10 > 20 octobre 2012 …istockfile.prsmedia.fr/uploads/20120928170302_d1a57a8e42f06d9e3b5... ·...

9
10 > 20 OCTOBRE 2012 WWW.NANCYJAZZPULSATIONS.COM SCHLEP— LICENCE II : 54-0104 — LICENCE III : 54-0264 VIBRA TIONSMUSIC.COM

Upload: voduong

Post on 16-Sep-2018

212 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

10 > 20 OCTOBRE 2012WWW.NANCYJAZZPULSATIONS.COM SC

HLEP

—LIC

ENC

EII

: 54-

0104

— L

ICEN

CE

III :

54-0

264

VIBRA TIONSMUSIC.COM

NJP-2012n.indd 1 24/09/2012 13:58:20

10 > 20 OCTOBRE 2012WWW.NANCYJAZZPULSATIONS.COM

DU 10 AU 20 OCTOBRE

Textes : Xavier FRÈREGuillaume MAZEAUD

Mise en page : Éline HECKEL

Conception graphique :Patrick TARDIF

L’Afrique en pistesSi l’eau manque en Afrique, les idées et les (res)sources musicales, elles, ne font pas défaut. L’imagination ne se tarit pas dès lors qu’il s’agit de croisements entre les styles, d’expérimentations. Ce bouillonnement rejaillira à L’Autre Canal le 10 octobre avec, en tête de pont, l’un des groupes les plus emblématiques de ces dernières années, Staff Benda Bilili. Au son de sa “rumba kinoise“ un peu plus funky au fi l du temps, l’orchestre de paraplégiques fait voyager. Impossible de rester hermétique aux trépidations de leur “machine“ bien huilée, qui fait aujourd’hui le tour de la planète. Ça tombe bien : leur nouvel album s’intitule “Bouger le monde”.Le même destin pourrait entourer ”l’University of Gnawa”, nom pompeux mais projet sérieux et emballant initié par le Marocain Aziz Sahmaoui, l’un des cofondateurs de l’Orchestre national de Barbès, entouré de musiciens sénégalais. Sous cette appellation, l’objectif avoué est “d’adapter aux canons actuels l’hypnose des transes gnaouies”. Un parfum de vaudou africain que ne renierait pas le cerveau allumé de Stef Kamil Carlens, rockeur belge (ex-Deus, ex-Zita Swoon) qui, comme beaucoup d’autres avant lui, s’est replongé dans les nappes souterraines du blues, au Burkina-Faso notamment. Une fusion entre blues, groove et sonorités traditionnelles.

Xavier FRÈRE

Il y a vingt ans, Taraf de Haïdouks (traduction “l’or-chestre des bandits d’honneur“) sortait son album majeur : “Band of gypsies”. C’est sous le même nom que deux décennies plus tard, ce groupe de musique tsigane (créé en Roumanie) reprend la route en s’associant avec la fanfare macédonienne du Kocani Orkestar. Soit une trentaine de musiciens qui jouent le feu, attisent les braises du volcan des “Balkans”. D’un côté, un contingent de violons et d’accordéons du Taraf, de l’autre l’armée de cuivres du Kocani, qui forment un “big band balkanique”. Un croisement qui provoque forcément des étincelles sur scène, transformée en champ de bataille, ou en bacchanale, c’est selon, que ne renierait pas le réalisateur Emir Kusturica. Cette confrontation ne se limite pas à une resucée du passé, le répertoire comporte de nouvelles pièces, mais qui puisent évidemment aux sources des sons pan-balkaniques :

musiques traditionnelles des campagnes roumaines, pop urbaine même, ballades médiévales, musique de fanfares orientales, le tout sur fond d’infl uen-ces turques, grecques, juives voire indiennes. Un cocktail prêt à exploser, et qui, si l’on se glisse en coulisses, se veut davantage une “arme” de paix, une main tendue entre les peuples de cette région souvent décrite comme une poudrière. Car si les deux groupes sont composés de musiciens roms et produits par un label belge (Crammed Disc), ceux du Taraf sont chrétiens orthodoxes, tandis que ceux du Kocani sont musulmans, descendants des Ottomans. Un bel exemple de fraternisation, où l’on s’exprime dans des dialectes propres aux tsiganes, et grâce à la musique, qui n’adoucit pas seulement les mœurs, mais se perpétue aussi comme “langage universel”.

X. F.

NJP 2012, du 10 au 20 octobre, c’est parti ! La 39e édi-tion a un petit côté année de transition avant la future et chatoyante 40e, réservée aux amateurs éclairés. Pas de trop nouvelles grosses pointures, sauf des habitués, comme Marcus Miller, Didier Lockwood, des valeurs sûres comme Daniel Darc, Canned Heat, voire des artistes qui crèvent le mur du son bleu comme Gonzales, remplaçant Ahmad Jamal, fatigué, au pied levé, ou encore Charlie Winston. Pourtant, la marque des Pulsations 2012, son originalité, c’est le grand nombre de talents féminins, de voix. La liste non exhaustive donne le tournis : Melody Gardot, Emily Loizeau, Camille, Barbara Carlotti, Lady Linn, Nina Attal, Nneka, de toutes origines, américaine, belge, germano-nigériane, anglaise, française, tous les styles, de la soul à la chanson française en passant par le jazz et la world... Et enfi n, l’équipe de Patrick Kader a tenu à témoigner de la vitalité de la scène française en invitant non seulement des groupes qui montent comme Revolver ou Rover, mais aussi deux futurs grands du jazz, Baptiste Trotignon et Guillaume Perret. Et voilà pourquoi, cette année, Armstrong, contrai-rement à ses deux homonymes en cette rentrée d’automne affi che un si large sourire...

