H istoireet J\rcheolo sie tJ padoises.

Villafoyale Iiarie-Henriette

Septembre 2007

e)PJ\. BULLETIN TRIMESTRIEL

Bureau de dépôt 4900 SPA

Histoire et Archéologie Spadoises

A.S.B.L.

A venue Reine Astrid, 77 b

4900 SPA

- Vernissage de l'exposition d'été

BULLETIN N°131

Sommaire

- Premiers mois de la guerre de 1914 à Spa (fin)

- Un pieux Spadois marchand de vins

- Concours enluminure

- Hommage au Chevalier de Thier

- Charretiers de Spa et environs aux XVII-XVIIIe siècles

- Le Belvédère et les stations de plein air

- Karl Goetz et la Conférence de la Paix à Spa

- Printemps des Musées: ambiance

Septembre 2007

33e année

A. Doms

L. Guyot

A. Jean

L. Marquet

M. Caro

M. Joseph

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Éditeur responsable: Mme Juliette COLLARD, 57 Boulevard Rener-4900 Spa-Tél.: 087/77.33 .56

Tirage trimestriel du bulletin: 500 exemplaires.

Les auteurs conservent seuls la responsabilité des articles insérés.

Avec le soutien de la Communauté Française (Ministère de la Culture et des Affaires Sociales).

Avec l'appui financier de la Ville de Spa et de son Centre Culturel.

98

L 'ASBL « HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE SPADOISES »

Assure la gestion des Musées de la Ville d'eaux.

LES MUSEES DE LA VILLE D'EAUX sont accessibles

• De 14 à 18 h.

• tous les jours

o du 1er juillet au 30 septembre

o durant les vacances scolaires de Pâques et de Toussaint

• les week-ends

o de début mars à fin novembre

• Fermeture hebdomadaire: le mardi

• Ouverture pour les groupes sur demande préalable

Le prix d'entrée est de 3 € pour les personnes individuelles, 2 € pour les groupes, et 1 € pour les

enfants.

Les membres del' ASBL, leur conjoint et leurs enfants de moins del 5 ans ont la gratuité.

LA REVUE HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE SPADOISES

- Trimestriel qui paraît en mars, juin, septembre et décembre.

- La cotisation annuelle est de 15 € (n° de compte: 348-0109099-38)

- Les anciens numéros sont disponibles au prix de 3,75 € au comptoir du musée ou au prix de

5 € par envoi postal.

ILLUSTRATION DE COUVERTURE

Affiche, Anonyme, "Spa Ardennes belges", [1908]

(Coll. Musée de la Ville d'eaux)

NOUVEAUX ABONNES

Mr Michel BARION

Mme Denise RAETS

Mme Marie Anne PELLEGRIN

Mr Roland BOURGUET

Mr Pierre HAMOIR

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Vernissage de l'exposition "Villégiatures"

Discours de Jean Toussaint, président d'Histoire et Archéologie spadoises, et de Marie-Christine

Schils, conservatrice.

Monsieur le Bourgmestre,

Madame et Messieurs les Echevins,

Mesdames, Messieurs,

Bonjour, et merci de votre présence nombreuse.

Il y a deux ans, nous vous proposions une exposition sur l'hôtellerie, cette année une exposition sur

la villégiature. Vous aurez, peut-être eu l'impression que nous« repassions les plats» ... métaphore

hôtelière s'il en est !

Vous allez comprendre en écoutant l'exposé de notre docte et charmante conservatrice qu'il n'en est

nen.

Avec l'hôtellerie, nous premons en quelque sorte le point de vue du producteur, de l'artisan,

accueillant le bobelin (le curiste à Spa), cette fois-ci , celui du consommateur, du bobelin lui-même.

Le villégiateur, c'est tout à la fois le touriste et son contraire: un visiteur curieux logeant quelques

jours dans un endroit, un hôtel le plus souvent, mais aussi un résident régulier de plusieurs semaines

dans un« quartier», une villa, un château. Marie-Christine va vous en dire plus à ce sujet.

* * *

Sans doute avez-vous déjà eu l'occasion de voir l'une des affiches de notre exposition?

Sans doute avez-vous été étonnés de voir un S final au mot villégiature?

Sans doute vous êtes-vous dit qu'il s'agissait d'une malencontreuse coquille?

Que nenni!

Mais qu'est-ce que la villégiature exactement? Inten-ogeons à ce propos le « Grand Robert» :

« terme venant de l'italien villegiatura, il désigne un séjour de repos, à la campagne ou dans un lieu

de plaisance, plage ou ville d'eaux».

100

Il paraît donc évident que la villégiature se pratique ici depuis que Spa est Spa. J'en veux pour

preuve ce texte en wallon, écrit en 1758, qui est la première strophe de l'opéra comique intitulé Les

Ypocontes:

To l'monde acoure à z'aiwe di Spâ

Onk poss plaisir, l'ôte pô sès mâ

Por mi, gi so cial pom maitresse

Venus à Spa pour des raisons diverses, souvent bien éloignées d'un intérêt pour les eaux ou les

jeux, la plupart des villégiateurs y ont trouvé ce qu'ils cherchaient : les uns, bals, assemblées et

mondanités; les autres, innovations, mode et divertissements; d'autres encore calme, tranquillité et

verdure. Il y en a même qui sont devenus« accros ». Giacomo Meyerbeer par exemple, compositeur

célèbre au 19e siècle, qui vint chaque année au bord des fontaines pour prendre des forces avant

d'affronter une nouvelle saison parisienne, et cela pendant 30 ans !

Spa accueillera tour à tour, et parfois simultanément, des aristocrates, des aventuriers, des

ecclésiastiques, des soldats, des souverains, des exilés, des bourgeois, des envahisseurs, des

libérateurs, des diplomates, des artistes, des VIP ... cela fait beaucoup de monde !

Notre exposition sera, nous l'espérons tout au moins, un des attraits de la saison touristique qui

débute à Spa en ce mois de juin. Théâtre, musique, thermoludisme et événements sportifs attireront

en grand nombre les touristes dans notre ville d'eaux où, comme disait Guy de Maupassant « en

deux mois, il se passe plus de choses que dans le reste de l'univers durant le reste de l'année» !

Comme vous pourrez le constater par vous-même, le montage de l'exposition - qui occupe pour la

première fois tout le 1er étage - ce montage donc nous a pris beaucoup de temps et a demandé le

concours de nombreux talents puisqu'une bonne douzaine de personnes ont réuni leurs efforts. C'est

plus que jamais le résultat d'un formidable travail d'équipe et j'espère que vous l'apprécierez. Si

c'est le cas, amis du musée, parlez-en autour de vous car c'est notre meilleure publicité !

Et maintenant, cher Président, si nous parlions un peu de « la cerise sur le gâteau » ...

* * *

101

102

Plus de cent ans se sont écoulés depuis la réalisation du Livre d'Or par Antoine Fontaine, et

nombreux ont été les villégiateurs qui ont séjourné à Spa depuis la fin du XIXe siècle.

Le thème de l'exposition d'été 2007 nous a paru l'occasion de continuer l'œuvre de Fontaine, en

développant, toutefois, un projet plus modeste dans ses dimensions.

Nous avons demandé à notre concitoyen Marc-Renier Warnauts, ici présent, auteur de B.D. et

illustrateur bien connu, qui a réalisé pour nous l'affiche de l'exposition 2004 ... , sur l'affiche, de

concrétiser ce projet.

La composition a été laissée à l'initiative du peintre; nous nous sommes contentés de lui fournir la

liste des personnages à représenter ainsi que la documentation iconographique nécessaire à ce

travail.

Le tableau que vous allez bientôt pouvoir admirer se présente sous forme d'un diptyque de deux

mètres, où sont regroupés, sur la partie gauche les personnalités venues à Spa avant 1940, et, sur la

partie droite, celles venues depuis lors. Soixante personnes parmi la masse de célébrités qui ont

fréquenté Spa au XXe siècle, nous nous exposons, plus encore que Fontaine, à des remarques et des

critiques, que nous assumons par avance.

Nous avons toutefois fait smvre les notices biographiques accompagnant la présentation du

diptyque, d'une liste des personnages découverts au cours de nos recherches, et que nous n'avons

pas retenus.

Avant de vous convier à visiter l'exposition, je me dois d'exprimer une série de remerciements:

aux membres de notre Conseil d 'Administration, mais c'est après tout normal que nous mettions la

main à la pâte ; des remerciements plus particuliers à Mesdames Joëlle Bouhon, Evelyne Dufrasne

et Yolande Triolet, à Messieurs Patrick Charlier, François Joseph et Fernand Vanhoorne, pour l'aide

qu'ils ont apportée pour le montage et la décoration de l'ensemble; à Monsieur René Sart pour

avoir accepté de prêter un tableau puissamment évocateur représentant l'entrée du Parc de Sept

Heures à son apogée, à Marc Joseph, notre secrétaire, pour le montage photographique présenté

dans la salle de conférence ; à Marie-Christine Schils, enfin, notre conservatrice, qui a dû gérer en

même temps le montage de l'exposition et les problèmes posés par la transformation du chauffage

du musée.

103

L'illustrateur Marc Renier Warnauts à sa table de dessin en pleine réalisation du « Livre d'Or». (Photo M Joseph)

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Premier mois de la guerre de 1914 à Spa

(Suite et fin du Journal tenu par Georges Nizet et sa famille)

Mercredi 2 septembre

Diest complètement anéanti; tout est rasé par l'artillerie. Les zouaves ont repris Huy à la baïonnette.

120.000 Allemands ont été mis en fuite pour Liège où les Français attaquent les forts. Boncelles est

pris. Je ne sais rien du côté de Flémalle, Alleur, etc.

