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Dimanche 30 septembre - Lundi 1 er octobre 2012 - 68 e année - N˚21056 - 1,60 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz I l restait une petite formalité à accomplir pour que le prési- dent Thein Sein, ancien géné- ral de l’armée birmane, pût se ren- dre dignement à New York cette semaine, hors du périmètre des Nations unies : lever l’interdiction de séjour qui pesait sur lui. Dans le cadre des sanctions décrétées par les Etats-Unis contre la dictature du Myanmar, les membres de la junte, dont Thein Sein fut le premier ministre de 2007 à 2011, étaient depuis longtemps persona non grata sur le territoire américain. Quelques jours avant l’Assemblée générale de l’ONU, l'administration Oba- ma, encouragée par celle qui fut la principale opposante du régime, Aung San Suu Kyi, a levé l’infa- mante mesure. Et c’est la tête haute que, jeudi 27 septembre, le chef de l’Etat bir- man a évoqué à la tribune de l’ONU les « changements formida- bles » qui transforment son pays. Mieux : dans ce discours retrans- mis en Birmanie, il a tenu à ren- dre hommage « aux efforts d’Aung San Suu Kyi en faveur de la démocratie ». Quel chemin remarquable ce petit homme sans charisme et la frêle mais rayonnante Prix Nobel de la paix, aujourd’hui députée, ont parcouru ensemble depuis dix-huit mois ! Le geôlier et la pri- sonnière auraient pu rester enne- mis. Au lieu de cela, l’un et l’autre, chacun avec ses armes et au mépris des risques encourus, ont méthodiquement œuvré pour ouvrir la Birmanie à la démocra- tie et au monde. Dernier acte en date de cette coopération, Aung San Suu Kyi, qui achève une tournée triompha- le aux Etats-Unis, a déclaré que le temps était venu de normaliser les relations commerciales avec son pays puisque, a-t-elle estimé, les sanctions avaient atteint leur objectif. C’était un pas important : elle n’avait jusque-là recomman- dé qu’une levée progressive des sanctions, afin de maintenir la pression sur le pouvoir. Suivant ses conseils, Hillary Clinton a annoncé elle-même à Thein Sein mercredi la levée de l’interdiction des importations de Birmanie, l’une des dernières sanc- tions économiques en vigueur. Cette décision devrait permettre au président birman de renforcer son autorité à l’égard de l’aile dure des militaires. Il s’était en tout cas senti suffisamment assu- ré pour faire libérer, une semaine plus tôt, une nouvelle vague de prisonniers politiques. La Birmanie n’est pas tirée d’af- faire. La population est misérable, la transition démocratique peut encore connaître des turbulences et le pays doit gérer de graves pro- blèmes de minorités ethniques, comme le montre la situation des Rohingyas musulmans. Mais les progrès accomplis depuis le départ du chef de la jun- te, le général Than Shwe, en mars 2011, sont suffisamment exceptionnels, à l’image des tran- sitions polonaise et sud-africaine, pour que l’on salue le courage de M me Aung San, que l’on connais- sait, et la sagesse du président Thein Sein. Pour lui désormais, il « ne peut y avoir de retour en arriè- re dans la transition politique ». Cela vaut mieux : Aung San Suu Kyi a confié au New York Times qu’elle n’excluait pas d’être candi- date à la magistrature suprême. p ENTREPRISE Le rachat d’une partie de la célèbre maison de disques britannique a été finalisé vendredi 28 septembre, pour 1,4 milliard d’euros. Page 12 A 70 ans, Jean-Pierre Vincent signe avec Dom Juan une de sesplusbellesmisesenscène, offrant à la Comédie-Française une magnifique ouverture de saison. La pièce de Molière comme le mythe, que chacun connaît à des degrés divers, retrouvent une fraîcheur, une jeunesse – et donc une acuité – réjouissantes, et bienvenues. Dom Juan y est jeune, et même juvénile, et cela change tout. Ce n’est plus le libertin d’âge mûr défiant le ciel et la société, le séduc- teur insatiable et irrésistible à la Casanova. Loïc Corbery est un « jeune premier » identifié comme tel, qui transmet parfaitement l’ab- solu de la soif de liberté du héros de Molière. p Lire page 17 ENTRETIEN Le ministre de l’économie « récuse l’austérité » et défend le « sérieux de gauche ». Page 8 Editorial Avec EMI, Universal renforce sa domination sur la musique « Déloger les narcotrafiquants et les terroristes du Mali » Que fait l’omniprésent M. Montebourg ? t Enquête sur la méthode du ministre du redressement productif Page 14 Pierre Moscovici plaide pour le « désendettement compétitif » Un Dom Juan libre-penseur au Français Grasset Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur « » LE PLUS BEAU , LE PLUS VIOLENT , LE PLUS SAUVAGE. LE PLUS INTIME , Comment l’extrême droite se banalise en Grèce Aube dorée se nourrit peu à peu de la crise de l’euro SUPPLÉMENT Télévisions Vive les applications interactives Les émissions se démultiplient avec les réseaux sociaux SUPPLÉMENT UK price £ 1,70 GÉO & POLITIQUE La Syrie, nouvelle Bosnie ? L’Occident paralysé face à cette guerre civile SUPPLÉMENT L’ouverture birmane confirmée à New York t Un entretien avec le premier ministre malien C heick Modibo Diarra, 60 ans, est, depuis le 17 avril, le premier minis- tre du gouvernementmalien de tran- sition, instauré après le retrait de la junte militaire. Il revient de New York où, en mar- ge de l’Assemblée générale des Nations unies, il a demandé à l’ONU une interven- tion militaire internationale afin de recon- quérir le nord du Mali, contrôlé depuis six mois par des groupes islamistes armés. Comment comptez-vous rétablir la sou- veraineté du Mali ? Nous avons défini une stratégie en cinq points. Il faut, dès maintenant, commencer à sécuriser les grandes villes du Mali. Il faut donc faire en sorte qu’il n’y ait pas d’infiltra- tion,nimultiplicationdecellulesdormantes. Propos recueillis par Christophe Châtelot aLire la suite page 3 M. Montebourg en visite dans la raffinerie de Petroplus, près de Rouen, le 26 septembre 2012. AGNÈS DHERBEYS POUR « LE MONDE» Le regard de Plantu Algérie 150 DA, Allemagne 2,20 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,60 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,70 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,60 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

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Page 1: 20120930_QUO

Dimanche 30 septembre - Lundi 1er octobre 2012 - 68e année - N˚21056 - 1,60 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

I l restait unepetite formalité àaccomplirpour que le prési-dent Thein Sein, anciengéné-

ral de l’arméebirmane, pût se ren-dre dignementàNewYork cettesemaine,hors dupérimètredesNationsunies: lever l’interdictionde séjour qui pesait sur lui.

Dans le cadredes sanctionsdécrétéespar les Etats-Uniscontre la dictatureduMyanmar,lesmembresde la junte, dontThein Sein fut le premierministrede 2007 à 2011, étaient depuislongtempspersonanongrata surle territoire américain.Quelquesjours avant l’Assembléegénéralede l’ONU, l'administrationOba-ma, encouragéepar celle qui fut laprincipaleopposantedu régime,AungSan SuuKyi, a levé l’infa-mantemesure.

Et c’est la têtehaute que, jeudi27septembre, le chef de l’Etat bir-mana évoquéà la tribunede

l’ONU les «changements formida-bles»qui transforment sonpays.Mieux: dans ce discours retrans-mis enBirmanie, il a tenu à ren-drehommage «aux effortsd’AungSan SuuKyi en faveur de ladémocratie».

Quel chemin remarquable cepetit hommesans charismeet lafrêlemais rayonnantePrixNobelde la paix, aujourd’hui députée,ontparcouruensembledepuisdix-huitmois ! Le geôlier et la pri-sonnièreauraient pu rester enne-

mis. Au lieude cela, l’un et l’autre,chacunavec ses armes et auméprisdes risques encourus, ontméthodiquementœuvrépourouvrir la Birmanie à la démocra-tie et aumonde.

Dernier acte endatede cette

coopération,Aung San SuuKyi,qui achèveune tournée triompha-le auxEtats-Unis, a déclaréque letempsétait venudenormaliserles relations commerciales avecsonpays puisque, a-t-elle estimé,les sanctions avaient atteint leurobjectif. C’était un pas important:elle n’avait jusque-là recomman-déqu’une levéeprogressivedessanctions, afindemaintenir lapressionsur le pouvoir.

Suivant ses conseils,HillaryClintona annoncé elle-mêmeàThein Seinmercredi la levée del’interdictiondes importationsdeBirmanie, l’unedesdernières sanc-tions économiques en vigueur.Cette décisiondevrait permettreauprésident birmande renforcersonautorité à l’égardde l’aileduredesmilitaires. Il s’était entout cas senti suffisammentassu-répour faire libérer, une semaineplus tôt, unenouvelle vaguede

prisonnierspolitiques.La Birmanien’est pas tiréed’af-

faire. La populationestmisérable,la transitiondémocratiquepeutencore connaître des turbulenceset le pays doit gérer de gravespro-blèmesdeminorités ethniques,comme lemontre la situationdesRohingyasmusulmans.

Mais les progrès accomplisdepuis le départ du chef de la jun-te, le général Than Shwe, enmars2011, sont suffisammentexceptionnels, à l’image des tran-sitionspolonaise et sud-africaine,pourque l’on salue le couragedeMmeAungSan, que l’on connais-sait, et la sagesseduprésidentThein Sein. Pour lui désormais, il«nepeut y avoir de retour en arriè-re dans la transitionpolitique».Cela vautmieux: AungSan SuuKyi a confié auNewYork Timesqu’ellen’excluait pas d’être candi-date à lamagistrature suprême. p

ENTREPRISE Le rachat d’une partie de la célèbremaisondedisques britannique a été finalisé vendredi28septembre, pour 1,4milliard d’euros.Page12

A 70 ans, Jean-Pierre Vincentsigne avecDom Juan une desesplusbellesmisesenscène,

offrant à la Comédie-Française unemagnifiqueouverture de saison. Lapièce de Molière comme le mythe,que chacun connaît à des degrésdivers, retrouvent une fraîcheur,une jeunesse – et donc une acuité –réjouissantes,etbienvenues.

Dom Juan y est jeune, etmêmejuvénile, et cela change tout. Cen’est plus le libertin d’âge mûrdéfiantlecielet lasociété, leséduc-teur insatiable et irrésistible à laCasanova. Loïc Corbery est un«jeunepremier» identifiécommetel,quitransmetparfaitementl’ab-solu de la soif de liberté du hérosdeMolière.p Lire page 17

ENTRETIEN Leministre de l’économie «récusel’austérité» et défend le «sérieux de gauche».Page8

Editorial

AvecEMI,Universalrenforcesadominationsurlamusique

«Délogerlesnarcotrafiquantset lesterroristesduMali»

Quefait l’omniprésentM.Montebourg?tEnquête sur laméthode duministre du redressement productif Page14

PierreMoscoviciplaidepourle«désendettementcompétitif»

UnDomJuanlibre-penseurauFrançais

Grasset

JérômeGarcin, LeNouvel Observateur

«

»

LEPLUSBEAU,LEPLUSVIOLENT,LEPLUSSAUVAGE.

LEPLUS INTIME,

Comment l’extrêmedroite sebanaliseenGrèce

Aubedorée se nourrit peu à peudela crise de l’euro SUPPLÉMENT

TélévisionsVive les applications interactives

Les émissions se démultiplientavec les réseaux sociaux SUPPLÉMENT

UKprice£1,70

GÉO&POLITIQUELaSyrie, nouvelleBosnie?

L’Occident paralysé face à cetteguerre civile SUPPLÉMENT

L’ouverturebirmaneconfirméeàNewYork

tUnentretien avec lepremierministremalien

C heick Modibo Diarra, 60ans, est,depuis le 17avril, le premier minis-tredugouvernementmaliendetran-

sition, instauré après le retrait de la juntemilitaire.Il revientdeNewYorkoù,enmar-ge de l’Assemblée générale des Nationsunies, il a demandé à l’ONUune interven-tionmilitaire internationaleafinderecon-quérir le nordduMali, contrôlédepuis sixmoispar desgroupes islamistes armés.

Comment comptez-vous rétablir la sou-veraineté duMali?

Nous avons défini une stratégie en cinqpoints.Ilfaut,dèsmaintenant,commenceràsécuriser les grandes villes du Mali. Il fautdonc faire ensortequ’il n’y aitpasd’infiltra-tion,nimultiplicationdecellulesdormantes.

Proposrecueillis parChristopheChâtelotaLire la suitepage3

M.Montebourg en visite dansla raffinerie de Petroplus,près de Rouen, le26septembre 2012.AGNÈS DHERBEYS POUR « LE MONDE»

LeregarddePlantu

Algérie 150 DA,Allemagne 2,20 ¤,Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,40 ¤,Belgique 1,60 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,70 £,Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,60 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 12 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS,Suisse 3,20 CHF, TOMAvion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL,USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

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Les indégivrables Xavier Gorce

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0123est édité par la Société éditrice du «Monde» SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80, boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone : deFrance 32-89(0,34¤TTC/min); de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89oupar Internet : www.lemonde.fr/abojournal

Ce n’est un secret pour person-ne, Jean-Luc Mélenchon estpassé maître dans le manie-ment des mots : de la petitephrase assassine dans lesmédias – on se souvient du

fameux «capitaine de pédalo» destiné àFrançoisHollande – auxdiscours quimar-quent les esprits – comme celui de Mar-seille, le 14avril, où il affirmait «qu’il n’y apas d’avenir pour la France sans les Arabeset lesBerbèresduMaghreb».

«IlseprendunpeupourJaurès,maisc’estpas mal», sourit Marc Blondel. L’anciensecrétaire général de Force ouvrière leconnaîtbien, luiqui a croiséM.MélenchonauPartisocialisteetquientretientdesrela-tions avec les lambertistes, dont l’anciensénateurde l’Essonneest issu.

Car au-delà de l’hommemédiatique secache un personnage difficile à cerner. «Ilfonctionne beaucoup tout seul, d’unemanière instinctive, et ne se trompe pasbeaucoup», juge M.Blondel. «Jean-Luc, cen’estpasunmecderéseaux: ilnesaitpaslesentretenir,estimepour sapart le président

du groupe écologiste du Sénat, Jean-Vin-cent Placé.C’est un chef de bande: il définitune ligne, et onyadhèreoupas.»Une criti-que récurrente qui finit par lasser au Partide gauche. «Mélenchon a un fonctionne-ment collectif et pas celui d’un chef de ban-de», répondEricCoquerel,secrétairenatio-nalduPartidegauche (PG).

«Soit onest avec lui, soit contre lui», ren-chéritpourtant ledéputésocialiste JérômeGuedj, ancien «très proche» de M.Mélen-chon,avecquicederniera romputout lienlorsqu’ilaquitté lePSen2008.«Ilauncôté“lamberto” qui le rend très organisé et uncôté philosophe qui fait de lui un intellec-tuel,ajouteM.Guedj.Etilyacettepartmédi-terranéennequi faitqu’il prend les gensparla têtemaisaussipar les tripes.»

Auxcôtésde l’anciencandidatà laprési-dentiellegraviteunepetiteéquipetrèsfidè-le dont la plupart l’ont suivi après sa sortieduPS. On y trouve sonbras droit et anciendirecteur de campagne, François Delapier-re, son conseiller spécial, Eric Coquerel, ouencoreAlexisCorbière,spécialisteduFrontnational. Dans leurs bouches, les formulessont lesmêmesque celles dudéputé euro-péen, et aucun ne se risquerait à le criti-quer,mêmeen«off».«Ilssonttrèsattentifsà leur propre parole et à ne pas sortir ducadrede lapenséedeMélenchon,estimeun

ancien proche. Il n’y a personne pour luidire quand ça ne va pas: ils sont tellementimprégnés de la même logique qu’ils ontplutôt tendanceàaggraver les choses.»

SonplussolideatoutrestelePartidegau-che, dont il est coprésident, et qui revendi-que 12000adhérents et près de 600élus.Une formation qui repose encore en bon-nepartie sur les épaulesdeM.Mélenchon.«Tout tourne autour de lui, soupire cetancienproche. Il auncôtémégaloet se voitcommelenouveauCheGuevara.»

«Il est unpeu commeBayrou, il aun egotellement fort qu’il s’organiseautourde lui-même, tacle l’ancienne ministre Verte del’environnement Dominique Voynet, quil’avait croisé dans le gouvernement Jospinlorsque M.Mélenchon était à l’enseigne-ment professionnel (2000-2002). Sinon, ilfautrenvoyerl’ascenseuretça,c’estplusdif-ficile.» L’idée est donc de renforcer le PartidegauchepourfairecontrepoidsauPCFausein du Front de gauche, né d’une allianceentre les deux partis en 2008. Problème:aucun des «petits partis» dumouvementn’a pour l’instant accepté de venir grossirles rangsde la formationdeM.Mélenchon.

La Gauche anticapitaliste, venue il y aquelquesmois duNouveau Parti anticapi-taliste (NPA), a ainsi refusé la «fusion rapi-de»aveclePartidegauche.«C’est inenvisa-geable, explique IngridHayes,membre dela direction du mouvement. L’absenceactuelle de démocratie interne fait qu’il n’yapasdepluralismeen son sein.» «Si aucuncamaradenedécidededéposeruntexte,onnevapas endéposerun fauxpourdirequ’ily a du débat au Parti de gauche», répondMartineBillard, coprésidenteduPG.

Autrereprocheadresséauparti :sonrap-portàlalaïcitéetàlaRépublique.«Unelaïci-té mal comprise et excluante», selon cer-tains, «un républicanisme étriqué», pourd’autres. La question du foulard en est unbon exemple: la simple vue d’une femmevoilée peut faire réagir M.Mélenchon.«Comme c’est non négociable, ça laisse decôtéunepartiede lagaucheradicale», jugeunecadreduFrontdegauche.

S’il n’est pas un homme de réseaux,M.Mélenchon, qui n’a pas donné suite ànos demandes d’entretien, apprécie lestête-à-tête. Il se nourrit aussi de SMS queses proches lui font parvenir «pour avoirune plus grande perception de la réalité»,selon M.Coquerel. «Il lui arrive régulière-ment de m’appeler pour me demandermon avis, indique René Revol, fondateurdu PG avec M.Mélenchon. Comme je suismaire [de Grabels, l’Hérault], il veut pren-dre lepoulsde la situation.»

Endépitde cela, certainsdes liensqu’il atissésne lui seraientpasaujourd’huid’unegrande utilité. Au PS, malgré ses trenteannéesdemilitantisme,undéputéaffirmequ’ildevientaujourd’huidifficilede«copi-

ner avec lui», et regrette «la violencede sesattaques». Idemdanslafranc-maçonnerie.S’il reste très discret sur le sujet, il avaitreconnu cet engagement dansMélenchonleplébéiendeLilianAlemagnaet StéphaneAlliès (Robert Laffont, 370 pages,20,30euros). «La franc-maçonnerie s’estembourgeoisée, estime M.Blondel, qui l’acroisé il y a quelques mois dans une réu-nionmaçonnique. Jean-Luc n’est pas reniémais ses idées fontpeur.»

Les auteurs du livre rappelaient tout demême que son appartenance à la franc-maçonnerie avait joué dans le choix de lagrande circonscriptiondu Sud-Ouest poursa candidature aux européennes de 2009.«La régionaune forte tradition radicale degauche et laïque, confirme Marie-PierreVieu,membrede l’exécutif duPCF. Sa can-didature apparaissait comme une vraieplus-value icipour fairebasculerunepartiede l’électorat socialisante.»

«Sa force, c’est son score [au premiertourde laprésidentielle, 11,10%],mêmes’ila été mal vendu, juge le socialiste JulienDray,qui avait construitavec lui laGauchesocialiste.C’est ça qui lui donne sonautori-té.»Cette force,M.Mélenchoncherche à laremettreenmouvementaveclamanifesta-tiondudimanche30septembreoùleFrontde gauche fait le pari, aux côtés d’unesoixantaine d’organisations, de mettre«plusieurs milliers de personnes» à Parispourdirenonautraité européen.

Le Front de gauche s’enorgueillit de laprésencede fédérations syndicales,mêmesansmotd’ordrenational.Pendant lacam-pagne, M.Mélenchon n’a pas ménagé sesefforts pour séduire les syndicalistes.Depuis la rentrée, pasune semainenepas-se sans une visite dans une entreprise endifficulté. Avecuneexigence: une loi pourl’amnistie des syndicalistes condamnéssous le mandat de Nicolas Sarkozy et unecontre les licenciementsboursiers.

Unestratégiequicommenceàportersesfruits. «L’entreprise, ce n’est pas l’élémentfort de Jean-Luc, estime une cadre du PCF.Ce n’est pas celui qui connaît, par exemple,lemieux laCGT,mais il est en trainde tisserdes liens.» Pendant la campagne, il n’étaitpas rare de voir desmilitants CGT arborerleurchasublesyndicaleauxréunionspubli-ques deM.Mélenchon, et ce dernier a reçuuneovation lorsd’unmeetingde lacentra-leenjanvier.«IlauncertainsuccèsàlaCGT,etenmêmetemps,ilyauneréticence,nuan-ce Claude Debons, ancien proche deM.Mélenchon et syndicaliste CGT à laretraite. Les syndicats sont pragmatiques:même si ce gouvernement de gauche estmou,c’estuninterlocuteur. Leur logiqueestde le tirer le plus loin possible sur les ques-tions sociales,pasde le faire chuter.»

C’est donc désormais sur la rue quecompteM.Mélenchonpour se faire enten-dre, non pas comme opposant, jure-t-il,maisen«ayantdroitdelavictoire»deFran-çois Hollande. L’ancien socialiste se posedéjà en recours en cas d’échec de la politi-que de celui-ci. Une différence d’apprécia-tionavec le PCF, qui estimequ’il faut inflé-chir la ligne du gouvernement le plus tôtpossible. «Si Hollande déçoit profondé-ment,lebalanciernepartirapasversMélen-chonmaisversladroite,voirel’extrêmedroi-te», juge M.Debons. «S’il avait dix ans deplus, je me permettrais de lui dire : “com-ment tuvas faire?”, souligneMarcBlondel.Là, jenepeuxpas car il fait.»

Mais le temps presse. Et M.Mélenchonle sait. «Les amis, j’ai 61ans et la révolu-tion, c’est tout de suite», glissait-il il y aquelques jours.p

RaphaëlleBesseDesmoulières

page deux

E nmoisde troisheures, tousles livresétaientpartis, par-mi lesquelsLePrince, de

Machiavel,uneéditionde 1769enitalien,huit volumesreliésenveaublond,vendue550euros, ledoubledesamiseàprix.Unouvra-gedeconnaisseur.Vendredi28septembre, l’ancienprésidentValéryGiscardd’Estaing faisaitmettreauxenchères cequ’il res-taitde labibliothèquede sonchâ-teaudeVarvasse,àChanonat (Puy-de-Dôme), sortedemiseenbou-cheavant ladispersionde tout lemobilier, samedi.

Cetteventeadéjàattirédesjournalistesdumondeentier etune fouled’acheteurset decurieux,au-delàdesespérancesducommissaire-priseur,ClaudeAguttes.«LaBBCest restée toutl’après-midi,nousavonseuBloom-berg,Canal+, France3, desarticlesdans le “FinancialTimes”, le “Ti-mes”, des journauxallemands, et,samedi soir, le journaldeClaireChazal, endirect surTF1… », dit-ild’unevoixérailléepar la fatigue.

Sous la tentedresséedans leparcde 14hectares, 300person-nesont assistéà l’adjudicationdeslivres,presquedix foisplusqu’at-tendu.Prèsde 1500promeneursontdéjàvisité l’imposantebâtissemédiévale, remaniéeaucoursdessiècles, où les403 lots àvendresontexposésdans leur jus.

Cette femme,avec sesaccroche-cœurcharmantssur le front,qui al’airdepérird’ennuidans soncadreovale etdoré ?Leportrait,dit«aucol de fourrure»,une toilede l’école françaiseduXVIIIesiè-cle,doit commencerà 1000euros.Descommodes,desgravures,desbusteset desguéridons,desmal-les etunbillard,des tapisseriesd’Aubusson,unmerveilleuxcabi-netdebois indigène,unemodeste

travailleuseenacajouplaquéetune invraisemblablequantitédefaïencedeClermont-Ferrand, toutdoitdisparaître! Leproduit totalest estiméà400000euros.

«Ça va faire un petit vide»Voilàplusd’unanque l’ancien

président,86ans, désireuxderégler sa successionetde trouverdes fondspoursonchâteaud’Es-taing,dans l’Aveyron,où le souve-nirdesonrègne (1974-1981) seraentretenudans le cadred’une fon-dation,avait fait appel àClaudeAguttes.Auvergnat lui aussi,pro-priétaired’unebelledemeuredans la région, le commissaire-priseuravaità cœurde faire laven-te surplace.«J’aurais été trop tris-teque toutpartedansdescamions.Tout lemondeconnaît cechâteauet80%desAuvergnatsont rencontréaumoinsune fois leprésident.Maispersonnen’y étaitjamaisentré.»SaufquelqueshôtesdemarquetelsHenryKissin-geretHelmutKohl, endehorsdesproches, cequi expliquepourpar-tie l’engouementdupublic.

L’ancienprésidentn’yvenaitplusguère,depuis sadéfaiteauxélectionsrégionalesde 2004,et lechâteau,achetépar sonpèreen1933, a étémis enventeen2007pour1,5milliond’euros. LemairedeChanonat, Jean-PierrePézant,69ans,degauchecommetoutsonconseilmunicipal, soupire :«Lafamilleétait làdepuisplusieursgénérations, çava faireunpetitvidedans la commune.»Diman-chesera le jourde lanostalgie.Horscatalogue,onvidera lespla-cardset l’onvendracela aussi. Ilparaîtqu’ils sontpleinsde jouets,despetits jouetsde tôlepeinte,d’unenfantnomméValéry. p

BéatriceGurrey(Chanonat, envoyée spéciale)

M.Mélenchon à l’usinePetroplus dePetit-Couronne (Seine-Maritime), le 10 septembre. C. TRIBALLEAU/AFP

La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritairedes publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN0395-2037

PRINTED IN FRANCE

Imprimerie du Monde12, rue Maurice-Gunsbourg,

94852 Ivry cedex

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

GiscardvidesesplacardsetquitteChanonat

«IlestunpeucommeBayrou,ilaunegotellementfortqu’il

s’organiseautourdelui-même»DominiqueVoynet

ancienneministre de l’environnement

IlsenourritdeSMSquesesprochesluifontparvenir«pouravoir

uneplusgrandeperceptiondelaréalité»,

ditEricCoquerel,secrétairenationalduPG

PortraitL’ancien candidat à laprésidentielle n’est pasunhommederéseaux.Mais il peut compter suruneéquipede fidèles. Et sur ses atouts :leParti degauche, dont il est coprésident, et sonbonscore aupremier tour

Jean-LucMélenchon,combiendedivisions?

0123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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international

Bamako

MALI

BÉN

IN

Tombouctou

Gao

GUINÉEBURKINAFASO

NIGER

ALGÉRIE

MAURITANIE

CÔTED ' IVOIRE GHANA

Kidal

Tessalit

Niger

300 km

Mopti

Zone hors de contrôle du pouvoir

Le premierministre du gouvernementmalien de transition, CheickModibo Diarra,vendredi 28septembre, à Paris. STEPHANE LAVOUÉ/PASCO POUR «LE MONDE»

www.boucheron.com

aaa suite de la premièrepage

Si vous regardez lemodeopératoi-re des terroristes qui occupent leNord duMali, ce sont des gens quidès que vous les contrariez, com-mettent des actes de violencesdansdes zonespeuplées.

Ladeuxièmeétape,accomplieàNewYork,estdesolliciterformelle-ment l’aide de notre organisationsous-régionale, la CommunautééconomiquedesEtatsd’Afriquedel’Ouest(Cédéao),del’Unionafricai-ne (UA), de l’Union européenne(UE)etdenosamiscommelaFran-ceet les Etats-Unis, et de transmet-tre au Conseil de sécurité notrerequête d’intervention militaireinternationale sous le chapitreVIIde la charte desNationsunies.

Une fois votée, cette résolutiondonnera une légitimité à tousceux qui veulent et qui peuventnous accompagner dans la libéra-tion du Nord. La troisième phaseconsiste, avec nos partenaires, àstructurer et à solidifier l’arméemalienne qui doit être l’élémentfondamentalde cette affaire.

Laquatrièmephaseestderecon-quérir leNord.Puis,enfin, il faudrasécuriser les régions libérées defaçon durable. Ces phases n’ontpas besoin d’être séquentielles.Elles peuvent se dérouler enmêmetemps.Quel est votre calendrier?

J’espère que les débats [sur larésolution] vont commencer auConseil de sécurité dès la semaineprochaineafinqu’ellesoitadoptéeavant la mi-octobre. Chaque jourqui passe, il y a plusd’actes de bar-barie dans leNord.Quand espérez-vous que laCédéao enverra le contingent de3300hommesqu’elle a promisde déployer auMali?

Une fois la résolution votée, onpourra immédiatement deman-der à la Cédéao de déployer destroupesquinousaideraientàsécu-riser la lignedeséparationentre leNord et le Sud. Parce qu’à cemoment-là, juste après le vote, lesbelligérants du Nord et les narco-trafiquants vont se dire : « le Maline sera jamais plus aussi faible,

bientôt des soldats vont venir ren-forcer notre armée donc si nousvoulons lui nuire, c’est le momentoù jamais».

Il faut donc que la force de laCédéaosoitprêtepourundéploie-ment presque immédiat, dèsl’adoptionde la résolution.Sur quels pays comptez-vous?

La question du Mali ne concer-ne pas seulement la Cédéao, maistoute la communauté internatio-nale. LeMali et la Cédéao jouerontun rôle-clémais il faut inviter despaysdelazone, telsquel’Algérieetla Mauritanie, dont la participa-tion est incontournable.Des amis,comme leMaroc ou le Tchad. Bref,tous ceux qui pourraient venirnous aider à contenir le problèmedansune zone restreinte en atten-dant que la communauté interna-tionale – France, Etats-Unis, Gran-de-Bretagne notamment – prépa-re sa forced’interventionpour fai-reun travail propre et rapide.LaCédéao est-elle prête?

Au regard de l’insistance aveclaquelle cette organisation nous ademandédefaireunerequêted’in-terventioninternationale, j’imagi-ne que cela veut dire qu’il existeune telle force quelque part. Maisdans un premier temps, on nepeut déployer seulement qu’untiers de cette force.Vous voulez que l’arméemalien-ne soit en première ligne, est-elle capable d’assumer ce rôle?

Depuis ledébutde la transition,l’armée se ressoude et renforce sachaîne de commandement. Elle abesoin d’être équipée et forméemais il existe déjà un noyau trèscompétent.Le présidentmalienDioncoundaTraoré a proposé de négocieravec leNord, êtes-vous d’ac-cord?

Avecquinégocier?Etpourquoine l’a-t-on pas fait jusqu’à pré-sent?Çafaitplusdehuitmoisquedure la crise et je n’ai pas vu appa-raître de solution non militaire.Des négociations feraient perdreun temps précieux. Chaque jourquipasse, les terroristesse renfor-cent, mettent en place des infras-tructuresdeplusenplus sophisti-

quées. Il ne faut pas se tromper :ce n’est pas un problème entreMaliens mais un problème avecdes terroristes, des narcotrafi-quants,despreneursd’otages,desbandits de toutes sortes. C’est

contre tout cela que la commu-nautéinternationaledoitsesoule-ver.

Ceux qui sont prêts à négocier,c’est un groupe de Maliens, peutêtre 10% de la population au

Nord, les Touareg duMouvementnational de libération de l’A-zawad. Avec eux, on peut discu-ter. Sauf que les terroristes duMujao ont complètementdéciméla branche militaire du MNLA. Il

n’enresteque lespolitiquesquisepromènent à travers lemonde.

Il ne s’agit pas de mobiliser lacommunauté internationalepour aller combattre des Maliensqui ont des revendications quecertains peuvent trouvent justi-fiées. Il s’agitdedélogerdesnarco-trafiquants et des terroristes deBoko Haram, d’Al-Qaida, duMujao, des salafistes qui mena-cent non seulement le Mali et lasous-régionmais, à terme, le restedumonde.AuSud, une partie desMaliensn’est-elle pas opposée audéploiement de troupes étrangè-res sur leur sol?

Commentdemanderàdesgensde venir nous aider sans qu’ilssoient présents sur notre territoi-re? Mais aider le Mali à libérer leNord c’est une chose, stationner àBamako qui est à 600km de laligne de séparation en est uneautre. Peut-être que les troupesqui vont aller au front vont transi-ter par Bamako. Des avions d’unecertainedimensiondevrontnéces-sairement atterrir à Bamako. Onverra.

ABamako,nousavons les effec-tifs nécessaires pour sécuriser lesinstitutions de la République.Mais nous n’en sommespas enco-re là. On polémique avant mêmede connaître la stratégie, lesmoyens et les pays qui nous aide-ront à la reconquête.p

Proposrecueillis parChristopheChâtelot

«AuMali,chaquejour,lesterroristesserenforcent»Lepremierministremalien,CheickModiboDiarra,veutune interventiondans lenorddupaysdès le feuvertde l’ONU

Pouruneinterventionfrançaisemalgrélesotages

DEPASSAGEàParis, vendredi28septembre, au retourde l’As-sembléegénéraledesNationsunies, lepremierministredugou-vernementmaliende transitionasalué le«rôlede leadership» jouépar la Francedans la recherched’unesolutionà la crisequi secoueleMali depuis ledébutde l’année.

