2

Les E

nquê

tes d

u co

mm

issai

re P

erlic

chi

16.14 632638

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 200 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 16 ----------------------------------------------------------------------------

Les Enquêtes du commissaire Perlicchi Recueil de nouvelles

Violette W-Ruer

Vio

lette

W-R

uer

2 2

2 3

Je dédie ce livre à mon ami Philippe Genestier de

Chateaubodeau pour le remercier d’avoir participé à la nouvelle « Le miroir de l’autre dimension » en partageant des bribes de sa vie. Je les ai cependant narrées dans un contexte différent, romancé et avec des noms fictifs.

Les grandes déceptions et défaites de la vie conduisent parfois vers de réelles victoires….

Chercher à savoir ce que réserve l’avenir est en somme négliger le présent….

La vie nous donne de multiples raisons de pleurer pourquoi ne pas se pencher aussi sur les tonnes

de raisons de sourire et de rire….

L’espoir d’une vie meilleure fait survivre, accepter le présent est vivre.

W-R V.

2 4

2 5

Cinq nouvelles

Chapitre 1 : Tonio et Tonio… Passé et présent se mêlent avec au centre de l’histoire une amie jalouse…. Un bal masqué significatif…

Chapitre II : Le prisme de la vérité Les agissements d’un Gourou dans une secte. L’avilissement d’une femme par un mari sournois… La revanche de Caroline héroïne de l’histoire.

Chapitre III : Les démons de la mémoire Echange d’identité. Crime atroce. Inspectrice trop zélée. Comment le commissaire Perlicchi va-t-il démêler l’écheveau ?

Chapitre IV : Le miroir de l’autre dimension Olympe, torturé moralement et physiquement dans sa jeunesse, sous la dépendance d’un père autoritaire et d’une harceleuse morale : Charlotte. Deux crimes et voilà la commissaire Perlicchi à nouveau sur la brèche.

Chapitre V : Vitrine des souvenirs Les infidélités de Nelson Courtois confrontées à un destin implacable.

2 6

2 7

Chapitre 1 Tonio et Tonio…

Etait-elle née sous une bonne étoile ? Elle se posait souvent cette question et l’estimation variait au fil du temps. Confier ses angoisses au premier venu n’était pas son habitude, pas davantage faire des plans sur la comète. Alors pourquoi avoir parlé à cet inconnu dans le café où elle attendait son amie Claudine ? Décidément sur la partition de sa vie les notes se joignaient en blanches lentes ou en double croches très rapides, les évènements affluaient comme des petites boules envoyées par une sarbacane de carnaval. L’équinoxe de printemps influait sur son moral et ses réactions.

Tonio, il s’appelait Tonio ! Un immortel souvenir l’entrainait dans le dédale du passé comme un livre que l’on ouvre au fil du temps, une technique imparable pour se remémorer des moments douceur, s’apercevoir de l’indifférence du destin tantôt exubérant, tantôt

2 8

cruellement ressenti : une mère beurrant les tartines du petit-déjeuner, un père qui dès le réveil se penchait sur ses affaires en ouvrant tous les tiroirs du Mazarin, ce bureau dont il était si fier ! Des moments que Victoria finissait par calquer par automatisme comme un retour vers l’enfance où le présent était simplement séparé par une virgule. Comme les étages d’une pagode mise en évidence sur le tertre de la vie, chaque moment important culminait dans son vaporeux cerveau.

Donc Tonio lui expliquait qu’il était fonctionnaire et que ses horaires étaient plutôt en dents de scie. Etrange pour un fonctionnaire ! Il n’avait rien dit de plus. Il savait écouter et cela lui plaisait. Leur rencontre fut simple. Victoria buvait tranquillement un café quand Tonio lui demanda s’il pouvait s’asseoir à sa table, toutes les autres étant occupées. Excuse ? Oui et non car c’était la vérité. Elle lui confia une partie de son existence sans la moindre gêne quand arriva Claudine, amie de Victoria depuis de longues années, exubérante comme à son habitude, surgissant comme un cheveu sur la soupe et le pire, ne s’en apercevait même pas !

Tonio proposa une consommation à Claudine qui accepta avec empressement. Seule depuis un an, elle cherchait l’âme-sœur exceptionnelle qui la ferait à nouveau vibrer. Victoria lui en voulut tout à coup de s’imposer. Depuis longtemps elle ne livrait plus ses émotions et pour une fois que le pont-levis de sa

2 9

forteresse commençait à descendre, Claudine venait tout chambouler !

