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Parution 10 fois par an N o 148 Octobre 2002 Fr. 3.- le numéro Dossier Mondes souterrains La vérité, la réalité ne sont souvent pas que «premier degré»... Balade à travers le canton (III) Vitraux La foi sur les planches Théâtre

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    DossierMondes souterrains

    La vérité, la réalité ne sont souvent pas que «premier degré»...

    Balade à travers le canton (III)

    VitrauxLa foi

    sur les planches

    Théâtre

  • 3VP/NE No 148 OCTOBRE 2002

    éditoPar Laurent Borel

    Il y a les choses et les êtres.Et, de même qu’il y a la sur-face des choses, il y a celledes êtres. Cette dernière, c’est la«façade» que nous offrons envitrine au regard des autres, etparfois/souvent à nous-même.C’est notre identité sociale, c’estnotre fonction professionnelle,notre personnage très «premierdegré», c’est celui/celle que nousparaissons, que nous nous effor-çons la plupart du temps deparaître.Et puis, en amont, en profondeurde cet être visible, plus ou moinsacteur de sa vie «extérieure»,par-delà les masques ou «comé-dies», il y a un autre être, infini-ment plus complexe et secret,inf iniment plus puissant aussique le premier. Son existence, saréalité nous ont été révélées voicien gros un siècle par le père dela psychanalyse, l’imparfait, lecontesté mais néanmoins pion-nier Sigmund Freud. Sa décou-verte constitue une prodigieuserévolution. Davantage même,une véritable bombe dans l’his-toire de la compréhension del’humanité. Songez: nous nesommes pas qui nous croyonsêtre, qui nous espérons, tentons,voulons être! Sous une mincecouche de vernis offrant l’illu-sion, bien éphémère, que nousmaîtrisons, possédons, gérons,connaissons qui nous sommes,en support et en toile de fond dece visage par trop beau et tropsimple pour être complet, sousnotre écorce, se cache «quel-qu’un», qui est certes nous, maisdont nous ne disposons pas. Unquelqu’un qui nous habite, nousrégit; un quelqu’un enraciné dansl’enchevêtrement des générations

    et dont souvent, ter-rorisés, nous nousévertuons à étoufferla voix.Heureux, celui quipeut, parce qu’il en ala force, descendredans le labyrinthe, et entamer undialogue de paix avec son «quel-qu’un». Heureux celui qui, mal-gré une immanquable et réitéréeenvie de fuir, saura écouter lesmessages émanant de sesténèbres les plus intimes. Cetapprivoisement, dont le prix sepaie en «montagnes» de silencesconsentis, de certitudes arra-chées, de prises lâchées, cetapprivoisement, incroyablementlent à se gagner, est peut-être laplus noble œuvre qui nous soitproposée.

    qui nous ont précédés, et dont lerôle, la charge, la présence aussiindiscutables qu’imposées consti-tuent une part substantielle denotre «donne de départ» per-sonnelle.Car nous ne portons pas - loins’en faut - que ce qui nousrevient en propre: le «quelqu’un»enfoui dans nos entrailles, noscellules, nos gênes - notre âme?- nous dit que nous appartenonsà une chaîne dont l’«emmaillon-

    nement» a commencé à l’aubedes temps humains. Il nous ditaussi qu’il n’est point de hasard,de gestes, de traits, de mots,d’aspirations fortuits, et que nosactes prétendument contrôléssont souvent de la poudre lancéeaux yeux à l’entour pour nousprotéger, nous éviter une dou-loureuse mise à nu.Nous serions, selon les amateursd’approximations chiffrées, 10%de conscient et 90% d’incons-cient. C’est au cœur de ce der-nier élément, qui simultanémentnous échappe et nous occupe,dans un «souterrain intérieur»que se tapit notre «quelqu’un».Un être, on le sait, composéd’une kyrielle de courts-circuitsdivers, de blessures et surtout depeurs! Un être qui crie ses souf-frances, ses paniques, ses insta-bilités, ses besoins de références,

    Maî t res-mots«On saura jamais ce qu’on avraiment dans nos ventresCaché derrière nos apparencesL’âme d’un brave ou d’uncomplice ou d’un bourreau?Ou le pire ou le plus beau?Serions-nous de ceux qui résis-tent ou bien les moutons d’untroupeauS’il fallait plus que des mots?»

    Jean-Jacques Goldman,Né en 17 à Leidenstadt

    Entre pourquoi et comment...

    «Une véritable bombedans l’histoire de la com-préhension de l’humani-té. Songez: nous nesommes pas qui nouscroyons être, qui nousespérons, tentons, vou-lons être!»

  • dossier: Mondes souterrains

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    La notion chrétienne de l’enfer et du monde desmorts est influencée par la conception du mondejudéo-chrétienne - pour les récits d’apocalypsessurtout - et grecque. Le christianisme primitif, encou-ragé par les multiples allusions à l’imminence duRoyaume a vécu dans l’attente du prochain retour engloire et du Jugement dernier. Une telle espérance étaitpartagée par les judéo-chrétiens, grands lecteurs de cesapocalypses dont le texte attribué à Jean n’est que leplus célèbre.

    Christ, vainqueur de l’EnferLe Dieu fait homme va chercher l’humanité au lieu desa plus grande séparation. Si «Dieua délivré Jésus des affres de la mort»(Actes 2, 24), c’est d’abord en l’yplongeant, mais sans jamais l’aban-donner. Le Christ brise les portesinfernales, annonce à tous les mortsla délivrance (I Pierre 3, 19),contraint le diable à rendre ses pri-sonniers (Hébreux 2, 14; Apo-calypse 1, 18 et 20, 13; Matthieu 27,52). Etant «descendu dans lesrégions inférieures de la terre», il peut enfin «remplirtoutes choses» de sa lumière. Ouvertement, au retourglorieux du Christ, Dieu sera «tout en tous».

    Pleurs et grincements de dentsAu deuxième siècle, l’Apocalypse de Pierre est le pre-mier ouvrage chrétien apocryphe quidécrit les punitions et les tortures despécheurs dans l’enfer: ceux-ci sontdévorés par des oiseaux, ou suspen-dus par la langue à des flammes, ouencore attachés à des roues de fertournoyantes. Deux siècles plus tard,l’Apocalypse de Paul reprend etdéveloppe ces motifs. Le texteévoque d’énormes vers à deux têtes,qui rongent les entrailles descondamnés, des roues brûlantes quifont mille tours par jour, des rasoirschauffés à blanc, un gouffre pesti-lentiel dans lequel pourrissent ceuxqui n’ont pas reçu le baptême. Parmiles damnés figurent des évêques, desprêtres, des diacres et des hérétiques.Une extrême importance est accor-dée aux anges gardiens: Michel estle guide des âmes vers le Ciel. Sonrival est le Tartare, qui les conduit en

    Enfer. L’Apocalypse de Paul fut traduite dans toutes leslangues de l’Europe, et pendant un millier d’années, saversion latine jouit d’une immense notoriété dans lesmilieux populaires. Cet écrit a profondément marqué lalittérature et l’art du Moyen Age latin, et Dante s’en estinspiré dans La Divine Comédie.

    C’est long d’attendre…Le retour tant attendu ne se produisant pas, l’«attentelointaine», à partir du Ve siècle, s’imposa peu à peu.L’Eglise terrestre est alors comprise comme la réalisa-tion progressive de la «Cité de Dieu». L’«âme séparée»voyant son sort fixé une fois pour toutes à l’instant de

    la mort, la perspective du Jugementdernier devient de plus en plus abs-traite. La notion de purgatoire, seuleinnovation importante du MoyenAge en ce domaine, rend le juge-ment plus acceptable, car la proba-bilité de la damnation devient moinsgrande et le recours à la prière pourles morts moins inutile. LesSuppléments à la Somme théolo-gique de Thomas d’Aquin et La

    Divine Comédie de Dante précisent et enrichissent cettevision du monde, notamment à travers leurs descriptionsde l’enfer après la consommation des temps.

    Déclin de l'enferA partir de la fin du Moyen Age, obnubilée par l’au-delà

    «En enfer, les pécheursétaient prétendument dé-vorés par des oiseaux, oususpendus par la langue àdes flammes, ou encoreattachés à des roues de fertournoyantes»

    Enfer et damnation!Concept sombre et lugubre s’il en est, l’enfer est lié au salut et à la damnation, à l’attitude de l’hommeface à la mort et au Jugement dernier. Intimement associées à une vision du monde en trois étages - ciel,terre, monde souterrain des morts et des démons - (lire à ce propos l’article intitulé: Mythologie d’unmonde en trois étages), ces notions ont connu leurs heures de gloire, mais ont fini par tomber en pous-sière suite aux progrès de la science et aux nombreuses mutations apparues dès la fin du Moyen Age.

    Pho

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  • et le sort de l’«âme séparée», l’Eglise médiévale s’estlaissée surprendre par l’aspiration progressive à unesociété plus juste et plus fraternelle, et à des rêves deparadis terrestre soustraits à la pauvreté, à la maladie età la mort. D’autre part, le purgatoire, introduit pour remé-dier à ce qu’une excessive terreur de l’enfer pouvait avoirde paralysant, conféra à l’Eglise un pouvoir si grand (le«pouvoir des clés») qu’elle ne parvint pas à le maîtriser,

    mais fut entraînée par lui dans unedérive funeste: le commerce desindulgences contribua à ruiner la cré-dibilité d’un au-delà sur lequel ilparaissait possible d’agir par desmoyens aussi mécaniques que la visi-te de sanctuaires à reliques. Etl’accent mis sur la grâce rendait pro-blématique le dogme de l’enfer éter-nel. Les indulgences furent directe-ment à l’origine de la Réforme avecson refus du purgatoire et de la priè-re pour les morts. Ainsi, à partir duXVIe siècle, s’amorce un processusde dissolution de ces représentations.C’est l’enfer qui, à l’époque desLumières, s’est éteint le premier.L’évolution de la pensée et de lasociété a disqualifié comme simplistetout partage de l’humanité en «bons»et en «méchants», en élus et en dam-nés. Mais le purgatoire n’a pas tardé

    à suivre. Ainsi, après avoir pratiquement absorbé l’enferet connu l’apogée de sa popularité vers le milieu du XIXesiècle, le purgatoire s’est effondré en quelques décen-nies. En Europe occidentale, au XIXe siècle, c’est lapensée républicaine socialiste qui a réclamé, avec Hugo,la «fin de Satan».

