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PUBLICITÉ DESSIN : MAZ LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Mardi 11 janvier 2011 El Watan PHOTO : H. LYES PHOTO : EL WATAN N° 6146 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 . USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com I ls prennent «timidement» le relais des «émeu- tiers». Les partis de l’opposition démocrati- ques, les syndicats autonomes et les asso- ciations et organisations de la «société civile» multiplient les initiatives, lancent des appels insistants à la construction d’une «alternative démocratique». Mohand Aziri (Suite page 3) Lire également de la page 2 à la page 9 REPORTAGE. YENNAYER DANS LES AURÈS LES BRINDILLES SÉCULAIRES DE L’LA FATIMA L’arrestation du militant Hamid Ferhi est politique, selon son avocat Salah Hanoune Les personnes arrêtées encourent de lourdes peines. Lire l’article de Hacen Ouali en page 2 Le jour de l’an amazigh est une fête qui a son contingent de rites et de coutumes dans les Aurès C’est aussi un jour de labeur où la liste des activités est exceptionnelle- ment allongée. Lire en page 11 Les partis de l’opposition démocratique, les syndicats autonomes et les associations et organisations de la société civile tentent de transcen- der leurs clivages pour une alternative au régime politique actuel Levée de l’état d’urgence, ouverture du champ politique et médiati- que, rétablissement des libertés civiles, garantie des droits d’association et de manifestation sont quelques points revendiqués à la suite des récentes émeutes. LA MACHINE JUDICIAIRE MISE EN BRANLE ARRESTATION DE 1100 MANIFESTANTS L’évaluation confiée à Sherman & Sterling P 10 RACHAT DE DJEZZY LES APPELS DE PARTIS, ORGANISATIONS ET PERSONNALITÉS SE MULTIPLIENT L’Algérie doit changer SUD-SOUDAN 33 morts assombrissent le référendum Le référendum sur l’indé- pendance du Sud-Soudan a été assombri hier par l’annonce de la mort de 33 personnes lors de com- bats dans la région contes- tée d’Abyei. TUNISIE Le régime de Ben Ali dos au mur P 13 P 13

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LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Mardi 11 janvier 2011El Watan

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N° 6146 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 €. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com

Ils prennent «timidement» le relais des «émeu-tiers». Les partis de l’opposition démocrati-ques, les syndicats autonomes et les asso-

ciations et organisations de la «société civile»

multiplient les initiatives, lancent des appels insistants à la construction d’une «alternative démocratique». Mohand Aziri (Suite page 3)

Lire également de la page 2 à la page 9

REPORTAGE. YENNAYER DANS LES AURÈS

LES BRINDILLES SÉCULAIRES DE L’LA FATIMA

● L’arrestation du militant Hamid Ferhi est politique, selon son avocat Salah Hanoune● Les personnes arrêtées encourent de lourdes peines.

Lire l’article de Hacen Ouali en page 2

■ Le jour de l’an amazigh est une fête qui a son contingent de rites et de coutumes dans les Aurès■ C’est aussi un jour de labeur où la liste des activités est exceptionnelle-ment allongée. Lire en page 11

■ Les partis de l’opposition démocratique, les syndicats autonomes et les associations et organisations de la société civile tentent de transcen-der leurs clivages pour une alternative au régime politique actuel■ Levée de l’état d’urgence, ouverture du champ politique et médiati-que, rétablissement des libertés civiles, garantie des droits d’association et de manifestation sont quelques points revendiqués à la suite des récentes émeutes.

LA MACHINE JUDICIAIRE MISE EN BRANLE

ARRESTATION DE 1100 MANIFESTANTS

L’évaluation confi ée à Sherman & Sterling

P 10

RACHAT DE DJEZZY

LES APPELS DE PARTIS, ORGANISATIONS ET PERSONNALITÉS SE MULTIPLIENT

L’Algérie doit changer

■ SUD-SOUDAN

33 morts assombrissent le référendumLe référendum sur l’indé-pendance du Sud-Soudan a été assombri hier par l’annonce de la mort de 33 personnes lors de com-bats dans la région contes-tée d’Abyei.

■ TUNISIE

Le régime de Ben Ali dos au mur P 13

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L e sport préféré des jeunes Algériens n’est pas, contrai-rement aux idées reçues, le

football. Non, à en croire un en-tretien accordé par Daho Ould Ka-blia, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, au site d’in-formation Algérie-Plus.com, «le seul sport qui les intéresse, c’est la rapine, le vol». Dans cette inter-view fleuve, publiée dans la soirée de dimanche dernier, le ministre n’y va pas de main morte avec les citoyens, tout particulièrement les plus jeunes : «Ils sont extrêmement nihilistes et pessimistes», dit-il sur les Algériens nés dans les années 1990. Ces derniers, ayant grandi en plein terrorisme, ont tendance à re-produire, «justement», ce contexte violent. «Nous savons qu’il y a une génération tout à fait différente de celles qui l’ont précédé, avec les mêmes conditions de mal vie et les mêmes problèmes qu’ils considè-rent comme insolubles pour leur avenir, mais avec la différence qu’il y a chez eux une dose de vio-lence plus importante», explique M. Ould Kablia. Cette génération aime, poursuit le ministre, «toutes choses qu’ils ne sont pas en mesure d’acquérir autrement que par le vol, par la contrebande, le trafic de drogue. Ils ne trouvent pas de déri-vatif dans la musique, le sport, les voyages. Leur univers, c’est la rue de leur quartier». Pourtant, l’Etat, dans sa bienveillance, a investi pour cette jeunesse en construisant «stades et piscines». Toutefois, le ministre ne met pas tout le monde dans le même sac. Enfin, presque. L’Algérien, selon lui, «n’aime pas le manuel» et, en sus, est «râleur et surpolitisé», ce qui fait partie «des travers de la colonisation». Mais beaucoup plus soupe au lait

qu’autre chose, puisque, affirme-t-il, «le peuple algérien est un fleuve tranquille qui peut connaître des frémissements, mais il revient à son lit». Et M. Ould Kablia est on ne peut plus confiant quant à la docilité de ses concitoyens : «La tentative de récupération a échoué. Ceux qui disent qu’il va falloir encadrer ce mouvement et le ca-naliser se trompent lourdement», analyse-t-il. Alors, si le ministre affirme que ce sont les partis d’op-position qui «soufflent le chaud» et sont derrière ces émeutes, il estime aussi que «leur impact sur la société est très faible». «Tous se ressemblent, tous chantent la même antienne et n’ont pas de doctrine politique déterminée.» Sauf, l’on s’en doute, les trois partis de l’Al-liance présidentielle. D’autant plus que l’ensemble des problèmes de l’Algérie ne sauraient être réglés «en jouant sur des paramètres de démocratie et de liberté», insiste le ministre, ajoutant que «c’est une affaire de moyens financiers et de mode d’organisation». Et puis, de toute manière, «il n’y a pas d’ac-tion à inventer. C’est le programme du président qui a été adopté», confie-t-il un peu plus loin. D’ailleurs, à la question de savoir si le président de la République ou le Premier ministre auraient dû s’exprimer et parler au peuple à la suite de ces émeutes, M. Ould Kablia assure qu’ils l’ont fait, mais indirectement. «Le président de la République donne des orientations et des instructions au ministre de l’Intérieur pour les problèmes sécuritaires. Il donne des instruc-tions au ministre du Commerce pour ce qui est de son secteur», explique-t-il. Alors, oui, «la même feuille de route continue»… G. L.

LLes personnes arrêtées lors des évé-nements qui ont secoué le pays, de-puis le 5 janvier dernier, encourent

de lourdes peines. Ils seront poursuivis pour des délits de «destruction des biens publics, attroupement illégal, outrage à agents de l’ordre public dans l’exercice de leurs fonctions, incendies volontaires, vol et vol qualifié». Des délits pour lesquels le code pénal prévoit des peines allant de 20 ans à la perpétuité. Selon l’avocat Sa-lah Hanoune, qui s’est constitué pour la défense du militant Hamid Ferhi, arrêté avant-hier à Staouéli, «au regard des chefs d’inculpation, on constate la criminalisa-tion des dossiers des prévenus. Ils seront déférés devant des cours criminelles». La justice aura-t-elle la main lourde dans le jugement de ces affaires ? Sans doute, se-lon maître Hanoune. «Tout est soumis à l’appréciation politique. Effectivement, il faut s’attendre à des peines très lourdes qui serviront d’exemple. En l’absence d’une pression populaire qui exigerait leur libération, les personnes arrêtées risquent beaucoup», a fait savoir l’avocat. Pour ce qui est de la procédure, Me Ha-noune estime que «toutes les personnes interpellées seront maintenues en garde à vue pendant 48 heures où elles seront auditionnées par la police judiciaire qui établira des procès-verbaux et ensuite les présentera au procureur qui déter-minera les délits pour lesquels ils seront poursuivis. Si la procédure du flagrant délit est établie, ils seront jugés sous hui-taine». Selon toujours Me Hanoune, qui se trouvait hier au tribunal de Chéraga, «une trentaine de jeunes interpellés attendent depuis ce matin d’être présentés devant le procureur. Des jeunes dont certains pré-sentent des griffures sur le visage, des hé-matomes et un autre portant un bandage autour de la tête. Je ne sais pas encore quelle est l’origine de cette violence, pour

l’instant on ne peut pas accuser une quel-conque partie», a-t-il témoigné. Sont-ils «des victimes du maintien de l’ordre» ?

«L’ARRESTATION DE HAMID FERHI EST POLITIQUE»

S’agissant du cas de Hamid Ferhi arrêté avec ses deux fils avant-hier dans à un café à Staouéli (ouest d’Alger), Me Hanoune a qualifié son arrestation de «politique». «Il s’agit bel et bien d’une arrestation politique. Il n’a pas été interpellé dans un rassemblement ou lors d’une émeute, mais dans un café. Il est clair que l’arres-tation de Hamid Ferhi a été ciblée, c’est un animateur politique connu dans cette région. Ses deux fils – l’un d’eux est un mineur – ont été aussi arrêtés lorsque la police a découvert qu’ils portent le même nom que leur père. Son fils mineur est en liberté provisoire, mais il sera présenté aujourd’hui devant le procureur en pré-sence de sa mère». Plusieurs familles ont dénoncé «des arrestations arbitraires et

que de nombreuses personnes interpellées n’ont aucun lien avec les événements». Interrogé sur cette question, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, n’a pas nié ce fait : «Il se peut que des personnes soient arrêtées par erreur parce que la situation est très délicate. Maintenant, c’est la justice qui va déterminer si effectivement il y a eu des arrestations arbitraires.» Jusqu’à samedi soir, le ministère de l’Intérieur a recensé 1100 arrestations à travers tout le terri-toire national, mais sans doute le nombre de personnes interpellées a augmenté en-tre temps. De nombreuses personnes sont recherchées par la police. Par conséquent, si l’ampleur de la violence a diminué, l’emprisonnement des manifestants risque fortement d’attiser la tension et devenir ainsi une affaire dans une autre. Les partis d’opposition démocratiques ont exigé la libération de toutes les personnes arrêtées «si le pouvoir cherche réellement un apai-sement». Hacen Ouali

D es syndicats autonomes et des organisations des droits de l’homme ont décidé en commun

accord de réagir aux derniers mouvements de pro-testation qui ont secoué le pays. La coordination des sections du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), le Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (Snapap),le Conseil des lycées d’Algérie (CLA), le Syndicat autonome du technique, de l’enseignement et de la formation (Satef), et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) ont pro-posé, dans un communiqué rendu public dimanche dernier, l’organisation d’une rencontre nationale pour débattre des actions à mener «pour apporter une aide, un soutien et une solidarité à la jeunesse algérienne». Les responsables de ces organisations autonomes ont dénoncé la «répression qui s’est toujours abattue et qui s’abat sur cette jeunesse et demandent à toutes les organisations d’assumer leurs responsabilités devant la gravité de la situation et devant l’Histoire». Les signataires du document

exigent, en outre, la libération des émeutiers qui ont été arrêtés, estimant que «ceux qui ont contribué par leurs décisions et actes de gestion autoritaires à fabriquer les émeutiers sont les premiers à devoir comparaître devant la justice».Plaidant pour un dialogue serein et constructif, ces organisations demandent la levée de l’état d’urgence et l’ouverture des champs médiatique, politique, syndical et associatif, et ce, afin que les conflits puissent être réglés par la force d’un droit qui prend en charge les intérêts et les préoccupations de la ma-jorité de la population et non par le droit d’une force qui protège les intérêts d’une minorité. En tentant d’analyser les raisons d’une telle révolte, les signataires du document pensent que celle-ci est le résultat inéluctable de la multiplication de plusieurs facteurs : «Nous regrettons que la violence soit devenue la seule façon de se faire entendre, mais face à une gestion dictatoriale et autoritaire, faisant de la violence un instrument de gestion de la société, et face à l’asphyxie des libertés publiques

et de l’obstruction de toutes les voies pacifiques de revendication, notamment l’interdiction des grèves, rassemblements, marches pacifiques, on ne peut que s’attendre à une explosion sociale», notent ces orga-nisations, soulignant que le refus de toute médiation sociale en marginalisant toute représentation réelle de la société et la généralisation de la corruption sur fond d’injustice sociale criarde ont contribué au marasme social qui touche le pays depuis plusieurs années. En dépit des dégâts enregistrés lors de ce mouve-ment de contestation, les leaders de ces syndicats autonomes et organisations des droits de l’homme prennent la défense de la jeunesse algérienne. Ils jus-tifient ce parti pris du fait que cette jeunesse exprime un désir fort de dignité, de liberté et d’espoir, «Nous soutenons ces jeunes qui voient une richesse mal acquise s’étaler sans vergogne par la clientèle du pouvoir et autres affairistes. Nous savons aussi qu’à force de traiter les gens avec le mépris et la violence, vous n’aurez en retour que la colère et la violence»,

expliquent les signataires. S’agissant des dégâts, les signataires de la déclaration estiment que «la somme de tous les dégâts causés par les “émeutiers” n’arrive même pas à la hauteur d’un seul scandale de malversation dont l’Algérie est riche (Banque Khalifa, BCA, Sonatrach, Brown and Condor)…». Par ailleurs, le Syndicat national autonome des pro-fesseurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) et l’Union nationale des professionnels de l’éducation et de la formation (UNPEF) ont dénoncé les actes de vandalisme commis à l’encontre des écoles et autres édifices privés et publics. «Nous comprenons la fureur de notre jeunesse, mais nous désapprouvons les actes de vandalisme sur nos éco-les, lycées et édifices, biens des pauvres», note M. Mériane, porte-parole du Snapest. Ce dernier incombe la responsabilité entière aux pouvoirs publics «amnésiques, arrogants et aveu-gles» devant une révolte, dont les signes avant-cou-reurs existent et étaient prévisibles. Nabila Amir

OULD KABLIA AU SITE ALGÉRIE-PLUS.COM

«La même feuille de route continue»

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ARRESTATION DE 1100 MANIFESTANTS

La machine judiciaire mise en branle

DES ORGANISATIONS AUTONOMES DEMANDENT LA LIBÉRATION DES ÉMEUTIERS

«La révolte est le résultat d’une asphyxie des libertés»

Les personnes arrêtées risquent de lourdes peines

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Suite de la page 1

Levée de l’état d’urgence, ouverture du champ politique et médiatique, rétablissement des libertés civiles, garantie des droits d’asso-

ciation et de manifestation, un SMIG politique sur lequel peuvent s’entendre nombre de formations politiques de la mouvance démocratique.La convergence démocratique aura-t-elle pour autant lieu ? Les partis de l’opposition démocrati-que, les syndicats autonomes et les associations et organisations de la «société civile» sauront-ils cette fois-ci transcender leurs clivages traditionnels pour porter une alternative viable à un régime algérien que d’aucuns qualifi ent d’«autiste», de «cynique», de «myope», de «brutal», de «rentier», d’«autori-taire», de «corrompu et corrupteur»…. Des «pas-serelles objectives» peuvent-elles être jetées entre les forces éclatées de la mouvance démocratique ? Chez le plus vieux parti de l’opposition, le Front des forces socialistes (FFS) en l’occurrence, on est plus que jamais «convaincu que des possibilités existent pour une alternative démocratique» tout en refu-sant de s’inscrire dans une «alternance clanique». Le FFS a appelé avant-hier les Algériens «à se met-tre en mouvement pacifi quement pour imposer une ouverture politique réelle» et réitère «l’urgence» de prise de mesures d’ouverture politique, à savoir la levée de l’état d’urgence, le rétablissement des libertés civiles, l’ouverture du champ médiatique et garantie des droits d’association et de manifes-tation. «La situation actuelle montre que l’alterna-tive démocratique ne s’improvise pas. Nous devons regarder vers nos voisins tunisiens et les saluer. Ce qui se passe en Tunisie est le fruit des efforts des vraies élites qui n’ont pas perdu leur âme, qui ont choisi leur camp et sont engagées dans un long et patient travail de réencadrement de la société. Ne leurrons pas nos compatriotes, ce travail nous de-

vons le mener aussi. C’est le passage obligé vers la liberté et la dignité dans notre pays et vers la construction du Maghreb démocratique.» Dans un communiqué conjoint, les syndicats auto-nomes de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de l’administration, – déclaration signée égale-ment par la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) –, demandent la levée de

l’état d’urgence et l’ouverture du champ médiati-que, politique, syndical et associatif «afi n que les confl its puissent être réglés par la force d’un droit qui prend en charge les intérêts et les préoccupa-tions de la majorité de la population et non pas par le droit d’une force qui protège les intérêts d’une minorité». «La somme des dégâts causés par les‘émeutiers, notent les syndicats autonomes,

n’arrive même pas à la hauteur d’un seul scandale de malversation dont l’Algérie est riche (Khalifa Bank, BCA, Sonatrach, Brown & Condor, etc.).»

TRANSFORMER LE REJET EN PROJET

Alors que le Mouvement démocratique et social (MDS) appelait à la «destruction d’un système qui ne profi te qu’à une minorité de privilégiés» et à «enclencher une dynamique porteuse d’espoirs», le Parti socialiste des travailleurs (PST) – appel aux travailleurs et aux jeunes diffusé samedi dernier – dénonçait le verrouillage systématique de toute expression syndicale et politique, la répression des marches, des grèves, des réunions : «Verrouillage qui ne laisse à nos jeunes que le choix d’une révolte désespérée.» Le PST lance un appel à la mobili-sation la plus large et à soutenir le mouvement de contestation. Le Rassemblement pour la culture et la démocra-tie (RCD) veut, lui, transformer le «rejet» exprimé par la rue en «projet». La révolte des jeunes signe «l’échec d’un régime qui dévaste, depuis 50 ans, l’Algérie». Le RCD réitère sa disponibilité à «s’as-socier et à soutenir toutes les initiatives citoyennes exprimant une colère légitime». Le parti de Saïd Sadi invite l’ensemble des Algériens «à s’organi-ser en se regroupant autour de personnes connues pour leur probité avec des objectifs clairs pour offrir un prolongement effi cient et durable à leurs revendications».

LES SOLUTIONS PLACEBO DU POUVOIR

Ressuscité de sa belle mort, le mouvement citoyen des archs brocarde, dans sa dernière déclaration publique, les «dignitaires du régime qui disposent de l’Etat comme d’un bien vacant» et lance un appel à la jeunesse algérienne à «l’auto-organisa-tion». Objectif : «Offrir une alternative citoyenne à la hauteur des aspirations populaires.» «Une si-tuation explosive est en train de se mettre en place et le pouvoir, comme à l’accoutumée, se prépare non pas à accéder aux aspirations populaires, mais plutôt à user, une fois de plus, de la violence, de la diversion et des solutions placebo.» Ces appels insistants, relayés par plusieurs person-nalités politiques, seront-ils entendus ou tombe-ront-ils dans l’oreille d’un sourd ?Dans une interview accordée hier à un journal on-line, Daho Ould Kablia, le ministre de l’Intérieur, parle d’ores et déjà de «récupération» politique du mouvement de contestation par certains responsa-bles de partis et associations. «Ils (les responsables politiques, ndlr) disent qu’il faut considérer ces manifestations comme un rejet du pouvoir actuel et que seule une démocratie et plus de liberté, plus de participation des citoyens au champ médiatique, peuvent régler les problèmes. On en doute. S’il y avait un autre gouvernement que celui qui est en place, il y aurait peut-être eu des problèmes plus graves parce que les problèmes économiques et so-ciaux ne sont pas théoriques. Ce n’est pas la cité d’Isis, la cité idéale qui va les régler.» Les déclara-tions du ministre ont décidément de quoi refroidir un mort. M. Az.

LES APPELS DE PARTIS, ORGANISATIONS ET PERSONNALITÉS SE MULTIPLIENT

L’Algérie doit changer

La rue attend beaucoup plus que le réaménagement des prix de certains produits de consommation

P our la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), les émeutes qui secouent

le pays depuis quelques jours sont l’expression d’un marasme social et politique profond. Dans une déclaration parvenue, hier, à notre rédaction, la Ligue de maître Boudjemaâ Ghechir estime que «l’état de délabrement moral et politique d’un pays qui vit au rythme des émeutes et de la répression au quotidien est porteur de tous les dangers d’implosion». Regrettant les dégâts humains et matériels engendrés par les émeutes, la LADH désigne le pouvoir comme responsable de la dépolitisation des Algériens et du déra-page, conséquence directe, selon le document, du laminage de la société civile, des syndicats et partis politiques, cadres légaux et légitimes pour l’exercice de la citoyenneté et l’éducation à la

démocratie. Le pouvoir est tenu aussi responsa-ble parce qu’il a livré l’économie et le commerce aux barons de l’informel qui imposent leur loi sur le marché, et pour sa politique caractérisée par le manque de visibilité et de transparence, et l’absence flagrante d’engagement dans la bataille contre la corruption. «L’arbitraire a fini par désabuser la population à l’égard des lois ; les citoyens se sentent complètement délaissés et expriment de plus en plus violemment leur désespoir», lit-on encore dans la déclaration. Sur la base de ce constat, la Ligue dénonce «les dérives et les carences de l’information», déplore «la défaillance totale des médias officiels» et condamne «l’utilisation des armes à feu avec des balles réelles contre les manifestants et les ar-restations arbitraires et aveugles des jeunes». Le

document appelle aussi les autorités à procéder immédiatement à la levée de l’état d’urgence, à ouvrir le champ politique et à ratifier le protocole additionnel au pacte relatif aux droits économi-ques, sociaux et culturels adopté par l’Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 2008. La LADH, pour laquelle la recherche d’une sor-tie de crise appelle un renversement significatif des approches et des pratiques, appelle aussi à procéder à la libération des personnes détenues, à mener une enquête impartiale pour faire toute la lumière sur l’utilisation des armes à feu avec des balles réelles par des agents de l’ordre contre les manifestants, et à garantir les libertés individuel-les et collectives, dont le droit à l’information et le droit de manifester pacifiquement.

Nouri Nesrouche

LADH

«L’arbitraire a fi ni par désabuser la population»

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La ville de Béjaïa a retrouvé son calme dans un décor de désolation. Les commerçants ont net-toyé devant leurs échoppes qu’ils ont rouvertes.

