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retrouver notre journal et bien d’autres articles en ligne sur esr.pcf.fr uN site Pour siNFormer, réaGir, PartiCiPer ! CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherChe XYZ... CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherChe PCF vous abonner ? contribuer ? réagir ? : [email protected] mai 2012 Page 3, amar Bellal La gauche doit renouer avec l’idée de progrès Page 7, Joselito Les politiques immobilières universitaires Page 9, Florian Daspre École nationale des travaux publics d’État et aménagement du territoire Page 11, élections législatives des personnels ESR et des étudiants s’engagent avec le Front de gauche Page 18, la saga des SHS Profession archéologue : interview de Sophie Garreau réalisée par Dina Bacalexi Page 21, nos propositions en débat Programme du PCF pour l’enseignement supérieur et la recherche, campagne 2012 Page 31, ailleurs sur la ronde boule Page 37, conseils de lectures «La femme Narsès : Comment cela s’appelle-t-il quand le jour se lève comme aujourd’hui et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les inno- cents s’entretuent, mais que les coupa- bles agonisent dans un coin du jour qui se lève ? Le mendiant : Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s’appelle l’aurore ». Jean Giraudoux, Électre (1937) la citation… Nous yV oilà ! Nous souhaitions qu’il dégage, et son gouvernement avec lui. Voilà qui est fait. Des années terribles pour notre pays et l’enseignement supérieur et la recherche sont derrière nous. Des dangers majeurs, des possibles aussi, sont devant nous. Le nouveau gouvernement donne plusieurs signes. Le PS veut à l’évidence gagner les élections législatives et il veut le faire, fait nou- veau, contre la droite. Toute idée de cohabitation paisible semble écartée par ses dirigeants et ses représentants au plus haut niveau de l’État. Mme Fioraso, nouvelle ministre de l’Enseignement supé- rieur et de la Recherche, accumule les symboles qui ne sont pas à prendre avec dédain. Renouer avec les instances démocratiques et représentatives du monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, évacuer l’idée d’assises croupion, comme il semble que c’était la tentation, avant sa nomination, dans les allées proches de F. Hollande, tout ceci est à prendre. L’ignoble circulaire Guéant dis- paraîtra. C’est une traduction des luttes de la communauté scienti- fique. Le Front de gauche a pesé aussi dans ce type de comporte- ment. Sans sa campagne et son apport militant, idéologique, poli- tique et électoral, Sarkozy en serait à commencer d’appliquer le programme de son second mandat. Et maintenant ? Maintenant, toute la gauche est au pied du mur. Maintenant tout commence. Tout ce que le PCF, au sein du Front de gauche, n’a cessé d’affirmer, se vérifie. Si on veut que « l’argent soit un serviteur et non un maî- tre », comme F. Hollande l’a dit pendant la campagne, tout indique que ce ne sera pas un chemin pavé de roses. Aussitôt élu, le nouveau président de la République est parti « négo- cier » avec Mme Merkel. Persuadé que non seulement il trouverait appui auprès de B. Obama (lui aussi en campagne électorale, et fai- sant face aussi à l’« ennemi sans visage »), mais que, parmi les diri- geants de l’UE, on en trouverait de nombreux pour considérer que « l’austérité ne peut être une fin en soi », il doit constater qu’il fait face à un mur. Le peuple grec doit « remplir ses obligations », c’est- à-dire être saigné à blanc ; les peuples de l’Union n’ont pas d’autre voie que « le rétablissement de l’équilibre des finances », la « réduc- tion des déficits », c’est-à-dire la voie de l’austérité sans fin. Voilà ce qu’il a entendu. Pour le moment, aucune ligne n’a bougé chez ses partenaires de l’UE, malgré les apparences d’un additif sur la rendez-vous élections législatives 10 et 17 juin votez, faites voter Front de Gauche !

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CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherCheXYZ...

CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherChe PCF

vous abonner ? contribuer ? réagir ? : [email protected]

mai 2012Page 3, amar BellalLa gauche doit renouer avec l’idée de progrès

Page 7, JoselitoLes politiques immobilières universitaires

Page 9, Florian DaspreÉcole nationale des travaux publics d’Étatet aménagement du territoire

Page 11, élections législatives des personnels ESR et des étudiants s’engagent avec le Front de gauche

Page 18, la saga des SHSProfession archéologue : interview de Sophie Garreau réalisée par Dina Bacalexi

Page 21, nos propositions en débatProgramme du PCF pour l’enseignementsupérieur et la recherche, campagne 2012

Page 31, ailleurs sur la ronde boule

Page 37, conseils de lectures

«La femme Narsès : Comment celas’appelle-t-il quand le jour se lèvecomme aujourd’hui et que tout estgâché, que tout est saccagé, et que l’airpourtant se respire, et qu’on a toutperdu, que la ville brûle, que les inno-cents s’entretuent, mais que les coupa-bles agonisent dans un coin du jour quise lève ?Le mendiant : Cela a un très beau nom,femme Narsès. Cela s’appelle l’aurore ».

Jean Giraudoux, Électre (1937)

la citation…

Nous y Voilà !Nous souhaitions qu’il dégage, et son gouvernement avec lui. Voilàqui est fait. Des années terribles pour notre pays et l’enseignementsupérieur et la recherche sont derrière nous. Des dangers majeurs,des possibles aussi, sont devant nous.Le nouveau gouvernement donne plusieurs signes. Le PS veut àl’évidence gagner les élections législatives et il veut le faire, fait nou-veau, contre la droite. Toute idée de cohabitation paisible sembleécartée par ses dirigeants et ses représentants au plus haut niveaude l’État. Mme Fioraso, nouvelle ministre de l’Enseignement supé-rieur et de la Recherche, accumule les symboles qui ne sont pas àprendre avec dédain. Renouer avec les instances démocratiques etreprésentatives du monde de la recherche et de l’enseignementsupérieur, évacuer l’idée d’assises croupion, comme il semble quec’était la tentation, avant sa nomination, dans les allées proches deF. Hollande, tout ceci est à prendre. L’ignoble circulaire Guéant dis-paraîtra. C’est une traduction des luttes de la communauté scienti-fique. Le Front de gauche a pesé aussi dans ce type de comporte-ment. Sans sa campagne et son apport militant, idéologique, poli-tique et électoral, Sarkozy en serait à commencer d’appliquer leprogramme de son second mandat.Et maintenant ? Maintenant, toute la gauche est au pied du mur. Maintenant toutcommence.Tout ce que le PCF, au sein du Front de gauche, n’a cessé d’affirmer,se vérifie. Si on veut que « l’argent soit un serviteur et non un maî-tre », comme F. Hollande l’a dit pendant la campagne, tout indiqueque ce ne sera pas un chemin pavé de roses.Aussitôt élu, le nouveau président de la République est parti « négo-cier » avec Mme Merkel. Persuadé que non seulement il trouveraitappui auprès de B. Obama (lui aussi en campagne électorale, et fai-sant face aussi à l’« ennemi sans visage »), mais que, parmi les diri-geants de l’UE, on en trouverait de nombreux pour considérer que« l’austérité ne peut être une fin en soi », il doit constater qu’il faitface à un mur. Le peuple grec doit « remplir ses obligations », c’est-à-dire être saigné à blanc ; les peuples de l’Union n’ont pas d’autrevoie que « le rétablissement de l’équilibre des finances », la « réduc-tion des déficits », c’est-à-dire la voie de l’austérité sans fin. Voilà cequ’il a entendu. Pour le moment, aucune ligne n’a bougé chez sespartenaires de l’UE, malgré les apparences d’un additif sur la

rendez-vousélections législatives

10 et 17 juin votez, faites voter Front de Gauche !

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éditoXyZ...

« croissance » qu’on peut penser sans portée.Ils sont loin d’une remise en cause des Pactesjumeaux et scélérats signés par les ci-devantSarkozy et Merkel, loin d’une remise en causede la spéculation sur les dettes ; ils ne sontpas du tout près d’ouvrir la voie pour que laBCE change de statut, qu’elle prête désormaisaux États au lieu de prêter aux banques quiassujettissent par la suite les peuples aux exi-gences meurtrières des marchés financiersjusqu’à la fin des temps.L’histoire sur ce point n’a pas rendu son ver-dict. Le PCF, le Front de gauche, le Parti de lagauche européenne met-tront tout en œuvre pourque les peuples disent leurmot par référendum, àcommencer par la Grèceet la France.Le journal Le Point titraitdès avant les premièresrencontres : « L’austéritéc’est maintenant ! ». Voilàmaintenant Mme Lagardequi, au nom du FMI, osefaire la leçon au peuplegrec…Le front de la finance neconnaît pas de trêve.L’enjeu de la bataille deslégislatives ne se résumepas à la question du rôlede la BCE, de l’avenir despactes Merkozy. Mais ilsen constituent une épinedorsale.Faute de solutions poli-tiques de haut niveau, la déclaration de MmeFioraso devant le conseil scientifique duCNRS, « les caisses sont vides », aurait un goûtque personne à gauche ne veut expérimenter.Beaucoup à gauche, et singulièrement dans laCommunauté académique, ont balancé jus -qu’au dernier moment du premier tour.Sarkozy est chassé, F. Hollande est président.Chacun peut voir que les 4 millions de suf-frages qui se sont portés au premier tour surle candidat du Front de Gauche ont largementcontribué à ce résultat, en dépit des extrava-gances bien-pensantes à gauche qui y voyaientune gêne, un obstacle. Mais maintenant,aucun risque ne peut empêcher quiconque devoter pour donner au Front de gauche, à ses

candidates et candidats, les moyens d’assurerd’importantes mesures marquées par lavolonté de rompre avec une politique dévouéeaux intérêts des milliardaires et des action-naires du CAC 40. Sans doute le PS n’aurait-ilpas de ce fait la majorité absolue à l’Assem -blée nationale. Mais il est urgent de se deman-der si une telle majorité serait la moindregarantie d’une politique de gauche qui n’hési-terait pas à abroger les mesures de tout ordrequi ont coûté tant de souffrances, ces mesuresviolemment antisociales, piétinant des acquisprogressistes qui ont assuré par le passé le

rayonnement de notrepays dans le monde. Oui, ilest urgent de se demandersi on doit poursuivre defaçon plus « apaisée » unepolitique qui considèreque les garanties socialesen France sont « extrême-ment généreuses », ce quiveut dire qu’elles le sonttrop. Battus dans lesurnes, les tenants de lapolitique précédente n’ontrien abandonné, rien com-pris et rien appris. Lesvoilà en guerre contre lemoindre droit démocra-tique, le moindre pas enavant qui mettrait encause une réforme desretraites inacceptable etqui de plus ne résoud rien.La simple idée de créa-tions d’emplois dansl’éducation nationale leur

donne le vertige. C’est pourquoi la défaite dela droite doit être sans appel. L’extrême droitedoit être empêchée par tous les moyens d’êtreprésente à l’Assemblée nationale. Mais cela n’est possible que si les candidateset candidats du Front de gauche sont élu-e-sen nombre.Il est devenu banal de dire à gauche, mêmechez ceux qui sont pour des mesures radicalescontre le capital, que l’élection ne fait pastout. Sans doute le mouvement social dans sadiversité aura-t-il à parler. Mais seul-e-s lescandidates et candidats du FDG, détermi-né-e-s à se battre avec vous, vous donnent lagarantie qu’ils et elles ne lâcheront rien.

Olivier Gebuhrer

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Les sciences, les techniques et le progrès revien-nent en force à gauche par le biais notamment desquestions environnementales, de l’écologie, de l’agri-culture, de l’énergie… Il nous semble donc urgent denous réapproprier les termes du débat et de rappe-ler quelques idées.

La notion de progrès présente deux grands aspects :le premier appartient au champ des idées, de la poli-tique, des valeurs (abolir l’esclavage, le travail desenfants ; éradiquer le racisme ; réduire le temps detravail, penser une sécurité sociale...) et le deuxièmea une dimension scientifique et technique avec la for-midable révolution industrielle survenue au XIXe

siècle suivie par d’autres révolutions (chimie, infor-matique, mécanique, physique, biochimie…). La crédi-bilité du projet de la gauche est conditionnée par l’al-liance entre une volonté politique sur la base de sesvaleurs et la « faisabilité technique » de son projet.

L’ambition politique sans le progrès technique :c’est être condamné à partager la pénurieAu Moyen Âge, l’espérance de vie ne dépassait guèreles 40 ans, la mortalité infantile était très élevée, etles populations étaient à la merci de la moindre épi-démie, et ce du fait d’une médecine rudimentaire.Même une politique progressiste conduite par desmonarques « éclairés », si tant est que de tels monar -ques aient existé, n’aurait pu corriger cette réalitéque de façon marginale. Plus proche de nous, l’Indejusqu’à une période récente connaissait des faminesqui décimaient des millions de personnes. La « révo-lution verte », avec certes des contradictions, a per-mis d’arrêter ce cycle infernal en introduisant destechniques agricoles modernes. Le levier de la tech-nique au sens large (application de la science) est icidéterminant : la volonté politique seule aurait étévaine.

Le progrès technique sans l’ambition politique :c’est la situation que nous vivonsLe progrès est alors surtout synonyme de nouvellesopportunités pour le capitalisme de faire des profits,sans répondre aux besoins sociaux ou aux nouveauxdéfis environnementaux. Les gains de productivitédus aux révolutions des biotechnologies et de l’infor-matique ne servent pas vraiment à diminuer le tempsde travail, mais plutôt à augmenter les marges deprofits à salaire et temps de travail constant ou bienà des applications militaires : la chimie et la biologiepour faire des armes chimiques et bactériologiques,le nucléaire pour propulser des navires de guerre et

fabriquer des bombes atomiques, la génétique pourdéposséder les paysans de leurs semences, breveterle vivant et organiser la pénurie, d’où les tensions surle marché agricole provoquant des famines. Évidem-ment, la chimie et la biologie peuvent aussi faire desmédicaments et sauver des vies, la physique nucléaireproduire de l’électricité et donner de nouveauxoutils à la médecine (imagerie médicale et radiothé-rapie), la génétique augmenter les rendements agri-coles par des sélections de plantes et sortir des paysentiers de la misère : mais pour cela il faut la volontépolitique.

Le rythme des inventions et des découvertes scien-tifiques permet sans cesse d’élever le niveau et l’am-bition des changements à revendiquer dans ledomaine politique. C’est l’augmentation de l’espé-rance de vie et les progrès constants de la producti-vité qui ont permis de rendre possible la réalisationeffective de la retraite entendue comme un nouvelâge de la vie à partir de 60 ans. Cette possibilité aouvert alors l’opportunité d’une bataille politique :celle d’inscrire effectivement la retraite à 60 ans dansla loi en France.

L’enjeu de la maîtrise du progrès et de son orienta-tion est donc au cœur de la lutte des classes, car ilconditionne le niveau des conquêtes sociales futures.Il comporte cependant un « inconfort » : l’inconnu del’avenir. L’exemple du choix dans les dépenses derecherche en est une illustration. Quelle Recherchefinancer ? Doit-on financer uniquement les cher-cheurs dont on est sûr qu’ils vont trouver quelquechose ? Et sait-on vraiment ce que l’on va trouver ?C’est une boutade, mais cette question se rencontredans les débats à gauche alors que ces thèses sur l’ef-ficacité (ou la prétendue inefficacité) de la Recherchesont habituellement défendues à droite souvent pourjustifier des baisses de financement. Faut-il arrêter lesprogrammes de recherche sur le cancer, la maladied’Alzheimer, les thérapies géniques, puisqu’on n’estpas sûr de trouver ? Le domaine médical est le plusévident à défendre car on se sent facilement con -cerné. Pour autant, faut-il arrêter ITER sous prétexteque la faisabilité de la fusion contrôlée est hypothé-tique et que cela semble très éloigné des préoccupa-tions du citoyen lambda ? Ceux qui avancent cesargu ments sont souvent de sincères partisans desénergies renouvelables : savent-ils que c’est très cer-tainement dans la recherche en physique fondamen-tale, en support de programmes comme ITER, que seréaliseront des découvertes ou retombées permet-tant d’augmenter grandement les rendements despanneaux photovoltaïques ou même de stocker mas-

LA GAUCHE DOIT RENOUER

avec l’idée de progrès XyZ...

par Amar Bellal

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LA GAUCHE DOIT RENOUER AVEC L’IDÉE DE PROGRÈS

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sivement l’électricité (ce qui règlerait le problème del’intermittence) ? En fait, la plupart des ruptures tech-nologiques ont été le résultat de recherches en appa-rence « inutiles » et désintéressées ou complète-ment éloignées de leur domaine d’applications initial.

En réalité, le capitalisme doit faire face à plusieursrévolutions liées au progrès scientifique et techni -que, révolutions qui expliquent en partie la gravité etla durée inédites de la crise que nous vivons. Ce sontaussi des défis d’avenir qui obligent la gauche à seressaisir sur ces questions.

Commençons par la révolution dans les biotechno-logies : elle n’en est qu’à ses débuts et nous pouvonsà peine esquisser ses formidables développements àvenir avec la possibilité de créer en laboratoire descellules vivantes. Elle ouvre de nouvelles portes pourdes applications médicales et d’autres que nous neconnaissons pas encore. Mais elle nous amène aussià nous poser des questions éthiques, philosophiques,à changer notre vision de l’avenir, à bousculer nosvaleurs. Elle demande un haut niveau de démocratie.

Voyons ensuite la révolution informationnelle. Ellepourrait permettre un partage sans précédent desconnaissances et une mutualisation des dépenses derecherche à l’échelle du monde : pour cela il faudraitremettre en cause les formes de propriété intellec-tuelle privée complètement dépassées et inefficaces.La Chine, l’Inde et demain le milliard et demi d’Afri -cains vont démultiplier le nombre de chercheurs,d’ingénieurs. Déjà, de 2002 à 2007, le monde s’est vuenrichir de 1,5 millions de chercheurs en plus : on estpassé de 5,8 à 7,3 millions de chercheurs dans lemonde ! Plus de recherche, c’est aussi synonymed’une humanité qui pourrait progresser plus vite,d’une accélération des découvertes. Cela va s’avérerincontournable compte tenu de cette double diffi-culté : répondre d’une part aux besoins des popula-tions dans un contexte de croissance démogra-phique, d’autre part aux problèmes d’environnement.