    Corinne Baumann ■

    Ceci admis, il faut constater que cette mythologie àtrois étages n’intéresse pas, en tant que telle, leshommes de la Bible ou si peu. Dans ce qui suit, jem’attacherai essentiellement à quelques points d’AncienTestament.Bien sûr, l’homme de l’Ancien Testament est désarçon-né par la mort. Nous allons donc y trouver quelques des-criptions du Sheôl (le lieu des morts) et de ses habitants.Mais le Dieu d’Israël n’intervient qu’exceptionnellementdans les mondes souterrains et semble se désintéresserde ceux qui y séjournent. Car c’est à la surface qu’a lieula rencontre avec le Dieu d’Israël, ce n’est pas dans lesmondes souterrains. C’est l’histoire de Dieu avec leshommes et avec son peuple qui est au cœur de la Biblehébraïque. Que l’on pense aux promesses faites auxpatriarches, aux événements de l’Exode, au don de la terrepromise. Que l’on songe à tout le message prophétiquequi invite à lire les intentions de Dieu dans les épisodesqui traversent l’histoire d’Israël et de ses voisins. Et même

    si Dieu est «au ciel» et l’homme sur la terre, même sil’homme élève son regard vers Dieu, c’est dans des lieuxet des temps précis que la vie de la foi est vécue. La pers-pective changera, évidemment, à la fin des tempsbibliques, lorsque les apocalypses opposeront «ce monde-ci» au « monde - à venir», et où l’on opposera parfois lemonde d’en haut et le monde d’en bas.Il est extrêmement probable que l’Ancien Testament aconnu un culte des morts sous la forme d’un animisme.Mais les incantations des morts sont condamnées aussibien par les textes prophétiques que législatifs (par ex. Dt18, 9 et s.).

    Sheôl, le monde des mortsIl s’agit d’un nom propre féminin, attesté très souventdans les Psaumes, chez Job, dans les Proverbes et chezEsaïe. L’origine du mot n’est pas claire. Sheôl est-il le lieuqui «réclame» le défunt, le «lieu profond» ou encore laterre «déserte»? Sheôl est une zone profonde caractéri-

    dossier: Mondes souterrains

    Mythologie d’un monde en trois étagesLe monde biblique suppose l’image d’un monde en trois étages. Cette représentation n’est pas origi-nale: on la retrouve dans beaucoup de sociétés. En haut, inaccessible aux vivants - du moins dans larègle - se situe le monde de Dieu ou des dieux. Sur la terre des vivants se trouvent les hommes. Lorsqueceux-ci arrivent à la fin de leur vie, ils sont mis en terre. Le monde des morts est un monde souterrainqui, théoriquement, est inatteignable pour les vivants, sinon au terme d’un long voyage. Et c’est unmonde dont on ne revient pas.

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  • dossier: Mondes souterrains

    sée par sa vacuité. Le terme et le concept correspondentà l’Hades des Grecs.De nombreux mots sont presque synonymes de Sheôl:la tombe, la citerne, l’abîme, le gouffre. Le Psaume 88,7s en offre un bon compendium!Les défunts descendent donc au Sheôl, lieu souterrain,lieu d’en bas. Le mort qui descend dans sa tombe setrouve à la fois dans son sépulcre et dans une sorte detombe géante.Le Sheôl est le rendez-vous de tous les vivants (Jb 30,23), tous y partagent le même sort (Jb 3, 19). Certainstextes présentent cependant des différenciations.Mais ce qui doit être souligné, c’est ceci: Sheôl n’est pasl’enfer où les damnés sont suppliciés. Ce n’est pas unlieu de souffrance et de châtiment. Ce n’est que dans lesdeux siècles qui précèdent la destruction du Temple (70après Jésus-Christ), que les Juifs ont infléchi cette croyan-ce vers la géhenne, lieu de damnation où seules doiventaller les âmes maudites.Le Sheôl est parfois décrit comme une ville où leshommes sont prisonniers sans espoir de retour. Le mondedes morts est caractérisé par l’obscurité et la poussière.Le sort des défunts dans cette région privée de lumièreet d’eau est pitoyable, désagréable, mais pas infernal.Ce qui caractérise le séjour des morts, c’est une sous-existence dans un monde vide. C’est une terre de silen-ce et d’oubli. C’est un lieu sans échange véritable. Dansune belle onomatopée, Esaïe désigne les défunts commedes êtres qui ne parlent pas, mais qui sifflotent et mur-murent (en hébreu, ils font «tesaftéf»). Ce qu’il y a deplus grave dans ce ghetto, c’est l’absence de relationentre les morts et le monde de Dieu. Et il n’est pas rareque la prière du psalmiste s’insurge pour demander àDieu d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard, dans leSheôl.

    Le Sheôl, un lieu où il est trop tard pour l’homme etpour Dieu?La suprématie du Dieu d’Israël sur la puissance de lamort n’est cependant pas mise en doute, même si Dieulaisse subsister une zone de poussière et de ténèbres.L’Ancien Testament ne cesse d’affirmer que Dieu faitmourir et qu’il fait vivre. A la fin de la période bibliqueapparaîtra la foi en la résurrection des morts, pour affir-mer que le dernier mot prononcé sur l’existence deshommes est et demeure celui de Dieu.Cette conviction répercutée également dans le NouveauTestament n’est pas une fuite du deuxième étage vers letroisième étage! Le lieu de la foi reste la vie croyante.En annonçant la proximité du règne de Dieu, Jésusannonce la proximité de Dieu et la joie qu’elle suscitedans ce monde. Et si Paul affirme bec et oncle l’impor-tance de la résurrection des morts, c’est pour ouvrirl’existence du croyant vers l’avenir, mais cette existen-ce reste et demeure une existence de combat sur terre.Quant à l’Evangile de Jean, on le sait, il utilise la caté-gorie de l’Envoyé qui vient d’en haut, mais c’est bienpour que le croyant ait maintenant la vie éternelle, lamort perdant sa signification ultime et décisive d’ombreet de mort.

    Eric Dubuis ■Photo

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  • Tintin, Mortimer et les autresLes mondes imaginaires ou engloutis sont abondam-ment décrits dans la bande dessinée. Les raisons de cetengouement avec l’aide de Pascal Ducommun, ancienlibraire, passionné de BD et auteur lui-même.Ces mondes souterrains ne cessent d’exercer une fas-cination sur les auteurs et les lecteurs de BD: ils leurpermettent d’imaginer des mondes fantastiques, de fairemonter le suspense, d’entretenir le mystère, et peut-êtred’exorciser une angoisse d’enfermement, de situationbouchée dont il faut sortir. Les auteurs peuvent jouer àl’infini sur les effets de lumières et d’ombre, la claus-trophobie, la peur de l’inconnu et le sentiment d’oppres-sion. La plongée dans le souterrain mène toujours àautre chose. Au fond du couloir et selon le scénario, ontrouve soit une ville, une civilisation engloutie, des pri-sonniers, des extraterrestres, des sectes ou des usinessecrètes.Les auteurs s’inspirent principalement des mines, descatacombes et des grottes; on peut noter des influencesde Piranèse et d’Eschert, de Jules Verne, d’ouvragesscientifiques ou militaires (ligne Maginot, Penne-münde). Ils puisent aussi dans les récits de machines àremonter le temps et la science-fiction. Les accès à cesmondes engloutis ne sont pas innocents, ils contribuentà attiser le sentiment de curiosité et de mystère. On yentre par des endroits secrets ou étranges: caves de châ-teau, cimetières, égouts, volcans, chutes d’eau, tonneauvide, coffre, pyramide ou église. Parmi les personnagesconfrontés à ces mondes de la nuit: Tintin, Blake etMortimer, Alix, Lefranc, les plus classiques de l’âged’or de la BD d’aventures. Mais aussi Thorgal, GilJourdan, les «Petits hommes», Fantasio et d’autres, sansoublier des auteurs comme Bilal ou Schuiten, dont lavaste imagination a fait rêver de multiples lecteurs.

    Corinne Baumann ■

    dossier: Mondes souterrains

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    Le soupçon persiste: l’Eglise nous cache la vérité. Dansses caves, elle détiendrait des documents, des indices,des preuves qui feraient basculer toute sa doctrine.Certains imaginent une vaste conspiration du Vaticancontre une vérité qui nous prouverait enfin que tout ceque l’on a cru ou fait croire, est faux. Avec ce genre despéculation, la presse fait ses gros titres. Les succèsd’édition se multiplient. Régulièrement, on promet denous révéler le fin mot de l’histoire.

    Jésus, objet de tous les fantasmes«Jésus marche bien», remarque ironiquement Jean

    Zumstein, professeur de Nouveau Testament àl’Université de Zurich. La personne du fondateur de lapremière religion mondiale suscite les plus grands fan-tasmes. Depuis des siècles, les chercheurs se penchentsur le destin de ce Juif du premier siècle. Le drame,c’est qu’en dehors du témoignage biblique, les indicesqui subsistent du personnage sont peu nombreux.«Même si on sait assez bien qui il était, explique JeanZumstein. Il faisait partie du mouvement de Jean lebaptiste, puis il a rompu avec son maître. Ses optionset son destin sont ensuite bien connus.»En fait, depuis la période des Lumières, la recherche

    En hommage à quelques auteurs qui ont plongé dansles mondes souterrains (dessin de Pascal Ducommun).

    Un complot souterrain contre la vérité?Les Eglises n’ont pas toujours été des modèles de transparence. Pour protéger les âmes sensibles, lesprélats ne craignaient pas de mettre certains textes à l’index. Une réalité aujourd’hui dépassée, maisqui continue de faire fantasmer.

  • dossier: Mondes souterrains

    historique sur Jésus et son époque bat son plein. Lesthéologiens, spécialistes du Nouveau Testament, met-tent depuis longtemps le témoignage biblique à l’épreu-ve de la vérité historique. Après les débats suscités toutau long du XXe siècle, par exemple au sujet de Jésus,il n’y plus guère de tabou quant à ce qui pourrait êtremontré.

    Aujourd’hui, tout est publié ou en passe de l’êtreC’est qu’il n’y a probablement plus de révélations bou-leversantes à attendre. Les caves du Vatican, commeles arrière-salles des facultés, ne recèlent plus de docu-ments qui pourraient modifier la compréhension quel’on se fait de l’époque du Christ. Les textes apocrypheset les manuscrits découverts à Qumran ont presque tousété publiés (Ecrits apocryphes chrétiens, La Pléiade;La Bible, écrits intertestamentaires, La Pléiade). Lesretards enregistrés dans ces publications ne dépendentpas d’un complot ecclésiastique, mais bien plus durythme très lent dont le travail scientifique est coutu-mier.Pour Willy Rordorf, professeur émérite d’histoireancienne de l’Eglise et habitué de la bibliothèque vati-cane, les seuls documents qui ne sont pas disponiblessont des archives bien plus récentes: «Comme n’impor-te quelle institution, l’Eglise catholique protège l’accèsà son passé, par exemple, à tout ce qui concerne lesprocès d’inquisition. Mais qu’il y ait des documentsexplosifs au sujet de Jésus ou des origines du chris-tianisme, je ne le crois pas.» Du côté des exégètes, JeanZumstein confirme: «On peut toujours découvrir denouveaux documents qui enrichissent nos connais-sances de cette époque, mais je ne crois pas à desdécouvertes qui modifieraient substantiellement ce quel’on connaît de Jésus.»

    Des ouvrages fantaisistesLes ouvrages sulfureux, et les articles de journaux qui

    en dépendent, ne résistent donc pas longtemps à uneanalyse rigoureuse. Très vite, on s’aperçoit que la soli-dité scientifique de ces spéculations audacieuses netient pas. Il s’agit bien souvent de textes romancés, lar-gement inspirés par une science-fiction historique àdéfaut d’être futuriste. Une littérature passionnante,mais qui en reste au pur divertissement.