Guillaume MAZEAUD

La 39e année des dames

© B

elle

kin

ois

e

Pho

to J

ean

-Bap

tist

e M

ILLO

TPh

oto

DR

MERCREDI10 OCTOBRE

APÉRO JAZZCéline Bonacina Trio La Fabrique à 18 h (gratuit)

APÉRO JAZZLes Chapeaux noirs Le Royal à 18 h (gratuit)

Chicken Diamond + Canned Heat Le Hublot à 20 h 30

Rosette + Daniel Humair New Reunion La Manufacture à 20 h 30

University of Gnawa and Aziz Sahmaoui + Zita Swoon Group+ Staff Benda Bilili L’Autre Canal à 20 h 30

JEUDI11 OCTOBRE

APÉRO JAZZQuai n°5 La Fabrique à 18 h (gratuit)

APÉRO JAZZArk Le Georges café à 18 h (gratuit)

Orchestre National de Barbès + Nneka + Band of Gypsies Chapiteau à 20 h

Tony Tixier 4tet avec Logan Richardson + Enrico Rava 5tet La Manufacture à 20 h 30

Mexican Institute of Sound + Bob Morlock Lucha Libre Magic Mirrors à Minuit

page 2 30 septembre 2012

BAND OF GYPSIES LE TON DES GITANS

NJP-2012n.indd 2 24/09/2012 13:58:35

DANIEL HUMAIRLA BAGUETTE DU CHEF

Il y a vingt ans, Taraf de Haïdouks (traduction “l’or-chestre des bandits d’honneur“) sortait son album majeur : “Band of gypsies”. C’est sous le même nom que deux décennies plus tard, ce groupe de musique tsigane (créé en Roumanie) reprend la route en s’associant avec la fanfare macédonienne du Kocani Orkestar. Soit une trentaine de musiciens qui jouent le feu, attisent les braises du volcan des “Balkans”. D’un côté, un contingent de violons et d’accordéons du Taraf, de l’autre l’armée de cuivres du Kocani, qui forment un “big band balkanique”. Un croisement qui provoque forcément des étincelles sur scène, transformée en champ de bataille, ou en bacchanale, c’est selon, que ne renierait pas le réalisateur Emir Kusturica. Cette confrontation ne se limite pas à une resucée du passé, le répertoire comporte de nouvelles pièces, mais qui puisent évidemment aux sources des sons pan-balkaniques :

musiques traditionnelles des campagnes roumaines, pop urbaine même, ballades médiévales, musique de fanfares orientales, le tout sur fond d’infl uen-ces turques, grecques, juives voire indiennes. Un cocktail prêt à exploser, et qui, si l’on se glisse en coulisses, se veut davantage une “arme” de paix, une main tendue entre les peuples de cette région souvent décrite comme une poudrière. Car si les deux groupes sont composés de musiciens roms et produits par un label belge (Crammed Disc), ceux du Taraf sont chrétiens orthodoxes, tandis que ceux du Kocani sont musulmans, descendants des Ottomans. Un bel exemple de fraternisation, où l’on s’exprime dans des dialectes propres aux tsiganes, et grâce à la musique, qui n’adoucit pas seulement les mœurs, mais se perpétue aussi comme “langage universel”.

X. F.

La légende vivante de la batterie revient entourée de trois jeunes musiciens virtuoses.Avec le temps, l’impavide Daniel Humair attrape quelque chose du Bouddha et du moine chartreux. N’étaient ses mains manifestement aux prises avec le diable, jouant avec lui une partie compliquée ? Daniel Humair s’intéresse aux sons du jour, au présent. Il ne regarde pas en ar-rière, et son statut de meilleur batteur français, membre d’une équipe de France jazz de rêve, les Jeanneau, Texier, Sclavis, Jenny-Clarke et autres Portal, le laisse de marbre. Non, ce qui l’intéresse, c’est de porter de nouveaux projets, de nouveaux thèmes et impros, de chercher de nou-velles alchimies pour tout l’or des sons, avec de jeunes musiciens. Comme l’an

dernier, mais cette fois en leader, il revient à NJP en quartet, avec le saxophoniste Emile Parisien, le contrebassiste Jérôme Regard et l’accordéoniste Vincent Peirani. Qu’on ne se trompe pas. Humair n’est pas le Pygmalion de ces jeunes gens, il a choisi de vrais talents, peut-être moins connus que d’autres, outre-Atlantique, car avec un certain snobisme, les Français subissent un peu comme d’autres la dé-cote des engeances aimant les notations pour des raisons de méconnaissance et de cuistrerie... Humair en s’intéressant à aujourd’hui donne à écouter la couleur des mélodies de demain.

Guillaume MAZEAUD

C’est au son de la trompette qu’Enrico Rava a fait sa place au jazz en Italie. Né en 1939, d’abord séduit par le style Nouvelle-Orléans, il comprit qu’il se passait autre chose quand il entendit Miles Davis en concert à Turin. Il en laissa tomber le trombone pour la trompette et entama une brillante carrière le menant à jouer dans les années 60 avec les pianistes Mal Waldron, Carla Bley, avec Steve Lacy, et bientôt toute la crème de l’avant-garde de la période suivante, Cecil Taylor, Charlie Haden, Archie Shepp, Lee Konitz... Pour cela, il s’était installé à New York, capitale aussi indispensable au jazz que ne l’était Paris pour les arts plastiques au début du siècle dernier... Comme leader, il joue long-temps avec le guitariste John Abercrombie, mais aussi dans diverses formations, y compris les big bands. Il continuera dans cette voie une fois rentré en Italie ou son talent et son expérience en font l’incontestable fi gure de proue de la scène jazz italienne. Aujourd’hui, Enrico Rava joue en quintet, entre autres avec le pia-niste Stefano Bollani dont les festivaliers nancéiens ont pu apprécier le talent l’an dernier. Enrico Rava, avec la gaieté naturelle au peuple italien, ne se prend pas non plus la tête, et pratique un jazz particulièrement éclectique d’une façon élégante et naturelle.

