É proposition d de mesure

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ÉVALUATION DE LA VIE CHERE PAR LES CONSOMMATEURS : PROPOSITION DUNE ECHELLE DE MESURE Résumé : Le concept de la cherté de la vie a fait l'objet de quelques travaux mais aucune recherche n’en a, à cette date, proposé un instrument de mesure. Dans ce travail, une échelle de la cherté de la vie du point de vue du consommateur est proposée. Si à l’issue d’une étude qualitative, basée sur une stratégie de multiangulation, trois dimensions du concept ont pu être identifiées, l'analyse factorielle exploratoire et confirmatoire met en lumière une échelle de la cherté de la vie bidimensionnelle composée d’une dimension financière et d’une dimension géographique. Mots clefs : Vie chère ; Cherté de la vie ; Cherté perçue ; Échelle de mesure EVALUATION OF EXPENSIVE LIFE BY CONSUMERS : PROPOSAL OF A MEASUREMENT SCALE Abstract : The concept of expensive life has been the subject of some work but no research has, at this date, proposed a measurement scale. In this research, a scale of expensive life from the point of view of the consumer is proposed. If at the end of a qualitative study, based on a strategy of multiangulation, three dimensions of the concept have been identified, the exploratory and confirmatory factor analysis highlights a two-dimensional scale composed of a financial and a geographical dimensions. Keywords : Expensive life; Cost of living; Perceived high cost; Measurement scale

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Page 1: É PROPOSITION D DE MESURE

ÉVALUATION DE LA VIE CHERE PAR LES CONSOMMATEURS : PROPOSITION D‘UNE ECHELLE

DE MESURE

Résumé : Le concept de la cherté de la vie a fait l'objet de quelques travaux mais aucune

recherche n’en a, à cette date, proposé un instrument de mesure. Dans ce travail, une échelle

de la cherté de la vie du point de vue du consommateur est proposée. Si à l’issue d’une étude

qualitative, basée sur une stratégie de multiangulation, trois dimensions du concept ont pu être

identifiées, l'analyse factorielle exploratoire et confirmatoire met en lumière une échelle de la

cherté de la vie bidimensionnelle composée d’une dimension financière et d’une dimension

géographique.

Mots clefs : Vie chère ; Cherté de la vie ; Cherté perçue ; Échelle de mesure

EVALUATION OF EXPENSIVE LIFE BY CONSUMERS : PROPOSAL OF A MEASUREMENT SCALE

Abstract : The concept of expensive life has been the subject of some work but no research

has, at this date, proposed a measurement scale. In this research, a scale of expensive life from

the point of view of the consumer is proposed. If at the end of a qualitative study, based on a

strategy of multiangulation, three dimensions of the concept have been identified, the

exploratory and confirmatory factor analysis highlights a two-dimensional scale composed of

a financial and a geographical dimensions.

Keywords : Expensive life; Cost of living; Perceived high cost; Measurement scale

Page 2: É PROPOSITION D DE MESURE

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Introduction

« La vie lé chère » … de plus en plus nombreux sont les ménages à dénoncer la situation de

cherté à laquelle ils doivent quotidiennement faire face. Si l’idée de vie chère n’est pas

nouvelle en France, le début du 21ème

siècle fut tout particulièrement marqué par des vagues

d’émeutes blâmant la situation de vie chère. Les entreprises, notamment celles de la grande

distribution font face à des mouvements protestataires accusant les hausses des prix.

Au cœur du mécontentement social (Gilets Jaunes), des débats au sein de la presse, des

discours politiques (la loi Lurel contre la vie chère) et des stratégies de certains distributeurs

( ntermarché), l’expression vie chère demande à tre interrogée. D’autant plus que le

phénomène s’avère tre complexe et c’est encore plus vrai lorsque l’on aborde les périodes

plus contemporaines, aussi bien la variation du prix des aliments, des lo ers, des salaires que

des questions liées aux droits douaniers et en général à la politique commerciale » (Chatriot

and Fontaine, 2008: 97).

Malgré l’engouement autour de la vie chère, les recherches portant sur ce sujet sont peu

nombreuses. La cherté de la vie telle qu’évaluée par les consommateurs n’a fait l’objet que de

rares travaux en Sciences de Gestion (Walser-Luchesi and Nanopoulos, 2012; Lambey, 2013).