Mais l’aspect le plus important de la révolution infor-mationnelle est le différentiel toujours croissantentre les dépenses de formation et les investisse-ments en capital matériel. Cette phrase a été écriteavec un traitement de texte à l’aide d’un ordinateurqui, il y a 10 ans encore, était considéré par les USAcomme un « supercalculateur », une arme de guerrevu sa puissance de calcul. À l’époque, l’éventuelle

interdiction à l’exportation de cet ordinateur avaitété envisagée par les autorités américaines. Aujour -d’hui, ce type d’ordinateur est un produit de con -sommation courante. Pour autant, afin de profiterplei nement de ses énormes potentialités, il faudraitinvestir des sommes très importantes pour formerl’être humain qui l’utilise, sinon il en sera réduit à unusage basique. Dépenses en formation très impor-tantes aussi sur les hommes et femmes qui conçoi-vent de telles machines. C’est un vrai problème pourle capitalisme, ce qui appellera une nouvelle rupturestructurelle d’ampleur, à arracher par les luttes dumême niveau que celles de la sécurité sociale encréant, entre autres, une véritable sécurité d’emploiet de formation. Le parallèle avec la sécurité socialeest tout à fait approprié : celle-ci a répondu au besoincroissant des dépenses de santé pour avoir des sala-riés productifs, en bonne santé, pouvant consommersereinement, se projeter dans l’avenir. C’est un para-doxe : la sécurité sociale a été à la fois une défaitepour le capitalisme, mais aussi un moyen de se relan-cer sur de nouvelles bases. On peut dire la mêmechose de tous les autres services publics : défaitepour le capitalisme, mais aussi occasion d’un redé-ploiement plus efficace des forces productives avecdes salariés mieux éduqués, mieux transportés, enmeilleure santé, plus créatifs…

Parlons aussi de la révolution énergétique avec unetendance à la « dématérialisation » (réduction de ladépendance aux combustibles fossiles) accrue del’énergie, grâce aux énergies renouvelables (vent,solaire, géothermie…), mais aussi la fission nucléaire(1kg d’uranium = 10 tonnes de pétrole ; bientôt, avec les réacteurs de génération 4, 1kg d’uranium =700 tonnes de pétrole). Pour la première fois dansl’histoire de l’humanité, il est possible de produirebeaucoup d’énergie avec très peu de matière. Enrevan che, il faut beaucoup de technologie à fortevaleur ajoutée. Cela pose un vrai problème pour lecapitalisme habitué dans ce domaine à des situationsde rente en matières premières (gaz, charbon,pétrole), et pas vraiment désireux de dépenser beau-coup en formation et en salaire à haute qualification.

Où en est-on aujourd’hui à gauche sur toutes cesquestions ? L’affaire Lyssenko1, du nom du célèbrescientifique soviétique, a laissé beaucoup de traces. Etcomme pour beaucoup de sujets, la tentation estgrande de passer d’un extrême à l’autre plutôt qued’avoir un examen réfléchi et d’en tirer des leçons.Les anathèmes autour du « scientisme » et du « pro-ductivisme aveugle » sont lancés dès qu’une perspec-tive d’avenir sur la base de possibilités techniques,même à moyen terme, est défendue.

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1. Trofim Denissovitch Lyssenko fut un ingénieur agronome ukrainien qui éla-bora une théorie en biologie. Partant des idées exprimées par Darwin dansLa variation des animaux et des plantes (1868) où il proposait une théorie dela transmission des caractères acquis, il forma la notion de « biologie declasse » rejetant les travaux de Mendel, Morgan et autres fondateurs de lagénétique moderne.

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LA GAUCHE DOIT RENOUER AVEC L’IDÉE DE PROGRÈS

Le productivisme renvoie à l’idée d’une obsession deproduire pour accumuler des profits en s’appuyantsur la mise en place d’une « société de consomma-tion » caractérisée par des besoins artificiels cons -tam ment renouvelés grâce à la publicité, des repré-sentations sociales et des valeurs véhiculées par lesystème : tout cela a été très bien décrit par de nom-breux sociologues. Or, on a tendance à confondre ceproductivisme avec la nécessité de produire plus pourrépondre à des besoins sociaux complètement légiti -mes. Ainsi au lendemain de la guerre, dans le con -texte d’un rapport de forces favorable à la classeouvrière, un peu partout en Europe se posait l’exi-gence d’une élévation du niveau de vie après desannées de privation : l’heure était à l’accroissementde la production. Aujourd’hui, on peut toujours segargariser et donner des leçons. Rappelons toutefoisque nos aînés ont dû faire face à une situation diffi-cile : Paris était entouré de bidonvilles, la plupart deslogements sans installations sanitaires, les faminessévissaient en Asie. Le capitalisme a su certes en pro-fiter et se relancer, mais cela ne change pas le pro-blème de fond : il fallait produire plus et vite, ques-tion de survie ! La question environnementale àcette époque n’avait pas encore émergé. Or, d’ici2050, nous accueillerons 3 milliards de personnessupplémentaires sur terre, c’est une réalité quidonne des cauchemars à bien des spécialistes dudéveloppement à l’ONU. Nous allons donc devoirproduire plus, mais autrement, en intégrant notam-ment le critère du respect de l’environnement !C’est un problème beaucoup plus ardu que celuiposé en 1945 ! Dans ce contexte, l’usage facile etrépété des slogans contre « le productivisme » àgauche n’est pas vraiment un bon signe : cela révèleplutôt une méconnaissance de la réalité démogra-phique, et la sous-estimation des défis que nousallons devoir affronter.

Est-il nécessaire également de défendre la productivitéque l’on confond allègrement avec le productivisme ?Oui, s’il s’agit de la productivité qui libère, celle qui,grâce aux techniques les plus efficaces, permet depro duire autant avec moins de temps de travail,moins de pénibilité, moins de matières premières, àl’inverse de celle qui sert à augmenter les profitspour produire n’importe quoi. Ce point est trèsimportant car il implique que nous ne sommes pasfavorables à la création de n’importe quels typesd’em plois : l’idée d’efficacité doit être défendue. Quepenser alors des 300 000 emplois créés en Allema -gne dans le secteur des énergies renouvelables ?300 000 salariés à temps plein pour produire 10% del’électricité allemande : est-ce vraiment efficace ? Desdizaines de milliers d’ouvriers sur les toits pour lapose de panneaux photovoltaïques ou travaillant à100m au-dessus du sol pour installer les milliersd’éoliennes géantes : est-ce vraiment un progrès ?Aurions-nous l’idée de défendre un retour aux tech-niques manuelles agricoles sous prétexte que cela vacréer des millions d’emplois ? Il y a beaucoup d’argu-ments pour défendre le déploiement de filières dansles énergies renouvelables, mais celui de la créationd’emplois tous azimuts au détriment de l’efficacitén’est pas pertinent et va à l’encontre de notre objec-tif de dégager du temps libre pour les travailleurs. Ilfaut avoir le courage de dire cela y compris dans unepériode de forte montée du chômage qui peut prê-ter à toutes sortes de facilités éludant les vraisdébats de fond.

Plus globalement, un contresens est à signaler : celuiqui consiste à assimiler certaines technologies avecl’usage qu’en fait le capitalisme. Telle technologieserait en soi non maîtrisable, antidémocratique, liéepar nature à l’argent. L’enjeu est pourtant de décelerles énormes potentialités que révèlent ces technolo-gies si elles étaient démocratisées, partagées, sousmaîtrise publique et au service des besoins sociauxet environnementaux. Encore faudrait-il avoir lesoutils pour comprendre ces enjeux afin d’entrer effi-cacement dans les batailles politiques qui se jouentaujourd’hui entre capitalistes. On en est loin. Aumieux, on se contente d’agiter les peurs : ainsi despréoccupations légitimes d’environnement, de démo-cratie, sont instrumentalisées pour cacher les vraisenjeux beaucoup moins avouables et qui se comp-tent à coup de centaines de milliards. C’est le cas dunucléaire civil que le lobby des rentiers du gaz, dupétrole et du charbon, à l’image du cas Allemand,rêve de faire disparaître pour conserver sa place surle marché avec des perspectives de profit bien plusalléchantes et ce, au détriment de la crise climatique

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LA GAUCHE DOIT RENOUER AVEC L’IDÉE DE PROGRÈS

et de la pollution de l’air. C’est aussi le cas des OGMdiabolisés et systématiquement assimilés à la multi-nationale Monsanto et au brevetage du vivant : pour-tant une recherche sous maîtrise publique et parta-gée pourrait nous ouvrir des perspectives et nousfournir des variétés de céréales consommant moinsd’eau, moins d’engrais par exemple ou d’autres résul-tats qui nous aideraient à résoudre l’épineux pro-blème agricole mondial. Pourquoi se priver de tellesrecherches ?

Malheureusement, aujourd’hui les débats publicstournent vite à une diabolisation de tout ce qui s’ap-parente à un début de vulgarisation ou de discoursscientifique. On assiste même à une inversion desvaleurs : moins on en sait, plus on est censé être hon-nête, impartial et dégagé des « lobbies ». Tout se vaut:on peut s’improviser porte-parole en écologie, oujournaliste spécialiste de l’environnement et balayerd’un revers de main toute expertise ou argumentvenant d’écologue (scientifique de l’écologie) met-tant à mal des idées reçues. On peut parler dedéchets sans avoir la moindre notion de chimie, com-menter le rendement des centrales électriques sansavoir entendu parler du principe de Carnot, parler dela pollution sans savoir ce que sont les métaux lourdset les pluies acides. Il est assez regrettable que la plu-part des dirigeants politiques écologistes les plusemblématiques n’aient pas de réelle formation scien-tifique ou même une culture et une curiosité dans cedomaine. Cela dissiperait beaucoup de malentenduset faciliterait grandement les débats. C’est d’autantplus paradoxal qu’ils dirigent des partis politiquesdont l’emblème est justement le nom d’une science :l’écologie.

La démocratie est un enjeu central sur tous ces grands sujetsElle s’exprime entre autres à travers l’existence degrands organismes publics de Recherche et d’institu-tions indépendantes de contrôle et de diffusion del’information. Ne l’oublions pas : tout cela a étéacquis de haute lutte et empêche les logiques capita-listes d’être seules maîtres à bord 2… Ces orga-nismes et institutions doivent faire face au défi d’ar-ticuler les nécessaires travaux d’expertise avec desorientations de progrès à décider démocratique-ment et en toute connaissance de cause. C’est aussiune question de confiance accordée aux hommes etfemmes qui y travaillent...

Au Front de gauche, nous avons fait le choix d’unedémocratie réelle avec la participation de tous lescitoyens et en premier lieu des salariés : qu’en est-ilvraiment de notre pratique avec ces salariés-es ?Que nous disent les salariés-es de l’INRA, del’INERIS, du CEA, de l’IRSN, de l’ASN, du CNRS, del’ONF… sur tous ces enjeux ? Il faudrait réappren-dre à les écouter au lieu de les suspecter de défen-dre une « corporation » et de les stigmatiser, ce quiest insultant et blessant à la fois. Ce sont avant toutdes citoyens qui peuvent énormément nous éclairersur ces sujets. La « révolution citoyenne » et laVIe République que nous prônons imposent un enga-gement dans cette voie.

Le capitalisme est un mouvement qui marche sur sesdeux pieds : l’accumulation de capitaux avec tout soncortège d’exploitation et de dégâts sociaux d’unepart et d’autre part les mutations technologiques quilui permettent de se relancer et se redéployer sanscesse lorsqu’il connait une crise. Cette dynamiqueest bien sûr traversée par la lutte des travailleurs, quiarrachent des réformes structurelles de progrèssocial dans les phases de crise, mais ces réformespermettent en même temps au capitalisme de serelancer sur de nouvelles bases. Ce système a réussien l’espace de deux siècles à créer une somme derichesses sans précédent. Aujourd’hui, l’enjeu est deparvenir à garder cette efficacité, cette capacité à seprojeter dans l’avenir, à produire de la richesse, maisde l’orienter vers les besoins sociaux et le plein épa-nouissement des individus.

La gauche doit se remettre, elle aussi, à marcher surses deux pieds : une politique ambitieuse visant unesociété communiste d’une part et le progrès tech-nique d’autre part, les deux se nourrissant dans unerelation dialectique. Elle doit avoir le courage d’af-fronter le mouvement du progrès en le canalisant àson profit, en le mettant au service des peuples aulieu de le subir. Elle doit tourner le dos à la peur etaux solutions de facilité qui proposent de faire l’éco-nomie de cet effort et qui supposent de gérer lapénurie avec une vision pauvre et figée des possibili-tés techniques du moment (pénurie, mais pas pourtout le monde ! pas pour la classe des Bettencourt !).Elle ne doit pas se tromper d’adversaire, ni condam-ner telle ou telle technologie sur des considérationsdogmatiques voire sous des pressions d’ordre politi-cien. Elle doit renouer avec une vraie culture scienti-fique pour avoir un projet cohérent conjuguant lavolonté politique de progrès social et environnemen-tal et l’utilisation intelligente du progrès des connais-sances.

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2. Quand l’ASN décide par exemple d’arrêter le chantier de l'EPR deFlamanville parce qu'elle estime que le béton n'est pas de qualité suffisante :cela ne fait pas le jeu d'EDF, d'Areva et des Bouygues…

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CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherCheCommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherChe 7

Le Plan Campus, lancé en 2008, s’inscrit dans unedémarche de rénovation du parc immobilier univer-sitaire sauf que celui-ci s’est vu financer par la ventepar l’État de 3 % du capital d’EDF. Cette premièreenveloppe financière étant insuffisante, le gouverne-ment Sarkozy a sollicité les collectivités territorialesnotamment issues des grandes métropoles universi-taires à participer à l’effort d’investissement.

Alors que le mode et la forme de financement de cesplans campus étaient décriés par les syndicats univer-sitaires, certaines collectivités territoriales, y comprisà « gauche », ont participé aussi à cette entreprise dedémolition de l’université républicaine.

En effet le montage financier des plans campus s’ins-crit dans une gestion privée à long terme, comme lesconstructions de bâtiments en PPP (Partenariats

public/privé). Les nouveaux bailleurs seront Bouy -gues, Vinci ou Eiffage.

Le principe d’un bâtiment construit en PPP est qu’ilest restitué au public 20 ou 25 ans plus tard et que,durant cette période, c’est l’établissement universi-taire qui paye un loyer : voilà de quoi ajouter de nou-velles charges prévisionnelles, surtout quand on nousdit que « les caisses sont vides » et que certaines uni-versités ont frôlé la faillite. En général, un bâtimentconstruit en PPP coûte trois fois plus cher auxcontribuables qu’un bâtiment construit en loi MOP(Maîtrise d’ouvrage publique). Sans compter les mal-façons et autres retards de livraison (facturés aucontribuable) : le scandale de l’Hôpital sud-francilienillustre bien ce processus.

C’est une « bombe » financière à retardement quiaura des conséquences sur la gestion des établisse-ments provoquant un mécanisme d’endettement.Pire ! Cela pourrait « justifier » l’augmentation desfrais d’inscription pour les étudiants.

Un des enjeux concerne la révision des plans campusen rejetant toutes les formes de financement et degestion privés comme les constructions de bâtimentsen PPP. Il faut exiger que la nouvelle ministre de l’ESRrevienne au plus vite sur les conventions engagéesavec précipitation par le gouvernement précédent.

Ajoutons d’autres charges supplémentaires qui pour-raient être le coup de grâce des universités républi-caines et qui concernent le volet de la dévolution desbâtiments dans la loi LRU. Dévolution qui justifie ledésengagement de l’État en transférant les bâtimentsà la charge des universités.

À ma connaissance, seulement quelques universitésont déjà effectué la dévolution des bâtiments (Cler -mont, Paris 6 et l’université de Corte).

Notre nouveau président, François Hollande, a parlédurant sa campagne électorale d’égalité des terri-toires : eh bien, les politiques immobilières universi-taires s’inscrivent pleinement sur ces questions ainsique sur l’accessibilité sociale des étudiants.

Face à ces dangers connus, le premier pas qui se jus-tifie pleinement est l’abandon de la loi LRU. Maisl’ambigüité persiste chez les socialistes car nos nou-veaux gouvernants ne souhaitent pas forcémentrevenir sur ce qui a déjà été signé dans le cadre desplans campus.

LES POLITIQUES IMMOBILIÈRES UNIVERSITAIRES

le volet technique de la privatisation des campus

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par Joselito

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CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherCheCommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherChe8

LES POLITIQUES IMMOBILIÈRES UNIVERSITAIRES

Le souhait du président Hollande d’entamer un troi-sième acte de décentralisation renforcerait le pro-cessus rampant de régionalisation de l’enseignementsupérieur.

Un nouvel acte de décentralisation s’inscrirait large-ment dans la mise en concurrence des territoires,orchestrée par l’Union européenne libérale (à tra-vers la stratégie de Lisbonne : compétition interna-tionale, compétitivité territoriale, pôles d’excellence,prestige, marketing territorial, métropolisation...) ;sans oublier notre course mondiale au classement deShanghai.

Les financements publics sont de plus en plus orien-tés et conditionnés, obligeant de nombreuses collec-tivités territoriales à céder face aux politiques del’UE : il n’y a donc plus d’équilibre des territoires,mais des territoires seulement en concurrence.Aujourd’hui, les élu-e-s du Front de gauche ont denombreux éléments pour porter le débat contradic-toire au sein des collectivités territoriales et ils peu-vent faire « front » pour résister en associant lescitoyens et les acteurs de l’ESR.

La régionalisation de l’enseignement supérieur et dela recherche est en marche avec toutes ses suitesnégatives : sélection sociale des étudiants, disparitionà terme des diplômes nationaux, privatisation descampus, une recherche sous tutelle du monde éco-nomique etc.

En Rhône-Alpes, c’est la Région et visiblement leGrand Lyon qui prônent la fusion des établissementsuniversitaires, projets en compétition sur desmodèles de concentration de moyens et de richessesau détriment des missions nationales de l’ESR et detoute la communauté universitaire.

Face aux enjeux, il est nécessaire durant et après lesélections de s’inscrire dans tous les débats qui déter-mineront l’avenir de l’enseignement supérieur.

Autonomie, décentralisation, régionalisation : denom breuses luttes étudiantes dans le monde nousont alertés, comme au Chili et actuellement auQuébec. Alors résistons pour obtenir un enseigne-ment universitaire pleinement gratuit, laïc, critique etdémocratique.

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dernière minute : les dangers d’un acte iii de la décentralisation

Liens weB pour ALLer pLus Loin

régionalisation et décentralisation :

http://jeanjackqueyranne.blogspot.fr/2012/03/plaidoyer-en-faveur-dune-universite.html

http://www.lagazettedescommunes.com/97745/les-propositions-chocs-de-gerard-collomb-a-fran-cois-hollande/

Méga-fusions à Lille, Lyon et Marseille :

http://www.lagazettedescommunes.com/telechargements/contribution-decentralisation.pdf

http://snesup.univ-lille1.fr/site/spip.php?article285

plan campus et fusion des universités :

http://www.educpros.fr/dossiers/ecoles-et-universites-en-fusion/h/426b7826bb/d/1173/a/universi-tesnbsp-la-carte-du-site.html

http://www.senat.fr/rap/r11-286-1/r11-286-120.html

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L’École nationale des travaux publics de l’État(ENTPE) est une école d’ingénieurs formant desfonc tionnaires de l’aménagement du territoire.Créée en 1954, décentralisée en 1975 à Vaulx-en-Velin, elle dépendait du ministère de l’Équipementjusqu’en 2005, puis du ministère de l’Écologie, duDéveloppement et de l’Aménagement durables. Cedernier a changé de nom plusieurs fois pour aujour -d’hui s’intituler ministère de l’Écologie, du Dévelop -pe ment durable et de l’Énergie. L’ENTPE est un éta-blissement public à caractère scientifique, culturel etprofessionnel depuis 2007.

