zones h - snpn

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ZONES H Les zones humides qui couvrent près de 3 % du territoire national sont des espaces exceptionnels tant par leur rôle dans le cycle de l'eau que par leur diversité biologique. Les menaces qui pèsent sur leur survie ont alerté depuis le début des années 70 la communauté internationale. Cette prise de conscience a abouti en 1971 à la signature d'une convention relative aux zones humides d'importance internationale, dite convention de Ramsar, à laquelle la France a adhéré. Au niveau national, la régression continue des zones humides a conduit les pouvoirs publics à leur accorder une attention particulière ces dernières années. Aussi, en 1991, a été décidée l'évaluation des politiques publiques en matière de zones humides, dont le rapport a été présenté et publié en 1994. La protection des zones humides, leur gestion et mise en valeur ainsi que leur restauration sont des sujets aux implications très diverses qui intéressent directement les élus des départements possédant sur leur territoire des zones humides d'importance. - Les zones humides sont importantes de par les fonctions écologiques qu'elles assurent : la régulation des régimes hydrologiques (stockage de l'eau, renouvellement de la nappe phréatique), la protection des rives contre les tempêtes, la stabilisation du littoral, la rétention des polluants, des sédiments et la stabilisation des conditions climatiques locales (régimes des précipitations, régulation de la température). - Elles abritent en outre une très grande diversité biologique : oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, poissons et invertébrés, ainsi que des espèces innombrables de plantes, dont le riz, nourriture de base de l'humanité. - Les zones humides ont une valeur immense, économique, culturelle et récréative par les services qu'elles rendent à l'humanité en général et à leurs habitants en particulier : alimentation en eau (en quantité et qualité), pêcheries, agriculture, pâturages et maintenant tourisme pour n'en citer que quelques-uns. Elles sont essentieUes au bien-être et à la sécurité de leurs populations ; un exemple : en fonctionnant comme des éponges et en retenant les eaux, elles atténuent ou évitent souvent les inondations en aval. La protection des écosystèmes constitués par les zones humides est une condition nécessaire à la protection et au développement des activités socio-économiques et ne saurait se confondre avec la simple protection de la nature. Pour éviter les erreurs passées, il m'apparaît donc nécessaire de procéder à des études en amont au niveau des politiques et des programmes et non plus seulement au niveau des projets, afin de mieux connaître leur incidence dans tous ces aspects. n m'apparaît indispensable d'aborder aussi ces politiques à mener dans les zones humides sous l'angle de la fiscalité. En effet, la fiscalité et le financement des collectivités locales sont loin de prendre clairement en compte la nécessité d'une bonne gestion de l'espace rural, tout particulièrement celle des zones humides, n serait nécessaire d'obtenir une défiscalisation assortie d'objectifs de gestion rigoureusement définis et la prise en compte de critères environnementaux dans les dotations versées aux collectivités locales. On pourrait même imaginer pour les communes mettant en oeuvre ces dispositifs une dotation spécifique basée sur l'effort de protection et de valorisation des zones humides à l'instar de la dotation, de développement rural. Jîavais d'ailleurs fait des propositions dans ce sens, à sa demande, à Monsieur Edouard Balladur, alors Premier ministre. Fort de ces enseignements et de mon expérience personnelle comme rapporteur de la loi environnement et comme président du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin, j'ai pensé qu'il s'avérerait nécessaire de s'organiser en associant au niveau national tous les élus locaux directement intéressés par la gestion de leurs zones humides. A mon initiative, s'est constituée au Sénat, le mardi 24 novembre dernier, l'Association nationale des élus des zones humides (ANEZH), afin de mieux faire entendre la voix des élus concernés et peser plus directement sur la définition des objectifs retenus en ce domaine et les moyens à mettre en oeuvre pour les années à venir (cf p. 13). Jean-François Legrand, Président de l'ANEZH, Sénateur de la Manche, Président du Conseil général de la Manche

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ZONES H

Les zones humides qui couvrent près de 3 % du territoire national sont des espacesexceptionnels tant par leur rôle dans le cycle de l'eau que par leur diversité biologique.Les menaces qui pèsent sur leur survie ont alerté depuis le début des années 70 lacommunauté internationale. Cette prise de conscience a abouti en 1971 à la signature d'uneconvention relative aux zones humides d'importance internationale, dite convention deRamsar, à laquelle la France a adhéré.

Au niveau national, la régression continue des zones humides a conduit les pouvoirspublics à leur accorder une attention particulière ces dernières années. Aussi, en 1991, a étédécidée l'évaluation des politiques publiques en matière de zones humides, dont le rapporta été présenté et publié en 1994.

La protection des zones humides, leur gestion et mise en valeur ainsi que leurrestauration sont des sujets aux implications très diverses qui intéressent directement lesélus des départements possédant sur leur territoire des zones humides d'importance.

- Les zones humides sont importantes de par les fonctions écologiques qu'elles assurent :la régulation des régimes hydrologiques (stockage de l'eau, renouvellement de la nappephréatique), la protection des rives contre les tempêtes, la stabilisation du littoral, larétention des polluants, des sédiments et la stabilisation des conditions climatiques locales(régimes des précipitations, régulation de la température).

- Elles abritent en outre une très grande diversité biologique : oiseaux, mammifères,reptiles, amphibiens, poissons et invertébrés, ainsi que des espèces innombrables deplantes, dont le riz, nourriture de base de l'humanité.

- Les zones humides ont une valeur immense, économique, culturelle et récréative parles services qu'elles rendent à l'humanité en général et à leurs habitants en particulier :alimentation en eau (en quantité et qualité), pêcheries, agriculture, pâturages et maintenanttourisme pour n'en citer que quelques-uns. Elles sont essentieUes au bien-être et à lasécurité de leurs populations ; un exemple : en fonctionnant comme des éponges et enretenant les eaux, elles atténuent ou évitent souvent les inondations en aval.

La protection des écosystèmes constitués par les zones humides est une conditionnécessaire à la protection et au développement des activités socio-économiques et nesaurait se confondre avec la simple protection de la nature. Pour éviter les erreurs passées,il m'apparaît donc nécessaire de procéder à des études en amont au niveau des politiqueset des programmes et non plus seulement au niveau des projets, afin de mieux connaîtreleur incidence dans tous ces aspects.

n m'apparaît indispensable d'aborder aussi ces politiques à mener dans les zoneshumides sous l'angle de la fiscalité. En effet, la fiscalité et le financement des collectivitéslocales sont loin de prendre clairement en compte la nécessité d'une bonne gestion del'espace rural, tout particulièrement celle des zones humides, n serait nécessaire d'obtenirune défiscalisation assortie d'objectifs de gestion rigoureusement définis et la prise encompte de critères environnementaux dans les dotations versées aux collectivités locales.On pourrait même imaginer pour les communes mettant en oeuvre ces dispositifs unedotation spécifique basée sur l'effort de protection et de valorisation des zones humides àl'instar de la dotation, de développement rural. Jîavais d'ailleurs fait des propositions dansce sens, à sa demande, à Monsieur Edouard Balladur, alors Premier ministre.

Fort de ces enseignements et de mon expérience personnelle comme rapporteur de la loienvironnement et comme président du Parc naturel régional des marais du Cotentin et duBessin, j'ai pensé qu'il s'avérerait nécessaire de s'organiser en associant au niveau nationaltous les élus locaux directement intéressés par la gestion de leurs zones humides.

A mon initiative, s'est constituée au Sénat, le mardi 24 novembre dernier, l'Associationnationale des élus des zones humides (ANEZH), afin de mieux faire entendre la voix desélus concernés et peser plus directement sur la définition des objectifs retenus en cedomaine et les moyens à mettre en oeuvre pour les années à venir (cf p. 13).

Jean-François Legrand,Président de l'ANEZH,Sénateur de la Manche,

Président du Conseil général de la Manche

ZHInfos COLLECTIVITES LOCALES ET ZONES HUMIDES

On reproche parfois à Zones Humides Infos et au groupe "ZonesHumides" d'être des organes de réflexion un peu trop attachés au niveaunational et au travail des administrations centrales, et de ne pas assezs'ouvrir à ce qui se passe sur le terrain.

Dans ce numéro, au contraire, nous avons voulu laisser s'exprimer lesélus locaux qui, parfois indépendamment, ou tout au moins parallèlement,au plan d'action gouvernemental en faveur des zones humides, ont entamédes actions de préservation ou de mise en valeur des zones humides duterritoire dont ils ont la charge.

Les pages qui suivent sont donc résolument positives, puisqu'ellesprésentent le point de vue, souvent enthousiaste, de ceux qui ont oeuvrépour leurs zones humides.

Certes, il faut garder en tête que de tels exemples ne se rencontrenthélas pas partout où on pourrait l'espérer, mais si certains ont pu prendreconscience de l'intérêt qu'ils pouvaient trouver à préserver de tels milieux,pourquoi d'autres, éclairés peut-être par ces témoignages, ne suivraient pasle même chemin ?