D'après des informations que j'ai eues après, les Français ne sont pas à Liège. Grand Dieu ! Quand

donc viendront-ils nous délivrer de cette sale engeance ? Pas de nouvelles. Rien mais rien comme

c'est triste, comme je me morfonds. Les Allemands disent qu'ils sont à Saint-Quentin, Amiens,

Rethel. Ils disent que les Français sont battus sur toute la ligne.

Mina a été souffrante et cela pour avoir vu passer les premiers blessés français recueillis entre Givet

et Namur à Givet et Namur à Brienne. Ce sont des lignards, et un fort gaillard sénégalais bronzé,

taillé comme un Hercule; l'autre un Algérien, un capitaine. On a dû les transporter chez notre très

dévoué Mr Pelzer car, malgré leurs blessures, ils voulaient se battre contre les Allemands blessés de

l'hôpital.

Mr Poskin qui soignait un turco blessé au bassin par un éclat de shrapnel, lui demande: "Je ne te fais

pas mal, mon brave?" - "Non, non, mon petit" répond celui-ci. "Continue, mon petit. Je sens rien. Je

suis pas une fille ! " (?) . Puis il dit: "Donne une cigarette et tout va bien". Quand le pansement fut

fini, notre zouco avait fumé stoïquement 11 cigarettes et tout en disant: "On en a passé à la

fourchette". Puis s'adressant à des convalescents allemands, il dit au docteur: "Chassez-moi donc

cette vermine. Ils vont passer la gangrène". Un Allemand a en effet dit: "De mon régiment, le 143\

il ne reste rien". Aussi craignent-ils les Français.

Tout à coup, j'ai des nouvelles. Les voici:

Armée franco-belge - 21 ème escadrille aérienne- 30 août 1914

Messieurs les coalisés ont l'honneur et le plaisir de porter à la connaissance de la population

liégeoise les nombreuses et éclatantes victoires ci-après: Les f01is de Hambourg, d' Altona, de Kiel,

Lubeck et Hestings ont capitulé après bombardement par les flottes anglaise et française.

Le Comité directeur de la Croix-Rouge de Spa en août 1914. On y reconnaît notamment le pharmacien Leboutte (1er à gauche) et le

Dr Poskin (3"). (Coll. Musée de la Ville d'eaux)

...... 0 u-,

106

Les forts et places fortes de Koenigsberg, Dantzig, Klaponii et Hobbey sont occupés par les Russes

qui ont opéré par mer et par terre. Quant aux forces navales allemandes, elles sont complètement

anéanties. L'entrée de Namur a coûté beaucoup de vies françaises. La grande bataille engagée au

sud-est de Charleroi s'est te1minée au grand avantage de nos troupes. L'armée allemande a battu en

retraite sur Namur et s'est vu infliger des pertes considérables. 50.000 Allemands hors combat;

12 batteries de campagne et quantité de mitrailleuses. Dans le Brabant, entre Wavre et Tirlemont,

l'infanterie et la cavalerie allemande contre les troupes belges et britanniques. Il y a eu des pertes

insignifiantes. La nuit du 26 au 27, au nord du Rupel un dirigeable, le zeppelin n° 4 a été descendu.

Le 3e corps d'armée russe, après avoir attaqué de front, a mis en déroute les Allemands.

Nombreuses pertes allemandes et marche victorieuse sur Berlin. Sur la route de Silésie, le grand

duché de Poten et Francfort-sur-Oder sont occupés par les forces russes déjà secondées par de

nombreux régiments japonais arrivés par le Transsibérien. Les pertes allemandes subies à l'Est sont

innombrables. On croit ne pas exagérer en annonçant 550.000 tués et blessés. Les pertes russes à

110.000 hommes. Les Russes ont complètement cemé180.000 Allemands, 2 avions et le dirigeable

n° 7.

Après avoir repris leur vieille Alsace, les Français ayant pris Strasbourg, Metz, Mulhouse entrent

aisément dans leur vieille Alsace et vont pénétrer en Bade et Palatinat. Pertes énormes chez les

Allemands. Pertes françaises nulles en considération des résultats obtenus. Victoire définitive

assurée.

Les soussignés certifient l'authenticité des brillants résultats et invitent les valeureux Liégeois à

n'accorder aucune croyance aux prétendues victoires allemandes qui font l'objet de nombreuses

affiches.

Par ordre de !'Aviation militaire (s) comte d'Hespel.

Courage et à bientôt. Vive la Belgique et son roi. Vive la France et l'Angleterre.

Jeudi 3 septembre

Rien de nouveau si ce n'est qu'on entend le canon du côté de Hasselt. Les forts de Longwy ont été

pris par les Allemands mais ces forts sont tout à fait secondaires.

107

Vendredi 4 septembre

D'après la "Berliner Tagenblatte", ils reconnaissent que les Russes sont presque à Berlin. Mais ils

disent que les forts de Laon La Ferté sont pris et que Paris est menacé. Il paraît que les Russes

commettent des atrocités horribles en Allemagne. Dans l'Est, les Français ont repris l'offensive et

sont victorieux sur presque toute la ligne. La mobilisation turque a été décidée.

Samedi 5 septembre 1914

Dans la "Berliner Tagenblatte", les Allemands reconnaissent que leur flotte est complètement

détruite. Ils annoncent comme victoire la prise de 6 bateaux de pèche. Les marins allemands sont

descendus par Verviers et servent d'armée territoriale.

Dimanche 6 septembre 1914

Plusieurs personnes disent que les Français sont battus à Saint-Quentin et dans tout le Nord. Pourvu

que ce ne soit pas vrai ! Aujourd'hui on a assuré que les Russes étaient à Berlin depuis le

2 septembre à 4 h. Des centaines de familles allemandes ont quitté Berlin et viennent à Liège et

Verviers. Des milliers de Japonais ont débarqué en Allemagne.

Daniel m'a dit qu'il comptait partir demain pour l'Italie.

Lundi 7 septembre 1914

Daniel m'a quitté aujourd'hui. Son père est arrivé hier soir avec le consul d'Italie à Bruxelles.

Bruxelles est calme et des affiches y annoncent des victoires allemandes. Vers 11 h, j'ai rencontré

M. G. qui m'a dit que son fils François, mon camarade, est arrivé sur un camion; les Allemands lui

ont pris son auto. Il nous a dit que les Allemands qui cernaient Anvers ont dû fuir et abandonner la

lourde artillerie. Les Belges et Anglais les ont pourchassés et ont repris Bruxelles, Diest et Hasselt.

Puis encore une grande nouvelle: l'armée allemande est coupée à Termonde. L'armée allemande de

Lille est prisonnière.

Encore une grande nouvelle: 100.000 Russes ont débarqué à Anvers pour délivrer le territoire belge.

Il paraît que la première bataille de Guise avait été gagnée par les Français et la seconde gagnée par

les Allemands.

108

Mardi 8 septembre 1914

Il paraît que le gouvernement belge est renversé par le roi. Tout son état-major a été renversé.

Lieutenant-général Sellier de Moranville a été dégradé.

Le fils d'un bourgmestre près de Namur a eu la tête attachée à la tête d'un cheval et une jambe à un

autre cheval. Puis les chevaux sont enfuis au galop. Quelles hon-eurs !

Hier, dans la "Gazette de Cologne", ils mettent: "Atrocités françaises en Alsace-Lorraine". Ils

reconnaissent avoir été battus à Lemberg.

Mercredi 9 septembre 1914

Rien de nouveau si ce n'est de bien mauvaises nouvelles. Les Allemands ont pris Maubeuge, Lille

et les Français reculent. Les Allemands sont arrivés à Compiègne, Soissons. Verdun est assiégé et

Qenaise aussi. Pauvre France ! Que Dieu la sauve ! On annonce pourtant des grandes victoires

russes, notamment à Lemberg.

Ici, à Spa, il fait tranquille, à part les patrouilles de Landsturm qui circulent en ville. On a de

nouveau 31 blessés (28 Allemands, 3 Français). On a fait des perquisitions dans différentes maisons

de la ville; on soupçonnait de cacher des déserteurs français. La farine ne manque pas mais souvent

nous avons du pain gris d'un difficile à digérer. (Spa est ravitaillée, p. 31). Le temps est toujours au

beau fixe. Plus un aéroplane en l'air; il fait mort et dire que l'on se bat si fmi ! On a dit que les

Allemands attaquent Anvers.

Jeudi 10 septembre

Rien de nouveau. Rien de nouveau. Calme le plus complet.

Vendredi 11 septembre

On a dit aujourd'hui que beaucoup de canons de siège allemands avaient été noyés par la rupture

des digues. Maubeuge a coûté 85.000 hommes aux Allemands. La dépense a été terrible. Les

Français ont détruit 2 canons de siège allemands de 42 cm.

109

Samedi 12 septembre

Les Belges ont fait une sortie d'Anvers et ont repoussé l'ennemi en leur prenant des quantités de

canons. (Braves petits Belges ! Que Dieu les protège !)

On nous a annoncé que l'on débarquait plus de 100.000 Russes à Anvers. En effet, j'apprends à

l'instant que les Belges ont repris la Flandre Orientale, Anvers et le Limbourg. Ils ont coupé l'armée

allemande en deux tronçons à Cottenberg (Brabant). Nous ne savons rien du côté français si ce n'est

qu'une armée allemande avait été complètement anéantie près ou à Anvers. Peut-être que Bruxelles,

à l'heure qu'il est, est délivrée.

Il paraît qu'il y a eu une grande victoire anglaise à Crepy et que les Français ont gagné une grande

bataille à Compiègne.

Les Allemands attaquent les forts de Nancy, mais sans succès. On a annoncé aujourd'hui dans la

"Gazette de Cologne" dit que des milliers de Russes débarquent en Angletene.