G. M.

© N

ico

las

AD

RIA

NI

30 septembre 2012 page 3

ENRICO RAVA JAZZ À L’ITALIENNE

BAND OF GYPSIES LE TON DES GITANS

ENRICO RAVA JAZZ À L’ITALIENNE

NJP-2012n.indd 3 24/09/2012 13:58:48

page 4 30 septembre 2012

10 > 20 OCTOBRE 2012WWW.NANCYJAZZPULSATIONS.COM

VENDREDI12 OCTOBRE

Professor + Raggasonic + Steel Pulse Chapiteau à 20 h

Das Kapital + Thomas Enhco trio La Manufacture à 20 h 30

Original Song + Daniel Darc Le Hublot à 20 h 30

SAMEDI13 OCTOBRE

King Charles + Rover L’Autre Canal à 20 h

CE2 Polars + Gregory Porter La Manufacture à 20 h 30

Nina Attal + Carolina Chocolate Drops*+ Popa Chubby Chapiteau à 20 h

DANIEL DARC « ON IRA TOUS AU PARADIS »

Depuis une décennie, l’ex-chanteur de Taxi Girl est revenu à la vie. Et à la scène. En solo et avec des albums poignants comme le dernier “La taille de mon âme”.- Que représente le jazz pour Daniel Darc ?- Je n’écoute pratiquement que de la country, du jazz et du blues. Ma vie a changé lorsque j’ai dé-couvert Coltrane et Albert Ayler. J’écoute encore beaucoup Ornette Coleman, Lester Young... Quand j’étais môme, mon père écoutait du swing, les Benny Goodman, Glen Miller. Mais moi, j’ai bifurqué vers Coltrane.- Vous avez “mal tourné” ensuite, basculant vers le rock... Pourquoi pas le jazz ?- Le jazz pour moi, c’est comme la littérature. Au départ, je voulais être romancier, puis quand j’étais môme, je voulais être soit guita-riste de rock, soit trompettiste de jazz. Je me souviens : mon père m’avait acheté deux 45 tours à l’époque, à Barbès, et on en avait eu un gratuit. Il avait pris un Dizzy Gillespie, un Erroll Garner, et moi j’avais choisi Elvis Presley, King creole. Oui, je voulais être guita-riste de rock mais je n’ai jamais su jouer de la guitare, ou trom-pettiste mais je n’ai jamais su non plus souffl er dans une trompette. Le jazz, comme la littérature, me semblait hors de portée.- Il n’y a jamais eu de tentative ?- Si, j’ai fait des trucs qui ne sont jamais sortis, à l’époque de ce

mouvement à New York, avec les Lounge Lizard par exemple. Des concerts avec des potes, mais ça n’a jamais été enregistré... C’est marrant de parler de ça puisque je vais retravailler avec Daniel Yvinec (directeur de l’Orchestre national de jazz, habitué du NJP), on va bientôt faire des choses ensemble...- Comment allez-vous vous greffer à un tel univers musical ?- Je n’ai pas trop le profi l, c’est vrai, mais des gens comme Tom Waits constituent un pont que je peux suivre... Ou faire des trucs comme Babs Gonzale (jazz-bebop).- Est-ce un besoin de s’ouvrir vers de nouveaux horizons ?- Non, je fais juste ce que j’ai en-vie de faire. Le jazz, c’est quand même aussi mon univers... Au clavier, avec moi, il y a Kalim B. , qui joue aussi de la fl ûte et du saxo, il sera sur le prochain album dont on démarre l’enregistrement cette semaine (*). Donc, il y aura du jazz...- Plusieurs vies, plusieurs carriè-res. A quel stade en est Daniel Darc ?- J’espère qu’il y a encore plein de choses à faire. Je n’ai plus envie d’attendre entre chaque album. J’aimerais bien faire un album par an et le reste du temps, tourner.

Des groupes comme Creedence en sortaient deux par an. C’est jouable...- Qu’est-ce qui vous a sauvé ?- Le rock. Pas la religion, car je suis plutôt iconoclaste. Je suis croyant mais je n’ai pas envie d’en faire un fonds de commerce. Je crois qu’on ira tous au paradis (NDLR : et pas en enfer, comme Richard Hell, sur sa chanson-phare “J’irai au paradis”) je pense que mon prochain album, comme “La taille de mon âme” sera lumineux, joyeux. Car je traverse une période de ma vie plutôt heureuse, je suis amoureux et débarrassé de différentes addictions.

Propos recueillis par Xavier FRÈRE(*) Cette interview a été réalisée

début septembre.

C’est un vaisseau pop très “british” qui s’ar-rimera à L’Autre Canal le samedi 13 octobre, avec deux révélations. Un vrai briton, mais un faux roi, nommé “King Charles”, proche de Charlie Winston, et qui vient de sortir un premier album échevelé, où s’emmêlent pop, afrobeat ou glam. L’autre belle surprise de ce plateau sera constituée par Timothée Régnier, faux briton lui, mais vrai chanteur/baroudeur/acteur français très infl uencé par la pop anglo-saxonne. Sous le nom “Rover”, il a lui aussi sorti un premier très bel album éponyme où il prend clairement comme modèle musical le groupe new-yorkais Interpol. Il y a pire.

Steel Pulse et RAGGASONICUne date à marquer à l’encre rouge pour les amateurs du genre, vendredi 12 octobre, sous le chapiteau, où aura lieu la soirée reggae. Cette fois, c’est un peu la séquence nostalgie avec en première partie Steel Pulse, un groupe de Birmingham qui pratique le reggae depuis près de quarante ans. Le groupe s’est constitué en 1975 dans le ghetto noir de Birmingham, en Angleterre, alors que ce style imposé par Bob Marley et ses Wailers est à son apogée. Le message distillé est alors très politique et revendicatif. Il le reste, grâce au leader David Hinds, survivant des origines du groupe avec

Selwyn Brown. Les Steel Pulse ont crevé l’écran en 1985 avec un Grammy Award pour Babylone Bandit, et encore en 2004 avec African Holocaust en 2004. Il en est un peu de même pour Raggasonic, reformation en 2010 d’un ensemble mythique qui s’est imposé dans les milieux underground pari-siens dès 1990. Ses deux leaders emblématiques sont Big Red et Daddy Mory, très proches d’IAM, NTM, MC Solar. Leur ragga est fortement teinté de culture urbaine à base de hip-hop et de rap et revendique des messages politiques issus de la banlieue. Red et Mory ont poursuivi leur carrière en solo au début du nouveau millénaire, mais leur réunion à NJP intéressera tous les fanatiques de Raggasonic...

ROVER/KING CHARLESLA BRIT TOUCH

Phot

o D

R

●●●●●

Pour les apéros jazz des 12 et 13 octobre, se reporter au programme général en pages 6/7.

NJP-2012n.indd 4 24/09/2012 13:58:55

ROVER/KING CHARLESLA BRIT TOUCH

POPA CHUBBY CITY BLUESLe New-Yorkais sera précédé

d’une douceur surannée : Carolina Chocolate Drops.

