02 expresso 2015

10
L’ESSENTIEL Avantage pro-russe Les rebelles s’emparent une ville stratégique de l’est ukrainien FRANCE P.2-3 Thomas Guénolé, politologue, analyse la crise à gauche n « Le 49-3 révèle la fragilité du couple Hol- lande-Valls » Fronde des médias contre le CSA n Après les mises en garde de la haute auto- rité, plusieurs télévi- sions et radios publient une lettre ouverte au CSA. INTERNATIONAL P.5 Boko Haram veut saboter les élections nigérianes n Le leader du groupe terroriste promet dans une vidéo de sabo- ter la prochaine élec- tion présidentielle, prévue le 28 mars. ECO/CONSO P.6 Où en est la désindustrialisation ? n Si les fermetures d’usines ont connu un ralentissement en 2014, la courbe de l’em- ploi tarde à s’inverser. CULTURE P.8 Paris célèbre le nouvel an chinois n L’année de la chèvre sera fêtée ce jeudi dans les quartiers chinois du 13ème arrondisse- ment et de Belleville. EXPRESSO n L’entrée en vigueur du cessez-le- feu dimanche 15 février n’a pas em- pêché la poursuite des combats dans l’est de l’Ukraine. Mercredi, la ville de Debaltseve, carrefour routier et ferroviaire de la région du Donbass, est tombée aux mains des rebelles pro-russes après le retrait de l’armée ukrainienne. Les accords de Minsk II ne tiennent plus qu’à un fil. PAGE 5 Une dizaine de soldats ukrainiens sur un char quittant la ville de Debaltseve mercredi 18 février. Reuters QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2015 # 02 18 02 2015

Upload: ifp-institut-francais-de-presse-paris-ii

Post on 07-Apr-2016

223 views

Category:

Documents


1 download

DESCRIPTION

Le quotidien-école des M1 de l'école de journalisme de l'Institut Français de Presse.

TRANSCRIPT

Page 1: 02 Expresso 2015

L’ESSENTIEL

Avantage pro-russeLes rebelles s’emparent une ville stratégique de l’est ukrainien

FRANCE P.2-3Thomas Guénolé, politologue, analyse la crise à gauche

n « Le 49-3 révèle la fragilité du couple Hol-lande-Valls »Fronde des médias contre le CSAn Après les mises en garde de la haute auto-rité, plusieurs télévi-sions et radios publient une lettre ouverte au CSA.

INTERNATIONAL P.5Boko Haram veut saboter les élections nigérianesn Le leader du groupe terroriste promet dans une vidéo de sabo-ter la prochaine élec-tion présidentielle, prévue le 28 mars.

ECO/CONSO P.6Où en est la désindustrialisation ?n Si les fermetures d’usines ont connu un ralentissement en 2014, la courbe de l’em-ploi tarde à s’inverser.

CULTURE P.8Paris célèbre le nouvel an chinois

n L’année de la chèvre sera fêtée ce jeudi dans les quartiers chinois du 13ème arrondisse-ment et de Belleville.

EXPRESSO

n L’entrée en vigueur du cessez-le-feu dimanche 15 février n’a pas em-pêché la poursuite des combats dans l’est de l’Ukraine. Mercredi, la ville de Debaltseve, carrefour routier et

ferroviaire de la région du Donbass, est tombée aux mains des rebelles pro-russes après le retrait de l’armée ukrainienne. Les accords de Minsk II ne tiennent plus qu’à un fil. PAGE 5

Une dizaine de soldats ukrainiens sur un char quittant la ville de Debaltseve mercredi 18 février. Reuters

QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2015# 02

18 02 2015

Page 2: 02 Expresso 2015

FRANCEPOLITIQUE Les débats de mardi à l’Assemblée nationale bousculent l’exécutif

Thomas Guénolé : « le 49-3 révèle la fragilité du couple Hollande-Valls »

Trois syndicats appellent à la grève le 9 avril

02 - EXpREsso - MERCREDI 18 FEVRIER

Mardi, le gouvernement a dû engager sa responsabilité pour tenter de faire adopter le projet de loi Macron sur la croissance et l’activité. Polito-logue et maître de conférence à Sciences Po et HEC, Tho-mas Guénolé analyse la crise qui vient de s’ouvrir à gauche.

Le gouvernement doit-il craindre l’adoption de la mo-tion de censure déposée par l’opposition et qui sera discu-tée jeudi ? Non, car je ne pense pas que les députés de gauche viendront joindre leur voix à celle de la droite. Il y a quelques temps François Hollande avait dit que si un texte majeur porté par l’exécutif n’était pas approuvé, alors il dissoudrait l’Assem-blée Nationale. Les députés de gauche ne prendront le risque de perdre leur siège.

Emmanuel Macron a t-il sau-vé sa loi avec ce 49-3 ?Le gouvernement vous dira que c’est une réussite. Pour moi, le vote de cette loi est une victoire à la Pyrrhus obtenue au prix de terribles pertes. Ce qu’on observe aujourd’hui, c’est la réapparition de fractures au sein du PS. C’est aussi révélateur de la fragilité du couple Hollande-Valls. C’est cher payé pour une loi qui n’apparaît pas décisive sur le plan économique.

Quelles sont ces fractures au sein du PS ?Il y a toujours eu des diver-gences d’opinions au sein de la

gauche. Aujourd’hui, le point de friction majeur concerne la politique socio-économique. On peut distinguer trois grandes familles. D’abord, les sociaux-libéraux qui, derrière Manuel Valls, sont favorables à la mon-dialisation et au libre-échange. Ensuite, les sociaux-démocrates incarnés par Martine Aubry qui privilégient la redistribution des richesses. Enfin, les socia-listes comme Arnaud Monte-bourg et Jean-Luc Mélenchon qui réclament un grand virage protectionniste et le rétablisse-

ment d’un système économique plus égalitaire. Depuis le début du quinquennat les fractures ne cessent de se creuser au point que certains frondeurs ont même quitté le groupe socia-liste pour rejoindre le Front de Gauche.

Manuel Valls va t-il pouvoir continuer à gouverner ? Aujourd’hui son autorité est fra-gilisée. Il n’aurait pas besoin de faire appel à l’article 49-3 si il avait encore une emprise sur le groupe PS. François Hollande

et lui n’ont plus qu’une majorité relative dans l’hémicycle. Ils ne peuvent pas être renversés par les députés mais ils n’ont aucune garantie de faire passer tous leurs textes de loi.

Va-t-on vers une scission au congrès socialiste de Poitiers en juin ?Mon pari est que le premier secrétaire du Parti Socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, saura faire la synthèse. En res-tant aussi proche que possible de la ligne politique de Manuel Valls. Le PS ne peut pas éclater, je sais qu’il peut régulariser ses désaccords.o Propos recueillis par Lila Haffaf

et Pauline Renoir

La motion de censure divise le Front de Gauche Si les frondeurs socialistes et les écologistes ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne voteraient pas la motion de censure déposée par l’oppo-sition, le Front de Gauche apparaît divisé. Mardi soir, il avait annoncé sa volonté de joindre ses voix à celles de la droite. Mercredi, Jean-Luc Mélenchon s’est déso-lidarisé : « Qu’est-ce qu’on va se fourrer avec la droite dans une aventure pareille ? » s’est-il agacé. Sur les quinze députés du groupe, au moins cinq d’entre eux refusent de voter avec la droite.

