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L’ESSENTIEL Cukierman, les mots de trop Les propos du président du CRIF choquent FRANCE P.2 Rappel à l’ordre au PS n Après le vote hou- leux de la loi Macron, le gouvernement veut rassembler ses troupes. INTERNATIONAL P.3 Bilan mitigé pour Mariano Rajoy n Le Premier ministre de l’Espagne a perdu la confiance des élec- teurs. Il ne réussit pas à prouver l’efficacité de sa politique écono- mique. ECO/CONSO P.4 L’heure de vérité pour Alexis Tsipras n L’Eurogroupe a vali- dé le plan de réformes du gouvernement grec qui doit désormais convaincre son peuple. Areva perd 4,9 milliards d’euros Le groupe nucléaire français doit présenter un plan de compétiti- vité. CULTURE P.8 Rome clandestine et interlope n Les vicissitudes de l’Italie baroque expo- sées au Petit Palais. EXPRESSO n Un mois à peine après les atten- tats de janvier, Roger Cukierman, le président du Conseil des Organisations Juives de France (CRIF) a créé une fracture avec la communauté musul- mane en déclarant que «toutes les violences aujourd’hui sont commises par de jeunes musulmans » Francois Hollande a du jouer le pacificateur au nom du «vivre-ensemble». PAGE 2 QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2016 # 06 24 02 2015

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Le quotidien-école des M1 de l'école de journalisme de l'Institut Français de Presse.

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Page 1: 06 Expresso 2015

L’ESSENTIEL

Cukierman, les mots de trop

Les propos du président du CRIF choquent FRANCE P.2Rappel à l’ordre au PSn Après le vote hou-leux de la loi Macron, le gouvernement veut rassembler ses troupes.

INTERNATIONAL P.3Bilan mitigé pour Mariano Rajoy

n Le Premier ministre de l’Espagne a perdu la confiance des élec-teurs. Il ne réussit pas à prouver l’efficacité de sa politique écono-mique.

ECO/CONSO P.4L’heure de vérité pour Alexis Tsiprasn L’Eurogroupe a vali-dé le plan de réformes du gouvernement grec qui doit désormais convaincre son peuple.

Areva perd 4,9 milliards d’euros Le groupe nucléaire français doit présenter un plan de compétiti-vité.

CULTURE P.8 Rome clandestine et interlope

n Les vicissitudes de l’Italie baroque expo-sées au Petit Palais.

EXPRESSO

n Un mois à peine après les atten-tats de janvier, Roger Cukierman, le président du Conseil des Organisations Juives de France (CRIF) a créé une fracture avec la communauté musul-

mane en déclarant que «toutes les violences aujourd’hui sont commises par de jeunes musulmans » Francois Hollande a du jouer le pacificateur au nom du «vivre-ensemble». PAGE 2

QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2016# 06

24 02 2015

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Le président de la République a dû prendre une initia-tive en urgene. Cet après-midi à 16h15,

il a réuni dans son bureau Ro-ger Cukierman, le président du Conseil représentatif des insti-tutions juives de France (Crif) et Dalil Boubakeur, et celui du Conseil français du culte musul-man. Il fallait au plus vite orga-niser une poignée de main après les déchirements de la veille. Au dîner du Crif lundi soir, Dalil Boubakeur a laissé son siège vide, scandalisé par les propos du président du Crif. Interrogé au micro de Jean-Pierre Elkab-bach, ce dernier avait déclaré que « toutes les violences » antisémites étaient aujourd’hui le fait de « jeunes musulmans ». Questionné sur l’attrait de l’élec-torat juif pour le FN, il avait répondu que Marine Le Pen était « personnellement irréprochable » sur le plan de l’antisémitisme. Réactions indignées de la classe politique et du Web : le président du Crif se fait traiter d’ « irres-ponsable » et de « raciste ».

Un conflit ancienLes tensions entre Roger Cu-kierman et les instances du culte musulman ne datent pas d’aujourd’hui. « L’alliance brun-vert-rouge », renvoyant à une supposée collusion entre les milieux d’extrême-gauche et l’antisémitisme musulman,

dénoncée lors d’un dîner par le président du Crif en 2003, avait crée la polémique. Le secrétaire national des Verts Gilles Le-maire, avait alors quitté la salle, furieux.

L’homme de la ligne dureQui est donc cet homme par qui le scandale arrive ? Un grand fi-nancier diplômé de l’ESCP, qui a effectué sa carrière au sein du groupe Edmond de Rothschild. Il est membre de puissants fonds d’investissements basés en Israël. Fils de juifs polonais de Varsovie, une partie de sa famille a été déportée et gazée à Treblinkla. Une fois émigré

en France pour fuir l’antisémi-tisme dans les années 1930, il a été caché chez des nonnes par ses parents. A la tête du Crif depuis 2002, il a toujours adopté des posi-tions très fermes face au gou-vernement français exigeant des sanctions contre les actes haineux anti-juifs. Il s’est no-tamment dressé contre les pro-pos révisionnistes et offensifs de Mahmoud Ahmadinejad en 2007. Durant ses mandats, il a milité pour l’intégration de l’Etat d’Israël à l’Organisation Nationale de la Francophonie et pour la reconnaissance par la France de Jérusalem comme

capitale d’Israël. La journaliste Bernadette Sauvagé, spécialisée en religion, parle d’un homme « déterminé » et « dévoué » à la cause juive qui appartient à « une ligne dure ».Outrequ’ils marquent une rup-ture avec l’esprit du 11 jan-vier, ses derniers propos ont particulièrement choqué car ils semblent rompre avec le tabou historique d’une éventuelle compatibilité entre le fait d’être juif et de tolérer le FN. Et ce au moment même où Marine Le Pen exploite un supposé antisé-mitisme musulman pour attirer l’électorat juif.

o Véra Lou Derid

FRANCEPOLITIQUE Les propos du président du CRIF ont suscité la réprobation

Hollande tente d’éteindre l’incendie Cukierman

Pourquoi le FN cajole l’électorat juifn La première à monter au créneau pour approuver Roger Cukierman a été Marion Maré-chal Le Pen. La députée FN du Vaucluse a estimé que « le président du CRIF ne peut pas établir d’états de fait sans être immédiatement broyé par le po-litiquement correct. » Elle aussi a insisté sur le fait que « la moitié des actes antisémites en France sont le fait des musulmans. » A l’évidence, le FN cajole l’électo-rat juif. Une stratégie qui fonc-tionne puisque selon une étude de l’Ifop pour Atlantico publiée en septembre 2014, Marine Le Pen récoltait 13,5% du vote juif en 2012 quand son père

Jean-Marie n’en recueillait que 4,4% en 2007. Nicolas Lebourg, chercheur à l’Observatoire des radicalités politiques (ORAP) analyse cette stratégie.

Pourquoi Marine Le Pen convoite-elle les électeurs juifs ? L’électorat juif représente un enjeu important car il justifie que les partis de droite ne puissent pas passer d’alliances avec le FN. Il est une question centrale pour l’accès du FN au pouvoir. C’est un marqueur fondamental du jeu politique français.

