale du patrimoine de l’entreprise. Mais finalement, hormis les installations visant à favoriser l’utilisation d’énergie renouvelable, qui elles bénéficient d’un véritable sur amortissement, l’amortissement dégressif sur l’informatique ou le parc roulant de l’entreprise ne correspond t’il pas, de nos jours, à la véritable usure de ce type d’immobilisations, compte tenu de l’élévation croissante de l’intensité capitalistique des entreprises ? Un retraitement systématique est donc à proscrire.

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Les immobilisations incorporelles et les immobilisations financières ne rentrent pas dans ce calcul, car leurs amortissements correspondent à une autre logique. Toutefois un point particulier peut se rencontrer pour l’entreprise exploitant des brevets ou des concession. La durée d’exploitation étant limitée, il faudra caler la durée de vie des immobilisations sur la fin d’exploitation. Pour ce qui est des brevets, si l’entreprise les développe elle-même et si le budget recherche est conséquent, il faudra raisonner en terme de portefeuille « produits ».

Vous noterez qu’il n’y a pas, pour ce ratio, de prise en compte des immobilisations financées par crédit bail. En effet, de par leur mode de financement, le renouvellement de ces immobilisations est plus facile. Le retraitement systématique est donc moins pertinent.

Remarque : Les nouvelles normes comptables, en introduisant le concept de valeur résiduelle non amortissable change un peu la vision des choses. Il est donc impératif d’aller voir dans les annexes s’il n’y pas de fortes valeurs résiduelles, notamment sur les actifs immobiliers.

Interprétation du taux de vétusté :

Le taux de vétusté20 mesure le niveau d’amortissement du matériel productif. Ce taux doit donc, théoriquement, être le plus faible possible.

Mais dans la réalité, les choses ne sont pas aussi simples, c’est aussi fonction du secteur d’activité. L’on a tendance à associer la notion de vétusté du matériel à la notion de baisse de productivité de ce dernier. En fait, vous pouvez très bien avoir une machine totalement amortie qui continue à remplir sa fonction.

20 Ou taux d’obsolescence.

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Exemple : Imaginez une presse à emboutir, il s’agit d’une machine qui soulève une masse pour la laisser retomber sur une pièce dont on souhaite modifier la forme. Technologiquement, c’est un outil simple, mais même amorti, il va continuer à rendre le même service. Et pourtant, comptablement, il sera trop vieux.

Par contre, vous avez des secteurs qui nécessitent un investissement continu pour pouvoir se maintenir à niveau, l’imprimerie par exemple.

Ce qu’il va falloir surveiller, c’est l’évolution de ce taux de vétusté. Quelques points d’écarts ne sont pas alarmants, il y a toujours des cycles dans les investissements. Mais un vieillissement continu de l’outil de production doit amener une réflexion sur le désir du dirigeant de pérenniser son entreprise.

3. Méthodologie d’une synthèse

Devant la masse d’informations, parfois divergentes, qu’apporte l’analyse financière, il faut pouvoir suivre, en toute rigueur, une grille de lecture de toutes ces données.

En dehors d’un filtre de lecture inhérent à un objectif particulier justifiant l’analyse, la synthèse va devoir analyser chaque aspect financier de l’entreprise. Cela suppose de « descendre » les Soldes Intermédiaires de Gestion pour comprendre la formation du résultat, de mesurer l’impact de ce résultat dans le haut de bilan, d’évaluer les conséquences de l’évolution de l’activité sur le Besoin en Fonds de Roulement et d’apprécier l’évolution du résiduel de trésorerie.

3.1 Objectivité d’une synthèse

La synthèse d’une analyse financière se doit d’être objective. Pour cela vous allez devoir structurer votre opinion pour en faire une véritable démonstration, mais une démonstration concise et argumentée.

Remarque : Vous devez ne rien ignorer des éléments contraires à votre point de vue, il vous faudra, tout simplement, les relativiser.

3.1.1 Structurer son opinion

Une synthèse est une démonstration de votre point de vue sur l’entreprise, vous devez donc argumenter votre point de vue en vous appuyant sur des faits ; même si une partie de votre raisonnement est une déduction logique, vous partez bien de faits.

C’est pourquoi, avant même de commencer à rédiger votre synthèse, vous devez avoir votre opinion sur l’entreprise. Pour cela, jetez un rapide coup d’œil sur les principaux indicateurs de l’entreprise. Soyez logique avec vous-même, vous ne devez pas, dans vos propos, « changer d’avis » au gré des arguments.