François Hollande et Manuel Valls font passer en force la loi Macron. Philippe Wojazer

n Le gouvernement est passé en force, mais trois syndicats crient déjà leur désaccord. Dans un communiqué commun, la CGT, Force Ouvrière (FO) et Soli-daires ont annoncé une journée de mobilisation interprofession-nelle pour le 9 avril. Salariés du public et du privé sont invités à battre le pavé contre « l’austé-rité et ses impacts destructeurs tant socialement, économique-ment que démocratiquement » indique le communiqué, faisant allusion à la décision du gou-vernement d’engager sa respon-sabilité pour faire adopter la loi portée par l’homme politique Emmanuel Macron.

Dès l’annonce du recours au 49-3, mardi, la CGT a publié un communiqué contre cette déci-sion : « un déni de démocratie ». « Après avoir choisi d’inscrire dans la loi les propositions du MEDEF (…), le gouvernement passe à nouveau en force en contournant la représentation nationale », déplore le syndicat. Toutefois, la mobilisation du 9 avril « n’est pas une journée de grève interprofessionnelle contre la loi Macron », a pré-cisé Pascal Pavageau, l’un des membres de la direction de FO. Preuve que les syndicats ne sont pas du tout sur la même lon-gueur d’ondes à ce sujet.

Grève affaiblie avant son départLa mobilisation risque d’être difficile car trois syndicats ont déjà décliné l’invita-tion. La CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont affirmé préfé-rer « construire », plutôt que « contester ». On est loin de l’époque où le 49-3 déclenché par Dominique de Villepin avait fait descendre des mil-liers d’étudiants dans la rue. En 2006, l’alors Premier ministre a dû imposer son contrat pre-mière embauche avec la res-ponsabilité du gouvernement, laissant un mauvais souvenir à cet outil.

o Henrique Valadares

Philippe Martinez, premier secrétaire de la CGT, le 26 janvier. François Pauletto

Page 3: 02 Expresso 2015

MEDIAS Une lettre ouverte consteste les mises en garde du Conseil

JUSTICE Annulation de l’arbitrage favorable au magnat

Nouveau revers pour Tapiedans l’affaire Adidas

FRANCE

MERCREDI 18 FEVRIER- EXpREsso - 03

La loi sur la fin de vie adoptée en commission

n La proposition de loi d’Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (UMP) sur la fin de vie a été adoptée dans la nuit de mardi à mercredi en commission à l’Assemblée sans change-ment majeur. Elle sera exami-née dans l’hémicycle les 10 et 11 mars. Le texte suggère un droit à une « sédation pro-fonde et continue » jusqu’à la mort et prévoit que le pa-tient souhaitant en bénéficier puisse mourir à son domicile.

Sarkozy encore dans le collimateur

n Le parquet de Paris a ou-vert une information judiciaire pour abus de biens sociaux, complicité et recel, selon une source judiciaire proche du dossier. Les juges enquêtent sur le financement de trois vols en jet privé effectués par Nicolas Sarkozy en 2012 et 2013. Ceux-ci ont été facturés à la société Lov Group, pro-priété de son ami Stéphane Courbit. Les vols, en destina-tion du Qatar, des Etats-Unis et d’Abou-Dhabi, ont été fac-turés, respectivement, 102 000, 95 000 et 104 000 euros.

Des mesures d'allégement pour les agriculteurs

n A trois jours de l’ouverture du salon de l’agriculture, le gouvernement a annoncé des mesures destinées à alléger les difficultés des agricul-teurs. Parmi les annonces fortes faites en Conseil des ministres : un jeune apprenti peut désormais monter sur un escabeau sans autorisation administrative au préalable. Cette mesure prise en mars 2014 avait suscité un tollé.

Les Jeunes Populaires (UMP) sans nouvelle tête

n Après la démission du lea-der des Jeunes Populaires, Stéphane Tiki, le mouvement a décidé qu’il ne nommerait pas de président avant avril. Le groupe de jeunes militants UMP attendra « la création d’une nouvelle formation politique » voulue par Nico-las Sarkozy. Stéphane Tiki a été poussé à la démission lorsque le Canard Enchaîné a révélé qu’il n’avait pas de titre de séjour. Selon l’heb-domadaire, le Camerounais vit en France depuis dix ans sans papiers. M. Tiki assure pourtant avoir demandé la naturalisation française.

EN bREF

Coup de tonnerre ! La cour d’appel de Paris a annulé mardi l’arbitrage qui avait accordé

403 millions d’euros à Bernard Tapie dans le dossier Adidas en 2008. Une nouvelle procédure est lancée, elle devrait abou-tir en septembre. Ce nouveau rebondissement remet en cause le règlement d’un dossier très complexe.En 1993, Bernard Tapie est le propriétaire d’Adidas. Il vend le groupe de sport allemand à un groupe d’investisseurs, dont le Crédit Lyonnais. L’année sui-vante, Adidas est revendu à un prix beaucoup plus élevé. Tapie crie alors à l’arnaque et engage une procédure judiciaire d’où il sortira vainqueur en 2005. Le Consortium de réalisation (CDR), la structure publique

ayant hérité des anciens litiges de Crédit Lyonnais, doit accor-der 145 millions à l’homme d’affaire. En 2007, l’Etat décide d’interrompre le processus pour recourir à l’arbitrage privé.Le 11 juillet 2008, le tribunal arbitral composé de l’ex-ma-gistrat Pierre Estoup, de l’avo-cat Jean-Denis Bredin et de l’ancien président du Conseil Constitutionnel Pierre Ma-zeaud, accorde 403 millions d’euros à Bernard Tapie. Nico-las Sarkozy alors à l’Elysée ne trouve rien à redire. En 2013, la gauche au pouvoir décide de contester cet arbitrage. Les magistrats découvrent des liens étroits unissant Estoup et Tapie. La Cour d’appel a décidé l’annulation de l’arbitrage privéMardi, la cour d’appel s’est ran-gée du côté de l’Etat en annu-

lant l’arbitrage privé. L’arrêt est d’une grande sévérité : « M. Estoup, au mépris de l’exi-gence d’impartialité qui est de l’essence même de la fonction arbitrale (…) a orienté délibé-rément et systématiquement la réflexion du tribunal en faveur des intérêts de la partie qu’il entendait favoriser ». Le jugement de la Cour d’appel n’est pas une bonne nouvelle pour Christine Lagarde, la direc-trice générale du FMI. Elle est actuellement sous le coup d’une mise en examen par la Cour de Justice de la République qui lui reproche sa négligence sur le dossier d’arbitrage qui était suivi de près par l’Elysée.« On se doutait que l’arbitrage allait être révisé. On repart à zéro » a réagi Bernard Tapie. En atten-dant, il refuse de rembourser.