Pourtant, ces électeurs repré-

sentent moins d’1% de l’élec-torat national…Oui mais c’est pour le symbole. C’est la digue qui ferait sauter les alliances. Le jour où Marine Le Pen est reçue en Israël ou est invitée au diner du CRIF, elle peut arriver au pouvoir. C’est le fait de toujours être ramenée à la Seconde Guerre Mondiale qui l’en empêche.

Quelle est la stratégie de Ma-rine Le Pen pour capter l’élec-torat juif ?Ce qu’elle fait est basé sur l’exemple néerlandais. Elle présente le terrorisme isla-miste comme ce qui déstabilise

l’Europe, et contre lequel il faut un pouvoir fort : l’extrême droite. Elle propose le FN comme un retour à l’Etat protecteur.

La part d’électeurs juifs tentés par un vote FN va-t-elle aug-menter ? Il n’y a pas d’études qui per-mettent de l’affirmer, mais ça serait logique et rationnel. Vu la façon dont le FN se normalise dans différents courants électo-raux. Pourquoi pas dans celui là ? Les Français juifs réagissent comme les autres français, et l’islamophobie est telle…

o Propos recueillis par Solène Gripon

Lundi, Roger Cukierman lors du dîner du Conseil représentatif : « Toutes les violences antisémites sont aujourd’hui le fait de jeunes musulmans. » AFP

02 - EXPRESSO - MARDI 24 FÉVRIER

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n Alors que cinq nouveaux drones ont été aperçus au- dessus de la capitale dans la nuit de lundi à mardi, détecter et intercepter ces petits engins volants devient un enjeu capi-tal pour le gouvernement. La France a engagé en novembre un programme de recherche et de développement d’un million d’euros pour faciliter leur détec-tion et leur interception.

Plusieurs outils de neutra-lisation sont actuellement à l’étude.Le premier, déjà en ac-tivité en Chine, est un système à visée laser capable d’abattre un drone en cinq secondes. Le second, un brouilleur d’onde, pourrait également permettre de bloquer les transmissions entre le pilote et sa machine afin de rendre cette dernière incontrôlable.

Malgré l’importante mobilisa-tion de la police parisienne sur les lieux, aucun des pilotes des drones aperçus n’a pu être inter-pellé et leurs motifs restent tou-jours mystérieux. Dans l’immédiat, les gendarmes sont autorisés à abattre les drones qu’ils seraient suscep-tibles d’apercevoir à l’aide d’un fusil à pompe.

o Pauline Forgue

SECURITE L’ambassade des Etats-Unis et la Tour Eiffel ont été survolées

Le gouvernement français veut neutraliser les drones suspects

Ligne à grande vitesse

n Le président du conseil ita-lien Matteo Renzi s’est rendu à l’Elysée aujourd’hui pour un sommet franco-italien. Fran-çois Hollande a annoncé le « lancement des travaux » de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin « effectifs à partir de 2016 ». Le premier accord pour le lancement de cette ligne ferroviaire avait été pas-sé en 2001, c’est-à-dire il y a plus de 14 ans.

Dialogue social : Force ouvrière s’inquiète d’un possible « 49-3 social »

n Demain, le gouvernement présentera les grandes lignes de la réforme sur le dialogue social. Il devrait reprendre à son compte un grand nombre de propositions du Medef. Le numéro un de Force ouvrière Jean-Claude Mailly a pré-venu que cela constituerait un « 49-3 social ». Fin janvier, après l’échec des négocia-tions entre les organisations syndicales et le patronat, le gouvernement avait repris le dossier et annoncé l’élabora-tion d’une loi.

Hollande et Valls moins populaires

n Après une hausse impor-tante des cotes de popula-rité à la suite des attentats de janvier à Paris, les têtes de l’exécutif retrouvent presque leurs niveaux res-pectifs de décembre dernier. Celle de François Hollande baisse de 5 points en février et atteint 26%, celle de Ma-nuel Valls de 6 points, à 47%.

Le tabagisme des Français en léger recul

n La consommation de ta-bac est en légère baisse en France. Le pourcentage de fumeurs réguliers est passé de 29,1% en 2010 à 28,2% l’an dernier. Mais la France fait par-tie des pays occidentaux où les femmes enceintes fument le plus. Près de 20% d’entre elles continuent à fumer tout au long de leur grossesse.

POLITIQUE Les divisions internes affaiblissent la gauche

Après le 49-3,le PS règle ses comptesn Jean-Christophe Camba-délis l’a assuré, il y aura une « franche explication » ce mardi soir lors du bureau national du PS. Dans le viseur du gouver-nement et de la direction de Solférino, les frondeurs du parti qui voulaient voter contre la loi Macron, obligeant Manuel Valls à recourir à l’article 49-3 et donc à un passage en force. Une expérience amère pour la gauche, permettant de constater qu’il n’y avait plus de majorité absolue dans l’hémicycle. Le premier secrétaire du PS semble avoir la mémoire courte : lors d’une interview aux Echos.fr en décembre dernier, il avait exprimé lui-même des réserves sur le projet de loi Macron, le qualifiant de « loi fourre-tout ».Sanctionner les frondeurs, c’est ce que les députés « fidèles » au gouvernement souhaiteraient. Bruno Le Roux a pourtant exclu toute exclusion, redoutant un « affaiblissement collectif ». Le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi a quant à lui proposé d’interdir aux députés socialistes de voter « contre » les textes du gouvernement.

Mauvais présage pour les départementalesAlors que les élections dépar-tementales approchent, le son-dage du Figaro/IFOP publié le 22 février n’a rien de rassurant pour le PS. Le Front National est le premier parti dans les intentions de vote, devançant l’alliance UMP/UDI. La gauche traîne à la troisième place. Le léger enthousiasme qui a suivi

la victoire du PS à la législative partielle du Doubs n’aura pas duré. Coup dur supplémentaire pour les socialistes, les Verts et l’Ex-trême-Gauche sont bien déci-dés à proposer une alternative. Seulement 18% des candidats d’Europe écologie-Les Verts (EELV) ont fait des listes com-munes avec le PS, préférant se présenter sur des listes avec le Front de Gauche. Les commu-nistes et le PS seront alliés dans uniquement 50 cantons. Le congrès interne de Poitiers, prévu en juin 2015 s’annonce donc animé, trois mois après une défaite prévisible de la gauche. «Je veux un congrès utile, pas un congrès futile», a mis en garde Jean-Christophe Cambadélis, pas sûr du tout d’être entendu.

o Marie-Caroline Cabut

Jean-Christophe Cambadélis au siège du PS en mai 2014. Joël Saget/AFP

EN BREF

FRANCE

MARDI 24 FÉVRIER - EXPRESSO - 03

Montebourg American Tour Arnaud Montebourg a changé de métier mais pas de discours. L’ancien ministre de l’Économie s’est improvisé professeur lundi 23 février lors d’une conférence sur l’austérité dans la prestigieuse université américaine de Princeton. L’occasion de qualifier la politique économique de son ancien employeur « suicidaire », affirmant qu’elle allait mener « le Front Natio-nal au bout du chemin ». Visant directement son successeur Emmanuel Macron, Arnaud Montebourg a assuré que le projet de loi adopté avec le 49-3 n’était pas son œuvre.