Quand le moral baissait, elle se roulait en boule comme un hérisson, position de défense pour éviter de tomber dans un cloaque d’angoisse et de dépression. Et bien là, justement, c’était le cas. Elle ne disait plus un mot, difficile de toute façon, Claudine, vrai moulin à paroles, l’agaçait, alors elle décida de partir. Son amie s’écria : Mais tu es en congé aujourd’hui ! Qu’importe ! Claudine ne perdit pas le nord et proposa une partie de bowling pour la soirée. Cela parut enchanter Tonio qui aimait bien ce divertissement et, se tournant vers Victoria : Nous pourrions peut-être diner dans un bon restaurant à proximité du club avant nos parties. Accepteriez-vous mon invitation ? Avant que Victoria ne puisse ouvrir la bouche, Claudine s’exclamait : Bien sûr que nous acceptons !

Cette fois Victoria explosa ! Comment Claudine pouvait-elle décider de tout ainsi ? Elle avait d’autres projets ! Mais lesquels ? Cela ne la regardait pas ! Tonio s’excusa et dit simplement : Mesdames au revoir…, Peut-être pour une prochaine fois.

Claudine en colère apostropha son amie dès qu’elles furent dans la voiture : Qu’est-ce qui t’a pris Victoria ? Cet homme est charmant et il me plait bien… Tu as tout gâché avec ton sale caractère ! Bon sang cette nana n’avait rien compris ! Tu es arrivée au

2 10

milieu de notre conversation, et ton sans gêne m’a mise mal à l’aise ! N’as-tu pas remarqué qu’il s’adressait à moi pour l’invitation ?

Victoria pensait-elle que Claudine n’était pas prévue au programme ? Elle délirait la pauvre ! La proposition du bowling émanait d’elle… Le bowling oui… Pas le restaurant répliqua Victoria.

Claudine la fixa étrangement puis : Ce n’est pas vrai ! Je n’y crois pas ! Ce mec t’intéresse ! Même si Germain est en déplacement, que tu te retrouves seule et que tu t’ennuies, tu es mariée !

Le sort nous envoyait parfois une brutale châtaigne nous permettant de revenir à la réalité. Le piquant du chardon venait de remplacer la douceur de la rose.

Après avoir déposé Claudine et refusé son invitation à entrer quelques minutes, elle téléphona à Germain. Toujours la messagerie… Tant pis… Ses doigts couraient sur le clavier de l’ordinateur libérant son esprit de toutes pensées négatives, le déliant de ce presse-tête envahissant et migraineux en suspend. Elle transmettait ses idées noires sur son blog, impersonnellement, en poésie, un exutoire salutaire. Il ne lui était jamais arrivé d’ouvrir les portes de son royaume secret. Voilà qu’un inconnu avait réussi cet exploit ! Pourquoi ? Elle devait se reprendre. La boite à sanglots était sagement rangée dans un placard, inutile de l’ouvrir à nouveau.

2 11

Une nouvelle journée commençait. Son travail de barmaid au bowling lui occuperait l’esprit et ses pensées seraient alors loin de ce Tonio, fugitivement passé dans sa vie. Elle ne pouvait cependant s’empêcher de penser à lui. Etait-il beau ? Oui, elle devait l’avouer. Avec son regard clair, sa tignasse bouclée noire et son teint bronzé il devait aisément plaire aux femmes. Elle détestait pourtant d’habitude ce genre d’hidalgo qui en dehors de sa beauté n’avait qu’un cœur d’artichaut. Quelle importance elle ne le reverrait certainement plus.

Le lendemain soir, après une journée difficile avec des clients bruyants et ivres, les souvenirs affluaient quand elle pensait à Tonio. Oh ! Pas celui qu’elle avait rencontré au café, mais celui de son passé, celui qu’elle aurait dû épouser à la place de Germain quinze ans plus tôt.