Son fonctionnement est (d’après ma connaissancedes autres) celui d’une école d’ingénieurs classique.Le recrutement d’entrée se fait très majoritairementsur concours des classes préparatoires scientifiques(MP, PC, PSI, TSI et aussi BCPST, prépa bio). Desagents publics sont aussi recrutés via un concoursinterne et un stage probatoire de 15 mois. Enfin, il estpossible d’intégrer l’ENTPE sur dossier en premièreou deuxième année. Quels que soient leurs recrute-ments, les étudiants suivent la même formation quioffre cinq voies d’approfondissement : génie civil,bâtiment, aménagement et politiques urbaines, trans-port et environnement. Cependant, les étudiantssont partagés entre deux statuts : fonctionnaires etcivils. Les fonctionnaires touchent leur traitementdès le premier mois de formation à l’école.

Les étudiants des classes préparatoires et l’intégra-tion en école d’ingénieurs sont sujets à de nombreuxclichés. Prétentieux et ambitieux après la réussite deleurs concours, ils sont bizutés lors de rituels d’inté-gration sectaires et s’imaginent être « l’élite de laFrance ». Fait avéré pour certaines « grandes »Grandes Écoles, ce n’est pas le cas pour les étudiantsaccédant à des écoles plus « modestes ». Il faut ima-giner qu’en classe préparatoire peu savent ce qu’estune école d’ingénieurs. Les innombrables métiersqu’offrent les très différentes écoles sont à peineconnus, le contenu des cours qui y sont dispensés etla pédagogie employée encore moins. Le parcoursprofessionnel des ingénieurs est donc moins prévu àl’avance qu’on ne le pense. De même, le sectarismeest certainement plus fort dans des écoles renom-mées ou disposant d’un réseau d’établissementsconséquent, mais n’est pas évident pour de « petits »établissements.

Certes, certains étudiants ont déjà des projets per-sonnels précis et visent des écoles spécialisées, mais

une grande part rédige sa liste de vœux selon lesclassements des écoles des années précédentes.Celles-ci sont positionnées par ordre de difficulté àêtre intégrées. Après les tours de moulinettes desadmissions pendant l’été, le verdict tombe, l’étudiantconnaît l’école dans laquelle il va passer trois ans etdécouvre son horizon professionnel.

Ces trois ans commencent par l’intégration fantas-mée. Puis les étudiants s’investissent fortement dansde nombreux clubs, associations et projets notam-ment lors de la première année qui marque la rup-ture après deux à trois années de prépa réputéeslaborieuses et ennuyeuses. Les cours sont globale-ment perçus comme peu intéressants voire déce-vants et les étudiants consacrent plutôt leur énergiedans les évènements associatifs très festifs. Ces acti-vités sont d’ailleurs prises en compte dans l’organisa-tion de l’enseignement de l’école. C’est au cours decette période que l’ancien « taupin » apprend sa nou-velle identité. Dans mon cas, ingénieur des travauxpublic de l’État (ITPE).

L’ENTPE a cependant des particularités qui peuventdiminuer le nombre d’étudiants qui l’intègrent par lehasard du classement : recrutement d’agents territo-riaux et statut de fonctionnaire à l’entrée de l’école.Même si actuellement l’école forme environ autantd’ingénieurs au statut de civil qu’au statut de fonc-

QUEL AVENIR POUR L’ENTPE ?

quel avenir pour la fonction publique de l’aménagement du territoire ?

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par Florian Daspre

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CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherCheCommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherChe10

tionnaire, elle garde une réputation historique« d’école de fonctionnaires », dont elle souhaite parailleurs s’affranchir. Cette réputation a tendance àattirer des étudiants intéressés par un salaire, biensûr, mais que la carrière dans la fonction publique nerebute pas non plus. Choisir l’ENTPE en filière fonc-tionnaire c’est aussi s’engager à servir l’État huit ans,et en poursuivant dans la fonction publique gagner enmoyenne bien moins que les collègues travaillantdans le privé.

Les étudiants de l’ENTPE ont vraisemblablementpour cette raison des opinions politiques plutôt àgau che. Mais rares sont ceux qui revendiquent d’em-blée une vocation pour le service public de l’aména-gement du territoire. Certains ont fait leur choixpour le salaire, d’autres selon le mécanisme expliquéprécédemment. La volonté de construire sa vocationpour le service public se heurte aussi à l’idée, relayéemême par des élèves que l’école, qu’il n’y a plusd’avenir dans la formation de fonctionnaires.

Voilà pour ce qui concerne l’état d’esprit des étu-diants formés.

D’autre part, l’identité d’un ingénieur des travauxpublics de l’État (ITPE) est aujourd’hui devenue plusfloue avec les bouleversements qui ont eu lieu dansl’environnement politique, administratif et écono-mique de l’aménagement du territoire. L’avenirmême de l’école est incertain puisqu’à la fois sondomaine de compétence est bouleversé et à la fois samission de formation de fonctionnaire de l’État estremise en question.

L’ENTPE se trouve aujourd’hui dans un contextemêlant RGPP, réforme des collectivités territoriales,fusion de corps d’ingénieurs (Ingénieurs de l’agricul-ture et de l’environnement, des travaux géogra-phiques et cartographiques de l’État, des travaux de

la météorologie et ITPE), projets PRES et IDEX deLyon. Celle-ci depuis quelques années voit son nom-bre de fonctionnaires à son entrée diminuer ; cer-tains recrutements changent ; on tente de réorienterla formation vers plus d’écologie et de développe-ment durable.

Il a été reproché au ministère de manquer de clartéet de ne pas donner de ligne stratégique pour l‘ave-nir de l’école. Si certaines directions ont été prises,comme l’environnement et le développement dura-ble, leur explicitation dans les formations est encorefloue.

L’ENTPE possède cependant des laboratoires derecherche capables de suivre les évolutions de l’amé-nagement du territoire et par là d’aider à réaffirmerune identité pour l’école dans ce nouveau contexte.Mais eux aussi sont soumis aux menaces de restruc-turation.

Il est donc assez difficile d’envisager son métier enintégrant l’ENTPE. Mais paradoxalement cela donneplus de place à l’imagination pour l’aménagement dedemain. L’ENTPE est paradoxale : bien qu’elle formedes fonctionnaires pour l’État, ceux-ci n’ont pas degaranties sur le contenu de leur travail et leurs mis-sions. Bien que menacée de disparaître, elle a la pos-sibilité de se réorienter. Bien que soumise au minis-tère, elle pourrait se redéfinir grâce à ses labora-toires.

Si l’avenir de l’aménagement du territoire est à réin-venter, il faut souhaiter que la réflexion soit menéelargement. Il faut sortir du cadre de l’administrationdu ministère et des logiques de réduction desdépenses publiques et solliciter les acteurs locauxdonc les collectivités territoriales pour un aménage-ment démocratique du territoire.

QUEL AVENIR POUR L’ENTPE ?XyZ...

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Nous l’avons dit et répété : le 6 mai, un immensesoulagement. La fin du sarkozysme. La droite chasséede la présidence de la République. Après des moisd’affrontement rude, de débats parfois passionnésmais parfois détournant l’attention des réalités de lavie, après tant de bruit médiatique, la fin d’unepériode. L’élection présidentielle est souvent dési-gnée comme « la mère des élections », en oubliantque la France, dont le peuple a décapité les rois, n’estpas près de se résigner à de nouveaux monarques,même si le calendrier électoral changé à desseinfavo rise de telles dérives. C’est d’ailleurs pour celaque le Front de gauche revendique une VIe Répu -blique.

Après la présidentielle, le débat politique serait-ilretombé ? La droite aurait-elle cessé d’être mena-çante ? L’extrême-droite à propager, lentement maissûrement, ses idées nauséabondes sous couvert

«social » ? De quoi la gauche, qui occupe désormaisla présidence de la République, aurait-elle encorebesoin pour accomplir la tâche qu’attendent lescitoyens ?

C’est oublier que nous sommes en République etque l’on gouverne selon des lois votées à l’Assem -blée nationale. C’est oublier que tant de « ratifica-tions » parlementaires de traités européens austéri-taires n’ont été possibles que grâce au vote (ou àl’abstention plus ou moins bienveillante) des parle-mentaires. C’est oublier que les lois sarkozystes doi-vent absolument être abolies, et de nouvelles lois ins-taurées. C’est oublier enfin que les députés sont desélus du peuple, dont émane tour pouvoir en démo-cratie ; du peuple qui en est aussi l’ultime destinataireet l’ultime juge, non seulement à travers le bulletin devote.

Le Front de gauche s’engage pour que la gaucheréussisse. Tous ses candidats vous le diront. Elles et ilss’engagent pour que la gauche honore son nom, pourque les revendications populaires deviennent desréalités dans un pays enfin rétabli dans sa réputationde source de Lumières. Elles et ils s’engagent nonseulement à voter des lois, mais à résister auxassauts de tous ceux (nombreux et actifs) qui prô-nent pour la gauche élue « la voie de la sagesse » etlui conseillent… de renoncer à appliquer un pro-gramme de gauche. Les candidats du Front de gauchene sont pas obnubilés par « la réduction des déficits»et ne craignent pas que la France, l’un des pays lesplus riches du monde, « manque d’argent » demainet « devienne comme la Grèce ou l’Espagne ». Leurguide, leur « règle d’or », c’est l’Humain.

Des personnels de l’enseignement supérieur et de larecherche, ainsi que des étudiants, s’engagent dans labataille législative. Nous vous les présentons dans lespages qui suivent. Leur engagement au sein du PCF etdu Front de gauche est celui de citoyens et salariés«ordinaires », pour qui la politique signifie « s’occuperdes affaires de la cité », c’est-à-dire des affaires detous. Leur engagement montre que la politique, telleque nous la concevons, n’est pas une occupationdétachée de la vie réelle, réservée à des profession-nels ou des « notables ». Actifs dans leur métier etdans les luttes, ouverts à la société, imprégnésd’idéaux citoyens, les candidats que nous vous pré-sentons promettent tout simplement d’être là pourvous, pour nous tous. Elles et ils promettent de s’ar-mer de courage et de détermination. De donner vieau slogan « prenez le pouvoir ! ».

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES 10 ET 17 JUIN 2012

maintenant, la gauche doit réussir XyZ...

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2e circonscription du Bas-rhin

Antoine spLeTpCF, étudiant en mastère 2 d’Histoiresuppléante : Fabienne TousCHCercle communiste d’Alsacesyndicaliste

Quartiers populairesQuartiers solidaires !Taux de chômage record, casse des services publicset discriminations… Depuis 30 ans, nos cités, pour-tant si riches humainement, ont été stigmatisées parla droite. Par le passé, beaucoup de promesses ontété faites. Toutes n’ont pas été tenues, y compris sousun gouvernement socialiste. Avec le Front de gauche,pour les quartiers populaires, je m’engage claire-ment :

pour L’eMpLoi Le Port du Rhin et la Plaine des bouchers sont sinis-trés par la casse industrielle qu’ont accompagnéedepuis 30 ans le PS et l’UMP. Fermeture de laManufacture des tabacs, de Delphi, suppressions depostes à Suchard, à Roth-Frères devenu Johnson, àGM, menaces sur Stracel, la liste est bien trop longue.Nous agirons pour une politique industrielle, vérita-ble levier pour que chacune ait du travail !

LoGeMenT Le logement pèse plus de 35 % du budget des famil -les. Je m’engage clairement à agir pour baisser lesloyers, les bloquer à 20 % des revenus et interdire lesexpulsions locatives.

pour une VrAie QuALiTÉ De Vie Je m’engage à agir pour qu’il y ait dans nos cités, enlien avec l’immense travail des associations, desbureaux de poste, des commerces de proximité, destransports publics, des espaces de culture, des mai-sons de santé pour se soigner…

Tout cela ne sera possible que par une vraie poli-tique de gauche, au service des gens et non desprofits. C’est toute notre ambition pour redonnerla dignité que la république doit aux habitantsdes grands ensembles !

le 10 juin, il n’y a qu’un seul vote

AVeC Le FronT De GAuCHesoYons Fiers De nos QuArTiers

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CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherCheCommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherChe 13

11e circonscription des Bouches durhône, (Aix ouest, nord et sud,eguilles, Cabriès, Les pennes Mirabeau,septèmes-les-Vallons)

patrick MAGrodocteur en médecine, 1er adjoint au maire de septèmes-les-Vallonssuppléante : Anne MesLiAnDuniversitaire, conseillère régionale

Dans le pays des Lumières et des droits de l’Homme,comment être heureux quand la pauvreté concernepresque un enfant sur 3 et un retraité sur 4 ? La pré-carité mine la vie des jeunes, et pas seulement dansles milieux populaires. Se poser, faire des projets, fon-der une famille est chaque jour plus difficile pour desmillions de jeunes et de moins jeunes.

Dans le même temps gagne l’idée terrible que lesdiplômes ne serviraient à rien alors qu’au contraire ily a besoin d’une solide formation pour tous et que laséparation entre ce qui est manuel et ce qui l’estmoins va diminuer de plus en plus.

C’est pourquoi, l’école et la formation doiventredevenir la priorité numéro un après une èreSarkozy dont les enseignants, les élèves et les parentsd’élèves garderont un souvenir cuisant. C’est un che-min indispensable pour éradiquer la précarité etenvi sager autrement la question de l’emploi, combat-tre les délocalisations boursières, la casse des ser-vices publics et la désindustrialisation de nos régions.

il faut aussi une autre politique du logement, avecun grand service public national et décentralisé pourconstruire plus, gérer le vivre ensemble et luttercontre les discriminations.

C’est la ségrégation, la séparation, la méconnaissancedes autres qui nourrissent l’insécurité.

Le droit à la sécurité, comme celui au logement,au travail ou à la santé, doit figurer dans les prio-rités d’une Assemblée nationale soucieuse deshabi tants. Pour cela, il faut arrêter de déshabiller lajustice et de diminuer les moyens de la police natio-nale, au point de la rendre absente des lieux où elleest pourtant indispensable, comme les quartierspopulaires.

Le vivre ensemble ne se décrète pas. Il se construitet suppose de combattre sans faiblesse les idéesdu Front national qui ne peuvent prospérer que sur

la misère et la désignation de l’étranger comme boucémissaire.

ici chez nous, où tant de nos aïeux ont fui lerégime Jeune turc, l’italie mussolinienne ou lefranquisme, il faut que chacun s’en souvienne : lesfermetures de classes, les attaques contre laposte, l’Hôpital ou les retraites, sont le dernierdes soucis du Front national.

Nous avons l’ambition de poursuivre le dialogue avecvous. Le dialogue puis l’action.

À l’Assemblée nationale, parce que pour undéputé, agir c’est d’abord faire les lois.

Mais aussi l’action avec vous, ici, parce que l’enjeuaujourd’hui est que François Hollande, que nousavons élu Président de la République, prenne main-tenant les mesures nécessaires pour rompre avec larecherche sans limite du profit, au mépris de l’humainet de l’urgence écologique. Pour réussir cela, il abesoin, nous avons besoin, d’un grand nombre dedéputés du Front de gauche.

C’est le sens de notre engagement.

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XyZ... ÉLECTIONS LÉGISLATIVES 10 ET 17 JUIN 2012

5e circonscription de l’essonne

Gilles LAsCHonenseignant en mathématiques à l’iuTd’orsaysuppléante : Maryse MouVerouxgestionnaire en ressources humainesdans un laboratoire de recherche à l’Hôpital d’orsay

Nous ne pouvons que nous féliciter de la défaite dela droite aux élections présidentielles. Après l’ava-lanche de réformes désastreuses que les famillesmodes tes, les salariés, les retraités et les jeunes ontsubies, alors que l’Europe libérale imposée auxFrançais se retrouve dans une impasse, la gauche sedoit de mener une politique de rupture avec leslogiques d’austérité. Hors de question de continuer àcéder à la pression des marchés financiers.

Une politique sociale-libérale, même repeinte envert, ne peut suffire face à l’urgence sociale et à l’am-pleur de la crise. Car une politique de rupture, cen’est pas s’abstenir lorsque le parlement se pro-nonce sur la ratification du traité européen rejetépar les Français en 2005, ou sur le mécanisme euro-péen de stabilité.

Une politique de rupture, c’est d’abord placerl’Humain au cœur du projet de société. C’est répon-dre aux besoins fondamentaux de nos concitoyens.C’est la hausse des salaires en commençant par leSMIC à 1700€, la retraite à taux plein dès 60 ans, lapriorité à la protection sociale, aux services publicset aux logements accessibles à tous. C’est la fin detoutes les discriminations. Donnons-nous les moyensde tels objectifs en organisant le contrôle public desbanques, la justice fiscale, une politique de crédit enfaveur de la réindustrialisation en France et de latransition écologique.

Comment financer ces propositions ? Juste un exem-ple : en 1973, une loi incite l’État, pour financer sesinvestissements, à emprunter non plus auprès de labanque centrale à 0% ou 1% mais auprès des banquesprivées au taux du marché fixé par la spéculation.Ainsi, depuis 1974, 1200 milliards d’€ d’intérêts de ladette ont été payés aux banques privées et à leursactionnaires ! Le traité de Lisbonne de 2008 con -firme l’interdiction pour les États d’emprunter à la

BCE. Ce que les lois et les traités ont fait, des lois etdes traités peuvent le défaire.

Affrontons la finance, élisons des dirigeants qui nedépendent en aucune manière de l’oligarchie finan-cière et dont le seul but sera de satisfaire l’intérêtgénéral plutôt que l’appétit insatiable de quelques-uns. Des députés déterminés seront une force derésistance solide pour peser et aiguiller la nouvellepolitique en place dans des choix en faveur de l’êtrehumain et non dictée par les marchés financiers.

Dans notre circoncsription :

• La santé n’est pas une marchandise ! Il faut rompreavec la recherche de rentabilité qui engendre desinégalités d’accès aux soins. L’hôpital d’Orsay doitgarder tous ses services pour garantir la qualité desprestations rendues aux usagers.

• Transports : les élus du Front de Gauche ontobtenu au conseil régional d’Île-de-France unecontribution des entreprises au financement dutarif unique à hauteur de 800 millions d’€. La prio-rité est maintenant à la rénovation des lignes exis-tantes et au dédoublement du tunnel du Châtelet,actuel goulot d’étranglement.

• Plateau de Saclay : le projet doit être réorientépour devenir compatible avec ce que souhaitent leshabitants et le monde de l’enseignement supérieuret de la recherche, en respectant les terres agri-coles sanctuarisées. Des liaisons plateau-valléesrestent à définir. Les entreprises, premières bénéfi-ciaires du métro du Grand Paris, doivent contri-buer au financement de son enfouissement sur letronçon Versailles-Orly.