Il est cool

PORTERA NJP, on aime bien les voix, la soul, et il y a toujours un soir, ou plusieurs, où l’on est bien servi. Ce sera entre autres à la Manufacture, avec un étonnant chanteur crooner et blues-man, Gregory Porter. Cet admirateur cagoulé de Nat King Cole a un physique de déménageur. Et à ce titre, si ses goûts musicaux ne l’avaient pas trahi, il serait devenu peut-être une star du football américain, sport réservé aux gros balèzes. Gregory le Californien a préféré chan-ter. Et c’est bien, car côté hommes, il n’y a pas pléthore de vedettes. Vocation tardive, repéré par Wynton Marsalis en personne, Gregory est une révélation de l’Académie du Jazz en 2011. Il ne se contente pas de jouer la musique des autres, puisque son dernier titre, “Be good”, comporte trois quarts de thèmes originaux. Faux dur, Gregory Porter est au contraire très fl eur bleue, la couleur du blues, mais il a d’abord baigné dans le gospel et la soul de Marvin Gaye

entre autres. Gregory Porter était l’hôte de Jazz à Vienne cet été. Il n’est que justice qu’il fasse un crochet par Nancy...

© C

lay

Patr

ick

MC

BR

IDE

© V

ince

nt

Soye

z

© P

hili

pp

e LE

BR

UM

AN

Daniel Darc n’est-il pas le dernier poète-rockeur de la scène française ?

●●●●●

Punk puis rockeur... Popa Chubby a trouvé sa voie dans le blues.

●●●●●

Pop rock nostalgique pour Rover.

Gregory Porter, baryton un tantinet fl eur bleue.

●●●●●

●●●●●

30 septembre 2012 page 5

Avec quelques kilos en moins, mais il faisait déjà son poids, NJP l’avait déjà accueilli il y a tout juste vingt ans. Il n’a depuis jamais cessé de hanter la scène française et européenne, où son talent et son énergie ont constamment séduit. C’était la révélation du blues blanc new-yorkais, un blues urbain, né dans le Bronx, assimilant de nombreuses infl uences, y compris le rap naissant, mais aussi le punk-rock.Ce guitariste, qui est à lui seul l’ambassadeur du blues new-yorkais, dirige sa propre maison de production. Très fortement infl uencé par Willie Dixon, et des guitaristes comme Jimi Hendrix ou encore Albert King, Popa Chubby, né Ted Horowitz, est aussi un collectionneur de Fender, la guitare de Jimi Hendrix, dont il reste un adepte. Comme lui, il est tout à la fois une icône

blues, jazz et rock and roll, sans jamais éprouver le besoin de se ranger dans un genre. Le bonhomme a une surface suffi sante pour tout absorber !Après Nina Attal, mais avant Popa Chubby, une friandise venue du pied des Appalaches : Carolina Chocolate Drops. Car cette formation issue du vieux Sud, étudiants (deux gar-çons et une fi lle) qui se sont rencontrés dans une université de la Caroline du Nord, est la vivante objection à l’idée que le banjo, comme la country, sont des trucs de Blancs racistes dégénérés. Leur musique, qui revisite le répertoire des black string-band des années 30, est plaisante, comme un vin de terroir vieilli au frais.

Guillaume MAZEAUD

NJP-2012n.indd 5 24/09/2012 13:59:02

DEMANDEZLE PROGRAMME !

L’ELECTROà la sauce “Avant-Garde”Plus de NJP sans soirée electro. Normal. Incontournable. L’electro, si elle s’est immiscée dans toutes les strates des autres styles présents à NJP (rock, jazz) se doit aussi d’avoir son pro-pre plateau. L’an dernier, Yuksek en tête avait enfl ammé l’Autre Canal. Pas d’aussi grosse tête d’affi che cette année, mais un cortège pointu de ce qui se fait de mieux en la matière. C’est une as-sociation nancéo-lyonnaise - « Avant-garde » - qui a sélectionné les prometteurs Juveniles (electro pop/new-wave), le talentueux College (moitié de Sexy Sushi), Popof en DJ set et sa techno miminale et aérienne, ou Danger dont le show promet d’être épique. Mais le plus attendu de la soirée sera sans doute celui qui vient de sortir un album encensé de tous, Para One, autrement dit Jean-Baptiste de Laubier, d’abord producteur de hip-hop (TTC) mais qui a effectué un brillant virage vers l’electro.

X. F.

Juveniles + College + Popof + Danger + Para One, samedi 13 octobre, L’Autre Canal à 22 h 30.

> L’édition de Nancy Jazz Pulsations à lieu du 10 au 20 octobre 2012. Points de location à Nancy : boutique Nancy Jazz Pulsations (106, Grande Rue à Nancy), Le Hall du Livre, Fnac, offi ce de tourisme, Librairie Chapitre, salle Poirel, L’Autre Canal et Théâtre de la Manufacture.Et sur les réseaux : www.digitick.com, 0 892 700 840 ; Francebillet 0 892 68 36 22, www.fnac.com ; Ticketnet 0 892 390 100, www.ticketnet.fr

> Billetterie :• Tarif réduit : étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d’emploi• Tarif “groupes” : comités d’entreprise et groupe de 10 personnes. Uniquement en vente à la boutique NJP.> Les abonnements :• Pass “Open Chapiteau” : 3 concerts différents au choix au Chapiteau (hors concert de Melody Gardot). Contremarque à échanger le premier soir à la caisse du Chapiteau. Offre limitée. Tarif plein 57 € ; tarif réduit 52 €.• Pass “Soirée 19 octobre (Chapiteau + Magic)”Melody Gardot + The Headhunters/Lee Fields and The Expressions + Magic Mirrors. Offre limitée.• Couplé “Chapiteau + Magic”

- Mardi, mercredi et jeudi : billet Chapiteau + 4 €

- Vendredi et samedi : billet Chapiteau + 5 €(Offre limitée).

• Couplé “L’Autre Canal + Magic”- Samedi 13 octobre (20 h) : billet l’Autre Canal + 5 €- Vendredi : billet l’Autre Canal + 5 €(Offre limitée)

> Information et vente par correspondance :NJP - 106, Grande Rue 54000 Nancy, tél. [email protected] vos billets en ligne et imprimez-les à domicile ou téléchargez-les sur votre mobile : www.nancyjazzpulsations.com

PRA

TIQ

UE

Didier LOCKWOOD.

