(1922) histoire du costume antique d'apre des estudes sur le modele viviant

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    HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUE

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    Tous droits rservsCopyright by Edouard Champion, Noveriibcr l

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    LON HEUZEYDrapant le modle.

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    H

    LEON HEUZEYMKMUHK ik- LINSlIiriHHOKKSSEL'R A I. KCOI.K NATIONAL!: DES UIAIXAKIS

    HISTOIRI "1i>iCOSTUME ANTIQUE

    D AI'KKS DKS

    ETUDES SLR LE MODELE \ I\ AMA \' K C UNE PU K ! A C K I' A KEDMOND POTTIER

    142 Figures et S Planches hors texte dont 5 en couleurs

    'Wr^W 54QC24PARIS

    LIBRAIRIE ANTIENNE HONORE CHAMPIONEDOUARD CHAMPION5, QUAI MALAylAIS

    1922

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    PRFACE

    Y TOI CI un livre attendit depuis longtemps et donty Vapparition sera salue avec une joie mlancolique,car celui qui l'a crit n'est plus l pour en voir laralisation dfinitive. Il l'a achev seul, cependant ;arriv presque la limite extrme de la vieillesse, il arassembl ses dernires forces pour y mettre le point final et puis il est parti, content d'avoir termin sa tche,laissant sa famille et ses amis le soin de laprsenter au public.

    C'est le livre d'un archologue, d'un artiste et d'un pro-fesseur. Professeur, M. Heuzey l'tait dans l'me, bienqu'il en doutt quelquefois, par l'effet d'une timidit natu-relle qui tenait sa grande modestie. Il sjourna peu detemps dans l'enseignement secondaire, Lyon, entre sonretour d'Athnes et sa mission de Macdoine (i8^j 1860).Plus tard, l'cole du Louvre (1883-1886) , il inaugurales cours d'archologie orientale. Mais l'Ecole des Beaux-Arts, il cra un enseignement nouveau, qui ne se donnaitnulle part ailleurs; pendant plus de vingt ans (1862-1884)il en assuma tout le poids et, quand il prit un supplant, cefut e?i se rservant la partie technique et dmonstrative ducours ces leons de costume imagines par lui. accueilliesavec enthousiasme et qu'il continua jusqu'au jour de sa

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    retraite (njio). On peut dire que pendant quarante-huitans, Lon Henzey n'a pas cess d'enseigner l'art antiqueet l'histoire de l'art aux nombreuses gnrations d'lves,qui se succdaient rue Bonaparte.La conception et le plan de cette ducation n'appar-

    tiennent qu' lui seul. Avec son esprit pntrant et fin, ilavait compris qu'au public spcial de l'Ecole, ardent s'mouvoir, avide de s'instruire, mais ignorant de beau-coup de choses et peu apte accepter la svrit de l'ru-dition, il fallait prsenter l'histoire sous un aspect qui luift appropri. Il divisa l'ensemble de l'antiquit en troisgrandes catgories : Orient-Grce-Rome. En trois annes,le cycle complet tait rvolu. Dans chaque priode, l'histoiretait continuellement soutenue par l'tude des monumentset des uvres d'art : c'tait en quelque sorte l'enseignementpar l'image. Et ces images, le matre les demanda auxauditeurs mmes de son cours. Toutes les planches quiillustrent les leons sont l'uvre des lves. L'Ecole possdeaujourd'hui des cartons pleins qui comprennent des cen-taines de dessins ou d'aquarelles, exciits par les jeunesartistes pendant un demi-sicle : collaboration intime etaffectueuse qui cre ingnieusement un lien troit entrele matre et ses disciples.Apprendre l'histoire des artistes, c'est avant tout leurenseigner la vie antique; c'est ressusciter les peuplesanciens, montrer qu'aujourd'hui encore ils ne sont pasmorts, mais survivent en nous : langues, institutions poli-tiques, arme et guerre, croyances et superstitions, monu-ments d'architecture notre civilisation moderne leur atout emprunt. La mission de Varchologue ne consiste passeulement rechercher les liens qui rattachent notre socitaux gnrations vanouies; il doit encore voquer ces gnra-tions mmes, en recrer l'individu et le faire vivre sous nos

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    XIyeux. C'est le moyen d'enseignemenf le pins frappant, leplus pittoresque. Or, bien des restitutions de ce genre ont ttentes au thtre; il s'agissait de dmontrer de faonclaire combien ces essais de couleur locale sont inexactset peu artistiques, combien la vraie beaut antique en estabsente. De l les leons de costume, qui fuirent l'lmentle plus fcond et le plus clatant du cours profess parM. Heuzey. On y vit bientt accourir tout ce que Pariscompte d'artistes et de gens de thtre rputs : Chaplain etChapu venaient s'y asseoir cte cte et dessiner commedes coliers; Mounet-Sully et il/'^e Bartet venaient ymditer dipe Roi et Antigone. Certaines sances de cos-tume grec furent vraiment triomphales. C'tait un enchan-tement de voir la main fine et dlie du matre soupeser lestoffes, les manier avec une adresse dlicate : un pan rejetsur une paule, une ceinture noue d'un geste prompt, unpli ramen, cart, rajust et l, quelques dtails modi-fis du bout du doigt, comme ces dernires touches que lepeintre pose d'un coup de pinceau, et soudain la figureantique se dressait vivante guerrier la courte chlamyde,vierge dorienne sobrement drape, Tanagrenne serredans .son manteau, Ionienne dont la tunique souple ondulecomme de petits flots. Les spectateurs ravis ne se doutaientpas des nombreuses tudes, des rptitions longues etlaborieuses qui avaient prcd les poses. Averti par lesuccs qu'il avait touch le point sensible, M. Heuzey mid-tipliait les recherches pour perfectionner chaque anne sonoutillage. Au cours de ses voyages, de ses promenades dansParis, de ses visites aux Expositions, il guettait les occa-sions, faisait la chasse aux toffes rares et quelle joiequand il avait mis la main sur quelque beau tissu d'Orient,sur quelque manteau de chef Abyssin, fabriqu et galonnpar les femmes indignes comme aux temps homriques.

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    XIICes trouvailles l'excitaient encore. Peu peu il constituaun matriel important, unique au monde, oii il pouvaitpuiser pour les ajustements les plus varis : le pharaongyptien, le ptre de Chalde, le monarque assyrien, l'ora-teur grec, l'phbe, la bourgeoise athnienne, le snateurromain, l'empereur dfilaient tour tour sur la table modle, dans l'hmicycle des Beaux-Arts, ayant pour toilede fond le tableau d'Ingres, Romulus vainqueur d'Acron,et domins par la grande fresque de Paul Delaroche.

    L'essentiel de ces dmonstrations esthtiques tient en peu,de mots. Le costume antique est stable, il garde traversles ges un caractre traditionnel. Sans doute il comportedes modes et elles varient d'un sicle l'autre. Mais ce quireste permanent, ce sont les deux principes que M. Heuzeya si bien exposs dans son mmoire sur la Draperieantique. D'abord le costume n'a pas de forme par lui-mme, tunique oti manteau, khiton ou himation, c'esttoujours une pice d'toffe rectangulaire tisse sur le mtierdans des dimensions variables, d'aprs sa destination oud'aprs la taille de la personne qui doit le porter. Il n'y amme pas de diffrence entre les sexes : le mme manteausert draper le modle homme et le modle femme. De ldcoide le second principe : cette toffe n'est jamais coupeni taille; chaque portion est destine couvrir une partiedtermine du corps. Le vtement devient un organismevivant et varie l'infini suivant les formes qu'il accuse ouqu'il dissimule. Ce n'est plus, comme dans les tempsmodernes, un esclave qu'on manipule de force et qu'onmartyrise souvent : c'est un tre libre et familier quiaccompagne, avec aisance et fiert, la beaut d' un corpslibre lui-mme.La logique et le bon sens prsidaient ces conceptions.

    Pourtant elles taient nouvelles. Depuis ce temps, beau-

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    xnicoup d'articles et de dissertations sur le costume antiqueont paru en tous pays. Mais Lon Heuzey a t l'initiateuret, sans doute, beaucoup d'archologues rptaient, sans ensavoir exactement l'origine, les ides manes de son courset rpandues par ceux qui l'avaient entendu. Ses amis etses lves s'en inquitaient; ils pensaient qu'on faisaittort l'originalit du matre en laissant d'autres le soinde divulguer ses propres ides. Ils le pressaient d'crireune Histoire du Costume antique qui remettrait les chosesau point et exposerait clairement ses thories. M. Heuzey,occup de besognes si lourdes et si diverses, ne cdait querarement ces instances et c'est en quelque sorte partragments qu'on obtint de lui des chapitres dtachs del'ouvrage d'ensemble. En octobre i8g2, il lut la sanceannuelle de l'Institut son tude sur le Principe de laDraperie antique qui tablissait la base de sa conceptionet qui forme ici comme /'Introduction du livre. En i8gy,lorsque son ami Jules Comte fonda la Kevue de l'Artancien et moderne, // fut sollicit de payer son tribut lanouvelle publication et crivit pour elle les trois articles surla Toge romaine que l'on trouvera aussi insrs dans cevolume. Le dbut et la fin de /'Histoire du Costume taientrdigs. Mais c'est seulement la fin de sa carrire, quandl'ge de la retraite lui donna des loisirs, que le matre putreprendre l'uvre ainsi amorce. Quelque temps avant laguerre, aprs avoir achev son grand ouvrage sur lesDcouvertes en Chalde, il revint la Grce et se remitavec ardeur compulser les textes anciens, si complexes, sidifficiles interprter, sur les mots dsignant les partiesdu vtement antique.Puis ce fut la redoutable preuve oit M. Heuzey, malgrun deuil douloureux qui l'atteignait dans une trs intimeaffection, montra une force d'me, un patriotisme couru-

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    \1\'geux et tranquille, tel qu'un pouvait l'attendre d'une me sihaut place. Mais il n'avait plus le cur au travail archo-logique. Il repassait ses notes de voyage, il envoyait augnral commandant l'expdition de Salonique des planset des croquis sur la rgion du Vardar qu'il connaissaitbien, l'ayant parcourue dans sa jeunesse. La guerrel'absorbait tout entier. Enfin, avec la paix revenue, ilavait pu reprendre sa tche. Nous nous demandions s'iln'tait pas trop lard. La vieillesse trs avance tait venue^A qtiaire-vingt-huit ans, quels espoirs se permettre ? Maisl'intelligence restait si lucide, si frache qu'elle foraitl'admiration de tous. Et pendant deux annes encore,M. Heuzey^ dans la chambre o, il demeurait clotr, gardet protg de tout pril par la plus admirable vigilance,resta courb siir sa petite table, noircissant les feuilles depapier, scrutant avec ses yeux devenus mauvais ses car-tons de dessins et de calques, se renseignant auprs de tousses anciens lves pour les documents revoir, s'acharnantde toute sa volont inflexible et tenace.La rdaction de ce livre fut le dernier effort, mais aussi la

    dernire joie de notre matre. Quand il sut que M. EdouardChampion, avec la collaboration zle de M. Nicole, ancienmembre de l'Ecole d'Athnes, se chargeait d'diter l'ouvrageet de raliser ce rve suprme de sa vie scientifique, nousemes tous la sensation d'une sorte de regain d'activitphysique dans son corps dj maci par la vieillesse.Il avait encore eu la force, aux environs de sa quatre-vingtime anne, de faire l'Ecole des Beaux-Arts de lon-gues et fatigantes sances, en compagnie de son ami leDocteur Richer, qui lui avait prt so)i atelier et fourni desmodles pour prendre de nouveaux clichs et recommencerdes poses dont il n'tait pas satisfait ; il >i'a pas manqude l'en remercier au cours des pages que l'o)i va lire.