Restauration des marais pérïurbains de Rochefort (17)

La ville de Rochefort a engagé, depuisune dizaine d'années, une politique ambi-tieuse de restauration des marais périur-bains.

* Dès 1987, la ville et la Ligue pour laprotection des oiseaux s'associent autour del'extension de la station de lagunage et dudéveloppement d'un pôle technique, éduca-tif et culturel axé sur les économiesd'énergie, l'épuration des eaux, les zoneshumides et les oiseaux migrateurs.

* En 1994, près de huit ans plus tard, lemaire, les ornithologues et un paysagistesont à nouveau réunis pour affirmer la vo-cation naturelle et paysagère de ce territoi-re à travers un projet d'aménagement et derestauration écologique et paysager des ma-rais périurbains.

* En 1997/98, les travaux de restaurationécologique et paysagère des marais périur-bains sont entrepris ; le but est de recréerune zone humide d'importance nationale,de conforter un paysage original à forteidentité et de développer une activité cultu-relle, récréative, axée sur la découverte dupatrimoine naturel, historique et du paysa-ge. Parallèlement, la restauration de l'acti-vité d'élevage sur ces prairies en dépriseest entreprise.

Ces marais périurbains se situent sur larive droite de la Charente au coeur dudernier méandre du fleuve, à quelques kilo-

mètres en amont de son embouchure. Déli-mitée par le fleuve au sud et par la villeau nord, cette zone d'une grande valeurpatrimoniale constitue une véritable ceintu-re végétale. Soucieuse de maintenir unpaysage originel à forte identité pour lesRochefortais, la ville a entrepris de revalo-riser ce patrimoine naturel avec d'autantplus d'intérêt que ces marais correspondentaux derniers vestiges des marais sur les-quels la ville a été édifiée au XVHe siècle.

Les aménagements se sontdécomposés en trois volets :paysager, biologique et récréatif

* Sur le plan paysager, le caractèrehumide des prairies du Martrou a étérenforcé ; sur les berges de Charente,l'inondation par le fleuve a été favorisée.

* Sur le plan écologique, les aménage-ments visent à recréer l'attractivité dumilieu tant pour la flore que pour les oi-seaux. Par ailleurs, le retour de l'élevagesur ces prairies abandonnées depuis 10 anspermet d'augmenter le biodiversité tout enréintroduisant une préoccupation économi-que.

* Sur Je plan récréatif, le site se veutun véritable espace de vie (détente, loi-sirs...) aux portes de la ville : le chemin de

COLLECTIVITES LOCALES ET ZONES HUMIDES ZH

Charente (qui relie la Corderie Royale auPont Transbordeur) est prolongé jusqu'à lastation de lagunage, à travers les bergesinondables et les prairies humides. Ainsi,les cheminements cyclistes et piétons ontété aménagés pour découvrir cet espace na-turel, tout en préservant la tranquillité desoiseaux sur le site. On y trouve des airesprévues pour permettre de laisser les véloset d'accéder, à pied, aux haltes d'observa-tion.

La restauration des maraispériurbains de Rocheforta permis la créationd'un emploi-jeune pour la ville

H a pour mission :* l'entretien du site (chemins de randon-

nées et équipements) en coordination avecle service espaces verts de la ville ;

* l'accueil et Tinformation du public ;* la gestion pastorale du site en liaison

avec l'agriculteur locataire.

Les évolutions enregistrées sur lesmarais périurbains depuis leurrestauration sont diverses

* Augmentation des effectifs d'oiseauxen hivernage :

- bécassine des marais (entre 800 et1 000 individus) ;

- vanneau huppé (plus de 1 000 indi-vidus) ;

- barge à queue noire (jusqu'à 700individus).

* Au printemps et cet été : fréquenta-tion par les oiseaux de ces habitats nou-vellement créés :

- les échasses blanches (reproduction) ;- les petits gravelots (reproduction) ;- les chevaliers cul-blanc et

guignette... ;- les spatules blanches (au total une

vingtaine d'individus observée s'alimentantdans les bassins derrière les serres hortico-les).

* Remise en place d'une activité pasto-rale avec l'exploitation depuis le mois dejuin 1998 de 19 hectares de prairies dans lemarais de Martrou par un troupeau d'unedouzaine de bovins appartenant à un jeuneagriculteur du Pays Rochefortais. Il bénéfi-cie des mesures agri-environnementales.

* Les cheminements pédestres et cycla-bles sont très fréquentés :

- par un public local ;- par les touristes (durant la saison

estivale) ;- par des personnes séjournant hors

de l'agglomération (randonneurs de La Ro-chelle qui apprécient le cadre et la tran-quillité des circuits).

Le financement de ces aménagementsprovient de la Ville de Rochefort, la Liguepour la protection des oiseaux (LPO),l'Agence de l'eau Adonr-Garonne, laRégion Poitou-Charentes et des fondsFEOGA1.

La deuxième tranche des travaux (obser-vatoire, belvédère, chemins sur pilotis)débute cet hiver.

Jean-Louis FROT, Conseiller général,maire de Rochefort, témoigne du projetqu'il a soutenu et favorisé :

"Une politique urbaine ne peut ignorer sapériphérie. Rochefort est caractérisée parson entourage de marais qui couvre prèsde la moitié du territoire communal.

L'expérience engagée en 1998 va sepoursuivre tout au long du méandre de laCharente au milieu duquel s'est édifiée laville : plusieurs centaines d'hectares sontconcernés.

Nos objectifs : voir se développer la vieornithologique, la vie économique par laprésence d'élevages extensifs, l'activité deloisir et de tourisme grâce aux chemine-ments piétons et cyclistes.

Nous souhaitons montrer qu'une villemoyenne peut aborder avec succès uneproblématique patrimoine naturel au mêmetitre qu'elle le fait pour le patrimoine his-torique."

Témoignage recueilli par L. .Callens,Forum des Marais atlantiques

Documents à consulter

"Rochefort en son marais ; ou lemaire, les ornithologues et le paysagis-te", Jean-Jacques Blanchon et FrançoisCharmoy, Metropolis n° 101A02 "Entréesde ville".

Marais Périurbains - Dossier de presse,Ville de Rochefort.

1 FEOGA :Foods européen

d'orientation et degarantie agricole

Contacts :Mairie de Rochefort,

17300 RochefortTél. 05 46 84 30 30

Jean-JacquesBlanchon, LPO,

La Corderie Royale,BP 2fi3, 17305

Rochefort CedexTé!. 05 46 82 12 34Fax. 05 46 83 95 86

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L'implication d'une collectivité dans la préservationd'une zone humide et le développement durable :intervention du Conseil général de la Mosellesur le site de l'étang de Lindre

1 Cornées :diverticules del'étang

L'étang de Lindre et les étangs qui luisont associés forment un complexe de treizeétangs d'une surface totale de 810 ha.Situés à l'est du département de la Moselledans une zone rurale relativement éloignéedes grands pôles urbains, ils font partie dela zone est du Parc naturel régional de Lor-raine.

Ces étangs ont une histoire prestigieuse :créés au Moyen-Age, propriété des Evêquesde Metz puis des Ducs de Lorraine et duRoi de France, ils ont, après la Révolution,constitué un grand domaine agricole et pis-cicole privé jusqu'au démembrement de lapropriété en 1976. La partie étangs et quel-ques terres agricoles ont alors été acquisespar le Conseil général avec l'aide de l'Etatet du Conseil régional, dans un but depréservation de cet espace naturel remar-quable.

Les étangs, prairies, bois, bocages et ver-gers, qui constituent la zone, déjà largementétudiés, passionnent toujours ornithologueset botanistes : dix Zones naturelles d'intérêtécologique, floristique et faunistique(ZNIEFF) ont été décrites, une plante proté-gée au niveau national et 18 au niveaurégional, réparties sur 23 sites, ont été ob-servées.

On note une très grande diversité tantchez les batraciens, les insectes que les oi-seaux puisqu'on dénombre 222 espècesd'oiseaux dont 140 nicheuses.

Les cornées1 pratiquement inaccessiblesconstituent des zones de quiétude pour lesoiseaux.

Par ailleurs, le site se trouve sur une voiede migration importante.

Quinze milieux relèvent de l'annexe I dela directive Habitats. Le site est pressentipour le réseau Natura 2000 et la démarchede labellisation Ramsar a été engagée.

Protection du site

Le site ne bénéficie pas d'une protectionréglementaire.

n y a eu certes deux tentatives de classe-ment en réserve naturelle (en 1976 et .1988), mais elles ont échoué à cause d'unemauvaise compréhension de la démarchepar la population locale.

Les plans d'occupation des sols, anciens,ne donnent pas toutes les garanties deprotection.

Par ailleurs, des risques d'intensificationdes activités traditionnelles, qui ont jusqu'àprésent maintenu la richesse du secteur,existent (drainage, retournement de prai-ries, arrachages des haies).