Une absence d’intér t susceptible d’ tre expliquée par une attention particulière accordée au

concept de pouvoir d’achat, alors même que des études de neurologues attestent que les

individus sont en réalité inaptes à évaluer précisément leur pouvoir d’achat (De Martino et al.,

2009). Résultat d’un calcul fastidieux confrontant l’évolution des revenus à celle de la

dynamique des prix, le pouvoir d’achat1 tel que défini par l’ NSEE accorde le même poids à

la variable revenu qu’à la variable prix. Or, les consommateurs, eux, ont davantage tendance à

se focaliser sur l’augmentation des prix que sur la stagnation de leur revenu (Moati and

Rochefort, 2008). Ainsi, en tout état de cause, le pouvoir d’achat s’avère tre un concept

flou pour le non-spécialiste qui renvoie plutôt au coût de la vie » (Moati and Rochefort, 2008:

16). En l’absence d’outil susceptible de mesurer le coût de la vie et son évolution, un

sentiment que la vie est de plus en plus chère ne cesse de croitre au sein de la population.

Face à l’ampleur que prend ce sentiment de vie chère qui plus est dans un contexte où « les

données macroéconomiques ne paraissent plus rendre compte du vécu de chacun »

(Lentschener, 2007: 13), quelques chercheurs en Sciences de Gestion (Lambey, 2013; Walser-

Luchesi and Nanopoulos, 2012; Pothin, 2017) accordent, depuis peu, une attention à ce

sentiment de vie chère. A partir de travaux sur la perception des prix (Coutelle-Brillet and

Hamelin; Grewal et al., 1998; Lichtenstein and Bearden, 1989; Lichtenstein et al., 1993; Malc

et al., 2016; Moati and Corcos, 2008; Monroe, 1973; Varki and Colgate, 2001; Walser-

Luchesi and Nanopoulos, 2007; Zeithaml, 1988; Zollinger, 1993), la cherté perçue (Legoyt,

1860; Slonim and Garbarino, 1999; Lambey, 2000; 2013; Garbarino and Slonim, 2003;

Hermet and Rochoux, 2014) et la privation relative (Dambrun and Guimond, 2001; Olson and

Hazlewood, 1986; Verlhiac, 2006; Walker and Pettigrew, 1984; Walker and Smith, 2002),

une définition récente de la cherté de la vie a été proposée au sein de la littérature. Définie

comme une représentation globale du niveau relatif des prix dans un secteur géographique

donné, la cherté de la vie correspond au jugement qu’ont les consommateurs à l’égard du coût

d’un ensemble de biens et services constituant les standards de consommation du moment

(Pothin, 2017; Pothin and Camelis, 2018). Face à leurs ressources cognitives limitées, n’étant

pas en mesure de mémoriser les prix de tous les biens et services constituant les standards de

consommation du moment (Gabor and Granger, 1961; 1964; Walser-Luchesi, 1998), les

individus ont recours à ce jugement relatif du coût de la vie leur permettant de disposer d’une

évaluation globale de la situation. L’évaluation de la cherté de la vie découlerait ainsi de la

1 Pouvoir d’achat : volume de biens et services qu’un individu peut acheter avec son revenu disponible ( NSEE, 2018).

Page 3: É PROPOSITION D DE MESURE

2

perception d’un écart – défavorable – entre le montant des dépenses de consommation2

et une

référence de comparaison. Référence de comparaison pouvant être soit temporelle,

géographique ou financière (Pothin, 2017; Pothin and Camelis, 2018). Sur la base de ces

connaissances sur la cherté de la vie, ce papier a pour objectif de développer une mesure de

« la vie chère » du point de vue du consommateur. Après avoir exposé la procédure de

Churchill (1979) dans le cadre du développement de cette échelle de mesure, nous

présenterons plus en détails la démarche suivie, qualitative et quantitative, permettant la mise

en exergue d’une échelle de la vie chère bi-dimensionnelle. Ine fine, une discussion quant à la

portée théorique, méthodologique et managériale de cette échelle permettra de conclure cette

recherche.

Le recours à la procédure de Churchill dans l’élaboration de l’échelle de mesure

Afin d’assurer la validité de cette recherche et de contrôler les propriétés psychométriques de

l’échelle créée dans cette recherche, nous avons suivi les suggestions de Churchill (1979) dont

le modèle est prédominant dans la construction d’échelles de mesure. Le tableau 1 présente

les différentes étapes de cette démarche dans le cadre du développement de l’échelle de

mesure de la cherté de la vie.

