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BUR EAU DE D EP OT: A NTWER P ENX
NUMR OD'AGR ATION : P303742
DOSSIER
Culture dentreprise
RE V U ETR IMES TR IELLE- P UBLICAT IONDE SD WORX - A NNE3 - N 11
DCEMBRE 2005 - J A N V IE R- F V R IE R 2006
SCOOPSUR L'HOMME E T LE TR AVAIL
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CAHIERSOCIO-JURIDIQUE
40 - THEME Ouvriers Employs: Un abme? 46 - COMMENTAIRE
Lemploi des langues dans lentreprise 52 - L'OEILCRITIQUEDE ...
Koen Magerman 55 - QUESTIONS & REPONSES La conversion
ouvrier-employ
SCOOP SUR L'HOMME ET LE TRAVAIL
SOMMAIRE
DOSSIER Culture dentreprise
PROFESSEURDANIELVLOEBERGHSsur la culture
dorganisation
LACULTURED'ENTREPRISEDANSLAPRATIQUE Des managers
propos de la culture dans leur entreprise
ALAINDUCHATELETPROPOSDELACULTURECHEZLAPOLICEINTGRE La police fait plus que rdiger des P-V.
CULTUREDENTREPRISE3M Linnovation dans les produits
et dans les processus
ESTOUEST La culture dentreprise en Chine et New York
TOPIC Studio 100 opte pour le dveloppement durable
INTERVIEW Jannie Haek, administrateur dlgu du holding
de la SNCB: Aussi longtemps quil y aura des enfants qui
rveront de devenir machiniste, les choses iront bien pour
nous.
RTROSPECTIVE Donald Defoort, Manager RH de lanne 1996,Le dfi numro 1 de la stratgie en matire de ressources
humaines
VIEETTRAVAIL Koen Peeters, responsable du sponsoring la
KBC et crivain
L'OEILCRITIQUEDE... Hugues Dayez
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Culture dentreprise
JANVANDENNIEUWENHUIJZEN
Dans la vie, il faut toujours faire des choix: le scoutisme ou un club de sport,
les Beatles ou les Rolling Stones, le Club de Bruges ou Anderlecht et
chaque club correspond un style particulier.
Un club nest pas lautre et chacun le peroit trs bien. Ds que vous
runissez un groupe de personnes, il se forme une culture interne, une
atmosphre particulire, un propre code de comportement.
Il en va bien entendu de mme avec les organisations. Chez Microsoft, il rgne
sans doute une autre culture que dans larme. La situation est dif frente au
dpartement informatique quau dpartement marketing mais peut-on
galement orienter cette situation? Existe-t-il ce que lon pourrait appeler
une gestion de la culture dentreprise?
Chez SD WORX, nous manions la culture dentreprise tout fait sciemment,
sachant quelle influence les relations avec les collaborateurs, les candidats
un emploi, les clients, les fournisseurs. Chez nous, chacune de ces relations
est guide par le respect, lhonntet et la confiance. Nous nous basons sur
le principe dgalit. Cette faon de faire peut et doit tre gre, surtout dans
les grandes entreprises. Par le biais de conventions et de procdures, en
donnant des instructions aux dirigeants: comment ngocier, comment
coacher, comment vhiculer un message difficile, mais aussi par votrepolitique de recrutement,
Evidemment, tout ne se droule pas toujours parfaitement. Il sagit en effet
dune relation entre personnes. Le cas chant, il faut parfois intervenir. La
gestion de culture dentreprise existe donc bel et bien. Il est surtout question
de faire, de prouver et de donner lexemple, pas vraiment den parler.
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Dossier
Culturedentreprise
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DENISBOUWEN
Le professeur Vloeberghs adhre totalement la bonne et claire
dfinition du terme culture organisationnelle qua donne le
psychologue des organisations amricain Edgar Schein il y a de
nombreuses annes dj. M. Schein dcrivait la notion de cultu-
re organisationnelle comme tant un modle qui repose sur une
srie daxiomes invents, dcouverts ou dvelopps par un
groupe dtermin au sein de lorganisation, ce modle stant
construit au fur et mesure que le groupe apprenait prendre en
charge des problmes dadaptation externe et dintgration
interne. Les axiomes ou postulats doivent avoir suffisamment
fonctionn pour tre considrs comme valables. Ce nest qu
cette condition quil est possible de les faire assimiler aux nou-
veaux membres de lorganisat ion comme tant la bonne
manire de percevoir, doprer des constats et de penser en rela-
tion avec les problmes.
Le mot culture est intimement li la manire dont une organi-
sation aborde lextrieur et fonctionne en interne. explique
Daniel Vloeberghs Cela peut sembler thorique mais, en fait, a
ne lest pas. Le fondateur dApple, Steve Jobs, en est un exemple
classique: il en avait plus quassez des IBM et compatibles etdcida un beau jour de dmarrer sa propre entreprise dans son
garage. Il dcida de baptiser ses collaborateurs associs, les
autorisa apposer leur signature dans les PC et prfrait com-
muniquer oralement que par crit. Lorsquun ingnieur poss-
dant un beau diplme dHar vard vient frapper la porte dApple,
il risque de tomber l-bas sur des gens qui vont lui dire: dsols,
mais vous ne cad rez pas avec notre quipe.
Fortis
Les Nerlandais le disent de manire trs claire: chaque entre-
prise a son style propre et ce nest pas une mince affaire de sy
adapter. Regardez la Gnrale de Banque et la CGER, qui ont
fusionn pour devenir Fortis. La fusion a connu de nombreuses
difficults parce que les deux banques avaient des cultures qui
divergeaient fortement: la CGER possdait des liens forts avec
tout ce qui tait rouge, tandis que la Gnrale de Banque tait
plutt bleue: on y rencontrait beaucoup de fils papa et la
banque avait une griffe trs francophone.
Vloeberghs t ient namoins ba layer devant sa porte en faisant
rfrence la manire dont les anciennes Ruca, Ufsia et UIA ontfusionn pour donner naissance lUniversit dAnvers (UA): Ce
Danil Vloeberghs (Universit dAnvers, KU Leuven)sur la culture dorganisation
Chaque entreprise a sonet ce nest pas une mince affairede sy adapter
Cela fait des annes que le professeur Danil Vloeberghs (Universit dAnvers, KU Leuven)sintresse de trs prs des thmes tels que la culture dentreprise et limportance de la
communication interne. Rcemment, il a publi chez Lannoo Campus un manuel de GRH intitul
Human Resource Management: fundamenten en perspectieven. Op weg naar de intelligente
organisatie, qui approfondit le sujet. Selon M. Vloeberghs, il est bel et bien possible dinfluer
sur une culture en place mais il est utopique de chercher inventer la culture idale car
celle-ci nexiste pas.
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processus de fusion ne sest videmment pas fa it sans tensions et
celles-ci ntaient pas seulement lies aux diffrences de curricu-
lums. Les diffrences de culture ont jou un rle bien plus pr-
pondrant: lUfsia, par exemple, la culture tait celle des jsui-
tes sous une forme dulcore, certes. La Ruca tait une vritable
institution publique: jusqu il y a quelques annes encore, les
professeurs y taient nomms par le ministre! LUIA visait pr-
senter un profil neutre mais, dans la pratique, elle tait fortement
politise. Mettez tous ces ingrdients dans une seule et mme
marmite: les problmes sont invitables.
En outre, les diffrences jouaient un rle beaucoup plus impor-
tant pour les professeurs des diffrentes institutions que pour les
tudiants. Dans un tel processus de fusion, on peut voir que les
dirigeants de lorganisation ont une vue totalement diffrente de
celle des membres du personnel. Petit petit, les diffrences
sattnueront certainement. Les collaborateurs engags lheure
actuelle ne portent pas les stigmates du pass, et a se sent.
Circulation deux sens
Mais revenons-en aux notions de culture dentreprise et
dorganisation. Toute organisation a une srie de concepts et de
valeu rs quelle juge fondamentaux. Certa ines entreprises et
autres organisations les expriment par crit dans un mission
statement. Un document de ce type peut reprsenter un atout
pour une organisation, la condition dtre correctement impl-
ment et dtre port par un nombre suffisant de collaborateurs.
Et Vloeberghs de mettre en garde contre les systmes de com-
munication sens unique de haut en bas et de plaider pour
linstauration dune circulation deux sens. Il faut faire en
sorte dtablir des interactions entre tous les acteurs de
lorganisation afin quapparaissent rellement des valeurs qui
soient partages globalement.Parfois, un mission statement nest rien de plus quun gadget de
relations publiques. Dans dautres situations, il en va heureuse-
ment tout autrement. Le gant amricain Johnson & Johnson, par
exemple, a un credo qui stipule clairement la manire dont le
groupe va sadresser aux clients, aux collaborateurs, la socit
en gnral, etc. Llaboration dun mission statement nest perti-
nente que dans la mesure o elle sinscrit dans un processus plus
large tel que lorganisation va adapter sa st ratgie, dvelopper de
nouveaux produits ou changer sa manire de grer le personnel.
Selon Vloeberghs, le groupe brassicole de niveau mondial InBev
(ex-Interbrew) est un excellent exemple dune organisation qui
maintient ses valeurs sur les rails: videmment, InBev doit
constamment les remettre lpreuve chaque fois quil rachte
un nouveau brasseur. Il ne faut pas perdre de vue quil sagit
chaque fois dun ancien concur rent.
Le professeur Danil Vloeberghs (UA et KU Leuven):
Faire en sorte dtablir des interactions entre tous les acteurs de
lorganisation afin quapparaissent rellement des valeurs qui sontpartages globalement.
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IBM en Microsoft
Une culture dentreprise forte peut constituer un puissant atout
pour une organisation. Tant que lenvironnement est en phase
avec cette culture nuance-t-il : le gant de linformatique IBM
possdait une culture affirme qui mettait laccent sur la fabrica-
tion de mainframes et de processeurs puissants. Microsoft, le
bb de Bill Gates, sest quant lui concentr ds le dpart sur le
dveloppement de logiciels de qualit. IBM a d user plusieurs
CEO pour parvenir rellement changer sa culture dentreprise.
