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1 La lettre de l’AARS Association des Amis de l’Art Rupestre Saharien No. 34 La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009) Gravures rupestres de Taghit (Atlas algérien) (Photo Xavier Moritz, 1960) Chers amis de l’AARS, Malgré tous les problèmes tou- chant les régions sahariennes, notre association est plus active que jamais, et ses publications sont de plus en plus reconnues par la communauté scientifique internationale. Pour 2009, mes souhaits les plus vifs visent donc le développement de nos travaux, et le retour d’une situation pai- sible dans l’ensemble du Sahara. Bonne année à tous! JLLQ Dear Friends of the AARS, Despite the many problems af- fecting the Saharan area, our association is more active than ever, and its publications are increasingly recognized by the international scientific com- munity. For 2009, my warmest wishes are therefore aimed to the development of our work, and the return of a quiet situation in the whole of the Sahara. Best wishes to you all, Sommaire — Summary — Sommario — Inhaltsverzeichnis Rencontres & Cahiers Éditorial ………………………………………………… 1 Vie associaative ………………………………………… 2-5 Assemblée générale 2008, Résumé des communications, Miscellanées sahariennes …………………………… 6-10 Annonces de colloques et autres événements Le guépart au Sahara Notes de lecture ……………………………………… 11-13 Il est temps de songer à nos prochaines rencontres, et de composer le contenu du pro- chain numéro de nos Cahiers . Merci d’envoyer vos proposi- tions de communications et d’articles à l’adresse du prési- dent: [email protected] It is time to prepare our next meeting, and to elaborate the next number of our Cahiers. Please send your proposals for commu- nications and papers to the presi- dent: [email protected] È tempo di preparare i nostri prossimi incontri, e di sviluppare il contenuto del prossimo numero di nostri Cahiers. Per favore tra- smetta le vostre proposte de co- municazione e articoli a l’indirizzo del presidente: [email protected] Editorial

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Page 1: 1 La lettre de l’AARS 34.pdfter les revenus de l’association la priorité reste l’augmentation du nombre d’adhérents plutôt que celle de la cotisation. L’AARS a reçu une

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La lettre de l’AARSAssociation des Amis de l’Art Rupestre SaharienNo. 34

La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)

Gravures rupestres de Taghit (Atlas algérien) (Photo Xavier Moritz, 1960)

Chers amis de l’AARS,Malgré tous les problèmes tou-

chant les régions sahariennes, notre association est plus active que jamais, et ses publications sont de plus en plus reconnues par la communauté scientifique internationale. Pour 2009, mes souhaits les plus vifs visent donc le développement de nos travaux, et le retour d’une situation pai-sible dans l’ensemble du Sahara.

Bonne année à tous!

JLLQ

Dear Friends of the AARS,Despite the many problems af-

fecting the Saharan area, our association is more active than ever, and its publications are increasingly recognized by the international scientific com-munity. For 2009, my warmest wishes are therefore aimed to the development of our work, and the return of a quiet situation in the whole of the Sahara.

Best wishes to you all,

Sommaire — Summary — Sommario — Inhaltsverzeichnis

Rencontres&

Cahiers

Éditorial ………………………………………………… 1Vie associaative ………………………………………… 2-5 Assemblée générale 2008, Résumé des communications,

Miscellanées sahariennes …………………………… 6-10 Annonces de colloques et autres événements Le guépart au SaharaNotes de lecture ……………………………………… 11-13

Il est temps de songer à nos prochaines rencontres, et de composer le contenu du pro-chain numéro de nos Cahiers. Merci d’envoyer vos proposi-tions de communications et d’articles à l’adresse du prési-dent: [email protected]

It is time to prepare our next meeting, and to elaborate the next number of our Cahiers. Please send your proposals for commu-nications and papers to the presi-dent: [email protected]

È tempo di preparare i nostri prossimi incontri, e di sviluppare il contenuto del prossimo numero di nostri Cahiers. Per favore tra-smetta le vostre proposte de co-municazione e articoli a l’indirizzo del presidente: [email protected]

Editorial

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)2

assoziativEs lEbEn – Community Life A A R S M e e t i n g 2 0 0 8 — R i u n i o n e A A R S 2 0 0 8

Compte-rendu de l’assemblée Générale

du vendredi 2 mai 2008

à la Chaux-de-Fonds

Le président ouvre la séance en regrettant l’absence de Brigitte Choppy et de Gérard Jacquet pour des raisons de santé, ainsi que de Patrick Dumoulin et Martine Linarès, pour des motifs pro-fessionnels. Mark Milburn avait prévenu qu’il devait se trouver ailleurs à la même époque, de même que Fritz Berger, retenu par la cérémonie des 100 semestres de l’École des Mines d’Aachen (Aix-la-Chapelle).

approbation du compte-rendu de l’assemblée générale de

2007 tenue à Pinerolo (italie) Sur 173 membres inscrits au fichier, 147 sont à jour de leur coti-

sation pour 2008, 50 sont présents, et 5 pouvoirs ont été envoyés : le total des voix se monte à 55 personnes. Le compte-rendu de l’AG de 2007 est approuvé à l’unanimité.

Rapport moral L’association de l’AARS fonctionne bien, ainsi que la Lettre et

les Cahiers mais le renouvellement des membres reste insuffisant, et le rajeunissement de la moyenne d’âge demeure souhaitable. Une large participation de tous les membres aux publications est vivement attendue : le Président se charge de la réalisation de la maquette des Cahiers, ce qui demande en gros un mois de travail, et regrette que le Cahier n°12 n’ait pu être réalisé à temps pour être distribué aux journées de l’AARS, ce qui aurait constitué une économie substantielle sur le poste des frais d’envoi.

Nos amis italiens, Fabio et Gianna Maestrucci, ont bénévole-ment réalisé des T-shirts décorés de peintures rupestres, des auto-collants et des insignes de l’AARS qu’ils proposent à la vente au profit exclusif de l’association, ce qui est une excellente idée.

Le rapport moral est voté à l’unanimité moins une abstention.

Rapport financierLe trésorier remercie vivement Nicole Honoré pour la vérifica-

tion des comptes.Au 31 décembre 2006, le solde positif était de 4.612,83 €. Les recettes de l’année 2007 ont rapporté 6.585,30 €. Le total des

dépenses courantes s’élève à 5.260,89 €Le solde au 31 décembre 2007 est de 5.937,24 €.Le solde intermédiaire au 2 mai 2008 est de 11.283,43 €.

Frais de fonctionnement : La cotisation est maintenue à 35 € ; en effet, pour augmen-

ter les revenus de l’association la priorité reste l’augmentation du nombre d’adhérents plutôt que celle de la cotisation. L’AARS a reçu une vingtaine d’adhésions en 2007 et n’en a perdu que 9 au lieu de 30 en 2006. La fabrication des Cahiers n° 11 a coûté moins cher que les précédents grâce à l’impression par LULU.COM pro-posée par notre président.

À partir de 2008, par suite d’un changement de police, l’assu-rance coûtera moins cher

L’envoi des Lettres de l’AARS en haut débit représente aussi une économie intéressante.

Le rapport financier est approuvé à l’unanimité moins une abs-tention.

Renouvellement du bureauLes membres sortant du bureau sont : La secrétaire Pauline de Flers. Le trésorier Jean Claude Friquet. L’assesseur Nicole Honoré. L’assistant Web Patrick DumoulinAldo Bocazzi et Gérard Jacquet ne se représentent pas au poste de

la gestion du site Internet.Sylvia Donon se présente au poste de responsable du site Inter-

net. Sont élus ou réélus :Pauline de Flers est réélue au poste de secrétaire à l’unanimité

moins une abstention.Jean-Claude Friquet est réélu au poste de trésorier à l’unanimité

moins une abstention.Nicole Honoré est réélue au titre d’assesseur à l’unanimité moins

une abstention.Patrick Dumoulin est réélu au titre d’assesseur pour deux ans à

l’unanimité.Sylvia Donon est élue à l’unanimité, moins une abstention, au

poste de responsable du site Internet, en remplacement de nos amis Aldo Bocazzi et Gérard Jacquet que nous remercions très vivement pour le travail réalisé.

les publications Les propositions d’articles ainsi que les communications effec-

tuées lors des journées de l’AARS doivent être envoyées avant le mois de septembre pour nourrir le prochain Cahier, et permettre un temps d’échanges avec les auteurs, pour les corrections ou mo-difications éventuelles. Les articles seront envoyés à Jean-Loïc Le Quellec sans mise en pages et illustrés de photos en haute résolu-tion 300 DPI, non retouchées, avec les souhaits exprimés à propos de la publication, ou éventuellement un deuxième fichier avec les retouches.

Réunion annuelle de 2009La prochaine réunion doit avoir lieu en France : Martine

Linarès a fait une proposition pour La Rochelle mais trop tar-divement, et son absence l’empêche de la présenter devant l’as-semblée selon l’usage : cette destination semble toutefois relati-vement peu appropriée sur le plan des distances et sous l’aspect financier. Saint-Rémy-de-Provence, proposé par Annie et Gérard Garcin, ne dispose pas encore d’une salle de réunion, en projet de construction ; ce sera pour 2012 !

Les souhaits de la majorité des participants se portent à nou-veau sur Joigny qui a laissé un excellent souvenir à tous. Le Doc-teur Gérard Germond aurait préféré attendre trois années de plus mais accepte cette charge avec joie: la proposition est acceptée avec enthousiasme et plaisir réciproque.

La demande officielle peut donc être faite. La date de l’As-cension retenue comme de coutume, les prochaines journées de l’AARS auront donc lieu le vendredi 22 et le samedi 23 mai 2009 en France à Joigny.

Le principe d’ateliers de formation, formulé par plusieurs mem-bres, intéresse l’assemblée, l’objet étant de coordonner les recher-ches, d’effectuer des typologies puis des inventaires. Pour en sim-plifier l’organisation, ces ateliers pourraient avoir lieu soit avant les réunions de l’AARS, le jeudi, soit après, le dimanche. Les pro-positions suivantes ont été évoquées :

— un atelier sur les styles (dont l’inflation égale le nombre de chercheurs, voire d’abris…);

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)3 Community Life – Vie assoCiatiVe

— un atelier de traitement et retouche des photos : D-Stretch, ImageJ… ;

— un sur la typologie des monuments funéraires, animé par Yves Gauthier ;

— un sur le dessin assisté par ordinateur (DAO) et les méthodes de relevés informatiques ;

— d’autres idées portent sur l’utilisation des bandes à haute réso-lution mises en ligne sur Google-Earth, la gestion et la comparaison des bases de données, l’utilisation de références et nomenclatures visant à la coordination des recherches.

Les souhaits et les candidatures seront recueillis par Pauline de Flers ([email protected]) qui fera le suivi de ces projets, notam-ment auprès de Gérard Germond pour permettre une organisation en temps voulu.

