15 septembre 2012 mag - fft.fr · 2 mag -le magazine du club fédéral des nseignants...

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1 Bimestriel N°  78 15 SEPTEMBRE 2 0 1 2 78     -Mag Le magazine   du Club fédéral des     nseignants professionnels     -Mag SOMMAIRE n n n PÉDAGOGIE Le tennis des 4-6 ans ou comment apprendre à jouer avec son corps par Stéphane Der PÉDAGOGIE Le coaching des enfants de 8 à 12 ans par Hugues de Castilla PÉDAGOGIE Automatiser la variabilité technique pour exploiter la créativité par Cyril Genevois DÉVELOPPEMENT Un court de tennis au cœur d’un centre commercial par Driss Guerrouj TECHNIQUE ET PÉDAGOGIE Une bonne attitude d’attention pré-dynamique conditionne l’ensemble de la technique gestuelle par Marc Renoult et les membres du département Tennis Régional de la Fédération Française de Tennis ENTRETIEN Caroline Aussepe propos recueillis par Stéphane Jarry 3 9 13 18 22 26

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Bimestriel

N° 7815 septembre2 0 1 2

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   -MagLe magazine  du Club fédéraldes     nseignants professionnels

N°    -Mag

sommaire n n n

pédagogie Le tennis des 4-6 ans ou comment apprendre à jouer avec son corpspar Stéphane Der

pédagogie Le coaching des enfants de 8 à 12 anspar Hugues de Castilla

pédagogie automatiser la variabilité technique pour exploiter la créativitépar Cyril Genevois

déveLoppement Un court de tennis au cœur d’un centre commercialpar Driss Guerrouj

techniqUe et pédagogie Une bonne attitude d’attention pré-dynamique conditionne l’ensemble de la technique gestuellepar Marc Renoult et les membres du département Tennis Régional de la Fédération Française de Tennis

entretien caroline aussepepropos recueillis par Stéphane Jarry

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   -MagLe magazine  du Club fédéraldes     nseignants professionnels

éditorial n n n

TENNIS ET JEUX OLYMPIQUES

J’ai particulièrement apprécié le tournoi olympique. Les parties ont été acharnées, le site de Wimbledon était idéal – bien qu’éloigné du village olympique –, le public a répondu présent et surtout, il a consacré de très beaux vainqueurs, en simple comme en double. Nous ne rapportons pas d’or mais revenir avec quatre joueurs médaillés est une performance exceptionnelle.

On retiendra que le tennis a remarquablement tenu son rang lors de ces Jeux. C’est un sport parfois ressenti comme trop professionnel pour être olympique. Pourtant, les joueurs et les joueuses ont prouvé qu’ils pouvaient jouer pour leur pays et défendre les valeurs de l’olympisme, basées sur la cohabitation et les échanges permanents entre sportifs du monde entier, sur le respect total de l’athlète quelle que soit la discipline qu’il pratique. Le tennis, par son universalité, son niveau et l’esprit des champions actuels, mérite bien sa place aux Jeux.

Et c’est ce qui doit faire rêver les jeunes joueurs que l’on entraîne, au même titre que les tournois du Grand Chelem, la Fed Cup et la Coupe Davis. Nous devons favoriser ce rêve qui débute souvent par les matchs par équipes au cours desquels nos jeunes entraînés défendent, en simple comme en double, les couleurs de leur club ou de leur ligue, découvrant là le bonheur de pratiquer un sport d’équipe et un sport collectif.

C’est d’ailleurs ce rêve olympique et ces valeurs qui ont poussé Stéphane Houdet, notre leader de l’équipe de France de tennis en fauteuil à reprendre la raquette, neuf ans après son accident de moto, lui permettant ainsi de participer aux jeux Paralympiques de Pékin et maintenant à ceux de Londres (voir E-mag n° 77). Après une médaille d'or en double à Pékin, nos « Mousquetaires » du tennis en fauteuil ont rapporté de Londres trois nouvelles médailles.

Patrice HagelauerDirecteur Technique National

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Le tennis des 4-6 ans ou comment apprendre à jouer avec son corps 

par Stéphane Der, membre de l’équipe technique régionale du Val-d’Oise, formateur au DE et DES pour les ligues d’Île-de-France

Afin de mieux accueillir les enfants à partir de 4 ans dans les clubs, la ligue de tennis du Val-d’Oise propose depuis 2007 une formation continue pour les enseignants professionnels – 56 enseignants diplômés d’État de la ligue l’ont déjà suivie en cinq ans – désirant inscrire leur club dans un projet éducatif pour les enfants âgés de 4 à 6 ans.

LE PROJET ÉDUCATIFL’objectif général est de permettre aux enfants âgés de 4 à 6 ans de développer les capacités néces-saires pour s’initier au tennis, ce qui leur permettra de progresser rapidement et durablement.

les objectifs spécifiques :• apprendre à jouer avec des balles : savoir envoyer

et surtout renvoyer des balles vers un parte-naire, puis apprendre à le déplacer et enfin à le surprendre ;

• apprendre à jouer avec son corps : améliorer ses capacités de dissociation et d’équilibre pour mieux enchaîner les mouvements ;

• apprendre à jouer avec les règles : l’adulte orga-nise des jeux de règles pour solliciter les res-sources affectives et intellectuelles de l’enfant (comptage des points, limites du terrain).

JOUER AVEC SON CORPS : DE QUOI S’AGIT-IL ?On entend souvent parler en pédagogie de formation technique du joueur. Certains spécialistes disent que l’essentiel, c’est la préparation ou le transfert du poids du corps.Cependant, avant tout travail spécifique des élé-ments techniques (forme gestuelle, rythme,

phases), il s’agit de savoir utiliser son corps pour lui permettre de produire le geste voulu.Il semblerait qu’à la notion de « geste » puissent se substituer des expressions plus réalistes telles que « acte moteur », « comportement moteur », « conduite », etc. Cette différence de nomenclature traduit un changement radical dans l’approche du geste sportif par la prise en compte de multiples paramètres, principalement le rôle des perceptions.

LE PREMIER FACTEUR DE PROGRèS : LA LECTURE DES TRAJECTOIRESIl faut avant tout se familiariser avec le rebond de la balle pour apprendre à se placer, à se déplacer.Les moyens à proposer aux enfants (surtout à ceux âgés de 4 ans) sont connus, mais primordiaux à avoir à l’esprit :• préconiser des envois de balles plutôt éloignés

des enfants (tout en restant adaptés) afin de faci-liter le jeu en mouvement et la mise en action de la vision périphérique ;

• jouer beaucoup de balles : la notion de volume de frappes est décisive, en adaptant le milieu (comme le recommandait Jean-Pierre Famose), notamment les balles, du ballon roulé (ballon paille) à la balle « petit tennis », vers les balles en mousse et les balles souples ;

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• le jeu avec le mur : celui-ci est un outil fantas-tique pour l’aide au traitement de l’information, sans compter les défis qu’il occasionne : maxi-mum d’échanges, jeu en autonomie, etc. ;

• intégrer aux séances la notion de « répétiteur », sorte de sparring-partner des enfants qui peut être un jeune du centre d’entraînement ou du club junior (une fille ado notamment), un parent ou un futur AMT. Le répétiteur doit engendrer plus d’in-tensité dans la séance en privilégiant une meil-leure qualité de balle.

LE SECOND FACTEUR DE PROGRèS : LES TROIS CAPACITÉS DU CORPS HUMAINPour illustrer l’opposition entre « geste » et « acte moteur » (expression dont la paternité revient à Henri Wallon), Jean-Pierre Bonnet* a déterminé trois éclairages distincts pour comprendre les réponses motrices :

1. les stades de la dissociationLe processus de dissociation permet, à partir de réponses « explosives » au départ où tout le corps se raidit pour exécuter chaque frappe, d’évoluer vers une dissociation des épaules et du bassin, puis vers celles concernant les bras et les jambes par rap-port au tronc (frappes dans le mouvement) pour atteindre la dissociation de l’avant-bras par rapport au bras (gage de précision et de puissance).intérêt pour l’enfant : prendre de l’élan afin de pou-voir donner de la vitesse à la balle.

Exemple de situation tennis :faire marcher un enfant dans une allée et lui deman-der de renvoyer les ballons paille ou les balles mousse sans jamais s’arrêter de marcher (les enfants âgés de 6 ans pourront renvoyer les balles de volée) ; il est intéressant d’enchaîner plusieurs frappes.

On peut aussi demander aux enfants de jouer à deux mains des deux côtés (coup droit et revers).

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*NDLR : Jean-Pierre Bonnet est professeur agrégé d’EPS, actuellement en poste à l’UFR STAPS de Dijon et forte-ment impliqué dans la préparation de plusieurs épreuves du CAPEPS. Il a publié en 2008 avec Cédrick Bonnet un ouvrage sur les courants pédagogiques : Théories de l’ap-prentissage moteur : étude comparée, aux éditions Actio.

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…2. les stades d’équilibrationLe processus d’équilibration passe par 1) le refus du déséquilibre, 2) le rééquilibrage a posteriori (avec les bras, entre autres) pour tendre vers 3) une équilibration anticipée (ajustement postural).intérêt pour l’enfant : renvoyer de manière précise des balles qui lui sont éloignées.