CheickModiboDiarra s’est dit,ainsi,«vraiment très frappépar leleadershipdont leministredesaffaires étrangères, LaurentFabius, et le président FrançoisHol-landeont faitpreuveàNewYork».«Celaneme surprendpas totale-mentau regarddes relationsanciennesentrenosdeuxpays,a-t-il ajouté. Il n’empêcheque celaaétéunmoment fort devoir unmembrepermanentduConseil desécurité interveniravecautantdedéterminationet de clarté. Jemesuisdit que c’est le débutde la finpour la criseauMali.»

Selon lepremierministremalien,Paris a faitprendreconscienceauxautrespaysde«lanécessitéde s’attaquerauproblè-meàunmomentoù ils n’en sontpas encore conscients». «LeNiger,le BurkinaFasoou laCôted'Ivoiresontmenacés, constate-t-il.Mais laChine, laRussie ou l’Amérique sontplus loinduproblème.Certainspensentque ledangern’arriveraquedansdeuxou troisans et qued’ici là il pourraêtre contenudansunezoneduSahel sansdéborder…C’estuneerreur. Ledangerest beau-coupplus imminentet immédiat»,

avertitCheickModiboDiarra.Parallèlementau travail de la

diplomatie française, leMali espè-re surtoutde la Franceune inter-ventionmilitairedirecte.«Unefoisque la communauté internatio-nale sera convaincuede lanécessi-téd’agir, il faut que la France fassele premierpas», a-t-il dit.«Le jouroù la force internationale s’engage-ra, lesMirage françaispourraients’engager. Si la France le veut, sesforces spécialespourrontaussi sejoindreànos forcesarmées. Toutest ouvert», a fait valoirCheickModiboDiarra.

«Rôle de leadermondial»A ce jour, la France n’a promis

qu’une aide logistique. Paris nesouhaite pas apparaître en pre-mière ligne, embarrassé, notam-ment, par le sort des six otagesfrançais détenuspar Al-Qaida auMaghreb islamique (AQMI) aunordduMali.

«C’est unproblème très impor-tant, a admis le premierministre,mais le leadership d’une nation semesure aussi à sa capacité de nepas se faire prendre tout entier enotage. Sans oublier ses otages, laRépublique française est en traind’assumer son rôle de leadermon-dial. D’autres Etats se seraientrecroquevillés, AQMI aurait dictésa politique étrangère. Le fait quele présidentHollandeait rejetécela est remarquable et applaudipartout dans lemonde», a-t-il esti-mé.pC.C

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international

OSP - CESSATIONS DE GARANTIE

LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20JUILLET 1972 - ARTICLES 44 et 45

QBE FRANCE, sis Etoile Saint Honoré– 21 rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08( RCS Paris 414 108 708), succursale QBEInsurance (Europe) Limited, S.A. de droitanglais, au capital de GBP 500.000.000,dont le siège social est à Plantation Place,30 Fenchurch Street, London, EC3M 3BD,fait savoir qu’à sa demande, les garantiesfinancières dont bénéficiait :

M. Patrice DEBIZE23/25 Rue Jean-Jacques Rousseau

75001 PARISdepuis le 8 Juillet 2004 pour ses activitésde : TRANSACTIONS SUR IMMEUBLESET FONDS DE COMMERCE cesseront deporter effet trois jours francs après publica-tion du présent avis.Les créances éventuelles se rapportant àces opérations devront être produites dansles trois mois de cette insertion à l’adressede l’Etablissement garant sis Etoile SaintHonoré – 21 rue Balzac – 75406 PARIScedex 08. Il est précisé qu’il s’agit decréances éventuelles et que le présent avisne préjuge en rien du paiement ou du non-paiement des sommes dues.

LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20JUILLET 1972 - ARTICLES 44 et 45

QBE FRANCE, sis Etoile Saint Honoré– 21 rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08( RCS Paris 414 108 708), succursale QBEInsurance (Europe) Limited, S.A. de droitanglais, au capital de GBP 500.000.000,dont le siège social est à Plantation Place,30 Fenchurch Street, London, EC3M 3BD,fait savoir qu’à sa demande, les garantiesfinancières dont bénéficiait :

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depuis le 1er janvier 2004 pour ses activitésde : TRANSACTIONS SUR IMMEUBLESET FONDS DE COMMERCE cesserontde porter effet trois jours francs aprèspublication du présent avis. Les créanceséventuelles se rapportant à ces opérationsdevront être produites dans les trois moisde cette insertion à l’adresse de l’Etablis-sement garant sis Etoile Saint Honoré – 21rue Balzac – 75406 PARIS cedex 08. Il estprécisé qu’il s’agit de créances éventuelleset que le présent avis ne préjuge en rien dupaiement ou du non-paiement des sommesdues.

50 km

Beyrouth

DamasSYRIE

MerMéditerranée

LIBAN

Yarmouk

JalilBaalbek

Le portrait de Yasser Arafat dans le campde réfugiés palestiniensde Jalil, dans la ville de Balbeek, située dans l’est du Liban,le 28septembre. ANWAR AMRO/AFP

PékinCorrespondant

C ela faisait des semaines quePékin bruissait de spécula-tions sur l’absence de date

pour l’événement politiquechinois de l’automne : le18econgrès du Parti communistechinois, qui doit mettre en selleune nouvelle génération de diri-geants à la têteduParti etde l’Etat.

L’agence Chine nouvelle Xin-huaarompucesuspensevendredi28septembre à 18heures à Pékinen livrant, du même coup, deuxinformations retentissantes : lechoixdu8novembrepourl’ouver-ture du Congrès, qui se tient tousles cinqans, et l’exclusion de BoXilai duParti communiste.

Ces annonces concomitantessontrévélatrices:«Ilyamanifeste-ment eu un report de la date ducongrès qui était fixée à octobre, ettout porte à croire que c’était lié àBo Xilai, car ils n’arrivaient pas às’entendre sur la façon de régler leproblème», explique Michel Bon-

nin, un chercheur du CNRS basé àPékin.

Selon Chine nouvelle, l’exclu-siondeBoXilai,dontl’épouseaétécondamnéeen août pour lemeur-tre d’un consultant anglais ami dela famille en novembre2011, a étédécidée, vendredi, à une réuniondu Bureau politique, l’instance de25 sièges qui inclut les 9membresdu collectif dirigeant suprême, leComitépermanent.

Le consensus auquel est parve-nue la direction du PCC signalequeBoXilai, qui futpremiersecré-taire du parti de Chongqing etmembre du Bureau politique – ilsera déféré aux organes judiciai-res compétents – sera très lourde-ment condamné.

L’agencedepresseofficielle faitremonter ses «violations sérieusesde la disciplineduParti» au tempsoù Bo Xilai était maire de Dalian(1992), puis gouverneur du Liao-ning (2000), ainsi queministreducommerce (2004-2007), maisannoncequ’il a commis«des abusde pouvoir» et «porte une respon-

sabilitémajeure dans l’incident deWangLijun [la fuite dunumérodela police de Chongqing au consu-lat américain de Chengdu enfévrier] et l’homicide [perpétré]parGuKailai [sonépouse]».WangLijuna été condamnéàquinzeansdeprison le 24septembre.

«D’autres crimes»Enoutre, BoXilai aurait«uséde

sa position pour permettre àautruides’enrichiretareçud’énor-mespots-de-vinpourluipersonnel-lement et sa famille ». Dans unphrasé presque systématique-ment employé lors de la chutepour corruption d’ex-dirigeants,M.Bo«aeuouamaintenudesrela-tions sexuelles non appropriéesavec un certain nombre de fem-mes», indique l’agence.

Dernier élément potentiel d’ac-cusation, « l’enquête a découvertdes preuves qui suggèrent sonimplicationdansd’autrescrimes».Une référence possible à la mortde plusieurs collaborateurs deWang Lijun, une fois que celui-ci a

fait mine de tourner casaquecontre la famille Bo.

Les précédents en matière demembresduBureaupolitiquelais-sent penser que Bo Xilai sera jugéaprès le congrès : Chen Liangyu,l’ancien premier secrétaire deShanghaï,aétéexcluduParti justeavant le 17e congrès de 2007, puisjugé en 2008.

L’affaireBoXilai,auvudesaccu-sations,ajoutéeaupedigreedel’ac-cusé (c’est le fils de Bo Yibo, l’undes huit immortels de la Révolu-tion), s’annonce comme le procèsde tout un système: celui où uneélite puissante et performante –Bo Xilai, ses frères haut placésdans de grands groupes, et leursalliésenaffaires–a tiréprofit,avecdes visées politiques, de toutes lesfaillesde la gouvernance chinoise.Les réformistes sont considéréscomme les principaux bénéficiai-res de ces dérives, ce qui alimenteun débat brûlant au sein du payssur la nécessitéde réformespoliti-ques.p

BricePedroletti

LeParticommunistechinoisexclutBoXilaiSansdoute retardépar l’affaireBo, le 18econgrèsduPCCse tiendra finalement le8novembre

JohannesburgCorrespondant régional

D e qui, et quoi, Kismayosera-t-elle le tombeau? Leport du sud de la Somalie,

dernier bastion des groupes isla-mistesAl-Chabab (les jeunes), affi-liésàAl-Qaida,afiniparêtreenpar-tie investi, samedi 29septembrepar l’armée duKenya voisin aprèsvingt-quatreheures de combat.

Aprèsavoirmultiplié lesmena-cesd’y écraser les soldats kényans,les Chabab ont annoncé samedimatin s’être retirés duport de Kis-mayo, leur dernier grand fief dansle sud du pays. «Nous avons retirénos combattants (…) de Kismayo àpartir de minuit», a déclaré AliMohamud Rage, un porte-paroledes rebelles, tout enmenaçant decontre-attaquer. «Les ennemis nesontpas encore entrés dans la ville.Laissons-les entrer dans Kismayoqui se transformera vite en champdebataille», a-t-il dit.

Les troupes kényanes s’étaientmisesenroutedepuis leurfrontiè-re, à 100 kilomètres, il y a presqueunan jourpour jour. Entre-temps,elles s’étaient embourbées puisavaient été intégrées dans l’Ami-som, la force de l’Union africainecomposée jusqu’ici, pour l’essen-tiel, de troupes ougandaises etburundaises.

L’Amisom avait d’abord servide garde prétorienne aux autori-tés somaliennesde transition, évi-tant de justesse à l’été 2010 la chu-te de Villa Somalia, à Mogadiscio,

avant de reprendre la capitale, enaoût2011, avec l’appui logistiquedepaysoccidentaux,Etats-Unisentête.

Depuis 2010, les Chabab (Hara-kat al Chabab al Mujahidin), issusde la mouvance islamiste armée,et rejoints par des combattantsétrangersavantd’êtreadoubésparla direction d’Al-Qaida, ont perdudesvillesetduterrain.L’étauseres-serrait autour de Kismayo, mêmesi les différentes composantes dela galaxie chabab contrôlent enco-redeslargeszonesdusudetducen-tre de la Somalie.

L’offensive des forces arméeskényanes (KDF) sur Kismayo sepréparait depuis des semaines.Son calendrier se trouvait même

dans les journaux kényans. Danslanuitde jeudiàvendredi, l’arméeaavancévers laville sur trois axes,par l’ouest, par le nord, et par lamer.

C’est leseulélémentdesurprisede cette opération : des troupes,sans doute 2500hommes, selonune source, ont débarqué sur uneplage des environsde Kismayo. Lecontingent kényan completdéployé pour l’opération se com-poserait de 4500hommes. Comp-te tenu des risques, Nairobi a ren-forcé ses effectifs.

Le Kenya a bombardé la ville,par air et depuis lamer. Il n’est pasencore établi si lamarine kenyaneest laseule impliquéedanscestirs,ousidesnaviresoccidentauxparti-cipentaubombardement.Mais leseffetsinduitsdecetteviolence,quin’épargnepas les populations, ris-que de se faire sentir rapidement,en unissant des groupes arméssomaliens dans une alliancecontre l’envahisseur, comme celas’est déjà produit contre l’Ethio-pie. On ignore combien d’hom-mes l’armée deNairobi a déjà per-dus sur les chemins de la brousseépaisse du sud de la Somalie enapprochantdeKismayo.

Les forceskényanesnesontpasles seules à être impliquées danscette offensive. En parallèle, destroupes burundaises tententd’avancer sur la côte en directionde la ville portuairede Brava. L’ar-mée éthiopienne, qui n’est pasintégrée dans l’Amisom, maisintervient à sa guise en Somalie,opère aussi une poussée surd’autres axes terrestres pouraccentuer la pression sur Kis-mayo.

La seconde ville de Somalie estle poumon économique des Cha-bab, qui y collectent des taxes,notamment sur le charbon debois qui est fabriqué dans larégion et exporté vers la péninsu-le arabique.p

Jean-PhilippeRémy

Reportage

Baalbek (Liban)Envoyée spéciale

A li se tient debout, devant lepetit logement qu’il occupedans le camppalestiniende

Jalil, à l’entrée de Baalbek, dans laBekaa. Sa femme le supplie de nepas parler de politique. Cet étu-diant de 27 ans, originaire de Yar-mouk (leplus grand campde réfu-giés palestiniens de Syrie), dans lesud de Damas, parle avec hésita-tion, joue nerveusement avec seslunettes. Pourtant, à Yarmouk, lejeunehommen’est pas resté inac-tif.Auxnombreuxdéplacésvenusde la capitale depuis les violentscombats de juillet, ou plus tôt,d’autres régions harcelées par lerégimeet dévastéespar les affron-tements,Ali adistribuéde l’aide etouvert les écoles comme abris. Unacte politique? «Un geste de bien-faisance,undevoir. Je suisneutre»,se défend Ali, sous le regard deschats qui ont colonisé les rues deJalil.

CommeAli, plus de 1000Pales-tiniensdeSyrie,pourlaplupartori-ginaires de Yarmouk, ont gagné lecamp de Jalil – 7000habitants –depuis juillet. Lesnouveauxvenusont fui lesviolencesquiontensan-glanté Yarmouk au cours de l’été.L’endroit, où vivent quelque150000Palestiniens mais aussidesdizainesdemilliers deSyriens,estentourépardesquartiersrebel-les, théâtres de combats entreinsurgésetmilitaires. Ilaplusieursfois été bombardé par l’armée,notamment en septembre. «Ledangerestincessant,lavies’estarrê-tée, les enfants sont perturbés»,raconte Ali, qui vit à la lisière deTadamoune, l’undes fiefs rebelles.

Denombreuxhabitants de Yar-mouk se sont montrés solidaires«des Syriens qui souffrent du régi-me», selon les mots d’Ali. C’est lecas de Yassine, 42ans. Portant unefine moustache, ce commercialdans l’industrie pharmaceutiqueraconte, dans un salon aux mursdénudés, avoir accueilli des civils,maisaussides combattantsoudesmanifestantsblessésdanslesquar-tiers voisins. L’un de ses prochesamis, médecin palestinien, vientd’être relâché; il a été torturépouravoir soigné clandestinement desblessésdans le camp.

Pour Yassine, tout a basculéavec la révolte syrienne. « Jus-qu’alors, j’avais vécu dans cet idéald’un régime syrien défenseur de la

causepalestinienne.Avec la répres-sion de la révolte, ce credo s’esteffondré,sansquejerejoignel’oppo-sition. Mais je me disais, commentsoutenirunrégimequis’affichepro-palestinien mais tue son peuple?Aufond,quellesopérationsderésis-tance contre Israël a-t-il jamais lan-cé?», explique Yassine. Il estimeque «pour la majorité des Palesti-niens, lemasquedesAssad est tom-bé. Les réfugiés sont du côté de larévolte, mais en silence, car ils ontpeur pour leur avenir». Selon lui,seule une poignée de Palestiniensont pris part aux manifestationsqui ont eu lieu avant l’été à Yar-mouk. «Ce n’est qu’en juillet, aveclesbombardements,que lesPalesti-niens sont vraiment descendusdans la rue. Mais l’ampleur restelimitée», ajoute-t-il.

Danslepetitlabyrinthedesruel-les pauvres de Jalil, où l’intimitéest un luxe, Yassine est l’un desrares à s’exprimer aussi directe-

ment. Peut-être encore plus qued’autresenSyrie, lesréfugiéspales-tiniens redoutent de prendre par-ti, et de perdre ce qu’ils ont puconstruire. «Personne ne peut direqui l’emportera en Syrie. Le sangqui coule nous fait horreur. Maisparlepassé, lesPalestiniensonttou-joursperdu,quandils sesontimpli-qués sur la scènenationalede leurspays hôtes, comme au Liban»,croit Amal, l’épouse de Yassine. Lemot d’ordre, répété par les fac-tions politiques, est la prudence.« Les Palestiniens ont besoind’amis, pas d’ennemis. Laneutrali-té est notre meilleure protection»,affirmeun responsabledu FatahàJalil, selon qui personne ne veut, àYarmouk, de la présence de l’ar-méeoudesrebelles,afindepréser-ver le camp.

Le sortpeuenviabledesPalesti-niens du Liban, soumis à de sévè-res restrictions (sur l’accès à l’em-ploi, la propriété…) n’est pas pourencourager les nouveaux arri-vants à risquer d’être chassés deSyrie. «Nous y sommes parfaite-ment intégrés, les réfugiés ontmieuxvécuquedansd’autrespaysd’accueil arabes», reprend Amall’ingénieur.

Pourtant,lescraintesdesPalesti-niens de Syrie renvoient à un sta-tut peut-être moins favorable.«Nous sommes égaux avec les

Syriens,mêmesi,parexemple,nousn’avons pas le droit de vote. Maisnous restons à la merci des diri-geants. Chaque partie, oppositionourégime, instrumentaliselacausepalestinienneet réclamenotre sou-tien, juge Sleimane, 19ans, lycéen,un bandeau de poignet à la maindroite sur lequel est écrit « I lovePalestine». «Moi, j’ai participéauxmanifestationspalestiniennesprèsduGolanoccupé en 2011, et j’ai per-dutroisamis, le régimes’est jouédenous.Mêmes’il nousadonnébeau-

coupde droits par le passé, dit Slei-mane, devant un parterre d’en-fants qui font claquer des pétards.Quellesgarantiesnousoffre l’oppo-sition?LesPalestinienssontsolidai-res,surunplanhumain,etpasseule-ment à Yarmouk. Mais risquer demettre la communauté en dangerpar des opinions politiques est uneligne rouge. Pourquoi devenir unecible facile?»p

Laure Stephan

Larébellionoulerégime, l’impossiblechoixdesréfugiéspalestiniensdeSyrieLesPalestiniensducampdeYarmoukréfugiésauLibanrefusentdeprendrepartidans lacrisesyrienne

Lecontingentkényandéployépourl’opérationsecomposerait

de4500hommes

Brava

Nairobi

Mogadiscio

ÉTHIOPIE

DJ IBOUTI

SOMALIE

KENYA

YÉMEN

OCÉANINDIEN

Golfed’Aden

300 km

Kismayo

Somalie: leKenyachasseAl-ChababdelavilledeKismayoLefiefdes insurgés islamistes somaliensaétéreconquispardes troupesde l’Unionafricaine

«Lesréfugiéssontducôtédelarévolte,

maisensilence»Yassine

réfugié palestinien

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101245 - COMMUNIQUE101245 - COMMUNIQUE

En application de l’article R.211-33du livre II du code du tourisme,

L’ASSOCIATIONPROFESSIONNELLE DE

SOLIDARITE DU TOURISME(A.P.S.T.)

dont le siège est situé : 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantie à :

FRANCE ASIE CONTACTS-F.A.CImmatriculation : IM 031 12 0019

SARL au capital de 8 400 €

Siège social : 1-2 impasse AndréMarestan 31100 TOULOUSE

Succursales garanties :2 impasse Marestan Quartier

Lafouguette 31000 TOULOUSE7 bd Mendes France

77600 BUSSY SAINT-GEORGES

L’association précise que la cessationde sa garantie prend effet 3 jours sui-vant la publication de cet avis et qu’undélai de 3 mois est ouvert aux clientspour produire les créances.

101258 - COMMUNIQUE101258 - COMMUNIQUEEn application de l’article R.211-33du livre II du code du tourisme,

L’ASSOCIATIONPROFESSIONNELLE DE

SOLIDARITE DU TOURISME(A.P.S.T.)

dont le siège est situé : 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantie à :

SAKARTOURSINTERNATIONAL STI

Immatriculation : IM 075 12 0144SARL au capital de 4 440 000 euros

Siège social : 16 rue Brunel75017 PARIS

L’association précise que la ces-sation de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produire lescréances.

BerlinCorrespondant

U n an avant les prochainesélections législatives, pré-vues pour l’automne 2013,

la chancelière Angela Merkelconnaît le nom de son principaladversaire : ce sera PeerSteinbrück qui portera les cou-leurs du Parti social-démocrate(SPD).

Jusqu’à récemment, trois hom-mes faisaient figure de candidatspotentiels : Peer Steinbrück,ancien ministre des finances(2005-2009), Frank-Walter Stein-meier, président du groupe parle-mentaire au Bundestag, et SigmarGabriel, président du parti depuis2009. Ce dernier, jeune papa etjeunemarié,mais surtoutà la traî-ne dans les sondages, laissaitentendre depuis quelque tempsqu’il n’était pas prêt à sacrifier savie familiale.

Frank-WalterSteinmeier,candi-dat plus crédible bien que respon-sable de la défaite du parti en2009, a lui aussi fait savoir qu’iln’entendait pas être le challengerd’Angela Merkel. Reste donc PeerSteinbrück qui, lui, rêve d’endécoudreet sansdoutedeprendresa revanche. Ministre-présidentdepuis 2002 de la Rhénanie-duNord-Westphalie, le bastion de lasocial-démocratie allemande, ilavait étébattuen2005par laCDU.Unedéfaite qui avait précipité cel-leduchancelierGerhardSchröder,à Berlin.

Vendredi 28septembre, SigmarGabriel a mis fin au suspens enannonçant qu’il présenterait laseule candidature de PeerSteinbrück à la direction du parti,lundi 1eroctobre. La désignationdecelui-cinefaitaucundoute.Viepri-vée mise à part, Peer Steinbrückprésente un profil politique com-parable à celui, naguère, de Domi-nique Strauss-Kahnen France.

Agéde65ans, cediplôméd’éco-nomieetdesciencessocialesincar-nel’ailelaplusmodéréedesonpar-ti. Ministre des finances d’AngelaMerkel dans le cadre de la grandecoalition (CDU-SPD), il s’est enten-du avec celle-ci pour mener unepolitique de rigueur budgétaire,repousserl’âgedelaretraiteetaug-menter la TVA.

Demême,n’a-t-ilcessédedéfen-dre l’agenda 2010, les réformessocialement douloureuses lan-cées par le chancelier GerhardSchröder en 2002. Unepartie de lagauche continue-elle de contesterleur bien-fondé? Ces « camara-des» sont des «pleurnichards», aun jour grommelé PeerSteinbrück, davantage réputépour ses formules sarcastiquesque pour son sens de la diploma-tie.

Nicolas Sarkozy l’avait appris àses dépens. En 2007, le présidentde la République s’était fait verte-ment critiquer par PeerSteinbrück pour s’être invité à unEurogroupe où ne siègent que lesministres des finances. On dit quele président a demandé la tête decet impertinent à Angela Merkelqui lui aurait répondu : « Je nepeux rien faire. Réglez cela entrehommesautourd’une bière».

Au printempsdernier, pendantla campagne présidentielle enFrance, iln’avaitpashésitéàquali-fierde«naïve» lavolontéducandi-dat François Hollande de renégo-cier le pacte budgétaire.

Peer Steinbrück, très soutenupar l’ancien chancelier HelmutSchmidt, est également bien en

cour dans les milieux patronaux.D’octobre2009 à février2012, il aparticipé à près de 75conférencesqui, selon le Bundestag, lui ontassuré un revenu annexe d’aumoins 600000euros, ce qui faitgrincer des dents à la gauche duparti.

Celle-ci devrait néanmoins lesoutenir. Notamment parce que

depuis quelques jours, PeerSteinbrück pourfend les banques.La «maîtrise des banques» seral’undesthèmesmajeursdesacam-pagne. Au grand dam de la Deuts-che Bank, Peer Steinbrück veutséparer les banques de dépôts etles banquesd’investissement.

De même propose-t-il que lesbanques européennes soientcontraintes de créer un fonds desecours doté d’environ 150 à200milliards d’euros qui les aide-

rait en cas de besoin, afin d’éviterderecourirà l’argentducontribua-ble.

Un thème qui pourrait plaire àla fois à la gauchemais aussi à unepartie de l’électorat conservateur.Lorsqu’il était ministre des finan-ces, il s’enétaitprisauxparadisfis-caux, provoquant une crise diplo-matiqueavec la Suisse le jour où ila envisagé d’y «envoyer la cavale-rie».

En raison de son positionne-ment centriste, beaucoup voienten lui le possible vice-chancelierd’AngelaMerkel en cas de gouver-nement de grande coalition en2013. Si ce scénario est possible –aujourd’hui les sondages crédi-tent la CDU d’environ 38% desvoix et le SPD d’environ 26% –Peer Steinbrück a d’ores et déjàexclu cettehypothèse.

Sonobjectif est de «renverser lacoalition» que forment la CDU, laCSU bavaroise et le parti libéral(FDP) et de diriger un gouverne-ment de gauche, SPD-Verts. Maissur ce point central, malgré lesdéclarationsdes uns et des autres,touteslesoptionsresterontouver-tes jusqu’au lendemain des élec-tions.p

Frédéric Lemaître

M.Steinbrück, l’anciengrandargentier,choisiparleSPDpourdéfierMmeMerkelAunandesélectionslégislatives, lessociaux-démocratessedonnentunchefdefileréputécentriste

TbilissiEnvoyé spécial

V idéos compromettantes,écoutes sauvages, menacesthéâtrales, accusations à

l’emporte-pièce:c’estpeudirequela fin de campagne en Géorgie,avant les élections législatives du1eroctobre, a été tendue. Le paysretient son souffle. L’enjeu dépas-selasimplearithmétiqueélectora-le. Le pouvoir en place depuis la«révolution des roses» en 2003,sous l’autorité du présidentMikheïl Saakachvili, n’a jamaisfait face à une opposition aussiredoutable, aussi riche, aussimas-quée. Il joue donc sa survie. Lacoalition le Rêve géorgien, pilotépar le milliardaire Bidzina Ivani-chvili, veut mettre fin au quasi-monopole politique du Mouve-ment national uni (119 sièges sur150 dans le Parlement sortant) enle remplaçantpar le sien.

Mais pourquoi la campagnea-t-elle pris une tournure aussiélectrique?Mettonsdecôtéletem-pérament national bouillonnant.Les raisons sont internes et exter-nes. Les élites et l’ensemble de lasociétépressententquel’èreSaaka-chvili touche à sa fin. Après deuxmandats, le jeune président ne

pourra se représenter au prin-temps2013.C’est sondernier com-bat en première ligne, à moins dechanger de fonction comme sonadversaire Vladimir Poutine enRussie et de devenir chef du gou-vernement.Hypothèsepeuproba-ble.L’enjeuestd’autantplusgrandqu’en 2013 le régime géorgiendeviendra parlementaire. C’estdonc le futur dirigeant du pays

pour les années à venir qui seraaussi désigné lundi.

Deuxième raison : les deuxblocsont jouélastratégiedela ten-sion.Endénonçantdefaçoncarica-turale un «régime criminel», leRêve géorgien cherche à séduireles victimes de l’ère Saakachvili :les retraités, les fonctionnaireslicenciés, les agriculteurs délais-sés, les entrepreneurs aux prisesavecune bureaucratie jugée parti-sane, sans parler des prisonniers

(et de leursproches), plongésdansununiverscarcéralauxdérivester-rifiantes. «Cette élection est unchoix entre la liberté et un systèmeorganisé de violence», résumeIrakli Alassania, soutien clé deM.Ivanichvili, qui a rompuavec lecamp présidentiel après la guerrecontre la Russie en 2008.

Lepouvoiraégalementalimen-té la culture politique géorgienneéruptive, paranoïaque, en faisantdu scrutin un enjeu de vie ou demortpourlepays.Commel’arépé-té Mikheïl Saakachvili vendredi28septembre lors d’un gigantes-quemeetingà l’américaineau sta-de de Tbilissi, les électeursauraient à choisir entre la Géorgiemoderne et un passé sombre, oùl’autorité criminelle régnait. Lechefdel'Etatsedérobedevanttoutdébat sur la nature et les nuancesdumodèle géorgien qu’il porte, cemélange d’idéalisme libéral et dedirigismepharaonique,àcoupsdeprojets architecturaux majes-tueuxmais démesurés, comme lenouveauParlement àKoutaïssi.

Reste la dernière explication, laplus importante, de la nervositéambiante. La portée du scrutindépasse les frontières géorgien-nes : après les «révolutions ara-bes», observées avec effroi à Mos-

cou,c’est toutl’héritagedes«révo-lutions de couleur» qui se joue.L’Ukraine a baissé pavillon. Auxpromessesde la «révolutionoran-ge» a succédéunmarasmeautori-taireet larevanchedesélitesrusso-phones de l’Est. Ne reste que lepetit pays caucasien, ses 4,5mil-lions d’habitants, son territoireamputé de 20% lors de la guerred’août2008etsondirigeantimpé-tueux.

Mais l’expérience géorgiennese poursuit. Ses réformes sontsans équivalent dans tout l’espacepostsoviétique, y compris en Rus-sie. Or la marche vers l’OTAN etl’Unioneuropéennereste inaccep-tablepourleKremlin.Legrandpro-jetdeVladimirPoutineestl’avène-mentd’uneUnioneurasienne, surlemodèle de l’Union européenne,avec comme noyau la Russie, leKazakhstan et la Biélorussie.L’Ukraineest fortementdésirée, laMoldavie sous pression, le Kirghi-zistandans la salle d’attente.Restela Géorgie. «Cette élection est unmoment crucial pour la Russie,affirme Mikheïl Saakachvili. Sinous survivons, ce seraunexempleénorme pour les autres pays.Jamaispersonnene rejoindraalorsl’Union eurasienne.»p

Piotr Smolar

EnjeurégionalpourleslégislativesgéorgiennesLaGéorgieestmenacéeàsontourpar le refluxdes«révolutionsdecouleurs»

D ans le climat de guerre lar-vée qui oppose actuelle-ment l’Iran aux Etats-Unis

et à Israël, c’est une décision quisera sûrement interprétée commeunnouvelacted’hostilitéparTéhé-ran.Leretraitde l’OrganisationdesMoudjahidine du peuple iranien(OMPI), le mouvement d’opposi-tionenexil leplus radical contre lerégimeiranien,dela listeaméricai-ne des organisations terroristes aété officialisé par le départementd’Etatvendredi 28septembre.

Cette décision met fin à quin-zeansd’ostracismeauxEtats-Uniset fait suite à la décision similairedel’Unioneuropéenneen2009,etdu Royaume-Uni en 2008. Elleentérine un jugement sans précé-dent de la cour d’appel de l’Etat deWashington DC, qui avait enjointlegouvernementaméricaindesor-tir l’OMPI de cette liste avant le1eroctobre.Elleaégalementétéper-misepar le début de règlementdusort des 3400Moudjahidine dupeuple, installés dans le camp ira-kien d’Achraf, près de la frontièreiranienne, à l’époque de SaddamHusseinau côté duquel ils avaientcombattu dans les années1980 et1990. Ces combattants et leursfamilles ont déménagé, à l’excep-tion de 200 d’entre eux, pour lecamp de Liberty, à Bagdad, où ilsattendent, sous protection del’ONU et de la police irakienne, untransfert vers des pays d’accueil.La levée du label terroriste auxEtats-Unis devrait faciliter leurobtentiond’un statut de réfugié.

A Téhéran, nul doute que cettedécision fait enrager la Républi-que islamique, qui a poursuivisans relâche cette organisationislamo-marxiste, qui avait luttécontre le chah avant de retournersesarmescontrelesislamistes.Res-ponsables d’attentats importantset d’attaques meurtrières contreles responsables du régime audébutdesannées1980,lesMoudja-hidineKhalq (leurnomenpersan)ontété déciméspar les exécutionsmassives de 1988 et affaiblis parleur collaboration avec SaddamHussein, l’ennemi juré irakien.

La chute du dictateur baasisteen 2003 avait porté un rude coupaumouvement, qui a renoncé à la

violence l’année suivante. «LesMoudjahidine ne sont plus unemenace militaire et sécuritairepourlepouvoiriranien, estimeBer-nard Hourcade, directeur derecherche au CNRS et spécialistedel’Iran.Mais leurdisciplineet leurhabitude de la clandestinité leurpermettentdedisposerd’unréseaude renseignement autrement plusefficaceque lesoppositionsroyalis-teoulibérale.»Téhéranneleurpar-donne pas d’avoir révélé aumon-deentier sesactivités clandestinesd’enrichissementd’uranium.

Enpleineguerredel’ombreavecTéhéran, Israël ne cache pas sonintérêt pour cette formation d’op-position capable de faire régnerune discipline de fer parmi sesmembres, au point d’être accuséede dérive «sectaire» par des mili-tantsenrupturedeban.L’adminis-trationObama, en revanche, et lescapitales européennes, qui conti-nuent de privilégier la voie du dia-loguedanslacontroversesurlepro-grammenucléaireiranien,semon-trentplusréservées.EnFrance,uneinstruction judiciaire ouverte en2003 pour «terrorisme» s’est ter-minéeparunnon-lieuen2011.