3.1.2 Concision de l’analyse

Une synthèse d’analyse financière n’est pas destinée à recevoir un prix littéraire, vous devez être bref mais précis. Vous devez aller à l’essentiel, c'est-à-dire répondre à l’objectif que vous vous êtes assigné lorsque vous avez commencé cette analyse financière. Si votre besoin est de déterminer la solvabilité d’un client, par exemple, concrètement, à la fin de votre analyse, vous devez pouvoir répondre à la question précise qui est « Je livre ou je ne livre pas ? »

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Remarque : Il y a une grande différence en fonction du destinataire de la synthèse. Si c’est pour vous-même, vous pouvez aller réellement à l’essentiel et ne parler que des points qui le méritent. Si c’est pour un tiers, votre patron, par exemple, vous allez devoir montrer que vous avez bien regardé tous les points.

3.1.3 Ne rien ignorer, relativiser les points contraires à son opinion

C’est un aspect qui peut sembler difficile, mais il est nécessaire de « traiter » tous les points contraires à votre point de vue sur l’affaire. Dans l’analyse financière d’une entreprise, il y a toujours des points positifs et des points négatifs. Il est rare que la situation soit très tranchée. Mais à la fin, la décision, sur une entreprise tierce, est relativement binaire, c’est oui ou non. Certes il est possible d’apporter des nuances dans la mise en œuvre de la décision, mais la décision est toujours simple, « je travaille ou je ne travaille pas avec cette entreprise », « je livre ou je ne livre pas ».

Remarque : Vous allez devoir relativiser les points contraires à votre point de vue. Si vous n’y arrivez pas, c’est que peut être, vous êtes en train de vous tromper, restez objectif.

3.2 Méthodologie d’une synthèse sur le compte de résultat

Ne rien oublier dans la lecture du compte de résultat et de ses ratios semble relativement facile. Il suffit de partir du haut, le chiffre d’affaires, et de descendre tout en bas, au résultat puis à la capacité d’autofinancement.

En fait, il faut pouvoir segmenter l’analyse en blocs ayant une certaine homogénéité. Les Soldes Intermédiaires de Gestion sont déjà une sorte de synthèse, mais il faut pouvoir aller plus loin. C’est pourquoi nous distinguerons trois grandes parties, l’activité, la rentabilité et la capacité d’autofinancement, sans oublier, bien sur, une conclusion.

3.2.1 L’activité

Globalement, cette partie va concerner le tableau des soldes intermédiaires de gestion, du chiffre d’affaires à la valeur ajoutée.

Qu’elle est l’évolution de l’activité ? Cette évolution est elle corrélée à l’évolution de l’activité du secteur économique concerné ? La marge brute, qu’elle soit commerciale ou de production, suit elle l’évolution de l’activité ? Le taux de valeur ajoutée est il stable ? Si non, pouvez vous déterminer la partie des achats externes qui font la différence ?

Il est clair qu’à la base, il faut avoir une activité en hausse, mais une baisse passagère d’activité doit pouvoir s’absorber. Par contre, la création de richesse, la valeur ajoutée ne doit pas diminuer, sinon il est nécessaire d’adapter les facteurs de production à la nouvelle donne.

3.2.2 La rentabilité

Cette partie va continuer à « descendre » le tableau des Soldes Intermédiaires de Gestion jusqu’à la rentabilité nette de l’exercice. Vous avez, au passage, plusieurs soldes intermédiaires de gestion comme points de repère : l’EBE, le résultat d’exploitation et le résultat courant avant impôts.

Il vous suffit de regarder l’évolution des valeurs relatives (en pourcentage) de ces points de repère. En cas de modification du taux, il faut regarder les variations des éléments ayant servi à son calcul depuis le solde de gestion précédent. Certains points reviennent de manière récurrente dans ce genre de constat.

Les charges de personnel sont elles bien maîtrisées ? Les dotations aux amortissements et provisions sont elles conformes à l’évolution de l’activité ? Pouvez vous isoler les provisions ?

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Le résultat financier est il supportable ? Y a-t-il des éléments exceptionnels qui viennent perturber le résultat de l’exercice ?

Vous pouvez avoir des variations contraires. Par exemple, une baisse d’activité provoquant une baisse de l’EBE est en partie compensée par une baisse des frais financiers. C’est la conséquence logique de la contraction du BFR.

Vous pouvez aussi avoir un matériel devenu obsolète pénalisant la rentabilité de la production avec une valeur ajoutée en baisse mais compensée par la diminution des amortissements.

Sur une hausse d’activité vous devez retrouver un effet de levier à la rentabilité du fait de l’existence de charges fixes, mais attention aux effets de seuils, surtout si l’entreprise est de petite taille.

Remarque : Vous devez vous attacher à la logique des variations que vous allez trouver. Posez vous toujours cette question : « Pourquoi ai-je cette variation, est elle normale ? »

3.2.3 La capacité d’autofinancement

Cette partie va analyser la Capacité d’Autofinancement, tant en termes d’évolution qu’en termes de volume. Mais vous devez avant tout, qualifier cette capacité d’autofinancement en termes de volume. Est elle suffisante ou pas ?

