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Médecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (12) Salerme vers 1200 (8). L’épilepsie parentale semble être aujourd’hui un facteur pathologique le plus souvent associé M.L. BRIARD et al (3). Selon SCHINZ il serait possible que l’augmentation de la radiation atmosphérique y joue un rôle W. ROSENTHAL et al (8). Considérée de nos jours encore au Mali comme un affec- tion parapsychologique ou liée à l’intoxication et le mau- vais sort par la médecine traditionnelle, les fentes labiales et labio-palatines font de plus en plus l’objet de consulta- tions hospitalières par des parents désemparés mais décidés à rompre avec le fatalisme d’antan, d’où l’intérêt du présent travail. L’objectif de notre étude était de déterminer dans un servi- ce de stomatologie la fréquence de cette pathologie en fonction du sexe, du siège, des ethnies, de la résidence et de la classe d’âge, la distribution de l’affection selon le siège et le sexe, selon le siège et la classe d’âge. PATIENTS ET MÉTHODES Nous avons reçu entre 1981 et 1993 à l’hôpital de Kati 39 patients dont 18 de sexe masculin (46,2 %) et 21 de sexe féminin soit (53,8 %). Les malades tous âgés de 1 à 34 ans étaient pris au hasard sans critères d’exclusion. La moyen- ne d’âge des patients était de 5,18 ans et l’écart-type de 7,27 ans. Après consultation, chaque patient effectuait un bilan bio- logique comprenant la NFS, la glycémie, l’urée, le test d’Emmel, le BW, la Scopie ou Radiographie pulmonaire. Contrairement à la technique de G. COULY (4) utilisée par R. BANKOLE et al (1), nous avons adopté la plastie labia- le selon la technique de LE MESURIER (7) et de W.H. HAGEDORN (Speziele Zahn-Mund-Kieferchirurgie J.A.B. Leipzig, 8) chez les nourrissons sous anesthésie générale à partir du 4 ème mois. Chez les patients âgés de 12 à 34 ans, l’intervention avait lieu sous anesthésie locale ou loco- régionale à la xylocaïne 2 % après une prémédication. Pour ce qui est de la fermeture du palais secondaire et primaire, FENTES LABIALES ET LABIO-PALATINES AU SERVICE DE STOMATOLOGIE DE KATI - 39 CAS M.L. DIOMBANA (1), H. KUSSNER (2), S. SOUMARE (3), O. DOUMBO (4), M. PENNEAU (5). 1 - CAA d’Odonto-Stomatologie à l’École Nationale de Médecine et de Pharmacie (ENMP) du Mali, chef du service de stomatologie de Kati. 2 - Médecin Stomatologue et Orthodontiste à Bochum, RFA. 3 - Chef du Service de Chirurgie Générale et Digestive à l’hôpital du Point «G». 4 - Chef du Département d’Épidémiologie des Affections Parasitaires à l’ENMP du Mali. 5 - Chef du Service de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-faciale au CHRU d’Angers. INTRODUCTION Les fentes labiales et labio-palatines sont des accidents morphologiques fréquents survenant lors du 2 ème mois embryonnaire. Elles sont la conséquence d’un défaut de fusion totale ou partielle des bourgeons constitutifs du massif facial supérieur. Leur fréquence varie entre 1 pour 800 naissances V. VEAU (7) et 1/1000 (R. HENRION, et al (6)). La fente labiale serait due à un défaut de soudure entre le bourgeon maxillaire supérieur (BMS) et le massif médian (MM). La fente du seuil narinaire proviendrait d’un manque de coalescence entre le bourgeon nasal externe (BNE) et le massif médian (MM). Les premiers écrits sur cette pathologie remontent à ANTILLUS et GALIEN, elle était connue dans la civi- lisation Tajir (Mexico, District de Jalapa) vielle de plus de 1000 ans ainsi qu’à Alexandrie et dans les écoles arabes de RÉSUMÉ 39 patients âgés de 1 à 34 ans ont été admis à l’hôpital de Kati pour fentes labiales entre janvier 1981 et mars 1983. Les patients qui venaient consulter refusaient ainsi le fatalisme tenu jadis pour responsable de cette affection. Les malades qui venaient de plusieurs loca- lités du pays étaient admis sans critères de restriction. Sur les 39 cas recensés, 21 étaient de sexe féminin et 18 de sexe masculin. La tranche d’âge la plus représentée était celle comprise entre 1 et 9 ans, (87,2 %) contre (12,8 %) pour la tranche comprise entre 12 et 34 ans. Le siège préféré de la pathologie était la lèvre supérieure et le palais primaire (fentes labio-maxillaires) 61,6 %. La fente totale (fentes labio-maxillo-palatines) représentait 38,4 %. Parmi les ethnies rencontrées, les Bamanans étaient les plus touchés (34,9 %), puis venaient les Sara- kolés et les Peuhls (20,5 %). La majorité de nos patients étaient du monde rural (89,7 %). Le District de Bama- ko, la première région et la deuxième région étaient les mieux représentés.