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    XVSon matriel tait donc ait complet et l'uvre est ne. Laveille du jour o il devait s'teindre, il corrigeait encoreles preuves de son livre et de son criture nette et ferme,qu'il a garde jusqu' la fin, il annotait les placards.Qui ne s'inclinerait respectueusement devant une si ad-mirable vie o la volont tint tant de place? Il \ a peu detemps, M. Heuzey disait un de ses proches : Je voudraispouvoir lier ma gerbe. Un heureux destin le lui a permis :la dernire gerbe est lie. Elle vient s'ajouter tant d'autresque nous pouvons dire avec le pote :

    lUius immensae ruperunt horrea messes.(l'irgile, Gorg., 7, 4g.)

    Edmond Pottier.Sous devons des remerciements tout particuliers l' Institut de France,

    aux Directeurs de Revues et diteurs qui, pour rendre hommage avec nousau matre disparu, nous ont autoriss faire usage de leurs clichs et enrichir ce volume de planches hors texte : M. Dsarrois, Directeur de laRevue de l'Art ancien et moderne, la Maison Hachette, te Directeur desditions Leroux (planches des yionuments Piot, appartenant VAcadmiedes I nscriptionsj

    ^jjiv.-

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    INTRODUCTION

    DU PRINCIPEDE LA

    DRAPERIE ANTIQUE

    Dans la langue spciale des artistes, on appelle dra-perie toute toffe ou toute partie d'toffe dont la sou-plesse naturelle et le libre mouvement produisent unensemble de plis. Les tissus que l'homme fabrique pourson usage n'ont pas seulement une beaut pittoresque,tenant la qualit du travail et comme au grain de lamatire, aux couleurs et aux ornements qui la dcorent:ils possdent aussi une facult plastique, un model qui,par la varit des reliefs, par le jeu de la lumire et del'ombre, leur communique une sorte de vie.

    Bien que les draperies s'associent le plus souvent la forme humaine, elles peuvent aussi en tre indpen-dantes, par exemple lorsqu'elles servent couvrir desmeubles, revtir des murailles ou remplir les videsde la construction, en manire de tentures : elles ne

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 3que commence, pour les artistes, l'histoire de la dra-perie.

    Pour faire ici le rsum de cette histoire et pour dve-lopper les observations esthtiques qui s'en dgagent,ce n'est pas aux ouvrages composs jusqu' ce jour surla matire que nous nous adresserons de prfrence.Les remarques qui vont suivre s'appuient presque exclu-sivement sur une pratique personnelle, sur une sried'expriences faites avec le modle vivant et renouveleschaque anne dans notre cours d'archologie l'colenationale des Beaux-Arts^.

    ORIGINES DE LA DRAPERIELe pagne ou shenti, charpe de lin troite et longue,

    que les gyptiens ceignaient autour de leurs reins etde leurs cuisses, tait dj une draperie. Du mme genretait la ceinture ou zoma, que les Grecs homriquesportaient la guerre ou dans les luttes, avant que lanudit complte n'et t admise dans la palestre etdans le stade. On connat l'histoire de cet Orsippos deMgare qui, dans une course oh'mpique, sentant saceinture lui glisser entre les jambes, la jeta loin de lui,et, arriv au but le premier, fut proclam vainqueur.

    ' Depuis 1862, le cours d'histoire et d'antiquits profess l'coledes Beaux-Arts se termine par des sances pratiques, o le modle estdrap sous les yeux des lves. Le costume gT,-ptien et assyrien, le costumegrec, le costume romain y sont tudis successivement, dans chaquepriode de trois annes.

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    4 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUECe fut le point de dpart de ce que l'on a nomm lanudit gymnastique, qui a exerc sur l'art grec une pro-fonde influence. Il faut encore voir trs probablementune draperie analogue dans le campestre, employ parles jeunes Romains pour s'exercer au Champ de Mars.Cependant la draperie par excellence, celle qui cons-

    titue surtout le costume antique, qui en est l'origineet le principal lment, c'est le manteau carr, le grandrectangle d'toffe de laine, tiss ordinairement d'uneseule pice et assez ample pour qu'un homme au besoins'en enveloppt tout entier. Ce chle, pour le dsignerpar le mot moderne qui peut le mieux nous en donnerl'ide, tait appel par les grecs himation, c'est--direvtement, ce qui prouve bien qu'ils le considraientcomme la pice vraiment originelle et nationale de leurcostume. Il n'en est pas tout fait de mme pour latunique cousue ou khitn, bien qu'elle soit aussi d'unusage courant l'poque homrique. Le mot, qui setrouve dj chez les Hbreux, est d'origine smitiqueet phnicienne ; il dsigne un vtement de lin , videm-ment import par le commerce oriental. Le chle delaine, tiss par les femmes de la maison, avec la toisondes troupeaux de la montagne, remonte, au contraire,aux origines mmes de la race hellnique.

    Il faut bien admettre que l'humanit primitive,surtout dans les rgions mridionales, tait incompara-blement plus endurcie que nous ne le sommes supporterles variations de la temprature et qu'elle s'accommodalongtemps de l'tat de nudit partielle impos par l'em-ploi d'un lment aussi simple. Toute l'ducation gym-nastique et militaire des anciens tendait conserverau corps cette facult de rsistance, comme une traditionde la virilit premire, qu'il appartenait aux races sup-

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    DU PRINXIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 5Heures d'entretenir avec un soin jaloux. Si la tunique,ds les temps homriques, fait communment partiedu costume des chefs, on verra encore, l'poque duplein dveloppement de la Grce, les hommes du peupleet tous ceux qui faisaient profession de vie simple, secontenter, l'occasion, du seul himation.La demi-nudit que produisait accidentellement la

    mobilit mme de cette draperie se montrait toutpropos dans la vie extrieure, telle que nous la voyonssur les peintures et les sculptures antiques, sans quel'on y trouvt rien que de tout naturel. Esclaves, ouvrierspavsans, matelots, devaient donner sans cesse le spec-tacle des paules et des torses dcouverts, des bras etdes jambes brls par le hle ou par le froid, et recevantdu contact habituel avec l'air ambiant comme unepatine, dont nos peintres de sujets antiques ne tiennentpas toujours assez de compte. L'art, usant de son droitsouverain, a profit sans doute de ces habitudes pouren multiplier les exemples et les applications; il leura fait plus de place qu'elles n'en tenaient dans la ralit;mais cette libert l'gard du nu ne reposait pas moinssur les usages mmes de la vie antique.La forme simple et libre du manteau avait au moins

    cet avantage pratique de se prter une grande varitd'ajustements, qui permettaient l'homme de s'enve-lopper entirement ou de se dvtir plus ou moins, selonles circonstances. Avec de trs lgres diffrences, tousles peuples de l'antiquit ont connu cette pice initialedu costume, qui est, comme nous le disions, la draperiepar excellence, et qui survit encore de nos jours dansla shoudda des Hindous, dans la chenima des thiopiens,dans le haq des Arabes, dans le plaid des cossais, dansla manta des paysans espagnols et dans nos diverses

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    HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEsortes de chles. Aussi devons-nous lui faire une place part dans cette tude.

    Les inapprciables statues qui ont t dcouvertesen Chalde par M. de Sarzec (Fig. i) nous montrent,plus de deux mille ans avant notre re, les anciennespopulations de l'Asie composant tout leur vtementd'un chle de ce genre. Il ne se distingue de l'himation

    grec que par les courtes fran-ges des deux petits cts etpar une mode d'ajustement unpeu diffrente. La pice d'-toffe, tant plus longue, pou-vait tre ramene sous le brasdroit rest nu, et l un desangles tait repass dans le bordsuprieur, form par le premiertour du manteau. Grce ceprocd, aussi simple qu'ing-nieux, tout le costume devenaitfixe et tenait au corps commes'il et t agraf. Ce chle chal-den mrite d'tre signal l'at-tention des artistes, parce qu'ilfournit un ajustement authen-tique pour les scnes tradition-

    nelles de l'poque patriarcale. La famille d'Abrahamn'tait-elle pas originaire de la ville d'Our en Chalde?On remarque sur la nature que cette draperie asiatiquedonne des plis abondants et d'un bel effet (Fig. 2) : lastatue, au contraire, conserve des surfaces lisses etrigides. C'est que l'ancien sculpteur, n'osant pas encoreentamer profondment la pierre dure de diorite, s'estcontent d'envelopper le corps dans une gaine : il y

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 7trace seulement les courbes accidentelles formes parles bords de l'toffe et les combine de son mieux avecles lignes fixes qui en dessinent les angles. Impressionnpourtant par le jeu des plis, il n'a pas cru pouvoir sedispenser de les rappe-ler, au moins par quel-ques sillons timidementcreuss, comme on levoit sur les bras et sur-tout vers le pectoraldroit, au point o l'ex-trmit du vtementvient se rassembler. Or,ce sentiment encore sitimide du relief formpar les plis est une har-diesse de la vieille colechaldenne, un premieressai instinctif et isol,de rendre la draperie. Ilfaut le noter avec soindans l'tude qui nousoccupe ; car la sculptureasiatique renoncera en-suite pour de longs si-cles toute indicationde ce genre, et nous devrons attendre les premiersprogrs de la plastique grecque avant de voir la tenta-tive se renouveler.