L'intervention du Conseil général

* Objectifs

Le Conseil général a acquis le domainede Lindre afin de préserver ce patrimoinenaturel exceptionnel et de le soustraire auxmenaces d'une exploitation touristique malmaîtrisée.

L'objectif poursuivi est double.

- D'une, part, il vise à garantir la péren-nité de ce patrimoine commun exceptionnelen favorisant toutes les activités économi-ques (agriculture, pisciculture extensive,tourisme de nature) compatibles avec sescaractéristiques écologiques et en privilé-giant le dialogue et la concertation entreles différents acteurs.

En particulier, le développement d'unpôle touristique de nature est prévu, dédiéà T information et à la sensibilisation dupublic et à l'accueil des jeunes.

- D'autre part, il s'agit de mettre l'outilexceptionnel que constitue le domaine pis-cicole, propriété du Département, au servi-ce de la pisciculture régionale d'étang.

Cela permettra de constituer unlaboratoire "grandeur nature", où les expé-rimentations mises en œuvre viseront àaméliorer les techniques de production ex-tensive dans le respect de l'environnement.

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* Moyens

- La connaissance

Le Conseil général contribue à une meil-leure connaissance du site en faisant réali-ser ou en participant aux financementsd'études réalisées par d'autres acteurs.

Une étude très approfondie des caracté-ristiques de l'ensemble du bassin versant aété réalisée en 1994.

Une étude sur la qualité des eaux del'étang, en partenariat avec l'Agence deFeau Rhin-Meuse, est actuellement eucours.

Une étude sur la gestion des roselières vaêtre engagée.

- Le droit de préemption au titre desespaces naturels sensibles

Le Conseil général exerce le droit depréemption au titre des espaces naturelssensibles sur le territoire des communesqui l'y ont autorisé.

- Gestion des propriétés

Afin de garantir la quiétude de l'avifaunesur les propriétés départementales, la chas-se, la baignade, le canotage ne sont pasautorisés.

Les terres agricoles sont confiées à desagriculteurs par l'intermédiaire d'un contratde mise à disposition auprès de la Sociétéd'aménagement foncier et d'établissementrural (SAFER), associé à un cahier descharges, préalablement négocié (absence dedrainage et d'arrachage de haies, remise enherbe d'une bande de terrain en bordured'étang...).

- Aménagement foncier

Dans la mise en oeuvre de l'aménage-ment foncier d'une des communes riverai-nes, une attention toute particulière a étéportée à la préservation de l'environne-ment.

A cette occasion, le Conseil général aaidé la commune à acquérir une zone demarais possédant des sources salées. Laprotection durable de ce site sera ainsiassurée.

- Gestion du domaine piscicole

Un plan de gestion a été rédigé fixant lesgrandes orientations du domaine aveccomme objectif prioritaire la gestion d'unepisciculture extensive prenant en compte lapréservation de l'environnement.

Un Conseil scientifique a été mis enplace. Il associe les différents partenaires :pisciculteurs, scientifiques dans chacunedes spécialités, associations de protectionde F environnement, Parc naturel régionalde Lorraine, administration.,.

C'est ce Conseil scientifique qui donneau directeur du Domaine les grandes orien-tations dans les choix de gestion, les pério-des les plus pertinentes d'intervention vis-à-vis de l'environnement et suggère lesétudes complémentaires à entreprendre.

- Animation - sensibilisation

Enfin, le Conseil général a entrepris uneaction d'animation-sensibilisation auprèsdes communes riveraines de l'étang deLindre afin ;

- d'une part de permettre aux habitantsde mieux connaître ce patrimoine remar-quable dont ils étaient parfois ignorants ;

- d'autre part d'aider les équipes munici-pales à réfléchir ensemble afin de définirun projet concerté intégrant à la fois la vo-lonté de valoriser et de préserver les ri-chesses naturelles et de les utiliser commesupport d'action de développement local(gîtes ruraux, restaurant, sentiers de décou-verte...),

Des actions pédagogiques à l'attentiondes enfants des écoles des différents villa-ges ont été organisées, car le Conseil géné-ral est persuadé que c'est en favorisantl'implication des différents acteurs de ter-rain et en particulier des habitants que l'onréussira à garantir la: pérennité de la ri-chesse écologique et de la vie dans un sitetel que le Lindre.

L'action du Conseil général consiste doncessentiellement en l'écoute des différentsacteurs et en la mise en relation des projetsafin d'en assurer la cohérence.

H. Caron,Conseil général de Moselle

Contact ;Hélène Caron,DAKE/SEPÀ,

Consefl général deMoselle, BP 11096,

57036 Metz cedex 01Tél. 03 87 34 75 09Fax. 03 87 34 75 30

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Boz (01) : d'une longue sensibilisationà une implication exemplaire

1 ZN1EFF : Zonenaturelle d'intérêtécologique,faunisticpie etfloristique

2 Life :L'instrumentfinancier pour -l'enTÎronnenaent

Boz est située à une vingtaine de kilomè-tres au nord-est de Maçon, dans le val deSaône (département de l'Ain). L'économiede cette commune rurale de 350 habitantsest principalement construite sur Fagricul-ture : l'élevage et le maraîchage consti-tuent une grande part de 1 * activité, lasylviculture du peuplier n'est égalementpas négligeable. Quelques entreprises agri-coles se sont implantées sur le territoirecommunal. Quant aux activités de loisirspratiquées sur la commune, il s'agit essen-tiellement de la chasse, qui se déroule sur-tout au niveau des prairies en bordure deSaône et des bois et friches environnants.

Parmi les terrains communaux, la landetourbeuse des Oignons a été très tôt recon-nue dans l'inventaire des ZNIEFF1 grâceaux prospections réalisées, dès 1986, parl'association Connaissance de la flore deF Ain. Cette dernière évoquait l'intérêt ex-ceptionnel de cette lande tourbeuse, avecen particulier la présence d'une importantestation de lycopode inondé associé à ladrosera à feuilles rondes.

Sur la voie d'un lent abandon

Cette lande est utilisée depuis longtempspar les locaux, puisqu'en 1856, il est faitmention dans les archives communales,d'utilisation de la terre de bruyère. Cetteexploitation traditionnelle s'est prolongéede manière plus ou moins régulière : 1927,1940, 1942, 1948, 1949, 1966, 1978, 1981,jusqu'au dernier prélèvement effectué parla commune en 1985. Ces terrains commu-naux étaient également pâturés par les bo-vins jusque dans les années cinquante.

Depuis, leur éloignement du village etleurs potentialités agricoles médiocres ontfavorisé leur abandon ; des arbustescolonisent peu à peu la lande.

A la fin des années 80, les discussionsengagées entre la Commune et l'associationConnaissance de la flore de l'Ain n'ont,dans un premier temps, donné lieu à aucunaccord. Un projet d'arrêté préfectoral deprotection de biotope a été classé sanssuite. Mais au cours des années suivantes,un changement de municipalité et diversessorties sur le site aboutiront, en 1992, à lasignature d'une convention de gestion entrela Commune et le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels, conformémentà la volonté de l'association botanique.

L'action conservatoire :un outil de développement local

Un plan de gestion a été engagé par leConservatoire, associant l'ensemble desusagers et des partenaires locaux, pouxaboutir à un projet concerté de préserva-tion. Dès lors, la commune a réorienté sapolitique vers une meilleure préservationde ce patrimoine naturel en refusant toutd'abord l'installation d'un ball-trap puis eninterdisant les activités militaires pratiquéesjusqu' alors.

Par la suite, l'intégration de ce site parmiles 38 tourbières françaises retenues dans

1le cadre du programme européen Lifer"Tourbières de France" a conforté l'intérêtporté par les collectivités au projet de res-tauration du site. Dans le cadre de ce pro-gramme européen, le plan de gestion a étépoursuivi et constitue le document de réfé-rence, notamment grâce au plan de travailquinquennal qui définit avec tous les parte-naires de la commune les actions à mettreen place. Cette programmation est discutéechaque année en comité de pilotage.

Des opérations de gestion ont été réali-sées, avec une priorité donnée aux entre-preneurs locaux. Ainsi, les travaux debûcheronnage ont été effectués par uneentreprise de réinsertion du canton, lesopérations de broyage de la végétationavec l'Association communale de chasseagréée de Boz, la création de mares et lebroyage par des entreprises locales, descampagnes d'arrachage de jeunes pins et laplantation d'une haie ont associé les en^fants de F école communale, un lycéeprofessionnel, l'association locale d'anima-tion nature Cardamine et la FédérationRhône-Alpes de protection de la nature deF Ain. Un panneau d'information a été misen place. L'ensemble de ces opérations- aété suivi systématiquement par les em-ployés communaux.