Ce changement tait plus que ncessaire car le monde avait
grandement volu. Dans une tout autre branche, savoir celle
de ldition et de limprimerie, le marasme a rgn en matre
pendant longtemps. Les entreprises sadaptaient peu, ce qui a
provoqu un dluge de faillites.
Les cultures organisationnelles peuvent tre catgorises de
toutes sortes de manires. Le scientifique amricain Charles
Handy opre une distinction entre la culture du pouvoir, la cul-
ture des rles, la culture oriente tches et la culture oriente
individu. La plupart des organisations peuvent se ranger dans
une de ces catgories.
Beaucoup dentreprises familiales ont une culture du pouvoir
explique Vloeberghs : Le pater familias engage et limoge les
collaborateurs, il est une figure qui soccupe de tout et absolu-
ment tout, et ce souvent jusquau plus bas de lchelle opration-nelle. De grandes entreprises comme Philips ou lancienne ITT
Bell en taient des exemples typiques: ces socits taient forte-
ment hirarchises et communiquaient essentiellement du haut
vers le bas. Chez Philips, le patron, Jan Timmer, a fait en sorte que
lentreprise se rforme pour devenir une organisation dont la
culture met en avant les rles et les tches. Il est courant que les
entreprises adaptent leurs cultures, ce qui est galement une
ncessit. Feu John Goossens, par exemple, savait parfaitement
bien quel point il lui fal lait sattaquer la cultu re dentreprise de
Belgacom pour ladapter.
Dans uneculture dentreprise oriente sur les tches, tous les col-
laborateurs ont un travail prcis effectuer et tout ce qui entrave
le processus de prise de dcision est cart. Sous la houlette de
Jack Welch, General Electric tait un excellent exemple de ce
type dorganisation.
Une culture axe sur les rlesmet laccent sur laccomplissement
de fonctions. Larme, la police, ainsi que les a nciens ministres
hyper-compartiments en sont de parfaits exemples. explique
le professeur Vloeberghs Les ministres fdraux ont cd laplace aux SPF, lesquels voluent davantage vers une culture
oriente tches; ils sont plus axs sur les projets et rseaux et ont
mis en place des systmes de mandats.
Dans une culture axe sur les individus, comme cest le cas de
nombreux cabinets davocats et de bureaux de conseil en
management, les personnes voient dans lorganisation le moyen
de concrtiser des objectifs personnels. Cest en se constituant
chacun un rseau de clients propres que les associs contribuent
la russite du partenariat. Dans les socits de consultance en
management, on observe souvent que les cl ients sont lis tel ou
tel consultant.
Selon Vloeberghs, les cultures orientes tches et orientes indi-
vidu ont connu ces dernires annes un essor certain: Le main-
tien dune culture du pouvoir entrane des cots trop levs; de
plus, ce type de culture est entach de manire inhrente dune
lenteur et dune rigidit importantes.
Le maintien dune culture du pouvoir entrane
des cots trop levs; de plus, ce type de culture
est entach de manire inhrente dune lenteur et
dune rigidit importantes.
DanilDanilVloeberghsDanil Vloeberghs est professeur luniversit dAnvers(facult des sciences conomiques appliques, dparte-ment management) et la KU Leuven (facult des
sciences sociales, dpartement sciences de la commu-nication). Il est notamment titulaire des cours de GRH,HRM & Organisation, Organizational Behavior &Development, gestion des connaissances et descarrires, ainsi que communication dans les organisa-tions. Le professeur Vloeberghs travaille galementpour le compte de lIOB (Instituut voor Ontwikkelings-beleid), qui consacre lessentiel de ses activits laformation de cadres pour le Tiers-Monde. Actuellement,ses travaux de recherche portent principalement sur lagestion de la diversit, sur les carrires, sur le stress etla vie professionnelle en milieu universitaire, sur les
ressources humaines, ainsi que sur le management dela communication.
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Les enqutes dopinion
Les surveys constituent des outils intressants pour prendre
la temprature dune organisation, explique le professeur
Vloeberghs: Tous les deux trois ans, les grandes entreprises
organisent une grande enqute dopinion dans le but de senqurir
de la satisfaction des collaborateurs concernant la direction, la
communication, le niveau de participation dans le processus de
dcision, la manire dvaluer, etc. Il est ensuite possible de con-
fronter les rsultats obtenus avec lidal auquel aspire lorga-
nisation. Au milieu des annes nonante, Alcatel a procd une
enqute de ce type et en a t ir un grand nombre denseignements.
De nombreux signaux permettent de remarquer quune culture
dentreprise sest compltement gare: Les collaborateurs vont
manifester leur mcontentement et une rsistance, active ou
passive, peut se faire jour. Quand les gens commencent quitter
le navire, cest quil y a quelque chose qui cloche. Dailleurs, ce
sont souvent les meilleurs lments qui sen vont en premier lieu.
Le constat quune culture sest fourvoye peut galement maner
des rsultats commerciaux. En tout cas, il y a clairement un lien
entre culture dentreprise et satisfaction des collaborateurs,dune part, et satisfaction de la clientle, dautre part.
Et Vloeberghs de recommander dtre vigilant quant lopinion
des clients au sujet de lorganisation: Quand lUA a fait raliser
une tude portant sur son image extrieure, il est apparu que
linstitution souffrait quelque peu de limage globale dAnvers en
termes de situat ion politique et de problmes de mobilit. De son
ct, la KUL a su faire montre dun profil nettement plus clair.
Les valeurs douces
Le modle traditionnel dit des 7 S peut savrer intressant pour
susciter une prise de conscience propos de la notion de culture
dentreprise. Les 7 S correspondent aux concepts de stratgie,
de structure, de systme, de staff (personnel), de skills (aptitu-
des), de style et de shared values (valeurs partages) et forment
le canevas de base de ce modle. Tous ces lments doivent
concorder de manire satisfaisante. Les managers sont la plupart
du temps des fanas de chiffres et de statistiques, mme si lon
observe actuellement que lon tend de plus en plus prendre en
compte limportance des valeurs douces. Souvent, il faut ciblerdes valeurs a priori contradictoires. Le grand dfi est de dvelop-
per une culture qui tienne compte dune pression accrue sur les
cots tout en laissant suffisamment de place la flexibilit et
linnovation.
Selon le professeur Vloeberghs, il est bel et bien possible dinfluer
sur la culture dentreprise: Souvent, les pres fondateurs ont
fortement marqu la culture de lorganisation de leur empreinte
et dans la plupart des cas, tout ce que les autres font, cest atten-
dre quils sen aillent. Pour pouvoir agir sur la culture, il faut que
ce que lon appelle la coalition dominante soit consciente de la
ncessit de le faire. Lexemple de M. Timmer durant les annes
nonante prouve que cela tait bel et bien possible chez Philips.
Au sein de la chane de magasins de meubles Ikea, on peut voir
que le fondateur, Ingvar Kamprad, exerait une grande influence
sur la philosophie de lorganisation: parcimonie, modestie et
sobrit taient des valeurs phares dans le groupe.
En Belgique, larchtype de la figure fondatrice ultradominante
est feu le Dr Paul Janssen, qui a marqu jamais la socit
Janssen Pharmaceutica: Chez 3M, on observe galement la
prdominance dune culture dentreprise affirme et le manage-
ment de la socit fait tout pour maintenir cette culture en vie, et
ce en dpit des nombreux changements auxquels lentreprise est
confronte.
Over my dead body
Dans lancienne compagnie arienne Sabena, les syndicats tai-ent trs influents. Tant ces derniers que les pouvoirs publics
portent une lourde responsabilit dans la droute de la compag-
nie. dclare le professeur Vloeberghs Certaines volutions
taient taboues dans cette socit, o rgnait la mentalit du
'over my dead body'.
Vloeberghs est par ailleu rs davis que, lorsque les dysfonction-
nements sont imputables la cult ure dentreprise, il ne sert rien
de faire venir des tas et des tas de consultants externes. Ce quil
vaut mieux faire, cest faire appel aux forces disponibles en
interne et ne faire entrer en fonction des consultants externes
que de manire trs slective et sur base de conventions claire-
ment dfinies. Ladministration de la Communaut flamande
la bien compris.
En outre, Vloeberghs trouve illusoire de chercher bricoler une
culture dentreprise idale comme on le ferait avec une bote de
Lego. La culture dentreprise idale nexiste tout simplement pas.
La situation dans laquelle se trouve lentreprise est primordiale,
tout comme la question de savoir quelle est la culture qui est aussi
bien souhaitable que raliste. Si certaines valeurs ne sont pas por-tes par les membres de lorganisation, la rsistance sera forte. x
Si certaines valeurs ne sont pas portes par les
membres de lorganisation, la rsistance sera forte.
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Des managers voquent les usages en cours dans leur organisation
Ce nest que durant
les priodes de tempteque lon mesure limportancede la culture dentreprise
Une culture dentreprise, cest un peu comme le climat. explique Guido Mertens, responsable de lacommunication interne chez Dexia banque Vous ny faites pas attention en temps normal: cest lorsque
la tempte clate que vous mesurez quel point la culture dentreprise est importante. ce sujet, un
nombre incalculable de belles thories circulent mais, dans la pratique, comment la culture dentreprise
apparat-elle au sein dune organisation? Le moment est venu de procder un 'reality check' des
diffrents secteurs.
Dossier
DENISBOUWEN
De gauche droite:Debout: Alain Nyssen, Christian Dierickx, Michel Vandermeulen, Peter H. Claes. Assis: Brigitte Loveniers, Guido Mertens.
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Quels sont en fait les lments qui caractrisent la
culture dans u ne organisation? Par qui ou par quoi la
culture dentreprise est-elle dfinie?
Notre entreprise emploie spcifiquement des gens qui aiment
venir en aide aux autres. dclare Brigitte Loveniers, directrice
des ressources humaines pour le Benelux chez Inter Partner
Assistance Un fort lien de solidarit unit nos collaborateurs, y
compris en cas de problmes relevant de la sphre prive. Dansle groupe Axa Assistance, auquel nous appartenons, des valeurs
telles que le respect mutuel et le rejet du racisme sont fondamen-
tales. Bien sr, il y a une marge entre la culture dentreprise id-
ale et la ralit. Nous avons d endurer les invitables douleurs
de croissance: Inter Partner Assistance tait autrefois une entre-
prise traditionnelle, au caractre francophone bien ancr.