Tableau 2. La procédure de Churchill dans le cadre du développement de l’échelle de la cherté de la vie

Application à la cherté de la vie Techniques utilisées

Définir le

construit

Générer les

items

Revue de littérature

36 items générés

Entretiens semi directifs exploratoires (12

interviewés)

Netnographie (153 interactions analysées)

Sondage (63 répondants)

Entretiens semi directifs (11 interviewés)

Collecter les

données Pré-test de l’échelle

Questionnaire pré-testé auprès de 8 chercheurs et de

12 consommateurs

Sélectionner les

dimensions

pertinentes

- Purifier la

mesure

AF

E

1

2 dimensions

retenues

8 items

134

répondants Analyse des Coefficients de

corrélation

Analyse factorielle exploratoire

Analyse du coefficient alpha de

Cronbach AF

E

2

2 dimensions

retenues

9 items

200

répondants

Collecter les

données Test de l’échelle

500

répondants

Analyse factorielle confirmatoire Estimer la

fiabilité

2 dimensions

9 items maintenus

Estimer la

validité

2 dimensions

8 items maintenus

Coefficient de validité discriminante

Coefficient de validité convergente

Étude exploratoire, dimensionnement et rédaction des items

L’étude exploratoire. L’objectif étant de générer une connaissance théorique à partir de

données empiriques, une logique inductive3 et itérative

4 dans le cadre d’une stratégie de

recherche dite de « multiangulation » (Denzin, 1978; Goia and Pitre, 1990; Lewis and

2 Montant des dépenses de consommation : montant à sacrifier pour disposer de l’ensemble des biens et services

constituant les standards de consommation en vigueur. 3 Théorie élaborée progressivement lors de la production et de l’anal se des données sans avoir recours à une revue de

littérature 4 Théorie affinée à partir de comparaisons entre les données qui émergent du terrain et les données théoriques issues de la

revue de littérature mobilisés au fur et à mesure de la production et de l’anal se des données

Page 4: É PROPOSITION D DE MESURE

3

Grimes, 1999) a été menée à l’ le de La Réunion. Territoire o , dès 2009, le débat sur la vie

chère engendre des mouvements sociaux.

Ainsi, quatre méthodes complémentaires ont été mobilisées : des entretiens semi directifs (12

consommateurs réunionnais), une netnographie (153 interactions), un sondage en sortie de

supermarché (63 répondants) ainsi que des entretiens en profondeur basés sur la technique de

la photo-elicitation (19) (Annexe 1. Étude exploratoire de la vie chère : synthèse de la méthodologie).

Chaque méthode emplo ée contribue de façon spécifique à l’ensemble de l’étude

exploratoire. L’objectif de cette multiangulation consiste, d’une part, à améliorer la précision

de la mesure et de la description, et d’autre part, à réduire les biais et omissions tant au niveau

de la représentation du phénomène que dans le déroulement de l’étude (Baumard and Ibert,

2007).

Dimensionnement de l’échelle et rédaction des items. Les données empiriques issues de cette

stratégie de multiangulation permettent de conceptualiser l’évaluation de la cherté de la vie

comme un concept multidimensionnel composé de trois dimensions : temporelle, financière et

géographique (Tableau 3).

Tableau 4. Les dimensions de la cherté de la vie à l’issue de l’étude exploratoire

Définition Verbatim

Dimension

temporelle

Cherté de la vie relative au passé

Comparaison du montant des dépenses de

consommation d’avant avec celui d’aujourd’hui

« Alors si on prend tout ce qui est « produits de consommation

courante » : lo er, transport ... c’est plus cher qu’avant ! On le

voit de toute façon ! On voit une augmentation de la part du

budget alloué au logement mais aussi à l’alimentation

Dimension

financière

Cherté de la vie relative au revenu

Comparaison de l’évolution du montant des

dépenses de consommation avec l’évolution de

sa capacité d’achat

« Les salaires i stagnent alors que tous les prix y augmentent.

Donc c’est pour sa peut tre kla vie lé plus cher maintenant

Dimension

géographique

Cherté de la vie relative à ailleurs

Comparaison du montant des dépenses de

consommation d’ailleurs avec celui d’ici

« On constate que les produits à La Réunion sont deux fois plus

chers qu’en métropole !