Elle l’avait connu alors qu’elle était déjà fiancée à Germain. Une simple soirée chez Claudine et des amis alors que Germain était à l’université de médecine de Strasbourg et ne rentrait que tous les quinze jours. Tout avait commencé, après plusieurs slows, avec le jeu de la vérité. Il fallait répondre sincèrement à des questions posées par une personne tirée au sort. Tonio lui demanda pour quelle raison elle se mariait… Victoria répondit très vite, parce qu’elle aimait son fiancé… Tonio insistait : vraiment ? Sincèrement ? Bien sûr sinon elle renoncerait au

2 12

mariage ! Tonio se leva, la prit contre lui et l’embrassa sur les lèvres. Victoria perdit les pédales sous le regard noisette de son interlocuteur et ne fit pas un geste pour le repousser ! Devant l’assemblée médusée elle lui rendit son baiser. Quand elle reprit ses esprits du moins ce qu’il en restait, elle voulut le gifler mais il retint sa main : trop tard, il avait sa réponse.

Les rendez-vous se suivirent puis Germain eut un grave accident de voiture en rentrant chez lui. Immobilisé pendant plusieurs semaines il se raccrochait à Victoria comme à une bouée de sauvetage. Il l’aimait comme un fou et ne cessait de le clamer à qui voulait l’entendre. Elle n’était pas insensible à cet amour mais quelque chose avait changé… Elle était amoureuse de deux hommes en même temps ! Elle ne se sentait pas le droit de faire du mal à Germain, elle s’était donc mariée avec lui coupant tout contact avec Tonio. Elle revoyait encore le regard douloureux du latino au moment de la rupture. Elle l’avait quitté la mort dans l’âme. Plus tard elle apprit le mariage de Tonio avec une de ses amies, ce qui la fit énormément souffrir, d’autant plus que durant ces années Germain s’était transformé en mari courant d’air ! Elle avait fait le mauvais choix…

Non… Plus question de souffrir ! Elle avait traversé, tour à tour, des couloirs joyeux et d’autres lugubres et noirs, aujourd’hui elle buvait goutte à goutte à la fontaine de la sagesse et de la sérénité.

2 13

Long fut le chemin, mais elle y parvenait maintenant en refermant les portes de la forteresse de son cœur.

* * *

Tel un lion en cage elle lisait et relisait la lettre arrivée dans la matinée et qui faisait un shampoing acide à son cerveau ! Germain la quittait, il n’avait même pas jugé utile de lui parler en face ! Elle étouffait sous l’effet de l’émotion ! Il avait connu une jeune femme divorcée lors d’un déplacement et avait l’intention de faire sa vie avec elle. Voilà pourquoi il ne répondait jamais à ses appels… Depuis quand cela durait-il ? Elle l’ignorait et ne voulait même pas le savoir. Après le premier abasourdissement, la colère monta en mayonnaise, elle avait besoin de s’exprimer, de crier sa colère, de hurler sa douleur. Elle décida de retourner au café et se fit servir un grand verre de vodka qu’elle avala d’un trait. Elle toussa, faillit s’étrangler car elle ne buvait jamais d’alcool mais elle demanda un autre verre… Puis un autre…

De l’alcool à cette heure de la journée ! Vous y allez fort !

Qui donc osait critiquer son attitude ? Une voix d’homme, ce n’était vraiment pas le moment ! Elle se retourna et deux yeux clairs la fixaient…

Tonio ! Excusez-moi mais je n’ai de compte à

2 14

rendre à personne… à plus personne d’ailleurs… Un autre verre s’il-vous plait !

Il lui prit doucement le bras, l’invita à s’asseoir à une table plutôt que debout devant ce bar où elle se donnait en spectacle. Elle faillit rétorquer méchamment mais elle se sentait mal, le trop plein d’alcool lui coupait les jambes. Tonio restait calme :

Avez-vous une voiture car si tel est le cas, vous ne pouvez conduire dans cet état…

Oui elle avait une voiture mais elle était restée dans le garage… Elle habitait à deux pas… Il allait donc la raccompagner chez elle, elle avait assez bu.

Il prit les clés, ouvrit la porte. Victoria avait des nausées et dès l’ouverture se rua dans les toilettes…. Tonio partit à la recherche de café ou de thé. Le lieu était assez luxueux : une cuisine américaine donnait sur un salon pourvu d’un canapé d’angle en cuir blanc qui tranchait avec le mobilier sombre ancien de style Napoléon. Comme Victoria ne revenait pas, il partit à sa recherche… l’appartement était immense… Il trouva enfin la salle de bains au bout d’un long couloir. La jeune femme, écroulée devant la baignoire, pleurait à chaudes larmes… Il la souleva doucement et la ramena vers le salon. Elle se laissait faire, totalement insensible à ce qui l’entourait. Il abandonna l’idée de lui faire boire un café et l’aida à s’allonger sur le canapé. Elle était sans énergie et finit par fermer les yeux.