Actuellement, lapport des Flama nds est nettement plus impor-
tant et des Nerlandais sont galement prsents au sein de
lorganisation. Lambiance sen ressent: la culture est dsormais
plus directe et moins axe sur lvitement des conflits
quauparavant. Je suis arrive chez Inter Partner Assistance il y a
huit ans; ensemble, le directeur qui est arriv au mme moment
que moi ainsi que moi-mme, nous avons marqu de notre
empreinte la culture de lentreprise. Un nouveau directeur vient
dentrer en fonction, ce qui entranera sans aucun doute de nou-
veaux changements. Dans le cadre de notre fonction de manage-
ment, nous voulons mieux structurer lentreprise, et cela suscite
des rsistances.
Dans certaines entreprises, on peut parler dune culture dentre-
prise rsolument mise en avant. Christian Dierickx, responsa-ble des affaires gnrales chez Studiegroep Omgeving: Notre
entreprise est une entreprise cooprative responsabilit limi-
te (SCRL), ce qui rsulte dun choix dlibr. La structure dune
SCRL permet de recruter de nouveaux cooprants ou dcarter
certains autres aisment. Nous comptons non moins de
19 cooprants ou associs (collaborateurs propres pour la plu-
part) et il ny a pas dactionnaire principal. La formule nous aide
renforcer la participation des collaborateurs et garantir la
continuit. Studiegroep Omgeving est galement une entreprise
caractre multidisciplinaire, ce qui implique que des experts
aux bagages diffrents doivent tre en mesure de collaborer cor-
rectement. Ce que nous voulons, ce sont des gens qui ont le sens
du collectif; les lectrons libres ne sont pas les bienvenus.
Lentreprise cultive une srie de valeurs que chacun doit partager.
Contribuer lamlioration de lespace environnant est une notion
que nous considrons comme constitutive de notre objet social.
Lthique et la culture dentreprise vont souvent de pair.
C. Dierickx: Lindpendance de notre organisation est un autre
lment important de notre culture dentreprise: il nous est loisi-
ble de refuser des missions lorsque nous ny adhrons pas. Nous
voulons galement agir de manire consquente. Nos gom-
tres, par exemple, niront jamais effectuer des mesurages dans
des lotissements situs en zone verte. Nous promouvons gale-
ment lusage des transports en commun parmi nos collabora-
teurs. Le fait que nos bureaux se situent proximit de la gare
dAnvers-Berchem nest pas li au hasard. Nous possdons des
voitures de socit mais tout le monde na pas la facult de les
utiliser. La direction ne dispose daucune voiture de socit. Le
choix de ne pas construire et dopter pour la location et la rnova-tion dun btiment tait galement dlibr.
Selon Guido Mertens, responsable de la communication inter-
ne chez Dexia banque, la culture en place chez Dexia est moins
facilement identifiable: Sur le plan de la culture dentreprise,
nous naviguons pour ainsi dire entre deux eaux. Suite plusieurs
oprations de fusion, diverses cultures dentreprise se rencon-
trent et une nouvelle culture commune est appele merger
progressivement. Bien videmment, il y a galement des diff-
rences de culture entre notre rseau dagences et le sige central.
Au sein du rseau, les collaborateurs sont fortement axs su r le
rsultat, tandis quau sige central, la manire de travailler est
plus axe sur les processus. Il sagit l dune situation typique des
grosses botes comme Dexia. Dex ia et Bacob taient toutes deux
fortement attaches une approche no-nonsense. Lancien
Crdit communa l hbergeait bien entendu plusieurs gnrations
de collaborateurs. Lancienne gnration a toujours en mmoire
lpoque o la banque tait encore une institution publique. Le
Crdit communal prsentait plusieurs traits lis la fonction
publique, il tait pluraliste et linguistiquement paritaire. La nou-
velle gnration, de son ct, a pris part la mise en place detoutes les oprations de rnovation; cette catgorie de collabora-
BrigitteBrigitteLoveniersBrigitte Loveniers est la directrice des ressourceshumaines dInter Partner Assistance pour le Benelux.Dorigine espagnole, Inter Partner Assistance est uneentreprise spcialise dans lassistance offrant unevaste gamme de produits et services qui fait prsentpartie du gant franais Axa. Les 185 collaborateursdu Benelux gnrent un chiffre daffaires de 33 millionsdeuros. Nous appartenons un grand groupe maisnous fonctionnons comme une PME. dclareB. Loveniers.
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teurs est nettement plus dynamique et, dans une certaine
mesure, tire les anciens. Bacob relevait quant elle du mouve-
ment ouvrier chrtien et avait un caractre flamand fortement
ancr. Chez Bacob, les titres navaient nullement limportance
quils avaient au Crdit communal, o la structure hirarchique
prdominait largement.
Axel Miller, le prsident du comit de direction, a fait procder
une tude qualitative au sein du personnel. Il en est ressorti que
les membres du personnel ntaient pas particul irement fiers de
la nouvelle entreprise. La notion de fiert le cas chant tait
plutt lie au pass. Limage des objectifs et des perspectives
davenir lies notre banque et au Groupe Dexia auprs des col-
laborateurs tait mauvaise. M. Miller a ds lors initi la mise en
place dune toute nouvelle mentalit au sujet de notions telles
que la mission, la vision et les valeurs de lentreprise. Les efforts
mens au cours de ces trois dernires annes ont permis
dinsuffler un nouvel lan au sein de la socit.
Comparativement la situation complexe dun grand groupe, la
culture qui rgne dans une entreprise familiale est beaucoup
plus visible. Peter H. Claes, administrateur dlgu dIGO Post
Belgique: IGO Post est la proprit dune famille nerlandaise.
Les entreprises familiales ont leurs forces et leurs faiblesses.
Chez nous, si vous navez aucun sentiment envers votre entre-
prise, vous ne tenez pas le coup bien longtemps. Les filiales
ltranger connaissent une rotation de personnel nettement plus
importante que la maison mre aux Pays-Bas. Chez nous, le
patriarche fondateur, un Nerlandais de 80 ans, continue dedfinir les lignes directrices gouvernant laction de chacun. Les
Nerlandais sont des gens obstins, et ils ne sont pas les derniers
le savoir. Les Belges ont un esprit pratique avant tout, ils
naiment pas discuter beaucoup, tandis que les Nerlandais pr-
frent lancer des ides en groupe avant de passer laction.
Sur le plan culturel, je remarque quil y a souvent des frictions
entre les collaborateurs commerciaux et les autres. Les collabo-
rateurs qui nexercent pas de fonction commerciale ont en moy-
enne 30 annes danciennet et rflchissent de manire trs
conservatrice. Lorsque nous avons mis en place, il y a quelques
annes, une forte automatisation, ce sont surtout les conserva-
teurs qui ont eu du mal sy faire.
lIWT (Instituut voor de Aanmoediging van Innovatie door
Wetenschap en Technologie in Vlaanderen), latmosphre est prin-
cipalement anime par le dynamisme et par lindpendance.
Michel Vandermeulen, directeur du personnel et des affaires
juridiquesexplique: Les termes cls de notre culture organisa-
tionnelle sont: pragmatisme, crativit, professionnalisme et
transparence. Nombre de nos collaborateurs sont issus du sec-
teur priv et doivent sadapter la culture du service public; ilssont dailleurs parfois agrablement surpris. Nos 70 collabora-
teurs disposant dune formation suprieure sont en permanence
impliqus dans des projets de toutes sortes, et ce de manire
dynamique et en fonction de leurs connaissances et disponibili-
ts. Tantt ils doivent travailler de manire conceptuelle, tantt
ils doivent se plonger dans des dossiers de PME ou de recherche
fondamentale de doctorants, ou encore conseiller ou accompag-
ner des consortiums dentreprises et autres centres consultatifs.
Chez nous, vous ntes pas l pour rester plant sur votre chaise,
ce qui suppose un haut niveau de crativit. Cela signifie que,
dans la mesure du possible, nous cherchons toujours des solu-
tions pour les entreprises qui font appel nos services. La poly-
valence et lexpertise sont fondamentales. Les collaborateurs se
forment beaucoup par eux-mmes et doivent sorganiser de
manire optimale pour fournir les inputs voulus aux clients.
Nous attendons donc galement de nos collaborateurs quils
pilotent eux-mmes leur formation et quils prennent les initia-
tives qui simposent.
lIWT Nous avons relativement peu de rgles internes et la
hirarchie est rduite au minimum; lIWT a un comit de direc-
tion qui ne compte que quatre personnes et qui est charg de
dfinir les priorits.
La transparence est, elle aussi, un aspect important, dautant
plus que nous fonctionnons avec largent du contribuable. Nous
devons traiter tous les demandeurs de subsides de manire gale
et nous devons toujours pouvoir justifier nos dcisions. LIWT
nest pas une espce de Bancontact o lon retire de largent la
va-vite.
Notre cultu re a t clairement mise en place par les gens qui ont
fond lIWT, en 1991. Notre fondateur, Paul Zeeuwts, estimaitquil tait important de ne jamais crer trop de structures. Au
ChristianChristianDierickx
Christian Dierickx est le responsable des affairesgnrales chez Studiegroep Omgeving, une PME ind-pendante active dans le secteur de larchitecture, de laplanification de lespace public et autres activits assi-miles. Lentreprise travaille en majeure partie pour lecompte de services publics et de socits de logementsocial. Lentreprise emploie 55 personnes et enregistreun chiffre daffaires denviron 3,1 millions deuros. Dansle cadre de ses fonctions, M. Dierickx est galement encharge des conventions de travail avec le personnel.
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dbut, pour des motifs politiques, lInstitut a eu deux personnes
sa tte, ce qui sest rvl catastrophique. un certain moment,
cette situation a men lapparition dune vritable fracture cul-
turelle au sein de linstitution.