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XyZ... ÉLECTIONS LÉGISLATIVES 10 ET 17 JUIN 2012

5e circonscription de la Haute-Garonne

Monique MArConisconseillère municipale Castelnaud’estrétefonds conseillère régionale (2004-2010)suppléant : xavier LAMBerTenseignant-chercheur université duMirail, syndicaliste

Changez vraiment à Gauche :face à la crise en France et en europe, élisez unedéputée Front de gaucheLe peuple de France vient de mettre fin au mandatcatastrophique de Nicolas Sarkozy et du gouverne-ment Fillon, c’est une formidable victoire pour lemonde du travail et de la création, pour tous lesdémocrates et républicains.

Le Front de gauche a apporté une contribution déci-sive à cet objectif de battre la droite et l’extrêmedroite en votant François Hollande. C’est fait !

C’est une victoire pour nous tous à gauche quiavions voté contre le traité européen en 2005 etmanifesté pour la retraite à 60 ans. Durant ces 5 der-nières années nous nous sommes opposés aux loisliberticides, aux suppressions de postes dans les ser-vices publics, aux licenciements massifs dans lesentre prises, à la loi LRU à l’université, à la réformedes collectivités territoriales...

Sarkozy dehors, la volonté de millions de Français estenfin concrétisée ! C’est aussi un message pourl’Europe avec la fin annoncée du traité Sarkozy-Merkel promettant l’austérité à perpétuité aux peu-ples et les pleins pouvoirs au capitalisme financier.

La campagne des élections législatives va être déter-minante pour les années à venir. Ce sont les députésqui votent les lois et, face à la crise du capitalisme,nous avons besoin du plus grand nombre de députésdu Front de gauche pour un véritable changement :SMIC à 1700€, politique de plein-emploi, lutte contrela précarité, nouveaux droits pour les salariés,

VIe République, droit à la retraite à 60 ans, planifica-tion écologique, droit à la sécurité pour tous, maî-trise des marchés financiers avec la nationalisation debanques.

C’est à notre portée. Pendant la campagne présiden-tielle, le Front de gauche a fait des propositionsfortes dans notre programme L’humain d’abord. Cetravail de proximité, de discussions sur le contenud’une véritable politique de gauche, va se poursuivrelors de la campagne des législatives avec nos candi-dats. En finir avec les politiques d’austérité, de res-trictions des libertés, de baisse des salaires c’estcréer les conditions d’une véritable alternative àgauche en France et en Europe. Pour cela nous avonsbesoin d’un grand nombre de députés du Front degauche déterminés à proposer et voter les loisnécessaires pour reprendre le pouvoir sur les mar

Élire des député-e-s du Front de gauche,c’est donner à la gauche

les moyens de réussir le changement.

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XyZ... ÉLECTIONS LÉGISLATIVES 10 ET 17 JUIN 2012

5e circonscription de paris

Amar BeLLALenseignant en Génie civilsuppléante : shirley wirDenétudiante en philosophie politique

Vos candidatsIssu d’une famille ouvrière de l’immigration algé-rienne, Amar Bellal, 36 ans, est ingénieur de forma-tion et ancien normalien. Il enseigne aujourd’hui dansun lycée technique de Seine-Saint-Denis en tant queprofesseur agrégé de Génie civil.

Ses premiers engagements d’étudiant le conduisentvers l’aide humanitaire aux victimes de la guerre enEx-Yougoslavie, puis vers des associations d’aide auxplus démunis et d’aide aux devoirs pour les enfants.Il se politise dans les années 2000 ; c’est ainsi qu’ilparticipe activement à la mobilisation contre laréforme Fillon des retraites en 2003, puis contretoutes les réformes rétrogrades qui se succèdentdans l’Éducation nationale. Cet engagement le con -duit vers le Parti communiste français en 2005, annéede grande mobilisation contre le Traité constitution-nel européen.

Depuis 2007, des prises de responsabilité progres-sives à l’intérieur du PCF l’amènent à organiser etparticiper aux principales grandes campagnes de lut -tes à Paris : défense des travailleurs sans-papiers,défense du Droit au logement, de l’Éducation et del’Hôpital public, lutte contre les privatisations notam-ment de La Poste.

Candidat aux législatives en 2007, aux municipales en2008, et, pour le Front de gauche, aux régionales en2010 à Paris, il s’occupe aujourd’hui des questionsd’écologie et d’énergie au PCF et anime de nom-breux débats en France sur ces enjeux urgents etd’intérêt général.

shirley wirdenIssue d’une famille ouvrière, je suis étudiante en phi-losophie politique. Je prends ma carte au PCF et auMJCF pour m’engager autour d’un projet de sociétéalternatif. Membre de la coordination départemen-tale des jeunes communistes de Paris, je me mobilisesur des thèmes comme la Palestine, l’emploi/forma-tion mais aussi sur le logement, contre la casse duservice public notamment dans le domaine de lasanté avec la fermeture des centres de santé, et lestransports, autant de problématiques cruciales pourla jeunesse. Mon engagement s’axe sur la sortie de laprécarité, l’émancipation et pour des conditionsdécentes pour étudier.

Retrouver un article intéressant d’Amar Bellal sur le Museum d’Histoire naturelle et bien d’autres infos àl’adresse :

http://www.bellal-amar.fr/article-museum-national-d-histoire-naturel-universites-et-recherche-amar-bellal-105935418.html

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XyZ... ÉLECTIONS LÉGISLATIVES 10 ET 17 JUIN 2012

1re circonscription des Français à l’étranger (Amérique du nord)

Céline CLÉMenTprofesseur de psychologiesuppléant : Thomas CoLLoMBATdocteur en science politique

Engagée depuis les années 90 en politique et dans lemouvement syndical, mon projet professionnel m’a con -duit à travailler comme professeure visiteuse pendantplus de deux années, au sein du Département de psy-chologie de l’Université du Québec à Montréal(UQAM). J’ai été investie par le Front de gauche pourêtre votre candidate aux élections législatives dans lapremière circonscription des Français de l’étranger :l’Amérique du Nord.Mon suppléant, Thomas Collombat, vit à Montréaldepuis bientôt 11 ans. Titulaire d’un doctorat en sciencepolitique de l’Université Carleton (Ottawa), il deviendraen juin professeur régulier au Département des scien -ces sociales de l’Université du Québec en Outaouais. Ilest actuellement professeur invité en études québé-coises à l’Université Western Washington de Bellingham(État de Washington, États-Unis).Comme vous, nous avons eu à connaître l’expatriationet les besoins concrets des Françaises et des Françaisvivant sur le sol nord-américain : se loger, obtenir unvisa ou le renouveler, travailler, se protéger socialementet s’adapter efficacement. Les problèmes auxquels lesexpatriés doivent faire face à leur retour en France ontégalement été les miens : complexités administrativespour l’obtention du titre de séjour de mon conjoint, sonaffiliation à la sécurité sociale ou la reconnaissance de ladouble nationalité franco-canadienne de notre fille. Maisloin du cliché de l’expatrié nanti, et même si l’expatria-tion est un enrichissement personnel, beaucoup d’entrenous sommes confrontés à des situations de précarité,d’isolement et parfois même d’insécurité. Il faut donc semunir d’outils progressistes et efficaces.

notre engagementÀ travers cette candidature, Thomas Collombat et moi-même nous engageons pour porter les aspirationsd’une gauche de transformation. Les résultats de Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour de l’élection pré-sidentielle montrent, y compris sur notre circonscrip-tion, que de nombreuses Françaises et de nombreuxFrançais se reconnaissent dans des aspirations fortes àgauche, pour une société plus juste et davantage respec-tueuse de son environnement.Mon engagement politique est né de l’idée que le par-tage des richesses et la coopération offrent la seule voiepossible pour que chaque être humain puisse envisager

l’avenir sereinement. Il s’est concrétisé dans les luttesétudiantes contre le SMIC-Jeunes ou contre la premièreguerre du Golfe, menée avant tout pour des motifs mer-cantiles. Thomas, lui-même militant au sein d’une fédéra-tion syndicale enseignante, a également œuvré commebénévole pendant plusieurs années au sein d’un groupecommunautaire LGBT.

Le Front de Gauche pour une société plus juste ettournée vers l’humainLe Front de gauche n’a pas renoncé face aux diktats despolitiques ultra libérales et nous considérons que lesrichesses produites par tous doivent être partagéesentre tous ou rester le bien commun, que chacun etchacune doit être acteur de la vie politique, que l’avenirde notre planète n’est pas dissociable des enjeux éco-nomiques et que cela impose la planification écologique.Cet engagement pour une autre politique économiquequi place l’humain d’abord s’articule évidemment à unelutte sans faille contre les discriminations liées au genre,à l’orientation sexuelle, et encore à l’origine qu’elle soitsociale, culturelle ou géographique. Chacun et chacuned’entre nous ne peut s’épanouir pleinement que si il ouelle est reconnu-e pour tout ce qu’il ou elle est.

nos propositionsComme députée, les propositions que je défendraiconcernent l’extension de la sécurité sociale profes-sionnelle aux Français résidants à l’étranger, l’accès àl’éducation (qui me tient d’autant plus à cœur que jesuis engagée dans la formation des enseignants et quemes collaborations de recherche au Canada concernentl’inclusion scolaire et sociale des enfants avec un handi-cap), le service public consulaire mis à mal par les poli-tiques d’austérité et les droits des conjoints et enfantsdes Françaises et Français, y compris pour les couplesde même sexe. Ces propositions sont la déclinaisonpour les Français résidant à l’étranger du programmeL’humain d’abord porté par Jean-Luc Mélenchon, candi-dat du Front de gauche à l’élection présidentielle.

Pour le détail des propositions et pour les différentes activi-tés de la campagne, rendez-vous sur le blog : http://celine-clement.fr/

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SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES … la sagaXyZ...

profession : archéologue interview de sophie Garreau, réalisée par Dina Bacalexi

Quel est ton métier ? Quelle est la qualification requisepour l’exercer ?

Le seul titre de « Docteur en archéologie » permetd’être qualifié officiellement d’« archéologue » pourun peu qu’il ait obtenu un poste dans l’enseignementet la recherche et qu’il exerce quelques missions defouilles archéologiques sur le terrain en plus derecher ches en bibliothèque.

on assimile souvent archéologie et « patrimoine » cultu-rel : est-ce une voie pour promouvoir les études archéo-logiques et encourager les jeunes à exercer ce métie ?

Première chose, effectivement l’archéologie faitintrin sèquement partie du patrimoine culturel. Eneffet cette discipline alimente, en quelque sorte, larichesse patrimoniale de chaque pays lorsqu’unenouvelle découverte est faite, à condition qu’elle soitsuivie d’une recherche approfondie, mettant en avantl’intérêt historique et culturel du site en question, etqu’elle aboutisse à un projet de mise en valeur et deconservation par une institution visant à rendreaccessibles ces découvertes au public le plus largepossible.

On pourrait citer l’exemple, presque abouti, de pro-jets d’aménagements qui ont été réalisés dans lecadre d’un DESS « expérimental » d’architectureappliquée à l’archéologie, mené à l’Université MarcBloch de Strasbourg en jumelage avec l’École d’Ar -chi tecture de la même ville, et qui tentait de réunirles réflexions d’archéologues et celles d’architectessur des projets archéologiques communs. Le projetd’aménagement et de mise en valeur des vestigesarchéologiques de la ville d’Arles, destiné à les ren-dre plus accessibles, mieux documentés et mieux lisi-bles par les visiteurs, mené en collaboration avec laMunicipalité d’Arles, avait fait partie du programmede la promotion de 2002, dont je faisais partie. Il atrouvé, en attendant d’être applicable sur le terrain,un avenir dans sa publication (Architecture et patri-moine archéologique : 20 projets pour la ville d’Arles,sous la dir. de Ph. Fraisse, éd. Écoles nationales supé-rieures d’Architecture de Strasbourg et de Paris-Belleville, 2009).

Une autre forme de mise en valeur est possibleauprès du grand public à travers des ouvrages de vul-garisation qui gardent encore une portée scientifiquereconnue (cf. le Dossier d’archéologie qui vient de sor-tir aux éditions Faton, avec ma collaboration surl’avancée des recherches au Liban : « Liban, un passérecomposé », n°350 mars/avril 2012).

L’aspect « attrayant » de l’archéologie pour le publicréside, à mon avis, dans son caractère pluridiscipli-naire. D’autant plus qu’aujourd’hui, avec l’avancéetech nologique et la mondialisation, elle se trouve deplus en plus à la lisière de deux grandes familles de larecherche et de l’enseignement, d’un côté les Scien -ces humaines et sociales, comme elle fait appelnotam ment à l’Histoire, à la Géographie et àl’Histoire de l’Art, et de l’autre les Sciences ditesdures, lorsque des sujets nécessitent des études bienspécifiques et pointues relevant de la chimie, parexemple. Ce détachement de l’archéologie des Scien -ces humaines et sociales, et son ancrage dans lesSciences dures, a été tenté avec l’arrivée del’« archéométrie » (discipline mettant en œuvre desméthodes physiques ou chimiques dans l’étude desites archéologiques en vue de les dater). Elle estenseignée dans certaines universités comme un outilsupplémentaire de l’archéologie, alors que, finale-ment, aujourd’hui, la technicité de certaines métho -des employées (photographie aérienne, pétrogra-phie, géophysique parmi tant d’autres) les rendentquasi autonomes et elles ont tendance à devenir despiliers de la recherche archéologique.Deuxièmement, je n’apprendrais rien à personne eninsistant sur le fait que des moyens supplémentairesdevraient être accordés, d’une part à la recherche àproprement parler, pour l’exploitation des donnéesdans la phase « post-fouilles » (vu le nombre defouilles non publiées), par la création de postes, simi-laires à des post-docs qui seraient destinés à dejeunes chercheurs, et d’autre part à l’enseignementde cette discipline qui tend de plus en plus à seréduire dans les universités, non pas faute d’intérêtde la part des jeunes, bien au contraire, mais par peurde la précarité et du manque d’avenir, qui malheureu-sement est un constat face à une politique privilé-giant les études plus à vocation financière qu’huma-niste.

Actuellement, tu travailles à L’Année philologique enCDD. Avant, que faisais-tu ? et après la fin du CDD,qu’envisages-tu comme avenir professionnel ? Quellessont les conséquences de cette situation précaire surl’exercice de ton métier ?

Ma situation personnelle, qui ressemble finalement àcelle de beaucoup d’étudiants en fin de long cursus,m’a obligée à suivre une formation et un travail dansl’édition en attendant de trouver un poste dans larecherche et l’enseignement. C’est effectivement latroisième année que je postule pour obtenir un

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profession : archéologue

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poste d’ATER à l’université. Non seulement l’archéo-logie n’est pas une discipline enseignée en prioritédans les universités mais, en outre, la période et lapartie géographique que j’ai choisies pour mesrecher ches, en l’occurrence la période commençantà la fin de l’Antiquité et allant jusqu’à l’époque byzan-tine au Proche-Orient, sont autant de spécialisationsmoins connues et qui attirent moins l’intérêt que lespériodes classiques, grecque et romaine par exemple,ce qui limite dans mon cas les opportunités de car-rière dans l’enseignement en France. Peut-être despossibilités à l’étranger ? Voilà encore la « fuite descerveaux » à cause de la précarité…

Dans plusieurs pays où il existe beaucoup de vestigesarchéologiques se pose actuellement la question de leurvalorisation : comment la réussir, sans en faire des biensde consommation ou de tourisme de masse, qui pour-raient en compromettre la valeur scientifique ?

Il est évident que, pour de nombreux pays, le patri-moine archéologique attire beaucoup de visiteurs ;cela représente une part importante de l’économied’un pays qu’il serait dommage de restreindre. Je nepense pas qu’il faille limiter les initiatives de mise envaleur d’un grand nombre de sites archéologiques,puisqu’ils sont dans ces cas créateurs d’emplois,révé lateurs de problèmes d’aménagement, de circu-lation et de préservation d’un patrimoine environne-mental qu’il faut également préserver contre uneurbanisation sauvage, mais ils sont également desmoyens de prise de conscience nationale, porteursde valeurs historiques et culturelles propres à cha -que pays et, par là même, porteurs de connaissances.Une partie de la culture est devenue, en effet, direc-tement accessible aux habitants locaux ou aux étran-gers sans barrière physique ni administrative, puisquel’entrée est ouverte à tous sans exception. Il est pré-férable de voir des touristes, en famille, se cultiversur des sites ou dans des musées, plutôt que de s’abî-mer la santé sur les plages… L’un n’empêche pasl’autre non plus.

Par ailleurs, afin de protéger ce patrimoine, desmesures légales doivent être maintenues, comme enFrance le contrôle des financements des fouilles etaménagements des sites sont supervisés exclusive-ment par des services publics agréés par l’État, repré-sentés par le Préfet de région, la Direction des Affai -res culturelles et les Services cégionaux de l’archéo-logie, assurant financement et contrôle scientifiquepour vérifier, par exemple, le respect d’applicationdes lois, notamment du code de l’urbanisme ou du

code de l’environnement. Le risque peut venir del’aménageur, celui qui engage des constructionsentraî nant des découvertes et qui se voit obligé definancer les fouilles de sauvetage, mais également dudésengagement de l’État dans les opérations de sau-vetage. En France, une faille est apparue en 2003 avecle vote d’une loi sur l’archéologie préventive ouvrantles marchés à des opérateurs privés.

Un aménageur a donc le choix entre plusieurs opé-rateurs : publics, agréés par l’État, mais également pri-vés qui, n’étant pas sous surveillance scientifique,peuvent aboutir à des dérapages, comme cela estarrivé en 2010 par exemple, à la Garanne dans lesBouches-du-Rhône, où une villa gallo-romaine a étécomplètement détruite par un opérateur privé dansl’indifférence des pouvoirs publics. Ainsi le maintienet l’entretien du patrimoine archéologique devraientêtre pleinement gérés par les États. Si des effortssont mis en place dans chaque pays pour rendreattractifs des sites et pour intéresser le grand public,tant mieux. En revanche, il ne faudrait certainementpas en arriver à transformer les sites archéologiquesen parcs d’attractions à la Disneyland ou à la JurassicPark. Tout est une question de juste mesure, de res-pect des cahiers de charges et de contrôle d’une ins-tance scientifique agréée et non corrompue par desintérêts d’ordre privé.

Comment l’archéologie, par ses découvertes sur le ter-rain, peut devenir un outil indispensable pour la con -naissance de l’histoire d’un pays, en complément del’enseignement de l’histoire?