o Marine Henriot

Bernard Tapie (ici en 2013) avait empoché 403 millions d’euros en 2008. InfomyTF1

n Les quatorze médias rappelés à l’ordre par le Conseil supé-rieur de l’audiovisuel (CSA) ont contesté mercredi ces sanctions dans une lettre ouverte com-mune intitulée « l’information menacée ». Jeudi 12 février, la haute autorité avait adressé à plusieurs chaînes de radio et de télévision (publiques et pri-vées) trente-six avertissements pour avoir révélé des informa-tions sensibles, susceptibles de mettre en péril la vie des otages pendant leurs directs sur les prises d’otages à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de Vincennes.Le CSA reproche notamment aux médias concernés (TF1,

France 2, France 3, France 24, BFM-TV, i-Télé, LCI, Eu-ronews, France Inter, France Info, RTL, Europe 1, RMC, RFI) d’avoir fait état des coups de feu lors de l’assaut à Dam-martin-en-Goële, alors même qu’Amedy Coulibaly retenait encore ses otages à l’Hyper Cacher. Or, les médias n’ont « à aucun moment […] reçu une consigne de ce type de la part des autorités compétentes », lit-on sur le site de France Info.

Les médias revendiquent la liberté de la presseDans leur lettre ouverte, les qua-torze médias revendiquent la liberté de la presse, refusant de

choisir entre « se censurer ou se voir sanctionné ». Ils soulignent le fait que « l’information cir-cule sans contrainte dans la presse écrite, sur les chaînes étrangères, tous les réseaux sociaux et les sites internet », les amenant à se demander si le CSA, avec ces sanctions, ne les placerait pas « dans une situa-tion d’inégalité devant la loi ». La semaine dernière, les chaînes de radio et de télévision concer-nées par les critiques du CSA avaient déjà vivement protesté, dénonçant une forme de cen-sure qui ne profitera, selon elles, qu’au flot de rumeurs véhicu-lées par les réseaux sociaux.

o Amandine Réaux

Fronde des médias contre le CSAMEDIAS Une lettre ouverte adressée à la haute autorité

Page 4: 02 Expresso 2015

04 - EXPRESSO - MERCREDI 18 FEVRIER

INTERNATIONALNIGERIA L’organisation terroriste menace le déroulement du scrutin

L’ombre de Boko Haram plane sur les élections présidentielles

Le Nigeria peine à or-ganiser ses élections présidentielle et légis-latives. Déjà repor-tées du 14 février au

28 mars en raison de la présence de Boko Haram dans le nord-est du pays, elles sont désormais sous la menace officielle de l’or-ganisation terroriste. Le groupe a diffusé mardi sur Twitter une vidéo dans laquelle son leader, Abubakar Shekau, promet que « l’élection n’aura pas lieu. Même si nous devions mourir, Allah ne vous permettrait jamais de faire cela ». Le terroriste a également reven-diqué l’attaque de Gombe, dans le nord du pays, survenue le week-end dernier. Une centaine de combattants de Boko Haram avaient pénétré dans la ville en tirant à l’arme lourde et en appe-lant au boycott des prochaines élections. Le groupe contrôle désormais 70% de l’Etat de Borno dans le nord-est du Nigeria, et étend pro-gressivement son emprise sur les

Etats voisins.La raison officielle du report du 7 février est l’insuffisance des troupes nigérianes pour sécuri-ser le scrutin, celles-ci étant déjà

occupées à combattre les terro-ristes. Mais, malgré la consti-tution prochaine d’une force régionale de 8700 hommes, le gouvernement de Goodluck

Jonathan a peu de chances d’éli-miner la menace terroriste d’ici le 28 mars.

Une crédibilitée menacéeEn revanche, avec ce délai sup-plémentaire, il aurait, selon l’op-position, une chance de regagner des voix sur son opposant, l’ex-général Muhammadu Buhari, candidat de l’All Progressives Congress (APC).Le chef de la commission élec-torale, Attahiru Jego, a d’ailleurs déclaré « ne pas voir comment quiconque pourrait envisager une prolongation au-delà de ces six semaines, parce qu’il n’y a pas de motifs constitutionnels qui le permettent ». C’est un nouveau porté à la cré-dibilité du président sortant : le 18 février déjà, un des mentors de son parti, Olusegun Obasanjo, avait publiquement déchiré sa carte de membre et déclaré que Muhammadu Buhari serait plus à même d’endiguer la menace Boko Haram.

o Liv Audigane

Capture d’écran de la vidéo diffusée le mardi 17 février 2015, qui met en scène Abubakar Shekau, le leader de Boko Haram.

EN BREFITALIE Les autorités font face à un afflux record de migrants

Les Libyens fuient vers l’Italien Le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est réunit aujourd’hui, dans le but de convenir d’une coalition internationale contre l’EI en Libye. L’Egypte, suivie par l’Italie et la France, souhaite obtenir l’accord des Nations Unies pour une intervention mi-litaire dans les zones libyennes contrôlées par les troupes d’Abu Bakr Al-Bagdadi. Fuyant les exactions terroristes, de plus en plus d’Africains tentent de rejoindre le Vieux Continent. Au départ des côtes Tripolitaines, ils ont été depuis vendredi dernier prés de 4 000 à avoir été secourus par les autori-tés italiennes. Un nombre verti-gineux, qui dépasse le record de février 2014. Dans les embar-cations de fortune se trouvent en majorité des Syriens, des Érythréens, des Somaliens.

Le difficile accueil des réfugiésLe centre d’accueil de Lampe-dusa est dépassé par l’afflux de migrants. Plus de 1200 per-sonnes s’y trouvent actuelle-ment, pour une capacité d’ac-

cueil de 400 places. «Il n’est plus possible de séparer les hommes des femmes et des en-fants, ni d’isoler les personnes atteintes de gale», a expliqué à l’AFP Federico Rossi, un porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR). Lundi soir, un avion militaire a déplacé une centaine de réfu-giés dans un autre centre, situé en Sicile. Le même soir, les au-

torités maritimes en ont déposé 260 nouveaux à Lampedusa. La diplomatie italienne craint que la situation se détériore encore. Les réseaux de pas-seurs, bien implantés en Libye, entament une « saison de tra-fics » tout à fait extraordinaire. Les derniers réfugiés ont confié avoir payé entre 500 et 1 000 dollars leur passage. Chaque embarcation contenant une cen-taine de personnes, les béné-fices sont conséquents. Dans une lettre adressée au chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, le ministre italien des Affaires Etrangères Paolo Gentiloni a appelé la communauté internationale à venir en aide de l’Italie : « Il est plus que jamais nécessaire que l’UE réponde de manière adé-quate, en augmentant la soli-darité et en partageant la res-ponsabilité au niveau européen ». Les plus alarmistes redoutent que des jihadistes entrent sur le territoire italien au milieu des migrants.

o Hélène Corbie

Le conflit perduren BIRMANIE Un convoi de la Croix-Rouge transportant des civils a été pris pour cible dans la région de Kokang, proche de la frontière chinoise, fai-sant deux blessés. Le conflit fait rage depuis le 9 février. Au moins 30 000 civils ont fui en di-rection de la province chinoise voisine du Yunnan. L’armée bir-mane avait reconnu avoir perdu une cinquantaine d’hommes la semaine dernière. Elle a depuis lancé des raids aériens faisant des dizaines de morts chez les rebelles. L’état d’urgence a été décrété après un conflit qui sommeillait depuis six ans. Il menace désormais la difficile transition démocratique enta-mée en 2011.