SAMEDI 6 OCTOBRE 18 h 30 - BARS DE NANCY

NANCY JAZZ POURSUITE

MERCREDI 10 OCTOBRE 18 h - LA FABRIQUE

APÉRO JAZZ : CÉLINE BONACINA TRIO (GRATUIT)

18 h - LE ROYAL APÉRO JAZZ : LES CHAPEAUX NOIRS (GRATUIT)

20 h 30 - LA MANUFACTURE ROSETTE + DANIEL HUMAIR NEW REUNION

20 h 30 - L’AUTRE CANAL AZIZ SAHMAOUI & UNIVERSITY OF GNAWA + ZITA SWOON GROUP + STAFF BENDA BILILI

20 h 30 - LE HUBLOT CHICKEN DIAMOND + CANNED HEAT

JEUDI 11 OCTOBRE 18 h - LA FABRIQUE

APÉRO JAZZ : QUAI N°5 (GRATUIT)

18 h - GEORGES APÉRO JAZZ : ARK (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU ORCHESTRE NATIONAL DE BARBÈS + NNEKA + BAND OF GYPSIES

Minuit - MAGIC MIRRORS MEXICAN INSTITUTE OF SOUND + BOB MORLOCK LUCHA LIBRE

20 h 30 - LA MANUFACTURE ENRICO RAVA 5TET + TONY TIXIER 4TET AVEC LOGAN RICHARDSON

VENDREDI 12 OCTOBRE 18 h - LA FABRIQUE

APERO JAZZ : MICHEL REIS TRIO (GRATUIT)

18 h - BARABAS APERO JAZZ : ASTRID PAYMAL (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU PROFESSOR + STEEL PULSE + RAGGASONIC

Minuit - MAGIC MIRRORS FLYING TO JAMAÏCA : IRIE CREW + ASHER SELECTOR

20 h 30 - LA MANUFACTURE DAS KAPITAL + THOMAS ENHCO TRIO

20 h 30 - LE HUBLOT ORIGINAL SONG + DANIEL DARC

SAMEDI 13 OCTOBRE 18 h - LA FABRIQUE

APERO JAZZ : MIKE BONO 5TET (GRATUIT)

18 h - MAC CARTHY APERO JAZZ : GRÈVE GÉNÉRALE (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU NINA ATTAL + CAROLINA CHOCOLATE DROPS + POPA CHUBBY

Minuit - MAGIC MIRRORS JUNGLE BY NIGHT + TAL STEF

Le très attendu Para One.

Pho

to D

R

●●●●●

●●●●●

page 6 30 septembre 2012

PROGRAMME ! DIMANCHE 14 OCTOBREde 14 h à 19 h

(gratuit) CHAPITEAU

FLYING ORKESTAR + POKEY LAFARGE ET THE SOUTH CITY THREE + MOKOOMBA + R. WAN

MAGIC MIRRORS MTB CREW + HUGO F + ALEX TOUCOURT + SON DEL SALON

SCENE DU PARC LA CABANE À OUÏR + INLIGHT FEAT. NAPOLÉON MADDOX ET TOLI NAMELESS + AISSATE

ALLEES DE LA PEPINIERE MOUSSO DOUMS + JE PEUX PAS J’AI PISCINE + UNPINNED KILT + SAINT BRASS BAND DU LARD + LES CHARENTAISES DE LUXE

JARDINS DU GOUVERNEUR THE YOKEL + MAMIE ANASTASIE

TERRAIN DE SPORTS CIRQMU + FREAKS FRASQUES

KIOSQUE DE LA PEPINIERE THE BC’S + RED TOUCH + SOUNDLIKE+ LA CAGE AU FOLK

NJP-2012n.indd 6 24/09/2012 13:59:05

CONUSSN
Texte tapé à la machine

PÉP’ EN FÊTE !

20 h 30 - LA MANUFACTURE CE2 POLARS + GREGORY PORTER

20 h - L’AUTRE CANAL KING CHARLES + ROVER

22 h 30 - L’AUTRE CANAL RISE AND FOOL + SOVNGER + COLLEGE + JUVENILES + PARA ONE + POPOF + DANGER

20 h 30 - LE HUBLOT SKANNIBAL SCHMITT + BOBBY SIXKILLER + SKAFERLATINE

LUNDI 15 OCTOBRE 18 h - LA FABRIQUE

APERO JAZZ : TRIO ELECTRICO (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU MELL + CHARLIE WINSTON

20 h 30 - LA MANUFACTURE LIMOUSINE INVITE YODH WARONG + PIERRICK PÉDRON CHEERLEADERS

20 h 30 - OPÉRA BAPTISTE TROTIGNON + GONZALES

MARDI 16 OCTOBRE 18 h - LA FABRIQUE

APERO JAZZ : 4S (GRATUIT)

18 h - ô’PERES PEINARDS APERO JAZZ : MAY ORCHESTRA (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU KLUB DES LOOSERS + BLAKE WORRELL + THE COUP + YOUSSOUPHA

Minuit - MAGIC MIRRORS FOWATILE

20 h 30 - LA MANUFACTURE TRIO ENCHANT(I)ER + RUDRESH MAHANTHAPPA

20 h 30 - SALLE POIREL CAMILLE

MERCREDI 17 OCTOBRE 18 h - LE ROYAL

APÉRO JAZZ : JACQUES TELITTOCCI & GAËL LE BILLAN (GRATUIT)

18 h - BARABAS APÉRO JAZZ : CLAUDIO FAVARI (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU ROBERTO FONSECA + FILEWILE + BERNHOFT + ROBIN MCKELLE

Minuit - MAGIC MIRRORS OY + YAWAM DJ SET

20 h 30 - SALLE POIREL BARBARA CARLOTTI + EMILY LOIZEAU

JEUDI 18 OCTOBRE 18 h - GEORGES

APÉRO JAZZ : SUZAN & FRIENDS (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU LES WAYFARERS + EIFFEL + DIONYSOS

Minuit - MAGIC MIRRORS ORCHESTRE TOUT PUISSANT MARCEL DUCHAMP + ON VOUS PASSERA DES DISQUES

20 h 30 - SALLE POIREL C.J. CHENIER & THE RED HOT LOUISIANA BAND + ANDY MCKEE’S GUITARMASTERS AVEC ANTOINE DUFOUR ET PRESTON REED

