18e TRANSBRAC – 17 Mai 2015 – Mornac (16) Il paraît qu’il faut savoir se faire désirer…. Voici donc le compte rendu de notre WE de l’ascension, à Didier et moi, pour notre Rendez-vous de l'année, à savoir la Transbraconnienne, raid VTT en Charente. C’est notre 4° édition successive sur le 100 kilomètres ! Mélange de culture, d’histoire, de sport, de tourisme, et de bêtises, voici ce que j’ai essayé de vous apporter dans ce compte rendu. Mais surtout volonté de vous faire découvrir ce département fait de simplicité et d’authenticité. Départ de la Brie vendredi à l'heure où le soleil se lève. Installation au camp de base, préparation des VTT et..... une petite sortie tranquille pour que nos vélos retrouvent leurs bons réflexes sur ces terrains qui ne leur sont pas familiers. Et surtout pour que je roule un peu, car cela fait deux semaines que je n'ai posé mon auguste séant sur une selle sous laquelle ne pousse un bon gros moteur. Donc, un petit tour calme de 33 kilomètres, 554 m de dénivelé. Une bonne nuit de repos bien méritée (si, je vous assure !). Nous retirons nos dossards à 15 h 00 (appelez-moi James....).

Nous discutons un bon moment avec Gérard, qui a créé les circuits de cette année. Il est en train d'afficher les photos des sites dans lesquels nous passerons. Nous aurons

droit cette année à plusieurs châteaux, qui nous ouvrent leurs portes (les cours seulement, mais c'est déjà super !). Que de travail de concertation avec les propriétaires. 52 propriétaires et élus à rencontrer pour emprunter les parcelles privées, plus d'un an de travail ! Merci à lui pour son travail, et pour l’aide qu’il m’a

apportée pour ce compte rendu.

AU PAYS D’HORTE ET LAVALETTE

La carte du tracé est exposée, direction plein sud, limite Dordogne. Un parcours 70 % inédit, avec beaucoup de monotraces tout juste défrichés (prévoir une bonne dose de souches et caillasses, donc prier pour que les pneus tiennent). Dimanche, levés à 5 h 30, préparation des deux compères, nous voici sur place à 7 h 00. Le départ est donné peu après 7 h 30.

Première ligne droite, première bosse qui s'accentue au fur et à mesure que l'on monte. Nous l'avions prise il y a deux ans, nous avions eu droit à un bouchon à l'entrée du chemin. Bingo, même topo. Il suffit que celui de devant soi (le cador qui veut toujours partir devant mais ne passe jamais le premier obstacle) plante pour que tous les suivants doivent mettre pied à terre. Bon sang, quand est-ce qu’on arrive ? Je commence déjà à être fatigué… Ca redevient roulant, ça permet de faire les places. Direction la forêt domaniale de bois blanc. Vers le 3° kilomètre, nous abordons les premiers singles avec des passages très techniques et trialisants (et un peu glissants...). Plus de 200 gars à la queue leu leu sur des sentiers monotraces, forcément, dans ces conditions, ça coince. Faute d'avoir une bonne visibilité, et de pouvoir rouler correctement, il nous faut souvent mettre pied à terre ou nous arrêter, et attendre gentiment que ça se passe. Sûr que la moyenne n'en sortira pas gagnante, mais sur une telle épreuve, est-ce bien important ? Dommage car ce sentier doit être super sympa quand on a la technique mais surtout que l’horizon est dégagé devant. A refaire, seul ou en petit groupe ! Petit à petit, la situation s'arrange. Nous passons près d’un plan d’eau où les grenouilles doivent prendre des cours de chant !

Premier ravito au 17° kilomètre dans la forêt de Dirac. Il est à peine 9 h 00, et déjà les rillettes ! La moyenne est alors de 14.5 km/h. Nous avons déjà à notre actif deux

bosses à 30 %, trois autres à 20 %, et plein en dessous, et autour de 400 m de dénivelé !

Ca c'est de l'organisation !!!! Perso, il est trop tôt pour le salé, je me contente d'un peu de sucré. Mais j'en connais un..... dont naturellement je tairai le nom, qui cède sans aucune difficulté à l'exercice. Il commence à faire chaud dans les bosses, on se découvre donc un peu histoire d'être plus à l'aise. Pas trop non plus, car il ne fait jamais qu’autour de 11 degrés. 50 m après le ravito, un nouveau casse pattes avec des pierres qui glissent, un vrai à 20 %. Vive le 29 tout suspendu, ça passe (presque) tout seul, y'a juste à appuyer sur les pédales et avoir la bonne impulsion au bon moment puis enrouler. Mais un paquet monte à pieds... Cette première partie est quand même particulièrement physique. Sur la seconde, toujours pas mal de difficultés, qui s’enchainent néanmoins mieux.