Le Conseil national de la résis-tance, la façade politique dumou-vement, dit se battre pour «unIrannonatomique, dans lapaix, lasécurité, la démocratie et les droitsde l’homme (…) le respect des lois etdes conventions internationales»,dans lecommuniquépubliéparsaprésidenteMaryam Radjavi, pourse féliciter de la décisionaméricai-ne. L’OMPI est officiellementcontre une guerre et milite pourdes sanctions accrues.

«Toutes ces années à se battrepour en finir avec l’étiquette terro-riste, les procès, la campagne d’as-sassinatsdesmollahs,nousontfaitperdrebeaucoupdetemps», recon-naîtAfchineAlavi,porte-paroledumouvement en France.Malgré lesrevers, les Moudjahidine du peu-ple conservent une grosse capaci-té demobilisation dans la diaspo-ra, vérifiable chaque année lors derassemblements géants au Bour-get. Son influence dans le pays estplus sujette à interrogation,même si les Moudjahidine reven-diquent comme leurs les troiscondamnés àmort exécutés pourleur rôle dans les manifestationsantirégimede juin2009.

Unechoseestcertaine: lesMou-djahidine du peuple ont mis surpied un impressionnant réseaud’influence parmi les élus et déci-deurs occidentaux. Un lobby quipourrait peser en cas de guerre –oudenégociations– avec l’Iran.p

ChristopheAyad

PeerSteinbrückestdavantageréputépoursesformules

sarcastiquesquepoursonsensdeladiplomatie

L’ancienministre des finances allemand, Peer Steinbrück, à Berlin, vendredi 28septembre. THOMAS PETER/REUTERS

Lesélecteursauraientàchoisirentre

laGéorgiemoderneetunpassésombre

oùl’autoritécriminellerégnait

Cettedécisionfaitsuiteauchoixsimilairedel’Unioneuropéenneen2009etduRoyaume-Uni

en2008

WashingtonsortdesopposantsiraniensdesalistenoireLesMoudjahidinedupeupleconstituentleprincipalmouvementd’oppositionenexil

6 0123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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70123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012 planète

M aisons détruites, récoltesperdues: comme chaqueannée, des inondations

meurtrières frappent le nord del’Inde, où l’on comptabilisait deuxmillions de déplacés fin septem-bre, et le Pakistan. Face à la multi-plication des événements extrê-mes, aggravée par le réchauffe-ment, desmécanismes semettenten place pour tenter d’assurercontrelesaléasduclimatlespopu-lations les plus démunies, cellesqui, souvent, en souffrent le plus.

L’Organisation internationaledu travail (OIT) a ainsi créé, il y aquatreans, leFondspour l’innova-tion enmicro-assurance. Associéeà la fondationde la sociétéde réas-suranceMunich RE, l’OIT a publiécet étéunguide intitulé «Protégerles plus démunis : guide de lamicro-assurance».

«Les systèmes d’assurance peu-vent jouer un rôle essentiel pourréduire la vulnérabilité des pauvresface aux catastrophes climatiqueset au réchauffement global», affir-me Craig Churchill, directeur dufonds. De nombreux exemples,souvent encore en phase de lance-ment, existent dans lemonde. Surle terrain, les sociétés d’assuranceont besoin de s’associer avec desorganismes locaux demicrofinan-ces ou des organisations commu-nautaires, comme en Inde. Mais lacomplexitédessystèmes,trèsdiffé-rents d’un pays à l’autre, gêne leurdéveloppement.

Le système, pour fonctionner,doit aussi tenir compte des diffi-cultésà opérerdes relevés climati-ques précis dans des pays où lesinfrastructures sont peu dévelop-pées, ou encore à constater, sur leterrain, les dégâts engendrés parune sécheresse exceptionnelle oul’inondation d’une région. Poursimplifierlemécanisme,l’assuran-

ce repose sur le calcul d’un indice,une moyenne calculée sur lesvingt dernières années environ :vitesseduvent,pluviométrie,tem-pératures, etc. «Le versement del’assurance ne se fait pas en fonc-tion des pertes réelles mais dudépassement de cet indice, ce quirevientmoins cher quededevoir sedéplacer pour constater lesdégâts», explique Sarah Bel, quitravaillepour le Fondsde l’OIT.

Mais ce dispositif doit encoreévoluer. «Le côté négatif du systè-me, explique Craig Churchill, c’estque les agriculteurs trop éloignésd’une station météo permettantdes relevés pourraient ne pas êtreindemnisés.» A l’inverse, ceméca-

nisme fondé sur un indice peutentraîner des dérives. «Certains levoient comme une sorte de loteriepuisque des agriculteurs n’ayantrien perdu, ni récolte ni bête, peu-vent quand même toucher la pri-me», souligneM.Churchill.

Le développement des satelli-tes, lamultiplicationdepetitessta-tions météo ou l’utilisation d’ap-plicationssurlestéléphonesmobi-les aident à corriger ces défauts.Au-delà, soulignent ses promo-teurs, le système renforce l’éduca-tion à la prévention. Toucher desprimes d’assurance indexées surunindiceplutôtquesurdespertesréellesincitelesagriculteursàanti-ciper les risques. « Ils mettent enplace des stratégies d’adaptation,seformentàd’autrescultures,met-tent en place des techniques d’irri-gation, voire changent de territoi-re», expliqueMmeBel.

Reste qu’il est encore souventdifficile de convaincre les popula-tions. Au Kenya, un système d’as-surance indicielle, mené par l’In-

ternationalLivestockResearchIns-titute pour protéger les éleveursdu district de Marsabit contre lasécheresse, a souligné la difficultédeciblerunepopulationmajoritai-rement analphabète, habitantdans des régions reculées etn’ayantquasimentpasd’expérien-ce enmatière d’assurance.

Autre exemple, l’institution demicrofinance Fonkoze en Haïtiessaye, depuis 2011, d’atteindre lesplus démunis. Destiné exclusive-ment aux 50000emprunteusesdeFonkoze,desfemmespropriétai-resd’unpetit commerceetmajori-

tairement issues de zones rurales,il est censé les protéger en casd’ouragan, de tremblement de ter-re, d’inondation. «Le produit estobligatoire pour toutes les clientesqui souscrivent un prêt et la primeéquivaut à 3% du capital emprun-té»,détaille l’OIT. «En cas de catas-trophe naturelle, les clientes ontdroit au versement d’une indemni-té de 125dollars [96 euros] et à l’an-nulation de leur crédit», détailleSarah Bel. En juin2011, après lespluiestorrentiellesquisesontabat-tuessurHaïti, provoquant inonda-tions et coulées de boues, Fonkoze

a versé l’indemnité à toutes cellesqui avaient perdu leurs biens ouleur commerce.

Sur les multiples systèmes demicrocréditoud’assurancequitra-vaillent avec l’OIT, six à sept fondsparticipentà cette réflexionsur lesrisquesliésauchangementclimati-que, détaille M.Churchill. C’estencore peu. Bien sûr, l’assurancecontre les ouragans, les tempêtes,les inondationsexistedepuis long-temps. Mais elle repose la plupartdu temps sur la constatation desdégâts réels.

Les grandes sociétés de réassu-rance sont intéressées par cemar-ché, pourtant peu rentable dansunpremier temps. Pour elles, il nes’agit pas de philanthropie, maisd’un investissement. «S’adresseraux personnes à plus faibles reve-nus est intéressant, expliqueM.Churchill. Beaucoup d’entreelles formeront les classes moyen-nes de demain et seront des clientspotentiels des assurances.»p

RémiBarroux

Lepigeonniercontraceptif,unearmeantinourrisseurs

Lespluiesdemoussonont faitaumoins371mortset4,5millionsdesinistrésdepuisunmoisauPakis-tan,aannoncé leServicenationaldegestiondescatastrophesnatu-relles, vendredi28septembre.LesprovincesduSind,duBalout-chistanetduPendjabsont lesplustouchées.«Les enfants de

familles très pauvres sont parmiles plus affectés par ces gravesinondations et ont besoin de notreaide immédiate»,soulignel’Unicef.L’agenceonusienneditavoirbesoinenurgencede15,4millionsdedollars (12mil-lionsd’euros)pourvenirenaideàprèsde400000personnes.

CommentassurerlespauvrescontrelesdésastresFaceauxeffetsduréchauffement,desmécanismesinspirésde lamicrofinanceciblent lesplusvulnérables

L edouzième«pigeonniercontraceptif» de Paris a étéinauguré, vendredi 28sep-

tembre, dans le 10e arrondisse-mentde la capitale. Lamairie van-teune «méthodedouce et dura-ble»,une techniquede«secoua-ge» qui permetde stériliser lescouvées et de réduire les nuisan-ces causéespar les pigeons, touten «respectant» l’animal.

Chacunde ces abris permet-trait de limiter les couplesd’oiseauxqui s’y installent àuneseule couvéepar an, au lieude sixàhuit. Lors despontes suivantes,lesœufs sont secouésmanuelle-mentpour stopper le développe-mentdespetits,mais laissésdansle pigeonnierpourque la femellenedésertepas lenid.

Enunan, 500œufs seraientainsi éliminésdans chaquepigeonnier. Pas de quoi régulerl’espèce: il y aurait entre50000et 100000pigeonsdansla capitale, selon FabienneGibou-deaux, adjointe aumairede Parischargéedes espacesverts.Un chif-fre impossible à établir, rectifieAnne-CarolinePrévot-Julliard, duMuséumd’histoirenaturelle.

L’intérêt dupigeonnier contra-ceptif serait ailleurs: découragerles «nourrisseurs», ces Parisiensamoureuxdes volatilesquisèmentgraines etmiedepain surles trottoirs,malgré les interdic-tions. Et réduire les conflits, par-fois violents, entre les pourfen-

deursdupigeonet ses protec-teurs. «Nousne sommespas entrainde limiter la populationdespigeons. C’est unoutil de commu-nication, reconnaît FabienneGiboudeaux.Auxnourrisseurs,nous expliquonsque l’on s’occupedes pigeons.Aux riverains, nousdisonsquenous tentons de limiterles nuisances.»

Lamairie implante ces abrisdansdes lieux stratégiques: là oùses services ont repéré desnour-risseurs chroniques! L’outil decommunicationaun coût:25000euros parpigeonnier,dont le design a reçu l’aval desBâtimentsde France, et5000eurospour l’entretien, délé-guéàunprestataire. L’objectif delamunicipalité est dedoter cha-quearrondissementde cespigeonniers contraceptifs.

Le gazage, plus radicalLedispositif accueille essentiel-

lementdespigeonsbiset, quiconstituent90%de lapopulationdespigeonsparisiens. Contraire-mentauxramiersquinichentdans les arbres, cette espèce intro-duitepar l’hommeenmilieuurbainfait sonniddans lesanfrac-tuositésdesbâtiments. Pour limi-ter leurnombre, certainesvillesontoptépourdesméthodesplusradicalesde gazage.AParis, onespère«assurer la cohabitationentre les citadins et les oiseaux».p

Sophie Landrin

Ladifficulté:toucherunepopulationmajoritairementanalphabèteet

habitantdesrégionsreculées

AuPakistan, lamousson fait 4,5millions de sinistrés

InondationsSixmorts dans le sudde l’Espagneaprès des pluies diluviennesSixpersonnesaumoins sontmortes, vendredi 28septembre, enAnda-lousie et dans la régiondeMurcie, à la suite d’inondationsprovoquéespar des pluies diluviennesqui se sont abattues sur le sudde l’Espagneet ont entraînédes centaines d’évacuations. Les précipitationsviolen-tes ont laissé derrière elles des torrents debouedans les rues deplu-sieurs villages, des carcassesde voitures retournées, des routes coupées,unpont autoroutierdétruit, des rivières sorties de leur lit. – (AFP.)

SciencesLe robot Curiosity a découvert les tracesd’un ancien ruisseau surMarsLe robot américainCuriosity, surMars depuis sept semaines, a décou-vert des caillouxprovenantdu lit d’unancien ruisseau, confortant leshypothèsesd’unpasséhumide de la Planète rouge. «C’est la premièrefois que nous voyons des graviers transportéspar de l’eau surMars», aindiqué l’un des scientifiquesde lamission. – (AFP.)

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france

Entretien

A près laprésentationdupro-jet de loi de finances à l’As-semblée nationale, vendre-

di 28septembre, PierreMoscovici,le ministre de l’économie, défendla politique de «sérieux de gau-che»dubudget 2013.Pour tenir les 3%de produitintérieur brut (PIB) de déficitdès 2013, vous avez décidé unchocbudgétaire historique. N’al-lez-vous pas porter un coup degrâce à la croissance?

Les 3% sont une nécessité etmême un impératif. La droitenous a laissé une situation dégra-dée : 3millions de chômeurs,600milliards d’euros de dettepubliquedeplus en unquinquen-nat,unedettequidépasse les90%du PIB, seuil qui pénalise durable-ment la croissance, un handicapdecompétitivitéattestépar70mil-liards d’euros de déficit extérieur.Nous devons redresser le pays etses financespubliques.Au risque d’une récession?

La dette est l’ennemie de l’éco-nomie, des services publics, denotresouveraineténationale.Pier-reBérégovoyparlaitjadisdedésin-flation compétitive, je veuxparlerdedésendettementcompétitif.Uneuro de plus pour le service de ladette, c’est un euro demoins pourl’éducation,pourl’hôpitaloupourla sécurité. La réduire, c’est garan-tir des taux d’intérêt faibles.D’autres pays ont cédé au laisser-allerbudgétaire et se sont, pieds etpoings liés, retrouvés entre lesmains des marchés. Ils sont tom-bés dans la récession, ont vu leurtaux de chômage s’aggraver dansun contexte social de protestationgénéralisée.Voilàpourquoilechif-frede3%,conditiondudésendette-ment et de retour à la croissance,n’estnibiaiséni intenable.LaFran-cepeut yparvenir. Elle le doit.On vous soupçonne de chercherà vous désengager de vos obliga-tions si la croissance est infé-

rieure au0,8%prévu…Qu’il y ait des questions sur le

choix fait par les Européens sur lerythme de réduction des déficits,je peux le comprendre.Mais nousnous sommes engagés devantl’Unioneuropéenne.Maresponsa-bilité au sein du gouvernement,avec Jérôme Cahuzac [le ministredu budget], c’est de conduire unepolitique de crédibilité, de conser-ver la qualité de notre signature,pasde soulever cettequestion.Et si le commissaire européenaux affaires économiques etmonétairesOlli Rehn vousdemande encore un effort?

Il ne le fera pas ! Notre prévi-siondecroissanceestvolontariste,mais réaliste. J’ai rencontré OlliRehn à plusieurs reprises. Je lui aitoujours dit : “Je veux que tu

saches qu’on peut faire confianceà la France,maisnousdemandonsà être jugés sur les résultats et passur les moyens”. J’accepte les exi-gences européennes, je respectelesengagementsprisparlaFrance,mais je refuse que d’autres met-tent les doigts dans le moteur dusystème social français. Celui-cidoit être réformé, mais non brisé.Notre politique est sérieuse, c’estun sérieuxde gauche.Votre budget prévoit des haus-ses d’impôtmassives…

20milliardsc’est,eneffet,consi-dérable.Maisilyauraaussideséco-nomies fortes. La droite a tort dedire qu’il n’y a pas d’efforts sur lesdépenses. Par exemple à Bercy,noussupprimerons2350emplois.Mais, lescoupesbudgétairesayantun impact plus récessif que les

hausses d’impôt, nous avons faitcette année tout ce qui était possi-ble et nécessaire. Riendeplus. J’as-sumeleséconomiesréelles,jerécu-se l’austérité.10milliards de prélèvementssupplémentaires sur lesména-ges, c’est beaucoup…

Ce sont les plus aisésqui contri-buent.Nouspréservonslepouvoird’achat des classes moyennes etpopulaires. Neuf contribuablessur dix seront gagnants ou épar-gnésparnotreréformequirétablitla progressivité de l’impôt sur lerevenu.La consommation et le pouvoird’achat, c’est le problème?

Cen’estpas le seul.Maisunbud-get d’effort doit être socialementjuste et alimenter le moteur de lacroissance, donc, s’agissant desménages, la consommation. Pourles entreprises, la logique est lamême. Nous faisons contribuerdavantage les grandes entreprises,dont le taux d’imposition effectifestde10pointsinférieuràceluidesPME. Revenons à Keynes : ce quifait qu’une entreprise investit, cene sont pas uniquement ses mar-ges ou ses avantages fiscaux, c’estd’abordsesmarchés, ses clients.C’est le grand retour deKeynes!

Nous ne versons pas dans unkeynésianisme archaïque, maisnotre politique marche sur sesdeuxpieds,elleveutconforterl’of-fre et la demande. Keynes disait àjustetitreque lademandeprécèdel’offre. Notre budget préserve à lafois la consommation et la capaci-té de notre appareil productif. Lepaquet compétitivité viendraensuite, et nous en avons unevisionextensive, quine se résumepas au coûtdu travail. La compéti-tivité passe d’abord par une Euro-pe stable. L’intégration européen-ne doit progresser. Et on ne peutpas attendre pour avancer sur lasupervisionbancaire.Ya-t-il un risque de rechute?

Il faut accélérer la mise enœuvre des recommandations du

Conseil européen des 28 et 29juin.Le deuxième axe de compétitivité,c’est le financementde l’économie.La France souffre d’une insuffisan-teorientationdel’épargneversl’in-vestissement productif. La créa-tiondelaBanquepubliqued’inves-tissementy répondra. Il y aun troi-sième facteur de compétitivité,celui de la stabilité du cadre régle-mentaireet fiscal et sa simplicité.Cen’est pas ce que vous faites…

Au-delàde cette annéede réfor-mefiscale,il fautquelecadresesta-

bilise. Et pour les PME-PMI, c’estdéjà le cas.Evacuez-vous le coût du travail?

Ceproblèmeexistedansl’indus-trie,mais ilnevientpas forcémentde l’industrie elle-même. Il pro-vient aussi du coût des servicesmarchands ou de l’immobilier, etde leur répercussion sur les entre-prises industrielles. Il faut doncagir sur le foncier et définir unepolitique intelligente de réduc-tion des coûts dans les servicesmarchands. Le rapportAttali avaitplaidé en ce sens il y a quelquesannées. C’est une démarche qui ades fondements solides.Et que faites-vous sur le finance-ment de la protection sociale?

Il faut le modifier. Nous atten-dons le rapport de Louis Galloissur la compétitivité, en octobre.Un Haut Conseil pour le finance-ment de la protection sociale a étéinstallé par le premier ministre,Jean-Marc Ayrault. Je vois bien lesspéculations sur la TVA, la CSG.Mais,àcestade,aucunscénarion’aété arrêtépar le gouvernement.Vous avez bien une opinion…

Maconviction,c’estqu’ilfautfai-reensortequel’effortderéductionducoûtdu travailne soit pasopéréaudétrimentde la consommation.Il ne faut pas s’en tenir au seuldébat : coût du travail égal chocmassif sur la TVA ou la CSG. Nousdevons agir, mais éviter la brutali-té. Nous avons supprimé la TVAsociale, cen’estpaspour la rétablir.Pensez-vous, commeMme Mer-

kel, qu’il faut se lancer dans unenouvelle révision des traités?

Ce n’est pas d’actualité. La zoneeuroestentraindesortirdesacrisestructurelle. Et il faut progresserdans l’intégration avec plusieurséchellesde temps. Il ya lecourt ter-me, avec la résolution de la situa-tionenGrèce,puisenEspagne,et lasupervision bancaire. La Franceveut aller vite. Le moyen terme,c’est la taxe sur les transactionsfinancières et l’amélioration de lagouvernance de la zone euro. Etpuis, il y a leplus long terme. Jen’aipas peurdumot fédéralisme,maisje ne suis pas un Européen béat ounaïf.LesFrançaisnesontpasprêtsàconcéderdesabandonsdesouverai-neté sans avancées concrètes desolidarité. C’est pour cela que j’aiévoqué l’idéed’une assurance chô-mageeuropéenne.Ona l’impression que la fusionEADS-BAEne verra pas le jour…

Nous sommes en discussion debonnefoiavecEADS,avecnosamisallemands,avecnospartenairesbri-tanniques. Il y a des conditionsnombreuses et complexes pouraboutir: patrimoniales, industriel-les, d’indépendance, de défense,d’emploi… Elles doivent être réu-nies. La France est dans une situa-tionparticulière sur ce dossier, cel-le d’un Etat à la fois souverain etactionnaire,etquiveut le rester. p

Proposrecueillis parClaireGuélaud,

ArnaudLeparmentieretCarolineMonnot

«Lechiffrede3%n’estnibiaiséniintenable»PierreMoscovici,ministrede l’économie,assumelaréductiondudéficiten2013mais«récusel’austérité»

Le projet de loi de finances 2013

«Il fautfaireensortequel’effort

deréductionducoûtdutravailnesoitpasopéréaudétrimentdelaconsommation»

HaussedelaredevancebienvenuepourFranceTélévisions

TOUSPOLITIQUES

LA VOIXESTLIBRE

J6c8LKI83K6¾J6

DIMANCHE 30 SEPTEMBRE À 18H10

PIERRE LAURENT SECRÉTAIRE NATIONAL DU PCF ET SÉNATEUR DE PARIS

UN NOUVEAU RENDEZ-VOUS ANIMÉ PAR JEAN-FRANÇOIS ACHILLI ET LES RÉDACTIONS DU MONDE ET DE L’AFP

A SUIVRE SUR FRANCE INTER, LE MONDE.FR ET AFP.COM

BRUNO FERT POUR «LE MONDE»

CERTAINSdéputés socialistesyvoientune«heureuse surprise».Lacontributionà l’audiovisuelpublicdevraitaugmenterde 2euros,selon leprojetde loide financesprésentévendredi 28septembre.Si l’onajoute l’indexationsur l’in-flation, lahaussedevrait êtred’en-viron4,5euros. La redevances’élè-veactuellementà 125 euros.

PatrickBloche,président (PS)delacommissiondes affairescultu-rellesde l’Assembléepréconisaitplutôtuneextensionde la rede-vanceauxrésidences secondaires,qui aurait épargné les revenusmodestes. Il se réjouit toutefoisdecette légèrehausse,qui«marqueunevolontédedonneruneboufféed’oxygène»augroupepublic.

La redevancen’apas augmentéentre2002et 2009. Lorsde l’adop-

tionde la loi sur l’audiovisuel sousNicolasSarkozy, le secrétairegéné-raldugroupeUMP, Jean-FrançoisCopé, s’était opposéà toutehaus-se. Il s’était exclamédevant l’As-semblée:«Moivivant, il n’yaurajamaisd’augmentationde la rede-vance!» Lesparlementairesonttout justeobtenuune indexationsur l’inflation.

Lespartisansd’uneaugmenta-tionde la redevance fontvaloirquesonmontantenFrancerestefaible, comparéà cequ’il estdanslespaysvoisins: 175 eurosenGran-de-Bretagne,216eurosenAllema-gne,ou365eurosenSuisse…Maispour lagauche, il n’étaitpas évi-dentd’augmentercet impôt impo-pulaire.

Compte tenude la situationdif-ficile de FranceTélévisions, il fal-

lait trouverdenouvelles ressour-ces. Le groupeaudiovisuel faitface àune baissede ses recettespublicitaires (de 50millionsd’eu-ros en 2012) et vit sous lamenacede la suppressionpar Bruxellesdela taxe télécoms, censée compen-ser la suppressionde la publicitéaprès 20heures.

«Financement pérenne»RémyPflimlin, lePDGdeFrance

Télévisions, s’estprononcépourunehausseetunemodernisationde la redevance,afind’assurer«unfinancementpérenne»deFranceTélévisions. Il suggèreque, commeenAllemagne, sonmontantsoitfixésurunebasepluriannuelleparune instance indépendantequipourrait être leConseil supé-rieurde l’audiovisuel (CSA), et

ensuiteconfirmépar leParlement(LeMondedu27septembre).Desoncôté, la Société civiledesauteursmultimédias (SCAM)ademandé, le 24septembre,augou-vernementunehaussede 17eurosrépartie sur cinqans.

AFranceTélévisions, oncraintque lahaussede la redevancenesoitpasaffectéeau financementde l’audiovisuel,mais serveausou-lagementdubudgetgénéral del’Etat.Aussi, souhaite-t-onque lesdéputésprésententunamende-mentétendant la taxeauxrésiden-ces secondaires.Celle-ci rapporte-rait 150millionsd’euros, dont lesdeuxtiers iraient àFranceTélévi-sions. Legouvernementaurait faitsavoirqu’ilne s’opposeraitpas àune telle initiative.p

XavierTernisien

8 0123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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90123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012 politique

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3%,unchiffrené…enFrance,en1981

Le projet de loi de finances 2013

Petitesetgrossesficellesdubudget2013

BruxellesBureau européen

A ffirmer officiellement – etle répéter – que l’on tiendral’objectif d’un déficit public

ramené à 3% du produit intérieurbrut (PIB) dans un an.Mais prépa-rer d’ores et déjà, en coulisses, lesesprits à l’idée qu’il conviendrasans doute de se poser assez vite –au niveau européen – la questiondu calendrier du respect de cetobjectif… Voilà le pas de deux

auquel se livrent François Hollan-de et songouvernement.

Depuisdébutseptembre, lepre-mier ministre, Jean-Marc Ayrault,commePierreMoscovici, leminis-tre de l’économie et des finances,sont venus à Bruxelles martelerleur intentionde ramener les défi-cits publics sous les 3% en 2013.Après la présentationduprojet debudget, vendredi 28septembre, laCommission s’est contentée de«saluer les efforts de consolida-tion» engagéspar Paris.

Mais le message, reconnaît-ondu côté français, risque d’être«brouillé»par les appels formuléspar quelques ténors socialistesnon membres du gouvernement,dont Claude Bartolone, le prési-dentde l’Assembléenationale, quiconsidèrequecetobjectifest«inte-nable», et demande à la Commis-sion européenne de se poser laquestiond’un report.

Cette option est officiellementrejetée par l’exécutif. A ce stade,pas question pour la France de

demanderde façonunilatéraleunassouplissement de l’objectif des3%. «Nous ne pouvons pas nouspermettrelamoindreéchappéebel-le», reconnaît BernardCazeneuve,ministredéléguéauxaffaireseuro-péennes.

ABruxelles, commeàBerlin, oùles premières décisions économi-quesdeM.Hollanden’ontpastota-lement rassuré, onne veut pas fai-repreuvedesouplesseàsonégard.«Unedemandededélaiaurait tou-tes les chancesd’être refusée,car lesEuropéens attendent des gages dela France, relève-t-on à Bruxelles.L’Allemagne,puis l’Espagneet l’Ita-lie ontmultiplié les efforts, la Fran-ce est le seul des grands pays de lazone euro à ne pas avoir mené devraies réformes.»

Conscient d’être attendu autournant, le gouvernement fran-çais n’en renonce pas pour autantà tenter d’infléchir, dans uneseconde étape, la politique écono-miqueeuropéenne.Surtoutencasde récession de la zone euro en2013, que pourraient susciter lesmesures de rigueur appliquées

sous la pression de l’Allemagned’AngelaMerkel.

Le centre de réflexion Bruegel asuggéré de repousser d’un an leretouraux3%dans l’Unionmoné-taire afin de soutenir l’économie.En coulisse, les dirigeants françaisfourbissent leurs arguments afin,en cas de récession, de relancer ledébat sur le juste équilibre entrerigueuret soutienà la croissance.

«Adaptations»«C’est un vrai débat, qui ne

consiste pas seulement à remettreen cause les 3% français, affir-me-t-on dans l’entourage de Fran-çois Hollande. Le moment venu, ilfaudraposer laquestion,quandonnepourraplusêtreaccusésdelefai-re pour nous.» «L’objectif des 3%est intrinsèquement important, etnécessaire, mais, dans l’hypothèsed’une récession, on devra réfléchircollectivement à certaines adapta-tions», reconnaît-onàMatignon.

En attendant, les contacts avecles autorités européennes se sontmultipliés pour déminer le ter-rain.Débutseptembre,PierreMos-

coviciarencontréOlliRehn,lecom-missaireeuropéenauxaffaireséco-nomiques et monétaires, pour luiaffirmer que le cap des 3% serait«tenu»,et lui présenter l’hypothè-sedecroissanceretenueparlegou-vernementfrançais:0,8%en2013.

M.Rehn indiquera le 7novem-bre, lorsdelaprésentationdespré-visions d’automne de la commis-sion, si ce pronostic qualifié de«volontariste»par les Français estcrédible. Dans le cas contraire, ilpourrait demander à Paris de dur-cir encore sa politiquede rigueur.

Faceauprésidentde laCommis-sion, José Manuel Barroso,M.Ayrault a cherché, le 17septem-bre, à défendre la répartition deseffortsfrançais:deuxtiersdehaus-ses d’impôts et un tiers de réduc-tion des dépenses. Au sein de lacommission et en Allemagne, l’ac-cent est mis sur la réduction desdépenses. Et l’on recommande à laFrance de mettre en chantier lesréformes structurelles jugéesnécessaires au redressement descompteset à la compétitivité.p

PhilippeRicard

ParisespèrevoirémergerundébateuropéensurlesdéficitsEncasderécessiondans l’UE, laFranceposera laquestiondudélaid’applicationde l’objectifde3%.Bruxelles, avant tout, exigedes réformes

I l y adans toutprojetde loidefinancesunepartd’affichagequipeut confinerà lamanipu-

lation.Celuide 2013n’échappepasà la règle. Soucieuxdemon-treràquelpoint lepremierbud-getduquinquennatHollandeestvertueuxet répondà lavolontéduprésidentde taxer les riches,Bercys’estbiengardéde tenircomptedansses simulationsdumaintiendugeldubarèmedel’im-pôtsur le revenu (IR)décidéparFrançoisFillon. Il apréférécom-muniquersur le coûtpour l’Etatde ladécotemiseenplacepourenprotéger les contribuables lesplusmodestes, ceuxdesdeuxpremiè-res tranches.

Héritage sarkozysteOr,décoteoupas, lanon-

indexationdubarèmede l’IR,dont ladroite attendait initiale-mentunrendementde 3,4mil-liardsd’eurosen2013, a deseffetsmassifs. Le syndicatSolidairesfinancespubliquesavait calculéque, en2013,«si lemécanismededécoteétaitbiencalibré», 16mil-lionsde foyers fiscauxsur36mil-lionsverraient leur impôtaug-menter.Parmieuxse trouventdes classesmoyennes.Bercypeutfairevaloirquecettemesureestunhéritagesarkozyste–cequi estvrai –,mais cethéritage l’arrangebiensur leplanbudgétaire.

Unautre lièvrea été levéparl’UMP.Ladécote–dans laversionprésentéepar leministredubud-get–bénéficieraà7,4millionsdecontribuables.Solidaires finances

publiquespensaitqu’elle auraitpupermettreà20millionsdefoyers fiscauxd’échapperà lahaussede leur tauxd’imposition.Commentexpliquercehiatus?Toutsimplementpar le faitque laneutralisationdeseffetsdugelnes’appliqueraqu’auxménagesdont les revenus imposablessontinférieursouégauxà 11896eurosparpart (soit la limite supérieurede ladeuxièmetranchedubarè-me), tous les autres subiront leseffetsdudispositif Fillon. Ironiede l’histoire, ladroite, à l’originede lanon-indexation, s’enoffus-queet fait remarquerqu’ellepéna-lisera les classesmoyennes…

Leprojetde loide financescom-porteuneautrebizarrerie: ilneprésenteaucunchiffragesur leseffetsduplafonnementglobaldesnichesà 10000euros,ni sur lemaintienhorsduplafonnementglobaldesdéfiscalisationspossi-blesencasd’investissementsoutre-mer,quipermettentauxplusrichesderéduire très substan-tiellement leur impôt.Or cetteniche,dont laCourdes comptesademandéla suppression,a coûté1,3milliardà l’Etat en2010. Legou-vernementAyraultaprévude lasoumettreàunplafonnementmoinscontraignantque leplafon-nementglobal, cequi auncoût.Bercyneditpas lequel.Gageonsquecettedépense fiscale sipriséedes richesestbien supérieureaux210millionsparanattendusde lataxeà75%sur les trèshauts reve-nusd’activité…p

ClaireGuélaud

ONPENSAIT le chiffre toutdroitsortiducerveaud’untechnocratedeBruxelles.On imaginait les réu-nions interminables, lesnuits sanssommeil, et les calculs savantsnécessairespouraboutir aucritèreincontestablede3%duproduitintérieurbrut (PIB).

Cechiffrequi fixeaujourd’huil’horizondedéficitbudgétairedespaysmembresde la zoneeuro.Ce3%rigoureux,voire inatteignable,que lespopulationsd’EuropeduSudmaudissent,que leshommespolitiquesexècrentetquecertainséconomistesdénoncent.

Etvoilàque l’ondécouvrequecette inventionest… française. Pis,qu’elle relèved’uncalculdecoinde tablegribouilléen 1981dans lebureaud’unministère.GuyAbeille, ancienchargédemissionauxfinances sousGiscard,puissousMitterrand,n’estpas étrangerà cette«création». «Onnousa faitlademande,un soiravecRolanddeVillepin, le cousinde…», racon-te-t-il. Lagauchevenaitde repren-dre lepouvoiravec toutes sespro-messes. Lesvisiteursdusoir sepressaientà l’Elyséepourdeman-derci, réclamerça. Il fallait fixerune limite. «Ons’est gratté le crâneetona trouvé ça», se souvient-il.