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  • Mdecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (12)

    Salerme vers 1200 (8).Lpilepsie parentale semble tre aujourdhui un facteurpathologique le plus souvent associ M.L. BRIARD et al(3). Selon SCHINZ il serait possible que laugmentation dela radiation atmosphrique y joue un rle W. ROSENTHALet al (8).Considre de nos jours encore au Mali comme un affec-tion parapsychologique ou lie lintoxication et le mau-vais sort par la mdecine traditionnelle, les fentes labialeset labio-palatines font de plus en plus lobjet de consulta-tions hospitalires par des parents dsempars mais dcids rompre avec le fatalisme dantan, do lintrt duprsent travail.Lobjectif de notre tude tait de dterminer dans un servi-ce de stomatologie la frquence de cette pathologie enfonction du sexe, du sige, des ethnies, de la rsidence etde la classe dge, la distribution de laffection selon lesige et le sexe, selon le sige et la classe dge.

    PATIENTS ET MTHODES

    Nous avons reu entre 1981 et 1993 lhpital de Kati 39patients dont 18 de sexe masculin (46,2 %) et 21 de sexefminin soit (53,8 %). Les malades tous gs de 1 34 anstaient pris au hasard sans critres dexclusion. La moyen-ne dge des patients tait de 5,18 ans et lcart-type de7,27 ans.Aprs consultation, chaque patient effectuait un bilan bio-logique comprenant la NFS, la glycmie, lure, le testdEmmel, le BW, la Scopie ou Radiographie pulmonaire.Contrairement la technique de G. COULY (4) utilise parR. BANKOLE et al (1), nous avons adopt la plastie labia-le selon la technique de LE MESURIER (7) et de W. H .HAGEDORN (Speziele Zahn-Mund-Kieferchirurgie J.A.B.Leipzig, 8) chez les nourrissons sous anesthsie gnrale partir du 4 me mois. Chez les patients gs de 12 34 ans,lintervention avait lieu sous anesthsie locale ou loco-rgionale la xylocane 2 % aprs une prmdication. Pource qui est de la fermeture du palais secondaire et primaire,

    FENTES LABIALES ET LABIO-PALATINES AU SERVICE DE STOMATOLOGIE DE KATI - 39 CAS

    M.L. DIOMBANA (1), H. KUSSNER (2), S. SOUMARE (3), O. DOUMBO (4), M. PENNEAU (5).

    1 - CAA dOdonto-Stomatologie lcole Nationale de Mdecine et dePharmacie (ENMP) du Mali, chef du service de stomatologie de Kati.2 - Mdecin Stomatologue et Orthodontiste Bochum, RFA.3 - Chef du Service de Chirurgie Gnrale et Digestive lhpital du Point G.

    4 - Chef du Dpartement dpidmiologie des Affections Parasitaires lENMP du Mali.5 - Chef du Service de Stomatologie et de Chirurgie Maxillo-faciale auCHRU dAngers.

    INTRODUCTION

    Les fentes labiales et labio-palatines sont des accidentsmorphologiques frquents survenant lors du 2 me moisembryonnaire. Elles sont la consquence dun dfaut defusion totale ou partielle des bourgeons constitutifs dumassif facial suprieur. Leur frquence varie entre 1 pour800 naissances V. VEAU (7) et 1/1000 (R. HENRION, et al(6)). La fente labiale serait due un dfaut de soudure entrele bourgeon maxillaire suprieur (BMS) et le massifmdian (MM). La fente du seuil narinaire proviendrait dunmanque de coalescence entre le bourgeon nasal externe(BNE) et le massif mdian (MM).Les premiers crits sur cette pathologie remontent ANTILLUS et GALIEN, elle tait connue dans la civi-lisation Tajir (Mexico, District de Jalapa) vielle de plus de1000 ans ainsi qu Alexandrie et dans les coles arabes de