Des passages dans des prés fermés, nous y rentrons par des palettes disposées en

escabeau pour éviter les barbelés. Et en sortons de la même façon. Mais nous roulons de façon plus fluide, et déjà je vois que Didier est plus en forme que moi (pour changer…). Il m’attend avant d’arriver à Villebois Lavalette.

Les grilles du Château …….. nous sont ouvertes. Le premier a fait la visite à 9 h 25, pas sûr que ses poursuivants aient pris la peine. Quel dommage !

Château de Villebois-Lavalette, le duché-pairie (194 m) Au loin sur la motte castrale du Puy de Sanseau, les murailles castrales et leurs 7 tours accolées, dominent sur fond de ciel. L’Histoire de France y a tourné des pages. Les Taillefer, Jean Sans Terre, Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste, Lusignan, Mareuil, Edouard III (anglais), Monpensier, Nogaret, Louis XIII, Médicis, Navailles,

Pompadour, Courcillon, Napoléon III font l’histoire de La Valette. Le duc d’Epernon, cousin redouté d’Henri IV, gascon au caractère bien trempé, y a brillé par son ambition dévorante. C'était aussi plus tard le château du duc de Navailles relégué à Villebois parce que lui et sa femme avaient muré une porte au château de Saint-Germain en Laye pour empêcher le jeune Louis XIV d'accéder la nuit tombée dans les chambres des jeunes demoiselles de compagnie de la reine-mère... Le duc de Saint-Simon rapporte que beaucoup plus tard, le duc et la duchesse de Navailles étant rentrés en grâce, à la Cour, "quand le roi rencontrait Navailles, il pensait à sa porte"... Depuis 2000, sous l’impulsion de Norbert Fradin, le château semble retrouver, comme par magie, les attributs de son riche passé.

Nous avons notre deuxième ravito, à peu près au 35° kilomètre, sous la vieille halle centrale. La Halle date de 1665, construite par le duc de Navailles et sa femme quand Louis XIV les chassa de la cour.

Toujours le même accueil extraordinaire des bénévoles, de quoi manger tant en sucré qu’en salé. C’est ici que se séparent les circuits de 80 et 100 km. Je sais que la partie sera difficile, mais ça tiendra. Surprenant, mais je ne me pose même pas la question pour mon acolyte !

Nos fidèles destriers au repos.

Avant de repartir, je prends pris un tube de gel d’endurance sur ce ravito, histoire d’aller au bout…Allez, nouveau départ. Nous remontons, et surplombons maintenant toute la vallée. C’est magnifique. Chemin Louis XIII – Villebois Lavalette Le jeune Louis XIII (14 ans), fils de Henry IV et Marie de Médicis, séjourna en invité au château du gouverneur d’Angoulême, Jean-Louis Nogaret de Lavalette duc d’Epernon, avec sa nouvelle épouse Anne d’Autriche (15 ans). Il arriva le 28 décembre 1615 par le chemin des crêtes. Le gouverneur d’Angoulême Jean-Louis Nogaret, duc d’Espernon, avait rassemblé plus de cinq mille hommes et 400 maîtres pour le protéger et le recevoir dans son château. Le mariage qui eut lieu à Bordeaux en Novembre 1615, ne fut consommé que 4 ans plus tard. Je découvre ce département dans lequel j’ai grandi, et que je ne connais même pas. Nous redescendons ensuite en coupant un champ de blé (avec l’accord du propriétaire. Pas certain que nous aurions la même autorisation en Brie…. La pluie de jeudi a failli

nous priver de ce passage, mais il a été réouvert ce matin à 6 h 30.

