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2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
La culture du tabacLa culture du tabac
Dr Marty OtañezUniversité de Californie, San Francisco
2 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
Objectifs d’enseignement
Comprendre le problème de santé publique que pose la culture du tabac.
Identifier l’impact sanitaire et les coûts environnementaux de la production du tabac.
Comprendre la structure du marché mondial de la feuille de tabac.
Définir les moyens de renforcer une approche de la politique de santé qui soit favorable aux familles et communautés agricoles.
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Source : Comité d’organisation de la main d’œuvre agricole (2007) ; Crédit photographique : Otanez, M. (2003).
Conditions de travail dans les plantations de tabac
De longues heures à travailler le dos courbé
Le harcèlement au travail
Une pauvreté intolérable
Des dettes écrasantes
L’exposition à la nicotine et aux pesticides
Une santé médiocre
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Crédit photographique : Otanez, M. (2003).
Conditions de travail dans les plantations de tabac
Des logements misérables dans les camps de travail
Le déni des droits de l’Homme et des droits fondamentaux de protection au travail
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Source : Schmitt, N., et al. (2007).
Les risques sanitaires de la culture du tabac
La santé des producteurs de tabac est notamment menacée par le cancer de la vessie, les affections cutanées allergiques ou par des irritations (comme l’eczéma de contact) et l’exposition aux pesticides (ex : phosphate organique) qui ont des effets nocifs sur les systèmes nerveux central et périphérique.
Les blessures incluent des plaies au couteau ou à la hache lors de l’abattage des arbres ou du défrichage.
Mal de dos et morsures de serpent au moment de la récolte.
Fractures lors des chutes dans les séchoirs à tabac.
Céphalées et vomissements dus à l’exposition aux pesticides et à l’ingestion de produits chimiques.
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Source : Schmitt, N., et al. (2007).
La maladie du tabac vert
La maladie du tabac vert est une affection qui frappe les producteurs de tabac qui sont empoisonnés par la nicotine qui traverse la peau lors de la culture et de la récolte.
Cette affection se manifeste par des nausées ou des vomissements, ainsi que des étourdissements ou des céphalées pendant ou après l’exposition.
L’exposition saisonnière cumulée à la nicotine a les mêmes effets que la consommation d’au moins 180 cigarettes.
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Crédit photographique : Otanez, M. (2003).
Les coûts environnementaux de la culture du tabac
Déforestation
Pollution chimique des sources d’eau
Érosion du sol
Appauvrissement du sol en nutriments
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Sources : Esson, K. et Leeder, S. (2004) ; Geist, H. J. (1999).
Les coûts environnementaux de la culture du tabac
500 g de tabac nécessitent 10 kg de bois.
Près de 200 000 hectares de forêts sont détruits chaque année dans le monde pour la culture du tabac.
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Sources : Esson, K. et Leeder, S. (2004) ; Geist, H. J. (1999).
Les coûts environnementaux de la culture du tabac
Déforestation annuelle totale due au tabac, 1990 à 1995 (%)
Pays Déforestation (%)
Corée du Sud 45,0
Uruguay 40,6
Bangladesh 30,6
Malawi 26,1
Jordanie 25,2
Pakistan 19,0
Syrie 18,2
Chine 17,8
Zimbabwe 15,9
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Vidéo : la culture du tabac et la déforestation
Environ 15 % du tabac produit au Malawi est du tabac blond. Ses feuilles sont séchées à l’air chaud dans des séchoirs en briques. Le producteur moyen cultive du tabac blond sur 1 hectare et utilise 36 m3 de bois.
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Sources : Watts, R. (1998) ; Esson, K. et Leeder, S. (2004) ; Crédit photographique : Otanez, M. (2003).
L’utilisation des pesticides et des engrais
On recommande jusqu’à 16 applications de pesticides sur une période de culture de 3 mois.
Les pesticides provoquent des lésions respiratoires, nerveuses, cutanées et rénales chez les producteurs de tabac.
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Source : Geist, H.
L’utilisation des pesticides et des engrais
Appauvrissement du sol en minéraux essentiels par le tabac et d’autres cultures
Rendement d’une tonne à
l’hectare
Azote (kg par hectare)
Phosphore (kg par hectare)
Potassium (kg par hectare)
Café 100 22 142
Tabac 50 14 105
Thé 45 9 21
Maïs 13 2 5
Riz 11 2 12
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Les modalités de vente des feuilles de tabac
Les planteurs de tabac vendent leur production aux enchères ou sur la base d’un contrat.
Au Malawi et au Zimbabwe par exemple, la vente aux enchères se déroule sur une place de marché où les acheteurs surenchérissent avec une mise en concurrence ouverte.
Dans la culture sous contrat, un producteur de tabac s’engage à cultiver du tabac pour un acheteur qui, quant à lui, fournit les semences, les pesticides et d’autres apports sous forme de prêts, et déduit les coûts sur les revenus du fermier.
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Les modalités de vente des feuilles de tabac
Dans certains pays producteurs de tabac, les fabricants de cigarettes et les négociants de feuilles achètent directement le tabac chez les producteurs.