Pour répondre à cette question je rebondirai sur lespropos tenus par l’archéologue de référence Jean-Paul Demoule, professeur à l’université de Paris 1,ancien président de l’Institut national de recherchesarchéologiques préventives, qui vient de publier On aretrouvé l’histoire de France, aux éditions RobertLaffont. Ce dernier, en effet, s’insurge contre les pro-grammes scolaires où l’enseignement de l’histoire dela France débute avec les Gaulois, alors que la Gaule,en tant qu’entité géographique et historique n’ajamais existé ! Les Galli étaient seulement la désigna-tion par les Romains de peuples d’origines très diver -ses (Belges, Aquitains, Celtes) qui peuplaient ce terri-toire, sans en faire quoi que ce soit d’uni. La placed’honneur qu’ils occupent dans les cahiers d’histoiren’est donc pas justifiée et elle s’explique plutôt parun long refoulement national d’un passé de défaiteslourd à digérer. Les fouilles archéologiques nous don-

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SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES … la sagaXyZ...

nent aujourd’hui de nouvelles connaissances pré-cieuses, telles que, après l’arrivée des Homo erectus ily a un million d’années, puis des Homo sapiens sapiensvers -40 000 ans, celle d’une troisième vague decolons venue du Proche-Orient vers -7000/-8000.C’est avec ces nouveaux habitants qu’émergèrentdans notre culture, au Néolithique, l’agriculture, lespremières sociétés hiérarchisées, les dieux, etc. Jean-Paul Demoule, dans un entretien dans Science etAvenir (avril 2012), explique au mieux comment l’ar-chéologie reste un outil indispensable pour mieuxcomprendre plutôt que de croire aux mythes etqu’elle peut être le meilleur outil pour souder unenation : « …il faut deux choses pour souder unenation : le désir présent de vivre ensemble et la pos-session d’un passé commun, au sens d’un héritagecollectif ».

Les diplômés sHs de toutes les disciplines sont considé-rés comme un vivier de futurs cadres d’entreprises,grâce à leur culture et à leur « esprit bien tourné ».Cette conception pourrait-elle, à terme, constituer unrisque pour ces études et ces métier ?

Je dirai que, contrairement aux disciplines desSciences dures, les SHS, nous sommes finalementprotégés par le fait que nous intéressons moins lesecteur privé, qui cherche à s’immiscer dans larecher che par le biais des financements, et de con -trôler ainsi l’orientation des programmes de recher -che jusqu’à, a fortiori, celui des résultats ! Cela se voitdans certains secteurs, en biologie, en agroalimen-taire etc. Alors, si nous devons souvent soulever desmontagnes pour obtenir des financements pour nosprogrammes de recherche, cela se fait sans doute auprix de la liberté d’expression et d’une plus grandeautonomie. Si les diplômés des SHS intéressent pour des postesde cadres d’entreprise ou se tournent eux-mêmesvers le privé pour pallier le manque de débouchéspour les métiers des SHS, c’est à l’État d’éviter une« fuite des cerveaux » du public vers le privé en assu-rant plus de garanties de réussite aux jeunes qui s’yengagent par conviction, en donnant une priorité àces disciplines qui font notre fierté sur le plan euro-péen et international.

profession : archéologue

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Développer les capacités et besoins humains présup-pose de sortir l’ESR des négociations de l’OMC et deréaffirmer son caractère de service public. Nous réaffir-mons notre choix catégorique de la gratuité effectivedans l’accès aux études supérieures et tout au long deleur durée.

Nous proposons le doublement sur la législature dubudget de l’enseignement supérieur et de la recher -che. L’effort public par étudiant devrait être porté à12000€/an. À lui seul, un tel objectif suppose de rom-pre avec le pacte dit de stabilité, renforcé par celui de« l’Euro plus » et des récents traités jumeaux. Chaquepays de l’UE doit rester pleinement maître de sesorientations budgétaires, sans que cela s’oppose à unevaste politique de coopération.

Nous proposons que dans le délai de la législature soitconstruite une Allocation d’autonomie pour tout étu-diant-e en concertation avec notamment les organisa-tions et associations étudiantes. Dès le niveau Bac+5,les Conventions collectives doivent intégrer les qualifi-cations correspondantes et au premier chef le Doc -torat.

L’enseignement supérieur est la première étape del’assimilation collective de la connaissance de hautniveau, le premier débouché de l’activité de rechercheà laquelle tous les enseignants-chercheurs doiventpouvoir participer. Ce droit doit être réaffirmé et êtreeffectif.

Nous proposons que tout enseignant-chercheur dis-pose d’une année sabbatique tous les 7 ans et que soitdoublé le nombre de détachements au CNRS ou danstel Grand organisme public de Recherche. Nous propo-sons que l’on ramène sur la législature le serviceannuel des enseignants-chercheurs à 150 heuresannuel les (équivalent TD). La réalisation de cet objec-tif suppose la création nette d’environ 18 000 postesstatutaires sur la même durée. En tout état de cause,le Service des enseignants-chercheurs doit prévoir50% de leur temps de travail consacré à la recherche.

Les qualifications des personnels d’accompagnementscientifique ont été le terrain de profonds bouleverse-ments (BIATOSS, bibliothécaires, personnels de l’infor-mation scientifique et technique, de l’action sanitaire etsociale etc.). Ces bouleversements n’ont jamais étépris en compte sérieusement en trente ans : on peutciter l’exemple des bibliothèques et de l’informationscientifique et technique, profondément modifiés grâce

aux nouvelles exigences de la numérisation et des nou-veaux portails documentaires.

Ces personnels, premières victimes de la précarité, dela RGPP, de la LRU et des « Compétences élargies »,doivent être l’objet d’une attention toute particulière.Non seulement il faut en recruter en nombre, maisrevoir en profondeur leurs statuts, qualifications etmissions, revaloriser leur salaire, établir de nouvellesnormes de recrutement permettant leur insertion àpart entière dans les équipes et programmes scienti-fiques et reconstituer un cadre national de leurs car-rières sur une base Fonction publique.

On entend à ce sujet les cris qui en permanence oppo-sent qualité à quantité et assènent que « l’effectif del’enseignement supérieur ne peut croître indéfiniment ».Mais aujourd’hui ce sont des jeunes docteurs qui, enmasse, à 30 ans, n’ont toujours pas d’emploi scienti-fique stable correspondant à leur qualification, qui occu-pent des postes précaires tout en répondant à de réelsbesoins des universités et organismes et qui se pressentaux concours de recrutements (en nombre toujoursplus squelettiques) dans une proportion dépassant lacentaine pour un poste. Beaucoup choisissent de s’ex-patrier, d’autres d’abandonner le métier qui était leurchoix. Ce phénomène, qui tente de devenir la règlegénérale sous l’impulsion des appels d’offres et opéra-tions dites « d’excellence », a de quoi inquiéter si l’onprétend lutter contre la « fuite des cerveaux » ou pré-server le haut niveau de la recherche. Dans le mêmetemps, on doit intégrer le fait que le rétablissement del’âge légal à taux plein comme exigé par le mouvementsocial et que la gauche au pouvoir doit impérativementappliquer entraînerait de nombreux départs qui doiventêtre remplacés par des titulaires en nombre suffisant,en fonction des besoins.

Plus profondément, un nouveau statut du travailleurscientifique doit être mis en chantier dès le début dela législature. Il doit prévoir toutes les mobilités volon-taires, thématiques, géographiques dans l’UE et horsUE, permettre l’investissement dans le temps danstelle ou telle dimension du métier, le tout dans le cadred’un emploi statutaire pérenne garantissant l’indépen-dance intellectuelle contre toute pression d’ordreéconomique, idéologique, politique. Ce nouveau statutintégrera nécessairement nombre de dispositions etgaranties de la Fonction publique – mais ne s’y réduirapas.

NOS PROPOSITIONS EN DÉBAT CAMPAGNE 2012programme du PCF

pour l’Enseignement supérieur et la Recherche

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CHApiTre 1 - Les moyens de la démocratisation

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CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherCheCommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherChe22

Un tel statut nouveau devrait, à défaut de pouvoir êtreconçu immédiatement au niveau de l’UE, être ample-ment discuté au niveau des instances européennes.L’aboutissement d’un tel statut devrait en tout état decause avoir lieu avant la fin de la législature. Toutes lesorganisations syndicales représentatives de la recher -che et de l’enseignement supérieur doivent être misesen mesure de contribuer de façon déterminante, nonseulement « consultées » de façon formelle.

Au-delà du gâchis de compétences, au-delà des « équi-libres » dont on ne se soucie que lorsqu’il s’agit defaire des coupes claires dans les budgets sociaux, iln’est pas possible d’ignorer le fait que la société abesoin de changer d’échelle dans la production desconnaissances et leur transmission et ses implications.

Même dans le contexte actuel, même dans lescontraintes de tout ordre, la recherche se diffuse dansla société en empruntant souvent des canaux inatten-dus. Le succès d’opérations comme « l’Université detous les savoirs » illustre cette diffusion. On doit s’at-tendre à de grandes modifications de la conceptionmême de l’enseignement supérieur à échelle du demi-siècle et peut-être moins. Il convient de s’y préparer.

Une révolution pédagogique est à l’ordre du jour. Ellesuppose une communication et interpénétration réellede tous les domaines scientifiques, le développementde l’interdisciplinarité aux côtés de l’approfondisse-ment disciplinaire et de la spécialisation, le développe-ment de méthodes, formations et outils permettant lapopularisation de la science, enfin l’abandon d’unelogique qui évalue la « scientificité » de certaines dis-ciplines, notamment de SHS et plus particulièrementdes humanités en leur sein, les considérant sous le seulprisme de l’utilitarisme et de la production d’innova-tions immédiates.

Les IUFM devront être rétablis, élargis et seront desacteurs de premier ordre dans la redéfinition des con -tenus des formations supérieures.

La spécificité et la diversité des disciplines artistiques,et notamment le fait qu’elles constituent en tant quetelles un objet de recherche à part entière, envisagéesdans leurs dimensions théoriques autant que pratiqueset problématisées doivent être présentes dans tous lescursus. Les disciplines artistiques constituent un vec-teur irremplaçable dans leur rapport à la compréhen-sion et à la définition du monde, notamment par le rap-port singulier au sensible qu’elles permettent à traversl’articulation théorie/pratique qui définit une partimportante de leur champ épistémique. C’est dans lalogique de ces spécificités qu’elles peuvent contribueraussi à des démarches d’innovation bien comprises,notamment dans leur relation singulière aux technolo-gies contemporaines.

Cela suppose une prise en compte de la nécessité detaux d’encadrement particuliers, mais aussi des locauxet des équipements qui répondent à des critères sin-guliers.

Il en est de même pour les SHS, considérées aujour -d’hui comme des réservoirs de cadres d’entreprisespourvus de « culture générale et esprit souple », ce quiréduit, voire efface, toute dimension scientifique etprépare à la disparition de nombre de disciplines et dedomaines de recherche. Ces disciplines dont l’objet estl’étude du signe, oral ou écrit, non seulement utilisentles mêmes méthodes que toutes les autres sciences,mais offrent souvent ce questionnement particulier etindispensable à toute démarche scientifique, celui dusigne au sens, au questionnement de ce sens, au doute,à l’investigation de nouvelles possibilités et hypothèses,au développement de l’esprit critique. Tout comme lesdisciplines artistiques, dans une perspective interdisci-plinaire, elles ont le plus souvent besoin de se lier avecd’autres sciences et technologies, afin de produire unsavoir le plus complet possible, tant dans le domainedes méthodes que dans celui de la présentation, del’exploitation et de la valorisation de leurs résultats.

Il est impossible de vouloir réaliser les objectifsmajeurs ci-dessus en détournant sans cesse davantageles enseignants chercheurs de leur cœur de métier, enfait en le cassant comme le dit l’« Appel des Appels »et en faisant peser sur eux une charge excluant toutevie normale.

Sans de telles mesures, il n’est pas imaginable de mobi-liser la collectivité scientifique comme on doit l’enten-dre.

XyZ... NOS PROPOSITIONS EN DÉBAT CAMPAGNE 2012

programme du PCF

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Au centre d’un développement inédit de la démocra-tie se trouve la question des institutions. Trop de mesures transformant en profondeur les ter-ritoires pour des opérations dont le gigantisme le dis-pute à la volonté de constamment rechercher la meil-leure articulation avec des intérêts financiers ont étéprises dans la plus totale opacité et l’ignorance abso-lue des besoins de populations. Les Opérations d’inté-rêt national (OIN) en sont des exemples éloquents.Voilà pourquoi notre première exigence est de revita-liser puissamment la procédure des Grands débatspublics.De tout ce qui précède, il résulte que ni la loi LRU, niles IDEX qui l’amplifient, n’ont permis aucune sorte deprogrès. Non seulement ils sont nuisibles, mais ils ontfait une démonstration : la logique managériale qu’ilsinstituent, la présidentialisation de l’institution univer-sitaire qui a pour conséquence de bafouer les droitsélémentaires individuels et collectifs, n’ont apporté nidynamisme nouveau, ni efficacité, ni réponse aux exi-gences actuelles. Voilà pourquoi nous pensons qu’il estindispensable pour un gouvernement de gauche dedémanteler, puis d’annihiler les IDEX, avant toute autremesure. Il doit abroger dans les délais les plus brefs laloi LRU, en prévoyant les mesures transitoires indis-pensables au développement d’une logique nouvelle etdémocratique.Nous nous prononçons pour l’établissement d’unenouvelle loi, dont nous exposons ci-dessous quelquesprincipes fondamentaux :• Rétablir en profondeur ce qui fonde l’enseignement

supérieur et la recherche publique comme servicespublics : l’égalité d’accès, la gratuité effective des étu -des supérieures, la libre association, la mise en com-mun et le partage des compétences et des ressour -ces, les péréquations tarifaires notamment en ce quiconcerne les fournitures de base (électricité, fluides,équipements informatiques), la garantie de finance-ments budgétaires stables et récurrents.

• Instituer d’une règle d’or : le financement direct,récurrent, budgétaire des laboratoires et équipes àhauteur de 70% de leurs besoins doit être garanti.

• Reverser intégralement la TVA aux Établissementsd’enseignement supérieur, avant d’établir des règlesfiscales nouvelles.

• Préparer en amont la loi des finances. Cela doit don-ner lieu aux échanges nécessaires avec d’une part lesorganisations syndicales, d’autre part les instancesreprésentatives compétentes, notamment le CNE-SER et le CoNRS (Comité national de la Recherchescientifique). Un avis de ces deux consultations est

rendu public sur la Chaîne parlementaire après adop-tion de la loi.

• Fonder sur des bases nouvelles des instances repré-sentatives, démocratiques et pluralistes :

1)- Le CNESER doit être l’instance maîtresse pourtout ce qui relève des formations supérieures. LeCNESER siège de façon régulière une fois par mois ; leministre de l’Enseignement supérieur et de la Recher -che peut y être invité. Cette instance est indépendantedu pouvoir politique. Elle formule annuellement, encollaboration avec le CoNRS, un avis sur la politiquede l’enseignement supérieur et de la recherchepublics. Cet avis est diffusé le plus largement possible.Des instances régionales seront constituées sur unpérimètre identique et seront élues sur listes à la pro-portionnelle pour les collèges relevant des personnelsde l’enseignement supérieur et de la recherche. LeCNESER dispose d’un droit d’auto-saisine ; son avis estobligatoire avant toute modification réglementaire ; unavis négatif aux deux tiers invalide la modification quine peut être promulguée. Il dispose d’un droit de pro-position réglementaire et législative sur les questionsde son ressort. L’Assemblée nationale est saisie de cespropositions et y répond.

2)- Le Comité national de la Recherche scientifique(CoNRS) est l’instance maîtresse en matière de pros-pective de la Recherche scientifique publique. Il estindépendant du pouvoir politique. Il travaille autantque de besoin avec le Conseil supérieur de la Recher -che et de la Technologie (CSRT), avec les Académies etsociétés savantes ; il prend en charge avec ses parte-naires naturels au niveau de l’UE la configuration desGrands équipements scientifiques ; il prend en chargedans la limite de ses attributions la configuration desplateaux scientifiques. Pour ce faire, il reçoit l’appui dela direction de l’Aménagement du territoire et desrégions (DATAR), elle-même profondément restructu-rée de façon démocratique.Le CoNRS est en charge de l’évaluation des Organis -mes publics de recherche (équipes et personnels). Ilévalue la recherche dans l’enseignement supérieur encoordination avec le CNU (Comité national des uni-versités). Contrairement à la logique actuelle del’AERES qui opère un classement concurrentiel àl’image des agences de notation et selon des critèresopaques, le principe de l’évaluation par les pairs estintégralement réhabilité et restauré.L’évaluation des équipes et des personnels a pourobjectif l’amélioration permanente des conditionsd’exercice de leur métier. Elle exclut la course au nom-bre de publications, ce qui implique une étude sérieuse

CHApiTre 2 - institutions et nouvelle loi

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et indépendante des effets de la bibliométrie et de sonadaptation (ou inadaptation) à toutes les disciplines età des travaux de nature diverse. Elle s’appuie sur le faitque la recherche est une œuvre collective avant d’êtreindividuelle. C’est pourquoi le CoNRS formule desrecommandations aux équipes, aux laboratoires et auxpersonnels. Ces recommandations font elles-mêmesl’objet d’une évaluation régulière grâce à des rapportspublics annuels. L’évaluation est fondée sur les travauxréels publiés ou en cours et n’est pas une sorte decontractualisation en vue d’obtenir plus de crédits queles autres. Son objectif est la qualité de la recherchescientifique, non la concurrence et la course aux sub-ventions.Le rétablissement de la notion de carrière des person-nels permet largement la reconnaissance des méritessinguliers dans le cadre collectif. L’évaluation ainsi com-prise est un élément et un aliment de la démocratie etde la transparence. Elle a recours à des analyses in situau plus près des équipes, des laboratoires et des indi-vidus, dans le cadre de structures collégiales permet-tant l’échange et la prise en compte concrète dessituations.Les sanctions éventuelles doivent être prises, le caséchéant, dans d’autres instances telles que les Comitéstechniques paritaires nationaux ; les CTP d’établisse-ments sont supprimés.Les personnels disposent, comme les formations, d’uneinformation complète et d’un droit de rectification etde recours effectif.Le CoNRS donne un avis préalable à toute décisiongouvernementale en matière de choix et d’orientationde la recherche publique. Le gouvernement le solliciteobligatoirement avant toute décision de nature statu-taire ou réglementaire concernant la recherche publi -que ; un avis négatif aux deux tiers oblige le gouverne-ment à faire des propositions alternatives. Le CoNRSa un droit d’auto saisine sur les domaines de sa com-pétence. Il travaille en collaboration avec l’Office par-lementaire d’évaluation des choix scientifiques et tech-niques (OPECST) qui lui fournit les éléments à dispo-sition de l’Assemblée nationale. Il dispose d’un droit deproposition réglementaire et législative sur les ques-tions de son ressort.Le CoNRS dispose d’un droit de réponse face à descampagnes médiatiques éventuelles mettant en causel’objectivité et l’éthique de ses travaux.

3)- Le CNU (Comité national des Universités) est laplus haute instance de gestion et d’évaluation desenseignants–chercheurs. Il sera rétabli dans l’ensembledes prérogatives qu’il avait avant la mise en œuvre dela loi LRU et des responsabilités et compétences élar-gies (RCE). Il travaille autant que de besoin en collabo-

ration étroite avec le CoNRS. Des moyens doivent luiêtre affectés, tant au plan budgétaire que des locaux,pour lui permettre d’effectuer son travail de façondécente et digne. La charge de travail de ses membresdoit être intégralement compensée par les déchargesde service correspondantes. Le CNU est renouvelépar élection sur listes à la proportionnelle tous les 4 ans. Nul ne peut occuper cette responsabilité plus dedeux mandats consécutifs.