Accident tragique lors d'un défilén HAITI Au moins 16 per-sonnes sont mortes et 78 ont été blessées lors du carnaval de Port-au-Prince, dans la nuit de lundi à mardi. Un char du défilé est entré en contact avec un câble à haute tension, élec-trocutant plusieurs danseurs et musiciens. Une marche silen-cieuse a été organisée pour rendre hommage aux victimes.

Des migrants libyens fuient l’Afrique pour rejoindre les côtes italiennes, en avril 2014 lactualite.com

Page 5: 02 Expresso 2015

MERCREDI 18 FEVRIER- EXPRESSO - 05

INTERNATIONALUKRAINE Les séparatistes pro-russes remportent un combat important

A Debaltseve, une victoire stratégique pour une position cléeTrois jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les combats continuent dans l’Est de l’Ukraine. La ville de De-baltseve est tombée aux mains des rebelles pro-russes.

n Ils ont progressé mètre par mètre, ont conquis rue après rue jusqu’à contrôler entièrement la ville. Ils, ce sont les combattants pro-russes. La ville : Debaltseve pour les ukrainophones, Debalt-sevo pour les russophones. Une commune en taille moyenne si-tuée à l’est de l’Ukraine. Après des bombardements intenses et une dernière journée de com-bats de rue mardi, les rebelles séparatistes ont remporté une bataille stratégique, mettant un peu plus en péril le déjà fragile accord de Minsk II négocié la semaine dernière et entré en vigueur dimanche. Mercredi dès l’aube, les premiers chars de l’armée ukrainienne se reti-raient de la ville, bien avant que le président ukrainien, Petro Po-rochenko, n’annonce officielle-ment l’abandon de ses troupes.

Une position privilégiée Une bataille stratégique pour une ville stratégique. Avec quelque 26 000 âmes en 2013, Debaltseve n’est certes pas la plus grande ville de l’Est re-belle. Mais elle est certainement

l’une des plus importantes grâce à sa position cruciale. À mi che-min – 70 kilomètres – entre Donestk et Lougansk, les deux fiefs séparatistes pro-russes, Debaltseve est posée au bord de l’autoroute M04 qui relie entre les les deux métropoles du Donbass entre elles. L’autoroute mène également à la Russie, à une centaine de kilomètres de là. Contrôler Debaltseve, c’est

donc contrôler la liaison entre les deux grandes villes rebelles et, pour les soldats ukrainiens, c’était couper la ligne de front des rebelles prorusses. D’autant que Debaltseve est aussi un carrefour ferroviaire important. La ville a été fondée en 1878 autour de sa gare. Ces dernières heures, c’est autour de celle ci que les combats ont été les plus intenses.

Déjà tombée aux mains des forces pro-russes en avril 2014, Debaltseve avait été reprise par l’armée ukrainienne au mois de juillet. Aujourd’hui détruite après six mois de bombarde-ments, la ville est vidée de ses habitants. Selon des témoins, ils ne sont plus que quelques mil-liers à y demeurer, sans eau, ni électricité.

o Thomas Porlon

Des soldats ukrainiens photographiés à Artemivsk, à environ 30 kilomètres de Debaltseve, mer-credi 18 février après leur départ de la ville. REUTERS/Gleb Garanich

GRECE Syriza se donne cent jours pour fermer le premier centre de détention pour migrants

Amygdaleza, l’enfer grec des réfugiésn Trois morts en une semaine, c’est le triste bilan des centres de détention pour réfugiés en Grèce. Vendredi, un Pakistanais de 28 ans s’est suicidé dans le conte-neur qui faisait office de cellule. Le lendemain, le ministre de la Protection des Citoyens, Yannis Panousis, s’est rendu sur le lieu du décès, le centre d’ Amygda-leza, non loin d’Athènes. Il y a exprimé sa « douleur » face aux conditions de détention des déte-nus :« Je ne pouvais pas croire ce que j’ai vu. Cela doit changer immédiatement ! », s’est-il ex-clamé. Le gouvernement de Sy-riza a promis de fermer ce centre dans les cent prochains jours. Cependant, les associations des droits de l’Homme craignent que le parti de droite de la coa-lition ne bloque le processus de fermeture.

Conditions sanitaires déplorables, privation de nourriture, tortureLe site, ouvert en avril 2012, était prévu pour accueillir un millier de personnes. Il en compte au-jourd’hui le double. Le centre a fait le plein lors des opérations « Zeus l’hospitalier » menées par le précédent gouvernement, vi-sant à débarrasser la ville de ses

sans-papiers. Les réfugiés logent désormais dans des conteneurs sans électricité ni chauffage, où la nourriture est rare et les vio-lences policières sontrégulières. Le temps de détention des migrants est normalement pla-fonné à 18 mois par l’Union Européenne. Cependant, depuis mars 2014, une nouvelle norme

établie par le précédent gou-vernement permet de prolonger cette durée de manière illimitée. Des réfugiés venus de Syrie ou d’Érythrée se retrouvent ainsi enfermés pendant deux ans, voire plus, dans des conditions misérables, avant d’être ren-voyés dans leur pays.

Une situation récurrenteDepuis 2011, la Grèce a été condamnée onze fois par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour « violation des droits fondamentaux à l’en-contre des réfugiés ». Rebecca Harms, la co-présidente du groupe des Verts/ Alliance libre européenne, s’est rendue sur le site en novembre dernier. Selon ses mots, le lieu lui a « rappelé Guantanamo ».

o Pauline Louvet

Deux milles migrants vivent au centre de rétention d’Amydga-leza près d’Athènes, le 14 février 2015 Achilleas Zavallis/AFP

Page 6: 02 Expresso 2015

06 - EXPRESSO - MERCREDI 18 FEVRIER

ECO/CONSOINDUSTRIE Moins de fermetures d’usines mais pas plus d’embauches

Légère embellie pour l’industrie

n Parmi les 1054 amende-ments qui ont été ajoutés à la loi Macron, l’un d’entre eux tente d’impulser un boulever-sement dans le transport routier. Il prévoit en effet de mettre fin à une dérogation à la directive européenne de 1996 sur les tra-vailleurs détachés, accordée aux routiers européens. Lorsqu’ils effectuent un transport interna-tional, les routiers ont le droit d’effectuer du cabotage, c’est-à-dire de charger et décharger des marchandises pendant une semaine lors de leur passage en France. Pendant ce cabotage, ils sont payés selon les règles de leur pays d’origine, au lieu de dépendre des lois du travail françaises. Cet écart de rému-nération aboutit à un « dumping social » dénoncé par les syndi-cats du transport français. Avec ses primes, un routier français gagne en moyenne 2595 euros par mois, contre 1428 euros pour un chauffeur polonais.