Exemples de situation tennisn Situation n° 1 : « la traversée de la rivière sur les rochers »Pour solliciter l’enfant sur l’équilibration, il faut qu’il soit dans l’urgence.

L’enfant avance en plaçant un appui extérieur sur chaque marque au sol. Après avoir enchaîné trois appuis extérieurs, l’enseignant envoie une balle à l’enfant qui doit courir puis frapper la balle dans un but, en essayant de s’équilibrer avant la frappe.

Évolution : à la place des marques au sol, nous pou-vons demander à l’enfant de marcher sur les socles des poteaux de mini-tennis ou sur un mini-banc.

n Situation n° 2 : « le flamant rose » (davantage pour les enfants de plus de 4 ans)L’enfant doit frapper un ballon de baudruche avec un seul appui au sol (d’où le nom « flamant rose »). L’échange se poursuit avec l’enseignant.

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3. les stades de la coordinationLe processus de coordination permet de raccour-cir le temps d’arrêt qui suit chaque mouvement ou chaque action du débutant, donc de réaliser un enchaînement d’actions dans un temps juste.intérêt pour l’enfant : avoir une réponse adaptée en situation d’opposition (matchs).

Exemple de situation tennis (davantage pour les enfants de plus de 4 ans)L’enseignant joue avec l’enfant tenant une raquette dans chaque main. L’enfant a besoin d’espace pour deux raisons :

• D’abord pour une question de sécurité (éviter que les enfants se donnent un coup de raquette).

• Mais aussi et surtout pour s’organiser dans le temps et l’urgence.

4. la latéralisationEn plus de ces trois capacités (dissociation, équili-bration et coordination), nous avons ajouté le pro-cessus de latéralisation dans les séances.

Définitions • La latéralité correspond à la prédominance fonc-

tionnelle qui s’étend aux organes doubles du corps.

• Latéralisation : processus qui organise cette asy-métrie, entraînant le choix d’un côté par rapport à l’autre (entre 3 et 6-7 ans, voire 8-10 ans).

Exemple de situation tennisL’enfant court, doit récupérer dans sa course une raquette posée au sol et venir frapper le ballon paille en mouvement. L’enfant saisit la raquette avec la main qu’il préfère (vérification par rapport au test de latéralité de la main).Si la situation est trop difficile, demander alors à l’enfant de courir ramasser la raquette et, seulement à ce moment-là, le répétiteur lance la balle.

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Idée de programmation :Les capacités du corps (dissociation, équilibration, coordination, latérali-sation) peuvent être combinées pour optimiser une programmation annuelle (ex. : exercices associant la dissocia-tion et la coordination, voir ci-après).

Exemples de situation tennisn Situation n° 1 : « les crabes sur la plage »L’enseignant joue avec l’enfant en situation d’opposition ou de coopéra-tion sur un terrain en ballon roulé avec deux ballons paille en même temps (cf. photo) en éloignant les buts le plus possible pour que l'enfant cherche un moyen de trouver de la puissance (dis-tance de « couloir à couloir » au mini-mum pour des enfants âgés de 6 ans).Évolution : « le jeu du magicien »Même situation, l’enfant et l’ensei-gnant réalisent des échanges en uti-lisant le matériel adapté au niveau et à l’âge de l’enfant. L’enfant, entre chaque frappe, fait passer la raquette dans son dos ou la fait passer entre ses jambes.

n Situation n° 2 : « la cage et les balles sauvages »L’enfant doit renvoyer des ballons de baudruche (à la main ou avec la raquette), des ballons paille (à la main ou avec la raquette), des balles mousse (avec la raquette) dans une cage maté-rialisée par un filet de mini-tennis et un mur. Enchaîner 4 ou 5 frappes. Les balles ne doivent pas toucher le sol.La différence de vitesse entre les bal-lons de baudruche (balle beaucoup plus lente dans l’air), les ballons paille et les balles mousse obligent l’enfant à adapter son rythme pour aller frapper chaque balle, d’où le travail de coordi-nation (réaliser un enchaînement d’ac-tions dans un temps juste).

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CONCLUSIONL’apprentissage, le progrès au tennis doivent donc se faire tout au long d’un processus au cours duquel la personne et son corps sont considérés comme une unité qui doit répondre de façon unifiée (Le Boulch). Cette conception se différencie radicalement de la méthode, trop courante encore, qui consiste à découper les gestes en petits morceaux (en phases) pour ensuite les rassembler.

L'apprentissage s’intègre obligatoirement dans un répertoire d’actions acquises précédemment. C’est pourquoi Jean Piaget modifie le schéma stimulus-réponse (S-R) en intercalant entre S et R l’interven-tion de l’organisme (S-Org-R).Ceci nous amène à signaler que le professeur, outre les conseils adaptés qu’il ne manquera pas d’appor-ter, a également un rôle d’organisateur, de « structu-rateur », de guide de l’action de l’élève, notamment grâce aux situations pédagogiques qu’il propose. Le progrès, loin d’être un phénomène cumulatif, est fondamentalement une réorganisation.

Enfin, je souhaite conclure en soulignant la très grande importance de la relation pédagogique avec les tout-petits, surtout avec les enfants de âgés de 3 ans et demi et 4 ans. Cette capacité à être en rela-tion avec l’enfant (voir Le Développement de l’en-fant, cf. la bibliographie) sera très formatrice pour les enseignants.

Nous devons toujours avoir en tête ceci : « Un enseignant doit rechercher, comprendre et respec-ter le désir chez les sportifs. Il peut être le meilleur

biomécanicien du monde, il ne se passera rien s’il ne rencontre pas des individus qui ont une étin-celle au fond des yeux, qui ont eu suffisamment confiance en eux dans leur jeunesse pour avoir rencontré le désir, même peu conscient, de pro-gresser et ainsi devenir les meilleurs. Car ce désir grandit chez un enfant grâce à la confiance qu’on l’aide à acquérir. » (Claude Fauquet, ancien DTN de natation et directeur général adjoint chargé de la coordination des politiques sportives à l’INSEP).

Le développement de ce programme a été le fruit de la collaboration de toute une équipe, plutôt deux équipes : l’équipe technique régionale et l’équipe du développement de la ligue. Je tiens à nommer christian rebuffe, ancien coordonateur de l’ensei-gnement et de la formation, qui a initié et mis en place ce projet, ainsi que mathieu pege, entraîneur et formateur intervenant avec moi depuis trois ans.

Bibliographie• Vers une pédagogie de l’acte moteur, par Jean-

Pierre Bonnet, éd. Vigot, 1988• Vers une science du mouvement humain, par

Jean Le Boulch, éd. ESF, 1971• Le Tennis naturel, par Odile de Roubin et

Catherine Gerbaud, éd. Alta, 1978• Mini-tennis/maxi-tennis, par Alain Rieu et

Jean-Claude Marchon, éd. Vigot, 1986• Le Développement de l’enfant de la naissance

à 7 ans, par Josianne Lacombe, éd. de Boeck, 2008

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Pour en savoir plus : Stéphane Der ([email protected])

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Le coaching des enfants de 8 à 12 anspar Hugues de Castilla, responsable de la formation continue

des enseignants professionnels à la Direction Technique Nationale

L’équipe de la DTN responsable de la formation des jeunes jusqu’à 12 ans a entrepris de réfléchir au printemps dernier, avec un groupe de CTR, sur la pratique du coaching pendant les compétitions. Ce sujet, souvent évoqué de manière informelle, n’avait pas fait l’objet d’une réflexion approfondie en dehors de la fixation des règles autorisant ou non le coach à intervenir auprès des joueurs pendant le match. Nous savons tous que le coaching est un outil de la formation des jeunes qui, s’il peut être très efficace, peut aussi parfois s’avérer contre-productif s’il est mal utilisé. Le jeune public, différent des adultes, en devenir permanent et plus sensible émotionnellement, nécessite une approche spécifique. Encore faut-il se mettre d’accord sur celle-ci, en définir les grands principes mais aussi identifier les excès ou les erreurs à éviter !

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C ette réflexion s’inscrit également dans le pro-jet de réforme de la compétition des moins de 11 ans que nous souhaitons plus péda-

gogique et formatrice sur les plans psychologique et tactique et davantage au service de la construc-tion de l’individu et du développement de l’estime de soi. Le rôle des enseignants et des entraîneurs y sera donc prépondérant pour accompagner chaque enfant dans ce qui est pour lui une aventure.Notre ambition était d’établir la ligne de conduite fédérale et le cadre général d’une bonne pratique du coaching. Pour y parvenir, nous avons choisi de nous appuyer essentiellement sur l’expérience pro-fessionnelle des participants avec l’aide, dans un premier temps, de Mélanie Maillard, psychologue du sport.À l’ouverture des travaux, des points de vue très divers sur les méthodes – du coaching permanent à l’absence de coaching – se sont exprimés mais un objectif commun s’est très vite dégagé : la formation du jeune joueur de tennis.