4)- Les instances universitairesNous ne pensons pas qu’il soit du ressort d’un partipolitique de décider en lieu et place de la communautéscientifique des instances qui doivent régler la vie desétablissements. Si l’on parle d’autonomie, c’est sansdoute l’un des points sur lequel elle peut s’exerceravec pertinence. Il n’est pas évident que tous les éta-blissements d’enseignement supérieur doivent sedoter des mêmes instances dans la même configura-tion ; en revanche, le sens qui doit guider leur périmè-tre et leurs normes de fonctionnement nous sembleessentiel :

Il s’agit partout de faire en sorte que tous les person-nels, les étudiants et plus généralement les publics, col-lectivement et individuellement puissent participer defaçon effective aux décisions qui les concernent.

De ce fait, les élections universitaires, étape indispen-sable, devront, selon nous, abandonner les scrutins quilaminent les courants d’idées et conduisent à des ins-tances dépourvues de tout débat, sans intérêt, créantdes « spécialistes » de la « chose universitaire » et unefuite vers une délégation de pouvoir qui nuit à ladémocratie comme à l’efficacité. Dans le mondeactuel, les décisions ne produisent du sens et de lamobilisation que lorsqu’elles sont préparées et large-ment partagées.

En résultent des propositions que nous livrons audébat :• Rehausser d’une façon visible le rôle des organisa-

tions syndicales représentatives des personnels etdes étudiants.

• Instaurer un processus de représentation électoralesur listes larges à la proportionnelle sans panachage.Le président devrait être élu par les instances elles-mêmes élues ; il deviendrait responsable devant elles.Dans tous les cas, il nous semble indispensabled’abandonner la présidentialisation qui n’a occa-sionné que des dégâts sans avantage aucun pour lacollectivité universitaire : le sens d’une carrière uni-versitaire n’est pas le management.

• Dans ce cadre, la CPU cesserait de jouer le moindrerôle en tant qu’instance. Le récent accordCPU–CNRS sera dénoncé.

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La crise actuelle du capitalisme met à l’ordre du jourson dépassement et non sa régulation ou sa moralisa-tion. Ceci nous amène à proposer une autre concep-tion du fonctionnement et du développement de notresociété substituant l’efficacité sociale à la rentabilitéfinancière, la coopération, la solidarité, le partage à laconcurrence et à la compétitivité. Cette innovationrepose sur un élargissement et un approfondissementsans précédent de la démocratie dans tous les domai -nes : politiques, avec plus de pouvoirs aux citoyens,économiques, au service des besoins humains, etsociaux, avec de nouveaux pouvoirs dans les entre-prises pour les salariés, les organisations syndicales, lesélus territoriaux, les citoyens.

Donner la prééminence au développement présent etfutur des populations sur celui qu’engendre le capita-lisme aujourd’hui suppose des créations de richessefondées en particulier sur un tissu industriel dense.Celui-ci doit intégrer l’aménagement équilibré des ter-ritoires, leur histoire, leurs atouts, leurs potentiels.Cela implique une préoccupation de chaque instantpour la gestion des écosystèmes, économe en res-sources fossiles, considérant la lutte contre le réchauf-fement climatique anthropique comme une priorité,dont le dynamisme ne peut être assuré que par unerecherche forte et de qualité, couvrant tous lesdomaines du savoir et des savoir-faire : pas de politiquede créneaux choisis en fonction de leur rentabilitéfinancière. À cet égard, le niveau national reste unniveau pertinent.

À partir des nouveaux pouvoirs des salariés et descitoyens sur l’utilisation des moyens financiers, et plusgénéralement de tout ce qu’implique la gestion et àpartir de nouveaux critères et de leur maîtrise, il s’agitde construire un nouveau secteur public : des Pôlespublics comportant des composantes industrielles, com-plètement émancipé des dogmes capitalistes, intégranten son sein de nombreux laboratoires de recherche etde R&D.

Les travailleurs scientifiques, comme les autres salariésde ce secteur, seront sur des postes statutaires publics,auront la garantie de moyens humains et financiersrécurrents. Selon la nature des projets menés, ces ser-vices et composantes industrielles pourront avoir desstructures nationales, européennes, voire internatio-nales.

Ces conditions permettront de mener des recher chesà long terme nécessaires pour préparer l’avenir.L’ambition est de faire que ces structures soient à la

pointe d’innovations sociales, économiques, technolo-giques, écologiques. Pour cela, il est vital que des lienstrès étroits se nouent avec les recherches menéesdans les organismes et les universités, et que des col-laborations à avantages mutuels avec le monde sedéveloppent.

Cet ensemble constituera un immense espace derecherche public dont le poids, associé à des mesuresintelligentes sur le crédit et la fiscalité, incitera lesgran des entreprises à gérer leurs collaborations avec larecherche publique sans esprit de domination, dans lestrict respect de l’égalité des droits et des devoirs dechacune des parties. On stoppera ainsi d’une part l’hé-morragie de la désindustrialisation (la finance ayantpris le pas sur la production industrielle), d’autre partla sous-traitance de la recherche de la part des entre-prises qui ne pourront plus utiliser les organismes etuniversités comme prétexte pour fermer leurs labora-toires et licencier leurs chercheurs.

À ce secteur public appartiendront les 71 pôles actuel-lement dénommés « pôles de compétitivité » qu’il fautimmédiatement transformer en pôles de coopérationindustriels, technologiques et scientifiques, et dont ilfaudra évidemment changer le périmètre et les struc-tures et aligner leurs règles de fonctionnement auxprincipes de coopération et de mutualisation de cesecteur.

En France, la majorité des emplois et du PIB provien-nent des PME, surtout celles à faible et moyenne inten-sité technologique. Depuis plus de deux décennies, lesRégions et l’État ont mis en place, en direction de cesPME, des structures d’appui technologiques. Ces struc-tures, sont aujourd’hui au nombre de 200 et disposentd’un personnel hautement qualifié (quelques milliers).

On peut distinguer :

• Les Centres régionaux d’innovation et de transfertde technologie (CRITT) offrant des prestations tech-nologiques facturées aux entreprises. Les CRITTsont des interfaces chargées de prospecter les entre-prises et dont les missions sont de les sensibiliser àl’innovation et de les aider à formaliser leurs pro-blèmes techniques.

• Les cellules de diffusion technologiques (CDT) met-tent en relation des entreprises avec des centres decompétence (CRITT, centres techniques, laboratoirede recherche) et forment à des fonctions qui n’exis-taient pas auparavant dans une entreprise (par exem-ple gestion de conduite de projet) pouvant conduireà des créations d’emplois.

CHApiTre 3 - De la recherche technologique, industrielle et de l’innovation

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• Les plates-formes technologiques (PFT) générale-ment situées dans des établissements publics d’ensei-gnement professionnel. Les dispositifs précédentsont souvent un statut d’association.

Ces dispositifs d’appui sont aidés financièrement parl’État et les Régions et figurent dans les contrats deplan. Leur financement suit en moyenne la règle destrois tiers : État/Région/PME. Ils couvrent tous lesdomai nes technologiques dans l’ensemble du pays etbeaucoup fonctionnent en réseau.

Il est proposé que les structures qui aujourd’hui sontdisséminées dans les CRITT, les CDT, les PFT, qui sontdes plateformes régionales, soient intégrées au secteurpublic de recherche industrielle en plaçant les person-nels sur des postes statutaires.

La totalité de ce secteur devrait constituer le socle d’ungrand établissement public de recherche technologiqueet industriel dont l’existence fait défaut à notre paysdepuis la création du CNRS, et dont l’absence est àl’origine d’innombrables déficiences de la politiqueindustrielle publique. Ce grand établissement publicserait doté de structures analogues à celles prévalantau CNRS. Il travaillerait en coopération avec le Conseilsupérieur de la Science et de la Technologie (CSRT)dont nous proposons la revitalisation et la transforma-tion en instance indépendante d’évaluation de la poli-tique de recherche en lien avec l’OPECST.

À l’opposé d’une logique qui viserait à instaurer un« monstre » bureaucratique et étatiste, ce grand éta-blissement public s’appuiera notamment sur les élé-ments régionaux existants ou à créer. En particulier, lesliens de collaboration établis avec les PME constitue-ront pour celles-ci un bon point d’appui pour résisteraux rapports de domination des grandes entreprisespar la sous-traitance technologique.

En matière de financement, nous constatons qu’au-jourd’hui il existe bien des « aides », « allégements decharges » et de financements de toute sorte attribuésdans l’opacité, sans contrepartie ou contrôle efficace.Le Crédit impôt-recherche (CIR) est l’un des exem-ples caractéristiques de cette logique : très peu profi-table à la recherche, bien plus à alléger la fiscalitépatronale. C’est pourquoi nous proposons une poli-tique du crédit bonifié, dans le cadre d’une réformeglobale du crédit et de la création d’un pôle public ban-caire et financier. Il assujettira l’aide financière publiqueau développement des PME, PMI et TPE à la créationd’emplois qualifiés, à l’embauche de docteurs ; unebonification du crédit allant jusqu’à des taux zéro voirenégatifs pourrait être envisagée. Dans ces conditions,le CIR n’a plus aucune raison d’être maintenu.

Ce pôle pourra également protéger les PME face à laprédation des grands groupes ou des fonds d’investis-sement, qui savent tirer profit de leur recherche etl’utiliser comme moyen de pression pour les racheter.Il aura aussi comme mission d’orienter les finance-ments vers la recherche et non vers les placementsfinanciers (comme c’est souvent le cas aujourd’huipour le CIR). Dans ce cadre nous proposons :

• La création d’un Fonds public de développement etde socialisation des services publics, comprenant deslignes budgétaires spécifiques réservées à la recher -che, à l’instar du défunt Fonds de la recherche et dela technologie (FRT).

• La transparence dans les relations avec les entre-prises privées : pas de clause de secret industriel. Lademande de secret peut émaner de la recherchepublique industrielle civile, pour protéger par exem-ple des projets de développement stratégique et desrecherches utiles pour l’avenir de la société.

• La tarification des recherches menées pour les entre -prises privées dans les laboratoires publics suivantune facturation dégressive allant d’un coût de marchépour des recherches entièrement exécutées dans leslaboratoires publics à des tarifs d’autant plus dégres-sifs que le degré de coopération sera plus fort. Il fautbien sûr prendre en considération la nature et la tailledes entreprises : si les profits des multinationales leurpermettent de payer leurs collaborations avec lepublic au prix le plus élevé, il n’en va pas de mêmepour les PME, qui ont besoin d’être soutenues. Dansle cas où c’est le secteur public de recherche qui estdemandeur pour mener un programme de recher -che, celui-ci s’effectue selon les règles énoncées pré-cédemment, et bien sûr, sans facturation des travaux.Le département de R&D de l’entreprise pourra béné-ficier de transfert de savoir et de savoir-faire ainsi quede soutiens pour la création d’emplois scientifiques.

Pour faire progresser une appropriation sociale desentreprises privées avec des avancées significatives departage de pouvoir, les relations incitatives avec le sec-teur des biens et services publics constituent des fac-teurs importants mais non suffisants. Il faut y adjoindredes mesures d’ordre financier, portant en particuliersur le crédit. Dans une entreprise au service du déve-loppement humain (autre façon de produire, autresprocédés de production, nouveaux produits avec d’au-tres orientations de la consommation…), on ne sauraitséparer emploi, formation, recherche et investisse-ments, ni isoler les travailleurs scientifiques d’uneentreprise du reste des salariés. Il ne saurait donc êtrequestion de préconiser des mesures incitatives séparé-ment pour la recherche.

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La politique de crédit bonifié que nous préconisonsporte de façon modulée sur l’ensemble emploi-forma-tion-recherche-investissements. Dans ce cadre, il estpossible de proposer des bonifications plus fortespour la recherche. Cette politique n’est pas un cadeaucomme l’a été presque systématiquement le CIR : c’estun moyen de pression pour l’utilisation des profits desentreprises pour de nouveaux types de développe-ment au détriment de la spéculation financière.L’objectif est de dissuader les placements financiers.

Cela nécessite des relais locaux et régionaux du pôlepublic financier national, comprenant salariés, repré-sentants syndicaux, élus, l’Organisme public de recher -che technologique et industrielle et ses antennesrégio nales. Ce sont ces instances qui assureront lecon trôle populaire de l’utilisation de l’argent public.L’Organisme public de recherche technologique etindustrielle et ses antennes exerceront le suivi et labonne exécution des travaux de recherche.

En matière de financement des PME et PMI, la situationactuelle est la suivante : OSEO est issu du rapproche-ment de l’Agence nationale pour la valorisation de la

recherche (ANVAR, qui n’existe plus), de la banque dedéveloppement des PME, de la SOFARIS (société d’as-surance-crédit) et, depuis 2008, de l’Agence pour l’in-novation industrielle. OSEO est une holding avec troisfiliales : une pour l’aide à l’innovation à 100% publique ;une deuxième pour la garantie des concours bancaireset des financements en fonds propre ; enfin la dernièrepour le financement des partenariats.

OSEO a le statut EPIC (Établissement public à carac-tère industriel et commercial). Il est la Banque desPME. OSEO a aussi pour source de financement desemprunts sur les marchés financiers, la Caisse euro-péenne d’investissement, la Caisse des dépôts et consi-gnations. Une partie de ses activités est orientée sur lecapital-risque.

De par sa structure, OSEO est à intégrer dans le pôlefinancier public avec une réorientation complète et uneredéfinition de ses missions.

Nous proposons d’en extraire la filiale innovation 100%publique et de l’intégrer dans l’Organisme public deRecherche technologique et industrielle.

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En matière scientifique, la coopération internationalesemble aller de soi. Dans la plupart des disciplines,c’est une nécessité et une pratique établie. La libre cir-culation des idées et des personnes est une exigencelégitime dans toutes les communautés scientifiques.Suffit-il de dire que la coopération scientifique interna-tionale doit être développée et intensifiée ?

Évidemment non. L’organisation actuelle de la viescien tifique internationale reflète et aggrave les dés-équilibres du monde. Elle renforce les pays dominants,en premier lieu les États-Unis. Elle dépouille les payspauvres des jeunes les plus prometteurs qu’ils ont for-més. Le brain-drain est une forme perverse d’exploita-tion des pays pauvres par les pays riches, de mise enconcurrence des individus dans un marché mondialparfaitement mercantilisé.

« Que chacun puisse vivre et travailler dans son pays »nous semble être la première des exigences fondamen-tales dans tous les domaines, donc aussi dans celui dela recherche scientifique.

La politique nouvelle de coopération scientifique quenous préconisons doit prendre une part active dans laconstruction d’un appareil de recherche et d’enseigne-ment supérieur publics, maintenant dans leur pays lesscientifiques dont ils ont besoin.

Il y a un avant et un après les « printemps arabes ».L’UNESCO vient de reconnaitre la Palestine commeÉtat-membre ; c’est là une première grande victoire etun premier pas avant son entrée en tant qu’État-mem-bre à l’ONU. Ceci impose une nette rupture avec l’at-titude scandaleuse du gouvernement français précé-dent, une profonde réorientation de la politique exté-rieure de notre pays et des mesures au niveau euro-

péen, au premier rang desquelles la coopération scien-tifique.

• Nous proposons de créer des postes dédiés à lacoo pération avec les pays en développement dans lesuniversités qui inscriraient dans leur programme desenseignements « hors les murs » dans les pays enquestion. Ces services devraient être assurés parrou lement, et les postes pourvus indépendammentde cette nouvelle fonction.

• Nous proposons l’affectation de scientifiques dansdes postes universitaires et de recherche avec laconvention que la moitié de leur service serait enFrance et la moitié dans leur pays.

• Nous sommes sans réserve pour une mobilité réelle,non à sens unique, dans le domaine scientifique : fairecesser les entraves qui pèsent sur les étudiants etscientifiques originaires d’Afrique et du Maghreb pourvenir étudier ou travailler en France et évidemmentl’abrogation de la scandaleuse circulaire Guéant. Plusgénéralement, nous proposons que notre paysretrouve une place active dans la définition et la miseen œuvre des grands programmes de l’UNESCO.Nous proposons que l’expérience acquise du Centreinternational pour les Mathémati ques pures et appli-quées (CIMPA) soit évaluée et son expérience géné-ralisée à tous les champs disciplinaires.

La politique de l’Union européenne en matière derecherche scientifique et d’enseignement supérieurconstitue un scandale. La dérive vers l’assujettissementde la science à la finance, à la spéculation a envahi toutle spectre des décisions. La réorientation de l’UE dansce domaine comme dans d’autres est un impératif.Nous proposons :

• De construire avec l’ensemble des partenaires del’UE, à l’image du CNESER, une instance indépen-dante de la Commission européenne, chargée del’établissement d’une carte des formations universi-taires, des propositions d’équivalences des cursus àl’intérieur de l’UE et le début d’une articulation avecles potentiels universitaires des pays du pourtourméditerranéen et du continent africain. Cette ins-tance publie un rapport annuel sur les besoins de for-mation supérieure de l’UE et fait des recommanda-tions ; ce rapport est soumis au Parlement européen;elle est consultée pour la constitution du PCRD.

• De revoir le périmètre, la composition, les attribu-tions du Conseil européen de la Science dans desmissions analogues sur son champ d’intervention àcelle spécifiquement chargée des formations univer-sitaires.

CHApiTre 4 - Coopération internationale

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Trop de bouleversements en un temps très courtont changé l’attitude de nos concitoyennes et conci-toyens face à l’activité scientifique. Il serait vain et dan-gereux de l’ignorer. Sans doute, la recherche commetelle est-elle encore vue comme une activité socialeutile et nécessaire. Sans doute les scientifiques les pluséminents sont-ils respectés. Mais le discours deN. Sarkozy à la Maison de la Chimie a marqué un tour-nant : jamais auparavant la communauté scientifiquen’avait été mise au banc des accusés par la plus hauteautorité de l’État. Cependant, en faisant du « nonimmédiatement rentable » le reproche suprême, leprésident battu le 6 mai aux élections s’est trompé decible : ce n’est pas là la critique fondamentale adresséeà la Communauté scientifique.

Paul Langevin écrivait il y a plus d’un demi-siècle :« Nous ne voulons pas d’une avant-garde perdue etd’une arrière-garde traînante ». Cette pensée prendtout son sens aujourd’hui. Pour la science, l’heure n’estplus à la tour d’ivoire. De nombreux scientifiques dansles champs disciplinaires les plus variés en sont cons -cients ; des initiatives populaires et utiles se répètentchaque année avec un succès qui ne se dément pas.Mais tout cela n’empêche pas que le rapport du pro-grès à celui de la science s’est brouillé. Malgré despreuves accablantes, le capitalisme d’aujourd’hui quiveut tout asservir à sa soif de profits rapides, sortsinon indemne, au moins à peine mis en cause dans lescampagnes qui déferlent et mettent en cause pêle-mêle la science comme telle, le développement tech-nologique, les scientifiques apprentis sorciers etc. Et ildevient souvent difficile d’échapper à une conceptionmédiatique d’une « science-spectacle » qui se déve-loppe sous couvert d’utilité sociale ou d’innovationdestinée à améliorer la vie des humains.