«Ça», c’est ce chiffre rond,impairet rapportéauPIB car«tout cequi est gros semblepou-voir lui être comparé», écritM.Abeille dansunrécitpubliépar

LaTribune.fren2010.Ce ratio servi-raàdédramatiserundéficit quis’acheminevers 100milliardsdefrancs, soit environ3%duPIB.Grâ-ce à ce critère, « le chiffremassifdevintunepetitepoussière. C’estpassé commede l’eausur l’ailed’uncanard», se souvientM.Abeille.

L’hommeaconfiéànouveausonhistoire auParisien, qui l’a sur-nommé«Monsieur3%»vendredi28septembre. Le jourmêmeoù laFrance,pour ramenersondéficit àcechiffre, présentaitunpland’aus-téritéhistorique.Ense rendantaukiosqueà journauxcematin-là,M.Abeillea senti les regardsdésap-probateurs, entendu les«tout cela,c’està causedevous».«Ilne fautpas fairedemoi ceque jene suispas», sedéfend-il aujourd’hui.

«Absurde»Le chiffren’estdevenu le critère

que l’onconnaîtqu’«une fois prisdans lamachinedupouvoir»,dit-il.M.Abeillen’aurait jouéqu’unrôle secondairedans cette affaire.Pourpreuve, JacquesAttali, ancienconseillerdeFrançoisMitterrand,qui revendiqueenpartie lapaterni-tédece3%,«neconnaîtpas cemonsieur».

PourM.Attali, ce chiffrea étéretenuenFrancecar il correspon-daitpeuouprouaumontantdesinvestissementspublicsde l’épo-que.Pour réduire ledéficit sans

asphyxier l’économie, fixer la limi-te à3%duPIBsemblaitpertinent.

Puis l’Europes’enest emparéetle repritdans le traitédeMaas-tricht. Tous lespayssemblaienttendrevers ceniveau.Mêmesi leratio«estdevenuabsurde», pensel’anciensherpadeMitterrand.Etqu’ il«mélangedes chouxetdescarottes», souligneM.Abeille. p

ClaireGatinois

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239-247 rue de Belleville - 75019 ParisMétro Télégraphe

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du 1er octobre au 1er décembre 2012par autorisation préfectorale - déclaration n° 118 - Art. L1310 du Code du Commerce - Décret n° 2005-39 du 18-12-2005

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politique

I l y a trois mois, sonné par sadéfaite lors des législatives àPau, qui s’est ajoutée à son sco-

re médiocre à l’élection présiden-tielle (9,1%), François Bayrou s’ac-crochait à cette certitude : «Unhomme politique d’une certainenotoriété, pourvu qu’il s’en donnela peine, ne meurt jamais.» Aprèsun été loin des médias, passé enallers et retours entre son Béarnnatal et Paris, M.Bayrou se remetdonc à l’ouvrage.

Alors que doivent se tenir lesuniversitésderentréedesonmou-vement, de vendredi28 à diman-che30septembre,àGuidel (Morbi-han), le présidentduMoDemdon-ne ànouveaude la voix. Sans bou-ger d’un iota sa ligne politique, endépit de ses revers électoraux. Aquelquesjoursdurendez-vousbre-ton, au siège du parti – où les cou-rants d’airs ont remplacé les trou-pesaffairéesdelacampagneprési-dentielle– il n’endémordpas, per-suadé d’être le seul à avoir dit la

«vérité» pendant la campagne, etne voulant croire qu’on ne lui enferapas crédit : «Pourquoi nenousa-t-on pas dit la vérité et qui l’adite? Ce sera le cadre qui va être àl’esprit de tous les Français.»

Le 24 septembre, M.Bayrou asurpris, jusque parmi ses amis, entendant la main à Jean-Louis Bor-loo, qui vient de fédérer toutes leschapelles du centre droit (Partiradical, Nouveau Centre, Alliancecentriste…)dansl’Uniondesdémo-crates et indépendants (UDI), lais-

sant le président du MoDem plusseul que jamais. «J’ai toujours étéunmilitantde l’unitéducentrequiest laconditionindispensablepourque le centre existedans la vie poli-tique française, a-t-il expliqué.Alors, jedis à Jean-LouisBorloo: “sic’est vraiment l’unité qui est le butàatteindre, faisons-laensemble”.»Maislaportesembles’êtredéjàfer-mée, aussi vite qu’elle s’étaitouverte.

En guise de réponse, M.Borloos’est dit prêt à s’allier à tous ceuxqui veulent suivre à ses côtés une«ligne politique claire» de «coali-tion du centre et de la droite répu-blicaine». Une condition inaccep-table pour M.Bayrou, farouche-ment attaché à son «indépendan-ce»vis-à-visde l’UMP,endépitdesrevers électoraux: «Prétendre quela seule vocation du centre estd’êtreunsupplétifde ladroite, c’esttrop court», explique-t-il, affir-mant qu’il ne reviendra « jamais»sur ce postulat.

Vers quel horizon, alors, regar-deM.Bayrou?«Il penseque le pur-gatoire va trouver un terme, unjour. Pour lui, la majorité actuellen’est pas conforme à la politiquequidoitêtremenéeetFrançoisHol-landedevra,àunmoment, lachan-ger», explique un ami. Dans sonbureau, M.Bayrou montre unephotocopie d’un article du toutpremier exemplaire de ParisMatch,datédu25mars1949,consa-cré au général deGaulle, pour s’enamuser. «Regardez, l’article ditqu’il est seul, sansunsou,qu’iln’yaplus personne avec lui…» Et déve-loppe les raisonsd’espérer.

«On dit que François Hollandene fait rien, mais ce n’est pas vrai.Lebudgetprévoit10milliardsd’éco-nomies sur les dépenses publiqueset 20milliards d’impôts en plus, cequiestuneffort inédit»,constatelechantre de la réduction des défi-cits publics, dont il avait fait son

marqueurdès 2007.«Cela fait cin-quanteansque lePSvit sur l’idéolo-gie de la dépense publique. Ils sonten train de faire leur Bad Godes-berg, leurpassageàlasocial-démo-cratie», affirme-t-il. Et d’ajouter :«C’estunechosede le faire. C’enestune autre de l’assumer. Est-ce queFrançois Hollande va aller jus-qu’au bout? C’est une question surlui-même.Onneparlepasdepoliti-que mais d’Histoire. Quelquefois,les gens sont à la hauteur de l’His-toire, parfois non.»

M.Bayrou se dit convaincu quela majorité actuelle, bancale, nepeutmener lapolitiquederigueurqu’exigent les temps de crise. Luicontinue d’appeler de ses vœuxune coalition qui partirait du cen-tre gauche pour arriver au centredroit. «D’un côté, il y a un effortsans précédent, de l’autre, onannonce le recrutementde 40000professeurs. C’est incohérent»,assure-t-il, estimant que le tempsde la «clarification» arrivera.

Il voit dans la décision du partiécologiste de ne pas soutenir letraité européen la preuve qui vali-de sa démonstration. «Il n’y a pasune gauche, mais des gauches. Laquestion n’est pas de savoir s’il y aune fracture, mais où elle passe. Je

pense qu’elle passera au sein duPS », prédit-il, en citant JulesRomains : «L’événement est surnous, il a le poil et le pas d’une bêtequaternaire, sous ses plantes épa-tées, il écrase pas à pas…»

En attendant l’heure de l’hypo-thétique clarification, les amis deM.Bayrou se désolent. Les caissessont vides, lesmilitants désertent,

dans des proportions invérifia-bles. Certains ont poussé le prési-dentduMoDemà louerunepartiedu siègede la rue de l’Université, àParis, ce qu’il a refusé toutnet.

Son vote pour M.Hollande ausecond tour de la présidentielle,sans aucune négociation préala-ble, a consterné l’aile gauche deson parti, désireuse de s’arrimer àl’actuelle majorité : ceux qui, telsJean-Luc Bennahmias ou RobertRochefort, tous deux vice-prési-

dents du MoDem, espéraient unposte de ministre, ou ceux quidésiraient un accord électoralavec le PS pour se faire élire à l’As-semblée nationale sont restés enplan.M.Bennahmias vient de lan-cer sa propre structure, Démocra-tes dans la majorité présidentiel-le, pour avancer dans cette direc-tion.

Le vote en faveur deM.Hollan-dedeM.Bayrouaaussi confirméàl’ailedroitedupartique,peut-être,le temps d’aller voir ailleurs étaitvenu. Jean-MarieVanlerenberghe,autre vice-président, était présentau lancement de l’UDI de M.Bor-loo, et pousse le président duMoDemà faire unpas àdroite: «Agauche, la porte est fermée et elles’est même claquée sur le nez deFrançoisBayrou.»

Eric Azière, l’ancien «M.Elec-tions» du MoDem, a changé deboutique. «On a perdu l’hommedes fichiers. Au niveau des prési-dents de fédération, beaucoup lesuivent», se lamenteunautrediri-geant, qui poursuit : «Les départsse font discrètement, sans clash,car au fond personne ne veut fairede peine à François. » PourM.Azière, le lancement de l’UDIsigne « la fin de l’aventure du

MoDem». «Le centre qui ne s’allieavecpersonneestvouéà ladispari-tion. On ne peut pas avoir raisonseul contre tous», cingle-t-il. «Il vafalloir parler de nous à la manièred’Audiard, on ne peut plus se pren-dre au sérieux», déprime un diri-geant duMoDem.

M.Bayrou, lui, reste droit dansses bottes, certain que sa voixcontinuera de porter. «Pourquoiêtes-vous là? demande-t-il. Parceque vous croyez que j’ai quelquechoseàdire.Parcequ’iln’yapastel-lement d’hommes politiques quiont cette vision et cette capacité àprendre des risques. Tout cela nechangerapas.»

Et d’ajouter : «La question estsimple: êtes-vousprêt à renonceràce que vous croyez pour des succèsélectoraux? C’est une question quines’adressepasàunhommepoliti-quemaisàunhomme.Pourmoi, laréponse est non.» Un ami consta-te : «François à un orgueil telle-ment important qu’il passe avantles obligations de la politique quesont les compromis, la négocia-tion.» «L’orgueil est un sentimentnoble», répondM.Bayrou, fidèle àlui-même.p

Pierre Jaxel-Truer etAbelMestre

T rop àdroite oupas assezcompétents? Le remplace-mentpar leministrede

l’éducation,Vincent Peillon, decinq recteurs, en conseil desministres, vendredi 28septem-bre, a ouvert le traditionneldébatsur les nominationsd’après alter-nance.

Unedes victimesde cepre-mier jeude chaisesmusicales,RolandDebbasch, lit sonévictioncommeun «procèsd’intentionpolitique».Dansunmessage auxpersonnelsde l’académiede Lyonqu’il dirigeait depuis 2007, l’ex-recteur estimeque «c’est la pre-mière fois depuis l’épurationconsécutiveà la libérationde laFrance, en 1944, qu’un recteurdel’académiede Lyonest relevé deses fonctionsà la suite d’un chan-gementdegouvernement». «Lepremier critère pourmoi cen’estjamais la couleurpolitique, c’estla loyauté à l’égard de l’Etat etc’est la compétence», lui a répon-duVincent Peillon, par agencedepresse interposée.Dont acte.

Les rectrices dePoitiers (Marti-neDaoust) et de Lille (Marie-Jean-nePhilippe), elles aussi remer-ciées, avaient de leur côté tentédedevancer ce queVincentPeillonqualifie de «mouvementnaturel». Elles pensaient éviterd’être évincées en envoyantunelettrede démission. Pratique rarechez ces grands serviteurs de

l’Etat et qualifiéede «peu républi-caine»par leministre. L’ex-rec-teurde Paris, PatrickGérard, quiafficheunparcourspolitiqueàdroite, avait lui été plushabile endemandantà êtredémis de sesfonctionsdès juillet.

«Universitaires reconnus»Plus que ce rififi, c’est la politi-

sationde la fonctionde recteur,ces bras droits duministre surles territoires, qui fait débat àchaque changement demajorité.De ce point de vue, VincentPeillon a joué petit en choisis-sant «seulement» cinq têtes nou-velles. En 1981, à l’arrivée de lagaucheà l’Elysée, le premiermouvementde recteurs a eu lieudès le 5août et 13 personnesontété nommées à la fois. En 2002,avec l’arrivée deNicolas Sarkozy,14 des 30 académiesavaient chan-gé de patron en décembre. Qua-torze recteurs avaient égalementété renouvelés par François Bay-rou en 1993 et ClaudeAllègre en2000, huitmois après leur arri-vée.

Vincent Peillon affirmequeson choix s’est porté «sur des uni-versitaires reconnus dans leur dis-cipline», comme il l’expliquaitrécemment. La nomination àParis de FrançoisWeil, ex-direc-teur de l’Ecole des hautes étudesen sciences sociales (EHESS), enjuillet, a donné le ton. Trois scien-

tifiques ont été nommésvendre-di : Ali Saïb, au rectorat de Caen,JacquesMoret, à Poitiers, et LucJohann, à Limoges. Deux littérai-res, femmes, complètent la liste:l’hispanisante FrançoiseMoulinau rectorat de Lyon et BéatriceGille àNancy-Metz. La nomina-

tion de cette énarque agrégée delettres classiques a été renduepossible grâce au décret du29juillet 2010 qui permet auxpostulants de se dispenser d’undoctorat. Seuls deux recteurs enposte sont dans ce cas. p

MarylineBaumard

PremièrevalsedesrecteurspourleministrePeillon

LES RETOURSDU DIMANCHEAgnès Chauveau et Nicolas Truong

En partenariat avec

franceculture.fr

La politique pénale est-elle le dernier sujetclivant entre la droite et la gauche ?

18h10 - 19h/dimanche 30 septembre

«Iln’yapastellementd’hommespolitiquesquiontcettevisionetcettecapacitéà

prendredesrisques»François Bayrou

Plusisoléquejamais,FrançoisBayroucroittoujoursensondestinhistoriqueSelon leprésidentduMoDem, lamajoritéestbancaleet connaîtraune«clarification»

M.Bayrouseditconvaincuque

lamajoritéactuellenepeutmenerla

politiquederigueurqu’exigelacrise

François Bayrou lors de l’université de rentrée duMoDemàGuidel (Morbihan), vendredi 28septembre. FRED TANNEAU/AFP

10 0123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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MarseilleCorrespondant

J ean-Claude Gaudin est dansune colère noire. «Marseillen’est pas en état de siège. C’est

unevilleoùontravaille,unevilleoùon se promène, où la police va par-tout.Laparademédiatiquedoits’ar-rêter!»Le sénateur (UMP)desBou-ches-du-Rhôneetmairedelasecon-de ville de France est excédé alorsque Marseille est aux prises avecunenouvellepousséedefièvrepro-voquée par l’intervention, jeudisoir 27 septembre, d’un grouped’habitantspourdélogeruncampe-ment de Roms, dans les quartiersnordde la ville.

L’emballement a été tel que lapréfecture et les autorités policiè-res et judiciaires ont multiplié lesefforts, toute la journée de vendre-di,pourrameneràdejustespropor-tionslesincidentsdelacitédesCré-neaux(15earrondissement),présen-tés par certains comme une flam-bée de colère d’habitants ulcéréschassant et incendiant un campe-ment Rom. «On essaie de reconsti-tuer ce qui s’est passé, indique Jac-quesDallest, procureurde laRépu-blique. Il ne faut pas jeter de l’huilesur lefeu, fairecroirequ’ilyaeuuneexpéditionpunitivealorsqu’enl’ab-sence de plainte et de victimes, leseul constat est pour l’instant celuid’unincendiededéchetsetd’encom-brants sur 5m².»

La version d’une sorte de raton-nade anti-Roms est égalementcontestée par Rachid (qui a requisl’anonymat), l’unique et dernierlocataire du dernier immeuble dehuit étagesde la cité desCréneaux.Trois autres bâtimentsontdéjà étédémolis dans le cadre d’un projetde rénovationurbaine. Son reloge-mentainsiqueceluidesesdeuxfrè-reshandicapésdevraitsefairedansles prochains jours; ensuite l’im-meuble sera à son tour rasé. C’estsur ce terrain vague que Rachidassiste,àpartirdedimanche23sep-tembre,à l’installationdequaranteadultes roms et quinze enfants,venusdanshuit caravaneset treizevéhicules. Les plaintes au commis-sariat, les alertes du bailleur social,les interventions auprès de lamai-

rie des 15e et 16earrondissementsrestent lettre morte aux yeux desriverains alors que, selon la préfec-ture, lapoliceeffectuedespassagesréguliers. Un groupe d’évaluationdevaitserendreauxCréneaux,ven-dredi.

Evoquant des cambriolages,Rachid et «cinq ou six personnes»sont allés à la rencontredes Roms:«Voilà, il y a eu des effractions, ouvous restez tranquilles ou vousdégagez, y a deux solutions, pastrois», leur auraient-ilsdit en subs-tance. Le dernier locataire des Cré-neauxprendsoindepréciser: «Onn’a rien contre eux. Ils n’ont mêmepas le RSA et il faut bien qu’ilsvivent.» Jeudi soir, après lanouvel-le démarche demères de famille àla mairie de secteur, Rachid «faitappel à [ses] amis, des anciens desCréneauxquihabitentàcôté».«Ona fait une réunion à une vingtaine.On a dit : pas de violences, pas d’in-sultes, juste on leur parle, on ne lestouchepas.De lapédagogieet de ladiplomatie.» Selonunéquipagedepoliciersprésent, ledialogueauraittourné aux invectives de la part de

jeunes gens. Les Roms auraientdonc choisi de s’en aller, une foisleursaffairesrassemblées.«Ils sontpartis tranquillement, les policiersnous ont dit : “Franchement cha-peau, vous avez fait du beau tra-vail !”»Cen’estqu’unedemi-heureaprès leur départ que les habitantsauraient mis le feu à des objetsabandonnés.Uneenquête judiciai-re pour dégradations par incendieaété ouverte.

Dans un communiqué, HuguesParant, préfet de région, préciseque «cette affaire fait suite à desfaitsrécurrentsd’agressionoud’op-position entre les riverains et lesoccupants de campements illicites,démontrant l’irritationdespopula-

tionsriveraines».SamiaGhali,séna-tricePSetmairedes 15e et 16earron-dissementsconfirmeque«lasitua-tion est tendue» et que « les genssont à cran». L’été dernier, l’élueassure avoir désamorcé un conflitconsécutif à l’installation de Romssur un stade. « Les jeunes medisaient : si on peut pas jouer aufoot, on les tue!»

MmeGhali qui en avait appelé,début septembre, à l’interventionde l’armée à l’entrée de cités pourendiguerlestraficsdedrogue,afaitl’objet de vives critiques de la partdeJean-ClaudeGaudin.«Quandonfaitdesdéclarationsinsensées,ahu-rissantes, a dit le maire de Mar-seille, les gens se croient autorisés àtout régler eux-mêmes mais on nepeut pas laisser se constituer desmilices. Ce n’est pas acceptable.»M.Gaudin appelle « la police et lajustice à être plus efficaces» quandMmeGhalirétorqueque«M.Gaudinn’a rien à faire des Roms qui sontdans les quartiers nord». 1 500Roms vivraient à Marseille dansdes squatset des campements. p

Luc Leroux

Immigration

ManuelVallsassouplitparcirculairelescritèresdenaturalisationLeministrede l’intérieur a annoncé, vendredi 28septembre, la transmis-sionauxpréfets «dans les jours qui viennent»d’une circulaire assouplis-sant les critères denaturalisation.«Il est importantd’affirmerune volon-té forte d’intégrationpar la naturalisation. Il ne faut pas avoir peur deces nouveauxFrançais qui sont une forcepour la République», a déclaréManuelValls, né àBarceloneet naturalisé Français à 20 ans. Le question-naire à choixmultiples sur «l’histoire, la culture et la société française»imposépar la droite sera supprimé. Toutefois,«la connaissancede lalangue française et l’adhésionaux valeurs»de la République resterontdes critères comme les annéesdeprésence sur le territoire,« la stabilitéfamiliale» et l’emploi. La circulaire supprimera l’obligationdedétenirunCDIpour donner la nationalité à des étudiantsméritants oudesétrangers travaillantdemanière régulière enCDDou en intérim. Lesinfractions à la législation sur les étrangers vieilles de plusieurs annéesne seront plusdesmotifs de refus, a encore ditM.Valls, selonqui «touteune série d’entravespernicieuses» a fait chuterde 30%entre2010 et2011 lenombredenaturalisations. En 2010, environ 120000personnesont acquis la nationalité française,mais unepartie demanière automa-tique à l’âge de 18 ans. – (AFP.) p

Justice

ChristianeTaubiraveutatteindre63000placesdeprisonencinqansLaministre de la justice, ChristianeTaubira, a annoncé, vendredi 28sep-tembre, avoir pourobjectif d’atteindre63000places deprisond’icicinqans, contre environ57400actuellement.Unprojet de loi voté parla droite en févrierenprévoyait 80000. Le choix des nouvellesconstructions se fera après l’examendes projets laisséspar lamajoritésortante, dont certains «n’étaient pas correctementproportionnés (…) etsurtout pas financés», a déclaré laministre.Le tauxde surpopulationcarcérale crée«des conditionsde travail extrê-mementdifficiles»dansdenombreuxétablissementset limite«les capa-citésd’accompagnementetdepréparationà l’insertion»desdétenus,contribuantà aggraver la récidive, a affirméMmeTaubira. Selon l’adminis-trationpénitentiaire, il y avait 57385placesdeprisonpour66126déte-nusau 1erseptembre, soitun tauxd’occupationde 115,2%. Laministre, quiveutdévelopper les aménagementsdepeine, crée 120postespour l’appli-cationdespeinesdans le budget 2013 (80 jugeset 40greffiers). – (AFP.) p

SantéUnnouveau test de diagnostic de la trisomie 21à l’essai en FranceUnnouveau test dediagnostic prénatal de la trisomie 21 à travers lesangmaternel est actuellement à l’essai enFrance, a annoncé, vendredi28septembre, l’Agencede biomédecine. Cette techniqueest plus sûrepour le fœtusque l’amniocentèse, qui peutprovoquerdes fausses cou-ches,mais plus chère (1500 euros contre 500). Ce test ne remplacerapas l’échographie et la prise de sang commepremiers outils de dépista-ge de la trisomie 21,mais pourrait représenterune alternativeà l’amnio-centèse, pratiquée si le risque est considéré commeélevé. – (AFP.)

ÉducationUne enseignante légèrement blessée à coupsde couteau par un étudiantUnétudiant d’un IUTdeVilleneuved’Ascq (Nord), soignépourdes trou-blespsychiatriques, a porté trois coupsde couteauaubras et à l’épauled’uneenseignantependant son cours, sans raisonapparente, vendredi28septembre. L’état de l’enseignanteest «satisfaisant», selon lessecours.– (AFP.)

«Ilssontpartistranquillement, les

policiersnousontdit:“Chapeau,vousavezfaitdubeautravail!”»

Unhabitant de la citédesCréneaux

société

C ’étaitune familled’apparen-ce rangée, qui vivait dansdes HLM de Lille et de Ron-

chin, dans la banlieue de la ville.Derrière la façade, un réseau decambrioleurs agissant dans toutel’Europe. Seize personnes ont étéinterpellées, mardi 25septembre,dans la région lilloise, mais aussien Seine-Saint-Denis, en Belgiqueet enAllemagne.ALille, onzed’en-tre elles ont été mises en examendont huit placées sousmandat dedépôt, vendredi 28septembre, àl’issuedeleurgardeàvue.Lesquali-fications pénales : vols, recels devols et traite des êtres humains enbandeorganisée.

L’information judiciaire avaitétéouverteenjanvier,aprèsl’iden-tification par les gendarmes dedeux jeunes filles d’une vingtained’années. Elles sont soupçonnéesd’être impliquées dans les cam-briolages qui se multiplient dansla région. Les voleurs se concen-trent sur les bijoux, l’or, l’argentliquide. L’enquête, menée par lasectionde recherchesdeLille, sousla direction d’un magistrat de lajuridictioninterrégionalespéciali-sée, et avec le soutien de l’Officecentral de lutte contre la délin-quance itinérante (OCLDI), se diri-ge très rapidement vers une

famille tzigane de la région, issuede Serbie et installée depuis quel-ques années en France.

Douzekilos en or saisisCe sont eux qui recrutent et

hébergent les cambrioleuses. Lesjeunes femmes sont «achetées» àleurs pères au pays, mariées à unmembre de la famille, puis misessur le terrain. Au fil des investiga-tions, les gendarmes découvrentun«véritablemercato»decambrio-leurs, un phénomène typique del’ex-Yougoslavie, selon l’un d’eux.Enfonctiondeleurstalents,cesjeu-nes peuvent être vendus entre20000et 100000 euros. Et quand

ils se font remarquerdansunpays,ils sont «mis en sommeil» dansunautreEtat européen.

«L’aspect clanique, familial clas-sique, rejoint l’aspect criminel»,expliqueunenquêteur.Lesgendar-mes décrivent une famille «vivantet travaillant en grande partie enautarcie communautaire», allantjusqu’à parler de «bulle herméti-que». Certainsont des antécédentsjudiciaires, l’un d’eux est connupourpratiquerle«rip-deal»,escro-querie pratiquée lors de l’achatd’unbien immobilieroud’unevoi-ture.

L’organisation est efficace, etcommetsesdélitsdansleNord-Pas-

de-Calais, sur tout l’arc atlantique,et jusqu’enEspagne,à l’occasiondevacances d’été bien rentabilisées.Dèsqu’unezoneest ratisséepar lesjeunes cambrioleuses, le butin estenvoyé chez les receleurs. Puis l’ar-gent obtenu est très rapidementblanchi, notamment dans l’immo-bilier. Lors des interpellations, unequinzainedevéhicules, souventdegrossesberlines allemandes, et desterrains à bâtir dans la banlieue lil-loiseont été saisis. La famille a éga-lementinvestidanslapierreenSer-bie. Tout a été payé en liquide.14000 euros, que les suspectsn’ont probablement pas eu letempsd’écouler,ontégalementétédécouverts lorsdesperquisitions.

Motifde satisfactionparticulier,les gendarmes sont parvenus jus-qu’au bout de la chaîne avec l’aidedelapolicebelge.Unreceleurd’An-versquiavait«pignonsur rue» faitpartiedesmisenexamen.Sonnométait déjà apparu dans d’autresaffaires de réseaux criminels.Conséquencedirecte, lessaisiesontété particulièrement riches : desmilliersdebijoux–plusde 12kgenor –, 200 montres de luxe, de lamaroquinerie, des vêtements demarques…etmêmequelquesman-teauxdevison. p

LaurentBorredon

PolémiqueàMarseilleaprèsl’évacuationd’uncamprompardeshabitantsSelon lasénatricePSSamiaGhali, «lesgenssontàcran».Lemaire,M.Gaudin, l’accusededramatiser

Selon ledernier bulletinde l’Ob-servatoirenational de la délin-quanceet de la réponsepénale(ONDRP), paru vendredi 28sep-tembre, les cambriolagesde rési-dencesprincipales ont augmen-téde9,1%sur les douzederniersmois, alors que les cambriolagesde locaux industriels et commer-ciauxet les vols de véhiculescontinuent leurbaisse. Les cam-briolages sont en très forte haus-sedepuis 2010, engrandepartieen raisonducoursde l’or,même

si un ralentissement commenceàse faire sentir. Les violencesphysiquescrapuleuses, elles,sont stables (–0,7%). Le 13sep-tembre,BriceHortefeux, ancienministrede l’intérieur, avaitdénoncé«une explosion»desatteintesà l’intégrité physique.En réalité, ce sont les violencesdites«non crapuleuses»qui aug-mentent, et notamment les vio-lences sexuelles. Leur haussetémoigne, souvent, d’unemeilleu-re déclarationdeces faits.

Hausse de9%sur unan des cambriolages de résidences

AMarseille, jeudi, des riverains ontmis le feuauxaffaires abandonnées pardesRoms. JEAN-PAUL PELISSIER/REUTERS

L ’universitén’enadécidé-mentpas fini avec lebizuta-ge.Mercredi 19septembre,

en find’après-midi,dans leparcde laCitadelleàLille, unétudiantaétéagressésexuellementpardescamarades.

L’associationcorporativedesétudiantsenmédecinede l’univer-sitéLille-IIDroitet santé (ACEML)yorganisaitune journéed’intégra-tionponctuéede jeuxpar équipes.Engénéral, ce sont les étudiantsdedeuxièmeannéequi sontbizutéspar les3e année; cette fois ce futl’inverse.Selon les règlesdu«jeu», l’équipequi remporte leplusdepointsa ledroitdeseven-ger sur le chefde l’équipeadverse.C’est ceque lesétudiantsappel-lentun«trashage [de l’anglaistrash]de chef».

«Faits inadmissibles»C’est semble-t-il àpartirde là

que toutadérapé.«Unétudiantde3eannéea subiuneagressiond’or-dre sexueldevantd’autresétu-diantsmoteursouspectateurs,racontePhilippeDeruelle, vice-doyende la faculté.Manifeste-ment, les étudiantsn’étaientpasalcoolisésde façonmassive.»

Leprocureurde laRépubliquedeLille, Frédéric Fèvre, a immédia-tementouvertuneenquêtepréli-minairepourviol en réunion.Desobjetsontétéutilisés lorsdupassa-geà l’acteet lavictimeasubiunexamenmédical. Pourautant, l’af-faire ira-t-elle jusqu’aubout souslaqualificationcriminelledeviol?Lorsde sonaudition, le jeunehom-meaaffirméêtreconsentantpour

seplierau«jeu», jusqu’àun«cer-tainmoment».Maismêmesi levioln’estpas retenu, l’affaire relè-vede la loipénalisant lebizutage,quidatede 1998. La législationestclaire: lebizutageestpassibledesixmoisd’emprisonnementetde7500eurosd’amende,que lavicti-mesoit consentanteoupas.«Ils’agitde faits, à l’évidence totale-ment inadmissiblesetpénalementrépréhensibles,mêmesi lavictimeest consentante,préciseFrédéricFèvre,qui faitprocéderà l’audi-tiondesquelque80 jeunes impli-quésdans l’affaire.A l’issuede l’en-quête, le parquetdéciderade la sui-teàdonnerà ces faits.»

Ledoyende l’universiténecomptepasen rester là.«Les étu-diantsauteursoucomplices seronttraduitsdevant la commissiondedisciplinede l’universitéquipren-dra les sanctionsappropriées,préci-seM.Deruelle.Onnepeutpas infli-gerdes sévicesde ce typeet ensuiteprétendresoignerdes êtreshumains.»

Ala rentrée,doyenetvice-doyenavaientpourtantrappeléauxétudiants, conformémentà lacirculaireduministèrede l’ensei-gnementsupérieur,que lebizuta-geest interdit.«Nous leuravonsfaitunrappelà la loi. Les organisa-teursn’arriventpasà contrôler cesjournéesd’intégration.»A la ren-trée2011-2012, laprésidented’inté-grationavaitd’ailleurspréféréannuler les «festivités». Pas sûrqu’elles se renouvellent.«Nousferons toutpourqu’il n’y enaitplus»,assurePhilippeDeruelle. p

NathalieBrafman

AlafacdeLille,un«trashagedechef»tournemal

ALille,démantèlementd’unréseautziganequi«achetait»desjeunespourenfairedescambrioleursOnzepersonnesontétémisesenexamenpourvols, recelsdevolset traitedesêtreshumains

110123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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économieEnhausseAlstom – Le groupea annoncé avoir emportéun contratde 110millionsd’eurosdans l’hydroé-lectricité auBrésil. Il s’agit duquatrièmecontratdans l’énergie de la semaine avecdeuxdeplusde 100millions chacun, enCoréeduSudet enRussie, et und’environ 270millions auBrésil.

EnbaisseAutomobile – La Fédérationdes industriesd’équipementsde véhicules (FIEV) a indiqué,vendredi 28septembre, prévoirune baissede11%des ventes dans son secteur en 2012 – corres-pondant au recul constaté aupremier semes-tre– et un recul de 4%des effectifs.

MadridCorrespondance

I laurafallutroismois,400audi-teurs issus de quatre cabinetsd’audit internationaux, et six

sociétés de cotation immobilière,pour analyser en détail les porte-feuilles de crédits des 14 principa-les banques espagnoles (90% dusystème financier), vérifier115000 opérations et estimer leprix de 1,7millionde logements.

Le plus grand audit du secteurbancaire ibérique, dont les résul-tatsontétépubliésvendredi28sep-tembre, a conclu que sept groupesfinanciers, dont les quatre déjànationalisés,doiventêtre recapita-lisés à hauteur de 59,3milliardsd’euros.A lui seul, Bankia-BFAdoittrouver 26milliardsd’euros.

Un tiers de ces besoins, affirmele gouvernement, seront couvertspar les banques elles-mêmes, quipourront avoir recours à des capi-taux privés. Pour le reste, Madriddemandera à Bruxelles une aided’«environ 40milliards d’euros»,selon le secrétaire d’Etat à l’écono-mie Fernando Jimenez Latorre, surles100milliardsdébloquésparl’Eu-rogroupeen juillet.

C’est l’éclatement de la bulleimmobilière, en 2008, qui a ébran-lé le système financier espagnol.Quatre ans après, les banques en

payent encore les conséquences.En juillet, le tauxdes créancesdou-teuses, c’est-à-dire des impayés deplusdetroismois,s’élevaità9,9%–contre6,9%unanauparavant–dutotal des prêts bancaires, soit170milliardsd’euros.«Untauxtrèspréoccupant», reconnaît JulioRodriguez, ancien président de laBanquehypothécaireespagnole.