UNE DÉFINITIONNotre première difficulté a été de définir le terme de coaching.Pour Mélanie Maillard, c’est « un accompagnement ou un soutien sans prise en charge directe ». Pour le groupe, coacher c’est aider, guider, accompagner. Cette action se réalise en situation de compétition, avant, pendant et après le match, auprès d’enfants parfois en état de forte émotivité, voire de stress. C’est donc un acte de communication impliquant deux personnes qui nécessite de la part de l’adulte d’être à l’écoute de l’enfant et de garder la « bonne distance ».Pour cela, le coach, parfois lui-même ému et stressé, doit se connaître et s’écouter pour se maîtriser et, dans le cas contraire, s’abstenir de coacher. Pour atteindre ses buts, le coaching réclame une relation de confiance entre l’enfant et l’adulte fondée sur la sincérité de ce dernier.Avant d’aborder les méthodes de coaching, la ques-tion des buts recherchés se pose. Pour Mélanie

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Maillard, il s’agit de sensibiliser les enfants « vers la conscience agissante en allant de l’action vers la réflexion et la parole ». C’est pour elle un moyen qui a pour finalité de « développer les capacités de discernement des enfants, de leur permettre de comprendre les effets de leurs décisions et de leurs actions sur leur environnement ». Pour sa part, le groupe évoque trois dimensions qui s’imbriquent entre elles dans les court, moyen et long termes et qui doivent mener à l’autonomie du joueur : faire gagner, former et éduquer.

Ouvrons ici une parenthèse sur les risques, évoqués plus haut, d’un coaching mal maîtrisé : un coa-ching trop permanent et directif peut créer un fort lien de dépendance entre l’enfant et le coach qui entravera la prise d’autonomie du jeune ou qui limi-tera ses capacités d’adaptation et de créativité ; trop de reproches ou de jugements négatifs risquent de voir l'enfant se refermer sur lui-même et de déve-lopper chez lui un sentiment de culpabilité et un manque de confiance ; ou encore, une approche trop perfectionniste peut se révéler anxiogène pour l’enfant qui ne se sentira pas capable d’être parfait

et de satisfaire les attentes de son coach ; enfin, les interventions autoritaires du coach, si elles peuvent être efficaces à court terme, ne sont pas favorables à la responsabilisation de l’enfant et entraînent, à moyen terme, une baisse de rendement. C’est bien également dans la prévention de ce type de risques que se situe notre démarche.

UN PRINCIPE DE BASE : LA PROGRESSIVITÉSi donc la finalité est de mener à l’autonomie du joueur, il semble que deux principes soient à res-pecter : d’une part, l’alternance entre les compé-tions coachées et non coachées car la mise en situation autonome, suivie du récit par l’enfant de ce qui s’est passé, est aussi un moyen de formation et, d’autre part, la progressivité de l’approche et du contenu en fonction de l’âge de l'enfant et de son vécu en compétition. En effet, les plus jeunes et les plus novices ont prioritairement besoin d’un soutien affectif pour réguler leurs émotions en match, alors qu’il devient possible d’aborder le jeu en lui-même une fois cette étape franchie.

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Jacqueline getten, cSd de Loire-atlantique, avec une de ses élèves née en 2003

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sSelon ce deuxième principe, trois étapes peuvent être identi-fiées : les débuts en compétition ou période de découverte, puis la période de formation-progres-sion du jeune à l’autonomie en match et enfin la responsabili-sation de l'enfant dans son pro-jet de formation.n La première étape, très sen-

sible, vise l’apprentissage du respect des règles du jeu, de l’adversaire, de l’arbitre et de l’ensemble de l’envi-ronnement, coach et cama-rades compris. À ce stade, les interventions du coach se font en fonction des besoins, parfois même entre les points si le règlement l’autorise, sur les pla-cements sur le terrain, l’arbitrage, le décompte des points, le comportement vis-à-vis des autres participants, en évitant toutefois le domaine technique. L’adulte se doit d’être encourageant, rassurant et enthousiaste pour développer l’envie de jouer et inculquer les comportements de base du joueur. Il nous semble également important que le coach s’adresse aussi aux parents pour présenter en amont le déroulement des compéti-tions et en faire un bilan en aval.

n Lors de l’étape suivante, le coach a pour but d’aider le jeune joueur à identifier les éléments pertinents du match et de l’environnement tels que les conditions de jeu et les caractéristiques de l’adversaire, mais aussi à mettre en œuvre, en situation de compétition, ses derniers acquis à l’entraînement dans tous les domaines en encourageant la prise d’initiative et l’audace. Il favorise la réflexion et la verbalisation du jeune en lui posant des questions simples mais en nombre limité. Voici quelques exemples de questions.avant le match : • Qu’avons-nous travaillé ces derniers temps ? Te

sens-tu capable de le mettre en place pour ce match ?

• Te sens-tu plutôt calme ou tendu avant d’entrer sur le court ?

• Sur quoi peux-tu te concentrer lors du début du match ?

pendant le match :• Comment est ton adversaire (grand, puissant,

rapide, régulier, attaquant, défenseur, etc.) ?• A-t-il un coup fort, un coup faible ? Est-il calme,

nerveux, courageux ?• Quelle est l’évolution du score ? Qui fait le plus

de fautes, de points gagnants ?• À quel moment ou sur quelles balles peux-tu

attaquer ton adversaire ?• Sur quel côté as-tu intérêt à l’attaquer ?• Y a-t-il du vent ? Dans quelle direction souffle-t-

il ? Comment peux-tu jouer avec ce vent ?après le match :• Comment te sens-tu après le match ?• Qu’as-tu aimé pendant cette partie ?• De quoi es-tu satisfait ou insatisfait ?• Qu’as-tu appris ?• De quoi as-tu besoin pour progresser d’ici la

prochaine fois ?Souvent davantage impliqué dans les résultats de son joueur qu’à l’étape précédente, le coach doit être capable de mettre à distance ses propres émotions et rester bienveillant à l’égard du joueur en sachant dissocier la défaite de l’échec et la victoire de la réussite. Sa capacité à reconnaître et valoriser les comportements positifs est déter-minante pour le développement de l’estime de soi chez les enfants.

Jean-Louis naudo, cSd des deux-Sèvres, et une de ses protégées née en 2003

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n Lors de la troisième étape, qui concerne les jeunes impliqués au centre d’un projet sportif régional et participant aux épreuves interrégionales ou natio-nales, le coach cherche à responsabiliser le joueur dans son projet de formation, à développer ses capacités d’analyse du jeu et la connaissance de lui-même dans le jeu. Pour cela, il utilise des outils d’observation objectifs (vidéo et statistiques) et prend en compte l’ensemble des champs de for-mation du joueur. Avant le match, il prépare le coaching et le plan de jeu de manière interactive avec le joueur. Pendant, il soutient son joueur et, si le règlement le permet et s’il connaît bien son poulain, il l’aide à analyser le déroulement de la partie et à se fixer des objectifs adaptés qui peuvent concerner tous les domaines, y compris technique. Après le match, il procède à un bilan interactif par rapport aux objectifs préalablement fixés et au film de la partie. Sobre et stable quel que soit le résultat, le coach se met à distance de ses propres enjeux ; il est impliqué dans le projet du joueur mais il sait rester à sa place.

CONCLUSIONPour baliser la démarche et l’espace d’expression du coach, voici quelques recommandations générales,

non exhaustives, pour le coaching des jeunes enfants jusqu’à 12 ans :• placer l’enfant et sa singularité au centre du

coaching ;• préserver le plaisir et le désir de jouer de l’enfant ;• respecter l’éthique éducative et sportive ;• permettre à l’enfant de s'exprimer et d’analyser ce

qu’il fait ;• utiliser le coaching en tant que moyen de

formation ;• ne pas hypothéquer le long terme par le court

terme ;• développer et renforcer la confiance du joueur ;• faire en sorte que le coaching soit positif ;• être bienveillant et maîtriser son attitude.

il nous semble fondamental que les expériences vécues en compétition par les enfants soient positives, qu’elles ouvrent pour eux des espaces d’expression et d’expérimentation à travers les-quels ils pourront se réjouir sans se sentir jugés par les adultes mais au contraire accompagnés et encouragés. Le temps de l’adolescence, des doutes et des questionnements qui mèneront, ou pas, à l’appropriation du projet sportif viendra plus tard…

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préviSion dU nomBre de LicenceS 2012

Pour la cinquième année consécutive, la Fédération Française de Tennis devrait enregistrer à la fin de l’année un nombre de licences supérieur à 1 100 000.

Nous serions plus nombreux qu’en 2011 (près de 18 000 licenciés de plus) mais moins qu’en 2010 (environ 13 000 de moins).

Une analyse plus précise montre que nous

gagnons plus de 1,5 % d’adultes, ainsi que plus de 2 % de jeunes garçons mais que nous continuons à perdre des jeunes filles (-0,4 %).

Nous devons donc continuer nos efforts vers une meilleure fidélisation de nos jeunes filles en proposant des politiques sportives ambitieuses et enthousiasmantes pour nos jeunes joueuses.

n Plus d’infos dans l'E-mag de janvier.

En bref…

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Automatiser la variabilité technique  pour exploiter la créativité

par Cyril Genevois(Cyril, 45 ans, est membre de l’équipe technique régionale de la ligue du Lyonnais.

Il est titulaire du DES et enseigne actuellement à Lyon avec le statut d'auto-entrepreneur. Il est en troisième année de doctorat au laboratoire du Centre de recherche

et d'innovation sur le sport à l’Université Lyon I et intervient dans la formation pour le diplôme européen de préparation physique à l’UFRAPS de Lyon.)