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04 - EXPRESSO - MARDI 24 FEVRIER

INTERNATIONALESPAGNE Le gouvernement lutte difficilement contre le chômage

Rajoy peine à convaincre

INDONESIE Un Français mêlé à un trafic de drogue encourt la peine capitale

Djakarta ne graciera pas Serge Atlaoui

Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy prononçait son discours annuel ce matin devant le

Parlement espagnol pour dé-fendre son bilan. A quelques mois des élections législatives prévues pour le mois de décembre, le chef du gouvernement avait intérêt à vanter l’efficacité de sa poli-tique. Et c’est ce qu’il a fait : selon lui, la croissance de son pays pourrait atteindre « jusqu’à 2,4% en 2015 », contre 2% attendu jusqu’à présent.La situation économique de l’Espagne tend effectivement à s’améliorer. La croissance a lé-gèrement repris (1,4% en 2014) après cinq années de récession ou de croissance nulle. Le chô-mage a baissé en 2014 pour la deuxième année consécutive touchant à présent 23,7% contre 25,73% fin 2013. Pourtant, le bilan du Premier ministre n’est pas aussi posi-tif que celui-ci voudrait bien le faire entendre. Le taux de chômage espagnol reste un des plus élevé de la zone euro, et

les jeunes sont toujours autant touchés. Plus de la moitié des jeunes de moins de 25 ans

(51,8%) ne parvient pas à trou-ver un emploi. Les nombreuses réformes entamées ne réus-

sissent pas à réduire le chômage longue durée et sont accusés de faire reculer les acquis sociaux.

Recul des acquis sociauxRéforme fiscale, réforme du marché du travail, coupes bud-gétaires… Le gouvernement de Mariano Rajoy n’a eu de cesse d’imposer une austérité impla-cable à l’Espagne pour redres-ser son économie. Mais la facture sociale est lourde. La réforme du mar-ché du travail a fait baisser les indemnités de licenciement. Le taux de TVA a été relevé de 18 à 21% et le salaire minimum mensuel est à présent à 649 eu-ros. Ces réformes ont provoqué de nombreuses manifestations en Espagne et font monter l’im-popularité du gouvernement. Celui-ci a bien essayé de redo-rer son image en donnant, entre autre, un coup de pousse au salaire minimum en décembre. Mais les résultats incertains de sa politique ne parviennent pas à convaincre. Le chômage a en effet connu une légère hausse (+1,75 %) en janvier.

o Natacha Delmotte

La corruption ébranle les partis traditionnelsLa classe politique espagnole a trempé à plusieurs reprises dans des affaires de corruption. Un vaste scandale, qui impli-quait quarante-trois personnes dont plusieurs membres du Parti Populaire, a été mis en lumière en octobre 2014. Mariano Rajoy a dû s’expliquer mais les électeurs se montrent à pré-sent extrêmement méfiants envers les partis politiques tra-ditionnels pour les prochaines élections. Le chef du gouver-nement doit jongler avec cette difficulté supplémentaire pour défendre son bilan.

n L’avenir de Serge Atlaoui, emprisonné depuis 2005 pour trafic de drogue en Indonésie puis condamné à mort en 2007, prend une tournure bien sombre. La président Indonésien Joko Widodo, a affirmé aujourd’hui que son gouvernement n’accé-derait pas aux demandes de grâce des états dont les ressor-tissants ont été condamné à la peine capitale. Une déclaration qui réduit à néant les efforts récents de la diplomatie française : Fran-çois Hollande avait écrit à M.

Widodo début janvier pour demander un report de l’exécu-tion de Serge Atlaoui tandis que Laurent Fabius avait convoqué il y a une semaine l’ambassa-deur indonésien afin d’influen-cer la ligne de Djakarta sur la question.

Ultime recoursLes tourments de Serge Atlaoui commencent en 2005. Cet arti-san soudeur originaire de Metz travaille alors à son compte aux Pays-Bas. Il accepte une allé-chante mission dans une usine

en périphérie de Djakarta, payée au noir 2000 euros par semaine. Un complexe qui se relève être un laboratoire clandestin de production d’extasy. Lorsque la police découvre l’édifice, Atlaoui est interpelé. Le français a toujours nié avoir eu connaissance de la nature illégale des activités de son em-ployeur, affirmant être persuadé que l’usine effectuait des « tests »de fabrication de MDMA, un composant de l’extasy, mais ne produisait pas de drogue. Une version qui ne convainc

pas la justice indonésienne, qui le condamne à la peine capitale en 2007. Serge Atlaoui avait pourtant connu un regain d’espoir le 10 février, quand la demande de révision de son procès avait été acceptée par la justice indoné-sienne. La vie du francais est à pré-sent suspendue a cette ultime requête. En Indonésie, un condamné en mort dont le re-cours en grâce a été rejeté peut être fusillé à tout moment.

o Adrien Candau

Mariano Rajoy a défendu ce matin son bilan économique devant le Parlement Reuters

Face à l’exécutif, la résistance s’organise n Ils étaient plusieurs dizaines de milliers à manifester le 31 janvier, dans les rues de Madrid, contre la politique du gouverne-ment de Mariano Rajoy. Une « marche pour le change-ment » soutenue par le parti antilibéral Podemos, qui a fait de la lutte contre l’austérité son cheval de bataille.

Son leader charismatique Pablo Iglesias souhaite instaurer un revenu universel pour tous les citoyens, tout en luttant contre la corruption qui mine la classe politique du pays. Crédité de 28.2% d’intentions de vote, Podemos est devenue la première formation politique espagnole fin 2014.

Un nouveau parti d’oppositionDe son côté, la formation Ciu-dadanos se veut moins radicale que Podemos. A la différence de ce dernier, le parti d’Albert Ri-vera se dit « profondément eu-ropéen », et « conteste l’hosti-lité des partis de gauche contre les chefs d’entreprise ». Devant la faiblesse des pro-

grammes alternatifs, Mariano Rajoy a dénoncé mardi la « dé-magogie » des populismes, qui compromettrait la reprise éco-nomique et l’Etat-providence en Espagne. Sa majorité est menacée alors que se profilent les élections législatives.

o William Zinck

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MARDI 24 FEVRIER FEVRIER- EXPRESSO - 05

NUCLEAIRE Israël ne veut rien céder à l’Iran

Enième round avec les Occidentaux

AFRIQUE Un antivirus réduit de moitié la mortalité chez certains malades

Un espoir dans la lutte contre Ebola

INTERNATIONAL

n C’est un véritable espoir dans la lutte contre Ebola. un antivi-ral japonais, le favipiravir utilisé contre la grippe, donne des résul-tats encourageants dans le traite-ment des personnes contaminées par l’épidémie de fièvre hémor-ragique. Lundi à Seattle, lors du congrès sur les rétrovirus et les infections opportunistes, le Pr Denis Malvy et Xavier Anglaret (Inserm/Uni-versité de Bordeaux) ont présenté les résultats de leur essai clinique

appelé JIKI. Mené avec 80 ma-lades et débuté le 17 décembre 2014 en Guinée, l’essai a mon-tré que la mortalité de certains patients réduit de moitié lorsque l’infection est peu avancée.