En fait, en termes de volume, la capacité d’autofinancement se compare aux dotations aux amortissements et provisions brutes :

Si la CAF est inférieure aux dotations brutes, cela signifie qu’elle est insuffisante, l’entreprise ne dégage pas une CAF suffisante pour renouveler ses immobilisations

Si la CAF est égale ou légèrement supérieure aux dotations brutes, l’entreprise est capable de maintenir son outil de production, mais sans plus. C’est une CAF de maintien.

Si la CAF est supérieure aux dotations brutes, non seulement l’entreprise est capable de maintenir son outil de production, mais elle a les moyens d’augmenter ses capacités productives et ainsi, accompagner son développement. C’est une CAF de croissance.

Si sur un exercice vous pouvez accepter une faiblesse au niveau de la CAF, sur la durée vous devez avoir une CAF suffisante, avec en sus une marge de sécurité. Vous devrez donc regarder la tendance du taux de CAF tout en relativisant votre analyse en fonction du secteur d’activité. En effet, les besoins d’investissements sont plus ou moins importants selon les secteurs.

3.2.4 Conclusion sur les SIG

Cette partie, en fonction de ce qui a été écrit plus haut, fait la synthèse des points importants qu’en à la formation et à l’évolution du résultat de l’entreprise.

Elle va vous permettre de réaffirmer votre point de vue. Parfois, c’est la seule partie de l’analyse des Soldes Intermédiaires de Gestion qui sera conservée. En effet, les étapes intermédiaires peuvent aussi être considérées comme faisant partie d’une méthodologie d’analyse, seule comptant la conclusion.

3.3 Méthodologie d’une synthèse sur la structure financière

L’analyse de la structure financière d’une entreprise semble plus compliquée, car il y a des chiffres partout, et il est difficile, a priori, de dire par où commence un bilan.

En fait il faut partir du concept des grandes masses du bilan, le fonds de roulement, le besoin en fonds de roulement et le solde net de trésorerie, et pour chaque masse, commencer l’analyse dans le sens de la formule de calcul. À la fin, tout comme pour les SIG, il ne faudra pas oublier une conclusion.

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3.3.1 Le fonds de roulement

Si, en valeur absolue, le montant du fonds de roulement peut revêtir une certaine importance, il est beaucoup plus pertinent de comparer son évolution en valeur relative, c’est à dire en jours de chiffre d’affaires. Il est souhaitable que son niveau progresse, au pire, il faut qu’il se maintienne. Au-delà du constat, il faut savoir pourquoi.

Comment expliquer cette évolution ?

Le fonds de roulement étant l’excédent des ressources longues sur les utilisations longues, nous commencerons donc par regarder les ressources longues.

Nous trouvons d’abord les fonds propres. Ils peuvent varier par une augmentation de capital, mais la cause principale de cette variation provient de la capitalisation du résultat non distribué. Il est à noter qu’une perte a pour effet immédiat de contracter les fonds propres.

Remarque : Les bilans étant toujours avant distribution, il vous manque la distribution de dividendes du dernier résultat. Pensez à demander cette information au dirigeant.

Nous avons ensuite les comptes courants d’associés. Ils peuvent varier aussi bien à la hausse comme à la baisse.

Et enfin nous avons les dettes structurelles. L’évolution logique est une baisse de ces dettes du simple fait de l’amortissement naturel des financements. Mais de nouveaux crédits ont pu être mis en place.

Ensuite nous regardons les utilisations longues, c'est-à-dire les immobilisations. Comme nous avons, dans nos calculs, pris les immobilisations nettes, leurs valeurs diminuent naturellement au rythme des dotations aux amortissements. Mais de nouvelles acquisitions d’immobilisations ont pu être faites, ou bien des cessions ont pu être opérées

Quelles sont les explications que nous allons trouver ?

Bien souvent, la hausse du fonds de roulement est due à une capitalisation du résultat. La baisse de ressources inhérentes aux remboursements des financements est compensée par la capitalisation du résultat. C’est la concrétisation bilancielle du concept de retour sur investissement.

Mais nous pouvons avoir d’autres cas. Le fonds de roulement va se détériorer car des investissements n’ont pas été financés par des ressources longues. Ou bien la baisse est due à des pertes.

La stabilisation du fonds de roulement peut cacher des variations divergentes. Les associés retirent leurs comptes courants au rythme des résultats, ce qui est finalement tout à fait légitime. Mais vous avez aussi le contraire, les associés remettent des fonds pour compenser les pertes et l’insuffisance de résultat. Là, nous sommes face à une situation qui ne peut perdurer.