Une liste exhaustive de 36 items a pu être composée à partir du verbatim des différentes

méthodes de collecte de données de l’étude exploratoire. Afin d’en évaluer la validité de

contenu ainsi que la validité faciale (Evrard et al., 2000; Roussel and Wacheux, 2005), cette

version préliminaire d’items a fait l’objet d’un prétest auprès d’un échantillon de 8 experts

suivi de 12 consommateurs. A l’issue de ce pré-test, après avoir reformulé certains items et

supprimé les redondances, l’échelle de mesure est composée de 18 items.

Purification et validation de l’échelle de mesure

Dans l’optique d’une purification et de la validation de notre échelle de mesure, nous avons

suivi les recommandations de Gerbing and Anderson (1988) et Gerbing and Hamilton (1996),

en utilisant d’abord une anal se factorielle exploratoire (AFE), puis une anal se factorielle

exploratoire confirmatoire (AFC). Une première collecte de données en ligne auprès de 134

répondants (Annexe 2. Caractéristiques de l'échantillon de l'AFE 1) a permis de réaliser une

première AFE. Une deuxième collecte de données plus conséquente (700 répondants) (Annexe

3. Caractéristiques de l'échantillon de l’AFE 2 et de l’anal se quantitative) a été scindé en deux

sous-échantillons afin de réaliser une seconde AFE (200 répondants) puis une analyse

factorielle confirmatoire (500 répondants).

Une structure factorielle bidimensionnelle suite à deux analyses factorielles exploratoires.

Sur la base des 18 items retenus suite à l’étape du pré-test, deux analyses factorielles

exploratoires ont été menées sous le logiciel SPSS afin de tester la validité ainsi que la

fiabilité des dimensions de l’échelle de mesure développée dans le cadre de cette recherche.

Page 5: É PROPOSITION D DE MESURE

4

A l’issue des réajustements dans le cadre de ces deux AFE, l’échelle de mesure est constitué

de 9 items répartis sur les deux axes suivants : « financière » et « géographique ». Alors que

les résultats de l’étude qualitative laissaient entendre que le concept de cherté de la vie se

mesure à travers 3 dimensions, les ACP exploratoires ont mis en lumière une solution en deux

dimensions (70,1% de variance extraite) (Annexe 4. Tableau de la variance totale expliquée).

Les alphas des deux dimensions s’avèrent tous deux supérieurs à 0,8 attestant de la bonne

cohérence interne de chacune d’elles. Les parts de variance expliquées par les facteurs étant

satisfaisantes, et chaque item étant fortement corrélé à son facteur respectif, la structure

bidimensionnelle de l’échelle est alors retenue (Tableau 5).

Tableau 6. Résultats de l’analyse factorielle et de la fiabilité

Facteurs

Verbatim Finan

cier

Géogra-

phique

Temporel_2 Je pense que beaucoup de prix ont augmenté ,795

Temporel_4 Je trouve que, comparé à avant, le coût de la vie est plus élevé aujourd'hui ,690

Financier_1 Je trouve que le coût de la vie augmente plus rapidement que mon revenu ,845

Financier_2 Je trouve que les dépenses nécessaires pour vivre augmentent plus rapidement que

mon revenu ,836

Financier_3 Je pense que les dépenses nécessaires pour vivre pèsent de plus en plus sur mon

revenu ,847

Geo_1 Je pense que, comparé à la métropole, la plupart des dépenses nécessaires pour vivre

sont plus élevées à La Réunion

,683

,815

,789

,886

Geo_2 Le coût de la vie est plus élevé à La Réunion qu'en métropole

Geo_3 Je pense que vivre à La Réunion nécessite un budget plus élevé que de vivre en

métropole

Geo_4 Je pense que la vie est plus chère à La Réunion qu’en métropole

Alpha 0,886 0,847

% de variance cumulée 38,667 70,091

L’estimation de la alidité de l’échelle : analyse factorielle confirmatoire.

L’ajustement des deux dimensions de l’échelle est validé sur la base des indices fournis par

AMOS5 suite à la suppression d’un item (Temporel_2) à la dimension financière. A la suite de

cette suppression, les deux dimensions de l’instrument de mesure démontrent de bonnes

propriétés psychométriques : les indices d’ajustement sont bons et les paramètres internes

élevés (Annexe 5. Propriétés psychométriques des dimensions de l’échelle de la vie chère).