VENDREDI 19 OCTOBRE 18 h - MAC CARTHY

APÉRO JAZZ : LE RINGO LORIER TRIO INVITE MATHIAS LEVY (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU MELODY GARDOT

22 h - CHAPITEAU THE HEADHUNTERS + LEE FIELDS AND THE EXPRESSIONS

Minuit - CHAPITEAU MAGIC MIRRORSELECTRIC EMPIRE + RKK

20 h 30 - L’AUTRE CANAL CAPTURE + REVOLVER + SÉBASTIEN TELLIER

SAMEDI 20 OCTOBRE 18 h - Ô’PERES PEINARDS

APÉRO JAZZ : DANIEL VISANI TRIO (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU GUILLAUME PERRET & THE ELECTRIC EPIC + MIKE STERN ET DIDIER LOCKWOOD BAND FEAT. DARRYL JONES & LIONEL CORDEW + MARCUS MILLER

Minuit - MAGIC MIRRORS LADY LINN AND HER MAGNIFICENT SEVEN + MANU BOUBLI ET CLAUDE SÉRIEUX

CONCERT HORS FESTIVALJEUDI 8 NOVEMBRE DOMINIQUE A

EN CO-PRODUCTION AVEC L’AUTRE CANAL NANCY

18 h - LE ROYAL APÉRO JAZZ : LES CHAPEAUX NOIRS (GRATUIT)

20 h 30 - LA MANUFACTURE ROSETTE + DANIEL HUMAIR NEW REUNION

20 h 30 - L’AUTRE CANAL AZIZ SAHMAOUI & UNIVERSITY OF GNAWA + ZITA SWOON GROUP + STAFF BENDA BILILI

20 h 30 - LE HUBLOT CHICKEN DIAMOND + CANNED HEAT

JEUDI 11 OCTOBRE 18 h - LA FABRIQUE

APÉRO JAZZ : QUAI N°5 (GRATUIT)

18 h - GEORGES APÉRO JAZZ : ARK (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU ORCHESTRE NATIONAL DE BARBÈS + NNEKA + BAND OF GYPSIES

Minuit - MAGIC MIRRORS MEXICAN INSTITUTE OF SOUND + BOB MORLOCK LUCHA LIBRE

20 h 30 - LA MANUFACTURE ENRICO RAVA 5TET + TONY TIXIER 4TET AVEC LOGAN RICHARDSON

VENDREDI 12 OCTOBRE 18 h - LA FABRIQUE

APERO JAZZ : MICHEL REIS TRIO (GRATUIT)

18 h - BARABAS APERO JAZZ : ASTRID PAYMAL (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU PROFESSOR + STEEL PULSE + RAGGASONIC

Minuit - MAGIC MIRRORS FLYING TO JAMAÏCA : IRIE CREW + ASHER SELECTOR

20 h 30 - LA MANUFACTURE DAS KAPITAL + THOMAS ENHCO TRIO

20 h 30 - LE HUBLOT ORIGINAL SONG + DANIEL DARC

SAMEDI 13 OCTOBRE 18 h - LA FABRIQUE

APERO JAZZ : MIKE BONO 5TET (GRATUIT)

18 h - MAC CARTHY APERO JAZZ : GRÈVE GÉNÉRALE (GRATUIT)

20 h - CHAPITEAU NINA ATTAL + CAROLINA CHOCOLATE DROPS + POPA CHUBBY

Minuit - MAGIC MIRRORS JUNGLE BY NIGHT + TAL STEF

BARBARACARLOTTI.

30 septembre 2012 page 7

MOKOOMBA.

●●●●●

●●●●●

© S

tran

ge

Mile

na

- SO

FAM

- B

elg

ium

DIMANCHE 14 OCTOBREde 14 h à 19 h

(gratuit) CHAPITEAU

FLYING ORKESTAR + POKEY LAFARGE ET THE SOUTH CITY THREE + MOKOOMBA + R. WAN

MAGIC MIRRORS MTB CREW + HUGO F + ALEX TOUCOURT + SON DEL SALON

SCENE DU PARC LA CABANE À OUÏR + INLIGHT FEAT. NAPOLÉON MADDOX ET TOLI NAMELESS + AISSATE

ALLEES DE LA PEPINIERE MOUSSO DOUMS + JE PEUX PAS J’AI PISCINE + UNPINNED KILT + SAINT BRASS BAND DU LARD + LES CHARENTAISES DE LUXE

JARDINS DU GOUVERNEUR THE YOKEL + MAMIE ANASTASIE

TERRAIN DE SPORTS CIRQMU + FREAKS FRASQUES

KIOSQUE DE LA PEPINIERE THE BC’S + RED TOUCH + SOUNDLIKE+ LA CAGE AU FOLK

Pho

to D

R

NJP-2012n.indd 7 24/09/2012 13:59:09

10 > 20 OCTOBRE 2012WWW.NANCYJAZZPULSATIONS.COM

Que penser d’un garçon capable d’interpréter ses propres compositions au piano, en soliste parmi l’orchestre symphonique de la radio de Vienne, et d’en jouer d’autres, avec Feist, Daft Punk, un registre rock et électro où l’artiste fait le grand écart ?Gonzales, un Canadien comme son nom l’indique (!), habite en ce moment à Paris, mais on se doute bien que ce virtuose, qui tourne depuis une dizaine d’années est davantage un citoyen du monde, lui qui n’assigne aucune limite aux genres musicaux qu’il aborde. Un mélange qu’au fond les Américains raffolent. Son côté Paganini, “Chilly Gonzales”, comme il s’appelle lui-même en ce moment avec un doigt d’humour, l’assume parfaitement. Les connaisseurs de NJP se souviendront de l’avoir écouté à Nancy en 2005. Gonzales venait de sortir son premier grand œuvre, Solo Piano, qu’il faut aujourd’hui nommer I, car Solo piano II va sortir justement pour son retour en octobre à l’Opéra, lundi 15 octobre, en lieu et place d’Ahmad Jamal, autre génie du piano, qui a dû, fatigué, annuler toutes les dates de sa tournée en France. Entre ces deux pièces maîtresses, Gonzales s’est encore