Le groupe Electrolux rsulte de plusieurs oprations de rachat.Chez nous, la culture dentreprise est donc en perptuel mouve-
ment explique Alain Nyssen, manager du personnel chez
Electrolux Home Products Belgium Au sein de la socit alle-
mande AEG, trs guinde, on sadressait aux collaboratrices en
utilisant le nom de leur conjoint. Chez nos collgues sudois ou
allemands, les choses se passent de manire totalement diff-
rente. Chez nous, ce sont les collaborateurs qui, consciemment
ou non, font et diffusent la culture dentreprise. Souvent, la cul-
ture est lie la personne qui dirige un dpartement. Au niveau
mondial, Elect rolux emploie 80 000 personnes environ. Toutefois,
au sein de la branche belge, nous avons davantage le sentiment
de travailler dans une PME latmosphre familiale. Tout le
monde sappelle par le prnom et, contrairement ce qui se pas-
sait auparavant, les portes des managers sont toujours ouvertes
chacun.
Electrolux vise crer de la valeur pour ses actionnaires, satis-
faire ses distributeurs et consommateurs finaux, ainsi qu tre
une entreprise qui attire celles et ceux qui ont lesprit dentreprise.
Notre ambition est daccrotre le niveau dimplication du person-
nel et de rduire le taux dabsentisme. Nous voulons galementtre une organisation formatrice et mettre sur pied une stratgie
de formation structure. En seulement quelques annes, notre
budget formation a tripl. Nous avons galement recours aux
entretiens dvaluation et aux enqutes de satisfaction mais ce
sont des procdures auxquelles les gens doivent encore
shabituer.
La rotation de personnel est trs basse chez Electrolux, elle est si
modeste que nous en arrivons mme nous faire du souci ce
propos: un turn-over trop bas peut en effet mener des situations
o sinstallent des routines difficiles chasser. Au moins un
quart de notre personnel a plus de 50 ans.
Comment la culture dentreprise se traduit-elle
concrtement, notamment lorsquil sagit de recrutement et
de slection ou de politique salariale?
Sur le plan salarial, Inter Partner Assistance adopte une appro-
che assez simple dclare Brigitte Loveniers: chaque anne,
nous passons en revue avec les chefs de service la liste des colla-
borateurs entrant en ligne de compte pour une augmentation de
salaire. titre dexemple, je mne de prfrence moi-mme les
entretiens de recrutement car jestime important dinformer cor-
rectement les candidats propos de notre entreprise et de sa
culture. Six mois aprs son entre en fonction, je menquiers
mon tour auprs du nouvel arrivant de la mesure dans laquelle la
ralit correspond ses attentes.
lIWT, tout est connu davance. explique Michel Vandermeulen
en riant LIWT engage ds lors des gens trs curieux. Lvaluationde collaborateurs disposant dune formation suprieure, parti-
culirement dans une optique RH, est tout sauf simple, croyez-
moi. Qui plus est, cest prcisment en raison de leur norme
bagage quil est incroyablement difficile dvaluer nos experts de
manire satisfaisante. Lorsquun manager doit valuer un expert,
ce dernier va immdiatement taler sur la table des arguments
en bton qui tayent sa vision des choses. De nombreux entre-
tiens dvaluation se droulent donc de manire assez insatisfai-
sante mais cest avec plaisir que je me dois de prciser que, de
manire gnrale, nos collaborateurs fonctionnent plutt bien.
Alain Nyssen est davis quil faut sattacher faire assimiler la
culture idale dans tous ses aspects: Electrolux a dlibrment
opt pour une augmentation des bnfices conjugue une
rduction du chiffre daffaires. Le top management et les cadres
moyens peroivent une rmunration partiellement variable. Ils
sont tous jugs sur les mmes critres. Quoi quil en soit, une
organisation a besoin de changement. Chez AEG, par exemple, il
y avait auparava nt beaucoup de droits acquis.
Chez Studiegroep Omgeving, le travail en quipe et louverture
sont des lments majeurs de la cu lture de lentreprise. ChristianDierickx: Nous avons opt pour un modle fond sur la concer-
GuidoGuidoMertensGuido Mertens est le responsable de la communicationinterne chez Dexia Banque, une institution bancaire quiprend en charge de nombreuses missions de finance-
ment pour le compte de villes et communes. DexiaBanque compte 14 000 collaborateurs, parmi lesquelsquasiment 10 000 salaris; le reste des collaborateurssont indpendants ou figurent sur la liste des salarisdun des indpendants. Lancien Crdit communal a tprivatis durant les annes nonante, pour ensuite sas-socier au Crdit Local de France. Cest ainsi quest n leGroupe Dexia, qui sest retrouv propuls dans le top 25des banques europennes. Cest en 2001 que Bacob etArtesia ont t absorbes par le Groupe Dexia.
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tation. Nos nouveaux collaborateurs sont, entre autres, slecti-
onns en raison de leur team-spirit et nous les faisons travailler
dans des bureaux non cloisonns, ce qui favorise la communica-
tion, dans la mesure o chacun voit ce que ses collgues sont en
train de faire. chaque tage de notre immeuble, nous dispo-
sons de zones de discussion o les collaborateurs peuvent
sasseoir autour de la table pour un brainstorming et, lors du
temps de midi, nous organisons des lunch causeries permettant
aux gens de parler de leu rs projets et de leurs problmes.
Peut-on parler dune culture ayant 'force obligatoire titre
gnral' o y a-t-il tout de mme des subcultures?
Guido Mertens: Une culture dentreprise, cest un peu comme
le climat. Vous ny faites pas attention en temps normal: cest
lorsque la tempte clate que vous mesurez quel point la cul-
ture dentreprise est importante. Personnellement, je considre
la cultu re dentreprise comme tant le patrimoine psychologique
de lentreprise. Les collaborateurs doivent tre disposs adh-
rer aux valeurs de lentreprise, lesquelles doivent bien sr tre
suffisamment en rapport avec les objectifs de celle-ci, sinon tout
le monde sen moquera comme de lan quarante! titre dexemple,
la manire doctroyer des crdits lhabitation peut varier dune
banque lautre. Sur ce point, certaines banques accordent plus
dautonomie que dautres aux agences. Nous nous penchons sur
la question de savoir comment nous pouvons concrtiser au
maximum notre vision dentreprise: cela est possible, par exem-
ple, en se concentrant sur les moments cls des relations avec la
clientle et des carrires de nos collaborateurs. Tout comme cela
fait plaisir au client de voir que le personnel de sa banque le
reconnat lorsquil passe lagence, les collaborateurs apprcient
que leur suprieur les reconnaisse dans tous les sens du
terme.
Peter H.Peter H.ClaesPeter H. Claes est le directeur dIGO Post Belgique, unesocit de vente par correspondance, filiale dune mai-son nerlandaise. Cest il y a cinq ans que M. Claes estarriv dans la socit avec pour mission de fusionnerdeux socits actives dans notre pays. Actuellement,IGO Post compte toujours 18 collaborateurs en Belgiqueet son chiffre daffaires oscille entre 6,7 et 6,9 millionsdeuros. Au sein du groupe IGO Post, Peter H. Claes estgalement responsable de toutes les matires lies latlphonie et aux call centers.
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IGO Post est prsent en Belgique, aux Pays-Bas, en France et en
Allemag ne. explique Peter H. Claes Les diffrences que nous
observons entre les diverses nationalits sont relles; cest ainsi
que les Flamands constituent en eux-mmes une subculture.
Concernant notre branche belge, nous travaillons de manire
relativement autonome. Notre implantation sur en France est
dirige par un Flamand qui doit encore demander un aval pour
pas mal de choses, alors que, de son ct, mon collgue allemand
nest pas encore en service depuis longtemps et ne peut pour
linstant quasiment rien dcider tout seul.
Une autre diffrence culturelle rside dans le foss gnration-
nel qui spare les jeunes morveux des vieux qui nattendent
qu partir la retraite. Par ailleurs, les syndicats sont quasi
absents chez IGO Post, ce qui offre lavantage dune plus grande
marge de manoeuvre. Malgr labsence de syndicats, les gens
semblent bien se plaire chez nous. Moi-mme, je suis jug su r les
rsultats, soyez-en sr.
Michel Vandermeulen (IWT): Diffrentes subcultures coexi-
stent au sein de lIWT: ct de nos 70 experts, il y a toujours
50 collaborateurs qui raisonnent en termes de droits acquis. Il
est frappant de constater que seuls 30 pour cent des chefs de
service de ladministration flamande parviennent maintenir
un certain quilibre entre vie prive et vie professionnelle; dans
les fonctions dexcution, ils sont 80 pour cent y parvenir. Nos
experts sont souvent contrai nts de raliser des tches dexcution
eux-mmes sous peine quelles ne le soient pas. La double cul-
ture qui rgne au sein de lIWT constitue donc en quelque sorte
un problme. Nos collaborateurs excutants revendiquent leurdroit au travail temps partiel, au crdit-temps ou linterruption
de carrire, tandis que les experts se comportent dune manire
totalement diffrente cet gard."
La dif frence entre les temps partiels et les plus que temps plein
nest pas toujours envisage comme un problme. Chez
Electrolux, un quart de notre personnel travaille temps partiel,
ce qui nempche pas que notre entreprise fonctionne mieux
quauparavant explique Alain Nyssen.
Christian Dierickx: Jai pu mapercevoir que les gens qui tra-
vaillent en quatre cinquimes temps effectuent bien souvent le
travail de cinq jours en quatre jours. Le travail domicile et les
technologies de linformation contribuent la flexibilit vis--vis
des temps et des lieux de travail.
Quelle est limportance de la communication interne dans la
culture dentreprise?
Alain Nyssen: Dans ce domaine, nous nen sommes quau stade
initial. Dans certains cas, nous faisons en sorte quemploys et
cadres suivent les formations ensemble. Nous expliquons nos
collaborateurs que, en fait, ils ont pass un contrat avec les acti-
onnaires. Au premier abord, cela peut paratre bizarre mais, par
la suite, ils comprennent ce que nous voulons dire par l. Je suis
tout fait partisan de lide que la communication interne doit
soprer dans les deux sens. Nous communiquons de manire
rgulire mais de faon judicieusement dose. Quand on veut
que son message soit bien compris, il faut dabord savoir soi-
mme ce que lon veut dire. Par ailleurs, vous ne devez pas don-
ner trop dinformations, car alors, les gens vont commencer couter de manire slective. Par lintermdiaire de notre intra-
net, nous avons mis en place un systme qui consiste publier
tous les jours 1 highlight relatif des sujets tels que les affaires
du personnel, la vente ou le marketing. La pratique nous enseig-
ne que les collaborateurs consultent rgu lirement le contenu de
lintranet.