Une efficacité variableEn revanche, les malades qui arrivent dans les centres de soin à un stade trop avancé de la mala-die n’ont pas connu d’améliora-tion de leur état avec cette thé-rapie. « Cet essai renforce notre

conviction que l’un des grands enjeux de la lutte contre Ebola consiste à convaincre les malades de se rendre dans les centres de soin dès les premiers symptômes » souligne le Pr Malvy.Depuis 2014, l’épidémie d’Ebola a tué au moins 9177 personnes en Sierra-Leone et en Guinée selon le dernier bilan de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Jusqu’ici aucun traitement médi-cal n’a encore été trouvé.

o Solène Cressant

n Faut-il croire à un accord sur le nucléaire iranien ? Les Occi-dentaux et l’Iran se sont fixés jusqu’au 31 mars pour arriver à un accord politique et au 1er juillet pour régler les détails techniques.La Russie se montre de loin la plus optimiste. L’Iran aussi qui espère « un règlement rapide » selon les propos du vice-mi-nistre iranien des Affaires étran-gères Abbas Araghchi.John Kerry, le patron de la di-plomatie américaine, affirme qu’il n’y a pas de désaccord dans le Groupe 5 + 1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et l'Allemagne). « Le groupe 5+1 reste uni sur le sujet de l'Iran. Il n'y a ab-solument aucune divergence sur le fait qu'il est nécessaire que l'Iran prouve que son pro-gramme nucléaire sera paci-fique à l'avenir » a-t-il déclaré à Londres le 21 février.En réalité, des différences d’interprétations subsistent sur le contenu de l’accord qui vise à s’assurer que l’Iran ne pourra pas développer la bombe nucléaire. La France reste mé-fiante alors que l’Iran a toujours

niée vouloir posséder l’arme atomique et affirme développer son programme dans le respect du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et donc à des fins civiles.

Divisions internesLes Républicains, eux-aussi, font preuve de vigilance. Ils dénoncent la volonté d’Obama d’arracher un accord a minima et de changer les relations histo-riques des Etats-Unis au Moyen-Orient en se rapprochant de l’Iran. Ils veulent voter un nou-veau cycle de sanctions fin mars.En Iran, Hassan Rohani doit aussi lutter contre la frange dure de sa majorité qui redoute que la République islamique plie face aux Occidentaux alors que le guide suprême, Ali Kha-menei, multiplie les déclara-tions ambigües. Pour tenter de contrer l’armée et les Gardiens de la révolution, le président iranien a déclaré vouloir organi-ser un référendum pour approu-ver l’accord négocié.Le pays le plus hostile à l’accord reste Israël. L’Etat hébreu voit dans l’Iran une menace pour son existence même. Un porte-

parole de la Maison-Blanche a déclaré qu'Israël déformait la position américaine dans ce dossier et a critiqué une attitude fallacieuse consistant à « sortir en permanence des éléments de leur contexte et déstabiliser ainsi la position des Etats-Unis ».Dans ce contexte, difficile de croire à un accord prochain.

o Marc Taubert

Une jeune française otage au Yemenn Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé mardi l’enlèvement à Sanaa d’une ressortissante fran-çaise de 30 ans travaillant à la Banque Mondiale. François Hollande a déclaré qu’elle avait été enlevée devant un ministère. « Nous demandons que sa libération arrive dans les meilleurs délais, nous cherchons sa localisation » a déclaré le Président de la République devant la presse.

90 villageois chrétiens enlevés en Syrien Des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont atta-qué deux villages chrétiens, Tal Chamiram et Tal Hermoz, sous contrôle des forces kurdes dans la région de Has-saké en Syrie. Ils ont enlevé 90 habitants, a affirmé mardi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’ONG n’a pas été en mesure d’indiquer où ont été conduits les otages.

La Lituanie rétablit le service militairen La presidente lituanienne Dalia Grybauskaite a annoncé mardi que le pays allait réta-blir temporairement le ser-vice militaire obligatoire, vu "l'actuel environnement géo-politique". La Lituanie craint le grand voisin russe, son an-cienne puissance dominante. Le pays avait abandonné le service militaire obligatoire en 2008, quatre ans après son adhésion à l'Otan. Son armée de métier compte actuelle-ment 8 000 hommes, auxquels s'ajoutent quelque 4.500 réservistes bénévoles. Les premiers conscrits devront se présenter dans les casernes cet automne.

La Palestine condamnée pour des attentats en Israëln Un jury populaire de l’Etat de New York a condamné lundi l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à verser l’équivalent de 192 millions d’euros d’indemnités aux familles d’Israélo-américains, victimes d’attentats au début des années 2000. Les deux organisations ont été recon-nues coupables d’avoir sou-tenu six attaques fomentées par le Hamas et les Brigades du martyrs d’Al-Aqsa entre 2002 et 2004. Les Palestiniens vont faire appel.

EN BREF

Le secrétaire d’État américain, John Kerry et le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif Fabrice Coffrini/AFP

Onze ans de négociations

n Novembre 2004 : suspen-sion du programme d’enri-chissement d’uranium.n Avril 2006 : Le président Ahmadinejad annonce que « l’Iran a rejoint les pays nu-cléaires ».n Décembre 2006 : le Conseil de sécurité de l’ONU impose des sanctions à l’Iran, alour-dies en mars 2007 puis en 2009.n 2011 : début de négocia-tions secrètes entre l’Iran et les Etats-Unis.n Novembre 2013 : l’Iran et le Groupe 5 + 1 parviennent à un accord intérimaire, pro-longé deux fois.

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06 - EXPRESSO - MARDI 24 FEVRIER

ECO/CONSOGRECE Le gouvernement d’Alexis Tsipras a présenté sa liste de réformes

L’Eurogroupe a dit oui C’est à priori une

bonne nouvelle pour Alexis Tsipras. Son plan de ré-formes a été validé

mardi par les dix-neuf ministres des Finances de la zone euro, sous réserve d’être encore ap-profondi. Cette validation inter-vient après des jours de suspens et d’allers-retours entre Athènes et Bruxelles. Il ouvre la voie à la prolongation jusqu’à l’été du programme d’aides dont béné-ficie le pays en quasi dépôt de bilan.

Gages à l’Europe Le premier Ministre grec a dû mettre beaucoup d’eau dans son vin. Dans son document de six pages, il n’est pas ques-tion du salaire minimum à 751 euros annoncé pendant la cam-pagne. Son augmentation est évoquée, mais sans montants ni échéances précises. Elle sera soumise à l’aval de l’Euro-groupe. Toutes les mesures sociales sont reléguées dans la dernière page du document, leur formulation reste floue. Face à la crise huma-nitaire « traversée par le pays », le gouvernement grec évoque des mesures « très ciblées »

pour améliorer la couverture sociale, l’approvisionnement en énergie, l’accès à la nourriture et le logement des plus pauvres. Pour le reste, Tsipras a donné de sérieux gages à l’Eurogroupe. Il a accepté de ne pas revenir sur les privatisations imposées par l’Europe, qu’il dénonçait pour-tant ouvertement. Le gros des réformes porte sur la lutte anti-corruption dans l’administra-tion, une « priorité nationale ». Le plan propose notamment de renforcer l’indépendance de

l’administration fiscale, réduire le nombre de ministères de seize à dix et durcir la réglementation pour le financement des partis politiques. On ne peut cependant pas parler d’une victoire de Syriza puisque ces réformes sont réclamées par les puissances européennes de-puis cinq ans.