La séance est close et levée à 19h.

Résumé des communications présentées à la Chaux-de-Fonds

sylvia Donon«Images perdues de la Téfedest, de Mertutek à l’oued Ahor.»

Sont présentées des peintures caballines de l’Oued Ahor: ca-valiers, enclos, possibles tifinagh, magnifiques bovinés à robe très finement rayée de l’oued Ahor, avec une trentaine d’entre eux en perspective magistralement rendue. La précision des détails inclut les cils des yeux des bovins. À Wa-n-Tanut, ce sont d’autres bovi-nés au dessin très fin, à robe rayée et tachetée, mais aussi nombre de peintures qui n’apparaissent qu’après traitement numérique des photographies. Ti-n-Kabran laisse apparaître un lancier à cheval, à gauche du char au galop volant.

Frédérique Duquesnoy«L’analyse stylistique et statistique de l’art rupestre, dans le

cadre de l’étude du peuplement du Sahara central»

L’art rupestre est une production sociale, un artefact qui peut per-mettre de caractériser ses auteurs et de distinguer leur société parmi d’autres. La variabilité (thématique, technique, iconographique, topologique) des peintures est un avantage pour la caractérisation des auteurs. La méthode (analyse des correspondances multiples) est testée sur les figures de bovins de 18 sites publiés de l’Immidir (132 individus au total). Les groupes identifiés pourraient permet-tre des déductions quant à l’histoire (diachronique et synchronique) de l’occupation au sein d’un massif et d’un massif à l’autre. L’étude est à poursuivre avec un corpus plus important, incluant des analy-ses in situ et une analyse par SIG, pour aboutir sur des conclusions chronogéographiques.

bernard Fouilleux«Images nouvelles du Tassili-n-Azjer»

Techekelawen : Le personnage principal est du type juge de paix, avec un jet (de salive) sortant de la bouche. On connaît cela sur un autre personnage du même type à I-n-Itinen.

Il y a deux « masques » au-dessus du personnage dont les mains sont des têtes d’antilope.

Le lootori de Ti-n-Tazrift : une nouvelle vérification montre que les pattes de bœufs sont bien coupées par le peintre.

Wa-n-Asakamar: Scène des Têtes Rondes superposée à une scène bovidienne avec bœufs à cornage porteur.

aurel schmidt (écrivain) et Jörg Mollet (peintre) :«Umzeichnungen: synthétisation de traits significatifs des

gravures du Messak.»

Le point de vue choisi est artisitque, de façon à ce que les gra-vures parlent par elles-mêmes. Le but est de comparer les styles de gravures sur la base du relevé des contours afin de définir des formes spécifiques. En exemple, on peut citer la ligne des bubales qui part de l’extrémité de la corne haute jusqu’au bas de la patte arrière; c’est un choix artistique non imposé par le modèle naturel: c’est donc un choix culturel. L’analyse permet des rapprochements entre peintu-res et gravures, par exemple entre les bubales antiques d’I-n-Lalan et la gravure de bubale avec superposition féminine, publiée par Yves Gauthier. Les bovinés parés du Taleshut sont comparés aux vaches ornées de l’Inde. Les travaux des auteurs sont en ligne sur le site http://www.swiss.libyan.project/

Yves et Christine Gauthier«Objets et personnages énigmatiques du Fezzân»

Entre l’erg Titersin et la frontière algéro-libyenne ont été remar-qués des ortes de personnges « en violon » situés dans des enclos ou au-dessous. Les auteurs mentionnent également, entre autres gra-vures, un «ovale à cupule» au milieu d’un troupeau de bovinés de l’Aramat, des gravures de serpents semblables à celles du Taleshut, près d’un monument en corbeille à stèle centrale, deux ithyphalli-ques éjaculant tout se tenant au col (gravure). Parmi les peintures, un éléphant rappelant le style des Têtes Rondes, un théranthrope au contour blanc, à tête de lion, un anthropomorphe du type Tête ronde tenant une « raquette » à l’intérieur pointillé, un ovale des Têtes Rondes, un groupe d’anthropomorphes du même style, dont trois « joueurs de trompe » tenant cet instrument d’une main, et une sorte de palmette de l’autre, alors qu’un autre porte sa palmette à la ceinture et un objet en croissant sur la tête. De plus les auteurs présentent des peintures montrant une série de personnages dans des pirogues — le tout renouvelle grandement notre connaissance des images rupestres de cette région.

De la Tagant (Mauritanie), les conférenciers présentent des cava-liers aux montures à queue penniforme, caracolant près de cases à plan circulaire. Un ensemble comporte cinq cases, avec l’indication du sol, des décors muraux, des faîtières. Autour se trouvent de cu-rieux anthropomorphes qui semblent avoir six jambes (?). Sur un autre site, la présence de jarres dans un enclos a été notée.

Gerard Germond«Monuments à antennes à proximité d’Assa (Sud Marocain) :

une architecture bien particulière.»

Sont présentés des monuments à antennes de Djorf Lamarmou-ta (environs d’Assa, Sud du Maroc). Ils ont deux antennes et un très gros renflement central. L’orientation moyenne est un peu au-dessous du 90° (de 61 à 71°). Un rectangle de pierres plus grosses se trouve au centre de la concavité. Ce rectangle peut être doublé d’un arc de cercle réalisé en pierres posées de façon discontinue. À l’intérieur du renflement peuvent se trouver des motifs géométri-ques (cercles, lignes) en pierres alignées, d’un autre module, posées parmi celles du dallage. Les antennes mesurent de 26 à 160 mètres de long. L’antenne située du côté du Dra’a est généralement plus courte que l’autre.

iddir amara «L’art rupestre de la région des Nemencha (région de Tebessa).»

L’art rupestre de la région de Nementcha, en « territoire » cap-sien, est connu pour son art gravé sur plaquettes ou tests d’œuf d’autruche. Les « traits capsiens » ont été popularisés par Raymond Vaufrey. Un type fréquent est celui des chevrons, qu’on retrouve aussi sur des images rupestres. Dans le Djebel Dyr (calcaire): pein-

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)4 Vie assoCiatiVe – Vita assoCiativa

Sur la dalle de Ti-n-Smad dite « dalle au python » se trouve une autre femme à chapeau conique et robe longue, tenant par la main un petit personnage qui semble tenir une sorte de raquette à rapprocher de cel-les du Messak. Dans l’Oued Aridj (à I-n-Seluf, près du Djerat), deux femmes ont des coiffures du type « beehive hats ». À Ti-n-Tazaridt, deux personnages à chapeau conique (dont une femme certaine à droite) encadrent un autre personnage plus petit et sans chapeau. Malgré les différences, cette disposition rappelle un dispositif du Taleshut. Dans l’Awis se trouve la gravure d’une femme en position stéréotypée du type du messak: sa robe est décorée de lignes verticales, elle tient en longe un bovin à selle décorée et à franges. Malheureusement, cette scène a été reprise par des traits plus profonds et des piquetages plus récents qui la dénaturent quelque peu. Enfin, une femme en postition stéréotypée du type messakien se trouve dans les Aramat, au site de l’oued Badahawel, près de wa-n-Bedaïa. À Tissatin Karbetina se trouve encore un signe chiromorphe très soigné, environné de bovinés, et qui pourrait repré-senter une femme stylisée comme c’est parfois le cas au Messak.

Fabio Maestrucci & Gianna Giannelli«Arte rupestre nella regione dell’uadi Istanen

(Tadrart Acacus)»

Il s’agit d’images rupestres de la région de l’oued Istanenn, aux confins algéro-libyens. Les peintures du grand abri d’Istanen sont très dégradées. On note la présence de plusieurs chars, dont un tiré par des chevaux à la queue coupée court. Un panneau comporte sept chars, dont certains à peine visibles. Sur les panneaux à Têtes Rondes de Sakallem aparaissent (grâce au greffon DStretch) des personnages à peine visibles à l’œil nu sur le panneau. Plus à l’ouest, une gravure montre un personnage armé d’une lance et quatre girafes, près d’un arbre: l’homme semble se cacher derrière l’arbre pour approcher les girafes. Ailleurs, une frise de girafes fait face à un enchevêtrement de personnages, sur la même paroi qu’un char. Certains anthropomor-phes ont un profil et surtout une coiffure complexes qui rappellent ceux d’Iheren-Tahilllâhi ; il sont face à deux lions et associés à un boviné à robe rayée. Certaines gravures très fines (éléphant, girafe, antilope) sont à peine marquées sur la paroi.

andras zboray«Images rupestres nouvellement remarquées

dans le massif d’Uweynât»

Au Wâdi Handal se trouve un abri orné de peintures, avec aussi des gravures de personnages et de chasse à courre. Un autre abri montre des gravures de bovinés et trois mains positives, ainsi que de nombreuses autres peintures de bétail, et des personnages du style des Têtes Rondes d’Uweynât, un abri avec un sac en peau animale entière accroché au plafond, une sorte de carnivore (?) présentant certains caractères d’un félin (?). Sur le chemin du retour, vers le Karkur Talh, se trouve l’un des sites à Têtes Rondes d’Uweynât des mieux préservés de la région, avec des personnages comprenant de nombreux détails et ornements. Sur le plateau voisin du plateau Hassanein, un seul abri orné a été re-marqué. Il est à noter qu’une guelta existe sur ce plateau, tout comme sur celui du plateau Hassanein. Un abri à peintures est signalé au Wâdi Wahesh. Dans le sud du Karkûr Talh, plusieurs abris à peintures et des gravures en bas. Le plus grand d’entre eux comporte des personnages, des bovinés, et une main dessinée dont l’intérieur est orné de motifs géométriques.

Philippe Masy (et collaborateurs)«Les chars de l’Oued Djerat: historique et bilan actuel.»

Bilan de la littérature. Les données anciennes sont imprécises et peu nombreuses. Ainsi, les premiers auteurs n’ont pas signalé les chars à bœufs. La mission de Lhote date de 1959 mais les peintu-res n’ont pratiquement pas été publiées. Les gravures ont été pri-

ture-gravure d’un très grand aurochs, sur une paroi dominant l’oued Bousmane (ancienne découverte Le Dû). Le trait de la gravure est parfois rempli par la peinture. Ses dimensions sont à peu près les mêmes que celles d’un bœuf domestique actuel.

Christine Hemat«Têtes Rondes de la région du Meddak»

et «Quelques images de Ti-n-Abaro.»

Il s’agit d’une série d’images peu connues, parmi lesquelles se remarquent notamment des anthropomorphes, de probables « mas-ques » (?) à Wa-n-Eskar, des arceaux peints, des gazelles, et quelques images à vrai dire extrêmement énigmatiques.