« I know we’re prepared. This play is simply another repetition, an opportunity to execute what we’ve practiced all year long. » Lou Holtz, coach de football américain(« Je sais que nous sommes préparés. Ce jeu n’est qu’une autre répétition, une opportunité de réaliser ce sur quoi nous nous sommes entraînés toute l’année. »)

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INTRODUCTIONL’automatisation des coups, à partir de la méthode répétitive, est souvent associée à la seule forma-tion technique du joueur. Cependant, l’évolution de la vitesse de jeu à haut niveau impose aux joueurs d’agir et de réagir plus rapidement, rendant le ten-nis de haut niveau moins créatif (Piles et Crespo, 2012). L’uniformisation du jeu puissant de fond de court chez les joueurs et les joueuses s’est faite au détriment d’une diversité des styles de jeu. Pour contrer cette évolution, le recours à une stratégie visant à empêcher l’adversaire de déployer sa puis-sance par des changements de rythme (comme le revers coupé de Roger Federer, par exemple) sera peut-être un des éléments incontournables à déve-lopper pour l’avenir. Un espoir pour la créativité ?

VERS UNE APPROCHE CONSENSUELLEL’opposition souvent mise en avant entre la méthode d’enseignement traditionnelle, centrée sur la partie exécutive de l’action (la technique), et celle basée

sur le jeu, centrée davantage sur la partie décision-nelle de l’action (la tactique), n’a que peu de sens lorsqu’il s’agit de la formation à long terme vers le haut niveau. La méthode traditionnelle met en priorité l’accent sur l’acquisition des fondamentaux techniques aux travers d’exercices répétitifs et diri-gés en situation fermée. L’apprentissage à partir du jeu a permis d’amener et de fidéliser un plus grand nombre d’enfants à la pratique du tennis. La cam-pagne « Play and Stay » de l’ITF représente bien cette approche. Toutefois, toute méthode n’est effi-cace que si elle répond à un objectif bien précis. En sollicitant l’efficacité immédiate des enfants dans des situations de jeu aménagées, les plus adroits peuvent parfois réussir à être efficaces sans pour autant développer une technique efficiente pour le long terme si l’enseignant n’est pas assez exigeant sur ce point.Seule une association de ces deux méthodes dans une logique cohérente et programmée nommée « pratique délibérée » (Ericsson, 1993) peut per-mettre d’exprimer pleinement le potentiel d’un

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joueur ou d’une joueuse. ainsi, l’objectif de la formation initiale des jeunes doit viser l’automa-tisation d’une technique évolutive permettant d’ex-ploiter progressivement un maximum de schémas tactiques qui devront à leur tour être automati-sés pour répondre aux exigences du haut-niveau (recherche du « tennis pourcentage ») tout en lais-sant une place à la créativité.

PLACE DE L’AUTOMATISATION DANS LA FORMATIOND’après Higueras (2009), le processus de formation et d’entraînement doit pour-suivre une progression inverse à celle de la logique du jeu, à savoir en premier développer l’efficience de la frappe, puis le jeu de jambes et l’équilibre, et enfin la prise d’information et de décision. Ainsi, développer une bonne prise de décision (l’intention) ne serait efficace que si les moyens de réalisation (l’action) sont automatisés et performants.Automatiser le contrôle des mouve-ments libère la conscience des détails de

l’exécution. Cela permet au joueur d’assurer dans les meilleures conditions l’adaptation des tech-niques motrices à la situation et de choisir les solu-tions optimales aux problèmes concrets que pose l’exécution du mouvement. Ainsi, pour un coup donné, il y aurait un fond automatisé (Schönborn, 2002) permettant de libérer l’attention du joueur pour l’orienter vers les éléments extérieurs (balle et adversaire). L’automatisation relative du schéma général est le fruit de l’apprentissage et ne peut se développer que par la répétition d’une forme sensi-blement stable et dans une situation où la demande perceptive est faible. Ce fait justifie, dans la for-mation, le recours à des situations de systématisa-tion (ou fixation) avec des répétitions en situation facilitante. Cette pratique aide le joueur à dévelop-per la variabilité non voulue de la réponse par affi-nements successifs et élimination progressive des gestes mal adaptés ou parasites. Le joueur doit être confronté ensuite à des situations de différencia-tion ou diversification visant le rendement (stabili-ser et affiner le schéma général dans des situations variées) et la prise de décision (choisir l’utilisation la plus pertinente de ce coup dans les diverses situations de jeu).La logique d’automatisation dans la formation peut être analysée au travers du schéma suivant, pré-sentant trois phases progressives et interactives :

Schéma 1 : les trois phases progressives et interactives de la formation

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cyril genevois avec victor et rania

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Le temps consacré à ces trois phases évolue au cours de la formation à long terme du joueur, de la saison annuelle, de la semaine et de la séance. L’aspect important est que le joueur doit se trouver régulièrement confronté à une séquence progressive allant d’une situation fermée à une situation ouverte (de 1 vers 3), ou inversement (de 3 vers 1) dans le but de l’aider à découvrir et apprendre l’avantage du travail effectué.L’exemple de programmation annuelle 2011 ci-dessus correspond à la formation d’un joueur né en 2003, de niveau interrégional, et peut permettre d’avoir un aperçu du temps consacré aux trois phases énoncées plus haut : technique, technico/tactique et tactique.Les périodes de repos peuvent coïncider avec les vacances scolaires et donc avec des compétitions.

CONTENU DE CHAQUE PHASE

Phase 1 : création/acquisition d’une nouvelle technique

Cette phase constitue la part la plus importante de la formation initiale. Le développement important de la recherche en tennis ces vingt dernières années, notamment dans le domaine de la biomécanique, a considérablement modifié l’approche de l’analyse technique et de son utilisation dans la formation du jeune joueur. L’évolution des moyens vidéo et du matériel de saisie de données sont à l’origine d’une meilleure connaissance de l’activité. Nous sommes passés de contenus d’enseignement de la technique élaborés à partir d’une analyse séquentielle des-criptive (reproduction d’un modèle) à une analyse

fonctionnelle évaluant les différentes parties d’un mouvement et définissant une séquence de mouve-ments optimale (aux niveaux cinématique et ciné-tique). À partir de l’analyse fonctionnelle et de cette séquence modèle optimale, la technique des meil-leurs joueurs du monde a été analysée et des inva-riants observables servant de repères à la formation technique ont pu être mis en évidence (principe de la chaîne cinétique, notamment). Le développe-ment de l’équilibre dynamique à partir d’un travail unipodal sur, et aussi en dehors du court, devrait être entrepris systématiquement au cours de cette phase car il favorise l’acquisition rapide des fonda-mentaux techniques (genevois, 2012).

Programmation annuelle thématique d'un jeune né en 2003 (saison 2011)

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exemple : acquisition du revers coupé à une main au moyen de renvois isolés facilitant sa réalisation, puis d’échanges aménagés. Les consignes portent essentiel-lement sur les points clés favorisant l’exécution avec une recherche d’appui unipo-dal à la frappe.

Au cours de cette phase, l’automatisation d’une tech-nique évolutive peut être une source de conflit en raison du caractère non ludique de la méthode répétitive obli-gatoire pour parvenir à un objectif de stabilisation et de perfectionnement des acquis. Pour combiner cet objectif obligatoire d’appren-tissage avec la recherche du plaisir nécessaire dans la for-mation initiale (plus souvent liée au jeu), l’application du concept « jouer à apprendre » (Genevois, 2012) apparaît comme pleinement adaptée à cette étape et cette tranche d’âge en proposant des oppo-sitions entre joueurs ou entre le joueur et l’enseignant au travers des règles de réussite proposées.

Phase 2 : variabilité de la technique dans des actions de jeu/amélioration du rendementDans cette phase, la technique nouvellement acquise est mise en relation avec des actions straté-giques pour la rendre opérationnelle (lien entre déci-sion et exécution). Le joueur devra pouvoir utiliser diversement les cinq éléments caractéristiques de la trajectoire de la balle (direction, hauteur, profon-deur, effet, vitesse) pour défendre son terrain, neu-traliser, déplacer, fixer ou déborder son adversaire.

exemple : utilisation du revers coupé précédem-ment acquis en alternance avec du lift, pour exploi-ter la diagonale (fixation en profondeur, court croisé, cadence, changement de rythme, etc.), pour distri-buer latéralement en fond de court en variant les effets et/ou pour enchaîner vers l’avant avec volée/smash… Ces enchaînements peuvent débuter par un service et un retour, un envoi de l’enseignant ou du joueur. Ils peuvent également faire l’objet d’un entraînement au panier pour délivrer une qualité de

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balle souhaitée. Les critères de réussite seront liés à un nombre consécutif de frappes réalisées dans les conditions pré-établies et favorisent un renforce-ment de la concentration in situ.

remarque : il est intéressant d’utiliser ces enchaî-nements dans le cadre d’une préparation physique intégrée où l’on pourra gérer le nombre de frappes de balles et leur intensité pour développer les dif-férents processus énergétiques et s’adapter aux contraintes tactiques de la compétition future.