La commune écrit au Préfet

L'intérêt de notre tourbière avait étéconfirmé en 1995, dans le cadre de l'inven-taire des sites susceptibles d'être reconnusd'intérêt communautaire en application dela directive européenne Habitats. En effet,ces milieux tourbeux, rares en Europe,constituent également une forte originalitédans la plaine de la Saône.

COLLECTIVITES LOCALES ET ZONES HUMIDES ZHInfos

Or en 1996, le ministère de l'Envi-ronnement n'a pas souhaité conserver latourbière dans la liste des futurs sites Natu-ra 2000, en la caractérisant ainsi "ensembletourbeux intéressant mais surfaces restrein-tes et dans un état de conservation assezmoyen".

Compte tenu des efforts de restaurationdéjà entrepris depuis plusieurs années et dela volonté de poursuivre la préservation dupatrimoine communal, la commune a écritau Préfet de l'Ain pour que le site soitconservé dans le futur réseau Natura 2000.

Fort heureusement, cette démarche aabouti. Dans le cadre de cette préservation,

nous venons de renouveler pour dix ansnotre partenariat avec le ConservatoireRhône-Alpes des espaces naturels.

La démarche de préservation de cettezone humide aura donc été un travail delongue haleine, dont Finformation apportéepar le Conservatoire, et la concertationentreprise localement avec l'ensemble desacteurs montrent la voie choisie pourconserver un milieu naturel d'intérêtcommunautaire en voie de régression.

Mme Vanzo,maire de Boz

Contacts :Nicolas Greff,Conservatoire

Rhône-Alpes desespaces naturels,

352, route de Gênas,69500 Bron

Tél. 04 78 26 00 45Fax. 04 72 37 06 29

Mme Vanzo, Mairie,01190 Boz

Tél. 03 85 30 33 63Fax. 03 85 30 66 49

Saint-Nazaïre-de-Pézan (34) :une petite commune rurale porte le projet de gestionconcertée d'une zone humide méditerranéenne

Saint-Nazaire-de-Pézan est une petitecommune située aux confins des départe-ments de l'Hérault et du Gard, en petiteCamargue, dans une zone connaissant denombreuses pressions liées principalementà la proximité de l'agglomération inontpel-lieraine : pollution des eaux, mitage du ter-ritoire, urbanisation incontrôlée... Adosséeà l'étang de Mauguio, une zone humide oc-cupe l'essentiel de son territoire côté Sud.

En 1995, la nouvelle équipe municipale,consciente de la valeur de ce territoire entermes de patrimoine naturel et culturel,mais aussi de fonctionnalité, entame uneréflexion sur la gestion de ce site avectrois thèmes dominants : patrimoine natu-rel, salubrité et sécurité.

n s'agit en effet de connaître "ce patri-moine naturel, son usage et son rôleprotecteur et épurateur ; restaurer la diver-sité biologique antérieure, conserver cettezone naturelle d'écoulement et d'expansiondes eaux de crues". Le POS3 situe ceszones fragiles en zone ND4.

Fin 95, le Conseil municipal, se basantsur le "Plan d'action pour les zones humi-des" adopté par le. gouvernement quelquesmois plus tôt, délibère sur les objectifs quela commune s'assigne quant à la gestion decette zone ; en arrêter la dégradation, lareconquérir, en garantir la préservation du-rable par une meilleure gestion du patri-moine communal. Les élus, et notammentle maire, M. Peyre de Fabrègues, prennent

contact avec de nombreuses structures (ins-titutions, bureaux d'études, ONG5...) etparticipent à diverses manifestations ouvoyages d'études. Us procèdent dans lemême temps à une concertation avec lesusagers et acteurs locaux : manadiers,chasseurs et propriétaires fonciers.

Sur cette base, ils définissent avec un bu-reau d'études, un cahier des charges pourun plan de gestion du site conciliant fonc-tionnement hydrologique, maintien des usa-ges traditionnels et préservation dupatrimoine naturel.

Ce plan de gestion a été proposé à lacommune qui l'a adopté récemment.

Les faibles moyens de la commune (bud-get .annuel global : 1,6 MF) ne permettentpas aux élus de mener seuls cette entrepri-se à bien. Le Conseil général de l'Héraultet la DEREN6 sont interpellés et adhèrent àces objectifs. Certains sites menacés fontl'objet de conventions de gestion, d'autresnécessitent une acquisition ; le Conserva-toire du littoral est donc associé pouracquérir des terrains dont la gestion feral'objet d'un conventionnement précis.

Aujourd'hui, cette équipe d'élus adémontré qu'une petite commune ruraleaux moyens techniques et financiers très li-mités, a la capacité de s'investir et demener à bien, en concertation, un projetambitieux de gestion d'une zone humide.

J. Jalbert

3 POS : Pland'occupation des sols

4 Zone ND : Zonenaturelle à préserver

5 ONG :Organisation nongouvernementale

6 DIREN : Directionrégionale de

l'environnement

Contact :G. Peyre de

Fabrègues, Mairie,34400 Saint-Nazaire-

de-PézanTél. 04 67 71 05 80

ZH COLLECTIVITES LOCALES ET ZONES HUMIDES

Quand un maire s'occupe du devenir du marais :le cas d'Amure (79), commune du Marais poitevin

1 DDE : Directiondépartementale del'équipement

2 POS : Plajid'occupation des sols

Contact :Jean-Jacques Guillet,Mairie, 79210 AmureTél. 05 49 35 04 95Fax. 05 49 35 05 06

La commune d'Amure abrite 350 habi-tants pour 1 470 ha ; le territoire commu-nal comprend deux marais : un au nord(marais d'Amure), en continuité du village,fait partie des marais mouillés de la SevréNiortaise ; l'autre au sud (marais de LaGorre) est en liaison avec la vallée de laCourance.

Les haies bousculées et arrachées

Depuis trois ans, la nouvelle équipe mu-nicipale a clairement affiché sa volonté detravailler pour récupérer le patrimoine pay-sager et bâti de la commune. En effet,l'équipe précédente, en douze ans, a vendumairie, école, lavoirs pour financer les tra-vaux de recalibrage des ruisseaux, l'instal-lation de barrages, la réalisation dechemins agricoles afin d'accompagner lestransformations agricoles vers l'agrandisse-ment des surfaces, le drainage puis ledéveloppement du maïs irrigué.

Un état des lieux du marais d'Amure aété réalisé par l'équipe municipale : occu-pation du sol et propriétaires ont étérecherchés. Le marais comprend aujour-d'hui 1/3 de peupliers, 1/3 de jardins, 1/3de prairies et quelques parcelles en maïs.Les "prés hauts mouillants" entre le villageet le marais ont été transformés en maïs etles haies ont été bousculées ou arrachées.

L'enjeu pour cette nouvelle équipe muni-cipale a été de stopper l'accaparement desterres du marais par deux seuls acteurs :les populiculteurs au nord et les maïsicul-teurs au sud. En effet, une douzaine depersonnes recherchaient des terres en ma-rais soit pour les prairies soit pour les jar-dins sans que cela puisse aboutir. Aprèsdiscussions avec les propriétaires, en troisans, la commune est intervenue sur unevingtaine de parcelles placées de manièrestratégique ; elle en a acquis trois. Le ma-rais a été ré-investi par l'ensemble de lapopulation locale et les touristes. Parallèle-ment, grâce aux "Grands Travaux", lesfonds européens et ceux du Conseil généraldes Deux-Sèvres, le port d'Amure a étérestauré, les conches ont été curées (5 kmde linéaires) et des chemins piétons/vélosaménagés. Une barque a été achetée par lacommune pour être mise à disposition ;depuis, grâce à la remise en état desconches et à la réouverture de l'espace, le

poisson est revenu et douze barques circu-lent dans le marais. Les habitants se sontréapproprié le lien. Les anciens témoignentde leur satisfaction : "le marais, on voitque tu t'en occupes. Je ne pensais plus levoir comme cela".

Le marais réinvesti par la population

Cette nouvelle ouverture du marais setraduit également par la création d'une pas-serelle sur la conche qui sépare les deuxcommunes voisines Amure et Saint-Geor-ges : "c'était aussi une révolution de poserune passerelle entre les deux communes ;il a fallu discuter sur trois sites avant detrouver un accord". Le travail sur les par-cours en boucle dans le marais, nécessairespour développer le tourisme, se fait tou-jours lentement en concertation avec lespropriétaires des parcelles.

La gestion des niveaux d'eau dans le ma-rais nouvellement entretenu est devenueune affaire communale : le maire transmetles souhaits au service de la DDE1 qui gèreles barrages alimentant ce secteur. "Auprintemps, maintenant, nous pouvons gar-der un niveau d'eau plus satisfaisant".

Sur le plan du paysage, la commune s'estprémunie de la destruction du réseau dehaies en intégrant sa description et saprotection dans le POS2. Parallèlement,plus de 5 000 arbres ont été replantés endeux ans : haies arbustives des prés hautsou frênes têtards des marais.