Nous longerons sur le parcours plusieurs champs cultivés. Sympa de voir que si les exploitants jouent le jeu, il en est de même pour les VTT. Il y a une trace de 50 cm de large maxi, mais pas un seul dépassement, personne ne roule dans les cultures. Le respect est mutuel. Pareil d’ailleurs pour les tubes de gel. Je n’en ai vu qu’un au sol sur les 101 km du parcours, certainement tombé d’une poche. Vraiment chouette. Bon, on continue ? Vous je sais pas, mais moi, je me demande bien : « quand est-ce qu’on arrive ? »

Voilà ce qui se profile à l’horizon, et qui sera la particularité du 100 km. D’ici, et d’aussi près que nous passions par la route, rien qu’une très banale route. Certainement inconnu du grand public, même charentais, il se cache derrière des murs et grands arbres un joyau. Aujourd’hui, le propriétaire a donné son accord, et nous avons le droit d’emprunter cette magnifique allée de cailloux bien propres. S’il avait plu, nous n’aurions pas eu l’autorisation de passer, c’eût été dommage….

Château de Mailleberchie – Villebois Lavalette Repris aux anglais en 1586, les Villedon puis les Arnaud s’y sont succédé. Henry Blanc Fontenille le fit reconstruire entre 1895 et 1907 sur plans de Paul Abadie, l'architecte de l'église de Montmartre, l'Hôtel de ville et la cathédrale d'Angoulême.

Allez sur internet chercher ces bâtiments, vous comprendrez.. L'intérieur n'a pas bougé malgré l'occupation des allemands. Sans entretien, il se dégrade jusqu’à l’arrivée de Steven Otto qui s’évertue à lui redonner son lustre depuis 2012. Une très belle demeure.

L’avant du château que nous ne verrons pas. Naturellement, j’observe de tellement près le château que je ne vois pas la trace dans l’herbe… Didier en a profité pour prendre le large, le bougre. Il m’attendra un peu plus loin. Cette partie-là est plus plate, mais il faut dire que nous avons déjà 1 100 m de dénivelé au 44° kilomètre. Sur cette partie, nous passons à proximité du Domaine de Langély où habita Paul DEROULEDE, député remuant qui se livra en duel avec Jean JAURES et Georges CLEMENCEAU ! Revenons sur le vélo. Le parcours nous mène dans une forêt/peupleraie, traversée par la Lizonne, un petit cours d’eau bien calme très proche du département voisin de la Dordogne. Du coup, cours d’eau plus bois …. Nous traversons une belle tourbière sur deux bons kilomètres. Le concurrent devant nous roule moins fort, c’est très bien, ça nous permet de nous refaire un peu sur ce terrain qui ne rend absolument rien, et absorbe totalement toute l’énergie que nous mettons à appuyer sur les pédales.

Inutile de sortir de la piste centrale un peu plus tassée. Jusqu’à ce que le collègue se pousse un peu pour nous laisser passer. Non, fallait pas ! A se demander si ce n’est pas mieux quand ça monte…

Régulièrement, nous traversons les cours d’eau par des petits ponts installés par les bénévoles, dont certains seront saccagés dans les heures qui suivront notre passage. Comme les balises sur nos parcours de VTT qui s’envolent aussitôt posées. La bêtise est universelle… Nouveau ravito au 50° kilomètre, à Gurat, au lavoir près des nénuphars avec de magnifiques fleurs jaunes dans la Lizonne que nous venons de longer. Des locaux se sont joints aux bénévoles pour parler un peu avec nous. Il est 11 h 15. Le premier coureur est passé…. Il y a 1 h 15 ! Plus de 20 km/h de moyenne. Pour lui, pas pour nous.

Nous devons péniblement avoir raccroché les 15 km/h à ce moment-là. Nous ne jouons pas dans la même catégorie. Je suis certain que mes photos seront plus belles que les siennes ! Allez, un peu d’histoire :

La Lizonne –frontière avec la Dordogne Le chant du Clairon

O mon ruisseau d’argent, O ma claire Nizonne, Où dort le nénuphar, Où le roseau frissonne, Conseillère d’oubli, de sagesse et d’espoir ! Paul Déroulède Logis de Langély, Paul Déroulède(1846-1914) Le va-t-en guerre charentais GURAT Nationaliste ardent, anti-dreyfusard de façade, anticolonialiste, dénonçant l’antisémitisme, Paul Déroulède fut un atypique et sulfureux député de la Charente. C’est là, dans ce vieux logis de Langély, qu’il prenait la plume pour écrire ses poèmes et les chants du soldat. Il loue le courage et la bravoure dans Le Clairon que les instituteurs faisaient lire à leurs élèves. Il se bat en 1870 contre les prussiens, participe à la sanglante répression de la Commune de Paris. Dans la ligue des Patriotes, il est revanchard pour reconquérir l’Alsace et la Lorraine. Le Tigre (Georges Clémenceau) le défie en duel puis c’est au tour de Jean Jaurès en 1904. Sans être blessé. Il est en exil en Espagne pour avoir fomenté un coup d’Etat. A son retour en France en 1905, il est acclamé par 300 000 personnes à la gare de l’Est. Vers 1890, il avait déjà l’idée d’élire le président de La République au suffrage universel et de consulter le peuple par référendum…