Par secteur, les 287milliardsd’euros de crédits aux promoteursaffichent un taux d’impayés de27%. Si les sommes en jeu sontimportantes – près de 79milliardsd’euros –, le risque est largementintégré par les provisions impo-sées auxbanques lors des successi-ves réformes financières. On nepeut pas en dire autant des prêtsimmobiliers aux particuliers, quis’élèvent à 650milliards d’euros.Certes, leur taux d’impayés restebas, à 3,2%, mais cela représentetout de même 20,8milliards d’eu-ros, 25%deplusqu’il y aunan.

Après plus de quatre ans de cri-se et alors que le chômage frappeun quart de la population active,de plus en plus de foyers ne peu-vent plus payer leurs traites. Prèsde 60000 familles ont été expul-sées de leur logement en 2011 etencore 18000 au premier trimes-tre. Et le nombre de faillites per-sonnelles déclarées a décuplé enquatre ans, passant d’une centai-

ne en 2007 à près d’un millier en2011.

Dans son cabinet à Barcelone,Carlos Guerrero, avocat spécialisédans les déclarations de cessationde paiement des personnes physi-ques, a vu exploser le nombre deconsultations. «Si la loi était plusfavorable aux particuliers, il yaurait des dizaines de milliers defaillites personnelles chaqueannée», soutient-il. En Espagne, iln’existe pas de commission desurendettement.Leprocessusjudi-ciaire quimène à la déclaration de

lafailliteestunchemindecroixqui«ne permet même pas de suspen-dre le remboursement des traitesimmobilières», souligne l’avocat,actuellement chargé du cas deF.qui souhaite rester anonyme.

En 2009, cet ancien directeurd’agencebancairede35ans,pèredetrois enfants, a perdu son poste, etson salaire de 63000 euros par an.Avec ses indemnités de chômage,

de 1000euros parmois, et le salai-re de sa femme, payée 1000euroscomme employée administrative,le couple n’a plus été en mesured’honorer son prêt immobilier, de1400eurosparmois.Sansparlerdesonprêt autoet crédit à la consom-mation, pour 1 500 euros men-suels. «J’avais unniveaud’endette-ment qui correspondait à monniveau de revenus», résumeF.,avant de reconnaître que «la ban-que a fait des excès dans la conces-sionde crédits et nous aussi dans lacontractiondeprêts».

Au bout de sixmois, F.a retrou-véunemploidansunebanqued’in-vestissement, avec un salaire divi-sépardeux,mais il n’estpasparve-nuàconvaincrelesbanquesderefi-nancer sa dette ou de l’effacercontreson logement. Il adoncdéci-déd’entamerunprocessusdefailli-tepersonnelle.«Pour que l’onpuis-se s’en sortir», plaide-t-il.

Véritable drame de l’Espagne,l’endettement privé (ménages etentreprises) représente près de220% du produit intérieur brut(PIB) selon la Banque d’Espagne.Plusieurs économistes estimentque le pays devra à terme accepterdes remises de dettes. «Si on sauveles banques avec des fonds publics,pourquoi ne pas sauver lescitoyens», conclutF.p

SandrineMorel

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ministèredutravailpubliéevendredi28septembre.C’estdanslecommerceetlesservicesqu’ilssontlesplusnombreux,etdansl’industriequ’ilssontlesplusrares.

Q ue va exactement acquérirUniversal Music Group(UMG),filialedugroupefran-

çaisVivendi?Le rachatd’EMIpour1,4milliard d’euros a été finalisévendredi 28septembre.

Qui est EMI EMI est d’abord unemarque, et un pan d’histoire bri-tannique. EMI incarne «un rêve»,explique Pascal Nègre, PDGd’Uni-versal Music France, pour toutamateur de musique. «L’équiva-lentmusical deGallimard en Fran-ce», dans un pays qui cultive unerelation passionnelle avec sesmusiquespopulaires.

Crééeen1931,ElectricandMusi-cal Industries était déjà le produitd’une fusionentre la filiale britan-nique Columbia Records et la Gra-mophone Company. Longtempspremière compagniediscographi-quemondiale,EMIperdduterrainà la findes années 1990et chercheàfusionneravecl’américaineWar-ner Music à quatre reprisesentre2000 et 2007, année de sonrachatpar le fondsTerra Firma. Cedernier la cédera en 2011 à Citi-group.LesRollingStones,ouenco-re Radiohead, quittent le navire.Les effectifs, 9000 salariés en2000, sont diviséspar trois.

Quel est le cadre du rachat Uni-versal a acquis la partie « recor-ding» d’EMI (production de dis-ques), après le feu vert accordé le21septembrepar lesautoritésde laconcurrence européenne et améri-caine. De son côté, Sony Music,deuxièmemajordusecteur,aobte-nu en avril l’aval de l’Union euro-péenne pour reprendre la partie«publishing» d’EMI (droits édito-riaux),contreunchèquede1,6mil-liardd’euros.Pourobtenir l’accordde Bruxelles et afin de ne pasdépasser 40%de parts demarché,UMGdoit revendreune partie dessociétésde lanébuleuse EMI.

Ce qu’Universal doit vendre En

Angleterre d’abord, UMG vadevoir se séparerd’EMIRecordingLimited, qui comprend le labelParlophone.Mute Records (Depe-che Mode), Chrysalis (The Ramo-nes), Sanctuary Records, VirginClassics et EMI Classics sont aussiécartés.Universaldoitaussireven-dre EMI en France, en Espagne etau Portugal (tout le catalogue defado ou presque).

Les cessions vont porter sur les

entités juridiques, certainscatalo-gues sont insécables, mais il y ades cas particuliers : les Beatles,présents chez Parlophone, et Rob-bie Williams, dont le catalogueétait chez Chrysalis, sont reprispar Universal.

En apparence, l’obligation derenoncer à des stars planétairescomme Coldplay, David Bowie,Kylie Minogue, Blur, Tina Turnerou les Pink Floydparaît rude.

Ce qu’il rachète «Universal aacquis les deux tiers d’EMI», expli-que M.Nègre. Et ces prises sontastucieuses.Legroupedevientpro-priétaire des filiales EMI dans lestroispremiersmarchésmondiauxmusicaux que sont les Etats-Unis,le Japon et l’Allemagne. Le groupemet ainsi la main sur l’ensembledu catalogue américain d’EMI,dont le label Capitol (The BeachBoys, Katy Perry). Au Royaume-

Uni,Universalrécupèrel’intégrali-té du catalogueVirgin.

Ailleurs, la société accroît sescatalogues d’artistes, notammentparl’acquisitiond’EMIItalieetd’E-MI Latin America et Brésil. AvecEMIArabia, le premierproducteurde disques dumonde va contrôlerla majeure partie du patrimoinede la musique arabe depuis ledébut duXXesiècle. EnGrèce, c’estun travail de haute couture: Uni-

versal renonce à sa propre filialeafin demettre la main sur le labelMinos/EMI (Theodorakis, NanaMouskouri,Maria Farantouri…).

Ce qui sera cédé en France Lasituation française est complexe.VirginRecordsn’aplusd’existencejuridique depuis son rachat parEMI en 1992. Mais son cataloguedemeure prestigieux: Renaud,Françoise Hardy, Daft Punk, Air,Camille, Etienne Daho, StéphaneEicher, Mano Negra, Manu Chao…EMI France distribue aussi lesœuvres d’Edith Piaf, Charles Tre-net, Charles Aznavour, veille à lacarrière de Julien Clerc ou deRaphael.L’idéequecettefilialeren-table soit découpée inquiète.

Qui va acquérir les pépites dontUniversal se sépareLa Commis-sion européenne a exigé que lesdeuxtiersdescataloguesremissurlemarché soient cédés à un acteurunique, afin de reconstituer unequatrième mini-major. BMGRights, une coentreprisedétenueà51%par lefondsKKRet legéantdesmédias Bertelsmann, est sur lesrangs,toutcommelesdeuxmajorsrestantes, Sony Music et Warner(détenueparlemilliardaireLenBla-vatnik). Les producteurs indépen-dants risquent d’être les laisséspour compte, car ils n’ont pas lesmoyensde racheterdes lotsd’EMI.

L’intérêt pour Vivendi PourVivendi, maison mère d’UMG, lerachat d’EMI permet de se renfor-cerdanslescontenus.Faceauxpla-tes-formesdedistributionnuméri-que, elle devient incontournable.De plus, elle va continuer à cher-cher activement de nouveauxartistes. Patron d’UMG, LucianGrainge a déjà annoncé qu’il allaitdoubler les investissements dansles labels Capitol aux Etats-Unis etVirgin auRoyaume-Uni. p

AlainBeuve-Méry etVéroniqueMortaigne

Lefadoenmoins, lesBeatlesenplusUniversalMusicdoit revendreunepartieducatalogued’EMIpourseconforterauxexigencesdeBruxelles

Prèsde60000famillesontétéexpulséesdeleurlogementen2011,etencore18000

aupremiertrimestre

Universal doit céder Coldplay, DavidBowie ouPinkFloyd,mais récupère, entre autres, LesBeatles (ici en 1965). THE GRANGER COLL. NYC/RUE DES ARCHIVES

EnEspagne,lesimpayésnecessentd’augmenterLesbanques ibériquesontbesoind’être recapitalisées, àhauteurde59,3milliardsd’euros

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Taux et changes

C e n’est pas qu’il soit très«vert » comme carburant.Pourtant, le bioéthanol

subit les mêmes vents contrairesque les autres sources d’énergiedites«durables»commelesolaireou l’éolien, mais pas tout à faitpour lesmêmes raisons budgétai-res. Ses malheurs se retrouventdans le yo-yo du prix du gallon àNewYork. Celui-ci, à 1,88dollar le1er juin, atteignait 2,60dollars le21août et descendait à 2,35 dollars,le 28septembre.

Aux Etats-Unis, non seulementle gouvernement a arrêté, en 2012,le créditd’impôtsde0,45dollarpar

gallon, mais le prix du maïs aveclequel il est fabriqué a bondi aumoment où celui du pétrole – quel’éthanolcomplète– stagnait.

A ces contraintes économiques,sesontajoutéesde fortespressionspolitiques, car ses ennemis se sontmultipliés: leséleveursaméricainset l’OrganisationdesNationsuniespour l’alimentationet l'agriculture(FAO) lui ont reprochéde trop fairemonterlesprixdumaïsens’appro-priant 40% de la récolte américai-ne.DeSéoul,deRomeetdenombred’Etats américains sont parvenuesdesdemandespressantesde rédui-re la norme d’incorporation

(Renewable Fuel Standard) dubioéthanoldans l’essence afind’al-léger le prélèvement surune récol-tedemaïsdégradéeparlasécheres-sede314millionsde tonnesen2011à270millionsen2012.

Unepause en FranceUne affaire politiquement très

délicate et qui tire Washington àhue et à dia : les éleveurs deman-dentcetteréductionpourquecessed’augmenter lanourriturede leurspoulets et de leurs porcs, mais lescéréaliers des Etats américains del’Iowaet de l’Illinoisneveulentpasen entendre parler. Sans oublier

quela loiaméricainesurl’air impo-se aussi une incorporation d’étha-nol dans le carburant utilisé dansles grandes métropoles. Dans uneannée électorale acharnée, le statuquo est inévitable, mais le mal estfait: haro sur le bioéthanol!

D’autantqu’enEurope,onenvi-sage de porter à 5% et non plus à10%lepourcentaged’énergied’ori-gine renouvelable (bioéthanol oubiodiesel) dans les transports. EnFrance, le ministre de l’agricultu-re, Stéphane Le Foll, a décidé, le12 septembre, de «marquer unepause dans le développement desbiocarburants qui entrent en

concurrence avec l’usage alimen-taire». On peut donc s’attendre àdes fermeturesd’unitésdeproduc-tion des deux côtés de l’Atlantiqueetpeut-êtreàdenouvellesdéconfi-tures. En attendant qu’on parvien-ne à porter au stade industriel la«première» de la société françaisedebiotechnologies,Deinove.

Celle-ci a annoncé le 13septem-bre avoir produit de l’éthanolpourla première fois à partir de la bio-massenonalimentairegrâce àuneastucieuse bactérie capable detransformerlesucreenalcool.Pourl’heure,de la science-fiction.p

AlainFaujas

M arioDraghi expliquait cetété ne s’octroyer que« quelques jours » de

vacances. Et encore, pas à plus dequelques centaines de kilomètresdusiègedelaBanquecentraleeuro-péenne (BCE). En ce début octobre,il pourrait s’offrir des congés bienmérités.

Par sonactioncoupdepoing, enannonçant début août, puis endétaillant en septembre une nou-velle politique de rachat de dettesdes pays en difficulté, « SuperMario»alargementcontribuéàcal-mer les turbulences financières enzoneeuro. Accuséauprintempsdefairelejeudesspéculateursparsoninaction,ilaclouélebecauxespritschagrins.Lespolitiquesd’assouplis-sementmonétaires similaires lan-céesparseshomologuesaméricainet japonais ont contribuéà redorerle blason des banquiers centraux.Aux yeux des investisseurs, cesmessieursont«fait le job».

Et pourtant.Aprèsunété serein,les marchés sont repris par leursvieillesangoisses.Lesvoilàquiven-dent à nouveau les emprunts despays d’Europe du Sud et se réfu-

gient sur ceuxduNord, considéréscommeplus sûrs.Mercredi 26sep-tembre, le taux à dix ans desemprunts d’Etat espagnol a ainsidépassé le seuil des 6%, une coted’alerte qu’il n’avait plus atteintdepuis le 6septembre, juste avantledétail duplande laBCE.

Europe à deux vitessesAl’autreboutduspectre,ducôté

de la France et de l’Allemagne, cespays«coffres-forts»oùlesinvestis-seurs sont prêts à entreposer leursliquidités à n’importe quellesconditions, même s’ils doivent yperdreunpeud’argent, lasituationest au beau fixe. Les tauxmoyensd’empruntdelaFranceontétéinfé-rieursà2%cetteannée,unrecord,aindiqué le 28septembre l’AgenceFranceTrésor (AFT), qui gère la det-tehexagonale. Paris devrait écono-miser 2,1milliards d’euros sur lacharge de la dette par rapport à cequeprévoyaitBercy il y aunan.

Et cette tendancedevrait perdu-rer, même si l’AFT, particulière-ment prudente, anticipe uneremontée des taux d’empruntshexagonaux à dix ans, autour de

2,9% en 2013. Dès lors, commentmettre un terme à cette Europe àdeux vitesses, qui menace chaquejour un peu plus le quotidien desEuropéens?

«La balle est à présent dans lecampdes gouvernements», répon-dent les analystes duCM-CIC. En lamatière, les projets de loi de finan-ce,dévoilésjeudienEspagneetven-dredi en France, n’ont que briève-mentrassuré.Lesréformesstructu-relles de l’une et l’impressionnanteffort de rigueur (20milliards dehausse d’impôts, 10milliards debaisse des dépenses) de l’autre necrédibilisent guère les objectifs dedéficits 2013 (4,5%et 3%).

Et, sans croissance, commentespérer faire redémarrer lamachi-ne et satisfaire définitivement lesmarchés? «Ces derniers mois, ons’estbeaucoupinquiétéducadreins-titutionneldel’Europe.Entrel’initia-tive de M.Draghi et les projetsd’union bancaire et budgétaire, cepoint semble bien avancer. Mais laquestion de la croissance reste cen-trale, et les Etats ne la résoudrontpasenaugmentant les impôts etenmultipliant les plans d’austérité»,

déplore Eric Bleines, gérant chezCCRAM.Etdesoulignerqu’enFran-ce les réformes structurelles dumarché du travail ou des coûts deproductionse fontattendre…

Les initiatives estivales des ban-quiers centraux ont été saluéespour leur pertinence, mais aussileur créativité. Avec son program-me «OMT» (outright monetarytransactions, «transactions moné-taires fermes»), M.Draghi n’a passeulement opéré un changementsémantique, mais aussi un renou-vellement de politiquemonétaire.Désormais, il revient aux hommespolitiques européens de se mon-trer, à leur tour, plus inventifs. p

A.T.

BP

L es affaires ont repris de plusbelle auKremlin, oùVladi-mir Poutine arrête les choix

stratégiquespour l’avenir du sec-teur énergétiquede la Russie. Lespatronsdesmultinationales ydéfilent depuisplus de dix ans,quand ils n’ont pas droit à sa dat-chades environsdeMoscououàla résidencede la station balnéai-re de Sotchi. C’est précisément làqueRobertDudley, directeurgéné-ral de BP, a été reçumardi 18sep-tembre, par le président russepourparler affaires.

Et l’affaire est importante. PourM.Poutine, qui veut que la Russietienne son rangdepremierpro-ducteurmondial de pétrole. PourBP aussi.M.Dudley lui a proposé– enprésenced’Igor Setchine,patrondeRosneft – demonter à12,5%dans le capital dupremiergroupepétrolier russe. Ce qui enferait le deuxièmeactionnaireder-rière l’Etat russe.«Lapropositionest très intéressante», a jugéM.Set-chine, alias le «tsar dupétrole».Car lamajor britannique finance-rait sonopérationen cédant àRosneft les 50%qu’elle détientdansTNK-BP, coentreprise russo-britanniquecréée en 2003avecquatre oligarques…qui convoi-tent aussi cette autremoitié ducapital. Celaprometunebellebataille entre l’Etat poutinienetcequarterondepétroliers.

Allié au géant russe, BP auraitaccès aux importantsgisementsd’hydrocarburesde l’Arctique.C’était le sensd’unprécédentpro-

jet d’allianceBP-Rosneft, qui avaitéchoué en2011 devant l’opposi-tion résoluedes oligarquesdeTNK-BP. Et c’est l’américainExxonMobilqui avait raflé lamise et les droits d’exploitationdes gisements d’hydrocarburesde lamer deKara.

LepatrondeBP aprévenuqu’ilne lâcherapas de sitôt la Russie,où sa compagnie réalise 25%de saproductionet 10%de ses profits.

Aucunpétroliernepeut tournerle dos àunpays qui possède6%des réservesmondiales d’or noiret 24%des réservesde gaz. «BPespère continuerà jouerun rôledans le secteur russede l’énergiedans les prochainesdécennies»,soulignait-il sobrementavant sarencontreavecM.Poutine.

Mais, pour se développer enRussie, BPdoit impérativementtrancher le nœudgordienqui lelie à des «partenaires» quin’enontplus que le nom.

Peut-êtreM.Dudley aura-t-ilalors le sentimentd’avoir lavé l’af-frontde 2008, quand il dirigeaitTNK-BP? Aprèsdesmois d’un vio-lent conflit avec les fameuxoligar-ques, il avait dû rendre les armes,démissionneret quitter la Russiecommeunmalpropre. p

[email protected]

Capitaux Isabelle Ehrhart

économie

Matières premièresSale tempspour l’éthanol

Pertes&Profits | chroniquepar Jean-Michel Bezat

LarevanchedeRussie8 870,16 points3 354,82 points 13 437,13 points5 742,07 points7 216,15 points 3 116,23 points2 454,26 points

TokyoParis New YorkLondresFrancfort NasdaqEurostoxx 50

– 4,98%CAC 40 Dow Jones

– 1,89%FTSE 100

– 3,16 %DAX 30

– 4,77% – 2% – 2,63 %Nikkei

– 1,05 %

D emandera, demanderapas ? L’anniversaire deMariano Rajoy, le premier

ministre espagnol, étant enmars,et non en septembre, son signeastrologique ne saurait être celuide la balance. Et pourtant! Ses ter-giversations à faire – ou pas –appel à l’Europepour sauver l’éco-nomie ibérique ont pesé de toutleurs poids sur les marchés cettesemaine.

Attendu avant l’été, espéré audébut dumois après l’annonce dunouveau plan de rachat d’obliga-tions de la Banque centrale euro-péenne (BCE) pour apporter del’aide aux pays en difficulté, pres-senti mi-septembre quand lestaux d’emprunt de l’Espagneauprès des marchés ont repris lechemin de la hausse, M.Rajoy…attend, encore et toujours.

Tout au plus a-t-il daigné indi-quercettesemaine,dansuneinter-viewauWall Street Journal,qu’il sedécidera à appeler à l’aide si lestaux des obligations espagnolesdemeurent«tropélevés, trop long-temps». Comprennequi pourra…

Un tel flou constitue précisé-ment le cauchemar des Boursesqui, par définition, se nourrissentdes anticipations des événementsà venir. «L’Espagne joue lamontreet lesmarchés commencentà trou-ver le temps long», résument dans

unenotelesanalystesdeCMCMar-kets.

Résultat : en cinq jours, leCAC40 a cédé 4,98%, repassantsous le seuil symbolique des3400points, tandis que le DAXallemand a perdu 3,16%. A Lon-dres, le Footsiea fléchide 1,89%. Etune fois de plus, les Bourses espa-gnole et italienne, lesmaillons fai-blesduVieuxContinent, ont enre-gistrélesplusforteschutes(respec-tivement6,34 % et 5,60%).

Sonnette d’alarmeOutre-Atlantique, les nouvelles

moins mauvaises en provenancedel’économieaméricaine–notam-mentunregaindedynamismedesprix de l’immobilier – ont ralentila glissade, mais le Dow Jones atout de même abandonné 1,05%.«Après les actions positives des

banques centrales cet été, les mar-chés se demandent désormais quelos ils vont pouvoir ronger», souritPierre Sabatier, économiste auseindu cabinet PrimeView.

Car M.Rajoy n’est pas le seul àdéprimer les investisseurs. «Lespolitiques budgétaires restrictivesmisesenplaceenEuropevontmet-tre la pression sur les ménages, lesentreprises,etdoncles chiffresd’af-faires de ces dernières», analyseM.Sabatier. Selon lui, les bénéficesdes sociétés du CAC 40, attendusen recul de 3% à 4% cette année,sont encore surestimés. En pério-dederécessionoumêmederetour-nement, cet indicateur chute cou-ramment de 15% à 25%, rappel-le-t-il… De quoi anticiper desmar-chés sans véritable moteur, «enforme de tôle ondulée», pour lesmois à venir.

Commepour lui donner raison,plusieurs secteurs ont montré desérieux signes de faiblesse cettesemaine.A commencerpar l’auto-mobile,dontlespatronsembléma-tiques – Philippe Varin chez PSAPeugeot Citroën, Carlos Ghosnchez Renault – ont profité del’ouverture du Mondial de l’auto-mobile,àParis,pourtirerlasonnet-te d’alarme. Surcapacités, pouvoird’achat en baisse… les grandsconstructeursont réclaméunallé-gementdu coût du travail. Undia-gnosticapparemmentpartagéparles investisseurs: Renault a perdu7,85% en Bourse cette semaine.QuantàPeugeot,poursapremièresemaine en dehors du CAC 40–depuis le 24septembre, il a offi-ciellementcédésaplaceauchimis-te Solvay –, il a fléchi de 5,38%.

Mêmemorosité du côté d’Arce-lorMittal, dont l’action a reculé de9,89%cettesemaine.L’Etataenga-géunbrasdeferavec l’aciériste,ententant d’obtenir la survie desdeux hauts-fourneaux de Floran-ge (Moselle), dont ce dernier estdécidé à se débarrasser. Mais c’estSTMicroelectronicsquiaétélanter-nerougeduCAC40cette semaine.Le fabricant de semi-conducteursa annoncé de nouvelles mesuresde chômage partiel. Son action achutéde 11,33%.p

AudreyTonnelier

Recul

SOURCE : BLOOMBERG

1,8

2,2

2,0

2,4

2,6

30 mars 28 sept. 2012

COURS DE L’ÉTHANOLen dollars le gallon pour livraisonen octobre à Chicago

2,35

S ouslacontrainte,lescollectivi-tés locales françaises doiventdevenir plus autonomes en

matièredefinancement.Enl’absen-ce de Dexia, qui détenait une partdumarchédesfinancementsà leurendroit de 40% et tandis que lesbanques sont de plus en plus réti-centes à prêter, elles n’ont guère lechoix. Voilà donc qu’elles ont émisprès de 1,5milliard d’euros depuisle 1er janvier, soit près du double deleur activité sur 2011, ou 2010. Etd’ici une dizaine de jours, on saurasi le projet d’émission groupée decollectivités territoriales a trouvépreneurs auprès des investisseurs,malgré un handicap important :l’absencedenotation.

Les deux dernières opérationsen date sont venues de deuxrégions, Nord -Pas-de-Calais etPaysde la Loire. Le 17septembre, lapremièrea choisi de faireuneopé-ration «socialement responsable»de 80millions d’euros. Ce typed’émissions a totalisé du seul côtédes collectivités locales 600mil-lions d’euros en 2012, soit 42% dutotalémis.Laseconderégionadéci-dé d’émettre des titres destinés

aux particuliers depuis le 24sep-tembre. Une veine assez peu creu-sée, en raison du surcoût inhérentà la distribution via les réseauxbancaires.Tandisquelarégionnor-diste a payé 3,42% pour du dou-zeans, la région nantaise s’acquit-tera d’un coupon de 4% pendantcinqans.Sonobjectifestd’émettre100millionsd’euros.

Côté coûts, justement, lesrégions et autres collectivités quiont sollicité le marché obligataireen 2012 n’ont pu que s’en féliciter,grâceàdestauxd’intérêtplanchersetà l’appétitdes investisseursquiaallégé lesprimesde risque.

D’autant que le soutien mis enplace par l’Etat n’était pas forcé-ment avantageux. Le coût desfinancements mis en place par laCaissedesdépôtset consignations– 2milliards d’eurosmis à disposi-tion au premier semestre – pourtenter de limiter la pénuried’offrebancaire correspondait à une pri-me de 300points de base. C’est laville de Marseille qui a payé, cetteannée, la prime la plus élevée, à lami-juillet, de 165points de baseau-dessusde l’OAT àdix ans. p

Messieurslespolitiques,àvousdejouer !

Lepatrondelamajorbritanniqueaprévenuqu’ilnelâcherapasdesitôtlaRussie

L’action deResearch InMotion(RIM), le fabricant duBlack-Berry, s’est envolée, vendredi28septembre, de 5,04%à laBourse deNewYork, au lende-main de ses résultats trimes-triels. Le groupe canadien a pour-tant annoncé sa troisièmepertetrimestrielle d’affilée,mais sonmontant, 235millions de dollars(183millions d’euros), marque

unmieux par rapport aux 518mil-lions enregistrés sur les troismois précédents. Surtout, RIMaconfirméque sonnouveau systè-med’exploitation, Black-Berry10, serait lancé «au pre-mier trimestre 2013», alors quecertains analystes avaient envi-sagé un nouveau report de ceproduit, jugé stratégique pour lasurvie du groupe.

Enattendantl’Espagne…LesBoursesontchutécette semaine, rongéespar lacrainted’unregaindetensionenzoneeuro

Lescollectivitésaussi

LaSociétédeslecteursdu«Monde»Cours de l’actionVENDREDI 28SEPTEMBRE : 1,10euroSociété des lecteurs du «Monde»,80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13.Tél. : 01-57-28-25-01.Courriel : [email protected]

Wall Street plébiscite RIM, fabricant duBlackBerry

1 ¤ = 1,2859 $ b Taux à 10 ans (France) = 2,17 % b Taux à 10 ans (US) = 1,63 %

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Il a coutume de le dire : «Moi, j’ai lefeu partout ! » Dans sa coursecontre la désindustrialisation,ArnaudMontebourgarpente le ter-raindesplanssociauxetdesferme-turesd’usinesenpompierdébordé.

Maisilnerechignepas,parsonverbeflam-boyant, à souffler parfois sur les braises. Achaqueminute,sondilemmestratégique:faut-il recevoir les patrons et les syndi-cats? Se déplacer sur les sites de produc-tion? Communiquer les statistiques, aurisque de se voir opposer le manque derésultats? «Est-ce qu’on essaie de passerentre les gouttes? Ou est-ce qu’on y va, onprend les coups dans la gueule, et on assu-me?», résume l’unde ses conseillers.

Faceà lamissionquasi impossiblequi aété assignée à leurministre, ceux-ci s’atta-chent d’abord à «le sortir dumerdier», ditl’un. A « le protéger», ajoute un autre. Ycompris, parfois, contre lui-même, lui quidéfinit ainsi samission: «Mêmequandonne peut pas, on peut. C’est le principe de ceministère.» Journald’un«redresseur» quine voudrait pas passer pour un Don Qui-chotte.Mercredi 19septembre, 15 heures, Ber-cy Entouré de sa garde rapprochée et deceluiqu’ilnommeson«chiefeconomist»,XavierRagot,professeurà l’Ecoled’écono-mie de Paris, Arnaud Montebourg plan-chedanssonbureaudutroisièmeétagedel’hôtel desministres, à Bercy, sur le «chocproductif», également baptisé ici «chocMontebourg». Le thème : «Commentcontrer laconcurrencedespaysàbascoûtset très hautequalité et redonnerde lamar-ge aux entreprises?»

Vaste programme, même si la natureexacte du dispositif reste à préciser. Voilàqui ne tempère pas les ardeurs duminis-tre. «C’est une machine à relocaliser enFrance! C’est la promesseHollande, le pro-gramme Obama», s’enflamme celui queson staff se plaît à appeler le «MRP» pourministredu redressementproductif.

Sur un tableau, une feuille de papierrecensant tous les gros dossiers dumoment : « textes législatifs », « loi definances», «plan auto», «plan PME»,«mobilisation société». Sur une table bas-se, deux beaux livres consacrés à Matisseetaux«nouvellesfrontièresdel’architectu-re». Mais enmatière de frontières, ce sontsurtout celles des services du ministèreque l’ancien candidat à la primaire tenteen permanence de repousser : « Ils ontcompris que c’est le ministre qui dirige laFrance? Ils nous plombent, l’administra-tion!»

Et ArnaudMontebourg de s’emporter,une fois encore, contre l’un des fonction-naires de Bercy, coupable d’avoir validél’achatde1400véhiculesdemarqueétran-gèrepouruneadministration:«C’est inad-missible.Moi, je demande sa tête, à cemec.Il est pas payé pour acheter des voituresétrangères ! » Après avoir envisagé de«supprimerles700cassesillégalesdeFran-ce», le ministre examine son plan médiaen vue du Salon de l’auto : entre autres,L’Argus, l’émission «Turbo»… «Dès qu’unmec ouvrira un canard de bagnole, y auraMontebourg», se félicite un conseiller.Jeudi 20septembre, 20heures, BercyAprès avoir assisté à la remise du Prix del’audace créatrice à l’Elysée, reçu avecFrançois Hollande l’intersyndicale dePSA, eu un «débat courtois mais ferme»avec le directeur du Trésor, Ramon Fer-nandez, notamment au chapitre de laBanque publique d’investissement, etpiloté la traditionnelle réuniondu «cabi-net resserré» de 19heures, très agitée parlaquestionde l’opportunitéd’undéplace-

ment à l’usine ArcelorMittal de Florange(Moselle), ArnaudMontebourg, bien calédanssoncanapécuir, reçoitdes représen-tants de l’Association nationale des éluslocaux de la diversité (Aneld) pour évo-quer le dossier du fonds d’investisse-ment qatari pour les territoires en diffi-culté. Avec des pincettes.

«Nous, on a un problème, pose d’em-blée le ministre. Le Qatar donne le senti-ment d’agir de façon un peu provocante.Aucun problème pour qu’il achète le PSG,mais lemecqui le dirige neparlepas fran-çais ! Quand Tom Enders prend la têted’EADS, ilparlefrançaiset ilhabiteToulou-

se…» Leministre du «patriotisme écono-mique», comme il se plaît à se définir, ditaux élus de banlieue redouter «des atta-ques de Mme Le Pen contre votre initiative,qui va expliquer que vous “communauta-risez”». Voilàpourquoi ilproposede faireabonderledispositifpar l’Etatet lesentre-prises privées, de l’étendre à toutes leszones «déshéritées» et de faire siéger lesélus au conseil d’administration :«Quand on aura bouclé politiquementl’affaire, on fait l’annonce ensemble, lehappy end ! » Une élue s’interroge :«Quand peut-on espérer la mise en pla-ce?»ArnaudMontebourgne s’étendguè-

re: «Undossier réglé, c’estundossierdontjenem’occupeplus!»Aprèsquoi leminis-tre s’excuse : il doit aller dîner avec l’an-cienne patronne d’Areva, Anne Lauver-geon.Mercredi 26septembre, 10heures,CléonUnministredéguisé enouvrier. Cemercredimatin, c’est vêtu d’une salopet-tegrisemarquéed’ungros losangequ’Ar-naud Montebourg vient visiter l’usineRenaultdeCléon(Seine-Maritime).Lahal-teestbienvenue:unpeuplus tarddans lajournée, il va se «coltiner le merdier dePetroplus», comme le dit son entourage.Alors, avant qu’il ne réenfile sa tenue desapeurdesplans sociaux, cetteparenthè-se dans une usine prospère ne peut pasfaire demal…

Pour « réenchanter» une chaîne demontage, ArnaudMontebourg est inimi-table. Dans cet atelier où sont fabriquéschaque jour 660 moteurs diesel de typeR9M, un modèle vanté pour ses perfor-mances et sa basse consommation, leministrene tempèrepas son enthousias-me. «Quand Renault est fière d’elle-même, c’est toute la France qui est fière»,s’exclame-t-il, en sillonnant au pas decharge les allées de l’usine, les yeux écar-quillés d’admiration. «Bravo, cher mon-sieur, et bon courage dans vos fonc-tions ! », lance-t-il à un ouvrier. «Vousavez tout fait ici : la 4L, la Dauphine, ah làlà…», commente-t-il,ému,avantdes’arrê-ter devant le fameuxmoteur R9M expo-sé comme un trophée : «Ah, monsieur leDirecteur, le voilà votre bébé ! C’est lemoteur Renault made in France ! Cléon,maître dumonde!»