Tôt dans la matinée, des policiers antiémeute ont pris position dans plusieurs points chauds de la ville. 180 blessés parmi les manifestants dont 2 sont toujours hospitalisés, 391 blessés parmi les policiers dont 1 est gardé à l’hôpital et 495 logements squattés. Ce sont là les chiffres du premier bilan conséquence de ces troubles que le wali a communiqué lors d’une réunion qui a regroupé, hier, des députés, des sénateurs, et des représentants du mouvement associatif. Les villes de toute la wilaya de Béjaïa reprennent progressivement vie au milieu des stigmates des dernières violences. A Tazmalt, un collectif des associations des quartiers s’est réuni vendredi dernier pour faire un appel à «faire barrage aux vols et destruction massive». L’appel est de défendre autant les biens des citoyens que ceux de la commune. A Akbou, une commune voisine, l’importance des dégâts qu’a subis le secteur de l’édu-cation a fait réagir les directeurs des écoles primaires, des collèges et lycées de la daïra, attristés par l’état dans lequel se trouvent leurs établissements. Dans un PV de leur réunion d’avant-hier, ils dénoncent les actes de vandalisme «jamais commis par le passé», les «agisse-ments irresponsables et l’absence totale des autorités locales sur le terrain». En déclarant ignorer le pourquoi de ces attaques des-tructrices, ces directeurs disent être inquiets pour le retour des élèves en classe «dans ce climat tendu». De leur côté, les étudiants comptent observer ce mercredi un sit-in devant la bibliothèque centrale du campus de Targa Ouzemour d’où ils ont programmé, dans un communiqué qui nous a été adressé, une marche sur le siège de la wilaya. Une marche pacifique a été initiée avant-hier à Barbacha par le mouvement associatif en collaboration avec l’APC pour dire «non à la destruc-tion des biens publics et privés» et revendiquer, à la même occasion, «une politique au service des besoins du citoyen». De son côté, la LADDH, bureau de Béjaïa, exhorte, dans un communiqué, «les collectivités loca-les, les organisations de la société civile et politique à s’impliquer davantage au côté de la population pour une solution citoyenne et pacifique». K. Medjdoub

BOUMERDÈS

103 jeunes arrêtésP as moins de 103 personnes ont été arrêtées au cours

des manifestations qui ont éclaté depuis jeudi dernier dans diverses localités de la wilaya de Boumer-dès. Nos sources indiquent que 35 d’entre elles ont été arrêtées à Bordj Menaïel, 25 à Boumerdès, 11 à Dellys et 32 à Rouiba. La même source ajoute que 15 per-sonnes ont été déjà mises sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le tribunal de Rouiba. Elles sont soupçonnées de «troubles à l’ordre public», «coups et blessures volontaires» et «destruction de biens publics et privés». Les autres mis en cause se trouvent toujours en garde à vue dans les commissariats de police. Ils seront audi-tionnés dans les jours à venir, au niveau des instances juridiques compétentes pour répondre des faits qui leur ont été reprochés. Il est à rappeler par ailleurs que les échauffourées se sont estompées dès la soirée d’avant-hier. Un calme précaire qui s’est installé après 4 jours de violentes émeutes opposant manifestants aux forces de l’ordre, notamment dans les localités de Bordj Me-naïel, Naciria et des Issers. R. Koubabi

L ’ É V É N E M E N TEl Watan - Mardi 11 janvier 2011 - 4

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Alors que le calme est re-venu graduellement dans la région ouest, des dizaines

d’émeutiers présumés ont été pré-sentés devant le procureur de la République. Hier à Oran, plus de 50 personnes des quartiers Petit Lac et El Hamri, accusées de troubles à l’ordre pu-blic, étaient concernées et la présen-tation devait se poursuivre jusqu’à une heure tardive, apprend-on. La veille, 7 personnes, accusées éga-lement d’avoir participé au saccage de la CNEP de Petit Lac, ont été mises sous mandat de dépôt alors qu’un mineur a été relâché. A Es Senia, 14 personnes ont été placées sous mandat de dépôt sur 24 pré-sentations, les mineurs ayant été re-lâchés. Par ailleurs, 27 blessés sont signalés parmi les forces de l’ordre. A Tlemcen, alors que les affronte-ments ont fait 7 blessées dont 4 po-liciers, 80 émeutiers ont été arrêtés et déférés à la justice. Les proches des détenus, craignant des condam-nations, ont opté, dimanche, pour un sit-in pacifique en face du tri-bunal. Les hostilités avaient surgi des quartiers défavorisés, d’abord, comme Haï Ezzitoun, Koudia, R’hiba, puis la protesta a gagné les autres agglomérations. Les jeunes, dont la plupart ignoraient les prix du sucre et de l’huile, qu’ils soient des cités marginalisées ou favori-sées, s’étaient départis de leur statut pour se joindre aux revendications communes en entonnant des slo-gans significatifs. Quatorze des 26 personnes présentées dimanche soir devant le juge d’instruction

près le tribunal de Tiaret ont été écrouées, 11 autres mises sous contrôle judiciaire et un mineur re-laxé. D’autres comparutions devai-ent avoir lieu, a fait savoir le chargé de la communication au parquet de la même juridiction, et d’autres encore au niveau des tribunaux de Sougueur et Tissemsilt. Pour les dégâts générés par cette révolte, ce sont les secteurs de l’éducation, de la poste, de l’université, les sièges de la SNTA et de Sonelgaz qui ont fait les frais des mécontents. Au niveau de l’académie, son respon-sable parle de «17 établissements touchés», soit 10 lycées, 5 collèges et 2 écoles primaires. Notre inter-

locuteur évoque «le vol et/ou la destruction» de dizaines de micro-ordinateurs sans compter les dégâts sur les boiseries, les vitrages et le matériel de bureau. Les mêmes per-tes ont été enregistrées par l’univer-sité Abderahmane Ibn Khaldoun. A Témouchent, la poste déplore la perte de 19 millions de centimes ainsi que des micro-ordinateurs. Pis, toutes les archives de la poste, dont les pièces comptables, ont été brûlées. Le distributeur automati-que situé à l’extérieur a été détruit. Les attaques ont également ciblé le commissariat, à l’ouest de la ville. Neuf policiers et 3 manifestants ont été blessés et 4 émeutiers ont

été arrêtés. Au chef-lieu de wilaya de Mascara, le nombre de jeunes arrêtés lors d’une vaste opération d’interpellation menée par des po-liciers dans les quartiers populaires, à savoir Bab Ali, cité des 936 Lo-gements et Zone huit, avoisine la cinquantaine. «Une vingtaine de jeunes émeutiers ont été présentés, ces deux derniers jours, devant le parquet de Mascara», nous confie une source proche du dossier. Et d’ajouter qu’«une dizaine de jeu-nes sont en instance de procé-dure judiciaire dans les locaux du commissariat. Ils seront présentés devant le parquet dans les heures à venir». A Béchar, le procureur de la République a ordonné la mise sous mandat de dépôt de 15 émeutiers ce dimanche. En effet, les services de la sûreté de wilaya ont procédé à la présentation de 29 jeunes manifes-tants, dont 5 mineurs. La contestation a touché également la ville d’Adrar, même si on ne déplore aucun dégât, mais 2 poli-ciers ont été légèrement blessés. Dimanche soir, vers 20h, un groupe de contestataires s’est distingué au carrefour situé au centre-ville, entre le quartier Hattaba et la cité des Logements. Cette manifestation a drainé une soixantaine de jeunes, scindés en plusieurs groupes, qui ont scandé des slogans hostiles au pouvoir, relatifs à la mal vie et à la dégradation du pouvoir d’achat. Ces derniers ont brûlé des pneus sur la voie et cassé quelques lampes d’éclairage public. La manifesta-tion a été vite maîtrisée.

Correspondants de l’Ouest

L es émeutes nocturnes persistent à Souk Ahras. Dans la nuit de dimanche à lundi,

plusieurs dizaines de jeunes manifestants ont déferlé sur les artères principales. Certains ont jeté des projectiles en direction des brigades antiémeute. Ces dernières ont, à leur tour, usé de bombes lacrymogènes pour disperser les émeutiers qui ont atteint, une heure après les premières échauffourées avec les éléments des forces de l’ordre, plusieurs centaines. Un agent de sécurité a été blessé la même nuit.A Annaba, les instances judiciaires n’ont pas désempli hier jusque-tard dans la nuit. Cent vingt-cinq émeutiers arrêtés lors des manifestations, qui ont secoué la wilaya de Annaba durant trois jours, ont été présentés hier et avant-hier devant les tribunaux de Annaba, Berrahal et El Hadjar, relevant de la compétence de la cour de justice du chef-lieu de wilaya. Selon un décompte provisoire en fin d’après-midi d’hier, 52 individus ont été placés sous mandat de dépôt et les auditions se poursuivent toujours. Quant aux mineurs, au

nombre de 32, ils ont tous été libérés après la convocation de leurs tuteurs. Par ailleurs, dans la wilaya de Jijel, les services de police char-gés du maintien de l’ordre lors des derniers troubles enregistrés durant le week-end ont procédé à l’arrestation de 81 jeunes, avons-nous appris de sources sûres. Par ailleurs, les affrontements ayant opposé les émeutiers aux policiers ont causé des blessures à 39 éléments de la sûreté. A noter que la nuit de dimanche à lundi n’a pas connu de troubles notables, en dépit de certaines tentatives d’attroupement en certains endroits de la ville de Jijel. A Tébessa, 20 émeutiers ont été placés, avant-hier à une heure tardive, sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près le tribunal de Tébessa pour «troubles à l’ordre public, attroupement illicite et destruction de biens publics» et 40 autres comparaîtront en citation directe. Trente-qua-tre mineurs, ayant participé aux émeutes qui ont secoué plusieurs quartiers de la ville, ont été relaxés. Par ailleurs, 20 personnes arrêtées à Bir El Ater pour «attroupement illégal» ont

été présentées avant-hier devant le procureur de la République près le tribunal de Bir El Ater ; 6 parmi les mis en cause ont été écroués.18 émeutiers, sur les 28 qui ont été présentés avant-hier soir devant le procureur de la Répu-blique près le tribunal de Bordj Bou Arréridj, ont été d’autre part, placés sous mandat de dépôt, tandis que 10 autres ont fait l’objet d’une citation à comparaître directe. Selon les informations recueillies sur place, il y a eu 28 arrestations. Les chefs d’inculpation retenus contre ces présumés émeutiers sont «incitation à la destruction de biens d’autrui, troubles à l’ordre public et vol».Enfin, à El Oued, des sources bien informées, ont indiqué que de violents affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des dizaines de jeunes protestataires, dans la nuit de samedi à dimanche, dans la commune de Robbah, à 15 km au sud du chef-lieu de la wi-laya d’El Oued. Notre source a précisé que l’on déplore 7 blessés, dont 2 policiers.

Correspondants de l’Est

LE CALME REVIENT DANS LES VILLES DE L’OUEST

Les émeutiers devant la justice

ÉMEUTES À L’EST DU PAYS

Des dizaines de personnes sous mandat de dépôt

Sièrge de la cour d’Oran

BÉJAÏA

495 logements squattés

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La rue principale de la ville de Bachedjerrah a été, hier matin, le théâtre de violents affron-

tements entre vendeurs informels et policiers. Ces échauffourées ont eu lieu au moment où d’autres commu-nes retrouvaient un clame précaire. C’est vers 9h que les jeunes ont barré la voie principale de la ville, qui ac-cueille depuis des dizaines d’années le marché informel. La rue principale abrite des magasins, un centre com-mercial appartenant à un privé et le marché de proximité. Des pneus en-flammés enfumaient la localité. Les jeunes vendeurs lançaient des pierres en direction des forces de l’ordre. Au cours des affrontements, un policier aurait été tué à l’arme blanche. Une information qui s’est répandue dans toute la cité, mais que nous n’avons pu confirmer. La cellule de com-munication du commissariat central d’Alger n’a donné aucune suite à nos sollicitations. Les passants étaient dans l’obligation de contourner cette voie pour se déplacer et les commer-ces sont restés fermés durant toute la journée d’hier. Après moins de deux mois de rupture avec les vendeurs à la sauvette suite à la vaste opération menée par les autorités pour l’éra-dication du marché informel, cette rue a vu, avant-hier, leur retour. Les marchands de l’informel avancent que c’est le wali délégué qui aurait autorisé ces jeunes à exercer «le temps de leur trouver une solution». Des individus sont venus délimiter les trottoirs en lots sur lesquels sont inscrits les prénoms des jeunes concernés par le partage. Les premiers étals ont refait leur apparition avant-hier. Hier, c’était le grand retour des marchands qui ont réinvesti les lieux. Les policiers sont intervenus dans la matinée, les som-mant de dégager la voie publique.

Des produits ont été saisis, ce qui a poussé les jeunes vendeurs à riposter avec des jets de pierres. «Ce sont eux, les policiers, qui nous ont provoqués. Ils nous insultaient. Ils ont violem-ment frappé un enfant d’une dizaine d’années alors qu’il était juste de passage et n’avait rien à voir avec nous», se justifie un jeune vendeur, son étal de fortune dans un sac à dos. Les usagers de la route étaient obligés de rebrousser chemin avant même d’atteindre le centre-ville, de crainte des conséquences de cette

manifestation d’une rare violence. Les vendeurs défendent leur «droit au trottoir». Un jeune protestataire raconte : «Ce marché a toujours exis-té. Je détiens un étal depuis plusieurs années. C’est le seul revenu pour ma famille. En nous privant de ce gain, ils veulent nous pousser à voler ou à agresser les passants !»Un autre, la trentaine, fustige le prési-dent de l’APC et autres responsables locaux dans la gestion du problème de l’informel : «Ils ont donné toutes les facilitations au propriétaire du

centre commercial Hamza, car le fils du maire y est employé comme bras droit du patron. Ils ont égale-ment distribué de manière louche les étals du marché de proximité et ont laissé en chantier le projet d’un autre marché…» L’intervention de la police dans le cadre de l’éradication du marché informel ne serait pas l’unique facteur déclencheur de ces violences. Les protestataires évo-quent l’arrestation d’une dizaine de jeunes après les violentes émeutes qui ont ébranlé la localité à la fin de la semaine dernière, comme cela a été le cas dans presque toutes les régions du pays. Des émeutiers disent avoir agi «après provocations». Ce serait une vengeance décidée par les jeunes échauffés par la colère. Les riverains, impuissants devant la violence de ces émeutes, subissent les affrontements sans trop savoir qui soutenir. «Il faut qu’il y ait une solution concrète pour ces jeunes, sans les priver toutefois de leur ga-gne-pain. Ce sont nos enfants, après tout», lance une vieille dame.Une jeune femme enceinte, contrain-te de courir pour éviter de se faire blesser par les pierres lancées à l’aveuglette par les émeutiers, estime que «ces jeunes sont à la recherche du gain facile. C’est tout. Ils ont été bénéficiaires de tables au marché de proximité. L’APC leur a construit un centre commercial à l’extérieur de la ville, qu’ils ont boycotté. Chaque jour, l’APC leur adresse des notes les priant presque de rejoindre leurs étals, en vain. Qu’est-ce qu’ils veu-lent enfin, ces jeunes, des centres commerciaux de luxe ?».Vers 11h, les policiers étaient retran-chés à la sortie est de la ville. Aucun n’était visible dans le périmètre «ac-quis» par les émeutiers.

Fatima Arab

L es mesures annoncées par le gouvernement sonnent comme une insulte qui réduit l’Al-

gérien à un tube digestif», affirme le RCD en réaction aux mesures prises, samedi soir, par le gouvernement en vue de calmer les esprits, après quatre jours de violentes émeutes qui ont secoué plusieurs wilayas du pays. Le RCD dénonce, dans ce sens, la réduction de cette révolte populaire à un simple mécontentement dû à l’érosion du pouvoir d’achat des Algériens. «Nos concitoyens ont le droit d’accéder à un pouvoir d’achat décent, mais le gouvernement oublie que l’Algérien a aussi une tête et un cœur. Certes, le jeune Algérien, comme beaucoup de citoyens, souffre de la cherté de la vie, mais il souffre aussi de hogra, de privations de libertés d’expression et d’association et de-mande à être reconnu et respecté dans ses droits et devoirs», déclare le parti de Saïd Sadi dans un

communiqué rendu public hier. Selon le même communiqué, la suspension et l’exonération de l’IBS ne profiteront qu’à la production et la distri-bution. «Au lieu de prendre la mesure du désespoir et de la colère d’une jeunesse oubliée, privée de lieux de loisirs et réduite à se jeter à la mer pour fuir un enfer quotidien, le pouvoir improvise une série de mesures démagogiques, incohérentes et choquantes. A titre d’exemple, l’exonération de l’IBS n’aura aucun effet sur la baisse des prix puisqu’elle concerne un prélèvement annuel sur le chiffre d’affaires», estime encore le RCD. Poursuivant, le parti dénonce les arrestations «brutales» de jeunes manifestants. «Le RCD condamne avec la plus extrême vigueur les rafles de ces jeunes qui sont d’abord les victimes de la politique d’un système qui s’est imposé depuis un demi-siècle par la fraude, la corruption, la

censure et l’abus d’autorité ; autant de violences qui ont accablé le peuple algérien», lance-t-il, en précisant que les arrestations des manifestants «sont commises en violation de toutes les lois en vigueur». Dans ce sens, le RCD exige la libération totale et inconditionnelle de tous les détenus. En outre, pour faire la lumière sur les raisons de cette révolte, le parti demande l’ouverture d’un débat général à l’APN. Affirmant qu’il entreprend des contacts avec toutes les forces politiques et socia-les n’acceptant pas le statu quo, le RCD appelle aussi à donner une traduction organisée et adaptée au soulèvement de la jeunesse. «Le RCD invite les partenaires de l’Algérie à se garder de tout pro-pos, décision ou démarche pouvant disculper ou réduire la responsabilité du pouvoir en place dans ce nouveau désastre», conclut le communiqué.

Madjid Makedhi

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COMMERCE INFORMEL À BACHEDJERRAH

Bataille rangée entre policiers et jeunes vendeurs

◗ RACHID ALI YAHIA, MILITANT BERBÉRISTE : «UN POUVOIR JACOBIN QUI ÉCRASE LES LIBERTÉS»

«Ces manifestations ne sont-elles provoquées et organisées, comme on est en droit de le craindre, que pour une brève durée, avec des objectifs étroitement limités, en vue en réalité d’une évolution du rapport de force au sein d’un système rongé en haut lieu par de graves contradictions mais soucieux de son maintien dans ce qu’il a d’essentiel ? La cause fondamentale des souff rances du pays se trouve dans l’instauration d’un pouvoir autoritaire, jacobin, qui foule aux pieds les libertés démocratiques et les droits de l’homme.»

◗ SNTE, COMITÉ D’ALGER-CENTRE : «L’ÉTAT DOIT INSTAURER UNE VÉRITABLE JUSTICE SOCIALE»

«Le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) condamne les actes de destruction des édifi ces publics, et notamment des établissements scolaires, qui empêchent des centaines d’élèves de rejoindre les bancs de l’école, sans parler des pertes matérielles estimées à des milliards de centimes. Nous insistons pour que les décideurs révisent le système social algérien et, en premier lieu, le système éducatif et qu’ils ouvrent le champ aux libertés syndicales et instaurent une justice sociale à travers une juste distribution des richesses, des logements et des postes d’emploi.»

◗ ASSOCIATION NATIONALE DES FAMILLES DE DISPARUS (ANFD) : «LES ÉMEUTES SONT LE RÉSULTAT DU VERROUILLAGE»

«Les émeutes qui se généralisent dans tout le pays sont, y compris dans leur forme, le résultat de cet acharnement du pouvoir à ne concéder aucun espace aux citoyens et à la société civile et politique. Les familles de disparus subissent les aff res de cette politique. Tout le monde est passé par les ‘mains’ des services de répression : vieilles femmes, jeunes, enseignants, médecins, étudiants… Après ce verrouillage systématique, les appels à manifester pacifi quement risquent de ne pas trouver d’écho (…). Ayant subi le déni de justice et l’arbitraire, l’ANFD se déclare solidaire des victimes de la répression et invite les citoyens à se tenir à leurs côtés.»

◗ PARTI DU RENOUVEAU ALGÉRIEN (PRA) : «APPEL À L’OUVERTURE D’UN CHAMP D’EXPRESSION»

«Le Parti du renouveau algérien déplore et dénonce les actes de vandalisme et de sabotage perpétrés contre les édifi ces publics. Le PRA dénonce toute manipulation de cette fronde juvénile et en appelle au calme et à l’ouverture d’un champ d’expression libre et organisé.»

RÉACTIONS

LE RCD À PROPOS DES MESURES DU GOUVERNEMENT

«Démagogiques, incohérentes et choquantes»

Le dispositif de sécurité était bien visible

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icité

Les vendeurs à la sauvette s’arrachent l’espace à la rue de la Lyre

Dans la rue Bouzrina (ex-rue de la Lyre), qui avait été partiellement débarrassée des vendeurs informels depuis quelques semaines, des aff rontements à l’arme blanche ont été enregistrés hier. Les vendeurs se disputaient les espaces sur la voie publique, sous le regard impuissant des riverains et des responsables locaux. F. A.

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UN DÉBAT NATIONAL EST INDISPENSABLE

Redonner confi ance à la jeunessePar Mohammed Saïb Musette *

Cette «révolte» de la jeunesse algérienne est un signe d’une société dynamique. Les jeunes sont sortis dans la rue pour

s’exprimer par le seul moyen qu’ils maîtrisent le mieux, c’est-à-dire la violence. Cette gé-nération n’est pas celle d’Octobre 1988, elle n’a pas eu d’enfance… elle est socialement marquée par des actes de violence des années 1990. Le mal est profond. Cette révolte était-elle prévisible ? Pourquoi maintenant ? Quels résultats peut-on attendre de ce soulèvement ?Une révolte attendue ? Le changement social ne peut provenir que de la jeunesse.Les avis sont multiples quant à la prévisibilité de cette révolte des jeunes. Pour les uns, la si-tuation sociale n’est pas aussi dramatique. On parle de manipulation par une main invisible qu’on convoque à chaque convulsion sociale. Les intellectuels (sic) s’abstiennent de tout commentaire. Il n’y a pas d’avis à donner. Pour les autres, cette expression est légitime. La misère sociale s’installe durablement. Les clivages entre les «classes sociales» deviennent de plus en plus visibles. Cette révolte est aussi à inscrire dans les luttes sociales propres à l’entrée dans le capitalisme sauvage, c’est-à-dire où les règles ne sont pas encore établies. Notre observation de la quotidienneté indique toute une série de malaises sociaux fondés sur des pratiques d’exclusion, d’où la paupérisa-tion ambiante de larges couches de la société. Il existe des couches sociales qui ont accès à l’emploi (donc aux revenus), à la santé, au logement, aux loisirs, à la migration… Pour d’autres couches, l’accès est difficile, voire impossible. Les perspectives d’une reproduc-tion sociale sont floues… Le taux de chômage publié récemment par les autorités donne l’impression d’un marché du travail qui fonctionne positivement quant à l’accès à l’emploi. Pourtant, on a pu relever qu’il existe 25% de jeunes (16-24 ans) qui sont auto-exclus – ils ne sont ni sur le marché du

travail ni dans le système éducation-formation. Pour les jeunes qui occupent un emploi, ils sont en majorité «sans sécurité sociale», autre-ment dit, ils vivent dans une situation précaire, avec un revenu aléatoire, aux humeurs d’un secteur privé, prompt à engranger le maximum de profits, à la limite de l’illégalité.Pas de travail décent, exclus du marché du travail, ces jeunes deviennent de plus en plus un poids pour la famille, une institution en décomposition avancée avec la démission et/ou l’impuissance des parents. Elles sont nom-breuses, les familles qui légitiment les prati-ques informelles des enfants pour boucler les dépenses quotidiennes.L’accès au logement est devenu, ces derniers temps aussi, un sujet de crises à répétition, souvent avec l’organisation de révoltes pu-bliques marquées par des actes de violences épisodiques. L’éradication des bidonvilles dans les grands centres urbains est en soi une entreprise délicate. La stratégie populaire est

connue : habiter un taudis dans un bidonville permet l’accès rapide au logement. Une situa-tion paradoxale quand on sait que des millions de logements sont programmés... mais à la réception, la désillusion est totale ! Les couches aisées achètent par dizaines les lo-gements en promotion pour les revendre, avec une marge de profit, dès la réception. Il n’est plus question de l’offre qui ne corres-pond plus à la demande, mais d’un véritable dysfonctionnement dans les mécanismes de distribution.Un débat national sur la crise sociale est in-dispensable afin de redonner confiance à la jeunesse. Les jeunes souffrent d’absence de perspectives. Les espaces de dialogue social sont limités. Depuis 2007, l’élaboration d’une politique nationale de la jeunesse est attendue. Les ébauches engagées ont vite sombré dans les couloirs des stratégies sectorielles, chaque secteur devant produire des programmes en direction des jeunes. L’absence de stratégie intersectorielle devant donner corps à l’unicité d’un programme gouvernemental laisse ainsi des pans entiers de la jeunesse en marge du dé-veloppement. Le programme national de lutte contre le chômage est resté un vœu pieux des initiateurs, qui se résignent à mettre en œuvre une politique sectorielle sans aucune assise nationale.La société civile naissante peine à tracer des perspectives, elle s’alimente des actions sporadiques selon les moyens mobili-sables à des échelles microsociologiques. La soumission de la société civile, du mouvement associatif, à une programmation préalable, obéit plus à une solution comptable des deniers publics. L’évaluation des actions engagées et des résultats obtenus sur le terrain reste à faire. Il existe pourtant des expressions artistiques qui ne laissent aucun doute sur le malaise so-cial ambiant.La colère de la jeunesse algérienne ne doit pas être minimisée. Cet accès de violence traduit un malaise profond dont la hausse des prix n’a été qu’un argument de circonstance. La vio-lence urbaine n’est pas une pratique nouvelle en Algérie. L’Algérie peine ainsi à élaborer une

politique nationale de la jeunesse de manière globale. Des initiatives ont été prises, mais sont restées sans issues. Les jeunes assistent, de manière impuissante, à un ensemble de dé-rives que l’Etat tente, tant bien que mal, d’en-diguer. Sur le plan global, la corruption est un mal qui gangrène le pays. Les autorités ont démontré qu’il existe une volonté de lutte contre ce phénomène. Des actions sont engagées, mais beaucoup reste à faire. Les problèmes de la jeunesse algérienne sont multiples. La socialisation de jeunes passe par au moins six phénomènes : l’école, le travail, la santé, la famille, le temps libre, la mobilité. Chaque espace comprend des risques qui me-nacent la mise en condition juvénile. L’échec scolaire conduit à la marginalisation. Le chômage des jeunes traduit un sentiment d’inutilité sociale. L’accès aux soins est limité. On dit bien qu’il faut éviter de prendre des risques sur le plan de la santé, mais c’est durant la jeunesse que la prise de risques est plus importante. Les jeunes restent plus longtemps célibataires, bien qu’on assiste à une hausse du nombre de mariages. La famille algérienne est entrée aussi en crise. La démission parentale est légion dans le monde urbain. Puis, le problème d’accès au logement, malgré l’offre publique, la crise per-siste avec des prix qui dépassent la rationalité économique. L’espace de détente, de décompression des jeunes reste encore limité avec des pratiques en décalage avec les aspirations de la nouvelle génération. Quant à la mobilité des jeunes, on assiste encore à des tentatives de prendre la mer dans des conditions extrêmes. La conjugaison de ces risques durant la phase de juvénilité mène inévitablement à une situa-tion critique, d’où l’explosion sociale qui vient d’avoir lieu. Ce réveil de la fougue juvénile n’est pas aux antipodes du «nationalisme» que ces mêmes jeunes ont manifesté lors de la Coupe du monde. C’est dire l’imprévisibilité du comportement des jeunes ; ils sont capables du pire et du meilleur. M. S. M.