    Le vtement de dessus des rois d'Assyrie n'est aussiqu'un chle franges, souvent mme drap avec plusde libert que le chle chalden et rejet simplementsur l'paule gauche, presque la faon du manteau

    Fig. 2.

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    8 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEgrec (Fig. 3). C'est l un fait que l'examen attentif desbas-reliefs de Nimroud suffit pour dmontrer. Seulementle sculpteur, tout occup maintenant rendre en dtail

    I'"ig- 3-

    le riche dcor des tissus orientaux et le luxe des passe-menteries, supprime et sous-entend de parti pris toutl'effet plastique du costume. Il se contente d'indiquer

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    DU PRINXIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUEle mouvement gnral de la draperie, par le dessin descourbes extrieures, dans lesquelles il faut bien se garderde voir une coupe particulire donne la pice d'toffe.Sur le modle, lemme ajustementproduit, au contrai-re, des plis abon-dants, d'un aspectsuperbe, et l'artistemoderne qui repr-sente des sujets as-syriens ne doit passe priver de cetteressource.Quand les gyp-

    tiens, sous leur cli-mat torride, portentle manteau, c'est leplus souvent unepice d'toffe lg-re, comme le haqdes Arabes. Pour nepas en tre embar-rasss, ils l'enrou-lent en ceinture eten jupon court, au-tour de leur taille ;ils en font un dou-ble plus toff de lashenti. Cependantles rois de l'poque des Rhamss se montrent parfoisenvelopps d'une draperie merveilleusement transpa-rente et fine, faisant jusqu' trois tours, le premier

    Fig. 4.

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    10 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEla taille, le deuxime sous les bras et le dernier surles paules, et dispose de telle sorte que les deuxangles opposs se rejoignant sur la poitrine, tiennent

    ]j)

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE IIdeur de l'toffe frachement lave et plisse; on n'ydevine le contour humain que par transparence et parle plus ou moins de vivacit du ton de chair, selon queles tours du tissu diaphane se doublent ou se triplent,amortissant progressivementl'clat des bijoux et des cein-tures multicolores, qui brillentdans la blancheur des mousse-lines. Les artistes gyptiens neparaissent pas se douter que lecorps imprime lui-mme auvtement le mouvement et laforme. Pourtant telle est lamultiplicit des plis produitspar cet ajustement, qu'il a bienfallu en rendre l'aspect par desfaisceaux de sillons tracs pres-que paralllement. C'est encorel un essai primitif de draperie.

    Les anciennes coles n'avan-cent que lentement dans cettevoie et avec une extrme timi-dit. Nulle part la transitionne se marque mieux que dansla sculpture chypriote, d'abordtout orientale, puis subissantpeu peu l'influence d'un artnouveau. D'abord le manteau, jet en rond la ma-nire assyrienne, est tout plat (Fig. 5) ; puis les striesparallles y apparaissent (Fig. 6) et se dveloppent deplus en plus en plis simples et symtriques, mesureque le vtement prend davantage l'aspect du manteaugrec, drap en carr par un de ses angles (Fig. 7).

    Fis

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    12 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUELes statues de l'le de Chypre, malgr la gaucherieet la rudesse de l'excution, nous font assister l'clo-

    sion de la draperie dans l'art antique.Cependant c'est surtout avec les Grecs que la draperie

    se dveloppe et prend en quelque sorte conscience d'elle-mme. Entre leurs mains, elle devient de bonne heureun art, qui, aprs avoir prexist dans la vie relle, passeensuite de la ralit vivante dans les reprsentationsde la sculpture et de la peinture. Les Grecs sont lespremiers voir clairement et comprendre qu'il y a,dans les plis mmes de l'toffe, une dcoration plastique,suprieure tout le luxe des franges et des ornements,une ordonnance mobile et anime, d'autant plus faitepour s'associer la forme humaine qu'elle en tire sesprincipaux effets.

    II

    CONVENTIONS ARCHAQUESIl s'en faut nanmoins de beaucoup que les artistes

    de la Grce soient arrivs de primesaut rendre cettechose essentiellement complexe et changeante qui s'ap-pelle la draperie. Deux sicles au moins de ttonnementset d'efforts leur furent ncessaires pour reproduire avecvrit les vi\-ants modles qui posaient toute heuredevant leurs yeux et qui avaient t crs longtemps l'avance par le got d'un peuple sensible tous lesaspects de la beaut. La parfaite harmonie du vtementet des formes qu'il recouvre fut pour eux, on peut ledire, une des dernires conqutes de l'art touchant la perfection et devenu matre de tous ses moyens.

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 13Rien n'est instructif comme de voir les vieux matres

    de la priode archaque parcourir successivement les

    Fig. 8. Fig. 9.

    mcmes tapes que leurs devanciers de la Chalde, del'Egypte, de l'Assyrie et rsoudre, force de patienceet d'obstination, les difficults techniques o ceux-cis'taient buts. Dans les uvres grecques primitives.

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    14 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEle costume est trait aussi comme une gane, commeune chape rigide, moulant tout d'un bloc les contoursles plus sommaires du corps humain. C'est peine siune ligne trs simple y dessine les angles et les bordsvisibles de l'toffe et en suit le mouvement. Sous ce

    rapport certaines figures assises,par exemple les plus anciennesde celles qui bordaient la VoieSacre conduisant au templed'Apollon Didymen, prs deMilet, sont plutt en retard surles statues chaldennes dontnous avons parl, bien que cellesde la Chalde soient infinimentplus antiques.

    Les figures debout, surtoutles figures de femmes, permet-tent encore mieux de suivreces premiers essais de draperie.Observons par exemple troistypes gradus, parmi les cu-rieuses statues peintes dcou-vertes dans les fouilles rcentesde l'Acropole d'Athnes.Voici une premire figure,taille en gane cylindrique;

    on dirait une colonne (Fig. 8) ' . Dans la seconde,les plis commencent s'accuser par des stries parallles,vritables cannelures, que nous verrons se multiplieret se creuser de plus en plus (Fig. 9). Puis les artistesobservent que les parties libres et les bords flottants

    Fig.

    ' Dessine d'aprs une photographie de M. Jamot.

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE I5de l'toffe contribuent la richesse et la beaut ducostume, en formant naturellement des sries d'ondu-lations qui s'tagent avec une certaine rgularit. Em-presss saisir cet lment de symtrie, au milieu detant de dtails fugitifs et insaisissables, ils les ramnent un trac tout gomtrique et architectural, unesuperposition de triangles alternants, que le matre,arm de la rgle, dmontrera facilement l'lve ouau praticien. Car le penchant des primitifs est de rgu-lariser tout prix ce qui est irrgulier. De l, ces bordsgondols, ces chutes de draperies en zigzag, que l'ar-chasme rafhn exagre plaisir et rpte souvent mmehors de tout propos, remplaant la varit par des varia-tions sans fin sur un motif trs simple et toujours lemme. Notre troisime figure, par l'lgance trangeet savamment combine de son ajustement, peut donnerune ide de ces subtUits de l'archasme finissant (Fig. lo)On a voulu parfois prendre la lettre les conventionsde la draperie archaque. Il est mme arriv que desartistes modernes les ont transportes dans leurs com-positions comme des formes relles et caractristiquesde l'ancien costume grec. D'aprs une thorie aussiingnieuse que peu justifie, l'aspect triqu, raide etsans plis que prsente le vtement dans les figures dela premire poque tiendrait la raideur des toffesprimitives et orientales. La mme rigidit expliqueraitaussi, l'poque suivante, l'usage des plisss artificiels,qui trahiraient l'emploi du fer chaud ou de quelqueprparation produisant l'adhrence de l'toffe. C'estl une erreur contre laquelle on ne saurait trop se mettreen garde, une mconnaissance grave de la psychologieparticulire qui prside au travail des vieux matres.La raideur n'est point alors dans les toffes; elle est

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    l6 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEclans la main mme des artistes, et la complexit syst-matique de certains ajustements est un jeu o se com-plat l'enfance de l'art. Pour rtablir les mmes ajuste-ments sur la nature, loin de chercher des moyens artifi-ciels et des coupes invraisemblables, il suffit de fairela part de l'affectation : on voit alors ces combinaisonsde l'archasme, sauf quelques lgres diffrences dedisposition et de got, se rsoudre en des formes tout fait analogues celles des draperies les plus vivanteset les plus libres (voir pi. i, hors texte).On fait injure l'habilet tant vante des tisserandsgyptiens ou asiatiques en croyant qu'ils ne savaientpas fabriquer des toffes assez fines pour ajouter larichesse des plis l'clat des ornements et des couleurs.Chez les Grecs, ds le temps d'Homre, le pote ne nousmontre-t-il pas, en maints endroits, l'ampleur des vte-ments replis en double, les chutes du pplos tranantjusque sur le sol et les longues tuniques qui se tordentd'elles-mmes par l'lasticit du tissu ou par la mul-tiphcit des plis ? Il faut citer surtoi.t les vers ' ole costume du divin Ulysse est curieusement dessin,comme par un vritable artiste :

    Il portait une chlaine de pourpre d'un tissu laineux,Plie en double, et l'agrafe tait fabrique en orJe remarquai aussi autour de sa chair sa tunique clatante.Pareille la pelure d'un oignon dessch,Tant elle tait dlicate; elle brillait comme le soleil.Et les femmes en grand nombre la regardaient.

    Quant la prparation artificielle des plis, il n'y ena d'exemple que pour les tuniques de lin appeles io-niennes. Les toffes de lin, cause de la finesse et de

    ' Homre, Odysse, XIX, v. 225 et suiv.

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    ' '-.>

    STATUE FEA\ININEV'j?^ OR POIX

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 7la lgret mme du tissu,ne drapent pas facilementet restent inertes sur le corps.Aussi, pour leur donner lerelief et la plasticit quitaient aux yeux des anciensle principal ornement du cos-tume, les Grecs, l'imitationdes Ioniens et sans douteaussi des Egyptiens, des Ly-diens et d'autres peuples del'Asie, avaient-ils l'habitudede les briser d'avance en milleplis, d'aprs le mme principequi leur faisait canneler left des colonnes'. Mais l'op-ration tait beaucoup plussimple que celle qui consisteaujourd'hui empeser, re-passer les mmes toffes ou les froncer par des points decouture. Il suffisait de pro-duire les plis la main, ainsique cela se fait encore dansquelques campagnes pourcertains vtements ecclsias-tiques, comme les aubes, lessurplis, qui ont conserv latradition des antiques tuni- Fig. II.