Les entreprises françaises se retrouvent donc avec des coûts deux fois plus élevés que leur concurrentes. L’amendement oblige les entreprises étran-gères comme françaises qui ont recours aux chauffeurs étran-gers à les rémunérer au SMIC français. Il entend ainsi lutter contre la « concurrence sociale déloyale » de l’Europe de l’Est,

a annoncé le secrétariat d’Etat aux Transports.

L’Allemagne en exempleLa CGT-Transports et l’OTRE, qui représente les PME du sec-teur routier, ont salué ce texte comme une « révolution ». La FNTR, qui représente les pa-trons, a elle regretté par la voix de son délégué général Nicolas

Paulissen que le texte n’aille pas plus loin, le qualifiant de « réponse partielle et insuffisante au problème de distorsion de concurrence ».Pour que la mesure soit effi-cace, il faudrait en effet que les contrôles sur le terrain s’intensifient, et surtout qu’ils soient traités au niveau euro-péen, comme le soulignait dès 2013 un rapport du député PS Gilles Savary. Le gouvernement semble vouloir suivre ses préco-nisations. Le secrétaire d’Etat chargé des transports Alain Vidalies, dit vouloir avancer devant la Commission le « pro-jet d’une Agence européenne de coordination des contrôles dans le transport routier de mar-chandises. » L’Allemagne, qui avait voté une mesure similaire à l’amendement, l’a suspendu en déclarant attendre une clari-fication de la Commission euro-péenne sur le sujet.

o Olivier Bories

TRANSPORTS Les chauffeurs en transit en France devront être payés au SMIC

La loi Macron veut s’attaquer au dumping routier

C’est une petite éclaircie dans un ciel économique bien sombre : le nombre de ferme-

tures d’usines en France s’est réduit l’an dernier par rap-port à 2013, pour s’établir à 217, selon le cabinet d’ana-lyses économiques Trendeo. Un niveau qui reste cepen-dant trop élevé pour inver-ser la courbe des destructions d’emplois, avec 3 162 postes supprimés en 2014. « Si les fer-metures d’usines se réduisent et les créations de sites sont en hausse, ce rythme d’amélio-ration reste encore insuffisant pour que le solde redevienne positif », explique David Cous-quer, fondateur de Trendeo.En dépit des diverses mesures visant à relancer le made in France, le nombre de créa-tions d’usines, plafonne à 163 – contre 122 en 2013. Avec « seu-lement » 94 000 embauches sur l’ensemble des nouvelles ouver-tures d’usines, le nombre d’em-plois créés par site industriel a chuté ces dernières années. « Les nouvelles usines constituent le plus souvent de petites struc-tures, avec très peu de person-nel », poursuit David Cousquer.

Vers des entités plus modestesLe nombre moyen d’emplois créés par nouveau complexe est en effet en baisse de 32% par rapport à 2010, passant de 72 à 49 postes. Une évolution qui bat aussi en brèche la notion de « taille critique », cette dimension que doit atteindre une entreprise pour détenir une compétitivité optimale sur un marché. Les nombreuses normes sanitaires et environnementales, ainsi

que la crainte du dépassement des seuils sociaux (comités d’entreprise, délégués du per-sonnel,…), tendent par ailleurs à brider les projets d’expansion des entreprises. Cependant, cette tendance ne présente pas que des as-pects négatifs. La réduction du nombre d’embauches par site témoigne en effet d’une automatisation des chaines de montage, et d’une meilleure

organisation du travail. Avec à la clé un virage vers une pro-duction davantage tournée vers la valeur ajoutée et les biens haut de gamme. L’application des grands principes du modèle allemand semble donc partici-per au redressement de l’indus-trie française.

o William Zinck

Le cabotage représentait officiellement en 2013 4% du marché intérieur français. AFP / Patrick Kovarik

Le secteur automobile est a l’origine du tiers des suppressions de postes dans l’industrie depuis 2009. AFP/ Philippe Huguen

Quinze ans de désindustrialisation Malgré un léger ralen-tissement, le processus de désindustrialisation se poursuit en France. Pas moins de 100 000 emplois ont ainsi été supprimés depuis la publication du rapport Gallois sur la compétitivité française, il y a plus de deux ans. Dernier symbole de ce délitement de l’activité manufacturière, la mise en liquidation judiciaire mardi par le Tribunal de commerce de Lyon des « Atelières », les couturières de feu la marque de lingerie fine Lejaby. En quinze ans, la part du secteur secondaire dans l’économie française a été réduite de 18 à 12%.

Page 7: 02 Expresso 2015

MERCREDI 18 FEVRIER- EXPRESSO - 07

n 2200. C’est le nombre de familles sans domicile fixe hébergées sur la ville de Paris, dans des conditions souvent instables. Pour pallier cette précarité, la municipalité a lancé ce mercredi un dispositif de 106 mesures. « Moins de personnes à la rue, plus de personnes en hébergement, c’est le pari que nous relevons en signant ce pacte aujourd’hui », a assuré Anne Hidalgo, la

maire de Paris. Parmi les mesures phares, le relogement accéléré des femmes victimes de violences, cibles faciles dans l’univers impitoyable de la rue. Qui plus est, le plan prévoit la mise en place d’une équipe mobile spéciale, qui ira à la rencontre des familles pour les aider dans leur réinsertion. « Nous allons développer les chantiers d’insertion, notamment à

destination des jeunes, qui permettent d’accéder à l’accès en entreprise », garantit Dominique Versini, adjointe à la maire. Il y a deux semaines, la Fondation Abbé Pierre avait alerté sur l’explosion du nombre de sans-abris : en 2012, le France comptait 111.500 adultes et 30.000 enfants sans domicile fixe, soit 50% de plus par rapport à 2002.

o Louis-Valentin Lopez

SOLIDARITE 106 mesures pour lutter contre l’exclusion

Paris tend la main aux sans-abris

Un possible sursis pour le déficit français

n La Commission européenne pourrait accorder un délai de trois ans supplémentaires à Bercy pour ramener le déficit français à 3%. Elle a jugé que le compte était bon pour 2014,mais reproche encore à la France de fournir un « effort structurel » insuffisant. Venu assister à l’Eurogroupe, le ministre des Finances Michel Sapin s’est montré confiant, affirmant que « Paris fournira les efforts minimum réclamés ». Si le passage en force de laloi Macron a fait polémique dans l’Hexagone, il a été plutôt bien pris du côté de Bruxelles, où il a été vu comme une réelle volonté de réforme de la part du gouvernement.

Uber part en guerre contre l'Etat

n La start-up américaine de transport Uber a déposé une nouvelle plainte contre la France auprès de la Commis-sion Européenne. Selon le quotidien Les Echos, l’entre-prise a saisi la Commission le 30 janvier dernier. Dans son viseur : la loi Thévenoud, vo-tée en septembre 2014 et qui avait abouti à l’interdiction d’Uber POP, un des services de l’entreprise, qui permet la mise en relation de clients avec des chauffeurs particu-liers. Uber estime que cette loi va à l’encontre de la liberté d’entreprendre, et veut accé-lérer la réponse européenne après une première plainte déposée fin 2014. La France n’est pas le seul pays où Uber est contesté : l’intégralité de ses services sont interdits en Inde, en Thaïlande et en Es-pagne. A Turin, des centaines de chauffeurs de taxi italiens ont manifesté lundi pour dé-noncer la concurrence du ser-vice de transport américain.