    Cédric Némitz ■

    Attention au sensationnel«On nous cache tout, on nous dit rien...» Théologienet enseignant de religion-philosophie au gymnase fran-çais de Bienne, Pierre Paroz doute fort que les parolesde la chanson puissent être appliquées au christianis-me. Rencontre.Vie protestante: Faut-il prendre les livres et articlesqui nous promettent des révélations au sérieux?Pierre Paroz: Impossible de répondre en général. Ilfaut voir de cas en cas. Toutefois, une promesse de révé-lations suscitera en moi une méfiance proportionnelleà l’intensité du caractère «sensationnel» de ladite pro-messe.VP: Est-il concevable qu’une découverte nouvelle puis-se mettre la foi chrétienne en cause?P. P.: Oui! Encore que la probabilité soit faible. Il nefaut pas s’énerver au premier articulet venu, surtoutdans le milieu universitaire, où chaque tâcheron d’assis-tant rêve de se faire un nom par de tonitruantes décou-vertes. Si, comme nous le croyons, la révélation chré-

    tienne n’est pas purement mythique mais a touché l’his-toire (cf. Jean 1, 14), le surgissement d’un documenthistorique nouveau ou un nouveau regard sur un docu-ment existant sont toujours susceptibles de boulever-ser la donne. VP: Les Eglises ont-elles encore le pouvoir de cachercertaines révélations explosives? Y a-t-il encore destabous dans la recherche théologique?P. P.: A 95 %, je dirais non. Mais il reste toujours 5 %,qui concernent justement les fameuses caves du Vatican.Le Saint Siège n’a pas encore fondamentalement renon-cé à la pratique du secret (cf. l’affaire du meurtre d’unofficier de la Garde Suisse), et reste prêt à empêcherla diffusion d’idées contraires à la doctrine de l’insti-tution. En ce sens, les théologiens catholiques ne sontpas totalement libres. Voilà pourquoi on ne peut aban-donner toute trace de soupçon.

    Propos recueillis par Cédric Némitz ■

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    «Démons, Démons, ils sont par-tout… Je tiens que les sorcierspourraient dresser une arméeégale à celle de Xerxès, qui étaitnéanmoins de 180’000 hommes.Car si sous Charles IX ils étaient enFrance 300’000, à combien esti-mons-nous le nombre qui se pour-rait rencontrer dans les autrespays?... Je désirerais qu’ils fussenttous mis en un seul corps, pour lesfaire brûler tous à la même fois enun seul feu!» Tout est là, dans cesparoles de Bossuet, lancées à la courde France sous le règne de LouisXIV: la terreur que le sorcier (et lasorcière!) inspire à tous les hommesdu XVIIe siècle, comme notre

    incompréhension d’hommes et defemmes modernes face à une tellepanique qui court alors jusqu’aucœur des élites intellectuelles dutemps. Comment expliquer en effetqu’à l’époque de grands philosophescomme Descartes (l’inventeur del’esprit cartésien qui, lui aussi,croyait aux sorcières), toute unesociété se soit laissée aller à une tellepsychose et à de telles exactionsempreintes d’aveuglement à l’en-contre de ceux que l’on qualifiaalors comme les «suppôts deSatan»?

    Un scénario qui se répèteDe l’Artois aux Flandres, du Sud del’Allemagne au Piémont, ce ne sonten effet que bûchers qui s’allumententre 1580 et 1640 pour faire dispa-raître celles et ceux qui paraissent

    alors suspects aux yeux des foules et des magistrats:c’est ce que l’on appellera la «Grande Chasse» du XVIIesiècle (par opposition à celle du Moyen Age, cf. enca-dré), ce «siècle gris» que Virgile Rossel a si bien décrit.Souvent seule, la sorcière - car la femme est alors plussuspecte que l’homme -, une fois incarcérée et fré-quemment torturée, avoue toujours, en rapportant,comme une litanie, le même récit, empreint d’étrange-té: placée dans une situation délicate, tant financièreque familiale, elle a vu un beau matin un personnageinconnu entrer dans son jardin et qui portait le nom deBenjamin ou de Jacob. Celui-ci lui a alors avoué qu’ilétait le Diable en personne et qu’il avait une solution àses angoisses. Habillé de vert, la face noirâtre, les piedscrochus, le visiteur se fait alors le plus souvent rabrouerpar la future sorcière mais revient, discrètement,quelques jours plus tard, après avoir hanté les nuits desa victime. C’est alors qu’a lieu le pacte: contre ce quela sorcière demande au Diable (souvent des chosestoutes simples, à manger ou de l’argent), celui-ci exigede sa nouvelle recrue qu’elle se donne à lui, tant enesprit que corporellement. Après ce sceau charnel,Belzébuth entraîne sa convertie au sabbat, où, au milieudes elfes et de toute la cohorte satanique, elle est offi-ciellement intronisée membre de la secte diabolique parune débauche orgiaque. Marquée du signe de la Bêtesur un emplacement de son corps que personne ne peutvoir, la sorcière est désormais une envoyée du diablevouée au mal, et destinée à faire périr les vaches dutroupeau du village ou le fils d’une voisine. Qu’elle soit

    Quand le diable avait bon dos…Le souterrain, c’est l’inconnu. Et l’inconnu fait peur. Au XVIIe siècle, ce qui faisait peur était qualifié de«sorcellerie». Un peu partout en Europe, y compris dans nos régions de Suisse romande, des bûchersvont alors être allumés pour brûler ceux et celles que Satan, tout droit remonté des Enfers, était soi-disant parvenu à posséder. Comment cela a-t-il été possible? Coup d’œil sur un passé pas si lointain...

    «Les Clavicules de Salomon»:propriété de la BPU

    Cachot du Château de Valangin

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  • dossier: Mondes souterrains

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    alors consentante ou réticente à ce moment de sa car-rière diabolique n’a plus d’importance: la nouvelle ser-vante du Malin appartient désormais tout entière à sonmaître, corps et âme, et son seul espoir, c’est le bûcher.

    De la folie!Comment comprendre un tel déli-re? A cette question, les chercheursont trouvé de nombreuses réponsespossibles, et sans doute sont-ellestoutes correctes. Mais parmi cesexplications (culturelles, juridiquesvoire sociales), il y en une qui semble s’imposer. Aucentre de chaque procès et de bien des témoignages, ily a en effet toujours un drame personnel: un mari qui

    perd sa femme, un jeune homme qui décède étrange-ment ou un enfant mort-né, bref des événements ter-ribles (et parfois bien plus banals, comme la perte d’unevache) et auxquels personne ne parvient à donner sens.La thèse du complot satanique est alors une excellentesolution, relayée qu’elle est par les fantasmes d’une élite

    nourrie de récits sataniques depuisle Moyen Age. Il faudra l’éducationdes masses, par une élite ayantrecouvré la raison, pour que les sor-cières disparaissent de nos esprits…Pour toujours? A voir…

    Pierre-Olivier Léchot ■

    A notre porte…Notre région se situe au centre des premières affairesde sorcellerie, au XVe siècle. En effet, Neuchâtel connaîtdeux vagues de procès: a) dans les années 1430; b) dansles années 1480-1490.Ainsi, en 1430, deux hommes sont condamnés pour

    sorcellerie et finissent sur le bûcher: Hanchemand leMazelier et Jaquet Duplan. Ce dernier est accusé d’avoirrendu hommage au diable, d’avoir mangé de la chairhumaine, dont celle de ses propres enfants, et d’avoir

    provoqué la grêle! Une cinquantaine d’années plus tard, quatre hommesse trouvent en prise avec l’Inquisition pour sorcellerie:Rolet Croschet, Jehanneret Regnal, Etienne Croschardet Rolin Bourguignon. Et en 1491, c’est au tour de

    Perrenet Giroul d’être soupçonnéde sorcellerie. Lorsque l’on consul-te les documents conservés de cesprocès, on remarque que des élé-ments sont récurrents: pacte avec lediable, transformation en animal,vol dans les airs, fabrication depotions, infanticide, orgies, etc. Mais qui étaient ces supposés ser-viteurs de Satan? Etaient-ils vrai-ment des sorciers avec balais, charnoir et potions magiques? On saitaujourd’hui, après de nombreusesrecherches historiques, qu’il n’enest rien. Il fallait peu pour se fairesoupçonner de sorcellerie, et lorsquela machine infernale de l’Inquisitionétait lancée, il était difficile de s’ensortir. En outre, il est important icide préciser deux choses. 1) Onconsidérait que quelqu’un quiavouait sous la torture disait la véri-té (les aveux étaient considéréscomme des preuves). 2) Il sembleque les inquisiteurs étaient vraimentconvaincus de la réelle existence desorciers, ce qui explique leur achar-nement à les éliminer.

    Et les femmes? De nos jours, les contes d’enfants sontdavantage peuplés de sorcières que de sorciers. Or, audébut, c’était une majorité d’hommes qui étaient accu-sés. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que le phénomène s’estféminisé.

    Isabelle Erard ■

    Liasses de procès de sorcellerie (Archives du Musée del’Hôtel de Ville du Landeron). Photo: P. Bohrer

    «Après un sceau charnel,Belzébuth entraîne saconvertie au sabbat…»

  • dossier: Mondes souterrains

    20 ans, une rencontre: un homme ivre au pied d’unarbre. Moi, le cœur sur la main, je me suis dit: «Nele laisse pas se détruire.» Une aventure et paf: unegrossesse. Un mariage en hâte, de la tendresse, maispas d’amour: «Ça viendra!», me disais-je.25 ans et déjà trois enfants. Le père est peu présent etpréfère toujours ses copains, son bistrot. Puis nous avonsdéménagé dans la maison de ses parents. Alors com-mence, ou continue, un parcours difficile. Notre vie de«famille» s’est transformée en une vie en communau-té, régie presque entièrement par ses parents. Intrusions,décisions, critiques, le tout en parallèle avec la non-pré-sence du fils-père-époux. Il ne se sent nullement concer-né par l’éducation des enfants et ses sorties restent tou-jours exagérées. Financièrement, je continue de travaillerà 50%; j’assure le ménage et bien plus. Lui se met auchaud pour ses sorties et voyages en moto avec sescopains.Nous n’avons jamais eu de communication dans lecouple et les choses vont en s’aggravant. Lui boit tou-jours autant à l’extérieur, rentre toujours plus tard auxfermetures et passe son week-end à récupérer.Arrive le temps où je passe enfin à l’action après desannées de réflexion. Je lui annonce mon départ avec lesenfants. Mais mon fils ne veut pas venir avec moi; ildésire rester dans la maison familiale. Je prends unappartement avec mes deux filles. Le long chemin avecles avocats commence. Autant j’ai eu de l’énergie à par-tir et à m’installer, autant la solitude s’écrase sur moi.Je commence à dégringoler. Je perds dix kilos et, tris-tement, je me mets à boire occasionnellement pouroublier.Un été laisse passer une éventuelle réconciliation. Maisje suis toujours sur la pente descendante du souterrainet je n’ai plus la force d’entamer un déménagement. Jetravaille toujours à ce moment-là et j’assume le reste.Les soucis d’argent commencent alors, et le début del’endettement.Bref, je suis en train d’arriver au fond. Tentative de sui-cide, puis internement en milieu psychiatrique durantquatre mois. Pendant ce temps, la procédure avance etle divorce est en vue. Et le conjoint décide de récupé-rer mes filles dont j’avais la garde. Mais je n’ai plusaucune force pour me battre, ma dépression aidant lasituation en ce sens. Les enfants sont déchirés, mais mevoient en piteux état. Et au jugement, j’accepte tout,trop lasse pour me battre.