    ' Voir plus haut la Fig. 7 Cf. le costume de femme (Fig. 9), o l'onobserve une tunique, dont la partie suprieure, replie en bourrelet surla ceinture, est seule plisse par le procd que nous indiquons: mais ellene forme pas pour cela un petit vtement spar.

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    i8 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEques de lin. Puis on tenait pendant quelques heuresl'toffe tordue et lie aux extrmits, suivant une in-dication jusqu'ici peu comprise du grammairien JuliusPoUux'. Par ce procd, bien des fois exprimentpar nous l'Ecole des Beaux-Arts, on obtient un pliss

    trs vivant, qui s'harmonise merveille avec le jeu natureldes draperies et qui reproduitl'aspect des tuniques de lindans les belles statues grecques.

    Entre les ajustements archa-ques et ceux de la belle poque,o le vtement drap s'harmo-nise de tout point avec les for-mes et les mouvements ducorps, quelques sculptures nousmontrent des hsitations cu-rieuses tudier, des essaistimides ou maladroits pourrendre certains effets de plis,en dehors des rgles fixes quiseront adoptes plus tard. On atrouv, particulirement enThessalie, tout une suite destles funraires o ce style deFig. i;

    transition s'observe dans les draperies^' PoUux, Onomaslicuni, VII. 54 : On appelle slolidesles plisss que

    l'on produit artificiellement sous la pression d'un lien, aux extrmitsdes tuniciues, particulirement des tuniques de lin.

    " Fig. II et 12. Plusieurs de ces stles ont t publies par M. Fou-gres dans le Bulletiu de Correspond, hellti. 1888; cf. p. 179, pi. vi.Notre Fig. 2 (cf. Ath. Mitth.. 1887, p. 78) est reproduite d'aprs unephotographie qu'il a bien voulu me communiquer. On y remarque des

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    20 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUErectangle d'toffe pris sur le mtier, les Grecs en ddui-sent les consquences avec autant de sentiment sculp-tural que de sens pratique, et ils en font sortir uneincroyable varit de combinaisons. 11 leur sufftt demodifier la dimension ou les proportions de cette picerectangulaire, de la plier ou de la doubler sur elle-mme,d'y adapter avec un art ingnieux des ceintures ou desagrafes, rendant plus fixes les points d'attache ou desuspension, pour produire des ajustements qui rpondent toutes les exigences de la vie et du got, se modifientselon les conditions, se prtent l'activit des hommes,comme aux dlicatesses de l'existence fminine.A ct de Vhimation, du chle librement drap autourdu corps, la chlaine ou manteau des guerriers ne prsentede diffrence essentielle que l'emploi de la fibule quila maintient ordinairement sur l'paule. La chlamyden'est qu'une chlaine plus courte, faite d'un rectangled'toffe plus troit, convenant aux cavaliers et auxtroupes lgres (Fig. ii). Ensuite se place l'usage desdeux agrafes, une pour chaque paule; et l'on obtientainsi, particulirement pour les femmes, une nouvellesrie de costumes qui couvrent le corps trs chastementtout en dgageant avec une grce infinie les attaches desbras et du cou : c'est le pflos, dont les variantes sedistinguent par un grand nombre d'appellations quela mode multipliait plaisir.A la double attache sur les paules, quand vients'ajouter un lien autour de la taille, c'est--dire la cein-ture, la mme disposition rectangulaire conduit desajustements trs voisins de la tunique grecque ou khiton.Dj, dans le pplos, l'un des cts tant primitivementouvert, l'usage tendit l'assujettir par une ceinture,puis mme le fermer de plus en plus, en rapprochant.

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 21par quelques points cousus, les deux bords extrmesde la pice d'toffe. Or, ce pplos-ferm^ ne diffrait

    IIEig. T..

    par aucune forme essentielle de la tunique longue, aveclaquelle il se confond l'origine, formant d'abord

    ' Fig. 12 et 13.

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    22 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUElui seul tout le vtement des femmes. La tunique courtedes hommes n'est pas construite, en somme, sur un autreplan. Les agrafes ou les points de suture qui la suspen-dent aux paules et la couture qui la ferme sur un descts n'empchent pas qu'elle ne procde du mmeprincipe rectangulaire que les autres pices du costumegrec. Elle n'a pas plus qu'elles de coupe particulireet ne prend forme que par l'ajustement : c'est pourquoielle reste galement comprise dans la classe des draperies.

    C'est avec ces lments d'une tonnante simplicit,tenant encore de la vie primitive et presque sauvage,que les Grecs ont constitu leur costume et qu'ils enont fait le plus bel accompagnement qui ait jamais ttrouv pour la forme humaine, vritable cration d'art,qui chez eux a ouvert la voie au dveloppement de laplastique et qui en a t comme une premire closionpopulaire et spontane. La draperie, telle qu'ils l'ontcomprise et pratique, ne sert pas seulement la dco-ration de la forme, en multipliant autour d'elle les motifsde varit, les oppositions de lignes et de couleurs ; onpeut dire qu'elle la complte ; elle y accentue deux chosesqui sont l'essence mme de la beaut : la proportion etl'expression !Nos vtements modernes, forms de pices tailles

    et cousues, reprsentent un systme diffrent et mmecontraire, ce que l'on peut appeler le costume faonnpar opposition au costume drap. Ils drivent, commeon sait, de l'usage naturel et presque gnral des barbaresseptentrionaux : Scythes, Germains, Gauloir, qui l'origine enveloppaient leur chair frileuse de peauxtroitement assembles. Les Mdes et aprs eux lesPerses perfectionnrent ce systme, en y ajoutant, parle luxe des toffes, une grande magnificence. Que per-

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 23sonne ne nous prte l'intention ridicule de vouloir faireici le procs un costume que d'intimes convenancesont appropri nos murs, aux besoins de notre climatet cette commodit de vie pour laquelle a t cr lemot de confort. La mode, sans cesse renouvele, a sumaintes fois en tirer, suivant les poques, des arrange-ments pleins de fantaisie, de couleur et de charme. Toute-fois, en comparant l'esthtique des deux systmes,l'artiste ne peut s'empcher d'accorder la suprioritaux arrangements libres et expressifs dont la draperiegrecque a fourni les modles les plus parfaits.La prtention des habits faonns est de reproduire

    les formes du corps ; mais, en suivant les lignes de tropprs, elles les rendent ncessairement moins nettes etmoins pures; en un mot, elles les gtent. Au dessinferme et serr de la nature elles substituent une esquisselourde, tremble, comme les calques tracs par les en-fants. Au contraire, le costume drap des Grecs cachefranchement les parties qu'il veut couvrir. Il coupeen maints endroits, par la direction transversale desplis, les lignes de la figure humaine et fait valoir parcontraste ce qui reste dcouvert. Pourtant il laissedeviner quelques points saillants, comme les coudes,les hanches, les genoux; mais ces points sont justementceux qui marquent et rappellent les proportions gn-rales. Les grandes mesures du corps s'accusent ainsiavec une simplification architecturale, qui en augmentel'effet.

    Les mmes points s'impriment la surface de l'toffeavec d'autant plus de relief qu'ils sont plus en action,tandis que les parties inactives restent dormantes etcomme noyes dans la profondeur des draperies. Con-sidrez sous ce rapport la plupart des figures drapes

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    24 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEreprsentes debout, particulirement les figures defemmes. Vous y remarquerez comment la jambe im-

    '///.J' t'Ti^'^y*'^ t^\ J"^V 1I-ig. 14.

    mobile devient une vritable colonne; comment lestuyaux droits du vtement tombent en canneluresparallles et donnent une sensation puissante de stabi-lit. Au contraire, la jambe qui marche ou qui s'apprte

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    DU PRIN'CIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 25 marcher communique la draperie un rayonnementde plis caractristiques, dont la tension est en propor-tion de l'effort et dont le rythme s'accorde avec celuimme du mouvement. Demme sur les eaux la moindreagitation, l'impulsion la pluslgre, se marque par un sil-lage qui permet d'en mesurerla direction et la force. Grce cette sensibilit qui lui ap-partient, la draperie est de-venue, entre les mains desmatres de l'art antique, unadmirable instrument d'ex-pression et de sentiment.

    Rien ne marque mieux lecaractre vivant de la dra-perie que la disposition obli-que des plis dans beaucoupd'ajustements antiques. Cettedirection biaise et, comme ondit, en sautoir a pour raisonla ncessit de dgager lebras droit et de le rendrelibre pour l'action. La passi-vit du bras gauche, au con-traire, en est augmente: carc'est lui qui porte et retienttout l'difice du costume.Aussi les grands mouvements de ce ct sont-ils, autantque possible, vits par les artistes anciens, comme com-promettant la solidit de la draperie. Loin de reproduire,comme le font nos vtements, le paralllisme apparent

    J""^Via

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    26 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEqui existe entre les deux moitis du corps humain, lecostume drap accuse l'ingalit de force que la nature

    1F3^ ,'Kig. if). Fig. J7.

    \- a mise : il sacrifie sans hsitation les rgles mortesde la symtrie l'expression du mouvement.Chez nous, le costume tant fabriqu d'avance, cettegaine, fixe au corps, demeure par consquent inerte,

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 27incapable de traduire les dispositions intrieures. Quellediffrence avec le costume grec, qui n'a pas de formepar lui-mme ! On peutdire qu'il n'existe pas :c'est le corps qui le creet qui le modifie toutinstant, par les varia-tions de l'attitude. Si cecostume fait valoir laforme humaine, il nevaut aussi que par elle.Il en reproduit le carac-tre fixe, aussi bien queles expressions passa-gres. Le mme carrd'toffe qui, drap surle corps d'un homme,prend une tournurevirile, s'il est port parune femme, se fminiseaussitt avec une ton-nante souplesse'. Deplus, on le voit obir auxgestes, se transformeravec la passion : il estquelque chose d'animet de vivant, o se rper-cutent jusqu'aux mouve-ments de l'me.

    Les orateurs grecs l'avaient bien compris : ils savaientFig. 7H.