Guido Mertens tient toutefois mettre en garde contre une
ventuelle surestimation de linfluence de la communication
interne sur la culture: Je suis oppos la mthode qui consiste
engloutir les gens sous des tonnes dinformations, mme si
javoue que, da ns notre banque, nous sommes confronts un
flux invraisemblable dinformations. Le rsultat de cette situati-
on est que, aux yeux des gens, les arbres cachent la fort. La com-
munication interne est, certes, importante mais il ne faut pas
exagrer. En outre, les valeurs de lentreprise doivent tre portes
de manire suffisante par tout le monde, y compris par le
management, sinon, vous allez crier dans le dsert.
Nos collaborateurs se plaignent de ce que la communication
interne laisse dsirer et nous sommes conscients de devoirfournir des efforts supplmentaires dans ce domaine. Cependant,
MichelMichelVandermeulenMichel Vandermeulen travaille lIWT (Instituut voorde Aanmoediging van Innovatie door Wetenschap enTechnologie in Vlaanderen) en tant que directeur dupersonnel et des affaires juridiques. LIWT est uneinstitution publique flamande cre en 1991 qui octroieun total denviron 250 millions deuros en subsides des entreprises et doctorants. Linstitut emploie120 personnes, dont 70 experts disposant dune
formation suprieure.
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il est parfois des circonstances qui rendent une communication
rapide diffici le. explique Brigitte Loveniers I l marrive souvent
de me faire des cheveux gris en cherchant savoir comment on
peut amener les gens poser des questions aux cadres moyens
lorsquils ne comprennent pas bien quelque chose. Dans la pra-
tique, cela semble tre extrmement difficile.
Peter H. Claes: Vous ne devez pas dire vos collaborateurs
quils peuvent venir vous poser des questions: allez plutt vous-
mme leur rencontre pour les informer. Les e-mails du patron
filent la plupart du temps la corbeille; en tant que dirigeant,
vous devez aller sur le terrain, vous devez descendre de votre
tour divoire. Lorsque je me rends chez mes collgues nerlan-
dais, la plupart des ouvriers me connaissent et cest ainsi quil
doit en tre. Parfois, il est mme judicieux de doter un collabora-
teur dune fonction dirigeante lorsque quil a une ide excellente.
Michel Vandermeulen: Il y a un problme de circulation deux
sens. Les mcanismes traditionnels (comme les briefings/dbrie-
fings) sont insuffisants ou natteignent quune partie du person-
nel. La communication face-to-face fonctionne de manire con-
stante, certes, mais natteint pas tout le monde. Cest ainsi
quapparaissent dans le dispositif dinformation les trous, mal-
entendus, et autres lots. Dautre part, la communication interne
nest pas chose facile dans une organisation ce point ouverte
son environnement. Leffort en matire de communication inter-
ne a vite tendance se limiter faire en sorte que les collabora-
teurs soient au courant des nombreux changements, en omet-
tant ce petit plus si ncessaire, savoir la question: pourquoifaisons-nous ce que nous faisons ensemble et comment allons-
nous le faire dans un avenir proche?
Quelle est votre qualit de vue de 'ce qui se passe sur le
terrain'? Avez-vous parfois recours des enqutes internes
pour prendre la temprature?
Brigitte Loveniers: Au sein du groupe Axa, chaque anne, il est
demand tout le monde de complter le Scope, une enqute de
satisfaction. Depuis mai de cette anne, nous disposons dun
baromtre social mensuel, un instrument qui nous permet de
prendre le pouls de lambiance qui rgne au sein de la socit, de
la collaboration entre services, de la communication et de
lquilibre entre vie prive et vie professionnelle. Au dbut, 50
60 pour cent des collaborateurs prenaient part ce baromtre
social, un chiffre qui est dsormais tomb 40 pour cent. De
toute faon, a ne changera rien, pensent les gens.
De son ct, Dexia a galement recours aux enqutes de satisfac-
tion. Guido Mertens: Tous les deux ans, nous menons une
enqute relative la satisfaction de notre personnel. Nous nousenqurons galement du niveau de stress sur le lieu de travail et,
dans le cadre de notre communication bottom-up, ont rguli-
rement lieu des entrevues petit-djeuner.
Le fait dinterroger de manire rcurrente le personnel fournit
parfois des informations trs utiles.
Michel Vandermeulen: Tous les deux ans, nous procdons
une enqute relative aux rsultats du personnel (ERP), laquelle
participent 65 pour cent des collaborateurs. Cest grce elle que
nous avons pu dceler le problme de communication interne etdcouvrir dautres points ngatifs lments auxquels nous
nous attelons maintenant.
Chez Studiegroep Omgeving, le feed-back sorganise de manire
plus informelle, explique Christian Dierickx: Notre entreprise
est relativement petite. Chaque anne, nous menons des entre-
tiens dvaluation et de fonctionnement, dont les rsultats sont
communiqus aux administrateurs, qui peuvent galement sen
servir dans le cadre de la politique salariale. Lorsque quelquun
est augment ou ne lest pas, nous y exposons galement la rai-
son. Chaque mois a lieu chez nous une sorte de happy hour qui
permet aux gens de se dtendre autour dun verre.
Alain Nyssen: Nos collaborateurs se voient prsenter une liste de
24 questions standard. Notre exprience nous a permis de constater
quun nombre croissant de collaborateurs compltent le question-
naire. Chaque dpartement peut, par exemple, choisir un ou deux
points et entreprendre des actions qui y sont lies. Je suis tout fait
daccord avec lide que les managers doivent tre le plus possible
prsents auprs de leurs collaborateurs. En ce qui me concerne, cela
me rassure pleinement de savoir que notre dpartement RH est
100 pour cent au courant de ce qui se passe au sein du personnel. 13
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AlainAlainNyssenAlain Nyssen est le manager du personnel dElectroluxHome Products Belgium, une socit de distributiondappareils lectromnagers. Au fil des annes, le grou-pe sudois Electrolux a rachet des entreprises tellesque Zanussi, AEG et Zanker, ce qui lui a permis de se
rendre compte par lui-mme de la difficult de fondrediffrentes cultures en un seul ensemble. Electroluxemploie 170 personnes en Belgique et le chiffre daffai-res annuel de la socit Electrolux Home ProductsBelgium oscille aux alentours de 100 millions deuros.
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Dossier
Alain DuchateletDirecteur Gnral des Ressources Humaines la Police fdrale
La police fait plus querdiger des P-VLa rforme des polices de 2001 est lorigine de ce qui a peut-tre t une des plus grosses
volutions sur le plan de la culture dentreprise en Belgique. Aujourdhui encore, la police intgre
doit faire face un lourd hritage fait de diffrences sur le plan des antcdents, du statut du
personnel, des mentalits, ainsi que des rmunrations. Alain Duchatelet, le directeur gnral dela Direction gnrale des ressources humaines de la Police fdrale, tient souligner que, ds le
stade de la slection, laccent est mis sur les nouvelles valeurs de la police. Parce quun agent de
police est plus que quelquun qui rdige des P-V: il ou elle est aussi quelquun qui doit prendre en
charge des problmes et trouver des solutions.
BERTCORNELIS
Le service que dirige Alain Duchatelet soccupe des intrts du
personnel et veille ce que chaque service de la Police fdrale
puisse disposer de collaborateurs comptents. Ses attributions
comprennent le recrutement, la slection, la formation, ainsi
que la gestion des salaires du personnel. Par ailleurs, cette
direction est galement charge des relations avec les syndi-
cats, de la scurit au travail et du bien-tre du personnel.
La Direction gnrale des ressources humaines est une des
cinq directions gnrales de la Police fdrale, cre loccasion
de la rforme des polices. lorigine de celle-ci, laffaire
Dutroux, qui a mis en vidence le fait que les services de police
indpendants (gendarmerie, police communale, police judi-
ciaire...) continuaient de travailler sans coordination. Au tra-
vers de laccord Octopus de 1998, le monde politique opta pour
la formule dune seule police intgre. Dsormais, la police
sarticule autour de deux niveaux: les brigades de gendarmerie
et les corps de police communale forment la Police locale, tan-
dis que la police judiciaire auprs les parquets et la gendarme-
rie, brigades exceptes, forment dsormais la Police fdrale,
laquelle prend galement en charge les missions supra-locales. Lensemble reprsente 39 000 policiers. Le service de
Alain Duchatelet:Un bon leader, ce nest pas quelquun qui ne sait travailler quavecles bons. Un bon leader, cest quelquun qui est capable de faire du bon
travail avec les gens qui sont sa disposition.
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M. Duchatelet travaille galement au profit de la Police locale,
principalement dans les domaines du recrutement, de la forma-
tion, des relations syndicales, de la mobilit et du statut du per-
sonnel. La direction gnrale des ressources humaines compte
940 collaborateurs, coles de police incluses.
Quels furent prcisment les changements sur le plan de la
culture dentreprise lors du passage de la gendarmerie la
police?
Alain Duchatelet: nos yeux, la culture dentreprise constitue le
ciment de lensemble de ldifice. Les valeurs, les normes, ainsi
que le comportement que lon attend de la part des policiers en
sont les principaux ingrdients. Pour lessentiel, les nouveauts
relatives la culture dentreprise sont aujourdhui renfermes
par les disposit ions de la loi sur la fonct ion de police. Tout a com-
menc entre 1990 et 1992, avec la dmilitarisation de la gendar-
merie. Cest lpoque que lon a commenc se pencher sur le
rle et sur limage type de la police. Cette question tournait prin-
cipalement autour des valeurs de la culture policire. La pre-
mire diffrence rside dans le passage dune police qui ne fait
que constater une police qui se charge galement de la rsolu-
tion de problmes. Pour la gendarmerie, la loi existait pour elle-
mme, on nallait jamais voir ce quil y avait derrire elle.