Les capacités de jeu vers l’avant offrent, à mon sens, une plus grande possibilité pour développer la créa-tivité. L’utilisation programmée du terrain de 18 m pour les 9/10 ans permet de poursuivre le déve-loppement complet du jeu à la volée et de garder un travail primordial sur les vitesses de perception et de décision au travers d’enchaînements service/volée ou retour/volée en simple ou en double.

Phase 3 : utilisation du coup dans des situations tactiques Toutes les situations mises en place visent le gain du point et développent la prise de décision. La ges-tion des incertitudes, spatiale (zones exploitables), événementielle (types de réponses) et temporelle (limitation ou non du nombre de coups pour gagner le point), permet de gérer le niveau de complexité décisionnel et de l’adapter au niveau des automa-tismes créés dans les phases précédentes.

exemple : gain du point pour le serveur en moins de trois coups. La situation pourra débuter par une zone de retour imposée sur le revers du serveur (incertitude événementielle faible) pour évaluer sa capacité à utiliser judicieusement soit le lift, soit le chop pour accentuer le déséquilibre dès son deu-xième coup.

remarque : au cours de la formation, il est intéres-sant d’avoir des situations de référence de ce genre qui permettent d’évaluer le niveau de stabilité des acquis techniques en situation de jeu, et qui seront programmées régulièrement au cours du cycle d’entraînement.

CONCLUSION L’automatisation par la répétition est à la base de tout apprentissage, qu’il soit technique ou tactique. Pouvoir décider judicieusement du meilleur coup à jouer à un moment donné nécessite d’une part de posséder ce coup et, d’autre part, de pouvoir l’exé-cuter dans des conditions variables, liées à la trajec-toire reçue. Cherchant toujours à ne pas robotiser les joueurs, cette variabilité peut les amener à produire plus d’in-certitude dans leur jeu et donc diminuer les possibi-lités d’anticipation adverses. Ainsi, si le tennis pourcentage peut se définir comme l’adéquation entre une situation de jeu donnée et la réponse effectuée préalablement établie (remise haute en diagonale en situation de défense), la créa-tivité sera présente par une réponse inattendue (contre-attaque long de ligne dans la même situa-tion, par exemple). Le modèle en trois phases proposé dans cet article devrait pouvoir aider l’enseignant dans sa program-mation et dans la formation des jeunes vers un jeu complet et créatif.

références :• Ericsson K.A., Krampe R.T. & Tesch-Römer C. The role of

deliberate practice in the acquisition of expert perfor-mance. Psychological Review 100(3) : 363-406, 1993.

• Genevois C. Le rôle de l’entraîneur dans la formation initiale. ITF Coaching and Sport Science Review 55 : 27-28, 2012.

• Genevois C. L’appui unipodal : un outil pédagogique incon-tournable. ITF Coaching and Sport Science Review (in press).

• Higueras J. Higueras’ favorite 5 coaching principles. High-Performance coaching 10(3) : 1-2, 2009.

• Holtz L. Wins, losses, and lessons. An autobiography. It books, 2006.

• Piles J. and Crespo M. La tactique dans le tennis masculin de haut niveau – première partie. ITF Coaching and Sport Science Review, 56 : 9-10, 2012.

• Schönborn R. The most important aspects of modern tech-nique and how to develop them. ITF Coaching and Sport Science Review 28 : 3-5, 2002.

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pour en savoir plus : Cyril Genevois ([email protected])

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Un court de tennis  au cœur d’un centre commercial

par Driss Guerrouj, BE1 au tennis club de Thiais Belle-Épine (94)

J’ai toujours considéré qu’on pouvait faire mieux en termes de communication autour du tournoi de Roland-Garros. Lorsqu’un pays organise une aussi grande manifestation internationale, on a l’impression qu’il est porté par l’événement plusieurs semaines durant. Un véritable championnat du monde sur terre battue en quelque sorte ! Je voulais donc profiter de l’événement pour mobiliser les Thiaisiens.

O riginaire des quartiers de Thiais, j ’ai gardé des contacts avec beaucoup de personnes qui ne

connaissent rien au tennis. Chaque année, ils me parlent pourtant de Roland-Garros lorsqu’il est retransmis à la télévision, puis plus rien pendant un an ! Je voulais donc accentuer la proximité du tournoi, et du tennis en général, avec le grand public et la banlieue.

LA GENèSE DE L’OPÉRATIONJ’avais déjà organisé en 2008 une ani-mation tennis dans un centre commer-cial, à côté du club, pendant un week-end. C’était fin juin, malheureusement trop longtemps après les Internationaux et ça n’avait pas eu la réus-site escomptée. J’avais néanmoins gardé de bonnes relations avec les responsables municipaux, notam-ment avec Virginie Labuthie, responsable du service Enfance à la mairie de Thiais, que je connais depuis longtemps. Elle m’a alors proposé de faire quelque chose dans le grand centre commercial de Thiais Belle-Épine (140 000 m2, 220 boutiques, premier centre commercial d’Europe continentale). J’ai donc

rencontré le directeur de la communication du centre commercial avec le maire adjoint et un représentant du Conseil général. C’était en septembre 2011. Je lui ai présenté mon projet et à chaque point abordé, on m’a opposé des difficultés, tantôt bud-gétaires, tantôt d’organisation. Je suis ressorti de cette réunion démoralisé car placer un écran géant était impossible, faire l’animation pendant les Internationaux était impossible car la priorité était donnée à la Fête des mères et aux animations

Développement

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autour de la mère de famille, etc.Sans doute étais-je assez motivé et persuasif car l’idée fit tout de même son chemin d’une animation plutôt orientée sur le tennis féminin pen-dant onze jours au cœur du centre commercial, près des restaurants et des cinémas. Ce ne fut pas facile car d’autres disciplines voulaient récu-pérer l’espace comme le judo, le basket ou le karaté.Il faut dire qu’à la fin, je répondais « oui, on peut le faire » à toutes leurs questions !

L’ORGANISATIONL’idée était de faire jouer un maximum de personnes tous les jours, entre 11 et 18 heures, séances de découverte entrecoupées par des démonstrations de licenciés du club ou de « vedettes ». Le but étant de leur faire découvrir l’activité et de les renseigner sur les clubs de Thiais et des communes voisines.Le centre commercial a fait installer un terrain de 18 mètres, fait venir un professionnel qui a animé les séances au micro, un agent de sécurité, offert deux places par jour pour les Internationaux de France, ainsi que des lots, payé des espaces publicitaires sur des radios nationales, le tout pour un budget total de 60 000 e.Le club a offert trente cotisations gratuites, fourni tout le matériel pédagogique (filets, balles, radar, etc.), ainsi que des raquettes et des chaussures.Nous avons également pu bénéficier de l’apport de quelques partenaires comme Go Sport ou Head, le sponsor du club.Le directeur m’avait demandé d’encadrer le mon-tage du terrain. Celui-ci s’est fait un soir, entre 20 heures et 2 heures du matin. J’ai vu arriver un énorme camion rempli de dalles à assembler pour faire le court. Malgré le plan que j’avais fourni pour le traçage, il valait mieux être présent pour super-viser. Ils ont également installé des filets de protec-tion pour que les spectateurs, parfois installés à une table dans un bar voisin, soient protégés. Chaque soir, nous rangions tout le matériel que nous lais-sions sous la responsabilité de l’agent de sécurité.

L’ANIMATIONTous les jours, de 11 à 18 heures, l’animateur présentait l’activité, attirait les spectateurs et les incitaient à venir sur le terrain pour jouer. Équipé également d’un micro, je devais répondre à toutes les questions posées : comment choisir le matériel, à quel âge peut-on commencer, pourquoi jouer avec des balles mousse, etc. Tous les jours, je répon-dais aux mêmes questions, faisais mon speech et

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AL vantais les mérites du club et des adhérents pré-sents. Au bout de onze jours, je connaissais mon discours par cœur et les mots venaient tout seuls… Je me suis parfois emballé en avançant que le ten-nis était le premier sport familial puisqu’un père peut jouer avec sa fille, qu’un enfant peut jouer avec son grand-père... J’insistais sur le fait qu’avec une adaptation du matériel, l’apprentissage était beau-coup plus aisé que ce que les gens croyaient. Parfois, certains nous disaient avoir envie d’essayer mais n’osaient pas, arguant du fait qu’elles n’étaient pas en tenue de tennis et que ces dernières étaient chères. Je les rassurais en leur précisant que seules les chaussures sont importantes, le reste n’étant pas spécifique au tennis.Beaucoup de gens du club sont venus m’aider et ce fut un élément essentiel de la réussite de l’opé-ration. En effet, le terrain devait tout le temps être occupé et les spectateurs ne voulaient pas toujours jouer.

Certains adhérents et dirigeants ont donc assuré une présence certaine, parfois même continue. Par exemple, Tristan Lamasine (champion de France juniors en 2011 et que j’ai formé au TCTBE), Victor Girat-Magin (-15) et les « anciens » Pierre Brasseur (84 ans), Georges Dejardin et Maurice Royer (80 ans) sont venus taper la balle, démontrant ainsi que le tennis est vraiment le sport de toute une vie ! Jocelyn Barbot (CSD de la ligue du Val-de-Marne) et Dominique Simon (CTR de la ligue) nous ont égale-ment aidés, en venant avec des jeunes joueurs de la ligue.