*Sociologue et chercheur au Cread

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Mustapha Benbada, le ministre du Commerce, l’a promis : à la fin de cette semaine, le prix du sucre sera ramené à

90 DA le kilogramme, et celui de 5 litres d’huile à 600 DA. Cette baisse est la conséquence immédiate des décisions prises par le gouvernement, à savoir la suspension et l’exonération des droits de douane, de taxes et d’impôts représentant un total de charge fiscale de 41%.Mais cela n’est valable que durant les 8 prochains mois car les mesures annoncées par le gouvernement ne seront valables que jusqu’au 31 août 2011. A partir de cette date, rien ne dit que les prix ne flamberont pas une nouvelle fois. Pour deux raisons : l’évolution de ces produits de base sur le marché mondial, ensuite l’application des mesures prises dernièrement par l’Exécutif pour lutter contre l’informel. Ces mesures qui devraient entrer en vigueur le 31 mars prochain obligent les grossistes et transformateurs d’effectuer leurs achats qui dépasseraient les 500 000 DA par chèque. Il leur est également exigé de présenter leurs

demandes accompagnées de facturiers et de comptes sociaux. Des mesures jugées être à l’origine de la détérioration du pouvoir d’achat et des émeutes que connaît l’Algérie ces derniers jours. Sauf si le gouvernement a décidé de faire machine arrière, en renonçant à la lutte contre l’informel, en retirant ainsi toutes les décisions prises dans ce sens, l’on retombera, à coup sûr à la fin août dans les mêmes problèmes : flambée des prix du sucre et de l’huile, pour ne parler que de ces deux produits. Et c’est là qu’apparaît le caractère aléatoire des fausses réponses apportées par le gouvernement à la violente contestation populaire. Le ministre du Commerce le sait très bien, c’est pourquoi il se montre rassurant en donnant d’autres gages. Il a affirmé avant-hier que l’Etat «disposait des moyens financiers pour intervenir dès qu’il s’agit de la protection des consommateurs d’une flambée exceptionnelle des prix». Mais pas seulement. L’Etat était, selon Benbada, même prêt «à affronter en toute sécurité une éventuelle crise

alimentaire mondiale». Quelle prouesse ! Le ministre pense certainement au matelas de devises généré par la seule rente pétrolière. Autrement dit, sans cette manne providentielle le peuple mourra de faim. D’où cette conclusion ahurissante : comment a-t-on fait pour aboutir, après autant de dépenses, autant de plans de relance économique, à un résultat si chaotique et si honteux ? Il est faux de penser que les jeunes qui se sont soulevés, l’ont fait rien que parce que les prix du sucre et de l’huile ont flambé. Ce n’était, en fait que la goutte qui a fait déborder le vase. Un prétexte pour exprimer un malaise généralisé produit par l’échec de toutes les politiques poursuivies jusque-là. Mais un échec que l’Exécutif refuse d’assumer ou feint d’ignorer tant l’argent du pétrole est là pour endiguer les mouvements sociaux. Une aisance financière qui, toutefois, cache mal l’étendue du désastre, mais qui sert de soupape à une équipe dirigeante largement contestée. Saïd Rabia

UN SURSIS DE HUIT MOIS POUR LE GOUVERNEMENT

La manne pétrolière au secours de l’échec !

Mohammed Saïb Musette

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El Watan - Mardi 11 janvier 2011 - 7

L ’ É V É N E M E N T

SORTIE MÉDIATIQUE DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR

Réquisitoire contre la jeunesse

D u haut de ses 78 ans, Daho Ould Kablia, mi-nistre de l’Intérieur, se

livre depuis quelques jours à un véritable réquisitoire contre les jeunes Algériens. Des jeunes coupables d’avoir manifesté, parfois avec excès, leur ras-le-bol, leur mal de vivre et leur dé-goût. Les propos du successeur de Yazid Zerhouni désavouent de manière claire toute l’action du Président qui l’a nommé à ce poste pour «gagner» la confiance des jeunes. Après avoir gardé le silence pendant 48 heures, le ministre de l’Intérieur s’est exprimé dans une interview accordée d’abord à l’agence officielle APS, puis au site d’information Algérie-Plus. Dans les deux in-terventions, la haine se dégage comme une tache blanche sur un tapis noir. «La frange de jeunes, dont nous connaissons par ailleurs la situation difficile, s’est mise en position de fracture totale par rapport au reste de la société», a-t-il tranché. Autrement dit, les milliers de jeunes qui étaient dans les rues depuis le 5 janvier 2011 sont en «rupture» avec la société mais pas avec le pou-voir. Dans la lecture approxi-mative de Ould Kablia, les

jeunes sont en «guerre» avec la société, donc «c’est entre eux». Le pouvoir, dominé par les sep-tuagénaires et les sexagénaires, n’a rien à se reprocher. Par conséquent, la société ne doit s’en prendre qu’à elle-même. A Algérie-Plus, le ministre va plus loin, sans crainte de passer à côté de la vérité et de bles-ser la majorité des Algériens : «Depuis le début des années 2000, nous savons qu’il y a une jeunesse qui est en train de constituer une génération tout à fait différente de celles qui l’ont précédée, avec les mê-mes conditions de mal vie et les mêmes problèmes qu’ils considèrent comme insolubles pour leur avenir, mais avec la différence qu’il y a chez eux une dose de violence plus importante qui est justement née de cette période qu’ils ont vécue lors de la décennie 1990. Ils sont extrêmement nihilistes et pessimistes», a-t-il affirmé. Au-delà du fait que Daho Ould Kablia reconnaît implicitement que le pouvoir qui gère le pays «depuis le début des années 2000» a complètement échoué à rendre l’espoir aux jeunes et à régler leurs problèmes, il y a une dose de mépris chez cet homme politique qui dépasse

toutes les bornes. D’un seul coup et sans aucune précau-tion, le ministre a décidé que les jeunes sont… nihilistes. Comme la réflexion est limitée, Daho Oul≠ Kablia n’a pas tenté d’expliquer pourquoi les jeunes sont dans ce qu’il croit être un état d’esprit. Il s’est contenté de citer des raisons qui peuvent facilement être puisées dans un cercle proche de l’extrême droite européenne : «Manque de loisirs, scolarité perturbée, milieu familial désintéressé, l’influence de la rue et des mé-dias étrangers.» Retenons cette dernière raison : les jeunes, pour ne pas perdre espoir, doivent se limiter à regarder les JT en noir et blanc de l’ENTV et écouter la ra-dio étatique parler de football et du palmier dattier, com-me du temps du parti unique. Les difficultés d’accès consta-tées hier au réseau social fa-cebook ou à YouTube – des sites que Daho Ould Kablia ne connaît peut-être pas – souli-gnent que le pouvoir passe à un stade supérieur de la censure. La Tunisie a tenté de faire la même chose. Tout le monde sait où en est ce pays, aujourd’hui. Continuant ses «belles pen-sées» sur les jeunes, Daho Ould

Kablia, qui semble résister dif-ficilement au paternalisme, a ajouté : «Ils aiment toutes les choses qu’ils ne sont pas en mesure d’acquérir autrement que par le vol, par la contre-bande, le trafic de drogue. Ils ne trouvent pas de dérivatif dans la musique, le sport, les voyages. Leur univers, c’est la rue de leur quartier.» Cela res-semble presque à de l’insulte pure et simple. Culpabiliser les jeunes Algé-riens de cette manière est un scandale, de l’irresponsabilité à l’état naturel, de la fuite en avant. Ce genre de discours, que les jeunes Algériens entendent de-puis au moins dix ans, ne fera qu’alimenter la mécanique de la haine et de la révolte et ap-profondir la crise de confiance. Au lieu d’user d’un langage conciliant, compréhensif et ouvert, Daho Ould Kablia a choisi la voie de la provocation, de la fermeté mal placée, bref, de la mise à nu d’un pouvoir incapable de se ressaisir et de remettre l’Algérie sur le chemin de la modernité et des libertés. Et comme on ne fait pas du neuf avec du vieux, la cause est entendue.

Fayçal Métaoui

MORT D’UN JEUNE ALGÉRIEN À HAMMAMET (TUNISIE)

La famille exige une enquêteUn appel poignant vient d’être lancé par

Mme Belhadj Cheikh, tante de Faycal, un étudiant de 22 ans, mort dans des conditions suspectes en Tunisie et enterré jeudi dernier à Mostaganem. Très éprouvée par cette perte, Mme Belhadj exige une enquête sur la mort de son neveu et appelle les autorités algériennes à assister les familles des deux autres camarades du défunt, encore hospi-talisés en Tunisie dans un état comateux.Le récit de Mme Belhadj relève d’une vérita-ble tragédie. A peine quatre jours après l’enterrement de son neveu Fayçal, elle exige la vérité sur la mort de ce dernier en Tunisie et ex-horte les autorités à prendre en charge les deux camarades du défunt, admis à l’hôpital de Nabeul dans un état coma-teux et dont les parents, sans ressources, ont du mal à les transférer vers le pays. En fait, Fayçal Belhadj, Benaouda Youcef, Tigrine Mouloud et Bachiri Lahbib, tous des étudiants âgés de 20 à 22 ans, ont dé-cidé de faire leur premier voyage par route vers la Tunisie pour y passer les fêtes de fin d’année. «Il fallait voir l’euphorie dans la-quelle ces gamins se trouvaient à la veille du départ. Ils étaient tellement heureux que je n’ai pas pu m’empêcher de leur passer ma voiture. C’était leur premier voyage. Arrivés le 28 décembre, ils ont loué un bungalow à Hamammet. Le lendemain, la mort était au rendez-vous», raconte Mme Belhadj. Les quatre étudiants sont transférés, dans la nuit du 29 au 30 décembre, à l’hôpital de Nabeul dans un état comateux. Selon les premières informations que la famille va obtenir difficilement, ils auraient été intoxiqués par les gaz que dégageait un chauffe-bain défectueux. Faycal décède le

soir même dès son admission à l’hôpital, alors que ses trois amis, plongés dans un coma profond, se battent contre la mort. «Le décès de mon neveu n’a été déclaré que le 31 décembre et les familles n’ont été infor-mées que le 2 janvier, par l’une des victimes qui, après avoir repris connaissance, a télé-phoné à ses parents. Lorsque mon frère s’est rendu en Tunisie pour récupérer la dépouille de son fils, la police tunisienne l’a informé que le consulat d’Algérie avait été contacté immédiatement après le drame. Mais celui-ci n’en a jamais informé les familles qui étaient dans la confusion totale quant à la cause du drame. Mieux, lorsque nous avons téléphoné dimanche matin (2 janvier), il n’y avait personne pour donner suite à notre préoccupation. Le comble est que lors de l’enlèvement de la dépouille à l’aéroport, un représentant du consulat a remis un mes-sage de condoléances destiné à la famille. En conclusion, pour toute assistance de la part du consulat, le père du défunt a eu une lettre de condoléances à l’aéroport !» Benaouda Youcef, contre l’avis de l’équipe médicale, est transféré par ses parents en Algérie, alors que Tigrine Mouloud et Bachiri Lahbib sont toujours hospitalisés. Le premier fait un blocage des reins et se trouve en réanimation, alors que le second est toujours dans un coma profond. Leurs parents sont totalement désespérés et n’ar-rivent pas à les faire évacuer vers l’Algérie. «Après l’enterrement de mon neveu, j’ai saisi par mail le consulat et l’ambassade d’Algérie en Tunisie pour leur demander d’aider les deux jeunes encore hospitalisés et nous aider à faire la lumière sur les cir-constances de cette tragédie, nous aider à situer les responsabilités pour entreprendre

les actions utiles, hélas, aucune suite n’a été donnée à ce jour», souligne Mme Belhadj. Aujourd’hui, elle revient à la charge et exige qu’une enquête soit ouverte sur les circons-tances de cette tragédie, d’autant que les témoignages qu’elle a pu obtenir sur place font état de lenteurs dans l’intervention des secours et l’évacuation des jeunes Algériens à l’hôpital. «Nous voulons que l’Etat algérien agisse pour que les familles affectées puissent trouver aide et assistance auprès de nos représentations à l’étranger, comme cela se passe dans tous les pays du monde soucieux de préserver l’intégrité et la sécurité de leurs ressortissants», conclut-elle. Mme Bel-hadj exprime sa colère de voir les parents de Mouloud et Lahbib terrassés par la douleur de ne pas pouvoir ramener leurs enfants fau-te de moyens et d’assistance. Poignant, l’ap-pel de Mme Belhadj est en vérité un cri du cœur, voire un appel de détresse…

Salima Tlemçani

Une succession de fausses élections, une subversion armée et un règne de prédation après, nous revoilà de nouveau dans les convulsions émeutières de 1988, dans la case de départ

d’un sordide jeu de l’oie. L’explosion de la rue, que tout le monde pressentait depuis quelques années, est finalement survenue. L’impression de déjà vu, de bégaiement de l’histoire, de gâchis avéré suscite des sentiments de dégoût, de lassitude et de colère, ingrédients détonants dans une réalité en déréliction. Tout le monde perçoit plus ou moins les raisons immédiates de la colère. La cherté de la vie, le chômage endémique, l’injustice sociale, l’empilement en couches géologiques des problèmes ja-mais résolus et des questions toujours en suspens. C’est aussi ces scandales gargantuesques qui provoquent la nausée, ces trahisons d’une certaine élite, ces lâchetés multiples, ce cancer de la cor-ruption qui a gangrené le corps entier de la société et beaucoup d’autres choses encore qui sont venues à bout de la patience d’un peuple en déshérence. Mais c’est aussi cette incroyable arrogance de l’incompétence économique qui a réduit la gouvernance des richesses du pays à du tripotage des lois où les fausses promesses, les mauvais choix et l’absence de toute vision font office de programmes incohérents et parfois absurdes ! Après les dépenses de centaines de milliards de dollars en dix ans –argent faut-il le préciser, provenant d’une manne naturelle – nous en sommes toujours au même point : 99% de nos devises sont assurées par le pétrole ! Comme le disait Al-berto Moravia, «pour gagner de l’argent, il faut une compétence, pour le dépenser, il faut une culture». Il est clair que la compé-tence n’était pas au rendez-vous, l’Algérie ne gagnant rien par ses propres efforts. Quant au deuxième terme de la sentence, chacun peut se faire son idée. De tous les bouts par lesquels nous pouvons prendre le problème, la responsabilité remonte au président de la République. Si les jeunes s’expriment dans la violence et le nihi-lisme, détruisant au passage autant les biens publics que privés, ils se mettent également eux-mêmes en grand danger. A l’heure où ces lignes sont rédigées, deux de nos concitoyens sont décédés (que leurs parents et proches acceptent nos sincères condoléances). Espérons que cette liste s’arrêtera. Et contraire-ment à ce qu’a pu dire l’un des membres de ce gouvernement, ces jeunes n’avaient aucun autre moyen pour dire leur souffrance. La vie politique est pratiquement sous scellés, les syndicats indépen-dants muselés, la presse surveillée, les manifestations pacifiques interdites… Même la «harga» a été traitée par les autorités soit par le mépris (qualifiée de «mode») soit par la répression. En s’asseyant sur le trône, Monsieur Bouteflika a immédiatement informé qu’il ne sera pas un trois quarts de président en assumant tous les pouvoirs, ceux, régaliens, de l’Etat mais aussi ceux de l’économie, de l’APS et de tous les autres démembrements de l’Etat. Rien ne devait faire obstacle à sa volonté, ni celle du peuple ni celle d’aucune institution, la Constitution n’étant là que pour se plier à ses propres désidératas.Aujourd’hui, Monsieur Bouteflika doit tirer les conséquences de sa politique. L’Algérie doit faire repentance en revenant à tous ses enfants. La vie politique doit être permise à tous les citoyens dans le cadre de lois démocratiques. Organiser le débat politique, la saine compétition des compétences dans le cadre de l’Etat de droit reste l’unique solution structurelle pour le pays. Construire de vraies institutions et un vrai Etat, voilà de nobles objectifs.En attendant, pour tous ces jeunes qui ne croient plus en rien, il faut un message vrai. Il faut immédiatement réorienter la politi-que économique vers la production tous azimuts en assurant une couverture sociale réaliste mais juste. Il faut ouvrir un vrai horizon d’espoir. L’argent existe largement pour cela. Il est préférable de le «risquer» dans une telle entreprise que de le condamner en pure perte au profit des puissances étrangères qui ne pourront rien, de toutes les façons, pour maintenir ce régime.L’Algérie a besoin d’un vrai acte de patriotisme. C’est à cette aune que l’histoire retient ses héros. S. D.

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POINT DE VUE

Ce qui devait arriver arriva !

Par Soufiane Djilali

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El Watan - Mardi 11 janvier 2011 - 8

L ’ É V É N E M E N T

Similitudes et diff érencesPar Yassin Temlali

Les révoltes sociales actuelles en Tunisie et en Algérie ont été provoquées par des malaises

socioéconomiques similaires, qui ont particulièrement affecté des couches juvéniles, peu intégrées dans le sys-tème économique. Elles prennent les mêmes formes, celles d’affrontements violents avec les forces de sécurité et d’attaques contre les symboles de l’Etat. Elles n’en présentent pas moins des différences qu’il est intéressant de relever.La révolte de la jeunesse algérienne a commencé à Oran et Alger, avant d’embraser l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, les régions montagneuses et les Hauts-Plateaux. En ébullition pendant de longues années, si l’on en juge par la fréquence des protestations socia-les depuis le «printemps noir» (avril 2001), l’arrière-pays a passé le té-moin aux quartiers traditionnellement contestataires des deux plus grandes villes algériennes, notamment ceux de la capitale, d’où, il y a plus de 22 ans, était partie l’intifadha d’octobre 1988.En Tunisie, en dépit de l’extension géographique des protestations, leurs foyers demeurent les régions déshé-ritées du Centre (Sidi Bouzid) et de l’Ouest (Kasrine, Gafsa, etc.), où le régime de Zine El Abidine Ben Ali est perçu comme une coterie régionaliste, qui favorise la capitale et le Sahel au détriment de l’intérieur. Il n’y a pas eu d’«émeutes» à proprement parler dans les quatre gouvernorats du Grand-Tunis (Tunis, Menouba, Ariana, Ben Arous), ni dans le touristique Cap-Bon (Nabeul, etc.), et l’intensité de l’agitation sociale est réduite dans les gouvernorats du Sahel (Sousse, Sfax, etc.). Dans toutes ces régions, la contestation prend plutôt la forme de manifestations de lycéens et d’actions de soutien à la jeunesse insurgée à Sidi Bouzid, Gafsa... menées par les

militants syndicaux et politiques. Les protestations sociales dans l’arrière-pays, moins impliqué que Tunis dans les luttes démocratiques de ces derniè-res années (avec une exception notable pour une ville comme Gafsa), rappel-lent la gravité du déséquilibre régional entre deux Tunisie : l’une accaparant les investissements et les opportunités d’emploi et l’autre, principalement agraire, peu atteinte par les bienfaits du «miracle tunisien». En Algérie, les contrastes de dévelop-pement ne sont pas négligeables entre les villes et les campagnes, le Nord et le Sud, etc., mais ils semblent avoir été éclipsés dans les consciences par des contrastes encore plus choquants, entre la richesse de l’Etat et la stagna-tion des revenus des salariés, entre les énormes besoins en termes d’emplois et la dilapidation des deniers publics par des responsables corrompus ou dans des grands projets confiés aux sociétés étrangères pour des raisons électoralistes (leur inauguration rapide par le président Bouteflika).Cette prise de conscience de l’ap-profondissement des inégalités a été aiguisée par les forfanteries des mi-nistres d’Ahmed Ouyahia, qui ne manquent pas une occasion d’aligner les chiffres mirobolants des réserves de change, des revenus des exporta-tions d’hydrocarbures et des recettes du «Fonds de régulation», géré depuis une décennie comme une caisse noire échappant à tout contrôle parlemen-taire. Elle explique la violence du ressentiment envers les autorités (les attaques contre les administrations publiques, etc.) aussi bien que le ca-ractère national du soulèvement.

L’ALGÉRIE : UN CONTRE-EXEMPLE POUR LES UNS, UN EXEMPLE POUR LES AUTRES

L’intifadha de Sidi Bouzid n’a pas été un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elle a été précédée, en janvier

2008, par une autre très longue (5 mois), dans les localités du bassin mi-nier de Gafsa, et en août 2010, par de violentes manifestations à Ben Guer-dane (près de la frontière libyenne) contre des mesures gouvernementales restreignant le commerce transfron-talier. Cependant, avant janvier 2008, le régime de Ben Ali avait réussi à réduire les contestations sociales à leur dimension syndicale. Conjuguée aux satisfecit que lui adres-saient le FMI et l’UE, si répétitifs qu’ils en devenaient ennuyeux, cette paix civile relative lui avait fait croire que son «modèle de développement» bénéficiait de l’adhésion de toute la population et que de tous leurs droits, les Tunisiens n’étaient plus intéressés que par le «premier» d’entre eux, se-lon une déclaration de Jacques Chirac à Tunis (décembre 2003), le «droit de manger». Le pouvoir tunisien a consacré cette longue période plus ou moins «paisible» au niveau social (1987-2008) au démantèlement des organisations du courant islamiste (les années 1990) et à la lutte contre le mouvement démocratique (les années 2000), d’autant plus revigoré que le parti El Nahda s’était sensiblement af-faibli sous les coups d’une répression d’une rare férocité. La presse officielle et semi-officielle n’hésitait pas à agi-ter l’épouvantail de l’insécurité pour justifier la chape de plomb imposée à la société. La baisse de l’intensité de la rébellion islamiste chez le voisin occidental a privé Ben Ali de son édi-fiant «contre-exemple». Les soulève-ments populaires qu’a vécus l’Algérie dès 2001 ont achevé de démontrer que si dans ce pays fortement agité, les «impératifs du combat antiterroriste» ne servaient plus à étouffer le front so-cial, il pourrait en aller de même dans un Etat aussi «stable» que la Tunisie.Les batailles démocratiques menées en Tunisie (notamment depuis 2001, avec les actions de soutien au journa-

liste Tewfik Ben Brik) ont maintenu dans ce pays un niveau de mobilisation politique appréciable en des circons-tances de répression aussi dures. Elles ont uni des centaines de militants dans un large front contre la «dictature policière» qui a accueilli de nouveaux acteurs (bloggers opposés à la censure, artistes, etc.). Un tel front n’existe pas en Algérie, où les «démocrates» restent profondément divisés par leurs anciennes divergences sur l’attitude à prendre envers l’islamisme armé et le régime qui le combattait au nom de la «sauvegarde de la République». La constance de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), des comités de défense des détenus d’opi-nion a maintenu en éveil l’intérêt international pour la situation des libertés en Tunisie. Connues grâce aux télévisions satellitaires et à In-ternet, les luttes de ces collectifs ont servi d’antidote au fatalisme que les autorités œuvraient à propager parmi la population. Ce sont des militants politiques, syndicaux et associatifs qui, aujourd’hui, organisent la solida-rité avec les habitants de Sidi Bouzid, de Gafsa et de Kasserine. Ce sont eux également qui portent leur voix dans les médias internationaux.