    Dur, mais...Il y a du bon dans l’affaire. Ce père qui «ignorait» sesenfants a dû se mettre à s’en occuper. Ses parents sont

    à l’arrière, mais, cette fois, ils le laissent s’en occuper.Une communication est née entre le père et les enfants.Il a appris à les connaître, et vice versa. La vie a dûs’organiser entre eux, avec la répartition des tâches, etc.Car ce ne sont plus des petits enfants.Quant à moi, je remonte et je redescends. La séparationd’avec les enfants est plus que douloureuse: c’est une«amputation». Je cherche une raison de vivre; je regar-de en avant. Je reprends le travail. Et toujours cette dou-leur. Je vois peu mes enfants. Ils viennent rarement;c’est moi qui me déplace. Ils ont besoin de me voir«bien» pour reprendre confiance. Malgré ces trop rarescontacts, le mieux arrive pour eux. Les adolescents ontleur vie, leurs sorties. En plus, j’habite maintenant dansun village; pour eux, il n’y a pas grand-chose à y faire.C’est dur de regarder devant et non derrière. Je suis tou-

    jours suivie médicalement. Mes «hauts» et mes «bas»perturbent mes collègues. Voici que je viens de reperdremon emploi. C’est un nouveau coup dur. Mais j’espè-re en l’avenir et ma foi me tient debout. Je suis dans lalutte pour me reconstruire. J’y crois très fort et je mebats corps et âme. Je le sais, ce chemin sinueux débou-chera sur quelque chose. Mes pas sont guidés malgrétout et j’espère le jour après la nuit.

    Mary-Line Simon (pseudonyme) ■

    11VP/NE No 148 OCTOBRE 2002

    «Mon souterrain à moi!»Quand tout va bien, ou à tout le moins semble bien aller, pas de raison de s’interroger. Et ce, même si,dans le fond de nous-mêmes, certaines choses «bouillonnent». Dont nous n’avons pas conscience.Surgit parfois une crise, certes douloureuse, mais qui peut, à la longue s’avérer salutaire. Le couverclevissé sur l’illusion que «tout va bien» saute, et révèle un «moi» profond bien plus complexe que la sur-face ne le laissait imaginer. Récit vécu.

    Toute notre histoire est inscrite là-dedans…

    Pho

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  • Oui, une ville, probablement unique en son genre.Une ville égarée quelque part au bout du monde,en plein Outback, le désert australien. Un trou -ce n’est en l’occurence pas qu’une métaphore! - pauméà près de 850 kilomètres d’Adélaïde et à 730 autres kilo-mètres d’Ayers Rock. Ici, il pleut moins de deux centi-mètres d’eau par an, et le thermomètre tutoie tantôt les...50 degrés! La chaleur, affirment certains, fait éclater descailloux. Exagération, dramatisation? Allez savoir si leslégendes, à l’instar des entrées degrottes et autres dehors - on ne quit-te pas les mondes souterrains... - nedissimulent pas quelques vérités; lafrontière qui sépare la fabulation del’exactitude est parfois si ténue.Reste, et cela n’a rien de virtuel, quesous le dénuement de ce paysagearide, aux allures lunaires, se blottitbel et bien, à l’abri des regards et des rigueurs du climat,une ville! Cette cité insolite, en grande partie enfouie, anom Coober Pedy. Elle doit de ne pas être ignorée descartographes au fait que 80% des opales commerciali-sées sur les cinq continents proviennent de son sous-sol.Oui, Coober Pedy - qui, pour l’anecdote, servit de cadreau tournage de trois films à succès: Mad Max 3, Priscilla,folle du désert et, dernier en date, Planète rouge -, CooberPedy est une ville minière.

    Des airs de fin du mondeC’est en 1915 que l’on y a extrait la première pierre pré-

    cieuse, opération à retentissement quiprovoqua bientôt une véritable ruéesur ce coin perdu, transformé d’unseul coup en fac-similé du Far West.Aujourd’hui, les choses ont relative-ment peu évolué dans ce que lesAborigènes ont baptisé Kupa Piti, àtraduire par Le terrier de l’hommeblanc. Y cohabitent en gros 4000individus - en immense majorité deshommes - représentant plus d’unequarantaine de nationalités. Beaucoupd’entre eux sont d’origine européen-ne. Tous sont des aventuriers dotésd’une âme de parieur, des joueursexaltés, presque hallucinés à l’idéed’un trésor à portée de pioche - onestime à moins de 5% des réservesles opales mises actuellement au jour.Mais la richesse est capricieuse: si laconcession, grande d’environ 50mètres carrés, se vend l’équivalent

    de quarante francs suisses, la découverte d’un filon tientd’une loterie où les gagnants se comptent sur les doigtsd’une main.Coober Pedy, vestige d’un autre monde, d’un temps quel’on croyait révolu. Coober Pedy, perforée de plus de...250’000 puits de mine, dont la plupart ne sont pas réper-toriés - d’où les dangers d’accidents que cela implique.Coober Pedy, le «paradis» des mouches et de la dyna-mite. Ici, pas une plante ni même un seul brin d’herbe ne

    se risquent à pousser. Les «jardins»voient s’entasser des carcasses devéhicules à l’abandon et des débrisde matériel de forage. Pour échap-per à la canicule et à l’emprise agres-sive de la poussière, l’homme vitenterré. Les entrailles des collinesalentour sont devenues son refuge:il y a aménagé, outre des logements

    parfois luxueux, des boutiques, des hôtels et même deséglises. Le tout creusé dans la roche. Si dehors, le soleilfrise l’insupportable, la température au sein de cet uni-vers pierreux, d’un jaune paisible, est par contraste infi-niment agréable. Le quotidien, certes assez «primaire»,s’y déroule de manière relativement harmonieuse - lesrêves partagés, cela soude... Et malgré les fréquentsespoirs déçus, les déboires, la rudesse de l’environne-ment, rares sont les traqueurs de fortune, devenus tro-glodytes, à plier bagage.

    Laurent Borel ■

    dossier: Mondes souterrains

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    La cité ensevelieGrattez, grattez la surface, et vous découvrirez peut-être une réalité étonnante: la générosité, l’abon-dance occultées par le masque de l’insipide, une chair onctueuse sous l’écorce d’une fruit... Grattez,pour percer les mystères, pour ne pas vous contenter d’apparences, de superficiel. Grattez, et qui sait?...Sous la terre, à l’autre extrémité de notre planète, se cache bien... une ville!

    «Coober Pedy, le «paradis»des mouches et de la dyna-mite. Ici, pas une plante nimême un seul brin d’herbene se risquent à pousser»

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  • 13VP/NE No 148 OCTOBRE 2002

    Du bonheur de «descendre»Le monde souterrain, de façon «terre à terre», ce sont les entrailles de notre planète. Que d’aucuns ont lapassion d’aller visiter. Marie-Hélène Oppliger est de ces férus de spéléologie, qui vivent de tout leur être leursvoyages répétés au cœur de notre «matière première». Elle nous convie sur ses traces. Suivez le guide!

    dossier: Mondes souterrains

    Equipée de la tête aux pieds, jem’approche du gouffre. Il seprésente comme un trou béantduquel un air humide parvient à mesnarines et rafraîchit mes joues. Je meprépare à descendre. Je fixe la corde

    dans le descendeur et me laisse glisser. Plus je descends,plus une sensation de liberté m’envahit. Je ne distingueque vaguement les parois de la caverne; je suis là, seule,confrontée à moi-même. Sous mes pieds, l’obscurité esttotale, d’un noir si pur que rien, pas même la lumière demon casque, ne peut le sonder. Je perçois au loin un sonmélodieux et enchanteur, probablement des gouttes d’eau.Enfin, après une trentaine de mètres, j’aperçois le sol jon-ché de roches. Une fois à terre, le faisceau de ma lampeme permet d’apercevoir les alentours. Les émotions se

    bousculent... Ce qui s’offre à moi est irréel, féerique. Jereste là, immobile, m’imprégrant de cette beauté, de cesilence. Un certain temps s’écoule avant que je reprennele sens de la réalité. Je parcours quelques mètres. Je suissereine, le monde extérieur n’est plus qu’une chimère. Achacun de mes déplacements, les concrétions scintillentde mille éclats. Tout à coup, cette scène divine cesse: jeme trouve face à un couloir bas. Je tente de le passer enrampant; le plafond frotte mon dos et le sol mon ventre.C’est étroit, je souffre! Au loin, j’aperçois heureusementla fin de cet étau. Je hisse ma tête hors de ce trou. Quellen’est pas ma surprise de voir s’ouvrir devant moi une sallesi immense que même un ogre s’y perdrait. La douleurcausée par l’exiguité du passage s’estompe aussitôt faceà ce spectacle. Je m’assois un moment sur un des blocset éteins ma lampe… Soudain, insidieuse, une goutted’eau tombe et s’infiltre par l’encolure de ma combinai-son. Je tressaute et reprends mes esprits. Prudente, je déci-de de rebrousser chemin, sans parvenir à me cacher ladéception de ne pas perpétuer cet instant. Arrivée à labase du puits, je me retourne une dernière fois, non pourvoir si j’ai oublié quelque chose, mais pour contempler,pour graver cette virtuosité de la nature dans ma mémoi-re. Je commence à monter. A mi-chemin, une chauve-souris virevolte au-dessus de ma tête. Elle m’accompagneun instant dans mon ascension. Il ne me reste plus quequelques mètres avant de retrouver le monde extérieurqui déjà me désoriente. J’en ressors essoufflée, un peutriste, mais l’espoir d’une prochaine visite me revigore.

    Marie-Hélène Oppliger ■

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  • bonjour voisin: Le responsable cantonal des ministères

    15VP/NE No 148 OCTOBRE 2002

    Questions à se poser

    «L’Eglise a pour vocation de faire connaître àchacun, en paroles et en actes, l’amour mani-festé par Dieu en Jésus-Christ à l’égard detous les hommes, sans distinction de races et deconditions.» «L’Eglise, fidèle au principe du sacer-doce universel, rappelle à tous ses membres leurresponsabilité personnelle dans l’accomplissementde sa mission.» C’est en ces termes que notre Constitution (art. 9et 15) déf init la mission del’EREN et de ses membres.L’Eglise est porteuse d’un trésorqui ne lui appartient pas, qu’ellea reçu en partage, l’amour deDieu pour tous les hommes. Parle baptême, j’ai part à ce trésor.Ma vocation de baptisé est d’envivre, d’y puiser sans retenue, dem’en enrichir.Je reçois ce trésor dans un vased’argile. Pâte humaine sans cessecreusée, travaillée; œuvre deshommes, magnifique, dérisoire,douce et brutale, fière et parfoisarrogante; forme de la nature,fragile et belle, imparfaite, péris-sable; je suis le réceptacle en quiDieu a placé son trésor. Membrede l’Eglise, pasteur, et mêmepasteur des pasteurs, je resteterre de mission et de proclama-tion, champ où des labours suc-cessifs enterrent ce que j’avaisdécouvert.J’attends de ma pasteure, de madiacre qu’elles m’adressent, à moi qui suis parois-sien, une parole qui me révèle à moi-même, quime restaure, qui me rappelle qu’il y a en moiquelque chose qui n’est pas de moi, que j’ai reçuet sans quoi, pourtant, je ne suis pleinementhomme, être vivant et fils de Dieu.