Dimanche 13 septembre

On ne sait comme on vit aujourd'hui. J'avais complètement oublié que nous étions dimanche. J'ai

eu aujourd'hui des nouvelles du "Times" disant: 350.000 Français combattent victorieusement dans

les Vosges. Le gouvernement allemand a été transporté à Mayence. Une proclamation a été faite

comme quoi l'envahissement d'une partie de la France est un sacrifice nécessaire. Le "Times" dit:

Les Français qui, dans les premiers jours avaient vécu de si beaux succès en Alsace ont dû

abandonner leurs positions pour se retirer sur Sanebourg.

Lundi 14 septembre 1914

Il paraît que les Serbes ont cerné une année autrichienne en Bosnie. A part cela, rien de nouveau.

A l'Est, les armées russes sont victorieuses. L'Autriche est déjà aux abois et la Prusse orientale est

envahie. Nous sommes rassurés, les Allemands seront battus. C'est le résumé de nos conversations.

(Marcotte, XII, p. 45)

Mardi 15 septembre

Aujourd'hui j'ai eu de grandes nouvelles. Les voici: Extraits authentiques de "La Flandre Libérale"

du 13.

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Les Allemands en retraite (Communiqué officiel anglais). Notre succès s'accentue. Nos progrès ont

continué. Au nord de la Marne et dans la direction de Soissons et de Compiègne. Les Allemands ont

abandonné de nombreuses munitions, du matériel de guerre et 11 canons. Nous avons fait

1.500 prisonniers (Havas) La retraite générale a continué jeudi. Les forces anglaises ont fait

1.500 prisonniers et ont pris une quantité de fourgons . L'ennemi se retire en désordre vers l'est de

Soissons. Des groupes importants d'infanterie ennemie qui se tenaient cachés se sont rendus à la

première sommation.

Les succès des Alliés s'accentuent. 50 canons pns. La marche en avant des armées alliées

s'accentue. Les progrès sont grands et font espérer une retraite allemande générale et rapide. Les

Alliés pendant cette grande bataille qui dura deux jours ont pris cinquante canons et fait des milliers

de prisonniers allemands. L'armée anglaise a eu une large part de succès. Après avoir

victorieusement franchi la Marne, elle a repoussé les Allemands au-delà de 40 kilomètres en un

JOUL

Les Allemands avouent la défaite. Le général allemand Stein avoue la victoire des Alliés et la prise

de 50 canons. Dans un autre engagement, les Anglais ont pris une batterie ennemie et 12 canons

Maxims. Une communication télégraphique de sir Edward Grey, ministre des Affaires étrangères, à

sir Francis Villiers, Ministre d'Angleterre à Bruxelles, confirme l'exactitude de ces nouvelles.

Mercredi 23 septembre 1914

Hier et avant-hier, on a entendu le canon d'une façon épouvantable du côté de Marche et de Namur;

on l'a entendu aussi fo1i du côté de Hasselt. Après la grande bataille de Soissons gagnée par les

Français, les combats continuent acharnés du côté de Saint-Quentin. D'après des nouvelles

allemandes, des combats ont lieu du côté de Verdun et de Reims. A Lille, Béthune, Arras, les

Allemands se sont retirés.

Le canon se fait entendre sans discontinuer et le son en nous parvenant nous donne une idée du

rapprochement ou de l'éloignement des troupes qui doivent être échelonnées sur un front de

bataille de près de 400 kilomètres. N'importe, les prévisions de l 'audacieuse Allemagne ne se

réaliseront pas. (Marcotte, XII, p. 45)

Les Belges se sont battus ferme du côté de Termonde. Une lettre de mon cousin annonce qu'ils

cernent Bruxelles. Il paraît que la cathédrale de Reims brûle. Il paraît - et si ce n'est pas un

mensonge officiel - que 80.000 Allemands ont été fait prisonniers et cernés, puis pris par la faim.

111

D'après le journal "La Métropole" d'Anvers de vendredi dernier. Les combats tenibles continuent

vers La Fère. L'Etat-major français annonce un succès pour eux; ils disent qu'il faudra beaucoup de

temps pour refouler les Allemands !

Aujourd'hui le canon a été moindre et très éloigné. L'Etat-major de Verviers est venu à Liège et

celui de Liège vient de Spa. Nous jouons la comédie avec Edouard.

Jeudi 24 septembre (Fin du texte)

A. Doms

Autoportrait (?) de Georges Nizet, artiste peintre et rédacteur de ce journal de guerre. (Coll. Musée de la Ville d'eaux)

112

Spadois

Un pieux spadois marchand de vins

Guillaume Joseph Forgeur 1744-1832

En ce dernier quart du XVIIIe siècle, Spa est encore le café de l'Europe mais la situation se

dégrade à partir de la révolution liégeoise puis française.

Les Bobelins ( étrangers en visite) se font plus rares et en 1794, les FORGEUR émigrent,

sans doute, pas pour bien longtemps, ni très loin, à Malmédy, car leur fille Marie Ernestine épouse à

Spa en 1806 Etienne HURLET dit HENRARD, ancêtre de Jean HENRARD demeurant à Spa place

Verte 22.

Il construit sa maison rue de la Sauvenière, enseignée « A la ville de Bruges » actuellement

rue Rogier 32 (ancienne école du Sacré-Cœur - école Roi Baudo,µj,~) avec une entrée latérale dans

un porche, fermé par une po1ie cochère métallique. ·).\

La façade entièrement en pierres de taille n'est pas d'époque, elle a été ajoutée contre

l'ancienne.

Cet immeuble fut l'habitation de Monsieur HA YEMAL, marchand de vins, puis banquier et

enfin premier bourgmestre de Spa (29/10/1830) qui y reçut notre roi Léopold 1er_ 1

Guillaume Joseph FORGEUR fut échevin de la Cour de Justice de Spa avant 1789. Il exerça

à Spa la profession de marchand de vins et d'eaux de Spa ainsi qu'en attestent son livre journal, son

grand livre et son copie lettres, de 1778 à 1803, conservés par Monsieur Jean HENRARD.

Sa famille est originaire de Liège, où une rue porte son nom. Certains de ses frères ont eu

une carrière brillante : Joseph FORGEUR fut professeur à l'université de Louvain et vicaire général

à Anvers puis à Malines. Jean Ferdinand FORGEUR fut notaire et avoué et ses descendants habitent

encore à Liège.

Georges MAYENCE, son beau-frère, fut professeur à l'université de Louvain et il fut reçu

triomphalement par le Prince-Evêque.

Son beau-père MAYENCE de Liège fut son banquier. C'est par son intermédiaire qu'il

passait ses opérations financières, billets à ordre et lettres de change.

Au début de chaque année, dans son livre journal, il mentionne en titre et majuscules

l'invocation« Ad majorem dei deiparoque gloriam amen».

1 Voir Histoire et Archéologie Spadoises de juin 2001-A. ANDRIES- Fagne Maron au temps du passé.

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Cette invocation reprend pour paiiie, la devise, imposée par les pères jésuites, à tous leurs

élèves tant en ce qui concerne les devoirs que les examens, à savoir : Ad majorem dei gloriam - A

une plus grande gloire de Dieu.

La traduction du deiparoque qui figure au fronton de l'église de Sorrento, proche de Naples,

ne fut solutionnée que par feu le professeur DUYSINX de Stavelot qui connaissait le paléo latin

(latin primitif).

Cette traduction est« et de celle (Marie, sa mère) qui l'(Jésus) a engendré». L'ensemble se

lit donc : A une plus grande gloire de Dieu et de celle qui l'a engendré, qu'il en soit ainsi.

Marchand de vins

L'époque

Le livre journal qui mentionne un précédent livre disparu, débute en 1788 sous le règne du

Prince-Evêque VELBRUCK, c'est-à-dire à une date proche de la révolution française de 1789 et

postérieure à l'âge d'or des eaux de Spa (1774-1784).

Le 18 août 1789, la révolution éclate à Liège - Le Prince-Evêque HOENSBROECH se

réfugie à Trêves le 24 août - Le 16 septembre 1790, DETRIER et FYON, révolutionnaires,

convoquent le congrès de Polleur.

De janvier 1791 à mai 1792, par les Autrichiens, le Prince-Evêque est rétabli dans ses

pouvoirs ainsi que l'ancien régime.

La première conquête française, conduite par DUMOURIEZ, dure de novembre 1792 à mars

1793. Le Prince est, de nouveau, remis au pouvoir par les Autrichiens de mars 1793 à juillet 1794.

Finalement les Français avec le général JOURDAN le 27 juillet 1794 chassent les

Autrichiens. Malheureusement le rattachement à la France sonnera le glas de Spa, par la

suppression des jeux.

Les saisons de Spa sombrent dans le chaos. Ironie du sort, les meilleures années seront celles

de 1791 et 1792. Il faudra attendre 1801 et l'Empire français pour que les jeux reprennent à Spa,

mais plus rien n'est comparable à la situation de l'ancien régime.

Notamment sous l'ancien régime, la circulation en Europe des personnes et des biens, sauf

les octrois, était relativement aisée.

Le commerce

Non seulement Guillaume Joseph FORGEUR importait des vins pour satisfaire sa clientèle

locale et surtout les étrangers en séjour à Spa mais il exerçait aussi et de manière continue un

commerce international de vins et eaux de Spa.

115

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116

Le livre journal, révélateur de son activité commerciale consacre 51 pages à l'année 1791,

3 7 pages en 1 792 et infiniment moins les autres années pour terminer par 4 pages en 1803.

Seule une période de paix, la sécurité et l'absence du déferlement d'armées et de pillards

assurent la présence des étrangers, des jeux, de multiples animations et le profit des Spadois.