LE RELAIS EFFICACE DU SYNDICAT EN TUNISIE

Si le régime de Ben Ali a éliminé d’importantes médiations possibles entre lui et la population (partis crédi-bles, associations...), il n’a pas réussi à concrétiser le rêve caressé par Habib Bourguiba de transformer l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) en un syndicat-maison. Contrepoids au pouvoir politique depuis l’indé-pendance et terrain d’action privilégié pour la gauche radicale, l’UGTT n’a pas soutenu la jeunesse de la Tunisie profonde seulement par des sit-in, dont deux devant son siège central, le 25 décembre 2010 et le 7 janvier 2011.

Elle l’a aussi soutenue en portant sa voix dans la presse mondiale, qui continue à recueillir ses informations auprès de «sources syndicales».La direction de l’UGTT a, certes, appuyé la candidature de Ben Ali à la présidence en 2004 et 2009 (au prix d’une crise intérieure) et la majorité de ses membres, rassemblés autour du secrétaire général Abdesselam Jerad, sont loin d’être indépendants. Toute-fois, cette organisation n’en compte pas moins à ses échelons intermé-diaires (directions des syndicats de la Fonction publique : santé, éducation nationale, etc.), des dirigeants suffi-samment radicaux pour saluer l’inti-fadha de Sidi Bouzid en des mots plus francs que ceux du bureau exécutif. L’implication de dizaines de syndica-listes dans les luttes démocratiques de ces dernières années est également un fait notoire. Leur radicalisme explique que la direction de la centrale ne cède pas complètement aux pressions des auto-rités, qu’elle appuie les populations révoltées et appelle même à élargir le champ des libertés (déclaration du 4 janvier 2011).Ce n’est pas le cas pour l’Union géné-rale des travailleurs algériens (UGTA), de plus en plus inféodée au régime depuis l’arrivée de Bouteflika au pou-voir, en 1999, et dont la majorité des secrétaires nationaux sont membres des deux «partis officiels», le FLN et le RND. Cette soumission au gouver-nement a achevé de détacher d’elle des pans entiers de syndicalistes, qui l’ont quittée pour des syndicats autonomes plus combatifs. Elle explique sa qua-si-indifférence aux contestations en cours dans le pays. Celles-ci n’ont fait l’objet que d’une seule déclaration (rendue publique le 7 janvier 2011), dans laquelle elle défend le point de vue du gouvernement qui accuse les «spéculateurs» d’être à l’origine de la crise actuelle. Y. T.

Propos recueillis par Hacen Ouali

Que vous inspire cette révolte qui touche pra-tiquement toutes les régions du pays ? Se limite-t-elle seulement à la question de l’augmentation des prix des produits de large consomma-tion ou serait-elle plutôt d’ordre politique ?

Tout d’abord, je dois attirer l’attention sur le fait que l’analyse d’un événement de ce genre devrait s’inscrire dans une perspective qui va au-delà des observations empiriques. Autrement, on risque de passer à côté de la plaque. Pour ce qui est de ce que vous qualifiez de «révolte», je remarque que les émeutes se sont caractérisées par quatre faits ma-jeurs : les émeutiers ne comptent pas, parmi eux, ceux qui vivent directement la douleur du marché ; les émeutes sont plus extensives (d’envergure nationale) qu’intensives (mobilisation très limitée jusqu’à présent) ; ces émeutes s’apparentent, plus ou moins, à une jacquerie – sans mots d’ordre soutenant une vision politique quelconque –, ce qui peut facilement induire en erreur ; absence de leadership auquel les émeutiers semblent ne pas s’y prêter. Même les courants islamistes se trou-vent hors coup, et c’est peut-être une belle avancée

déjà ! Mais, faisons attention : cela ne veut pas dire qu’il s’agit, forcément d’un simple feu de paille. Car des faits anodins peuvent être, par-fois, annonciateurs de grands bouleversements, impensables avant leur déroulement ! Eh oui, la souris peut bien accoucher d’une montagne ! Ré-duire ces émeutes à une simple protestation contre l’augmentation des prix des produits de première nécessité, c’est faire montre de myopie. Primo, les Algériens, comme tous les autres peuples de la planète, ne sauraient être pris pour de simples tubes digestifs, même dans les cas d’«émeutes du pain». Secundo, ce n’est finalement pas l’aug-mentation des prix dont il est question ici, mais bel et bien du problème du pouvoir d’achat. Et qui dit «pouvoir d’achat» dit justice sociale. On est, donc, en plein cœur de la problématique de la gouver-nance du pays.

Que signifie pour vous l’émeute en tant que mode d’expression ?

Il faut savoir que l’émeute est un état d’âme. Un tel état d’âme est l’expression d’un sentiment, non seulement de fragilité sociale, mais surtout de perte de dignité humaine. Et lorsque les choses en arrivent là, cela veut dire défaillance en matière de gouvernance et, du coup, de communication.

Chez nous, cette défaillance se traduit par le refus du pouvoir d’avoir des canaux de communication autres que ceux qu’il impose.

Est-il juste de considérer l’émeute comme une espèce d’enfant illégitime d’un système dictatorial en ce qu’il exclut toute forme de contestation pacifique avec le verrouillage des espaces d’expression ?

L’expression «enfant illégitime» est en soi une connotation très péjorative. Je ne vais, donc, pas la prendre à mon compte. Certes, il est dans l’ordre des choses qu’un pouvoir comme le nôtre exclut toute forme de contestation pacifique porteuse d’un projet sérieux, parce qu’il est un pouvoir qui se sent non seulement faible, mais aussi incapable de se réformer sans s’exposer à de vrais risques. Quant au verrouillage des espaces d’expression, il me semble qu’au contraire, en Algérie, vous pouvez dire beaucoup de choses, parfois n’im-porte quoi, pourvu que vous n’en veniez pas à l’essentiel. Pour le régime, «les chiens aboient, la caravane passe» !

Cela veut-il dire, pour autant, que nous sommes dans la liberté d’expression et de communication, a fortiori la communication politique ? Evidem-ment pas. Il faut souligner, quand même, que la communication dans notre pays pose déjà un problème fondamental, tant au niveau de la société que de la classe politique. Si bien que l’on a du mal à débattre de nos problèmes sereinement, c’est-à-dire efficacement.

Pensez-vous que ces événements pourraient

faire bouger les lignes à l’intérieur du régime ?Jamais ! Si vous voulez dire, par là, que ce

régime va se ressaisir à cause de ces émeutes, il faut savoir qu’il n’a plus peur de personne. Il ne veut écouter personne maintenant qu’il a, plus ou moins, vaincu le terrorisme, mais grâce aux sacrifices des enfants du peuple, il faut le dire. Souvenez-vous que dans le passé une petite parole contestataire faisait trembler le trône. Maintenant, aucune contestation, aussi violente qu’elle puisse être, ne semble à même de troubler la quiétude de ce pouvoir.

La réponse du gouvernement est-elle à la mesure du cri de colère de cette jeunesse dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle va mal ?

Malheureusement, le pouvoir refuse de voir dans lesdites émeutes un message politique quelcon-que. Il se contente de prendre les revendications affichées ça et là à la lettre. A vrai dire, le gouver-nement n’offre pas de solution idoine, mais donne l’impression de céder en disant à la population qu’il a décidé, non pas d’annuler, mais de surseoir (pour quelques mois seulement) à des mesures qui sont, pourtant, impératives pour réduire l’hydre de l’économie informelle.

Cette économie qui continue à faire subir au pays des dommages considérables, tant en ce qui concerne l’organisation rationnelle de l’activité que par rapport au manque à gagner en termes de fiscalité, en sus des dangers qu’une telle économie représente et pour la santé publique et pour l’envi-ronnement. H. O.

MOHAMED HENNAD. Politologue

«Il ne s’agit pas d’un simple feu de paille»

RÉVOLTES SOCIALES EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE

«Réduire ces émeutes à une simple protestation contre l’augmentation des prix de première nécessité, c’est faire montre de myopie»,

a estimé Mohamed Hennad, professeur de sciences politiques à l’université d’Alger.

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El Watan - Mardi 11 janvier 2011 - 9

L ’ É V É N E M E N T

CHRONIQUE D’UN RASSEMBLEMENT PACIFIQUE AVORTÉ

Quatre heures au commissariat de Staouéli

Place des Dauphins, Staouéli, 15h. Nous devons assurer la couverture d’un rassem-blement prévu à 16h auquel avait appelé le

comité intercommunal de Aïn Benian-Staouéli. En avance d’une heure sur le rendez-vous, nous prenons la température en sirotant un thé en com-pagnie de notre collègue Samy, reporter-pho-tographe. Deux camions de la police et un 4x4 sont positionnés sur l’artère principale. 15h30, les policiers, harnachés comme il se doit, com-mencent à occuper la placette. Les participants au rassemblement, de leur côté, jaugent discrè-tement les lieux et se tiennent à la périphérie de l’agora pour ne pas se faire épingler. A mesure que les minutes s’égrènent, une certaine nervo-sité gagne les policiers. 15h50, Hamid Ferhi, militant du MDS et membre actif du comité in-tercommunal, accompagné de deux militants de la cause démocratique, prenait place dans un café attenant à la place des Dauphins. Il n’avait pas entamé son café que les policiers se sont rués sur lui pour l’empoigner brutalement et le conduire manu militari vers un fourgon de police. C’était le signal. La police avait donc décidé que le ras-semblement n’aurait pas lieu et tenait à «neutra-liser» d’emblée les principaux animateurs d’une manifestation qui se voulait pourtant résolument pacifique. Les policiers reviennent très vite à la charge. Une grande confusion s’installe. Les badauds suivent, impuissants, incrédules, la scène. Ils ne comprennent pas ce qui se passe. Ils voient bien qu’il n’y a ni casse ni casseurs dans le périmètre fortement quadrillé par la police. Un homme en costume beige qui sortait de la mosquée d’en face, et qui voulait participer au rassemblement, est sévèrement rabroué. Un agent de l’ordre, armé d’un gourdin, vocifère : «Edennaw gaâ lel qahwa ! Parquez-vous tous dans le café !» S’ensuivirent des vérifications de papiers inopinées. Un policier s’approche d’une table à laquelle étaient agglutinés quelques jeu-nes. Il vérifie les pièces d’identité et voilà qu’il ordonne aux trois jeunes assis de le suivre. Deux parmi eux n’étaient autres que les fils de Hamid Ferhi, dont un mineur. Cela semblait suffire pour faire d’eux des suspects. Les vives protestations des amis de Hamid et des autres participants à ce rassemblement avorté n’y font rien.

«JE SUIS UN EXTRATERRESTRE !»

Cette première démonstration musclée étant faite, les policiers se chargent de notre cas. Il est vrai que nous leur avons quelque peu facilité la tâche : nous prenions des notes d’une façon ostentatoire pendant qu’ils accomplissaient leur besogne. Fatalement, leur chef finit par s’en agacer et le montre avec véhémence : «Vous, qu’est-ce que vous faites là ? Présentez-vous ?» martèle-t-il. Scandalisés par les scènes auxquel-les nous venions d’assister, nous ne nous mon-trâmes guère coopératifs, devons-nous l’avouer. «Je suis un extraterrestre», lançons-nous avec une franche impertinence. Une réplique qui aura pour effet de sortir nos «matons» de leurs gonds.

«Présentez-vous, j’ai dit ! Donnez vos papiers !» Nous refusons là encore d’obtempérer. Nous leur rétorquons : «Hadi hogra ! C’est une injustice fla-grante ce que vous venez de faire. Vous ne savez pas qu’on est libres et indépendants depuis 1962 ?!» Une meute de policiers se jette sur nous. Ils s’acharnent à nous arracher des mains les feuilles pliées sur lesquelles nous griffonnions nos peti-tes notes, ainsi que notre stylo. L’un d’eux lâche : «Hadou houma elli yechaâlou fe’nnar. Ce sont ceux-là les pyromanes.» Leur chef s’égosille : «Aya eddouh ! Embarquez-le ! Et passez-lui les menottes ! Ça lui apprendra à se moquer de nous !» Un de ses éléments s’exécute et nous passe les menottes sans ménagement. Les poignets rudement attachés derrière le dos, nous serons escortés ainsi jusqu’au véhicule de la police tel de vulgaires délinquants, sous le regard ébahi de la foule. C’est la première fois que nous subis-sions un tel traitement. Pourtant, nous avons l’ha-bitude des arrestations policières, mais cette fois, l’agressivité de la police et la brutalité des rafles sont montées de plusieurs crans. Nous nous voyons ensuite jetés à l’arrière d’un véhicule de marque Volkswagen. Un Caddy. Dans le petit panier à salade, il y avait déjà les deux fils Ferhi ainsi que le jeune qui était attablé avec eux. Il était lui aussi menotté. Le contact métallique des menottes est affreux. Terriblement dégradant. Cela a le goût de l’injustice. Un policier fouille notre sac dans le véhicule et en extirpe notre carte de presse. «Vous êtes journaliste ? Pourquoi vous n’avez pas voulu décliner votre identité ?» hurle-t-il, avant de nous abreuver d’un flot d’obs-cénités : «PD ! Aghyoul (bourricot)! On vous dit de vous présenter et vous nous répondez : ’je suis un extraterrestre ?’On va vous présenter devant le procureur et vous allez vous expliquer avec lui !» De notre côté, nous répliquons : «Walech tahagrou fe echaâb ?» (Pourquoi matez-vous le peuple ?)

«HADI HIYA BLED EL ÎZZA WEL KARAMA»

16h05. Le trajet vers le siège de la sûreté urbaine de Staouéli est court. Chemin faisant, les gens nous décochent à travers la large vitre arrière des regards hébétés, angoissés, parfois compa-tissants. La stupeur règne sur la ville. Très vite, nous sommes introduits dans un bureau où nous serons entassés tous les cinq car l’homme au costume beige est bientôt arrêté lui aussi. Le rassemblement se tient désormais sous les aus-pices de la police, songeons-nous. Djamel, un jeune commissaire, ordonne de nous enlever les menottes. L’homme en costume beige fulmine : «Je ne vous pardonnerai jamais de m’avoir in-sulté par le nom de ma mère ! Hadi hiya bled el îzza wel karama ?! C’est ça une Algérie forte et digne ! (slogan de campagne de Bouteflika, ndlr)». Des officiers de la police judiciaire remplissent une fiche de renseignements pour chacun d’entre nous. Cette formalité accomplie, c’est une interminable attente qui commence en ballottant d’un bureau à l’autre. Djamel, le jeune

commissaire, nous invite dans un bureau mitoyen pour un premier entretien. Essayant d’expliquer ce qui nous a valu cette interpellation, il lance : «Vous savez, vous, vous dites nous allons tenir un rassemblement pacifique. Mais nous, nous avons d’autres informations que vous n’avez pas. Et ce que vous ne savez pas, c’est qu’à 250 m de l’endroit où vous étiez, nous avons mis la main sur 10 bouteilles d’essence. Ailleurs, nous avons débusqué des pneus prêts à être utilisés. Selon des informations sûres, il y avait un groupe qui allait profiter de votre rassemblement pour faire des actions qui allaient porter gravement atteinte à l’ordre public.» Le commissaire part ensuite de cette confidence : «Nous consentons d’énormes sacrifices, mais malheureusement, personne ne reconnaît notre mérite. Dans les films améri-cains, l’image du policier est valorisée, dans les films français aussi. Mais chez nous, quoi que nous fassions, notre image reste toujours exécra-ble. Que faut-il que nous fassions pour avoir les faveurs du peuple ? Peut-être faudrait-il changer la couleur de cet uniforme ? Je crois que c’est une haine qui puise ses racines dans l’époque coloniale. On continue à voir en nous l’image du colonisateur d’hier. Pourtant, nous sommes exactement comme vous et pour nous aussi, le sucre et l’huile sont chers.»

ARRESTATIONS PRÉVENTIVES

L’homme tente de justifier l’intervention mus-clée de ses hommes en ajoutant : «Ce n’est pas le moment pour ce genre d’actions, Monsieur. Vous n’avez pas la moindre idée de ce que nous endu-rons au quotidien depuis plusieurs jours. Nous essayons à grand-peine de ramener le calme, et vous, vous venez tout gâcher.» Et d’évoquer l’argument des «arrestations préventives» pour expliquer cette vague d’interpellations. La police a besoin de noms. De boucs émissaires. Et Hamid Ferhi est pré-senté comme un «meneur». Dans les couloirs du commissariat, nous demandons justement de ses nouvelles. «Ils l’ont emmené à Zeralda», indique l’un de ses fils. C’est mauvais signe. Mais à no-tre grand soulagement, Hamid est rapatrié vers le commissariat de Staouéli. Le commissaire principal Rachid B. nous reçoit tous les deux, en aparté. «Avant, tu jouais la défense, maintenant, tu joues l’attaque», le pique-t-il. «Ah, non, j’ai toujours joué l’attaque», riposte Hamid. Le commissaire interroge le fougueux militant sur

l’origine d’une liasse de tracts qu’il avait sur son bureau : «C’est toi qui a rédigé ce tract ? Allons, avoue, c’est ton style.» «Non, ce n’est pas mon style, j’écris mieux que ça», fait Hamid du tac au tac. Dans un autre tête-à-tête avec le chef de la police judiciaire, ce dernier nous interroge sur nos opinions politiques. «Vous êtes de quel courant ? Abrika ? Vous êtes de gauche ?» C’est l’une des obsessions de la police en ce moment : qui manipule qui ? L’ambiance alternait ainsi entre interrogatoire, petites confidences de commissariat et des moments de tension. Comme cette séquence où un officier entre intempestivement et ordonne sèchement à l’un des subalternes de saisir nos téléphones portables. L’attente commence à se faire longue. Bientôt, des officiers de la PJ font irruption. Ils se dispatchent les «clients» du jour pour les auditionner officiellement. Le jeu des questions-réponses est assez serré. «Mais pourquoi vous n’avez pas demandé d’autorisa-tion ? Vous ne pouvez pas faire de marche sans autorisation, vous le savez !» demande l’officier qui a hérité de notre dossier. En marge du PV d’audition qu’il tape sur son clavier, on peut lire le motif de notre interpellation : attroupement non autorisé et distribution de tracts. En haut du procès-verbal, il est fait mention de l’arrestation des «moudabirine», les «cerveaux», de l’opéra-tion. D’ailleurs, une bonne partie de l’interroga-toire tourne autour de notre relation avec Hamid Ferhi : «Le connaissez-vous personnellement ? Vous a-t-il appelé la veille du rassemblement ? Avez-vous l’habitude de vous appeler mutuelle-ment ? Etes-vous membre d’un parti politique ? Attention, on va vérifier dans les archives !» Le policier s’évertue, en outre, à décrypter nos notes gribouillées sur la feuille de papier, à présent froissée. A la fin, il imprime le PV d’audition avant de nous inviter à le relire et à le signer. 19h40. Nous sommes invités à une visite médi-cale pour un «certificat de bonne santé». Retour au poste. Le commissaire Rachid B. nous tend pièce d’identité et carte de presse, et nous lance un au revoir hâtif. «Yak on vous a bien traités», sourit-il. Il est 20h. Omar Belhouchet, le direc-teur général d’El Watan, vient en personne nous récupérer. A l’heure où nous mettons sous presse, Hamid Ferhi et ses deux fils doivent comparaître devant le procureur près le tribunal de Chéraga pour «tentative de rassemblement pacifique»… Mustapha Benfodil

Scène de l’arrestation du militant Hamid Ferhi (en lunettes) sur la place les Dauphins de Staouéli, dimanche dernier

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L ’ A C T U A L I T É

RACHAT DE DJEZZY

L’évaluation confi éeà Sherman & Sterling

CONDITIONS D’OBTENTION DE VISA DE COURT SÉJOUR EN FRANCE

Les hommes d’aff aires algériens s’élèvent contre la décision

JOURNÉE NATIONALEDES HÉPATITES B ET C

Un malnon encore maîtrisé

Améliorer la prise en charge des malades porteurs des hépatites B et C est le message lancé, hier, par l’as-sociation SOS Hépatite à l’occasion de la célébra-

tion de la Journée nationale des hépatites à Alger. La liste des patients ne cesse de s’allonger et les moyens de prise en charge restent insuffisants. Si l’association se démène pour arriver à hospitalier et aider les patients à surmonter leur maladie, les praticiens font face à d’énormes difficultés pour assurer un traitement adéquat aux malades, évalueret contrôler l’évolution de la maladie qui est souvent fatale lorsqu’elle est mal prise en charge. Cette journée a été ainsi l’occasion pour ces praticiens d’interpeller le ministère de la Santé sur le manque de cer-tains produits et du matériel nécessaire pour le traitement de cette lourde maladie. Comme ils ont insisté sur les aspects liés à la préven-tion contre cette pathologie en renforçant les textes légis-latifs relatifs au certificat prénuptial exigeant des examen médicaux pour le VIH et les hépatites et l’obligation d’un dépistage du virus de l’hépatite B chez la femme enceinte lors du premier trimestre. Le Pr Debzi, gastroentérologue et chef de l’unité hépa-thologie du CHU Mustapha Pacha, plaide pour la mise en place d’une vingtaine de centres thérapeutiques à travers le territoire national et pour assurer un contrôle pour savoir «qui fait quoi et s’assurer de la qualité du traitement», a-t-il souligné, avant de signaler que ce traitement revient à «2 millions de dinars par an par malade». D’où l’im-portance d’«assurer une prise en charge rationnelle et de qualité», a-t-il ajouté, en déplorant l’application de la circulaire exigeant des patients atteints de l’hépatite C de se faire soigner dans leur localité d’origine. Le Pr Debzi a également rappelé la nécessité et l’importance de déve-lopper les moyens et les outils de diagnostic de qualité, à l’image des techniques de biologie moléculaire pour le traitement et le contrôle de cette maladie. Le ministère de la Santé s’était engagé pourtant, l’année dernière, à mettre en place le matériel nécessaire. En vain. L’orateur a, par ailleurs, déploré l’absence flagrante de prise en charge des cancers du foie. Les centres sont dé-pourvus de moyens et de certaines techniques telles que la chimio-embolisation, la radiofréquence, etc. D’autant plus, regrette-t-il, que la transplantation hépatique n’a pas atteint sa vitesse de croisière : «Le programme avance au ralenti. Il ne bénéficie d’aucun soutien et des malades attendent.»L’association SOS Hépatite entend intensifier les campa-gnes d’information et de sensibilisation afin de réduire les risques d’infection et de complications.Le président de l’association, M. Bouallag, a insisté sur la prévention et l’assistance psychologique des patients.Le président de la section ordinale des chirurgiens-dentis-tes d’Alger, le Pr Berkane, est revenu sur l’importance de l’hygiène qui doit faire l’objet d’une surveillance constante par le ministère de la Santé au niveau des cabinetsdentaires. Djamila Kourta

● Outre le cabinet choisi provisoirement, neuf cabinets conseil et banques d’affairesavaient répondu, le 24 novembre 2010, à l’appel du ministère pour l’accompagner

dans l’opération d’évaluation de Djezzy.