Deux tendances émergent :
1. Le système des enchères est progressivement remplacé par le système sous contrat.
2. Les négociants internationaux en feuilles sont propriétaires des plantations de tabac et établissent des contrats avec des fermiers qui travaillent sur ces domaines (en Inde et au Brésil, par exemple).
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La BAT et la culture sous contrat
La BAT achète le tabac chez 250 000 producteurs dans le monde via des contrats ou d’autres arrangements.
Les besoins en feuilles de la BAT sont couverts à 65 % par ses propres activités intégrées verticalement, ce qui fait de cette société le troisième exportateur de feuilles dans le monde.
La BAT utilise chaque semaine, dans le monde, pour 40 millions de dollars de tabac.
Sources : Bilans et comptes annuels de la BAT (2006) ; BAT (2005). BAT leaf supply chain ; BAT (2000). Product development and blending workshop program, Bates No. 321824304-5013.
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Sources : Stull, D. (2000) ; Asila, J. (2004).
Problèmes relatifs aux contrats de production
Les prix des semences et des produits phytosanitaires sont souvent plus élevés que les prix au détail, ce qui augmente le risque qu’un producteur perde de l’argent.
Les producteurs de tabac assument les risques relatifs aux coûts et à la production, pour un retour financier minime.
Beaucoup de contrats sont signés par des fermiers qui n’en comprennent pas le contenu.
17 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
La culture du tabac en métayage : le cas du Malawi
Dans ce système, un métayer cultive le tabac sur une terre fournie par le propriétaire.
Le métayer accepte de vendre le tabac au propriétaire.
Celui-ci s’engage à fournir des apports (semences, engrais, bineuses, réservoirs d’eau et toiles de plastique).
Le prix des apports est déduit des revenus de la récolte.
Le propriétaire définit le prix du tabac.
Les contrats sont oraux.
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Les problèmes que pose le système de métayage du tabac au Malawi
Les contrats oraux sont difficiles à appliquer.
Les propriétaires majorent les prix de leurs investissements.
Les métayers sont fortement endettés envers les propriétaires.
Les métayers, soucieux de couvrir leurs besoins vitaux, dégradent la terre.
Le système de métayage du tabac ôte toute responsabilité aux cigarettiers quant aux problèmes qui peuvent se poser au niveau des plantations.
19 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
Source : Otañez, M. et al. (2006) ; crédit photographique : Otanez, M. (2003).
La culture du tabac et le travail des enfants
Des enfants âgés de 5 ans à peine participent à la culture du tabac.
Les parents envoient les enfants aux champs et non à l’école, les privant d’un certain niveau d’éducation.
Les enfants travaillant dans les champs de tabac sont exposés à l’empoisonnement par les pesticides et les engrais, ainsi qu’à d’autres blessures.
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Vidéo : la culture du tabac et le travail des enfants
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Source : Dresler, C. et Marks, S. (2006).
La culture du tabac et le travail des enfants
Le travail des enfants dans les plantations de tabac relève des Droits de l’Homme.
La convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant comporte des principes qui le protègent de l’exploitation.
La Convention sur les Droits de l’Enfant a été ratifiée par 192 pays sur 194 (non ratifiée par les États-Unis et la Somalie).
Convention 182 de l’Organisation Internationale du Travail : les signataires doivent prendre des mesures immédiates et efficaces pour interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants (les États-Unis ont ratifié la convention).
Le travail des enfants existe toujours en raison de l’absence de mécanismes d’application et de la déficience des législations nationales sur le travail.
22 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
La production mondiale de tabac
Trois groupes d’activités dans la production mondiale de cigarettes : la production des feuilles de tabac, la distribution et la consommation.
La culture du tabac comprend la plantation, le désherbage, la récolte, le séchage et la mise en balle.
Les entreprises annexes comprennent les fabricants de saveurs et parfums, d’emballage, de colle et de machines de traitement du tabac, les transporteurs et les courtiers en douane.
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Sources : Davis, R. et al. (2007) ; Farrell, B. (2007).
Le marché mondial de la feuille de tabac
De 1970 à 2000, la production de feuilles de tabac a baissé de 36 % dans les pays développés mais a plus que doublé dans les pays en voie de développement.
Les cultivateurs des pays en voie de développement produiront 87 % du tabac mondial d’ici 2010.
Le gouvernement chinois a la main mise sur la Chinese National Tobacco Company qui détient un monopole dans le pays et cultive 35 % des feuilles de tabac produites dans le monde.
24 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
Le marché mondial de la feuille de tabac
Les acteurs clés sont les planteurs, les gouvernements, les fabricants de cigarettes et les négociants en feuilles.
Philip Morris et British American Tobacco (cigarettiers).
Universal Corporation et Alliance One International, situées aux États-Unis (négociants en feuilles).
25 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
Le marché mondial de la feuille de tabac
Sources : Philip Morris (2006). Bilan annuel ; BAT (2006). Bilan annuel ; Japan Tobacco (2005).