    L’Eglise est d’abord face à moi, pour moi. Maisdans le même mouvement, je suis incorporé, j’endeviens membre. C’est à travers moi que Dieu setourne vers le monde. Je deviens Eglise pourd’autres. J’attends de ma diacre, de ma pasteure,mais aussi d’autres membres de ma paroissequ’elles m’apprennent, qu’elles m’encouragent,qu’elles m’engagent à poser des signes dans mavie quotidienne, à accomplir des gestes symbo-

    liques de ce que je crois.Pour entendre la Parole de Dieu, pour recevoir lessignes de son amour, j’ai besoin des ministres,comme j’ai besoin d’eux pour devenir à mon tourparole et signe. Ils sont essentiels, mais ils ne sontpas l’Eglise. Les ministres ne sont pas nommés,

    Comme les autres paroisses ou ministères quise sont présentés dans cette rubrique, j’ai reçucarte blanche de la part la rédaction de LaVie protestante. Par la fonction que j’occupe, jesuis une personne de référence pour les pasteurs,diacres et permanents laïcs qui œuvrent dans notreEglise. Je prof ite de l’occasion qui m’est ainsiofferte de leur rendre hommage et d’inviter chacunà la réflexion.Ils exercent un des plus beaux métiers. Elles ren-contrent des personnes de tout âge, de toute condi-tion. Ils sont chaque jour aux prises avec les convic-

    tions comme avec les doutes, les leurs et ceux deleurs interlocuteurs. Elles écoutent, elles encoura-gent, elles pardonnent, elles bénissent. Ils ensei-gnent, ils prêchent, ils envoient, ils disent adieu.Tous agissent au plus près de leur conscience. Avecamour, persévérance et parfois lassitude.Par ces quelques lignes, je leur dis merci. Et jedemande à chacun de s’interroger: quel est monregard, mon attente? Quelle image ai-je duministre? En quoi serait-il parfait?

    Nicolas Cochand ■

    Ce que j'attends d’un ministre

  • bonjour voisin: Le responsable cantonal des ministères

    16

    dans notre Constitution, au chapitre de la défini-tion de l’Eglise, de ses membres et de sa mission.Ce n’est ni un hasard ni un oubli. L’Eglise existelà où l’Evangile est annoncé et vécu.Les ministres sont nommés dans les chapitresdédiés à l’organisation de l’Eglise. Que la Parolesoit proclamée, la cène célébrée, c’est l’essencede l’Eglise. Que des personnes soient appelées etreconnues pour se consacrer - être consacrées - àces tâches est aussi dans la nature de l’Eglise. Maisqu’on les appelle pasteur et diacre, que cela pren-ne la forme de ministères professionnels, qu’ilfaille telle formation et tel titre pour y accéder estune affaire d’organisation. Cela peut changer enfonction des besoins et des possibilités.La vraie question est de savoir de quoi l’Eglise abesoin pour accomplir sa mission, en paroles et enactes. Peut-être a-t-elle besoin de conseillers devie, pour accueillir les femmes et les hommes déso-rientés par un environnement instable? Peut-elle

    lui faudrait-il des maîtres du chant, pour exprimersa foi en des cantiques nouveaux? Ou peut-être desdémarcheurs, qui téléphoneraient aux gens pourleur demander pourquoi ils ne paient pas entière-ment leur contribution ecclésiastique?Et si nous avions des maîtres spirituels, qui nousaideraient à étancher notre soif de vie intérieure?Des artistes, pour renouveler les formes de notremessage? Des prophètes pour nous réveiller?Et si, et si… En réalité, nous avons déjà tout cela,et beaucoup d’autres encore. Il y a bien des tré-sors cachés dans notre Eglise. Piégés par notreordinaire, nous ne savons les dévoiler. Je prie quela restructuration en cours nous secoue assez pournous ouvrir les yeux.D’ailleurs, je n’ai pas peur pour mon Eglise, aucontraire. J’ai conf iance. Je crois que Dieu luidonne ce dont elle a besoin, des dons et des per-sonnes en abondance pour accomplir sa mission.

    Le pasteur parfait a 29 ans et une grande expé-rience. Il a un désir brûlant de travailler avecles jeunes. Il sait aussi s’organiser pourconsacrer la plus grande partie de son temps auxpersonnes âgées et aux fidèles. Il fait quinze visitespar jour, et on peut toujours le joindre à son bureauquand on a besoin de lui. Il travaille de huit heuresdu matin à minuit. Il est aussi le concierge del’église et des salles de paroisse.Le pasteur parfait prêche exactement dix minutes.Il condamne le péché sous toutes ses formes, maisne blesse personne. Il sait écouter toute opinionreligieuse ou spirituelle, sans jamais marquer sondésaccord ou entrer dans une confrontation d’idéestoujours menaçante.Le pasteur parfait se contente d’un salaire modes-te. Il est bien habillé, il présente bien. Son visagesérieux est toujours éclairé d’un sourire. Il achètede bons livres pour toujours mieux exercer sonministère. Il pratique une large générosité. Il estsecondé par son épouse et ses enfants, toujoursheureux de participer à sa noble tâche.Le pasteur parfait consacre 48 semaines par an àsa paroisse. Dans le temps qui lui reste, il nemanque pas de s’inscrire à des séminaires de for-mation continue pour rester performant dans sonministère. La question des vacances et des congésrelevant du domaine privé, il évite de perturber ledéroulement des séances du Conseil paroissial eny évoquant ces questions domestiques.Le pasteur parfait a toujours du temps pour lescommissions dans lesquelles on requiert, sinon sonavis, du moins sa présence constructive. Il nemanque jamais une réunion, tout en sachant don-ner la priorité au travail auprès des distancés.Le pasteur parfait sait qu’en Eglise, il n’y a pas deconflit de pouvoir. S’il lui arrivait d’en douter, ilen parlera à ses supérieurs qui le rassureront. S’il

    devait en douter une seconde fois, il sied qu’il sepose très sérieusement la question de l’authenti-cité de sa vocation.D’après diverses sources.Toute coïncidence avec des personnages existantsou des faits avérés ne saurait être que le fruit del’imagination du lecteur.

    Le pasteur parfait

    Pho

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    P. B

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  • bonjour voisin: Le responsable cantonal des ministères

    17VP/NE No 148 OCTOBRE 2002

    DevinetteQuelle différence y a-t-il entre un prédicateur etun trolleybus?Réponse:-quand un trolley perd le fil, il s’arrête.

    Qu’est-ce qu’un diacre? Il y a sans doute autantde définitions que de ministres. Le diaconatfait preuve d’une diversité réjouissante. Nonseulement il est bien vivant, mais il est destiné à sedévelopper, car il répond à une double demande: celledes Eglises réformées, qui ont besoin de ministèresdiversifiés, et celle de personnes qui souhaitent s’enga-ger au service de l’Eglise après avoir exercé dans unautre cadre professionnel.Je me risque à dresser un portrait.Le ministère diaconal revêtaujourd’hui plusieurs formes. Lesuns sont actifs dans le domaine del’aumônerie, auprès des personnesâgées, dans les hôpitaux de soinsphysiques ou psychiatriques.Quelques-uns se consacrent à dessituations spécifiques: aumôneriedes malentendants, présence dansles institutions pour personnes han-dicapées. D’autres sont plutôt desanimateurs, dans un domaine spé-cifique comme la mission ou dansune région pour stimuler la viecommunautaire des paroisses etleur esprit de service. D’autresencore entrent en contact avec lesmarginaux et les personnes défa-vorisées. Certains se concentrentsur la catéchèse ou l’animation dejeunesse. D’aucuns, enfin, assu-ment des tâches plus pastorales.J’ose encore en imaginer d’autres:diacre-journaliste; diacre-adminis-trateur ou directeur d’institution;diacre-formateur d’adultes…Un trait commun à tous est d’avoir pratiqué un autremétier avant de s’orienter vers une activité au sein del’Eglise, en suivant la formation qui avait été mise enplace par le Département romand des ministères dia-conaux, puis en effectuant des stages.Aujourd’hui, les responsables des ministères de Suisseromande proposent aux Eglises réformées d’opterrésolument pour une formation diaconale en coursd’emploi. Il sera alors possible, après avoir acquisune formation théologique de base, de commencerune activité ecclésiale tout en se formant en mêmetemps, comme c’est le cas dans un certain nombre deprofessions, notamment du domaine social. Le can-didat au diaconat jouit d’une expérience profession-nelle et personnelle qu’il peut mettre en valeur dansson nouveau cadre. Généralement, il est aussi riche

    d’une large expérience ecclésiale.L’EREN a besoin de diacres. Aujourd’hui, ils ont pra-tiquement disparu des paroisses, car rares sont cellesqui peuvent mettre au concours un poste autre quepastoral. Les diacres occupent presque tous des postesrégionaux ou cantonaux, spécialisés. Les regroupe-ments prévus dans le processus EREN 2003 offrirontde nouvelles possibilités par le fait qu’on pourra voirà l’œuvre une pluralité, et donc une diversité deministres au sein d’une même paroisse.

    Devenir diacre

    Les ministres de l'EREN en chiffres

    Situation en octobre 2002

    • 98 personnes en activité• 51 personnes à plein temps• 47 personnes à temps partiel• 58 hommes• 40 femmes• 46 ans de moyenne d'âge• 73 pasteurs• 13 diacres• 12 permanents laïcs• 55 personnes à l’œuvre dans un poste parois-

    sial• 14 dans un poste régional (commun à plusieurs

    paroisses)• 22 dans un poste cantonal• 7 partageant leur temps entre une paroisse et

    un poste régional ou cantonal

  • 29VP/NE No 142 MARS 2002

    le savez-vous?

  • 30

    l’avis protestant

    Eglise Ambulante, action d’évangélisation œcu-ménique placée sous le patronage d’Open 02, dres-se un premier bilan de ses activités dans le cadred’Expo.02. Le 21 juin, un magnif ique cortègeformé de 600 à 700 chrétiens de tous bords s’estdéplacé dans les rues de Neuchâtel, du QuaiOsterwald à l’Esplanade de la Collégiale. C’étaitune véritable fête œcuménique qui a connu ungrand succès. Nous avons pu entrer en contact avecde nombreux distancés de nos Eglises et desjeunes. Presque toutes les Eglises chrétiennes deNeuchâtel étaient représentées. Il y avait notam-

    ment la présidente de la COTEC, Françoise Currat,la coordinatrice d’Open 02, Elisabeth Reichen, etde nombreux pasteurs et curés. Deux chaînes detélévision nous ont fait l’honneur de couvrir l’évé-nement. Après un lâcher de plusieurs centaines deballons, nous sommes redescendus de l’Esplanadeavec des flambeaux sous le regard imposant deGuillaume Farel pour symboliser l’unité des chré-tiens et surtout montrer que nous sommes por-teurs de la Lumière de Jésus-Christ.Le 23 juin, au Temple du Bas, nous avons vécuune grande soirée de spectacle musical et choré-graphique. Le groupe Reverse, d’Amsterdam, afait transpirer les jeunes par son style moderne, etAfrica Group’s a Cappella nous a fait vibrer, ponc-tué de mimes et de chorégraphies.