    C'est particulirement le cas pour les figures de femmes o le man-teau sert de voile, comme dans la charmante figurine de la Danseuae

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    28 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEqu'il y a une loquence du costume, et plus tard lesauteurs de la rhtorique ne manqurent pas d'en recueil-lir et d'en formuler les rgles. Ce que Quintilicn dit dumaniement expressif et oratoire de la toge est certaine-ment tir de leurs prceptes et doit s'entendre, plusforte raison, de l'himation. Nous savons que les ancienshommes politiques, comme Pricls, s'appliquaient paratre devant le peuple draps avec art, le bras enrouldans le manteau, sans que le geste dranget les plisde la draperie. La tribune du Pnyx, sur laquelle ils setenaient debout, visibles de la tte aux pieds, tait poureux un pidestal; mais cette attitude de statues, quiconvenait leur parole sobre et forte, ne fut conserveplus tard que pour l'exorde. Quelques figures, reprsen-tant sans doute des rhteurs qui se rattachaient partradition la vieille cole, nous font connatre cet ajuste-ment d'une superbe ordonnance (Fig. i8). Il en est toutautrement des statues de Dmosthnes. Ici le manteau,ngligemment ramass sous le bras, drang, tordu,froiss dans la chaleur de l'action, n'a plus rien de l'ajus-tement normal : il trahit le dialecticien passionn, qui,sans plus s'occuper de son vtement, s'abandonne aucourant de sa pense (Fig. 19).De pareils effets taient d'autant plus puissants qu'ilsvitaient toute emphase et toute convention thtrale.Comme le geste mme, ils procdaient de la nature; ilstaient emprunts la vie journalire et tenaient l'essence mme du costume antique. Le parti que lesmatres de l'art grec ont tir de la draperie, pour dve-lopper le caractre et l'expression de leurs figures peintesvoile recueillie Athnes par l'architecte Titeux et donne plus tard auLouvre par son ami le sculpteur Cavelier. On la trouvera reproduite dansnotre planche hors texte \T.

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    DU PRINTIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 29OU sculptes, ne drive pas en somme d'un principediffrent, et les rgles suivies par eux sont sensiblementles mmes.

    Sur la frise du Parthnon, par exemple, o l'on trouveune si grande varit de figures drapes, on peut direque le costume, toujours en action, n'est jamais disposd'une faon normale et conventionnelle. Le manteaudes hommes en particulier y prsente une libert d'ajus-tement qui varie avec chaque figure, suivant l'ge, lafonction, le mouvement. L'adolescent en est enveloppentirement et presque voil (Fig. 15). Chez les hommesfaits, au contraire, le pan de la draperie, au lieu d'trergulirement rejet sur l'paule, se trouve presquetoujours ramen et retenu sous le bras, la dispositionde la main, comme nous l'observions dans la figure deDmosthnes. Les prtres, les magistrats, les chefs deschurs sacrs qui rglent le pas des jeunes filles, peuventainsi volont sangler plus fortement leurs reins, dansle mouvement de la marche processionnelle (Fig. 16).Cependant les premiers rangs du cortge ont dj touchle seuil de Minerve; ils se retournent, dans des attitudesreposes, pour voir s'avancer la suite de la procession :les draperies s'associent aussitt ces attitudes contem-platives (Fig. 14) ; elles se dtachent paresseusement despaules et laissent rayonner au soleil la virile beaut destorses nus.De ces observations on peut conclure que les artistes

    devancrent les orateurs dans l'tude et dans l'applica-tion des lois vivantes de la draperie. Lorsque Priclss'ajustait encore lui-mme la tribune avec une correc-tion magistrale, les sculpteurs qu'il faisait travaillersous les ordres de Phidias transportaient dj sur lemarbre des formes beaucoup plus mobiles et plus exprs-

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    30 HISTOIRI-: DU COSTUME ANTIQUEsives, empruntes l'observation journalire de la vie ;ils donnaient les premiers l'exemple d'une libert sem-

    blable celle (jui tutplus tard applique l'action oratoire parDmosthnes et par soncole '

    .

    Le principe qui rgitces ajustements appar-tient l'esthtique l-mentaire et pratique enquelque sorte. Tout vte-ment drap, pour setrouver en relation har-monieuse avec le corps,doit obir la formulereproduite plus tard parOuintilien : Nec strangn-let,nec fluat. C'est--direqu'il ne doit tre ni serrjusqu' entraver le mou-vement ni flottant aupoint de l'embarrasser.Or ce sont les conditionsmmes de la plus grandeaisance du costume, selonla grande loi socratique

    '*^' ''^' et platonicienne quidfinit le beau la meilleure adaptation de la forme

    ' Dans notre reproduction de la statue de Dmosthnes (Fig. 19),nous avons rtabli la position des mains telle qu'elle devait tre sur lebronze original, d'aprs un curieux passage de Plutaniue (Vie de Dmos-thnes, 31 j.

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 3Ila fonction qu'elle remplit. Dans cet tat de tensionmoyenne, les plis, comme dans un instrument bienaccord, possdent, si l'on peut dire, le maximum desensibilit et de facult expressive. Il suffit du moindredegr de contraction ou de relchement pour en tirerdes modulations diffrentes.Dans la procession des Panathnes, dont nous par-

    lions tout l'heure, il est trs instructif d'observer com-bien le caractre de dtente qui est partout dans lescorps se communique aux draperies. Cette lasticitde la forme, considre, non sans raison, par les artiste^,de la belle poque grecque, comme la suprme expressionplastique de la force et de la vie (par un sentiment con-traire au principe de nos poses acadmiques), se propageainsi et se multiplie d'un bout l'autre de la compositionet s'y marque jusque dans chaque pli. De l vient enpartie la grande unit de rythme, la sensation intensede loisir et de fte, l'impression d'activit sereine ethaute qui, aprs tant de sicles, se dgagent encore desmarbres mutils et saisissent l'me du spectateur.

    IVINDICATIONS DIVERSES

    Toutefois, ce serait une exagration de croire quela draperie ft invariablement lie la forme carreou rectangulaire. Nous voyons, par exemple, que lachlamyde des cavaliers macdoniens tait taille endemi-cercle. La toge des Etrusques et des Romainsreut aussi, d'assez bonne heure, une coupe semblable,

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    32 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEce qui ne l'empchait pas d'tre un vtement drap,tout comme le manteau carr des Hellnes.

    ("es draperies, arrondies par une coupe savante,avaient l'avantage d'envelopper plus exactement lecorps : elles en pousaient de plus prs la courbure natu-relle. Mais, lorsque le vtement tait de dimensionmoyenne, il en rsultait un effet plastique un peu mono-tone et pauvre, comme il est facile d'en juger par leclbre bronze votif du prtendu Orateur trusque, uvretrs sincre de l'ancienne Ecole trusco-latine. Aussi,pour obtenir plus d'abondance et de richesse, en vint-onpeu peu donner la toge des proportions dmesures ;on en fit un vtement d'apparat, d'une complicationextrme, dont la beaut thtrale rachetait mal l'in-commodit. Les invectives, souvent mal comprisesde Tertullien, dans son trait de Pallia, sont la revanchesincre et passionne du manteau grec, devenu nationalchez beaucoup de peuples de la Mditerrane, contreles inconvnients de la toge.Au contraire, le rectangle d'toffe, lorsqu'il est dedimension moyenne et bien approprie, produit unevarit de plis contraris, d'un accent vif et franc, quifait mieux ressortir par opposition la forme humaine.Les angles forment des parties excdentes, qui retombentet s'tagent d'elles-mmes en chutes et en sinuosits,donnant au corps un cadre de l'effet le plus heureux,un accompagnement brillant et riche, mais sans super-fluit.La fidlit persistante des Grecs aux formes lmen-

    taires du costume drive en somme du mme esprit quia prsid chez eux au dveloppement de l'architecture.Ils laissrent les Etrusques et les Romains faire dominerl'arc et la vote dans leurs difices et donner aussi

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 33leur vtement une coupe arrondie. Pour eux-mmes,les bords droits, la forme carre de l'himation et dupplos, suffisaient la nettet de leur got, comme lesprofils rectilignes et les plans rectangulaires des templesgrecs. Ils trouvaient la mme satisfaction au.x chutesfermes et symtriques des draperies qu'aux trianglesdes frontons se dessinant sur le ciel. En toute chose,le gnie grec s'en tenait aux lments simples et savaiten tirer une dlicate et profonde harmonie.Du mme caractre, la fois plastique et architec-tural, dcoule aussi le systme qui prvalut dans ladcoration du costume antique, et plus particulirementdu costume grec. Ds que leur got fut dvelopp, lesGrecs, auxquels on peut cette fois associer les Romains,n'eurent garde d'emprunter l'Orient les somptueuxtissus, rays ou bariols, encombrs de figures et deramages, o se plaisait la fantaisie des Asiatiques. Laraison en est facile comprendre et conforme aux prin-cipes que nous avons exposs.

    Les barres rayant l'toffe ou se croisant pour formerdes carreaux, bien qu'elles viennent d'elles-mmes sousla main du tisserand, ont le grave dfaut de couper,de contrarier, par le paralllisme des lignes de couleur,le dessin naturel des plis. C'est une concurrence fcheuse,qui brouille et tue le dcor plastique. Il en est de mmede toute dcoration o l'ornement, par la proportionexagre ou par l'enchevtrement capricieux des motifs,l'emporte sur le fond. Les couleurs unies, et surtoutle ton naturel de la laine, cette blancheur temprequi a quelque chose du marbre, s'harmonisaient aucontraire avec la plasticit des draperies. Pour les vte-ments plus riches, pour ceux des femmes en particulier,il n'y avait pas d'inconvnient les consteller d'orne-

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    DU PRINCIPE DE LA DRAPERIE ANTIQUE 35Le principe de la draperie antique et les dispositionsqui en dcoulent reposaient sur une observation si pro-

    fondment sincre de la nature et de la vie, qu'ils ontsurvcu l'antiquit. Le souvenir affaibli s'en conserveau moyen-ge, par les sarcophages chrtiens, par lesmosaques, par les miniatures bvzantines, traversla barbarie de la sculpture romane, pour refleurir dansles images des cathdrales gothiques ou dans les char-mants ivoires des xiii'' et xiv*' sicles, au moins quantaux parties traditionnelles du costume. La mode dutemps y introduit seulement un aspect nouveau, tenantaux toffes qui sont alors en vogue. Le drap foul desFlandres donne des plis aigus, dont la commissure (ceque les artistes appellent Vceil du pli) est anguleuse etnon plus arrondie, comme dans les statues antiques.La Renaissance reproduit de plus prs les anciennesdraperies ; elle les associe aux lments du costume con-temporain, avec une indpendance et une fantaisiesouvent pleines de got, mais sans pouvoir mettre dansces combinaisons la franchise expressive d'un costumerellement port. Aux sicles suivants, selon les tissusprfrs par le luxe de chaque poque, apparaissentles larges plis casss des brocarts ou les plis chiffonnsdes soies plus lgres. Ces modes durent peu et fatiguentfacilement le got. De nos jours, par lassitude des figuresdrapes la grecque, on a \-u se produire un essai desimplifier la draperie : on simule de grosses toffes quitombent par plans et presque sans plis. Il ne faut pasrepousser absolument de pareilles tentatives qui intro-duisent pour un temps de la nouveaut dans l'art ; maiscette fausse simplicit est encore une affectation, et,pour y bien russir, il faut parfaitement connatre lesrgles que l'on veut paratre ignorer.