Dans la région de Ti-n-Abaro on note surtout des figures de pal-miers, certains avec des personnages y grimpant. Cette région a éga-lement livré des anthropomorphes à têtes en bâtonnet et très lon-gues jambes, et un char au galop volant poursuivant une autruche.

nicole Honoré«Les archers masqués»

Présentation de l’ensemble d’Asadjhan wa-n-Mellen, avec d’utiles compléments documentaires, et rapprochements avec d’autres ima-ges du Messak et du Tassili, pouvant évoquer un motif récurrent: celui de « l’archer masqué ». Hypothèse intéressante, qu’il convien-drait de tester sur la base de critères précis.

Gérard lachaud«Les méharistes de l’Oued Djerat»

Il est clair qu’ils portent des armes métalliques, en particulier des poignards pendant de bras semblables à ceux que portent encore les Tubu. Mais le telek touareg se fixe au poignet, ce qui s’obser-ve sur des peintures de méharistes à Abezoz (Djerat). L’armement comprend aussi une épée droite à garde cruciforme semblable à la takuba actuelle des Touareg. Le méhariste d’Abezoz a été maculé d’argile. Il y a aussi au Djerât des cavaliers armés de lance, laquelle arme est aussi portée par des méharistes. Certaines lances du Djé-rat ont des barbelures, et parfois aussi la représentation d’un talon. Elles se rapprochent des lances des nobles touareg, à barbelures et talon spatulé. Les cavaliers du Djerat ont des petits boucliers ronds également portés par des méharistes et des piétons. Il y a quelques exemples de boucliers carrés, et quelques représentations d’armes à feu. Les selles sont variées: à pommeau et troussequin pour les chevaux, à pommeau losangé, en palette ou cruciforme pour les chameaux. En tout cas elles diffèrent des selles actuelles, qui ne sont jamais représentées. On note aussi plusieurs représentations de palanquins recouverts d’un voile et montrés de face sur un droma-daire de profil. L’équipement inclut encore des sacs de selle, l’écuelle métallique, les pompons décoratifs qui pendent des flancs du dro-madaire, la rène frangée.

susanne et Gérard lachaud«À l’Ouest du Messak: femmes à coiffure conique

et robe longue et bovinés associés.»

Les femmes à chapeau conique associées à des bovins du Mes-sak sont rapprochées de gravures du confluent de l’oued Oued Affer et de la grande dalle d’Abeior. Au Djerât, la femme au chapeau se trouve juste au-dessus d’un boviné associé à des têtes animales (dont un mouton) qui semblent « sortir » du boviné. Ce thème des animaux « sortant » d’un boviné se retrouve dans le voisinage au Djerat, mais aussi sur une peinture en style d’Ihe-ren-Tahillâhi de la région de Tadjelahin.

A A R S M e e t i n g 2 0 0 8 — R i u n i o n e A A R S 2 0 0 8

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)5 Community Life – Vie assoCiatiVe

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vilégiées dans la publication de 1976. Un peu en aval de Nafeg, un seul char porte des auriges avec deux boucliers ronds, dans une sceène de combat opposant des porteurs de boucliers ronds et des porteurs de boucliers semi-circulaires. Le personnage debout sur l’encolure des chevaux semble tout à fait intégré à la scène. Le bouclier rond a incité à placer ce char dans une période tardive du caballin. Trois lévriers au galop volant accompagnent le char dans sa course. À Ta-sigmet quatre chars sont actuellement vi-sibles, dont trois sont des triges. Un char dételé voit son timon maintenu par un per-sonnage assis. À Nafeg supérieur, à peu près en face de l’abri précédent, se trouve un autre char. Un autre char dételé et tiré par un personnage a été signalé par Lhote mais n’a pu être revu. Un troisième char dételé encore, porté par un personnage debout, se trouve sur un rocher en champignon, près de Nafeg. À Tasigmet, le panneau de l’abri des neuf chars à bœufs est maintenant très difficile à lire, la plupart des détails n’ap-paraissant que par un traitement informa-tique des photos. L’original de la scène du puits publiée par Lhote en 1966 n’a jamais été revu. Enfin, il y aurait sept chars gra-vés dans l’oued, dont un incomplet (?) et un dételé qui n’a pas été retrouvé. Quand l’aurige est figuré il est toujours en position très reculée, en arrière de l’essieu, contraire-ment à ce qui s’observe sur les chars peints au galop volant.

amel Mostefai«À propos des gravures en contexte

pictural: cas observés à Foufoua, Alagh-n-Dament et Ozan Ehéré»

Autour d’Ozan Ehéré (OH). Rien ne jus-tifie la vision d’une histoire du peuplement constituée de groupes sans autre rapport entre eux que la succession temporelle. Les anthropomorphes représentent une compo-sante dominante à Ozan Ehéré. Il existe une opposition dans le rapport des images des Têtes Rondes et les peintures bovidiennes entre OE I et OE II, cette opposition concer-nant tant les rapports de superposition ou d’évitement que la proportion d’anthropo-morphes montrés avec des organes sensoriels et sexuels, et alors aussi la proportion des hommes et des femmes. Le groupe d’Iheren-Tahillâhi est le seul à représenter majoritai-rement des personnages masculins, alors que dans les autres groupes les images explici-tement féminines sont majoritaires à envi-ron 90%. À OH I, de multiples incisions fines forment parfois des figures animalières (aurochs). De peintures d’OH II, réalisées en blanc ou en ocre violacé, pourraient être des variantes du thème des Kel Essuf gravés. L’analyse — actuellement en cours et qui fait l’objet d’un diplôme universitaire sous la direction de Jean-Loïc Le Quellec — doit prendre en compte l’existence de liens ténus

entre les divers groupes rupestres.

Marie Maka«Quelques rapports peu connus…»

Un plan d’aménagement a été étudié très tôt (1967-1968) par l’OCI pour développer le tourisme au Sahara, surtout au Tassili, en détaillant déjà les dangers encourus par les œu-vres (le mouillage systématique effectué par tous les visiteurs sur les conseils des guides locaux est évoqué, à tort ou à raison, dans les rapports de l’OCI). La solution préconisée fut la création d’un parc national. Lhote est intervenu pour la mise au point de la réglementation et pour in-diquer les limites de la zone à protéger. On fit appel à l’UNESCO et à Maranzi, restaurateur qui visita les sites en 1967, constata des détériora-tions et fit des essais de protection sur les fresques principales (d’où les rectangles vernis toujours vi-sibles sur certaines fresques). Maranzi suggéra de réunir un groupe de spécialistes pour discuter du problème. Le parc fut créé en 1972; il englobe la majorité des sites signalés par Lhote. En 1974, l’UNESCO envoie deux autres restaurateurs qui recollent, ou vernissent en partie, certaines fres-ques. Il recommandent de crééer un centre de conservation et d’étude des rupestres, selon une suggestion déjà émise par Lhote. En 1978, se tient le séminaire international sur la conservation des peintures. Lhote, présent, y est assez contesté. Les participants insistent beaucoup sur la néces-sité d’inventorier les sites et de mettre sur pied un programme de conservation. Jean Taralon, du la-boratoire de conservation de Champ-sur-Marne, est présent. Des contacts sont pris entre les auto-rités du parc et le ministère de la culture à Alger ; le labo de Champ-sur-Marne est contacté pour préparer les actions de conservation, et une mis-sion est organisée en ce sens en 1979. Le labo a travaillé sur ce programme jusqu’en 1986, et ces démarches témoignent d’une certaine continui-té. Entre temps, l’étendue du parc a été agrandie pour inclure, par exemple l’oued Djerat, Iherir et la Tadrart, et l’ensemble a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial. Il est à noter que Jean Tara-lon était déjà venu lors d’une mission d’un mois en 1961, comme inspecteur des monuments historiques, et avait rédigé un important rapport largement oublié depuis, et très difficile à trou-ver. Son rapport est particulièrement intéressant et pertinent. Sur la question des faux, il évoque les scènes complétées ou ayant subi des ajouts, mais considère que le gros des œuvres est authen-tique. Il défend l’usage de la photo et critique for-tement la tradition des relevés, tant pour leur (in)fidélité que pour leur impact sur la conservation. S’agissant de cette dernière, il aborde les mesures de protection, évoquant la dépose de peintures en vue de leur exposition dans un musée. Des écailles sont alors prélevées (où sont-elles ?), mais il abandonne cette idée, car le procédé de la dé-pose, bien maîtrisé dans le cas de vraies fresques murales, est inapplicable à l’art rupestre. Le rap-port conforte donc le principe de la conserva-tion in situ. La mise à l’écart de ce rapport est peut-être due au désaveu implicite du ministre (Malraux) dont on peut supposer qu’il aurait été

intéressé par un prélèvement destiné à un Musée parisien, ou même qu’il l’aurait suggéré, puisqu’il était commanditaire de la mission Taralon.

louis-noël viallet«Assemblages du Haut Meddak.»

Il s’agit d’images du Haut Meddak, rap-prochées de figures d’autres massifs sur la base de particularités stylistiques telles que rayures internes ou objets particu-liers, par exemple une sorte de goupillon (?). D’autres rapprochements peuvent s’effectuer sur la base de l’emploi récur-rent de stéréotypes graphiques, comme les moutons alignés à l’abreuvoir, ou d’acti-vités très particulières, comme ce qui res-semble à des scènes de vannage (?). Un théranthrope à grandes oreilles, en style d’Ihéren-Tahillâhi, se remarque devant le troupeau d’Amasela wa-n-Eskar.

Mark borda (communication in absentia présentée

par andras zboray)Un abri est signalé, au plafond orné de

très nombreuses peintures, notamment des personnages à deux yeux blancs rémi-niscents du style de Karnasahi, qui ne se retrouvent au’à Bû Hlega et dans le site dit « des Belges » à Karkûr Talh. Parmi les images remarquées dernièrement, on note un bovidé lardé de flèches par des personnages qui l’entourent, ce qui per-met de comprendre d’autres peintures jusqu’alors énigmatiques Karkûr Talh. Et bien sûr l’extraordinaire inscription hiéroglyphique mentionnant le « Pays de Yam », qui a été publiée dans le dernier numéro de la revue Sahara.

Gravure d’antilope probablement réalisée dans les années 1980 par M. Callet (v. p. 13).

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)6

M i s C E l l a n é E s s a H a R i E n n E s —Evènements

Colloque «Les Déserts d’Afrique et d’Arabie» :Environnement, climat et impact sur les populations

Colloque de l’Académie des sciences Tenu les 8 et 9 septembre 2008 à l’Académie des sciences, Institut de France, Paris.