Concernant la validité discriminante (interne et externe), elle est avérée suite à l’anal se de la

variance moyenne extraite de chaque dimension de la cherté de la vie auxquelles ont été

ajoutées trois concepts issus de la littérature conceptuellement proches de l’évaluation de la

cherté de la vie : la préoccupation du maintien du pouvoir d’achat, le pouvoir d’achat perçu et

le sentiment de privation financière (Tableau 7.). Partageant plus de variance avec la variable

latente qu’avec leur terme d’erreur, les contributions factorielles atteignent le seuil

d’acceptation ou s’en approche permettant d’affirmer la validité de l’échelle de mesure.

Certes corrélées, le lien entre les deux dimensions de la cherté de la vie n’atteint pas la

condition statistique (suggérée par Roussel et al. (2002)6) suggérant la nécessité de créer un

modèle de second ordre. Au vu des préconisations de Roussel et al. (2002), la corrélation

5 Notamment le ratio du Chi-deux/nombre de degré de liberté (χ

2/df) qui doit se situer entre 1 et 5 ; (b) le RMSEA (root

mean square error of approximation) qui doit être inférieur à 0,05 et (c) les indices GFI (goodness-of-fit indice), CFI (comparative fit indice), AGFI (adjust good fit indice) qui doivent être supérieurs à 0,9. 6 Malgré l’absence de réelles études quant au seuil minimal à atteindre, Roussel et al (2002) suggèrent de le fixer à 0,6 en moyenne.

Page 6: É PROPOSITION D DE MESURE

5

mo enne entre les deux dimensions de l’évaluation de la cherté de la vie (0,49) permet d’en

déduire que le concept d’évaluation de la cherté de la vie s’avère tre un concept de premier

ordre composé de deux dimensions.

Tableau 8. La validité discriminante interne et externe de l'évaluation de la cherté de la vie

CV_Fcière CV_Géo PPA PAP SPFcière

Dimension Financière (CV_Fcière) 0,56

Dimension Géographique (CV_Géo) 0,24 0,53

Préoccupation du maintien du pouvoir d’achat (PPA) 0,11 0,02 0,53

Pouvoir d’achat perçu (PAP) 0,15 0,05 0,02 0,81

Sentiment de privation financière (SPFcière) 0,09 0,03 0,01 0,30 0,71

Ainsi, les analyses confirmatoires soutiennent que les items peuvent être classés dans deux

dimensions conceptuellement distinctes qui reflètent des aspects différents de la cherté de la

vie.

Figure 1. Les dimensions de l’échelle de mesure de la cherté de la vie

Conclusion

L’apport théorique de cette recherche est de proposer pour la première fois une mesure de la

cherté de la vie telle que perçue par les individus. Si l’anal se des discours des

consommateurs a mis en exergue trois dimensions de l’évaluation de la cherté de la vie - la

dimension temporelle, la dimension géographique et la dimension financière - seules deux de

ces trois dimensions ont été relevées lors de l’étude quantitative : la dimension financière et la

dimension géographique. La dimension financière reflète la contrainte budgétaire à laquelle

les consommateurs doivent faire face. Quant à la dimension géographique, elle correspond à

l’évaluation de la cherté de la vie relative à ailleurs (à d’autres territoires). Dans le cas

réunionnais, le territoire de référence à celui de la métropole.

Première mesure de la cherté de la vie, à notre connaissance, la validation cet instrument de

mesure reste à être complétée par des développements ultérieurs qui permettront de mieux

saisir sa portée conceptuelle et opérationnelle notamment en l’insérant dans un réseau

nomologique (antécédents et conséquences).

Des préconisations managériales s’avèrent possibles à partir des résultats obtenus. En effet,

au travers des deux dimensions (géographique et financière), il semble nécessaire, notamment

pour les entreprises de la grande distribution, de revendiquer un r le d’acteur au c té des

consommateurs dans le cadre de leur combat contre la vie chère. Dans cet optique, deux

FINANCIERE

GEOGRAPHIQUE

FINANCIER 1

FINANCIER 2

FINANCIER 3

TEMPOREL 4

GEOGRAPHIQUE 1

GEOGRAPHIQUE 2

GEOGRAPHIQUE 3

GEOGRAPHIQUE 4

0,79

0,78

0,78

0,63

0,64

0,70

0,77

0,82

0,49

Page 7: É PROPOSITION D DE MESURE

6

principaux axes de communication s’avèrent tre mobilisables. D’une part, s’engager sur la

dimension géographique en proposant des « prix métropole ». D’autre part, s’engager sur la

dimension financière en défendant la capacité et le pouvoir d’achat des consommateurs.