Les membres du comité directeur étaient régulière-ment là, particulièrement Sylvie Toulouse, qui est venue tous les jours. François Jauffret (photo ci-des-sus), le président de la ligue, nous a également fait l'honneur de sa présence, ce que les plus anciens ont apprécié.Mais le plus incroyable, ce fut Yannick Thivant, ori-ginaire du Val-de-Marne et 43e joueur français ! Il est venu faire des démonstrations tous les jours, et gra-tuitement ! Il a été fantastique ! Il servait des aces à 200 km/h et les spectateurs essayaient de ren-voyer la balle pour gagner un lot, une place pour les Internationaux, une cotisation ou encore un T-shirt. Yannick s’adaptait. Quand il avait en face des débu-tants, il prenait des balles souples ; quand il avait des joueurs confirmés, ou d’autres qui se moquaient un peu de nous et du tennis (n’oublions pas que nous sommes en banlieue parisienne, là où le foot est le sport roi), Yannick lâchait un service ultra- puissant (photo ci-dessous) !

exercice de vitesse/coordination

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ALLE BILANJ’ai eu très peur que le succès ne soit pas au rendez-vous. Heureusement, nous avons eu du monde pendant onze jours. Et le directeur du centre commercial était tellement content qu’il m’a déjà confirmé le renouvellement de l’opé-ration pour 2013. Il souhaiterait faire venir des joueurs de haut niveau. Personnellement, j’ai-merais disposer d’un écran géant pour relayer les matchs des Internationaux ou faire passer un film présentant notre club.

Pour être honnête, il faut reconnaître que nous n’avons pas eu d’inscriptions spontanées suivant cette manifestation. Nous avons reçu les trente personnes qui avaient gagné une cotisation. À l’occasion d’un apéritif au club, nous leur avons présenté le club et son activité. Nous leur avons également offert, à tra-vers le « PAACT » (NDLR : Parcours d’accompa-gnement des adultes dans le club de tennis), des cours collectifs répartis entre juin et septembre/octobre. C’est seulement cet hiver que nous pourrons mesurer les réels résultats de cette opération. Toutefois, en termes d’image envers les Thiaisiens, la municipalité et le Conseil géné-ral, le club de tennis a marqué des points.

Pour en savoir plus : Driss Guerrouj ([email protected])

LA FICHE DU TENNIS CLUB DE THIAIS BELLE-ÉPINE

n adresse : 44, rue hélène muller, à thiais (94)

n président : michel parent (photo ci-contre)

n installations : 5 courts en terre battue l’été, 3 courts couverts sous bulle l’hiver (4 à partir de l’hiver prochain), 1 club house de 200 m2

n 1 équipe hommes en nationale 2

n 1 équipe femmes en pré-national

n 1 champion formé au club : tristan Lamasine, champion de France juniors en 2011

n 9 qualifiés aux championnats de France de jeunes sur les dix dernières années

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Une bonne attitude d’attention pré-dynamique conditionne l’ensemble de la technique gestuelle

par Marc Renoult et les membres du département Tennis Régional de la Fédération Française de Tennis

Il fut un temps où tous les élèves apprenaient, lors de leur première leçon, ce qu’on appelait alors une « position » d’attention. Elle était relativement figée et pas vraiment motivée si ce n’est par l’importance, pour l’enseignant, de partir d’une bonne tenue et d’une bonne prise de raquette. L’évolution de la pédagogie, plus axée sur la découverte du jeu et de ses subtilités, la fermeture des prises de raquette et la multiplication des revers à deux mains ont contribué à négliger un peu ce point technique. Aujourd’hui, Odile de Roubin et Laurent De Pasquale, responsables du Programme Avenir National et avec eux, tout le département Tennis Régional, insistent sur ce point à chacun des stages qu’ils organisent.

ÉCARTER LES MAINS POUR SOULAGER LE BRAS DOMINANT Les joueurs ayant un revers à deux mains ont tendance à tenir, entre les coups, leur raquette avec les mains rapprochées. C’est légitime car pour préparer un revers à deux mains, ils gagnent alors un peu de temps. Avant la puberté, nous pensons que c’est une erreur car la position mains rapprochées rend plus difficile le soutien de la raquette. La main « libre » (la gauche pour un droitier) placée au cœur de la raquette per-mettra de supporter une bonne partie du poids de celle-ci et donc de relâcher la main « dominante » (la main droite pour un droitier) (photo ci-contre).La position mains rapprochées rend également le changement de prise plus difficile et favorise donc la production de revers à deux mains avec une prise de coup droit. Celle-ci est certes intéressante en retour, mais ne favorise pas l’apprentissage de tous les types de revers nécessaires à haut niveau (coupé et lifté, frappé à différentes hauteurs, à une ou deux mains, volée).

techniqueet pédagogie

raphaël renaudie, 10 ans, ligue du Lyonnais

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À haut niveau pourtant, beaucoup de joueurs et de joueuses qui ont un revers à deux mains ont les mains relativement rapprochées en attitude d’at-tention. En effet, du fait de la qualité du service à haut niveau, ils sont obligés de privilégier la qualité de leur retour. Certains joueurs jouant leur revers à deux mains adoptent même une position mains rap-prochées en retour et mains écartées dans l’échange (Djokovic). Rien n’interdit donc à nos jeunes joueurs de rapprocher les mains lorsqu’ils affronteront des services puissants mais ils auront acquis le relâ-chement nécessaire et une technique gestuelle effi-ciente grâce à leurs années d’apprentissage mains écartées.

BAISSER LES MAINS POUR RELÂCHER LES ÉPAULESAujourd’hui, pour jouer à haut niveau, il faut pouvoir frapper fort et longtemps au service, en coup droit et en revers. Ce n’est pas possible sans un impor-tant relâchement. Et ce relâchement est impossible si des contractions parasites se forment dès l’atti-tude d’attention. Si l’on garde les mains hautes, par exemple à hau-teur de la poitrine (et c’est souvent le cas lorsqu’elles sont rapprochées), les épaules remontent aussi et tous les muscles du haut du corps se contractent au détriment du relâchement. Les bras seront donc légèrement fléchis et la main directrice en dessous du coude. Une prise non accentuée favorisera l’ouverture des doigts, garantie d’un bon relâchement des épaules (photo a).

GARDER UNE PRISE NON ACCENTUÉEPlus les mains sont hautes et rapprochées, plus les prises ont tendance à se fermer, en tout cas chez les

jeunes. Les mains basses et éloignées permettront donc d’éviter la fermeture excessive des prises avant la puberté, à condition que le tamis soit proche de la verticale. Le joueur pourra alors choisir de prendre, en attitude d’attention, une prise de coup droit (comme la quasi-totalité des champions) peu marquée, selon ses sensations et ses intentions

de jeu. Si le tamis « se couche », la prise risquera de se fermer davantage (photo b).En retour et à la volée, l’urgence fait que la notion de prise non accentuée est encore plus importante.

GARDER LA TÊTE DE RAQUETTE AU-DESSUS DES MAINS POUR GARDER UNE POSITION NATURELLE DES POIGNETS Les mains étant basses, elles pourront naturelle-ment se placer dans le prolongement de l’avant-bras, sans contraction ni étirement excessifs. Lorsque les mains sont à hauteur des coudes en attitude d’attention, et qui plus est si elles sont rap-prochées, les poignets sont alors dans une position contraignante, souvent conservée pendant toute l’exécution du coup. C’est certainement un facteur de blessure possible et de préparation trop rectiligne et trop ample (photo ci-dessous).

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FAIRE UN ALLèGEMENT « INTELLIGENT »Parfois, les jeunes à qui l’on a dit qu’il fallait bou-ger avant la frappe adverse gigotent sur place plu-sieurs secondes avant que l’adversaire n’entame son service.Or, c’est le moment de l’allègement qui est impor-tant. Bien entendu, avant, il faut être prêt, mentale-ment et physiquement, c’est pourquoi nous tenons au qualificatif « pré-dynamique ». Mais l’allège-ment doit être coordonné avec la frappe adverse de manière à ce que le premier appui puisse immédia-tement et rapidement orienter le mouvement.

SE DONNER TOUTES LES CHANCES D’ACQUÉRIR UNE TECHNIQUE JUSTE

Bien choisir ses conditions de jeu

L’attitude que nous venons de définir est la plus naturelle qui soit, celle qui permettra l’économie musculaire la plus importante.

Les conditions de jeu sont bien entendu impor-tantes. Il faut qu’elles correspondent au niveau de jeu et à la morphologie du joueur.De nombreuses attitudes d’attention incorrectes sont les conséquences d’un terrain trop grand, d’une raquette trop grande ou trop lourde, d’une balle trop vive ou d’un grip trop gros (photo ci-dessous), incitant les jeunes à trouver de la force dans des mouvements para-sites au lieu de la trouver dans le relâ-chement. La prise est alors rarement maintenue jusqu’à l’accompagnement.

Favoriser le début de préparation• Parce que les mains sont éloignées l’une de l’autre

en attitude d’attention, le changement de prise se fera plus facilement, la raquette étant « portée » par la main non dominante.