Le thème était le suivant: Comment le Sahara est-il passé de ce que les scientifiques ont appelé le «Sahara vert» au désert actuel? Ce changement environnemental s’est-il reproduit à plusieurs époques du passé? Comment les populations se sont-elles adaptées? L’objectif de ce colloque, co-organisé par Anne-Marie Lézine, directrice de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (Gif-sur-Yvette) était d’expliciter les mécanismes de l’aridification du climat, à partir de données «nou-velles» sur les archives climatiques que recèlent les déserts. À partir d’exemples précis, les intervenants ont retracé l’évolution du climat, son impact sur les écosystèmes et ses implications pour les sociétés humaines.

«Ce colloque a recentré les problèmes climatiques sur les zones très sensibles que sont les régions ari-des et leurs marges. » annonce Hervé Le Treut, Membre de l’Académie des sciences et directeur du La-boratoire de météorologie dynamique à l’École normale supérieure. Les résultats, tirés de travaux récents entrepris au Sahara et dans les régions proches de l’Arabie et de l’Inde occidentale, y furent présentés. Les modèles de circulation atmosphérique, en particulier des moussons, ont été confrontés aux données d’archives. Les échelles de temps abordées allaient de l’année au million d’années.

Peut-on utiliser ces données pour prédire le futur? La question fut discutée lors de ce colloque qui a rapproché les points de vue de paléontologues, d’archéologues et de scientifiques du climat et de l’envi-ronnement. Les différentes périodes climatiques du Sahara ont été abordées, dont l’Holocène qui nous intéresse particulièrement à l’AARS, car elle cadre l’activité picturale des populations néolithiques saha-riennes. Le climat et l’environnement au Sahara ont été visités par :

- Guillaume Favreau et al. (Université Montpellier II) «Variabilité hydrologique du bassin du lac Tchad au cours de l’Holocène.»- Mathieu Schuster (Université de Poitiers) «Le bassin du Tchad : paléo-environnements du Sahara depuis la fin du Miocène (ca 10 Ma).»- Pierre Sepulchre et al. (Gif-sur-Yvette et LGGE Grenoble) «Evolution climatique en Afrique depuis le Miocène d’après l’exemple du lac Tchad.»- Julie Watrin et Anne-Marie Lezine (Gif-sur-Yvette) «Dynamique de la végétation dans l’Ouest africain au cours de l’Holocène : migration vers le Nord des plantes tropicales types, en direction du Sahara.»- Peter de Menocal (Earth Observatory of Columbia University) «La fin de l’Holocène moyen de la période africaine humide : données fournies par des carottes océaniques.»- Dick Verschuren (Université de Gent) «La fin de la période humide holocène dans le désert saharien hyper-aride du Nord du Tchad.»

Les modélistes ont présenté les communications suivantes :

- Christelle Hély et al. (Université Aix-Marseille) «Modèles de climat et de végétation : comment fonctionnent-ils par simulation de la fin de la période humide africaine ?»- Liu Zheng-Yu (Winconsin-Madison University) «À propos du changement brutal climat-écosystème de l’Afrique du Nord au cours de l’Holocène : modélisation, mécanisme, implication.»

La Relation homme-milieu au Sahara fut analysée par :

- Mauro Cremaschi (Université de Milan) «Exploitation du paysage dans un environnement la voie d’assèchement. Comparaison de deux études de cas : l’erg Uan Kasa et la vallée du Tanezzuft (Sahara Central, Sud-Ouest du Fezzan) de l’Holocène inférieur à l’Holocène récent.»

Pour plus d’informations, il convient de se reporter au site internet http://www.academie-sciences.fr et guetter la parution de PALEVOL — comptes rendus de l’Académie des sciences où seront publiés les articles des différents auteurs. Pour faire patienter ses membres en attendant cette publication, et à titre d’information, la Lettre de l’AARS leur fait connaître ci-après un choix de résumés publiés à l’occasion de ce colloque, et intéressant plus particulièrement les zones et périodes de production des arts rupestres sahariens. L’intégrale de ces textes est consultable sur le site de l’Académie.

PALEOLAKES AND PALEOCLIMATOL-OGY OF THE EASTERN SAHARA

Stefan Kröpelin

During the Early and Middle Holocene, the Eastern Sahara of Eastern Libya, Western Egypt, Northeast Chad and Northwest Sudan–pres-ently the largest hyperarid warm desert on earth–, has been dotted with hundreds of lakes. Most of them occurred in deflation basins that were hollowed out during the preceding Late Pleistocene arid phase, or in dune-blocked val-leys. The bodies of water ranged from small shal-low ponds with a surface of merely 100 m² in the Great Sand Sea of Egypt to the 5,000 km² and 20 m deep lake system in Northwest Sudan that we have named “West Nubian Paleolake”. Of all these paleolakes, only the tiny salt pool at Nukheila in the Sudanese desert and the few lakes at Ounianga Kebir and Ounianga Serir in Northeast Chad have persisted to the present day because of their exceptional hydrogeological setting.

North of latitude 22° N, the paleolakes were temporary rain-fed pools that were not supported by the regional sandstone aquifer and water-filled for weeks or months at best (so called “dry playas”). The siliceous mud of these seasonal to episodic lakes is typically void of any biological content. South of 22° N, there were mostly permanent freshwater lakes buff-ered by groundwater during the dry seasons and hence existing up to several millennia. Their carbonate deposits include a wide spectrum of microfaunal and microfloral remains, gastro-pods, bivalves and some 30 species of fish. The paleolake shores were the principal habitats of wildlife and prehistoric populations. Along with archaeological material and valuable indicators such as charcoal remains, the lacustrine deposits provide the key archives for reconstructing past environments and climate variations in the Sa-hara even if open water surfaces have covered but a minor percentage of the total landscape.

The combined geological and archaeological data suggest a consistent model for a coherent region of sub-continental scale throughout the Holocene. The onset of semi-arid conditions in the north and semi-humid conditions in the south at around 10,500 cal BP was controlled by monsoonal rainfall which shifted the desert margin up to 800 km further north. This funda-mental climatic change from terminal Pleistocene hyper-arid desert conditions to savannah-type vegetation and the formation of lakes and tem-porary rivers resulted in the rapid dissemination of wild fauna and the swift reoccupation of the entire Eastern Sahara by prehistoric populations. Relatively stable ecological conditions prevailed over the following 3,200 years until about 7,300 cal BP. The subsequent southward retreat of monsoonal precipitation can be tracked to the present by the discontinuance of aquatic depos-its at decreasing latitudes and by the distribution of occupation sites which both indicate gradual desiccation and environmental deterioration, notwithstanding transitory climatic fluctuations at the desert margins. This is irrefutable evidence that the dominating rains feeding the lakes and recharging the groundwater came from and re-treated to the tropical regions. Mediterranean winter rains have apparently only reached as far

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)7

M i s C E l l a n é E s s a H a R i E n n E s —as the Tropic of Cancer, especially during the Mid-Holocene period.

Pre-Holocene lithostratigraphic records from the Eastern Sahara remain scarce and poorly dated. They consist of erosional remains of indurated carbon-ate crusts and lakeshore ferricretes. The incomplete evidence suggests that dur-ing the last interglacial (Eemian / MIS 5; 130-75 ka BP) several episodes of major lake formation occurred that apparently were unparalleled during the Upper Quaternary climatic cycles. The assump-tion of uninterrupted aridity from early to postglacial periods remains a matter of controversy.

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THE END OF THE EARLY-HOLOCENE HUMID PERIOD IN THE HYPER-ARID SAHARA DESERT

OF NORTHERN CHAD

Dirk Verschuren

Desiccation of the Sahara since the Mid-Holocene has eradicated all but a few natural archives recording its transi-tion from the Early Holocene ‘green Sa-hara’ into the world’s largest hot desert it is today. A critical issue regarding this natu-ral, climate-driven desiccation is whether it was a slow process evolving over sever-al millennia, or a more abrupt change, i.e. completed within a few hundred years, that might point to important feedback processes between declining rainfall and vegetation dynamics. A uniquely continu-ous lake-sediment record from Lake Yoa in hyper-arid northern Chad has now permitted parallel reconstruction of the evolution of the local aquatic ecosystem and of terrestrial vegetation on the sur-rounding landscape over the past 6000 years. This multiple-proxy reconstruc-tion reveals a progressive drying of the region’s terrestrial ecosystem between 5600 and 2700 years ago, in response to gradually weakening northern-hemi-sphere summer insolation forcing of the African monsoon. This drying followed a logical ecological sequence, in which tropical grassland trees and herbs were first replaced by typical sahel vegetation, followed by loss of grass cover and es-tablishment of the modern-day sparse desert plant community. Lake Yoa’s aquatic ecosystem experienced a more abrupt transition from freshwater to hy-persaline conditions between 4200 and 3900 years ago, when a by then strongly reduced regional water balance interact-ing with site-specific hydrological thresh-olds stopped groundwater outflow and allowed salts to accumulate in the lake itself. Pollen- and dust-influx data indicate that the present-day regional wind regime with strong northeasterly trade winds blowing almost year-round through the Tibesti-Ennedi corridor was established around 2700 years ago. The Lake Yoa record illustrates the complex relation-ship between Saharan ecosystems and climate during Holocene aridification.

The documented gradual rather than abrupt termination of the African Humid Period in the eastern Sahara, indicating a relatively weak biogeophysical feedback of vegetation on climate, implies that the iconic record of Saharan dust deposition in the tropical Atlantic Ocean cannot be considered representative for landscape history throughout dry northern Africa.

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CLIMATE AND VEGETATION MOD-ELS: HOW DO THEY PERFORM IN SIMULATING THE END OF THE AF-

RICAN HUMID PERIOD?

Christelle Hély, Weipeng Zheng,

Pascale Braconnot

Paleoenvironmental studies carried out in tropical Africa have demonstrated that the Sahel and Sahara experienced strong variations in rainfall during the last thousand years. Holocene lake levels were 10-100 m higher than today, and the Lake Chad surface reached up to 340 000 km2. Tropical vegetation expanded northwards, decreasing the desert area. However, several examples in sedimenta-ry records illustrate successive « climate crises », developing over only a few years, inducing the drying out of lakes and sub-surface runoff. In particular, an “abrupt” change in the atmospheric circulation has been recorded off the Mauritanian coast 5500 cal BP illustrating the end of the African Humid Period (AHP) and the onset of the modern climate regime. The drying of environmental conditions through this large decrease in water avail-ability resulted in the retreat of tropical vegetation and the setting of modern, desertic conditions in the Sahara. How abrupt was the shift from moist to arid conditions is the matter of debate since the publication of the unique continen-tal paleo-archive of Lake Yoa by Kröpelin and co-authors (2008). They show that Sahara drying was in fact a gradual proc-ess developing between 5600 and 2700 years ago.