    RSUM

    39 patients gs de 1 34 ans ont t admis lhpitalde Kati pour fentes labiales entre janvier 1981 et mars1983. Les patients qui venaient consulter re f u s a i e n tainsi le fatalisme tenu jadis pour responsable de cettea ffection. Les malades qui venaient de plusieurs loca-lits du pays taient admis sans critres de re s t r i c t i o n .Sur les 39 cas recenss, 21 taient de sexe fminin et 18de sexe masculin. La tranche dge la plus reprsentetait celle comprise entre 1 et 9 ans, (87,2 %) contre(12,8 %) pour la tranche comprise entre 12 et 34 ans. Lesige prfr de la pathologie tait la lvre suprieure etle palais primaire (fentes labio-maxillaires) 61,6 %. Lafente totale (fentes labio-maxillo-palatines) reprsentait38,4 %. Parmi les ethnies rencontres, les Bamananstaient les plus touchs (34,9 %), puis venaient les Sara-kols et les Peuhls (20,5 %). La majorit de nos patientstaient du monde rural (89,7 %). Le District de Bama-ko, la premire rgion et la deuxime rgion taient lesmieux reprsents.

  • Mdecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (12)

    nous avons utilis la technique de V. VEAU (7).Lanalyse des donnes a t faite sur logiciel EPIINFO, lescalculs statistiques avec le Chi2 au risque alpha = 0,05 etleur prsentation sous forme de tableaux a t adopte.

    RSULTATS

    Tableau I : Rpartition des malades en fonction de la tranche danne

    Tranche danne Effectif Frquence

    1981 - 1987 18 46,20 %

    1988 - 1993 21 53,80 %

    Total 39 100,00 %

    Tableau II : Rpartition des malades en fonction de la classe dge

    Classe dge (annes) Effectif Frquence

    1 - 9 34 87,20 %

    12 - 34 5 12,80 %

    Total 39 100 %

    Tableau III : Rpartition des malades selon lethnie

    Ethnie Effectif Frquence

    Bamanan 14 35,90 %

    Peuhl 8 20,50 %

    Sarakole 8 20,50 %

    Autres 9 23,10 %

    Total 39 100,00 %

    Autres : malinks = 6 ; maures = 1 ; snoufos = 2

    Tableau IV : Rpartition des malades en fonction de la profession

    Profession Effectif Frquence

    Cultivateur 27 69,20 %

    Eleveur 8 20,50 %

    Autres 4 10,30

    Total 39 100,00 %

    Autres : mnagres = 3 ; lves = 1

    Tableau V : Rpartition de la pathologie selon le sige

    Sige Effectif Frquence

    Lvre sup. + PP. 24 61,60 %

    Fente totale 15 38,40 %

    Total 39 100,00 %

    CHI2 = 1,61 ; P = 0,37

    Tableau VI : Rpartition des patients en fonction de leur rsidence

    Rsidence Effectif Frquence

    Bamako 18 46,20 %

    Kayes 8 20,50 %

    Koulikoro 5 12,80 %

    Autres 8 20,50 %

    Total 39 100,00 %

    Autres : Sgou = 2 ; Mopti = 1 ; Sikasso = 5 soit au total 8.

    Tableau VII : Distribution des fentesselon le sige et le sexe

    Sexe Masculin Fminin Total

    Sige

    Lvre sup. + PP. 13 11 24

    Fente totale 5 10 15

    Total 18 21 39

    CHI2 = 1,61 ; P = 0,34

    Tableau VIII : Distribution des fentesselon la classe dge et le sige

    Classe dge 1 - 9 ans 12 - 34 ans Total

    Sige

    Lvre sup. + PP* 19 5 24

    Fente totale 15 0 15

    Total 34 5 39

    * = Palais primairePF = 0,07

    FENTES LABIALES 662

  • Mdecine d'Afrique Noire : 1997, 44 (12)