La visite s’achèvera par des remercie-ments enflammés du ministre à la chefd’atelier : «Madame, je vois que vousl’aimez, votre travail. Bon courage pourvotrecarrière!»Autourd’elle, lesouvrierssont prévenus: «Gardez-la, elle vaut del’or ! » Commentaire d’un conseiller duministre, un peu plus tard dans la jour-née : «Cléon, c’est le côté lumineux duredressementproductif.Çan’estpassisou-vent que ça arrive, alors il faut en profite-r…» Comme la veille quand le ministreavait demandé à son staff de «mettre lepaquet» sur le service après-vente duplan social de Sanofi, passé de 1 400 à900postes après une réunionà l’Elysée.Jeudi 27septembre, 19heures, TGVMetz-Paris Il est affalé, teint blême,regardvague, costume froissé, et il se tait.C’est rare de le voir ainsi.

Une heure plus tôt, Arnaud Monte-bourgétait à lamairiedeFlorange (Mosel-le) pourune réunion, plusieurs fois ajour-née, avec l’intersyndicale d’ArcelorMittal.A sa sortie, il s’est fait un peu chahuter. Cequ’il a dit aux salariésne les a guère rassu-rés. Quand il a affirmé qu’avecMittal, « lebras de fer commenç [ait]», ceux-ci lui ontfaitremarquerquecelafaisaitdéjàquator-ze mois, depuis l’arrêt des hauts-four-neaux,qu’ilsl’avaiententamé.«Lechange-ment, c’est maintenant», ont-ils marteléen guise de rappel des promesses de cam-pagne.Asondépart, lesreprésentantssyn-dicaux n’ont pas caché leur déception :«Legouvernementneprendpassesrespon-sabilités: on pensait avoir en face de nousleministre du redressement productif, pascelui du déclin industriel», s’est emportéunmembrede la CGT.

Quelques minutes après le départ dutrain, ArnaudMontebourg sort de sa tor-peur. De sa poche, il brandit deux feuillesde papier pliées en quatre et agraféesl’uneàl’autre,etnouslestend.«Voilà,pre-nez, c’est pour vous, c’est ma loi, celle quej’ai brandie à Florange. Elle est à vous!»

Ce«projetde loiencourageantlesrepri-ses de sites industriels» est prêt «depuisdeuxmois», apprend-onalors.C’étaitunepromesse de campagne de François Hol-lande. L’annonce avait été faite à Floran-ge, en février, lors d’une visite du candi-datsocialisteauxsalariésd’ArcelorMittal.Unepropositionde loi avait étédéposéeàl’époque, signée par plusieurs députéssocialistes,mais n’avait jamais été inscri-te à l’ordre du jour de l’Assemblée. AprèslavictoiredeFrançoisHollande, ledossieravait été inclus dans la série des points àdiscuter dans le cadre de la conférencesociale, dont l’issue a été fixée à la fin2012. Trop tard, estimait Arnaud Monte-bourg. «La loi, c’estmaintenant! Le chan-gement n’attend pas ! », s’exclame-t-ildans le wagon du TGV, sous les regardsétonnés de quelques passagers et de sondirecteurde cabinet, Stéphane Israël.

Envoyant laréactiondesonconseiller,ArnaudMontebourg éclate alors de rire :«Ah, tu ne t’attendais pas à cela, hein ?moncher“Bâle3”?»Et leministred’expli-quer la raisonde ce surnom, en référenceaux accords de réglementation bancairesignés en 2010 pour tenter de réguler lemondede la finance.«Lui, c’estmonratioprudentiel ! », dit-il. On comprendalors larépartitiondes tâches au seindu«MRP».Décryptage d’un jeune conseiller :«Arnaud est dans la provocation, il lancedes idées, et ensuite c’est à nous d’ajusterle tir. Je ne sais pas quels seront les résul-tats dans cinq ans, mais au moins on nepourrapasdirequ’iln’apasmouillé lache-mise.»p

décryptagesREPORTAGE

Auxfourneauxetauxmoulins

«Mêmequandonnepeutpas,onpeut.

C’estleprincipedeceministère»ArnaudMontebourg

David Revault d’Allonneset ThomasWieder

Mercredi 26 septembre, àCléon (Seine-Maritime).

ArnaudMontebourgvisite une usine Renault.

AGNÉS DHERBEYS POUR «LE MONDE»

Réunionrestreinte du

cabinetd’Arnaud

Montebourg,dont Stéphane

Israël, à sagauche,à Bercy,

le 26 septembre.AGNÈS DHERBEYS

POUR «LE MONDE»

Des conseillersduministre,

à Bercy,le 24 septembre.

AGNÈS DHERBEYS

POUR «LE MONDE»

Planssociaux,fermeturesd’usines,compétitivitédesentreprises…ArnaudMontebourg,leministreduredressementproductif,voled’unsujetàl’autre.«LeMonde»l’asuiviunesemainedanssabataillepourl’emploi

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LaFrance,cepaysdedroitequivoteàgauche

décryptagesDÉBATS

Quesignifiemenerune«viebonne»,alorsquelenéolibéralismeetlacriserendentlescorpset l’existencehumaineplusvulnérablesetfragmentés?

Unemoralepourtempsprécaires

C ’est le paradoxepolitique français.LaFranceest sociologiquementdedroitemaiselle est gouvernéepar la

gauche.Avec l’électiondeFrançoisHollan-deà laprésidencede laRépubliqueet lamajoritéauParlement, leParti socialisteest ensituationd’hégémonie.Mais ce razdemaréemasque«leglissementde l’opi-nionvers ladroite», observe l’essayisteRolandHureauxqui, dansLeDébat, s’en-tretientavec l’historienMarcelGauchet.

Aupremier tourde l’électionprésiden-tiellede2012, les forcesdedroiteont aug-mentésignificativementpar rapportà cel-lesde2007 (de45,29%à47,12%) et le FNpoursuit sapercée (+7,5%). Enunmot, ladroitesedroitiseet progresseenFrance.

Disonsque la France se recentre, tempèreMarcelGauchet.Ainsi, lorsdesprimaires,«c’estunélectoratducentregauchequiamisFrançoisHollandeen selle», alorsqu’iln’aurait jamaisétédésignédansuneprocé-dure internepour causede«droitisme».

Si le sarkozysmefutunpostmodernis-

me, lehollandismeestunrégionalisme.Car«unmaire,unprésidentde régionnesontpasdes idéologues.Ce sontdeshom-mesde compromis», poursuit-il. Et la«bonnevolonté concertante»de Jean-MarcAyrault (selon la formuledu journa-listeEricDupin) illustrebien le triomphedecetteFrancede l’Ouest, composéede ter-res catholiquesquiglissentdepuis lesannées 1970vers ladeuxièmegauche,explique le conseillerencommunicationStéphaneRozès. Le«recentrage»gagnemêmel’extrêmegauche, à l’imaged’unFrontdegauchequi siphonne lespartistrotskisteset gagneduterrain sur lesanciens fiefsduradical-socialisme.«Enunmot,Mélenchona contribuéà l’assèche-

mentduparti de la révolution», déclareMarcelGauchet.

Paradoxalement, la Franceélectoraleneseraitplusgouvernéepar le«sinistris-me», cebasculementcontinuvers lagau-che–néologismeissudu latin sinister(«qui està gauche») –maispar le «dextris-me» (du latin,dexter, «qui est àdroite»).C’estpeut-êtrepour ces raisons (sansoublier«unehaussede la tendanceabsten-tionniste») que«FrançoisHollandeest lemoinsbienéludesnouveauxprésidentsdelaRépublique», remarqueEricDupin,puis-qu’il n’a recueilli que39,06%desélecteursinscrits. Le curseuradoncbougé. Lagaucheestaupouvoir, certes,maisdansuneFran-cedroitisée. Lagauchede lagauchedéfend

cequ’autrefoisdéfendait FrançoisMit-terrand, le PS et l’UMPvoterontensemble letraitébudgétaireeuropéenet lesmilitantsde l’UMPaccepteraientun rapprochementavec le FN.Pourceuxqui cherchentàrenouveler ladroite républicaine,LeDébatinvite ledéputéUMPBrunoLeMaireàdéclinerunprojet fondésur l’autoritéet lalibertédesentreprises.Quantauxautres,ilspourronts’intéresserdeprèsà la toutedernièrecitationd’unarticlede l’historienFrançoisDosse consacréaux théoriesdesannées 1960.Elle est duphilosopheGillesDeleuze (1925-1995), qui écrivaitdans sondernier livre: «Nousmanquonsde résis-tanceauprésent.»p

NicolasTruong

Adorno nous dit, dans Mini-ma Moralia (1944, Payot,1983), qu’«il n’existe pas devraie vie dans la vie fausse.Pourtant,un tel constatne leconduisit pas à désespérer

de la possibilité d’une morale. Nous som-mes effectivement face à la question sui-vante : comment mener une vie bonnedans une vie mauvaise? Il existe de trèsnombreuses et diverses conceptions de cequepourrait être la «vie bonne», la «vraievie». Il nous faut définir la «vie bonne»d’une façon plus large afin qu’elle ne pré-supposenin’implique l’inégalité.

Si je me demande commentmener aumieux ma vie, ou comment mener unevie bonne, je semble non seulement faireappel à des idées sur le Bien, mais égale-ment à des idées sur le vivant, et sur cequ’est la vie. Ilme faut avoir le sentimentde ma propre vie afin de me demanderquel genre de vie mener, et ma vie doitm’apparaître comme quelque chose queje suis enmesuredemener, quelque cho-se qui ne s’impose pas seulement à moi.Et pourtant, il est évident que je ne peux«mener» tous les aspects de l’organismevivant que je suis. Comment mener unevie lorsquelesprocessusdeviequiconsti-tuent une vie ne peuvent être tous«menés»?

Si la question de savoir commentmener une vie bonne est l’une des ques-tions élémentaires de la morale, et peut-êtremême en effet la question qui la défi-nit, alors il semblerait que la morale,depuis sa création, soit liée à la biopoliti-que. Par biopolitique, j’entends ces pou-voirs qui organisent la vie, et même cespouvoirs qui exposent sur le mode diffé-rentiel les vies à la précarité, dans le cadred’une gestion plus vaste des populationspassant par des moyens gouvernemen-taux et non gouvernementaux, et qui ins-taurentunensembledemesuresdestinéesà l’évaluation différentielle de la vie elle-même.Lagestionbiopolitiqueduquin’estpasdigned’êtrepleurés’avèrecrucialelors-qu’il s’agit d’aborder la question de savoircommentmener cettevie, commentvivrecette vie dans la vie, les conditions de viequinous structurentdésormais.

Biensûr,cettequestiondevienttrèsdou-

loureusement tangible pour qui se com-prenddéjàcommeunesorted’êtredispen-sable, un être qui enregistre à un niveauaffectifet corporelquesavienevautpas lapeined’êtresauvegardée,protégéeetconsi-dérée. Il s’agit de quelqu’unqui comprendqu’il ne sera pas pleuré s’il perd la vie. Celanesignifiepasqu’iln’yenaurapascertainspourmepleurer, ouque celuiquin’est pasdigne d’être pleuré n’a pas de manièresd’en pleurer un autre. Alors, oui, celui quin’est pas digne d’être pleuré participe par-fois à des insurrectionspubliquesde gran-detristesse, raisonpour laquelle il estdiffi-cile dans tant de pays de distinguer la pro-cessionfunérairede lamanifestation.

Peut-êtrelemotmanque-t-ilpourdécri-re les conditions dans lesquelles des viesdeviennentinvivables;pourtant, le terme«précarité» peut aider à distinguer diffé-rentsmodesd’«invivabilité» : l’emprison-nementhors de toute application réguliè-rede la loi ; la viedansdes zonesdeguerreousousuneoccupation,unevieexposéeàlaviolenceetà ladestructionsanspossibi-lité aucune de sécurité ou de fuite; l’émi-gration forcée, et l’existence dans descamps de réfugiés, dans l’attente que desfrontières s’ouvrent, que de la nourriturearrive,etquedespapierssoientdonnés; lacondition d’appartenance à une main-d’œuvre dispensable, ou susceptibled’être sacrifiée, pour laquelle la perspecti-ve d’un gagne-pain stable semble impro-bable,etquivitaujour le jour,sonhorizontemporel s’étant effondré, les estomacs etlesos se ressentantde ce futur endomma-gé, essayant de ressentir, mais craignantbienplus cequi pourrait être ressenti.

Comment se demander commentmener au mieux sa vie lorsqu’on se sentincapabledeladiriger, lorsqu’onest incer-taind’êtreenvie,oulorsqu’ilnousfautlut-ter pour ressentir ce sentiment d’êtrevivant, tout en craignant ce sentiment, etla douleur de vivre ainsi? Dans les condi-tionscontemporainesdel’émigrationfor-cée et du néolibéralisme, beaucoup depopulationsviventdésormais sans entre-tenir le moindre sentiment d’un avenirassuré, sans le moindre sentiment d’uneappartenancepolitique sur le long terme,vivant le sentimentd’uneviemutilée, lui-même partie intégrante de l’expériencequotidiennedunéolibéralisme.

Je ne veux pas dire par là que la luttepour la survie prend le pas sur le domainede lamorale ou sur l’obligationmorale entant que telle. Nous savons en effet que,même dans des conditions de menaceextrême, leshommesoffrenttous lesactesde soutien qui s’avèrent possibles. Un cer-tain nombre de récits extraordinairesconsacrés aux camps de concentrationnousont appris cela.

Dans l’œuvre de Robert Antelme(1917-1990), par exemple, ce pouvait êtrel’échange d’une cigarette entre ceux quine partageaient aucune langue commu-ne, mais qui se retrouvaient subir lamêmeconditiond’emprisonnementetdepéril dans leKZ, le campdeconcentration.Autre exemple, dans l’œuvre de PrimoLevi (1919-1987), la réponse à l’autre peutadopter la formede la simpleécoute, etdel’enregistrement des détails de l’histoireque l’autre pourrait raconter, permettantà cette histoire d’intégrer une archive

impossibleànier,dedevenir la tracedura-ble d’une perte en appelant à l’obligationdeporter à jamais le deuil ; autre exempleencore, dans l’œuvre de Charlotte Delbo,le don soudain à autrui du dernier mor-ceau de pain dont on a désespérémentbesoinpour soi-même.

Et pourtant, on trouve aussi dans cesmêmes récits ceux qui ne tendront pas lamain, qui prendront le pain pour eux-mêmes, qui garderont pour eux la cigaret-te, et parfois souffriront l’angoisse de pri-ver autrui dans des conditions de destitu-tion radicale. En d’autres termes, dans desconditionsdepéril extrêmeetdeprécaritéaggravée, le dilemme moral ne s’éteintpas ; il persiste dans la tension existantentre le vouloir vivre et le vouloir vivred’unecertainemanièreavec les autres.

On«mèneunevie», encore, dediversesfaçons,modestes et vitales, tandis que l’onraconteouquel’onécoutel’histoire,tandisquel’onaffirmequetouteoccasionestbon-

ne pour reconnaître la vie et la souffranced’autrui. Même la prononciation du nompeut intervenir comme la forme la plusextraordinairede reconnaissance,particu-lièrement quand on est devenu un sans-nom, ou lorsque notre propre nom a étéremplacé par un chiffre, ou lorsque pluspersonnenes’adresseànous.

L’idéal républicaindoit laisser la place àune compréhension plus vaste d’unedémocratie sensible. Notre manière denousréunirdans larue,dechanteroupsal-modier,oumêmedegardersilenceestpar-tie intégrante de la dimensionperformati-ve de la politique, situant le discours com-me un acte corporel parmi d’autres. Lescorps agissent quand ils parlent,mais par-lern’estpaslaseulemanièred’agirpourlescorps–etcertainementpas laseulemaniè-re pour eux d’agir politiquement. Et lors-que des manifestations publiques ou des

actionspolitiquesontpourobjectifdes’op-poser à des formesde soutiendéfaillantes,manque de nourriture, ou manque d’unrefuge, travail peu sûr et sans compensa-tion, cequi était auparavant compris com-me étant l’«arrière-plan» de la politiquedevientsonobjet explicite.

Si nous en revenons alors à notre ques-tion de départ – comment pourrais-jemeneruneviebonnedansuneviemauvai-se? –, nous pouvons repenser cette ques-tion morale à la lumière des conditionssociales et politiques sans tirer un trait, cefaisant,surl’importancemoraledelaques-tion. Si la résistance doit entraîner unenouvelle manière de vivre, une vie plusvivable s’opposant à la distribution diffé-rentielle de la précarité, alors les actes derésistance diront non à une manière devivredanslemêmetempsoùilsdirontouiàune autre.

L’action concertée qui caractérise larésistancese trouveparfoisdans l’actedis-cursif verbal ou dans le combat héroïque,mais elle se trouve aussi dans ces gestescorporels de refus, de silence, de déplace-ment,derefusdebouger,caractérisantcesmouvementsquipromulguentdesprinci-pes démocratiques d’égalité et des princi-pes économiques d’interdépendance enappelant à unenouvellemanière de vivreplusdémocratiqueet interdépendante.

La précarité est cette condition contrelaquelle luttent plusieurs mouvementssociaux.Notreexpositionpartagéeàlapré-carité n’est rien d’autre que le terreau denotre égalité potentielle et de nos obliga-tions réciproques de produire ensembleles conditions d’une vie vivable. En recon-naissantlebesoinquenousavonsd’autrui,nous reconnaissons tout autant les princi-pes de base qui inspirent les conditionssociales, démocratiques, de ce que nouspourrions encore appeler la «vie bonne».Celles-ci sont les conditions critiques de laviedémocratiqueausensoùellessontpar-tieintégranted’unétatdecrisepermanent,maisaussiparcequ’ellesrelèventd’unefor-me de pensée et d’action qui répond auxurgencesdenotre temps. p

Traduit de l’anglais par Frédéric Joly

f Sur Lemonde.frL’intégralité de ce texte

LeDébatnº171Septembre-octobre 2012Gallimard,190 pages,18¤

JudithButlerPhilosophe américaine, professeure de littératurecomparée à l’université de Californie à Berkeley,

féministe, qui a promu dans ses nombreux travauxla notion de «genre». Elle soutient des positions

antisionistes sur le conflit israélo-palestinien. D’où lapolémique qui a entouré le fait qu’on lui attribue le prix

Adorno, le 11 septembre à Francfort-sur-le-Main(Allemagne). Ce texte est une version raccourcie du

discours de réception qu’elle a prononcé à cette occasion

«L’idéalrépublicaindoitlaisserlaplace

àunecompréhensionplusvasted’une

démocratiesensible»

Revue

LA MATINALELA VOIXESTLIBRE

J6c8LKI83K6¾J6

DE PATRICK COHEN TRAITÉ EUROPÉEN : OUI OU NON ?

INVITÉS : JEAN-LUC MÉLENCHON, PIERRE MOSCOVICI, FRANÇOIS FILLON, DANIEL COHN-BENDIT, GUY VERHOFSTADT

DU LUNDI 1ER AU VENDREDI 5 OCTOBRE DE 7H À 9H

AFP

150123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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ORDEM E PROGRESSO

RIO

DOPE SA CROISSANCE AVEC

LES JO 2016

FONT EXPLOSER

LES LOYERS À

RIO

RENDEZ-VOUS LE 4 OCTOBRE

ENVOYEZ PROMENER

VOTRE VISIONDU MONDE

L a comparaisond’uneannée sur l’autre estsaisissante. Lors de l’Assemblée généralede l’ONU, en septembre2011, la cause

palestinienne avait accaparé l’attention desmédias du monde entier. La quasi-totalité desdiscours lus à la tribune demarbre de l’assem-bléeavaitétééclipséeparceluiqu’avaitpronon-céunpetithommeàl’alluredegrand-pèreaffa-ble :MahmoudAbbas.Enannonçantsavolontédefaire reconnaître laPalestinecommeunEtatmembre à part entière de l’Organisation desNations unies – et non plus comme un simpleobservateur, le statut dont elle dispose depuis1974–, lechefdel’OLPavaitreplacélaquêted’in-dépendance de son peuple en tête de l’agendainternational.

Leshabitants des territoires occupésavaientsalué la performance du patriarche, venudéfier sur leur propre sol les Etats-Unis deBarackObama, opposés à ce projet. «Mon peu-ple a rendez-vous avec la liberté», avait lancé,sous un déluge d’applaudissements, le succes-seurdeYasserArafat,biendécidéàréinternatio-naliser la questionde la Palestine.

Or douzemois plus tard, dans lamême salleet à lamême tribune, cette question ne susciteplusqu’un faibleécho.Alorsqu’en2011NicolasSarkozyyavaitconsacrél’essentieldesoninter-vention, François Hollande s’est contenté dequelques propos convenus sur la nécessaire«coexistence de deuxEtats», «seule solutionpour une paix juste et durable dans cetterégion». Pour les responsables occidentaux, leconflit israélo-palestiniena été relégué au troi-sième,voirequatrièmerangdesurgencesinter-nationales, après la guerre en Syrie, lesmenéesnucléaires iraniennes et la capture du nord duMali par des groupesdjihadistes.

Durant ces douzemois, l’OLP n’est parvenuà obtenir le soutien que de huit des quinzemembresduConseildesécurité–seule instan-ce habilitée à accorder une adhésion pleine etentière à l’ONU, alors qu’il lui en aurait falluun de plus pour obliger les Etats-Unis à sortirleur veto. Eût-elle atteint ce seuil, il n’est pascertain que ces dirigeants auraient osé heur-

ter de front laMaisonBlanche, en soumettantleur demande au vote.

Dans son discours, jeudi 27septembre,Mah-moud Abbas a pris acte de cette nouvelle don-ne. Il a rabaissé ses prétentions à l’obtentiond’un statut d’Etat non membre, semblable àceluiduVatican.Cerehaussementétantdures-sort de l’Assemblée générale où l’OLP disposed’unemajorité automatique, le succès est cettefois-cigaranti, quandbienmême lesEtats-Unisnevoientpas ce projet d’unmeilleurœil que leprécédent. Mais quid des grands pays euro-péens?Si, en2011, leursoutienpouvaitparaître

acquis,M.Sarkozy poussant en ce sens, rien neditqu’il le soit toujourscette année.Lorsde sondiscours devant les ambassadeurs, au moisd’août,M.Hollanden’a d’ailleurspas prononcéles mots «Etat palestinien», le vocable derigueurdepuis ladéclarationduSommeteuro-péen de Berlin en 1999 lui préférant l’expres-sion «autodétermination», une terminologiedésuète, qui remonte à la déclaration faite parla Communauté économique européenne àVenise… en 1980! Une bourde que des bonsconnaisseursdesarcanesde ladiplomatiefran-çaise attribuent au désir du chef de l’Etat de nepas paraître cautionner par avance la nouvelledémarchepalestinienne.

Consciente qu’une promotion au rangd’Etatnonmembrevotéepar les seuls pays duSud n’aurait qu’une valeur limitée – quandbien même elle l’autoriserait à intégrer les

agences onusiennes –, l’OLP entretient désor-mais le flou sur la date à laquelle elle pourraitsaisir l’Assemblée générale. Le 29novembre,date de la journée internationale de solidaritéavec la Palestine? «Pendant cette session»,s’est contenté de dire M.Abbas dans son dis-cours, cequi luidonne jusqu’àseptembre2013pouragir…oupournepasagir.Encasderéélec-tion de M.Obama, le président palestinienpourrait juger plus opportun de s’attirer sesbonnes grâces, dans l’idée qu’un présidentaméricain en second mandat, débarrassé deconsidérations électoralistes, peut être tentéde se réengager au Proche-Orient.

Une choseest sûre:MahmoudAbbas aura leplus grandmal à ranimer la dynamique initiéepar son discours historique de 2011, qui avaitrequinqué le Fatah, son parti. Après la victoireinespérée qu’avait constituée l’adhésion réus-sieàl’Unesco,aumoisd’octobredecetteannée-là, l’élan est retombé. Au lieu de se présenterdevant l’Assemblée générale dans la foulée decette séquence, afin de recueillir les fruits desefforts déployés par ses émissaires, AbouMazena cédé auxpressions américaines.

Cequiesten jeudanscetteaffairedépassedeloin la revalorisationdu statutde la Palestine àl’ONU. Car la démarche du vieux dirigeantvisaitàbriser leparadigmed’Oslo,cecarcanquienferme la résolution du conflit dans untête-à-tête stérile parce que asymétrique entreles Palestiniens et leurs occupants israéliens.Enoptantpouruncadremultilatéral, fondésurles résolutionsde l’ONUet donc sur les frontiè-res de 1967, celles qu’il réclame pour son Etat,M.Abbas espérait renforcer samain.

Il s’agissait de renoncer momentanémentauxnégociationsbilatérales–quiétaientetsonttoujoursinexistantes–,pouryrevenirdansunepositionmoins défavorable. Oublier le proces-sus de paix pour mieux le sauver. L’insistancedes chancelleries occidentales sur une reprisesanspréalabledesnégociationsmontrequecet-teambitionmajeureest enpassed’avorter. p

[email protected]

A insi l’Europe reste auxmainsd’un groupusculeirresponsable. Incapables

d’avoiruneéthiquede responsabi-lité et incohérents, les oligarquescontinuent lamêmepolitiquenui-sible, consistant à faire peser surlespeuples le poids de lamuta-tionnécessairede l’économie,tout enprotégeant les riches et lesfinanciers de toutepressionvéri-table. Comme l’écrivaitMarcRoche (LeMondedu 16septem-bre), «rienn’a vraiment changédepuis la faillite de LehmanBro-thers. (…) Lesmarchés apparais-sent plus forts que jamais (…), lesrésistancesdes seigneurs de l’ar-gent sont plus fortes que jamais».

L’oligarchieprétend faire adop-ter par l’Europeunnouveau trai-té. Ses porte-voixmédiatiques, sibiendécrits par le film LesNou-veauxChiens de garde, deGillesBalbastre et YannKergoat, vitupè-rent contre quiconqueanalyse letexte du traité et en considère lesconséquences.

Faisant fi des oukases, les éco-logistes français ont refusé d’ava-liser le traité sur la stabilité, lacoordination et la gouvernance(TSCG). C’est un choix cohérentavec l’analyse que tous les partisverts européens, réunis encongrès en novembre2011,avaient adopté dans leur Déclara-tion de Paris, qui définissait leurpolitique économique et finan-cière.

Le TSCGencourt deux criti-ques. En concédant à la Commis-sioneuropéenne, non élue, des

pouvoirs de contrôledes Etats, ilopèreunnouveau recul démocra-tique.De surcroît, il n’envisage ladette publiqueque commesi cel-le-ci découlait de la seule respon-sabilitédes Etats, et nondesmesu-res quiont dûêtreprises pour sau-ver le système financier, et durecul depuis vingt ansde l’imposi-tiondes riches et des grandesentreprises. Enfin, il laisse de côtéla question fiscale, si bien que laconcurrence fiscale entre Etatsdivise l’Union, favorisant le pou-voir du capital et empêchant

notammentune fiscalité environ-nementale.

Une autre raison rend le TSCGanti-écologique.Ce texte prétendposer commeguidede toutepoli-tique économique la référence auproduit intérieur brut (PIB). Or cetinstrumentest vicié, puisqu’il nemesurepas l’impact sur l’environ-nementdes conséquencesde l’ac-tivité économique. La commis-sionStiglitz aussi bien quel’Unioneuropéenne, avec son ini-tiative «Au-delà du PIB» lancéeen 2007, ontmontré les défautsstructurels duPIB. Endonnantunevaleur juridique forte à cetoutil trompeur, le TSCGaggrave-rait la crise écologique.p

[email protected]

S ans conteste l’Eglise catholique estl’unedes institutions les plusmobili-sées dans le débat sur le mariage et

l’adoption que le gouvernement prévoitd’ouvrir aux couples homosexuels. Entreles déclarations tonitruantes du cardinalPhilippeBarbarin, suggérantque la remiseen cause dumariage entraînera à terme lalevée d’autres interdits, comme la polyga-mie ou l’inceste, les appels de certains deses collègues à un référendum sur cettequestion ou lesmises en gardes plus poli-cées de la Conférence des évêques sur leschangements anthropologiques induits

par cettemesure, l’Eglise semble avoir prisla tête de l’opposition au projet gouverne-mental.

Tel n’est pas le sujet de l’ouvrage deClaudeBesson.Maislepasdecôtéqu’ilpro-pose en interrogeant la place que réservel’institution aux fidèles homosexuelsprend, dans les débats en cours, une réso-nance particulière. Dénonçant les «préju-gés», le «regard négatif et excluant» denombreux catholiques sur les homo-sexuels, l’auteur,dansunréquisitoiresévè-re, interpelleclergéetfidèlessurlamanièred’accueillir les croyants homosexuels,maisaussi leursparents, dans lesparoisseset lesdiscoursde l’Eglise.

C’est après le débat sur le pacs, en 1999,et la découverte de « l’homophobie laten-te» de certains milieux catholiques, queM.Bessoncréé,en2000,àNantes, l’associa-tion Réflexion et partage, qui accueille etsoutient des homosexuels souhaitantdemeurerdans l’Eglise catholique.

Car,etc’est là l’undesintérêtsdulivredeM.Besson, des témoignages de fidèleshomosexuels illustrent la souffrance depersonnes tiraillées entre leur orientation

sexuelle, leur foi et la doctrine de l’institu-tionsurlesujet.L’auteurrappellequel’Egli-se a toujours réprouvé les actes homo-sexuels, «abomination», «refus de Dieu»,selon la Bible, «actes intrinsèquementdésordonnés», selon la Congrégation pourla doctrinede la foi. Et, si depuis les années1970,unedistinctionaétéétablieentre«lesactes» et «les personnes», qui doivent êtreaccueillies avec «respect, compassion etdélicatesse», selon le catéchismede l’Eglisecatholique, l’auteur souligne le caractèrepeuaudibled’un tel«compromis».

La chasteté, recommandée par l’Eglise,nesauraitêtrel’uniqueréponse,estimeaus-siM.Besson.«Ellen’estni réalisteni honnê-te.» «Ce discours pousse des personnes debonne volonté à quitter l’Eglise catholiqueouàrejeter la foi chrétienne.»L’auteurévo-queaussi lasouffrancedesprêtresousémi-naristes homosexuels, accentuée depuisqu’une «instruction» de 2005 a fermé lesacerdoce aux «personnes présentant destendanceshomosexuelles».

Soulignantque«toutesne revendiquentpas le droit aumariage ou à l’adoption», ildemandeà l’Eglisede«briser lesghettos,dedonner aux personnes homosexuelles uneplace dans l’Eglise et d’aider ces couples àgrandir dans leur amour». Ce travaild’ouverture, reconnaît-il, a commencé.«Avec certains évêques, le discours est plu-tôtaccueillant,maislaparolepubliquesem-ble faireproblème.»

Des coming out heureux se produisentdansdesparoisses.Desévêques,telceluideVersailles, s’interrogent: «Quelle réponsedonnerà lademandedebaptêmeformuléepar un papa qui vient avec son compa-gnon?»AParis, l’église Saint-Merri, où deshomosexuels participent à l’équipe pasto-rale«sertde“paroisse-refuge”».Dansledio-cèse de Nice, un prêtre a été nommé pouraccompagner ces fidèles «Des initiativespastorales encore trop rares», regrette tou-tefois l’auteur. p

Stéphanie Le Bars

Lesoligarquescontinuentlamêmepolitiquenuisible

Homosexuels catholiques,sortir de l’impasseClaudeBessonEditions de l’Atelier, 144 p., 15¤

Analysepar Benjamin BartheService International

Ecologie | chroniqueparHervéKempf

Letraité?Non

Comingoutdanslesparoisses

Ils’agissaitderenoncerauxnégociationsbilatéralespouryrevenirdansuneposition

moinsdéfavorable

décryptagesANALYSES

Lelivredujour

PhotoLesphotographies illus-trant l’article«La réussitedesbacs

pro, gageurepour l’université» (LeMondedu28septembre)auraient

dûêtre créditéesKarimElHadjpourLeMondeet LeMonde.fr.

Palestine: ladynamiquebrisée

Rectificatifs&précisions

¶Claude Besson estun ancienmoine

cistercien

16 0123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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culture

Théâtre

I l y a, comme cela, des soirs oùl’on sait pourquoi on aime lethéâtre. Des soirs où l’on se dit

qu’il est décidément étonnant etmagique,cetartquitoujoursfabri-queduneuf avecduvieux,dupré-sent avec de l’histoire. A 70 ans,Jean-Pierre Vincent signe ainsiavecDomJuanunedesesplusbel-les mises en scène, offrant à laComédie-Françaiseuneouverturede saison aux petits oignons. LapiècedeMolière,lemythe,quecha-cun connaît à des degrés divers,retrouventune fraîcheur, une jeu-nesse–etdoncuneacuité–réjouis-santes, et bienvenues.

Cette jeunesse est d’abord cellede Dom Juan lui-même, joué parun excellent acteur, qui n’a cessé,depuis sept ans, dans la troupe duFrançais, d’affirmer et d’affinerson talent : Loïc Corbery. SonDomJuanferadate,nonseulementpar-ce que le comédien y déploie lafinesseet la libertédesonjeu,maisparce qu’il tranche nettementavec l’image que l’on a du person-nage, telle qu’elle s’est forméedans la période contemporaine àtravers les grands interprètes durôle : Michel Piccoli (dans la ver-sion réaliséepour la télévisionparMarcel Bluwal en 1965), RuggeroRaimondi (dans le film-opéra deJoseph Losey en 1979), GérardDesarthe (dans lamise enscènedeRoger Planchon en 1980) et Andr-zej Seweryn (dans lamise en scènede Jacques Lassalle en 1993).