Page 8: É PROPOSITION D DE MESURE

7

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Page 10: É PROPOSITION D DE MESURE

9

Page 11: É PROPOSITION D DE MESURE

10

Annexes

Annexe 1. Étude exploratoire de la vie chère : synthèse de la méthodologie

Méthode Entretiens semi

directifs

Netnographie Sondage en sortie de

supermarché

Entretiens semi directifs

avec photo-elicitation

Point de vue

individuel Point de vue collectif Approche quantitative Approche approfondie

Echantillon

12 entretiens

6 femmes + 6

hommes

18 à 55 ans

153 interactions entre

les membres d’une

communauté virtuelle

active dans le combat

contre la vie chère

63 répondants

42 femmes + 21 hommes

18 ans et plus

En sortie de supermarché

15 entretiens semi directifs

11 femmes + 4 hommes,

18 à 57 ans

Analyse Analyse de contenu thématique catégorielle

Sphinx Quali

Analyse de contenu

thématique catégorielle –

Sphinx Quali

+

Statistiques descriptives -

Sphinx

Analyse de contenu

thématique catégorielle

Sphinx Quali

Avantages

- Observer les

réactions

individuelles

- Observer les échanges

entre les membres de

la communauté de

façon non intrusive

- Fonder quantitativement les

données qualitatives déjà

obtenues

- Regarder au travers des yeux

des consommateurs

- Lever d’éventuels blocages

liés à la manipulation des

mots

Limites

- Biais de désirabilité

sociale

- Difficultés à

verbaliser l’ordinaire

Grande quantité

d’informations

partielles

Identification incertaine

des membres de la

communauté

- Échantillon non représentatif

- Biais dû au lieu de l’enqu te - Biais de désirabilité sociale

Apports

majeurs

Dégager les

principaux thèmes

relatifs au sujet de

l’étude

Recueillir les réactions

de l'individu face au

sujet de la cherté de la

vie

Faire émerger les

dimensions du concept

Récolter des données

liées au terrain,

réutilisables par la

suite

Observer de façon non

intrusive les

interactions entre les

consommateurs

Explorer le concept

dans un contexte

collectif

Appuyer les données

obtenues lors des

entretiens semi

directifs exploratoires

Faire émerger les

dimensions du concept

Compléter l’ensemble

évoqué déterminé lors

des entretiens semi-

directifs

Confirmer et

compléter les

conséquences

évoquées sur le

comportement d’achat

déterminé lors des

entretiens semi-

directifs

Appuyer quantitativement et

compléter les données

obtenues lors des collectes

qualitatives :

- les causes de la vie chère,

- l’ensemble évoqué,

- les dimensions du

concept,

- ses conséquences

Définir la cherté de la vie du

point de vue du

consommateur

Définir les différentes

dimensions du construit

Recueillir le sens que les

acteurs donnent à leur

pratique : les conséquences

de la cherté de la vie sur leurs

comportements

Page 12: É PROPOSITION D DE MESURE

11

Annexe 2. Caractéristiques de l'échantillon de l'AFE 1 (134 personnes)

Variables Modalités %

Variables Modalités %

Genre Masculin 24,60%

Taille du

foyer

1-2 personnes 41,1%

Féminin 75,40%

3-4 personnes 50,7%

Age

Moins de 28 ans 31,30%

5-6 personnes 4,5%

28 - 36 ans 41,80%

Plus de 6 personnes 3,7%

36 - 45 ans 18,70%

Diplôme

Sans diplôme 0,80%

45 ans et plus 8,20%

BE, BEPC, Classe de collège

& seconde 1,50%

Profession

Employé 52,20%

CAP - BEP 8,20%

Cadre Prof. Int. Sup 9%

BAC 20,90%

Retraité 0,70%

BAC +2 - BTS 23,10%

Etudiant 11,20%

BAC + 3 - Licence 23,90%

Inactif 14,20%

BAC + 4 et + - Master et + 21,60%

Commerçant, artisan,

chef d'entreprise 7,50%

Non réponse 4,80%

Profession

intermédiaire 4,50%

Revenu du

foyer

Moins de 1200€ par mois 16,4%

Agriculteur 0,70%

1200€ à 2000€ par mois 35,8%

2000€ à 3500€ par mois 35,1%

3500€ à 5000€ par mois 8,2%

5000€ à 6500€ par mois 3%

Plus de 6500€ par mois 1,5%

Annexe 3. Caractéristiques de l'échantillon de l’AFE 2 et de l’analyse quantitative (700 personnes)