Après avoir été sur place, en Bourgogne, Bordelais et Champagne, goûter les vins, il

commandait l'envoi, directement du lieu de production, au domicile de ses clients en France, en

Hollande, en Irlande et en Angleterre.

Il utilisait des chan-etiers et des transports par bateaux depuis Marseille, Rouen jusqu'à

Ostende, Middelburg, Rotterdam, Paris.

Habile commerçant, il proposait aussi ses services pour fournir de l'eau de Spa et pour

«arrêter», c'est-à-dire louer, pour la saison, des maisons aux seigneurs et gentes dames.

Expérimenté et prudent, il insistait sur la surveillance durant le transport de ses paniers de

120 bouteilles, de ses tonneaux ou pièces (228 litres), de ses feuillettes (114 litres) afin de « les

assurer qu'on aille point à l'entour» et il ajoutait« il faut de bons tonneaux pour qu'il n'y ait point

de coulage». Avisé, il revendait ses tonneaux vides pour 40 ou 30 sous.

Il ne se limite pas au vin car il se fournit en rhum - huile - moutarde - eau de noyaux et il

brasse la bière. En effet, pour le brassage de la bière, il est repris dans le registre de 1789 de

l'huissier Hopa, sans doute pour le prélèvement d'une taxe?

L'unité de mesure des alcools, notamment le Brandevin (genièvre) était le pot de Liège soit

1 litre 288.

L'alcool se vendait en tonneau appelé Osch de 161 à 164 pots de Liège.

Les vins de Bourgogne, Bar, Volnay s'achètent par pièce ou demi pièce parfois mentionnée

« jauge de Bourgogne ».

Les vins du Rhin et de Moselle s'achetaient en Ayme (du Rhin 58 florins - de Moselle

107 florins) d'une contenance de 153,560 litres.

L'Ayme de bière contenait 145,88 litres soit 8 jusses de 14 pots et une chopine. Il

commande même à M. Ropiquet, à Mayence, un baril d'eau de selz, suivant le prix, à lui envoyer

sur la Hollande. L'eau de selz est une eau naturellement gazeuse et acidulée ou artificiellement

gazéifiée avec du gaz carbonique.

Il commande à son fournisseur à Beaune en Bourgogne « un mille de fausets que les

prisonniers et invalides font chez vous». Un fausset (orthographe actuelle) est une petite cheville de

bois servant à boucher le trou fait à un tonneau avec un foret.

A un autre, il écrit « vous me ferez plaisir en m'envoyant un tonneau d'anchois». Même le

tabac, en livre, figure dans un petit registre.

117

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118

Les paiements

Tous ses comptes sont rédigés en monnaie officielle de la Principauté de Liège. Un florin de

Liège se divisait en vingt sous. Le florin est une monnaie de compte, de référence, comme le fut, il

y a quelques années, l'écu.

Un florin de Liège représente, à cette époque, le salaire journalier moyen d'un ouvrier de

même que la superficie d'un terrain était exprimée en «journal» qui représentait la surface qu'un

agriculteur pouvait traiter en une journée.

La rémunération des chanoines du chapitre de Liège était à la hauteur de celle des P.D.G. et

C.E.O. 2 actuels. Ils débutaient, dans leur situation si recherchée, à 4000 florins.

Le bourg de Spa, la terre de Franchimont, englobés dans un autre Etat, l'Empire Autrichien,

voient arriver des monnaies étrangères avec les années et les étrangers venant aux eaux de Spa.

Voici quelques valeurs respectives par rapport au florin liégeois :

1 Louis (français)= 19 florins 10.

1 Couronne = 4 florins.

1 Escalin (bien connu au château de Franchimont lors des reconstitutions)=½ florin.

1 Ducat = 9 florins.

1 Guinée = 19 florins 16.

2 Pistoles d'Espagne, une Croix de Malte= 54 florins.

Il reçoit aussi des billets et traites rédigés en devises étrangères : en Louis sur Paris - en

Guinées sur Londres - en Florins Hollande sur Middelburg.

Il achète des pièces de vin venant de Bourgogne en Louis mais il vend aussi en cette

monnaie, les vins qui étaient transmis directement du producteur au client français.

A quel prix vendait notre marchand?

Bar: le Bar blanc en 1791 se vendait à 20 sous (1 florin) mais il le cède à 10 sous aux 5 Capucins

de Spa qui achètent 223 bouteilles en un an, ce qui est beaucoup pour les offices ! C'est le vin qu'il

commerce le plus, sans doute, ce vin transitait-il par Bar le Duc ?

Bourgogne : de 16 sous en 1774, il passe à 18, 20 et même 25 sous.

Volnay: de 20 sous en 1774, il s'élève à 40 sous en 1780.

Château Margeaux (sic): de 45 à 55 sous.

Chambertin: 55 à 75 sous.

Corton : 60 sous.

Beaune : en fut 24 à 30 sous - en bouteille 30 à 40 sous.

2 Chief Executive Officer.

Medoc : 14 sous.

Moselle : de 16 à 30 sous mais le vin du Rhyn (sic) le seul vin millésimé coûte 70 sous.

Champagne : 15 à 20 sous - le rouge est à 30 sous.

Rhum : 30 à 50 sous.

119

Eau de Spa : 2 paniers d'eau de Spa de 60 bouteilles, 60 florins chacun, qu'il expédiait notamment

par Rotterdam à destination de« l'Honorable Colonel ROCHEFORT de Londres».

L'énumération des 47 produits, dont bien des noms sont encore usités, repris à son livre

journal serait fastidieuse mais elle révèle un panel de produits étendu et une prédominance des vins

de Bourgogne.

Nihil novi sub sole - il n'y a rien de nouveau sous le soleil en ce qm concerne

l'augmentation des prix suivant les mêmes critères qu'actuellement.

Ses clients

Presque toutes les professions de l'échelle sociale, sont représentées parmi ses clients, ce qui

suggère un prix modéré du vin et un usage assez répandu.

L'énumération serait trop longue mais elle apporte des précisions sur les activités, les lieux

de résidence et parfois les enseignes des habitations.

De nombreux seigneurs et dames, comtes, ducs, évêques, mambour (tuteur ou trésorier),

serrurier, perruquier, bourgmestre, chirurgien, cuisinier, vicaire, capucin, domestique, notaire

procureur, voiturier, verdurier, religieuse de Theux.

Anne-Marie ALLIANCE cuisinière au« Comte d'Artois».

BADON à « l 'Aigle impérial » libraire, tenant bibliothèque et un cabinet de lecture anglais,

français, allemand, hollandais.

L'honorable CUNNINGHAM et Milady sont descendus au « Roi de Prusse» en 1788. Ils achètent

1015 bouteilles pour 1080 florins mais ne semblent pas vouloir payer ce qui oblige le vigilant

créancier, FORGEUR, à payer 60 florins aux gardes de nuit pour« veiller à sa fuite présomptive».

DUJARDIN à la cure de Spa (1774-1787) achetait le Bar par 100 bouteilles et le Volnay ainsi que

le Pommard par tonneaux et bouteilles !

Bien des noms d'aujourd'hui GERNAY - ENGLEBERT - FRAIKIN - CREHAY - LELOUP -

JEHIN - XHROUET, entre autres, figurent dans ses livres.

WILKIN à « La Reine de Hongrie » rue de l'Assemblée (rue Royale), peintre en gouache et

miniatures fait offre de ses talents aux seigneurs et dames qui voudraient prendre ses leçons.

120

La profession de FORGEUR était fort rentable, au vu du nombre de ses confrères qui se

fournissaient chez lui (photo du livre journal) et la présence de son confrère Jacques NIZET en

qualité d'associé pour un quart dans la Redoute (Casino); ajoutons à cela les charges financières de

longs procès.

Procès

Si Guillaume Joseph FORGEUR n'a construit sa maison qu'à partir de 1803, c'est que deux

procès lui furent intentés par le Magistrat de Spa le 22/6/1779, devant la Cour de Justice de Spa,

puis devant les échevins de Liège, ensuite devant le conseil ordinaire et le conseil privé du Prince­

Evêque de Liège et enfin devant le suprême conseil aulique ( qui appartient à la Cour des Rois) de

Vienne.

Guillaume Joseph FORGEUR avait acheté le 20 février 1779 par proclamation judicielle

(par décision de justice) une vieille grange et écurie avec une place à fumier, appendices et

dépendances situées rue de la Sauvenière (rue Rogier) à Spa, pour y construire sa maison.

Avant de mettre la main à l'ouvrage, il se soumit au règlement du prince pour le bourg de

Spa concernant les maisons à bâtir et à réparer (déjà l'urbanisme).

A cet effet, il présenta une supplique au Magistrat (un ou deux bourgmestres et plusieurs

commissaires) pour qu'il se rendît sur le terrain qu'il venait d'acquérir à l'effet de « lui désigner

l'alignement qu'il devait prendre pour la construction de son bâtiment et l'ornement de la rue».

Malgré une nouvelle supplique, bien documentée, avec les actes notariés des 150 ans

précédents, il ne fut pas possible d'obtenir la visite demandée. On lui renvoya ses suppliques par

deux conseillers qui lui dirent de la part du Magistrat qu'il pouvait bâtir selon l'alignement qu'il

demandait; c'est dire, en s'avançant de 3 à 4 pieds (32 cm) pour se mettre à l'alignement des

maisons de ses voisins.

Guillaume FORGEUR rassembla tous les matériaux nécessaires et creusa les fondations,

mais au moment où il voulut poser la première pierre, le Magistrat, d'autorité de la Cour de justice

de Spa, lui fit défense de travailler sous le prétexte qu'il avait creusé sur un terrain appartenant à la

communauté.

Un conflit s'engagea avec la Cour de Justice de Spa qui ne s'entendait que trop bien avec le

Magistrat et se poursuivit devant les échevins de Liège.