Dom Juan est jeune, et mêmejuvénile, et cela change tout. Cen’est plus le libertin d’âge mûrdéfiantlecielet lasociété, leséduc-teur insatiable et irrésistible à laCasanova. Corbery est un «jeunepremier», identifié comme tel.Dès lors, la pièce se recadre autre-ment. Elle conte le cheminaccom-pli par un gandin d’abord gouver-né par son désir et qui, de rencon-treenrencontre,découvre,rêveur,presque sidéré, l’absolu de sa soifde liberté.

De la mise en scène de JacquesLassalle – elle aussi remarquable,

jouée qu’elle fut pendant plus dedixansauFrançais–, il abeaucoupété dit à l’époque qu’elle était un«diamantnoir».CelledeJean-Pier-re Vincent est une pierre blanche,comme celles, très belles, qui déli-mitent le bord du plateau, tout aulong de la représentation.Mise enscèned’uneclartéetd’unclassicis-me assumés, où jamais ne se relâ-che la tension calme avec laquelleceDom Juan 2012 assume son rôlede révélateur des berlues humai-nes – religieuses, amoureuses…

C’est ainsi un magnifique por-trait de libre-penseur que dessi-nent Jean-Pierre Vincent et sonéquipe, dans l’espace sobre conçupar Jean-Paul Chambas, où l’har-

monie des couleurs, la beauté deslumières(AlainPoisson)etdescos-tumes(PatriceCauchetier)concou-rent au raffinement de l’ensem-ble. Certaines scènes de la pièceretrouvent une force souventnégligée, commecelle, saisissante,de la séduction des deux jeunespaysannesparDomJuan.Maisaus-si attirant soit-il,DomJuan-Corbe-ry n’est pas seul dans cette affaire.Il estnotammentaccompagnéparle formidable Serge Bagdassarian,qui, tout enmontrant la truculen-ce requise, composeunSganarelleque l’onn’avait jamaisvu si fidèle.Formidable aussi, comme tou-jours, Pierre Louis-Calixte.

Si ce Dom Juan résonne defaçon troublante, ennos tempsoùla religion et le blasphème susci-tent débat, Jean-Pierre Vincent,lui, a choisi : sonDom Juan ne dis-paraîtpasdanslesflammesdel’en-fer, après avoir serré la main duCommandeur. Passé un momentd’évanouissement, il se relève et,espiègle, quitte tranquillement lascène du théâtre, accompagné deson loyal Sganarelle. Le cheminvers la liberté est toujours àouvrir. Superbe fin. Infidèle àMolière, Jean-Pierre Vincent ?Allons donc.p

FabienneDarge

«Dom Juan ou le Festin de pierre», deMolière. Comédie-Française, Théâtreéphémère, jardins du Palais-Royal,Paris 1er. Tél. : 0825-10-16-80.En alternance à 14heures ou 20h30,jusqu’au 11novembre. De 5 ¤ à 39¤.Durée : 2h45.

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Loïc Corbery, à la Comédie-Française, incarne le «Dom Juan» deMolière. Unmagnifique portrait de libre-penseur. PASCAL VICTOR/ARTCOMART

LoïcCorbery:dusangneufchezlesDomJuanSous lahoulettede Jean-PierreVincent, le jeunesociétairede laComédie-Françaiseréinventelerôle.Unrégal

Beau,humble, intelligent…commentluirésister?

FindepartieauthéâtreParis-Villette

Certainesscènesdelapièceretrouvent

uneforcesouventnégligée

Portrait

Il est embêtant, LoïcCorbery,pourun (et surtoutpourune) journa-liste: il est beaugarçon, archi-sym-pathique,pas torturépourun sou,tout sauf idiot, etpour couronnerle tout, il est devenuundesgrandsacteursde la troupede laMaisondeMolière. Essayezdegarder ladis-tance, avec ça.

Quiest-il, cenouveauDomJuan?Sur le «trombinoscope»desacteursde la troupe, il poseavecunboutd’armureenfilé sur saves-te. Il porte sur lui les tracesdecesjeuneshérosde théâtre, lesRodri-gue, les rois shakespeariens,quiontpeuplé, enfant, son imaginai-re. Il estné àAvignon, il y a trente-sixans. LaCourd’honneurduPalaisdespapesétaitun terraindejeu,pour ses copainset lui. Samère,profde lettres et dedanse,étaitune«assidue»du festival.

«J’ai l’impressiond’êtreundesderniersacteurspourquiGérardPhilipe représentevraimentquel-quechose», sourit-il.A8ans, il avuleMahabharatadePeterBrook. Lespectacleduraitprèsdeneufheu-res.«Heureusement, j’avais empor-témonPifGadget», observeLoïcCorbery.

Sonpremier rôle, il le doit àAgnèsVarda. Il avait 5 ans, sepro-menaitauMuséeCalvet àAvi-gnonavec samère, quand la

cinéaste l’a repéréet embauchépour jouerdansuncourt-métrage,Ulysse,qu’il n’a jamaisvu.Après,LoïcCorberya fait assezviteduthéâtreamateur, avec leThéâtretremplin,unecompagniedans l’or-biteduSoleil d’ArianeMnouchki-ne.«C’était très heureux, très ludi-que.Mes racines sontvraiment là.»

Heureux, LoïcCorbery l’a étédans tout sonparcours. Il culpabi-liseraitpresqueden’avoir«jamais euà [se]battre». Ce sontsesparents, constatantqu’il«n’avait jamais l’air aussi biendans sa peauque sur unplateau»,qui l’ontpousséà essayerd’êtreacteur. Il estmonté àParis, a fait lecoursPérimony, a tenté le Conser-vatoire, l’a eu. Il a travaillé toutdesuite, à la télévision, au cinémaetau théâtre, notammentavec sesdeuxprofesseursduConservatoi-re, JacquesLassalle et Stuart Seide.Et tout de suite, il a été remarqué.DansAntoine et Cléopâtre, déjà,montépar Stuart Seide en 2004,onnevoyait que lui.

Mise en abymeEvidemment, il sera étiqueté

«jeunepremier solaire». Et c’esten tant que«jeunepremier»qu’ilentreraà laComédie-Française, en2005.«Les emploisn’ontpasdispa-ruau théâtre, s’amuse-t-il. Resteàvoir ce qu’onen fait…»C’est là quele jeuneCorbery, qui a étéDorante

dans LeMenteuret ClindordansL’Illusion comique, Cléantedans LeMalade imaginaireet, surtout, unmagnifiquePerdicandansOnnebadinepas avec l’amour, s’estimposé: en étant capablede jouerà la fois lepremierdegréde cesrôles, et la distanceque l’ona faceà euxaujourd’hui. C’est le boutd’armureenfilé sur la veste. EtretotalementClindor tout en intro-duisantdu«jeu» – commeondit

qu’uneporte«joue» – surunper-sonnagequi, lui-même, joue.

Cette capacité à lamise enaby-me fait deCorberyunacteurmoderne, lui qui se vit plutôt enromantique (il rêvaitdePerdicandepuis toujours). Son charme, savivacité, sonair denepasy tou-cher, feraientpresqueoublierqu’il«joue [sa]peau» à chaquereprésentation. p

F.Da.

L e Paris-Villette baisse lerideau. Après plusieursannées de conflit avec le

directeur, Patrick Gufflet, laMai-rie de Paris a annoncé, le 27sep-tembre, qu’elle n’accorderait pasdenouvelle rallonge à son théâtremunicipal situé dans le 19earron-dissement. A quatre jours del’ouverture de la saison, elle a déci-dé demettre en place «unnou-veau projet» avec «unnouveaudirecteur».

LaMairie «reconnaît la qualitéet l’audace de la programmationde Patrick Gufflet». Nombre detalents de la scène française ont

fait leurs premiers pas auParis-Vil-lette, de Yasmina Reza à Joël Pom-merat.Mais le directeur aplacél’établissement dans «une impas-se financière». Une subven-tionannuelle passée de 645000euros à 865000euros entre2000et 2012, un apport supplémentairede 150000 euros accordé en 2011pour combler le trou, une fréquen-tation passée de 14273 à 4000spectateurs payants entre2006 et2011 : lesmesures prises parPatrickGufflet ont été «insuffisan-tes et inefficaces», déplore laMai-rie de Paris.

La semaine dernière, le direc-

teur du Paris-Villette avait lui-même alerté l’opinion. Devant lerefus de la banque d’accorder undécouvert, il réclamait des pou-voirs publics un coupde pouce,faute de quoi la cessation depaie-ment surviendrait le 1eroctobre.

LaMairie a donc tranché. Si ellene souhaite «ni fermer ni voir dis-paraître» l’établissement, elleentend enmodifier sensiblementle projet. Pour cela, elle assure vou-loir «poursuivre avec détermina-tion le dialogue engagé avec l’Etat,propriétaire des lieux». Elle pro-met d’«accompagner» les salariéset les compagnies programmées

en 2012-2013. Des créneaux pour-raient leur être proposés dans lesautres théâtresmunicipaux.

Autant d’engagements quePatrick Gufflet juge factices. Pourlui, «la fermeture immédiate duParis-Villette» est annoncée.Devant cette décision «catastro-phique», il a décidé demaintenir«coûte que coûte» les représenta-tions desdeux spectacles program-més à partir du 1eroctobre,Unemouette et Bienvenue dans l’espè-ce humaine. Il appelle aussi à unrassemblement de soutien le6octobre devant le théâtre. p

NathanielHerzberg

170123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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YanHengGalerie SatorPremière expositionhorsde sonpaysnatal pourYanHeng, 30ans.Et surprise : sapeinture, danslaquelle il intègreparfois des res-tesde circuits électriques, est bienmoins tranquille qu’ellen’enal’air aupremier regard. Engri-saille le plus souvent, elle présen-te tantôtdes intérieursde sallesde cours aux tableaux recouvertsd’équations, tantôtdespaysages.Mais rienneva. Lephysicien finitpar sependre, ne supportantplusdedevoir délivrerunevérité offi-cielle. Les pêcheurs tirent de l’eauunnoyédont ils s’apprêtent à ren-dre le corps aux siens –mais seule-ment si ceux-ci le rachètent. Lesobjetsdu confort (lave-lingeouordinateur) ont été abandonnés,alors qu’ils semblentneufs. Lemoindreélémentde la toile auneouplusieurs significations, quinesontparfois accessibles qu’en seréférant soit à l’histoirede l’art,soit à l’actualité chinoise.Mais iln’estpas besoinde connaître celle-ci pour saisir que les créaturesmonstrueusesqueYanHeng faitsurgir dans lesherbesn’ont riend’amical. Si la référence àGerhardRichter est perceptible, YanHengl’attiredu côtéducauchemaravecune efficacité glaçante. p

Philippe Dagen«Botanique du rêve». Galerie Sator, 8,passage des Gravilliers, Paris 3e.Tél. : 01-42-78-04-84. Dumardi ausamedi de 14heures à 19heures. Jus-qu’au 3novembre.

ValérieFavreGalerie JocelynWolffDans sonatelier deBerlin – elle vitdans cette ville depuis 1998–,Valérie Favrene se laissedérangerpar rien. Surtoutpaspardes consi-dérations tactiquesoudemarché.Jusqu’à ces derniers temps, sapeintureétait peupléede créatu-res fantastiques et symboliques.Elle abondait en éléments et encouleurs. Elle esquissait deshistoi-res et des fables. Tout cela a, pourl’instant, disparu. Lesœuvres lesplus récentes sont envahiespardes voilesdenoir, parmi lesquelsflottentdes spectres, à peine tra-cés. Leplus souvent, onnepeutsavoir dequels êtres ouquelsobjets ils seraient les fantômes.Riende tragique cependantdansces toiles qui sidèrent: ondiraitplutôtdes visions cosmiques, desimagesqui auraient traversédesespaces infinis avantdenouspar-venir.De façon inattendue, onsongeà Friedrich, àHugo, àKubrick. Risquerune telle rupturepar rapport auxœuvresprécéden-tes et être capabled’un renouvel-lementd’une telle ampleur sontles signes d’unegrande artiste.pPh.D.«Fragments». Galerie Jocelyn Wolff,78, rue Julien-Lacroix, Paris 20e.Tél. : 01-42-03-05-65. Du mardi ausamedi de 14heures à 19heures. Jus-qu’au 3novembre.

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Xavier Lambrechts (TV5MONDE), Bruno Daroux (RFI),Christophe Châtelot (Le Monde)DIFFUSION SUR LES HUIT CHAÎNES DE TV5MONDE, EN DIRECTSUR LES ANTENNES DE RFI ET SUR INTERNATIONALES.FR

ABDOU DIOUFSECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FRANCOPHONIE

DIMANCHE30 SEPTEMBRE À 18H10

et avec

UN FILM DEMATTEOGARRONE

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« Matteo Garroneressuscite la

comédie italienne »LIBÉRATION

« Une fable fellinienne :magistral »

LE POINT

« Une farce populaireet truculente »

LE MONDE

« Quel plaisir ! »TÉLÉRAMA

LE 3 OCTOBRE AU CINÉMA

AvecANIELLO ARENA, LOREDANA SIMIOLI, NANDO PAONE, NUNZIA SCHIANO, NELLO

IORIO, GIUSEPPINA CERVIZZI, ROSARIA D’URSO, GRAZIELLA MARINA, RAFFAELEFERRANTE ET CARLO DEL SORBO

Musiques dumonde

C esaria Evora est décédée le17décembre 2011. Homma-ge lui est rendu aujourd’hui

par le Festival d’Ile-de-France auCirqued’hiver à Paris alors que finoctobre, sa maison de disques,Lusafrica, organise le vingtièmeanniversaire de Miss Perfumado,albumsans concession, ni produitàl’occidental,niélectrifié,sansfau-temusicale où figure Sôdade.

Sur scène pendant trois jours,six artistes, dont cinq Africains,accompagnéspar lesmusiciensdeCesaria, dressent donc un portraiten creuxdes talents de la diva cap-verdienne.Biensûr,parmiceux-ci,il y avait la présence –une sortedenon-êtrequipoussait lachanteuseà déborder de sentiments, sansbougertrop,sanschercheràsédui-re.Aurayondesépidermiquespas-seurs de frisson, le PortugaisCamané, 44 ans, n’est pas en reste.Chanteur de fado à la stature frêleet à la voix puissante, le Lisboètecueille Mar Azul au moment oùMayraAndrade,Cap-Verdiennedela diaspora née à Cuba en 1985 deparentsdiplomates, porte la chan-son vers une clarté qui ne lui siedguère.MarAzulestunemornaécri-te par B. Leza (1905-1958), grandcompositeur cap-verdien, cousinde Cesaria, né, comme elle, à Min-delo, sur l’île de SãoVicente.

Deuxième point fort de cettefemme rieuse et inconsolable, sonincroyable exigence quant aurépertoire. Teofilo Chantre en saitquelquechosequi, depuisParis oùilvit,a fournisonquotadesuccèsàsacompatriote–Rogamar,Vozd’A-mor, Fala Pa Fala… Avec sa voixfluette et ses airs de ne pas y tou-cher, Teofilo Chantre, né en 1964sur l’île de San Nicolau, fait corpsavec les formidables musiciensqui accompagnaient les tournéesdeCesaria.

Khaly, au piano, a vingt ans. Ilavait rejoint le groupeunanavantlamortdelapatronne,remplaçantNando Vieira, qui fut son profes-

seur à l’école de Mindelo où Cesa-ria offrait des bourses aux jeunesmusiciens.Auviolon, JulianCorra-les Subida, cubain de Cuba, est unfidèle parmi les fidèles, commeTotinho au saxophone, Dany à laguitare, Paulino Vieira au cava-

quinho. Tey et Miroca sont auxrythmiques, Renato, un jeuneaveugle, assure les chœurs avecNilza, qui pleure quand arrivel’heure de chanter l’hymne,Sôdade, tellement attaché au par-coursde Cesaria Evora.

«Des musiciens extraordinai-res», salue Camané après avoirréussi son examen de passage :interpréter accompagné au pianopar Khaly, Sei de Um Rio, célèbrefado de Pedro Homen de Mello etAlainOulman, les«hommes»d’A-maliaRodrigues.

Dans l’exercice imposé par leFestival d’Ile-de-France, chacun apuchoisirunechansonextra-Cesa-ria, enchanterdeuxà soi etune enduo. Le Sénégalais Ismaël Lo estarrivé en boubou jaune d’or avecTajabone, sonsuccèsde1996,voix,guitare, harmonica. L’instantd’avant, il dansait avec AngéliqueKidjo, toute en fleurs, sur AfricaNossa. On imagine Cesaria rigo-lant sous cape, les yeux taquins, lamain posée sur la bouche, devantce beau couple entraîné dans unecoladeira carnavalesque.

La Béninoise a fait lever la sallesur Angola, deuxième chanson laplus connue de la chanteuse cap-verdienne. La voix, le tonus, lepublic, tout y est. A New York, oùvit Angélique Kidjo, elle avait été

conviéeàundînerenl’honneurdeCesaria, qui s’ennuyait. «Alors, ona parlé, avec les mains, car je neconnais pas le portugais. Puis, ellem’a appelée, et m’a donné unebague en or sertie de diamantsqu’elle avait au doigt», racon-te-t-elle sur scène.

L’Angolais Bonga ferme lamar-che – voix rauque, rythmiquedéchaînée. Il a popularisé Sôdade,écritepar LuisMoraes et AmandioCabral. C’était en 1972, il était enexil à Rotterdam. En 1992, Cesarias’en emparaitpour toujours. p

VéroniqueMortaigne

Hommage à Cesaria Evora avec MayraAndrade, Bonga, Camane, Teofilo Chan-tre, Angélique Kidjo, Ismaël Lo, samedi28septembre à 20h30, dimanche29 à16h30. Cirque d’hiver, 110, rue Amelot,Paris 11e. Festival d’Ile-de-France.Tél. : 01-58-71-01-01. De 16 à 23 euros.www.festival-idf.fr.

ÉléganceethumourchezLeonardCohen,78ans

L’image

culture

Et si, commeBobDylan,LeonardCohen, 78 ans, étaitparti pourunetournéesans fin?Depuis l’été2008,aprèsquinzeannéesd’ab-sence, le chanteuret auteur-com-positeurmontréalaisarpente lesroutesd’AmériqueduNordetd’Europe.Salles combles.Duréemoyennedes concerts: plusdetroisheures.Cohenestdoncderetourà l’Olympia, trois soirsconsécutifs (du 28au30septem-bre) commeennovembre2008. Lasalleparisienneconvient à sonélé-gance, à sonsensdu show,qui sedévelopped’annéeenannée, à savoixgravedepresquecroonerqui

joueavecdesmusiquesvoyageu-ses.Dupourtourméditerranéenàl’Europede l’Est, de la countryaugospel, de lavalse à lapop…Leschansons,de l’ovationnéeSuzan-ne, qui lemenaà la reconnaissan-ce internationale, au savoureuxautoportraitGoingHome tirédurécentOld Ideas (Columbia/SonyMusic), viennentde l’ensembledesadiscographie.A l’exceptiondeDeathofa Ladies’Man, collabora-tionde 1977avec leproducteurPhil Spector. Seule«erreur»d’unspectacle toutdevie (humourcom-pris) et degrâce.p SylvainSiclier(PHOTO: FRANCIS VERNHET/DALLE)

OnimagineCesariariantsouscape,lamainposéesur

labouche,devantcebeaucoupleentraînédansunecoladeiracarnavalesque

LeslaurierstristesdeCesariaTeofiloChantre,AngéliqueKidjo, IsmaëlLo…AParis,unebrochetted’amis rendhommageà lachanteusedisparueen2011

Galeries

18 0123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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Où en estle rêve américain ?

Le Monde raconte à la veille de l’élection présidentielle, comment le paysa évolué pendant ces années Obama, les doutes de la société américaineet le rôle crucial de la nouvelle donne démographique. Une série dereportages, d’analyses, d’entretiens et la contribution de cinq grandsromanciers pour comprendre l’Amérique de Barack Obama.

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D’OBAMAENTRETIEN AVEC LESAUTEURS DU LIVRE« C’EST MÊME PIREQU’IL N’Y PARAÎT »

&vous

Tendance

V erres Duralex ron-douillards, matelas delaine vierge, bancs et chai-

ses d’école, boîtes de crayons àmine… : c’est un inventaire à laPrévert. Et il plaît à nombre denos contemporains. Avec cesproduits rustiques et fonction-nels, le site marchand Landma-de, qui s’est lancé sur la Toile à lami-septembre, remporte déjàun beau succès. « J’ai choisi desarticles qui ne se démodent paset que j’aurais voulu voir en bou-tique : du costaud, dubeauet par-fois un peu rétro», souligne EricLedi, le fondateur de cette entre-prise lilloise.

Pendant longtemps, il a sillon-né l’Asie où il faisait fabriquerdes meubles en rotin. «A 49ans,j’ai eu envie d’autre chose, plusauthentique, plus durable, et lespremiers clients sur mon site ontl’air de me ressembler, par l’âgeet par l’état d’esprit »et par l’état d’esprit », s’amuse, s’amusecet entrepreneur.

Il a remplacéses tournéesasia-tiques par des voyages à traversl’Europe, sur la piste d’artisansd’exception. La serviette en cuirépais qu’il propose sur Landma-de est fabriquée en Aveyron, lesfauteuils en châtaignier par unefamille d’agriculteurs dans leLimousin, les chaises de bistroten hêtre courbé viennent dePologne et le panier à linge en

feutre est réalisé en Allemagne,selon le procédé du fameuxloden autrichien.

Landmade n’est pas la seuleenseigneàprôner le retour à l’es-sentiel, avec des prix accessi-bles. L’enseigne Muji, née en1980 aupays du Soleil-Levant enréaction à l’obsession des Japo-nais pour les griffes, a su sédui-re, depuis dix ans, beaucoup deFrançais. L’enseigne a ouvertune dizaine de boutiques dansl’Hexagone, remplies d’articlesde décoration, d’habillement etde maquillage sans logo et déli-bérément basiques. Parmi lesbest-sellers : boîtes empilables,étagères Pulp en carton kraft etbois, carnets en papier recyclé etoreillers à mémoire de forme.

Design épuré, tons neutres etmatériaux bruts : la formule faitmouche. Elle a gagné le vête-ment, la décoration comme l’ar-chitecture. La créatrice britanni-

que Phoebe Philo, directriceartistique de la marque deprêt-à-porter de luxe Céline(LVMH), a remis l’épure dans lamode, après Jil Sander dans lesannées 1990. Le même refus del’ornementation est de misechez Raf Simons, Chloé, Prada…et Hermès, depuis que Christo-phe Lemaire est son directeurartistique. La vague a gagné leschaînes textiles. COS, pour Col-lection of Style – la filiale haut

de gamme lancée par H&M en2007, propose à prix doux cettesilhouette géométrique, au styleépuré et aux belles matières.épuré et aux belles matières.

«Dans l’habitat aussi, on prô-«Dans l’habitat aussi, on prô-ne le blanc, le noir, le bois, maisne le blanc, le noir, le bois, maisaussi des couleurs évanescentes,aussi des couleurs évanescentes,commedégradées», constate Eli-, constate Eli-zabeth Leriche, fondatrice duzabeth Leriche, fondatrice ducabinet de tendance à son nom,cabinet de tendance à son nom,et l’une des expertes en tendan-et l’une des expertes en tendan-cedudernier SalonparisienMai-cedudernier SalonparisienMai-son et Objet. «On est tellement«On est tellementenvahi de gadgets, de vêtements,envahi de gadgets, de vêtements,que cela devient indécent : uneque cela devient indécent : uneoverdose semanifestequi rappel-overdose semanifestequi rappel-le le mouvement artistique desle le mouvement artistique desannées 1930-1940, “Less ismore”,années 1930-1940, “Less ismore”,quoiqu’il y ait aujourd’hui unquoiqu’il y ait aujourd’hui unzestedepoésie quiadoucit le pro-zestedepoésie quiadoucit le pro-pos», souligne-t-elle.

Revenir à des choses sim-Revenir à des choses sim-ples et des objets intelligents,ples et des objets intelligents,comme le réclamait déjà Jas-comme le réclamait déjà Jas-per Morrison, en 2008, avecper Morrison, en 2008, avecsa philosophie d’un designsa philosophie d’un design« super normal » ? Tel est le« super normal » ? Tel est leleitmotiv aujourd’hui. Tou-leitmotiv aujourd’hui. Tou-tes les raisons s’addition-tes les raisons s’addition-nentpourdonnerplusde for-nentpourdonnerplusde for-ce à ce courant : la crise, lece à ce courant : la crise, lerejet de la consommationrejet de la consommationKleenex, l’envie de nature,Kleenex, l’envie de nature,de durable…Le tout dessinededurable…Le tout dessinele profil d’un nouveaule profil d’un nouveau

consommateur : après leconsommateur : après le« bobo », voici venir le« bobo », voici venir le« bobor », pour « bourgeois« bourgeoisboring » (« bourgeois» (« bourgeoisennuyeux» en anglais), un ter-ennuyeux» en anglais), un ter-me apparu dans le magazineme apparu dans le magazineféminin Grazia il y a quelquesil y a quelquesmois. Amateur d’objets raffinésmois. Amateur d’objets raffinés

et sobres, il consomme éthique,responsable et parfois écolo, ets’habille avec discrétion, telle laréalisatrice Sofia Coppola.

Une philosophie par le vide etl’abstinence qui aurait des avan-tages, comme «d’élever l’espritet de faire place à d’autresdimensions», selon leconstat de DominiqueLoreau, auteure dulivre 99 objets néces-saires et suffisants(éd. Flammarion,2011). Elle propose detrier nos biens poursimplifier notre quo-tidien.« Je ne sais passi j’aurais pris ce che-min d’une viedépouillée si je nevivais pas auJapon », expliquecette jeune fem-mequi a adopté lemode de vie zende son pays d’ac-cueil. « Je suissûre d’une cho-se : s i nousretrouvions unpeude la quali-té d’autrefois, par exem-ple ces objets fabriqués avecamour pour être utilisés agréa-blement, nous n’aurions pasbesoin de tout ce que la sociétémoderne nous incite à consom-mer», souligne-t-elle. Avant derelever que, paradoxalement,« ce sont les choses les plus sim-ples qui deviennent désormaisun luxe, une mode…»p

VéroniqueLorelle

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Entretien

HISTORIENde lamode et codirec-teurde l’écoleMod’Art Internatio-nal de Paris, Xavier Chaumette,auteurde Le Costume tailleur (éd.Esmod, 150p., 1995), décrypte latendanceémergentede l’épure.Ce retour auminimalisme danslamode et la décoration est-ilune vague de fond?

C’est une tendance assez cycli-que. En 1960, la prise de conscien-cepar une jeune générationdusuperfluet dugaspillage avaitdonné lieu àdesmouvementsderetouraux sources et à l’essentiel,incarnéspar les hippies, et lemini-malismedes années 1994-1995s’est opposé aupostmodernismedes années 1980. Après les collec-tionsbaroquesdeChristianLacroix, JeanPaulGaultier ouThierryMugler, on a vupercer surla scènede lamode, dans lesannées 1990, l’ItalienPrada avecses créations sobres auxdétailssophistiqués, puis cepremierdéfi-

lé auminimalismeabsoludeMarc Jacobs pour LouisVuitton,enmars1998, que dublanc, dunoir, du gris, sans logo. Il y a l’idéeque le beaupeut être très simple,ce qu’illustrait déjà, dans lesannées 1920, le Bauhausou lavoguedumobilier anglais.Comment expliquez-vous cebesoin de pureté, d’essentiel?

Unvent puritain souffle sur lesmentalités actuelles.D’ailleurs, lerefusde l’ornement, dudécorsuperflu est enracinédans lacultureprotestante. AuXVIesiè-cle, le protestantismes’opposaitau luxe et à lamodequi se déve-loppaient à la Renaissance. Laparure, l’ostentatoire, étaient jus-qu’alors réservés àDieu, aux égli-ses et aux souverainsd’essencedivine. Il y avait unenature sacréedans le beau.

A l’inverse aujourd’hui, il y aun côté élitiste à être riche et àavoir peu de choses autour desoi, triées sur le volet. Cela témoi-gne d’un énorme ego. On cherche

à se faire du bien, que rien nenous trouble.Une forme demégalomanie?

Absolument.Dans les classesprivilégiées, le vêtement, le décoret l’allure doivent aller de pair.L’espacevide, dansnos sociétésurbaines, est un luxe.De vivredansquelque chosede très pro-pre, un lieu clinique, hygiénique,traduitundésir d’immortalité etd’intemporalité.Autrementdit, lapeurde lamort. Ces nouvelles cui-sinesoù tout estmasqué, dissimu-lé, anguleux, sont emblématiquesdes craintesmodernesdes virus,allergies et autresmiasmes.

In fine,onpeut voir dans cettevaguedublanc et de l’épureunestandardisationdugoût et descultures. Leminimalisme, c’est lapeurde la faute de goût à l’échellemondiale.Unmonde lisse et neu-tre est plus facile à vivre, plus faci-le à vendre. C’est unenouvelle for-medemassmarket. p

Proposrecueillis parVéroniqueLorelle

190123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

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Prêt-à-porter PARIS | PRINTEMPS-ÉTÉ 2013

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Haut de Gamme

Dans le duel virtuel desmaîtres du minimalis-me, Raf Simons a tiré lepremier. La collectionSaint Laurent d’Hedi Sli-

mane, autre champion de la lignestricte, est attendue lundi 1eroctobre.Lecréateurbelgeemprunte le code leplus emblématique du style Dior : lavesteBar à taillede guêpe ethanchescarrosséesapparueen1947pourmar-quer la naissance du «New-Look».

Raf Simons est à l’aise avec seslignes de sculptures abstraites, ilaccentueses rondeurs, la transformeen minirobes et en manteaux, lapose sur des jupes au plissé graphi-que. En version smoking, elle ouvrele défilé et annonce une nouvelleféminité Dior : subtile, moderne etnerveuse.

Au passage, on admire la facilitéavec laquelle Raf Simons explore lesarchives pour en tirer des formescontemporaines. Le créateur s’estemparé des volumes propres auxlignes A et H (échappées des années1950) pour en conserver la géomé-trie.

Il en tire desminirobes gracieusesvoilées d’un organza métallisé quiadoucit l’abstraction de la ligne ; ilévite ainsi l’écueil de la culture dupatrimoine qui peut transformerune collection en leçon d’histoire ducostume.

Son style n’est pas qu’affaire dedépouillement: sonépureest sophis-tiquée,pleined’unerondeursensuel-le. Très attendu dans l’exercicemini-malistedepuis l’annoncede sonarri-vée chez Christian Dior, il relève ledéfi avec unemaîtrise prometteuse.

Pour les autres créateurs, il allaitfalloir se confronter à un discoursassimilé à la modernité absolue.Comme un électrochoc, ce climat agalvanisé les créateurs qui maîtri-sent le langage de l’abstraction.Hussein Chalayan est de ceux-là. Cedesignerdiscretsigneunecollectionàla foisoriginale etdans l’air du temps.Ses tailleurs sportswear aux lignessouplesetsesrobescolonnesanguleu-ses, ou animées d’imprimés marbreimposent une grâce mi-nostalgiquemi-futuriste.

Chez Maison Martin Margiela, lefondateurbelge, initiateurd’uneépu-re radicale et expérimentale, a quittélagriffe, rachetéeen2003par legrou-peDiesel. Lestudioquidessinedésor-mais les collections cultive les fonda-mentaux de la maison. Les bustiersabstraits, les vesteset robesauxvolu-mes cubiques et les savants effets detrompe-l’œil et d’imbrications entémoignent et composentunvestiai-re atypiquemais accessible. p

CarineBizet

InternetBoutique pépinière

Thecorner.coms’associe àl’Andam(Associationnationa-le pour le développementdesarts de lamode), l’undesconcoursde créateurs les plusprestigieux,pourpromou-voir de jeunes designers.Uneboutiquevirtuelle dusitemar-chandest consacrée aux col-lectionsautomne-hiver 2013des six finalistes. Cédric Char-lier, ThomasTait, CallaHay-nes, JulienDavid,NicolasAndreasTaralis etVikaGazinskaya (photo) se voientainsi offrir unevitrine ouver-te sur plus de 50pays. (DR) p

ExpositionChloé a 60 ansCette griffe à l’éternelle allurede jeune fille chic et désinvol-te fête sonanniversaire avecune rétrospectiveauPalais deTokyo. Celle-ci permetde(re)découvrir la genèsed’unesilhouette au charmeévident,despremières robes enfindébarrasséesde leur corsetpar la fondatrice,GabyAghion, aux silhouettes spor-tives et fluidesd’aujourd’hui.Lamaison réédite égalementseizepièces d’archives de dif-férentes époques quimon-trent comment la simplicitérésiste à l’épreuvedes cyclesde lamode. pJusqu’au 18novembrePalaisdetokyo.com

LuxeSur rendez-vousBouchra Jarrar s’est faitconnaître enprésentant sescollections épuréespendantla semainede la haute coutu-re. La créatrice développeaus-si unprêt-à-porterprésentésur rendez-vous. Elle déclineson style aux coupesparfaitesdansune version commercia-lementplus accessible. Chezelle, on trouve le pantalonnoir impeccable, à ourletau-dessusde la cheville, letrenchauxproportions idéa-les. Autantdepièces sansostentationqui seront encorepertinentesdansdix ans etqui traduisentunephiloso-phie de lamode en ruptureavecunmarchéobsédépar lanouveauté.p

TendanceL’alternativeàl’épure

Christian Dior.JACQUES BRINON/AP

Hussein Chalayan.MARTIN BUREAU/AFP

RolandMouret.FRANÇOIS GUILLOT/AP

LetriompheduminimalismeLapremièrecollectiondeRafSimonspourChristianDiorsigneleretourd’unealluredépouillée

FACEau courantminimaliste, lescréateurs dont le style n’est passolubledans cette esthétique doi-vent réaffirmer leur position. Auxenjeuxéconomiques exacerbés parla crise se superpose undébat stylis-tique. L’exercicen’est pas facile. Cer-tainspeinent à trouver leur ton.