• Parce que les mains sont écartées, le bras libre se positionnera plus naturellement en fin de pré-paration, favorisant une bonne mise à distance

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maxime Laviolette, 10 ans, ligue du val-d'oise

caroline garcia

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de la balle (photo C. Garcia, page précé-dente), ainsi qu’une dissociation du haut et du bas du corps (V. Azarenka, photo ci-contre) et un bon équilibre postural avant la frappe.

• Parce que le tamis est plus haut que la main en attitude d’attention, la prépa-ration respectera naturellement la ver-ticalité de la raquette qui, elle-même, permettra une mise à niveau efficace et une accélération de la tête de raquette à la frappe.

• Parce que les mains sont éloignées l’une de l’autre en attitude d’attention, l’apprentissage du revers à une main et de la volée de revers se fera plus facilement.

CONCLUSIONAujourd’hui, nous ne pouvons pas lais-ser des jeunes joueurs espérer com-penser une technique imparfaite par un physique et un mental exception-nels. Car tous les champions sont aujourd’hui exceptionnels physique-ment et mentalement.Dans la prochaine décennie, il est fort possible que la différence, au moins chez les hommes, se fasse sur les plans technique et tactique.Alors donnons-leur la meilleure chance d’élaborer, dès le plus jeune âge lorsque nous sommes encore dans l’âge d’or des acquisitions motrices fines, une technique juste, personnelle certes mais surtout efficiente, leur permettant de frapper fort, avec une dépense énergétique moindre. UN

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Pour en savoir plus : département Tennis Régional

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Caroline AussepePropos recueillis par Stéphane Jarry, entraîneur fédéral de la ligue de Guadeloupe

Caroline Aussepe est conseillère en développement dans la ligue de Guadeloupe. Diplômée d’État depuis 2008, elle a aujourd’hui 30 ans et nous parle dans cet entretien de son métier, très proche des clubs et donc des enseignants professionnels.

Stéphane Jarry : Caroline, depuis combien de temps es-tu conseillère en développement pour la ligue de Guadeloupe ?Caroline Aussepe : Je suis CED depuis octobre 2008. J’ai entamé ma quatrième année en ce début de saison 2012.

SJ : Quel est ton parcours scolaire et ta formation ?CA : J’ai obtenu un bac S en 1999. J’ai étudié en STAPS (Sciences et techniques des activités

physiques et sportives) pour devenir professeur d’EPS. Après ma licence, je suis rentrée à l’IUFM pour préparer le concours, que j’ai raté. Je suis retournée à la fac pour réussir une maîtrise en Éducation et motricité.D’un point de vue tennis, j’étais initiatrice en club depuis 2002 (à l'Amical Tennis Club, au Gosier). Enseigner me passionnait, j’ai donc voulu en faire mon métier et j’ai passé mon diplôme d’État parallè-lement à la poursuite de mes études. Je l’ai obtenu en mai 2008.

entretienavec…

« Les enseignants

de clubs doivent

être sensibilisés à

toute action visant

à développer leur

enseignement. »

La Guadeloupe est une île se trouvant dans l’arc antillais de l’Amérique centrale à 7 200 km de la métropole. Elle a une superficie de 1 780 km² pour 422 000 habitants. La ligue représente 4 450 licenciés dont 2 760 jeunes. Ce sont 37 clubs en activité, avec 100 courts et 26 enseignants professionnels.

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SJ : Comment devient-on CED ?CA : Pour moi, cela s’est fait très vite car deux ou trois mois après l’obtention du diplôme d’État, le président de la ligue, Christian Forbin, m’a proposé ce poste. J’ai trouvé cette proposition très intéressante car elle me permettait de travailler dans le monde du sport et plus particulièrement dans le domaine de ma passion, le tennis. Je trouve que c’est une chance de pouvoir évoluer dans un milieu qu’on aime. Lorsqu’on m’a présenté les actions à mener, j’ai tout de suite adhéré. En effet, organiser des événe-ments, mettre en place des animations, trouver des idées de développement m’a toujours plu au sein de mon club. Alors pouvoir le réaliser à l’échelle régionale m’a stimulé davantage et j’ai répondu positivement.

SJ : Quel est ton rôle au sein de la ligue ? Les missions à mener ?CA : Mon rôle est de faire le lien entre les clubs et la ligue pour tout ce qui touche au développement sur notre île. Mes différentes missions sont donc :- travailler à l'augmentation du nombre de licenciés ;- aider les clubs à se développer, à se structurer et à se dynamiser pour fidéliser et attirer de futurs licenciés ;

- organiser des animations (le Challenge inter-écoles de tennis, les Raquettes Air Caraïbes, la Fête du mini-tennis, etc.) ;

- gérer et coordonner l’accueil lors des visites des îles du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélémy) et des ligues voisines ;

- développer le beach tennis ;- sensibiliser les intervenants du club sur l’impor-tance de l’animation, (par exemple, intervention dans la formation des AMT, rencontre avec les pré-sidents des clubs, etc.) ;

- aider les clubs à surmonter leurs difficultés en intervenant directement ou en en informant les élus ;

- aider les commissions sur certaines actions, (exemple : aider la commission Inter-Entreprises à développer le nombre d’équipes dans son cham-pionnat, la commission Formation à mettre en place la formation des AMT, etc.) ;

- aider à la mise en place des événements organisés par la ligue (Challenger Hommes, ITF Féminin, ITF Juniors) ;

- sensibiliser les professeurs des écoles par une jour-née de formation ;

- organiser des animations sur la découverte du ten-nis dans les maternelles et les écoles ;

- informer et participer à la mise en place de la poli-tique régionale.

En dehors de mon travail pour la ligue, j’interviens dans mon club quelques heures. Cela me permet de garder le contact avec l’enseignement et de pouvoir répondre plus facilement aux difficultés rencontrées par les présidents ou les enseignants. D’autre part, organiser des animations au sein de mon club me permet de constater les limites de ces actions et d’anticiper les problématiques que les clubs peuvent rencontrer.

SJ : As-tu des objectifs à atteindre dans la saison ? Sur plusieurs années ?CA : Mon objectif principal est de travailler à l'aug-mentation du nombre de licenciés sur l’île. Depuis mon arrivée en 2008, le chiffre progresse régulière-ment (il est passé de 4 074 à 4 449 fin 2011). D’autres objectifs sont fonction du calendrier (pré-paration et organisation des tournois, des anima-tions, etc.). Mon but est de tout mettre en œuvre pour que les projets dont je suis partie prenante puissent aboutir et être considérés comme des réussites.

SJ : De quelle formation continue les CED bénéficient-ils ? Y a-t-il des stages organisés pour les CED dans l’année ? Si oui, quels sont les thèmes abordés ?CA : Oui, un rassemblement annuel a lieu en début de saison. Différents thèmes y sont étudiés. Par exemple, lors du dernier stage au mois d’oc-tobre 2011, les journées se partageaient entre des réunions d’information sur des thèmes comme la licence, le tennis aux adultes et les installations et des travaux en petits groupes sur des thèmes pré-définis permettant d’échanger, de communiquer et d’enrichir notre savoir grâce aux expériences de chacun. Il existe aussi des formations continues avec des thèmes spécifiques.

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pe SJ : Connais-tu les mêmes soucis à résoudre que tes collègues de la métropole ?CA : Non, comparativement aux clubs de la métro-pole, les problèmes rencontrés dans les associa-tions guadeloupéennes sont autres. D’un côté, une énergie dépensée dans la constante rénovation des installations trop régulièrement abîmées par les conditions climatiques (soleil, air salin, etc.) ; de l’autre, un manque de bénévoles dans la continuité qui ne facilite aucunement la mise en place de pro-jets, d’animations et repose trop souvent sur le pré-sident ou l’enseignant.

SJ : Quelles sont tes relations avec les ensei-gnants professionnels ? Sont-ils sensibilisés par le développement de leur club ?CA : Les relations sont bonnes. J’échange régulière-ment avec eux lors des diverses manifestations (ani-mations de clubs, finales de tournois, beach tennis, etc.) et je les informe de l’actualité du moment. Je participe aussi aux visites de clubs avec le CTR et je les rencontre à cette occasion. Je leur organise éga-lement des réunions sur des thèmes précis comme dernièrement sur le tennis à l’école.Les enseignants de clubs doivent être sensi-bilisés à toute action visant à développer leur enseignement.

SJ : Au niveau du club, les enseignants pro-fessionnels ont-ils une tâche très différente de celle de leurs homologues métropolitains ?CA : Non, les tâches sont les mêmes qu’en métro-pole. Ils organisent l’école de tennis, enseignent à tous les publics et doivent constamment fidéliser leurs licenciés tout en développant le mini-tennis, le tennis féminin, le tennis pour les adolescents et les adultes. Seules les conditions climatiques demandent de s’adapter car aucun club ne possède de structure couverte.