Aujourdhui, la police ne peut plus se contenter de constater une
infraction, elle doit galement aider rsoudre le problme, et ce
dans lintrt gnral. Un deuxime changement fondamental
rside dans les modalits rgissant le recours la violence: celui-ci est-il lgal, justifi? Est-il en rapport avec les valeurs que nous
voulons dfendre? La lgalit, lopportunit et la proportionna-
lit sont devenus les principes de base de lintervention policire.
La 'nouvelle griffe' de la police a donc eu une grande
influence sur le recrutement, sur la formation, ainsi que sur
le recyclage du personnel...
Alain Duchatelet: La formation est le premier levier qui permet
dinduire le changement. Les profils et objectifs de la formation
de base ont t redfinis en fonction des nouvelles valeurs.
Cependant, tout commence au stade de la slection. Auparavant,
le systme de recrutement tait calqu sur celui de larme.
Laccent tait surtout mis sur le physique, au dtriment des qua-
lits comportementales. Nous ne cherchons plus des gens prts
se servir dune arme ou obir aveuglment en toutes circon-
stances. Aujourdhui, nous sommes la recherche de gens capa-
bles dvaluer une situation complexe avec sang-froid et assu-
rance et dy ragir dans une optique de rsolution de problmes.
Cet aspect a galement t insr dans la formation. La diff-
rence daccent fait lobjet dune communication systmatique et
est incluse dans le code de dontologie actuellement ngociavec les syndicats.
Cest pour ceux qui taient dj en service avant la rforme des
polices que le changement doit savrer le plus sensible.
Alain Duchatelet: videmment. Mais nous prenons cette pro-
blmatique en charge via la formation continue. Car des
problmes subsistent relativement lintgration des diffrentes
cultures dentreprise. Nous venons dune mosaque appele se
transformer petit petit, en douceur, en tableau monochrome.
Les objectifs sont dcrits dans les plans zonaux de scurit. Nous
adoptons une approche essentiellement projectuelle pour que
tout le monde se tourne vers la mme direction.
Dans la nouvelle culture, le leadership fait galement lobjet
dune interprtation nouvelle. ce sujet, on parle prsent
'dun climat harmonieux entre le chef et son personnel'.
Alain Duchatelet:La nouvelle approche implique une redfini-
tion de la tche des chefs: ceux-ci doivent tre plus attentifs la
manire dont fonctionne le personnel et cesser de sintresser
uniquement au nombre dinterventions ou de P-V. Un chef ne
peut se proccuper uniquement des rsultats, il doit galement
sattacher aux comportements. Un bon leader, ce nest pas
quelquun qui ne sait travailler quavec les bons. Un bon leader,cest quelquun qui est capable de faire du bon travail avec les
gens qui sont sa d isposition.
Comment cela se traduit-il dans lvaluation?
Alain Duchatelet: Nous avons labor un nouveau systme
dvaluation bas, entre autres, sur nos valeurs. Tout dabord,
nous dfinissons le profil en fonction des tches de la personne
concerne. Puis, nous voyons dans quelle mesure les valeurs sont
respectes. Enfin, nous explicitons les attentes et les objectifs.
Selon les valeurs, un fonctionnaire de police doit tre intgre
et impartial, faire preuve dun comportement irrprochable,
possder une bonne condition physique, tre toujours
disponible et pouvoir travailler dans des circonstances
dangereuses. En ce qui concerne les attitudes, on parle de
solidarit, dincorruptibilit, de tolrance, de discrtion, de
loyaut, dautodiscipline, de flexibilit, douverture, de
motivation, de dynamisme, de crativit... Vous trouvez
encore des candidats la fonction?
Alain Duchatelet:Tout fait, nous oprons un screening laide
dune batterie de tests largie que nous avons mise au point encollaboration avec les universits et qui repose sur une vingtaine
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Nous sommes la recherche de gens
capables dvaluer une situation complexe avec
sang-froid et assurance.
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de comptences. Ensuite, le candidat doit rpondre une srie
de 300 questions. Puis viennent un assessment (prsentation
individuelle, discussion collective et entretien caractre psy-
chologique) et la slection mdicale. La procdure se clture
avec une entrevue destine vrifier la manire dont quelquun
ragit dans certaines circonstances. Exemple: vous tes en train
de mener une perquisition avec un collgue et vous voyez quil
drobe quelque chose; que faites-vous? Bien videmment, nous
vrifions si quelquun a dj eu affaire la justice, ce qui ne veut
toutefois pas dire que vous ne pouvez pas avoir dj eu une con-
travention.
Quel est le pourcentage de russite?
Alain Duchatelet:Nous nous situons aux alentours de 10 pour
cent: pour trouver 10 candidats adquats, il nous faut donc enre-
gistrer 100 inscriptions aux preuves. La motivation est trs
importante: si vous commencez ds le dbut avec un discours du
style je viens la police parce que cest ma maman qui me la dit,
vous ntes pas la personne que nous recherchons. Pour russir,
une certaine maturit ainsi quun comportement stable sont
impratifs. Les candidats trop jeunes ne font souvent pas face
cette exigence et chouent aux preuves. Souvent, ils tentent
nouveau leur chance par aprs et finissent par russir.
La police cherche galement recruter des immigrs et des
femmes. Y a-t-il des critres spcifiques pour ces catgories?
Alain Duchatelet:: Absolument pas. Les critres sont identiques,
tant en ce qui concerne le recrutement quen ce qui concerne
lattribution des fonctions. Nous ne nous attacherons donc pas
ce quun policier dorigine immigre soit en fonction dans un
environnement o il a des immigrs. Cela serait tout aussi injus-
tif i que le fait de confiner les femmes des tches moins lourdes
comme, par exemple, laide la jeunesse. Pour la plupart, les
femmes viennent dans la police parce quelles sont attires par
laction; elles sont particulirement attires par la police de la
route et par la cavalerie. Chez les immigrs, nous notons souvent
des freins au fait de poser sa candidature la fonct ion de policier:
ces gens proviennent souvent dun milieu o lautorit est consi-
dre avec dfiance. Pour eux, le fait de devenir policier peut
apparatre, en quelque sorte, comme une trahison. Un autre
problme rside dans la connaissance de la langue mais ce point
peut tre rencontr au moyen dune formation complmentaire.
Nous devons faire passer le message suivant auprs de ces gens:
ils sont les bienvenus chez nous pour devenir policiers part
entire. Pour ce qui est du recrutement en lui-mme, nous tra-
vaillons en collaboration avec des organes intermdiaires telsque les communes et les provinces.
Trouvez-vous encore assez de femmes?
Alain Duchatelet: Sans aucun doute. Nous parvenons atteind-
re 30 pour cent dengagements fminins effectifs. Pour ce qui est
des fonctions dirigeantes, ce chiffre atteint mme 45 pour cent,
ce qui est une norme acceptable pour la police, dans la mesure
o la profession comporte des risques. Cela sobserve galement
dans le cadre de notre communication externe: vous pouvez voir
quil y a toujours une femme et un immigr.
Un problme que la rforme des polices trane comme un
boulet est celui de luniformit des traitements. Vous vous
attirez rgul irement les foudres des syndicats.
Alain Duchatelet:Nous navons pas russi mettre au point un
systme de rmunration uniforme comportant un volet fixe, un
volet li la fonction et un volet li au comportement. Traiter tout
le monde sur un pied dgalit ncessite la mise en place de
mesures transitoires; on peut galement le constater dans le cas
de fusions dentreprises. En fait, nous aurions d partir de zro.
En termes de ressources humaines, nous sommes loin de nosobjectifs sur ce plan.
AlainAlain
DuchateletAlain Duchatelet (1944) est ce que lon peut appelerun gendarme de formation acadmique. Durant sestudes lcole royale militaire, il a suivi les cours decriminologie de luniversit de Gand, o il a obtenu sondiplme de licenci avec grande distinction. Il a par lasuite obtenu son diplme de licenci en droit de la VUB lissue dtudes suivies paralllement son serviceactif. Par ailleurs, il a fait carrire au sein du ministrede la dfense nationale, au service des statuts du per-sonnel de la gendarmerie. De 1986 1988 il a occup
le poste dofficier de liaison au cabinet du ministre dela dfense nationale, pour devenir en 1988 officier deliaison au cabinet du ministre de lIntrieur. De juin 1996 avril 2004, il a occup la fonction de directeur gnraldes ressources humaines de la gendarmerie, puis de laPolice fdrale.Il a entam sa carrire professionnelle en 1968 commecommandant du premier peloton du deuxime escadronde la Lgion mobile, Bruxelles. Il a galement tcommandant de lcole de gendarmerie et professeur lcole royale militaire.
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Dossier
Une organisation qui
fabrique des produits
innovants est-elle
novatrice en termes de
culture dentreprise?Lentreprise 3M sest
classe deuxime au
Top 10 amricain des
entreprises les plus
novatrices. Un brillant
rsultat qui est le
corollaire dune culture
dentreprise qui vise innover non seulement
dans les produits mais
aussi dans les systmes
et les processus.
MIANELEN
Culture dentreprise 3M
Linnovationdans les
produitset dans lesprocessusLe rouleau Scotch a dj 75 ans, tandis que le clbre jaune
des tiquettes Post-it en est dj son 25me anniversaire. Ces
produits sont probablement les plus connus dune vaste gamme
principalement marque du sceau de linnovation dans les mat-
riaux et les applications. Lentreprise 3M a galement remport la
deuxime place, derrire Apple, du classement annuel des entre-
prises les plus novatrices tabli par le Boston Consulting Group.
Un rsultat quelle peut mettre lactif, notamment, du fait que
ses travailleurs sont habilits mener eux-mmes des projets qui
les inspirent. Un rsultat li galement aux possibilits de car-
rire et lapproche Six Sigma, qui sont la base dune culturedentreprise ouverte linnovation.