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    o6 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEBien que le principe de notre costume, comme on

    l'a dit plus haut, soit oppos celui du costume antique,la draperie n'en doit pas moins garder une place dansles tudes des artistes modernes. C'est qu'elle est l'in-vitable accompagnement de la forme nue, l'lmentde contraste et de varit qui sert la faire xaloir. Kndehors mme des sujets tirs de l'antiquit, toutes lesfois que l'artiste, par la force de sa conception, s'lveau-dessus des particularits d'poque et de race, pourreprsenter l'homme et la beaut humaine, la draperieest pour lui un moyen dont il peut difficilement se passer.Et c'est alors la draperie grecque qu'il doit en revenirsans hsitation, comme celle dont les formes simplesse rapprochent le plus de la nature. Les lois qui la r-gissent drivent si logiquement du mou\-ement et dela vie, qu'elle est devenue pour nous la draperie idaleet humaine par excellence.

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    L'EXOMIDE GRECQUE

    Dans le costume grec et particulirement dans celuides hommes, on distingue deux classes de vtements :la tunique et le manteau, la tunique porte sur le corpset le manteau drap })ar-dessus la tunique : mais ce cos-tume a des principes tellement simples que la distinctionn'est pas fondamentale.Nous trouvons un type primitif que les Grecs eux-

    mmes ne savent pas classer et dont ils disent que c'est la fois une tunique et un manteau. C'tait un manteauparce que le rectangle d'toffe sans aucune couture,fix ou non par une agrafe, pouvait se draper autourdu corps; mais, agraf sur l'paule et serr la taillepar une ceinture, il prenait le caractre d'une vritabl(>tunique.

    Il s'agit de Vexomis, mot que le langage courant afrancis sous le nom d'exomide (de ex = dehors, et demos ^ paule)^ On l'appelait ainsi parce que le vtementlaissait une des paules, l'paule droite, dcouvert,avec le bras droit, qu'il rendait par l tout fait librepour l'action.

    L'exomide convenait tout dploiement de force.Elle tait par excellence le costume du travail, le vte-ment caractristique du dieu-forgeroTi Hphaestos, le

    'E^cjut (de ; et de ojjjio).

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    38 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEVulcain dus (irecs. Sur les monuments figurs ainsi quedans les textes, nous la voyons, porte non pas unique-ment, comme on le dit quelquefois, par les esclaves,mais encore par les travailleurs libres, hommes du peuple,soldats, cavaliers, marins, artisans. A ce titre, elle avaitplace dans le vestiaire et parmi les accessoires de lacomdie grecque, qui met souvent en scne des gensdu commun. On l'courtait mme plaisir, pour fairerire leurs dpens. Elle n'en devait pas moins tre, l'occasion, le vtement des artistes, dans la prparationmatrielle de leurs travaux, et Phidias, bauchant seschefs d' uvre, pourra trs bien tre ainsi reprsent.Il est vrai que l'on ne rencontre dans Homre ni le motni la chose ; tout au plus la devine-t-on sous les haillonsdu mendiant de l'Odysse; mais ce n'en est pas moinsune trs ancienne forme du costume grec, contempo-raine des premires toffes fabriques la main, dans laGrce prhistorique.

    D'aprs le principe d'asymtrie expos dans notreIntroduction, comme une loi d'expression et de beautparticulire au costume drap des anciens, on pourraitmme, si l'on voulait, considrer l'exomide comme unsystme d'ajustement. En somme, toutes les picesd'toffe, agrafes ou simplement drapes en charpesur l'paule gauche, suivant une mode rpandue surtoutdans le costume grec, procdent de ce prototype et sont la rigueur des exomides, ce qui explique l'hsitationdes commentateurs au sujet de ce terme. Mme avantles Grecs\ chez les habitants de la vieille Chalde l'pauledroite mise nu, par les hommes comme par les femmes,est une disposition cre par l'usage de s'envelopper

    ' Voir V Introduclion, p. 6.

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    L EXOMIDE GRECQUE 39dans un seul chle, tout en dgageant le ct du corpsqui prside l'action. Jusqu' nos jours, les femmeshindoues, en se construisant, avec un seul voile d'unegrande longueur, tout un costume compliqu, n'prou-vent aucune gne montrer nue leur paule droite parune consigne naturelle de l'ajustement en diagonale.Les auteurs grecs et latins connaissaient trs mal l'Indeantique et il n'y a pas de pays sur lequel ils nous aienttransmis plus de fables; mais il ne faut pas rejeter pourcela l'indication qui reprsente les Brahmanes commevtus d'une laine blanche, qu'ils tiraient de la terre(videmment le coton), et comme s'en faisant des habits(]ui ressemblaient de trs prs des exomides'.

    Le plus souvent, l'exomide est comprise et reprsente,mme par les anciens, comme une tunique dont seule-ment l'agrafe de droite a t dtache, ce qui dcouvrede ce ct l'paule et le pectoral. Sous cette forme, eneffet, elle se confond avec la varit de khiton que lesGrecs appelaient le khiton hteromaskhalos c'est--direune tunique ne couvrant que l'une des deux aissellesou, si l'on veut, une tunique une seule emmanchure.

    A. l'exomide-ouverteLe type le plus simple et tout primitif, que nous

    tudions ici en premier lieu, l'exomide-ouverte et sanscouture, est fort rare sur les monuments. J'en rencontrepourtant un trs bon exemple dans une figure en bas-relief, anciennement publie par le Danois Stackelberg-,comme provenant de Mgare.

    ' Philostr.\te, Vie d'Apollonius de Tyane, III, 15.' St.\ckelberg, Tombeaux des Hellnes, pi. III, Fig. 2. La stle origi-

    nale doit tre en -Angleterre, mais on en a perdu la trace; cf. S. Reinach,Rpertoire de reliefs grecs et romains, III, p. 532, n i.

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    ""7-

    Fis;. 20. Exemple de i.'f.xomide-oiverte.D'aprs un bas-relief.

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    Fi?. 2r. Pose du modle \ivant,avec l'exomide-ouverte.

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    4-2 HISTUIKF. DU CUSTUMi: ANTlyUEElle reprsente un dpart pour la guerre, motif assezfrquent sur les stles funraires de la belle poque, en

    particulier sur celles qui taient consacres des citoyensmorts en combattant. La pose offre beaucoup d'analogieavec celle du Doryphore de Polyclte, sauf qu'il y achangement de jambes et que le bras gauche porterellement la lance avec le bouclier. L'pe est suspendueautour de la poitrine ; la main droite abaisse tient lakyn, le bonnet de guerre ; mais surtout notre doryphore,au lieu d'tre nu, est vtu de l'exomide ouverte, surlaquelle il a jet ngligemment son manteau militaire.La figure, ainsi ajuste, est vraiment belle et du stylegrec le plus pur.

    Stackelberg, cause de la kyn, cause aussi de l'exo-mide, croit pouvoir reconnatre ici un esclave arm, peut-tre un hilote laconien. A mon sens, c'est faire un peutrop d'archologie. Il s'agit simplement d'un citoyenrpondant l'appel de ses chefs militaires et apparte-nant peut-tre un corps de troupes lgres. Il est mmepossible que le sculpteur, pour l'amour des belles formes,ait prfr le reprsenter dans ce costume plus libreet, comme nous dirions en petite tenue , plutt quede l'emprisonner dans l'armure complte de l'hoplite.

    Quel que soit d'ailleurs le personnage reprsent, ladisposition de son vtement est facile lire, mmelorsque l'on n'a plus sous les yeux la sculpture originale,mais seulement la gravure de Stackelberg.

    Je donne ici cette remarquable sculpture, qui devientnotre Figure 20. C'est d'aprs elle que j'ai tent de repro-duire le mme ajustement sur la nature vivante, ainsique le montre, avec toute la sincrit des procds photo-graphiques, la pose place en regard (Fig. 21).

    Voici comment s'ajuste l'exomide-ouverte, d'aprs

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    l'exomide grecque 43la disposition que j'ai tent de raliser ici : le bord del'toffe, prise dans la longueur du rectangle, a t passen premier lieu sous le bras gauche, puis remont surl'paule gauche, pour y tre fix et rassembl des deuxparts l'aide d'une fibule. De ce point, les deux ctss'abaissent ensuite, en avant et en arrire, vers le flancdroit, o leurs angles suprieurs, rabattus obliquement,viennent s'entre-croiser dans une ceinture, tandis queles angles infrieurs, rests libres, descendent en s'en-tr'ouvrant sur la cuisse nue.

    L'toffe qui m'a servi pour cette restitution est unepice rectangulaire, d'un rouge-brun, longue de 2 m. 30sur I m. 40 de large. Il ne faut pas s'imaginer un couponque l'on aurait obtenu par sectionnement ou par dchi-rure, en le dtachant d'un interminable rouleau de lamme toffe, fabriqu d'avance la mcanique, commecela se pratique chez nos marchands. C'est une pice part, termine dans ses dimensions restreintes surle mtier main, sans ourlets ni coutures, une picecomplte en elle-mme, si simple qu'elle soit, ouvragede quelque femme grecque ou turque de l'Asie Mineure.Ce tj'pe intressant me vient de notre premire Exposi-tion Universelle en 1867 (Section Ottomane), lorsquej'ai commenc former, en vue de mon cours, une' collec-tion d'toffes orientales ou africaines, fabriques encoredans des conditions analogues celles du tissage domes-tique chez les anciens. Le tissu, assez grossier d'aspectet un peu lourd, mais trs maniable, donne des plis pro-fonds et s'adapte aisment la forme humaine.

    Voulant achever la figure, avec ses dtails accessoires,telle que nous la montre le bas-relief, j'ai trouv facile-ment, dans ma collection ethnographique, les lmentsncessaires ; un manteau blanc de provenance abyssine

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    44 HISTOIRE DV COSTl'ME ANTIQUE jeter sur l 'paule, un bouclier en cuir du Soudan etune fine lance de Madagascar. Ainsi ce n'est pas seule-ment pour les tissus que je me suis adress des popula-tions ayant conserv certains usages de la vie antique.Malgr la diversit des origines, j'espre que l'effet

    :g3czzzzzzzz

    ^i(,:hkm.\ de l e.xomi de-ouverte.avant l'ajustement.

    d'ensemble ne paratra pas trop disparate ni trop loigndu modle que nous cherchons faire revivre.Dans notre Fig. 23, le modle a t dbarrass de tout

    ce qui pouvait masquer les lignes de l'ajustement. Celanous permet de complter la dmonstration par untrac schmatique, donnant la disposition premire del'toffe, avec quelques lgers traits esquisss l'intrieur,

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    Pig 23 Ajustement de i.exomidk-ouverte,sur le modle vivant.