L’acquisition de Djezzy par l’Etat algérien sera accom-pagnée par le cabinet Sher-

man & Sterling LLP France, dont l’expertise devrait permettre de déterminer, dans un délai de trois mois environ, la valeur de l’entreprise de téléphonie mo-bile Orascom Telecom Algérie (OTA).La procédure avait été initiée par le gouvernement en novembre 2010 en vue de déterminer la valeur d’OTA et de mettre fin aux surenchères, suite notam-ment aux déclarations du russe Vimpelcom, nouveau proprié-taire d’Orascom Telecom Hol-ding (OTH), qui avait avancé le chiffre de 7,8 milliards de dollars pour l’évaluation de sa filiale algérienne.Le gouvernement Ouyahia, qui avait entamé des négociations en vue du rachat de Djezzy en 2010, devrait les poursuivre dans les mois à venir avec le groupe OTH, détenteur de la licence de téléphonie mobile exploitée par la marque Djezzy et seul interlo-cuteur reconnu par l’Algérie, qui veut être confortée dans l’exerci-ce de son droit de préemption par une évaluation financière claire, préparée par un cabinet conseil. La loi de finances 2009 avait instauré le «droit de préemption» selon lequel tout changement de propriétaire en matière de licence doit être fait avec l’aval de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) et des pouvoirs publics.Le gouvernement devra se pré-parer également, en cas d’échec des négociations pour le rachat de Djezzy, à un éventuel arbi-trage international durant lequel l’expertise financière concernant la valeur de l’entreprise et les manquements de Djezzy à la ré-glementation fiscale algérienne

seront des arguments à faire valoir.Dans une déclaration au sein de l’APN, le chef du gouvernement avait souligné, il y a quelques mois, que Djezzy devait encore «régler 17 milliards de dinars et s’acquitter des dettes envers l’ARPT et de celles engendrées par la dissolution de l’opérateur du fixe Lacom» en novembre 2008. Lacom, qui employait 163 personnes, avait acquis en 2005 la seconde licence de téléphonie fixe en Algérie pour 65 millions de dollars. OTH est également accusée par la Banque d’Algérie de fraude dans le transfert de 190 millions de dollars, avait précisé M. Ouyahia.Il est à noter que le cabinet Sher-man & Sterling LLP France, sélectionné pour évaluer OTA, a remporté l’appel d’offres in-ternational pour l’accompagne-ment de l’opération de rachat

de Djezzy pour un montant de 2,155 millions de dollars et a pro-posé un délai de 100 jours pour l’achèvement de cette évaluation. Selon un avis d’attribution provi-soire de marché, rendu public par voie de presse par le ministère des Finances, le cabinet Sherman & Sterling LLP France a obtenu 98 points sur 100, soit 58 points sur 60 pour l’offre technique et 40 points sur 40 pour l’offre financière. Selon le ministère des Finances, les autres soumissionnaires ayant participé à l’appel d’offres ont un délai de dix jours pour introduire un recours auprès de la Commis-sion nationale des marchés de fournitures au sein du ministère des Finances.Outre le cabinet choisi provisoi-rement, neuf cabinets conseil et banques d’affaires avaient ré-pondu, le 24 novembre 2010, à l’appel du ministère pour l’ac-

compagner dans l’opération d’évaluation de Djezzy.Il s’agit de RSM (Tunisie) avec une offre financière de 6,58 mil-lions de dollars, du groupement Rothschild (avec 12,55 millions de dollars), Cuturs-Mallet-Pre-vost-Mosle-LLP (USA - 1,8 mil-lion d’euros), Renaissance Ca-pital (GB - 14,36 millions de dollars), HSBC (8,19 millions de dollars), Swicorp (Arabie Saou-dite - 6,38 millions d’euros), Grant Thornton (3,6 millions d’euros), Global Investment House (Koweït, 10,43 millions de dollars) et Goetz Partners (Al-lemagne - 8,82 millions d’euros). La valeur des offres est comprise entre 1,8 million et 10,8 millions d’euros (au taux du jour, 14,36 millions de dollars). Les délais proposés, quant à eux, vont de 2 mois (RSM) à 6 mois (Roths-child). Zhor Hadjam

L a Confédération nationale du patronat algérien (CNPA) et

l’Union nationale des entrepre-neurs publics (UNEP) s’élèvent contre les mesures prises récem-ment par les autorités consu-laires françaises concernant les conditions d’obtention de visa court séjour en France.Dans un communiqué rendu public hier, les opérateurs éco-nomiques algériens considèrent cette décision comme étant «dis-criminatoire et excessive» dans la mesure où elle n’est imposée qu’aux opérateurs algériens. Ces mesures obligent les opé-rateurs économiques algériens qui veulent se rendre en France de signer une déclaration sur

l’honneur. Cette dernière por-tera sur la non-sollicitation du titre de séjour ni prétendre au bénéfice d’une prestation so-ciale ou médicale. Une déléga-tion composée des présidents des organisations : SEVE, CAP, CGEA, CNPA, UNEP, CIPA et de la CACI, a été reçue par le secrétaire d’Etat chargé de la Communauté algérienne à l’étranger. La CNPA et l’UNEP interpellent les autorités algériennes afin de prendre en charge ce dossier.Ces deux organisations visent essentiellement l’annulation de ces mesures ainsi que l’obtention d’allégement de la procédure en matière de visa court séjour. Les

nombreux documents exigés auparavant, à savoir l’attestation de mise à jour Casnos, le béné-fice sur chiffre d’affaires, l’his-torique du compte commercial en dinars… relèvent, selon ces opérateurs, de la confidentialité. Les hommes d’affaires algé-riens estiment que ces mesu-res freinent leur circulation. De plus, leur application risque de régresser les échanges commer-ciaux entre les deux pays. Ces hommes d’affaires s’interrogent sur ce que serait la réaction des opérateurs économiques fran-çais dans le cas où les autorités algériennes exigeraient d’eux le même dossier ?

Djedjiga Rahmani

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Le cabinet Sherman & Sterling LLP France propose 100 jours pour évaluer Orascom Telecom Algérie

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R E P O R T A G E

YENNAYER DANS LES AURÈS

Les brindilles séculaires de l’la Fatima● Le couple octogénaire, témoin et acteur de la Révolution, a toujours vécu dans ces murs qui cachent aussi des casemates

gorgées de souvenirs et de légendes des combattants de l’ALN.

A 85 ans, l’la Fatima se pré-pare encore à fêter Yennayer. Aussi loin que ses souvenirs puissent l’emporter, elle se

rappelle qu’elle n’a pas raté une seule fois cette fête qui a beaucoup de signi-fications pour les Berbères des Aurès.A Ca’cho, la dechra des Ouled Abdi Ousbaâ, il ne s’agit pas de répéter une tradition ancestrale ; c’est, en fait, le seul mode de vie. Dans ce village chaoui, témoin d’un siècle lointain, le seul trait de civilisation est l’électricité. Même les voitures ne peuvent y accé-der, faute de route. Une vingtaine de familles vivent pourtant ici avec leurs enfants, privées de tous les standards de confort, mais pas de leur dignité.L’la Fatima et son vieux chibani, aâmi Belkacem Sbaâ, n’ont jamais quitté leur maison, en dépit de l’insistance de leurs enfants installés quelques kilomètres plus loin, dans la commune de Oued Taga (Ighzer n’Taka), com-munément appelée Bouh’mar. Dans leur foyer d’un autre âge, l’austérité est un doux euphémisme. La grande pièce, qui comprend le salon, la cham-bre à coucher et la cuisine, pourrait être gardée telle quelle et transformée en musée.Le couple octogénaire, témoin et ac-teur de la Révolution, a toujours vécu dans ces murs qui cachent aussi des casemates gorgées de souvenirs et de légendes des combattants de l’ALN. Sous ce toit noirci de suie, on a vécu la routine de tous les jours aussi et toutes les fêtes possibles, comme Yen-

nayer, le jour de l’an amazigh et son contingent de rites et coutumes. Pour la maîtresse des céans, Yennayer est un jour de travail. La liste des activités est exceptionnellement allongée en cette journée exceptionnelle. Accueillir un nouveau cycle appelle un rituel sans fanfares mais chargé de symboles. La prière de l’aube, une fois accomplie, l’la Fatima et toutes les femmes du village s’arment de leurs cruches pour aller chercher de l’eau à la fontaine.Même si d’ordinaire des jerricans en plastique ont remplacé les vieilles cru-ches en terre cuite, cette dernière est gardée pour des occasions pareilles. Des brindilles de gazon sont cueillies aux abords de la fontaine et placées entre l’embouchure de la cruche et l’entonnoir, symbole du renouvelle-ment et du bien apporté par l’année qui s’annonce.

COUSCOUS, ZIRAOUI…

De retour à la maison, une tâche aussi utile que symbolique l’attend. Il s’agit de nettoyer la cheminée (ici, c’est le boulot de la femme) de la suie (akendil en tamazight local) à l’aide du balai fait à la main (thagouft). La suie ré-cupérée est mise dans un panier avec les trois pierres (inguen) qui servent à porter la marmite sur le feu, puis jetée loin de la maison comme pour se débarrasser du vieux pour le remplacer par du neuf. De retour, elle ramasse de la terre et trois nouvelles pierres, pour son coin de feu, qu’elle va enduire d’abord de beurre naturel. Pour attirer le bonheur pour la maison, l’la Fatima

n’oublie jamais de disperser de l’herbe et des dattes dans les quatre coins de sa maison. Pendant ce temps, les grains de blé cuits dans l’eau bouillie ont fini de grossir. Le résultat (cherchem) est ensuite mélangé à la farine de blé et de dattes dures, obtenue grâce à la meule traditionnelle. L’la Fatima vient de pré-parer son premier plat : la b’sissa.Le menu spécial comporte aussi le zi-raoui (galette découpée en menus mor-ceaux, mélangé à la pâte de dattes), ar’rab (des morceaux de galette char-gés du nectar de dattes), des gâteaux (adhemin), sans oublier le must des must de Yennayer, tahrirt, une soupe épaisse, à base de semoule bouillie.Le soir, c’est chakhchoukha au poulet ou bien du couscous à la viande pour ceux capables de se le permettre. Mais, souvent, les gens qui n’ont pas de moyens cotisent pour acheter une chè-

vre et se partager ses parties, selon un tirage au sort. Ici, la solidarité n’est pas un vain mot, c’est un code de conduite inscrit aux fondements de la commu-nauté et aussi une règle de subsistance pour tous.

LES CHOSESONT BEAUCOUP CHANGÉ

Debout aux côtés de sa grand-mère, Toufik (20 ans) acquiesce au moindre détail raconté et affirme maintenir la tradition. Vieux et jeunes vivent de la même manière à Ca’cho, il faut dire qu’il n’y a pas d’autre choix.Toutefois, bien des choses ont changé pour tous. On est loin du temps, en effet, où l’on parcourait des centaines de kilomètres à pied pour aller dans le Sud s’approvisionner en dattes. Avec tout le sérieux que lui assure son âge, ammi Hamid Timizar, un ami et voisin

de la famille, raconte le temps où on partait à pied à La Mecque pour ac-complir le hadj. Aujourd’hui, la datte est disponible sur les étals de la ville la plus proche. Ça l’est beaucoup moins pour une place pour le hadj, une desti-nation dont rêve le couple Sbaâ.La soirée, femmes et hommes séparés, des groupes se forment autour des foyers de feu ; après les ripailles, place aux échanges et aux réjouissances ; rien de mondain, que des gaâdas fra-ternelles. Parfois, musique et danse s’invitent aussi autour du «guessab» et son «b’nadri».La nouvelle année est entamée ainsi dans la joie et la bonhomie. La sym-bolique se résume à souhaiter richesse et bonheur pour le foyer, des mots qui ont une tout autre résonance dans cette contrée épargnée par la vanité denotre ère. Nouri Nesrouche

PHOTOS : EL WATAN

«Yerya U suggas, youdfed U suggas, rabba r’ n yhenna». Une année s’achève, une année commence, que Dieu nous apporte le bonheur. C’est par cette formule que les gens de T’kout accueillent le nouvel an qui correspond au 14 janvier du calendrier julien,en décalage de deux jours par rapport au calendrier grégorien.Dans ce village du sud de Batna, comme partout ailleurs en terre chaouie, Yennayer, le nouvel an amazigh, renferme une symbolique particulière, illustrée par la fête et l’activité des femmes. En plus du nettoyage général des maisons, le changement des trois pierres du fourneau et la cueillette de l’herbe verte, symbole de richesse, les femmes accomplissent

un rituel particulier au cours de leur sortie dans les bois.Il s’agit de renverser les gros cailloux pour les déchiffrer selon des codes traditionnels. Ainsi, une pierre au-dessous de laquelle la femme découvre des fourmis veut dire qu’elle aura une année financière abondante. Une pierre qui contient plusieurs trous signifie que l’année qui commence apportera un nouveau toit. Le mariage a ses symboles aussi. Un caillou auquel est accroché un insecte veut dire que l’année sourira à la femme si elle est célibataire et lui apportera mariage et foyer. La mère qui découvre un joli insecte peut s’attendre à marier son fils dans les mois qui suivent. N. N.

T’KOUT : LES SYMBOLES SOUS LES CAILLOUX

Vue du village séculaire de Ca’cho dans les Aurès

Fatima et Belkacem Sbaâ

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I N T E R N A T I O N A L E

ALORS QUE LES VIOLENCES ONT REPRIS DANS LE CENTRE-OUEST DU PAYS

Le régime de Ben Ali dos au murL

a révolte sans précédent que connaît la Tunisie depuis la mi-dé-cembre contre le chômage et le ré-

gime policier instauré depuis près de 24 ans par le président Benali a dégénéré le week-end dernier en émeutes sanglan-tes, faisant quatorze morts à Thala et Kasserine selon le gouvernement, et au moins 23 selon l’opposition. Après une accalmie de quelques heures, celle-ci s’est poursuivie hier pour la troisième semaine consécutive dans plusieurs localités du pays. Alors qu’un homme blessé dimanche par balles a succombé lors de son hospitalisation, les affron-tements entre manifestants et forces de l’ordre ont repris, en effet, dans les villes de Kasserine, Thala et Regueb, situées dans le centre-ouest de la Tunisie. A Kasserine (290 km au sud-ouest de Tunis), un homme atteint de plusieurs balles et admis à l’hôpital dimanche, Abdelbasset Kasmi, a succombé à ses blessures hier matin, selon Sadok Ma-hmoudi, membre du bureau exécutif de l’Union régionale des travailleurs tunisiens (UGTT). La même source a également fait état d’«un grand nombre» de personnes blessées qui se trouvaient en réani-mation à l’hôpital de Kasserine, placé sous contrôle de l’armée. D’après des médecins, l’établissement manque de sang pour traiter les blessés. Sadok Mahmoudi a indiqué par ailleurs que les manifestations s’étaient poursuivies à la mi-journée dans le centre de Kasserine, devant le bâtiment du syndicat régional.A Regueb, la police est intervenue pour disperser les habitants qui ma-nifestaient à l’occasion de la mise en terre des morts du week-end. Dans cette localité, totalement paralysée en ce jour de marché hebdomadaire, l’armée a tenté de s’interposer entre les forces de sécurité et les manifestants, selon

Slimane Roussi, un enseignant défen-seur des droits de l’Homme. Le mé-contentement populaire ne semble pas près de s’arrêter. Au contraire, il peut à tout moment s’étendre à l’ensemble de la Tunisie. A Tunis, la capitale du pays où des manifestations sont prévues aujourd’hui, des unités de la police antiémeute ont commencé d’ailleurs à se déployer dans le centre-ville pour renforcer le dispositif sécuritaire dans la capitale. Toujours au chapitre des droits de l’homme, nous avons appris hier que la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH) a réclamé la suspension des négociations sur un «statut avancé» de partenariat entre l’Union européenne (UE) et la Tunisie, en raison des violences lors

des manifestations dans ce pays. La Tunisie et l’Union européenne, déjà liées par un accord d’association, ont lancé en mai 2010 des négociations en vue d’un renforcement de leurs rela-tions, dans la perspective d’un «statut avancé» qui serait accordé par l’UE. «Il est urgent de demander à l’Union euro-péenne de suspendre les négociations pour le statut avancé en cours», a es-timé la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen. «Il faut que ces négociations sur le statut avancé soient suspendues, en attendant d’intégrer tout ce que nous demandons depuis des années (...) et que soient respectés le dévelop-pement de la démocratie et les droits de l’Homme», a ajouté Mme Belhassen. Mais il est peu probable que l’appel de la FIDH soit entendu dans la mesure

où le régime de Benali bénéficie de la protection de certains poids lourds de l’UE. Le président tunisien, signale-t-on, devait prononcer hier une allocution télévisée, sa deuxième intervention à la télévision depuis le début des troubles à la mi-décembre, rapporte le journal Assabah. Dans sa première allocution, le chef de l’Etat avait jugé les manifes-tations violentes inacceptables, estimant qu’elles portaient atteinte aux intérêts de la nation. De son côté, le gouverne-ment tunisien a réitéré la «légitimité» du mouvement social en Tunisie, mais fustigé des médias accusés d’ «exagérer ou de déformer les faits». A rappeler que la Tunisie est un pays où la presse est muselée et où l’opposition politique ne dispose d’aucune marge de manœuvre. Zine Cherfaoui et agences

● AL QODSLA SECRÉTAIRE D’ETAT AMÉRICAINE, Hillary Clinton, a estimé dans la nuit de dimanche à lundi que la destruction par Israël d’un ancien hôtel à Jérusalem-Est, chargé de symboles pour les Palestiniens, compromettait le processus de paix. «Nous nous sentons concernés par le début de démolition de l’hôtel Shepherd de Jérusalem-Est», a déclaré Mme Clinton à l’issue de son arrivée à Abou Dhabi pour des entretiens sur le processus de paix au Proche-Orient ainsi que sur l’Iran et l’Irak. «Cette évolution préoccupante compromet les eff orts de paix visant à établir deux Etats pour parvenir à une solution», a affi rmé la chef de la diplomatie américaine. «Cette démarche va notamment à l’encontre de la logique d’un accord raisonnable et nécessaire entre les parties sur le statut de Jérusalem», a-t-elle poursuivi. «Nous estimons que par des négociations de bonne foi, les parties devraient convenir mutuellement d’une issue qui réponde à leurs aspirations concernant Jérusalem, tout en préservant son statut pour les gens à travers le monde», a-t-elle ajouté. «En fi n de compte, l’absence d’une solution dans ce confl it nuit à Israël, nuit aux Palestiniens, nuit aux Etats-Unis ainsi qu’à la communauté internationale» a-t-elle estimé.

● MALIDES HÉLICOPTÈRES de l’armée française ont patrouillé hier au dessus de la région malienne de Ménaka (nord-est), deux jours après la mort de deux otages français dans la zone frontalière entre Niger et Mali. Deux Français de 25 ans avaient été enlevés vendredi soir dans un restaurant de Niamey par des hommes armés qui les avaient conduits au nord de la localité de Tiloa, vers la frontière malienne. Ils ont péri samedi au cours d’une opération menée, «en zone frontalière», par l’armée nigérienne et des commandos des forces spéciales françaises. Quatre hélicoptères de combat de l’armée française ayant participé à l’attaque avaient stationné sur le petit aéroport de Ménaka. Le rapt des deux Français n’a pas encore été revendiqué, mais tous les soupçons se portent sur la branche maghrébine d’Al-Qaïda (Aqmi), déjà responsable de plusieurs enlèvements de Français au Sahel.

● CORÉE SUDLA CORÉE DU SUD a rejeté le dernier appel à la négociation, lancé offi ciellement hier par Pyongyang, a indiqué une porte-parole du ministère de l’Unifi cation. «Notre camp n’acceptera pas les propositions du Nord», est-il précisé. «Ce n’est pas le moment de tenir des discussions telles qu’elles sont proposées par la Corée du Nord», a-t-elle ajouté. Selon KCNA, le Nord a proposé de tenir des discussions le 27 janvier à Kaesong. Pyongyang a également proposé des pourparlers entre les Croix-Rouge des deux pays le 1er février dans la ville sud-coréenne de Munsan. Le canal de liaison pour la Croix-Rouge, au village frontalier de Panmumjom, serait également rouvert le 12 janvier, a ajouté l’agence nord-coréenne.

33 MORTS ASSOMBRISSENT LE RÉFÉRENDUM

La paix n’est pas pour demain au Sud-SoudanLe référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan

a été assombri hier par l’annonce de la mort de 33 personnes lors de combats ces derniers jours dans la région contestée d’Abyei, à la lisière entre le Nord et le Sud du plus grand pays d’Afrique. De longues files d’attente s’étendaient, au deuxième jour du scrutin, devant les bureaux de vote de Juba, la capitale du Sud-Soudan, de même qu’à Rumbek et Wau, deux impor-tantes villes de cette région semi-autonome, selon des journalistes de l’AFP sur place. «C’est un long périple, mais je me devais de venir voter. C’est important de voter pour la liberté», estime Combi Martin, un étudiant qui a pédalé deux jours sur son vélo afin de se rendre de son village à Rumbek. Mais cette impressionnante participation a été assom-brie par les combats continus dans la région d’Abyei, zone frontalière revendiquée par le Nord et le Sud-Sou-dan. Des affrontements armés opposent depuis ven-dredi la tribu sudiste Dinka Ngok et les nomades arabes Misseriya dans un secteur situé près du Bahr al-Arab - ou rivière Kiir - à l’intérieur de l’enclave d’Abyei. «Ils nous ont attaqués trois fois jusqu’à présent, et nous nous attendons à d’autres attaques aujourd’hui (hier, Ndlr). Au cours de ces trois attaques, les Misseriya ont tué entre 20 et 22 Dinka», a déclaré à l’AFP l’ad-ministrateur en chef de la région contestée d’Abyei, le sudiste Deng Arop Kuol. Les Misseriya, nomades arabes qui migrent chaque année du Nord vers Abyei en quête d’eau et de pâturage pour leur bétail, ont de leur côté accusé les Dinka Ngok d’avoir initié les hostilités. «Treize Misseriya ont été tués depuis vendredi et 38 blessés», a déclaré à l’AFP Hamid al-Ansari, un des leaders Misseriya. «Une patrouille de l’ONU est sur le terrain afin d’évaluer la situation», a déclaré à l’AFP Kouider Zerrouk, porte-parole de la mission de paix de l’ONU au Soudan (Un-

mis). La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, appelant les pays de la région à soutenir Khartoum et Juba, a déclaré hier qu’il fallait «aider le peuple du Sud-Soudan à subvenir à ses nombreux besoins» et «travailler avec le Nord et y investir pour qu’il voit les bénéfices d’une action très courageuse qui a permis de passer d’une situation de conflit à une situation de compromis». Paris a exhorté Nord et Sud à s’engager à «maintenir la paix» quel que soit le résultat du référendum. Le gouverneur de l’Etat du Kordofan-Sud, Ahmed Ha-roun, s’est rendu dimanche à Abyei afin de calmer le jeu entre les deux tribus. «Ahmed Haroun est venu dimanche, la seule chose qu’il voulait était de sécuriser l’accès à l’eau pour les Misseriya», a accusé M. Kuol, signe du climat de méfiance régnant dans cette région. Un référendum sur le rattachement d’Abyei au Nord

ou au Sud devait avoir lieu dimanche, mais il a été re-poussé sine die en raison de différends sur l’éligibilité des électeurs. Près de quatre millions de personnes sont inscrites sur les listes pour le référendum d’autodé-termination du Sud-Soudan. Les analystes, et même la classe politique à Khartoum, pronostiquent une victoire de l’option sécessionniste. Mais au moins 60% des électeurs inscrits doivent voter afin que le résultat du référendum soit valide. Les responsables politiques sudistes avaient donc appelé la population à se rendre en masse aux bureaux de vote dès le début du scrutin. Ce scrutin est le point-clé de l’accord de paix global ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud, afro-chrétien, appelé à devenir le 193e pays de la planète, et l’un des plus pauvres. AFP

EENNN BBRREFF

Les Soudanais dans l’attente de l’ouverture des bureaux de vote

La révolte, à sa troisième semaine consécutive, continue d’enregistrer des affrontements entre les manifestants et la police

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Cette initiative n’est pas nouvelle en soi puisque du temps du Comité des fêtes de la Ville d’Alger, le Salon du collectionneur était inscrit dans les calendriers de cet organisme. Preuve en est avec la tenue de deux

salons de ce genre en 1992 et en 1998. Quatorze exposants, atteints par le même virus, sont venus exposer leurs reliques. Des reliques datant, pour la plupart d’entre elles, entre le début du XIXe siècle et la fin du XXe. Des collectionneurs, venus avec leurs objets anciens exhumer et mettre au parfum du jour certains pans de notre histoire. Cette collection multiple est la somme d’objets ayant une certaine valeur esthétique, historique, appréciée pour leur rareté et leur originalité. «Le public d’amateurs qui a grandi s’est ouvert à de nouvelles classes sociales, de nombreux collectionneurs d’art collaborent par des donations, soit à l’enrichissement de musées déjà existants, soit à la création de nouveaux espa-ces d’exposition en offrant au regard de tous leurs collections personnelles», lit-on dans la préface de la fiche de présentation de ce salon. L’ensemble des collectionneurs exposent des objets anciens variés ayant trait à la cartophilie, la philatélie, la photographie, la dinanderie, la poterie, les pièces de monnaies et les billets de banque algériens, les pin’s et les bijoux berbères. Lyès Meziani est un collec-tionneur de plus d’une trentaine d’années. Il aime chiner, faire des achats et effectuer des échanges divers dans le domaine de la photographie. Il pro-pose plusieurs haltes historiques. Dans une vitrine, est agencé un vieux cartable marron au cuir usé – datant des années cinquante – ayant appartenu

une première fois à un certain Olivier Canovi et une seconde fois à un étudiant algérien en géophysique. Antiquités ici et là, on retrouve d’anciens livres de lecture en langue française de cours préparatoire de la collection Hatier, un certificat d’études pri-maires, une plume sergent-major, des crayons de cahiers et de couleurs. Les deux autres vitrines sont consacrées à l’univers de la photo. Ce spécialiste de

la photographie dévoile toute une série de cali-bres d’appareils de photos datant du XIXe siècle. Ce collectionneur passionné retrace les grandes étapes historiques et techniques de l’appareil photo, avec plus d’un siècle d’évolution à travers une collection d’appareils datant de 1880 à 1970, en passant par les chambres noires, les détectives, les folding et les pellicules. La marque alleman-de, Leica (1925), explique-t-il, a révolutionné le monde de la photographie avec son format 24x36 et son objectif à visée télémétrique de 50 mm. L’œil est en admiration devant cet appareil de photographie en miniature à bobines baptisé le Kombi remontant à 1892. Il a été inventé par Al-fred Kinpel. Une propulsion à travers le temps est à l’honneur avec cette chambre en bois de 1880 de format 3x18. Lyès Méziani excelle également dans la collecte d’anciennes photographies prises à l’intérieur de studios répertoriés à travers le territoire national. Il propose, ainsi, des clichés mettant en avant-plan le quotidien, parfois diffi-cile, de la population algérienne sous l’occupation coloniale. Ces images, qui parlent d’elles-mêmes, sont signées par des auteurs français, suisses, alle-mands et espagnols.