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Des carrires transversales
The sky is the limit: ce slogan, peut-tre quelque peu ringard,
reflte toujours parfaitement les opportunits quoffre une car-
rire chez 3M. Le vice-prsident rgional pour lEurope, par
exemple, est belge et a dmarr sa carrire comme laborantin
sur le site de production de Zwijndrecht, prs dAnvers. Mais
Romain Verdurmen, lactuel manager des ressources humai-
nes, des affaires juridiques et de la logistique au sige princi-
pal de Diegem, a, lui aussi parcouru un bon bout de chemin
depuis son arrive au sein de la socit en 1976: Jai commenc
comme analyste dinventaire Zwijndrecht mais, aprs seule-
ment six mois, jtais dj superviseur Warehouse, Packaging
& Distribution, avec une douzaine de collaborateurs sous ma
responsabilit. Jai instaur les cercles de qualit et dispens
des formations en vue denseigner cette approche dautres.
Ces actions se sont tendues aux sessions de brainstorming et
de training en communication. Cest ainsi que je suis devenu
Trainer & Qualit y facilitator. Jai galement donn des formations
dans dautres implantations du groupe, ce qui ma permis de me
familiariser petit petit avec la totalit de lorganisation. Cest
comme cela que M. Verdurmen sest retrouv avec un pied dans
le monde des ressources humaines. En 1985, on lui demandait de
prendre en charge la totalit de la gestion du personnel sur le site
de production et, par la suite, il devait galement se voir offrir le
poste de manager des ressources humaines de la branche ch imie
pour lEurope. Grce son exprience des relations au travail enmilieu industriel, M. Verdurmen tait le chef de projet idal pour
la mise sur pied dun conseil dentreprise europen version 3M,
instaur en 1996.
Chez 3M, le parcours de carrire est rsolument transversal.
Romain Verdurmen: En 1997, jai t envoy pour deux ans au
sige central, dans le Minnesota, en tant que manager des res-
sources humaines pour les divisions Automotive et Mining, ainsi
que pour le nouveau dpartement Marine. Une fois revenu en
Belgique, on ma confi la responsabilit des ressources humai-
nes pour les marchs europens des produits Medical, Traffic,Graphic and Safety. Par la suite, M. Verdurmen a t impliqu
dans lintgration dunits reprises en Allemagne et en France
ainsi que dans le dmantlement de lancienne division char-
ge de la branche chimie. En 2001, il est devenu HR-operations
manager pour lEurope et, dans ses fonctions actuelles, il assure
la direction des services HR en Belgique, ainsi que du dparte-
ment Facilities & Services Diegem, tout en tant responsable
des contentieux juridiques pour 3M Belgium.
Un terreau fertile pour tous
Selon moi, il est vraiment exceptionnel de pouvoir se btir une
carrire aussi complte sans devoir changer dentreprise. Ici, les
opportunits sont lgion. Le fait de travailler dans un si grand
nombre de pays, implantations et fonctions rend le travail int-
ressant et vari et chaque jour apporte son lot de dfis., explique
M. Verdurmen, qui note galement que Tout le monde ne se
sent pas sa place dans cette entreprise: lors du recrutement,
nous avertissons les nouveaux collaborateurs que nous atten-
dons deux quils fassent preuve dun esprit dentreprise affirm
et quils prennent eux-mmes les initiatives qui leur permettent
daccomplir leur travail et dobtenir des rsultats. Il faut tre
capable de grer une pareille libert.
3M met tout en oeuvre pour que les nouvelles ides aient
lopportunit de se traduire concrtement. Les systmes de
botes ides et autres gadgets ont t rangs au placard en
raison de leur caractre trop artificiel. Ce qui est bel et bien en
vigueur, par contre, cest la rgle des quinze pour cent. RomainVerdurmen: Les collaborateurs scientifiques employs dans les
laboratoires peuvent consacrer quinze pour cent de leur temps
de travail des projets quils ont eux-mmes initis en raison du
fait quils avaient dtect une possibilit dinnovation. Il peut
sagir de nouveaux matriaux ou de nouvelles applications et les
collaborateurs ne doivent pas rendre de compte par rapport ces
activits. Le principe est tendu tous les niveaux et domaines,
car au sein de chaque dpartement ou service, il est toujours
possible de peaufiner les mthodes et processus pour travailler
de manire sans cesse plus efficace. Le prcepte en vigueur cet
gard est: il faut tendre faire toujours plus simple; moins les
choses sont complexes dans leur conception, plus elles peuvent
tre facilement mises en uvre, voire corriges au besoin. Toutes
les ides peuvent tre discutes.
Six Sigma
Cette culture btie sur la stimulation et la libert ainsi que sur
un climat ouvert et ax sur la communication suscite un flux
dchange dinformations, de concertation, de runions et de
dbats, ce qui nest pas sans entraner lapparition dun champde tension li la pression visant amliorer constamment les
Le prcepte en vigueur est: il faut tendre
faire toujours plus simple; moins les choses
sont complexes dans leur conception, plus elles
peuvent tre facilement mises en uvre, voire
corriges au besoin. Toutes les ides peuvent
tre discutes.
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rsultats de la socit. Cest pourquoi, il y a quatre ans, la strat-
gie Six Sigma a t introduite par W. James McNerney, le premier
CEO engag en externe par 3M. Une analyse des forces et faibles-
ses a en effet rvl que la culture familiale de la socit avait
besoin de sang frais pour pouvoir faire face aux volutions du
march. Lapproche Six Sigma a t mise en place par tout dans le
groupe, dans le but de produire une amlioration des processus
en mettant laccent sur les incitants de croissance, sur la rduc-
tion des cots et sur laugmentation du cash-flow. (voir galement
le texte contenu dans le cadre)
Pour les managers 3M de lpoque, cette nouvelle approche, qui
vhiculait un regard entirement neuf, na pas dclench un
enthousiasme dmesur son arrive. Ceci dit, cela fait partie
intgrante de notre culture de donner leur chance aux nou-
veauts. souligne Romain Verdurmen Les managers ou, en
jargon Six Sigma, Black Belts suivent un training aux tats-Unis.
Ensuite, ils sont impliqus durant deux annes dans des projets
qui nont pas forcment un lien avec leur ancienne fonction. Les
techniques acquises sont mises en application en vue dapporter
des amliorations aux processus et procdures. Les ides nouvel-
les, cest trs bien; mais trop souvent, celles-ci restent trs floues
car elles sont conues trop grande chelle. Cette approche per-
met de rendre les ides plus claires et plus facilement uti lisables,
tout comme elles peuvent susciter lenthousiasme des autres et
se concrtiser de manire plus fructueuse. Lapproche Six Sigma
se marque tous les chelons de lorganisation, dans toutes les
divisions et dans toutes les rgions. Ceci a pour effet immdiat
de crer un langage commun tous, que lon soit en fonction
Hong-Kong, Diegem ou dans le Minnesota. Si vous examinez
les rsultats concrets de la socit, vous pourrez voir que cette
approche a dj port ses fruits.
Le chaos organis
Lvaluation annuelle qui est organise en ligne aborde entre
autres les sujets de la contribution apporte lorganisation, des
rsultats au travail, mais galement du dveloppement et des
ambitions futures de la personne concerne. Celle-ci est inter-
roge explicitement propos du premier job, du premier rle et
du premier endroit qui lui viennent lesprit comme entrant
dans le champ de ses propres possibilits. Et Roma in Verdurmen
dexpliquer que ces donnes sont cha nges lors de runions de
management team en vue de se faire une ide au sujet du poten-
tiel futur en termes de leadership. Des qualits de leadership,
telles que le fait davoir une vision et de pouvoir la communiquer,
de pouvoir inspirer et impliquer ses collaborateurs, de produiredes rsultats, de faire preuve dune thique leve, etc. sont des
caractristiques que nous nous attachons dceler le plus tt
possible dans le courant de la carrire. Les collaborateurs
concerns sont alors orients vers dautres missions afin quils
puissent accumuler un maximum dexpriences varies pour
que nous puissions au mieux mettre ces capacits profit pour
leur dveloppement personnel et pour celui de lentreprise.
Personnellement, la cinquantaine, je reste tout fait apte au
service mais cela nempche pas que des successeurs aient dj
t slectionns en vue de me remplacer. En gnral, un mana-
ger noccupe un poste dtermin que pour trois ans environ,
poste au sein duquel il peut engranger toute une srie de nouvel-
les expriences. Parfois, il arrive que lon force le mouvement en
vue de susciter lapparition de nouvelles opportunits. Selon
notre manager des ressources humaines, le chaos organis
serait le terme appropri pour caractriser la culture en place
chez 3M: Cela veut dire: oser prendre des risques pour rendre
linnovation possible, mais ce de manire suffisamment taye,
en sappuyant sur une stratgie et des systmes de pilotage
qui rduisent les risque dchec et accroissent les chances de
succs. x
Lapproche Six Sigma est considre comme unemthode de management de la qualit souvent assimi-le au successeur du TQM, avec une gestion statistiquedes processus en guise de mthodique sous-jacente.La force de cette dmarche rside en cinq lments:des dcisions bases sur des faits, une approcheprojectuelle la structure fixe, des quipes de projetsdont les membres sont correctement forms, la miseen avant de la rduction des cots, des attentes desclients et des priorits pour le management.On ne peut matriser correctement les processus que
si lon sait comment se droule chacun dentre eux.Savoir, cest mesurer: telle est la base de la dmar-che Six Sigma. Paralllement est mise en uvre unemthodique fixe permettant de perfectionner lesprocessus industriel, savoir le DMAIC: Define-Measure-Analyze-Improve-Control.En outre, Six Sigma renferme galement une orien-tation client affirme en prescrivant, notamment, demener un travail de recherche au sujet des attentesprcises des clients. Ces exigences forment les limitesqui encadrent un produit ou un service au sein dunprocessus industriel.
Dans sa formule classique, le Six Sigma repose sur uneorganisation spcifique comprenant, entre autres, desBlack et des Green Belts. Les Black Belts sont ceux quitirent les diffrents projets, tandis que les Green Beltssont ceux qui leur viennent en aide pour ce faire.
Six Sigma:quest-ce que cest?