Il commence maintenant à faire meilleur, la température doit avoisiner les 14/15

degrés, nous roulions depuis le départ avec 10/11 degrés. Nouveau départ, par la route, nous remontons ce charmant village. Ce tronçon ne me laisse guère de souvenir. Je me rappelle avoir accroché dans une bosse sérieuse un groupe de deux VTTistes charentais, avec lesquels je vais rouler un bon moment. L’un des deux se fait appeler Titi. Nos niveaux sont similaires, en fatigue aussi d’ailleurs. Ca me permet de rouler accompagné, car là, Didier est vraiment au-dessus… et devant ! Je suis incapable de le suivre sans me mettre dans le rouge et risquer de ne pas terminer. A courir après Didier, je passe très (trop) rapidement au pied de l’église rupestre de Gurat. Quel idiot je fais de ne pas m’y arrêter : L’église monolithe est située à l’aplomb du centre bourg, dans la vallée de la Lizonne. Elle est creusée dans la paroi rocheuse surplombant le ruisseau de Font Longue, affluent de la Lizonne. On y accède par un sentier de 200 m de long depuis la route de Vendoire passant en contrebas de la falaise. Dite « Chapelle Saint-Georges », cette église des XIe et XIIe siècles est percée dans le flanc de la colline, sur laquelle est bâti le village, avec la nef, le chœur et l’abside à voûte en berceau et le « Larcosolium », sorte de caveau funéraire en forme de niche non loin des tombes rupestres. Allez faire un tour sur internet une nouvelle fois, une véritable merveille que nous ont laissé nos ancêtres. De la même façon, je passe ensuite à côté de la fameuse fontaine légendaire de Ronsenac… La Fontaine Légendaire - Ronsenac Cette fontaine est la source du ruisseau qui donne son nom au village, Le Ronsenac qui serpente à travers champs avant de rejoindre la Lizonne, affluent de La Dronne. La fontaine aménagée a servi longtemps de lavoir. La plus grande sécheresse ne l'a jamais tarie et depuis toujours on vient chercher son eau pure et fraîche (débit moyen 300M3 /h).

Il paraitrait qu'elle a des vertus contre certains maux mais elle n'est rattachée à aucun culte de Saint. A l'endroit où jaillit la source, un puit maçonné peu profond est à l'origine de bien des légendes. La plus répandue et toujours active consiste à dire que les personnes en mal d'amour doivent lancer une pièce de monnaie dans le cercle en formulant leur souhait. Si elle y tombe, ils trouveront à se marier dans l'année. Mais la pièce doit avoir été lancée de dos pour que toutes les chances de réalisation du voeu soient réunies... Les enfants du village se chargent régulièrement du "nettoyage" du bassin et du puits...il ne faudrait pas risquer de boucher la source par les pièces qui s'y accumulent... D'autres légendes lui sont encore rattachées, d'où son nom de "Fontaine Légendaire".

Et pourtant, le balisage est parfait et nous indique ces petites merveilles. Pas assez de place au tourisme à toujours vouloir courir… Justement, nous rattrapons maintenant le parcours du 80 kilomètres, puis nous arrivons au quatrième ravito après Magnac Lavalette. Didier m’y attend, au pied du château en cours de rénovation. Il s’est défoulé sur l’appareil photo. Château des Réthoré, La Mercerie – Ma-gnac Lavalette Villars A partir du château féodal St Paul, dès 1930 dans un style du XVIIe siècle, s’érige le projet des frères Alphonse et Raymond Réthoré, dont les cendres reposent dans les deux piliers de l'Aile droite. Façade aux baies vides longue de 220m, haute de 15 m, dominant des jardins à la française ordonnés en terrasse. Le château-musée saccagé et dévasté par l’emprise du temps, 450 bénévoles le réparent depuis 2011.