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LANDSCAPE EXPLOITATION IN A DRYING ENVIRONMENT. TWO CASE STUDIES COMPARED: THE ERG UAN KASA AND THE TANEZ-ZUFT VALLEY (CENTRAL SAHARA, S.W. FEZZAN) FROM EARLY TO

LATE HOLOCENE

Mauro Cremaschi

The Erg Uan Kasa and the wadi Tanezzuft valley border respectively the east and the west fringes of the Tadrart Acacus mountains and similarly to this area, well known for the rock art galleries, they were densely populated all over the Saharan Prehistory. Due to their specific physiographic characteristics, these areas reacted in a different way to the Holocene climatic changes and the human groups settled in them gave rise to complex mod-els of adaptation to the drying environ-

ment. The erg Uan Kasa enjoyed a large water supply during the Early and Middle Holocene, both by intensified monsoon rain and for the improved discharge of watercourses flowing from Acacus. Con-sequently shallow lakes were formed in the interdune corridors, together with extensive marshes and deep soils on the dune slopes. A large number of Epi-Palae-olithic sites were found along the fringes of the dunes and mainly in the interdune lakes, where they are buried below peat deposits radiocarbon dated to the IX millennium BP. The shores indicating the highest lake stand dating back to the VI millennium BP, are dotted with hundreds of pastoral Neolithic sites, composed of cluster of fireplaces, storage pits, faunal remains and grinding equipment. The erg Uan Kasa dried out at about 5000 years ago, while in the following millennia the area was not completely abandoned as it is indicated by clusters of tether-ing stones on the surfaces of desiccated lakes. During the wet Holocene the wadi Tanezzuft was a large meandering river, with high discharge .A secondary branch of the river fed a large lake (Gara Houda). Hundred of pastoral Neolithic sites have been found along its margins in which fishing activities are also recorded. At about 5000 y BP also this area dried out and wadi Tanezzuft was not exhausted by this dry episode but changed its pattern, and a silty alluvial valley originated in the upper reach of its former course. In this way a large oasis was originated and from the fourth to the second millennium BP it was intensively settled by Late Neolithic communities and later by the Garaman-tes. More than four hundred of archaeo-logical sites were recorded, buried inside the alluvial deposits. Occurrence of large grinding equipment, gouges, and lithic hoes, may indicate the introduction of ag-ricultural practice, further supported by the pedological evidence indicative of soil management. As an effect of increasing desiccation the Tanezzuft oasis suffered a drastic reduction in size during the first centuries A.D, in coincidence with the abandonment of the local Garamantian settlements.

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COPING WITH UNCERTAINTY: NE-OLITHIC LIFE IN THE DHAR TICHITT-

WALATA, CA 3800 – 2400 BP

Augustin F.C. Holl

The sandstone escarpment of the Dhar Tichitt-Walata in south-central Mau-ritania was inhabited by Neolithic agro-pastoral communities for approximately one and half millennium during the Late Holocene, from ca 3800 to 2400 BP. The absence of prior evidence of human set-tlement points to the influx of mobile herders moving away from the “drying” Sahara toward more humid lower lati-tudes. These herders took advantage of the peculiarities of the local geology and environment and succeeded in domesti-

cating bulrush millet – Pennisetum sp. -. The emerging agro-pastoral subsistence complex had conflicting and/or com-plementary requirements depending on circumstances. In the long run, the so-cial adjustment to the new subsistence complex, shifting site location strategies, nested settlement patterns, and the rise of more encompassing polities appear to have been used to cope with climatic hazards in these relatively circumscribed areas. An intense arid spell in the middle of the first millennium BC triggered the collapse of the whole Neolithic agro-pas-toral system and the abandonment of the areas. These regions, re-settled by sparse oasis-dwellers populations and iron-using communities starting from the first half of the first millennium AD, became part of the famous Ghana “empire”, the earliest state in West African history.

__________________________ CHRONOLOGIE DES MONU-MENTS A COULOIR ET ENCLOS D’EMI-LULU. DATATION CROISEE DE L’EMAIL DENTAIRE ET DES OS DES SQUELETTES DES HUMAINS

INHUMES

Jean-François Saliège,

Antoine Zazzo, François Paris

La datation des monuments funérai-res du Sahara pose un sérieux prob-lème méthodologique. Le collagène des squelettes des humains inhumés est en-tièrement hydrolysé et les tombes sont généralement dépourvues de tout in-dice archéologique (céramique ou autre mobilier associé). La chronologie de ces tombes demeure un travail de pionnier qui ne peut être étayé que par de faibles arguments. Il était admis jusque dans les années 70 que les monuments à couloir et enclos étaient récents, post-néolithiques et attribués à la période des chars à galop volant et aux Garamantes. La datation, par la méthode du carbone 14, de la bioapatite osseuse est la seule solution envisageable. Cependant, cette dernière, est sensible aux échanges isotopiques avec le carbone total inorganique dis-sous (CTID) de l’environnement. Les conditions arides du Ténéré du Tafas-sasset sont un facteur de préservation favorable, mais pour mieux contrôler une éventuelle interaction avec les car-bonates de l’environnement, nous avons daté conjointement émail dentaire et os des squelettes. Une première série de dates (sept) a déjà été publiée, mais cette nouvelle série (douze) obtenue à l’aide de la technique S.M .A. (Artemis, Saclay) permet d’une part de tester et comparer la datation sur émail et os et d’autre part d’en améliorer la précision.

Grâce à la datation de la bioapatite, les monuments à couloir et enclos sont maintenant à classer vers le milieu du quatrième millénaire. En l’état actuel de nos connaissances, ce sont les plus an-ciens monuments funéraires du Sahara central.

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M i s C E l l a n é E s s a H a R i E n n E s —

Disparition de l’abbé Jean Roche Chères et Chers Collègues,André Debénath et moi-même avons la tristesse de vous annon-

cer la disparition de Jean Roche, survenue dans sa 96ème année. Le texte qui suit retrace sa carrière de chercheur.

Roland Nespoulet et André Debénath

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Né en 1913 à Paris, l’abbé Jean Roche est décédé dans la même ville le 10 Décembre. Maître de recherche au CNRS, il fut également Inspecteur général des Antiquités du Maroc après la guerre et plus tard président de la Société Préhistorique Française. Il était chevalier de la Légion d’Honneur au titre des Affaires Etrangères.

Sa carrière de chercheur a été organisée selon deux pôles géographiques : Maroc et Portugal, et un pôle scientifique : le Paléolithique supérieur. Son intention étant de mettre en évi-dence les relations entre le peuplement paléolithique du Nord marocain et celui du Sud-Ouest.

Son premier contact avec le Portugal se fit par sa rencontre avec l’Abbé Breuil. Il a par la suite fouillé les gisements méso-lithiques de Muge, puis des habitats paléolithiques en grottes dans la région de Bombarral, mettant en évidence la présence de niveaux moustériens à la Grutta Nova, montrant ainsi que les vidanges des grottes à la fin du Würm ancien n’étaient pas systématiques.

Son œuvre majeure se place dans le pôle marocain de ses recherches. Dès le début des années 1950, il organise ses pre-mières fouilles dans la grotte des Pigeons à Taforalt, près de la frontière algérienne. Ses fouilles, menées dans des conditions extrêmement difficiles, principalement lors de l’indépendance de ces deux états ne furent jamais interrompues, bien que sa vie ait été menacée à plusieurs reprises Outre la mise au jour d’une importante nécropole ibéromaurusienne (près de 200 sque-lettes) qui nous apporte beaucoup sur la connaissance de ces populations, l’abbé Roche va appréhender lors des fouilles de Taforalt le problème de l’origine de la civilisation atérienne.

Son travail sur le Paléolithique supérieur marocain (Ibéro-maurusien) fut sanctionné en Sorbonne par un Doctorat d’Etat ès Sciences naturelles. Sa thèse a été publiée avec le concours de la fondation Gulbenkian de Lisbonne qui rendait ainsi hom-mage au travail effectué au Portugal.

À partir de 1955, il fouille la grotte des Contrebandiers qu’il a découverte à Témara près de Rabat, et y poursuivra jusqu’en 1978 d’importantes fouilles qui conduiront à la mise au jour de restes humains atériens. Il était alors directeur de la mission archéologique française au Maroc qu’il étoffa en 1969. Il la dirigea jusqu’en 1978 où elle fut alors transformée en Mission Préhistorique et Paléontologique Française au Maroc et dirigée par A. Debénath.

Bien que son activité fût essentiellement hors territoire fran-çais, l’abbé Roche a cependant effectué les premières fouilles scientifiques de la grotte du Placard en Charente, précisant la position stratigraphique et la diagnose du Moustérien de ce site, et apportant des compléments à notre connaissance du Magdalénien final.

A côté de ses activités de chercheurs, l’abbé Jean Roche a fait preuve de ses qualités de pédagogue, formant de nombreux chercheurs portugais dont certains occupent maintenant des postes importants.

André Debénath

lu dans el-WatanÉdition du 17 avril 2008 :

Interview de Farid Ighilahriz, Directeur de l’Office national du parc de l’Ahaggar, par Mélanie Matarese :

— En quoi un parc culturel est-il différent d’un parc naturel ?— Le parc culturel est caractérisé par la prédominance, l’importance et l’indissociabilité des biens culturels de leur environnement naturel. Il est le résultat d’un processus d’humanisation de l’espace. C’est une œu-vre collective en continuelle recomposition, un produit historique des interrelations entre les populations, leurs activités, leurs représentations mentales et l’environnement qu’ils partagent. Et la vocation de l’Opna est de la préserver et de la valoriser.— Concrètement, comment se fait cette valorisation ?— On peut par exemple parler du futur centre d’interprétation — le premier en Algérie — que nous allons ouvrir à Tamanrasset, en principe fin 2009. La construction du bâtiment finie, reste à concevoir l’aména-gement intérieur. Des maquettes des monuments funéraires, des écrans d’animation où défilent des photos, des décors, où sont projetées des peintures rupestres… Dans l’esprit de l’exposition qui s’est tenue en mars-avril au Palais de la culture, nous allons faire des reconstitutions des différents milieux naturels du parc, mais aussi des modes de vie des cultures préhistoriques ainsi que la valorisation des savoir et savoir-faire ancestraux.— Vous luttez aussi contre le pillage. Par quels moyens ?— Nous avons mis en place un poste de contrôle à l’aérogare de Ta-manrasset — un autre est prévu à In Salah — pour assister les agents de la police et des douanes dans le contrôle des voyageurs. Le scanner per-met d’intercepter les échantillonnages non autorisés, c’est-à-dire tout ce que les visiteurs ramassent : sable, sédiments, plantes, outils préhis-toriques... Depuis trois ans, ce dispositif a permis de réduire considéra-blement les prélèvements.