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Est ouest
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Des clichs dmods
Je pourrais entamer ce billet en passant en revue les lieux
communs sur la culture dentreprise la chinoise, expli-
quer comment celle-ci, aujourdhui, continue dtre enve-
loppe dun voile de mystre et exposer la manire dont
elle repose sur le bagage culturel des Chinois. Jaurais pu,
en effet, dire quel point les valeurs du confucianisme
continuent marquer de leur empreinte les entreprises
chinoises et dbouchent sur un style de management cen-
tralis, paternaliste et clos. Jaurais aussi pu voquer
limportance des relations personnelles dans les affaires,
celle des fameux guanxi, ces personnages issus du mme
hameau, de la mme universit et qui, parfois, portent le
mme nom de famille et sont dfinitivement lis les uns
aux autres.
Jaurais pu aborder ensuite les us et coutumes des entrepri-
ses et managers chinois en matire de ngociations, parler
de la prsence dans les affaires du prcepte de matre Sun,qui commande dviter la confrontation directe avec
ladversaire: il y a 2500 ans de cela, en effet, dans son livre
intitul lart de la guerre, matre Sun couchait sur papier
des formules et perspectives stratgiques permettant
dviter le confl it et de dfaire un adversaire par la tactique,
sans devoir livrer bataille. Aujourdhui encore, sa maxime
la meilleure guerre est celle que lon remporte sans com-
battre reste la lumire qui guide les chefs dentreprises
chinois, dont le style est discret, indirect et, surtout, ax sur
labsence de confrontat ion.
Vous voulez un cas dcole? Regardez donc la toute nou-
velle version chinoise de la srie de tlralit The
Apprentice. Dans cette mission, des cand idats se
mesurent les uns aux autres avec pour enjeu un emploi
dans la socit immobilire SOHO China de Pan Shiyi, un
brillant agent immobilier de Pkin. Voyez donc: ici, Pan
Shiyi nemploie pas les trois fameux mots you are fired de
Donald Trump pour dbouter les candidats. Aux candidats
malheureux, il sort plutt des formules du style Selon moi,
vous vous panouiriez mieux dans une autre entreprise.
ou mon avis, vos atouts pourraient mieux convenir unautre secteur. Moins de confrontation, plus de subtilit.
Mais selon Vincent Lo Hong-shui, un autre agent immobi-
lier de renom originaire, lui, de Hong-Kong, tout cela nest
pas encore assez raffin. Il estime en effet que dans The
Apprentice, les candidats dfaits perdent encore trop la
face. En outre, il est davis que les tlspectateurs chinois
ne peuvent apprcier une telle culture dentreprise. Pour
ces deux motifs et peut-tre aussi en raison du fait quil
sest engag dans une lutte commerciale sans merci avec
Donald Trump pour lachat dun bout de terrain New
York , il est devenu le sponsor dune variante de ce jeu
intitule Le plus malin raflera tout. Lenjeu de cette mis-
sion est bien plus ducatif et consiste donner de jeunesChinois une chance de faire leurs preuves en tant que chef
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dentreprise. Dans le jeu, deux quipes doivent mener bien des
missions daffaires sous lil critique dun jury spcialis com-
pos de clbres professeurs de business schools, acteurs du
capital risque, spcialistes en ressources humaines, consul-
tants en management et autres figures en vogue fameuses pour
leurs success stories dans le monde de lentreprise. Les missions
ne forment que la premire partie de lmission. Pendant la
seconde partie, les membres du jury peuvent sexprimer en long
et en large quant aux points forts et aux points faibles des busi-
ness plans qui leur ont t soumis. En fin de compte, le vainqueur
de la srie remporte une somme destine lui servir de capital
de dpart pour mettre en uvre ses plans daffaires. Beaucoup
plus subtil, beaucoup plus ducatif, et moins direct. Une formule
qui devrait mieux convenir la culture dentreprise version
chinoise.
Un billet sur la culture dentreprise chinoise pourrait encore
davantage creuser la question en exposant tout un arsenal argu-
mentatif reprenant les motivations historiques du bagage poli-
tique que vhiculent grand nombre dentreprises chinoises. Je
pourrais galement mattarder sur linfluence omnipotente du
parti communiste, non seulement au sein des entreprises
publiques mais aussi dans les entreprises prives. En effet, dans
les entreprises publiques, ce sont les dlgus du Parti qui tirent
les ficelles, et pas le management qui tient les rnes. Ce sont eux
qui prennent les dcisions finales, qui tranchent les dilemmes. Et
en dpit de la diminution drastique du poids de ces entreprises
lchelle de lconomie chinoise elles ne reprsentent plusquun quart de la production gnre par lconomie nationale
et du fait que le secteur priv joue dsormais dans la stratosphre,
le Parti communiste demeure omniprsent dans la culture
dentreprise chinoise. En 2003, les entrepreneurs privs ont reu
lautorisation de saffilier au Parti communiste. Depuis lors, ce
dernier ne compte plus ses nouveaux membres.
Mon billet pourrait sattarder galement sur la dlicate question
politique de la corruption dans ladministration et expliquer
quel point ce flau sest rig en composante part entire de la
structure entrepreneuriale chinoise, il pourrait voquer, par
exemple, comment les sommes destines acheter des fonction-
naires sont comptabilises comme frais ncessaires dans les
business plans. Et rapporter que, selon un diteur chinois, les
dessous de table verser pour lobtention dune licence de jeux en
ligne oscillent entre 35000 et 80000 euros.
En guise de conclusion, ce billet pourrait galement parler du fait
que la culture dentreprise chinoise est davantage base sur la
confiance que sur des dispositifs lgaux, du fait quintenter une
action en justice pour non-respect daccords conclus est plus
peru comme lchec de la construction dune relation de con-
fiance que comme une solution possible un problme.
Mais un tel bi llet ferait injure la ralit du monde de lentreprise
en Chine. Au cours des dernires dcennies, la culture
dentreprise y a pris des tournures bien plus positives. Bon nom-
bre de ces clichs restent peut-tre valables dans des PME rele-
vant de secteurs connaissant une croissance plus lente mais,
dans leur majorit, les entreprises chinoises ont mri, elles se
sont professionnalises; la qualit, la comptence et lefficacit y
rgnent en matres et il ny a que peu de place pour le npotisme,
la corruption et lincomptence. La culture traditionnelle reste
prsente... tant quelle ne rogne pas les ma rges bnficiaires de la
socit.
Quand on considre, par exemple, la propension des jeunes tra-
vail leurs chinois possdant une formation suprieure changer
de travail, on ne peut que se dire que le facteur guanxi seffiloche
et perd de son importance dans les choix de carrire des jeunesChinois. Mais lexemple avec un grand E reste celui de Pan Shiyi,
notre fameux agent immobilier pkinois. Alors que, dans son
show tlvisuel The Apprentice, il sattache traiter les candi-
dats perdants de manire disons plus dlicate que Donald
Trump dans la version amricaine, il est clbre en Chine pour
son style de management rude et direct: depuis 1995, tous les
3 mois, il licencie du jour au lendemain celui ou celle parmi ses
vendeurs qui prsente les plus mauvais rsultats, tandis quil
accorde une grosse promotion au meilleur dentre eux. x
Bio
Est ouestNathalie De SpiegeleireNathalie De Spiegeleire est sinologue. Elle travaillepour le compte du Conseil conomique et socialBelgique-Chine (BCECC) Bruxelles. Les opinionsexprimes dans le prsent billet ne refltent pasncessairement les positions du BCECC.
Jacqueline GoossensJacqueline Goossens a grandi en Flandre Occidentale.Elle a dmnag New-York en 1980 do elle observe,crit et parle pour De Morgen, Knack Weekend et laVRT (radio).
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Dossieroost westoost west
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Cela peut tre agrable de travailler pour une entreprise
amricaine. condition de possder des qualifications
recherches sur le march. Cest le cas de mon ami Josh,qui dcrit sa fonction au sein de la socit de mdias
Burrelles comme tant celle dun architecte de logiciels.
Jai un bon salaire explique Josh et mon patron nest
pas tout le temps en train de me harceler; cest quelquun
qui comprend que quand le personnel est entour de
chiens de garde, i l sen va voir ail leurs. L nest pas
lintention de Josh, mme sil a perdu le privilge qui tait
la base de son arrive chez Burrelles. Javais le choix
entre plusieurs entreprises. poursuit-il Jai choisi
Burrelles parce que cette socit me permettait de travail-
ler domicile. Cependant, une semaine aprs la naissan-
ce de ma fille Sophie, on ma dit que jallais devoir venir
travailler dans les locaux de la socit.
Le genre de dcisions qui donnent de lurticaire Paul
Graham, fondateur de la socit de services en ligne
Viaweb et inventeur dun systme de filt re antispam, qui
est un partisan inconditionnel de la nouvelle culture
dentreprise, rendue selon lui possible et ncessaire par
Internet. Avant quil ne revende sa socit au gant
Yahoo!, tous les membres de son personnel pouvaient tra-vail ler l o et quand bon leur semblait, tant que le trava il
tait bien fait. Paul Graham: Dans la plupart des
bureaux, le groupe des travailleurs dont la prsence est
rellement ncessaire est trs rduit. Le motif qui justifiela prsence obligatoire des collaborateurs au bureau des
heures fixes est que lentreprise est incapable de mesurer
leur productivit. Lide est la suivante: si de toute faon
on ne peut obliger son personnel travailler, on peut en
tout cas toujours lempcher de samuser. Mais selon
M. Graham, un manager avis a tout intrt laisser faire
ceux parmi ses collaborateurs qui prfrent travailler
domicile, car quand on prend plus de plaisir son travail,
on travaille mieux. Jim Collins, le gourou du manage-
ment, est galement davis que la nouvelle culture
dentreprise repose sur la confiance. Dans son livre De la
performance lexcellence: Devenir une entreprise lea-
der, il crit: Si vous devez tenir quelquun lil, alors
cest que cette personne nest pas fa ite pour vous.
Toujours selon lui, les formes traditionnelles de contrle
ne gnrent quune illusion de contrle. son avis, ce qui
rend les entreprises performantes, cest une stratgie de
recrutement parfaitement calibre. La cl se trouve dans
la capacit attirer les talents. Pas les gnies, toutefois,
car ceux-ci sont trop individualistes. Non, des gens cra-
tifs, dous pour le travail en quipe et que le team-spiritpousse sinvestir. Sur ce plan, le manager de Josh nest
o
uest
est ouest
Jacqu