Sacré Didier. Certainement a-t-il aussi fait mal à quelques concurrents, tant il paraît à l’aise. Mais il profite allègrement des ravitos, là où je me contente de grignoter. Sur ce ravito, vers le 62° kilomètre, il y a un peu plus de salé. Nous prenons des pâtes, du riz, en plus d’un peu de sucré. Je recharge les batteries, change celle de l’appareil photo, et reprends un gel d’endurance. Didier est encore en train de manger. Je pars devant, il est tellement au-dessus de moi qu’il va vite me rattraper. Ce qui est

dommage, c’est que j’ai laissé partir les copains quelques secondes avant moi, et qu’un concurrent va me bloquer un long moment dans un single le long d’un champ (je vous l’ai dit, on ne double pas !). Du coup, il me faudra plus de 12 kilomètre pour les rattraper ! Didier va rouler avec moi, et m’attendre souvent, jusqu’à ce que je lui donne le feu vert pour aller s’amuser. Merci à lui de m’avoir attendu à ce moment où le mental était un peu en berne.

Perdus en pleine campagne charentaise. Du roulant, comme ici, mais un peu plus loin, un beau single entre les arbres, une belle descente immédiatement suivie d’une belle bosse, et ça recommence à n’en plus finir. Ce tronçon sera long puisqu’il nous mènera jusqu’au 83° kilomètre. J’ai vraiment eu un coup de mou, comme à chaque fois entre le 50° et le 70° kilomètre. Manque d’entrainement évident. Mais ça forge le mental ! Et là, maintenant, je peux vraiment commencer à le dire « Je suis fatigué, quand est-ce qu’on arrive ? ».

Vers le 70° kilomètre, certainement après un single bien cassant, je vois Didier remuer sa main, manifestement il souffre. Son opération du canal carpien n’a que trois semaines. Il n’a pas totalement récupéré la préhension, sans doute doit-il forcer davantage pour tenir le guidon. Comment se plaindre (sérieusement) en roulant avec lui, aussi dur à la douleur ?

Vers 13 h 30/13 h 45, nous arrivons au cinquième et dernier ravito après avoir passé des singles bien techniques et cassants, des bosses bien senties (beaucoup à plus de 15 %) qui reviennent, et rejoint le circuit de 50 km. Ca épuise tout le monde. Et puis il y a aussi maintenant des passages plus roulants, et forcément, ça roule plus vite. On se rend compte aussi que les concurrents du 100 km doublent ceux inscrits sur le 50… Et oui, même moi ! Du coup, ça redonne le moral, mais pas les cuisses. La moindre bosse fait relativiser.

Château de La Tranchade – Garat (130 m) Le « massus de La Truncheda » protégeait Angoulême de ses envahisseurs. Surplombant magistralement la vallée de l’Anguienne, La Tranchade a conservé pendant plusieurs siècles son statut de puissante place forte. Pressac, Nesmond, Normand de Puygrelier, Lorgeril s’y succèdent. Dans ce dernier château, les bénévoles sont cette année déguisées en vahinés. (cherchez l’intru !) en compagnie du châtelain (le vrai).

Il fait beau certes, la température a monté, mais les filles ne doivent quand même pas avoir très chaud. Bon, manque de chance, alors que maintenant je mangerais bien un peu de salé… il n’y a plus de sandwich aux rillettes ! Victimes de leur succès (plus de 2 500 concurrents sur les différents circuits), les provisions pourtant vues larges ont fondu comme neige au soleil. Il y a néanmoins des ventrêches. Mais mon expérience avec les andouillettes il y a deux ans (qu’est-ce qu’elles étaient bonnes !) m’aura au moins appris que la gourmandise est un défaut très vite sanctionné sur un vélo. Et Didier continue de manger !!! Une fois de plus, je pars devant (de toute façon je lui fais perdre du temps) pendant qu’il continue de faire travailler les mâchoires.

Allez, le dernier tronçon, il reste un peu moins de 20 kilomètres, il faut juste tenir. Pas de folie, gérer l’effort. Nous descendons par un tout petit escalier qui mène aux douves du château. Didier me rattrapera rapidement, je crois que je lui dis de finir de s’amuser. J’irai au

bout, le moral est revenu, même si les cuisses… Je m’enfile un gel coup de fouet (dopé

le mec !) entre les 85° et 90° kilomètres, je suis rattrapé par les collègues de tout à l’heure. Je les suis un peu, mais ils me bouchonnent dans les singles. Du coup, je repasse. Ils me diront après que ça les arrangeait bien d’avoir un lièvre, ils sont aussi rincés que moi… Passage à côté de Soyaux dans les genêts, singles, puis une belle descente. Nous arrivons à Magnac sur Touvre et Ruelle avec la traversée d’un grand pont sur la Touvre.