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    46 HISTOIRi: DU COSTUME ANTIQUEpour faire pressentir le mouvement et le dplacementdes diffrentes ]:)arties.

    Ce schma (Fig. 22) suffira, je l'espre, pour faire com-prendre aux yeux comment les artistes peuvent raliserla disposition de l'exomide ainsi drape.

    Il faut noter de plus que le mme rectangle d'toffe,une fois spar du corps humain et ramen sa formepremire, reste entre nos mains comme un prcieuxlment pour les restitutions qui vont suivre, commeune pice servant dmontrer l'unit du principe quiles rgit. En l'ajustant d'une autre manire, nous pour-rons en tirer des vtements d'un aspect tout diffrent,par exemple une chlamyde ou bien encore un manteauagraf en oblique, pareil celui des joueurs de lyre.Nous avons l une sorte de grande charpe, dont nousferions mme la rigueur, en le rejetant sur l'paule,sans agrafe ni ceinture, un manteau drap, mais unmanteau troit et court. C'tait dans la comdie, il nefaut pas l'oublier, que les acteurs se servaient de l'expres-sion : Drape-toi dans ton exomide , ce qui devait pro-duire sur la scne un ajustement quelque peu triqu,destin provoquer le rire.En dehors de tout ajustement, le caractre spcialde l'exomide dpendait aussi de la qualit du tissu dontelle tait faite et pour la confection duquel on se servaitd'un fil moins finement tordu que pour d'autres vte-ments. Rien que par le tissage, on distinguait l'exomide,par exemple, de la chlamyde. L'toffe, quelque peubourrue, restait agnaptos: c'est--dire qu'elle n'taitpas peigne l'aide du chardon carder, appel gnaphospar les Grecs'. Souvent on lui laissait la couleur natu-

    ' rvo;, d'o vvaTTTO. ou Kvoi;.

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    48 HISTOIRK DU COSTUME ANTIQUE

    B. L'EXOMIDK-rERMEIl est certain ijuc l'usage s'tablit de fermer, le jikis

    souvent sur la cuisse droite, au-dessous de la taille, lapartie ouverte de l'exomide, en runissant par quel-ques points de couture les deux petits cts du rec-tangle. Cette exomide cousue se rapprochait ainsi de latunique htromaskhalos ou tunique une seule emman-chure, au point que, sur les monuments, il est difficilede distinguer ces deux tj-pes trs voisins l'un de l'autre.La seule diffrence, comme construction, tait que

    l'exomide-serre au travers de la poitrine, restait troptroite, pour qu'il ft possible, au besoin, de l'attacheraussi sur l'paule droite par une seconde agrafe, tandisque la tunique htromaskhalos conser\ait plus d'am-pleur et n'tait souvent, vrai dire, qu'une tuniquedgrafe du ct droit. Dans ces conditions, il n'y avaitpas grand intrt pour nous tudier l'exomide-fermedans une pose part; je me contente de renvoyer cequi sera expos plus loin sur le mme sujet, dans l'tudede la tunique (voir p. 5g).La plupart du temps, les artistes grecs eux-mmes,sculpteurs et peintres de vases, ne semblent pas avoirpris la peine d'viter la confusion. Le relief des plis,le sens dans lequel les figures se prsentent, l'omissiondu trait marquant la couture sont autant de causes quine permettent pas de discerner si l'exomide tait ouverteou ferme. Cette indcision ne doit pas cependant nouspriver de signaler, titre d'exemples, quelques ouvragesdu meilleur style hellnique, qui mettent en plein mou-vement la forme si vivante de l'exomide grecque.

    C'est le cas de la curieuse stle funraire de Miiason,

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    L EXOMIDE GRECQUE 49au muse de Thbes. Sur une plaque de fin calcaire noir,de nombreuses lignes graves au pointill arrtent minu-

    Fig. 24. Esquisse de l"exomide.D'aprs une stle destine tre peinte.

    tieusement et fixent d'avance tous les traits d'uneesquisse qui devait tre peinte ensuite, sans doute avecdes cires de couleur, par le procd de l'encaustique.Nous devons M. Vollgraff, membre hollandais de

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    50 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEl'Ecole franaise d'Athnes, d'avoir publi dans leBulletin de cette cole ' et contrl, d'aprs le monumentoriginal, un excellent dessin de M. Bagge, qui a pu, enutilisant des calques, transformer ces lignes de pointsen traits continus, plus faciles suivre pour les yeux.Le costume de Mnason (Fig. 24) rappelle de trs prs lebas-relief de Stackelberg; seulement le personnage estreprsent au fort de la bataille, chargeant avec la lance,l'pe tenue de la main gauche sous le bouclier, touteprte tre tire du fourreau. Le casque, muni de courtesoreillres, a conserv la forme de la kyn de cuir dontl'usage tait justement d'origine botienne. L'paulegauche laisse voir, prs du cou, une petite fibule ronde ;l'ouverture du vtement se marque la taille, sur lahanche droite ; mais elle se perd au-dessous de la ceinture.Ce n'en est pas moins un trs bel exemple de mouvementdonn par les artistes cette forme du costume, qui,par sa disposition mme, tait comme le symbole del'action.

    Ce motif impressionnant semble avoir t trs employ, la belle poque, pour les stles des soldats tus laguerre : car il s'en trouve au muse d'Athnes une r-ptition sculpte en bas-relief, dans une attitude pres-qu'identique et avec le mme vtement de l'exomide,quoique l'pe et la lance ne soient pas figures et quela position de la main droite indique plutt un archer-.Il semble bien que, dans tous ces exemples, on ait latenue des troupes lgres, avant la cration des peltastes ;car le bouclier n'est pas encore la pelta, moins pesante.

    ' Bulletin de Correspondance hellnique, t. XXVI (1902), pi. vu etP- 554-

    - C'est l'opinion que soutient Edmond Pottier, en publiant cettefigure dans le Bulletin de Corresp. helln., t. IV (1880), pi. vu et p. 408.

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    L EXOMIDE GRECQUE 51mais le traditionnel bouclier rond. Il s'agit ici non d'unAthnien, mais d'un homme de Tge, nomm Lisas,tu sans doute parmi les auxiliaires d'Athnes sur lafrontire de l'Attique, dans la rgion de Dclie, oii lastle a t trouve.

    C. MANIRES d'attacher L'EXOMIDEAinsi faite, l'exomide pouvait aisment s'agrafer sur

    l'paule gauche. Les monuments offrent beaucoupd'exem-ples de ce mode d'attache, en particulier les statuettesd'Ulysse ou de Vulcain; mais, sur d'autres ligures, lafibule n'est pas visible, et il semble mme que l'artisteait nglig de l'indiquer. Il est certain que, si le dieuforgeron n'tait pas embarrass de fabriquer son usagedes fleurons et des enroulements de mtal, au con-traire, les pauvres gens dont l'exomide tait le vtementhabituel, ouvriers et paysans, ne devaient pas avoircommunment leur disposition, mme de simplesfibules de bronze, de ces pingles ressort en forme d'arc,qui se perdaient dans les plis de l'toffe. Comment alorss'y prenaient-ils ?Une rponse nous est donne par un anonyme byzantin

    qui a recueilli chez ses devanciers beaucoup d'informa-tions curieuses*.

    L'exomide, dit-il, tait la fois une tunique et unmanteau ; car elle tait une seule emmanchure et elleavait une partie releve (anabol) que l'on nouait enhaut au moyen du cosymhos. La question, au premier abord, ne paratra pas tre' L'auteur de VEtymologicwn magnum au mot exomis : ^cofil /itv

    i(xa Tc yjxi tiiaTiov^v yp TEpoiioyaXo, xai vcPoXTjv s/ev, 'r^-^ vcSovTPXoa|iP7)v (vSo'jv tm x.o

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    52 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEclaircie de beaucoup, car le terme de cosymbos, (ou co-symb), ne se rencontre pas dans la langue grecque dela haute poque. Le mot s'explique cependant par l'usagequ'en font les Septante, ces Juifs hellniss qui, dsle iii^ sicle avant notre re, sous le rgne de PtolmePhiladelphe, en pleine floraison de la culture hellnique,entreprirent de traduire en grec leurs livres saints. Ilsdsignent ainsi l'attache, non pas, il est vrai de l'exo-mide, dont il n'est pas question, mais de la ktonethou tunique de byssus, que portaient les prtres d'Isralet que le texte hbreu de l'exode dsigne par un termesignifiant tunique noue ))^ Le commandement estformel : Tu noueras les kthoneth avec du byssus -.

    Flavius Josphe, le clbre historien de la prise deJrusalem par Titus, nous fournit plus tard ce sujetdes explications qui ne laissent rien dsirer. Le tmoi-gnage mrite une crance d'autant plus absolue queJosphe, tant de race juive sacerdotale, a certainementvu et port lui-mme, dans sa jeunesse, la kthoneth, latunique sainte. Voici comment il s'exprime dans sesAntiquits Judaques^. Cette tunique ne forme pasde plis bouffants, mais, aj'ant une ouverture de coutrs large, on la noue, sur l'une et l'autre clavicule, avecdes cordons qui pendent de la lisire sur la poitrine etdans le dos.

    Peut-tre faut-il voir h\, du moins l'origine, une' Ce que les Septante appellent le khitoii cosymbtos, y.Tcva xoa'JixptoTov

    (Exode, XXVIII, 4). Le byssus tait une qualit de lin particulirement fine.- Ot xoCTUjxPtoTol Tiv ^(tTVjv Ik pddou. Ibid., 39.' OuTOi; ;(iT)v KoXTroTai (iv oSottJtEv, XoYotpv Se izoifix'^'' '^^

    ^)Oyx

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    Fig. 25-Attache de l'exomide.

    D'aprs un bas-relief du Parthnon.

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    54 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEsorte de prvention superstitieuse contre la fibule',dont l'ardillon pouvait piquer les doigts et souiller desang le vtement du prtre.