Les avocats interviennent, la procédure s'allonge, les juges sont partiaux. Ils violent l'art. 13

du premier chapitre de la réfonnation de Groesbeek qui interdit aux juges, à peine de privation de

leur office, de demander ou recevoir caution d'indemnité pour l'administration de la justice.

121

La cause fut plaidée devant les échevins de Liège, puis devant le Conseil privé du Prince et

le conseil ordinaire qui jugèrent que le Magistrat n'avait aucun droit sur le terrain.

Le Magistrat pour vexer et ruiner de plus en plus Guillaume FORGEUR fit appel de cette

sentence, au conseil aulique de Vienne, à l'Empire.

Ensuite demeurant dans l'inaction, le magistrat se vantait que Guillaume FORGEUR ne

verrait jamais la fin des procès.

Guillaume FORGEUR dut dépenser 86.312 florins, subit deux incendies, deux inondations

consécutives, dut louer des maisons et attendit 15 ans avant de pouvoir bâtir, en 1803.

Le conseil aulique décida enfin la mise à exécution des sentences du conseil privé du

9/11/1783 et du conseil ordinaire du 22/4/1784.

Il en résulte de la part de Guillaume FORGEUR une connaissance juridique certaine, une

grande fortune pour supporter une telle charge pendant 15 ans, une ténacité hors du commun.

In fine

A notre époque où beaucoup aspirent et obtiennent la mise à la pension de plus en plus tôt, il

est surprenant d'apprendre que Guillaume FORGEUR fut nommé juge de paix à Rochefort en 1820

à l'âge de 75 ans. Il professait encore en 1830 à l'âge de 85 ans.

Il est décédé à Rochefort le 10 juillet 1832 à l'âge de 88 ans.

REMERCIEMENTS

Spécialement à M. Jean HENRARD qui non seulement m'a communiqué les documents

originaux de son ancêtre mais également le commentaire qu'il en a fait. Sans lui, rien n'aurait pu

être fait.

A M. Jean TOUSSAINT, Président de l' ASBL Histoire et archéologie spadoises, qui m'a

aidé de ses conseils et m'a prêté le passionnant ouvrage du professeur Paul BERTHOLET « Les

jeux de hasard à Spa au XVIIIe siècle » et « Médecine et Médecins au pays de Liège du professeur

FLORKIN ».

Au Professeur Paul BERTHOLET qui m'a explicité de nombreux termes concernant les

monnaies, les unités de mesure, la justice et m'a fort aimablement reçu.

De nombreux emprunts ont été faits aux ouvrages précités.

Louis GUYOT

122

Classe de / 'Athénée de Spa

Classe de l'école Sainte-Elisabeth de Goé

En marge de notre exposition de printemps Jeu concours : « Enluminure »

123

A l'occasion de notre exposition temporaire : «Bizarre ... vous avez dit insolite?», le Musée de la

Ville d'eaux a proposé un jeu concours aux élèves des écoles primaires de l'arrondissement, degré

moyen et supérieur.

Il s'agissait de réaliser une enluminure.

Pour celles et ceux qui ont visité cette exposition, ils se souviendront de cette enluminure offerte au

chevalier Charles de Thier, en 1966, pour son accession au titre de« Bourgeois de Spa».

Six classes, 5 de Spa et une de Goé, ont répondu à notre appel.

Un jury de quatre personnes, composé de Mme Collette, professeur de dessin, Mme Triolet,

décoratrice à la Manufacture de Bois de Spa, M. Sart, administrateur d"'Histoire et Archéologie

spadoises", et Marc-Renier Wamauts, dessinateur spadois bien connu, a eu la difficile tâche de

choisir 2 dessins gagnants parmi les quelques 130 reçus.

Et. .. .les gagnants sont :

- Pour le degré moyen, Zoé Braham et Amélie Gilles, ex aequo, de l'Ecole Sainte Elisabeth de Goé,

classe de Madame Gilles.

- Pour le degré supérieur, Céline Wathlet et Jordan Drosutis, ex aequo, de l 'Athénée royal de Spa,

classe de Monsieur Dujardin.

Chaque classe gagnante a reçu un chèque de 100 euros et tous les enfants ayant participé à ce

concours sont invités, avec leur famille, à venir visiter les musées gratuitement pendant toute la

saison 2007.

Toutes les félicitations du jury et de l'équipe du musée, merci aux instituteurs et merci aux enfants

pour leur magnifique dessin.

Annick JEAN

Nous saisissons cette occasion pour rendre hommage au chevalier de Thier et publier, un siècle après son décès, un large extrait du discours du Dr Jean Barzin, bourgmestre de Spa. Ce discours a été prononcé lors de la cérémonie de remise du Brevet de « Bourgeois de Spa », le 11 juin 1966.

124

Enluminure réalisée par mère Marie-Louise, moniale de !'Abbaye de Maredret (voir page précédente). (Coll. Musée de la Ville d'eaux)

125

Le Chevalier Charles de Thier

Né à Liège, le 13 mai 1875,fils de magistrat

Après ses études, il s'est occupé du journal La Meuse, en tant que reporter artistique.

Dès 1915, il s'est occupé de Spa-Monopole à la demande du conseil d'administration de la Caisse

Liégeoise, sous prétexte, invoqué par le conseil, que Monsieur de Thier était tout de même à Spa, en

sa villa de la Sauvenière.

Il s'est trouvé en face de ses deux plus anciens collaborateurs et a dirigé, tant bien que mal,

une affaire des plus précaires, manquant de capitaux et plus d'une fois aux prises avec l'occupant de

1914-1918.

Grâce à sa persévérance et à la confiance qu'il a pu inculquer à ses adjoints, après avoir

changé trois fois de local d'embouteillage suite aux exigences de l'ennemi, il s'est trouvé en 1918 à

la tête d'une affaire chancelante, à laquelle il n'avait nullement droit, le conseil d'administration

d'avant 1914 ayant évacué les lieux et certains de ses membres étant de nationalité ennemie.

C'est alors que Monsieur de Thier prit la décision de modifier "La Compagnie Fermière des

Eaux et Bains, Spa-Monopole".

Avec l'appui de la Caisse Liégeoise et grâce au dévouement de certains de ses amis qui

eurent confiance en lui, Spa-Monopole, Compagnie Fermière des Eaux et Bains de Spa, S.A., fut

constituée en 1921.

Une fois de plus, grâce à la ténacité du Chevalier de Thier et à ses nombreuses démarches

auprès des autorités compétentes et autres, tous les obstacles ont pu être vaincus, la société a

prospéré et a même absorbé ses concunents spadois.

Spa-Monopole, dirigée dès 1932 en collaboration avec M. Ernest du Bois, a connu des

années prospères qui lui ont pennis de se développer, mais hélas, 1940 est venu freiner cet élan.

Revenu à Spa dès le 10 mai 1940, le Chevalier de Thier a, une fois de plus, sauvé la société

et protégé celle-ci des emprises de l'ennemi. Grâce à son dévouement et à son sacrifice personnel,

bon nombre d'ouvriers et d'employés désignés pour la déportation ont pu rester en Belgique.

Avec un air de ne pas y toucher et un sans-gêne remarquable envers l'ennemi feignant de ne

rien connaître, avec son accord, on joua plus d'un tour de sabotage et plus d'un réfugié fut caché

aussi bien dans les locaux de la société que dans sa propriété privée.

Malgré son âge, le Chevalier de Thier, par sa volonté, a réussi à s'adapter aux exigences

nouvelles de l'après-guerre et nous le trouvons ce jour président du premier embouteillage d'eaux et

limonades de Belgique, une des rares affaires d'eaux - si pas la seule - en pleine évolution

favorable et ce malgré la concurrence acharnée existant de nos jours.

126

C'est avec une réelle satisfaction que je me plais à vous signaler, en passant, l'essor de la

S.A. Spa-Monopole qui s'exprime par la progression constante de sa production.

L'activité commerciale de Spa-Monopole, à laquelle le Chevalier de Thier a consacré toute

sa vie, rejaillit sur la ville de Spa; son nom est largement diffusé non seulement en Belgique et en

Europe, mais dans toutes les parties du monde.

Si Spa fit la renommée de son eau, l'exploitation commerciale de la société a introduit le

nom de Spa là où il n'était pas encore connu, elle a piqué la curiosité d'une grande masse de

touristes qui ont voulu visiter la cité des bobelins.

Spa-Monopole dirige avec une rare compétence !'Etablissement Thermal. Répondant aux

exigences de la Commission médicale des Eaux et des Bains, la société ne cesse d'apporter les

améliorations indispensables pour tenir les thermes au niveau d'un établissement de premier ordre.

Depuis de nombreuses années, elle subsidie les recherches scientifiques à !'Etablissement

des Bains donnant à la cure le standing qui lui vaut la considération du corps médical.

Marquons enfin notre satisfaction d'avoir reconduit pour 20 ans notre mariage de raison avec

Spa-Monopole et formons le vœu que l'affection que nous portons au Chevalier rejaillisse sur les

relations existant entre la Ville et la Société.

Je crois devoir vous donner ensuite lecture de la charmante lettre que Monsieur le Chevalier

de Thier adresse aux membres du Conseil communal:

Messieurs,

Je ne puis assez vous dire combien je suis sensible à votre geste de me nommer Bourgeois de Spa,

cette ville où s'est déroulée la plus grande partie de mon existence.

Vous savez que Spa-Monopole a été toute ma vie et, jetant un regard sur le passé, je suis heureux

de constater l'ampleur qu'a prise cette exploitation, essor auquel j'associe mes collaborateurs d'hier

et d'aujourd'hui.