Réactions en Grèce Ce compromis intervient alors que l’aile gauche de la coalition Syriza devient de plus en plus

critique. « Je m’excuse auprès du peuple grec d’avoir parti-cipé à cette illusion », a confié dimanche Manolis Glézos, eurodéputé et doyen de Syriza. Et Stathis Kouvelakis, membre du comité central de Syriza interrogé par le magazine Ijs-berg, de conclure: « Il y a eu des illusions (…) de la direction de Syriza quant aux possibilités de changer les choses dans le cadre actuel de l’Union Euro-péenne ».

o Lauriane Clément

n Areva a annoncé sa grande difficulté sans attendre les résul-tats définitifs. Lundi, le groupe nucléaire français a communi-qué ses résultats 2014, révélant une perte nette de 4,9 milliards d’euros. Cela constitue non seulement un record, mais un montant supérieur à sa valeur en bourse, d’autant plus pro-blématique lorsqu’il s’agit de sa quatrième perte consécutive depuis 2011. Le gouffre est la conséquence de dépréciations d’actifs, de nouvelles provisions comp-tables, mais aussi des difficultés du groupe à mener ses chan-tiers dans les temps et budgets. Ces problèmes se font avec un marché du nucléaire déprimé. Entre autres, la construction de son usine Comurhex 2, chargée de la conversion de l’uranium, rencontre retards et surcoûts alors que son principal client, EDF, s’est tourné vers d’autres fournisseurs. Fin juin, la dette

d’Areva atteignait déjà 4,7 mil-liards d’euros, avec une valeur en bourse de 3,7 milliards d’eu-ros. Le groupe se trouve ainsi en manque de fonds propres.

Un plan de restructuration de taille Ces résultats sont provisoires. Les comptes de l’exercice 2014 seront arrêtés le 3 mars, mais laissent imaginer l’ampleur du plan de compétitivité qui sera présenté le lendemain. Areva mettra sur la table une réorgani-sation de son activité et n’exclut pas de supprimer des postes. Le groupe pourrait avoir besoin d’une recapitalisation, alors qu’il est détenu à 87% par l’Etat français. Lundi, Ségolène Royal a affirmé devant la presse, que « toutes les solutions sont en train d’être regardées ». Début février, le Journal du Dimanche assurait que l’Etat ne renfloue-rait pas l’entreprise.

o Henrique Valadares

ENERGIE Lourdes pertes pour le groupe français

Areva face à son déficit

Forcé au compromis, le premier Ministre grec Alexis Tsipras est la cible des critiques d’une partie de l’aile gauche de Syriza. Reuters

LA POSTE CA record et déficit en baisse

La CGT conteste le CICEn Pour la deuxième année consécutive, La Poste a réalisé un chiffre d’affaires record de 22,163 milliards d’euros, en hausse de 2,1%, mais a vu son bénéfice net chuter de 17,7%. Avant même la publication de ces résultats, la CGT de la Poste a dénoncé dans un communiqué « le prix fort payé » par les sala-riés. Selon le principal syndicat de l’entreprise, « 6 284 suppres-sions d’emplois » ont été réali-sées en 2014. La CGT s’inter-roge sur l’utilisation du Crédit d’impôt pour la compétitivité et pour l’emploi (CICE) et son absence de contrepartie. Votée en 2012, cette mesure fiscale permet aux entreprises de restaurer leur compétitivité à travers une réduction d’impôts calculée sur la masse salariale. Applicable aux salaires allant jusqu’à 2 fois et demi le smic, le CICE a généré 352 millions d’euros en 2014 pour la Poste, contre 250 millions en 2013.

Quelques heures plus tard, un document interne à la Poste est venu justifier les suppressions d’emplois : le bénéfice net du groupe a chuté à 513 millions d’euros, en raison de la baisse plus forte des courriers en 2014, mais également d’« une aug-mentation de la charge d’impôt de 56 million d’euros ». Pour La Poste, l’année écoulée a débouché sur « une baisse limitée et maîtrisée des résul-tats ». Contrairement à la CGT, la CFDT de l’entreprise défend, elle, le CICE : « Sans (lui), la Poste serait encore plus en dif-ficulté » a souligné Alain Bar-rault. Selon ce syndicaliste, le groupe a besoin du crédit d’impôt « car c’est une entreprise (…) en pleine restructuration ». La Poste a procédé à une hausse tarifaire de 3% le 1er janvier, pour que 2015 soit « l’année du rebond », souligne le groupe.

o Henrique Valadares

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ECO/CONSOREPORTAGE Deux fois par semaine, le prêt sur gage met en vente des lots

« Ma tante » met vos bijoux à l’encann « 1300€, pour l’année de la chèvre monsieur ! » 1300€, c’est le prix d’une paire de boucles d’oreilles en or à l’effi-gie de Bouddha. Une somme qui ne fait pourtant pas broncher grand monde en ce vendredi matin, à l’hôtel des ventes du Crédit municipal de Paris, an-ciennement Mont-de-Piété et surnommé « Ma tante ». Un peu moins de 300 lots y sont mis en vente ce jour-là, tous issus exclusivement du prêt sur gage, sur lequel l’institution a le mo-nopole en France. Lorsqu’une personne ne peut payer les intérêts du prêt à la fin de la durée de son contrat, une ordonnance du tribunal de grande instance autorise la mise en vente. La personne peut elle-même la demander, trois mois après le dépôt.

Des bijoux, de l’argenterie et des manteaux de fourrureBien que 93% des objets soient récupérés par leurs dépositaires, le Crédit municipal organise deux ventes aux enchères par semaine, des bijoux au mobi-lier en passant par l’argenterie. Quatre ventes plus prestigieuses sont prévues dans l’année, comme celle des manteaux de fourrure qui se tient générale-ment en novembre. Mais qui peut dépenser 4000€ pour une

ceinture de pièces estampées, 2880€ pour un collier en or, ou 2000€ pour un lot de pièces d’or ? « 80% de nos acheteurs sont des particuliers, 20% des revendeurs » déclare René Sa-

ragosti, directeur de l’hôtel des ventes. D’autres sont manifestement là pour leur activité profes-sionnelle, comme cet acheteur qui farfouille dans les tickets

d’achat que lui apporte régu-lièrement le crieur. « Je ne sais même pas ce que j’ai là », mar-monne-t-il avant de demander le contenu et le prix du dernier lot à sa voisine.