Cisco choisit la France n L’entreprise américaine Cisco Systems, leader dans le secteur des réseaux et serveurs, va investir 100 millions de dollars en France dans le cadre d’un partenariat avec l’Etat. C’est Manuel Valls qui annoncé la nouvelle après une rencontre lundi avec John Chambers, PDG du groupe. Le partenariat comprend des coopérations dans le domaine de l’éducation et de la formation professionnelle aux métiers des réseaux numériques. Il a pour objectif la formation de 200.000 personnes en 3 ans.

CONSOMMATION La seconde vie des invendus

Soldes, le jour d’aprèsn Rideau. La saison des soldes d’hiver s’est terminée mardi sur un bilan des plus mitigés. Malgré une sixième semaine de démarques pour la première fois cette année, les boutiques empilent des stocks importants. Un casse-tête pour beaucoup d’enseignes. Certaines ont trouvé la solution : les vêtements n’ayant pas trouvé preneurs sont envoyés dans les « magasins d’usines ». Ces entrepôts ouverts au public vendent des habits de marque à prix cassés. Ils fleurissent depuis une vingtaine d’année en périphérie des grandes villes. On en compte une quarantaine, rien qu’en région parisienne. Marque Avenue, le leader du secteur, propose ainsi des locaux et un encadrement juridique aux marques qui veulent écouler leurs stocks. Seule contrainte, les enseignes doivent casser leurs prix d’au moins 30% pour avoir droit de cité dans ces entrepôts. IKKS fait partie des griffes ayant passé un accord avec Marque Avenue. « En général, on vend 40% de nos invendus dans ces magasins d’usines » explique Sandra, responsable du magasin de la rue Vavin dans le VIème arrondissement de Paris. « Les pièces restent un an en magasin d’usine, jusqu’à la prochaine saison », poursuit-elle.En fait, la plupart des vêtements sera à nouveau proposée à la vente lors des soldes d’hiver de 2016. Et si les vêtements ne trouvent toujours pas preneur ? Il existe encore une solution. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Le tissu sert de base à la conception d’une nouvelle pièce. Un vêtement redessiné et recoupé qui pourra ainsi trouver grâce aux yeux des acheteurs.

Gagnant-Gagnant solidairePeu d’enseignes en revanche re-distribuent leurs invendus à des associations caritatives. C’est le cas de la marque Du Pareil Au Même, spécialisée dans les vêtements pour enfants qui en profite pour en faire un argu-ment de communication. « On ne déchire pas nos vêtements comme d’autres le font. On les donne à une association qui

envoie nos habits aux enfants du Tibet » affirme Chanice, vendeuse dans un des maga-sins parisiens de la chaine. Une opération « gagnant-gagnant » puisque les marques bénéficient de déductions fiscales propor-tionnelles à la part de leurs in-vendus. Une solidarité pas tout à fait désintéressée de la part de la marque.

o Lucas de Villepin

Les magasins d’usines pratiquent des démarques records. AFP/ Miguel Medina

EN BREF

ECO/CONSO

Quinze ans de désindustrialisation Malgré un léger ralen-tissement, le processus de désindustrialisation se poursuit en France. Pas moins de 100 000 emplois ont ainsi été supprimés depuis la publication du rapport Gallois sur la compétitivité française, il y a plus de deux ans. Dernier symbole de ce délitement de l’activité manufacturière, la mise en liquidation judiciaire mardi par le Tribunal de commerce de Lyon des « Atelières », les couturières de feu la marque de lingerie fine Lejaby. En quinze ans, la part du secteur secondaire dans l’économie française a été réduite de 18 à 12%.

Page 8: 02 Expresso 2015

08 - EXprEsso - mErcrEdi 18 févriEr

cULTUrEFESTIVITES La communauté asiatique prépare la nouvelle année

La Chine célèbre la chèvreLe 19 février est une

date peu significative en France mais qui a toute sa symbolique en Chine. Il marque

en effet le début de la nouvelle année lunaire. Les Chinois quittent donc demain l’année du cheval, pour l’année du « Yang » (chèvre). Ce mercredi, veille de passage à la nouvelle année, le quartier asiatique du 13ème arrondisse-ment de Paris se prépare pour les festivités. Des enfants sup-plient leurs parents d’acheter des pétards sur les stands de rue placés devant les supermar-chés asiatiques. Le McDonald’s aux airs de temple chinois et le centre commercial du quartier qui font figure d’OVNIS dans ces rues occupées par les trai-teurs et restaurants ont décoré leurs plafonds de lanternes aux couleurs rouges et dorées pour l’occasion.

La mairie investie dans les célébrationsLes avenues d’Ivry et de Choi-sy sont également parsemées d’étendards rouges présen-tant en chinois et français les meilleurs vœux de la mairie du quartier. Une municipalité bien impliquée qui a décidé de rendre un véritable hommage à la Chine, en faisant du mois de février celui de l’empire du mi-lieu. Il est possible jusqu’au 13

mars d’assister à des concerts et expositions célébrant la culture chinoise : « l’Amour de la corde » joué par un orchestre de la ville de Macao ou les photogra-phies du reporter Marc Riboud dans « Longues marches en Chine 1957-2010 ».Les mani-festations les plus attendues

sont bien entendu les défilés qui se dérouleront ce dimanche dans le 13ème arrondissement à 13h (200 000 curieux pour la dernière édition selon la mairie) et dans le quartier de Belleville à 10h. Pour les Lyonnais, le quartier de la Guillotière dans le 7ème ar-

rondissement organise le même jour son défilé à 16h. Attention si vous souhaitez vous rendre dans des commerces ou restaurants chinois aujourd’hui, beaucoup de leurs propriétaires seront en congés pour célébrer la nouvelle année. Kung Hei Fat Choi (« bonne fortune ») à tous !

o Marie-Caroline Cabut

Programme du Nouvel an chinois 2015 disponible sur le site de la Mairie du 13ème ou à retirer directement sur place.

n La Fondation Jérôme Sey-doux-Pathé, qui valorise depuis 2006 la collection des 9 000 films muets de Pathé, lance une rétrospective sur Charlie Cha-plin du 18 février au 3 mars 2015. « Nous donnons régulièrement carte blanche à des institutions, cette fois-ci Lobster Films qui est spécialisé dans la restaura-tion de films muets », explique Fabrizio Faggiano, responsable de la programmation de la fon-dation. Au programme, les douze courtes comédies réalisées par Charlot entre 1916 et 1917 avec la Mutual Film Corporation. « Nous voulions les montrer ensemble car ils proviennent du même catalogue et ont été res-taurés en même temps », com-plète-t-il.