Les projets continuent d'émerger au seinde la commune'pour ré-ouvrir le marais, lefaire connaître et accueillir les touristes.Depuis le gîte communal, restauré, un sen-tier pour rejoindre le marais va être créé ;ce sentier sera équipé d'une sîgnalétiquesur les plantes, les arbres et les arbustes.

"Si ce travail important réalisé sur unsecteur d'environ 150 hectares a valeurd'exemple, il faut surtout rester conscientque l'avenir paysager et économique d'unezone humide comme le Marais poitevindépend d'abord d'une occupation du sol enéquilibre avec le milieu tant sur le maraishumide et desséché que sur les bassins ver-sants."

Témoignage de J.-J. Guillet,maire d'Amure,

recueilli par L. Callens

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Les zones humides de l'étang de Bolmon (13)reconquête en plein bassin industriel et urbain

Situé au sud de l'étang de Berre (Bou-ches-du-Pvhône), à 15 minutes de Marseille,sur le territoire des communes de Chateau-neuf-les-Martigues et Marignane, l'étang deBolmon et ses marais périphériques sont lazone humide la plus vaste (800 ha) et laplus diversifiée des rives, de l'étang deBerre. Le Bolmon est aussi la plus dégra-dée des lagunes méditerranéennes françaises.

Le bassin versant de l'étang de Bolmonest très urbanisé : près de 1 000 ha dezones d'activité, deux autoroutes, un aéro-port international, près de 150 000 habitantset seulement une station d'épuration auxnormes européennes (traitement tertiaire etabattement des nitrates et phosphates) alorsque trois autres sont vétustés et sous-di-mensionnées. Tout ceci explique l'état criti-que de cet étang.

Des opérateurs publics et privés semobilisent

En 1991, les communes de Marignane etCMteauneuf-les-Martigues, sous l'impul-sion d'Emile Legier, élu, ardent défenseurdes étangs, créent le Syndicat intercommu-nal du Bolmon et du Jaï (le Udo séparantle Bolxaon de l'étang de Berre) (SffiOJAI),dont les missions sont la lutte contre lapollution de l'étang et contre l'érosion desdunes du Jaï.

En 1992, le Conservatoire du littoralrachète la moitié ouest du Bolmon (300 ha)à une Société civile immobilière. En 1993,l'entreprise TOTAL cède gratuitement auConservatoire du littoral les 117 ha des ma-rais de Paluns-Barlatier, situés au sud del'étang de Bolmon. La même année démar-re le programme européen MedWet quipermettra la réalisation d'un état des lieuxdes zones humides de l'étang de Berre etde l'étang de Bolmon. Face aux enjeux im-portants, les quatre propriétaires du site(les communes de Châteauneuf-les-Marù'-gues et de Marignane, le Conservatoire dulittoral et l'entreprise TOTAL) se rappro-chent et délèguent la gestion du Bolmon etdes espaces périphériques au SIBOJAI.

A partir de 1995, un apport financier dedivers partenaires publics et privés (lescommunes, le Conseil général des Bouches-du-Rhône et le Conseil régional PACA3, leprogramme européen MedWet et le minis-tère de l'Environnement, TOTAL Raffine-rie de Provence et la Fondation

d'entreprise TOTAL) permet au SEBOJAIde recruter un gestionnaire de site. LeConservatoire du littoral et le SIBOJAIfont réaliser, en concertation avec les usa-gers, un plan de gestion des 800 ha du site.

Un plan de gestionen concertation avec les usagers

Le plan de gestion du Bolmon prévoit,conformément aux objectifs généraux duConservatoire du littoral :

- la préservation et l'amélioration ducaractère naturel et paysager du site ;

- le maintien ou l'amélioration du poten-tiel biologique du site (faune et flore) ;

- l'ouverture au public dans la mesure oùcelle-ci est compatible avec le maintien del'intérêt biologique du site.

Ces objectifs généraux sont décUnés en21 objectifs et 50 opérations.

Environ 40 de ces opérations sont relati-vement aisées à réaliser car les principauxacteurs concernés sont soit propriétaires ougestionnaires, soit usagers du site (prome-neurs, chasseurs, association de protectionde l'environnement). La forte imph'cationde tous n'évite pas de passer par une né-cessaire concertation préalable à touteréalisation. Après 3 ans de "vie commune",12 opérations ont été mises en place. Ds ' agit principalement de la gestion desespaces naturels périphériques du Bolmon ;gestion hydraulique avec maintien desassecs estivaux caractéristiques des maraisméditerranéens, lutte contre le botulisme,constitution d'îlots pour l'avifaune, gestionpérenne du pâturage, aménagements pourl'accueil du public, limitation de la fré-quentation dans les espaces sensibles, etc.D'autres opérations (22) ont été engagéeset sont plus ou moins avancées, en particu-lier la négociation des conventions avec lesusagers, éleveurs, chasseurs, etc...

Un des principaux enjeux qui avait justi-fié la création du SIBOJAI, à savoir l'amé-lioration de la qualité des eaux du Bolmon,a aussi été intégré dans le plan de gestiondu site. Parmi les 15 opérations prévues,seulement 3 incombent au SIBOJAI et auConservatoire du littoral. Toutes les autres,qui visent à l'amélioration de la qualité deseaux qui se déversent dans le Bolmon,devraient être réalisées par les acteurs dubassin versant : mise en conformité desstations d ' épuration, traitement des eaux

3 PACA :Proven ce-Alpes-Côte

d'Azur

ZHInfos COLLECTIVITES LOCALES ET ZONES HUMIDES

Contact : Luc Brun,SBBOJAI, Mairie deChâteauneufj13220 Châteauneuf-les-MartiguesTél. 04 42 10 91 00Fax. 04 42 10 91 07

provenant des zones d'activité, limitationde tous les apports en phosphore, etc.). Lacomplexité des problèmes, la quantité et ladiversité des acteurs, le coût des travauxpouvaient laisser croire que peu d'amélio-rations allaient être apportées.

Le Syndicat intercommunal de larivière Cadière développe l'actionà l'échelle du bassin versant

La Cadière est la rivière par laquelletransitent toutes les pollutions du bassinversant vers le milieu récepteur : l'étangde Bohnon. Le Syndicat intercommunal dela Cadière (SIC) regroupe les cinq commu-nes du bassin versant Une seule communeappartient aussi au SIBOJAL Le SIC, dontl'objectif était l'aménagement de la rivière

pour lutter contre les Inondations, a rajoutérécemment deux objectifs majeurs : laréhabilitation des milieux aquatiques etl'amélioration de la qualité des eaux de larivière. Le SIC vient de faire appel trèsrécemment au SD3OJAI pour élaborer encommun et en concertation avec les servi-ces de l'Etat et l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse, un contrat de rivièreintitulé "Contrat de rivière Cadière - Etangde Bobuon". Les objectifs de qualité duConservatoire du littoral et du SIBOJAIont été intégrés dans ce contrat de rivière -étang, il sera alors possible d'espérer queles réalisations nécessaires à la réhabilita-tion de l'étang de Bohnon deviennent réali-té.

L. Brun,Syndicat intercommunal Bolmon-Jaï

L'engagement des collectivités territorialesautour des Basses vallées angevines

Extraits del'intervention deMadame MoniqueBonhomme, mairede Canteuay-Epioard (49460),vice-présidente dudistrict del'agglomérationangevine, lors dncolloque organisépar le Ministère del'Environnement etle CNRS :"Ecologie etnouveau mode degestion duterritoire", auForum des Maraisatlantiques,Rochefort,septembre 199»

1 DDAF : Directiondépartementale del'agriculture et de laforêt

2 OGAF :Opération groupéed'am énagementfoncier

Situées à la confluence de trois rivières :la Sartne, le Loir et la Mayenne, formantainsi la Maine qui traverse Angers avantde se jeter dans la Loire, les prairies desBasses vallées angevines couvrent un terri-toire d'environ 4 500 ha (presque 7 000 sion prend au plus large). Ce sont de vastesétendues, libres de tout endiguement, auxaltitudes très basses, variant de 14 m enaval à 19 m en amont et qui offrent, de cefait, la particularité d'être submergées àpeu près 100 jours par an de novembre àmai (parfois juin). Ecréteur des crues, cemilieu façonné par l'homme depuis le XIIe

siècle ne peut subsister que grâce à sonintervention, les pratiques de pâturage et defauche tardive étant indispensables à sonmaintien. Ce milieu constitue un biotope devaleur reconnue "zone humide d'importan-ce internationale" (site Ramsar).

La richesse de la région

A la fin des années 1950, quand je suisvenue m'installer à Cantenay-Epinard, ces"prés bas", dits encore "communs" ou "labaillie", étaient la richesse de la région,consacrée en grande partie à l'élevage.Avec l'évolution des pratiques agricoles,nous avons dû constater, peu à peu, l'aban-don de ces prairies ; ce qui signifiait, àcourt terme, la disparition du milieu pardéprise agricole.