Cigarettiers et négociants en feuilles, 2006
Revenus(milliards de dollars)
Nombre de marchés
Nombre de fabriques
Production de
cigarettes (milliards)
Part du marché mondial
Cigarettiers
Philip Morris 66,8* 160+ 50+ 1 014,8* 18,7
BAT 49,5 180+ 81+ 689 17,1
Japan Tobacco 36,4* 120+ 40+ 925** 7,7
Négociants en feuilles
Universal Corporation 3 511 90+ 40+ S/O S/O
Alliance One International 2 113 90+ 50+ S/O S/O
+ = plus de ; S/O =sans objet ; *total pour les segments domestique et international ; **2005
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Source : Farrell, B. (2007) ; Crédit photographique : Otanez, M. (2003).
Diversification des cultures et autres moyens de subsistance
Le mélange des cultures, plutôt que la mono-culture unique, est à la base des discussions sur la diversification.
Les cultures de substitution et l’emploi engendré par ces cultures restent nécessaires pour diminuer la dépendance au tabac des pays producteurs.
Le remplacement du tabac par des cultures vivrières saines permettrait de nourrir jusqu’à 20 millions de personnes, réduisant ainsi le chiffre actuel des personnes sous-alimentées dans le monde de 28 à 8 millions.
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Source : Alliance pour la Convention-cadre (2007).
La réaction des cigarettiers pour bloquer la diversification des cultures
Pression sur les gouvernements et publication de bilans exagérant les bénéfices économiques de la culture du tabac.
Financement officiel et occulte de la recherche sur les cultures de tabac pour attirer l’attention sur ses bénéfices économiques.
Financement des rares études réalisées sur les cultures de substitution afin de prouver qu’aucune n’est en mesure de remplacer le tabac.
28 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
Source : Alliance pour la Convention-cadre (2007).
La réaction des cigarettiers pour bloquer la diversification des cultures
Exagération des chiffres de perte d’emplois et de revenus fournis aux gouvernements des pays producteurs de tabac.
Instauration d’un climat de crainte à l'égard de la diversification, en déclarant que les pertes d’emplois liées aux cultures de substitution renforceraient l’exode rural des personnes sans emploi et amplifieraient l’instabilité politique.
Les cigarettiers s’opposent aux méthodes de culture durables et biologiques car elles entraîneraient une diminution des bénéfices avec la baisse des ventes de pesticides et d’engrais.
29 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
Source : la Commission présidentielle sur l’amélioration des opportunités économiques dans les communautés dépendant de la production du tabac et sur la protection de la santé publique (2001).
Une approche favorable aux familles et communautés agricoles
À partir de 1985, les défenseurs de la santé publique ont établi un partenariat avec les planteurs américains de tabac.
En 2001, le rapport présidentiel de Bill Clinton, intitulé Le tabac
à la croisée des chemins, a soulevé des questions essentielles à propos de la santé publique et de la culture du tabac : comment atténuer la dépendance économique des planteurs de tabac et augmenter les opportunités économiques dans les communautés productrices.
L’Alliance pour le développement de la santé, de l’économie et de l’agriculture, basée à Washington D.C., a encouragé une approche de la lutte antitabac favorable aux familles et communautés agricoles (de 2002 à aujourd’hui).
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La culture du tabac et la CCLAT
Les articles clés de la CCLAT concernant la culture du tabac : L’article 4, intitulé Principes directeurs, décrit
l’importance d’une « assistance technique et financière pour faciliter la reconversion économique des cultivateurs de tabac ».
L’article 17, intitulé Fourniture d’un appui à des activités de remplacement économiquement viables.
L’article 22, intitulé Coopération dans les domaines scientifique, technique et juridique et fourniture de compétences connexes, décrit combien il est important d’aider « les cultivateurs de tabac à passer à d’autres cultures d’une manière économiquement viable ».
31 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
Source : Institut national du cancer au Brésil (2000).
La culture du tabac et la CCLAT
La CCLAT permet aux fermiers de bénéficier de conditions appropriées pour cultiver des produits bons pour la santé.
L’application de la CCLAT n’est pas obligatoire et n’impose pas de restriction sur la production ou la consommation et la vente de tabac.
32 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
Les recommandations
Appliquer les articles de la CCLAT sur la diversification des cultures et les autres moyens de subsistance.
Concevoir et soutenir des mécanismes de financement locaux, nationaux et mondiaux pour aider les planteurs de tabac à réduire leur dépendance économique au tabac.
Comprendre les efforts que déploie l’industrie du tabac pour saper la diversification des cultures et les efforts pour trouver des sources de revenus alternatives.
33 2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg
Sources : Comité d’organisation de la main d’œuvre agricole (2007) ; Commission présidentielle sur l’amélioration des opportunités économiques dans les communautés dépendant de la production du tabac et sur la protection de la santé publique (2001).
Les recommandations
Intégrer à la politique de santé publique et de lutte antitabac une approche favorable aux familles et communautés agricoles.
Soutenir les ouvriers agricoles grâce aux syndicats et par le biais de contrats légaux afin d’améliorer les salaires et les conditions de travail.
Mettre en avant les Droits de l’Homme et faire de l’autodétermination le processus permettant de consolider les droits des ouvriers agricoles dans les plantations de tabac.