    Une dernière journée est agendée le 12 octobre,de 9h à 22h, au Quai Osterwald et au Temple duBas. Nous sommes très satisfaits du résultat despremières actions œcuméniques de ce type. Nouscomptons aussi sur la générosité de tous pourmener à bien cette action dont le budget s’élève àplus de 12.000.- frs. Chaque contribution mêmeminime est acceptée avec reconnaissance. Compte:Banque Cantonale Neuchâteloise: S.3516.40.52/CCP: 20-136-4, mention: Eglise ambulante.

    Guillaume Ndam ■

    Eglise ambulante: satisfactionCanton

    Fête de consécrationVenez au temple Farel à La Chaux-de-Fonds ledimanche 27 octobre 2002, à 17h30.Venez nombreux pour entourer les nouvellespasteures et diacres consacrées au ministère.Venez exprimer votre reconnaissance!Venez prier pour elles!Les protestants réformés du canton sont conviésà participer à ce moment heureux pour toutel’Eglise et à vivre la fête dans un esprit de paix,de joie et de beauté!

    Fête de la ConsécrationLa cérémonie de consécration aura lieu le

    dimanche 27 octobre 2002, à 17 h30

    au temple Farel à La Chaux-de-Fonds

    Mme Sylvane AuvinetMme Claire-Antoinette Steiner

    seront consacrées au ministère pastoral

    Mme Katia DemarleMme Elisabeth Reichen-Amsler

    Mme Martine Robertseront consacrées au ministère diaconal.

    Les députés et les ministres de l’EREN y sont convoqués.

    Toutes les personnes intéressées sont les bienvenues à ce culte de fête de l’EREN.

  • l’avis protestant

    C’est une belle histoire, qui s’étend surquatre siècles car le premier temple futconstruit en 1658 et la paroisse érigéeen 1706.Mais pourquoi donc publier cette his-toire maintenant, se demande-t-on fré-quemment? Il y a trois bonnes raisonsqui ont incité le Conseil deparoisse, en automne 2000, àpromouvoir ce projet. Les voici:- D’abord le prétexte du nouvel

    orgue, dont l’installation etl’harmonisation viennent d’êtreterminées. Evénement importantqu’il s’agissait de consigner.

    - Puis la disponibilité d’Eric-AndréKlauser, historien, auteur de nom-breux ouvrages, établi à Fleurier maisenfant de Couvet qui, lorsque solli-cité, offrit spontanément d’écrire béné-volement l’histoire de la paroisse et dutemple de son enfance.

    - Enfin, dernière raisonet non la moindre, c’estque la votation immi-nente sur le projetEREN 2003 pourraitbien mettre un pointfinal à l’histoire de laparoisse de Couvetpuisqu’il est prévu quecelle-ci se fonde dansune grande paroisse duVal-de-Travers.

    L’ouvrage paraîtra le 25 octobre, jour dela foire d’automne de Couvet. Il com-

    prendra près de 120 pages et de nom-breuses illustrations dont plusieurs enquadrichromie. On peut y souscrire,par téléphone (032 863 17 50 ou 032863 34 24), pour le prix de 20 francs,

    jusqu’au 20 octobre.Grâce à une quarantaine dedonateurs, le f inancement del’ouvrage a été rapidement assu-ré. N’est-ce pas un beau point

    final pour une belle histoire?

    Bernard Jeanneret ■

    Couvet Nouvelle publication d’Eric-André Klauser, professeur et historien

  • Même si la catéchèse est un processus quis’étend à toute la vie, la Commissiond’Education chrétienne s’est attelée depuisbientôt deux ans au travail d’élaboration d’un fil rougede la catéchèse pour notre Eglise, de l’enfance à l’ado-lescence. De quoi s’agit-il?Le fil rouge a pour but de définir une ligne catéchétiqueet un programme cadre pour notre Eglise, qui laissentassez de place aux paroisses pour vivre leurs spécifici-tés, qui encouragent leur créativité et favorisent la cir-culation des idées et des programmes. Il marque unedirection et se veut être un repère permettant une négo-ciation entres les échelons synodal et paroissial en matiè-re de catéchèse.La Commission s’est attachée au sens de la catéchèse.Dans une période de désocialisation religieuse et de curio-sité tous azimuts, la catéchèse veut faire découvrir auxenfants et aux adolescents la pertinence, dans leur exis-tence, du message révélé par l’Evangile. Par des impul-sions, des interpellations, des éléments de culture et desquestionnements, elle va:- donner la possibilité à chaque individu de se construi-

    re une identité spirituelle par des choix, des réponseset de nouvelles questions;

    - faire découvrir et inventer différentes formes de vie deprière et d’expression de la confiance et s’ouvrir à labeauté de la vie;

    - créer des occasions de se reconnaître aimés par le Dieurévélé en Jésus-Christ;

    - préparer les enfants et adolescents à vivre pleinementleur vie d’hommes et de femmes dans notre sociétépour aller à la rencontre de l’autre dans ses différences;

    - permettre, par une meilleure compréhension de soi, desa tradition et de sa culture, de respecter activement lesautres convictions, confessions, traditions et cultures,et en retour d’enrichir leur propre existence.

    Une bonne catéchèse permettra aux enfants et adoles-cents de construire l’Eglise qui leur est indispensablepour vivre, risquer et dialoguer leur foi aujourd’hui.La Commission s’est penchée sur les objectifs générauxdu fil rouge :- offrir une progression cohérente dans le processus

    catéchétique de la petite enfance à l’aumônerie de jeu-nesse;

    - offrir aux paroisses du canton un programme;- présenter une image publique claire et permettre une

    adaptation aux situations locales à l’intérieur d’un cadre.La Commission est convaincue que l’utilisation du filrouge va notamment :- permettre à tout enfant ou adolescent qui change de

    paroisse de retrouver un programme compatible aveccelui qu’il a déjà suivi; éviter les contradictions ou lesredites; harmoniser le nombre d’années de catéchis-me, etc.;

    - promouvoir les services du Centre œcuménique decatéchèse et les offres de formation auprès des caté-chètes;

    - encourager l’échange d’expériences et d’informationsentre catéchètes.

    La Commission s’est penchée sur les méthodes péda-gogiques pour chacune des tranches d’âges, de l’éveil àla foi au catéchisme, du processus de la découverte à laméthode indirecte en passant par la mémorisation, laréflexion, le jeu, le chant, la prière, l’enseignement, l’expé-rimentation et la recherche personnelle. Les méthodessont variées et s’adressent à chaque âge en particulier,car on ne fait pas de la catéchèse de la même manièreavec un petit enfant et un adolescent; les moyens péda-gogiques et didactiques sont différents et prennent encompte le développement psychologique et spirituel del’enfant.La Commission fait aussi des propositions pratiques quidevront être débattues: elle propose un catéchisme d’ado-lescents d’une année, elle pose la question de la confir-mation et la fête du catéchisme.La Commission a fait circuler le document du fil rougedans le but de le confronter à des avis extérieurs. De cettephase de consultation, elle va sortir un document défi-nitif qu’elle soumettra au Synode en accord avec leConseil synodal.Le conseiller synodal responsable du Département del’Education chrétienne remercie la Commission pourson travail, un travail de fond qui permettra un débat fruc-tueux dans notre Eglise et donnera à celle-ci un cadrepour son travail de catéchèse.

    Au nom du Conseil synodal: Christian Miaz ■

    32

    la page du CS

    Fil rouge de la catéchèse: bientôt une réalité?

    Assemblée générale de l’Eglise: projet EREN 2003 - VotationLa votation sur le projet EREN 2003aura lieu du mercredi 6 au dimanche10 novembre (12h) dans votre parois-se, par scrutin. Vous vous prononcerezsur les adaptations de la Constitutionnécessaires à la réalisation du projetEREN 2003. La majorité simple des

    paroisses et l’accord de 66% desvotants est nécessaire à la mise en routedu processus EREN 2003. La VieProtestante qui paraîtra à fin octobrevous donnera des informations sur leslieux et les heures d’ouverture des scru-tins dans votre paroisse.

  • Monique Vustconseillère synodale

    Une colère récente?- Et récidivante! Contre ceux qui utilisentune position d’autorité à leur propre avan-tage.

    L’autre métier que vous auriez aimé exer-cer?

    - Ebéniste. Pour tenir un objet fini, et parceque le bois est un élément vivant.

    Le personnage avec qui vous passeriezvolontiers une soirée?- Paul de Tarse, peut-être... Mais en plu-sieurs soirées s’il parle aussi bien qu’ilécrit.

    Un projet fou que vous souhaitez réaliser?- Apprendre à parler couramment l’alle-mand; ce n’est pas très «fou», mais je netrouve pas le temps de m’y adonner.

    Ce que vous détestez par-dessus tout?- Le mépris.Qu’est-ce qui est important?- La paix intérieure.Qu’est-ce qui vous fait douter?- La capacité des humains à détruire et à sedétruire.

    Votre recette «magique» quand tout vamal?

    - Exhumer ce qui va bien, travailler au jar-din ou écouter une messe de Mozart.

    Trois mots que vous voudriez dire à Dieu?- Merci pour la liberté, mais était-ce bienraisonnable d’en donner autant?

    Si vous étiez un péché?- C’est assez difficile de prendre le pardonvraiment au sérieux pour ne pas se repré-senter soi-même comme un péché...

    Votre principal trait masculin?- La méfiance face à l’émotion.

    Sans phrases

    33VP/NE No 148 OCTOBRE 2002

    Précisions

    Certaines allégations faites par M. Roland Némitz dans le «Courrier des lec-teurs» de la VP du mois de septembre nous amènent à préciser ce qui suit:• La raison d’être essentielle d’EREN 2003 n’est pas de nature financière: il

    s’agit avant tout d’assurer la poursuite même de la mission de l’EREN enfacilitant le fonctionnement d’une Eglise qui repose largement sur le béné-volat et qui donne des signes d’essoufflement qu’on ne peut ignorer.

    • Les comptes 2001 mentionnent expressément que le montant de 438’001,95francs provenant de la vente d’un immeuble auquel il fait allusion a été inté-gralement versé au Fonds de roulement. Ce montant n’a par conséquent passervi à «compenser» quelque déficit que ce soit, mais a bien été mis en réser-ve.

    • Si le déficit figurant au budget 2002 n’est plus que de 79’000.- fr., alors quecelui du budget 2001 s’élevait encore à 897’000.- fr., c’est grâce, justement,à l’adaptation de la contribution de l’Etat.