La crise sans effet sur le prêt Contrairement aux idées reçues, la crise économique n’a pas poussé outre mesure les Fran-çais vers le prêt sur gage. C’est plutôt le bond du cours de l’or en 2012 qui les a incités à mettre leurs bijoux et objets pré-cieux en gage, afin de profiter de l’augmentation de leur valeur. En effet, l’institution prête 50 à 60% de la valeur du bien, après estimation par un commissaire-priseur indépendant. Le prêt sur gage n’est donc pas synonyme d’une précarité grandissante. « Au contraire, nous avons beaucoup plus de gens qui renouvellent leur contrat au-jourd’hui », précise M. Sara-gosti, c’est-à-dire qui sont en mesure de payer les intérêts et renouveler leur prêt pour une année supplémentaire. Fidèle à sa réputation solidaire depuis sa création en 1637, le Crédit municipal de Paris a même baissé ses taux d’intérêt en janvier 2015 pour les prêts entre 300 et 1000€, passant de 9,3% à 7,8%.

o Liv Audigane

n Un hashtag, cinq pays, une centaine d’entreprises concer-nées en France. Twitter a organisé ce 24 février sa pre-mière Journée Européenne de l’emploi. #YourJob, #DeinJob, #VotreJob, ou encore #Jouw-Baan, autant de mots-clés pour parcourir des centaines d’offres d’emploi et échanger avec les recruteurs. Selon Twitter, 24% de ceux qui utilisent le site à titre pro-fessionnel ont déjà tenté d’y trouver des offres d’emploi. Le fonctionnement du réseau social permet une interaction moins rigide que des réseaux professionnels comme Viadeo ou LinkedIn. La recomman-dation ciblée d’annonces entre utilisateurs et la possibilité de découvrir une entreprise par ses tweets en font une recherche plus incarnée, plus humaine. Le réseau social américain pro-pose ainsi la liste des 52 entre-prises participant officiellement

à l’opération, pour trouver plus facilement les offres d’emploi.

Davantage d’offres de stagesque de CDD ou CDIDes institutions comme l’Ar-mée de Terre, la Police Natio-nale, le gouvernement ou Pôle Emploi utilisent également le hashtag, que ce soit pour du recrutement ou des conseils. MonsterFrance, site de recrute-ment en ligne, propose même de retweeter les messages compre-nant le hashtag #VotreJob pour aider les utilisateurs dans leurs recherches et améliorer leur visibilité. Dans l’après-midi, vers 16h cependant, le découragement se faisait déjà sentir chez cer-tains demandeurs d’emploi, regrettant notamment le nombre important d’offres de stages par rapport à celui des CDD ou CDI, et le peu de réponses de la part des entreprises.

o Liv Audigane

Twitter se rêve en Pôle EmploiEMPLOI Le réseau social lance #VotreJob

Nouveau billet de 20 eurosn Le président de la BCE, Ma-rio Draghi a présenté le nou-veau billet de vingt euros qui sera mis en circulation dès cet automne. Un billet sera plus difficilement falsifiable que le précédent.

Bruxelles ouvre une enquête sur Alstomn La Commission européenne a annoncé, lundi 23 février, l’ouverture d’une « enquête approfondie » sur le rachat des activités énergie d’Alstom

par General Electric (GE), si-gné en juin pour 12,3 milliards d’euros, qu’elle soupçonne de fausser la concurrence dans le secteur des turbines à gaz de hautes puissances.

6 millions d'euros pour les licenciés de Mory Ducros n La Commission Euro-péenne a proposé lundi une enveloppe de 6 millions d’eu-ros pour venir en aide aux tra-vailleurs licenciés du trans-porteur Mory Ducros et les aider à retrouver un emploi, sur demande de la France.

EN BREFInde : le contrat pour les Rafale en mauvaise voien Manohar Parrikar, le ministre de la Défense indien, attend les conclusions du rapport du Contract Negotiations Comittee (CNC) pour décider concernant de l’achat des 126 Rafale. Ce rapport est attendu début mars. Il permettra d’évaluer les coûts à long terme des 18 avions français et des 108 autres exem-plaires qui seront fabriqués en Inde. Selon le quotidien écono-mique indien Business Standard, le contrat est « effectivement mort ». Le Rafale est en effet bien plus cher que son concurrent européen, le Thyphoon.

De 40 à 2500 euros, l’amplitude des appels d’offres était considé-rable au Crédit municipal le 20 février. AFP

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08 - EXPRESSO - MARDI 24 FEVRIER

CULTUREEXPOSITION Au Petit Palais, tous les chemins mènent aux vices

La face sombre de l’Italie baroque

C’est la Rome de l ’ inconvenance , de l’indécence et de l’irrévérence qui est présentée à

travers l’exposition « Les Bas-fonds du Baroque ». Plutôt que la ville fastueuse du baroque triomphant, le Petit Palais ex-pose l’envers du décor, entre le vice et la misère. « A cette époque à Rome, ils n’avaient pas froid aux yeux » déclare Pierre, un visiteur au visage rieur. Bacchus nu dévorant une grappe de raisin, Bacchus nu sous un arbre... le dieu de l’abondance et de l’allégresse s’étale lascivement sur de nom-breuses toiles. Silencieux, les visiteurs admirent les corps dé-nudés et les regards concupis-cents des Italiens de l’époque.L’obscurité des salles du Petit Palais plonge le visiteur dans les filets de la sorcière ou de la diseuse de bonne aventure. Détentrices de savoirs occultes et de pouvoirs irrationnels, ces femmes mystérieuses s’adonnent à des pratiques dan-gereuses alors condamnées. « C’est une image de Rome que

nous ne sommes pas habitués à voir », témoigne Christelle. « Ça change des papes et de la religion ».

Volupté et grivoiserieDes scènes grivoises de vie à la taverne représentent fidèle-ment les vicissitudes du monde d’en bas. S’adonnant aux plai-sirs interdits, les personnages

affichent un air complice et invitent le curieux à pénétrer dans leur manège. Volupté et grivoiserie se dégagent des toiles qui utilisent habilement l’ivresse des vauriens, des courtisanes et des amants pour enivrer les visiteurs. « Les campements de Bohémiens dans les ruines, les tavernes, ce monde de misère, violent

et grossier, est une source d’inspiration inépuisable », explique Christophe Leribault, le directeur du Petit Palais. « Tout d’un coup, les pauvres ont droit à leur portrait ». Face aux orgies, certains visiteurs ont les yeux écarquillés. « Les artistes d’aujourd’hui n’osent plus représenter de telles scènes », affirme Renée, l’air choqué et admiratif à la fois. Les couleurs chaudes des murs du Petit Palais invitent le visi-teur à une balade voluptueuse dans cette Rome baroque, sou-vent discriminée mais pourtant peinte par de célèbres artistes européens. Le Caravage, Nico-las Tournier se sont penchés, au milieu d’autre, sur le désordre et la violence des bas fonds de Rome. Etalé dans des draps froissés, le « Jeune homme nu sur un lit avec un chat » de Giovanni Lanfranco (illustra-tion) se tourne vers le visiteur et semble lui glisser malicieu-sement à l’oreille : « Allez, re-joins-nous dans les souillures du Rome. »

o Marine Henriot

Giovanni Lanfranco Jeune homme nu sur un lit avec un chat, 1620-1622

n Let’s dance. Dès le 3 mars, la Philharmonie de Paris révèlera la très attendue expo « David Bowie is… watching you », qui exhibera plus de 300 pièces inédites de l’icône, dont des manuscrits et des costumes de scène. Elle permettra d’en ap-prendre plus sur les multiples

avatars du chanteur, de Ziggy Stardust à Aladdin San en pas-sant par le Thin White Duke. Le binoclard balafré le plus célèbre du monde s’invitera lui à partir du 4 avril à la Cité du cinéma. Déjà visitée par près de 3 mil-lions de moldus à travers le monde, l’exposition Harry Pot-

ter vous permettra de déambu-ler dans le Poudlard Express et dans les décors de la saga culte.Les aficionados d’art contem-porain ne seront pas en reste. Dès jeudi, le Centre Pompidou laissera le champ libre à Hervé Télémaque et ses toiles bario-lées, qui puisent leurs influences

dans le Pop art et la culture haï-tienne. Dans la foulée, le musée renouvellera le 4 mars sa série « Qu’est-ce que la photographie ? », qui exposera notamment de rares clichés du cinéaste Wim Wenders et du plasticien Patrick Tosani.