Ces questions sont trop graves pour être ignorées ousous-estimées au plan politique. Il n’est pas question derevenir à une conception linéaire, sorte d’âge d’or quin’a jamais existé, où le progrès pouvait être assimilé àla marche en avant irrépressible de la conquête desconnaissances.

La crise systémique se redouble d’une crise du rapportde la société au développement scientifique. Il fautimpérativement sortir de cette situation lourde dedangers pour le développement humain. La pensée deGoya est éternelle : « Le sommeil de la raison engen-dre des monstres ».

Ce que nous proposons n’est ni un palliatif ni unerecette-miracle. Le PCF ne prétend pas avoir la clé uni-verselle des questions fondamentales évoquées ici.

Toutefois s’il peut contribuer, c’est une fois de plus encherchant en quoi la démocratie qu’il faut dans notrepays refonder profondément doit s’enrichir de dimen-sions qu’elle n’a jamais explorées jusqu’ici. Si le rapportde la société au développement scientifique est encrise, il est urgent de proposer une ou plusieurs nou-veautés.

À ce stade, il faut prévenir d’une idée simpliste. Nouspensons qu’il n’existe pas de domaines réservés à desprétendues élites ; nous voulons de nouveaux pou-voirs ; une citoyenneté éclairée. Mais cela ne nousentraîne pas dans l’idée qu’à l’asservissement au mar-ché devrait se substituer une autre forme d’asservisse-ment. Toute l’histoire démontre que la pensée scienti-fique a vitalement besoin d’indépendance intellec-tuelle. Une indépendance non frigide, une indépen-dance qui échange, une indépendance qui partage, maisqui exclut tout « contrôle » par qui que ce soit, au nomd’une quelconque « ouverture » à la société. Le PCFn’abandonnera jamais ce point de vue.

La science aujourd’hui a ses procédures, ses modes dedébat interne et ses instances pour décider de la poli-tique scientifique. Les scientifiques doivent à tout prixretrouver et étendre leurs pouvoirs sur les décisionsqui les concernent au premier degré ; nul autre qu’euxn’est habilité à peser sur les choix qui en découlent.

Mais de la même manière il est urgent de rendre lascience, ses problématiques, sa méthodologie et sesdébats, populaires. L’intervention des citoyens sur leschoix de stratégie scientifique et technologique doitêtre garantie par des instances appropriées. Elle doitêtre associée à l’exigence de l’information libre et plu-raliste, aux antipodes de la domination des grandsgroupes capitalistes sur les médias.

Laisser ces questions au seul arbitrage gouvernemen-tal est dangereux, quel que soit le gouvernement. Onne peut plus perpétuer une forme de démocratie oùl’on convoque les citoyens tous les cinq ans simple-ment pour mettre leur bulletin dans l’urne.

On voit aujourd’hui fleurir des propositions qui visentà mettre les scientifiques en permanence sur la sellettecitoyenne, sommés de répondre de leurs recherches,des méthodes qu’ils emploient, des productions qu’ilspublient. La Citoyenneté face à la Science ? Ce n’estpas notre conception. C’est au capitalisme que lascience fait face, et pour longtemps. C’est de cetteopposition que naissent souvent des obscurantismeset des discours ouvertement ou insidieusement anti-scientifiques. Il ne faut donc pas se tromper d’ennemi.

CHApiTre 5 - science et citoyenneté

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Nous proposons la création de forums citoyens de lascience, de la technologie et de la culture, dotés depouvoir d’enquête, constitués auprès des collectivitésterritoriales, des sites industriels, agricoles, maritimes,à chaque fois que le besoin des populations en mani-festera l’exigence. Ils seront indépendants de tout pouvoir politique oupression économique, débattront publiquement etrapporteront annuellement devant l’Assemblée natio-nale. Le gouvernement aura l’obligation de répondre àleurs questions. Des mesures incitatives encourageront les personnelsde l’enseignement supérieur et de la recherche publicsà participer activement à ces forums.

Comment les constituer ? Nous avons rappelé ci-des-sus la nécessité de revitaliser et d’étendre les préroga-tives de la Commission du débat public. Il nous sembleen outre que les modalités de ces instances, leur com-position, leur mode de fonctionnement devrait releverde l’OPECST. Ainsi pourra s’opérer de façon officiali-sée la communication entre ceux qui font la science etceux qui, tout en ne la faisant pas, ont le droit et lebesoin de s’en approprier les problématiques, de par-ticiper éventuellement, à leur façon, à son développe-ment.

C’est ainsi que la question de l’appropriation collectivedes connaissances et de leur mouvement franchiraitune étape nouvelle.

XyZ... NOS PROPOSITIONS EN DÉBAT CAMPAGNE 2012

programme du PCF

Après les élections du 6 mai, la droite a été évincéede la présidence de la République. C’est un premierpas. Nous y avons largement contribué et nous nousen félicitons. Cependant, le combat pour la chasserdéfinitivement du pouvoir et pour battre sa politiquecontinue. D’abord, avec l’élection de députés qui voteront denouvelles lois, des lois de progrès qui mettront fin à lacasse des années de droite, qui abrogeront les lois scé-lérates de la période Sarkozy. Les candidats du Frontde gauche ont ce mandat, et ce sont les seuls. Ensuite, avec l’intensification de l’interventioncitoyenne dans le champ politique, pour que la rue etles urnes convergent, pour que la volonté populaire setraduise dans les institutions. Notre programme seveut une contribution au changement. Sans prétentionde vérité révélée, mais avec la conviction que le PCF,

au sein du Front de gauche, est un acteur majeur de cechangement. C’est pour cette raison que notre pre-mière proposition, fondement de toutes les autres, estcelle d’une contribution législative nationale en vue delaquelle nous pensons que la communauté scientifiquedoit se mobiliser. Avec la publication de notre pro-gramme aujourd’hui, nous voulons donner matière àréfléchir, à débattre, voire à contester, dans un espritde critique constructive. Loin de perpétuer une délé-gation de pouvoir et de pensée qui a pesé lourd surnos collègues par le passé. Loin de penser à la place deou d’écouter sans entendre.

Aujourd’hui, la gauche est devant ses responsabilités.Dans le domaine de l’ESR comme ailleurs. Elle a l’obli-gation de réussir. Mais pour ce faire, elle doit choisirson camp : dire non à la finance, oui au développementhumain et à la connaissance.

conclusion et ouverture

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ras-le-bol des idées néolibéralesrésumer le conflit à un choc des générations

serait une façon commode d’en évacuer l’aspect idéologique.article d’Éric Desrosiers - Le Devoir 26 mai 2012

Le gouvernement n’arrivera jamais à rien de bon, dans le conflit étu-diant, tant qu’il ne comprendra pas mieux à qui et à quoi il a affaire,c’est-à-dire à une génération différente des autres, dont les intérêtsdébordent les questions d’éducation et qui n’a pas fini de prendre larue pour se faire entendre. « Il semble évident que le gouvernement Charest ne comprend pasdu tout les étudiants d’aujourd’hui », constate Jacques Hamel, profes-seur de sociologie à l’Université de Montréal et spécialiste de la jeu-nesse. « Quand les ministres parlent des jeunes, on voit qu’ils parlentde ce qu’ils étaient à leur âge, alors que ça n’a rien à voir. »Comme étudiants, les jeunes d’aujourd’hui passent presque plus detemps au travail que sur les bancs d’école. Soucieux de se donner uneformation collée à leurs champs d’intérêt, ils préfèrent souvent choi-sir leurs cours à la carte, plutôt que de suivre un programme particu-lier, et n’hésitent pas à interrompre leurs études lorsque l’occasiond’un voyage formateur se présente. Première génération numérique,ils font actuellement la démonstration que cette forme de parcours,tourné sur soi, ne les empêche pas de se montrer très solidaires aubesoin grâce, notamment, aux médias sociaux.Souvent qualifiés d’enfants-rois, ces jeunes sont plutôt des « négocia-teurs nés », estime la sociologue Madeleine Gauthier, qui travailledepuis plus de 30 ans sur les jeunes. On leur a appris depuis leur plustendre enfance à discuter d’égal à égal avec les adultes. « Ils ne s’at-tendent pas nécessairement à toujours gagner, mais ils veulent pou-voir aller au fond des choses. Pour eux, l’autorité vient bien plus de lacompétence et de la confiance que de la hiérarchie. Mes collèguesprofesseurs vous le diront, lorsqu’on prend le temps de discuter aveceux et qu’on arrive à une entente, ils peuvent devenir des collabora-teurs extraordinaires. »De ce point de vue, le refus du gouvernement Charest de tenir devéritables discussions avec les étudiants depuis le début du conflit demême que sa manie d’imposer des solutions unilatérales ne pouvaientpas être plus mal choisis.

Des droits de scolarité au néolibéralismeLes enjeux du conflit qui bat son plein depuis plus de 100 jours auQuébec dépassent toutefois le simple conflit de générations, poursuitMarcos Ancelovici, professeur au département de sociologie del’Université McGill et spécialiste des mouvements sociaux. « J’ai vudes gens de tous âges dans la grande manifestation de mardi (NDLR.22 mai) Résumer le conflit à un choc des générations serait une façoncommode d’en évacuer l’aspect idéologique. Pour moi, il s’agit avanttout d’un conflit gauche droite ».Si l’élément déclencheur du mouvement de contestation a été lahausse des droits de scolarité, bien d’autres enjeux sont venus s’ygreffer. Les étudiants ont été prompts à observer que le scandale del’îlot Voyageur, l’explosion des campus satellites ou encore le salaireversé à certains recteurs montrent que bien du ménage reste à fairedans les universités avant qu’on puisse parler de véritable sous-finan-cement. Ces accusations de mauvaise gestion ont rapidement étéétendues au gouvernement Charest lui-même, qu’on a blâmé pour lescandale de la corruption, le cafouillage sur la question des gaz deschiste, la direction prise par le Plan Nord, sans parler de la répres-sion policière contre les étudiants et la récente adoption de la loi 78(NDLR. loi qui punit les manifestations).Les derniers mois ont aussi donné lieu à une dénonciation, beaucoupplus large encore, de la révolution néolibérale. On la condamne, nonseulement pour sa conception utilitariste des études et sa marchan-

disation du savoir, mais aussi pour la montée des inégalités, les ravagescausés par la dernière crise économique mondiale et son incapacité àfaire prendre le virage vert au monde. Le mouvement étudiant se faitnotamment le défenseur de l’État-providence contre la privatisationdes services publics et le principe de l’utilisateur-payeur.Ce discours ne manque pas de rappeler le mouvement des indignésen Europe ou d’Occupy Wall Street qui a déferlé l’an dernier jusqu’àMontréal. Il s’inscrit dans un grand courant de remise en cause desfondements des sociétés développées. Chez les jeunes, il est entreautres nourri par toute une série de problèmes comme la montée del’endettement des étudiants, le chômage accru des jeunes et le délite-ment de la classe moyenne.

Du local au globalCe passage de la question très concrète et locale de la hausse desdroits de scolarité à l’enjeu beaucoup plus large et global de la remiseen cause du modèle néolibéral n’est pas le fruit d’une perte decontrôle. « Au contraire, c’est une réussite », dit Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la Coalition large de l’Association pour unesolidarité syndicale étudiante (CLASSE). « La principale critique qui alongtemps été faite au mouvement étudiant, c’était d’être une grossemachine corporatiste qui défendait ses intérêts au détriment de lapopulation générale. Voyant l’appui au mouvement s’élargir, les mêmespersonnes lui reprochent maintenant d’embrasser une cause troplarge, trop floue et donc impossible à régler. La façon qu’ont eue lesmédias de couvrir le conflit étudiant n’a pas permis à la population devoir et comprendre tous ces facteurs. La place accordée à la questionde la violence est totalement disproportionnée et sert bien la straté-gie du gouvernement qui vise à délégitimer le mouvement étudiant. Enfait, quand on fait le total du nombre d’actes de violence qui se sontréellement produits et qu’on tient compte de la durée de la crise etdu nombre de manifestations qui se sont tenues, je trouve, aucontraire, qu’on a fait preuve d’incroyablement de retenue. Je m’enferais plus à propos de la violence policière ».Par un amusant retour des choses, ces jeunes Québécois, qui se sontlargement inspirés d’autres mouvements de contestation étrangers,semblent en voie d’influencer à leur tour la scène internationale. Onsait que leur histoire a déjà été racontée par de nombreux médiasétrangers. On rapporte aussi, depuis quelques jours, des manifesta-tions d’appui ailleurs au Canada, mais aussi aux États-Unis, en Franceou encore en Amérique latine.

Ce n’est qu’un débutLe Québec n’en a pas fini avec les grandes manifestations de jeunes,prévient Madeleine Gauthier. « La démographie fait qu’ils sont deve-nus minoritaires et qu’ils ne sont plus l’électorat qu’on cherche àséduire », constate-t-elle. Cette baisse d’influence électorale des jeu -nes, au Québec comme dans plusieurs autres pays occidentaux, lesoblige à chercher d’autres façons de faire entendre leurs revendica-tions. « On les voit un peu partout décider d’occuper l’espace public,c’est-à-dire là où on ne peut pas ne pas les voir et ne pas les enten-dre ».Gabriel Nadeau-Dubois se dit fier de ce que les étudiants ont suaccomplir ces derniers mois. « On démontre que malgré tous les pré-jugés qui nous tombent sur la tête comme génération, on est encorecapables de se mobiliser et de défendre nos droits, qu’on n’a rien àenvier à nos parents, à nos grands-parents. Tout ce bouillonnement apermis de mettre plein d’enjeux sur la table. C’est une grande contri-bution du conflit étudiant au débat politique québécois ».

CAnADA

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lettre ouverte à mes amis Canadiens anglophones Daniel weinstock

directeur du Centre de Recherches en éthique de l’université de Montréal (CREUM)

Peut-être avez-vous entendu qu’il y a eu quelque agitationau Québec ces dernières semaines. Il y a eu des manifesta-tions dans les rues de Montréal chaque nuit, pendantpresque un mois […]. En lisant la presse canadienne anglo-phone, ce qui me frappe c’est que vous êtes en train devous faire une image très fragmentaire et biaisée de ce quise passe. Étant donné le fossé entre le Québec et le restedu Canada à la suite des élections de 2011, il est importantque les sujets en discussion ici soient au moins représen-tés clairement. Vous pouvez à la fin décider que noussommes fous, mais au moins seriez-vous arrivés à cettedécision sur la base des faits plutôt que des distorsionsservies pas les médias.

Premièrement, le sujet de l’augmentation des frais de sco-larité, qui a déclenché tout ça. Le reste du pays sembleavoir conclu que les étudiants sont des gosses gâtés, indi-vidualistes, qui continueront à payer les frais les plus bas[de tout le Canada], même si l’augmentation proposéeétait acceptée dans son ensemble.

C’est une curieuse conception de l’individualisme. Les étu-diants se sont attelés à la grève même en sachant qu’ils ensubiraient les conséquences délétères, tout autant finan-cières qu’académiques. Ils ont continué à marcher chaquenuit, malgré la menace des coups, des lacrymogènes, desarrestations. C’est plus facile pour les médias de droite deles dénigrer s’ils peuvent les présenter comme des enfantsindividualistes à qui personne jamais n’a dit non. Mais ici sepose une question de principe.

Mais peut-être que le principe est faux. La gratuité de lascolarité peut être seulement une idée en l’air. Pourquoiles autres paieraient pour l’éducation « gratuite » des étu-diants ? Il n’existe pas d’éducation « gratuite ». Quelqu’un,quelque part, doit payer. Et les étudiants, continue la cri-

tique, sont tout simplement en train de refuser de payerleur « juste part ».

Pourquoi cette critique est-elle simpliste ? Parce que larevendication des étudiants n’a jamais été de ne pas avoirà payer pour l’éducation. La question est s’ils doivent lefaire en amont, avant d’avoir un revenu, ou plus tard,comme contribuables dans un système d’impôt progressif.Une autre question est en rapport avec le financement desuniversités de la part de chacun, ou de la part principale-ment de ceux qui les fréquentent. Nous avons à résoudrele problème à quel moment de la vie des gens ils doiventpayer pour l’éducation, et nous avons aussi à résoudrecelui du montant de la facturation pour ceux qui ne fré-quentent pas l’université, mais qui profitent de la force detravail éduquée (celle des médecins, des avocats etc.).

Ce qui fait peser la balance en faveur des étudiants c’estque l’idéal de l’accès à l’université sans obstacles financierspayés d’avance est consigné dans l’un des documents lesplus importants de la Révolution tranquille québécoise, lerapport de la « Commission Parent » (NDLR. en 1963-1964) qui a arraché le contrôle des écoles à l’Église et acréé le système éducatif moderne du Québec. Maintenant,il se pourrait que cet idéal ne soit plus valable, ou qu’on nedoive plus y souscrire. Mais l’abandonner demande undébat. Ce n’est pas juste une mesure administrative. C’estpolitique du début jusqu’à la fin. De plus, cela touche à desquestions fondamentales sur le type de société danslaquelle nous voulons vivre.

Le gouvernement a affronté cette demande très raisonna-ble que ce sujet, et des sujets plus larges de gouvernanceuniversitaire soient au moins considérés d’une façonouverte et démocratique, avec le silence, après avec ladérision, les injonctions, et maintenant avec la plus odieuse« loi » que j’aie jamais vue voter à l’Assemblée nationaledu Québec (NDLR. la loi 78 qui punit les manifestations).[…] Elle expire en juillet 2013. L’intention en est ainsi clai-rement tout simplement de porter un coup dur à ce mou-vement particulier, utilisant des méthodes contraires auxprincipes de la liberté démocratique et de l’autorité deslois. Le cynisme laisse bouche bée. Pour le gouvernement,c’est tout ce qu’il y a de plus méprisable de se jouer de nosdroits et de nos libertés, afin de s’occuper des résultats desa propre façon abjecte de gouverner.

C’est pourquoi j’irai faire un tour dans le centre ville deMontréal (NDLR. participer à la manifestation du 22.05)avec (espérons !) des centaines de milliers de mes conci-toyens. Encore une fois, vous êtes tous libres d’être en dés-accord, mais au moins ne le faites pas à cause de l’imagecomplètement tordue que vous avez par les médias, ycompris par certains d’entre eux de la part desquels onaurait attendu mieux.

CAnADA

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Le professeur titulaire de la chaire de philologie grecquede la Complutense, Alberto Bernabé (Huelva 1946), adonné la conférence inaugurale du ii Congrès de philoso-phie grecque qui s’est tenu les 19, 20 et 21 avril àl’université des Îles Baléares (uiB), organisé par la sociétéibérique de philosophie grecque (siFG), avec la collabora-tion de l’uiB et la section Baléares de la société espagnoledes études classiques. il a réuni plus de 150 participants.