    Tableau IX : Distribution des cas dintervention enfonction de la catgorie danne

    Intervention oui non Total

    Tranche danne

    1981 - 1987 14 4 18

    1988 - 1993 20 0 20

    Total 34 4 38

    DISCUSSION

    Kati, nous navons pas trouv de diffrence statistique-ment significative entre le nombre de cas de fentes totaleset celui observ au niveau de la lvre suprieure et dupalais primaire en fonction du sexe (CHI2 = 1,61 ; p =0,34). Sur 39 cas de fentes, 53,8 % sont lies au sexe fmi-nin et 46,2 % au sexe masculin (Tableau VII). Une tudesimilaire ralise par HENRION et al (6), montre que lesfentes labio-palatines sont deux fois plus leves chez lesgarons que chez les filles. Lauteur rapporte galementque les filles sont deux fois plus atteintes par les fentespalatines que les garons, tandis que les fentes labio-pala-tines unilatrales sont trois fois plus frquentes que lesbilatrales, le ct gauche tant en gnral trois fois plusatteint que le ct droit. Le risque de rcurrence relev parHENRION (6) est de 3 4 %. La tranche dge la plusreprsente dans notre tude est celle comprise entre 1 et 9 ans (87,2 %) contre seulement 12,8 % pour celle compri-

    se entre 12 et 34 ans. Le sige le plus frquemment touchest celui de la lvre suprieure et du palais primaire (fenteslabio-maxillaires) 61,6 %. La fente totale (fente labio-maxillo-palatine) est seulement observe dans 38,4 % descas. Mais la distribution des fentes selon le sige ne variepas de faon significative (Pf = 0,07) lintrieur des diff-rentes classes dge (Tableau VIII). R. BANKOLE et al (1)signalent 62 % de fentes labiales ou labio-alvolaires et28,5 % de fentes labio-maxillo-palatines en Cte dIvoire.En 1983, BORDE (2) recense respectivement pour les fen-tes prcdemment dcrites 26 % et 36,5 % en France. Lesfentes du palais secondaire qui navaient pas t observes lhpital de Kati, reprsentent 9,5 % en Cte dIvoire et37,5 % en France. En Cte dIvoire, la prvalence des fen-tes du palais primaire et celle des fentes totales est lgre-ment plus leve chez les hommes (55 %), tandis que lesfentes du palais secondaire prdominent chez les femmes(70 %). En France la prdominance masculine est encoreplus nette (63 %) en ce qui concerne les fentes du palaisprimaire et totales, alors que les fentes du palais secondaireprdominent chez les femmes (55,7 %). lhpital de Kati, lethnie Bamanan tait la plus fr-quente dans les consultations (34,9 %) ensuite venaientcelle des Sarakols et des Peuhls (20,5 %). Les patientsissus du monde rural reprsentaient (89,7 %) des malades.En ce qui concerne la rsidence, les patients issus du dis-trict de Bamako venaient en tte avec 46,2 %, suivis deceux de la premire rgion avec 20,5 % et de la deuximergion avec 12,8 %.

    K.G. KOFFI , N.M. BOSSON, M.A. AKA-ADJO, S. DIOP , E. NDHATZ, O. AHMEDOU , I. SANOGO, A. SANGARE

    663

    BIBLIOGRAPHIE

    1 - R. BANKOLE, R. DICK, L. MOBIOT ET L. CORNET.Bilan de 210 fentes labio-maxillo-palatines opres au CHU dAbidjan(Rp. de cte dIvoire).Revue Mdicale de Cte dIvoire, 1987, (21 me anne), (81).2 - J. BORD, B. BACHY.tude multicentrique des fentes labio-palatines et prsentation gnrale.Chirurgie pdiatrique, Paris, 1983, 24 (4 - 5) : 250 - 255. 3 - M.L. BRIARD, C. BONAITI, J. FREZAL.Facteurs pidmiologiques et gntiques des fentes labiales et palatines.Chirurgie Pdiatrique, Paris, 1983, 24, (4 - 5) : 228 - 230.4 - G. COULY.La cheilo-msethmodo-plastie musculaire : nouvelle approcheschirurgicales des fentes labio-maxillaires.Chirurgie Pdiatrique, Paris, 1982, 23 : 299.

    5 - B. DUHAMEL.Morphogense pathologique.Masson et Cie, dit, Paris, 1966.6 - R. HENRION.Diagnostic prftal, prnatal et mdical.Encyclopdie, Masson, Paris dit, 1987.7 - H. REDON, B. DUHAMEL, G. GINESTET, H. FREZIERE, A.DUPUIS, J. PONS.Techniques chirurgicales, Tome 1 (Tte et cou).Masson et Cie dit. 1972. 8 - W. ROSENTHAL, W. BETHMANN, A. BIENENGRBER.Speziele Zahn - Mund - Kiferchirurgie.

    Johan Ambrosuis Barth Leipzig 1971.