PASSION NUMISMATIQUE

Parmi ces photographes de talent ayant révolution-né leur temps, citons entre autres Ernest Karsenty de Mascara, A. Lagard de Tizi Ouzou, Jean Geiser à Bab Azzoun (Alger). Le collectionneur espère que «ces photographies contribueront d’une part à la vulgarisation de l’ensemble des collection-neurs, et d’autre part à sensibiliser les jeunes et à susciter en eux cette passion dévorante». Boussaâd Mohamed Saïd est un mordu de monnaies et de billets de banque. Il propose une collection de mille pièces et d’une centaine de billets de banque en circulation en Algérie entre les années 1920 et les années 1980. Deux francs en argent datant de 1901 et de 1944, un billet de mille francs de 1924 ou encore un billet de cinq dinars sont autant de monnaies à découvrir avec intérêt et curiosité à la fois. Le collectionneur Abbad Azzedine exhibe quatre bijoux en argent de famille d’une valeur inestimable. Ces bijoux, datant de 120 ans, se déclinent en un bracelet incrusté de pierres en corail, d’une grosse paire de «kholkhal» pesant 400 g et une paire de «amekyas». Hamza Abdellatif dévoile une imposante collection de cartes postales, de gravures et de timbres. Il nous confie qu’il a d’autres passions pour la collecte de pierres rares et de cartes téléphoniques. Il est à noter que certains collectionneurs procéderont à la vente de certains de leurs objets à la fin de la manifesta-tion, c’est du moins ce qu’a indiqué le commissaire du Salon. Un détour du côté du Centre de loisirs scientifiques s’impose. Nacima Chabani

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C U L T U R E

SALON DU COLLECTIONNEUR AU CENTRE DE LOISIRS SCIENTIFIQUES DE DIDOUCHE MOURAD

A la découverte de reliques

● A l’initiative de l’Etablissement arts et culture, le Centre de loisirs scientifiques de Didouche Mourad à Alger accueille, du 8 au 25 janvier, le Salon du collectionneur.

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L’humour aigre de Rédha Houhou ou quand les âmes étaient sages

Par Djilali Khellas

L’humour de Rédha Houhou émane de la vie quotidienne, d’événements particuliers et rares et de certains épisodes insignifiants

de la rue, de la ville, de la campagne. Dans son célèbre recueil de satires humoristiques intitulé Avec l’âne d’El Hakim (1) , l’auteur collectionne les courtes esquisses, continuant ainsi une tradition algérienne séculaire qui a traversé les temps, malgré son oralité. Mais l’esquisse de Rédha Houhou est toujours pourvue d’un sujet, d’un personnage. L’auteur garde comme telle la direction déterminée par le genre du récit. Sans doute l’humour exige de la clarté d’esprit et de l’inspiration, mais aussi les bons senti-ments d’un auteur intègre ou nationaliste(2), comme dans le cas de Rédha Houhou, qui com-bat le mal, la traîtrise et l’état d’esprit arriéré de ses concitoyens. En un mot, tout ce qui fait partie de cette caté-gorie de gens répugnants que l’auteur met tantôt

en boîte, tantôt les fustige avec passion et haine. Rédha Houhou sait observer la vie qui l’envi-ronne. Il sait saisir des événements qui donnent lieu à des sarcasmes. Il sait dépeindre, avec art, les plaisanteries amicales ou belliqueuses et ca-ricaturer, on ne peut mieux, les personnes qu’il connaît. Il n’invente pas des sujets et ne cherche nullement à mettre les gens dans des situations humoristiques. Rédha Houhou écrit aisément. L’humour est en lui. Cette qualité est la preuve d’une spontanéité et d’une inspiration trempées dans une imagination générale. Nous remar-quons dans le receuil (Avec l’âne d’El Hakim) que la place d’honneur est réservée à cet animal de labeur qui est l’Ane, avec un grand «A». Mais, contrairement aux «autres animaux de la tribu», l’Ane de Rédha Houhou est un «sage qui parle». Il discute avec «son créateur», son auteur et donne son avis sur toutes les péripéties de la vie des Algériens des années quarante. L’auteur tient à raconter lui-même et l’on sent, dans la plupart de ses récits et de ses esquisses, sa présence ou celle de son «âne», ce qui donne non seulement du piquant, mais des situations burlesques très appréciées par le lecteur. Dans certains cas, quand le besoin se fait sentir, Rédha Houhou a recours également à la fable ou au conte populaire, et cela avec beaucoup de doigté. Cette bigarrure de formes donne au recueil une sorte de cassure qui n’est certes pas désagréable, puisque l’auteur sait garder la cou-leur humoristique et le mordant satirique. Rédha Houhou a écrit ses «histoires et esquis-ses» dans une langue agréable très pure. Ses dialogues sont fluides et concis. Pour notre litté-rature humoristique écrite, c’est un pionnier.

D.K.1) En fait, R. Houhou a paraphrasé Tewfi k El Hakim qui a publié un ouvrage très célè-bre intitulé L’Ane d’El Hakim.2) R. Houhou a été jeté, en 1957, par les pa-ras français, du haut des falaises de l’oued Rhumel. Sa famille n’a jamais pu récupérer son corps.

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Propos recueillis parK. Smail

Vous venez de sortir un nouvel album intitulé Tirga n’laâqal (Les rêves de la sagesse). Il est différent, car tranchant avec les premiers…

Ce qui est différent, ce sont peut-être les sujets qui sont traités. Dans le premier et le deuxième albums, je me suis basé surtout sur les chansons d’amour. Dans ce nouvel album, j’évoque les problèmes du pays, celui de la jeunesse… Il y a moins de chan-sons d’amour.

Un album «responsable, utile, ma-ture… ». Vous n’êtes pas insensible à ce qui se passe autour de vous…

Je pense que oui. C’est ce que tout le monde vit. Et moi, j’ai la chance de le traduire. Et d’exprimer cela à travers des chansons.

Vous écrivez le texte avant ou l’inverse ?

Moi, je compose la musique seulement. Je n’écris pas de texte. Je ne suis pas poète. Je sollicite mon père – Lounis Aït Men-guellet – et Si Moh, qui est un excellent poète. Je leur propose des thèmes. Et puis, la musique et la chanson se construisent.

Et la conception orchestrale ?Je fais les arrangements. La maquette de

ce nouvel album m’a pris environ six mois. C’est une manière de faciliter la réalisation de l’album. En studio, je sais à quel mu-sicien je vais faire appel. Tout est prêt. Si un musicien est lecteur (de solfège), je lui prépare la partition. Sinon, par exemple, un violoniste qui ne lit pas, il écoute sa partie-maquette et la reprend.

De la rigueur…Oui, j’ai acquis une petite expérience.

Par exemple, pour le premier album, il n’y a pas eu de maquette. C’est vrai qu’en tra-vaillant, on découvre qu’on avance.

Votre démarche est fusionnelle. Un compromis entre les instruments tradi-tionnels et électro-acoustiques…

Dans l’album figure une chanson mêlant du folklore et du moderne en même temps. Par exemple du bendir (percussion tradi-tionnelle), de la batterie et une guitare élec-trique avec une flûte. C’est ma façon de faire contribuer ces instruments dans une bonne intelligence musicale. Et d’essayer de donner quelque chose de cohérent.

Vous voulez vous affranchir et tran-cher de par votre propre style musical…

Je n’ai aucune idée. Par exemple, à l’étranger, dès qu’on invente un style musical, il est défini et classable. Mais chez nous (en Algérie), cela n’existe pas malheureusement. C’est un mélange. Il y a du moderne, du folklore, du classique…Un peu de tout ! Mais conçu avec mon em-preinte et ma façon. Un travail personnel et personnalisé.

On constate une expression fraîche et créative dans la chanson d’expression kabyle…

Oui, je pense. Il existe des chanteurs va-lables mais, malheureusement, la plupart d’entre eux ne sont pas connus. Je vous as-sure qu’il y a des chanteurs très doués. Et si on leur donnait leur chance, franchement, ils feront de très belles choses. Je pense que la chanson kabyle a un bel avenir de-vant elle.

Avec les Ali Amrane, Akli D, Zayen, Belaïd Branis…

Oui, absolument ! Avec Ali Amrane, Zimu, Si Moh, Cheikh Sidi Bémol, Akli D, Alilou, Belaïd Branis… Franchement, je

suis optimiste. Justement, vous avez été mis à contri-

bution sur le deuxième album de Belaïd Branis, notamment sur le titre Tchin Tchin…

Oui, Belaïd m’a invité sur une de ses chansons Tchin Tchin pour chanter un couplet. C’est un ami et j’ai accepté avec plaisir. Je trouve que Tchin Tchin est une très belle chanson. Et son album est très bon en général.

On sent cet esprit de tolérance musi-cale régnant entre vous, bien que chacun ait son propre style…

C’est ce qui manque chez nous, malheu-reusement. C’est la complicité entre artis-tes. Enfin, je pense que cela commence à évoluer. Et c’est une bonne chose que de réunir plusieurs chanteurs autour d’un titre.

Est-ce facile, difficile ou encore lourd d’être le «fils de son père» (le grand chanteur et poète d’expression kabyle, Lounis Aït Menguellet) ?

C’est facile et difficile à la fois. C’est facile parce que c’est avantageux. Et c’est difficile parce que les gens attendent de moi quelque chose d’extraordinaire. Tout dépend de mes compétences.

Au départ, je n’ai jamais pris ce chemin (la chanson) au sérieux. J’ai toujours joué et chanté pour le plaisir. Et ce n’est que ces derniers temps que j’ai décidé d’essayer de professionnaliser cela. Pour l’anecdote, j’avais 12 ans et je jouais du synthé à la maison. Et comme on avait une série de flûtes irlandaises, j’en ai pris une. Et mon père (Lounis Aït Menguellet), m’a écouté jouer. Et pour m’encourager, il m’a dit : «Si tu apprends à bien jouer de la flûte, je t’achèterai un piano». Il ne l’a pas fait. Mais il m’a acheté autre chose de mieux que le piano (rires). C’était un synthé avec ordinateur. C’était nouveau à l’époque. Et la première fois que je suis monté sur scène avec mon père, c’était à l’âge de 14 ans. C’était à Aïn El Hammam. Depuis 1988, on joue ensemble. K. S.

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C U L T U R E

DJAFFAR AÏT MENGUELLET. Chanteur d’expression kabyle

«J’évoque les problèmes du pays, celui de la jeunesse»

BLOC-NOTES

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■ EXPOSITIONCentre des loisirs scientifiques5, rue Didouche Mourad -AlgerSalon du collectionneur

■ PARUTIONL’ouvrage inédit à titre posthume intitulé Demain se lèvera le jour chez Alger-Livres-Editions est disponible dans toutes les librairies. Et c’est un best-seller !

■ RENCONTRE LITTÉRAIRERencontre littéraire avec Maïssa Bey : Puisque mon cœur est mort En partenariat avec les Editions Barzakh Mardi 18 janvier 2011 à 17h au Centre culturel français d’Alger

■ CINÉMA*Mercredi 12 janvier 2011 à 18h30 au Centre culturel français d’Alger A l’affiche, le film Concerto pour deux mémoires de Menad M’barek (Algérie, 2010, 55 min) En présence du réalisateur * Le carnaval de Kwen De Fred Hilgemann (France, 2009, 54 min). En présence du réalisateur

■ CONFÉRENCEConférence : «Le B.A.-Ba du management» Par Pierre Guilbert, consultant et formateur en communication Jeudi 13 janvier 2011 à 14h30 au Centre culturel français d’Alger

■ MUSIQUE*Musiques actuelles : Karpatt Jeudi 13 janvier 2011 à 19h à la salle Cosmos, Riadh El Feth Avec Fred Rollat : guitare/chant ; Gaétan Lerat : guitare/chant ; Hervé Jegousso: contrebasse/chant ; Luc Durand : batterie/percussions Karpatt est un groupe aux multiples influences, passant du rock à des sonorités espagnoles ou cubaines.

Il distille avec talent et élégance son univers musical avec une bonne humeur très communicative. Mêlant swing, poésie et humour, le verbe et la note, Karpatt offre des émotions et des vibrations bien chaloupées.On ne peut que se laisser charmer par l’énergie festive de cette musique colorée.

* Musique classique : Quatuor Voce Avec Cécile Roubin : violon ; Guillaume Becker : alto ; Florian Frère : violoncelle ; Sarah Dayan : violon Lundi 17 janvier 2011 à 19h au Centre culturel français d’Alger

■ SPECTACLES ENFANTS*Spectacle jeune public (à partir de 7 ans) : «Les piments givrés» Mardi 11 janvier 2011 à 15h au Centre culturel français d’Alger

■ CONCOURS LITTÉRAIREConcours littéraire Tahar DjaoutPremier prix littéraire Tahar Djaout : L’association culturelle Tussna lance le premier prix littéraire Tahar Djaout durant l’année 2011.Trois prix seront décernés à cette occasion. Conditions de participation :- Etre âgé de 25 à 45 ans.- Il est réservé aux écrivains amateurs (débutants).- L’ouvrage doit être remis à l’adresse de l’association ou déposé à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou.

Thème : il doit traiter d’un sujet de société sous forme de roman ou nouvelle.-Date limite, fin mars 2011.-15 200 Aïn El Hammam, Tizi Ouzou, Algérie. Tél. : 07.72.25.44.55 05.29.38.19.89. Email : HYPERLINK «mailto:[email protected]»[email protected]

Djaffar Aït Menguellet, fils du grand poète et chanteur d’expression kabyle, Lounis Aït Menguellet, publie son troisième album intitulé Tirga n’laâqal (Les rêves de la sagesse).Interview au nom du fils !

Le chanteur Djaffar Aït Menguellet sur scène

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A U T O M O B I L E

Salon de Détroit : les véhicules verts aux avant-postes Les constructeurs automobile ont rendez-vous, du 10 au 23 janvier, à Détroit, pour le North American International Auto Show (NAIAS). Plus d’une trentaine de nouveautés sont au programme, dont plusieurs voitures hybrides et électriques.Victimes de la crise qui a frappé l’industrie automobile américaine, les grands constructeurs se présentent à Détroit avec plus d’optimisme que les années précédentes. Pour compenser la fin des coups de pouce gouvernementaux, ils misent, pour 2011, sur les véhicules verts, électriques et hybrides, et sur des voitures compactes moins gourmandes en carburant. La Fiat 500 sera par exemple l’une des grandes stars de cette édition. Chrysler profite en effet de son alliance avec le groupe italien pour introduire cette mini citadine au pays des pick-up. Volkswagen doit également dévoiler une nouvelle petite berline. De son côté, Ford poursuit sa stratégie globale en introduisant aux Etats-Unis des modèles conçus à l’origine pour l’Europe, comme le monospace compact C-Max. Du côté des énergies vertes, Toyota, pionnier de la technologie hybride, va présenter sur son stand une déclinaison familiale de sa célèbre Prius. Ford a, quant à lui, prévu d’exhiber la version 100% électrique de sa nouvelle Focus. Au rayon luxe, Porsche, qui signe son grand retour au NAIAS après plusieurs années d’absence, a promis de dévoiler un nouveau modèle en première mondiale. Il pourrait s’agir du coupé biplace 918 Spyder, ou du petit SUV «Cajun». BMW et Mercedes profitent également de l’événement pour retoucher certains modèles ; la Série 1 chez le premier, la Classe C chez le second.

La nouvelle Kia Picanto au Salon de Genève

Kia Motors Corporation a publié les premières photos officielles de la prochaine génération de la Kia Picanto, qui offre maintenant un regard plus audacieux, plus mûr et plus confiant.Dotée d’un nouveau design et d’une nouvelle motorisation, la nouvelle voiture a gagné en longueur et en empattement et est déterminée à redéfinir sa position en devenant l’un des véhicules les plus compétitifs de son segment. Le chef designer de Kia Motors, Peter Schreyer, a déclaré : «Dans son profil, de nouvelles fonctionnalités significatives et une ligne de caractéristiques remarquable. Le résultat est une fusion de luminosité et d’opacité, ce qui réduit la taille du véhicule tout en lui donnant un aspect et une position plus sûrs que jamais.»Bien que l’actuelle Kia Picanto soit disponible uniquement en version cinq portes, la prochaine génération de la Kia Picanto sera disponible en cinq portes sur le marché mondial et en version sport trois portes sur le marché européen. La nouvelle Picanto proposera un choix de quatre groupes motopropulseurs sur deux motorisations possibles, soit 1.0 l et 1.2 l. Toutes les versions de la nouvelle Picanto ont un taux d’émission de CO2 très bas. En plus des motrices essence, des motorisations GPL bi-carburant et flex fuel seront disponibles sur certains marchés. La prochaine génération de la Kia Picanto sera officiellement dévoilée au Salon international de l’automobile de Genève en mars 2011.

Le nouveau Hover pour 2011Une nouvelle version du 4x4 Hover de Great Wall sera disponible en Algérie dans les prochaines semaines. Hover a subi un lifting pour le moins réussi. La face avant est plus belle et plus statutaire. Le nouveau Hover n’aura pas trop de mal à continuer le succès story du modèle dans le monde, et en Algérie surtout, où il rencontre un énorme succès grâce à la robustesse de son rapport qualité-équipement-prix. L’on dit du Hover que c’est un vrai 4x4, parce qu’il peut être conduit aussi bien par un homme que par une femme.

EN BREFNISSAN ALGÉRIE

La nouvelle Micra arrive en Algérie

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VOLVO AUTOMOBILE

Une usine en Chine dans deux ansL

e constructeur automobile suédois Volvo, propriété depuis août 2010 de Geely, inaugurera dans deux ans sa

nouvelle usine prévue en Chine, a indiqué, lundi, Stefan Jacoby, directeur général de Volvo en poste depuis quatre mois. «Nous allons bientôt prendre une décision sur la première usine. La production commencera dans deux ans. Nous attendons l’accord des autorités», a indiqué Stefan Jacoby, direc-teur général de Volvo en poste depuis quatre mois. Li Shufu, PDG de Geely et nouveau président du conseil d’administration de Volvo, avait annoncé en septembre son intention d’ouvrir trois usines d’assemblage Volvo en Chine, avec un objectif de vente de 300 000 véhicules sur le nouveau premier marché automobile mondial. Le groupe suédois construit déjà environ 15 000 voitu-res par an en Chine, via un partenariat avec son ancien propriétaire américain Ford et le chinois Chang’an. Le directeur général de Volvo, dont les effectifs sont passés à 19 650 en 2009, contre près de 28 000 cinq

ans plus tôt, annonce par ailleurs que la so-ciété va réembaucher 500 personnes en Suè-de l’an prochain grâce au rebond des ventes. Après un pic de 460 000 voitures vendues en 2007, les ventes avaient plongé en raison de la crise à environ 330 000 en 2009 avant de remonter à 380 000 en 2010. Geely, qui

a racheté Volvo à Ford pour 1,5 milliard de dollars, compte doubler la production d’ici dix ans, en s’appuyant principalement sur la Chine. Volvo Automobile est distinct depuis 1999 de son ancienne maison mère Volvo Groupe, qui l’avait vendu à Ford pour 6,45 milliards de dollars à l’époque. R. A.

Nissan annonce l’arrivée prochai-ne en Algérie de la nouvelle Micra. Après presque 30 années de succès, la nouvelle et qua-

trième version de cette citadine devrait être commercialisée avant le printemps 2011, l’occasion de revenir sur la clé du succès de ce véhicule, devenu une référence dans son segment. Depuis sa commercialisation en 1982, la Nissan Micra s’est bâti une solide réputation de véhicule innovant, compact et élégant. Initialement lancée sur le marché japonais sous le nom de Nissan March, elle était destinée à remplacer la Datsun Cherry. Un an plus tard, elle débarque en Eu-rope sous l’appellation «Micra» ou encore «K10». Le succès ne se fait pas attendre auprès des clients adeptes des petites voitu-res, simples, sûres et faciles à conduire. De plus, son moteur quatre cylindres permet de conquérir un plus large public, soucieux d’une motorisation adaptée. En 1989, la Micra connaît un premier «lif-ting». Cette nouvelle version, la «K11», bé-néficie de courbes généreuses et arrondies, d’un style qualifié de funky, chic et fashion à la fois qui a su très rapidement envoûter un nouveau public. Ses deux nouvelles moto-risations, le moteur DOHC 16 soupapes de

1.0 l et le 1.3l et ses innovations en matière d’équipements contribuent à la réussite de cette dernière. Toutes ces améliorations lui ont valu d’être élue «voiture européenne de l’année 1993», première voiture japonaise à recevoir cette distinction si convoitée. D’autres prix se sont succédé, tels que le prix du meilleur design (pas uniquement réservé aux véhicules mais à toute concep-tion industrielle) ainsi que le prix de la voiture japonaise de l’année. A l’instar de la précédente génération, la K11 subit un premier lifting en 1996, avec de nombreux changements au niveau du moteur, puis en 1998 et enfin en 2000.

VIRAGE À 180°

Avec un design plus arrondi, un look plus attractif et un style plutôt «osé», la K12 re-flète, en 2002, la volonté de Nissan d’attirer une clientèle plus jeune, et surtout plus fé-minine. Disponible en quatre motorisations 1.0 l, 1.2 l et 1.4 l essence de 88 chevaux plus un moteur Renault turbo diesel de 1.5 litre et 86 chevaux. En 2005, Nissan opère un léger lifting sur l’avant de la voiture et apporte de nouveaux matériaux intérieurs, des sièges plus enve-loppants et une motorisation de 1.6 l de 110

chevaux, outre le fait que c’est l’une des premières citadines à se doter d’une direc-tion assistée électrique afin d’optimiser la maniabilité en ville. Disponible depuis le mois de novembre chez les concessionnaires européens, la nouvelle Micra sera commercialisée avant le début du printemps en Algérie. Elle est très attendue et devrait connaître, de nouveau, un succès retentissant. Cette nouvelle version offre un visage différent en phase avec les préoccupations actuelles du consommateur, notamment en termes de respect de l’environnement grâce à un moteur plus écologique (Pure Drive). Sous le capot, point de diesel mais seulement un moteur essence pour satisfaire la majorité des clients. En effet, la nouvelle Micra, tant en termes de design, d’ingénierie, de motorisation que d’équipements, a été conçue pour que les déplacements en ville ne soient plus généra-teurs de tensions pour les conducteurs ni de pollution pour l’environnement. Ainsi, cette nouvelle version se veut à la fois plus économique et très respectueuse de l’environnement. Il y a fort à parier que cette nouvelle Micra devrait convaincre le plus grand nombre. R. A.

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nouveautés sont au programme dont plusieurs

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I D É E S - D É B A T

La politique de l’autruche ou le temps de la fuite en avant

Par Ahmed Rouadjia

Où va notre pays ? Vers quelles zones de turbulences politiques dangereuses che-mine-t-il à présent ? Avec les émeutes

urbaines quasi récurrentes- spontanées ou provo-quées ?- qui le secouent depuis quelques années, ne risque-t-il pas de renouer avec les démons de la décennie noire dont les souvenirs douloureux hantent encore l’imaginaire populaire ? Les mécontentements et les révoltes qui sourdent de partout, ne traduisent-ils pas d’immenses frustra-tions de larges pans de la société et ne reflètent-ils pas un signe évident d’un sentiment d’abandon et de déréliction générale de la population de la part de ses dirigeants, qui semblent peu soucieux des cris de détresse d’un peuple dont ils prétendent être les représentants légitimes et l’incarnation vivante de ses intérêts ? Si la cherté de la vie, notamment celle des denrées de première néces-sité ( sucres, café, huiles…) n’est pas étrangère à la grogne générale qui s’est emparée de larges couches démunies de la société algérienne, elle n’explique pas à elle seule les causes profon-des du malaise social dont les signes les plus manifestes sont la défiance du peuple envers le pouvoir d’Etat, ainsi que le peu de crédit que ce même peuple, naguère hissé au rang d’un mythe, accorde à ses pseudo-représentants dont l’hypo-trophie du moi et la manie des grandeurs qui se doublent d’un mépris à peine voilé envers «la populace» ont achevé de supprimer, chez eux, les facultés de raisonnement, le sens de la responsa-bilité, de l’évaluation politique, et d’anticipation de l’avenir. Obnubilés par le pouvoir qu’ils dé-tiennent, du prestige et des intérêts strictement matériels qu’ils en retirent, ces représentants, autoproclamés du peuple, se crispent sur leurs grasses prébendes et oublient jusqu’au souvenir ce pourquoi ils ont été «élus» ou désignés pour gérer les affaires de la nation.