o Louis-Valentin Lopez

Harry Potter et David Bowie débarquent à Paris

n Prenez des percussions lan-cinantes. Saupoudrez d’har-monies au piano, auxquelles vous mélangez des choeurs souls aériens. Rajoutez deux jumelles, aussi semblables de visage que dissemblables de caractère. Vous obtenez Ibeyi, qui vient tout juste de sortir son album éponyme. Entre décrochés rythmiques et mélodies mystiques, Lisa la meneuse et Naomi la discrète nous emmènent loin. Quelque part entre les immenses plaines africaines et la Ha-

vane, leurs voix résonnent à la fois en anglais et en yoruba, le dialecte parlé autrefois par les

esclaves de Cuba. L’île native de leur père Anga Diaz, ancien percussionniste membre du

groupe Buena Vista Social Club, décédé en 2006.Depuis, son fantôme suit les deux soeurs comme leur ombre. Il s’incarne dans son instrument fétiche : le cajón, caisse rythmique péruvienne dont on joue en la calant entre ses jambes, omniprésent dans le premier essai du duo. Entre spleen exotique et influences contemporaines, Ibeyi souffle un vent de fraîcheur aux sen-teurs de groove sur la nouvelle scène française.

o Louis-Valentin Lopez

Ibeyi, jumelles hybrides et grooviesMUSIQUE La soul des deux soeurs d’origine cubaine envahit la nouvelle scène française

Lisa et Naomi Díaz forment le duo Ibeyi. Flavien Prio

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MARDI 24 FEVRIER- EXPRESSO - 09

SPORT

n La Corée du Nord, effrayée par la récente épidémie d’Ebo-la, a décidé de durcir les règles de confinement du pays. Depuis octobre 2014, les frontières du pays sont fermées aux touristes. Pour les hommes d’affaires et les diplomates, une quaran-taine stricte est observée. Le gouvernement Nord-Coréen a également décidé d’interdire la participation de coureurs étran-gers à son marathon annuel à Pyongyang, a-t-on appris aujourd’hui. La 28ème édition de la course aura lieu en avril. Deux tours operators chinois habitués à organiser des circuits en Corée du Nord, ont annoncé avoir eu connaissance ce lundi l’interdiction, par les collabora-teurs de Kim Jung-un.La propagation du virus n’est pourtant plus un risque majeur. L’épidémie est sur la phase des-cendante et le nombre de per-sonnes atteintes dans les foyers du virus, est au plus bas depuis le début de l’épisode infectieux. De plus, aucun cas d’Ebola ne s’est déclaré sur le territoire coréen. Cette interdiction intervient un an aprés l’ouverture du mara-

thon de Pyongyang aux étran-gers. Le gouvernement de Kim Jong-un, lors d’un discours du chef suprême en avril 2014, avait placé le sport comme prio-rité nationale. Quelques mois plus tard, les athlètes nord-co-réens avaient particulièrement brillé aux Jeux Asiatiques, qui ont eu lieu du 19 septembre au 4 octobre 2014. Leur palmarès impressionnant (11 médailles d’or, 11 médailles d’argent et 14 de bronze) leur a valu en récom-pense un banquet offert par Kim Jong-Un.

o Hélène Corbie

EN BREF

FOOTBALL Arsenal affronte Monaco en huitième de finale de la ligue des champions

Wenger, retour aux sourcesn 18 ans qu’il n’a pas mis les pieds au stade Louis II. Pour Arsène Wenger, le huitième de finale de Ligue des Champions qui oppose mercredi Arsenal à Monaco n’est pas un match comme les autres. Car celui qui est devenu l’entraineur incon-tournable des « Gunners » dès 1996, a d’abord mené le club Monégasque jusqu’au sommet, de 1987 à 1994. « La nostalgie du jeune homme que j’étais va se heurter à l’homme que je suis, mais c’est un match à en-jeu énorme, le côté profession-nel va l’emporter rapidement sur tout le reste » a-t-il annoncé sur BeIn Sport.

« Un avant et un après Wenger »Entre les deux époques, l’atti-tude de champion est restée intacte. Du Rocher au club bri-tannique, il révèle de grands joueurs. Emmanuel Petit, Thierry Henry ou Lilian Thu-ram à Monaco. Samir Nasri ou Olivier Giroud à Arsenal. Mais surtout, il étoffe les palmarès de

ses clubs. Champion de France 1988 et vainqueur de la Coupe de France 1991 avec Monaco, il a aussi mené les « Gunners » en haut de l’affiche en remportant cinq Coupe et trois Champion-nats d’Angleterre. A Monaco, « Il y a eu un avant et un après Wenger » estimait dans Le

Parisien Marcel Dib, un de ses anciens joueurs Monégasques. « C’est grâce à lui que le club s’est structuré. Aujourd’hui en-core, il y a des trace invisibles de Wenger à Monaco ». C’est avec une réputation de faiseur de miracle, partagée des deux côtés du détroit du Pas-de-Ca-

lais, qu’Arsène Wenger verra s’affronter les deux clubs qui ont fait son histoire.

o Lila Haffaf

Arsenal favori, Monaco motivéEn grande forme depuis début 2015 et troisième du championnat anglais, Les Gunners appréhendent le huitième de finale de la Coupe de la Ligue face à Monaco sous le statut d’ul-tra favori. Mais le club de la Princi-pauté n’a pas dis son der-nier mot. Absent de la Ligue des Champions depuis 2004 et souffrant de l’absence de plusieurs joueurs bles-sés, dont Yannick Carrasco, l’ASM espère arracher la vic-toire aux britanniques. « On n’a rien à perdre ! », plaide Vadim Vasilyev, l’entraineur monégasque, dans un entre-tien à l’Equipe.