    Nous rappellerons de surcroît qu’autant la Commission des finances que leSynode ont constaté que les dépenses de l’Eglise étaient maîtrisées. Les affir-mations de M. Roland Némitz à ce sujet sont donc inexactes.

    Au nom du Conseil synodal: Philippe Ribaux, responsable du Département des finances ■

    Histoires de chiffons

    Tout d’abord, merci au Comité de rédaction de la VP pour son dossier inté-ressant. Toutefois j’aimerais revenir sur une affirmation de Laurent Borel tiréede son article «Quand l’unité fait la force». Le rédacteur dit: «Difficile d’ima-giner qu’un officier, par exemple soit aisément en mesure de commander enétant privé de son argument vestimentaire».Cette affirmation est totalement fausse et relève plus d’un fantasme que d’uneobservation de la réalité. Il vaut la peine d’évoquer brièvement l’évolution dela mode militaire en Suisse, ces dernières années. Il y a une vingtaine d’annéesencore, l’on voyait déambuler des officiers, en tenue de sortie taillée dans untissu fin et coiffés d’une casquette arborant généreusement leurs galonsdorés. On les reconnaissait de loin. Le soldat, en comparaison, faisait pâlefigure, revêtu de son éternelle veste verte en feutre épais et coiffé de sonbonnet de police taillé dans le même tissu, le plus souvent relevé «sur soif»! Ceci dit, cette différence vestimentaire n’était aussi flagrante qu’en sortie ouen déconsignation, donc dans une situation où les officiers n’étaient plus cen-sés commander qui que ce soit! Laurent Borel semble ignorer que dans lecadre d’un engagement militaire fictif ou réel, soldats et officiers portent,depuis belle lurette, la même tenue d’assaut. Seul un petit insigne indique legrade des intéressés. Sans même être myope et en plein jour, il faut littérale-ment se casser le nez sur son interlocuteur pour parvenir à décrypter un petitgrade métallique de 3 cm fixé sur son col! Donc pas besoin de mettre un cha-peau de chef indien ou d’user d’un quelconque argument vestimentaire commele prétend Laurent Borel pour exercer un commandement dans l’armée. Même cette distinction «tenue fine - gros feutre vert», en sortie, est révo-lue depuis plusieurs années: tenue fine pour tout le monde, bérets sansinsigne de grade. Ne restent que les épaulettes pour distinguer le gradedes intéressés. Bien sûr, Laurent Borel a tout à fait le droit de ne pas s’intéresser aux der-nières nouveautés de Lacoste et encore moins à la mode militaire! Mais quandon se lance dans une analyse, il vaut la peine d’éviter les clichés éculés. Pourtantla tentation est grande: Comment parler d’uniforme sans lancer au passage,une petite pointe contre l’armée? Ça fait toujours bien! C’est aussi une ques-tion de mode… idéologique, en l’occurrence.

    Pierre Wyss, Saignelégier ■

  • 34

    C’est désormais une heureuse habitude: avecl’automne paraît le fameux Calendrier interreli-gieux, produit conjointement par l’AssociationEnbiro, la Fondation Education et Développement,et la Plate-forme Interreligieuse. Le thème retenucette année (2002-2003) est: Gestes et Paroles -L’humanité en prière. Cette septième édition duCalendrier, à l’esthétique toujours aussi recherchée,

    rappelle combien la prière est un élé-ment de base de la pratique des reli-gions sous toutes les latitudes, en mêmetemps qu’elle dépasse largement les tra-ditions religieuses. Elle constitue un desactes fondamentaux de l’être humain pourexprimer ses sentiments, ses besoins, ses

    tourments face aux épreu-ves et aux grandes ques-tions que ne manque pas de

    lui poser lavie.A noter,c’est éga-lement unetradition,que leditCalendrier

    est complété par un dossier pédagogique contenantune quantité de documents permettant de «creuser»le sujet, notamment avec des enfants. Il est en outreaccompagné, pour la troisième fois, d’un portfolioqui rassemble les images mises en illustration dechaque mois, sous forme de magnifiques cartes encouleur (format A5), faisant écho à un fasciculeriche en informations. Intéressé(e)? Le tout est dis-ponible au Centre œcuménique de catéchèse, Vieux-Châtel 4, Neuchâtel. Tél. 032 724 52 80. Ne man-quez pas de vous y référer: c’est intelligent, pas«sectaire» ni «prosélytiste» pour un sou, et fort biendocumenté.

    L. BO.

    c’est nouveau

    «LANGAGE» UNIVERSEL

    De son Cameroun natal, Daniel Mabongo, pasteurà La Chaux-de-Fonds (L’Abeille) et à la PrésenceAfrique chrétienne (PAC), a conservé, notamment,la jovialité, le sens de l’accueil et une propensionau rire. Avec, peut-être par-dessus tout,une envie de mettre de la musique dansles différents actes et moments de lavie. Celle-ci lui vient comme le désir- le besoin? - de boire, de manger, derespirer... Il est tombé dedans, l’amiDaniel, dès sa plus tendre enfance:dans son pays, sa famille, elle fait par-tie du quotidien. Là-bas, on chantepour dire qu’on aime, qu’on est heu-reux, qu’on est triste aussi. On chantepour remercier, pour rendre grâce, pourespérer. Sans grand artifice: simple-ment en tapant dans ses mains, et enlaissant s’exprimer ce qui naît du cœur.Pas d’école ni de leçons: là-bas tou-jours, le rythme se découvre en apprenant à mar-cher, l’art de la mélodie s’acquiert à l’oreille, en selaissant bercer par la culture ambiante. C’est ainsi que Daniel Mabongo n’a pas fréquentéde conservatoire, qu’il ne joue d’aucun instrument

    et qu’il ne maîtrise pas les subtilités du solfège. Maisil chante et compose: «Ma musique est plus intuiti-ve qu’académique, plus émotionnelle qu’intellec-tuelle... Hormis les paroles, je ne mets rien sur

    papier. Je démarre, et les autres mesuivent.» Même lorsqu’il ne fait queparler, sa voix s’emplit d’un mélange

    (EN)CHANTONS LA VIE!

  • 35

    ça vient de sortir

    Encore quelques battements d’ailes, et l’ange aura finide passer. Le 20 octobre prochain, EXPO.02 fermeradéfinitivement ses portes, et notre être céleste achèverason périple de cinq mois au bord du Lac de Morat. Fallait-il que la contributiondes Eglises à l’Expositionnationale, remarquable àplus d’un titre, sombre dujour au lendemain dans leseul souvenir? Fallait-il quel’ange s’évapore sans lais-ser de traces? Nous répon-dons, sans l’ombre d’undoute, par la négative. Ilaurait en effet été infini-ment regrettable qu’aucuntémoignage tangible nevienne prolonger l’événe-ment. Et ce, pour au moinsdeux raisons. Première-ment, parce qu’«Un angepasse» apporte la preuve - pas si évidente que cela aupa-ravant - que des Eglises (au nombre de quatorze enl’occurence), de sensibilités différentes, peuvent travaillermain dans la main, et que la foi, dans la multitude deformes qu’elle est susceptible de prendre, sait ne pas êtrefacteur de divisions irréversibles. Deuxièmement, parcequ’à travers l’évocation de sujets spirituels qu’elles ontlivrée, les méditations ainsiengendrées, les Eglises, parl’originalité de leurs mes-sages, ont montré qu’ellesconstituaient des interlocu-trices, des références à partentière pour une société quine sait pas trop où elle va,mais qui y va très vite!Les Eglises, avec leursquestions existentielles, leurquête de sens, sont donc là,et bien là! «Un ange passe»atteste de cette présence, etun livre, paru récemmentaux Editions Labor etFides, vient certifier etl’empreinte et la pertinen-ce dudit Ange. En quelque300 pages, et presque

    autant de photos, il offre unregard mêlant soucis esthé-tiques et de reportage,ponctué de brefs commen-taires induisant la réflexion,sur chacun des sept cielsproposés aux visiteurs, ainsiqu’un éclairage surl’ensemble de la démarche.«Un ange passe» - c’est letitre de l’ouvrage: une pièceà conviction(s)!

    L. BO.

    NOUS Y ÉTIONS: LA PREUVE!

    de charme et de sensualité. Pour peu, il se mettraità danser.Logique dès lors qu’il fasse intervenir la musiquedans son ministère: à L’Abeille, il a constitué ungroupe de gospel; à la PAC, il est à la tête du«Chœur du soleil». Avec lequel, outre le fait d’ani-mer des mariages, des fêtes - «On nous appelle desquatre coins du canton. Et il nous arrive de devoirrefuser des «engagements», faute de disponibilité...»-, il vient d’enregistrer un CD. Qui réunit une quin-

    zaine de ses créations, dont certaines en lingala(langue du Zaïre), publiées sous le titre: «Chantonsla vie». Des morceaux dépouillés, accompagnés demaracas - «Si d’autres instrumentistes sont intéres-sés à se joindre à nous, nous les accueillerons avecplaisir!» -, qui se veulent autant de messages de sou-tien, de foi, de vie. Pour commandes (25.- frs/l’unité): tél. 032 913 66 85.

    L. BO.

    VP/NE No 148 OCTOBRE 2002

  • le savez-vous?

    EREN 2003 - Eglises de maison: quels enjeux?

    Les Eglises de maison trouveront-elles leur place dans cettenouvelle façon de vivre en Eglise? Seront-elles encorenécessaires si la paroisse offre une plus large palette d’acti-vités et de sensibilités? La réponse est évidemment: oui! Quandle champ des possibilités d’activités, de rencontres s’accroît, lebesoin d’un lieu de sécurité s’affirme aussi. Un petit groupe depersonnes que l’on connaît, qui nous connaissent, à qui nouspouvons parler sans masque, qui savent nos difficultés, avec quinous pouvons approfondir notre foi, prend d’autant plus de valeur.Pour pouvoir vivre librement dans un ensemble plus large, il fautaussi pouvoir ouvrir librement son cœur, partager quelque chosede sa vie spirituelle au risque de la confrontation dans un cadrede confiance et de familiarité.Multiplier les Eglises de maison, créer de nouveaux groupes etrenforcer ceux qui existent, c’est aussi, peut-être, une des condi-tions pour que le projet EREN 2003 réussisse et soit fécond.

    Monique Vust, conseillère synodale ■

    PerspectivesLes Eglises de maison - dont le contenu est à géométrie variable,puisque lié à des vécus locaux très diversifiés - demeurent unedes richesses de notre Eglise, et donc de la vie de nos paroisses.En cette période de grands changements, pour ne pas dire debouleversement et de révolution pour notre Eglise, le petit grou-pe de travail qui avait élaboré le programme de la deuxième jour-née cantonale des Eglises de maison - annulée au dernier momentfaute de participant(e)s en nombre suffisant - réfléchit à la suiteà donner et àl’offre à pro-poser pourl’avenir.