Boute-en-train sur scène, l’Anglais, dans la foulée de son deuxième album, a tenté de laisser sur le bord de la route son “Hobo”. Un succès trop envahissant à la longue...- Comment avez-vous préparez l’après-Hobo (premier al-bum) ?- Chaque disque comporte ses défi s, même s’ils sont par-fois très divers. Pour le deuxième album (“Running still”), c’était très différent du premier. Je souhaitais d’abord être authentique avec moi-même, ne pas essayer de répéter le concept “hobo”, et je ne voulais pas être victime de mon succès. J’aurais sans doute pu me focaliser uniquement sur ce succès, plus que de vouloir m’exprimer en tant qu’artiste. Donc j’ai dû combattre contre mon désir commercial... Mais je n’avais pas peur !- En aviez-vous marre honnêtement de ne plus être Charlie Winston, mais seulement un “Hobo” ?- Oui, c’était un peu diffi cile de lâcher le personnage, parce que c’était important pour beaucoup de gens... Parfois, honnêtement, j’ai eu envie de le claquer. J’ai résisté parce que j’ai senti quand même que je devenais un produit... Le “hobo” est devenu un produit destiné au public, et j’avais l’impression qu’il ne m’appartenait plus, il était à eux. Comme un produit McDonald’s. Qui doit évidemment toujours garder le sourire. Etre un homme joyeux et donner toujours la même chose sur la scène, rien de neuf surtout. Ce n’est pas ma philosophie.- Pourquoi les Français ont-ils craqué pour vous ?- “Hobo” leur parle, peut-être parce que ça cause à leur esprit anticonformiste, il sort des sentiers battus. Et eux non plus, généralement, n’aiment pas suivre l’ordre établi...

- Vous sentez-vous un peu plus “Frenchie” aujourd’hui ?- Non, je me sens encore énormément anglais ! Je ne m’in-téresse pas d’ailleurs aux différences entre les cultures. Je pense qu’il y autant d’idiots en France qu’il y en a en Angleterre, et autant de belles personnes. Ces distinctions entre cultures peuvent constituer des poisons...- L’Angleterre, votre pays natal, a-t-elle enfi n reconnu votre talent ?- Ce n’est pas pareil du tout... Pour le second album, on ne l’a pas beaucoup poussé en Angleterre. Le premier a été un peu plus remarqué. Mais ça me va, je n’éprouve pas de frustration. J’aime rentrer à la maison, et faire ce que je veux en restant totalement anonyme, voir mes amis, et ne pas penser à “être Charlie Winston”. Ce qui me frustre un peu quand même, c’est que les Anglais pourraient eux comprendre mes paroles... alors que je sais qu’ici, les Français ne les comprennent pas du tout. Je ne vais pas passer ma vie à me lamenter, ça demande trop d’énergie... Moi ce qui m’intéresse avant tout, c’est d’être plus créatif, consacrer du temps aux gens qui me sont chers dans la vie...- Vous venez jouer dans un festival (initialement) de jazz. Que représente ce style musical pour vous ?- Je l’ai beaucoup étudié à l’université. Pour moi, le jazz représente une certaine forme de liberté, et sans doute, la source de la pop moderne actuelle...

Propos recueillis par Xavier FRÈRE

CHARLIE WINSTON « JE DEVENAIS UN PRODUIT »

© C

An

dre

w G

UR

A

Charlie Winston : « Pour mon deuxième album,

je souhaitais d’abord être authentique avec moi-même ».

●●●●●

GONZALESPIANO SEUL, GÉNIE MULTIPLE

LUNDI15 OCTOBRE

Apéro JazzTrio ElectricLa Fabrique à 18 h (gratuit)

Mell + Charlie WinstonChapiteau à 20 h

Limousine invite Yodh Warong + Pierrick Pédron CheerleadersLa Manufacture à 20 h 30

Baptiste Trotignon + GonzalesOpéra à 20 h 30

MERCREDI17 OCTOBRE

Apéro jazzJacques Telittocci and Gaël Le BillanLe Royal à 18 h (gratuit)

Apéro JazzClaudio FavariLe Barabas à 18 h (gratuit)

Roberto Fonseca + Filewile + Robin Mckelle and The Flytones + BernhoftChapiteau à 20 h

Barbara Carlotti + Emily LoizeauSalle Poirel à 20 h 30

Oy + Yawam dj setMagic Mirrors dès minuit

page 8 30 septembre 2012

NJP-2012n.indd 8 24/09/2012 13:59:20

Que penser d’un garçon capable d’interpréter ses propres compositions au piano, en soliste parmi l’orchestre symphonique de la radio de Vienne, et d’en jouer d’autres, avec Feist, Daft Punk, un registre rock et électro où l’artiste fait le grand écart ?Gonzales, un Canadien comme son nom l’indique (!), habite en ce moment à Paris, mais on se doute bien que ce virtuose, qui tourne depuis une dizaine d’années est davantage un citoyen du monde, lui qui n’assigne aucune limite aux genres musicaux qu’il aborde. Un mélange qu’au fond les Américains raffolent. Son côté Paganini, “Chilly Gonzales”, comme il s’appelle lui-même en ce moment avec un doigt d’humour, l’assume parfaitement. Les connaisseurs de NJP se souviendront de l’avoir écouté à Nancy en 2005. Gonzales venait de sortir son premier grand œuvre, Solo Piano, qu’il faut aujourd’hui nommer I, car Solo piano II va sortir justement pour son retour en octobre à l’Opéra, lundi 15 octobre, en lieu et place d’Ahmad Jamal, autre génie du piano, qui a dû, fatigué, annuler toutes les dates de sa tournée en France. Entre ces deux pièces maîtresses, Gonzales s’est encore