Il est dit quelque part que "Seul, nous ne pouvons rien, qu'unis, nous pouvons beaucoup". Telle fut

ma devise, m'efforçant toujours de comprendre ceux qui avaient placé en moi leur confiance.

Je termine cette lettre en vous disant tous mes regrets de ne pouvoir répondre à votre invitation: je

dois en effet subir une intervention chirurgicale qui ne peut être retardée.

Je vous remercie une fois encore du grand honneur qu'il vous a plu de me faire et je vous prie de

croire à mes sentiments les plus distingués.

(s) Ch. Ch. de Thier

Spa, le 30 mai 1966.

127

Charretiers de Spa et environs aux XVIIe-XVIIIe siècles

Parmi les activités des habitants de Spa et ses environs, il en est une qui n'a pas été étudiée

jusqu'à présent, à savoir celle qui est en rapport avec le transport de marchandises diverses,

notamment de barres de fer, ainsi que de chevaux.

Dans ses articles consacrés à la voirie ancienne de Spa, Maurice Ramaekers cite la « voie de

fer» venant de Kalterherberg et passant par Polleur. Il écrit qu'elle indique son utilité entre la

région industrielle de la Hoegne et du Wayai avec une contrée d'où était extrait le minerai de fer et

ainsi qu'elle servait au transport de matières premières et de produits manufacturés.

L'assiette de cette voie se confond de Polleur à Cokaifagne avec la voie très ancienne de

Tongres à Trèves. Un embranchement partant des Bansions en direction générale du nord-ouest

atteint la vallée du Wayai à l'endroit qui allait devenir le passage à niveau de la scierie Lange entre

les Digues et l'ancienne gare de La Reid. (1)

En réalité, cette voie devrait s'appeler non pas la « voie de fer », mais bien la « voie des

fers» car ce qu'on y acheminait était le fer en barres venant des forges d' Aremberg destiné aux

usines liégeoises en rapport avec l'armement, fer qui était généralement déchargé à Fraipont pour

descendre la Vesdre sur des pontons. Nous en verrons plus loin des témoignages.

Le premier document que nous reproduisons est une attestation que nous appellerions aujourd'hui

un certificat de bonne vie et mœurs délivré à un habitant de Spa en octobre 1593:

Attestation Jacques Jacob (Spa registre 81; Archives de l'Etat à Liège)

A tous ceulx qui ces presentes verront et lire orront, salut et dillection, scavoir faisons que

pardevant nous la court et justice de Spa au Marquisat de Franchimont, pays de Liege et du

St Empire comparut honneste homme Jacque Jacob, marchant l 'ung de noz bourgeois dudit Spa,

lequel nous at remonstré que pour exercer son traffic que de marchandises de chevaulx et autres il

desireroit s'en aller vers divers pays notre circonvoisins , et pour autant que le temps et chemins se

treuvent (trouvent) presentement assez dangereux et divers, et afin d'ester (ôter) toutes mauvaises

suspicions de sa personne, a nous at benignement requis luy vouloir impartir et conferer lettre

certificatoire de sa genealogie, prodomie , nom , falme ( reputation ) hantiese et conversation affin

le donner a cognoistre a ses incognus ( à ceux qui ne le connaissent pas) et s'en servir au besoing, a

laquelle requeste condescendans, veuillans a ung chascun demandant justice l'administrer,

certiffions et attestons par ceste ledit remonstrant estre progenité d'honnestes parens de bon nom,

128

falme, renommée et honnestes conversations, et quant a luy tenu et reputé pour un bon, leal (loyal)

marchant, ne scachant en luy aulcune tache de cas villain ny digne de reprehension, par quoy

supplions a tous et chacun Srs, princes, cheffs, generaulx, marischal du camp, colonelz, capitaines,

soldatz, baillifz, prevotz, maïeurs, burghemestres, magistratz, justiciers et officiers, ensemble a tous

administrateurs de justice et republicque et autres quelconcques soient vouloir permettre audit

Jacque avec ses chevaulx et marchandises de passer, loger et repasser, negotier, trafficquer et

marchander parmy leirs villes, pays, territoires, seignories et juridictions, sans luy faire ny donner

ou souffrir luy estre fait ny donné aulcuns disturbier (empêchement), ains (mais) luy faire addresse

(aide) et assistence en ses affaires justes et raisonnables comme vouldrions faire a vous autres et

aultruy le cas advenant, en conformation de chose veritable avons a la presente fit appendre les

sealz (sceaux) de henrozet et Jherosme Moro noz confreres eschevins et le fait subsigner de notre

greffier et secretaire sermenté , l'an de la nativité notre seigneur Jhesus Christ mil cincque cens

nonante et trois, du mois d'octobre le XXIIe jour.

Un autre document concerne des charretiers de Tiège

L'an mille sept cents et neuff du mois de decembre le dernier jour, par devant moy nottaire

soubsigné et en presence des temoins en bas a denommer personnellement constitués Anthoine

Bavegne et Pirotte pardique, chartiers de profession residents au village de Tiege ban de Sart,

lesquels en faveur de Justice et de verité ont declaré par seriment la meme preté d'avoir le dixieme

de courant mené et conduit sur chacun pour Pirotte par Pierre son fils chacun une charrette et sur

celle du Sr Lambkin conduite par son valet septante cincque barres de fer en tant moins de nonante

deux acquits au comptoir dudit Tiege en Sart et provenant de Jean Delvoye de Hockay pour le

Sr Toussaint de la Haye, marchand et Mre de forge Ennessonvaux et comme ils trouverent a leur

arrivée pres dudit lieu la riviere de Vesse (Vesdre) fort grosse et n'osant la passer les deschargerent

de ce coté au guet (gué) pres dudit lieu de Ennessonvaux comme ils ont pratiqué assez souvent et

tout ce quantefois ( chaque fois) la riviere etoit trop haute et ainsy offrant le dessus reiterer et

renouveller par devant tous juges et au besoin et requis seroit et comme en plus ample forme, ce

ainsi fait et passé en la maison du Sr Lambkin audit lieu de Tiege et presents pour temoins requis et

appelléz le Sr Nicolas Cornet et le Sr hubert Marechal Marque X dudit Pirotte ne sachant ecrire

Marque X dudit Bouvegné pour ne savoir ecrire Nicolas Corent Hubert Marechal temoins et moy

G. Storheaux, nottaire.

129

Un texte autre extrait des archives de Sart (n°2, 1608-1620,f. 353) se rapporte à des voitures en

de cuir:

Gerard Welter et Jean Pasquea Badon, machands dudit Sart d'une part et Henri Lenard petit Jean

Leonard son frere pour deux membres, Henri Gielet Leonard et Jean son fils pour ung troisieme

membre, lesquels dits Gerard et Jean de leur spontaine volonté ont accordé et apparchonné ausdits

Henri Leonard Henri et Jean son fils chaque en leurs degrés et qualitéz parte et portion a certain

contract et marchéz de voyturres de cuyre que ledit Gerard et Jean ont cidevant contracté avecqz le

sr Ogier Rulant, maistre de la batterye de la franche ville de Sedan, comme plus amplement appert

par le contract pour ce opéré ... comme Gerard et Jean ont tourné leurs biens en caution pour fournir

audit contact, les autres arrierement aussi cautionné leurs biens.

Voici encore une attestation délivrée à un charretier de Sart le rr juillet 1638

Honorable Bevegne jadis burghmestre de Sart, mambour de Gielet Gerard son beau frere demande a

la cour de confümer que celui-ci, jeune homme a marier ne tient residence a ban de Sart, ains (mais)

est lattitant (absent) decha et de la hors de cestuy pays de Liege, tant aux Allemagnes, Lovains, Aix,

Limbourgh, pays du Rois, ayant ci devant residé audit Limbourgh et est presentemnt a lieux

d' Allemangne.

La cour déclare bien savoir que ledit Gielet Gerard alloit et s'acheminait avecque chevauilx et

charrettes aillieurs et se rethournoit ici au ban dudit Sart en la maison et ediffices dudit Thomas ...

avoir entendu depuis peu de temps encha s'avoir loué a Estienne Jean Denis pour charier aulcuns

ses chevaulx en Allemagnes, ne scachant le lieu et place sinon que par ouy dire au lieu de Wert. Il

ne possede plus aucuns biens a Sart et n'est plus taxé ni cotizé.

Un important document délivré en avril 1662 à plusieurs charretiers de Spa et Creppe concerne

le fer provenant des forges d'Aremberg acheminé par la « voie des fers».