    Les peuples tisserands se sont ingnis trouv'er dansle tissu mme les moyens de r2.ttacher. Ils laissaientquelques brins, comme ceux de la frange, qui formaientdes attaches toutes simples et d'une solidit suffisante.A propos du cosymbos, un grammairien d'Alexandriefait, de plus, allusion un accessoire, qu'il compare un menu bouclier rond (aspidiskos) et il considre commeun quivalent de cosumbos la forme contracte coumbosdont les Grecs modernes ont tir le diminutif coumbi,auquel ils donnent exactement le sens de bouton '-.

    Les artistes me pardonneront cette excursion un peudtourne; mais nous sommes beaucoup moins loin ducostume grec et particulirement de l'exomide qu'ilsne pourraient le croire. Ce sont les sculptures grecquesde la belle poque, celles mmes du Parthnon, qui nousramnent en Grce.

    Il y a d'abord, au muse de l'Acropole, un bas-reliefqui appartenait au dfil des chars, sur la frise de laCella. On y voit, ct du conducteur de l'attelage, unhomme d'armes, vtu de l'exomide. Dans les jeux publics,ces hommes arms s'exeraient descendre et remonteren pleine course, d'o le nom 'apobates donn ceux

    ' Il est curieux de voir les anciens conciles interdire aux prtres chr-tiens l'usage des fibules, d'aprs le texte latin publi par le pape Inno-cent II ;

    Qu'ils ne se servent pas en public de manteaux joints avec des fibules(pallis difjibulatis), mais seulement nous de part et d'autre. DcrtalesIII, I, 15. Certains ordres de religieuses, par simplicit, attachent leurmanteau avec un cordon muni d'un btonnet de bois, que l'on passe dansune boucle, du ct oppos.

    ' Hsychius, aux mots s

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    L EXOMIDE GRECQUE D3qui pratiquaient cette sorte de voltige. Le hros nationalErichthonios passait pour avoir inaugur lui-mme leconcours des apobates, en avant sur son char un guerriercoiff du casque triple aigrette et arm du grand bou-

    Fig. 26. Attache de l'exomide.D'aprs un bas-relief du Parthnon.

    clier rond . Ne croirait-on pas lire la description denotre Fig. 25 * ?

    Ce guerrier confirme l'usage militaire de l'exomide,mme attache par un simple cordon, qui est commel'angle tir de l'toffe, sans aucune apparence de fibule.

    ' CoLLiGNON, Le Parthnon, Fig. 71, p. 181.

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    56 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUESeulement, on ne voit pas bien comment ce cordon serattachait par derrire, l'autre ct du vtement.Du reste, sur la partie occidentale de la frise, resteen place, il se trouve une seconde figure portant l'exomide

    avec le mme genre d'atta-che. C'est l'homme qui s'ef-force dans un mouvementsuperbe, de maintenir soncheval qui se cabre. Sous sachlam}de, il est vtu del'exomide, qui s'entrouvregonfle par le vent, et quilaisse voir pour seule attacheun mince cordon, rappro-chant les deux bords tirsde l'toffe. Notre auteur bj--zantin tait donc bien ren-seign sur cette faon d'at-tacher l'exomide, quel queft le terme par lequel lescontemporains de Phidias d-signaient ce simple lien.

    Remarquez surtout que lecordon d'attache semble s'en-gager dans une sorte de bou-cle, o il pouvait tre retenupar un lger obstacle, boutonou traverse. Notre Fig. 26 a

    t dessine avec beaucoup d'attention par JulienDeturck, d'aprs les moulages les plus anciens. Il nefaut pas songer obtenir davantage en consultant l'ori-ginal, de plus en plus dgrad par le temps.

    Cependant le systme le plus simple, d'une simplicit

    Fig. 27. L'exomide.ATTACHE PAR UN NUD.

    D'aprs une statue.

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    L EXOMIDE GRECQUE 57toute primitive, pour attacher l'exomide, tait encorede croiser et de nouer ensemble les deux angles du bordsuprieur, comme on met communment aux enfantsleur serviette. Ds que les hommes ont su fabriquerdes tofes pour s'en couvrir, leur premire ide a dtre de les assujettir au corps par un nud. C'est legrossier ajustement que A'irgile prte Charon, le nau-tonnier des Enfers :

    De ses paules un sordide \-tement pend, attachpar un nud \Remarquons l'emploi du terme amictus, mot latin,

    qui s'applique spcialement aux manteaux '-.Nous l'avons oubli, le sinistre passeur des eaux du

    Styx, lorsque nous avons parl des bateliers, des matelotscaractriss par l'usage de l'exomide ; mais les charmantslcythes pohxhromes que les Grecs plaaient dans lestombeaux, ne manquent pas de le reprsenter avec uneexomide trs trique, ordinairement teinte en gris,comme on le voit sur un exemplaire du Lou\re^

    Sur ces figures de vases, je ne retrouve pas, il est vrai,le nud de Virgile. C'est une statue de notre musede sculpture qui va nous en donner une reprsentationbien caractrise *. On a cru \' reconnatre, sans raisonsbien probantes, une image d'Antinous, avec les attributs

    1 Sordidus ex humeris nodo dependet amictus. Virgile, Enide, \l, 301.2 Plaute, dans un passage de son Soldai fanfaron, o il fait une des-

    cription minutieuse de l'exomide, la dsigne par le mot palliolum, dimi-nutif de pallium : or pallium tait un terme dont les Romains se servaientpour dnommer particulirement le manteau carr des Grecs. Pl.\ute,Miles Gloriosiis, v. 11 72.

    ' PoTTiER, Lcythes blancs, p. 35, n" 4; St.-^ckelberg, Tombeaux desHellnes, pi. 48.

    * Clarac, Muse de sculpture, III, pi. ^()i>, n 2431, .Vntinos Ariste.

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    58 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEd'une divinit agricole. Cette dernire dsignation meparat seule tout fait certaine et s'accorde parfaitementd'ailleurs avec l'usage rustique de l'exomide et avec lenud trs visible sur l'paule gauche (Fig. 27).

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    II

    LA TUNIQUE DES HOMMESCHEZ LES GRECS

    La tunique, le khitoii des Grecs, tait essentiellementun vtement de dessous, tenant au corps et ferm surle ct par une couture. Son nom est d'origine smi-tique, apparent au mot aramen kitoneth qui dsigneune toffe de lin. De Phnicie, il passa en Carie, d'o ilse propagea chez les Ioniens de l'Asie Mineure, sansdoute avec les tissus eux-mmes. Les posies hom-riques l'emploient couramment pour la tunique deshommes (non pour les femmes, dont le costume taitd'un autre ordre). On peut alors supposer que ces pre-mires tuniques des hommes taient du lin, bien que lepote ne le dise nulle part en termes prcis ^ Toutefois,de bonne heure, le mot de khiton cessa de s'appliquer l'toffe pour dsigner la nature du vtement, quellequ'en ft d'ailleurs la matire. Hrodote- parle djd'un khiton de laine et Aristophane^ mentionne un khiton de laines velues .

    ' Il y fait cependant allusion, quand il compare le khiton d'Ulysse,pour sa finesse, la pelure d'un oignon dessch : tov Se ytriv' vrpoi.cpl xpo niyx).6ev-:-x , olov t xpofi'Joio Xo:rov xra j^^aXcoio. " Odysse,XIX, 232.

    ' HRODOTE, I, 195.' .\ristophane. Grenouilles, v. 1067.

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    62 HISTOIRE DU COSTUME ANTIQUEsuite duquel il rompt la couture qui fermait sa tuniquesur l'paule droite' , et s'lance dans la ville, l'pe la main, la tte de onze conjurs. En vain cherche-t-il soulever la population : le vide se fait devant lui; ilse sent perdu et n'a plus qu' mourir avec ses complices,qui se frappent eux-mmes et s'achvent les uns lesautres.

    B. LA TUNIQUE A DEUX FIBULESOccupons-nous maintenant de la vraie tunique, le

    khiton amphimaskhalos - ou deux emmanchures. Pouren tudier la construction, nous chercherons des e.xemplesindiffremment parmi les ligures vtues de la tuniquede laine ou de la tunique de lin, la nature du tissu n'ap-portant aucune modification apprciable dans la formedu vtement.On prend une seule et mme pice d'toffe rectan-gulaire ; on la plie en double pour coudre l'un avec l'autreles deux bords opposs. Cette fermeture latrale formeune sorte de fourreau cylindrique ou, si l'on veut, de sacsans fond que l'on enfile autour du corps, en le suspen-dant sur chaque paule par une fibule ou par quelquespoints de couture, si l'on prfre une attache perma-nente. La tunique, ainsi dispose, appartenait la classede vtements que les Grecs caractrisaient par le motenduma^, c'est--dire des vtements dans lesquels on

    ' ' EvS'jojjLEVo tv yiTWva xal tt;v patT,'' y. toO SeSio TrapoX'joifXE-vo >|xo'j. Plut.\rque, Clonine, 37, 2.' '.\(i;tji

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    64 mSTOIRF. DU COSTUME ANTIQUEd'aprs un de ces grands vases en marbre, dcors debas-reliefs et remplaant souvent la stle dans les ncro-poles athniennes. Le personnage, nomm Onsimos,porte la tunique, telle que nous venons de la dcrire, etil l'associe quelques attributs guerriers, comme l'pe

    Fig. 29. Schma de la tunique,avant l'ajustement.

    tenue la main, et comme le casque conique ou kitu,jwrtant le nom du bonnet de cuir dont il imitait lalorme.Pour reproduire cet ajustement sur la nature, j'emploie

    un rectangle d'toffe de i mtre de haut sur i '" 80 delarge. C'est un tissu abyssin, assez lger, d'aspect laineuxet de couleur blanche. Une bande verte et rouge, tisse mme, comme les bandes ou paruphai des toffes

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    Kig. 30. La tunique ajustesur le modle vivant.

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    66 HISTOIRE nu COSTUME ANTIQUEgrecques, souligne propos le bord su-prieur r\ jH'rmetd'en sui\k; le con-tour (Fig. 30 et32).

    Les figures sculp-tes portant la seuletunique sont assezrares, surtout lesstatues de rondebosse. L'ide ma-tresse des artistesgrecs tant de fairevaloir la forme hu-maine, ils se pas-saient volontiers decette pice interm-diaire. Les sculp-teurs, mieux queles autres, avaientobserv sur le vifqu'elle tait pluttgnante pour le li-bre jeu des plis etils la supprimaientautant que pos-sible.

    Je dois signalerencore, au sujet dela mme tunique,quelques dtails

    exceptionnels que les monuments nous font c