Quelle place peut occuper la culture classique dans la criseactuelle ?Plus une situation est confuse, plus il est intéressant defaire appel à des paradigmes antiques qui sont déjà ferméset qui permettent une étude à une échelle de processus,de circonstances et de motivations. L’être humain est tou-jours le même, et dans les œuvres homériques ou les tra-gédies comme Antigone nous nous identifions commel’égal [des personnages] et ayant des problèmes sembla-bles. Dans l’Antiquité il y a eu aussi des crises et des pro-blèmes et avoir recours à ces modèles d’échelle peut nousdonner un peu de lumière au présent.

La crise actuelle est-elle marquée par la démagogie ?La démagogie est un composant essentiel de la démocra-tie, sa forme bâtarde. Il y avait déjà des démagogues dansl’Athènes de Périclès. Ce qui arrive c’est que la démagogieflambe quand les choses ne vont pas bien.

L’un de vos sujets d’étude a été l’orphisme, un mouvement quia recherché la purification spirituelle. Cette recherche n’est-ellepas également propre aux temps de crise ?Sans aucun doute. Quand les modèles sociaux montrentdes signes de faiblesse, prolifèrent les solutions indivi-duelles ou pseudo-individuelles. Aujourd’hui il existe desgens qui tirent les cartes et des futurologues. Mais cela sepassait déjà dans les sociétés antiques. Nous pensons queles Grecs étaient absolument rationnels, mais eux aussiavaient recours à la magie. La tentation des raccourcis esttoujours grande quand il y a crise. La tendance à chercherdes solutions rapides.

Que pensez-vous de la classe politique actuelle ?Les politiques ont renoncé à faire de la politique et pour-suivent deux objectifs fondamentaux. Le premier est leurmaintien au pouvoir, au détriment du bien des citoyens quise transforment pratiquement en dommages collatérauxde la politique. Le deuxième est la soumission à la tyranniedes analystes du marché. Qui leur a conféré l’autorité ?Nous recourons à ceux qui ont généré le problème poursa résolution.

Quel regard porter, à distance, de l’actuelle situation de lalangue catalane ?Du point de vue de la politique, on peut tenter de modi-fier les situations qui ont des conséquences sur la langue,mais ce n’est pas toujours efficace. Je crois précisémentque, pour ces questions, le caractère naturel et l’efficacitédoivent avoir la prééminence. C’est important que tous leslocuteurs se sentent satisfaits de leurs relations avec lesinstitutions.

En tant que membre de la communauté éducative, que pensez-vous des réductions des moyens dans l’éducation ?C’est un suicide. C’est en période de crise qu’il y a besoind’investir plus d’argent à l’éducation. On ne peut surmon-ter la crise qu’avec des personnes bien formées. Les réduc-tions nous condamnent à une régression au niveau cultu-rel d’époques antérieures. C’est absolument honteux. Lescoupes dans les budgets de la recherche, de l’éducation etde la santé ne devraient pas avoir lieu. Nous ne pouvonsconsentir à ce qu’il y ait une catégorie d’individus très malformés, ou, pire, à ce que seules les classes supérieuresaient accès à l’éducation.

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« La démagogie flambe quand les choses ne vont pas bien »Diario de Balears, 20 avril 2012

Interview d’Alberto Bernabé, professeur de philologie grecque à l’Université Complutense de Madrid, publiée avec son aimable autorisation. Merci au prof. Bernabé pour l’accueil favorable de notre proposition de faire paraître

cette interview dans XYZ. Merci aussi à notre collègue Daniel Pons Olivares pour sa « médiation » et la traduction espagnole qui a servi de base à la version française.

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Le rectorat de l’université Complutense de Madrid n’a pasprévu de retirer le monument aux Brigades internationales,après qu’une sentence annule son installation pour manque depermis de construire. La sentence du tribunal déclare « con -traire au droit » l’installation du monument commémoratif del’intervention de ces Brigades à la Guerre civile inauguré le 22octobre 2011 dans la Cité universitaire. Des sources du rec-torat de l’université Complutense ont confirmé que « aprèsune première lecture [de la sentence] on ne déduit pas qu’ilfaille retirer le monument ». De fait, le document ouvre la voieà une « éventuelle obtention postérieure de l’autorisationrequise ». En même temps, la sentence fait observer que l’uni-versité a la possibilité d’interjeter un appel devant le mêmetribunal dans un délai de 15 jours à partir du jour qui suit sanotification. […] Elle affirme que l’administration de l’univer-sité ne s’est pas soumise à la procédure urbanistique d’obten-tion d’un permis pour protéger l’installation de la statue, uneprocédure que était « absolument nécessaire ». L’université « a décidé à ses risques et périls qu’elle n’avait pas besoin d’au-torisation et que l’installation pourrait se passer de toutcontrôle de légalité urbanistique ». Des sources de l’Association des amis des Brigades interna-tionales ont confirmé qu’elle était en train d’étudier le « par-cours juridique » que pouvait prendre cette décision et s’estmontrée surprise que des sentences de cet acabit aientencore lieu actuellement en Espagne.

Quelques commentaires des internautes1. Quel argument faux. Si toutes les œuvres qui manquent de

permis urbanistique devaient être démolies, l’Espagne seraitdevenue un terrain nu. Ici, ce dont il est question c’est d’of-fenser la mémoire de ces combattants pour la liberté et lalégalité républicaine. Si cela avait été un monument pour lesassassins de la Légion Condor, c’est sûr qu’il n’aurait ren-contré aucune difficulté.

2. [Le tribunal] n’a-t-il pas mieux à faire, comme à juger lescorrompus ?

3. La chapelle de l’université a-t-elle une autorisation ?L’existence d’édifices de culte religieux dans ce lieu n’est-elle pas contraire au droit ?

4. Retirer un monument aux Brigades internationales est unattentat contre la morale. Ces personnes devraient êtreconsidérées comme des héros parce que ce n’était pas leurpays, ce n’était pas leur guerre, mais elles sont quand mêmevenues et ont laissé ici leur sang. Seulement pour cela, ellesméritent tous les monuments possibles.

5. Pourquoi ne démolissent-ils pas aussi un monument antiquenommé M. Rajoy ? Lui, c’est sûr, il n’a pas d’autorisation.

6. Le terrain de l’université est public, mais si Carillo Jr.(NDLR. José Carillo, recteur de l’université, fils du dirigeantcommuniste Santiago Carillo) veut installer des monuments,il peut bien le faire sur le patio de sa maison. (NDLR. sic !)

le monument à l’honneur des Brigades internationales ne bougera pas de la Complutense 13 avril 2012

Source : http://www.publico.es/espana/429409/el-monumento-a-las-brigadas-internacionales-no-se-movera-de-la-complutense

Le syndicat demande aux recteurs de prendre une positionferme en faveur de l’autonomie universitaire et de se pronon-cer contre l’augmentation des droits d’inscription.Les université publiques ont subi très directement pendantdes années la réduction des moyens budgétaires dans le cadrede la rétention des dépenses publiques en une période decroissance. Une situation qui les a conduites à un déficit struc-turel. Les administrations autonomes et centrale n’ont pas agiavec responsabilité et de grands changements se sont produitssans aucune sorte de planification ou d’engagement.Parallèlement, les universités ont augmenté considérablementleur production scientifique avec un financement bien infé-rieur aux pays alentours.Dans ce contexte, déjà compliqué, le budget général de l’Étatpour 2012, associé au décret royal-loi 14/2012, et les budgetsdes communautés autonomes, représentent une agressionsans précédent contre l’université publique.La hausse drastique des prix publics, la baisse considérable desbourses et aides aux études et les changements annoncés quidurcissent les critères académiques pour les obtenir, mettrades milliers de jeunes dans des situations d’exclusion de l’uni-versité publique.Dans ces conditions disparaîtront des diplômes, surtout desmastères, à cause de la diminution considérable de lademande ; tout cela dans un cadre de taux élevé de chômageet de bas salaires.

Depuis l’entrée en vigueur de la Loi de Réforme Universitaire,l’université publique était devenue un élément central pour lacohésion sociale, intégrant les enfants de la classe ouvrière.L’université publique est l’un des piliers fondamentaux denotre État providence, jouant un rôle fondamental dans la for-mation des citoyens avec esprit critique et valeurs démocra-tiques.L’augmentation de 33% du temps d’enseignement du person-nel enseignant et de recherche fonctionnaire (PDI) sans« période de six ans active » représentera, par ailleurs, unediminution de personnel et condamnera une partie impor-tante du PDI à l’impossibilité d’exercer des activités derecher che.Le personnel administratif et des services (PAS), qui vient desubir la privatisation de plusieurs services, verra par ailleursl’apparition de consortiums qui, avec la diminution du person-nel PDI, l’affectera de manière directe, étant donné que l’appli-cation du décret royal-loi ouvre la voie à l’élimination dediplômes, de centres, de départements, y compris d’universi-tés.La réduction de 25,5% de l’I+D+i portera directement préju-dice au personnel de recherche, mettant en danger plusieursprojets et centres de recherche.La grève du 22 mai dans tout le secteur de l’éducation a ététrès largement suivie dans les universités.

les Comiciones Obreras, syndicat majoritaire, demandent au conseil des universités de rejeter les réductions de moyens et au ministre de les retirer

Source : http://www.fe.ccoo.es/ensenanza/menu.do?Noticias:357981

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Une coalition de groupes d’Occupy Wall Street pro-gramme ce 25 avril des rassemblements dans les campuset communautés universitaires de tout le pays, afin de pro-tester contre des coûts records des universités et d’appe-ler à étendre les taux d’intérêts bas pour des prêtsStafford subventionnés par l’Aide financière fédérale. Dansune tentative de courtiser le vote étudiant, le présidentObama a lourdement insisté la veille sur la dette étudianteavec un discours à l’Université de Caroline du Nord àChapel Hill.

« La part la plus importante du 1 trillion de la dette étu-diante est actuellement détenue par les banques de WallStreet », dit Pamela Brown, doctorante en sociologie qui acontribué au lancement de la campagne « Promesse derefus ». « Ces banques sécurisent actuellement cesemprunts, et elles les liquident et font d’énormes profitsavec. La répartition de la dette : un sur quatre étudiantscaucasiens a moins de 13 000$ de dette, tandis qu’un surtrois étudiants afro-américains a plus de 38 000$. Ainsi, ladette étudiante est un point essentiel dans la productiondes inégalités sociales auxquelles nous avons à faireaujourd’hui ; c’est quelque chose sur lequel Occupy WallStreet est en train de sensibiliser les consciences ».

David Harvey, éminent professeur d’anthropologie auGraduate Center de la City University de New York (CUNY),auteur de Cités rebelles : du droit de cité à la révolution urbaine(NY : Verso 2012, encore non traduit en français) dit :

« En premier lieu, il y a une immense contradiction. D’unepart, on nous dit qu’on doit accepter une grande austérité,parce que nous ne voulons pas charger les générationsfutures avec cette énorme dette fédérale ; en mêmetemps, nous sommes actuellement en train de chargertoute une génération d’étudiants avec une immense dettepersonnelle. Allez comprendre.

Une autre chose que je voudrais dire, c’est que j’ai étééduqué dans une université, la CUNY, sans frais d’inscrip-tion jusqu’aux années ’70. Et là, il y a eu une énorme cam-pagne menée par la Table Ronde des entrepreneurs pourimposer des frais à la CUNY. Et depuis, il y a eu des effortsimmenses de la part des corporations et des riches etc.pour faire passer les coûts de l’éducation sur ceux qui sonten train de s’éduquer.

Ils ne veulent pas payer pour la formation de leurs proprestravailleurs. Ils veulent que leurs travailleurs se formenteux-mêmes et après ils les utiliseront ».

25 avril 2012, le jour 1T : comme la dette étudiante aux USA a atteint 1 trillion de dollars, des actions d’occupation sont programmées dans les campus dans tout le pays

Source : http://www.democracynow.org/2012/4/25/1_t_day_as_us_student

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La crise financière qui secoue actuellement l’Europe et le mondeentier aboutira à une énorme crise sociale si les gouvernements etles États adoptent un programme de mesures limitées et de courtevue. Il est tout à fait clair en effet que « le remède pourrait se révé-ler pire que le mal ».Accroître les savoirs que possède l’humanité et les transmettre àune génération nouvelle est un des objectifs les plus nobles qu’ellepuisse se fixer, mais c’est aussi une composante indispensable etvitale du bien-être économique, social, environnemental, démocra-tique, culturel et éthique de notre société.Ne pas maintenir et accroître les investissements publics dans lesdomaines de l’éducation et de la recherche à tous niveaux devraitêtre impensable au même titre que l’est le refus d’acheter et desemer les graines nécessaires à la prochaine récolte.De la même façon, le riche héritage de l’enseignement supérieur etde la recherche en Europe, basé sur la coopération, la liberté aca-démique, l’autonomie des institutions universitaires ainsi que lagouvernance collégiale, ne doit en aucun cas être mis à mal par lesréductions actuellement opérées dans les dépenses publiques oupar la mise en œuvre, qui est en cours, d’une organisation simplisteet managériale, d’une mise en concurrence, et d’une focalisationsur les intérêts des entreprises et sur les besoins économiques àcourt terme.Par conséquent, nous, syndicats de l’enseignement supérieur et dela recherche publions ce manifeste pour lancer un appel à l’actiondans le but de défendre et d’améliorer nos systèmes d’enseigne-ment supérieur et de recherche […].Nous en appelons à nos gouvernements et aux institutions euro-péennes afin qu’ils reviennent aux principes d’une Europe sociale,dans un cadre de coopération et de solidarité avec toutes lesrégions du monde, et fondée sur un niveau élevé d’enseignementet de recherche.en particulier, nous appelons à soutenir les demandes spéci-fiques suivantes qui visent à atteindre ces objectifs généraux.1. Le savoir : un bien publicL’utilisation et la diffusion du savoir n’impliquent pas sa réductionmais au contraire l’alimentent et contribuent à sa croissance. […]L’approche privilégiant l’appropriation privée du savoir entrave leprogrès démocratique et civique, et compromet, par là même, laliberté de recherche et d’enseignement.2. Des ressources adaptées aux objectifsLes objectifs de la stratégie de Lisbonne n’ont pas été atteints et onpeut dire que Europe 2020 s’avérera inapproprié au développe-ment durable, aux droits des citoyens et à la démocratie véritable.[…] Le soutien à la recherche fondamentale ou de base ainsiqu’aux disciplines qui ne génèrent pas de profit immédiat, mais quiaméliorent la qualité de vie des citoyens, doit être largement ampli-fié.3. Augmenter les chances de tous les étudiants d’accéder à

l’enseignement supérieurNous sommes totalement opposés à l’augmentation des droitsd’inscription, d’autant plus que le système des prêts étudiants s’estrévélé un échec partout où il a été mis en place.4. partout en europe, mettre en œuvre la charte européenne

des chercheurs et les recommandations faites en 1997 parl’unesco sur la condition du personnel enseignant de l’ensei-gnement supérieur

Notre conception de la Recherche publique implique que le recru-tement et les revenus des chercheurs ne soient pas soumis au mar-ché du travail. […] Nous sommes convaincus que la défense etl’amélioration de l’autonomie dans les domaines de la recherche etde l’enseignement, ainsi qu’une autonomie effective des institutionsde la recherche publique et de l’enseignement supérieur, ne peu-vent être atteintes qu’à condition que les missions de servicepublic et la collégialité soient clairement définies.5. Qualité de la recherche et de l’enseignementUn enseignement qui puise sa source dans une approche vaste nepeut être envisagé séparément d’activités de recherche, parce quec’est aussi par le biais de l’enseignement que les découvertesrécentes sont diffusées. Pour autant, la qualité de l’enseignement etde la recherche ne pourra pas être assurée sans les investisse-ments nécessaires. […]6. rendre les carrières attractives pour favoriser le recrute-

ment de chercheurs et d’enseignants de qualitéSécurité de l’emploi, environnement favorable au travail, installa-tions propices, autonomie effective dans les activités de rechercheet d’enseignement, collégialité et perspectives de carrière et dessalaires intéressants.7. MobilitéIl faut prévoir d’une part des garanties professionnelles et indivi-duelles ainsi que des droits et des protections accompagnant lamobilité des personnels, d’autre part des financements publicspour permettre l’accès à la mobilité des étudiants, indépendam-ment de leur origine sociale ou géographique.8. Évaluation non bureaucratique pour améliorer le systèmeL’évaluation doit prendre en compte les spécificités et les tradi-tions scientifiques et disciplinaires, elle ne doit pas être utiliséecomme le moyen de récompenser les seuls courants dominants dela recherche. Elle doit être organisée par les pairs, dans un proces-sus collégial et transparent, avec des possibilités de recours. […]9. Égalité dans le processus de prise de décision et d’auto-ges-

tionTous les personnels doivent bénéficier d’un pouvoir de décision etde participation, quel que soit leur rôle. De plus, les représentantsdu personnel doivent avoir plus de poids, avec davantage de droitspour les membres élus dans les organisations universitaires.10. Égalité des genres, non à la discriminationNous demandons donc que des mesures incitatives soient prisespour augmenter la proportion des femmes à tous les stades de lacarrière professionnelle […] Tout un système de services sociauxest nécessaire, garantissant les protections et les droits pour tousles personnels salariés, hommes et femmes, en portant l’accentparticulièrement sur les droits parentaux et l’égalité d’accès.11. Défense des emplois, augmentation des salaires et sécurité

de l’emploiLa qualité dans l’enseignement et la recherche prend appui sur desdroits, des salaires appropriés, un niveau de vie décent et la stabi-lité de l’emploi. […] Nous affirmons que, dans les domaines de larecherche et de l’enseignement, il est indispensable d’avoir un sys-tème universel de soutien et de progression des revenus pour lespersonnels.Fedaração nacional dos profesores (Portugal) ; SNCS-FSU (France) ; irish Federation ofUniversity Teachers ; Federazione lavoratori della conoscenza-CGiL (italie) ; SNTRS-CGT(France) ; Snesup-FSU (France) ; Comiciones Obreras enseñanza (Espagne) ; Snes-FSU (France)

manifeste européen des syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche pour sortir de la crise Voir le texte intégral et signer : http://petizioni.flcgil.it/manifesto-roma?lang=fr

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CommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherCheCommissioN eNseiGNemeNt suPerieur-reCherChe 37

alaa el asWaNyChroniques de la révolution égyptienneTrad. de l’arabe (Égypte)et préf. Gilles GAUTHIERArles : Actes Sud, 2011

alaa el asWaNyJ’aurais voulu être égyptienTrad. de l’arabe (Égypte)Gilles GAUTHIERNouvelle éd. augmentée.Arles : Actes Sud, 2010

Dušan KoVaCeViCLe professionnelTrad. du serbe par Anne RENOUE etVladimir ČEJOVICLausanne : l’Âge d’Homme, 2000

Jean-Paul malrieuDans le poing du mar-ché : sortir de l’em-prise libérale : essaiToulouse : Ombres blanches, 2008

albert NaCCaCheLes roses de l’ArianaTurquant : l’Apart du Temps, 2010

Jean-Pierre VerNaNtL’Odyssée : conférencedu 23 octobre 2006Paris : Bayard, 2011

LECTURESpour sortir des eaux glacées du calcul égoïste

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