SJ : Comment ressens-tu les relations entre le président de club et son enseignant profes-sionnel ? Sont-elles suffisantes, efficaces ?CA : Les relations semblent bonnes. Cependant, une particularité importante fait que peu de clubs salarient leur enseignant. En effet, notre île ren-contre des spécificités inexistantes en métropole

(son isolement, son éloignement, un coût de la vie élevé, un chômage important, etc.). L’enseignement du tennis est donc souvent le deuxième revenu d’un BE ou d'un DE et cela n’aide pas à la résolution des nombreuses tâches quotidiennes que devrait assu-mer l’enseignant. Peu de clubs ont un binôme prési-dent-enseignant fort et cela peut engendrer parfois des problèmes de communication.il me paraît donc nécessaire que l’équipe diri-geante du club s’étoffe, constitue des commissions et planifie sa saison en créant un échéancier simple comprenant une ou deux actions réalisables au maximum. qu’elle budgétise ensuite l’ensemble de la saison avec ses priorités dans chaque domaine (école de tennis, animations de club, développe-ment, différents achats, etc.). qu’elle définisse enfin un objectif à plus long terme comme l’amé-nagement ou la construction d’un espace dédié à la vie du club.

SJ : La ligue n’ayant pas de CSD, certaines de tes missions ne se rapprochent-elles pas de l’ETR ? Dans quelles occasions ?CA : Bien sûr. Certaines missions fédérales organi-sées au centre de ligue me rapprochent de l’équipe technique, comme :- la journée Mini-Tennis en Fête ;- l’accueil et la gestion des enfants lors des journées de détection ;

- l’accueil et la gestion logistique des ligues visi-teuses à différentes manifestations ;

- la participation à la formation des AMT en les sen-sibilisant sur les animations dans les clubs ;

- l’organisation des journées de formation des pro-fesseurs des écoles dans le cadre de la convention « tennis à l’école ».

SJ : Quel est ton fonctionnement avec l’ETR ?CA : La très bonne entente que je connais avec l’équipe technique permet de travailler efficace-ment dans une ambiance stimulante. Notre rela-tion est interactive car beaucoup d’actions nous rassemblent, comme les visites de clubs, la mise en place des calendriers de compétitions indivi-duelles et par équipes, l’organisation des tournois, les détections ou les animations de ligue (le Tennis à l’École, la journée Mini-Tennis en Fête).

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SJ : Dans tes missions, tu mets en avant l’évo-lution du beach tennis. N’est-ce pas préjudi-ciable au tennis proprement dit ? Les clubs de métropole devraient-ils et peuvent-ils le déve-lopper autant qu’aux Antilles ?CA : Je ne pense pas que l’essor du beach tennis soit spécialement préjudiciable au tennis. En termes de licenciés, le beach tennis est un atout pour attirer de nouveaux pratiquants, donc de nouveaux licen-ciés, et pour en fidéliser d’autres ne trouvant plus satisfaction dans le tennis. En plus, j’ai l’impression qu’ils voient le beach tennis comme une « récréa-tion » du tennis.Je n’ai, à ce jour, encore jamais vu de joueurs ou de joueuses de tennis arrêter pour se mettre unique-ment au beach tennis. En revanche, j’ai constaté que d’anciens joueurs de tennis, qui étaient partis pratiquer du squash ou du badminton, ont repris une licence pour jouer au beach tennis.Tout le monde semble unanime sur la convivialité de l’activité qu’ils ne trouvent plus au tennis, ainsi que sur l’impact familial. En effet, la chance de pou-voir pratiquer cette activité toute l’année au bord de la mer fait venir l’ensemble des familles.L’activité beach tennis ne peut pas se développer dans toutes les ligues de la même manière pour plu-sieurs raisons. La première est la météo locale qui oblige à une pratique saisonnière lorsque le temps

des beaux jours revient. La deuxième concerne les infrastructures. Chaque ligue n’a pas la chance d’avoir des plages et un espace de jeu naturel. Il faut donc le créer.

SJ : Quelles sont les solutions pour accroître le nombre de licenciés dans chaque club ?CA : La première solution simple serait de créer un binôme président/enseignant fort.La seconde, que l’enseignant soit salarié à plein temps avec un objectif prioritaire sur l’augmentation des licences (par exemple, augmenter de 10 % le nombre de licenciés durant la saison).La troisième solution serait qu’il trouve et mette en place des actions pour fidéliser et augmenter le nombre de licenciés auprès des adultes (exemple : le PAACT, le Pass Tennis ; en Guadeloupe, si cha-cun des 40 clubs ouvrait un créneau pour initier un groupe de 4 nouveaux adultes aidé financièrement par la ligue, nous obtiendrions 160 licences supplé-mentaires.) ou auprès des jeunes (tennis à l’école).La quatrième solution consisterait à développer la période estivale pour attirer un public jeune vers les clubs (exemple : stages multi-activités, multisports à la demi-journée ou à la journée).on remarque que les clubs possédant un lieu d’ac-cueil et de convivialité ont un nombre de licen-ciés important. ce constat amène à se poser la

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question suivante : pourquoi n’y a-t-il pas un club-house dans chaque club affilié ? c’est le point de départ pour fidéliser les licenciés et voir ensuite à créerdes actions ciblant un public particulier.

SJ : Quels sont, selon toi, les axes importants pour le tennis en Guadeloupe et en métropole dans les années à venir ? CA : En Guadeloupe comme en métropole, un des principaux axes de travail, avec la volonté des clubs, est le tennis féminin. Il faut développer les actions envers ce public (cours collectifs, compétitions adaptées, etc.). Les femmes aiment bien la pratique encadrée.D’autres axes sont ici possibles envers des publics spécifiques, comme les seniors, très nombreux sur l’île et pratiquant l’activité le matin, les handicapés, pas encore touchés, ainsi que les collégiens et les lycéens pour lesquels on pourrait ouvrir une section beach tennis en UNSS.Un dernier axe me semble important à favoriser : la formation continue des enseignants professionnels.

SJ : La DTN fait un effort particulier depuis maintenant quinze ans pour développer la formation continue. Depuis deux ans, elle l’a régionalisée afin de coller au plus près aux besoins des enseignants, pour un résultat disons mitigé. Qu’en penses-tu ? CA : Je pense qu’il est nécessaire de continuer dans la voie de la formation continue régionale car elle permet aux différents acteurs de se rencontrer une à deux fois l’an et d’échanger sur les thèmes abordés mais aussi sur des sujets propres à la région, à la spécificité du milieu. C’est aussi un moyen d’infor-mer l’ensemble des acteurs sur les directives fédé-rales, régionales et d’estomper de fausses rumeurs éventuelles. Enfin, c'est un moment privilégié pour débattre et comparer nos convictions et savoir-faire.

SJ : Que pouvons-nous te souhaiter pour les prochaines années ?CA : Je souhaiterais combler progressivement le trou qui nous sépare du taux de pénétration national moyen (2 %), soit un peu plus de 8 000 licenciés.

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Pour en savoir plus : n Caroline Aussepe ([email protected])

n le conseiller en développement de votre ligue : liste des CED

Des heures et des heures d’images de champions, de jeunes, d’interviews d’entraîneurs, etc.

N’oubliez pas la chaîne vidéo de la DTN !www.fft-dtn.tv

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Stage de Formation tenniS en FaUteUiL roULant

Comme chaque année, la Commission fédérale de tennis handisport organise un stage de formation destiné aux enseignants professionnels de tennis de la FFT sur les adaptations et la découverte des fondamentaux de la pratique du tennis en fauteuil roulant.

Ce stage se déroule en situation avec des joueurs en fauteuil roulant et est encadré par l’équipe de formation de la Direction sportive de tennis handisport.

n Lieu : Bron (69) / ligue du Lyonnais de tennis

n Date : du vendredi 2 novembre 13h30 au dimanche 4 novembre 15h30

n Coût du stage : frais de formation 420 e HT (210 e HT en autofinancement)

n Détails et inscriptions sur le site : http://formation.handisport.org (numéro de stage : 543)

n Point sur les CQPAMT 4 347 certificats de qualification professionnelle d’assistant moniteur de tennis recensés au 30 août 2012.

En bref…

Le cnoSF et LeS pariS SportiFS

Le Comité national olympique et sportif français vient de faire paraître un document d’information sur les dangers inhérents aux paris sportifs. Vous le trouverez sous le lien suivant : parissportifs.

En tant qu’enseignant de tennis, entraîneur, éducateur, vous avez un devoir d’information auprès des jeunes que vous entraînez, de leurs proches et de tous les acteurs du tennis pour les protéger et protéger votre sport face aux dangers que peuvent constituer les paris sportifs, comme le dopage ou tout domaine pouvant susciter un comportement malhonnête.

Je vous remercie donc de prendre le temps de lire et de diffuser ce document le plus largement possible.

Vous pouvez également vous le procurer en vous adressant à votre Direction départementale jeunesse et sports ou à votre Comité départemental olympique et sportif.

Patrice Hagelauer Directeur Technique National

En bref…

Stéphane houdet et son entraîneur marine arres

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2, avenue Gordon-Bennett • 75016 ParisTél. : 01 47 43 48 00 • Fax : 01 47 43 40 13

www.fft.fr

Coordination de la rédaction Marc Renoult

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Rédaction département Tennis Régional

et département Formation et Enseignement

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Ont collaboré à la rédaction de ce numéro Stéphane Der, Cyril Genevois

et Stéphane Jarry

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Édition FFT/Direction de la Communication et du Marketing

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Photos FFT, Margaux Bonneau, Stéphane Der,

Cyril Genevois et Romain Hamel

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Maquette Agence TWAPIMOA

   -MagLe magazine  du Club fédéraldes     nseignants professionnels