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le Guépard au saharaEn décembre 2003, le No. 190 du magazine Terre Sauvage écrivait:

« Certaines espèces, qui se rencontrent aussi bien au Sahara que dans la savane, ont développé des caractères différents selon les milieux. Ainsi le rarissime guépard saharien a un pelage plus clair et plus court que son cousin de savane. [...] “Il ne boit jamais”, affirment les nomades toubous et touaregs qui le croisent parfois sur leurs trajets. Pour com-prendre où il trouve sa boisson, il suffit d’observer le cadavre d’une gazelle dorcas tuée par un guépard : en quête de liquide, le fauve a d’abord vidé l’intérieur de l’animal, le sang, l’urine, le contenu de l’esto-mac. [...] Même s’ils sont rarement chassés, les guépards sahariens sont aujourd’hui menacés par leur propre fragilité et leur manque d’adap-tation à des conditions de plus en plus arides, particulièrement depuis une trentaine d’années. »

Le 20 juillet 2008, el-Watan annonçait:

Un guépard capturé au parc national de l’ahaggar

Un guépard a été capturé par des éleveurs au parc national de l’Ahaggar, à environ 450 km de la ville de Tamanrasset. La capture de ce mam-mifère a été rendue possible grâce à la vigilance de la population locale qui, après avoir repéré sa présence sur les lieux, a aussitôt alerté les res-ponsables du parc. Une équipe du parc est immédiatement intervenue

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)9

M i s C E l l a n é E s s a H a R i E n n E s —La Lettre de l’AARS, No. 32 (2007)

sur le terrain pour élaborer une fiche technique de l’animal, avant de l’éloigner du campement et le relâcher dans la nature, étant donné qu’il présente une menace réelle pour le cheptel. C’est un prédateur classé et protégé par la loi algérienne et la réglementation internationale », est-il souligné. Le cyprès et le guépard du Tassili sont inscrits sur la « liste rouge » de l’Union internationale de la conservation de la nature.

Le 22 mai 2008, ce même journal avait publié l’article suivant:

«Je pouvais presque le toucher, plonger ma main dans son pelage mou-cheté. Le vent sifflant dans la zribat, la caresse rugueuse du sable sur ma peau ou la lune à son dernier quartier y sont peut-être pour quelque chose. Cette nuit-là je rêvais du guépard de l’Ahaggar. Lui que tous rêvent de croiser et que seuls les Touareg rompus aux longues marches dans les lits d’oueds à acacias ont le privilège d’apercevoir depuis que la nuit est nuit. La veille, à Mertoutek, un village à 230 km au nord-est de Tamanrasset, dans la région de la Tefedest, Chounka Khanoufa, agent de conservation au parc national de l’Ahaggar, chèche jaune et djellaba verte, m’avait raconté. La bête prête à attaquer le chamelon. Une fe-melle, sans doute. Et puis, le berger est arrivé. Amayas (le « peureux »), comme on l’appelle ici, s’est enfui. En réalité, le guépard saharien n’est pas endémique à l’Ahaggar. « En Algérie, on le sait aussi présent dans le Tassili n’Ajjer et dans l’Immidir », explique Farid Belbachir, enseignant à l’université de Béjaïa, actuellement chercheur à la Société zoologique de Londres (Royaume-Uni) dans le cadre de la préparation d’un docto-rat sur les aspects de l’écologie des grands félins et les interactions avec les communautés humaines dans le Sahara algérien. « Sa présence est encore possible dans l’ouest de l’Atlas saharien (où certains habitants de la région d’El-Bayadh et de ses environs l’auraient peut-être aperçu), les ergs et la région de Tindouf, mais aucune preuve physique ou indi-ces de présence ne sont actuellement disponibles pour l’affirmer avec certitude. » Dans la contrée sahélo-saharienne, l’espèce est également présente avec certitude dans le massif du Termit au Niger, et vraisem-blablement dans l’Aïr-Ténéré (Niger), dans l’Adrar des Iforas (Mali) et dans le massif de l’Ennedi (Tchad). Considéré comme l’un des mam-mifères les plus menacés d’Afrique du Nord, le guépard figure sur l’an-nexe I de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (Cites), à laquelle l’Algérie a adhéré en 1982. Cette annexe correspond au plus haut degré de menace et interdit donc tout commerce de l’espèce. Par ailleurs, l’Algérie a récemment mis le guépard sous la protection de la loi sur la chasse de 2004 confortée par l’ordonnance de juillet 2006. L’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN) a enfin classé l’espèce comme « vulnérable » et la sous-espèce présen-te en Algérie, Acinonyx jubatus hecki, « en danger d’extinction » (voir encadré). Car on sait finalement peu de choses sur lui. Quelques indications sur son biotope — il fréquenterait les gran-des vallées et les montagnes où se replier en cas de menace — et sur son comportement – s’il s’approche quelquefois de certains campe-ments, il ne rentrerait pas dans les villages.

Le reste est encore flou. A commencer par la sous-espèce el-le-même, dont l’existence n’a pas encore été étayée par analyse génétique. « Sur la base des observations faites par le photographe animalier Alain Dragesco-Joffé dans le Sahara central du Niger, le guépard nord-africain apparaît plus petit (1,70 m de longueur) et moins lourd (40 à 45 kg) que ceux de l’est et du sud de l’Afri-que », précise Farid Belbachir. Son pelage serait aussi plus pâle, avec des taches non pas noires mais ocres, et les anneaux de sa queue seraient moins marqués voire inexistants. Comme il a été rappelé en 2006, lors de la deuxième réunion de l’Observatoire du guépard en régions d’Afrique du Nord

(Ogran), il faudrait clarifier en priorité l’identité génétique de la sous-espèce nord-africaine par rapport à celles de l’Iran et de l’est et du sud de l’Afrique. Impossible aussi d’avancer un chiffre sur la population réelle de guépards dans le Sahara. En 1993, Alain Dragesco-Joffé l’a estimée de 300 à 500 individus répartis au Niger, au Tchad et au Mali. En 1989, Koen de Smet, docteur en agronomie, l’a quant à lui évaluée à plusieurs douzaines dans les massifs centro-sahariens. En 2000, un inventaire d’une durée de dix jours dans l’Ahaggar a conclu à au moins 20-30, voire 30-40 individus. « Mais ces estimations ne sauraient refléter fidèlement l’abondance des populations, nuance Fa-rid Belbachir, car elles ne sont le reflet que d’une estimation subjective et non le résultat fondé sur une méthodologie scientifique d’échan-tillonnage sur le terrain. » Quant à son comportement, rien n’est sûr. « Certains témoignages ne collent pas avec le comportement du gué-pard tel qu’il est décrit dans d’autres régions d’Afrique », remarque Djazia Ouchen, zoologue à l’Office du parc national de l’Ahaggar. Il se déplacerait en groupe de deux à trois mâles, mais dans le Sahara, certains témoignages le disent solitaire. Dans l’Ahaggar, et toujours d’après les témoignages, le guépard serait un chasseur crépusculaire et nocturne. « Mais on ne peut pas exclure que l’espèce puisse chasser également tôt le matin et l’après-midi quand il ne fait pas très chaud », avance Farid Belbachir. Pour toutes ces inconnues — et les menaces qui le mettent en péril : sécheresse, rareté des proies, dégradation de son milieu naturel — le guépard fait l’objet d’un programme spécial sur la biodiversité en Afrique du Nord et de sensibilisation des popu-lations (voir interview). « Gérer la présence des félins à proximité des populations locales est primordial pour la survie du guépard », insiste le spécialiste. La perte d’un animal domestique entraîne des réactions violentes de la part des bergers touareg qui n’hésitent pas parfois à organiser des traques punitives à l’encontre des prédateurs coupables. « Notre action de sensibilisation, ajoute Farid Ighilahriz, directeur de l’Office du parc national de l’Ahaggar, s’accompagne d’ailleurs d’un projet de compensation financière pour les animaux perdus. »

Mélanie Matarese

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)10

M i s C E l l a n é E s s a H a R i E n n E sDisparition d’une gravure rupestre ?

Information parue dans l’édition du journal el-Watan en date du 12 novembre 2008:

« Lors des travaux de réalisation d’un réseau d’assainissement, au mois d’août de l’année écoulée, au quartier vieux Saharidj, dans la commune de Saharidj, 50 km à l’est de Bouira, une pierre plate mesurant 1,50 m a été déterrée et ramenée à la surface par la pelle de l’engin mécanique qui intervenait sur le chantier.

En plus d’un dessin rupestre représentant, à première vue, et selon l’équipe de géologues dépêchée sur les lieux, un homme s’apprêtant à se faire passer autour du cou une corde comportant un nœud coulant ; la plaque est gravée en dessous par des lettres en « tifinagh », composées uniquement de consonnes sans aucune voyelle, ce qui laisse supposer selon les mêmes spécialistes qu’il s’agirait de l’écriture primitive du ber-bère qui remonte à plusieurs siècles. Malheureusement les recherches n’ont pas été approfondies, car curieusement cette pierre qui avait été déposée au niveau du siège de l’APC de la même commune et devait normalement être récupérée par le centre archéologique, a curieuse-ment et énigmatiquement disparu.

Il convient de noter en outre que des étudiants en archéologie venus des quatre coins de la Kabylie, ont effectué des déplacements sur les lieux pour voir la pierre aussitôt l’information divulguée. Mais, grande était leur déception, puisque toutes leurs tentatives de trouver les traces de cette pièce rare ont été vaines.»

Nadia Hamani

Prochain colloque :

Le Sahara et ses marges : enjeux et perspectives de territoires en mutations

Appel à contribution

Les 18, 19 et 20 juin 2009 à Besançon (25030)

Résumé: Dans le cadre d’un projet PHC Tassili coordonné par la Labo-ratoire ThéMA (UMR 6049 CNRS - Université de Franche-Comté) et le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran, est organisé un colloque international relatif aux dynamiques des territoires composant le Sahara et ses marges. Ce colloque pluridiscipli-naire s’attachera à créer un espace de rencontres et de débats autour de problématiques qui interrogent les fonctionnements et les évolutions de ces territoires dans leurs composantes spatiales et sociales.

Appel à communication :

Le Sahara se caractérise par des processus d’urbanisation sans précé-dent. Ces processus s’inscrivent parfois dans une logique d’aménagement territorial impulsée par l’Etat, ou expriment une “urbanisation par le bas” qui traduit le dynamisme, comme la recomposition, des territoires sa-hariens et de leurs sociétés. Les villes sont ainsi devenues aujourd’hui le cadre de vie de référence de la majorité de la population saharienne et constituent les réels pôles structurants de la vie au désert.

La permanence, et l’ancienneté, des établissements humains sahariens reposa historiquement sur un double équilibre, local du fait de l’adéqua-tion avec l’environnement proche et plus global ensuite par l’existence d’un tissu de relations socio-économiques et culturelles inscrites spatiale-ment au sein de réseaux multiples.