Un autre danger est apparu : en effet,vers les années 70, des investisseurs, le

plus souvent extérieurs à nos communes,intéressés par le faible prix du foncier etles avantages fiscaux offerts par l'Etat,sont venus planter des peupliers qui pous-sent bien dans ces zones humides. Trèsrapidement, la populiculture a été regardéecomme le moyen financier de faire faceaux impôts restés élevés sur ces zones quirapportaient, pourtant, de moins en moins.Même les communes n'ont pas échappé àla tentation !... C'est d'ailleurs l'une desprincipales raisons de mon engagementdans la vie municipale en 1983.

H n'y avait donc plus que deux solutionspour sauver ce poumon vert aux portesd'Angers et sauvegarder notre identitérégionale : redonner aux agriculteurs, trèsattachés à leurs prairies, les moyens de lesgarder et de les entretenir ; et, sinon inter-dire, au moins arrêter le développementanarchique des peupliers.

Mise en place de procédures adaptées

Et ce fut cet énorme chantier, conduitavec la DDAF1 et la chambre d'Agriculture,les services de l'Etat, les agriculteurs, lesélus du Conseil général et des communes,et toutes les associations (pêche, chasse,environnement, populiculture). Après deuxannées de travail, de discussions, d'échan-ges quelquefois un peu vifs, l'OGAF2 desBasses vallées angevines prenait son essor !L'arrêté préfectoral, signé en avril 1993, aconduit à la mise sous contrat de 2 500 ha.

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Restaient les boisements ! La réglementa-tion des boisements vient seulementd'aboutir après, là aussi, de nombreusesréunions de travail. Un document cartogra-phique distingue trois zones :

- zone interdite de plantation : 50 % ;- zone autorisée ; 25 % ;- zone réglementée : 25 % ; c'est pour

cette dernière zone que le bât blesse car lemaire de la commune ne peut donnerqu'un avis consultatif î

D'autre part, il faudra sur le métierremettre l'ouvrage, puisque, d'après lecode rural, l'interdiction de boisements n'aqu'une durée de 6 années.

Coup de tonnerre

L'OGAF, au succès croissant, semblaitvouée à un renouvellement quasi automati-que. Pourtant, coup de tonnerre dans unciel serein, on apprend en 1997, année bu-toir de cette première phase que le renou-vellement ne se ferait pas, faute definancements de l'Etat français, les fondseuropéens, à hauteur de 50 % étant recon-duits. Et c'est alors qu'on a pu mesurer lechemin accompli...

Le Conseil général, la profession agrico-le, les communes et le District de l'agglo-mération angevine, alertés, entrent en lice,soutenus par le préfet de Maine-et-Loire.Les délibérations prises, les courriers trans-mis ne semblant suffire, une délégationavec un représentant de FADASEA?, unreprésentant de Conseil général, un repré-sentant de la ville d'Angers et, moi-même,représentant le District, est reçue, le 21 oc-tobre 1997, au ministère de l'Agriculture.Elle annonce F engagement financier duConseil général, à hauteur de 250 000 F/an,celui de la Communauté de communes deTiercé, à hauteur de 75 000 F/an, et celuidu District à hauteur de 250 000 F/an.Suite à cet entretien, un audit, afin d'éva-luer l'impact des 5 premières annéesd'OGAF, est lancé et début 1998, c'estMonsieur le ministre de l'Agriculture enpersonne qui viendra à Angers, signer lerenouvellement de l'OGAF, baptisée depuisopération locale agri-environnementale.

Une politique de solidarité ville-campagne

Ce qu'il y a de nouveau dans toute, cettedémarche, c'est d'abord l'implication desélus .et cette prise de conscience de l'im-portance d'un patrimoine naturel à défen-dre et renforcer si nécessaire. L'évolutionest nette, je n'oublie pas que voilà 15 ans,

Canteuay-Epinard a bien failli voir sesprairies, qui font le charme de l'entrée dubourg, se transformer, soit en un pland'eau pour les loisirs du dimanche, soit enune vaste peupleraie qui aurait dénaturé àjamais le site sous le simple argument qu'ilfallait gérer, donc rentabiliser cette grandesurface communale ! Implication qui a étémanifeste aussi dans les différentesréunions de travail de l'OGAF et qui a vusa concrétisation au sein du District del'agglomération angevine, qui a accepté devoir la commission "Espace verts" avec encharge au départ 5 parcs urbains et de loi-sirs, se transformer, depuis 1995, en uneCommission aux compétences élargiess'orientant vers l'environnement, les paysa-ges, l'agriculture... La preuve en est cetteparticipation financière du District pour ob-tenir le renouvellement de l'OGAF qui aété votée à l'unanimité. C'est l'engagementdans une politique de solidarité ville-cam-pagne, toute nouvelle, qui s'est alors amor-cée ! Orientation qu'on vient de confirmerpar l'entrée du District, avec financementsà la clé, dans un FDD4 péri-urbain que -nousmenons avec la Chambre d'agriculture sur13 communes du secteur ouest d'Angers.

Cet engagement se devait d'être pérenni-sé et c'est chose faite, puisque nous tra-vaillons, depuis bientôt 3 ans, au District,en liaison avec des communes ou Commu-nautés de communes extérieures, à la créa-tion d'un grand sentier de randonnée :boucle de 100 km sur laquelle se grefferont250 km de boucles annexes avec équipe-ments : observatoires à oiseaux, belvédère,aires de pique-nique et de halte, passerellesà restaurer etc.... Sentier de pays, relié ausentier des mariniers (Nantes - Angers parla Loire), .et qui aura pour but, après sonouverture en juin 1999, de faire découvriret de valoriser, tant sur le plan économiquequ'écologique, ces Basses vallées angevinesqui sont la richesse, l'originalité, l'identitéde notre région.

Pour conclure, il nous reste à souhaiterun engagement aussi durable de F Etat etde l'Europe dans une politique où paysageset environnement trouveront toute la placequ'il est temps de leur accorder. Sousquelles formes ? Avec quelles aides auxagriculteurs ? C'est maintenant qu'il nousfaut y réfléchir (2002 sera vite arrivé !) etil est certain que les collectivités locales,seules, malgré leur bonne volonté, ne pour-ront y suffire.

M. Bonhomme,Maire de Cantenay-Epinard (49)

3 ADASEA :Association

départementale pourl'aménagement des

structures desexploitations

agricoles

4 FDD : Plan dedéveloppement

durable

Contact : MadameMonique Bonhomme,

Mairie, 494*0Cantenay-Epinard

Tél. 02 41 32 13 26

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L'intérêt des collectivités localespour les zones humides

Quelques réflexions sur les discours des élus locaux

Apparemment, un nombre de plus en plus important d'élus locaux, maires, conseillers •municipaux, généraux ou régionaux est dorénavant préoccupé par la protection des zoneshumides situées dans les espaces dépendant de leur juridiction. Les entretiens présentés dansce numéro en font foi.

Selon leur localisation géographique, ces zones humides peuvent être soit des maraisdoux, soit des prairies inondables, des tourbières, des marais côtiers, des étangs de toutetaille, voire des zones d'étangs. Que cela concerne trois hectares ou quelques milliers, cesouci de préservation s'appuie sur un argumentaire somme toute assez cohérent. Cetargumentaire dorénavant bien étayé présente deux caractéristiques qui méritent attention :

- Au-delà de la diversité des cas, des situations écologiques, des situations sociales etéconomiques contemporaines, de l'histoire de la mise en valeur de ces territoires, les élusposent la question de la sauvegarde de leurs zones humides en rupture totale avec lesdiscours préservationnistes que l'on pourrait qualifier de "fondamentalistes" qui ont prévaludans les dernières décennies.

Beaucoup plus moderniste, leur objectif de protection s'appuie de façon assez unanimesur les nouveaux idéaux de gestion intégrée ou durable, sur la recompilation de l'homme etde son environnement L'homme, nécessairement destructeur ou malfaisant, qu'il fallait àtout prix exclure de ces espaces protégés, a laissé la place à un homme conscient capabled'inventer de nouvelles formes d'usages des ressources naturelles qui ne remettent pas encause leur renouvellement.

- L'autre caractéristique essentielle de ce désir de protection repose sur un souci deconcertation et sur l'idée qu'on ne protège pas la nature par décrets. Un rninimumd'unanimité et de concertation locale semble, pour ces élus, préférable à des restrictionsd'accès et d'usages imposées à leurs concitoyens. L'intériorisation des normesprotectionnistes leur semble plus efficace qu'un système de sanctions juridiques imposéesde l'extérieur.

n reste cependant à savoir quelle est l'exacte importance de ces nouvelles politiqueslocales vis-à-vis des zones humides dans l'immense tissu des 36 000 communes duterritoire national. Certes, toutes n'ont pas de zones humides ou n'en ont plus, mais il seraitbon de pouvoir disposer d'une image plus complète que celle, peut-être abusivementoptimiste, qui transparaît de réchantillon présenté dans ce numéro.