QUAND LA POLITIQUE D’IMPROVISATION CONJUGUE SES EFFETS À L’AUTORITARISME

Dire que le pouvoir n’est pas en phase avec son peuple relève d’une lapalissade. Cela s’ob-serve à tous les niveaux des instances politiques : l’Exécutif, comme les députés ne tournent pas seulement le dos au peuple, mais ils le méprisent et le tiennent sciemment à l’écart de toute consul-tation touchant aux grands enjeux de la société et de l’Etat. En fait, ils considèrent ce peuple com-me quantité négligeable et méprisable, et c’est pourquoi ils ne lui accordent aucune confiance ou une once de crédit pour prendre part aux af-faires de la nation et de l’Etat. La politique d’im-provisation, l’exercice d’un pouvoir autoritaire et sans contrepoids, le culte inconsidéré de la force saisie comme mode unique de gestion poli-tique ou «sécuritaire», le refus de l’écoute et de la délibération, la répulsion envers tout ce qui sort de biais, de la «ligne idoine» tracée et fixée une fois pour toute par l’Exécutif ou le grand chef de celui-ci, voilà qui constitue le trait caractéristique, presque immuable, de ce régime dont le caractère autant «atypique» que rigide

constitue un obstacle majeur à toute réforme salutaire de la société civile et politique algé-riennes. Un pouvoir qui méprise l’intelligence, qui répugne au débat contradictoire, qui abjure le credo de l’esprit démocratique et qui se laisse guider par le culte quasi exclusif de ses instincts autoritaires sera évidemment voué, tôt ou tard, à disparaître de la scène politique de l’histoire. Et déjà, les signes du dépérissement de notre régime politique s’affichent en filigrane à travers toutes nos institutions sclérosées, gangrenées soit par l’incompétence et la corruption, soit par l’indifférence ou le laisser-aller ou le laisser-faire. Lorsqu’un régime ne sait pas dialoguer et s’adresser à ses administrés avec un langage lisible et audible, comme ces ministres et ces députés qui, dans les périodes de graves troubles politiques et sociaux, se font tragiquement silen-cieux ou muets, il finit inexorablement par laisser la voie ouverte à toutes les dérives dangereuses qui pourraient l’emporter par surprise, sans crier gare.

LE POINT ZÉRO DE LA COMMUNICATION POLITIQUE

L’aphasie dont font preuve en ce moment nos «hommes politiques»-ceux de l’Exécutif-, tout comme les députés grassement rémunérés sans rien faire d’autre que d’applaudir, piteusement et frénétiquement dans l’hémicycle de l’Assem-blée, la gestion du gouvernement dont ils sont censés contrôler l’action en lui demandant des comptes, témoigne si besoin est, de cette grave carence en matière de communication politique et qui ne s’explique autrement que par l’incom-pétence, mais aussi et surtout par ces réflexes conditionnés consistant à ne pas prendre ses responsabilités et à éviter soigneusement de ne pas se «mouiller les doigts» au risque d’attirer le courroux du Grand Chef. Depuis des mois, voire depuis des années, aucun ministre, ni aucun député n’a osé faire enten-dre sa voix ou émettre une analyse critique sur les causes des émeutes urbaines provoquées souvent par la flambée des prix ou par la crise aiguë que vivent les milliers, voire les millions de citoyens sans abri. Que dénote ce silence étrange de nos dirigeants ? Mépris à l’égard du peuple ou incapacité de se faire entendre de lui ? La peur de rompre l’ «harmonieux consensus» gouvernemental et le refus têtu de reconnaître que le gouvernement puisse se tromper «en politique», conduisent chacun à observer ce silence complice sur l’état lamentable de la nation… Aujourd’hui, et alors que bien des quartiers de nos villes sont saccagées par des foules de jeunes gens désespérés, et que d’autres villes enflent de rumeurs de toutes sortes, nos dirigeants politiques, qui ne manquent pourtant pas de lourds moyens de communication, comme l’ENTV, n’ont pas essayé de venir nous expliquer sur le plateau le pourquoi et le comment de ces révoltes, ni quelle action ils comptent mener pour répondre aux besoins et aux attentes de ces po-pulations qui se sentent abandonnées, laissées en déshérence par l’Etat. Envoyer les policiers et les

gendarmes pour contenir ces manifestations, ne suffit pas à ramener l’ordre et la sécurité publi-que durables. Les forces de sécurité ne devraient être sollicitées qu’en dernier ressort, et seule-ment si toutes les autres voies de recours ont été épuisées, et parmi celles-ci le dialogue, l’écoute et la concertation.

L’ÉLOGE DE LA MÉDIOCRITÉ PLACÉ AU RANG DES VERTUS…OFFICIELLES

Or, nos dirigeants, dont la communication po-litique ne semble pas être leur fort, préfèrent se décharger sur les services de sécurité pour ramener l’ordre et le calme dans nos villes troublées par des émeutiers frustrés par tant de manques et de besoins urgents à satisfaire. A défaut de savoir manier l’art de communiquer et de persuader eux-mêmes ces révoltés incompris, ces dirigeants politiques entichés pourtant de modernisme et de «progressisme» ne feraient-ils pas mieux de laisser accès libre à l’ENTV à ces élites intellectuelles non «organiques», à ces experts nationaux indépendants d’esprit que sont les universitaires, les juristes, les politologues, les journalistes talentueux et Dieu sait qu’ils sont nombreux dans notre pays, et qui pourraient, par leur savoir-faire, dire et éclairer les politiques et aider aux bonnes décisions de l’Etat. L’ENTV, comme dans ces cabinets ministériels investis par des fonctionnaires guindés, se trouve pa-rasitée, elle aussi, par une foule de speakers et de pseudo-experts compassés et tellement triés sur le volet, qu’ils ne semblent posséder d’autre compétence que cette incroyable aptitude à pou-voir, sans vergogne, célébrer les gestes et les pa-roles du Prince, et à faire l’éloge de la médiocrité intellectuelle et politique ambiantes. Fades, ternes et desséchés, parfois fort pré-tentieux, ces journalistes et ces experts agréés débitent, à longueur des débats sur le plateau, des propos déconnectés de la réalité du pays, de ses attentes et aspirations. Ils esquivent les problè-mes réels auxquels sont confrontés les Algériens et les Algériennes et s’évertuent à enjoliver la réalité en donnant à voir et à lire une image lisse et douce, sans aspérités d’un pays qui serait le plus heureux du monde où il ferait bon vivre… C’est ce mode de communication journalistique qui double et reproduit presque à l’identique le discours politique qui fait que notre ENTV sert d’un véritable repoussoir par rapport aux chaînes de télévisions étrangères captées en Algérie…Cela explique aussi que notre télévision est désertée par les téléspectateurs nationaux au profit des chaînes satellitaires de l’Occident et du Moyen-Orient. Comment faire aimer son pays quand la télévi-sion abreuve ses téléspectateurs d’informations indigentes et leur donne une image fallacieuse de la réalité ? Comment peut-on prétendre à la crédibilité quand les programmes sont d’une qualité médiocre, et surtout fondés sur l’apologie ou le culte de Son Excellence le Président de la République, le Ministre, le Premier- ministre, et j’en passe ?

AUGMENTATIONS DES SALAIRES, SUIVIES D’ÉMEUTES ET DE RAS-LE-BOL : UN PARADOXE ?

On a salué, comme une conquête, les récentes augmentations de salaires des enseignants de l’Education nationale, de l’Enseignement supé-rieur et de la Santé. Il faut ajouter aussi celles des députés et des militaires. Mais on a oublié ceux qui n’ont pas eu un centime d’augmentation et dont les maigres traitements sont continuelle-ment érodées par l’enchérissement des produits de première nécessité : les petits fonctionnaires et employés, toutes catégories professionnel-les confondues, les travailleurs de beaucoup d’entreprises privées et publiques, sans oublier évidemment les retraités aux modestes bourses. Il y a également les «chômeurs» qu’il faut ajouter à la liste de la masse des précaires. Les chômeurs ou les désœuvrés est un nom impropre, mais qui permet de désigner ceux qui n’ont jamais travaillé de leur vie et qui vivent au crochet de la solidarité familiale ou institutionnelle. Ils se comptent par millions et aucune statistique offi-cielle ne saurait masquer la réalité. C’est parmi

cette masse d’individus aux revenus fort faibles ou qui en sont complètement dépourvus que «sortent» les émeutiers qui défraient les chro-niques de ces dernières années. Les émeutiers de ces dernières semaines recouvrent un large profil social : ils comprennent des jeunes désœuvrés, des délinquants en rupture de ban, des mal-logés, des pauvres en déroute, mais aussi de pères de familles respectables qui n’en peuvent plus. Tous ces gens se savent être les laissés-pour-compte. Ils revendiquent leur droit au travail et à la protection sociale. Pour faire entendre leur voix aux autorités, et au –delà, à l’opinion pu-blique, ils se révoltent non pas pacifiquement, il est vrai, mais violemment contre un ordre qu’ils jugent injuste. Les augmentations de salaires ac-cordées à certaines catégories de fonctionnaires déjà cités ont aggravé leurs frustrations et le sen-timent d’injustice dont ils se sentent victimes. En effet, ce n’est pas l’UGTA, et moins encore les députés de l’APN qui perçoivent mensuel-lement 300 000,00 DA net chacun qui vont défendre les intérêts moraux et matériels de cette masse de paupérisés, de désœuvrés et d’exclus. Ce ne sont pas non plus les enseignants univer-sitaires qui vont se soucier de ces révoltés, de ces écorchés vifs. Ces enseignants, dont certains ne méritent pas les augmentations obtenues tant ils s’avèrent stériles, improductifs, n’éprouvent aucun sentiment de solidarité à l’égard de ces exclus et de ces démunis.

LE TEMPS DU BRICOLAGEPOLITIQUE EST-IL RÉVOLU ?

En favorisant certaines catégories de fonction-naires et de travailleurs au détriment d’autres catégories sociales, le gouvernement a contribué de fait à créer des divisions et des clivages au sein de la société algérienne. Ce faisant, il a creusé un fossé béant entre les différentes catégories so-cioprofessionnelles de manière à rendre impos-sible la solidarité entre elles. Cette politique, qui reprend à son compte le fameux adage «diviser pour mieux régner», est non seulement réaction-naire, mais absurde, dangereuse et s’apparente à une fuite en avant.Elle ne manquera pas de faire l’effet d’un boo-merang. Cette politique de l’autruche, qui fait mine de ne pas voir les choses tout en agissant comme si de rien n’était, conduit immanquable-ment le pays à l’impasse et pourrait se traduire, si elle continuait sur ce rythme , à l’implosion du système dont les failles se font déjà partout visibles à l’œil nu.Le «bricolage» politique qui consiste à gérer de manière chaotique au jour le jour les affaires du pays, sans vision, ni plan déterminé, ne garantit pas la pérennité des institutions de l’Etat dont la solidité et la crédibilité dépendent de la co-hérence qu’il se donne en matière d’évaluation, d’anticipation, de prévision et de prospective. Il en est beaucoup de nos projets économiques, sociaux, culturels et éducatifs qui ressortent en effet du bricolage et du remplissage. Ainsi en est-il de notre système industriel «res-tructuré» et de notre système monétaire sclérosé en dépit de notre prétendue entrée dans l’écono-mie de marché. Ainsi en est-il de notre politique d’environnement et du tourisme, de celui de la culture, de l’éducation et de l’enseignement supérieur, qui en recopiant plutôt mal que bien le LMD européen et en le transposant comme «mo-dèle» d’enseignement «adapté» à l’Algérie, a fini par susciter une grande confusion dans les esprits de nos étudiants, dont la fronde contre ce système importé et plaqué ne fait que commencer. La fronde étudiante contre le LMD et les émeu-tes urbaines en cours contre la cherté de la vie, la crise du logement et les sentiments d’injustice sont étroitement liés à cette politique de rafisto-lage conduite à «la petite semaine» par un gou-vernement en mal d’imagination, de cohérence et de plan savamment agencé.Que conclure ? Que le pire est à venir. Notre pays chemine vers un avenir incertain, et ce n’est pas être forcément pessimiste que de prédire, en se basant sur des indices concrets, des périodes de hautes tensions sociale et politique…. A. R.

Rédaction centrale Maison de la presse Tahar Djaout 1, rue Bachir Attar 16016 Place du 1er mai. Alger Tel : 021 68 21 83/84/85 Fax : 021 68 21 87 [email protected]

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COMMENT JOINDRE EL WATAN

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El Watan - Mardi 11 janvier 2011 - 23

J E U X - D É T E N T E

HORIZONTALEMENT : COMPROMIS / NATALITE / ATTISE / TS / CERTES / EMPIRE / RI / ILE / UN / ANANAS / SN / AC / MELE / STILB / OVE / IDIOTIES / NOE / NARRA / NS / SU / EU VERTICALEMENT : CONTAMINATION / MAT / PLACIDES / OPTICIEN / LI / RASER / AMBONS / COLEREUSE / TAU / MI / LOIR / BITTER / SEVERE / SESSION / ESAU.

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EGAHCNARBOLGRBE

RÈGLE DU JEU Biffer tous les mots de la liste que vous retrouverez dans la grille, en utilisant tous les sens possibles. Les lettres qui n'auront pas été cochées serviront à former le mot défini ci dessous.

DÉFINITIONTrès petit, en parlant des choses abstraites

(8 lettres)Solution Biffe Tout

précédent :ATTACHANT

ACERE - ANNOTATION - AVEUGLE - BAVOIR - BRANCHAGE - CHAROGNARD - CONSEIL - DETENU - DURETE - ECURIE - FALLOIR - FRACTION - GALETTE - GOUVERNEUR - HABITUE - HESITANT - IDIOTIE - ISSUE - LOGO - MUTE - NETTETE - NIVEAU - OBUSIER - OUVERT - PORCELAINE - PRODUIT - REBELLE - REVEIL - SACHET - SAUCISSE - TARD - TRAITRISE - ULVE - VIL

Biffe Tout N° 2785

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Chamois des Pyrénées.

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SOL. TOUT CODÉ PRÉCÉDENT :

En vous aidant de la définition du mot encadré, com-plétez la grille, puis reportez les lettres correspon-dant aux bons numéros dans les cases ci-dessous et vous découvrirez le nom d’un personnage célèbre.

Fléchés Express N° 2785

personnel

agent deliaison

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HORIZONTALEMENT : 1.Désastreux 2.Inédit. Libertaires 3.Fulminent. Naissance 4.Bois. Frais de repas. De naissance 5.Bande d'étoffe. Raccourcit. Bas de gamme 6.Puissance, désor-donné. Genre de musique. Réaliser 7.Etre étalé. Poire d'ORL. Note 8.Vrai. Ecarteur. Fleuve côtier 9.Extirpas. Fin de verbe. Prend de l'ampleur 10.Base d'identité. Vieux. Origines 11.Sans effets. Evoluer autour de. Sent mauvais 12.Sujets traités. Fleuve noir 13.Divine nounou. Titre de gentleman. Matière à plaquer. Moyen de lutte 14.Centre de calculs. Appréciation du maître. Cri après coup 15.Evaluerait. Allure de cheval.

VERTICALEMENT : 1.Il professe la même religion qu'un autre 2.Langue. Vires 3.Partie de plante. Lieu de retraite. Couvert 4.Absences de formation d'organe. Soldat de Sam. Conjonction 5.Emploi de tout repos. Portions de cercle 6.Explosif. Conformité avec la loi 7.Réchauffait le Nil. Affluent de la Seine. Songer 8.Apophyse du cubitus. Domicilié. Possessif 9.Des côtes. Ceinture 10.Arrêt. Manque d'épaisseur 11.Fille d'Harmonie. Orchestre composé de cuivres 12.Poème arabe classique. Sorti des urnes. Aliment 13.On y fait ses besoins. Souhaiter 14.Père de Jason. Brama. Obtenu 15.Futur glacier. Facilement.

Quinze sur N° 278515

SOL. QUINZE SUR 15 PRÉCÉDENT : HORIZONTALEMENT : 1.IMPRESSIONNANTE 2.NOUILLES. AAR. UN 3.ER. TSARINES 4.XANTHE. URINAT 5.OT. OASIS. QUOI 6.ROTULES. DENUDES 7.AI. RE. TRIS. AI 8.BRIN. CHIA. LIANE 9.LEGEREMENT. ENA 10.ARE. EVENT 11.STOP. ATTEND 12.ARRIERES. SAI 13.OPE. ORANAISE. NC 14.MERITERAIT. OTAT 15.OSA. ASE. NECROSE.

VERTICALEMENT : 1.INEXORABLES. OMO 2.MORATOIRE. TAPES 3.PU. IGNORERA 4.RISTOURNE. PR 5.EL. HALE. RA. IOTA 6.SL. ESE. CERBERES 7.SET. ISTHME. RARE 8.ISSUS. RIE. GENA 9.AR. DIANE. SAIN 10.NARINES. TVA. ITE 11.NAIN. ETES 12.ARNAQUAIENT. EOR 13.ETUDIANTES. TO 14.TUS. OE. NA. NANAS 15.EN. AISEE. EDICTE. SOLUTION N° 2784

HORIZONTALEMENTI- BAGUENAUDE. II- ABERRANTES. III- LULU - VE - SE. IV- AS - BERET. V- LEMURE - ROI. VI- ARISE - MAIN. VII- SAUVÉE. VIII- KORA - ILE. IX- ABOMI-NERA. X- NERE - SIC.

VERTICALEMENT1- BALALAIKAS. 2- ABUSER - OB. 3- GEL - MI-TRON. 4- URUBUS - AME. 5- ER - ERES - IR. 6- NAVRE - AINE. 7- ANEE - MULE. 8- UT - TRA-VERS. 9- DES - OIE - AI. 10- ESERINES.

HORIZONTALEMENTI- Lapider. II- Décharge émotionnelle. III- Citron. IV- Avant midi - Baie nippone - Oiseau. V- Aimables - Fin de verbe. VI- Très au fait - Souillé. VII- Raisonnables - Fêté quand il est nouveau. VIII- Ecrémage - Pronom vague - Note. IX- Papillon. X- Ratite - Adiré.

VERTICALEMENT1- Recouvert de brillantine. 2- Détester. 3- Mettait en pétard - Nymphe des eaux. 4- Ladreries - Vaut de l'or - Accessoire. 5- De cow-boy - Chevalier en jupon. 6- A l'entendre, cela suffit - Accord. 7 - Petite patronne - Possessif - Mercure. 8- T e l l e m e n t - R o u e à g o r g e . 9- Moteur actionné par le vent. 10- Sur une borne - Hurle - Réfléchi.

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Mots Croisés N°2785

Par M. IRATNI

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El Watan - Mardi 11 janvier 2011 - 25

L ’ É P O Q U E

ON VOUS LE DIT

Zahia Benarous approuve KouchnerSénateur dans le tiers présidentiel, l’ancienne présentatrice vedette de la télévision, Zahia Benarous, est en lice pour l’élection à la vice-présidence du Conseil de la nation. Mais ses chances d’accéder à ce poste sont bien minces car elle sera opposée à une grande figure de la scène politique nationale, à savoir Mme Zohra Drif, la veuve de Rabah Bitat. En panne d’arguments pour faire pencher la balance en sa faveur, Zahia Benarous tente de faire admettre par ses pairs l’idée de mettre au placard «la famille révolutionnaire», trop privilégiée à son goût par le système en place. Une source proche du Conseil de la nation s’est dit ulcérée par les propos de cette personne qui a choqué le monde de la culture lorsqu’elle était en charge de ce secteur il n’y a pas si longtemps, par des propos pro-islamistes. La même source estime qu’il y a, heureusement, assez de lucidité chez les membres de la Chambre haute pour faire échec à la médiocrité et à l’incompétence.

Pénurie de quittances aux postes-frontièresDes familles algériennes, qui se rendaient par voie terrestre vers la Tunisie, ont été surprises d’apprendre qu’il y avait pénurie de quittances de 500 DA exigée à la sortie du territoire national. En fin d’année, le poste-frontière de Bouchebouk était dépourvu de ces quittances, ce qui a contraint un bus de voyageurs d’«avaler» plusieurs autres kilomètres pour transiter par une autre sortie vers la Tunisie. S’il est vrai que les voyageurs peuvent s’acquitter de cette obligation au niveau des régies des impôts de leurs régions respectives, il n’en demeure pas moins que les postes-frontières doivent prendre leurs dispositions pour ne pas pénaliser les voyageurs.

«La République impériale» traduit en arabe L’ouvrage La République impériale: politique et racisme d’Etat, de l’universitaire français Olivier Lecour Grandmaison, est désormais disponible en langue nationale. Sa version en langue arabe vient de paraître à Casbah Editions d’Alger. L’ouvrage, paru en 2009, s’inscrit dans la continuité et dans le même esprit de son précédent travail intitulé Coloniser, exterminer. Sur la guerre et l’Etat colonial édité quatre années auparavant. Dans La République impériale, l’universitaire français centre son étude sur la IIIe République en France pour disséquer et démontrer sa dimension intrinsèquement impériale, coloniale et raciste.

Fête du couscous à OranMettant à profit la célébration de Yennayer, l’association Numidya a prévu, entre autres, dans son programme, un grand régal au couscous. En effet le «clou» de cette célébration sera sans aucun doute la Fête du couscous qui se déroulera vendredi matin, au cours de laquelle participants, invités et passants seront conviés à déguster un grand couscous préparé par des familles bénévoles. Cette dégustation entre dans le cadre d’une tradition bien établie au niveau de la ville d’Oran où le couscous fait partie intégrante de la fête.

Facebook ne fermera pas ! La rumeur circulait à grands pas, mais rien n’était vrai. Annoncée par le site Weekly World News, elle annonçait que facebook devait tirer sa révérence le 15 mars prochain. Son fondateur, Mark Zuckerberg, était censé «mettre un terme à toute cette folie» et retrouver «son ancienne vie». Le site attribuait ces mots au fondateur du réseau social : «Pour être honnête, je pense que c’est une bonne chose. Sans facebook, les gens vont devoir sortir de chez eux et rencontrer leurs vrais amis. Ça ne peut être que bénéfique.»Lorsque les journaux, les blogs, les sites ont repris l’information, c’est un émoi généralisé qui s’est emparé des utilisateurs du réseau social. Hier soir, après 48 heures de silence, facebook a enfin démenti l’information par ces mots : «Nous n’avons pas reçu le mémo concernant l’arrêt, nous allons donc continuer à poursuivre nos efforts comme toujours. Nous n’allons nulle part, c’est juste le commencement.» Les usagers du réseau social peuvent se rassurer.

El Watan - Le Quotidien Indépendant Édité par la SPA “El Watan Presse”

au capital social de 61 008 000 DA. Directeur de la publication : Omar Belhouchet

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Mai Tél : 021 68 21 83 - 021 68 21 84 - 021 68 21 85 - Fax : 021 68 21 87 - 021 68 21 88

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Yahia, Hydra. Tél : 021 56 32 77 - Tél/Fax : 021 56 10 75 Impression : ALDP - Imprimerie Centre ; SIMPREC- Imprime-

rie Est ; ENIMPOR - Imprimerie Ouest. Diff usion : Centre : Aldp Tél/Fax : 021 30 89 09 - Est :

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Diff usion, 38, Bd Benzerdjeb (Oran) Tél : 041 41 23 62 - Fax : 041 40 91 66

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d’aucune réclamation. Reproduction interdite de tous articles

sauf accord de la rédaction.