L’urbanisation saharienne récente, corrélée à une croissance démographi-que majeure – mais variable suivant les régions concernées – comme au jeu des migrations, a engendré une remise en cause de ces équilibres, requalifiant, d’une part, les rapports de l’Homme à son milieu et, d’autre part, les inte-ractions sociales fondatrices du peuplement saharien, comme la relation des États-Nations à leurs territoires sahariens respectifs. L’ensemble de ces trans-formations a généré des situations extrêmement différenciées suivant les ré-gions sahariennes observées. Cependant, un certain nombre de considérations et de problématiques communes s’imposent avec force tant dans la réalité de l’évolution des territoires sahariens urbains comme ruraux, que dans le champ de la recherche scientifique actuelle. Ces préoccupations relèvent de la crois-sance et l’agglomération continue de population dans des milieux fragiles, le développement et l’extension de structures urbaines parfois sans cohérence, la confrontation de stratégies d’acteurs divergentes (État – collectivités loca-les –société civile), la gestion délicate des ressources locales, la déstructuration des systèmes de valeurs et des pratiques spatiales traditionnels, l’émergence de nouvelles formes de mobilités et de migrations intra-urbaines, locales, natio-nales et internationales liées aux mutations des activités économiques mais également des contextes géopolitiques… Ce faisceau de questionnements est au cœur des interrogations actuelles relatives à la compréhension, à la gestion et à la prospective liée aux évolutions futures des territoires sahariens, et né-cessite une mise en regard des approches disciplinaires.

Ce colloque s’inscrit pleinement dans cette optique de synergie plu-ridisciplinaire en faisant des territoires sahariens – qu’ils soient ruraux, urbains, centraux ou périphériques – l’objet essentiel des débats.

Axes thématiques privilégiés :- A. Dynamiques urbaines : processus d’urbanisation, gestion urbaine

dans les villes sahariennes, formes d’urbanité ;- B. Réseaux, connectivités et économie des réseaux : réseaux commer-

ciaux, réseaux religieux, réseaux socio-culturels et réseaux de pou-voir ; impacts des infrastructures de transport sur l’organisation ré-gionale ou locale ;

- C. Migrations et reconfigurations spatiales : impacts des migrations sur les villes sahariennes, mutations des trajectoires spatiales et des éta-pes de migration ;

- D. Mutations rurales : transformation des pratiques agricoles, poids de l’économie rurale, liens entre mondes ruraux et urbains ;

- E. Les questions environnementales : politiques conservatoires et prati-ques ;

- F. Conflits territoriaux : conflits pour les ressources, conflits identitaires, question des frontières sahariennes ;

- G. Politiques d’aménagement du territoire, gestion des territoires, gou-vernance ;

- H. Approches instrumentées et modélisation des dynamiques territoria-les : cartographie, systèmes d’information…

Date limite d’envoi des propositions de communication : 30 janvier 2009. Réponse du comité scientifique sur les propositions : 15 mars 2009. En-voi du texte final : 1er juin 2009. Les propositions de communication sont à adresser par mail aux deux adresses suivantes :

M. Jacques Fontaine : [email protected]. Yaël Kouzmine : [email protected]

Les propositions (2 pages maximum, incluant la bibliographie) de-vront comprendre les éléments suivants : Le titre de la communication, les coordonnées précises du ou des auteurs (mail, adresse administrative, téléphones), la thématique au sein de laquelle s’inscrit la proposition de communication, un résumé de la communication (env. 3 000 caractères), une bibliographie sommaire.

Les articles feront l’objet d’une publication en ligne dans un pre-mier temps, une sélection de texte sera proposée pour publication ul-térieurement.

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)11

Renate Heckendorf (2008) „Buba-lin“ und „Bovidien“ in Südmarokko: Kontext, Klassifikation und Chronolo-gie der Felsbilder im mittleren Draa-Tal.- Forschungen zur archäologie außereuropäischer Kulturen, band 6 (978-3-89500-646-3).

This book deals with prehistoric rock art (petroglyphs) from the northern fringe of the Sahara, or more precisely from the area situated between the Western Anti-Atlas, the Jebel Bani and the Wadi Draa. In the main, the historico-cultural analysis of the rock engravings that are presented, mostly for the first time, concerns problems related to their classification, con-text and chronology. These issues are discussed with regard to the history of civilization, as well as with reference to climatic change and to the geography and the ethnography of the mid valley of Wadi Draa. In the course of sev-eral preliminary surveys in South Morocco, the author has methodically recorded the ar-chaeological sources that form the basis of the investigation.

Le livre traite de l’art rupestre (pétroglyphes) de la lisière nord du Sahara, plus précisément de la région comprise entre l’Anti-Atlas occi-dental, le Jbel Bani et l’Oued Draa. Le dépouil-lement historique des sources archéologiques présentées concerne particulièrement les prob-lèmes liés à leur classification, à leur contexte, et à leur chronologie. Ces problématiques sont discutées en référence à l’histoire des civilisa-tions, à l’évolution du climat, à la géographie, et à l’ethnographie de la vallée moyenne du Draa. Dans le cadre de travaux préalables sur le terrain, l’auteur a documenté d’une manière systématique les sources archéologiques qui constituent le fondement de la présente étude.

Das Buch hat prähistorische Felsbilder (Petroglyphen) aus dem nördlichen Grenz-saum der Sahara, zwischen westlichem Anti-Atlas, Dschebel Bani und Wadi Draa zum Gegenstand. Die kulturgeschichtliche Auswer-tung der vorgestellten Quellen betrifft haupt-sächlich Fragen ihrer Klassifikation, ihres Kon-textes und ihrer Chronologie. Sie werden mit Bezug auf die Kulturgeschichte sowie die Kli-maentwicklung, die Geographie und die Eth-nographie des mittleren Draa-Tales erörtert. Die der Arbeit zugrunde liegenden Quellen wurden im Rahmen eigener Feldforschungen der Verfasserin systematisch aufgenommen.

n o t E s D E l E C t U R E

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2009)12

Le 22 décembre 2008, Michel Boizumault a sou-tenu, à la Maison de l’Archéologie de Bordeaux, sa thèse intitulée :

Patine du désert: re-création de la patine de grès sahariens, porteurs d’œuvres gravées ou peintes, témoins depuis dix millénaires, de l’adaptation de sociétés anciennes à des crises climatiques.

Voici un résumé de ce travail, diffusé à l’occasion de cette soutenance :

Problématique : re-créer la patine d’un grèsL’intervention pour la conservation–restauration

de parois de grès gravés du Sahara et de ses abords, suppose la connaissance des caractéristiques physi-ques (texture, composition, …) et chimiques (réac-tivité vis-à-vis de l’environnement) de leur patine, des agents qui conduisent à leur formation, et donc de l’interaction de la roche avec son environnement, passé et actuel. Dès lors qu’un diagnostic des dé-gradations, d’érosion et/ou d’altération (physique, chimique ou biologique) est établi, des solutions peuvent être recherchées et apportées par la mise en œuvre d’un procédé de « réparation » approprié.

Une revue bibliographiqueLa démarche a voulu que des réponses soient re-

cherchées dans une revue bibliographique. Elle a prioritairement porté sur les caractères généraux de la patine du désert. La question relative à sa genèse a montré qu’il existe des points de vue divergents… Les données concernant le Sahara actuel ont permis de préciser le rôle de paramètres météorologiques, de causes spécifiques liées à la désertisation et de considérer la géographie physique et la géologie. La dernière ère géologique (Quaternaire) marquée par l’alternance de périodes glaciaires et interglaciaires et les crises climatiques succédant à la dernière déglacia-tion (fin Pléistocène – début Holocène), ont rythmé la Préhistoire Nord-africaine. Ce sont autant d’élé-ments indispensables pour la lecture de l’art rupes-tre, d’autant que les chronologies relatives basées sur les superpositions, les thèmes directeurs et la patine, soulignent également la nécessité de comprendre la relation entre la roche et son environnement fluc-tuant. Cependant, pour certains auteurs, la patine ne constitue pas un repère chronologique. Un diagnos-tic des dégradations des œuvres rupestres Nord afri-caines est abordé en introduction à la conservation-restauration de la roche-support. Un bref rappel de la déontologie de cette discipline permet de rédiger un « cahier des charges » et de cerner les problèmes déjà rencontrés et les solutions envisageables. Il apparaît que les matériaux les mieux adaptés à la consolida-tion des grès sont les silicates d’éthyle (ou solutions dérivées) mais aucune solution n’est proposée pour ragréer leur surface.

les objectifsLes objectifs de cette recherche ont ainsi été

clairement définis : - « Comprendre » comment se forme la patine

de roches géologiquement et géographiquement variées (grès du Haut Atlas marocain, de l’Atlas et du Tassili N’Ajjer algérien et métaquartzites de

l’Anti-Atlas marocain) afin d’établir un diagnostic du type de dégradation des œuvres

- Mettre au point un procédé de re-création de la patine.

Résultats et DiscussionLes modifications de texture en surface et sub-

surface des grès mettent en évidence le rôle protec-teur de la patine et du cortex sous-jacent (dont les ciments sont plus riches en argiles (le plus souvent de la kaolinite) et en oxy-hydroxydes de fer et/ou de manganèse) ainsi que les zones de faiblesse des « horizons » dit lessivés. Ces modifications de texture sont la résultante de l’altération qui peut conduire à une desquamation pelliculaire ou en plaque. L’étude de la patine et du cortex d’un mé-taquartzite (Anti-Atlas marocain) montre des ca-ractéristiques semblables à celles des grès (pour la patine) et distinctes (pour le cortex) et permet de vérifier les hypothèses émises sur la genèse des modifications de texture en surface et sub-surface. Une inter-comparaison, entre les modifications de texture observées sur des roches naturellement pa-tinées et les simulations des effets de circulations d’eau sur des éprouvettes de grès, ont permis de différencier l’effet de l’évaporation, responsable de la formation du cortex, de celui lié aux précipi-tations météoriques, responsables de la formation d’un front d’altération. De même, l’étude de la texture de patines naturelles et l’expérimentation précédente, ont montré le rôle de l’environnement : une genèse essentiellement liée à la présence d’eau circulant dans la roche explique l’enrichisse-ment en manganèse des patines sombres alors que l’incorporation de silts de quartz, feldspaths ou de débris coquilliers souligne un stade de leur évolu-tion. Pour les patines « brunes » et ocres ou encore de couleur chamois, considérées par des préhisto-riens et des géologues qui les ont étudiées comme plus récentes, une contribution exogène (éolienne) est manifeste.