Un sondage national et un suivi de cette question ne seraient pas sans intérêt à la foispour l'écologie et pour l'analyse de l'évolution des politiques publiques concernant laprotection de l'environnement,

Une autre observation mériterait sans doute de plus amples développements : la plupartdes maires qui affichent une politique de préservation des zones humides déclarent être denouveaux élus. Ce constat renvoie à la question de savoir si ces nouveaux élus sontreprésentatifs de nouveaux groupes sociaux plus environnementalistes, voire plus "verts"que certains groupes plus traditionnels ? Autrement dît, il ne serait pas inintéressant desavoir si les communes ou cantons porteurs de telles tentatives ou de telles entreprises deprotection des zones humides ont vu leur population se modifier (apparition de néo-ruraux,ou de nouvelles couches sociales), ou bien si, tout simplement, l'idée environnementale faitdoucement son chemin dans les mentalités locales.

Un champ de recherche en sciences sociales et en sciences politiques pourrait s'ouvrirrapidement sur ces deux dernières questions.

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A la lecture des interviews, on reste, en effet, sur sa faim en ce qui concerne leschangements sociaux ou mentaux qui accompagnent ces politiques locales de préservationdes milieux humides ainsi que sur l'importance exacte du phénomène au niveau national,voire européen.

En effet, les dispositifs mis en place par les élus ont la particularité de s'appuyernotablement sur les différentes mesures européennes concernant l'environnement rural :mesures agri-environnementales, réseau Natura 2000, programme Life1, etc.,.

H semblerait que les zones humides, sur un plan plus institutionnel, après avoir été géréespar les sociétés paysannes dans des objectifs d'autoconsommation ou de production, et aprèsleur abandon et une phase de désintérêt de la part des instances nationales ne devront leursurvie et leur entretien que dans le cadre européen en prise directe avec les élus de terrain.Tous ces élus ne manquent pas de noter que la protection seule n'est pas suffisante etqu'une gestion est nécessaire. Us sont demandeurs de "plan de gestion". Les nouvellesdonnes de la PAC2 tendant à Fextensivité et à la qualité des productions leur apparaissentalors comme une aide précieuse.

Le lexique utilisé par ces élus est symptomatique de toutes ces tendances. Us ontconscience des problèmes posés par les dérives intensificatrices d'une agriculture favoriséepar la déprise de l'agriculture traditionnelle. Drainage, maïsiculture, populiculture sontperçus comme autant de dangers. Reconnaissant que les milieux ont été souvent façonnéspar l'homme, ils pensent que leur préservation passe maintenant par des formes de multi-usages favorisées par le dialogue et la concertation entre acteurs, par ranimation et lasensibilisation.

Cette préservation est envisagée comme un support au développement local L'oppositionentre préservation et développement éonomique relève, pour eux, du domaine du passé. Desemplois-jeunes sont évoqués à propos des mesures de protection, il s'agit de réinvestir lesmarais et d'en faire non seulement des patrimoines naturels mais aussi des patrimoineshistoriques. Les oiseaux sont très fréquemment convoqués comme emblèmes pouvantfavoriser Féclosion d'un écotourisme de qualité.

De supports d'activités primaires en support d'activités tertiaires, cette transformation dela vocation des zones humides traduit de la part des élus une égale répulsion vis-à-vis del'agriculture intensive que du tourisme de masse.

Leur ambition est apparemment de vouloir établir un trait d'union entre activitéstraditionnelles, écotourisme mais aussi éducation à l'environnement. Si donc la sauvegardede ces milieux apparaît pour les élus comme un enjeu patrimonial, paysager, éducatif et dedéveloppement local, il est peu fait mention des zones humides en termes fonctionnels, oubien en termes d'infrastructures naturelles. Sont absentes de leur plaidoyer les fonctionsd'écrétage des crues, de rétention de nutriments, de recharge des nappes, de filtration deseaux, etc... Leur argumentation semble pour le moment plus paysagère qu'écologique... debeaux projets de formation et de communication entre professionnels de l'environnement etélus en perspective !

B. Picon

1 Life :L'instrument

financier pour1 ' environnement

2 PAC : Politiqneagricole commune

Contact ;Bernard Picon,

CNRS-DESMID,1, rue Parmentîer,

13200 ArlesTél. 04 90 93 86 66Fax. 04 90 96 07 99

Une association pour les élus en zones humides

Le 24 novembre dernier s'est constituée au Sénat, à l'initiative de Jean-François Le Grand, Séna-teur de la manche, l'Association nationale des élus des zones humides (AJVEZH), dont le siègese situe au 41 quai d'Orsay à Paris (75007).Ses buts principaux sont :- le regroupement des élus locaux et des collectivités territoriales des zones humides ;- la représentation et la défense des intérêts matériels et moraux de ses membres notamment au-près des pouvoirs publics ;- l'étode des problèmes particuliers qui se posent aux collectivités et aux organisations profession-nelles desdites zones ;- l'établissement des relations internationales pour faciliter l'activité de ses membres et leurpermettre de confronter leurs problèmes et expériences avec leurs homologues étrangers ;- rinformation et la formation de ses adhérents.

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ZHInfos INFORMATIONS NATIONALES

Contact : IFEN,Observatoirenational des zoneshumides,61, bd AlexandreMartin, 45058Orléans Cedex 1Tél. 02 38 79 78 78Fax. 02 38 79 78 70

1 DIREN : Directionrégionale del'environnement

2 CSP : Conseflsupérieur de lapêche

3 ONC : Officenational de la chasse

4 SDAGE : Schémadirecteord'aménagement etde gestion des eanx

Contact : DominiqueAribert, DIRENPays de la Loire,75, rue des Françaislibres, EP 10437,44204 Nantes CedexTél. 02 40 99 58 00Fax. 02 SI 88 93 11

Observatoire national deszones humides (ONZH)

Un atlas et une première réunionthématique

Une version zéro de l'Atlas des zoneshumides de l'Observatoire est parue en no-vembre 1998. Ce document de travail, éta-bli sur une base de 61 sites (sur les 104retenus pour l'ONZH), a été remis à l'en-semble des membres du réseau de l'ONZH.

Des réunions thématiques pour chacundes cinq grands types de zones humidessont prévues, pour aborder les questions deméthode que soulève la réalisation de cetexercice : l'harmonisation des définitionsdes périmètres d'observation par type dezones, la numérisation des contours rete-nus, la pertinence de la validité des don-nées et des échelons d'observation, lesreprésentations cartographiques.

Une première réunion du réseau del'ONZH pour les zones humides du littoralatlantique (de la Bretagne à l'Aquitaine) ad'ores et déjà eu heu le 26 novembre 1998,regroupant les correspondants régionaux,locaux • et les établissements publics, aucours de laquelle cette version 0 a été dis-tribuée et discutée.

Les remarques et compléments issus deces réflexions permettront d'élaborer laversion complète, améliorée et diffusable,prévue pour le second semestre 1999.

Formation

La DIREN1 Pays de la Loire a organiséle 1er décembre 1998 a Nantes une journéede formation sur les zones humides à l'at-tention des agents de l'Etat et des collecti-vités territoriales, ainsi que pour lespersonnels chargés de la police de l'envi-ronnement au CSP2, à l'ONC3 et dans lesgendarmeries. Plus de 180 personnes ontparticipé à la journée, animée par EricBinet, directeur régional de l'environne-ment.

Les thèmes développés ont été :- le fonctionnement écologique des zones

humides ;- leur valorisation économique par la pis-

ciculture et l'agriculture extensives ;- l'impact des aménagements en zone hu-

mide ;- le SDAGE4 Loire-Bretagne et la loi sur

l'eau ;

- les actions de l'Agence de î'eau pourles zones humides ;

- la présentation du plan d'action gouver-nemental en faveur des zones humides.

Cette journée a été très appréciée desparticipants et nous devons ce succès à laqualité des intervenants.

D. Aribert

Marais poitevin :De nouvelles propositionspour sa sauvegarde

En mai 1998, Madame Voynet, ministrede l'Aménagement du territoire et de l'En-vironnement, demandait à Monsieur GilbertSimon, inspecteur général des Ponts etChaussées, de proposer "un programmed'actions destiné à arrêter l'érosion desdernières zones de marais et rétablir lesgrands équilibres des marais afin d'assurerun fonctionnement durable de l'écosystè-me". Le 18 décembre dernier à Poitiers, M.Gilbert Simon présentait les conclusions deson rapport "pour sauver le Marais poite-vin".

Basé sur un nombre important decontacts locaux, le rapport établit un dia-gnostic et envisage des actions volontaristesdans les secteurs majeurs que sont l'agri-culture et la gestion de l'eau, mais aussidans d'autres domaines tels que la mytili-culture, la populiculture, la chasse, laprotection et la gestion du paysage.