Parmi ceux-ci, des courts-mé-trages célèbres comme Charlot Usurier, Charlot Policeman ou L’émigrant.

Musique, maestro !Au-delà de la programmation, la spécificité de la Fondation Jé-rôme Seydoux – Pathé s’inscrit dans l’accompagnement musi-cal des films projetés. Pour la rétrospective Charlie Chaplin, ce sont six élèves pianistes de Jean-François Zyget qui se re-laient pour jouer à chaque pro-jection, en totale improvisation et sans partition. Et Fabrizio Faggiano de préciser : « ce sont les seuls films muets de Cha-plin où la musique pouvait être improvisée, les autres disposent d’une partition précise ».Retrouvez la rétrospective Charlie Chaplin 73, avenue des Gobelins dans le 13e arrondis-sement de Paris. Deux à trois courts-métrages sont diffusés chaque jour du mardi au samedi.

o Lauriane Clément

CINEMA Charlot à l’honneur de la Fondation Jérôme Seydoux - Pathé

Retour en musique de Charlie Chaplin

Un stand de vente de bibelots avenue de Choisy (13e arr. de Paris) 200 000 personnes sont attendues à l’événement. M-C Cabut

La fête du printempsContrairement au nom qui lui a été attribué, le nouvel an chinois (ou l’arrivée du printemps) est fêté dans plu-sieurs pays d’Asie, comme le Viet Nam, la Malaisie, la Thaïlande, les Philippines ou encore l’Indonésie. Sa date varie selon les an-nées, mais est toujours si-tuée entre les 21 janvier et 20 février. Le nouvel an chinois compte quelques symboles récurrents au fil des années : le dragon, présent dans tous les défilés, ainsi que le pétard, arme ultime pour chasser les mauvais esprits qui voudraient perturber l’année à venir.

Le festival Fireworks s’installe ju squ’au 25 février dans plu-s i e u r s salles de c o n c e r t p a r i -s i e n n e s embléma-tiques.L’événement est organisé par l’agence artistique Super ! et l’hebdo culturel A Nous Paris. Pour cette quatrième édition, coup de projecteur sur des ar-tistes émergents, comme Pho-ria et All we are, et sur d’autres déjà bien installés. Parmi les groupes les plus attendus, le célèbre australien à la barbe rousse Ry X et son titre phare « Berlin », qui se produira ce soir à la Gaité Lyrique.

o Morane Aubert

Un festival à la pointe

L’artiste Ry Xgumballmag.com

Charlie Chaplin AFP

Page 9: 02 Expresso 2015

SPORTS

Le racisme des supporters de Chelsea

n Une enquête a été ouverte par la justice française mer-credi à l’encontre de suppor-ters de Chelsea. Quelques heures avant le match PSG – Chelsea du 17 février, ils avaient chanté « nous sommes racistes et on aime ça » dans le métro pari-sien en repoussant violem-ment un homme noir. « Un tel comportement est odieux et n’a pas sa place dans le football », a réagi le club lon-donien.

41 mesures pour protéger les sportifs de haut niveau

n Un rapport a été remis mer-credi au secrétaire d’Etat aux Sports Thierry Braillard par Jean-Pierre Karaquillo, co-fondateur du Centre de droit et d’économie du sport de Limoges. Il formule 41 propositions pour protéger les sportifs de haut niveau et professionnels. Son triple objectif est de « former les sportifs en vue de préparer leur après-carrière, protéger les sportifs de haut niveau et sécuriser le statut des sportifs professionnels ».

Chocs à gogo en Europa League

n Les seizièmes de finale aller de l’Europa League, qui débu-teront jeudi soir, s’annoncent passionnants. L’AS Roma affrontera le Feyenoord Rot-terdam, actuel troisième du championnat néerlandais. Le VFL Wolfsburg, dauphin du Bayern Munich en Bundes-liga, sera opposé au Sporting Portugal. A Celtic Park, l’Inter Milan devra composer avec la ferveur des supporters écos-sais du Celtic Glasgow. Enfin, la Fiorentina, quatrième de Série A, défiera Tottenham, sixième de Première League.

en bRefTENNIS Ségolène Royal met à l’étude un nouveau projet

L’extension de Roland Garros encore retardée

n Tout semblait quasiment bou-clé pour lancer les travaux d’ex-tension du nouveau stade. Mais le ministère de l’Ecologie publie lundi 16 février au soir un rap-port validant une autre solution d’agrandissement. La Mairie de Paris et la Fédération française de tennis (FFT) montent immédia-tement au créneau, craignant un ralentissement du projet qu’elles défendaient bec et ongles depuis trois ans.« Alors qu’on attaque enfin la der-nière ligne droite, c’est comme si on nous tapait sur l’épaule pour nous dire : on change les règles, vous repartez pour trois tours ! » avoue Gilbert Ysem de la FFT, agacé. Il était jusqu’alors convenu que

l’agrandissement du stade se ferait sur le Jardin des Serres d’Auteuil. Le nouveau rapport du ministère de l’écologie remet au goût du jour une possible extension de Roland Garros par « une couver-ture de l’autoroute » A13 sur une centaine de mètres. Il établit plus précisément sa « faisabilité tech-nique » et affirme qu’ « aucun obstacle juridique ne s’oppose à sa réalisation ». Le coût de l’agrandissement est estimé à 60 millions d’euros. Cette alternative est soutenue de-puis le début par les associations écologistes qui voient en elle une option plus respectueuse des sites classés et de la biodiversité.

Des dissensions au sein du PS ?En toile de fond, se joue à pré-sent l’affrontement indirect entre Anne Hidalgo, à la tête de la mai-rie de Paris, et Ségolène Royal qui pilote le ministère de l’Ecologie à l’origine du rapport controversé. La maire de Paris exprime sa crainte d’un retard des travaux dans un communiqué paru mardi 17 février. Elle juge l’extension par le jardin des Serres d’Auteuil « indispensable au maintien du tournoi international à Paris ». Elle mentionne aussi la mauvaise image que donnerait un ralentis-sement de la modernisation du stade, alors la capitale est en pole position pour une candidature aux Jeux Olympiques de 2024.

o Véra Lou Derid

Le court central de Roland Garros en 2014. RTL

eSPReSSO quOTidienInstitut Français de Presse, Paris II Quotidien école M1. Février 2015.

EUROPA LEAGUE Le match aller opposera Guingamp au Dynamo Kiev

Le challenge des Bretons en 16e de finalen L’En Avant Guingamp affronte le Dynamo Kiev ce soir lors d’un match aller décisif.L’Europa League compte dans ses rangs une équipe composée d’ir-réductibles Bretons, qui résiste encore et toujours. Guingamp, seul représentant français lors de cette compétition européenne af-frontera ce soir le Dynamo Kiev dans leur stade du Roudourou. Une rencontre qui se déroulera à guichet fermé.A domicile, les hommes de Jocelyn Gourvennec devront assurer ce match aller face à une équipe ukrainienne peu habituée à

la défaite. Leaders de leur cham-pionnat avec 5 points d’avance sur le Shakhtar Donetsk et pre-miers de leur groupe en Europa League, les ogres ukrainiens sont prêts à en découdre.Ils reviennent d’un stage de pré-paration à Marbella, assorti de plusieurs matches amicaux.