CANCER DE LA PROSTATE Quand le risque est «à l’index»Des résultats qui peuvent paraître surprenant voire farfelus, et pourtant publiés dans le très sérieux British Journal of Cancer. Parce que la longueur des doigts se détermine in utero en fonction des niveaux de testostérone avant la naissance, les hommes dont l’index est plus long que l’annulaire présenteraient moins de risque de développer un cancer de la prostate, selon cette étude menée par des chercheurs de l’Université de Warwick et de l’Institute of Cancer Research. Des conclusions, surtout, qui pourraient faciliter un premier stade de dépistage du cancer de la prostate. Le rapport entre les longueurs des doigts de la main (hand pattern) étant fixé in utero peut être un indicateur du taux de testostérone prénatale. Donc, une exposition plus faible à la testostérone, à effet protecteur vis-à-vis du cancer de la prostate, serait donc associée à un index plus long. A contrario, plus le bébé est exposé à la testostérone, plus son index sera court. Un index plus long que l’annulaire serait un signe prédictif d’une réduction d’un tiers de cancer de la prostate, estiment les chercheurs.

Pas de Yennayer à Tipasa La wilaya de Tipasa qui devait célébrer le nouvel an berbère 2961, à partir du 12 janvier au niveau de la commune de Hadjret-Ennous (Cherchell), a décidé, sur instruction du département ministériel de Khalida Toumi, d’annuler tout bonnement les festivités culturelles déjà programmées, en raison des derniers évènements douloureux qui avaient agité le pays et particulièrement les localités de la wilaya. M. H.

FESTIVAL DU DROMADAIRE À TAMANRASSET

LA MUTUALITÉ VEUT GARDER SA LIBERTÉ

Cette manifestation, qui se déroule dans la zone d’Amded, commune

d’Abalessa, depuis samedi der-nier, a enregistré une large par-ticipation d’éleveurs venus de différentes localités de la wi-laya, animés de l’espoir de voir ce festival, premier du genre au niveau local, ouvrir de nouvelles perspectives pour le développe-ment de cette richesse animale et l’amélioration des conditions d’élevage. Cet objectif est perçu, selon des participants, à travers l’instauration d’un dialogue avec les responsables concernés dans le but d’examiner ensemble les voies de développement de la filière et la levée des contraintes entravant l’activité. Ce festival constitue un ca-dre d’échange d’opinions en-tre éleveurs, mais aussi une opportunité de s’enquérir de la situation de l’élevage ca-melin et des perspectives de promotion de l’activité agricole dans cette wilaya, a estimé le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et du Déve-loppement rural, Sid Ahmed Ferroukhi. Le même responsable, qui avait inauguré le festival Ameni du dromadaire, a mis l’accent sur l’impact attendu de cette ma-nifestation pour la relance de ce type d’élevage, suggérant, pour l’avenir, de lui conférer une dimension internationale et donner lieu ainsi à une par-ticipation des pays voisins. En marge du festival Ameni dédié

au dromadaire, le représentant du MADR a visité une exploita-tion agricole dans la commune d’Abalessa, où il a salué l’ini-tiative d’introduire la culture de la pomme de terre dans la région, ce qui contribuera à assurer la couverture en be-soins locaux en la matière. La nécessaire mise en place de dis-positions appropriées pour faci-liter l’acquisition de matériels agricoles dans les régions du Sud, dans le but d’y développer l’agriculture, a été également

soulignée par M. Ferroukhi qui a, par ailleurs, visité une pépi-nière à Abalessa et s’est enquis des activités qui y sont menées dans le cadre des programmes de soutien aux zones rurales et de lutte contre la désertification. Le programme de ce premier Festival du dromadaire a prévu des concours des meilleures chamelles laitières, tente et dromadaire, les meilleurs pro-duits traditionnels préservés, ainsi que l’organisation d’une course de méharis.

En effet, on retrouve des archives qui rappellent que c’est en 1929 que la Caisse centrale agri-

cole Mutuelle de Rivet, aujourd’hui Meftah, a été constituée, par affiliation au Crédit central agri-cole d’Alger. C’est autant dire que son existence est séculaire. Chez nous, au-delà des textes qui la régissent, elle possède un acquis traditionnel basé sur les actions de bienfaisance des djemââs ou des touizas. Actuellement, la mutualité algérienne est dans le collimateur des pouvoirs publics qui veu-lent s’en saisir. Aussi, l’autonomie des entreprises a faussé l’interprétation des prérogatives sociales, et les compagnies d’assurances ont commencé à investir le champ des mutuelles. Cependant, le mouvement mutualiste national, comptant sur la solidarité de ses adhérents qui sont au nombre de 1,2 million avec une toile de 7 millions de pres-tataires, s’est retrouvé une vigueur pour s’offrir une couverture de l’action sociale à hauteur de 17,50 % de la population. La masse financière est assez importante et la mutualité ne partage pas ses rôles avec la protection sociale étatique, par contre elle la soutient. C’est en somme logique puisque l’adhésion est libre, la gestion est démocratique et le mouvement social est autonome et à but non lucratif. Les avantages pour les adhérents sont énormes, cela va des centres familiaux de repos et médicaux-sociaux aux colonies de vacances en

passant par les aides et secours ainsi que diverses allocations et remboursements médicaux jusqu’à la compensation de retraite. Le rôle du mouve-ment mutualiste, qui regroupe une trentaine de mutuelles à l’échelle nationale, est prépondérant. Il serait souhaitable que l’Etat cherche plutôt à renforcer les mutuelles par un cadre juridique pour mieux soutenir leurs missions. Notons que les mutuelles sont régies par la loi 90-31 relative aux associations. Vu de cet angle, il était urgent pour les mutuelles de créer leur organe de coordination pour avoir une aura nationale. C’est le 15 février dernier que 400 délégués représentants 20 mu-tuelles jettent les bases de cette instance coordi-natrice. Le président de l’organe de coordination, Cheriki Miloud, nous dira : «Nous sommes déci-dés à assurer le suivi et l’assistance des mutuelles dans les éventuelles difficultés surgissant dans leur fonctionnement ainsi que dans leur relation de tout ordre». Enfin, sachant que les tentatives d’unification des mutuelles ont toujours été avor-tées, comme le Conseil national ou la fédération des mutuelles algériennes, les responsables de la coordination s’accordent à dire que le 31 janvier 2011, date de la prochaine réunion élargie de l’organe de coordination, sera l’occasion d’asseoir définitivement les fondements d’une mutualité à résonance nationale. S. R. O.

Un acquis traditionnel

Une première !● Les activités du festival Ameni dédié au dromadaire se poursuivent dans une ambiance empreinte d’optimisme quant à la promotion de

l’élevage des camélidés.

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El Watan - Mardi 11 janvier 2011 - 27

CABBAPlusieurs joueurs ciblés Le fait d’avoir fait venir Ferradji pour l’actuel mercato hivernal ne signifi e pas pour autant que le CABBA a terminé ses «emplettes». Lors d’un entretien avec le président du club, ce dernier nous affi rmera que sa direction s’active pour trouver de nouveaux joueurs. «Le marché des transferts actuels est limité et on ne veut pas remplacer des joueurs qui ont réalisé une bonne première partie de championnat. On établit une liste de joueurs qu’on convoite, on pense par exemple à Mansour (USMAn), Mebarki (CRB) et Benchergui (ESS). On réfl échit à long terme. Ce que je peux dire, c’est que l’on va faire signer un joueur off ensif étranger qui viendra cette semaine ou au plus tard la semaine prochaine», nous révélera le président du CABBA, qui reste donc à la recherche d’un avant-centre de métier qu’il veut enrôler lors de ce mercato. D’ailleurs, tout porte à croire que ce vœu est sur le point de se concrétiser. En eff et, après n’avoir trouvé aucun accord avec l’ancien attaquant bordjien Touati, le président du CABBA, Djamel Messaoudène, nous a confi é à cet eff et qu’un attaquant camerounais, dont il a refusé de nous livrer le nom, devrait arriver dans les tout prochains jours à Bordj Bou Arréridj. «Nous allons renforcer l’équipe avec un bon attaquant. Il s’agit d’un joueur camerounais.» Y. B.

ASO CHLEF Nouveau programme de préparationLa direction de l’ASO Chlef a dû changer son programme de préparation en raison de la nouvelle programmation décidée par la Fédération algérienne de football suite aux événements qui ont secoué le pays. Ainsi, après l’entraînement d’hier lundi, les joueurs bénéfi cieront, dès aujourd’hui, d’une semaine de repos qui s’étalera jusqu’au 15 du mois en cours. Ils seront ensuite regroupés au centre de regroupement et de préparation de Chlef pour un stage bloqué d’une semaine, avant de s’envoler pour le Maroc. L’équipe se rendra à Casablanca le 24 janvier en vue d’y eff ectuer un stage de préparation de 10 jours. Elle disputera à l’occasion deux matches amicaux face à des clubs marocains de Division I. Rappelons que l’ASO s’était déjà rendue dans ce pays à l’intersaison, où elle s’est préparée pendant 20 jours dans des conditions jugées très satisfaisantes par le staff technique et les joueurs. A noter que l’équipe se déplacera avec tous ses joueurs titulaires, dont les défenseurs Gharbi et Mekkioui qui étaient blessés.

A. Yechkour

Hocine Kennouche va mieuxHocine Kennouche, directeur central des sports au ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), se rétablit progressivement d’un souci de santé. En visite de travail dans la wilaya de Bouira, il avait été victime d’une chute qui a entraîné son hospitalisation dans un centre de la capitale. Selon ses proches, «il récupère bien et devrait quitter l’hôpital dans les prochains jours».Pour rappel, Hocine Kennouche a été footballeur dans la grande équipe de l’Escadron noir de Guelma. Il a porté les couleurs de Rouiba, et a été décoré par le défunt président de la République, Houari Boumediène, après son retour d’Amgala. Il a été DJS à la wilaya d’Alger (1994-1995) et à Tipasa. El Watan lui souhaite un prompt rétablissement et un rapide retour sur le terrain. Y. O.

COUPE D’ASIEPeseiro limogé

La Fédération saoudienne de football a limogé l’entraîneur portugais des «Faucons du désert», José Peseiro,

quelques heures après la défaite (1-2) de sa sélection face à la Syrie en match d’ouverture du groupe B de la Coupe d’Asie des nations qui se déroule au Qatar. «Nous avons assisté à un mauvais match, tant sur le plan technique que tactique de notre équipe. Nous avons pris cette décision afin de corriger les choses avant les deux prochains matches», a indiqué le président de la fédération, le prince Soltan Ben Fahd. Nasser Al Johar a été désigné pour assurer la fonction de sélectionneur, il était le patron de la sélection avant l’arrivée de Peseiro en février 2009. Pour rappel, lors de la Coupe du monde 1998 organisée en France, la fédération d’Arabie saoudite avait limogé son coach brésilien (Pareira) juste après la lourde défaite contre la France (0-5). A. B.

CLUB AFRICAINEzetchiel nouvelle recrue

Le Tchadien Ezetchiel Ndouassel s’est engagé pour 4 ans avec le Club Africain

de Tunisie. C’est ce qu’a indiqué, hier, une source proche du club tunisois. L’ancien joueur de l’USM Blida a opté en faveur du Club Africain grâce au sponsor major de ce dernier. Le montant du contrat de 4 ans est de 1,4 million de dinars tunisiens, que le club tu-nisois s’est engagé à verser sur 4 ans. L’USM Blida, qui a toujours affirmé que l’intéressé était sous contrat avec le club de la Mitidja, ne devrait pas tarder à faire valoir ses droits dans cette affaire. A. N.

UNAFRéunion à DohaLa 47e réunion du comité exécutif de

l’Union arabe de football (UNAF) s’est tenue samedi et dimanche à Doha en marge de l’ouverture du tournoi de la Coupe d’Asie des nations qu’abrite le Qatar depuis ven-dredi. Réuni sous la présidence du prince sultan Ben Fahd, le comité exécutif a adopté le procès-verbal de la dernière réunion et a pris connaissance des rapports des différentes commissions (compétitions, finances, mar-keting, droits commercieux des compétitions organisées sous l’égide de l’UNAF, football féminin, Futsal... Les compétitions interclubs, gelées en 2010, devraient reprendre au cours de cette année, a annoncé une source proche de cet organe. K. G.

JS KABYLIE

Reprise le 17 janvier prochain

Suite à la décision de la LNFP et de la FAF d’ins-taurer la trêve hivernale

plus tôt que prévu, le staff tech-nique de la formation kabyle a décidé d’accorder une semaine de vacances à ses joueurs. Des vacances effectives depuis hier, le rendez-vous a été donné aux joueurs pour le 17 janvier, date de la reprise. Une reprise qui se fera dans un premier temps à Tizi Ouzou pour au moins une semaine, avant que l’équipe ne s’envole tel que prévu pour la Tunisie, plus pré-cisément à Hammam Bourguiba pour une nouvelle préparation

foncière. Il reste seulement à espérer que les troubles qui se-couent actuellement la Tunisie ne s’étalent pas jusqu’à cette date. Faute de quoi, les Kabyles seront tenus de choisir un autre site de rechange pour préparer cette reprise du championnat prévue pour le 10 février pro-chain. Ce qui n’est guère un souci pour eux lorsque l’on sait qu’initialement c’était le Centre de la Lyonnaise des eaux de Ca-sablanca (Maroc) qui était prévu avant que Rachid Belhout, le nouveau coach des Canaris, n’opte pour le site tunisien qu’il connaît bien pour y avoir effec-

tué des séjours avec l’ES Sétif et l’O Béja, son dernier club. Par ailleurs, sur le volet recru-tement, la JSK qui a connu le départ de trois joueurs cet hiver, à savoir Coulibaly, Azuka et Ha-miti, n’a toujours pas enregistré la moindre nouvelle recrue. A ce propos et suite à la décision de la direction de ne pas rete-nir le jeune attaquant togolais, pour les raisons que nous avons invoquées dans notre dernière livraison, on croit savoir que la direction de la JSK est ac-tuellement sur la piste d’autres joueurs africains de diverses nationalités dont elle détient des CV, notamment un Camerou-nais qui semble le plus intéressé les responsables de la formation kabyle qui devraient envoyer incessamment une invitation au concerné, pour qu’il puisse re-joindre Tizi Ouzou dans les tout prochains jours, en perspective des essais pour un éventuel re-crutement, d’autant plus que désormais il est plus qu’urgent pour la JSK de trouver un bon avant-centre en perspective des prochaines échéances.

M. R. / T. A. S.

Guendouz : un nouveau challenge au Liban

Mahmoud Guendouz vit et travaille au Li-ban depuis 3 mois. Alors qu’il partageait

sa vie entre Alger et Dubaï, où il s’était installé en famille, un club libanais (Nedjma) l’a solli-cité pour prendre la direction de l’équipe. L’an-cien défenseur du NAHD et de l’équipe natio-nale revient sur les conditions de son retour au Liban où il a déjà exercé les fonctions d’entraî-neur, avant de quitter le pays du Cèdre la veille du dernier conflit contre Israël. «En début de saison, les dirigeants de Nedjma m’ont sollicité pour prendre en main les destinées de l’équipe. Celle-ci sortait d’une saison très délicate. De nombreux joueurs titulaires sont allés voir ailleurs. L’objectif était de redresser la situation avec un nouvel effectif très rajeuni. Au terme de la phase aller, le club est classé 4e, à 5 points du leader. Je suis satisfait du travail accompli et du parcours réalisé à la tête de l’équipe», a-t-il déclaré. Les dirigeants qui l’ont fait venir n’ont pas regretté leur choix. Les responsables

de ce club, très populaire au Liban, aiment les techniciens algériens. Pour rappel, l’ancien sé-lectionneur Rachid Mekhloufi a fait un passage dans ce club. Mahmoud Guendouz ne regrette pas d’avoir posé ses valises au Liban, «c’est une expérience très enrichissante. Je travaille dans de bonnes conditions et un climat propice. Les dirigeants ne me mettent pas trop de pres-sion et j’ai la possibilité de mettre en pratique mes connaissances dans le domaine. Les jeunes avec qui je travaille me donnent entière satis-faction. Ils sont très réceptifs et disciplinés», souligne le coach. Malgré l’éloignement, il suit toujours l’évolution du football algérien. Ses analyses et commentaires sur les derniers événements qui ont marqué la vie de l’équipe nationale (CAN et Coupe du monde 2010), lui ont valu beaucoup d’inimitiés, «mais ce n’est pas pour autant que je ne dirai rien sur le sujet qui a bercé ma jeunesse et ma carrière», expli-que l’entraîneur de Nedjma. Y. O.

Deux ans de prison ferme pour Hamiti Poursuivi pour homicide involontaire, l’attaquant de la JS Kabylie, Farès Hamiti, auteur d’un accident de la circulation ayant entraîné mort d’homme, a été condamné hier par le tribunal correctionnel de Tizi Ouzou à une peine de prison de deux années ferme. Le joueur, qui était présent à la barre, a décidé de faire appel de ce jugement sous huitaine. Il est à rappeler que dans ce procès, dont le verdict a été mis en délibéré, le représentant du ministère public avait requis une peine d’une année ferme. M. R.

La JSK forcée de revoir son programme en raison d’une trêve avancée

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Depuis le 6 décembre dernier, une liste resserrée de trois noms a été dévoilée pour soulever le FIFA Bal-

lon d’or : Lionel Messi, Andres Iniesta et Xavi. Et parmi ces fi nalistes barcelonais se trouvait le nom du successeur de Lionel Messi. Ce sera tout simplement Messi qui succédera à lui-même. L’attaquant argentin du FC Barcelone, au palmarès très élo-gieux, est le premier joueur depuis le Mila-nais Marco van Basten (1988, 1989) à être sacré deux années de suite. «Je ne pensais pas le gagner aujourd’hui», a-t-il avoué.L’entraîneur du Real Madrid, le Portugais

José Mourinho, a été désigné meilleur entraîneur de l’année 2010 pour son tri-plé réussi aux commandes de l’Inter Mi-lan (Ligue des champions, Championnat, Coupe). La Brésilienne Marta a été désignée meilleure joueuse de l’année 2010 pour la cinquième fois d’affi lée. Pour la première fois de l’histoire, le Bal-lon d’or a été décerné, hier à Zurich, au siège de la FIFA. Pourquoi le siège de la Fédération internationale de football ? Par-ce que cette année, le Ballon d’or France Football a fusionné avec le titre de Meilleur

footballeur de l’année FIFA. Les deux ré-compenses avaient tendance à se faire un peu trop d’ombre mutuellement ces der-nières années alors que depuis 2005, les deux trophées ont été accordés à chaque fois au même joueur. Le Ballon d’or s’est donc transformé en FIFA Ballon d’or. Pour rappel, le Ballon d’or récompense depuis 1995 le meilleur footballeur évoluant dans un championnat européen, sans distinc-tion de nationalité. Avant cette date, il ne concernait que les joueurs européens sur le vieux continent. Pelé n’a donc jamais soulevé le trophée ! A. H.

TERGA (AÏN TÉMOUCHENT)

■ Hier, au niveau de la car-rière de sable de Terga (w. de Aïn Témouchent), deux personnes ont été tuées par la foudre. Il s’agit de deux jeunes âgés de 31 et 25 ans qui gagnent leur vie à rem-plir de sable les bennes de camion. Suite à une averse

impromptue, ils s’étaient mis à l’abri sous le véhicule qu’ils chargeaient. C’est à ce moment que la foudre a frappé. Leur troisième com-pagnon, lui aussi atteint, a été admis aux urgences mais ses jours ne sont pas en danger. M. Kali

Deux ouvriers tués par la foudre

GOURAYA (TIPASA)

■ Un dangereux terroriste, qui semait la terreur dans la partie ouest de la wilaya de Tipasa, a été abattu, en début de soirée de dimanche dernier, au niveau du douar Oued Sebt, par les éléments de l’ANP, lors d’une opération militaire. Un fusil kalachnikov a été récupéré par les forces de sécurité. Aynaoui Mouloud alias El Kourdi, âgé de 48

ans, a gravi rapidement les «échelons» pour devenir l’un des émirs de l’organisation terroriste créée en 1995, en l’occurrence Djamaâ houmate daâwa salafi a. Selon nos sources, il avait rejoint le maquis au début des années 1990. El Kourdi a été à l’origine de plusieurs actes criminels.

M’hamed H.

Un émir abattu par les forces de l’ANP

LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Mardi 11 janvier 2011El WatanDésaveu

Par Djaffar Tamani

Le black-out international autour des événements dramatiques en Tunisie, ayant fait une vingtaine de morts parmi les manifestants, selon des organisations des droits de l’homme, a fi ni par être levé hier après la

déclaration de la chef de la diplomatie de l’Union européenne qui a appelé à «la retenue dans le recours à la force et au respect des libertés fondamentales». Réagissant le même jour, sans toutefois pointer du doigt la question des droits de l’homme, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a plaidé en faveur du dialogue afi n de «surmonter les problèmes économiques et sociaux». Ces réactions sont intervenues trois jours après les «inquiétudes» exprimées par les Américains au sujet du respect des libertés individuelles en Tunisie, un pays dont l’ambassadeur avait été convoqué vendredi par Washington. La situation en Algérie, plongée dans un climat d’émeutes depuis une semaine, a été également évoquée dans des déclarations publiques en Europe et outre-Atlantique. Tardives, ces prises de position ont tout de même le mérite de montrer que la communauté internationale ne peut pas rester indifférente aux souffrances des populations qui se battent pour recouvrer des droits politiques élémentaires. Le sentiment d’être entendu et compris hors des frontières apporte, pour les protestataires, de vraies raisons d’espérer en un renouveau démocratique et en une rupture avec des systèmes politiques d’un autre âge. Loin d’être de simples émeutes de la faim, les soulèvements observés en Tunisie et en Algérie sont la résultante et l’expression violente d’une profonde désillusion populaire. Les façades démocratiques, les discours lénifi ants et mensongers sont en train de connaître une vraie faillite, sur fond de misère et d’injustice sociales criardes. Les deux pays voisins ont ceci de commun que l’alternance au pouvoir a été méthodiquement bannie des mœurs politiques locales. Ben Ali en est à son cinquième mandat présidentiel, tandis que Boutefl ika en est à sa troisième investiture, avec de vagues tentations dynastiques. L’énergie engagée depuis des années par ces deux régimes pour enrayer l’exercice des libertés individuelles et collectives était conçue pour les prémunir contre une alternative politique structurée à la suite des soulèvements de masse. Assumant pleinement leur caractère policier devant ces explosions sociales, les systèmes autocratiques en place ne craignent pas d’être déstabilisés. Ils parient sur l’essouffl ement après s’être longtemps investis dans l’éradication de toute vie politique libre. Ce qui n’entrait pas dans leurs calculs, c’est sans doute le désaveu international.

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COMMENTAIRE

POINT ZÉRO

Définitions urbaines Par Chawki Amari

Qu’est-ce qu’un jeune ? Techniquement, c’est une masse de chair tendre et ferme, nourrie aux frites-omelette (à l’huile) et au gaz de ville, qui aime la mayonnaise et le café (trop

sucré), d’où l’impasse biologique et alimentaire actuelle. Mais un jeune est surtout un complexe chimique d’hormones pleines de désir et de force brute, de pouvoir et de vouloir infi ni et, comme un téléphone portable, traversé par de nombreuses ondes. Un jeune est jeune et, de fait, a de l’avenir en ce sens qu’il n’est pas casé et a de longues années devant lui avant de se résigner. En gros, un jeune est tout le contraire d’un vieux mou, hormones en baisse et pavillon en berne, empreint d’une fausse sagesse due surtout à un besoin craintif de sécurité. Daho Ould Kablia, qui avait jusque-là réussi à faire oublier son prédécesseur Zerhouni, ses bourdes légendaires et son mépris ap-proximatif, vient d’entrer dans le syndrome du dirigeant soviétique.

Pour lui, commis de l’Etat de plus de 70 ans, «ils ne sont intéressés que par le vol et la rapine». De qui parle-t-il ? De ministres, de hauts responsables de Sonatrach, de walis ou de corrompus bien abrités dans les structures de l’Etat ? Non, il parlait des jeunes Algériens qui «aiment toutes choses qu’ils ne sont pas en mesure d’acquérir autrement que par le vol, par la contrebande, le trafi c de drogue. Leur univers, c’est la rue de leur quartier». Tout comme Daho Ould Kablia, lui aussi reclus dans la rue de son quartier, mais barricadé derrière des sens interdits et des barrages. A ce niveau navrant du débat autour d’une émeute qui devrait interpeller tout le monde, ne reste qu’à rappeler au ministre une équation vieille comme le monde : si un gouvernement est désespé-rant, on se révolte pour le changer. Mais si c’est le peuple et sa jeunesse qui sont désespérants, il faut changer de pays et aller régner ailleurs. Il n’y a pas de peuple de rechange.

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ALGER ORAN CONSTANTINE OUARGLA6°18°

7°18°

1°12°

5°19°

IL A DÉCROCHÉ LE FIFA BALLON D’OR 2010

Le but surprise de Messi

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