Variables Modalités %

Variables Modalités %

Genre Masculin 31,9%

Taille du

foyer

1-2 personnes 46,3%

Féminin 68,1%

3-4 personnes 45,7%

Age

Moins de 29 ans 35,2%

5-6 personnes 6,9%

30 - 39 ans 26,9%

Plus de 6 personnes 1,10%

40 - 49 ans 17%

Diplôme

Sans diplôme 5,7%

50 ans et plus 21%

BE, BEPC, Classe de collège &

seconde 2,9%

Profession

Employé 40%

CAP - BEP 12,7%

Cadre Prof. Int. Sup 18,7%

BAC 17,6%

Retraité 3,9%

BAC +2 - BTS 20,1%

Etudiant 12,4%

BAC + 3 - Licence 20,9%

Inactif 11,7%

BAC + 4 et + - Master et + 20,1% Commerçant, artisan, chef

d'entreprise 4,9%

Profession intermédiaire 5,4%

Revenu du

foyer

Moins de 1200€ par mois 19,00%

Agriculteur 0,9%

1200€ à 2000€ par mois 23,40%

Région

Nord 40%

2000€ à 3500€ par mois 33,40%

Est 24,1%

3500€ à 5000€ par mois 14,10%

Sud 16,4%

5000€ à 6500€ par mois 5,30%

Ouest 19,4%

Plus de 6500€ par mois 4,70%

Page 13: É PROPOSITION D DE MESURE

12

Annexe 4. Tableau de la variance totale expliquée

Composante

Valeurs propres initialesa Extraction Sommes des carrés

des facteurs retenus

Somme des carrés des facteurs

retenus pour la rotation

Total % de la

variance

%

cumulés Total

% de la

variance

%

cumulés Total

% de la

variance

%

cumulés

1 6,309 52,226 52,226 6,309 52,226 52,226 4,671 38,667 38,667

2 2,158 17,866 70,091 2,158 17,866 70,091 3,796 31,424 70,091

Annexe 5. Propriétés psychométriques des dimensions de l’échelle de la vie chère

`

DIMENSION GEOGRAPHIQUE

Cohérence

interne

Alpha de Cronbach

(>0,70)

0,815

Rho de Jôreskog

(>0,70)

0,82

Validité

convergente

Poids factoriels

standardisés (>0,70)

Géographique 1 0,61

Géographique 2 0,70

Géographique 3 0,76

Géographique 4 0,84

Variance moyenne

extraite (>0,5)

0,53

Indices

absolus

d'ajustement

RMSEA (<0,1) 0,134

RMR Standardisé

(<0,1)

0,0301

GFI (>0,9) 0,980

AGFI (>0,9) 0,900

Indices de

parcimonie

CMIN/df (<2 voire 3) 10,021

CAIC (>0) 77,759

Indices

incrémentaux

Type 1 : NFI (>0,9) 0,972

Type 2 : TLI (>0,9) 0,923

Type 3 : CFI (>0,9) 0,974

DIMENSION FINANCIERE Nombre d’items

5 items 4 items

Cohérence

interne

Alpha de Cronbach (>0,70) 0,837 0,831

Rho de Jôreskog (>0,70) 0,84 0,835

Validité

convergente

Poids factoriels standardisés

(>0,70)

0,81

0,81

0,78 Financier 1

Financier 2 0,77

Financier 3 0,71 0,77

Temporel 4 0,65 0,62

Temporel 2 0,57

Variance moyenne extraite

(>0,5)

0,51 0,56

Indices

absolus

d'ajustement

RMSEA (<0,1) 0,112 0,125

RMR Standardisé (<0,1) 0,0372 0,0264

GFI (>0,9) 0,972 0,984

AGFI (>0,9) 0,915 0,919

Indices de

parcimonie

CMIN/df (<2 voire 3) 7,255 8,791

CAIC (>0) 108,419 75,299

Indices

incrémentaux

Type 1 : NFI (>0,9) 0,962 0,977

Type 2 : TLI (>0,9) 0,933 0,939

Type 3 : CFI (>0,9) 0,967 0,980