L'an mille siex cents soixante deux, du mois d'avril le dernier jour, par devant moy nottaire

soubsigné en presence des temoins cy embas denoméz comparurent personnellement Jean Hurlet ,

Gerard Jerosme aisné, Pirotte remacle le Crottroux, Pasquay, Toussaint gilson, Henry Wilhelm,

Thiry le Pinson de Creppe, Mathi Jacquet et Hubert Burlenville, tous chartiers a bœufs d'une part et

Gerard de faz, jadis burgmestre de Spa, partie faisant et le soubescript acceptant pour et au nom de

Sr Gerard de Leaue sy que comis aux forges de Son Altesse Monseigneur le duc d' Aremberg

d'autre part, lesquels dits premiers comparans ont de leurs franche et libre volonté declaré et

confessé d'avoir convenu et contracté comme par ceste ils conviennent et contractent avec ledit

Gerard de Faz partie faisant comme dessus de charier cent et cincquante mille livres de fer grand

130

poix tant en barreau que fer marchand tel qu'il plaira audit comis de leur charger, à les prendre aux

forges de sa dite Altesse audit lieu d' Aremberg pour les charier du pays de Liege scavoir tant a Spa,

Theux que a Fraipont et ce parmi payent pour chacun cent de fer poid que dessus quy seront charié

et deschargé audit Spa ving six patars, à Theux trente pattar et a Fraipont trente deux pattar a payer

par ledit comis a lieu de Spa, a commencer lesdits chariages la deuxieme semaine de maye

prochain pour avoir achepvé ens le premier jour de septembre apres ensuyvant, conditionné que

ledit comis sera tenu et obligé de fumir ausdits premier comparans de bonne papier du Roy ou billet

d'acquit pour le regard des licences du Roy que peuvent debvoir lesdits fers, de si bonne heure que

lesdits premiers comparans ne seront en aucune façon retardé ny interessé, comme aussi debverat

pourveoir a ce que lesdites charrons comparants ausdites forges avec leurs charres ou hamaz de

boeuffs ils aient du fer suffisamment pour faire leurs charges de voiture complette, de si bonne

heure que lesdits premiers comparans ne seront en aucune façon retardés et en cas que lesdits

premiers comparans feroient difficulté de charier lesdits fers, que ledit comis leur serat ordonné de

charier audit ieu de Fraipont jusques a mesme lieu avec les hamas a cause du mauvais chemin ou

incommodité d'icelluy, les pouront descharger au lieu de banneu ,voire qu'il debveront faire

charger et livrer a leur coust et despens audit lieu de Fraipont de si bonne heure que comme y ayant

deschargé une voiture qu'icelle soit entierement livrée audit Fraipont avant descharger autre par

apres afin eviter tous abus, et pour asseurance de par lesdits premier comparans de bien et

fidellement charier ledits cent et cinquante mille livres de fer grand poix comme dit est ens le terme

susdit sy y sera obligé envers ledit comis l'un pour l'autre et un chacun pour tous sans benefice de

division ny discussion eux et leurs biens generalement meubles et immeubles presens et futturs que

pour realiser par devant touttes courtes et justices competentes ou besoing serat, lesdits premier

comparans ont comis et constitué tous et chacun porteur de ceste quy en viendra prendre la charge,

promettant et s'obligeant comme de droit coustumier, fait et passé au lieu de Spa en la maison de

Gerard de Faz present Jean De Beaurieu, Jean Cannelle, Jean Gerard Jerosme, Henri de Cheneux, le

Wasson, Jehan Collin, tesmoin.

(Signatures) Beaurieu, Heurlet, Thoussaint Gilson, Pirotte Remacle dit Crottroux

Noel de Faz, nottaire approuvé et immatriculé suyvant l'edit dernier de S A Serenissime prince de

Liege.

Léon Marquet

1) Maurice RAMAEKERS, La voirie ancienne de la région de Spa dans Histoire et Archéologie

spadoises, n° 23, septembre 1980, p. 150.

131

Le Belvédère et les stations de plein air

Le "Belvédère" en question qui abrita les colonies de vacances de centaines de petits

Spadois pendant la dernière guerre, se trouve déjà renseigné sur le Grand Recensement Communal

de 1890, comme appartenant à un certain Mr Luhr ( celui du Boulevard du même nom) et sis au n°2

de la rue des Champs (ancien nom de l'avenue du Lawn-Tennis, rebaptisée avenue des Lanciers).

Cette vaste et belle bâtisse était à cette époque, un pensionnat privé pour jeunes filles de bonne

famille, la plupart anglaises. Un très grand jardin d'agrément l'entourait sur toute la surface occupée

aujourd'hui par les propriétés des 6 premières maisons à gauche de l'avenue des Lanciers (n°2, 4, 6,

8, 10 et 12) qui, elles, ne seront construites qu'après la guerre 40-45.

Vers 1905, le bâtiment sera racheté par Mr Canisius qui le transformera en un hôtel-pension

de famille de bon standing, pour une clientèle principalement juive.

Ce fut lui aussi qui donna le titre de "château" au bâtiment. - Aux environs de 1900, on

baptisait volontiers et un peu abusivement "château", de très belles bâtisses certes, comme par ex.:

les châteaux Richmond rue Brixhe, Léopold rue Deleau ou Schaffers au bout du Bld des Guérêts,

mais qui n'avaient rien de comparable avec des superbes châteaux tels que Lébioles à Creppe, Alsa

vers Barisart ou celui de la Havette, disparu.

Comme des tas d'autres immeubles d'ailleurs, le Belvédère n'échappera malheureusement

pas à une réquisition complète par les Allemands, pendant la guerre de 14-18.

Début 1920, immeuble, annexe et terrains seront mis en vente publique. La totalité du lot

sera acquise par la famille Gerlaxhe qui, après modernisation, fera très bien fonctionner le tout

jusqu'aux environs de 1935; la menace de nouvelles hostilités se profilant à l'horizon, la clientèle

devint plus rare et finalement il en résulta que, après la déclaration de guerre en 1940, le bâtiment se

retrouva sans occupant et peu à peu vidé de la majorité de son contenu.

* * * * *

Cet état de choses fut providentiel pour les dirigeants de la paroisse qui cherchaient en vain

des locaux suffisamment vastes pour accueillir les nombreux enfants inscrits aux activités des

colonies de vacances pendant les deux mois d'été. Des contacts furent pris avec le propriétaire, puis

un accord conclu pour la location du bâtiment pendant juillet et août.

La responsabilité et l'organisation de la colonie furent confiées à plusieurs dirigeantes de

mouvements de jeunesse catholique Ue n'en citerai aucune, de peur d'en oublier). Une importante

équipe de monitrices, recrutées à partir de 18 ans, la plupart bénévoles, se constitua rapidement.

Photo prise dans la cour de l'ancienne école des Sœurs rue Albin Body lors du dernier jour des Stations de Plein Air; fin août 1944. On y reconnaît au centre, notre clergé d'alors: Mrs le doyen de Moffart et les vicaires Thyssen et Rondia. On y voit aussi quelques membres de la Fabrique d'Eglise, une trentaine de dirigeantes et monitrices, la centaine restante étant les enfants de la dernière quinzaine.

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Les enfants accueillis étaient uniquement Spadois: petits garçons de 5 à 8 ans et filles de 5 à

12 ans, et ceci moyennant une contribution financière minimum.

On s'organisa et on fonctionna donc, en grande partie sur le modèle "scout". Chaque

monitrice était chef d'une équipe de 6 à 8 enfants (en fonction de l'âge). Chaque groupe disposait

d'une chambre qui lui servait de local, que chacun décorait à sa guise. Une petite pièce bureau, un

coin cuisine, une autre chambre avec quelques vieux matelas où les plus petits pouvaient venir faire

une sieste, ainsi que la grande salle à manger de l'hôtel, furent réservés.

Malgré la capacité importante d'hébergement, les bâtiments furent vite complets. La

direction se vit dans l'obligation d'établir des listes de 4 séjours de 2 semaines, afin que tous les

inscrits puissent jouir d'une quinzaine en priorité, puis on instaura un roulement.

Les enfants arrivaient à 8h30 et retournaient à 17h, sauf le dimanche. Ils devaient apporter

leur repas de midi, des boissons leur étaient servies et parfois une collation offerte par des

particuliers ainsi qu'un bol de soupe une fois par semaine, offerte par le Secours d'Hiver, soupe qui

- rappelons-le - était préparée dans le Pavillon Marie-Henriette du Parc (actuel local du club de

Pétanque) et que l'on amenait sur une brouette, dans deux grandes marmites.

Par beau temps, toutes les activités se faisaient à l'extérieur: grandes promenades, jeux de

piste et tout ce qui peut se faire au jardin et au grand air. Les activités d'intérieur, elles, étaient

réservées aux jours de pluie; tout le bâtiment se remplissait alors de rires, de cris et de chants

surtout; la lecture ou la narration d'une histoire étaient aussi souvent au programme, sans oublier les

dessins, bricolages, déguisements, ... et j'en passe!

Le dernier jour de chaque quinzaine, un feu de camp (sans feu réel, bien entendu) était

organisé dans les jardins et s'il pleuvait, tout le monde se réunissait dans l'ancienne salle à manger

qui servait de salle de jeux.

La première "Station de Plein Air" eut lieu en été 1942 et s'an-êta au bout de 3 ans de

fonctionnement. Ce fut bien court, mais ces quelques mois de vacances de guerre ont fait vivre

d'inoubliables moments de joie et de bonheur à tous ces enfants d'alors.

* * * * *

Avec la paix revenue en 1945, le Belvédère se retrouva à nouveau délaissé, pms en

alternance un peu squaté et loué à plusieurs familles nombreuses; une dégradation certaine

s'installa.

Heureusement, dans les années 1950-55, tout fut mis en vente séparément, immeuble et

terrains. On bâtit successivement sur ces derniers les 6 maisons dont il est question ci-avant; les 2/3

de gauche du bâtiment devinrent deux belles maisons privées très bien rénovées et transformées

134

(Coll. privée)

111. Spa. Chât,eau !3elvédère. Pap. Cafüice, Spa.

(Coll. privée)

135

(Coll. privée)

(Coll. privée)

136

(actuels n° 5 et 7) et le tiers de droite (avec la tour) fut aménagé en une maison de retraite

confortable, qui sera exploitée pendant plus de 40 ans sous les noms successifs de: "Le Belvédère",

"La Quiétude" et enfin "La Séniorie de Creppe" qui, ne répondant plus aux nouvelles normes de

fonctionnement, a dû fermer ses portes il y a plus ou moins deux ans.

Depuis cette époque, l'adresse officielle de ces habitations est: A venue Dr Pierre Gaspar.

* * * * *

Si les "Stations de Plein Air" sont rangées dans le tiroir aux souvenirs depuis plus de 60 ans,

les bâtiments du Belvédère eux, bien qu'ayant changé partiellement d'aspect, sont toujours bien là.

D'autres, plus beaux, n'ont pas eu cette chance, ne citons que le château de la Bavette et l'hôtel

d'Annette et Lubin. C'est bien dommage!