La collection hippie sexyd’IsabelMarantmanque de sonhabituelleénergie communicative. Ses jeans àmotifs, cloutés et strassés, sesmini-robes imprimées et ses blouseslacées sont à la fois trop évidents ettrop compliqués.

Même lapoésie abstraite du Japo-nais Yohji Yamamotoperd de sasaveur. Ses silhouettes asymétri-ques et souples, ses blousons cara-paces sur longs jupons traduisentune sorte d’engourdissement créa-tif qui n’est pas à lahauteur de sontalent. Les designers qui tirent leur

épingledu jeu semblent capablesd’exprimerune féminité sensiblemais pas sirupeuse, sophistiquéesans être rétro. Avec ses tailleurspantalons beige peau ceinturésd’or, ses robes drapées de satin flui-de et ses ensembles de brocard tex-turés, la collection duduobelgeA.F.Vandevorst propose une allured’amazone sensuelle, racée et sédui-sante.

ChezRolandMouret, les sil-houettes glamourqui sont sa signa-ture ont longtemps été teintéesd’esprit années 1940; elles pren-nent ici un virage abstrait. Sesrobes et tailleurs, construits com-medes origamis, alternent aplatsde couleurs et drapés de cuir gai-nant la silhouette à la perfection.La ligne est aussi gracieuse que ner-veuse etmoderne.p

C.Bi.

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AU CARNET DU «MONDE»

Naissances

Josiane et Alexis BOURGUET,Elisabeth et Alain ZAITOUN,

sont heureux d’annoncer la naissance deCharlie,

le vendredi 21 septembre 2012, à Paris,chez

Marie et Henri.

Ileana SERBANESCUet Antoine BOUVET

et leurs familles,sont très heureux d’annoncer la naissancede

Héloïse,le 16 août 2012.

7, rue Léon-Jouhaux,75010 Paris.

Décès

Alexandre Bertrand,son fils,

Eric et Michel Lemaire,ses frères,

Vladimir et Barbara Bertrand,ses petits-enfants,

Christophe et Joséphine Lemaire,Marie-Fleurine Jollois,

ses neveu et nièces,ont la tristesse de faire part du décès de

Marie-José CAILLE,née LEMAIRE,

survenu le 25 septembre 2012,dans sa quatre-vingtième année.

Une cérémonie religieuse sera célébréele mardi 2 octobre, à 10 heures, en l’égliseSainte-Eugénie de Marnes-La-Coquette,1, place de la Mairie, à Marnes-La-Coquette (Hauts-de-Seine).

L’inhumation aura lieu à Rocquefort-les-Pins, dans le plus stricte intimité.

Cet avis tient lieu de faire-part.

ATD Quart Monde

apprend avec tristesse le décès de

Catherine de SEYNE,qui mit en scène un formidable Antigonede Sophocle avec les jeunes de Noisy-le-Grand.

Ses amis

ont la tristesse de faire part de la disparitionde

Marcel HANOUN,cinéaste jusqu’au bout,

survenue le 22 septembre 2012,à l’âge de quatre-vingt-deux ans.

On se réunira au cimetière du Père-Lachaise, dans la salle de la Coupole,le mercredi 3 octobre, à 14 h 15.

Rendez-vous à l’entrée du crématoriumdu cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e.

[email protected]

Hélène JAFFRES,née TASSIN,

nous a quittés le 8 août 2012.

Que ceux qui l’ont connue aient unepensée pour elle.

1, La Métairie,29260 [email protected]

Constant et Hélène Lecœur,Raymonde et Jacques Vernerey-

Lecœur,Colombe et Eric Bonamy,Espérance Lecœur et Jean-Charles

Heurtel,Marie-France Lecœur,

ses enfants,Ses petits-enfantsEt ses arrière-petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

Mme veuve Constant LECŒUR,née Louise DUJARDIN,

survenue le 25 septembre 2012,dans sa quatre-vingt-huitième année.

La cérémonie religieuse sera célébréeà Yvetot (Seine-Maritime), le vendredi5 octobre, à 10 h 30.

5, Villa Poirier,75015 Paris.

Beaumont-la-Ronce (Indre-et-Loire).Tours (Indre-et-Loire).Bussière-Poitevine (Haute-Vienne).

Ses enfantsEt toute la famille,

font part du décès de

M. AndréMAREUIL,professeur des Universités honoraire,chevalier de la Légion d’honneur,

survenu dans sa quatre-vingt-dix-septièmeannée.

Les obsèques ont eu lieu dans l’intimitéfamiliale.

Les familles Molinié, Chaperon

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Françoise MOLINIÉ,née CHAPERON,

survenu dans sa quatre-vingt-septièmeannée.

La cérémonie religieuse aura lieule mardi 2 octobre 2012, à 14 h 30, enl’église Notre-Dame de Vire (Calvados).

Ce présent avis tient lieu de faire-part.

Danièle Morvan,sa fille,

Karelle, Solenn, Olivier, Stéphane,ses petits-enfants,

Yves Guézennec,son frère,

Catherine, Françoise, Paul, Philippe,ses frères et sœurs,

Alain Rey,son gendre,ont l’intense douleur de faire part de lamort, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, de

Yvette MORVAN,née GUÉZENNEC,

institutrice publique retraitée,survenue le 6 septembre 2012,des suites d’un accident vasculaireischémique du tronc cérébral.

Un hommage civil a eu lieu lundi10 septembre, en l’espace funéraire Laot,route de Plouguerneau à Lannilis(Finistère).

L’inhumation s’est faite, conformémentau souhait d’Yvette, au cimetière deLandéda, dans le caveau de la familleMarc.

Droiture, profondeur et sensibilitéfurent les moindres de ses qualités. Nousnous sommes quittés repus de tendresse.

Pour honorer sa mémoire, on peut fairedes dons à la SNSM, au Secours populaire,ou à toute association laïque.

Nous pensons àPierre MORVAN,

son époux, instituteur public et directeurd’école, mort le 7 mai 2000,à son fils

Alain,mort le 19 juin 2004,à sa fille

Françoise,morte le 22 octobre 2008.

5, cité Pigalle,75009 Paris.

Il y a trois mois déjà,

Sonia NAZARIANnous quittait.

Toute sa famille pense à ellee t remerc ie le docteur Larrouy,le professeur Dreyfus et toute l’équipede l’hôpital Cochin.

Mme Jean Taittinger,née Corinne Deville,son épouse,

Anne-Claire et Jean-Claude Meyer,Djamila et Frantz Taittinger,Claire et Pierre-Emmanuel Taittinger,Victoire et Peter Gardner,Lillebi et Wladimir Taittinger,

ses enfants, leurs conjoints,Melchior et Myriam,Louis,Alexandre et Ewa,Tessa,Tarik et Janina,Franz,Clovis et Corentine,Vitalie et Simon,Clémence,Evan et Samantha,Emma, Nadya, Parker,Jean-Arvid, Olaf,

ses petits-enfants, leurs conjoints,Joseph, Eugénie, Alice, Alexis, Pia,

Gaston,ses arrière-petits-enfants,

Joachim Bonnemaison,Claudine Piot,Joséphine Carballo,

ont la grande tristesse de faire partdu rappel à Dieu de

Jean TAITTINGER,ancien ministre d’Etat,

ancien député-maire de Reims,ancien maire de Gueux,

ancien président du Groupe du Louvre,président d’honneur

du Champagne Taittinger,le dimanche 23 septembre 2012,dans sa quatre-vingt-dixième année.

Selon la volonté du défunt, les obsèquesont été célébrées dans la plus stricteintimité.

9, place Saint-Nicaise,51100 Reims.

Condoléances

Le CNRSEt l’Institut national des sciences

de l’univers (INSU) du CNRS,

rendent hommage à la mémoire de

AndréMOREL,

décédé le 23 septembre 2012.

Récipiendaire de prest igieusesdistinctions : la « Jerlov Award » en 2000,la « Manley-Bendall Medal » de l’Institutocéanographique en 2003, et la « A.CRedfield lifetime Achievement Award » del’ASLO (Association for the Sciences ofLimnology and Oceanography), en 2005.

Le professeur André Morel, anciendirecteur de l’Observatoire océanographiquede Villefranche, était mondialementconnu pour ses travaux pionniers enoptique marine et couleur de l’eau.

Alain Fuchs, président du CNRSet Jean-François Stéphan, directeur del’INSU-CNRS, adressent leurs plussincères condoléances à sa famille, sesamis et à ses collègues.

La présidente de l’université SorbonneNouvelle - Paris 3,

Le département d’études germaniques,Le Centre d’études et de recherches

sur l’espace germanophone,Ses collèguesEt ses étudiants,

s’associent au deuil de sa famille et deses proches au lendemain du décès de

M. Laurent Philippe RÉGUER,maître de conférences

en études germaniques à l’universitéSorbonne Nouvelle - Paris 3,

inspecteur généralde l’enseignement du néerlandaisauprès de l’Education nationale.

Anniversaires de décès

Le 30 septembre 2011,

Monique BLAVIGNAC

est partie.

Essayons de combler ce manquepar la mémoirede ce qu’elle a été,de ce qu’elle a aimé,de ce qu’elle a créé.

28 septembre 2006.

JK.

« Au commencement était l’action. »

Anniversaire

Il y a cent ans aujourd’hui naissait

Jacques MURGIER,violoniste,

chef d’orchestre,compositeur et initiateurdes horaires aménagés

et des Conservatoires nationaux de région.

Ayons une pensée pour ce grand artistedévoué à la musique et à son rayonnement.

Catalogue et discographie :[email protected]

Messe anniversaire

Il y a un an, nous quittait

Jacques MALENÇON

après une longue maladie.

À tous ceux qui l’ont connu et aimé,il est annoncé qu’une messe sera diteà son intention, le mardi 2 octobre 2012,à 18 heures, en l’église Sainte-Odile,2, avenue Stéphane-Mallarmé, Paris 17e.

Hommage

Le Centre culturel d’Egypte

informe ses amis que l’hommage à

Anouar ABDEL-MALEK,

prévu initialement le jeudi 4 octobre 2012,est reporté au jeudi 15 novembre,à 18 h 30, au Centre culturel d’Egypte,111, boulevard Saint-Michel, Paris 5e,entrée libre.

Conférence

« L’obsession évaluatrice »,conférence par Vincent de Gaulejac,

à l’Institut internationalde sociologie clinique,

le 4 octobre 2012, à 18 heures,6, rue Beauregard, Paris 2e.Conférence portes-ouvertes,

entrée gratuite.Nombre de places limité.

Réservation : 01 40 13 93 63.

Cours

L’association Parler en Paix,organise à Paris, un enseignementsimultané de l’arabe et de l’hébreu.Toutes informations disponibles

sur le sitewww.parlerenpaix.org

ou par tél. : 06 70 71 61 79.

Communications diverses

Romain Rolland et la musique.Pour ses 3e Journées internationales

Romain Rolland en Bourgogneles 4, 5, 6, 7 octobre 2012,

l’Association Romain Rolland proposeconférences, films, expositions, concertset un colloque sur l’importance de la

musique dans l’œuvre de Romain Rollandet sa contribution majeure

à la musicologie.Contact : 03 86 24 22 38.

www.association-romainrolland.org

Claude Vivier Le Got, présidentedu Groupe EAC, remercie les membresdu Jury MBA Médiation Culturelle :Lee Cheolryang, professeur à l’universitéde Jeonbook, et Laurent Padel, directeurde Culture Consulting, pour « Lapromotion de la culture coréenneen France » de Jisan Lee.

Venez rencontrer nos conseillersd’orientation du Groupe EAC dulundi au vendredi, de 9 h 30 à 17 heures.

33, rue la Boétie,75008 Paris.Tél. : 01 47 70 23 [email protected], place Croix-Paquet,69001 Lyon.Tél. : 04 78 29 09 [email protected]

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PartiprisParisientêtedechien.«Dieuainventé leParisienpourque lesétrangersnepuissent rien comprendreaux Français», écritAlexandreDumas fils.Qu’est-cequi différencie celui qui vit dans la câaaaaaapitalede celui quin’y vit pas? Tentonsd’y voir clair à la lueurde «Toutes les petites joies etmisères de la vie parisienne»duTumblrVie de Parisiendont le principeest d’associer une situationà ungif animé.«Quand j’ai une réunionà9heures dumatin» est ainsi couplé à l’imaged’unoursblanc se traî-nant sur la banquise, tête et ventre à terre, «Quand je trouveune placeassise dans lemétroauxheures de pointe» à unenfant auxnues d’êtreinstallédans son siège-auto,«Quand j’essayedeme frayerun cheminun samedi après-midiboulevardHaussmann» à unextrait de filmdanslequel l’acteurbouscule la foule sansménagementpourprendre la fui-te.Mêmeduohumoristiquepour «Quandonmeproposeun studio de20m2, au 6e sans ascenseur, pour 850euros/mois»ou «Quand il faitsuper-beauet que je trouve facilementuneplace en terrassepourl’apéro».A l’évidence, le Parisienmanqued’air, d’espace, de place, de…et doit défendre bec et ongles sonpré carré. Ce qui doit à l’animalurbaind’être appréhendé commeune espèce stressée, agressive, hosti-le et inhospitalière. Pauvresdenous!Parigottêtedeveau.«Il fautnoterqueleParisienn’estapprécié(etenco-re,modérément) que…à Paris, et passablementhaï ailleurs, à cause de lajalousie et du complexe quepeuvent avoir les provinciauxà l’égardde lacapitale!, écrit l’ironiqueDésencyclopédie.Benquoi? C’est pas le rêve detous les provinciauxde vivre dansune bouched’égoutde 3milliards dekm²?» Et qu’endisent les Parisiens?Dans ce court-métragedeMylittle-paris.com(bit.ly/S22tbC), ils comparentnotamment la Ville Lumière «àunvillage», ont «envie de tout plaquer», d’«ouvrir des chambresd’hôtesdans le Périgord»ou s’extasientdevant «unpetitmaraîcher bio». Pau-vres denous?p

SociétéSexisme ordinaireDans la tribune «La commission Jospindoit changerdeméthode!» (LeMondedu25septembre), cosignéeparMM.ClaudeAllègre etDenisJeambar, ces derniers souhaitent que souffle enFrance le «vent dudébat» afin que la démocratie avance,mais oui, et que des réformessoient effectuées.Deux thématiques leur importentparticulièrement:la réformeduSénat et la parité.Les effets actuels de cette dernière, selonnos réformateurs, sont néfas-tes, enparticulier dans la formationdugouvernement, parce qu’on «nechoisit plus lesministres en fonctionde leurs compétences,mais de leursexe». Et d’ajouter: «Cette paritéministérielle est uneapprochepeugra-tifiantepour les femmes.»Précisionprécieuse et éclairante: pournosdeuxcompères, on l’aura compris, ce sont bien sûr leshommesquisontnomméspour leur compétence, et les femmespour leur sexe!

Martine StortiParis

Courriels

C’est toutNet! Marlène Duretz

Samedi29septembreTF1

20.50Génération 80.Invités : Jean Schulteis, Lio, Jean-Pierre Mader...23.20 Les Experts.Série. Péril en la demeure. Pas si bêtes.Le RévélateurU (S4, 3, 5 et 8/23, 145min)V.

FRANCE2

20.45Hier encore.Invités : Garou, Bénabar, Serge Lama, Jenifer...23.00On n’est pas couché.Invités : Jean-Vincent Placé, Laetitia Casta,Yvan Attal, Charlotte de Turckheim, Orelsan,Bruno Mouron, Pascal Rostain... (180min).

FRANCE3

20.45 Enquêtes réservées.Série. Eaux troubles. La mort n’oublie personne(saison 5, 1 et 2/8). Avec Linda Hardy.22.30 Adresse inconnue.Série. Retour de flammes (saison 2, 2/4).23.25Météo, Soir3.23.50 Appassionata.Promenadesmusicales à Lisbonne.Avec Cristina Branco. 0.40 Caligula. Ballet.Chorégraphie de Nicolas Le Riche. Musiquede Vivaldi. Avec Stéphane Bulllion (125min).

CANAL+

20.45 Rugby.Top 14 (7e journée) : Toulouse - Toulon.22.35 Jour de rugby.23.15 Jour de foot.0.00 La Grande Soirée du samedi.1.00 Rugby.The Rugby Championship (5e journée) :Argentine - Nouvelle-Zélande. En direct (115min).

ARTE

20.45 L’Aventure humaine.La Ruée vers l’or. Documentaire (2006).22.40On Jack’s Road.Sur les traces de Jack Kerouac [1 et 2/2].0.40 Tracks. Magazine. Tim Roth... (50min).

M6

20.50 FBI : duo très spécial.Série. Bataille navale. L’Amulette du pharaonperdu (S3, 8 et 9/16) ; Les Sept Mercenaires.Saint Georges et le dragon (S2, 10 et 11/16).0.05Medium.Série. La Cicatrice du passé ; MaintenantV(saison 2, 22/22 ; saison 4, 1/16, 100min).

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EUROPE: Soleil et chaleur sur le sud-est du continent

En Europe12h TU

Dimanche, un temps perturbé, le plussouvent nuageux avec des aversesprédominera sur le sud-est de la France,depuis la région Rhône-Alpes jusqu'à laMéditerranée. Sur le reste du pays enrevanche, après dissipation d'éventuellesgrisailles matinales, on profitera d'untemps sec et ensoleillé. Les températuresévolueront entre 17 et 22 degrésl'après-midi du nord vers le sud duterritoire.

Saint JérômeCoeff. demarée

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Solution du n° 12 - 232HorizontalementI. Exfiltration. II.Mercure. Orra.III. Prêt. Avenant. IV. Aurélien. Eu.V. Iseran. Voler.VI. Sectaire.VII. La. Serbes. Cl.VIII. Eut. Tai.Cri. IX.Ures. Imitées.X. Rationaliste.

Verticalement1. Empailleur. 2.Xérus. Aura.3. Frères. Têt. 4. Ictères. Si. 5. Lu.Lacet. 6. Train-train. 7. Rêve.Abîma. 8. Envie. Il. 9. Ton. Ors. Ti.10. Ira. Le. Ces. 11.Ornée. Crêt.12.Naturalisé.

Philippe Dupuis

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1. Se fait sinistrement entendre.2.Dieu à tête de faucon. Trèsproche. 3.Ouvre le choix. Rois deSuède et de Norvège. 4.Gardel’œuf au chaud. Ouverture sur lamer. 5. A suivre pendant la visite.6. Enfant d’Athènes. Pour lesamateurs de stratégie. 7. Lemoment de se faire entendre.Finit sous nos pieds. 8. Possessif.Facile à pigeonner. 9.Descend surcommande. Fait la liaison.10. Solides petits porteurs. Bonconducteur. Article. 11.Militairechez Obama. Plutôt vague. 12. Fontdouloureusementmonter lerouge.

I. Excellente recette pour lapréparation des fayots. II.Dansson domaine, le vieux nemanquepas d’expérience. Faire la liaison.III. L’argon. Complètementdétruite. IV. Pas les dernières àentrer dans la dispute.V.Dans noshabitudes. Ne rumine plus.Encadrent le senior. Romains.VI. Franchissons le pas. Avance enmer.VII.Mis en action. Couvertefroidement.VIII. Sympathique,elle est plus discrète. Pasmalin.Personnel. IX. Fis l’innocent.Même à contresens, il fait rire.Prière.X. Se penchent sur tout cequi estmonstrueux.

météo& jeux écrans

Sudokun˚12-233 Solutiondun˚12-232Dimanche30septembreTF1

20.50 Very Bad Trippp

Film Todd Phillips. Avec Bradley Cooper,Ed Helms, Zach Galifianakis (EU, 2009)U.22.40 Les Experts : Manhattan.Série. L’Homme de l’intérieur [1/2] (S4, 21/21) ;La Femme de l’extérieur [2/2] (S5, 1/25) ;L’Œil du témoin (saison 1, 1/23) (165min)U.

FRANCE2

20.45 The GhostWriterpp

Film Roman Polanski. Avec Ewan McGregor,Pierce Brosnan, Kim Cattrall (coprod., 2010)U.22.50 Faites entrer l’accusé.L’Etrange disparition de Nadine Chabert.0.15 Journal, Météo (15min).

FRANCE3

20.45 Les Enquêtes deMurdoch.Série. La Main noire. Messages divins (saison 4,9 et 10/13) ; Le Roi de l’évasion (S2, 4/13).23.05Météo, Soir3.23.30 Strip-tease.0.25 La Chaleur du seinp

Film Jean Boyer. Avec Michel Simon, Arletty,Jean Pâqui, Pierre Larquey (Fr., 1938, N., 80min).

CANAL+

21.00 Football.Ligue 1 (7e journée) : Lyon - Bordeaux. En direct.22.55 Canal Football Club. Le Debrief.23.15 L’Equipe du dimanche.0.05 Le Journal des jeux vidéo.0.25Homeland. Série. Aveux.Le Week-end (saison 1, 6 et 7/13, 105min)U.

ARTE

20.45Monsieur Hirepp

Film Patrice Leconte. Avec Michel Blanc (1989).22.05 Sandrine Bonnaire,actrice de sa vie. Documentaire.23.00 La Mouche espagnole.Pièce d’Ernst Bach. Avec Wolfram Koch.0.55Didon et Enée.Opéra de Henry Purcell (70min).

M6

20.50 Capital.Dépenses cachées : comment déjouerles pièges que l’on vous tend? Magazine.22.45 Enquête exclusive.Attention poids lourds ! La route de tousles dangers. Magazine (90min)U.

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les joursMots croisés et sudoku.

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

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Résultats du tirage du vendredi 28 septembre.20, 23, 26, 30, 33, 6e et 9e

Rapports : 5numéros ete e : 100000000,00¤ ;5 numéros ete : 163925,60 ¤; 5 numéros : 31 727,50¤ ;4numéros ete e : 4 639,40¤ ; 4 numéros ete : 201,30¤ ;4numéros : 104,40¤ ;3 numéros ete e : 57,70¤ ; 3 numéros ete : 14,60¤ ;3 numéros : 12,70¤ ;2 numéros ete e : 18,10 ¤ ; 2 numéros ete : 7,80¤;2numéros : 4,10¤ ; 1 numéro ete e : 9,70¤.

EuroMillions

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230123Dimanche30septembre - Lundi 1er octobre 2012

ReportageAMarseille, leprocèsd’unmarchanddesommeilCette semaine, le gérant d’unhôtel duVIe arrondissement, comparais-sait pour avoir «soumis despersonnes vulnérables à des conditionsd’habitat» indignes. Pendantdes années, enplein cœur de ce quartierchic deMarseille, les occupantsdes lieux, qui déboursaient entre 130 et340eurosparmois pour des chambres allant de 10 à 16m2, ont dû sup-porter l’eau saumâtre coulant des robinets, les cafards courant sur lesol, le chauffageabsent…www.lemonde.fr/societe

Anepasmanquer sur0123.fr

Desfemmesdanslechaudrond’Hébron

Lettre du Proche-OrientLaurent Zecchini

SPÉCIAL PLANTU40 ANS DE DESSINS DANS0123

Lundi1er octobre

NUMÉRO COLLECTOR

0123

C ’estunevariantepalestiniennedu«Yes,we can»deBarackObama:«Byparticipating[«enparticipant»

auxélectionsmunicipalesd’Hébron],wecan!», énonce le slogandecampagnedeMaysounQawasmi. Jolie formulemais,pratiquement,y a-t-ildéfiplus incertain?Une liste composéedeonze femmesqui selancentà la conquêtede lamairiede lavilleréputée laplusconservatricedePalestine,qui fut longtempsunfiefduHamas (etl’estpeut-êtreencore)?Balivernes,échecassuré,prédisent les caciquesduFatah, lepartidominantde l’Autoritépalestinien-ne,quiprésentesa listeofficielle,avecunespoirraisonnablede l’emporter.

Lesvoilà toutes lesonze, assises autourd’unetable, dans la courde lamaisondeMaysoun, sisedansunquartier résidentield’Hébron.Toutesportent lehidjab,maissurmontéd’unepairede lunettesdesoleil.

Laplupartontunemploi; ce sontdes fem-mes«modernes»,dumoinsautantqu’onpeut l’êtredansunesociétéoù il est inenvi-sageabledese livreràuneactivitéprofes-sionnelleoupolitique, sans l’accord,quidesonmari, quide sonpèreoude sesfrères…Les jusde fruits circulent,uncha-ton joueà l’ombred’uneMercedesnoire,la conversations’anime,onparle stratégiedecampagne:quels thèmeschoisirpourles interventionsdans lesmédias?

Facile: le prixde l’eau, de l’électricité,l’absencedeservices sociaux, l’inertieduconseilmunicipal sortant, sansoublierdeparler aux femmesde leursdroits. Com-ment? La recetteest connue:«Lepor-te-à-porte, c’est lameilleure stratégie, qui asi bien réussi auHamas», insisteMaysounQawasmi.Encore faudrait-il qu’unehypo-thèquesoit levée: le scrutinaura-t-il lieu?Repousséàdeux reprisesdans lepassé, il a

été fixéau20octobre, sans leHamas. Par-ceque la réconciliation interpalestiniennen’a jamaisétéaussi illusoire, la commis-sionélectoraledeGazan’apasentamél’en-registrementdesélecteurs.

MahmoudAbbas, leprésidentde l’Auto-ritépalestinienne, accuse leMouvementde la résistance islamiquedevouloiréta-blirun«émirat indépendantàGaza»et, àNaplouse,Kalkiliya,TulkaremetHébron,les forcesduFataharrêtentet jettentenprison lesmilitantsduHamas.Celui-ciboycotte lesélections, lesquelles sedérou-lerontexclusivementenCisjordanie. Enprincipe.MaysounQawasmipartage lescraintesd’AnouarAbouEisheh, figure cen-tralede la listeduFatahetmaireputatifd’Hébron: qui sait si le présidentégyptienMohamedMorsi, que l’on sait très impli-quédans la réconciliationpalestinienne,nevapas suggérer àM.Abbasde reporterencorecette– rare–occasiondedémocra-tie locale, afinde laisseruneénièmechan-ceà la réconciliationdes frères ennemispalestiniens?

De toute façon, lesHébronites n’ont plusbeaucoupd’illusions : ladernière fois qu’ilsont choisi leurmaire, c’était… en 1976. En2005, laplus grandeville deCisjordanie(environ 180000personnes), empêtréedans les luttes fratricides, n’avait pas voté.Pour court-circuiter leHamas, lemaire sor-tant (qui ne se représentepas), KhaledOsaily, avait été installé par le Fatah.Maisauxélections législatives de 2006, la villesainte (pour lesmusulmans commepourles juifs) avait élu sixdéputés duMouve-

mentde la résistance islamique sur sept !Dansunecitédont le cœurhistorique

est squattédepuisdouzeanspar450colons juifsprotégéspar 1500soldatsisraéliens, lemot«occupation»a tout sonsens, et leHamasdisposed’une rentepoli-tique.C’estdireque, s’il estofficiellementabsentde la campagneélectorale, il n’enrestepasmoinspuissant:«En sous-main,ditMaysoun, il peut soutenir telle ou telleliste.»Directricede l’agencedepresseWafaàHébron, âgéede43 ans,mèredecinqenfants, la têtede la listeByparticipa-ting,wecan!ne sedissimulepas l’am-pleurde la tâche.

Dans le chaudrond’Hébron,où les tri-buset lesgrandes familles contrôlent tou-te lavie sociale, cettedémarcheféministedéroute: ici, pasdecinéma,pasd’alcool,pasde femmeàscooter etpasdemobilisa-tionpour lutter contre les«crimesd’hon-neur», lapolygamieet l’inégalitédessexesdevant ledivorce.«Il ya septans[avant la finde la seconde Intifada], se rap-pelleMaysounQawasmi, les femmesneportaientpasdehidjab.Aujourd’hui,

contrairementàRamallahouàBethléem,c’est socialementobligatoire.» Il n’empê-che:dirigerune listehomogènede fem-mes–«Unepremièredans lemondeara-be»–, celadonne tous les courages.

D’autantqu’uncheikh le luia confir-mé:une femmemaire, c’est«halal»(légal,dupointdevue islamique). Femme«forteet indépendante», commeelle sedéfinit elle-même,MaysoumQawasmiabonespoirde fairepasserde troisà aumoinssix (surquinzesièges) lenombredefemmesauconseilmunicipal. Ses criti-quesduFatahsontdoncmesurées, et ellereconnaîtqu’AnouarAbouEisheh,quidiri-ge l’Associationd’échangesculturels Fran-ce-Hébron,estun«hommeindépendant,quipourraitdevenir leprochainmaire, par-cequebeaucoupdegens le respectent».

AHébron, ce satisfecit, bienquepeucontredit,nourrit les calculsdeceuxquipensentque la listedes femmesviendragrossir, in fine, l’assisemunicipaleduFatah.MaysounQawasminecontestepasunecertaineaffiliation: sonmari, ainsique toutesa famille, «vote»Fatah, et sonbeau-frèren’est autreque leministredesautorités locales,KhaledQawasmi.AnouarAbouEishehestbeau joueur:«C’étaitmalinde sapart deplacer LiyanaAbouEisheh,manièce, ennumérodeuxsur sa listede femmes!» Il neveutpasêtreenreste: «Biensûrque je soutiens les fem-mes; si jen’étaispasengagéauprèsduFatah, j’auraisvotépourelles!»p

[email protected]

N ous sommesdans unbrasde fer qui commence…»C’est cette sortie d’Arnaud

Montebourgqui amarquémonmauvais esprit cette semaine. Laphrase enquestion a été pronon-céepar leministre devant les sala-riés d’ArcelorMittal en Lorraine.Un«bras de fer»…dans la sidérur-gie!On attendmaintenantque lafilière textile lui donnedu fil àretordre, qu’ilmette le turbo dansle secteur automobile…et qu’il aitunplandans les tuyauxpour lesraffineries!

Maisd’oùvient ce clichédubrasde fer, reprisd’ailleursparplu-sieursmédias? Il se trouveque j’aidésormaisenmapossession lesdeuxtomesde labibledufrançaisparléaujourd’hui: le «Dictionnai-redesexpressionsquotidiennes»(Onva le dire commeçaetC’estcommeles cheveuxd’Eléonore, Edi-tionsBalland)deCharlesBernetetPierreRézeau. Jemereporteà lapage282dutomeI et je lis : «Brasde fer, loc.nom.Epreuvede force;confrontationquinepeut s’ache-verque lorsqu’unadversaireaprislepas sur l’autre.»Unexemplepar-midixmille.

Cesdeuxvolumessontpourtous lesaccrosdesmotset locu-tionsunbonheursansmélange.Onyvagabondede«çaenvoiedusteak»à«c’est la fêteduslip»,de«ravitaillépar les corbeaux»à«mêmepasen rêve»dansunesor-ted’état secondsouriant.Onydécouvredes tournureset, sur-tout,onycueilledes associations.

Ainsides expressionsautourdumot«bras». Explorons les troispagesqui leur sont consacrées.Ony trouved’abord«coûterunbras»d’originequébécoise (de l’anglais«tocost anarmanda leg») quipeut s’appliqueraux impôtsdubudget2013. Puisnous trouvons«la jouerpetitbras»qui, dans lalanguedes sportifs, signifiequ’on

joueà l’économie, sans sedonneraumaximum.«Petitbras» toutseulveutdire«limité, étriqué,sansenvergure»et fut souventappliqué, au fil d’articlesdepresse,auxréformespolitiquesdesunsoudesautres.

Puis les auteursnousparlentde«bras cassés»qui renvoient,depuis 1791, àdespersonnes inca-pablesouparesseuses.Cela évo-que lesmanchotsdontparle leredoutable Jean-LucMélenchonàproposde l’équipeaupouvoirdepuismai. LeBernetetRézeaunoussignale le célèbre«celui-là, ilestmanchotdesdeuxbras», quidatequandmêmede 1808,et seditd’unepersonnemaladroite, ouquia«deuxmainsgauches».

Pourenrevenirauxbras casséset autreshorreursde cegenre, ledicoenquestionn’oubliepasdementionner«se couper le bras»,expressionbienconnuedesexpertsboursiers:«Vendre rapide-mentunbiendont la valeurest enbaissepouréviterdespertesplusimportantes.»

Finissonsparunevieille locu-tionquedes salariésdeFlorangeutilisèrentsansdoute, jadis :«demain, c’est fête àbras», qui rap-pelleauxcouche-tardquedemainil faudraaller travailler.Commedans les tempsheureuxoù leshauts-fourneauxfumaient.

Enparcourant leBernetetRézeau, c’est toute l’histoirede laFrancemodernequ’on feuillette.Unbeauvoyage.p

Celaévoquelesmanchotsdontparleleredoutable Jean-LucMélenchonàpropos

del’équipeaupouvoirdepuismai

Dirigerunelistehomogènedefemmes,celadonnetousles

courages.D’autantqu’uncheikhle luiadit :une

femmemaire,c’est«halal»

Juste unmot | chroniqueparDidier Pourquery

Bras(defer, cassé…)

pTirage duMondedaté samedi 29 septembre 2012 : 378 747 exemplaires. 1 2 3

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