3.3.2 Le besoin en fonds de roulement

L’évolution du besoin en fonds de roulement doit être étroitement corrélée à l’activité. C’est pourquoi vous devez comparer cet élément en valeur relative.

Comment expliquer cette évolution ?

Le besoin en fonds de roulement étant les besoins créés par le cycle d’activité, non couverts par les ressources créées par l’activité, nous commencerons par regarder l’actif circulant.

Nous trouvons d’abord les stocks et encours. Le regard peut être très différent en fonction de la nature de ceux-ci. S’agit il de biens facilement négociables, de services, de produits semi-finis ? Au-delà de la valeur, ces stocks ont-ils évolués au même rythme que l’activité ? Un

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regard sur les taux de rotation va répondre à cette question. Si une meilleure gestion est toujours possible, elle a pour limite les contraintes d’approvisionnement.

Ensuite nous avons le poste clients, retraité de l’escompte. Comment évoluent les délais accordés aux clients ? Sont ils conformes aux usages du secteur d’activité de l’entreprise ? N’y a-t-il pas des impayés ?

Normalement les créances diverses doivent être marginales, mais il faut avoir une explication sur les gros montants.

Attention : Pensez à vérifier qu’il n’y a pas de comptes courants d’associés débiteurs.

Ensuite nous passons aux dettes, avec tout d’abord les dettes fournisseurs. C’est la même approche que pour les créances clients, les délais.

Puis nous avons les dettes fiscales et sociales. Là, attention, ce sont des dettes qu’il vaut mieux payer normalement. Hormis hausse des effectifs, vous ne devez pas avoir de grosses variations sur ce poste. Attention toutefois aux petits malins qui sur le dernier mois de l’exercice ne vont payer les salaires que le mois suivant pour avoir, la première fois, une ressource nouvelle au niveau du bilan. Il y en a toujours qui tente l’opération. Plus sérieusement, attention aux sorties des régimes d’aides à l’embauche, les charges patronales augmentent fortement.

Nous pouvons avoir quelques dettes hors exploitation comme des dettes sur immobilisations qui peuvent donner une ressource ponctuelle.

Quelles sont les explications que nous allons trouver ?

Vous pouvez avoir une stabilisation du besoin en fonds de roulement avec d’un coté une hausse des délais clients ou des stocks, compensée par une hausse des délais fournisseurs. Pour séduisante qu’elle paraisse de prime abord, cette situation est en fait très dangereuse. L’entreprise est à la merci de ses fournisseurs, il suffit qu’un seul prenne peur, et exige d’être payé comptant, pour que l’entreprise se retrouve en difficulté de trésorerie. La nouvelle se propageant vite, les autres fournisseurs vont avoir la même réaction. L’entreprise n’aura pas d’autre solution que de se déclarer en cessation des paiements.

Vous pouvez avoir une hausse des besoins par une réduction du crédit fournisseurs. Hormis le cas de défiance, déjà vu plus haut, ce peut être l’entreprise qui désire bénéficier d’escompte de règlement comptant. C’est un point encore facile à vérifier, vous devez retrouver des produits financiers, mais avec la réforme comptable, cette information va disparaître.

En fait vous pouvez trouver beaucoup d’explications, soyez perspicace face aux chiffres.

3.3.3 Le solde net de trésorerie

Cette masse est un solde résiduel, c’est la différence entre les deux premières masses du bilan. Il n’y a donc rien à expliquer sur le solde, ce n’est qu’un constat. Toutefois, ce qui est intéressant à regarder, c’est la composition de ce solde.

Par quoi est constituée la trésorerie active ? Y a-t-il des produits de placement ? La part de trésorerie placée est elle à la hausse ou à la baisse ? Et les concours de trésorerie, par quoi sont ils composés ? Avons-nous plutôt des produits de mobilisation de créances, de type escompte d’effets de commerce ou avance sur facture (loi Dailly), ou bien avons-nous plutôt des crédits non causés, de type découvert en compte, crédit de campagne, billet de trésorerie ? La nature du risque a-t-elle changé ?

En fait cette analyse va vous permettre de déterminer si l’entreprise maîtrise bien sa trésorerie, et si la banque travaille en confiance avec elle. Il est clair aussi que la taille de l’entreprise va jouer sur votre analyse, notamment si l’entreprise se finance directement sur le marché monétaire.

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3.3.4 Conclusion sur la structure financière

Tout comme pour les soldes intermédiaires de gestion, la conclusion est peut être la seule partie à conserver. Vous devez donc y mettre l’élément qui vous semble essentiel dans la perception que vous avez de la structure financière.

3.4 Conclusion générale sur l’entreprise analysée

Conclusion : Une fois que vous avez rédigé cette synthèse, vous devez pouvoir porter un jugement logique sur l’entreprise avec une décision relativement binaire de type oui ou non et si oui, comment ?