La Touvre (La Toluère jadis) – passerelle de Grelet –Ruelle & Magnac (62 m) Remarquable traversée sur la rivière à truites. La Touvre, affluent de la Charente longue de 11 km seulement et aussi large à sa source qu'à son embouchure, issu de la deuxième résurgence de France quand le karst de La Rochefoucauld absorbe en partie la Tardoire et le Bandiat. Son débit moyen serait de 12 M3 / s. Je me plante un peu (une voiture fait un demi-tour devant une balise, nous sommes donc 4 couillons à tirer tout droit… dans une impasse ! Retour, passage roulant où je me fais passer par des collègues (7 je crois), je n’ai plus le jus pour suivre, même sur le plat. Il fait maintenant un bon 20 degrés (25 dans quelques centaines de mètres en plein soleil). Plus de jus, c’est du moins ce que je pense, jusqu’à ce que le chemin

bifurque à droite dans l’herbe. Et là, tout le monde déguste, parce que nous remontons au-dessus de Mornac. Nous reprenons plus de 100 m de dénivelé, dans l’herbe au début, puis dans un raidard terrible que je suis seul à monter sur le vélo (Didier me dira après qu’il l’a lui aussi monté à pied après s’être fait bouchonner). Et du coup, je remonte les gars les uns après les autres, surpris qu’ils ne reviennent pas sur moi. Manifestement, j’ai bien géré l’effort, mais un peu façon épicier… Plus que quelques hectomètres avant le kilomètre 100, je ne lâche rien et arrive alors

un single en descente bien pentue. Cette fois c’est bon, c’est sûr. Mornac est en bas. Faire attention à ne pas faire de bêtise, ce serait trop bête, mais tellement vite arrivé. Une petite erreur, un freinage mal assuré, et c’est la belle gamelle assurée. Mais la descente me va généralement pas trop mal… Nous arrivons à Mornac, des concurrents devant, j’en repasse 5 ou 6 et…….

Que c’est bon !!!! Didier m’attend, frais comme un gardon. Je suis quant à moi cramé. Je m’allonge dans l’herbe, au bout du rouleau. Certainement les nerfs qui se relâchent également. La suite, c’est Didier qui m’offre une bonne crêpe (je ne lui ai presque pas demandé)

Petite discussion avec Stéphane, qui me propose de faire un petit tour de fat bike

Didier ne me verra même pas descendre les marches juste devant lui, occupé à « SEMESSER », un vrai gamin je vous dis ! Bilan en quelques chiffres (on ne se refait pas) :

• 101.17 km ; • 2 010 m de dénivelé (pour 2 062 annoncés) au GPS ; • 15.7 km/h de moyenne : plus de 16 pour Didier, et 17 l’an passé mais avec un

parcours plus roulant, moins de monotraces (singles) et moins de visites ; • 6 h 27 de roulage sur le vélo, pour un chrono d’exactement 7 h 30 intégrant les

arrêts. Nous retrouverons un peu plus tard mon petit beau-frère. Inscrit sur le 50 km, il m’a dit en avoir vraiment bavé. Et oui, je te comprends…. En dehors de cela, l’épreuve a cette année connu un réel succès avec plus de 2 500 participants (tous circuits confondus, et avec les marcheurs), dont 201 inscrits sur le 100 km, et 146 sur le 80 km. C’est chouette de faire partie de l’élite !!! Mais les chiffres sont vraiment dérisoires. Il faut retenir un raid de toute beauté, certes bien physique (mais il y a bien pire !) avec un bon copain, sur des chemins et des sites ouverts rien que pour nous. Comme d’habitude une super organisation, la sécurité assurée, des bénévoles extraordinaires, et des propriétaires de magnifiques propriétés à qui il faut adresser un grand merci ainsi qu’aux élus qui ont contribué, et bien naturellement aux organisateurs du club BRC Mornac. Merci les amis, continuez à nous régaler ainsi, année après année. Je vous dis à l’année prochaine, du moins j’espère. Pour plus d’infos : http://www.brcmornacvttclub16.com/ Jean-François Léger AC Pommeuse – Boissy en Brie (77)