Chacun est désormais d'accord sur lediagnostic. La destruction de la zone humi-de est une réalité : 50 % des prairies hu-mides ont disparu au cours de ces vingtdernières années. La nécessité de sauver lemarais s'impose car ce sont les fonctionsdu marais, utiles pour F environnement etpour l'économie du territoire (stockage descrues, recharge des nappes phréatiques,fixation et transformation des éléments nu-tritifs, dégradation des polluants, alimenta-tion et reproduction des poissons,fourniture d'un paysage apprécié, habitatspour une faune et une flore remarquables),qui sont progressivement menacées de dis-parition.

Les actions déjà entreprises permettentseulement d'espérer sauvegarder un petitensemble k vocation essentiellement touris-tique autour de la Venise verte. Seuls

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PUBLICATIONS ZH

d'importants efforts dans les domaines del'agriculture et de la gestion qualitative etquantitative de la ressource en eau permet-traient la reconquête d'un vrai écosystèmede milieux humides.

Ainsi, une réduction des prélèvementsd'eau pour l'irrigation par l'ensemble dubassin versant (620 000 ha) est souhaita-ble ; la généralisation des compteurs volu-métriques accompagnés de contrôles et lalimitation de nouveaux forages et des sur-faces irriguées permettrait d'aller dans ces ens. La modification des critères degestion des niveaux d'eau accompagnée lo-calement par une maîtrise du foncier inon-dable doit également faire l'objet d'unelarge concertation,

Dans le secteur agricole, G. Simonpropose deux mesures qui lui paraissent denature à garantir une intégration durable del'élevage extensif dans les schémas d'ex-ploitation et donc le maintien des prairies :le relèvement des primes à l'hectare pourla conservation des prairies naturelles etl'allongement des contrats passés avec lesagriculteurs. Ces propositions seront étu-diées en particulier dans le contexte de laréforme de la PAC5 et de la mise en oeu-vre des CTE6.

Enfin, G. Simon préconise la créationd'une structure de concertation "inter-SAGE7" couvrant la totalité du marais etréunissant les collectivités, les profession-nels et les associations.

Les prochains contrats de plan Etat-Ré-gion fourniront un cadre favorable pour ladéfinition d'un programme ambitieux desauvetage du Marais poitevin. DominiqueVoynet souhaite qu'une concertation appro-fondie s'engage en ce sens sur les pistestracées par le rapport.

Communiqué de presse,ministère de TEnvkonnement, 18/12/98

Le lac de Grand Lieu

La SNPN vient de publier un numérospécial de sa revue Le Courrier de la Na-ture, consacré au lac de Grand Lieu.Ce document de référence présente lesparticularités biologiques du lac, maissurtout un bilan du plan de sauvetageinitié en 1992 et du programme Life quis'achève. Prix : 32,50 F.Contact : SNPN, 9, nie Cels, 75014Paris - Tél. 01 43 20 15 39

Publications

1- Les estuaires françaisEvolution naturelle et artificielle

En novembre 1997, un séminaire nationalréunissait à Paris les représentants desdifférents organismes impliqués dans lagestion des estuaires français. Les actes dece colloque, publiés par TIFREMER8,rapportent les exemples concrets d'actionsconduites pour protéger ou revaloriser deszones d'intérêt biologique et proposent desstratégies pour mieux gérer l'aménagementet le maintien d'un fonctionnement natureldes estuaires. Prix : 220 F.

2- Les milieux aquatiques en images

Le film "Eaux vives du Massif Central,pour que vivent les rivières" fait découvrirla richesse et la qualité des milieux aquati-ques de F Auvergne et du Limousin àl'amont des réseaux hydrographiques :lacs, tourbières et surtout ruisseaux et peti-tes rivières, royaume de la truite fario etde Fécrevisse à pieds blancs.

Après avoir montré les splendides paysa-ges où s'écoulent ces eaux vives et la.faune sauvage qui les habite, les imagesposent la question des diverses agressionsdont ils sont victimes : multiplication desétangs, drainage et recalibrage.

Ce film, réalisé par Christian Bouchardyet Yves Boulade, est un appel à la sauve-garde de ces milieux aquatiques fragiles,mais aussi à la préservation d'une ressour-ce en eau vitale pour l'homme.

Destiné au grand public, ce film existe enversion courte (10 m imites) et en versionlongue (42 minutes). Il peut donc d'unepart servir de support pédagogique pourdes actions de formation et, d'autre part,être facilement utilisé comme supportattractif d'information et de sensibilisationà la préservation des milieux aquatiques.

3- Découvrir les zones humides

C'est le titre d'un dossier de 14 pages in-clus dans le numéro de juillet-août 1998 dumagazine "Alternative Santé - L'impatient".La carte des 87 zones humides d'importan-ce majeure du rapport d'évaluation de 1994y est reprise, tandis que quelques sites plus"célèbres" font l'objet d'articles ou d'enca-drés : la Brière, la Brenne, le marais Poite-vin, la Camargue... Et Zones Humides Infosest cité dans les ouvrages à lire...

5 PAC : Politiqueagricole commune

6 CTE ; Contratsterritoriaux

d'exploitation

7 SAGE : Schémad'aménagement et

de gestion des eaux

8 BFREMER :Institut français de

recherche ponrPexploitation de la

mer

Contact 1 ; EditionsIFREMER, BP 70,

29280 PlouzanéTél. 02 98 22 40 13

Fax. 02 98 22 45 86

Contact 2 : Catiche-Productions,

10, rue de BeUevue,63830 Nohanent

Tél. 04 73 60 53 32Fax. 04 73 62 84 07

Contact 3 :Alternative Santé -

L'impatient,11, rue Meslay,

75003 ParisTél. 01 44 54 87 00Fax. 01 44 54 87 09

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ZHInfos

AGENDA

Appel à candidature

L'Agence de l'eau Loire-Bretagnedécernera en 1999 ses premiers tro-phées de l'eau.Six trophées de l'eau seront attribués àdes personnes morales publiques ou pri-vées du bassin Loire-Bretagne pourleurs efforts dans six domaines diffé-rents, dont la gestion des cours d'eau etdes milieux naturels. (Date limite dedépôt des dossiers : 28 février 1999).

Contact : Agence de l'eau Loire-Breta-gne, Secrétariat des trophées de l'eauLoire-Bretagne, BP 6339, 45063 OrléansCedex 02 - Fax. 02 38 51 74 74

10-12 mars 1999Rastatt - ALLEMAGNE2ème colloque international sur le Rhin"SAUMON 2000".Contact : BFG - IHP/OHP-Sekretariat,Postfach 309, D-56003 Koblenz, RFAFax. 49 261 1306 5422

.7-10 juin 1999Clermout-Ferrand - FRANCEGestion durable des zones humides :le cas des tourbières.Contact : Cnarles Cann, ENGREF, Centrede Clermont-Ferrand, Service formationcontinue, Complexe universitaire desCézeaux, BP 90054, 24, avenue desLandais, 63171 Aubière Cedex 9Tél. 04 73 44 07 05

Les opinions émises dans Zones HumidesInfos sont celles des auteurs. Elles n'exprimentpas nécessairement le point de vue du groupe"Zones Humides". Les auteurs conservent laresponsabilité entière des opinions émises sousleur signature.

21-25 juin 1999Clermont-Ferrand - FRANCEEiïtrophisation des eaux.Contact : Charles Cann, ENGREF, Centrede Clermont-Ferrand, Service formationcontinue, Complexe universitaire desCézeaux, BP 90054, 24, avenue desLandais, 63171 Aubière Cedex 9Tél. 04 73 44 07 05

19-21 octobre 1999Angers - FRANCEAménager pour gérer les zoneshumides : politiques et applications.Contact : Manuel Vaucouloux, ENGREF,Direction de la formation continue, 19,avenue du Maine, 75732 Paris Cedex 15Tél. 01 45 49 89 22 - Fax. 01 45 49 88 14

MEMBRES DU GROUPE"ZONES HUMIDES"

J. ALLARDIA. AMEZALG. BALLUG. BARNAUDP. BAZINM.F. BOSSENEEL, CAIXENSL. DUHAUTOISE. de KERAUDYP. HAVETJJVI. HERVIOJ. JALBERTC. de KLEMMA.S. LECLEREA. LOMBARDIM. METAISJ.Y. PESEUXO. SORIAC. THQQEBAUT

Edition et Secrétariat du groupe "Zones Humides" ;

Société Nationale de Protection de la Nature9, rue Gels, 75014 PARISTel : 01 43 20 15 39 - Fax : 01 43 20 15 71

A contacter pour faire paraître toute communication dans Zones Humides Infos

Directeur de la publication : Le président de la Société nationale de protection de lanature, Professeur François Ramade

Zones Humides Infos est publié avec l'aide financière de la Direction de la nature etdes paysages du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement

Publication trimestrielle, Dépôt légal Décembre 1998

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