L’étude de lichens (Haut Atlas, Atlas) a montré que si leur présence est susceptible de provoquer une dégradation (lichens endolithiques), la pro-duction d’acides lichéniques (acides faibles) peut contribuer au remaniement d’oxydes de manga-nèse dissous et qu’ils constituent alors un agent potentiel d’altération de la patine et des œuvres gravées.

Mise au point d’un procédé de re-création de la patine

Préliminairement à la mise au point du procédé, une attention particulière a été portée aux proprié-tés intrinsèques des silicates d’éthyle et des compo-sés de polymérisation afin de saisir leur rôle dans la consolidation des roches. Il a pu être montré qu’une limitation des composés de polymérisation à l’interface roche / surface à réparer, est indispen-sable pour ne pas modifier les propriétés de la roche « saine ». La fabrication d’un mortier de ragréage, en substitution des zones endommagées, a consisté à mesurer les proportions de sable, argile et silicate d’éthyle afin que sa dureté et ses propriétés de po-rosimétrie soient proches de celles du matériau na-turel. La proportion d’argile et de sable (ainsi que la granulométrie du quartz qui le compose) sont

les principaux paramètres déterminant la porosité, le diamètre d’accès des pores et la perméabilité du mortier. Le rôle du silicate d’éthyle se limite à sa fonction de liant et sa teneur a été optimisée pour obtenir une dureté et une esthétique semblable à celle de la surface de la roche.

Des simulations d’environnement de dégrada-tion (gel/dégel, hydrolyse intense), ont permis de valider le procédé de re-création au laboratoire.

La stratégie adoptée vis à vis de la couleur du mortier est une coloration dans la masse, sembla-ble à celle de la patine naturelle. L’érosion du mor-tier ne serait alors pas trop visible et dans le cas d’une intervention de dérestauration, seul le mor-tier pourrait être localisé et enlevé mécaniquement puisque d’une teinte différente de celle de la roche. Il est également possible d’incorporer un traceur (luminophore) pour repérer les zones réparées.

in situLes essais réalisés in situ, en haute montagne

(Haut-Atlas) et en milieu désertique (Anti-Atlas), ont permis d’apprécier les légères adaptations à ap-porter au schéma établi au laboratoire. A l’Oukaï-meden (Haut-Atlas, Maroc) malgré des conditions environnementales peu propices (températures basses), les essais ont malgré tout donné satisfac-tion du point de vue de la solidité, de l’aspect de surface et de la couleur de la patine re-crée. Néan-moins, ces expérimentations ont montré la néces-sité d’interventions successives quand une quan-tité de matière importante de mortier doit être appliquée et qu’un suivi pendant les jours suivants l’opération, est nécessaire pour des « retouches ».

A Oum La Leg (Anti-Atlas, Maroc), le ragréage d’un graffiti (« 1961 ») prête davantage à discus-sion car la couleur du mortier est quelque peu trop foncée et une auréole subsiste après qu’une partie ait été enlevée. D’autres interventions prati-quées en utilisant du cortex broyé prélevé sur des cailloux du reg, ont permis la fabrication et l’ap-plication d’un mortier donnant entière satisfaction (solidité, aspect de surface et couleur).

bilanL’intervention nécessite au cas par cas une

connaissance précise des propriétés de la surface de la roche, la prise en compte des conditions en-vironnementales (température et humidité relative de l’air) pour la constitution d’un mortier de ra-gréage approprié. Le procédé mis au point prend en considération ces différents aspects et permet d’envisager la préservation des œuvres gravées du Sahara et de ses abords qui constituent un témoi-gnage unique sur l’adaptation des populations, de la fin de la dernière période glaciaire jusqu’à l’ins-tallation du désert actuel.

Par ailleurs, une voie pour la datation physique « directe » des patines est maintenant envisageable par Luminescence Optiquement Stimulée (OSL), par l’estimation des derniers instants de l’exposi-tion au soleil des minéraux mis au jour pour la gra-vure ou de ceux d’origine éolienne ; ou encore, par une datation indirecte par la mesure des rapports isotopiques de l’oxygène des oxydes de manganèse qui les cimentent.

Michel Boizumault

n o t E s D E l E C t U R Esoutenance de thèse : re-création des patines du désert

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La Lettre de l’AARS, No. 34 (2008)13

n o t E s D E l E C t U R EPublications récentes

Jean-Pierre valentin.Le murmure des dunes. Petit éloge du désert et de ceux qui y vivent.Paris : transboréal (www.transboreal.fr)Collection « Petite philosophie du voyage »2008, 89 p.

Avec en couverture une belle photographie de François Soleilhavoup , ce petit livre qui peut aisément s’emporter en voyage est une réflexion poétique sur la marche dans le désert, les payages sahariens, les gens qui les peuplent. Certaines pages retiennent davantage que d’autres l’attention du préhistorien ou de l’ethnologue. Ainsi, l’auteur a mille fois raison d’insister sur l’inanité du ramassage des dizaines de milliers de pointes de flèches quittant chaque année le Sahara (50.000 pour la seule Mauritanie, selon une estimation de Robert Vernet) dans les bagages de voyageurs inconscients des destructions qu’ils causent. Mais faire uniquement porter les raisons de cette perte irrémédiable sur «un tourisme saharien en expansion» (p. 53), c’est en grande partie se tromper de cible, car bien des organisateurs de voyages sont les premiers à dénoncer ces pratiques, et la majeure partie du pillage archéologique saharien relève d’une organisation de professionnels. Ce qu’il faut dénoncer avant tout, ce sont les dizaines de camionnettes remplies de fossiles et d’artefacts qui, chaque année, remontent leur chargement en Europe, et dont on s’étonne qu’elles puissent encore passer les frontières sans encombre.

On s’étone aussi de trouver sous la plume de l’auteur ce passage : « Est-ce l’étincelle qui a guidé mon œil vers cet éclat de silex blanc immaculé ?

Furtivement, sans vraiment ralentir, ma main happe une arme mésolithique oubliée là par un chasseur pressé à la poursuite d’un gibier blessé. Ou serait-ce l’animal touché qui aurait perdu là, dans sa fuite éperdue, l’objet de sa blessure ? Longuement je contemple cette pointe de flèche à la taille minitueuse » (p. 51). Nulle part Jean-Pierre Valentin ne dit qu’il aurait reposé cette flèche au sol. Laissons-lui le bénéfice du doute, et admettons qu’il l’a fait. Le problème est que, même si c’est bien le cas, cet objet n’est plus en place, puisque l’auteur dit l’avoir ramassé durant sa marche, «furtivement» (terme signifiant au sens propre « en voleur ») avant de l’avoir «longuement» contemplé sans pour autant s’arrêter. Il faut donc insister sur ce fait : dérober les vestiges archéologiques épars sur le sol saharien est certes délictueux, mais les déplacer ne l’est pas moins. En effet, la valeur de ces objets n’est pas intrinsèque, car elle ne réside que dans les informations qu’ils peuvent nous fournir sur les populations du passé. Or cette information n’est généralement livrée que dans le rapport géographique que ces objets entretiennent entre eux. Que l’un d’eux soit déplacé, et cette information est perdue.

Ailleurs, l’auteur affirme que « Dans les campements de bric et de broc, chez les Wodaabe, la corde à veau est toujours tendue du sud vers le nord, et cela depuis la préhistoire » (p. 50). Affirmation amusante, car nul ne connaît l’orientation desdites cordes durant la préhistoire. Ce que l’on en sait réside uniquement sur quelques peintures rupestres figurant des cordes comparables à celles qu’utilisent encore les Wodaabe, mais sur ces peintures, aucune flèche n’indique le nord ! Cette affirmation relève donc de ce que j’appellerais volontiers une mythologie saharienne contemporaine, lancée par les écrits de précurseurs vénérables (Lhote, Dieterlen…), pieusement répétée depuis lors sans aucun sens critique, et avec laquelle il serait urgent de rompre.

Enfin, l’auteur manifestant une réelle connivence avec les populations qu’il visite, on s’étonne d’autant plus que, dans sa description du violon monocorde touareg appelé imzad, il reprenne un vocabulaire propre aux descripions des folkloristes du xixe siècle : selon lui en effet, c’est un violon « criard » et « plaintif », produisant des « sons nasillards » et des « béguètements saccadés » (pp. 84-85)… qualificatifs qui ne donnent pas vraiment envie d’écouter cette musique en boucle. À l’évidence, une telle description nous en apprend plus sur son auteur que sur l’imzad lui-même, et encore moins sur la musique produite par les musiciennes qui l’utilisent.

Ces quelques fausses notes sont d’autant plus regrettables que ce texte méditatif est bien écrit, et qu’il pourrait accompagner utilement maint marcheur au Sahara…

Jean-Loïc Le Quellec

La photo ci-dessous nous a été envoyée en septembre 2008, avec le courrier suivant : “ Je vous adresse ce message car mon père aujourd’hui décédé a voyagé en Algérie il y a une vingtaine d’année, et notamment dans le Sahara algérien.

Entre autres souvenirs, il avait rapporté une pierre sur laquelle est gravée une ga-zelle… Je ne sais pas exactement d’ou mon père l’a ramenée, mais je sais qu’il s’est rendu dans les lieux suivants : Tamanras-set, Balmet, le cirque Ilamane, la grotte ImlaOulaoune, et un endroit ou se trouve la tribu des Dag Rahli… J’ai toujours sup-posé qu’il s’agissait du travail d’un artisan local contemporain, mais aujourd’hui en parcourant votre site, le doute me saisit et j’aimerais pouvoir vous envoyer des photos de cet objet ; si toutefois il avait une quel-conque valeur archéologique, je m’en vou-drais de ne pas le restituer. Je vous avoue que j’aimerais que cet objet ne soit qu’un joli travail d’artisan local, car c’est pour moi un souvenir de mon père. Et je ne pense pas, malgré son caractère aventureux, qu’il se soit laissé tenter par un objet préhistorique, en le sachant authentique. Mais je préfère vous laisser lever le doute !”

Après expertise, il s’avère que cette gra-vure fut réalisée à l’aide d’outils métalliques, et qu’elle est très récente. Il paraît proba-ble qu’elle fut réalisée par le père de notre correspondante, qui voyagea en Algérie de 1978 à 1982, et qui peignait et dessinait en autodidacte, à ses heures perdues. Elle va donc continuer à orner le salon de notre amie, qui peut dormir sur ses deux oreilles sans crainte d’être complice du pillage des sites.

À la réflexion, cette anecdote inspire une possible suite : les très habiles lapidaires tra-vaillant en divers pays sahariens, et particu-lièrement au Maroc, seraient peut-être bien inspirés de réaliser des copies de gravures en style de Tazina de ce type, et de les ven-dre aux touristes à un prix abordable. Ainsi, la possibilité d’acquérir de tels objets, bel-lement réalisés, réduirait sans doute l’envie de posséder les originaux, et contribuerait à lutter contre leur traffic.

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