2 15

Il la fixait se demandant ce qui avait pu arriver à une si jolie femme. Elle semblait si vulnérable, tout à fait le contraire de ce qu’elle laissait paraître l’autre jour avec Claudine. Des cheveux mi-courts châtain foncé, certainement bouclés au naturel, une petite mèche rebelle se profilant sur des yeux verts magnifiques, autant qu’il pouvait s’en souvenir avant qu’elle ne sombre dans les bras de Morphée, un tailleur chic marine et blanc, tout cela faisait un ensemble charmant. Il chercha de quoi la couvrir et trouva un plaid sur un fauteuil puis il quitta la pièce discrètement en laissant une carte de visite et un petit mot sur la table.

* * *

Des cris résonnaient dans l’appartement : Victoria réveille-toi ! Il est dix neuf heures et le

patron est furieux ! J’ai dû te remplacer après mon service !

Victoria ouvre un œil, comment Claudine était-elle entrée ? La réponse fut hurlée :

Par la porte quelle rigolade ! Elle n’était pas fermée à clé… Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu as pris un somnifère ? Bon sang tu sens l’alcool ! Pas étonnant que tu n’entendais pas le téléphone !

Oh lala, ce n’était pas le moment de crier…

2 16

Victoria ne supporterait pas la moindre remarque ! Elle vit la carte sur la table du salon. Elle n’eut pas le temps de tendre le bras, Claudine, suivant son regard, se précipita et lut le message : Bonne fin de journée, reposez-vous, demain est une autre journée et n’oubliez jamais que rien ne mérite que vous vous mettiez dans un tel état. Très amicalement. Tonio.

Tonio ! Que faisait cet homme chez elle ? Qui avait-il entre eux ? Claudine était furieuse. Elle pensait à Germain et surtout à Tonio pour qui elle avait perdu la tête ! Elle subtilisa la carte de visite que Victoria n’avait pas vue. Victoria n’aimait pas du tout le ton de son amie :

Claudine tais-toi… J’avais trop bu et cet homme m’a ramenée chez moi… Je ne l’ai pas vu repartir parce que je me suis endormie… Je vais d’ailleurs devoir le remercier… N’a-t-il pas laissé un numéro de téléphone ?

Claudine mentit sans remord : Non, il n’y avait que ce petit mot… Tu devrais

appeler Germain…

A ce nom, Victoria se leva brutalement, trébucha sur une décoration, prit la lettre sur le buffet et la jeta au pied de Claudine. Elle devait arrêter de la bassiner avec Germain, c’était un salaud, qu’elle lise, elle saura tout…

L’amie effarée prenait connaissance des circonstances mais aussi du fait que Victoria n’avait

2 17

plus d’obstacle pour faire plus ample connaissance avec Tonio ! Il fallait absolument la devancer ! Elle la quitta donc une heure plus tard, bien décidée à téléphoner au bel hidalgo le plus vite possible. Puis une stratégie germa dans son cerveau en ébullition.

Elle tournait depuis un moment dans la rue quand enfin elle vit le nom de l’impasse et le numéro recherché. Plutôt que de téléphoner elle se rendit chez lui. Elle se figea quand une femme ouvrit la porte. Elle bafouilla une vague excuse, allait partir quand Tonio la pria d’entrer. Il souriait et s’amusait de l’embarras de Claudine. Avait-elle des nouvelles de Victoria ? Oui c’est pour cela qu’elle venait le voir. Son amie le remerciait par son intermédiaire parce qu’elle ne pouvait le faire elle-même, son mari allait arriver… La stupeur se lisait sur le visage de l’homme… Il avait cru lire que… Il ne posa aucune question et proposa un café à la jeune femme. Elle n’avait pas encore diné alors… Qu’importe, ils pouvaient se rendre dans un restaurant… Claudine aux anges, accepta tout de suite… Elle avait réussi son coup !