    Sans avoir la perspective devouloir distribuer un label dequalité «Eglise de maisonEREN», il s’agit bien de savoirde quoi ont besoin les nom-breuses Eglises de maison quivivent et partagent leur foi cha-cune avec ses spécificités, sonrythme, ses objectifs...Maintenir un lien institution-nel entre elles? Créer une

    dynamique capable de les ouvrir toujours davantage aux dis-tancés de l’Eglise? Former de manière ciblée pour l’animation?Partager les expériences tant positives que plus difficiles desunes et des autres? Voilà un peu l’échantillon des questions quel’on peut se poser dans une vision d’avenir «pour favoriserl’émergence d’Eglises de maison, de groupes de partage oud’échanges» selon les termes d’une résolution votée en décembre1996 par notre Synode dans le cadre du processus «Vers un nou-vel élan de vie».La petite équipe qui réfléchit à tout cela envisage une nouvellejournée cantonale au printemps 2004, une fois les structuresd’EREN 2003 mises en place, si l’Assemblée d’Eglise en déci-de ainsi, cet automne vraisemblablement. Nous sommes convain-cus que les Eglises de maison existantes, comme toutes cellesque nous souhaitons voir éclore, sont une richesse pour notreEglise, et participent à sa mission en partageant sous cette formela foi qui l’anime et la fait vivre.Que toutes celles et tous ceux qui ont des suggestions n’hési-tent pas à prendre contact avec le soussigné, répondant canto-nal, qui est également disponible pour rencontrer toute person-ne ou groupe intéressés.

    Gérard Berney ■

    Témoignage d’une participanteL’Eglise de maison que je fréquente au Locle se réunit six foispar an en soirée. Cela nécessite donc une certaine régularité danssa fréquentation. Malgré tout, ce groupe varie assez dans sa com-position d’une fois à l’autre, ce qui est intéressant du point devue de l’échange. Nous commençons la soirée par la prière.Nous pouvons librement, si nous en sentons le besoin, deman-der un nouveau temps de prière. Pouvoir mettre en pratique laprière ensemble est, et doit être, le but de l’Eglise de maison...C’est en tout cas mon besoin.Se recevoir les uns les autres dans nos foyers respectifs estaussi important, car cela permet de mieux faire connaissan-ce. Créer des liens plus vrais avec les frères et sœurs quenous côtoyons tout au long de l’année sans vraiment lesconnaître, avoir des partages plus personnels avec notre pas-teur qui mène les discussions et les débats: cela fait la riches-se de l’Eglise de maison.Lors de notre dernière rencontre de la saison, nous nous sommesréunis à six pour préparer un culte au mois de juin. Le livre del’Ecclésiaste ayant été choisi lors de la soirée précédente, nousavons fait un genre d’étude biblique, et avons alors pu déciderensemble, dans les grandes lignes, du contenu de ce culte. Sansoublier que tout n’est que poursuite du vent, notre rencontre aété égrenée de quelques fous rires bien indispensables par lestemps qui courent, sachant que «rien n’est nouveau sous lesoleil».

    Annick Poyard-Leroy ■

    Avec EREN 2003, les habitudes des membres de l’Eglise changeront. Ils pourront voir plus large et plus varié.Dans les lieux de vie (paroisses actuelles), ils se joindront à la communauté qu’ils apprécient pour le culte etcertaines activités particulières (repas communautaires, ventes...). Pour d’autres activités (études bibliques,formations diverses, loisirs...), ils profiteront des offres de la nouvelle paroisse, plus étendue, qui pourraaccroître et diversifier les possibilités au gré des demandes et des compétences qui se manifesteront.

    Pho

    tos:

    P. B

    ohre

    r

  • le savez-vous?

    37VP/NE No 148 OCTOBRE 2002

    Le dialogue interreligieux, s’il part d’intentions louables,peine à produire des effets qui dépassent les déclara-tions de fraternité. Seule exception à cette relative sté-rilité en terre neuchâteloise: une prière pour la paix organi-sée en juin 98.Aujourd’hui, un comité s’est constitué pour tenter de donnerun prolongement «tangible» aux échanges verbaux. Il a, en ladate symbolique du 11 septembre dernier, lancé un appel, par-

    rainé par la conseillère fédérale Ruth Dreifuss, dans le but demobiliser les forces de notre canton afin que les différencesentre religions ne s’apparentent plus à des fossés irrémédia-blement diviseurs. Le public est appelé à signer, et faire signer,jusqu’au 11 novembre prochain, ledit appel (formulaires dis-ponibles au Centre du Louverain, 2206 Les Geneveys-sur-Coffrane, et à: www.louverain.ch/). Un point sur les projets pré-conisés sera effectué le 11 septembre 2003.

    «I do not want my house to be walled in on all sides and my win-dows to be stuffed. I want the culture of all the lands to be blownabout my house as freely as possible. But I refuse to be blown offmy feet by any.» («Je ne veux pas que ma maison soit murée detous les côtés ni que mes fenêtres soient closes. Je veux que laculture de tous les pays puisse souffler autour de ma maison,aussi librement que possible. Mais je refuse d’être déraciné parquoi que ce soit»).C’est ainsi que Mahatma Gandhi dépeint son rapportavec le monde, avec les cultures du monde et sapropre identité. Il est difficile de trouver plus belleimage que celle des vents qui aiment à soufflerdans nos maisons. Venant de partout, ils témoi-gnent de la diversité et de la richesse qui existentdans le monde. Cette diversité et cette richesse, nouspouvons y contribuer et en profiter. Il suffit de laisserles vents circuler aussi librement que possible. Et les vents quisurgissent chez nous, de nos montagnes, s’en vont souffler dansle monde, dans les maisons des autres. Maisaucun vent, et aucune tornade, ne doitnous déstabiliser, nous ébranler, voirenous déraciner au point de nous fairedouter de notre propre identité.L’image de Gandhi, que j’aime à uti-liser, s’applique parfaitement, mesemble-t-il, à l’effort des initiateurs etinitiatrices de la plate-forme de dialogue entre les religions et lescultures, créée autour du centre de rencontre du Louverain, dans

    un canton qui a toujours su valoriser lesapports culturels des migrants. Il estvrai que, dans notre pays, la coexisten-ce de différentes cultures est un fait his-torique. Et le phénomène s’est amplifiéau fil du temps. Les nouveaux flux

    migratoires du Sud et de l’Est nous pla-cent devant des défis toujours plus grands

    que nous devons, comme bien d’autres pays, relever en faisantpreuve de créativité et de souplesse. Il ne faut pas oublier que,parmi les cultures de notre pays - dans le sens où une religion estune culture -, l’Islam vient en troisième position.L’inauguration de cette plate-forme, nouveau lieu de dialogueentre cultures et religions, a été fixée à une date qui ne doit rienau hasard. Elle rappelle les attentats terroristes perpétrés auxEtats-Unis ainsi que la guerre menée par ce pays contrel’Afghanistan en réaction aux attentats.

    La tendance à classer les individus en deux catégories, les «bons»et les «méchants», à confronter les cultures et les religions, àpolariser les idées, à opposer la «culture occi-dentale» à l’«Islam» necesse de se renfor-cer. Notre mondea donc plus que

    j a m a i sbesoin

    de plates-formes comme celle du

    Louverain qui, par une approche différenciée, s’engageactivement en faveur de la tolérance et de la paix.

    Je tiens à féliciter vivement les initiateurs et initiatricesde cette plate-forme. Puisse le Louverain être un lieu d’ouver-

    ture, de respect mutuel et de dignité où le vent qui souffle au Val-de-Ruz pénètre et anime les esprits qui s’y rencontrent sans pourautant les bouleverser ou effacer ce qui leur est propre.

    Ruth Dreifuss ■

    Pour que vive l’espoir

    Message de la Conseillère fédérale Ruth DREIFUSS

    Appel du 11 septembrePour que le 11 septembre 2002 soit un jour d’espoir, nousappelons :- Chaque habitant-e du canton de Neuchâtel à rencontrer les

    croyant-e-s des différentes religions.- Les communautés religieuses du canton de Neuchâtel à

    créer une plate-forme d’échanges et de rencontres.- Les médias du canton de Neuchâtel à rappeler et à expli-

    quer les fêtes des différentes communautés religieuses.- Les autorités politiques du canton de Neuchâtel à permettre

    à chacun d’être enterré selon les rites de sa religion, à créerun enseignement des religions dans les écoles.

    Nadia KARMOUS, directrice de l’Institut Culturel Musulman;

    John AMOS;Olivier BAUER, théologien;

    Joël PINTO, pasteur; Pierre de SALIS, directeur du centre du Louverain ■

  • 38

    le savez-vous?

    Le temple rénové est beau, sobre; il émane de sonarchitecture une remarquable harmonie et unelumière chaude, que les boiseries contribuent àcréer. Il convenait de concevoir des vitraux d’une cou-leur qui ne vienne pas déranger cette harmonie. Letemple est transition entre le monde extérieur et le mondeintérieur. Franchir le seuil, c’est entrer dans un mondeen soi, espace de méditation, de réflexion. On doit se

    sentir «comme dans unœuf», légèrement, subtile-ment isolé du monde exté-rieur.Imaginer des vitraux quicontribuent à créer cetespace de méditation a étéma préoccupation. Desvitraux faits de sobriété, desimplicité, en accord avecle lieu. Mais de quelletonalité colorée?...

    La couleurDans un premier temps, ettout naturellement, j’aiessayé de concevoir desvitraux de couleurs, maisje butais sur un problème:aucune harmonie coloréene convenait pour cetemple. En observant lalumière de l’édifice m’estvenue une certitude: il nefaut pas de couleurs pour ces vitraux. La solution, cesont des verres blancs, teintés. A vrai dire, j’ai été sur-pris moi-même par cette idée. Il m’a fallu plusieurssemaines de réflexion avant de me rendre à l’évidenceque cette option était juste.Les verres blancs teintés sont subtilement structurés,inégaux, vivants; ils conservent la lumière dans sa tota-lité, maintiennent la présence de la nature extérieure touten faisant un léger écran. Avec eux, le temple conserveson homogénéité, et son esthétique n’est pas bousculée.

    Les plombsL’accent est donné aux rythmes dessinés par des plombsépais, privilégiant les courbes, la rondeur. J’ai voulu évi-ter la rigidité par des lignes souples, vivantes.

    Le dessinAu cours de nombreuses séances de dessin, j’ai cherchéà créer une dynamique particulière pour chaque vitrail.Je travaillais chaque dessin jusqu’à ce qu’apparaissel’idée dans sa force et sa simplicité, jusqu’à ce qu’unsens significatif se dégage.

    Le verre et la lumière: un cheminement (III)Troisième et dernière étape de notre découverte des vitraux en terre neuchâteloise: Dombresson. Où,depuis la reconstruction du temple, après l’incendie de 1994, l’idée de créer des vitraux a longtempsoccupé l’esprit du peintre Aloys Perregaux. Comment et pourquoi - démarche ô combien originale - lesa-t-il conçus dans des verres blancs délicatement teintés? L’artiste explique.

    Pho

    tos:

    A. P

    erre

    gaux

    Fenêtre 1

    Fenêtre 2

    Fenêtre 3

  • le savez-vous?

    Parfois, devant une esquisse, je me disais: «Il se passequelque chose là-dedans. Il y a un sens.