Arsène Wenger a été entraîneur de l’ASM en 1987. DR

Kim Jung-un a peur d’EbolaMARATHON Des sportifs interdits de course

n La date du Mondial en discussionUne délégation de la Fédéra-tion internationale de football association (FIFA) est arrivée lundi à Doha, au Qatar. Au centre des conversations : la date du prochain Mondial, dif-ficile à fixer à cause des tem-pératures pouvant atteindre les 50°C durant certaines pé-riodes. « Il y a une solution qui émerge de ces discussions, c’est celle de novembre-dé-cembre 2022 » a déclaré le secrétaire général de la FIFA, Jérôme Valcke. Le prochain Mondial pourrait donc avoir lieu du 26 novembre au 23 décembre 2022.

n Monfils rejoint l’équipe de France de tennis Le capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis Ar-naud Clément a finalement sélectionné Gaël Monfils pour affronter l’Allemagne à Franc-fort (6 – 8 mars). Cette sélec-tion est une surprise car le récent finaliste de l’Open 13 avait annoncé qu’il ne souhai-tait pas disputer ce premier tour pour se concentrer sur son entrainement. Le reste

de l’équipe sera composée de Gilles Simon, Richard Gas-quet, Nicolas Mahut et Julien Benneteau en remplaçant.

n Alonso toujours hospitaliséLe pilote de F1 Fernando Alonso est resté hospita-lisé une nuit supplémentaire, suite à son accident survenu dimanche midi sur le circuit de Barcelone. Le double-champion du monde a été victime d’une violente sortie de piste, après avoir perdu le contrôle de sa McLaren. Héli-porté à l’Hospital General de Catalunya après son accident, l’Espagnol a subi une batterie de tests qui se sont avérés concluants. Il reste cependant sous observation et sa partici-pation à la prochaine séance de tests, prévue en fin de se-maine, est incertaine.

EXPRESSO QUOTIDIENInstitut Français de Presse, Paris II Adresse : 83 bis rue Notre Dame des Champs 75016 ParisQuotidien école M1. Février 2015.Directeur de la publication : Rémy Rieffel et Jean-Baptiste Legavre. Sous la direction de François Fressoz, rédacteur en chef et Fabien Rocha, éditeur en chef.

Des marathoniens en 2014. Koryogroup

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EXPRESSO24 02 2015 # 06

L’Alya, le choix d’ElsaPORTRAIT La jeune Francaise a obtenu la nationalité israélienne

EXPRESSO INSOLITELe retour de Maître Liquann Des scientifiques néerlandais de l’Uni-versité de Rotterdam ont réussi à obser-ver les restes d'un moine enfermé dans une sculpture chinoise de Bouddha da-tant de près d'un millier d'années. D’après eux, il s’agit de Maître Liuquan, un religieux bouddhiste ayant vécu en Chine au XIème ou XII ème siècle. La momie a été passée au scanner dans un hôpital des Pays-Bas, révélant un corps quasiment entier et bien conservé. L’équipe de recherche a découvert que les organes avaient été retirés. et que des morceaux de papiers recouverts d'an-ciens caractères chinois remplacaient la cage thoracique. Cette statue – et son corps momifié –serait le seul cas connu à ce jour en Occident.

Pete Doherty crucifié à Londresn Depuis quelques jours, l’église St Marylebone accueille un invité excep-tionnel: une statue en taille réelle du chanteur Pete Doherty crucifié. Expo-sée jusqu’au 17 mars, elle a été créée en 2008 par l’artiste Nick Reynolds. A l’époque, Pete Doherty voulait représen-tation la facon dont il se voyait traité par la presse. Mais la statue n’avait jamais été exposée en public. Le révérend se fé-licite de la présence de l’oeuvre dans sa paroisse. Au Daily Mail, il explique que le chanteur est un symbole de « la ba-taille contre la toxicomanie et contre un mode de vie autodestructeur ». Il espère que cette oeuvre pourra inciter d’autres personnes à « réfléchir à la Passion du Christ et la Résurrection ».

La cacahuète contre l’allergien Donner des aliments contenant des cacahuètes à des nourrissons réduit de 81% le risque qu’ils deviennent aller-giques à cette arachide. C’est le résultat d’une recherche publiée lundi et effec-tuée sur la base d’observations faites en Israël. Très peu d’enfants souffrent d’allergies aux cacahuètes dans ce pays en com-paraison à de jeunes juifs vivant au Royaume-Uni. Les nourrissons israé-liens commencent à consommer cette arachide très tôt contrairement aux enfants de nombreux pays qui recom-mandent de ne pas donner de caca-huètes aux très jeunes enfants qui pré-sentent un risque d’allergie. Cet essai clinique a porté sur plus de 600 enfants âgés de quatre à onze mois, ont précisé les chercheurs britanniques.

06 - EXPRESSO - MARDI 24 FÉVRIER

C’est cinq mois après l’attaque de l’école juive par Moham-med Merah que Elsa, jeune toulou-

saine de 23 ans, embarquait seule dans un avion, direction Israël. « A la fin de ma termi-nale, je m’étais déjà renseignée pour partir. Puis avec les atten-tats je me sentais un peu meur-trie, j’avais besoin de vacances. », raconte t-elle. La jolie brune a d’abord découvert Tel-Aviv, « une ville de débauche qui ne s’éteint jamais ». Cette première approche du pays lui a permit de découvrir l’hospitalité et l’entraide qui règne en Israël, « un vrai coup de coeur » pour la jeune femme. Elle a alors décidé de continuer ses études de droit, à Jérusalem. En janvier dernier, elle a enfin obtenu la nationalité israélienne. Comme elle, ils étaient près de 7000, en 2014, à avoir quitté la France pour l’Israël. Un chiffre qui a plus que doublé par rap-port à l’année précédente. L’Hexagone est aujourd’hui le premier pays au monde pour l’Alya, l’immigration d’un juif en Terre sainte.

L’antisémistisme francais Pourtant, la jeune femme ne possède aucune famille dans ce pays. Ses parents, des pied-noirs d’origine juive, ont rebâti

leur vie dans l’Hexagone après s’être retrouvés bien démunis à leur arrivée : « Ils se sont fait virer d’Algérie sans rien ! Et pourtant il y en a qui me disaient «ta mère a réussi parce qu’elle est juive », ra-conte la jeune femme qui s’est pafois sentie montré du doigt lorsqu’elle était en Franc. Une

attitude qu’elle ne s’explique pas car sa croyance est une af-faire personnelle. Elsa se sent française avant tout. « J’ai beaucoup pleuré après les attentats de janvier. J’étais choquée parce que ça aurait pu être n’importe lequel d’entrenous, ce n’est pas une histoire de religion ». Elsa a assisté à ces

événements depuis un pays en guerre où, paradoxalement, elle se sent plus en sécurité qu’en France.

Vivre dans un pays en guerreLa jeune femme reconnaît malgré tout devoir prendre quelques précautions, comme celle de ne jamais se rendre dans les quartiers arabes où « les juifs ne peuvent pas entrer». Avec l’ombre du Hamas qui plane sur le pays, la tension est permanente : « Quand l’alarme sonne et que tu as trente se-condes pour te réfugier dans un bunker, oui ça fait très peur ! ». Elsa ne défend pas particuliè-rement la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahou envers la Palestine. Mais elle ne croit pas qu’il soit possible de négocier avec « ces terroristes ». Alors certes, si beaucoup veulent faire leur Alya pour fuir l’antisémitisme grimpant en Europe, pour Elsa, cela ne suffit pas : « Il faut venir par amour du pays ! ». Car en plus de la guerre, il faut se battre pour gagner sa vie.La jeune femme y a surtout trouvé son chez soi, un pays dans lequel elle se sent bien, un lieu où « les gens sont simples, alors que les Français, ils tirent toujours la tronche », dit-elle lesourire aux lèvres

o Pauline Louvet

Elsa vit à Jérusalem depuis bientôt trois ans. DR