Réaliser l’impossibleLe Petit Poucet breton est confiant cependant. « Il n’y avait que des gros clubs de toute façon à ce stade de la competition », a commenté l’entraîneur Breton Jo-celyn Gourvennec au micro d’Eu-

rosport. « Mais on s’est qualifiés pour les 16e de finale à Salonique dans un contexte assez chaud, donc on a montré qu’à l’extérieur on est costauds. »Le retour de suspension de Mous-tapha Diallo renforce ses rangs, face à un Dynamo en manque de compétition.« On est très contents car on revient un peu de nulle part » confiait Gourvennec après la vic-toire de son équipe contre Metz lors de la 25ème journée de Ligue 1. De nulle part, il s’agira désor-mais d’aller loin.

o Morane Aubert

MeRcRedi 18 févRieR - exPReSSO - 09

Agrandissement de Roland Garros : le match sans finEn 2011, la FFT renonce à déplacer Roland Garros en banlieue et décide de rester Porte d’Auteuil. Les associations écolo-gistes s’opposent à une at-teinte du jardin des Serres et en 2013, le tribunal adminis-tratif annule la délibération du Conseil de Paris qui pré-voyait l’extension du stade, pour « causes environne-mentales ». Mais, en 2014, le tribunal rend finalement trois décisions favorables à cet agrandissement, malgré les requêtes des associa-tions écologistes.

Des supporters de ChelseaL’Equipe

Page 10: 02 Expresso 2015

EXPRESSO18 02 2015 # 02

Edinson Cavani, buteur discretPORTRAIT Critiqué mais décisif, l’attaquant du PSG cherche encore sa place

Edinson Cavani est homme de peu de mots. A l’heure des joueurs surexposés et hyper-markétés,

l’Uruguayen détonne. Il n’ex-hibe ni tatouage, ni coupe de cheveux extravagante. Difficile aussi de trouver trace de ses aventures nocturnes, à peine quelques échos de ses déboires extra-conjugaux dans la presse people. A 28 ans, après trois sai-sons stratosphériques à la pointe de l’attaque de Naples (138 matchs, 104 buts toutes compé-titions confondues) et un trans-fert au PSG pour un montant record de 63 millions d’euros à l’été 2013, l’Uruguayen aurait pourtant les moyens de faire valoir un statut de star.

L’athlète du ChristSes coéquipiers, à l’image du gardien Salvatore Sirigu, dé-crivent à l’inverse un homme « réservé, très tranquille, parfois même un peu timide ». Tran-quille, Edinson Cavani l’est assurément. Né à Salto, en Uru-guay, il passe son enfance dans une famille de classe moyenne où son père lui transmet sa passion immodérée…pour la pêche. En parallèle, le buteur cultive sa foi, qu’il vit inten-sément. A Naples, il arbore le numéro 7 « le chiffre parfait dans la bible, c’est le numéro de Dieu ». Dans une interview donnée au magazine SO FOOT en 2014, il allait même jusqu’à déclarer que « Jésus est le meil-

leur attaquant de l’histoire ». Rien de moins. Sur le terrain, le discret Cavani se transforme. Joueur de devoir, ce coureur infatigable promène sa longue

tignasse noire et sa carcasse filiforme aux quatre coins du pré. Sa combativité sur chaque ballon, ses replis défensifs et ses appels incessants ne cessent

d’impressionner les supporters du PSG.

Controversé mais déterminant L’Uruguayen a pourtant sou-vent été sous le feu des critiques du public parisien cette saison, où sa maladresse dans le der-nier geste et ses approximations techniques ont été régulière-ment pointées du doigt. Il faut dire qu’après une pre-mière saison réussie, Cavani était sorti de sa réserve média-tique. Il avait demandé à évo-luer à la pointe de l’attaque parisienne, une position alors monopolisée par Zlatan Ibra-himovic. Ses performances irrégulières et le statut d’intou-chable de la star suédoise l’ont contraint à mettre de côté ses re-vendications. Une partie du pu-blic du Parc des Princes l’avait même sévèrement confronté à ses insuffisances, en le sifflant copieusement face à Rennes, le 30 janvier dernier. Des sup-porters qui n’avaient que peu apprécié le retard du goléador au stage d’entrainement des joueurs parisiens, début janvier 2014. Depuis, l’Uruguayen fait profil bas. Mardi soir, contre Chelsea, il a fait chavirer le public du Parc des Princes en inscrivant d’une tête smashée le but de l’égalisation. Son nom a ensuite longuement été scandé dans les travées du stade. A l’ombre de Zlatan, le buteur tranquille du PSG a su retrouver la lumière.

o Adrien Candau

Edinson Cavani, auteur du but de l’égalisation pour le PSG contre Chelsea (1-1) mardi soir. PSG.fr

EXPRESSO INSOLITESe raser le visage, nouveau soin anti-âge pour les femmesn Une tendance inattendue fait son appa-rition outre-Manche. Le rasage du visage pour femmes. Selon le Daily Mail, l’usage du rasoir diminuerait considérablement l’apparition de rides, grâce à son action exfoliante. Il n’en fallait pas davantage à la gent féminine de Grande-Bretagne pour adopter ce geste beauté. « Je me rase le visage trois fois par semaine. Le maquillage tient mieux » témoigne Ange-la Garvin, 46 ans. Sur la Toile et dans les rues de Londres le phénomène prend de l’ampleur. Apparition en masse de nou-veaux e-shops spécialisés dans la vente de petits rasoirs ou encore tutoriels vidéo pour apprendre à bien se raser lorsque l’on est une femme.

Le maire de Boston dit stop au #BostonBlizzardChallengen Le maire de Boston, Martin J.Walsh lance un message à tous les fous qui sautent de leur fenêtre dans des tas de neige : cessez. « Je demande aux gens d’arrêter leurs bêtises » a dé-claré le maire de Boston lors d’une confé-rence de presse mardi. Le phénomène se répand sur les réseaux sociaux où les habitants de la ville postent leurs exploits depuis trois semaines avec le hashtag #BostonBlizzardChallenge.

Ils font connaissance en copulant sur le trottoirn Vendredi 13 février, 15h30, devant la vitrine d’un magasin en Californie. Un home de 21 ans et une femme de 37 ans s’adonnent à des roulés-boulés sur le trottoir, avant de passer à la vitesse su-périeure. L’individu propose à sa parte-naire de se déshabiller. Il se débarrasse de tous ses vêtements, elle garde sa jupe. « Ses jambes étaient en l’air et le mec était sur elle » raconte la gérante, qui a filmé la scène et transmis les images à ABC 10. Les deux individus venaient de se rencontrer dans un bus. À l’arrivée de la police, le couple poursuit ses ébats. L’homme est finalement menotté puis mis sous les verrous. Sa partenaire, elle, s’en sort avec une citation à comparaître.

10 - EXPRESSO - MERCREDI 18 FÉVRIER