De retour chez elle, Claudine déçue de la soirée car rien ne s’était passé se dit qu’au moins les premiers jalons étaient posés. A elle maintenant d’empêcher son amie de revoir Tonio car lui, semblait quand même intéressé, il n’avait pas cessé de parler de Victoria. Il reçut évidemment de fausses informations comme : Victoria est très amoureuse de son mari. Ils se disputent

2 18

comme tous les couples mais ensuite ils se réconcilient sur l’oreiller. Cela ne dure jamais longtemps. Tonio semblait la croire… Mais un tel désespoir pour une simple dispute ? Bon, par expérience il savait que certaines femmes dramatisaient tout. Tout de même… Il n’avait vu que quelques mots des feuillets éparpillés sur le sol et qu’il avait posés sur le buffet, mais ce ne devait pas être une bonne nouvelle. Victoria répétait sans cesse « le salaud ! » Il n’avait pas à s’en préoccuper… Son travail seul comptait et ces deux femmes ne pouvaient que l’aider…. Il ne les lâcherait donc pas d’une semelle !

Puis-avoir un vichy fraise ?

Victoria leva la tête du bac où elle lavait les derniers verres. Tonio ! Décidément il arrivait toujours par surprise. Etait-ce un hasard ou savait-il qu’elle travaillait dans ce bowling ? Il était au courant, Claudine en avait parlé la veille au restaurant. Ainsi elle avait réussi à se faire inviter… Un petit pincement au cœur…

Vous me l’avez envoyée pour me remercier… Ce n’était pas la peine, nous aurions eu l’occasion de nous revoir… la preuve… Je vois que vous allez mieux…. Les réconciliations sur l’oreiller sont parfois efficaces….

Elle n’eut pas l’occasion de lui demander des explications, Claudine arrivait toute pimpante bien qu’un peu inquiète en voyant le visage de Victoria.

2 19

Elle s’adressa immédiatement à Tonio : Je t’avais bien dit que j’étais libre aujourd’hui…

Pourquoi être venu ici ? Pas grave, Victoria va nous servir un verre n’est-ce pas ?

Tonio ne semblait pas ravi de ce tutoiement mais il l’avait accepté la veille… Claudine avait fortement insisté… Elle était d’ailleurs contente d’avoir pris l’initiative de passer au bowling…. Elle avait eu chaud ! Apparemment Victoria n’avait pas eu le temps de parler au séduisant Tonio.

Victoria commençait à comprendre ce qui se passait. Claudine avait pris l’excuse du remerciement pour se rapprocher du latino. Qu’avait-elle inventé pour qu’il lui lançât la phrase de tout à l’heure ? Après tout elle s’en moquait, après la trahison de son mari, les hommes étaient le moindre de ses soucis. Elle avait ouvert son cœur à cet homme, elle se demandait bien pourquoi ! Pauvre idiote ! Qu’il aille paître ailleurs ! Elle n’irait pas les servir.

Elle, enfila son manteau, quitta le bar et se dirigea vers sa voiture. Le patron l’appelait mais elle n’écoutait plus. Elle ne reviendrait pas, de toutes façons cet emploi était provisoire, juste pour attendre la place de secrétaire dans un cabinet d’avocats qui l’attendait en début du mois suivant. Cela tombait bien d’ailleurs ! Elle démarra en trombe, les larmes aux yeux. Elle ne savait pas ce qui la blessait davantage à ce moment précis : la lettre de Germain

2 20

ou la froide attitude de Tonio.

Une autre surprise l’attendait ! Son mari, assis sur un fauteuil du salon. Il voulait parler de la situation :

Nous pouvons et devons faire les choses correctement…

Correctement ! C’était la meilleure ! Il ne manquait pas d’air ! Qu’il dégage ! Il n’avait plus rien à faire chez elle ! Il lui fit remarquer que c’était également chez lui encore… Elle le poussa vers la porte avec toute la force de sa colère, le jeta sur le palier et referma la porte à double tour. Demain elle changerait les serrures ! Dorénavant ils se verraient au tribunal !

C’en était trop ! Tout le monde s’était liguée contre elle pour la faire souffrir ! Ce qu’il lui fallait en l’instant, c’était une bonne douche chaude et un somnifère pour dormir, peut-être deux… ou trois… Elle voulait tout oublier….

Des coups violents à la porte lui parvenaient en sourdine, un brouhaha de voix puis le silence… Quelqu’un la soulevait, la faisait marcher, lui disait de ne pas se rendormir, une voix qui trahissait l’inquiétude en même temps que la détermination. Puis, installation sur une civière et des lumières blanches qui lui faisaient mal aux yeux.

Plus tard, à trois heures du matin, le médecin de garde donnait des nouvelles : La dame était hors de