- Comment avez-vous préparez l’après-Hobo (premier al-bum) ?- Chaque disque comporte ses défi s, même s’ils sont par-fois très divers. Pour le deuxième album (“Running still”), c’était très différent du premier. Je souhaitais d’abord être authentique avec moi-même, ne pas essayer de répéter le concept “hobo”, et je ne voulais pas être victime de mon succès. J’aurais sans doute pu me focaliser uniquement sur ce succès, plus que de vouloir m’exprimer en tant qu’artiste. Donc j’ai dû combattre contre mon désir commercial... Mais je n’avais pas peur !- En aviez-vous marre honnêtement de ne plus être Charlie Winston, mais seulement un “Hobo” ?- Oui, c’était un peu diffi cile de lâcher le personnage, parce que c’était important pour beaucoup de gens... Parfois, honnêtement, j’ai eu envie de le claquer. J’ai résisté parce que j’ai senti quand même que je devenais un produit... Le “hobo” est devenu un produit destiné au public, et j’avais l’impression qu’il ne m’appartenait plus, il était à eux. Comme un produit McDonald’s. Qui doit évidemment toujours garder le sourire. Etre un homme joyeux et donner toujours la même chose sur la scène, rien de neuf surtout. Ce n’est pas ma philosophie.- Pourquoi les Français ont-ils craqué pour vous ?- “Hobo” leur parle, peut-être parce que ça cause à leur esprit anticonformiste, il sort des sentiers battus. Et eux non plus, généralement, n’aiment pas suivre l’ordre établi...

- Vous sentez-vous un peu plus “Frenchie” aujourd’hui ?- Non, je me sens encore énormément anglais ! Je ne m’in-téresse pas d’ailleurs aux différences entre les cultures. Je pense qu’il y autant d’idiots en France qu’il y en a en Angleterre, et autant de belles personnes. Ces distinctions entre cultures peuvent constituer des poisons...- L’Angleterre, votre pays natal, a-t-elle enfi n reconnu votre talent ?- Ce n’est pas pareil du tout... Pour le second album, on ne l’a pas beaucoup poussé en Angleterre. Le premier a été un peu plus remarqué. Mais ça me va, je n’éprouve pas de frustration. J’aime rentrer à la maison, et faire ce que je veux en restant totalement anonyme, voir mes amis, et ne pas penser à “être Charlie Winston”. Ce qui me frustre un peu quand même, c’est que les Anglais pourraient eux comprendre mes paroles... alors que je sais qu’ici, les Français ne les comprennent pas du tout. Je ne vais pas passer ma vie à me lamenter, ça demande trop d’énergie... Moi ce qui m’intéresse avant tout, c’est d’être plus créatif, consacrer du temps aux gens qui me sont chers dans la vie...- Vous venez jouer dans un festival (initialement) de jazz. Que représente ce style musical pour vous ?- Je l’ai beaucoup étudié à l’université. Pour moi, le jazz représente une certaine forme de liberté, et sans doute, la source de la pop moderne actuelle...

Propos recueillis par Xavier FRÈRE

CHARLIE WINSTON « JE DEVENAIS UN PRODUIT »

ÉMILY LOIZEAU L’AVENTURIÈRE FOLK

“L’autre bout du monde”, “Pays sauvage”, et aujourd’hui “Mothers & Tygers”. Emily Loizeau a une nouvelle fois choisi de s’évader pour ce nouvel album. Est-ce parce qu’elle possède la double nationalité (française et britannique) que ces envies d’ailleurs surnagent à chaque opus ? Sauf que le voyage est parfois intérieur et dou-loureux, comme sur “L’autre bout du monde”, album de la consécration en 2006 et largement autobiographique. Ce n’est, à cette époque, pas uniquement le disque qui touche le grand public mais également ses prestations scéniques, où l’émotion rivalise avec le rire, la poésie avec le délire. Car l’ancienne musicienne classique, bercée dans sa jeunesse et son adolescence par Brassens, Dylan et les Beatles, sait “jouer”, elle qui a hésité à bifurquer vers le théâtre.L’un de ses atouts est incontestablement de pouvoir jongler, justement, entre les deux langues, même si elle ne l’a pas tant mis à profi t pour tenter de développer une carrière internationale. Emily Loizeau, très présente dans le panorama de la chanson française depuis le début des années 2000, s’est surtout rapprochée de ses pairs, comme Jeanne Cherhal, ou Nina Morato, Franck Monnet ou Thomas Fersen. Sur son précédent album “Pays sauvage”, elle renforce son univers folk en invi-tant le groupe Moriarty, Herman Düne ou Danyel Waro. Un style musical qui colle parfaitement à

sa sensibilité, à son âme de poétesse, inspirée par la nature sans que ce cela ne soit une pose forcée, un paravent marketing. Une cohérence qui lui avait même valu la reconnaissance du milieu musical, avec le prix Constantin en 2009. Cette année-là, elle se produisait déjà au NJP à Nancy, et emportait les spectateurs dans ses bagages.

Xavier FRÈRE

Emily Loizeau, poétesse version grand large.

●●●●●

fait remarquer en composant la musique du lan-cement... de l’IPAD 2 par Steve Jobs ! Solo Piano II, dont NJP aura la primeur musicale en France, est une sélection d’une dizaine de compositions parmi la centaine qu’il a composée depuis 2004, enregistrées à Paris en décembre dernier.

Guillaume MAZEAUD

© D

ian

e SA

GN

IER

Véritable performer, le pianiste Gonzales revient à NJP avec Solo Piano II.

●●●●●

© A

lexa

nd

re IS

AR

D

Roberto Fonseca Cuba Yo !

Quoi de neuf à Cuba ? Le vieux sévit toujours, mais contrairement au communisme cubain, la musique cubaine se renouvelle constamment. Mieux même, l’unité du peuple se fait grâce à la musique, qui interdit à l’auditeur et au musicien de causer politique. Roberto Fonseca est de la jeune génération et vient de sortir un nouvel album : “Yo”. Chanteur, pianiste et organiste de 36 ans est atteint de frénésie funky sans rien lâcher des racines africaines que la Grande Ile a su merveilleusement préserver. De là à tra-vailler avec des musiciens africains, il n’y avait qu’un pas... Il vient à Nancy avec Baba Sissoko, prolifi que famille de percussionnistes et griots maliens de Bamako...

Roberto Fonseca : pianiste de la Havane.

© C

arlo

s PE

RIC

AS

GONZALESPIANO SEUL, GÉNIE MULTIPLE

30 septembre 2012 page 9

NJP-2012n.indd 9 24/09/2012 13:59:33