Monique Caro-Harion

Références

"Douces Nuits", Enseignes hôtelières de Spa - Marc JOSEPH 2005, Edit. du Musée de la

Ville.

Recensement communal de 1890 - Archives du Musée.

Guide Tahan de 1910.

Mme DEMOULIN, propriétaire des deux maisons à qui j'adresse un grand merci.

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Karl Goetz et la Conférence de la Paix à Spa

Le Musée de la Ville d'eaux possède dans ses collections deux médailles allemandes avec

pour thème la Conférence diplomatique de la Paix organisée à Spa du 5 au 16 juillet 1920. Cette

conférence, conclusion de la Première Guerre mondiale, était destinée à définir les modalités

pratiques d'application du Traité de Versailles signé par les belligérants le 28 juin 1919.

Ces deux médailles en bronze de plus ou moins 6 centimètres de diamètre portent comme

signature K.G, une des signatures du médailliste Karl Goetz.

Avant de détailler ces médailles, intéressons-nous d'abord à leur auteur : Karl Xaver Goetz

est un médailliste et sculpteur allemand né à Augsburg en 187 5.

Après des études d'art dans sa ville natale et un apprentissage chez le maître Johannes

Dominai, il poursuit sa formation à Dresde, Leipzig, Berlin et Düsseldorf de 1895 à 1897. Il passe

les deux années suivantes d'abord en Hollande, puis en Suisse, avant de s'installer enfin à Paris

pour cinq ans. En 1904, il s'établit à Munich où il vivra jusqu'à la fin de ses jours. Sa première

médaille date de 1905, mais sa renommée vient de ses médailles satiriques et propagandistes. Outre

des médailles, il a également réalisé des timbres et de la monnaie.

Artiste à plein temps, il est aussi très actif au sein de diverses associations artistiques et

numismatiques. Au cours de sa vie, il créera plus de 700 médailles et plaquettes commémoratives

dont plus ou moins 175, réalisées entre 1914 et 1923, sont de nature satirique et concernent

principalement la Première Guerre mondiale et les temps difficiles qui la suivirent. Ces médailles

partisanes et nationalistes s'attaquent à tous les ennemis de l'Allemagne, mais aussi à la vie

politique allemande ou ont été créées pour célébrer des moments importants dans la vie de ses

amis ; des héros de l'Allemagne : Manfred von Richthofen (Le baron rouge), l'amiral Alfred von

Tirpitz, Paul von Hindenburg, Erich Ludendorff, Erwin Rommel. .. ; des aiiistes allemands :

Richard Wagner, Wilhelm Busch, Ludwig van Beethoven, Anton Bruckner, Johannes Brahms ... ;

des événements historiques : le naufrage du Lusitania, les accords de Munich ou autres victoires

militaires.

Après avoir réalisé des médailles pour la Première Guerre mondiale, puis la République de

Weimar, il crée de nouveau des médailles propagandistes à l'occasion de la Seconde Guerre

mondiale.

138

Fin des années 1940, malgré une paralysie de la main droite consécutive à une attaque, il

continue sa création tant qu'il le peut encore et lors de son décès à Munich en 1950, tout le côté

droit de son corps est paralysé.

Karl Goetz reçut plusieurs distinctions pour son œuvre lors des expositions de Nuremberg en

1906, de Gand en 1913 et de Madrid à titre posthume en 1951.

Le travail de ce médailliste a fait l'objet de deux livres dus à Gunter W. Kienast: The medals

of Karl Goetz (vol. 1, Cleveland 1967) et Goetz Two : A Supplement to the Medals of Karl Goetz

(vol.2, Lincoln 1986).

Venons-en aux médailles concernant Spa.

La première a comme titre sur l'avers Tagesordnung (Ordre du jour) ; cette face nous présente sous

un œil attaqué par une épine ( ?), le désarmement allemand tel que défini dans le Traité de

Versailles :

une armée limitée à 100.000 hommes comme indiqué sur le drapeau ;

aucun dirigeable ne doit être conservé ( art. 198)

démantèlement de la flotte: [ ... ] tous les matériels aéronautiques militaires et navals [ ... ]

doivent être livrés aux gouvernements des principaux alliés et pouvoirs associés (art. 202).

disparition de toutes les usines d'armement;

paiement des réparations en or et charbon (Kohle) ;

condamnation des criminels de guerre.

Le revers de cette médaille nous montre le « Deutsche Michel »3 peinant sur un chemin encombré

par des buissons épineux et pmiant sur ses épaules un lourd volume contenant toutes les conditions

du Traité de Paix ( celles-ci étant figurées par les nombreux marque- pages) imposées lors de la

Conférence de Spa (comme l'indique la position dominante de ce nom dans la composition). La

date du 5 juillet présente sur cette face est celle du début de la Conférence diplomatique de la Paix.

3 Deutsche Michel (Michel l 'Allemand) est une représentation allégorique des Allemands datant de la première moitié du 19ème siècle. Ses attributs sont un bonnet de nuit ou éventuellement à pompon. Il représente également la personne innocente et simple qui doit supporter et lutter contre la tyrannie et l'injustice.Cette représentation nous est parvenue par des caricatures allemandes. Comme autres exemples, nous avons la Marianne française, l' Uncle Sam américain ou le John Bull britannique.

139

140

La seconde médaille a pour titre Am Verhandlungstisch in Spa (A la table des négociations à Spa).

Sur cet avers, on peut voir de droite à gauche, le président français Millerand, le chancelier

allemand Fehrenbach et le premier ministre anglais Lloyd George. Le Français veut forcer la main à

l' Allemand pour que celui-ci, pris à la gorge et menacé par l' Anglais, signe le traité sur lequel on

peut lire Entwaffnung (désarmement) et Kohlenlieferungen (Livraison de charbon).

Le revers porte les dates suivantes 5.-16. Juli 1920 - date du début et de la fin de la

Conférence diplomatique de la Paix et représente le chêne allemand déjà fo1t malmené, mais portant

de nombreuses repousses, qui est frappé par l'orage bolchevique (Bolschewismus) et attaqué à sa

base par la hache de l'entente des nations alliées.

Marc JOSEPH

Sources

http: //www.artnet.com/library/03/0330/T033012.asp

http://www.canadian-numismatic.org/lusitania.php

http: //www.karlgoetz.com/

http://sammler.com/medaillen/index.html

http: //de.wikipedia.org

http://www.dnw.co.uk/dnw/coins/DevelopmentoftheArtMedal.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence _de_ Spa

Bibliographie

La Conférence diplomatique de Spa par G.-E. Jacob in Histoire et Archéologie spadoises n°16,

décembre 1978.

Histoire de Spa par Pierre Lafagne (Collection du Musée de la Ville d'eaux)

Le petit train III : souvenirs spadois par Pierre Lafagne ( 1977)

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PRINTEMPS DES MUSEES

AMBIANCE

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Spa au-dedans et au dehors

Un premier DVD« Spa au film du temps», produit en 2005, illustrait au moyen de films de 1930 à

1960 divers aspects de l'histoire de Spa : les pouhons, le casino, les bains, les cures, la ville de

garnison, les sports, les promenades, les fêtes et traditions, le circuit de Francorchamps, ...

Le deuxième, « Spa au-dedans et au dehors» nous permet d'aborder des thèmes plus précis mais

qui intéressent également un public plus large car ils se rattachent à des thématiques supra

régionales.

Les fêtes de villages, existant de tout temps, se sont développées, depuis les années 70, en s'ouvrant

à un public plus large, avide de tourisme d'un jour et se déplaçant en voiture de quelques dizaines

de KM, pour participer à des fêtes au concept plus commercial mais qui rappelait au visiteur la vie

conviviale des villages avec leurs artisans, les produits du terroir, les musiques d'autrefois ... La fête

du village de Creppe, dite fête de la crêpe, a ainsi connu une période d'affluence et une participation

massive des habitants du village à son organisation.

Le thermalisme social a connu, durant quelques dizaines d'années, une période de développement,

caractérisée par une organisation relativement importante et des bâtiments créés uniquement dans ce

but précis. Ces immeubles disparaissent et sont remplacés par d'autres ayant une vocation

totalement différente. Quelques exemples spadois vous sont présentés ici.

La tourbe, encore employée de nos jours dans des bains devenus célèbres, a des utilisations diverses

et un large champ d'application. Une petite explication est parfois nécessaire ...

Le tir à l'arme de guerre a été une activité importante, pratiquée par de nombreux citoyens et par les

membres de la « Garde civique », à la fin du 19ième et début du 20ième siècle. Spa a connu l'existence

de plusieurs grands champs de tir installés aux alentours de la ville mais aussi des tirs réduits dans

de nombreux établissements situés au cœur même de la cité. Un tir aux pigeons vivants (!) a même

perduré jusqu'en 1961. Chaque week-end, des centaines d'animaux étaient sacrifiés au plaisir de ce

sport, ancêtre des tirs aux clays actuels. Un stand de tir à 25 mètres existait même, jusqu'en 2003 au

centre de Spa, construit par les allemands durant la dernière guerre, juste derrière l'établissement

des « Heures Claires » à la Place Royale.

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Spa historique, un film réalisé et monté par une équipe professionnelle, au début des années 50. Le

film, 16MM sonore est montré dans son intégralité.

Film de Spa monopole : Spa richesse nationale

L'ASBL Sparchives est toujours à la recherche de films anciens ou de vidéo sur la Région de Spa et

la Wallonie en général. Si vous possédez ces trésors et que vous êtes disposés à les partager avec

d'autres, vous en recevrez une copie DVD gratuite. Contactez nous sur Internet à l'adresse

info@sparchives.be ou en téléphonant au 0476 66 94 52.